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Deux sermons de Jacques de Voragine - 13 eme siecle

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Message par MichelT Jeu 12 Fév 2015 - 22:03

Jacques de Voragine, Quadragesimale 18

Traduction de Nicole BÉRIOU

Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples et vous connaîtrez la vérité (Jn 8, 31).

La vérité vous délivrera (= Jn 8, 31) . Comme certains juifs avaient été convertis à la foi, le Seigneur, voulant les confirmer dans la foi qu’ils avaient reçue, les exhorte à observer sa parole avec attention, car ils seront alors de vrais disciples. Dans les paroles ci-dessus énoncées, il y a deux points : d’abord, le Seigneur les exhorte à observer sa parole, quand il dit : Si vous demeurez dans ma parole  ; deuxièmement, il indique la triple efficacité de la parole, quand il dit : Vous serez vraiment mes disciples.

Sur le premier point, il faut noter qu’il est bien utile d’observer la parole de Dieu. Car, selon ce que dit Ambroise à propos du Beati immaculati , la parole de Dieu a un triple pouvoir : elle enflamme, elle éclaire, elle purifie.


Premièrement, elle a le pouvoir d’enflammer : en effet, si un homme est refroidi dans l’amour de Dieu, la parole de Dieu l’enflamme, puisqu’elle est de feu. Mes paroles ne sont-elles pas comme le feu  ? dit le Seigneur. Ta parole de feu, véhémente, et ton serviteur l’a aimée (Ps). Toute parole de Dieu est de feu (Prov). Ils étaient ainsi enflammés, ceux qui disaient : Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous quand il nous parlait en chemin  ?


Deuxièmement, le pouvoir d’éclairer : en effet, si un homme est ignorant ou qu’il doute dans la foi, la parole de Dieu l’éclaire, puisqu’elle est lumière. Ta parole, comme une lampe pour mes pieds (Ps). Le commandement de Dieu est une lampe, et sa loi est lumière.

Troisièmement, le pouvoir de purifier. Si un homme est infecté par des vices, la parole de Dieu le purifie, puisqu’elle est une eau venue du ciel. Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés de toutes vos souillures (Ez). Désormais vous voilà purs , grâce à la parole que je vous ai dite (Jn).


Mais si la parole de Dieu doit enflammer, éclairer et purifier, pourquoi donc ceux qui entendent les paroles de Dieu ne sont-ils pas aussitôt enflammés, éclairés et purifiés ? A cela, il faut dire que , bien que les paroles de Dieu sont de feu, elles ne peuvent enflammer beaucoup de gens qui mettent une séparation entre eux et ce feu et érigent le péché en mur de fer. Voici que la main du Seigneur n’est pas diminuée si bien qu’il ne pourrait sauver, mais ce sont vos iniquités qui ont mis la division entre vous et votre Dieu ; et vos péchés vous ont caché sa face si bien qu’il ne vous entend pas (Is). Cette iniquité qui vient de vous sera comme la brèche branlante, saillant du haut du rempart. Il en est beaucoup qui, alors qu’ils disposent de la parole de Dieu comme d’une lumière pour les éclairer, ne sont pas éclairés pourtant parce qu’ils ne s’approchent pas de cette lumière, mais s’en éloignent trop. Comme il est dit : Quand ils s’approchent de ses pieds, ils reçoivent quelque chose de son enseignemnt (Dt) Approchez-vous de lui et soyez éclairés (Ps 32). Il en est beaucoup qui , alors que les paroles de Dieu devraient les purifier, puisqu’elle sont l’eau venue du ciel, ne sont pas purifiés par elles parce que leur esprit est tourné vers la terre. Car, comme le déclare Augustin, tout un chacun est à l’image de son amour : si tu aimes la terre, terre tu es ; si tu aimes Dieu, Dieu tu es. De même que les briques ne sont pas lavées par l’eau, mais davantage salies par elle, de même ceux là, qui se tournent vers la terre. Ils sont devenus abominables, comme ces choses qu’ils ont aimées (Os).


Deuxièmement, est indiquée l’efficacité de la parole de Dieu qui est triple.


Premièrement parce que les paroles de Dieu font de l’homme le disciple du Christ, c’est pourquoi il ajoute : Vous serez vraiment mes disciples . Le signe qu’un homme est disciple du Christ est qu’il entend volontiers sa parole : Celui qui est de Dieu écoute la parole de Dieu (Jn). Un autre signe est que le disciple du Christ repousse tout amour illicite et désire tout l’amour divin. L’amour illicite, en effet, est triple : il est domestique, mondain, et charnel.

Il est domestique quand quelqu’ un aime ses parents dans le mal. Il est charnel quand quelqu’un aime ce qui est en lui animal et charnel. Il est mondain, quand quelqu’un aime trop les choses de ce monde. Ces trois sortes d ‘amour, le disciple du Christ doit les rejeter : Si quelqu’un vient à moi et qu’il ne déteste pas son père et sa mère (ceci se réfère à l’amour domestique), et encore son âme (ceci se réfère à l’amour charnel), et qu’il ne renonce pas à tout ce qu’il possède, il ne peut être mon disciple (et ceci se réfère à l’amour mondain) (Lc). Les disciples du Christ doivent en effet avoir un amour spirituel et divin qui consiste à aimer Dieu et son prochain. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres .

La deuxième efficacité de la parole de Dieu est que ceux qui observent les paroles de Dieu connaissent la vérité de Dieu, c’est pourquoi il déclare : Et vous connaîtrez la vérité. Comme le dit Augustin, la vérité est opposée à la fausseté, à la duplicité et à la vanité. Car ce qui est vrai n’est ni faux, ni double, ni vain. Ainsi les paroles de Dieu nous font connaître la vérité sur le monde, en nous faisant connaître que tout ce qui est du monde est faux, double, et vain.


Faux, parce que le monde promet la satiété par les richesses et ne donne que le vide, comme on le voit chez ce riche qui parvint à un tel vide qu’il ne put même pas avoir une goutte d’eau. En d’autres cas il promet le plaisir et donne l’amertume. Les lèvres de l’étrangère distillent le miel, mais l’issue en est amère comme l’absinthe . Dans les honneurs il promet une élévation suprême et il donne la chute brutale. Ils prennent le tambourin et la cithare, et ils se réjouissent au son de la flûte. Ils passent leurs jours dans la prospérité, et tout d’un coup ils descendent aux enfers. Tu m’as élevé, et comme si tu m’avais jeté au vent, tu m’as complètement fracassé .

Deuxièmement, ces choses mondaines sont doubles et mêlées. Dans le monde en effet rien n’est pur, tout est mélangé : Ton vin est mêlé d’eau. La joie est mêlée de douleur, la sagesse mêlée d’oubli, la santé mêlée de maladie, la vie mêlée de mort. Dans cette vie, ces choses sont toutes mêlées, alors que dans la vie bienheureuse elles seront pures, et d’en l’enfer, bourbeuses. Car Dieu séparera de la joie la douleur, de la sagesse l’oubli, de la santé la maladie, de la vie la mort : et toutes les vases, la douleur, l’oubli, la maladie et la mort, il les jettera en enfer. Tandis que les saints garderont pour eux tout ce qui est le plus pur, la joie sans douleur, la sagesse sans oubli, la santé sans maladie, la vie sans mort.

Troisièmement, ces choses mondaines sont vaines : elles ont la vanité en leur principe, puisqu’elles viennent du néant ; au cœur d’elles mêmes, puisqu’elles sont soumises à toute sorte de mutation ; dans leur issue, puisqu’elle parviennent aussitôt au néant. Tout est soumis à la vanité (ce qui se réfère à la vanité qui est au cœur des choses), fait de terre (ce qui se réfère à la vanité de leur principe), et revenant à la terre (ce qui se réfère à la vanité de leur issue).

La troisième efficacité de la parole de Dieu vient de ce que servir les paroles de Dieu fait parvenir à la pleine liberté. C’est pourquoi il ajoute : Et la vérité vous délivrera. Ceux qui le font ont la liberté de l’esprit, que ce soit dans le reproche et dans l’abstinence du péché. Ils font en effet librement reproche aux puissants de leurs vices. Pendant sa vie il ne craignit pas le prince et personne n’eut raison de lui par sa puissance. Cette liberté de l’esprit, les philosophes aussi l’ont eue : Diogène le philosophe, qui faisait des reproches à Alexandre, s’entendit alléguer en retour par Alexandre le pouvoir dont celui-ci jouissait. Diogène alors lui répondit : « Ton pouvoir et ta gloire sont ou passés, ou présents, ou à venir. Ce qui est passé, je ne le crains pas, puisqu’il n’existe plus. Ce qui est à venir je ne le crains pas, puisque c’est douteux et incertain. Ce qui est présent, je n’y attache pas d’importance, puisque c’est momentané et que cela s’évanouit en un clin d’oeil. » Et ils ont la liberté de l’esprit en s’abstenant de pécher, ceux qui dédaignent d’être les serviteurs du péché. Augustin : « le pécheur sert autant de maîtres que de vices », et donc, comme Alexandre avait déclaré devant notre philosophe qu’il était le maître du monde, celui-ci répliqua : « Tu n’en es sûrement pas le maître, tu es plutôt le serviteur de mes serviteurs. Car la superbe est ma servante et elle est ta maîtresse. La concupiscence de la chair est ma servante et elle est ta maîtresse. Elles, je les tiens sous mes pieds, tandis qu’elles te dominent, c’est pourquoi tu es le serviteur de mes servantes. » Et tandis que les proches d’Alexandre voulaient se jeter sur lui, Alexandre dit : « Veillez à ce qu’il ne lui arrive rien, car il est le serviteur de Dieu et il dit la vérité. »
FR : Jacques de Voragine, sermon IV sur saint Barthélemy

Traduction de Nicole BÉRIOU

La peau pour la peau, et tout ce qu’a l’homme il le donnera pour son âme. (Job 2, 4)

Selon la glose, on donne la peau pour la peau, parce que souvent quand un coup est donné contre l’oeil, nous y opposons la main, pour être blessé à la main plutôt qu’à l’œil, comme si on disait : Job supporte extérieurement d’une âme égale tant de coups, parce qu’il redoute d’être frappé intérieurement. Il faut aussi noter que l`on distingue quatre types de peaux, celle de la nature, de la faute, de la grâce, et de la gloire.

La première peau, tous les hommes la revêtent. A son sujet ce même Job déclare : Tu m’as revêtu de peau et de chairs . Mais c’est cette peau que Barthélemy a déposée pour de multiples raisons :

Premièrement il l’a déposée en signe de fervente charité
. Les gens qui souffrent de la chaleur excessive ont coutume d’enlever leurs vêtements, Dans le fait que saint Barthélemy a déposé sa peau, est manifesté de quel feu d’amour il était rempli. C’est signifié quand il est dit : Jonathas aimait David comme son âme . Il s’est en effet dépouillé de sa tunique et il l’a donnée à David. Par Jonathan qui signifie le don de la colombe, est signifié saint Barthélemy qui a été rempli du don de l’esprit saint. Lui donc qui aimait David, c’est à dire le Christ, comme son âme, s’est dépouillé de sa tunique et il l’a donnée à David quand à cause de l’amour du Christ il a permis qu’on l’écorchât.

Deuxièmement en accroissement de pureté. Les branches des arbres qui sont écorchées apparaissent plus blanches. De même Barthélemy dépouillé de la peau de mortalité, devient plus pur en son âme. On lit à ce propos : Il décortiqua mon figuier , c’est à dire Barthélemy, qui a été humble, productif et doux, le mettant à nu il l’a dépouillé etc., ses branches sont devenues blanches . Et : Enlève la rouille de l’argent, et il en sortira un vase très pur.

Troisièmement dans l’espérance de l’immortalité future.
L’homme en effet se dépouille volontiers de son vieux vêtement, pour pouvoir endosser un vêtement de couleur dorée. De même il a bien voulu se dépouiller du vêtement de mortalité, parce qu’il savait qu’il serait orné du vêtement d’immortalité. La reine se tient debout , c’est à dire l’âme qui dirige bien le corps, à sa droite en vêtements dorés , c’est à dire en son corps glorifié. Le roi a ordonné de dépouiller Jonathan de ses vêtements et de le revêtir de la pourpre , qui est la chair glorieuse, ce qui se produira lors de la résurrection générale.

Quatrièmement il a déposé sa peau pour la suavité de l’odeur. Le grand prêtre dans la loi ancienne avait coutume de dépouiller l’offrande de sa peau, et en y mettant le feu de l’immoler au Seigneur en produisant une très suave odeur. De même on a enlevé sa peau à Barthélemy qui, enflammé du feu de la charité, a été immolé à Dieu en produisant une très suave odeur. Comme l’or dans le four il les a éprouvés, et comme l’hostie de l’holocauste il les a reçus.

La seconde peau dont il est question est celle de la faute. Et elle est triple :

L’une est celle dont les luxurieux sont revêtus, qui est la vieille peau : Il a rendu vieille ma peau . On dit que la luxure est vieille, soit qu’elle mène vite l’homme à la vieillesse, soit que l’homme qui s’immerge en ce vice vieillit en lui jusqu’à sa mort : J’ai vieilli parmi tous mes ennemis etc., soit que, comme elle est elle même une boue puante, elle rend l’homme sale et vieux.

Une autre est celle dont les orgueilleux sont revêtus, et celle-ci est gonflée par le vent. Ephraim nourrit le vent. Augustin : “ O peau enflée, pourquoi es tu tendue ? O infecte sanie pourquoi es tu enflée. ” Comme elle est pleine de vent, elle se dégonfle dès qu’on la pique. Souviens toi que ma vie est du vent , donc une simple impulsion la fait aller de ci de là. Mon Dieu, place les comme la roue, et comme la paille sous le vent, et aussitôt il est jeté à terre . Tu m’ as élevé et comme si tu m’avais mis sous le vent tu m’as complètement broyé .

Une autre encore est celle dont les avares sont revêtus, et celle-ci est une peau noire.  Et l’avare contracte la noirceur corporelle, parce que pour capter le gain il brûle jour et nuit, et il est puni par le gel : Notre peau est brûlée comme un four. L’avare contracte aussi la noirceur spirituelle parce que, comme l’avarice c’est de la boue, l’âme qui est immergée dans la boue devient noire. Malheur à celui qui multiplie ce qui n’est pas à lui et qui accumule contre lui une boue dense. Barthélemy n’a pas revêtu cette triple peau, car il a méprisé les biens terrestres, il a fui les honneurs, et il a préservé la vraie chasteté.

La troisième peau est celle ce la grâce dont les justes sont revêtus quand ils imitent la vie du Christ. Le Christ en effet s’est revêtu d’une peau, c’est à dire d’une façon de vivre blanche, rouge et distinguée. Mon aimé est blanc et rouge, distingué parmi des milliers. Il ne sera ni triste ni troublé , voilà la blancheur. Avec ceux qui haïssaient la paix je fus un pacifique , voilà la rougeur ; et pacifique dans la ferme charité : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur  ; voilà la mansuétude par dessus tout. De cette peau Barthélemy a été recouvert, car sa manière de vivre fut gaie, pacifique et douce. C’est pourquoi on dit dans sa légende : “ Il persévérait, de visage toujours égal, et gai et joyeux en son âme ”.

La quatrième peau est celle de la gloire dont les saints sont revêtus ; c’est pourquoi on lit que le sanctuaire était recouvert de trois sortes de peaux, les unes rouges, les autres violettes, et des sacs couleur de cendre, qui étaient faites de peaux de chèvres. Il était aussi recouvert de grandes peaux noires, mais belles. Je suis noire, mais belle, filles de Jérusalem, comme les peaux du roi Salomon . Les saints, donc, ont revêtu une belle peau dans la clarté de leur corps : Il lui fut donné de se couvrir de splendide lin blanc . De peau violette dans la subtilité : ces peaux ont en effet une couleur aérienne. De fait les corps des saints qui aujourd’hui sont volumineux et pesants, alors seront subtils comme l’air. Un corps animal est semé, un corps spirituel lève . Ils sont revêtus de peau rougie dans l’immortalité. Cette couleur est en effet très vive, c’est pourquoi de l’homme rubicond l’on dit communément : “ Il est très vif ”. Les justes vivront pour l’éternité . De peau de chèvre dans l’agilité, qui fait comparer les saints à l’éclair fulgurant : Enverras tu tes éclairs ? Les saints, pour leur agilité, sont aussi comparés à un nuage et à une étincelle qui vole : Dans leur magnificence les nuages défilent. Comme l’étincelle sur le chaume ils courent . Ils sont aussi comparés à l’oiseau au vol rapide. Les oiseaux volent vite quand ils ont beaucoup de plumes, un corps léger, et qu’ils sont poussés par le vent. De même les saints seront couverts des plumes des vertus, ils auront un corps léger et glorieux, et il seront poussés par l’esprit saint. Là où était le souffle de l’esprit, ils s’avançaient .

Ou bien on peut dire que la peau signifie trois choses, soit les biens temporels : Au dessus de la tunique vous avez endossé le manteau  ; soit la vie mortelle : Dieu fit à Adam et à son épouse des tuniques de peaux  ; soit ce qui recouvre le corps : De peau et de chairs tu m’as revêtu . Saint Barthélemy, donc, a donné les biens de ce monde pour les biens substantiels du ciel : Si tu veux être parfait, va et vends ce que tu as, donne le aux pauvres (et suis moi) . Il a aussi donné sa vie temporelle pour la vie perpétuelle et glorieuse : Celui qui hait sa vie en ce monde (la conservera en vie éternelle) . Et il a donné sa peau corporelle pour la chair glorifiée : C’est le Sauveur que nous attendons, Notre Seigneur Jésus Christ.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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