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DISCOURS SUR LES REMORDS DE CONSCIENCE - FRANCE - Sorbonne - 1696

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Message par MichelT Ven 1 Sep 2017 - 19:08

DISCOURS SUR LES REMORDS DE CONSCIENCE

Source : Discours sur les divers sujets de morale – Laurent Chénart – prêtre et docteur en Sorbonne – année 1696 - ( extraits)

DISCOURS SUR LES REMORDS DE CONSCIENCE - FRANCE - Sorbonne - 1696 Chapelle-Litt-01-petit

L'affliction et l'angoisse seront pour quiconque fait le mal. Ce sont les paroles de l'Apôtre, au second Chapitre de son Épître aux Romains.

Comme la gloire, l'honneur et  la paix de conscience sont inséparables de la vertu. L`affliction et l`angoisse d'esprit causée par le trouble et les remords de conscience, au
dire de saint Paul, sont aussi les effets et  les suites ordinaires du péché.  Le Prophète Royal ( le Roi David) en parlait avec expérience, lorsque demandant à Dieu pardon de son adultère, et de son homicide, confesse et reconnait que son péché est toujours devant lui, le poursuivant partout , et le jour et la nuit. « Lavez-moi intérieurement de ma faute et purifiez-moi de mon péché.» ( Psaume 50,4)

Vous n'avez qu'à lire les Confessions de saint Augustin, et vous y remarquerez vous-mêmes les peines qu'il souffrait. Mais les pauvres pêcheurs qui m'écoutent peuvent bien rendre témoignage de cette vérité, nous disant quelles sont les angoisses et les peines intérieures qu'ils soutirent par la vue et le souvenir de leurs péchés; et c'est ce qui devrait les porter, s'il leur reste quelque peu d'amour pour eux-mêmes, à les détruire en eux. C'est à quoi je les veux aider, après que nous aurons été nous-mêmes secourus par les grâces du saint Esprit, que nous lui demanderons par la très-sainte Vierge, lui disant :Ave.

C'est un Arrêt qui a été prononcé dans le souverain tribunal de la Justice divine, et qui nous a été signifié par le Prophète Jérémie : Qu'au même temps que le pécheur aura commis son crime, sa malice lui sera reprochée. Saint Augustin qui le savait si bien d`après sa  propre expérience,  comme il l'avoue souvent dans ses Confessions, qu'il a bien voulu rendre publiques, nous déclare que de toutes les peines que l'on peut souffrir en cette vie, il n’y en a Point de si sensibles ni de si cruelle, que celles des remords et des reproches de la mauvaise conscience; parce que, dit cet incomparable Docteur, dans toutes les autres peines et afflictions de cette vie, un Chrétien n'avant pas Dieu pour ennemi et vengeur de ses crimes, il peut recourir à lui ; et selon sa parole, il le  consolera, il essuiera ses larmes, et lui communiquera ses grâces et ses lumières, qui, lui découvriront les grandes récompenses qui lui sont préparées dans le Ciel, disant avec saint Paul : je suis assuré que  toutes les persécutions, que je puis souffrir  en cette vie, ne sont pas dignes de la gloire, c'est à dire, n'ont point de proportion avec la gloire dont nous jouirons un jour ; si bien que par les grâces qu'il reçoit par l’espérance qu'il a, qui est à l'égard de son âme, comme dit le même Apôtre , un ancre ferme et assuré contre toutes les tempêtes du monde: il se trouve puissamment soutenu, fortifié et consolé parce que, dit saint Grégoire , la force de l’espérance élève nos cœurs aux biens de l'éternité, ce qui nous empêche  de ressentir les maux, de la vie mortelle.

Mais il n'en est pas de même du pécheur, qui étant son ennemi, et qui ne cesse par  ses crimes de l'offenser; il n'a aucune part  à toutes ses grâces, et à toutes ses  vaines consolations; au contraire, Dieu le poursuit partout comme son ennemi, il est l'objet de sa colère, et ce pécheur porte avec lui, et au dedans de lui-même,  son témoin, son juge et son bourreau. C'est le sujet et le partage de cet entretien.

Saint Grégoire de Nazianze, dont j'ai pris le sujet et aussi la division de tout ce discours, dit que tous les hommes portent en eux-mêmes un véritable et domestique Tribunal qui n'est autre que leur propre conscience mais que c'est un tribunal où nôtre souverain Juge nous condamne par nous-mêmes puisque c'est nous-mêmes qui sommes nos accusateurs, et qui portons témoignage contre nous; notre conscience nous mettant devant les yeux et nous faisant souvenir des péchés que nous avons commis, nous en représentant la malice, nous demandant hardiment pourquoi nous les avons commis, et nous faisant aussi connaitre les maux épouvantables auxquels nous nous sommes exposés. Cur, inquit, dit saint Éphrem , parlant des reproches, qui sont faits au pécheur par fa propre conscience : Pourquoi est-ce malheureux, que tu n'es pas sobre et vigilant, pourquoi tombes tu si souvent dans des péchés infâmes qui te mettent au-dessous des animaux les plus vils?

Hé quoi ? ne sais-tu pas que bientôt tu dois paraitre au Jugement et que pour lors tes crimes les plus honteux et que tu crois n'être sus de personne, seront manifestés aux yeux de tout le monde ? Ne sais tu pas encore la brièveté de ta vie, et l'incertitude de l'heure de ta mort. Ne vois-tu pas cette main déjà levée, pour couper le fil de tes années. A quoi penses-tu Que veux-tu faire? N'est il pas temps de faire pénitence, et te convertir entièrement à Dieu, de rompre une bonne foi les funestes liens dont tu es garrotté? Saint Chrysostome réduit tous les offices de cet impitoyable témoin, et néanmoins plein de charité, à trois: Le premier, est de déclarer, mais d'une voix haute et claire, au pécheur la turpitude et la malice de son péché. Le second office de ce témoin intrépide, est de le lui reprocher incessamment; et le troisième et dernier, est qu'après l`avoir déclaré au pécheur, de peur qu'il ne l'oublie, il décrit le nombre de ses péchés, et il met cet écrit devant ses yeux, lui faisant aussi connaitre les peines horribles qui sont préparées en l'enfer pour punir ses crimes, et ce qui les augmente encore, c'est qu'il lui représente qu'il lui reste peu de temps à vivre , qu'il peut mourir cette nuit, et que pour lors il en fera lui-même l'expérience.

Toutes ces considérations impriment dans le cœur de ce pauvre pécheur des sentiments de frayeur et d'angoisse, ce qui cause en lui des effets différents qui sont assez connaitre l'état pitoyable de son âme. Le premier nous est encore marqué par St Chrysostome , disant qu'il y a cette différence entre le pécheur et le juste, que le serviteur de Dieu jouit d'un grand repos et d'une parfaite liberté et assurance; mais le pécheur au contraire est toujours dans la frayeur et la crainte, de sorte qu'il craint toujours lors même que personne ne l'accuse, et qu'il ne se présente aucun témoin qui dépose contre lui, sa conscience lui reprochant et le convaincant de l 'énormité de ses Crimes. Il fuit, dit  le Sage, lors même que personne ne le poursuit, mais ou ira. t-il, car si ce pauvre pécheur entre dans son cabinet, se repose sur son lit, s'il rentre dans le Plus Profond de son cœur, il n'y peut rien trouver qui soit, ni assez secret, ni assez intérieur pour se cacher, sa propre conscience déchirée par les remords de ses péchés, le poursuit partout et ne le quitte point. L'homme peut s'échapper, dît saint Isidore, de toute, les choses du monde, hormis de soi-même. Parce qu'en quelque lieu qu'il se retire, il y trouvera toujours le tourment de sa mauvaise conscience, de sorte qu'il a beau se cacher et s'enfuir, il ne peut point éviter la présence de ce témoin, il ne peut point boucher ses oreilles, pour ne point entendre ses dépositions: il a beau se divertir, se promener, il porte en lui-même une plaie incurable. C'est si vous voulez comme ce cerf, qui étant blessé à mort, porte partout où il fuit la flèche qui le perce; ou bien plutôt ce ver rongeur, dont parle le Fils de Dieu, qui ne meurt point, et qui naissant de la pourriture et de la corruption du péché, ne cesse d'affliger l'âme d'un pécheur autant de temps qu'il est plonge dans le sale bourbier du péché. Saint Augustin le compare à un malade d'une fièvre violente, qui pour trouver quelque petit rafraîchissement se tourne et retourne de tous côtés, tantôt à droite, tantôt à gauche, en quelque posture qu'il se puisse mettre , il ne trouve aucun soulagement pour modérer l'ardeur de sa fièvre, qui est causée par le feu qu'il renferme dans son propre sein.

Mais pour le serviteur de Dieu, la joie, la paix et une sainte liberté sont ses chères compagnes, qui le suivent partout, et ne le quittent jamais. Si on l'accuse, il répond hardiment avec le Sage :  Mais celui qui n'est point à Dieu, craint lors même qu'il n'y a rien à craindre , le  Juste au contraire est intrépide comme un  lion, et il ne craint rien. Lorsqu'un criminel est entre les mains de la Justice, on prend de certains tems pour lui confronter les témoins ; d'abord qu'ils se présentent à lui, on le voit changer de couleur, il pâlit à chaque mot qu'ils prononcent, toutes leurs paroles font comme autant de coups de poignard qu’ ils lui donnent; s’ils le convainquent de son crime par leurs dépositions, il est à demi mort, il est tout hors de soi. Le pécheur a pour témoin et son accusateur, sa conscience; mais il y a cette différence, que ce témoin lui est toujours présent l'accule et le convainc, et que malgré tous ses efforts il ne peut se séparer de lui,  il ne peut lui fermer la bouche, ni l'empêcher de déposer contre lui; il a beau l'intimider, il ne craint rien; il a beau faire, il ne peut pas le corrompre; ni par argent, ni par aucun autre présent, et les dépositions de ce témoin irréprochable se font aussi bien la nuit que le jour, à peine est-il éveillé qu'il se présente à lui pour continuer ses dépositions; mais de telle sorte que rien ne lui échappe, et il lui fait voir en peu de tems quelle a été la conduite de toute sa vie, si bien que la nuit qui est le tems du repos, devient pour lui le temps de son plus grand tourment.


Le second effet que produit dans le cœur du pécheur ses remords de conscience, causer par les dépositions continuelles de cet impitoyable témoin est une amertume et une angoisse d'esprit si grande qu'elle l'empêche même de goûter autant qu'il souhaiterait les plaisirs et les divertissements auxquels il s'abandonne ; c'est comme du fiel et de l'absinthe, qui se mêle dans la douceur de ses délices. Prenez, si vous voulez, un vaisseau plein d'absinthe et de fiel, mettez-y une goutte de miel, elle ne sera pas capable d'en ôter l 'amertume. Le cœur d'un pécheur est plein d'amertume, tous les plaisirs de la vie présente qu'il goûte, sont à ion égard comme un peu de miel, dont la saveur et le gout est absorbé par  l'abondance du fiel dont son cœur est abreuvé.

Pendant que celui qui garde soigneusement les Commandements de Dieu, jouit  d'une profonde paix, et que son cœur est  si plein de joie, qu'elle adoucit et même rend légères les plus grandes peines qu'il puisse souffrir en cette misérable vie. Vous  connaitrez, si vous voulez, dit saint Augustin ,par voire propre expérience combien les fruits de la justice sont plus doux que ceux de l`iniquité, et vôtre bonne conscience vous donnera plus de véritable joie au milieu de vos afflictions, que les méchants n'en recevront au milieu de tous leurs plaisirs. Parce que, dit saint Ambroise, au Livre de ses Offices, l`éclat de la vertu est si grand que pour rendre nôtre vie bienheureuse, il nous suffit de jouir de la tranquillité de la conscience. L`âme tranquille dit le Sage, est comme un festin continuel. N'êtes- vous pas bien malheureux pour un chétif plaisir qui passe sitôt, et qui est néanmoins accompagné de tant d'amertume, d'attirer sur vous tous ces remords et tous ces reproches, qui comme autant d'aiguillons vous percent le cœur, et vous mettent dans une frayeur continuelle aussi bien la nuit que le jour; c'est une des peines dont Dieu menace les pécheurs par la  bouche de son Prophète, leur déclarant qu'il mettra Babylone, c’est-à-dire le cœur d'un pécheur, en la puissance du hérisson, cet hérisson, au dire des interprètes , ce sont les piqures, les pointes, les remords de la conscience, dont les cœurs des pécheurs sont incessamment transpercés.

Le pain qu'ils mangent, dit Job,  c'est à dire le péché qu'ils goûtent d'abord avec beaucoup de plaisir, comme un pain très délicieux, est ensuite changé pour un fiel ou en un venin d'aspic, par les suites funeste qu`il produit et dans leurs âmes et dans leurs corps; dans leurs âmes par les remords très-amers de leur conscience et dans leurs corps par les peines très cuisantes, qui en sont les châtiments.

Non seulement la conscience d'un pécheur lui sert d'un témoin et d'un accusateur continuel, qui lui reproche ses crimes, mais elle est aussi son juge; mais un juge, qui au dire de saint Chrysostome est incorruptible, qui ne craint et n'épargne personne, qui voit jusqu'aux moindres fautes que commet son criminel, lui étant toujours présent,  et selon la qualité des crimes qu'il a commis, il prononce son arrêt et le condamne. II y a dit saint Thomas, trois qualités qui rendent un Juge redoutable à l'égard de tous les criminels: La première, une souveraine puissance pour faire exécuter ses arrêts sans appel à aucun autre tribunal : La seconde, une grande sagesse pour bien connaitre la vérité du fait qui lui est proposé, pour découvrir le mensonge et la fausseté, et ne point se laisser surprendre par les déguisements et les faux témoignages, séparant le mensonge de la vérité; La troisième, est l'intégrité et la justice, qui sait qu'un Juge ne fait aucune acception des personnes, et n'a aucun égard, ni à leurs menaces, ni à leurs présents, ni à la recommandation des grands, ni aux prières de leurs amis ou de leurs parents.

Lorsque toutes ces qualités se trouvent réunies en la personne d'un Juge, il est avec raison l'objet de la terreur de tous les criminels. Nôtre conscience est non seulement nôtre juge, mais elle possède toutes ces qualités.  Premièrement, c'est un Juge plein d'autorité et de pouvoir pour l'exécution de ses arrêts;  comme ce Juge tient immédiatement de Dieu tout son pouvoir,  il n'y a point d'homme sur la terre assez puissant pour lui résister: les Empereurs et les Rois,  aussi bien que leurs sujets, éprouvent tous les jours son pouvoir et son autorité. Je n'en veux point d'autre témoin que le Roi Antiochus, qui se trouva obligé par l'arrêt que ce Juge souverain avait porté, de faire paraitre au dehors, malgré lui, la peine et l’angoisse où il se trouvait, par le souvenir continuel qu'il avait des grands maux qu'il avait commis en Jérusalem : Je me ressouviens, disait-il étant réduit à la dernière extrémité, des maux que j`ai faits en Jérusalem d'où j`ai enlevé tant de trésors, où j'ai ruiné sans sujet tant de citoyens, j'avoue que c'est ce qui me cause toutes les peines que j'endure c'est pour cela que je meurs accablé de tristesse et d'affliction dans une terre étrangère.

La sagesse de ce juge souverain est si étendue, qu'il connait jusqu’aux moindres fautes que commet son criminel; l'on ne peut jamais le surprendre, ni lui cacher ou déguiser la vérité, il ne craint point les faux témoins, pais qu'il est toujours assuré d'un témoin très fidèle, et que lui-même se trouve par tout présent, ou pour condamner le coupable, ou pour absoudre l'innocent. Mais aussi sachez que c'est un Juge plein d'intégrité et de justice. C'est pour cela qui saint Chrysostome l'appelle le Juge incorruptible, qui n'a aucun égard, ni à la noblesse, ni à la dignité du criminel; il méprise tous les présents et toutes les menaces qu'on lui peut faire, il rejette et ne veut point écouter les sollicitations, quoique de ses meilleurs amis et de ses plus proches parents ; en un mot, c'est un Juge, mais un juge qui qui  ne pardonne à personne, qui ne peut jamais être trompé  qui dans le même temps que l'on commet le crime prononce l'arrêt contre le criminel, et dans ce moment il en fait faire l'exécution, l'abandonnant au bourreau, qui aussitôt l'exécute. Mais prenez garde qu'il y a bien de la différence entre les peines qui sont portées contre ce criminel, et celles que les Juges ont coutume d'ordonner aux criminel.

Les premières ne sont qu'extérieures, et celles-ci sont intérieures, les premières ne sont pas de durée, celles-ci durent souvent très-longtemps ; une seule peine fait le tourment du corps, mais l 'esprit en est accablé de plusieurs: Enfin la dernière circonstance, et qui est sans comparaison la plus redoutable, c'est que toutes ces peines intérieures, toutes ces angoisses, et tous ces remords de conscience, ne sont ordinairement que les commencements de la rage, du désespoir, et du ver qui rongera les entrailles des pécheurs dans l'enfer.

Car c'est encore l'un des tourments que souffrent et souffriront éternellement les pécheurs; il commence dès cette vie par les remords de leur conscience, mais il continuera dans l'autre pendant toute l'éternité : Car c'est ce ver immortel, dont parle le Prophète Isaïe (Isaïe 66,24) qui rongera leur conscience éternellement. Et c'est ainsi que saint Isidore explique cette parole du roi David, qu'un abîme en attire un autre, ( Psaume 41) ce qui n'est autre chose, dit ce Père, que lorsque les pécheurs passeront du jugement de leur conscience au Jugement de la damnation éternelle. Quoique ces peines et ces angoisses que souffrent les pécheurs en cette vie ne soient que les avants coureurs et les prémices  des enfers, elles sont néanmoins si  sensibles et si affligeantes, qu'au sentiment  des Peres et Docteurs de l' Église, et particulièrement de St Ambroise et de St Augustin, qui les avait si souvent expérimenté, il n'y a point de peine en cette vie qui puisse leur être comparée: Quelle peine peut-on s'imaginer plus grande pour un pécheur, dit St Ambroise au Livre de ses Offices, que la plaie intérieure de la conscience.

N'est-ce pas, dit ce Père, un mal qu'on doit fuir plus que la mort. Pesez toutes ces paroles, plus que la perte des biens, plus que la perte de la santé, plus que le bannissement. C'est aussi le sentiment de saint Isidore, qui nous apprend qu'il n'y, point de supplice plus grand au monde que celui de le la mauvaise conscience; de sorte que si vous voulez, dit ce même Père,  vivre toujours content, vivez toujours en homme de bien. Si vous voulez encore ajouter an sentiment  des Peres, le sentiment d'un des plus sages et des plus éclairés de l'antiquité, il vous dira ? Que quand il serait assuré que son crime lui serait pardonné, il ne voudrait pas néanmoins le commettre, à cause de sa laideur et des remords de sa conscience.

Cette Peine est si grande qu`il s'en est même trouvé qui ayant commis quelque meurtre, ne pouvant plus souffrir les impitoyables remords de leur conscience, quoi qu`il y eut longtemps qu'ils eussent commis le crime, et que personne n'en sut rien, eux-mêmes ont été trouver les Juges, pour leur déclarer le meurtre qu'ils avaient commis, ils leur ont fait savoir où était le corps de celui qu'ils avaient assassiné aimant mieux souffrir la roue, que souffrir plus longtemps les reproches de leur conscience. D'autres en sont venus jusqu'à cet excès, que ne pouvant plus se souffrir eux-mêmes en cet état, ils se sont plongé le poignard dans le sein, aimant mieux mourir promptement, que de languir si  longtemps; mais ces pauvres malheureux étaient bien aveuglés et ennemis d'eux-mêmes, puisque pour éviter des peines passagères , ils ont été condamnés à des peines éternelles, dont les tourments, les angoisses et les remords sont si extrêmes, que ceux de cette vie n'en sont pas l'ombre et la figure.

Nous n'avons rien, ce me semble, qui confirme mieux tout ce que je viens de vous dire, que l'état misérable de Caïn après son crime; Écoutez-en le récit tire des paroles de Dieu même, au Chapitre de la Genèse, Dieu, dit le Texte sacré, ne regarda pas Caïn ni ses dons; Caïn entra ensuite dans une grande colère et son visage en fut tout abattu. Dieu lui dit : Pourquoi êtes-vous en colère? Si vous faites bien, n'en aurez-vous pas la récompense si vous faites mal, ne trouverez-vous pas la peine de votre péché. Car si vous faites mal, le péché que vous aurez commis, ne retombera-il pas sur vous-même, en déchirant vôtre conscience par des remords, et par des peines d'autant plus cruelles, qu'elles sont plus intérieures et plus cachées.

Car c'est un Arrêt, Seigneur, de vôtre souveraine Justice dit St Augustin, que toute âme déréglée trouve son supplice dans son propre dérèglement : Et en effet les remords de conscience de Caïn après son crime furent a cet excès que le trouble de son âme paraissait au dehors par la tristesse et l'abattement de son visage et la frayeur continuelle dont il était saisi, rendait visible l'agitation de sa conscience, toujours déchirée par l'image et par les remords de son crime, et ces peines étaient si violentes, qu'il ne pou voit le supporter lui-même, courant fugitif et vagabond dans tout le monde, saisi de frayeur et de crainte par la vue et le souvenir continuel de son fratricide, croyant que quiconque le trouverait, le mettrait à mort, quoi qu'il n'y eut que sa mauvaise conscience qui fût son témoin, son juge et sou bourreau. Voilà l'état d'un pécheur en la personne de Caïn, dont l'histoire de son crime et de sa punition dès cette vie, nous est si bien représentée dans les Livres divins.

L'unique remède à tous ces maux, et du temps et de l'éternité, est d'en ôter la cause, qui est le péché, et d'embrasser la vertu : Pauvre impudique tu sais par expérience ce que je dis et combien de fois après avoir commis cette action infâme, as-tu éprouvé les remords et les reproches de ta conscience, te représentant le tableau de ta mauvaise vie, et te mettant devant les yeux ; combien de fois ensuite as-tu été saisi de crainte et de frayeur, dans l'incertitude du moment de ta mort?

Seras-tu toujours l'ennemi de ton âme? pourquoi veux-tu la faire souffrir en cette vie et en l'autre; ici pour un temps, et dans l'autre éternellement, pour un plaisir d'un moment, et encore mélangé de fiel et d'amertume. Sors de cet état, pauvre misérable; n'est-ce pas assez d`expérimenter les reproches de ta conscience, ce témoin fidèle, ce juge inexorable, ce bourreau impitoyable. Fais en sorte aujourd’hui, et même dès ce moment de sortir de l'état  du péché, par les sentiments d'une véritable douleur, avec un sincère désir de te confesser au plutôt, et de te convertir entièrement à Dieu; et pour lors ta conscience sera le fidèle témoin de tes bonnes actions, le Juge qui en ordonnera la récompense.

Et si tu persévères fidèlement en ce paisible et heureux état, que saint Augustin appelle un vrai paradis; du repos , de la paix et de la joie, dont tu auras joui dès cette
vie, tu passeras au repos, à la paix,  et à la joie de l'éternité que je vous souhaite.

FIN

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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