Les passions humaines selon la doctrine chrétienne
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Les passions humaines selon la doctrine chrétienne
Les passions humaines selon la doctrine chrétienne
Sources : Analyse raisonnée de Charron – et écrits du Sieur Duvair – 16 eme siècle.
L`imagination et la raison gouverne les hommes. On y trouve l`opinion qui est la mère de tous les maux, confusions et désordres.
La volonté humaine est le seul bien qui soit en notre pouvoir. C`est elle qui dispose l`homme tout entier, qui le rend bon ou méchant, et elle la plus parfaite des facultés.
Par la volonté l`âme sort hors de soi et va vivre en l`objet aimé, en laquelle elle se transvide ou se transforme; d`où il s`ensuit que la volonté se rend plus noble ou encore se rend plus méchante selon son choix. ( exemple : une personne bonne subissant pendant longtemps l`influence perverse d`une personne mauvaise voulant la pousser à des actions criminelles et qui avec le temps accepte de participer au crime au lieu de briser les liens avec la personne mauvaise.)
Des Passions
De tous les maux dérivent les passions, sentiments cruels, ou dangereux, qui font tout le malheur de la vie.
J`ai emprunté du Sieur Duvair la plus grande partie de ce que je vais dire sur les passions : Je ne connais personne qui en parle plus clairement que lui. La Passion est un mouvement violent de notre âme dans sa partie sensitive, lequel se fait pour suivre ce que l`âme pense lui être bon, ou pour fuir ce qu`elle juge être mauvais.
Toute passion s`émeut sur l`apparence d`un bien ou d`un mal : si c`est un bien, ce sentiment s``appelle amour; s`il est présent et que l`âme en jouisse, il s`appelle plaisir; s`il est a venir, il s`appelle désir. Si c``est un mal, l`âme le considère tout simplement; ce désir s`appelle haine; s`il est en nous même, c`est tristesse et douleur; en autrui, c`est pitié; s`il est à venir, c`est crainte.
Tels sont les mouvements qui troublent notre âme sur l`objet d`un bien apparent; elle cherche les moyens de l`acquérir; les difficultés excitent l`espoir et le désespoir. Les passions qui se forment sur l`apparence d`un mal a venir, font naitre la peur et l`audace, et pour un mal présent, la colère et le courroux.
Voilà les principaux vents d`où naissent les tempêtes de notre âme, la caverne d`où ils sortent. C`est l`opinion que l`on a des choses qui se présentent a nous sont bonnes ou mauvaises; les ayant appréhendées comme telles, nous les recherchons ou fuyons avec véhémence; et c`est ce qu`on appelle passions.
L`Amour
La première de toutes les passions est l`Amour. Il y a trois pointes de vue : l`Amour de la gloire et des Grandeurs; l`Amour des biens; l`Amour voluptueux et charnel. Trois gouffres ou précipices d`ou peu de gens se sauvent; trois corruptions de tous les biens que nous avons en maniement. L`Ambition est la plus noble; l`Amour voluptueux est la plus universelle; l`Avarice est la plus méprisable.
Ambition
L`Ambition est une faim excessive pour l`honneur et la gloire. Elle est d`autant plus naturelle et plus séduisante que sous bien des points de vue, elle ressemble a une vertu. Elle se sacrifie toutes les autres passions. Alexandre le Grand, Scipion, Pompée, regardaient a peine les plus belles femmes que le sort des armes mettaient en leur pouvoir. L`Ambition est toute spirituelle. L`amour tient au sens; il y a plusieurs remèdes pour l`affaiblir. L`Ambition n`est pas capable de se contenter, elle s`augmente par la jouissance, et ne s`éteint jamais. Elle force toute les lois; les Ambitieux disent qu`il faut être homme de bien partout, et perpétuellement obéir aux lois, sauf au point de régner, étant un si friand morceau, qu`il vaut bien que l`on en rompe son jeune. L`Ambition a plusieurs voix pour atteindre son but, Il y a un grand chemin, comme ont tenus, Alexandre le Grand, César, ect. Il y a des chemins obliques aussi.
L`Ambition est sans borne; c`est un feu qui s`augmente de la nourriture que l`on lui donne. Ceux qui veulent l`exécuter, disent que elle sert à la vertu, et que pour elle on renonce a tout autre vice; l`Ambition les cache quelquefois; mais elle n`y renonce pas : elle s`y dérobe un instant avec l`espérance de les enflammer tout a fait; quand elle aura acquis assez d`autorité pour les faire régner avec impunité.
L`Avarice
Avarice est passion vilaine et lâche de ceux qui estiment les richesses comme le bien le plus important de l`homme, et redoutent la pauvreté comme le plus grand mal : pèsent les biens dans la balance des Orfèvres, mais nature nous apprend a mesurer a l`aune de la nécessité. La nature semble, en la naissance de l`or, avoir entièrement présagé la misère de ceux qui la doivent aimer; dans les terres ou il croit, il ne vient ni herbe ni plante, ni rien qui vaille; comme nous annonçant que dans les esprits ou la soif de ce métal viendra, il n`y demeurera aucun vestige d`honneur ou de vertu. Les biens sont à lui, comme la fièvre qui gourmande l`homme.
L`Amour
L`Amour est la fièvre de l`âme. Les désirs se changent en fureur, et ils finissent par abrutir ceux qu`il dévore. La Nature nous pousse violement a l`Amour. Il n`y a de mal que dans ce qui est péché. Il n`y a pas en soi ou dans la Nature, rien de mal. Ce qui fait décrier cette passion, c`est que rarement on la gouverne sagement. Il y a des distinctions sans nombre et des volumes a faire sur cette passion; pour n`en pas trop dire, nous ne dirons rien.
Cupidité
Il ne s`élève pas tant de vagues dans la mer que de désirs au cœur de l`homme; il est presque infini, inconstant, confus, irrésolu, souvent détestable et presque toujours vain et ridicule en ses désirs. Il en est de naturels; ils sont nécessaires; il en est des déréglés; ce sont pour eux que l`on sue et que l`on travaille, que l`on brave les périls de mort; qu`on fait la guerre; que l`on se trahit; qu`on se perd, et aussi a-t-on appelé la cupidité la source de tous les maux.
Espoir et Désespoir
Les désirs s`embrasent par l`espérance, laquelle allume de son doux vent nos désirs insensé; tandis qu`elle dure, nous n`y renonçons pas; quand le désespoir lui succède, et nous perdons même ce que nous possédions pour l`amour de ce que nous ne pensons plus pouvoir obtenir. Cette passion est semblable aux petits enfants qui par dépit de ce que on leur ôte un de leur jouet, jettent les autres dans le feu.
Colère
La Colère est une passion qui nous met hors de nous, et qui cherchant le moyen de repousser le mal qui nous menace ou nous a déjà atteint, nous aveugle et nous inspire tout ce qui peut contenter le désir de nous venger. Ce qui dispose a la colère est faiblesse d`esprit; c`est a tort qu`on y trouve du courage en voici la preuve. L`omission d`un gain met en colère l`Avare; un regard de sa femme met en colère un Jaloux, ect. Elle met tout le corps en feu. On rougit; les yeux égarés s`enflamment; on devient sourd, la bouche écume; le cœur palpite; le pouls s`émeut; les veines enflent; la langue bégaye; les dents grincent; quelques-uns s`en sont rompus les veines et en sont morts. Un homme emporté est comme un navire sans gouvernail, ni capitaine, ni voiles, ni avirons, qui cherche fortune à la merci des vagues, vents et tempêtes, au milieu d`une mer déchainée.
La Colère se prévient contre l`innocence et la vertu. Si on s`excuse; elle s`enflamme de nouveau. Si on parait tranquille; elle se dépite encore davantage, surtout chez les femmes qui redoublent leur colère jusqu`a la rage, quand elles s`aperçoivent qu`on dédaigne de nourrir leur courroux. La Colère désire si violemment le mal d`autrui, qu`elle ne songe pas à éviter le sien, ce qui montre enfin ses excès, c`est que sa fin est le commencement du repentir.
La colère est une absence de raison, humiliante pour nous et dangereuse pour celui qui l`excite. La fuite des occasions sont un bon remède.
Haine
Par la haine, nous mettons ceux que nous haïssons, dans le cas de nous affliger et de nous tourmenter. Nous nous mettons à la merci de notre ennemi. Et nous éprouvons d`avance tout le mal que nous lui voulons.
Nous avons plus de raison de plaindre celui qui nous offense, que de la haïr. Changeons la haine en pitié.
Envie
C`est une malheureuse passion qui fait notre mal du bien d`autrui, et détourne nos yeux de celui qui nous appartient. Nous envions à autrui des honneurs, des richesses : si nous savions ce que lui en a couté l`acquisition et la possession nous ne serions pas tentés de nous les souhaiter a son préjudice. Se plaire au bien des autres, n`est-ce pas accroitre le sien?
Jalousie
La différence entre la jalousie et l`envie, c`est que par l`envie nous désirons pour nous ce qui arrive d`heureux aux autres; par la jalousie, nous craignons qu`ils ne participent aux nôtres : elle s`annonce sous le titre d`amitié, et finit par une haine mortelle; change l`amour en haine, le respect en dédain, l`assurance en défiance; engendre une curiosité qui est le plus grand des maux. Un jaloux qui veut s`éclaircir de son mal, ne fait que le publier et l`étendre.
Vengeance
La vengeance est la passion des âmes faibles et lâches. Les grands hommes la méprisent et la dédaignent; Alexandre le Grand, Epaminondas, Scipion, loin de se venger, ont comblé de biens leurs ennemis.
Cruauté
La cruauté vient ordinairement de la lâcheté. Les Tyrans sont sanguinaires, parce qu`ils ne peuvent se rassurer qu`en exterminant ceux qui peuvent, ou qu`ils croient pouvoir les offenser.Qu`est-ce qui rend les guerres civiles si meurtrières? C`est que la canaille, la lie du peuple en est l`instrument. La cruauté vient quelquefois aussi d`une malignité d`âme qui se plait au carnage, comme Caligula, Néron et autre monstres, nés pour l`horreur des hommes.
Tristesse
La tristesse est une langueur d`esprit, engendrée par l`opinion que nous sommes affligés de grands maux. Ennemie implacable de notre repos; elle flétrit l`âme, abâtardit tout l`homme, assoupit la vertu et où elle s`excuse, elle se couvre de belles couleurs de nature, piété, bonté, la plupart du monde tache a l`honorer et ils en habillent la sagesse, la vertu, la conscience.
La tristesse est ennemie d e la nature; car elle efface tous ses traits. Le visage se fond comme une perle se dissout dans le vinaigre. Elle est ennemie de Dieu, puisque par ses plaintes et par ses murmures, elle veut nous soustraire aux décrets de la Providence. Elle est ennemie de nous-mêmes, qu`elle dérobe à la vue des hommes, aux plaisirs de la société; elle nous couvre de vêtements tristes et nous rend faible.
Compassion
Nous pleurons avec les affligés, ou parce que nous partageons leur douleurs, ou plus souvent parce que nous craignons pour nous-même ce qui arrive aux autres. Dans les uns, c`est le cri de l`humanité; dans d`autres, c`est faiblesse.
Crainte
La crainte est l`appréhension des maux à venir; c`est cette seule appréhension qui fait un mal réel de ce qui ne l`est pas. C`est de tous les maux le pire. Les autres existent autant que leur cause existent. Mais la crainte s`exerce sur ce qui n`est pas, sur ce qui n`existera jamais, ou sur ce qui peut exister. Elle empoisonne tous les plaisirs de la vie. Comment apprécier un bien que l`on craint déjà de perdre?
Les craintes sont aussi trompeuses que les espérances. Les hommes projettent; mais Dieu tient son Conseil à part.
Sources : Analyse raisonnée de Charron – et écrits du Sieur Duvair – 16 eme siècle.
L`imagination et la raison gouverne les hommes. On y trouve l`opinion qui est la mère de tous les maux, confusions et désordres.
La volonté humaine est le seul bien qui soit en notre pouvoir. C`est elle qui dispose l`homme tout entier, qui le rend bon ou méchant, et elle la plus parfaite des facultés.
Par la volonté l`âme sort hors de soi et va vivre en l`objet aimé, en laquelle elle se transvide ou se transforme; d`où il s`ensuit que la volonté se rend plus noble ou encore se rend plus méchante selon son choix. ( exemple : une personne bonne subissant pendant longtemps l`influence perverse d`une personne mauvaise voulant la pousser à des actions criminelles et qui avec le temps accepte de participer au crime au lieu de briser les liens avec la personne mauvaise.)
Des Passions
De tous les maux dérivent les passions, sentiments cruels, ou dangereux, qui font tout le malheur de la vie.
J`ai emprunté du Sieur Duvair la plus grande partie de ce que je vais dire sur les passions : Je ne connais personne qui en parle plus clairement que lui. La Passion est un mouvement violent de notre âme dans sa partie sensitive, lequel se fait pour suivre ce que l`âme pense lui être bon, ou pour fuir ce qu`elle juge être mauvais.
Toute passion s`émeut sur l`apparence d`un bien ou d`un mal : si c`est un bien, ce sentiment s``appelle amour; s`il est présent et que l`âme en jouisse, il s`appelle plaisir; s`il est a venir, il s`appelle désir. Si c``est un mal, l`âme le considère tout simplement; ce désir s`appelle haine; s`il est en nous même, c`est tristesse et douleur; en autrui, c`est pitié; s`il est à venir, c`est crainte.
Tels sont les mouvements qui troublent notre âme sur l`objet d`un bien apparent; elle cherche les moyens de l`acquérir; les difficultés excitent l`espoir et le désespoir. Les passions qui se forment sur l`apparence d`un mal a venir, font naitre la peur et l`audace, et pour un mal présent, la colère et le courroux.
Voilà les principaux vents d`où naissent les tempêtes de notre âme, la caverne d`où ils sortent. C`est l`opinion que l`on a des choses qui se présentent a nous sont bonnes ou mauvaises; les ayant appréhendées comme telles, nous les recherchons ou fuyons avec véhémence; et c`est ce qu`on appelle passions.
L`Amour
La première de toutes les passions est l`Amour. Il y a trois pointes de vue : l`Amour de la gloire et des Grandeurs; l`Amour des biens; l`Amour voluptueux et charnel. Trois gouffres ou précipices d`ou peu de gens se sauvent; trois corruptions de tous les biens que nous avons en maniement. L`Ambition est la plus noble; l`Amour voluptueux est la plus universelle; l`Avarice est la plus méprisable.
Ambition
L`Ambition est une faim excessive pour l`honneur et la gloire. Elle est d`autant plus naturelle et plus séduisante que sous bien des points de vue, elle ressemble a une vertu. Elle se sacrifie toutes les autres passions. Alexandre le Grand, Scipion, Pompée, regardaient a peine les plus belles femmes que le sort des armes mettaient en leur pouvoir. L`Ambition est toute spirituelle. L`amour tient au sens; il y a plusieurs remèdes pour l`affaiblir. L`Ambition n`est pas capable de se contenter, elle s`augmente par la jouissance, et ne s`éteint jamais. Elle force toute les lois; les Ambitieux disent qu`il faut être homme de bien partout, et perpétuellement obéir aux lois, sauf au point de régner, étant un si friand morceau, qu`il vaut bien que l`on en rompe son jeune. L`Ambition a plusieurs voix pour atteindre son but, Il y a un grand chemin, comme ont tenus, Alexandre le Grand, César, ect. Il y a des chemins obliques aussi.
L`Ambition est sans borne; c`est un feu qui s`augmente de la nourriture que l`on lui donne. Ceux qui veulent l`exécuter, disent que elle sert à la vertu, et que pour elle on renonce a tout autre vice; l`Ambition les cache quelquefois; mais elle n`y renonce pas : elle s`y dérobe un instant avec l`espérance de les enflammer tout a fait; quand elle aura acquis assez d`autorité pour les faire régner avec impunité.
L`Avarice
Avarice est passion vilaine et lâche de ceux qui estiment les richesses comme le bien le plus important de l`homme, et redoutent la pauvreté comme le plus grand mal : pèsent les biens dans la balance des Orfèvres, mais nature nous apprend a mesurer a l`aune de la nécessité. La nature semble, en la naissance de l`or, avoir entièrement présagé la misère de ceux qui la doivent aimer; dans les terres ou il croit, il ne vient ni herbe ni plante, ni rien qui vaille; comme nous annonçant que dans les esprits ou la soif de ce métal viendra, il n`y demeurera aucun vestige d`honneur ou de vertu. Les biens sont à lui, comme la fièvre qui gourmande l`homme.
L`Amour
L`Amour est la fièvre de l`âme. Les désirs se changent en fureur, et ils finissent par abrutir ceux qu`il dévore. La Nature nous pousse violement a l`Amour. Il n`y a de mal que dans ce qui est péché. Il n`y a pas en soi ou dans la Nature, rien de mal. Ce qui fait décrier cette passion, c`est que rarement on la gouverne sagement. Il y a des distinctions sans nombre et des volumes a faire sur cette passion; pour n`en pas trop dire, nous ne dirons rien.
Cupidité
Il ne s`élève pas tant de vagues dans la mer que de désirs au cœur de l`homme; il est presque infini, inconstant, confus, irrésolu, souvent détestable et presque toujours vain et ridicule en ses désirs. Il en est de naturels; ils sont nécessaires; il en est des déréglés; ce sont pour eux que l`on sue et que l`on travaille, que l`on brave les périls de mort; qu`on fait la guerre; que l`on se trahit; qu`on se perd, et aussi a-t-on appelé la cupidité la source de tous les maux.
Espoir et Désespoir
Les désirs s`embrasent par l`espérance, laquelle allume de son doux vent nos désirs insensé; tandis qu`elle dure, nous n`y renonçons pas; quand le désespoir lui succède, et nous perdons même ce que nous possédions pour l`amour de ce que nous ne pensons plus pouvoir obtenir. Cette passion est semblable aux petits enfants qui par dépit de ce que on leur ôte un de leur jouet, jettent les autres dans le feu.
Colère
La Colère est une passion qui nous met hors de nous, et qui cherchant le moyen de repousser le mal qui nous menace ou nous a déjà atteint, nous aveugle et nous inspire tout ce qui peut contenter le désir de nous venger. Ce qui dispose a la colère est faiblesse d`esprit; c`est a tort qu`on y trouve du courage en voici la preuve. L`omission d`un gain met en colère l`Avare; un regard de sa femme met en colère un Jaloux, ect. Elle met tout le corps en feu. On rougit; les yeux égarés s`enflamment; on devient sourd, la bouche écume; le cœur palpite; le pouls s`émeut; les veines enflent; la langue bégaye; les dents grincent; quelques-uns s`en sont rompus les veines et en sont morts. Un homme emporté est comme un navire sans gouvernail, ni capitaine, ni voiles, ni avirons, qui cherche fortune à la merci des vagues, vents et tempêtes, au milieu d`une mer déchainée.
La Colère se prévient contre l`innocence et la vertu. Si on s`excuse; elle s`enflamme de nouveau. Si on parait tranquille; elle se dépite encore davantage, surtout chez les femmes qui redoublent leur colère jusqu`a la rage, quand elles s`aperçoivent qu`on dédaigne de nourrir leur courroux. La Colère désire si violemment le mal d`autrui, qu`elle ne songe pas à éviter le sien, ce qui montre enfin ses excès, c`est que sa fin est le commencement du repentir.
La colère est une absence de raison, humiliante pour nous et dangereuse pour celui qui l`excite. La fuite des occasions sont un bon remède.
Haine
Par la haine, nous mettons ceux que nous haïssons, dans le cas de nous affliger et de nous tourmenter. Nous nous mettons à la merci de notre ennemi. Et nous éprouvons d`avance tout le mal que nous lui voulons.
Nous avons plus de raison de plaindre celui qui nous offense, que de la haïr. Changeons la haine en pitié.
Envie
C`est une malheureuse passion qui fait notre mal du bien d`autrui, et détourne nos yeux de celui qui nous appartient. Nous envions à autrui des honneurs, des richesses : si nous savions ce que lui en a couté l`acquisition et la possession nous ne serions pas tentés de nous les souhaiter a son préjudice. Se plaire au bien des autres, n`est-ce pas accroitre le sien?
Jalousie
La différence entre la jalousie et l`envie, c`est que par l`envie nous désirons pour nous ce qui arrive d`heureux aux autres; par la jalousie, nous craignons qu`ils ne participent aux nôtres : elle s`annonce sous le titre d`amitié, et finit par une haine mortelle; change l`amour en haine, le respect en dédain, l`assurance en défiance; engendre une curiosité qui est le plus grand des maux. Un jaloux qui veut s`éclaircir de son mal, ne fait que le publier et l`étendre.
Vengeance
La vengeance est la passion des âmes faibles et lâches. Les grands hommes la méprisent et la dédaignent; Alexandre le Grand, Epaminondas, Scipion, loin de se venger, ont comblé de biens leurs ennemis.
Cruauté
La cruauté vient ordinairement de la lâcheté. Les Tyrans sont sanguinaires, parce qu`ils ne peuvent se rassurer qu`en exterminant ceux qui peuvent, ou qu`ils croient pouvoir les offenser.Qu`est-ce qui rend les guerres civiles si meurtrières? C`est que la canaille, la lie du peuple en est l`instrument. La cruauté vient quelquefois aussi d`une malignité d`âme qui se plait au carnage, comme Caligula, Néron et autre monstres, nés pour l`horreur des hommes.
Tristesse
La tristesse est une langueur d`esprit, engendrée par l`opinion que nous sommes affligés de grands maux. Ennemie implacable de notre repos; elle flétrit l`âme, abâtardit tout l`homme, assoupit la vertu et où elle s`excuse, elle se couvre de belles couleurs de nature, piété, bonté, la plupart du monde tache a l`honorer et ils en habillent la sagesse, la vertu, la conscience.
La tristesse est ennemie d e la nature; car elle efface tous ses traits. Le visage se fond comme une perle se dissout dans le vinaigre. Elle est ennemie de Dieu, puisque par ses plaintes et par ses murmures, elle veut nous soustraire aux décrets de la Providence. Elle est ennemie de nous-mêmes, qu`elle dérobe à la vue des hommes, aux plaisirs de la société; elle nous couvre de vêtements tristes et nous rend faible.
Compassion
Nous pleurons avec les affligés, ou parce que nous partageons leur douleurs, ou plus souvent parce que nous craignons pour nous-même ce qui arrive aux autres. Dans les uns, c`est le cri de l`humanité; dans d`autres, c`est faiblesse.
Crainte
La crainte est l`appréhension des maux à venir; c`est cette seule appréhension qui fait un mal réel de ce qui ne l`est pas. C`est de tous les maux le pire. Les autres existent autant que leur cause existent. Mais la crainte s`exerce sur ce qui n`est pas, sur ce qui n`existera jamais, ou sur ce qui peut exister. Elle empoisonne tous les plaisirs de la vie. Comment apprécier un bien que l`on craint déjà de perdre?
Les craintes sont aussi trompeuses que les espérances. Les hommes projettent; mais Dieu tient son Conseil à part.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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