HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
Page 1 sur 1
HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE
(Extraits et images)
Où l'on expose ses Combats et ses Victoires dans les temps de Persécutions, d'Hérésies et de Scandales, et où l'on montre que sa Conservation est une œuvre divine, ainsi que son Établissement.
PAR M. LHOMOND – France - année 1818
1- Prédication des Apôtres
2- Progrès merveilleux de l`Évangile
3 - Vertus des premiers Chrétiens
4 - Concile de Jérusalem
5 - Mort de Saint Jacques le Mineur. Année 62 après Jésus-Christ
6 - Première persécution sous l'empereur romain Néron. An 54
7 - Prophétie terrible contre la ville de Jérusalem.
8- Ruine de Jérusalem. An 70.
9 - Seconde persécution sous Domitien. An 93.
10 - Dernières actions de St Jean.
11 - Division dans l'Église de Corinthe.
13 - Trajan interroge et condamne à mort saint Ignace.
14 - Apologie de saint Justin. Année 150.
15 - Quatrième persécution, sous Marc-Aurèle. Année 166.
16 - Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, est arrêté et amené au proconsul.
17 – La Légion Fulminante. Année 174.
18 - Persécution dans les Gaules. Année 177.
20 - Apologétique de Tertullien.
21 - Cinquième persécution sous l`empereur Sévère. Année 202.
22 - Belles qualités d`Origène
23- Sixième persécution de l’empereur Maximin. Année 235.
24 - Septième persécution sous l`empereur romain Dèce. Année 249.
25 - Huitième persécution sous l'empereur Valérien. Année 257.
26- Punition des persécuteurs. Charité des Chrétiens.
27 - Neuvième persécution sous l’empereur Aurélien. Année 274.
28 - Dixième et dernière persécution sous Dioclétien. Année 303.
29 - Martyre de la légion Thébaine.
30 - Martyre de saint Vincent de Saragosse en Espagne romaine. Année 304.
31 - Réflexions sur les persécutions.
32 - Constance Chlore favorise les Chrétiens. An 305.
33- Conversion de l`empereur Constantin. An 312.
34 - Triomphe de la religion chrétienne.
35 - Invention de la vraie Croix. Année 326.
36 - Institution des solitaires. Saint Antoine. Année 306.
37 - Saint Hilarion établit des monastères en Palestine. Année 329
38 - Vie des Solitaires.
39 - Hérésie d`Arius. Année 319.
40 - Concile de Nicée. Année 325.
41- L'empereur se laisse surprendre et exile saint Athanase.
42 - Mort funeste d'Arius. Année 336
43 - Rappel et justification de saint Athanase. Année 337.
44 - Violences exercées par les Schismatiques ariens
45 - L'empereur Constance trouble toute l'Église. Année 355.
46 - Zèle de saint Hilaire de Poitiers pour la Foi de Nicée. Année 353.
47 - Saint-Martin, évêque de Tours. Année 360.
48- L’empereur Julien veut rétablir le Paganisme. Année 363.
49 - Julien entreprend de rebâtir le temple de Jérusalem. Sa mort. Année 363.
50 - Jovien, empereur, protège la foi catholique. Année 363.
51 - Valens renouvelle les troubles de l`Arianisme. Année 367.
52 - Intrépidité de saint Basile, évêque de Césarée. Année 370.
53 - Courage admirable d’une femme chrétienne.
54 - Valens tremble devant saint Basile.
55 - Vertu de saint Grégoire de Nazianze.
56 - Hérésie des Macédoniens.
57 - Concile de Constantinople, concile œcuménique. Année 381
58 - Clémence de l`Empereur romain Théodose. Année 387.
59 - Chute et pénitence de Théodose. Année 389.
60 - Schisme des Donatistes.
61 - Célèbre conférence de Carthage fin du schisme. Année 411
62 - Hérésie des Pélagiens. Année 412
63 - Intrigue et opiniâtreté des Pélagiens.
64- Saint Jérôme - Docteur de l`Église ( Jérôme de Stridon). Année 412
65 - Vertus et souffrances de saint Jean Chrysostome. Année 407.
66 - Hérésie de Nestorius.
67 -Concile général d’Éphèse. Année 431.
68 - Grandes qualités du pape saint Léon.
69 - Conversion des Français. Année 496.
70 - Baptême de Clovis.
71 - Vertus de sainte Geneviève de Paris
72 - Commencement de saint Benoît. Année 480
73 - Fondation du monastère du Mont-Cassin.
74 - Conversion de 1’ Angleterre. Année 596.
75 - Saint Augustin sacré archevêque de Cantorbery.
76 - Mahomet s’érige en prophète. Année 612.
77 - Prise de Jérusalem par Chosroès, roi de Perse, Année 614.
78 - La sainte Croix rendue et rapportée à Jérusalem. Année 628.
79 - Conversion de l’Allemagne. Année 623
80 - Martyre de saint Boniface
81 - Hérésie des Iconoclastes, ou briseurs d’images. Année 727.
82 - Violences des Iconoclastes.
83 - Septième Concile œcuménique, deuxième de Nicée. Année 787.
84 - Belles qualités et zèle de Charlemagne, roi de l`empire carolingien. Année 768.
85 - Charlemagne renouvelle les études.
86 - Charlemagne est couronné empereur d’Occident. Année 800.
87 - Conversion des Danois et des Suédois. Année 829.
88 - Conversion des Slaves et des Russes. Année 842
89 - Conversion des Bulgares. Année 855.
90 - Réflexion sur les hérésies
91 - Incursion des peuples barbares. Scandales. X. eme siècle.
92 - Rétablissement de la discipline en Angleterre. Année 942.
93 - Rétablissement de la discipline en Allemagne. Année 901.
94 - Rétablissement de la discipline monastique en France. Année 910
95 - La réforme est continuée par les successeurs de saint Bernon.
96 - Réforme du clergé.
97 - Conversion des Normands. (Vikings installés en France) Année 912
98 - Conversion des Hongrois. Année 1002.
99 – Hérésie de Bérenger. Année 1050.
100 - Troubles en Europe au sujet des investitures. Année 1075.
101 - Fondation de l'ordre des Chartreux. Année 1084.
102 - Première Croisade. Année 1095.
103 - Expéditions des Croisés.
104 - Établissement des Ordres militaires. An 1098.
105 - Institution des Prémontrés. Année 1120.
106 - Saint Norbert est élu archevêque de Magdebourg.
107 - Fondation de l'ordre Cîteaux. Année 1110.
108 - Saint Bernard est fait abbé de Clairvaux.
109- Célébrité de Saint Bernard.
110 - Saint Bernard prêche la deuxième Croisade : sa mort. Année 1146.
111 - Institution de l'ordre des Trinitaires. Année 1160
112 - Martyre de saint Thomas de Cantorbéry. Année 1170.
113 - Troisième Croisade. Année 1190.
114 - Quatrième Croisade. Année 1195.
115 - Institution des Frères Mineurs. ( Franciscains ou Ordre de St-François d`Assise) Année 1204.
116 - Saint François obtient l`approbation de son ordre. Ses travaux apostoliques.
117 - Institution des Frères Prêcheurs. ( Les Dominicains) Année 1216.
118 - Saint Dominique obtient la confirmation de son Ordre. Année 1216.
119 - Naissance et éducation de saint Louis, roi de France. Année 1215.
120 - Saint Louis fait apporter en France la Couronne d'épines. Année 1259.
121 - Première Croisade de saint Louis. Année 1248
122 - Captivité de saint Louis. Année 1250.
123 - Voyage de Saint Louis en Palestine.
124 - Seconde croisade de saint Louis; sa mort. Année 1270
125 - Vertus de saint Thomas d’Aquin.
126 - Vertus de saint Bonaventure
INTRODUCTION.
L'église est cette société que Jésus-Christ a établie pour donner la naissance spirituelle aux enfants de Dieu, pour faire croître dans la vertu et former à la sainteté ceux qui doivent un jour remplir le Ciel. Comme l'exécution de ce dessein embrasse tous les siècles, il faut que l'Église subsiste sans aucune interruption jusqu'à la fin du monde ; il faut qu'elle soit toujours visible , toujours pure dans sa foi et dans sa morale ; il faut qu'elle ait toujours des Saints , et que la charité n'y meure jamais. « La race des Chrétiens , dit St Bernard , ne doit pas cesser un moment , ni la foi sur la terre , ni la charité dans l'Église car Jésus-Christ a sanctifié tous les siècles » ( 12 ème siècle).
Cependant il a été prédit que l'Église serait persécutée par les puissances de la terre, qu'elle serait déchirée par les hérésies et les schismes, qu'il y aurait des scandales dans
son sein, et que l'ivraie y croîtrait mêlée avec le froment. Il est visible qu'étant ainsi attaquée de toutes parts, elle ne pouvait pas plus subsister qu'elle n'avait pu s'établir sans le secours d'une main toute-puissante. Aussi son divin Auteur lui a-t-il promis d'être avec elle tous les jours, c'est-à-dire, de l'assister de sa protection continuelle et invisible jusqu'à la consommation des siècles. Née au milieu des miracles, elle ne s'est soutenue que par cette parole de son divin Auteur: « Toute puissance m'a été donnée allez , enseignez toutes les nations et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ».
Il ne fallait pas moins qu'un appui tout-puissant pour garantir l'Église de l`instabilité attachée à toutes les choses qui sont sur la terre ; il ne fallait pas moins qu'une main divine pour construire un édifice immortel, que nulle force , nulle tempête ne pût abattre , ni même ébranler , et loin de s'affaiblir , s'affermît et se fortifie par les efforts même que l'on ferait pour le renverser. Non, il n'y a rien de plus grand , dit l'illustre Bossuet , il n'y a rien de plus divin dans la personne de Jésus-Christ que d'avoir prédit d'un côté que son Église ne cesserait d'être attaquée ou par les persécutions de tout l'Univers , ou par les schismes et les hérésies qui s'élèveraient tous les jours, ou par le refroidissement de la charité qui amènerait le relâchement de la discipline ; et de l'autre d'avoir promis que malgré tous ces obstacles, nulle force n'empêcherait cette Église de vivre toujours, d'avoir toujours des Pasteurs qui se laisseraient les uns aux autres, de main en main, l'autorité de Jésus Christ , et avec elle la sainte doctrine et les sacrements.
Aucun auteur de nouvelles sectes n'a osé dire seulement, ni ce qu'il deviendrait lui-même, ni ce que deviendrait le lendemain la société qu'il établissait. Jésus Christ a été le seul qui s'est expliqué en termes clairs et précis, non-seulement sur les circonstances de sa passion et de sa mort; mais encore sur les combats et les victoires de son Église. « Je vous ai établis, dit-il à ses Apôtres, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ».
Et comment demeurera-t-il ? Il n'hésite pas à le déclarer ; et il annonce de la manière la plus expresse, une durée sans interruption et sans autre fin que celle de l`Univers. C'est ce qu'il promet à l'ouvrage de douze pêcheurs, et voilà le sceau manifeste de la vérité de sa parole : on est affermi dans la foi des choses passées, en remarquant comme il a vu clair dans un si long avenir. Deux choses affermissent notre foi ; les miracles de Jésus-Christ à la vue des Apôtres et de tout le peuple, avec l'accomplissement visible de ses prédictions et de ses promesses. Les Apôtres n'ont vu que la première de ces deux choses , et nous ne voyons que la seconde ; mais on ne pouvait refuser à celui que l'on voyait faire de si grands prodiges, de croire la vérité de ses prédictions , comme on ne peut refuser à celui qui accomplit si visiblement les merveilles qu'il a promises, de croire qu'il a été capable d'opérer les plus grands miracles.
Ainsi, dit Saint Augustin, notre foi est affermie des deux côtés : ni les Apôtres ni nous ne pouvons douter : ce qu'ils ont vu dans la source , les a assurés de toute la suite ; ce que nous voyons dans la suite, nous assure de ce qu'ils ont vu et admiré dans la source . Ainsi ajoute M. Bossuet, outre l'avantage qu'a l'Église de Jésus Christ , d'être seule fondée sur des faits miraculeux et divins qu'on a écrits hautement et sans crainte d'être démenti dans les temps où ils sont arrivés , voici en faveur de ceux qui n'ont pas vécu dans ces temps, un miracle toujours subsistant qui confirme la vérité de tous les autres; c'est la suite de la religion toujours victorieuse des efforts qu'ont a faits pour la détruire.
Quelle consolation pour les enfants de Dieu ! quelle conviction de la vérité, quand ils voient que de Pie VII (Pape en 1819) qui remplit aujourd'hui le premier siège de l'Église , on remonte sans interruption jusqu'à St Pierre , établi Prince des Apôtre par Jésus Christ même; d'où en reprenant les Pontifes qui ont servi sous la loi , on va jusqu'à Aaron et Moïse , et de-là jusqu'aux Patriarches et jusqu'à l'origine du monde ! Quelle suite ! quelle tradition ! quel enchaînement merveilleux ! Si notre esprit naturellement incertain et devenu par ses incertitudes le jouet de ses propres raisonnements a besoin dans les questions où il y va du salut, d'être; fixé et déterminé par quelque autorité certaine, quelle plus grande autorité que celle de l'Église catholique , qui réunit en elle-même toute l'autorité des siècles passés et les anciennes traditions du genre humain jusqu'à sa première origine , qui se justifie elle-même par sa propre suite et porte dans son éternelle durée le caractère de la main-de Dieu!
La ville de Jérusalem, le temple de Jérusalem et la forteresse romaine Antonia ( à la droite du Temple) – au temps des Apôtres.
1 - Prédication des Apôtres.
De l`an 33 Ap J.C. a 55 Ap J.C environ.
Lorsque Jésus Christ fut monté au ciel, les apôtres retournèrent à Jérusalem; et selon l`ordre qu’ils en avaient reçu, ils se renfermèrent dans le Cénacle, pour se disposer par la retraite et par la prière, à recevoir le St Esprit qui leur avait été promis.
Le dixième jour qui était celui de la Pentecôte, le St Esprit descendit visiblement sur eux, et il en fit des hommes nouveaux. Revêtus d'une force céleste, embrasés d'un feu divin, les apôtres se mirent à parler diverses langues, et à publier les grandeurs de Dieu. Le peuple qui s'était rendu en foule à Jérusalem pour célébrer la fête, accourut avec empressement autour d'eux. Il en était venu cette année de toutes les parties du monde et en plus grand nombre que d'ordinaire, parce qu'on était persuadé dans tout l'Orient que le Messie allait paraitre. Ce peuple, mêlé de tant de nations, fut extrêmement surpris d'entendre les apôtres parler les langues des différents pays.
Naissance de l`Église a la Pentecôte.
St Pierre en prit occasion de leur dire : La merveille qui vous étonne est l'accomplissement sensible de la prédiction du prophète Joël conçue en ces termes : « Il viendra un temps où je répandrai mon esprit sur toute chair. Alors je ferai paraitre des prodiges dans le ciel et sur la terre, et vos enfants prophétiseront». Il leur annonça ensuite la divinité de Jésus Christ qu'ils avaient crucifié, leur déclarant qu'il était véritablement le Messie attendu par leurs pères, depuis le commencement du monde. Il les exhorta à se faire baptiser en son nom, pour recevoir la rémission de leurs péchés et le don du St Esprit. En effet, trois mille se convertirent, et se rangèrent au nombre des disciples. Ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, assidus à écouter leurs instructions. Dieu confirmait cette doctrine par un grand nombre de miracles, qui tenaient tout le peuple dans une sainte frayeur. St Pierre et St Jean étant montés au temple à l'heure du sacrifice, trouvèrent à la porte un homme âgé de quarante ans, qui était boiteux dès sa naissance. Cet homme leur demanda l'aumône selon sa coutume. St Pierre lui répondit : «Je n'ai ni or ni argent; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ lève-toi et marche».
St-Pierre et St-Jean – Guérison du boiteux au Temple de Jérusalem ( Actes des Apôtres 3,1)
Le boiteux fut guéri sur-le-champ; il commença à marcher et entra dans le temple transporté de joie, et louant Dieu. Le peuple accourut au temple au bruit de ce miracle, et St Pierre fit un second discours qui en convertit cinq mille. Les sacrificateurs et le capitaine du temple, irrités du succès prodigieux de la prédication des apôtres, les arrêtèrent et les mirent en prison. Le lendemain, le Sanhédrin qui était le conseil souverain de la nation, s’assembla ; et ayant fait amener les apôtres, il leur demanda par quelle autorité ils agissaient. Alors St Pierre, rempli du St Esprit, répondit avec assurance : «C’est au nom de Jésus Christ, que vous avez crucifié ».
St-Pierre comparait devant le Sanhédrin à Jérusalem
Tous ceux qui composaient le conseil étaient frappés d'étonnement en voyant la fermeté des apôtres, qu'ils savaient n'être que des hommes du peuple. Ils se contentèrent de leur défendre d'enseigner au nom de Jésus. Les apôtres leur répondirent avec une sainte intrépidité : «Jugez vous-mêmes s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à Dieu ; nous ne pouvons taire ce que nous avons vu et entendu, quand Dieu nous ordonne de le publier». On les laissa aller. Les apôtres vinrent trouver les fidèles, et leur racontèrent ce qui s'était passé. Tous en rendirent grâces à Dieu, et lui demandèrent la force d'annoncer sa parole sans craindre la défense et les menaces des hommes, qui doivent être comptées pour rien quand il s'agit d'accomplir la loi de Dieu.
Les fidèles s'assemblaient au temple, pour prier dans la galerie de Salomon. Le reste du peuple n'osait se joindre à eux, de peur d'être inquiété par la puissance publique ;
mais on ne pouvait se défendre de les honorer et de les louer à la vue des prodiges qui s'opéraient tous les jours. On exposait les malades sur des lits le long des rues, afin que l'ombre de St Pierre tombât sur eux quand il passerait : on en apportait même des villes voisines, et tous s'en retournaient guéris. Le prince des prêtres, outré de dépit, fit mettre une seconde fois les apôtres en prison; mais un ange les délivra, et leur ordonna d'aller au temple prêcher hardiment la parole de Dieu. Le conseil envoya à la prison l'ordre de les amener ; mais quoiqu'elle fut bien fermée, on n'y trouva personne.
St-Pierre libéré de prison par l`Ange du Seigneur
Quelqu'un vint en même temps avertir que les prisonniers étaient dans le temple et enseignaient le peuple. Alors le capitaine des gardes du temple s'y rendit avec ses officiers, et emmena les apôtres sans leur faire violence, parce qu'ils craignaient le peuple. Quand on les eut présentés au conseil, celui qui présidait leur dit : «Ne vous avions-nous pas expressément défendu de prêcher au nom de Jésus ? pourquoi donc avez-vous rempli Jérusalem de votre doctrine, et voulez-vous nous charger du sang de cet homme»?
Pierre et les apôtres répondirent : «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes». Quand la loi humaine se trouve en opposition avec celle de Dieu, il n'y a point à balancer sur le choix ; c'est à la loi divine qu'il faut donner la préférence. Réponse généreuse que tous les martyrs, à l'exemple des apôtres, ont répétée devant les tyrans, lorsqu'on leur défendait de faire ce que Dieu commande, ou qu'on leur commandait ce que Dieu défend.
Les membres du conseil souverain, transportés de rage, songeaient à faire mourir les apôtres; mais un d'entr'eux, nommé Gamaliel, ouvrit un avis plus modéré : «Si cette entreprise vient des hommes, disait-il, elle se dissipera bientôt elle-même; mais si elle vient de Dieu, vous ne pouvez l'empêcher de réussir». Cet avis fut suivi; cependant on fit battre de verges les apôtres avant de les renvoyer, et on leur renouvela la défense de parler au nom de Jésus. Les apôtres se retirèrent pleins de joie, parce qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir cet affront pour le nom de leur maître : ils continuèrent de prêcher Jésus Christ dans le temple, et d'enseigner tous les jours les fidèles dans l'intérieur des maisons.
2- Progrès merveilleux de l`Évangile.
Le nombre des disciples de Jésus Christ croissait de jour en jour. L'Église de Jérusalem était déjà considérable , lorsque St Luc écrivit les Actes des apôtres. Nous y voyons qu'elle était composée de personnes de tout sexe, de tout âge et de toute condition. Ce n'était pas seulement à Jérusalem que la foi faisait des conquêtes; les apôtres ayant été obligés de se disperser à cause de la persécution qui s'éleva dans cette ville, répandirent partout la semence de la divine parole, et formèrent dans les lieux où ils se réfugièrent, d'autres Églises composées de Juifs et de Gentils (non-Juifs). St Pierre parcourut diverses provinces et y fonda des Églises, il établit d'abord son siège à Antioche, et il alla ensuite à Rome, qui était alors le centre de l'idolâtrie, afin de la combattre jusque dans le lieu où elle dominait avec le plus d'empire. Il avait aussi prêché aux Juifs dispersés dans le Pont, dans la Galatie, la Cappadoce, l' Asie et la Bithynie, auxquels il adressa sa première lettre.
L`Empire romain aux temps des Apôtres : St-Pierre prêcha au début dans Le Pont – La Galatie – La Cappadoce, la Bithynie.
Il envoya quelques-uns de ses disciples pour fonder diverses Églises en Occident. St Paul de son côté annonçait Jésus Christ aux Gentils ( non-Juifs) avec le même succès : il alla d'abord à Séleucie, à Salamine, à Paphos ( Ile de Chypre), et il y convertit le proconsul Sergius Paulus qui en était gouverneur : la plus grande partie de l'île reçut l'Évangile. Il traversa ensuite la Pisidie, la Pamphilie, la Lycaonie, la Phrygie, la Galatie, la Mysie et la Macédoine ( Grèce actuelle); sa prédication était toujours suivie de la conversion des peuples: il établit à Philippes une Église, qui demeura inviolablement attachée à la doctrine et à la personne du saint apôtre.
St-Paul fait de nombreuses conversions sur l`ile de Chypre
Actes des Apôtres 13,6 : A Paphos, sur l`ile de Chypre, St-Paul prêche l`Évangile devant le Proconsul romain Sergius Paulus.
Un magicien juif nommé Bar Jésus s`oppose à St-Paul mais il devient aussitôt aveugle et le Proconsul devient chrétien.
Petite chapelle de l`ile de Chypre
Après avoir fait une ample moisson sur sa route, il s'arrêta à Thessalonique, capitale de la Macédoine ( Nord de la Grèce) , et il y fonda une Église, dont la ferveur servit de modèle à toutes les autres. De là il passa en Achaïe, et prêcha à Athènes, où il fit au milieu de l'Aréopage un célèbre discours qui fut suivi de la conversion de St Denis et de plusieurs autres.
St-Paul prêchant aux Grecs sur la place publique d`Athènes
Lecture de la lettre de St-Paul Apôtre a un petit groupe de chrétiens grecs. (Colossiens-Thessaloniciens- Corinthiens-Éphésiens)
Les Églises fondées par St-Paul en Grèce : Philippes, Thessalonique, Corinthe, ect.
Il se rendit à Rome et il y demeura deux ans entiers, annonçant le royaume de Dieu jusque dans le palais de l'empereur Néron, où il convertit plusieurs personnes. Les autres apôtres se dispersèrent aussi dans les différentes provinces de l'Empire romain, pour y porter la bonne et admirable nouvelle du salut. Les conversions furent si fréquentes dans ces commencements de l'Église, et la lumière de l'Évangile fut répandue en tant de lieux, qu'à la fin du premier siècle on voyait des Chrétiens dans la plus grande partie de l'empire romain.
Ce fut ainsi à la face de toutes les nations, des Juifs et des Gentils, des Grecs et des Barbares, des savants et des ignorants, des peuples et des princes , que les apôtres rendirent témoignage aux merveilles du Fils de Dieu, et particulièrement à sa résurrection; merveilles qu'ils avoient vues de leurs yeux , entendue de leurs oreilles, et touchées de leurs mains. Ils soutinrent ce témoignage sans aucun intérêt et contre toutes les raisons de la prudence humaine, jusqu'au dernier soupir, et ils le scellèrent de leur sang.
La promptitude inouïe avec laquelle la religion chrétienne s'établit partout, prouve manifestement qu'elle est divine, qu'elle est l'ouvrage de Dieu. C'est un prodige sensible contre lequel l'incrédulité ne saurait tenir, si elle ne ferme les yeux à la lumière. Jésus Christ avait prédit que son Évangile serait prêché par toute la terre; cette merveille devait arriver incontinent après sa mort. Il avait dit que lorsqu'on l'aurait élevé de terre; c'est-à-dire , qu'on l'aurait attaché à la croix, il attirerait à lui toutes choses. Les apôtres n 'avaient pas encore achevé leur course, et déjà St Paul disait aux Romains que la foi était annoncée dans tout le monde ; il disait aux Colossiens ( en Grèce) que l'Évangile était entendu de toute créature, qu'il était prêché, qu'il fructifiait, qu'il croissait partout l'univers.
St-Barthélemy, apôtre de l`Arménie et martyr
En effet une tradition constante nous apprend que St Thomas le porta dans les Indes, St Jean dans l'Asie mineure, St André chez les Scythes, St Philippe dans la haute Asie ,
St Barthélemi dans la grande Arménie, St Matthieu dans la Perse, St Simon en Mésopotamie, St Jude dans l'Arabie, et St Mathias en Éthiopie, mais on n'a pas besoin des histoires pour confirmer cette vérité : l'effet parle. Tant d'Églises que nous voyons à la fin de ce siècle, ne s'étaient pas formées toutes seules; elles montrent avec combien de raison St Paul applique aux apôtres ce passage du Psalmiste : «Leur voix s'est fait entendre par toute la terre ; et leur parole a été portée jusqu'aux extrémités du monde».
(Extraits et images)
Où l'on expose ses Combats et ses Victoires dans les temps de Persécutions, d'Hérésies et de Scandales, et où l'on montre que sa Conservation est une œuvre divine, ainsi que son Établissement.
PAR M. LHOMOND – France - année 1818
1- Prédication des Apôtres
2- Progrès merveilleux de l`Évangile
3 - Vertus des premiers Chrétiens
4 - Concile de Jérusalem
5 - Mort de Saint Jacques le Mineur. Année 62 après Jésus-Christ
6 - Première persécution sous l'empereur romain Néron. An 54
7 - Prophétie terrible contre la ville de Jérusalem.
8- Ruine de Jérusalem. An 70.
9 - Seconde persécution sous Domitien. An 93.
10 - Dernières actions de St Jean.
11 - Division dans l'Église de Corinthe.
13 - Trajan interroge et condamne à mort saint Ignace.
14 - Apologie de saint Justin. Année 150.
15 - Quatrième persécution, sous Marc-Aurèle. Année 166.
16 - Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, est arrêté et amené au proconsul.
17 – La Légion Fulminante. Année 174.
18 - Persécution dans les Gaules. Année 177.
20 - Apologétique de Tertullien.
21 - Cinquième persécution sous l`empereur Sévère. Année 202.
22 - Belles qualités d`Origène
23- Sixième persécution de l’empereur Maximin. Année 235.
24 - Septième persécution sous l`empereur romain Dèce. Année 249.
25 - Huitième persécution sous l'empereur Valérien. Année 257.
26- Punition des persécuteurs. Charité des Chrétiens.
27 - Neuvième persécution sous l’empereur Aurélien. Année 274.
28 - Dixième et dernière persécution sous Dioclétien. Année 303.
29 - Martyre de la légion Thébaine.
30 - Martyre de saint Vincent de Saragosse en Espagne romaine. Année 304.
31 - Réflexions sur les persécutions.
32 - Constance Chlore favorise les Chrétiens. An 305.
33- Conversion de l`empereur Constantin. An 312.
34 - Triomphe de la religion chrétienne.
35 - Invention de la vraie Croix. Année 326.
36 - Institution des solitaires. Saint Antoine. Année 306.
37 - Saint Hilarion établit des monastères en Palestine. Année 329
38 - Vie des Solitaires.
39 - Hérésie d`Arius. Année 319.
40 - Concile de Nicée. Année 325.
41- L'empereur se laisse surprendre et exile saint Athanase.
42 - Mort funeste d'Arius. Année 336
43 - Rappel et justification de saint Athanase. Année 337.
44 - Violences exercées par les Schismatiques ariens
45 - L'empereur Constance trouble toute l'Église. Année 355.
46 - Zèle de saint Hilaire de Poitiers pour la Foi de Nicée. Année 353.
47 - Saint-Martin, évêque de Tours. Année 360.
48- L’empereur Julien veut rétablir le Paganisme. Année 363.
49 - Julien entreprend de rebâtir le temple de Jérusalem. Sa mort. Année 363.
50 - Jovien, empereur, protège la foi catholique. Année 363.
51 - Valens renouvelle les troubles de l`Arianisme. Année 367.
52 - Intrépidité de saint Basile, évêque de Césarée. Année 370.
53 - Courage admirable d’une femme chrétienne.
54 - Valens tremble devant saint Basile.
55 - Vertu de saint Grégoire de Nazianze.
56 - Hérésie des Macédoniens.
57 - Concile de Constantinople, concile œcuménique. Année 381
58 - Clémence de l`Empereur romain Théodose. Année 387.
59 - Chute et pénitence de Théodose. Année 389.
60 - Schisme des Donatistes.
61 - Célèbre conférence de Carthage fin du schisme. Année 411
62 - Hérésie des Pélagiens. Année 412
63 - Intrigue et opiniâtreté des Pélagiens.
64- Saint Jérôme - Docteur de l`Église ( Jérôme de Stridon). Année 412
65 - Vertus et souffrances de saint Jean Chrysostome. Année 407.
66 - Hérésie de Nestorius.
67 -Concile général d’Éphèse. Année 431.
68 - Grandes qualités du pape saint Léon.
69 - Conversion des Français. Année 496.
70 - Baptême de Clovis.
71 - Vertus de sainte Geneviève de Paris
72 - Commencement de saint Benoît. Année 480
73 - Fondation du monastère du Mont-Cassin.
74 - Conversion de 1’ Angleterre. Année 596.
75 - Saint Augustin sacré archevêque de Cantorbery.
76 - Mahomet s’érige en prophète. Année 612.
77 - Prise de Jérusalem par Chosroès, roi de Perse, Année 614.
78 - La sainte Croix rendue et rapportée à Jérusalem. Année 628.
79 - Conversion de l’Allemagne. Année 623
80 - Martyre de saint Boniface
81 - Hérésie des Iconoclastes, ou briseurs d’images. Année 727.
82 - Violences des Iconoclastes.
83 - Septième Concile œcuménique, deuxième de Nicée. Année 787.
84 - Belles qualités et zèle de Charlemagne, roi de l`empire carolingien. Année 768.
85 - Charlemagne renouvelle les études.
86 - Charlemagne est couronné empereur d’Occident. Année 800.
87 - Conversion des Danois et des Suédois. Année 829.
88 - Conversion des Slaves et des Russes. Année 842
89 - Conversion des Bulgares. Année 855.
90 - Réflexion sur les hérésies
91 - Incursion des peuples barbares. Scandales. X. eme siècle.
92 - Rétablissement de la discipline en Angleterre. Année 942.
93 - Rétablissement de la discipline en Allemagne. Année 901.
94 - Rétablissement de la discipline monastique en France. Année 910
95 - La réforme est continuée par les successeurs de saint Bernon.
96 - Réforme du clergé.
97 - Conversion des Normands. (Vikings installés en France) Année 912
98 - Conversion des Hongrois. Année 1002.
99 – Hérésie de Bérenger. Année 1050.
100 - Troubles en Europe au sujet des investitures. Année 1075.
101 - Fondation de l'ordre des Chartreux. Année 1084.
102 - Première Croisade. Année 1095.
103 - Expéditions des Croisés.
104 - Établissement des Ordres militaires. An 1098.
105 - Institution des Prémontrés. Année 1120.
106 - Saint Norbert est élu archevêque de Magdebourg.
107 - Fondation de l'ordre Cîteaux. Année 1110.
108 - Saint Bernard est fait abbé de Clairvaux.
109- Célébrité de Saint Bernard.
110 - Saint Bernard prêche la deuxième Croisade : sa mort. Année 1146.
111 - Institution de l'ordre des Trinitaires. Année 1160
112 - Martyre de saint Thomas de Cantorbéry. Année 1170.
113 - Troisième Croisade. Année 1190.
114 - Quatrième Croisade. Année 1195.
115 - Institution des Frères Mineurs. ( Franciscains ou Ordre de St-François d`Assise) Année 1204.
116 - Saint François obtient l`approbation de son ordre. Ses travaux apostoliques.
117 - Institution des Frères Prêcheurs. ( Les Dominicains) Année 1216.
118 - Saint Dominique obtient la confirmation de son Ordre. Année 1216.
119 - Naissance et éducation de saint Louis, roi de France. Année 1215.
120 - Saint Louis fait apporter en France la Couronne d'épines. Année 1259.
121 - Première Croisade de saint Louis. Année 1248
122 - Captivité de saint Louis. Année 1250.
123 - Voyage de Saint Louis en Palestine.
124 - Seconde croisade de saint Louis; sa mort. Année 1270
125 - Vertus de saint Thomas d’Aquin.
126 - Vertus de saint Bonaventure
INTRODUCTION.
L'église est cette société que Jésus-Christ a établie pour donner la naissance spirituelle aux enfants de Dieu, pour faire croître dans la vertu et former à la sainteté ceux qui doivent un jour remplir le Ciel. Comme l'exécution de ce dessein embrasse tous les siècles, il faut que l'Église subsiste sans aucune interruption jusqu'à la fin du monde ; il faut qu'elle soit toujours visible , toujours pure dans sa foi et dans sa morale ; il faut qu'elle ait toujours des Saints , et que la charité n'y meure jamais. « La race des Chrétiens , dit St Bernard , ne doit pas cesser un moment , ni la foi sur la terre , ni la charité dans l'Église car Jésus-Christ a sanctifié tous les siècles » ( 12 ème siècle).
Cependant il a été prédit que l'Église serait persécutée par les puissances de la terre, qu'elle serait déchirée par les hérésies et les schismes, qu'il y aurait des scandales dans
son sein, et que l'ivraie y croîtrait mêlée avec le froment. Il est visible qu'étant ainsi attaquée de toutes parts, elle ne pouvait pas plus subsister qu'elle n'avait pu s'établir sans le secours d'une main toute-puissante. Aussi son divin Auteur lui a-t-il promis d'être avec elle tous les jours, c'est-à-dire, de l'assister de sa protection continuelle et invisible jusqu'à la consommation des siècles. Née au milieu des miracles, elle ne s'est soutenue que par cette parole de son divin Auteur: « Toute puissance m'a été donnée allez , enseignez toutes les nations et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles ».
Il ne fallait pas moins qu'un appui tout-puissant pour garantir l'Église de l`instabilité attachée à toutes les choses qui sont sur la terre ; il ne fallait pas moins qu'une main divine pour construire un édifice immortel, que nulle force , nulle tempête ne pût abattre , ni même ébranler , et loin de s'affaiblir , s'affermît et se fortifie par les efforts même que l'on ferait pour le renverser. Non, il n'y a rien de plus grand , dit l'illustre Bossuet , il n'y a rien de plus divin dans la personne de Jésus-Christ que d'avoir prédit d'un côté que son Église ne cesserait d'être attaquée ou par les persécutions de tout l'Univers , ou par les schismes et les hérésies qui s'élèveraient tous les jours, ou par le refroidissement de la charité qui amènerait le relâchement de la discipline ; et de l'autre d'avoir promis que malgré tous ces obstacles, nulle force n'empêcherait cette Église de vivre toujours, d'avoir toujours des Pasteurs qui se laisseraient les uns aux autres, de main en main, l'autorité de Jésus Christ , et avec elle la sainte doctrine et les sacrements.
Aucun auteur de nouvelles sectes n'a osé dire seulement, ni ce qu'il deviendrait lui-même, ni ce que deviendrait le lendemain la société qu'il établissait. Jésus Christ a été le seul qui s'est expliqué en termes clairs et précis, non-seulement sur les circonstances de sa passion et de sa mort; mais encore sur les combats et les victoires de son Église. « Je vous ai établis, dit-il à ses Apôtres, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ».
Et comment demeurera-t-il ? Il n'hésite pas à le déclarer ; et il annonce de la manière la plus expresse, une durée sans interruption et sans autre fin que celle de l`Univers. C'est ce qu'il promet à l'ouvrage de douze pêcheurs, et voilà le sceau manifeste de la vérité de sa parole : on est affermi dans la foi des choses passées, en remarquant comme il a vu clair dans un si long avenir. Deux choses affermissent notre foi ; les miracles de Jésus-Christ à la vue des Apôtres et de tout le peuple, avec l'accomplissement visible de ses prédictions et de ses promesses. Les Apôtres n'ont vu que la première de ces deux choses , et nous ne voyons que la seconde ; mais on ne pouvait refuser à celui que l'on voyait faire de si grands prodiges, de croire la vérité de ses prédictions , comme on ne peut refuser à celui qui accomplit si visiblement les merveilles qu'il a promises, de croire qu'il a été capable d'opérer les plus grands miracles.
Ainsi, dit Saint Augustin, notre foi est affermie des deux côtés : ni les Apôtres ni nous ne pouvons douter : ce qu'ils ont vu dans la source , les a assurés de toute la suite ; ce que nous voyons dans la suite, nous assure de ce qu'ils ont vu et admiré dans la source . Ainsi ajoute M. Bossuet, outre l'avantage qu'a l'Église de Jésus Christ , d'être seule fondée sur des faits miraculeux et divins qu'on a écrits hautement et sans crainte d'être démenti dans les temps où ils sont arrivés , voici en faveur de ceux qui n'ont pas vécu dans ces temps, un miracle toujours subsistant qui confirme la vérité de tous les autres; c'est la suite de la religion toujours victorieuse des efforts qu'ont a faits pour la détruire.
Quelle consolation pour les enfants de Dieu ! quelle conviction de la vérité, quand ils voient que de Pie VII (Pape en 1819) qui remplit aujourd'hui le premier siège de l'Église , on remonte sans interruption jusqu'à St Pierre , établi Prince des Apôtre par Jésus Christ même; d'où en reprenant les Pontifes qui ont servi sous la loi , on va jusqu'à Aaron et Moïse , et de-là jusqu'aux Patriarches et jusqu'à l'origine du monde ! Quelle suite ! quelle tradition ! quel enchaînement merveilleux ! Si notre esprit naturellement incertain et devenu par ses incertitudes le jouet de ses propres raisonnements a besoin dans les questions où il y va du salut, d'être; fixé et déterminé par quelque autorité certaine, quelle plus grande autorité que celle de l'Église catholique , qui réunit en elle-même toute l'autorité des siècles passés et les anciennes traditions du genre humain jusqu'à sa première origine , qui se justifie elle-même par sa propre suite et porte dans son éternelle durée le caractère de la main-de Dieu!
La ville de Jérusalem, le temple de Jérusalem et la forteresse romaine Antonia ( à la droite du Temple) – au temps des Apôtres.
1 - Prédication des Apôtres.
De l`an 33 Ap J.C. a 55 Ap J.C environ.
Lorsque Jésus Christ fut monté au ciel, les apôtres retournèrent à Jérusalem; et selon l`ordre qu’ils en avaient reçu, ils se renfermèrent dans le Cénacle, pour se disposer par la retraite et par la prière, à recevoir le St Esprit qui leur avait été promis.
Le dixième jour qui était celui de la Pentecôte, le St Esprit descendit visiblement sur eux, et il en fit des hommes nouveaux. Revêtus d'une force céleste, embrasés d'un feu divin, les apôtres se mirent à parler diverses langues, et à publier les grandeurs de Dieu. Le peuple qui s'était rendu en foule à Jérusalem pour célébrer la fête, accourut avec empressement autour d'eux. Il en était venu cette année de toutes les parties du monde et en plus grand nombre que d'ordinaire, parce qu'on était persuadé dans tout l'Orient que le Messie allait paraitre. Ce peuple, mêlé de tant de nations, fut extrêmement surpris d'entendre les apôtres parler les langues des différents pays.
Naissance de l`Église a la Pentecôte.
St Pierre en prit occasion de leur dire : La merveille qui vous étonne est l'accomplissement sensible de la prédiction du prophète Joël conçue en ces termes : « Il viendra un temps où je répandrai mon esprit sur toute chair. Alors je ferai paraitre des prodiges dans le ciel et sur la terre, et vos enfants prophétiseront». Il leur annonça ensuite la divinité de Jésus Christ qu'ils avaient crucifié, leur déclarant qu'il était véritablement le Messie attendu par leurs pères, depuis le commencement du monde. Il les exhorta à se faire baptiser en son nom, pour recevoir la rémission de leurs péchés et le don du St Esprit. En effet, trois mille se convertirent, et se rangèrent au nombre des disciples. Ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, assidus à écouter leurs instructions. Dieu confirmait cette doctrine par un grand nombre de miracles, qui tenaient tout le peuple dans une sainte frayeur. St Pierre et St Jean étant montés au temple à l'heure du sacrifice, trouvèrent à la porte un homme âgé de quarante ans, qui était boiteux dès sa naissance. Cet homme leur demanda l'aumône selon sa coutume. St Pierre lui répondit : «Je n'ai ni or ni argent; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ lève-toi et marche».
St-Pierre et St-Jean – Guérison du boiteux au Temple de Jérusalem ( Actes des Apôtres 3,1)
Le boiteux fut guéri sur-le-champ; il commença à marcher et entra dans le temple transporté de joie, et louant Dieu. Le peuple accourut au temple au bruit de ce miracle, et St Pierre fit un second discours qui en convertit cinq mille. Les sacrificateurs et le capitaine du temple, irrités du succès prodigieux de la prédication des apôtres, les arrêtèrent et les mirent en prison. Le lendemain, le Sanhédrin qui était le conseil souverain de la nation, s’assembla ; et ayant fait amener les apôtres, il leur demanda par quelle autorité ils agissaient. Alors St Pierre, rempli du St Esprit, répondit avec assurance : «C’est au nom de Jésus Christ, que vous avez crucifié ».
St-Pierre comparait devant le Sanhédrin à Jérusalem
Tous ceux qui composaient le conseil étaient frappés d'étonnement en voyant la fermeté des apôtres, qu'ils savaient n'être que des hommes du peuple. Ils se contentèrent de leur défendre d'enseigner au nom de Jésus. Les apôtres leur répondirent avec une sainte intrépidité : «Jugez vous-mêmes s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à Dieu ; nous ne pouvons taire ce que nous avons vu et entendu, quand Dieu nous ordonne de le publier». On les laissa aller. Les apôtres vinrent trouver les fidèles, et leur racontèrent ce qui s'était passé. Tous en rendirent grâces à Dieu, et lui demandèrent la force d'annoncer sa parole sans craindre la défense et les menaces des hommes, qui doivent être comptées pour rien quand il s'agit d'accomplir la loi de Dieu.
Les fidèles s'assemblaient au temple, pour prier dans la galerie de Salomon. Le reste du peuple n'osait se joindre à eux, de peur d'être inquiété par la puissance publique ;
mais on ne pouvait se défendre de les honorer et de les louer à la vue des prodiges qui s'opéraient tous les jours. On exposait les malades sur des lits le long des rues, afin que l'ombre de St Pierre tombât sur eux quand il passerait : on en apportait même des villes voisines, et tous s'en retournaient guéris. Le prince des prêtres, outré de dépit, fit mettre une seconde fois les apôtres en prison; mais un ange les délivra, et leur ordonna d'aller au temple prêcher hardiment la parole de Dieu. Le conseil envoya à la prison l'ordre de les amener ; mais quoiqu'elle fut bien fermée, on n'y trouva personne.
St-Pierre libéré de prison par l`Ange du Seigneur
Quelqu'un vint en même temps avertir que les prisonniers étaient dans le temple et enseignaient le peuple. Alors le capitaine des gardes du temple s'y rendit avec ses officiers, et emmena les apôtres sans leur faire violence, parce qu'ils craignaient le peuple. Quand on les eut présentés au conseil, celui qui présidait leur dit : «Ne vous avions-nous pas expressément défendu de prêcher au nom de Jésus ? pourquoi donc avez-vous rempli Jérusalem de votre doctrine, et voulez-vous nous charger du sang de cet homme»?
Pierre et les apôtres répondirent : «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes». Quand la loi humaine se trouve en opposition avec celle de Dieu, il n'y a point à balancer sur le choix ; c'est à la loi divine qu'il faut donner la préférence. Réponse généreuse que tous les martyrs, à l'exemple des apôtres, ont répétée devant les tyrans, lorsqu'on leur défendait de faire ce que Dieu commande, ou qu'on leur commandait ce que Dieu défend.
Les membres du conseil souverain, transportés de rage, songeaient à faire mourir les apôtres; mais un d'entr'eux, nommé Gamaliel, ouvrit un avis plus modéré : «Si cette entreprise vient des hommes, disait-il, elle se dissipera bientôt elle-même; mais si elle vient de Dieu, vous ne pouvez l'empêcher de réussir». Cet avis fut suivi; cependant on fit battre de verges les apôtres avant de les renvoyer, et on leur renouvela la défense de parler au nom de Jésus. Les apôtres se retirèrent pleins de joie, parce qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir cet affront pour le nom de leur maître : ils continuèrent de prêcher Jésus Christ dans le temple, et d'enseigner tous les jours les fidèles dans l'intérieur des maisons.
2- Progrès merveilleux de l`Évangile.
Le nombre des disciples de Jésus Christ croissait de jour en jour. L'Église de Jérusalem était déjà considérable , lorsque St Luc écrivit les Actes des apôtres. Nous y voyons qu'elle était composée de personnes de tout sexe, de tout âge et de toute condition. Ce n'était pas seulement à Jérusalem que la foi faisait des conquêtes; les apôtres ayant été obligés de se disperser à cause de la persécution qui s'éleva dans cette ville, répandirent partout la semence de la divine parole, et formèrent dans les lieux où ils se réfugièrent, d'autres Églises composées de Juifs et de Gentils (non-Juifs). St Pierre parcourut diverses provinces et y fonda des Églises, il établit d'abord son siège à Antioche, et il alla ensuite à Rome, qui était alors le centre de l'idolâtrie, afin de la combattre jusque dans le lieu où elle dominait avec le plus d'empire. Il avait aussi prêché aux Juifs dispersés dans le Pont, dans la Galatie, la Cappadoce, l' Asie et la Bithynie, auxquels il adressa sa première lettre.
L`Empire romain aux temps des Apôtres : St-Pierre prêcha au début dans Le Pont – La Galatie – La Cappadoce, la Bithynie.
Il envoya quelques-uns de ses disciples pour fonder diverses Églises en Occident. St Paul de son côté annonçait Jésus Christ aux Gentils ( non-Juifs) avec le même succès : il alla d'abord à Séleucie, à Salamine, à Paphos ( Ile de Chypre), et il y convertit le proconsul Sergius Paulus qui en était gouverneur : la plus grande partie de l'île reçut l'Évangile. Il traversa ensuite la Pisidie, la Pamphilie, la Lycaonie, la Phrygie, la Galatie, la Mysie et la Macédoine ( Grèce actuelle); sa prédication était toujours suivie de la conversion des peuples: il établit à Philippes une Église, qui demeura inviolablement attachée à la doctrine et à la personne du saint apôtre.
St-Paul fait de nombreuses conversions sur l`ile de Chypre
Actes des Apôtres 13,6 : A Paphos, sur l`ile de Chypre, St-Paul prêche l`Évangile devant le Proconsul romain Sergius Paulus.
Un magicien juif nommé Bar Jésus s`oppose à St-Paul mais il devient aussitôt aveugle et le Proconsul devient chrétien.
Petite chapelle de l`ile de Chypre
Après avoir fait une ample moisson sur sa route, il s'arrêta à Thessalonique, capitale de la Macédoine ( Nord de la Grèce) , et il y fonda une Église, dont la ferveur servit de modèle à toutes les autres. De là il passa en Achaïe, et prêcha à Athènes, où il fit au milieu de l'Aréopage un célèbre discours qui fut suivi de la conversion de St Denis et de plusieurs autres.
St-Paul prêchant aux Grecs sur la place publique d`Athènes
Lecture de la lettre de St-Paul Apôtre a un petit groupe de chrétiens grecs. (Colossiens-Thessaloniciens- Corinthiens-Éphésiens)
Les Églises fondées par St-Paul en Grèce : Philippes, Thessalonique, Corinthe, ect.
Il se rendit à Rome et il y demeura deux ans entiers, annonçant le royaume de Dieu jusque dans le palais de l'empereur Néron, où il convertit plusieurs personnes. Les autres apôtres se dispersèrent aussi dans les différentes provinces de l'Empire romain, pour y porter la bonne et admirable nouvelle du salut. Les conversions furent si fréquentes dans ces commencements de l'Église, et la lumière de l'Évangile fut répandue en tant de lieux, qu'à la fin du premier siècle on voyait des Chrétiens dans la plus grande partie de l'empire romain.
Ce fut ainsi à la face de toutes les nations, des Juifs et des Gentils, des Grecs et des Barbares, des savants et des ignorants, des peuples et des princes , que les apôtres rendirent témoignage aux merveilles du Fils de Dieu, et particulièrement à sa résurrection; merveilles qu'ils avoient vues de leurs yeux , entendue de leurs oreilles, et touchées de leurs mains. Ils soutinrent ce témoignage sans aucun intérêt et contre toutes les raisons de la prudence humaine, jusqu'au dernier soupir, et ils le scellèrent de leur sang.
La promptitude inouïe avec laquelle la religion chrétienne s'établit partout, prouve manifestement qu'elle est divine, qu'elle est l'ouvrage de Dieu. C'est un prodige sensible contre lequel l'incrédulité ne saurait tenir, si elle ne ferme les yeux à la lumière. Jésus Christ avait prédit que son Évangile serait prêché par toute la terre; cette merveille devait arriver incontinent après sa mort. Il avait dit que lorsqu'on l'aurait élevé de terre; c'est-à-dire , qu'on l'aurait attaché à la croix, il attirerait à lui toutes choses. Les apôtres n 'avaient pas encore achevé leur course, et déjà St Paul disait aux Romains que la foi était annoncée dans tout le monde ; il disait aux Colossiens ( en Grèce) que l'Évangile était entendu de toute créature, qu'il était prêché, qu'il fructifiait, qu'il croissait partout l'univers.
St-Barthélemy, apôtre de l`Arménie et martyr
En effet une tradition constante nous apprend que St Thomas le porta dans les Indes, St Jean dans l'Asie mineure, St André chez les Scythes, St Philippe dans la haute Asie ,
St Barthélemi dans la grande Arménie, St Matthieu dans la Perse, St Simon en Mésopotamie, St Jude dans l'Arabie, et St Mathias en Éthiopie, mais on n'a pas besoin des histoires pour confirmer cette vérité : l'effet parle. Tant d'Églises que nous voyons à la fin de ce siècle, ne s'étaient pas formées toutes seules; elles montrent avec combien de raison St Paul applique aux apôtres ce passage du Psalmiste : «Leur voix s'est fait entendre par toute la terre ; et leur parole a été portée jusqu'aux extrémités du monde».
Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 16:24, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
3 - Vertus des premiers Chrétiens.
Rien n'est plus beau ni plus touchant que le tableau de l'Église naissante; il a été tracé par St Luc dans les Actes des apôtres : Toute la multitude de ceux qui croyaient, n'avaient qu'un cœur et qu'une âme, et aucun d'eux ne s'appropriait ce qu'il possédait; mais ils mettaient tout en commun. Il n'y avait point de pauvres parmi eux, parce que tous ceux qui avoient des terres ou des maisons, les vendaient et en apportaient le prix; ils le mettaient aux pieds des apôtres, et on le distribuait à chacun selon son besoin.
La première église de Jérusalem
Les fidèles persévéraient dans la doctrine du Sauveur, dans la prière et dans la fraction du pain, c'est-à-dire, dans la participation à la divine Eucharistie. Et ailleurs : «Ils étaient tous unis ensemble, et tout ce qu'ils avoient était commun; ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et ils les distribuaient selon le besoin de chacun. Ils continuaient d'aller tous les jours en union d'esprit dans le temple; et rompant le pain par les maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu et étant aimés de tout le peuple, il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges par les mains des apôtres, et ils étaient tous animés d'un même esprit. Aucun des autres n'osait se joindre à eux dans le temple; mais le peuple leur donnait de grandes louanges; et le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur s'augmentait de plus en plus : l'Église s'établissait ainsi, marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation du S. Esprit.»
L'historien sacré parle de l'Église de Jérusalem. Quoique les autres Églises, composées principalement de Gentils ( non-juifs), fussent au-dessous de cette souveraine perfection , elles ne laissaient pas d'être des prodiges de vertu et de sainteté, si l'on considère l'état où se trouvaient les Gentils (non-juifs) avant leur conversion. Quand une fois ils avoient reçu le baptême, on ne s'apercevait plus de ce qu'ils avaient été: ils commençaient à mener une vie nouvelle toute intérieure et toute spirituelle, et ils trouvaient facile ce qui leur avait paru impossible auparavant : ceux qui avoient été esclaves de la volupté devenaient tout-à-coup chastes et tempérants; les ambitieux ne voyaient plus de solide grandeur que dans la croix; toutes les passions étaient vaincues, toutes les vertus pratiquées : ils renonçaient aux douceurs et aux commodités de la vie; le travail et la retraite, le jeûne et le silence avoient pour eux des attraits.
Premiers chrétiens à Rome, en Gaule et en Grèce.
La première et la principale de leurs occupations était la prière qui est aussi celle que St Paul recommande en premier lieu; et comme il exhorte à prier sans cesse, selon le précepte de Jésus Christ, ils employaient toutes sortes de moyens pour n'interrompre que le moins qu'il était possible l'application de leur esprit à Dieu et aux choses célestes.
Ils priaient en commun le plus qu'ils pouvaient, persuadés que plus il y a de personnes unies en semble pour demander à Dieu les mêmes grâces, plus elles ont de force pour les obtenir, suivant cette parole du Sauveur : «Si deux d'entre vous s'unissent ensemble sur la terre , tout ce qu'ils demandent leur sera donné par mon Père qui est dans les cieux ; car où il y a deux ou trois personnes assemblées en mon nom , je me trouve au milieu d'elles».
Pour renouveler plus souvent l'attention à Dieu, ils faisaient des prières particulières avant et après chacune de leurs actions; ils étudiaient la loi de Dieu, repassant dans leurs maisons ce qu'ils avoient entendu dire dans le lieu de l'assemblée, et ils imprimaient dans leur mémoire les explications du pasteur, s'en entretenant les
uns avec les autres. Surtout les pères avaient soin de faire ces répétitions dans leurs familles. Ainsi la vie chrétienne était une suite continuelle de prières, de lectures et de travaux, qui se succédaient selon les heures, sans autre interruption que celle qu'exigent les nécessités de la vie. Cette conduite est bien admirable dans une multitude d'hommes qui jusque-là avoient été livrés à tous les désordres de l'idolâtrie!
D'où venait un changement si subit et si merveilleux? Il fallait qu'ils fussent été bien vivement frappés des miracles et des vertus de ceux qui annonçaient cette nouvelle religion ; il fallait que l'esprit de Dieu eût agi bien puissamment sur leur âme, pour en former des hommes nouveaux, des hommes doux et humbles de cœur, des hommes chastes et mortifiés, des hommes détachés des richesses, et ne désirant que les biens invisibles et éternels. Un tel changement est manifestement l'ouvrage de cette puissance qui a tiré le monde du néant, et qui est encore plus éclatante lorsqu'elle triomphe des cœurs, sans nuire à la liberté. D'un côté Dieu agit en maître, et ne trouve point de résistance; de l'autre, Dieu qui veut de la part de l'homme une obéissance libre, lui laisse le pouvoir de résister.
4 - Concile de Jérusalem.
Quelques-uns des Juifs nouvellement convertis restaient encore attachés à la loi de Moïse , et voulaient y assujettir les Gentils ( les non-Juifs) qui se faisaient Chrétiens. il en vint à Antioche, où étaient alors St Paul et St Barnabé, et ils y excitèrent un grand trouble, en disant que les Gentils ( non-Juifs) qui se convertissaient à la Foi, ne pouvaient être sauvés sans la Circoncision et les autres pratiques ordonnées par Moïse.
Le Concile de Jérusalem – vers l`an 50 Ap J.C – (Actes des Apôtres 15,1)
St Paul et St Barnabé s’y opposaient, soutenant que Jésus-Christ était venu affranchir les hommes de cette servitude et que sa grâce ne servirait de rien à ceux qui regarderaient la Circoncision comme nécessaire. Il fut donc résolu qu’ils iraient à Jérusalem consulter les Apôtres sur cette question. A leur arrivée, ils furent reçus par toute l’Église. St Paul avait entrepris ce voyage par une inspiration divine. Il conféra avec les Apôtres qui étaient à Jérusalem, c’est-à-dire , avec St Pierre, St Jacques et St Jean, que l’on regardait comme les colonnes de l’Église : il compara avec leur doctrine celle qu’il prêchait aux Gentils (non-Juifs), et qu’il n’avait apprise d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ, tout se trouva conforme de part et d’autre. Les cinq Apôtres et les prêtres s’assemblèrent ensuite pour examiner et résoudre la question qui s’était élevée, et après une grande discussion, St Pierre se leva et dit : « Vous savez, mes Frères, que depuis longtemps Dieu m’a choisi pour faire entendre l‘Évangile aux Gentils (non-Juifs) par ma bouche, et lui qui connaît les cœurs a rendu témoignage à leur foi, leur donnant le Saint-Esprit comme à nous.» (il parlait de la conversion du centurion Corneille).
St-Paul enseignant l`Évangile aux Gentils ( Des grecs et des romains)
Pourquoi donc tentez-vous Dieu, en imposant aux Disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Nous espérons être sauvés par la grâce de Jésus-Christ Notre-Seigneur, aussi bien qu’eux. St Pierre ayant ainsi parlé, toute l’assemblée se tut, et ils écoutaient les merveilles que racontaient St Paul et St Barnabé, et que Dieu avait faites par eux chez les Gentils. St Jacques prit ensuite la parole, et confirma l’avis de St Pierre par les témoignages des Prophètes touchant la vocation des Gentils ( non-Juifs). C’est pourquoi, dit-il , je juge que l'on ne doit point inquiéter les Gentils (Non-Juifs) qui se convertissent à Dieu, mais leur écrire seulement de s’abstenir de la souillure des idoles, de la fornication, des viandes suffoquées et du sang.
L`Apôtre St-Jacques le Majeur - Pendant la dispersion il alla évangéliser en Espagne puis revint a Jérusalem
St-Jacques de Compostelle - le fameux site de pèlerinage catholique de l`Espagne dédié a St-Jacques le Majeur, Évangélisateur et Protecteur de l`Espagne.
Les Apôtres avertissent les Gentils ( les Non-Juifs) d’éviter la fornication, parce que la grièveté de ce crime n’était pas connue dans le Paganisme. Quant à la défense de manger des viandes suffoquées et du sang , c’était une condescendance des Apôtres, qui voulurent conserver pour quelque temps cette seule observance légale, afin de réunir plus facilement les Gentils (Non-Juifs) avec les Juifs. Après que la question eut été décidée, les Apôtres, les Prêtres et toute l’Église résolurent de choisir quelqu’un d`entre eux, et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé, et ils les chargèrent d’une lettre qui ‘contenait la décision du Concile, conçue en ces termes : «Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autres charges que de vous abstenir des viandes immolées aux idoles, des animaux suffoqués du sang et de la fornication.»
Les Apôtres, dans ce premier Concile, ont donné l’exemple que l’Église a suivi dans les Conciles généraux, pour terminer non seulement les questions de foi, mais encore celles de discipline, avec une autorité souveraine et sans aucune dépendance de la puissance séculière dans les points qui se rapportent directement au salut des âmes.
Concile de l`Église catholique au Vatican
Il s’élève une dispute considérable entre les Fidèles; on envoie consulter l’Église de Jérusalem, où la prédication de l'Évangile avait commencé, et où était alors St Pierre. Les Apôtres s’assemblent, on délibère à loisir; chacun dit son avis, on décide.
St- Pierre préside à l'assemblée, il en a fait l’ouverture, il propose la question, et dit le premier son avis; mais il n'est pas seul juge; St Jacques juge aussi, et le dit expressément; la décision est fondée sur les Saintes Écritures, et formée par le commun consentement des Pasteurs; on la rédige par écrit, non comme un jugement humain, mais un oracle de l'Esprit-Saint, et l’on dit avec confiance : « Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous.» On envoie cette décision aux Églises particulières, non pour être examinée mais pour être reçue et exécutée avec une entière soumission. Le Saint-Esprit s’explique donc par la voix de l’Église. Aussi St Paul et Silas, qui portèrent aux Fidèles ce premier jugement des Apôtres, loin de leur permettre une nouvelle discussion de ce que l’on avait décidé, allaient par les villes, leur enseignant à garder les ordonnances des Apôtres. C’est ainsi que les enfants de Dieu acquiescent au jugement de l’Église persuadés qu’ils entendent par sa bouche l'oracle du Saint Esprit. C’est pour cela qu'après avoir dit dans le Symbole ( CREDO): Je crois au Saint-Esprit, nous ajoutons aussitôt, et à la Sainte Église Catholique , par où nous nous obligeons à reconnaître une vérité infaillible et perpétuelle dans l'Église universelle, puisque cette même Église que nous croyons dans tous les temps, cesserait d’être Église, si elle cessait d’enseigner la vérité révélée de Dieu.
Antioche- Une ville où se trouvait de nombreux chrétiens non-Juifs.
Cette croyance est fondée sur la promesse solennelle que Jésus-Christ lui a faite en ces termes : «Toute puissance m’a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, leur apprenant à pratiquer tout ce que je vous ai commandé, et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles». Jésus-Christ a donné sa toute-puissance pour base à cette promesse : avec ce secours tout-puissant, enseignez toute vérité, combattez toutes les erreurs; rien ne pourra vous abattre, et ce secours ne vous manquera jamais; tous les jours je serai avec vous, et j'y serai jusqu’à la fin du monde.
5 - Mort de Saint Jacques le Mineur. Année 62 après Jésus-Christ.
Saint Jacques surnommé le Mineur, pour le distinguer d’un autre Apôtre du même nom avait été établi évêque de Jérusalem. C’est lui qui, dans le premier Concile, parla après St Pierre. Il était aimé de tous les Fidèles, et respecté des Juifs même, à cause de son éminente sainteté. Sa vie était austère, il ne se faisait point couper les cheveux, et il ne buvait ni vin ni autre liqueur qui pût enivrer. On ajoute qu’il ne portait point de chaussure, et qu’il n’avait qu’un simple manteau d`une étoffe grossière et une seule tunique. Il avait coutume d’aller au temple aux heures où il n'y avait personne, et là, prosterné devant Dieu, il priait pour les péchés du peuple. Il demeurait si longtemps dans cette posture, que ses genoux s’étaient endurcis comme la peau d’un chameau.
St-Jacques le mineur - le juste
Ce fut cette assiduité à la prière et son ardente charité qui lui firent donner le surnom de Juste. Après la mort de Festus, gouverneur de la Judée , et avant l`arrivée de son successeur, le grand-prêtre Ananas voulut profiter de cet intervalle pour arrêter les progrès de l’Évangile. Il assembla un grand conseil , où St Jacques fut amené; il feignit d’abord de le consulter au sujet de Jésus-Christ : « Le peuple prend Jésus pour le Messie, lui dit-il , c’est à vous à dissiper cette erreur, puisque tout le monde est prêt à croire ce que vous direz.»
Ensuite on le fit monter sur la terrasse du temple, afin qu’il pût être entendu de toute la multitude. Lorsqu’il parut sur ce lieu élevé, les Scribes et les Pharisiens lui crièrent : « 0 homme juste que nous devons tous croire, puisque le peuple s’égare en suivant Jésus crucifié , dites-nous ce que nous devons en penser. » Alors St Jacques répondit à haute voix : «Jésus le Fils de l’Homme dont vous parlez est maintenant assis à la droite de la Majesté Souveraine, comme Fils de Dieu, et il doit venir sur les nues du Ciel pour juger tout l’univers.»
Un témoignage si formel, rendu à la divinité de Jésus- Christ servit beaucoup à confirmer les nouveaux Chrétiens dans la foi qu'ils venaient d’embrasser; ils s’écrièrent tous d’une voix: « Gloire au Fils de David! Honneur et gloire à Jésus!» Mais d'un autre côté, les Pharisiens se voyant trompés dans leur attente, se disaient l'un à l`autre; Qu’avons-nous fait? Pourquoi avons-nous attiré ce témoignage à Jésus? Il faut précipiter cet homme. Ils se mirent donc à crier : « Quoi ce Juste est aussi dans l’erreur» Puis, animés d‘une fureur aveugle, ils montèrent au haut du temple, et en précipitèrent le saint Apôtre.
Cependant St Jacques ne mourut pas sur-le-champ, et il eut encore assez de force pour se mettre à genoux, et pour adresser à Dieu cette prière: «Seigneur, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu’ils font. » Mais ces hommes cruels dirent : Il faut le lapider; et à l’instant même ils lancèrent sur lui une grêle de pierres. Un seul d’entre eux, touché de quelque sentiment d`humanité, dit aux autres : « Que faites-vous ? arrêtez; le Juste prie pour vous, et vous le faites mourir. » Ces paroles ne purent arrêter leur fureur; un foulon qui se trouva là, prit son maillet , en déchargea un grand coup sur la tête du Saint, et acheva son martyre. Le saint Apôtre avait une si grande réputation de sainteté parmi le peuple, qu’on attribua à sa mort la ruine de Jérusalem, qui la suivit de près ( en 70 ap J.C).
Martyr de St-Jacques le Mineur a Jérusalem
Il fut enterré à côte du temple, au lieu même de son martyre, et l'on y dressa, une colonne. St Jacques avait écrit une Épître, qui est dans le Nouveau Testament, et l’une des sept que l’on nomme Catholiques, c’est-à-dire, adressées à l’Église universelle; il s'attache, dans cette Épître, à prouver la nécessité des bonnes œuvres pour être sauvé, parce qu’il avait appris que quelques personnes prétendaient que la foi suffisait, sans les œuvres pour le salut. Le saint Apôtre, au contraire, enseigne que la justice, quand elle est véritable, renferme essentiellement la volonté d'accomplir les Commandements et que les serviteurs de Dieu sont toujours féconds en bonnes œuvres, ce qu’il montre par l’exemple de tous les Saints qui se sont dans tous les temps, distingués par des actions vertueuses.
Épitre de St-Jacques
Rien n'est plus beau ni plus touchant que le tableau de l'Église naissante; il a été tracé par St Luc dans les Actes des apôtres : Toute la multitude de ceux qui croyaient, n'avaient qu'un cœur et qu'une âme, et aucun d'eux ne s'appropriait ce qu'il possédait; mais ils mettaient tout en commun. Il n'y avait point de pauvres parmi eux, parce que tous ceux qui avoient des terres ou des maisons, les vendaient et en apportaient le prix; ils le mettaient aux pieds des apôtres, et on le distribuait à chacun selon son besoin.
La première église de Jérusalem
Les fidèles persévéraient dans la doctrine du Sauveur, dans la prière et dans la fraction du pain, c'est-à-dire, dans la participation à la divine Eucharistie. Et ailleurs : «Ils étaient tous unis ensemble, et tout ce qu'ils avoient était commun; ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et ils les distribuaient selon le besoin de chacun. Ils continuaient d'aller tous les jours en union d'esprit dans le temple; et rompant le pain par les maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu et étant aimés de tout le peuple, il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges par les mains des apôtres, et ils étaient tous animés d'un même esprit. Aucun des autres n'osait se joindre à eux dans le temple; mais le peuple leur donnait de grandes louanges; et le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur s'augmentait de plus en plus : l'Église s'établissait ainsi, marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation du S. Esprit.»
L'historien sacré parle de l'Église de Jérusalem. Quoique les autres Églises, composées principalement de Gentils ( non-juifs), fussent au-dessous de cette souveraine perfection , elles ne laissaient pas d'être des prodiges de vertu et de sainteté, si l'on considère l'état où se trouvaient les Gentils (non-juifs) avant leur conversion. Quand une fois ils avoient reçu le baptême, on ne s'apercevait plus de ce qu'ils avaient été: ils commençaient à mener une vie nouvelle toute intérieure et toute spirituelle, et ils trouvaient facile ce qui leur avait paru impossible auparavant : ceux qui avoient été esclaves de la volupté devenaient tout-à-coup chastes et tempérants; les ambitieux ne voyaient plus de solide grandeur que dans la croix; toutes les passions étaient vaincues, toutes les vertus pratiquées : ils renonçaient aux douceurs et aux commodités de la vie; le travail et la retraite, le jeûne et le silence avoient pour eux des attraits.
Premiers chrétiens à Rome, en Gaule et en Grèce.
La première et la principale de leurs occupations était la prière qui est aussi celle que St Paul recommande en premier lieu; et comme il exhorte à prier sans cesse, selon le précepte de Jésus Christ, ils employaient toutes sortes de moyens pour n'interrompre que le moins qu'il était possible l'application de leur esprit à Dieu et aux choses célestes.
Ils priaient en commun le plus qu'ils pouvaient, persuadés que plus il y a de personnes unies en semble pour demander à Dieu les mêmes grâces, plus elles ont de force pour les obtenir, suivant cette parole du Sauveur : «Si deux d'entre vous s'unissent ensemble sur la terre , tout ce qu'ils demandent leur sera donné par mon Père qui est dans les cieux ; car où il y a deux ou trois personnes assemblées en mon nom , je me trouve au milieu d'elles».
Pour renouveler plus souvent l'attention à Dieu, ils faisaient des prières particulières avant et après chacune de leurs actions; ils étudiaient la loi de Dieu, repassant dans leurs maisons ce qu'ils avoient entendu dire dans le lieu de l'assemblée, et ils imprimaient dans leur mémoire les explications du pasteur, s'en entretenant les
uns avec les autres. Surtout les pères avaient soin de faire ces répétitions dans leurs familles. Ainsi la vie chrétienne était une suite continuelle de prières, de lectures et de travaux, qui se succédaient selon les heures, sans autre interruption que celle qu'exigent les nécessités de la vie. Cette conduite est bien admirable dans une multitude d'hommes qui jusque-là avoient été livrés à tous les désordres de l'idolâtrie!
D'où venait un changement si subit et si merveilleux? Il fallait qu'ils fussent été bien vivement frappés des miracles et des vertus de ceux qui annonçaient cette nouvelle religion ; il fallait que l'esprit de Dieu eût agi bien puissamment sur leur âme, pour en former des hommes nouveaux, des hommes doux et humbles de cœur, des hommes chastes et mortifiés, des hommes détachés des richesses, et ne désirant que les biens invisibles et éternels. Un tel changement est manifestement l'ouvrage de cette puissance qui a tiré le monde du néant, et qui est encore plus éclatante lorsqu'elle triomphe des cœurs, sans nuire à la liberté. D'un côté Dieu agit en maître, et ne trouve point de résistance; de l'autre, Dieu qui veut de la part de l'homme une obéissance libre, lui laisse le pouvoir de résister.
4 - Concile de Jérusalem.
Quelques-uns des Juifs nouvellement convertis restaient encore attachés à la loi de Moïse , et voulaient y assujettir les Gentils ( les non-Juifs) qui se faisaient Chrétiens. il en vint à Antioche, où étaient alors St Paul et St Barnabé, et ils y excitèrent un grand trouble, en disant que les Gentils ( non-Juifs) qui se convertissaient à la Foi, ne pouvaient être sauvés sans la Circoncision et les autres pratiques ordonnées par Moïse.
Le Concile de Jérusalem – vers l`an 50 Ap J.C – (Actes des Apôtres 15,1)
St Paul et St Barnabé s’y opposaient, soutenant que Jésus-Christ était venu affranchir les hommes de cette servitude et que sa grâce ne servirait de rien à ceux qui regarderaient la Circoncision comme nécessaire. Il fut donc résolu qu’ils iraient à Jérusalem consulter les Apôtres sur cette question. A leur arrivée, ils furent reçus par toute l’Église. St Paul avait entrepris ce voyage par une inspiration divine. Il conféra avec les Apôtres qui étaient à Jérusalem, c’est-à-dire , avec St Pierre, St Jacques et St Jean, que l’on regardait comme les colonnes de l’Église : il compara avec leur doctrine celle qu’il prêchait aux Gentils (non-Juifs), et qu’il n’avait apprise d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ, tout se trouva conforme de part et d’autre. Les cinq Apôtres et les prêtres s’assemblèrent ensuite pour examiner et résoudre la question qui s’était élevée, et après une grande discussion, St Pierre se leva et dit : « Vous savez, mes Frères, que depuis longtemps Dieu m’a choisi pour faire entendre l‘Évangile aux Gentils (non-Juifs) par ma bouche, et lui qui connaît les cœurs a rendu témoignage à leur foi, leur donnant le Saint-Esprit comme à nous.» (il parlait de la conversion du centurion Corneille).
St-Paul enseignant l`Évangile aux Gentils ( Des grecs et des romains)
Pourquoi donc tentez-vous Dieu, en imposant aux Disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Nous espérons être sauvés par la grâce de Jésus-Christ Notre-Seigneur, aussi bien qu’eux. St Pierre ayant ainsi parlé, toute l’assemblée se tut, et ils écoutaient les merveilles que racontaient St Paul et St Barnabé, et que Dieu avait faites par eux chez les Gentils. St Jacques prit ensuite la parole, et confirma l’avis de St Pierre par les témoignages des Prophètes touchant la vocation des Gentils ( non-Juifs). C’est pourquoi, dit-il , je juge que l'on ne doit point inquiéter les Gentils (Non-Juifs) qui se convertissent à Dieu, mais leur écrire seulement de s’abstenir de la souillure des idoles, de la fornication, des viandes suffoquées et du sang.
L`Apôtre St-Jacques le Majeur - Pendant la dispersion il alla évangéliser en Espagne puis revint a Jérusalem
St-Jacques de Compostelle - le fameux site de pèlerinage catholique de l`Espagne dédié a St-Jacques le Majeur, Évangélisateur et Protecteur de l`Espagne.
Les Apôtres avertissent les Gentils ( les Non-Juifs) d’éviter la fornication, parce que la grièveté de ce crime n’était pas connue dans le Paganisme. Quant à la défense de manger des viandes suffoquées et du sang , c’était une condescendance des Apôtres, qui voulurent conserver pour quelque temps cette seule observance légale, afin de réunir plus facilement les Gentils (Non-Juifs) avec les Juifs. Après que la question eut été décidée, les Apôtres, les Prêtres et toute l’Église résolurent de choisir quelqu’un d`entre eux, et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé, et ils les chargèrent d’une lettre qui ‘contenait la décision du Concile, conçue en ces termes : «Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autres charges que de vous abstenir des viandes immolées aux idoles, des animaux suffoqués du sang et de la fornication.»
Les Apôtres, dans ce premier Concile, ont donné l’exemple que l’Église a suivi dans les Conciles généraux, pour terminer non seulement les questions de foi, mais encore celles de discipline, avec une autorité souveraine et sans aucune dépendance de la puissance séculière dans les points qui se rapportent directement au salut des âmes.
Concile de l`Église catholique au Vatican
Il s’élève une dispute considérable entre les Fidèles; on envoie consulter l’Église de Jérusalem, où la prédication de l'Évangile avait commencé, et où était alors St Pierre. Les Apôtres s’assemblent, on délibère à loisir; chacun dit son avis, on décide.
St- Pierre préside à l'assemblée, il en a fait l’ouverture, il propose la question, et dit le premier son avis; mais il n'est pas seul juge; St Jacques juge aussi, et le dit expressément; la décision est fondée sur les Saintes Écritures, et formée par le commun consentement des Pasteurs; on la rédige par écrit, non comme un jugement humain, mais un oracle de l'Esprit-Saint, et l’on dit avec confiance : « Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous.» On envoie cette décision aux Églises particulières, non pour être examinée mais pour être reçue et exécutée avec une entière soumission. Le Saint-Esprit s’explique donc par la voix de l’Église. Aussi St Paul et Silas, qui portèrent aux Fidèles ce premier jugement des Apôtres, loin de leur permettre une nouvelle discussion de ce que l’on avait décidé, allaient par les villes, leur enseignant à garder les ordonnances des Apôtres. C’est ainsi que les enfants de Dieu acquiescent au jugement de l’Église persuadés qu’ils entendent par sa bouche l'oracle du Saint Esprit. C’est pour cela qu'après avoir dit dans le Symbole ( CREDO): Je crois au Saint-Esprit, nous ajoutons aussitôt, et à la Sainte Église Catholique , par où nous nous obligeons à reconnaître une vérité infaillible et perpétuelle dans l'Église universelle, puisque cette même Église que nous croyons dans tous les temps, cesserait d’être Église, si elle cessait d’enseigner la vérité révélée de Dieu.
Antioche- Une ville où se trouvait de nombreux chrétiens non-Juifs.
Cette croyance est fondée sur la promesse solennelle que Jésus-Christ lui a faite en ces termes : «Toute puissance m’a été donnée dans le Ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, leur apprenant à pratiquer tout ce que je vous ai commandé, et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles». Jésus-Christ a donné sa toute-puissance pour base à cette promesse : avec ce secours tout-puissant, enseignez toute vérité, combattez toutes les erreurs; rien ne pourra vous abattre, et ce secours ne vous manquera jamais; tous les jours je serai avec vous, et j'y serai jusqu’à la fin du monde.
5 - Mort de Saint Jacques le Mineur. Année 62 après Jésus-Christ.
Saint Jacques surnommé le Mineur, pour le distinguer d’un autre Apôtre du même nom avait été établi évêque de Jérusalem. C’est lui qui, dans le premier Concile, parla après St Pierre. Il était aimé de tous les Fidèles, et respecté des Juifs même, à cause de son éminente sainteté. Sa vie était austère, il ne se faisait point couper les cheveux, et il ne buvait ni vin ni autre liqueur qui pût enivrer. On ajoute qu’il ne portait point de chaussure, et qu’il n’avait qu’un simple manteau d`une étoffe grossière et une seule tunique. Il avait coutume d’aller au temple aux heures où il n'y avait personne, et là, prosterné devant Dieu, il priait pour les péchés du peuple. Il demeurait si longtemps dans cette posture, que ses genoux s’étaient endurcis comme la peau d’un chameau.
St-Jacques le mineur - le juste
Ce fut cette assiduité à la prière et son ardente charité qui lui firent donner le surnom de Juste. Après la mort de Festus, gouverneur de la Judée , et avant l`arrivée de son successeur, le grand-prêtre Ananas voulut profiter de cet intervalle pour arrêter les progrès de l’Évangile. Il assembla un grand conseil , où St Jacques fut amené; il feignit d’abord de le consulter au sujet de Jésus-Christ : « Le peuple prend Jésus pour le Messie, lui dit-il , c’est à vous à dissiper cette erreur, puisque tout le monde est prêt à croire ce que vous direz.»
Ensuite on le fit monter sur la terrasse du temple, afin qu’il pût être entendu de toute la multitude. Lorsqu’il parut sur ce lieu élevé, les Scribes et les Pharisiens lui crièrent : « 0 homme juste que nous devons tous croire, puisque le peuple s’égare en suivant Jésus crucifié , dites-nous ce que nous devons en penser. » Alors St Jacques répondit à haute voix : «Jésus le Fils de l’Homme dont vous parlez est maintenant assis à la droite de la Majesté Souveraine, comme Fils de Dieu, et il doit venir sur les nues du Ciel pour juger tout l’univers.»
Un témoignage si formel, rendu à la divinité de Jésus- Christ servit beaucoup à confirmer les nouveaux Chrétiens dans la foi qu'ils venaient d’embrasser; ils s’écrièrent tous d’une voix: « Gloire au Fils de David! Honneur et gloire à Jésus!» Mais d'un autre côté, les Pharisiens se voyant trompés dans leur attente, se disaient l'un à l`autre; Qu’avons-nous fait? Pourquoi avons-nous attiré ce témoignage à Jésus? Il faut précipiter cet homme. Ils se mirent donc à crier : « Quoi ce Juste est aussi dans l’erreur» Puis, animés d‘une fureur aveugle, ils montèrent au haut du temple, et en précipitèrent le saint Apôtre.
Cependant St Jacques ne mourut pas sur-le-champ, et il eut encore assez de force pour se mettre à genoux, et pour adresser à Dieu cette prière: «Seigneur, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu’ils font. » Mais ces hommes cruels dirent : Il faut le lapider; et à l’instant même ils lancèrent sur lui une grêle de pierres. Un seul d’entre eux, touché de quelque sentiment d`humanité, dit aux autres : « Que faites-vous ? arrêtez; le Juste prie pour vous, et vous le faites mourir. » Ces paroles ne purent arrêter leur fureur; un foulon qui se trouva là, prit son maillet , en déchargea un grand coup sur la tête du Saint, et acheva son martyre. Le saint Apôtre avait une si grande réputation de sainteté parmi le peuple, qu’on attribua à sa mort la ruine de Jérusalem, qui la suivit de près ( en 70 ap J.C).
Martyr de St-Jacques le Mineur a Jérusalem
Il fut enterré à côte du temple, au lieu même de son martyre, et l'on y dressa, une colonne. St Jacques avait écrit une Épître, qui est dans le Nouveau Testament, et l’une des sept que l’on nomme Catholiques, c’est-à-dire, adressées à l’Église universelle; il s'attache, dans cette Épître, à prouver la nécessité des bonnes œuvres pour être sauvé, parce qu’il avait appris que quelques personnes prétendaient que la foi suffisait, sans les œuvres pour le salut. Le saint Apôtre, au contraire, enseigne que la justice, quand elle est véritable, renferme essentiellement la volonté d'accomplir les Commandements et que les serviteurs de Dieu sont toujours féconds en bonnes œuvres, ce qu’il montre par l’exemple de tous les Saints qui se sont dans tous les temps, distingués par des actions vertueuses.
Épitre de St-Jacques
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
6 - Première persécution sous l'empereur romain Néron. An 54.
L'Église avait déjà beaucoup souffert de la part des Juifs et des Païens, mais ces persécutions n'étaient pas générales. L’empereur Néron fut le premier qui employa le pouvoir souverain contre les Chrétiens.
Le palais de Néron à Rome (reconstruction par ordinateur)
Palais impériaux du mont Palatin – Rome antique
Rome – Place du colisée
Habillement des romains
Ce prince cruel, irrité de ce que plusieurs personnes, même de son palais, abandonnaient le culte des idoles, publia un édit pour défendre d’embrasser la Religion chrétienne. Ce fut à l’occasion de l’incendie qui consuma presque toute la ville de Rome. On crut que c'était Néron lui-même qui y avait fait mettre le feu, pour la rebâtir ensuite avec plus de magnificence.
L`empereur Néron et l`incendie de Rome
Dans la vue d'apaiser les bruits fâcheux qui couraient contre lui, et de donner un objet à la haine publique, il rejeta ce crime sur les Chrétiens, et commença à les persécuter de la manière la plus barbare.
Dernier voyage de St-Paul comme prisonnier de Césarée à Rome. ( Actes des Apôtres chapitre 27 et 28)
St-Paul en prison à Rome
On en prit un grand nombre, et on les fit mourir, disent les auteurs païens eux-mêmes, comme convaincus, non de ce crime et d`incendie, mais d’être odieux au genre humain, à cause de la Religion nouvelle qu’ils professaient. Néron ne se contenta pas, même à leur égard, des supplices ordinaires, quelques-uns furent enveloppés de peaux de bêtes sauvages, et exposés à des chiens pour en être dévorés, d'autres, après avoir été revêtus de tuniques trempées dans de la poix, étaient attachés à des poteaux; on y mettait le feu et ils servaient ainsi de torches pour éclairer pendant la nuit. L’empereur en fit un spectacle dans ses jardins, où lui-même conduisait ses chariots, à la lueur de ces horribles flambeaux. Le peuple romain, qui d'ailleurs haïssait les Chrétiens, en avait néanmoins compassion, et voyait avec peine qu'on les immolât à la cruauté du tyran.
Chrétiens romains immolés dans les jardins de Néron
Ce fut pendant cette persécution que St Pierre et St Paul terminèrent leur vie par le martyre. On dit que ces saints Apôtres furent gardés pendant neuf mois dans une prison, qui était au pied du Capitole; que deux de leurs gardes, étonnés des miracles qu'ils leur voyaient faire, se convertirent, et que Pierre les baptisa avec quarante-sept autres personnes, qui se trouvaient alors dans sa prison. Les Fidèles qui étaient à Rome, ménagèrent à St Pierre le moyen de s'évader, et le pressèrent d’en profiter pour conserver des jours si précieux à l’Église. Le saint Apôtre céda enfin à leurs instances; mais lorsqu’il fut arrivé à la porte de la ville, Jésus-Christ lui apparut, et lui dit qu'il allait à Rome pour y être crucifié de nouveau.
Supplice de St-Pierre apôtre a Rome
St Pierre pénétra le sens de ces paroles, et comprit que c'était dans la personne de son Vicaire que Jésus-Christ devait être crucifié une seconde fois. Il retourna à la prison, et il fut en effet condamné au supplice de la Croix; mais il demanda à être attaché la tête en bas, se jugeant indigne de mourir de la même manière que son divin maître. St Paul, qui était citoyen romain, eut la tête tranchée. On rapporte, qu’en allant au supplice, il convertit trois soldats qui souffrirent le martyre peu de temps après. Telle fut l'origine de la première persécution que l’Église ait souffert de la part des empereurs Romains, et il lui est glorieux d’avoir eu pour ennemi un prince qui l'était de toute Vertu. Le plus méchant des hommes était digne d'être le premier des persécuteurs.
En 59 Ap JC, le cruel empereur Néron fait assassiner sa propre mère, Agrippine par ses centurions
7 - Prophétie terrible contre la ville de Jérusalem.
Le temps approchait où devait s`accomplir la prédiction de Jésus-Christ contre la ville et le temple de Jérusalem. La génération ne devait point passer avant que les malheurs prédits n’arrivassent. C'est une tradition constante attestée dans le Talmud des Juifs, et confirmée par tous leurs Rabbins, que quarante ans avant la ruine de Jérusalem, ce qui revient au temps de la mort de Jésus-Christ, on ne cessait de voir dans le temple des choses étranges; tous les jours il y paraissait de nouveaux prodiges; de sorte qu’un fameux Rabbin s’écria un jour: «ô temple ! ô temple ! qu’est-ce qui t’émeut, et pourquoi te fais-tu peur à toi-même?»
Le temple de Jérusalem
Qu'y a-t-il de plus frappant que ce bruit affreux qui fut entendu dans le sanctuaire, le jour de la Pentecôte, et cette voix manifeste qui retentit au fond de ce lieu sacré: «Sortons d‘ici, sortons d’ici.» Les saints Anges, protecteurs du temple, déclarèrent hautement qu’ils l’abandonnaient, parce que Dieu, qui y avait établi sa demeure durant tant de siècles, l'avait réprouvé. Enfin, quatre ans avant la guerre où Jérusalem fut détruite, les Juifs en eurent un terrible présage, qui a éclaté aux yeux de tout le peuple ; c’est Flavius Josèphe, historien Juif, qui le rapporte ainsi: Un nommé Jésus, fils d’Ananus, étant venu de la campagne à la fête des Tabernacles, lorsque la ville était encore dans une profonde paix et commença tout-à-coup à crier: « Malheur à la ville ! malheur au temple ! voix de l’Orient, voix de l’Occident, voix des quatre Vents; malheur au temple! malheur à Jérusalem! »
Il ne cessait, ni le jour, ni la nuit, de parcourir la ville en répétant continuellement la même menace. Les magistrats, pour lui fermer la bouche, le firent châtier rigoureusement. Il ne dit pas un mot pour se justifier ni pour se plaindre ; mais il continua de crier comme auparavant : «Malheur au temple, malheur à Jérusalem.» Alors- on le conduisit au gouverneur romain, qui le fit déchirer à coups de verges. La douleur ne lui pas demander grâce, ni même répandre une seule larme. A chaque coup qu’on lui donnait, il répétait d'une voix plus lamentable: « Malheur, malheur à Jérusalem! »
La Judée sous occupation romaine
L`Empire romain a son apogée
Il redoublait ses cris les jours de fêtes, et quand on lui demandait qui il était, d’où il venait, en ce qu’il prétendait par ses cris, il ne répondait à aucune de ces questions; mais il continuait de la même manière et avec la même force : enfin on le l'envoya comme un insensé, sans qu’il changeât jamais de langage. On observa que sa voix, si continuellement et si violemment exercée ne fut point affaiblie. Au dernier siège de Jérusalem, il se renferma dans la ville; en tournant infatigablement autour des remparts, il criait de toutes ses forces: « Malheur au temple! malheur à Jérusalem! malheur au peuple! » A la fin, il ajouta : « Malheur à moi-même !» et à l’instant, il fut tué d’un coup de pierre lancée par une machine. Ne dirait-on pas ne la vengeance divine s’était rendue comme visible en cet homme, qui ne subsistait que pour prononcer ses arrêts; qu’elle l’avait rempli de sa force, afin qu'il pût égaler les malheurs du peuple par ses cris, et qu’elle l'en avait fait non-seulement le prophète et le témoin, mais encore la victime par sa mort, afin de rendre les menaces de Dieu plus sensibles et plus présentes? Ce prophète des malheurs de Jérusalem s’appelait Jésus. Il semblait que le nom de Jésus, nom de salut et de paix, devait tourner à funeste présage pour les Juifs qui le méprisait en la personne de notre Sauveur, et que ces ingrats ayant rejeté un Jésus qui leur annonçait la grâce, la miséricorde et la vie, Dieu leur envoyait un autre Jésus qui n'avait à leur annoncer que des maux irrémédiables, et l’inévitable décret de leur ruine prochaine.
L'Église avait déjà beaucoup souffert de la part des Juifs et des Païens, mais ces persécutions n'étaient pas générales. L’empereur Néron fut le premier qui employa le pouvoir souverain contre les Chrétiens.
Le palais de Néron à Rome (reconstruction par ordinateur)
Palais impériaux du mont Palatin – Rome antique
Rome – Place du colisée
Habillement des romains
Ce prince cruel, irrité de ce que plusieurs personnes, même de son palais, abandonnaient le culte des idoles, publia un édit pour défendre d’embrasser la Religion chrétienne. Ce fut à l’occasion de l’incendie qui consuma presque toute la ville de Rome. On crut que c'était Néron lui-même qui y avait fait mettre le feu, pour la rebâtir ensuite avec plus de magnificence.
L`empereur Néron et l`incendie de Rome
Dans la vue d'apaiser les bruits fâcheux qui couraient contre lui, et de donner un objet à la haine publique, il rejeta ce crime sur les Chrétiens, et commença à les persécuter de la manière la plus barbare.
Dernier voyage de St-Paul comme prisonnier de Césarée à Rome. ( Actes des Apôtres chapitre 27 et 28)
St-Paul en prison à Rome
On en prit un grand nombre, et on les fit mourir, disent les auteurs païens eux-mêmes, comme convaincus, non de ce crime et d`incendie, mais d’être odieux au genre humain, à cause de la Religion nouvelle qu’ils professaient. Néron ne se contenta pas, même à leur égard, des supplices ordinaires, quelques-uns furent enveloppés de peaux de bêtes sauvages, et exposés à des chiens pour en être dévorés, d'autres, après avoir été revêtus de tuniques trempées dans de la poix, étaient attachés à des poteaux; on y mettait le feu et ils servaient ainsi de torches pour éclairer pendant la nuit. L’empereur en fit un spectacle dans ses jardins, où lui-même conduisait ses chariots, à la lueur de ces horribles flambeaux. Le peuple romain, qui d'ailleurs haïssait les Chrétiens, en avait néanmoins compassion, et voyait avec peine qu'on les immolât à la cruauté du tyran.
Chrétiens romains immolés dans les jardins de Néron
Ce fut pendant cette persécution que St Pierre et St Paul terminèrent leur vie par le martyre. On dit que ces saints Apôtres furent gardés pendant neuf mois dans une prison, qui était au pied du Capitole; que deux de leurs gardes, étonnés des miracles qu'ils leur voyaient faire, se convertirent, et que Pierre les baptisa avec quarante-sept autres personnes, qui se trouvaient alors dans sa prison. Les Fidèles qui étaient à Rome, ménagèrent à St Pierre le moyen de s'évader, et le pressèrent d’en profiter pour conserver des jours si précieux à l’Église. Le saint Apôtre céda enfin à leurs instances; mais lorsqu’il fut arrivé à la porte de la ville, Jésus-Christ lui apparut, et lui dit qu'il allait à Rome pour y être crucifié de nouveau.
Supplice de St-Pierre apôtre a Rome
St Pierre pénétra le sens de ces paroles, et comprit que c'était dans la personne de son Vicaire que Jésus-Christ devait être crucifié une seconde fois. Il retourna à la prison, et il fut en effet condamné au supplice de la Croix; mais il demanda à être attaché la tête en bas, se jugeant indigne de mourir de la même manière que son divin maître. St Paul, qui était citoyen romain, eut la tête tranchée. On rapporte, qu’en allant au supplice, il convertit trois soldats qui souffrirent le martyre peu de temps après. Telle fut l'origine de la première persécution que l’Église ait souffert de la part des empereurs Romains, et il lui est glorieux d’avoir eu pour ennemi un prince qui l'était de toute Vertu. Le plus méchant des hommes était digne d'être le premier des persécuteurs.
En 59 Ap JC, le cruel empereur Néron fait assassiner sa propre mère, Agrippine par ses centurions
7 - Prophétie terrible contre la ville de Jérusalem.
Le temps approchait où devait s`accomplir la prédiction de Jésus-Christ contre la ville et le temple de Jérusalem. La génération ne devait point passer avant que les malheurs prédits n’arrivassent. C'est une tradition constante attestée dans le Talmud des Juifs, et confirmée par tous leurs Rabbins, que quarante ans avant la ruine de Jérusalem, ce qui revient au temps de la mort de Jésus-Christ, on ne cessait de voir dans le temple des choses étranges; tous les jours il y paraissait de nouveaux prodiges; de sorte qu’un fameux Rabbin s’écria un jour: «ô temple ! ô temple ! qu’est-ce qui t’émeut, et pourquoi te fais-tu peur à toi-même?»
Le temple de Jérusalem
Qu'y a-t-il de plus frappant que ce bruit affreux qui fut entendu dans le sanctuaire, le jour de la Pentecôte, et cette voix manifeste qui retentit au fond de ce lieu sacré: «Sortons d‘ici, sortons d’ici.» Les saints Anges, protecteurs du temple, déclarèrent hautement qu’ils l’abandonnaient, parce que Dieu, qui y avait établi sa demeure durant tant de siècles, l'avait réprouvé. Enfin, quatre ans avant la guerre où Jérusalem fut détruite, les Juifs en eurent un terrible présage, qui a éclaté aux yeux de tout le peuple ; c’est Flavius Josèphe, historien Juif, qui le rapporte ainsi: Un nommé Jésus, fils d’Ananus, étant venu de la campagne à la fête des Tabernacles, lorsque la ville était encore dans une profonde paix et commença tout-à-coup à crier: « Malheur à la ville ! malheur au temple ! voix de l’Orient, voix de l’Occident, voix des quatre Vents; malheur au temple! malheur à Jérusalem! »
Il ne cessait, ni le jour, ni la nuit, de parcourir la ville en répétant continuellement la même menace. Les magistrats, pour lui fermer la bouche, le firent châtier rigoureusement. Il ne dit pas un mot pour se justifier ni pour se plaindre ; mais il continua de crier comme auparavant : «Malheur au temple, malheur à Jérusalem.» Alors- on le conduisit au gouverneur romain, qui le fit déchirer à coups de verges. La douleur ne lui pas demander grâce, ni même répandre une seule larme. A chaque coup qu’on lui donnait, il répétait d'une voix plus lamentable: « Malheur, malheur à Jérusalem! »
La Judée sous occupation romaine
L`Empire romain a son apogée
Il redoublait ses cris les jours de fêtes, et quand on lui demandait qui il était, d’où il venait, en ce qu’il prétendait par ses cris, il ne répondait à aucune de ces questions; mais il continuait de la même manière et avec la même force : enfin on le l'envoya comme un insensé, sans qu’il changeât jamais de langage. On observa que sa voix, si continuellement et si violemment exercée ne fut point affaiblie. Au dernier siège de Jérusalem, il se renferma dans la ville; en tournant infatigablement autour des remparts, il criait de toutes ses forces: « Malheur au temple! malheur à Jérusalem! malheur au peuple! » A la fin, il ajouta : « Malheur à moi-même !» et à l’instant, il fut tué d’un coup de pierre lancée par une machine. Ne dirait-on pas ne la vengeance divine s’était rendue comme visible en cet homme, qui ne subsistait que pour prononcer ses arrêts; qu’elle l’avait rempli de sa force, afin qu'il pût égaler les malheurs du peuple par ses cris, et qu’elle l'en avait fait non-seulement le prophète et le témoin, mais encore la victime par sa mort, afin de rendre les menaces de Dieu plus sensibles et plus présentes? Ce prophète des malheurs de Jérusalem s’appelait Jésus. Il semblait que le nom de Jésus, nom de salut et de paix, devait tourner à funeste présage pour les Juifs qui le méprisait en la personne de notre Sauveur, et que ces ingrats ayant rejeté un Jésus qui leur annonçait la grâce, la miséricorde et la vie, Dieu leur envoyait un autre Jésus qui n'avait à leur annoncer que des maux irrémédiables, et l’inévitable décret de leur ruine prochaine.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
8-Ruine de Jérusalem. An 70.
Les Juifs, qui avaient toujours porté avec peine le joug des Romains, se révoltèrent contre eux, et cette révolte fut la cause de leur ruine. Les plus sages de la Nation sortirent de Jérusalem, prévoyant les malheurs qui allaient fondre sur elle. Ce fut alors que les Chrétiens qui s'y trouvaient se retirèrent dans la petite ville de Pella, située
au milieu des montagnes de la Syrie, suivant l'avis que Notre-Seigneur avait donné à ses Disciples, en leur prédisant la destruction du Temple.
Pella, à l`est du Jourdain dans les montagnes de la Syrie actuelle
Ruine de Pella
L'armée romaine essuya d’abord un petit échec, qui enhardit les rebelles; ( en 66, le Légat de Syrie Cestius Gallus tenta de rétablir l`ordre avec une Légion mais il fut tenu en échec par les Juifs) mais le commandement en ayant été donné à Vespasien, ce général reprit bientôt l'avantage sur eux, alors la division se mit parmi les Juifs, et il se forma dans la ville différents partis, qui commirent les plus grands excès. ( a partir de 67 ap J.C.)
La ville de Jérusalem vers 40 ap J.C
La dynastie romaine des Flaviens de 69 à 96 ap J.C avec les règnes de Vespasien et de ses deux fils Titus et Domitien.
Cette malheureuse ville était pressée des deux côtés; au dedans, par des factions cruelles, et au-dehors par les Romains. Vespasien, instruit de ce qui se passait dans Jérusalem, laissait les Juifs se détruire eux-mêmes, pour en venir ensuite plus facilement à bout. Ayant été alors reconnu empereur, il chargea Titus son fils de continuer le siège. Ce jeune prince vint camper à une lieue de Jérusalem, et en ferma toutes les issues. Comme c’était vers la fête de Pâque, une grande multitude de Juifs se trouva renfermée dans la ville, et elle consomma en peu de temps tout ce qu’il y avait de vivres. La famine se fit sentir vivement. Les factieux se jetaient dans les maisons pour les fouiller; ils maltraitaient ceux qui avaient caché quelque nourriture, et ils les forçaient par des tourments cruels à la découvrir.
Jérusalem encerclée et assiégée par les Légions romaines
Le Général romain Vespasien est envoyé par Néron avec trois légions en 67 ap J.C. pour rétablir l`ordre romain en Judée
La plupart des citoyens en étaient réduits à manger tout ce qu’ils trouvaient, et ils se l'arrachaient les uns aux autres; on enlevait aux enfants le pain qu'ils tenaient, et on les écrasait eux-mêmes contre terre, pour le leur faire lâcher. Les séditieux n’étaient point touchés de ces maux; ils n'en étaient que plus animés de fureur, et plus obstinés à conduire la guerre. Cependant Titus ayant pris la forteresse qu’on nommait Antonia, avança ses travaux, vint jusqu’au temple, et se rendit maître des deux galeries extérieures. Ce fut alors que la famine devint horrible : on fouillait jusque dans les égouts, et l'on mangeait les ordures les plus infectés.
Titus fit attaquer la seconde enceinte du temple, et mettre le feu aux portes, en ordonnant néanmoins de conserver le corps de l’édifice; mais un soldat romain, poussé, dit l’historien Josèphe, par une inspiration divine, prit un tison, et se faisant soulever par ses compagnons, il le jeta dans un des appartements qui tenaient au temple, le feu prit aussitôt, pénétra au-dedans du temple, et le consuma entièrement, quelques efforts que fit Titus pour arrêter l'embrasement. Les Romains massacrèrent tout ce qui se trouva dans la ville, et mirent tout à feu et à sang.
Destruction du temple par les armées romaines de Titus en 70 ap J.C.
Les légions romaines ravage Jérusalem
Ainsi, fut accomplie la prophétie de Jésus-Christ. Titus lui-même déclara que ce succès n'était point son ouvrage, et qu’il n’avait été que l’instrument de la vengeance divine. Il périt dans ce siège onze cent mille habitants; les restes de cette malheureuse nation furent dispersés dans l'étendue de l'empire romain. Qui ne voit dans cet affreux désastre la punition de la fureur impie que les chefs Juifs avaient exercée contre le Messie?
Note: Prophétie de Jésus-Christ sur la destruction de Jérusalem: «Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez que sa désolation est proche. Alors que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront a Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champs n`entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de vengeance, pour l`accomplissement de tout ce qui est écrit.» ( Luc 21,20 - 21)
«Ils tomberont sous le tranchant de l`épée, ils seront amenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée au pieds par les nations, jusqu'à ce que le temps des nations soit accomplies.» (Luc 21,24)
« Il viendra sur toi des jours ou tes ennemis t`environneront de tranchées, t`enfermeront et te serreront de toutes parts. Ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n`as pas connu le temps ou tu as été visité.» (Luc 19,43) A propos de Jérusalem.
«Je vous le dit en vérité, cette génération ne passera point que tout cela n`arrive.» ( Luc 21,32)
Dispersion des Juifs dans l`empire romain après la destruction de Jérusalem (Espagne-Gaule-Grèce – Égypte-Italie-Afrique du nord romaine.)
9 - Seconde persécution sous Domitien. An 93.
Les guerres que se firent les empereurs qui suivirent Néron, et le caractère pacifique de Vespasien et de Tite, donnèrent quelque relâche aux Chrétiens, jusqu’à ce que leur successeur Domitien commençât la seconde persécution générale.
Domitien – empereur romain païen
Cet empereur, qui avait tous les vices de Néron, l’imita aussi dans sa haine contre les Chrétiens, il publia un édit pour renverser, s’il eût été possible, l’Église de Dieu déjà fermement établie en une infinité de lieux. Dieu avait averti ses serviteurs de cette tribulation avant qu’elle arrivât, afin qu'ils s’y préparassent par un renouvellement de ferveur.
Domitilla, chrétienne et proche parente de Domitien est exilée dans une ile isolée et son mari le Consul Clémens est exécuté.
On peut Juger de la violence de cette persécution, par la manière dont l’empereur traita les personnes les plus distinguées, et même ses plus proches parents. Il fit mourir le consul Flavius Clémens, son cousin-germain, et bannit Domitilla, femme du consul, parce qu’ils s'étaient faits Chrétiens. Deux de leurs esclaves, Nérée et Achillée, qui s’étaient aussi convertis à la Foi, souffrirent divers tourments, et eurent enfin la tête tranchée. Il y en eut encore beaucoup d’autres que l’on fit mourir, ou que l’on dépouilla de leurs biens; mais ce qui rendit la persécution de Domitien fort célèbre, c’est le martyre de St Jean. On défera le St Apôtre au tyran, qui le fit amener à Rome, on le plongea dans une chaudière d’huile bouillante, sans qu’il en reçût aucun mal Jésus-Christ, qui l’avait favorisé particulièrement entre les Apôtres, lui accorda, comme aux autres, la gloire du martyre; mais il ne voulut pas laisser aux hommes le pouvoir d’abréger une vie si précieuse. C’est ainsi que fut accompli ce que Notre-Seigneur avait prédit, que cet Apôtre boirait le calice de sa passion.
Porte latine à Rome
Ile de Patmos, proche de la Turquie actuelle, ou fut déporté St-Jean l`Évangéliste.
Ce miracle arriva près de la Porte-Latine, selon la tradition qui s'en est conservée dans Rome , et l'on en voit encore un monument illustre et fort ancien : c'est une Église que les Chrétiens bâtirent en ce lieu sous son nom, pour perpétuer le souvenir de cet événement. Jean, après avoir échappé à la mort par un miracle évident, fut relégué par Domitien dans l'île de Pathmos, qui est une des îles de la mer Égée. Cet fut en ce lieu qu’il écrivit son Apocalypse, loin du commerce des hommes, il eut dans son exil des révélations prophétiques, qu'il adressa aux sept principales églises de l'Asie, plus spécialement commises à ses soins. Dans ce livre divin, après avoir donné à ces églises les avis qui convenaient à chacune d'elles, éclairé par l`esprit de Dieu, il prédit, sous des images sublimes, la ruine de l’idolâtrie et le triomphe de l'Église. Lorsqu'après la mort du tyran, le sénat eut annulé tout ce qu'il avait fait, St Jean revint à Éphèse et y passa le reste de sa vie, gouvernant de là toutes les Églises d'Asie. Il était alors âgé de quatre-vingt-dix ans et une si grande vieillesse ne l'empêchait pas d'aller dans les provinces voisines, tantôt pour y ordonner des évêques, tantôt pour y former et établir de nouvelles Églises.
L`Apôtre St-Jean déporté par Domitien dans l`ile de Pathmos reçoit de l`ange du Seigneur la révélation de l`Apocalypse
Il y écrivit son Évangile, à la sollicitation des évêques d'Asie, qui le prièrent de rendre par écrit un témoignage authentique à la divinité de Jésus-Christ, que quelques hérétiques attaquaient, il le fit après un jeûne et des prières publiques. Ses Épîtres sont à peu près du même temps; elles respirent partout la charité la plus tendre; on y voit que son cœur était embrasé de ce feu divin qu'il avait puisé dans le sein du Sauveur, sur lequel il reposa dans la dernière Cène. La première est adressée aux Parthes; les deux autres à des personnes particulières. Il n`y prend pas le titre d`apôtre, mais de vieillard qu`on lui donnait communément.
Les Juifs, qui avaient toujours porté avec peine le joug des Romains, se révoltèrent contre eux, et cette révolte fut la cause de leur ruine. Les plus sages de la Nation sortirent de Jérusalem, prévoyant les malheurs qui allaient fondre sur elle. Ce fut alors que les Chrétiens qui s'y trouvaient se retirèrent dans la petite ville de Pella, située
au milieu des montagnes de la Syrie, suivant l'avis que Notre-Seigneur avait donné à ses Disciples, en leur prédisant la destruction du Temple.
Pella, à l`est du Jourdain dans les montagnes de la Syrie actuelle
Ruine de Pella
L'armée romaine essuya d’abord un petit échec, qui enhardit les rebelles; ( en 66, le Légat de Syrie Cestius Gallus tenta de rétablir l`ordre avec une Légion mais il fut tenu en échec par les Juifs) mais le commandement en ayant été donné à Vespasien, ce général reprit bientôt l'avantage sur eux, alors la division se mit parmi les Juifs, et il se forma dans la ville différents partis, qui commirent les plus grands excès. ( a partir de 67 ap J.C.)
La ville de Jérusalem vers 40 ap J.C
La dynastie romaine des Flaviens de 69 à 96 ap J.C avec les règnes de Vespasien et de ses deux fils Titus et Domitien.
Cette malheureuse ville était pressée des deux côtés; au dedans, par des factions cruelles, et au-dehors par les Romains. Vespasien, instruit de ce qui se passait dans Jérusalem, laissait les Juifs se détruire eux-mêmes, pour en venir ensuite plus facilement à bout. Ayant été alors reconnu empereur, il chargea Titus son fils de continuer le siège. Ce jeune prince vint camper à une lieue de Jérusalem, et en ferma toutes les issues. Comme c’était vers la fête de Pâque, une grande multitude de Juifs se trouva renfermée dans la ville, et elle consomma en peu de temps tout ce qu’il y avait de vivres. La famine se fit sentir vivement. Les factieux se jetaient dans les maisons pour les fouiller; ils maltraitaient ceux qui avaient caché quelque nourriture, et ils les forçaient par des tourments cruels à la découvrir.
Jérusalem encerclée et assiégée par les Légions romaines
Le Général romain Vespasien est envoyé par Néron avec trois légions en 67 ap J.C. pour rétablir l`ordre romain en Judée
La plupart des citoyens en étaient réduits à manger tout ce qu’ils trouvaient, et ils se l'arrachaient les uns aux autres; on enlevait aux enfants le pain qu'ils tenaient, et on les écrasait eux-mêmes contre terre, pour le leur faire lâcher. Les séditieux n’étaient point touchés de ces maux; ils n'en étaient que plus animés de fureur, et plus obstinés à conduire la guerre. Cependant Titus ayant pris la forteresse qu’on nommait Antonia, avança ses travaux, vint jusqu’au temple, et se rendit maître des deux galeries extérieures. Ce fut alors que la famine devint horrible : on fouillait jusque dans les égouts, et l'on mangeait les ordures les plus infectés.
Titus fit attaquer la seconde enceinte du temple, et mettre le feu aux portes, en ordonnant néanmoins de conserver le corps de l’édifice; mais un soldat romain, poussé, dit l’historien Josèphe, par une inspiration divine, prit un tison, et se faisant soulever par ses compagnons, il le jeta dans un des appartements qui tenaient au temple, le feu prit aussitôt, pénétra au-dedans du temple, et le consuma entièrement, quelques efforts que fit Titus pour arrêter l'embrasement. Les Romains massacrèrent tout ce qui se trouva dans la ville, et mirent tout à feu et à sang.
Destruction du temple par les armées romaines de Titus en 70 ap J.C.
Les légions romaines ravage Jérusalem
Ainsi, fut accomplie la prophétie de Jésus-Christ. Titus lui-même déclara que ce succès n'était point son ouvrage, et qu’il n’avait été que l’instrument de la vengeance divine. Il périt dans ce siège onze cent mille habitants; les restes de cette malheureuse nation furent dispersés dans l'étendue de l'empire romain. Qui ne voit dans cet affreux désastre la punition de la fureur impie que les chefs Juifs avaient exercée contre le Messie?
Note: Prophétie de Jésus-Christ sur la destruction de Jérusalem: «Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez que sa désolation est proche. Alors que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront a Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champs n`entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de vengeance, pour l`accomplissement de tout ce qui est écrit.» ( Luc 21,20 - 21)
«Ils tomberont sous le tranchant de l`épée, ils seront amenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée au pieds par les nations, jusqu'à ce que le temps des nations soit accomplies.» (Luc 21,24)
« Il viendra sur toi des jours ou tes ennemis t`environneront de tranchées, t`enfermeront et te serreront de toutes parts. Ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n`as pas connu le temps ou tu as été visité.» (Luc 19,43) A propos de Jérusalem.
«Je vous le dit en vérité, cette génération ne passera point que tout cela n`arrive.» ( Luc 21,32)
Dispersion des Juifs dans l`empire romain après la destruction de Jérusalem (Espagne-Gaule-Grèce – Égypte-Italie-Afrique du nord romaine.)
9 - Seconde persécution sous Domitien. An 93.
Les guerres que se firent les empereurs qui suivirent Néron, et le caractère pacifique de Vespasien et de Tite, donnèrent quelque relâche aux Chrétiens, jusqu’à ce que leur successeur Domitien commençât la seconde persécution générale.
Domitien – empereur romain païen
Cet empereur, qui avait tous les vices de Néron, l’imita aussi dans sa haine contre les Chrétiens, il publia un édit pour renverser, s’il eût été possible, l’Église de Dieu déjà fermement établie en une infinité de lieux. Dieu avait averti ses serviteurs de cette tribulation avant qu’elle arrivât, afin qu'ils s’y préparassent par un renouvellement de ferveur.
Domitilla, chrétienne et proche parente de Domitien est exilée dans une ile isolée et son mari le Consul Clémens est exécuté.
On peut Juger de la violence de cette persécution, par la manière dont l’empereur traita les personnes les plus distinguées, et même ses plus proches parents. Il fit mourir le consul Flavius Clémens, son cousin-germain, et bannit Domitilla, femme du consul, parce qu’ils s'étaient faits Chrétiens. Deux de leurs esclaves, Nérée et Achillée, qui s’étaient aussi convertis à la Foi, souffrirent divers tourments, et eurent enfin la tête tranchée. Il y en eut encore beaucoup d’autres que l’on fit mourir, ou que l’on dépouilla de leurs biens; mais ce qui rendit la persécution de Domitien fort célèbre, c’est le martyre de St Jean. On défera le St Apôtre au tyran, qui le fit amener à Rome, on le plongea dans une chaudière d’huile bouillante, sans qu’il en reçût aucun mal Jésus-Christ, qui l’avait favorisé particulièrement entre les Apôtres, lui accorda, comme aux autres, la gloire du martyre; mais il ne voulut pas laisser aux hommes le pouvoir d’abréger une vie si précieuse. C’est ainsi que fut accompli ce que Notre-Seigneur avait prédit, que cet Apôtre boirait le calice de sa passion.
Porte latine à Rome
Ile de Patmos, proche de la Turquie actuelle, ou fut déporté St-Jean l`Évangéliste.
Ce miracle arriva près de la Porte-Latine, selon la tradition qui s'en est conservée dans Rome , et l'on en voit encore un monument illustre et fort ancien : c'est une Église que les Chrétiens bâtirent en ce lieu sous son nom, pour perpétuer le souvenir de cet événement. Jean, après avoir échappé à la mort par un miracle évident, fut relégué par Domitien dans l'île de Pathmos, qui est une des îles de la mer Égée. Cet fut en ce lieu qu’il écrivit son Apocalypse, loin du commerce des hommes, il eut dans son exil des révélations prophétiques, qu'il adressa aux sept principales églises de l'Asie, plus spécialement commises à ses soins. Dans ce livre divin, après avoir donné à ces églises les avis qui convenaient à chacune d'elles, éclairé par l`esprit de Dieu, il prédit, sous des images sublimes, la ruine de l’idolâtrie et le triomphe de l'Église. Lorsqu'après la mort du tyran, le sénat eut annulé tout ce qu'il avait fait, St Jean revint à Éphèse et y passa le reste de sa vie, gouvernant de là toutes les Églises d'Asie. Il était alors âgé de quatre-vingt-dix ans et une si grande vieillesse ne l'empêchait pas d'aller dans les provinces voisines, tantôt pour y ordonner des évêques, tantôt pour y former et établir de nouvelles Églises.
L`Apôtre St-Jean déporté par Domitien dans l`ile de Pathmos reçoit de l`ange du Seigneur la révélation de l`Apocalypse
Il y écrivit son Évangile, à la sollicitation des évêques d'Asie, qui le prièrent de rendre par écrit un témoignage authentique à la divinité de Jésus-Christ, que quelques hérétiques attaquaient, il le fit après un jeûne et des prières publiques. Ses Épîtres sont à peu près du même temps; elles respirent partout la charité la plus tendre; on y voit que son cœur était embrasé de ce feu divin qu'il avait puisé dans le sein du Sauveur, sur lequel il reposa dans la dernière Cène. La première est adressée aux Parthes; les deux autres à des personnes particulières. Il n`y prend pas le titre d`apôtre, mais de vieillard qu`on lui donnait communément.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
10 - Dernières actions de St Jean.
On rapporte de saint Jean un trait fort touchant, et qui peint bien; l'ardeur de sa charité. Dans un de ses voyages, après avoir fait une exhortation aux fidèles d’une ville d`Asie , il aperçut dans l`assemblée uni jeune homme bien fait et d’un esprit vif : il le prit en affection et s'adressant à l’évêque, il lui- dit devant tout le peuple: « Prenez soin de ce jeune homme; je vous le recommande en présence de l’Église et de Jésus-Christ. »
Puis, il retourna à Éphèse. L’évêque instruisit le jeune homme, et le disposa à recevoir le baptême. Après lui avoir conféré ce sacrement, la confirmation et l’eucharistie, croyant pouvoir l’abandonner a sa propre conduite, il; cessa de veiller sur lui, et lui donna plus de liberté. Le jeune homme en abusa, et lia amitié avec des libertins de son âge, qui l'engagèrent à commettre avec eux toutes sortes de crimes. Le jeune homme reçut facilement ces funestes impressions, et par l`abus qu’il fit de son esprit, il alla même plus loin que ses compagnons de désordre; il devint chef de voleurs. Quelques années après, saint Jean retourna dans la même ville, et demanda a compte à l’évêque du dépôt qu`il lui avait confié. L’évêque fut d’abord surpris, croyant, qu’il lui demandait un dépôt d`argent.
Vitrail de St-Jean l`Évangéliste
C’est le jeune homme que je vous ai confié, dit l’Apôtre, c’est l’âme de notre frère. Il est mort, répondit l’évêque en baissant les yeux. Comment? reprit saint Jean, et de quelle mort? Il est mort à Dieu, ajouta l’évêque; il est devenu un méchant, un voleur, il s’est emparé d'une montagne, où il demeure avec une troupe de scélérats comme lui.
Le temple d`Artémis a Éphèse – ville Gréco-Romaine – En Turquie actuelle.
A cette nouvelle le saint Apôtre jeta un grand cri : « Que l’on me donne, dit-il , un cheval et un guide! » Il sort de l’église, et se rend au lieu où étaient les voleurs. Leurs sentinelles l’arrêtent, et le conduisent à leur capitaine, qui l’attendait en armes; mais ce jeune homme ayant reconnu saint Jean, fut saisi de honte, et s'enfuit. Alors le saint Apôtre, oubliant la faiblesse de son âge, courut après lui, et lui cria : «Mon fils, pourquoi me fuyez-vous? pourquoi fuyez-vous votre père, un vieillard sans armes? Mon fils, ayez pitié de moi, ne craignez point; il y a encore espérance pour votre salut, je répondrai pour Vous à Jésus-Christ; je donnerai volontiers ma vie pour vous , comme Jésus-Christ a donné la sienne pour nous, arrêtez, croyez-moi; c'est Jésus-Christ qui m’a envoyé vers vous.»
A ces mots le voleur s’arrêta, laissa tomber ses armes, et fondit en pleurs. Le saint vieillard l’embrassa avec tendresse, le rassura, en lui promettant d'obtenir du Sauveur le pardon de ses péchés; il le ramena à l’église ; il pria pour lui; il jeûna avec lui , il l’entretint de discours édifiants , et ne le quitta point qu’il ne l’eût rétabli dans la participation des sacrements. Saint Jean vécut jusqu’à l’âge de cent ans.
Sa vieillesse n’était point chagrine, il voulait que l’on prît des récréations innocentes, et il en donnait lui-même l’exemple. Un jour qu'il s’amusait à flatter une perdrix apprivoisée, il fut rencontré par un chasseur, qui parut étonné de voir un si grand homme s’abaisser à un tel amusement. Qu’avez-vous à la main? lui dit saint Jean. C’est un arc, répondit le chasseur. Pourquoi ne le tenez-vous pas toujours bandé? Il perdrait sa force, dit le chasseur. Eh bien, répartit le saint Apôtre, c‘est pour la même raison que je donne quelque relâche à mon esprit.
11 - Division dans l'Église de Corinthe.
Après saint Pierre, l’Église de Rome fut gouvernée par saint Lin, ensuite par saint Clet, auquel succéda saint Clément, dont il est parlé dans l`Épître des Philippiens. Ce fut de son temps qu’il arriva un grand trouble dans l’Église de Corinthe. Des laïques, animés d’un esprit de cabale, s’élevèrent contre les prêtres, et en firent injustement déposer quelques-uns. Le pape saint Clément leur écrivit à ce sujet une lettre également touchante et instructive. C’est après I ‘Écriture sainte, un des plus beaux monuments de l’antiquité ecclésiastique. Elle commence ainsi: « L’Église de Dieu qui est à Rome, a celle de Corinthe, à ceux qui sont appelés et sanctifiés par la volonté de Dieu, en Notre Seigneur Jésus-Christ; que la grâce et la paix de Dieu tout-puissant s’accroisse par Jésus-Christ sur chacun de vous. »
St-Clément – Un des premiers Pape de l`Église catholique
Après leur avoir inspiré de l’horreur pour la division qui troublait alors l’Église de Corinthe, il trace un excellent tableau de la vie chrétienne. « Qui n’estimait pas, dit-il, votre vertu et la fermeté de votre foi; qui n’admirait pas la ferveur de votre piété ! Vous marchiez suivant la loi de Dieu : vous étiez soumis à vos pasteurs, et vous honoriez vos anciens; vous donniez au jeunes gens l’exemple de l’honnêteté et de la modestie : Vous avertissiez les femmes d’agir en tout avec une conscience pure et chaste, aimant leurs maris comme elles le doivent, demeurant dans la règle de la soumission, s’appliquant à la conduite de leur maison avec une grande modestie.
L`Église de Corinthe au sud de la Grèce.
Vous étiez tous dans les sentiments d’ une humilité sincère, plus portés à obéir qu'à commander, et à donner qu’à recevoir; contents de ce que Dieu Vous accorde pour le voyage de cette vie, et vous appliquant soigneusement à écouter sa parole, vous la gardiez dans votre cœur, et vous aviez toujours sa loi devant les yeux; aussi jouissiez-vous de la paix la plus profonde; vous aviez un désir insatiable de faire du bien; remplis de bonne volonté , de zèle et d’une sainte confiance, vous étendiez les mains vers-le Tout-Puissant, le suppliant de vous pardonner les péchés de fragilité. Vous lui adressiez vos prières jour et nuit pour tous les frères, afin que le nombre des élus de Dieu fût sauvé par sa miséricorde et par la pureté de leur conscience. Vous étiez sincères et, innocents, sans malignité et sans ressentiment. Toute sédition, toute division vous faisait horreur; vous pleuriez les fautes du prochain, comme si elles eussent été les vôtres; vous faisiez toutes sortes de biens, et vous étiez prêts à toute bonne œuvre, une conduite vertueuse et digne de respect était votre ornement. »
La ville de Corinthe dans le sud de la Grèce.
Le saint pape oppose ensuite à ce tableau celui des maux que la discorde a causés : «La jalousie, la contention, le désordre règnent maintenant parmi vous. » Il rapporte plusieurs exemples de l`Ancien-Testament, pour montrer les mauvais effets de la jalousie ; il exhorte les Corinthiens à la pénitence, à la charité et à l’humilité par l’exemple des saints, par la considération des bienfaits de Dieu; et enfin par les liens sacrés qui unissent les chrétiens.
« Pourquoi y a-t-il entre vous des querelles et des divisions? N'avons-nous pas tous un même Dieu, un même Christ, un même Esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation en Jésus-Christ ? pourquoi déchirons-nous ses membres? pourquoi faisons-nous la guerre à notre propre corps? Sommes-nous assez insensés pour oublier que nous sommes les membres les uns des autres? Votre division a perverti plusieurs personnes, en a découragé d’autres, et nous a tous plongés dans l’affliction. Ôtons promptement ce scandale; jetons-nous aux pieds du Seigneur; supplions-le avec larmes de nous pardonner et de nous rétablir dans la charité fraternelle » Cette lettre produisit l‘effet que le saint pape désirait, et il eut la consolation de terminer le schisme qui déchirait cette Église.
12 - Troisième persécution sous l`empereur romain Trajan. Année 106.
La troisième persécution commença sous le pontificat de saint Évariste, qui avait succédé à saint Clément. Elle fut à la vérité moins violente que les deux premières; mais elle dura plus longtemps et elle fit un plus grand nombre de martyrs. L’empereur Trajan, dont l’histoire loue d’ailleurs la sagesse et la clémence, contribua aux cruautés que l’on exerça alors contre les Chrétiens.
L`Empereur romain Trajan
Quoi qu’il n`eut pas rendu de nouveaux édits contre eux, il voulut cependant que les lois sanguinaires déjà portées par ses prédécesseurs, fussent exécutées dans les différentes provinces de l’empire. Il nous reste un monument dans la réponse de ce fait dans la réponse de ce prince à Pline-le-Jeune, gouverneur de la Bithynie.
Pline le Jeune – Gouverneur de la province romaine de Bithynie
La Bithynie – Ancienne province romaine situé au nord de la Turquie actuelle
Pline écrivit à Trajan pour le consulter sur la conduite qu’il devait tenir à l’égard des Chrétiens; il déclare qu’il ne les trouve coupables d’aucun crime : «Toute leur erreurs dit-il, consiste en ce qu'à un jour marqué ils s’assemblent avant le lever du soleil, et chante a deux chœurs des hymnes en l’honneur du Christ qu' ils regardait comme un Dieu. Du reste, ils s`engagent par serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d'adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt. Je n'ai découvert dans leur culte qu'une mauvaise superstition, portée à l'excès, et par cette raison j'ai tout suspendu pour vous demander vos ordres. L'affaire m`a paru digne de vos réflexions, par la multitude de ceux qui sont impliqués dans cette accusation; car il y en a un très grand nombre de tout âge, de tout sexe et de tout état, ce mal contagieux n'a pas seulement infecté les villes, il a gagné les villages et les campagnes. A mon arrivée en Bithynie, les temples de nos dieux étaient abandonnés, les fêtes interrompues, et à peine se trouvait-il quelqu'un pour acheter les victimes. »
On voit par cette lettre d'un gouverneur païen, combien la religion chrétienne avait déjà fait de progrès à la fin du premier siècle, et quelle était la pureté des mœurs dont les Chrétiens faisaient profession. Ce témoignage rendu à leur innocence par un persécuteur, est bien glorieux à la religion. Trajan lui répondit qu'il ne fallait pas rechercher les Chrétiens; mais ne lorsque étant dénoncés, ils s'avouaient et se déclaraient eux-mêmes Chrétiens, on devait les punir de mort : réponse absurde, et qui a de quoi étonner de la part d'un prince d'ailleurs estimable. Si les Chrétiens sont coupables, pourquoi défendre de les rechercher ? Si au contraire ils sont innocents, pourquoi les punir dès qu'ils sont accusés? Que les lumières des hommes sont bornées, quand ils ne sont point éclairés du flambeau de la foi! que leur justice même est imparfaite et défectueuse! Ce prince fit en effet mourir plusieurs Chrétiens: un des premiers qui souffrirent alors le martyre, fut saint Siméon, proche parent de Notre Seigneur: il était évêque de Jérusalem, et âgé de cent vingt ans : il fut dénoncé comme chrétien, et comme étant de la race de David. A ce double titre, on lui fit souffrir divers tourments qu’il endura avec une constance admirable. Tous les spectateurs étaient surpris de voir tant de courage et de force dans une vieillesse si avancée. Enfin, on le condamna à être crucifié, et il eut la gloire, en donnant sa vie pour Jésus-Christ, de mourir par le même supplice que son divin-maître.
St-Siméon Évêque de Jérusalem et martyr.
13 - Trajan interroge et condamne à mort saint Ignace.
L’empereur Trajan non-seulement laissa agir les magistrats contre les Chrétiens, mais il exerça lui-même la persécution. En passant par Antioche pour aller combattre les Perses, il se fit amener saint Ignace, surnommé Théophore, évêque de cette ville; et lui adressant la parole: «Est-ce vous, dit-il, qui comme un mauvais démon, osez violer mes ordres, et qui persuadez aux autres de se perdre! » Ignace répondit : « Prince, nul autre ne vous n’appela jamais Théodore un mauvais démon.» (Il faisait allusion à a signification du mot théophore, qui en grec veut dire porte-dieu.) Bien loin que les serviteurs de Dieu soient de mauvais génies, sachez que les démons tremblent devant eux, et prennent la fuite à leur voix.» Et quel est ce Théophore ? dit l'empereur. C’est moi, répliqua Ignace, et quiconque porte comme moi Jésus Christ dans son cœur. Crois-tu donc, reprit Trajan, que nous n’ayons pas aussi dans le cœur les dieux qui combattent pour nous?
Des dieux, répartit Ignace : «vous vous trompez; ce ne sont que des démons. Il n’y a qu'un Dieu, qui a fait le ciel et la terre, et il n’y a qu’un Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, au royaume duquel j’aspire.» Parles-tu, ajouta Trajan, de ce Jésus que Pilate fit Attacher à une croix? Dites plutôt , répliqua le saint évêque, que ce Jésus attacha à cette croix le péché et son auteur, et qu’il donna dès-lors à ceux qui le portent dans leur sein, le pouvoir de terrasser l’enfer et sa puissance. Tu portes donc le Christ au milieu de toi? dit l’empereur. Oui, sans doute répondit, Ignace; car il est écrit: «J’habiterai en eux, et j’accompagnerai tous leurs pas. »
St-Ignace –Évêque de la ville gréco-romaine d`Antioche.
Déplacement de l`empereur Trajan et des Légions romaines à partir d`Antioche vers les royaumes des Parthes dans les opérations militaires romaines de l`année 115 et 116 ap J.C.
Trajan, fatigué par les réparties vives et pressantes de saint Ignace, prononça contre lui cette sentence : « Nous ordonnons qu’Ignace, qui se glorifie de porter en lui le crucifié , soit mis aux fers, et conduit sous bonne garde à Rome pour y être exposé aux bêtes, et y servir de spectacle au peuple» St-Ignace, entendant cet arrêt, s’écria dans un transport de joie : « Je vous rends grâces, Seigneur, de ce que vous m’avez donné un parfait amour pour vous, et de ce que vous m’honorez des mêmes chaînes dont vous honorâtes autrefois le grand Paul , votre apôtre. » .En disant cela , il se mit lui-même dans les chaînes, pria pour l’Église, et la recommanda :à Dieu avec larmes. Puis il se livra à toute la cruauté d’une troupe de soldats inhumains, qui devaient le conduire à Rome, pour servir de pâture aux lions, et de divertissement au peuple.
La ville gréco-romaine d`Antioche – au sud de la Turquie actuelle.
Dans l’impatience où il était de répandre son sang pour Jésus-Christ, il sortit avec empressement d’Antioche, pour se rendre à Séleucie, où il devait s’embarquer. Après une longue et périlleuse navigation, il aborda à Smyrne. Dès qu’il fut descendu à terre, il alla voir saint Polycarpe, qui était évêque de cette ville, et qui avait été comme lui disciple de saint Jean. Leur entretien fut tout spirituel. Saint Ignace témoigna la joie qu’il sentait d’être enchaîné pour Jésus-Christ.
Ancienne voie romaine reliant Antioche a Chalcis
A Smyrne se trouvèrent des députés de toutes les Églises voisines, qui venaient le saluer, et qui s’empressaient d’avoir quelque part à la grâce spirituelle, dont il était rempli. Le saint évêque les supplie toua-ici particulièrement saint Polycarpe, de joindre leurs prières aux siennes, afin de lui obtenir de Dieu la grâce de mourir pour Jésus-Christ. Il écrivit de là aux Églises d'Asie des lettres pleines de l’esprit apostolique. Puis s’adressant aux députés qui étaient venus le visiter sur son passage, il les conjura de ne pas le retarder dans sa course, et de souffrir qu’il allât promptement à Jésus-Christ, en passant par les dents des bêtes qui l’attendaient pour le dévorer.
Martyr de St-Ignace d`Antioche à Rome
Comme il craignait que les Chrétiens qui étaient à Rome ne fissent obstacle au désir ardent qu’il avait de mourir pour Dieu, afin de les en détourner, il leur envoya une lettre admirable, par les Éphésiens qui devaient arriver avant lui.
14 - Apologie de saint Justin. An 150.
Tandis que les saints martyrs rendaient, par l’effusion de leur sang, un témoignage éclatant à la religion chrétienne, de saints docteurs la défendaient par de savantes apologies. La première de celles qui sont parvenues jusqu'à nous est l’apologie de saint Justin : il eut le courage de mettre son nom à la tête, et de l’adresser à l’empereur Antonin et à ses deux fils, Marc-Aurèle et Commode.
St-Justin, philosophe chrétien et martyr
Saint Justin était né dans le paganisme, et il n'avait embrassé la religion qu’à l’âge de trente ans, après un sérieux examen, et par un jugement réfléchi, fondé sur les plus solides raisons. La constance des martyrs l’avait rempli d’admiration, et avait commencé à lui ouvrir les yeux. L’étude qu’il fit ensuite des divines Écritures, et surtout des Prophètes, le convainquit de la vérité de la religion chrétienne. Dans son apologie, il supplie d’abord l'empereur de juger sur leurs actions, et non pas sur leur nom seulement, ceux qui lui seront déférés comme Chrétiens; de ne pas les condamner uniquement parce qu’ils sont Chrétiens. Or nous vous prions, dit-il, de n’écouter ni la passion, ni les faux bruits, pour rendre des jugements qui vous feraient tort à vous-même; car, pour nous, l’on ne saurait nous nuire, même en nous ravissant la liberté et la vie. Que l'on fasse une recherche exacte des crimes qu’on nous impute; s’ils sont prouvés , qu’on nous punisse; mais, si on ne nous trouve coupable d’aucun crime, la droite raison défend de maltraiter les innocents.
Empereur romain Antonin le pieux, il régna de de 138 à 161 ap J.C. Antonin doit son surnom de « Pieux » au Sénat. Il semble que sa dévotion et son respect envers son père, le sénat, les lois et les dieux romains en aient été la raison.
Comment peut-on nous traiter d’impies, nous qui adorons le Véritable Dieu, le Père éternel, auteur de toutes choses, son fils Jésus-Christ, qui a été crucifié sous Ponce-Pilate, et l’Esprit Saint qui a parlé par les prophètes? Pour montrer que ce Jésus crucifié est véritablement Dieu, il dit que Jésus Christ est la souveraine raison qui change entièrement ceux qui s’attachent à sa doctrine. Nous étions autrefois esclaves des plaisirs, et maintenant nous menons une vie pure et chaste; nous étions passionnés pour les richesses, et maintenant nous mettons nos biens en commun, pour en faire part aux autres; nous haïssions nos ennemis, et maintenant nous les aimons et nous prions pour eux.
Il rapporte ensuite quelques préceptes de la morale de Jésus-Christ, « Si vous daignez, dit-il, examiner nos principes et notre conduite, vous serez convaincus que vous n’avez point de sujets plus soumis, et plus disposés à conserver la paix et la tranquillité publique. Vos lois ni vos supplices ne retiennent pas les méchants; ils savent qu'on peut vous dérober la connaissance de bien des crimes, pour nous, nous sommes persuadés que rien n’est caché aux yeux de Dieu; qu'il doit nous juger un jour, et nous punir ou nous récompenser selon nos œuvres. Nous n’adorons que Dieu seul, mais nous vous obéissons avec joie dans tout le reste ; nous vous reconnaissons pour notre Empereur et pour maître du monde; nous ne cessons de demander à Dieu qu'avec la souveraine puissance, vous ayez aussi un esprit droit et une conduite sage.»
Puis, le saint docteur prouve la vérité de la religion par les prophéties, qui ont été recueillies et conservées selon l’ordre des temps où elles ont été écrites. Il insiste sur celles qui regardent la ruine de Jérusalem, la dispersion des Juifs; la vocation des Gentils; et après avoir montré combien l'accomplissement alors récent d'une prophétie si remarquable, est décisif en faveur de a religion chrétienne, il en conclut que les autres prophéties, et en particulier celles qui regardent le second avènement de Jésus-Christ, la résurrection et le jugement général, auront aussi leur accomplissement.
Enfin, pour répondre aux calomnies que l'on publiait sur les assemblées chrétiennes, il expose en détail tout ce qui s'y faisait ; et nous voyons avec consolation une parfaite conformité entre ce que rapporte St-Justin et ce qui se pratique parmi nous. Il finit par ces mots : « Si cette doctrine vous paraît raisonnable, faites-en l'estime qu'elle mérite; si, au contraire, elle ne vous plaît pas, ne l'embrassez point, mais ne condamnez pas pour cela seul, à la mort, des gens qui n'ont fait aucun mal. » St Justin eut dans la suite le bonheur de sceller de son sang le témoignage public qu'il avait rendu à la religion chrétienne.
On rapporte de saint Jean un trait fort touchant, et qui peint bien; l'ardeur de sa charité. Dans un de ses voyages, après avoir fait une exhortation aux fidèles d’une ville d`Asie , il aperçut dans l`assemblée uni jeune homme bien fait et d’un esprit vif : il le prit en affection et s'adressant à l’évêque, il lui- dit devant tout le peuple: « Prenez soin de ce jeune homme; je vous le recommande en présence de l’Église et de Jésus-Christ. »
Puis, il retourna à Éphèse. L’évêque instruisit le jeune homme, et le disposa à recevoir le baptême. Après lui avoir conféré ce sacrement, la confirmation et l’eucharistie, croyant pouvoir l’abandonner a sa propre conduite, il; cessa de veiller sur lui, et lui donna plus de liberté. Le jeune homme en abusa, et lia amitié avec des libertins de son âge, qui l'engagèrent à commettre avec eux toutes sortes de crimes. Le jeune homme reçut facilement ces funestes impressions, et par l`abus qu’il fit de son esprit, il alla même plus loin que ses compagnons de désordre; il devint chef de voleurs. Quelques années après, saint Jean retourna dans la même ville, et demanda a compte à l’évêque du dépôt qu`il lui avait confié. L’évêque fut d’abord surpris, croyant, qu’il lui demandait un dépôt d`argent.
Vitrail de St-Jean l`Évangéliste
C’est le jeune homme que je vous ai confié, dit l’Apôtre, c’est l’âme de notre frère. Il est mort, répondit l’évêque en baissant les yeux. Comment? reprit saint Jean, et de quelle mort? Il est mort à Dieu, ajouta l’évêque; il est devenu un méchant, un voleur, il s’est emparé d'une montagne, où il demeure avec une troupe de scélérats comme lui.
Le temple d`Artémis a Éphèse – ville Gréco-Romaine – En Turquie actuelle.
A cette nouvelle le saint Apôtre jeta un grand cri : « Que l’on me donne, dit-il , un cheval et un guide! » Il sort de l’église, et se rend au lieu où étaient les voleurs. Leurs sentinelles l’arrêtent, et le conduisent à leur capitaine, qui l’attendait en armes; mais ce jeune homme ayant reconnu saint Jean, fut saisi de honte, et s'enfuit. Alors le saint Apôtre, oubliant la faiblesse de son âge, courut après lui, et lui cria : «Mon fils, pourquoi me fuyez-vous? pourquoi fuyez-vous votre père, un vieillard sans armes? Mon fils, ayez pitié de moi, ne craignez point; il y a encore espérance pour votre salut, je répondrai pour Vous à Jésus-Christ; je donnerai volontiers ma vie pour vous , comme Jésus-Christ a donné la sienne pour nous, arrêtez, croyez-moi; c'est Jésus-Christ qui m’a envoyé vers vous.»
A ces mots le voleur s’arrêta, laissa tomber ses armes, et fondit en pleurs. Le saint vieillard l’embrassa avec tendresse, le rassura, en lui promettant d'obtenir du Sauveur le pardon de ses péchés; il le ramena à l’église ; il pria pour lui; il jeûna avec lui , il l’entretint de discours édifiants , et ne le quitta point qu’il ne l’eût rétabli dans la participation des sacrements. Saint Jean vécut jusqu’à l’âge de cent ans.
Sa vieillesse n’était point chagrine, il voulait que l’on prît des récréations innocentes, et il en donnait lui-même l’exemple. Un jour qu'il s’amusait à flatter une perdrix apprivoisée, il fut rencontré par un chasseur, qui parut étonné de voir un si grand homme s’abaisser à un tel amusement. Qu’avez-vous à la main? lui dit saint Jean. C’est un arc, répondit le chasseur. Pourquoi ne le tenez-vous pas toujours bandé? Il perdrait sa force, dit le chasseur. Eh bien, répartit le saint Apôtre, c‘est pour la même raison que je donne quelque relâche à mon esprit.
11 - Division dans l'Église de Corinthe.
Après saint Pierre, l’Église de Rome fut gouvernée par saint Lin, ensuite par saint Clet, auquel succéda saint Clément, dont il est parlé dans l`Épître des Philippiens. Ce fut de son temps qu’il arriva un grand trouble dans l’Église de Corinthe. Des laïques, animés d’un esprit de cabale, s’élevèrent contre les prêtres, et en firent injustement déposer quelques-uns. Le pape saint Clément leur écrivit à ce sujet une lettre également touchante et instructive. C’est après I ‘Écriture sainte, un des plus beaux monuments de l’antiquité ecclésiastique. Elle commence ainsi: « L’Église de Dieu qui est à Rome, a celle de Corinthe, à ceux qui sont appelés et sanctifiés par la volonté de Dieu, en Notre Seigneur Jésus-Christ; que la grâce et la paix de Dieu tout-puissant s’accroisse par Jésus-Christ sur chacun de vous. »
St-Clément – Un des premiers Pape de l`Église catholique
Après leur avoir inspiré de l’horreur pour la division qui troublait alors l’Église de Corinthe, il trace un excellent tableau de la vie chrétienne. « Qui n’estimait pas, dit-il, votre vertu et la fermeté de votre foi; qui n’admirait pas la ferveur de votre piété ! Vous marchiez suivant la loi de Dieu : vous étiez soumis à vos pasteurs, et vous honoriez vos anciens; vous donniez au jeunes gens l’exemple de l’honnêteté et de la modestie : Vous avertissiez les femmes d’agir en tout avec une conscience pure et chaste, aimant leurs maris comme elles le doivent, demeurant dans la règle de la soumission, s’appliquant à la conduite de leur maison avec une grande modestie.
L`Église de Corinthe au sud de la Grèce.
Vous étiez tous dans les sentiments d’ une humilité sincère, plus portés à obéir qu'à commander, et à donner qu’à recevoir; contents de ce que Dieu Vous accorde pour le voyage de cette vie, et vous appliquant soigneusement à écouter sa parole, vous la gardiez dans votre cœur, et vous aviez toujours sa loi devant les yeux; aussi jouissiez-vous de la paix la plus profonde; vous aviez un désir insatiable de faire du bien; remplis de bonne volonté , de zèle et d’une sainte confiance, vous étendiez les mains vers-le Tout-Puissant, le suppliant de vous pardonner les péchés de fragilité. Vous lui adressiez vos prières jour et nuit pour tous les frères, afin que le nombre des élus de Dieu fût sauvé par sa miséricorde et par la pureté de leur conscience. Vous étiez sincères et, innocents, sans malignité et sans ressentiment. Toute sédition, toute division vous faisait horreur; vous pleuriez les fautes du prochain, comme si elles eussent été les vôtres; vous faisiez toutes sortes de biens, et vous étiez prêts à toute bonne œuvre, une conduite vertueuse et digne de respect était votre ornement. »
La ville de Corinthe dans le sud de la Grèce.
Le saint pape oppose ensuite à ce tableau celui des maux que la discorde a causés : «La jalousie, la contention, le désordre règnent maintenant parmi vous. » Il rapporte plusieurs exemples de l`Ancien-Testament, pour montrer les mauvais effets de la jalousie ; il exhorte les Corinthiens à la pénitence, à la charité et à l’humilité par l’exemple des saints, par la considération des bienfaits de Dieu; et enfin par les liens sacrés qui unissent les chrétiens.
« Pourquoi y a-t-il entre vous des querelles et des divisions? N'avons-nous pas tous un même Dieu, un même Christ, un même Esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation en Jésus-Christ ? pourquoi déchirons-nous ses membres? pourquoi faisons-nous la guerre à notre propre corps? Sommes-nous assez insensés pour oublier que nous sommes les membres les uns des autres? Votre division a perverti plusieurs personnes, en a découragé d’autres, et nous a tous plongés dans l’affliction. Ôtons promptement ce scandale; jetons-nous aux pieds du Seigneur; supplions-le avec larmes de nous pardonner et de nous rétablir dans la charité fraternelle » Cette lettre produisit l‘effet que le saint pape désirait, et il eut la consolation de terminer le schisme qui déchirait cette Église.
12 - Troisième persécution sous l`empereur romain Trajan. Année 106.
La troisième persécution commença sous le pontificat de saint Évariste, qui avait succédé à saint Clément. Elle fut à la vérité moins violente que les deux premières; mais elle dura plus longtemps et elle fit un plus grand nombre de martyrs. L’empereur Trajan, dont l’histoire loue d’ailleurs la sagesse et la clémence, contribua aux cruautés que l’on exerça alors contre les Chrétiens.
L`Empereur romain Trajan
Quoi qu’il n`eut pas rendu de nouveaux édits contre eux, il voulut cependant que les lois sanguinaires déjà portées par ses prédécesseurs, fussent exécutées dans les différentes provinces de l’empire. Il nous reste un monument dans la réponse de ce fait dans la réponse de ce prince à Pline-le-Jeune, gouverneur de la Bithynie.
Pline le Jeune – Gouverneur de la province romaine de Bithynie
La Bithynie – Ancienne province romaine situé au nord de la Turquie actuelle
Pline écrivit à Trajan pour le consulter sur la conduite qu’il devait tenir à l’égard des Chrétiens; il déclare qu’il ne les trouve coupables d’aucun crime : «Toute leur erreurs dit-il, consiste en ce qu'à un jour marqué ils s’assemblent avant le lever du soleil, et chante a deux chœurs des hymnes en l’honneur du Christ qu' ils regardait comme un Dieu. Du reste, ils s`engagent par serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d'adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt. Je n'ai découvert dans leur culte qu'une mauvaise superstition, portée à l'excès, et par cette raison j'ai tout suspendu pour vous demander vos ordres. L'affaire m`a paru digne de vos réflexions, par la multitude de ceux qui sont impliqués dans cette accusation; car il y en a un très grand nombre de tout âge, de tout sexe et de tout état, ce mal contagieux n'a pas seulement infecté les villes, il a gagné les villages et les campagnes. A mon arrivée en Bithynie, les temples de nos dieux étaient abandonnés, les fêtes interrompues, et à peine se trouvait-il quelqu'un pour acheter les victimes. »
On voit par cette lettre d'un gouverneur païen, combien la religion chrétienne avait déjà fait de progrès à la fin du premier siècle, et quelle était la pureté des mœurs dont les Chrétiens faisaient profession. Ce témoignage rendu à leur innocence par un persécuteur, est bien glorieux à la religion. Trajan lui répondit qu'il ne fallait pas rechercher les Chrétiens; mais ne lorsque étant dénoncés, ils s'avouaient et se déclaraient eux-mêmes Chrétiens, on devait les punir de mort : réponse absurde, et qui a de quoi étonner de la part d'un prince d'ailleurs estimable. Si les Chrétiens sont coupables, pourquoi défendre de les rechercher ? Si au contraire ils sont innocents, pourquoi les punir dès qu'ils sont accusés? Que les lumières des hommes sont bornées, quand ils ne sont point éclairés du flambeau de la foi! que leur justice même est imparfaite et défectueuse! Ce prince fit en effet mourir plusieurs Chrétiens: un des premiers qui souffrirent alors le martyre, fut saint Siméon, proche parent de Notre Seigneur: il était évêque de Jérusalem, et âgé de cent vingt ans : il fut dénoncé comme chrétien, et comme étant de la race de David. A ce double titre, on lui fit souffrir divers tourments qu’il endura avec une constance admirable. Tous les spectateurs étaient surpris de voir tant de courage et de force dans une vieillesse si avancée. Enfin, on le condamna à être crucifié, et il eut la gloire, en donnant sa vie pour Jésus-Christ, de mourir par le même supplice que son divin-maître.
St-Siméon Évêque de Jérusalem et martyr.
13 - Trajan interroge et condamne à mort saint Ignace.
L’empereur Trajan non-seulement laissa agir les magistrats contre les Chrétiens, mais il exerça lui-même la persécution. En passant par Antioche pour aller combattre les Perses, il se fit amener saint Ignace, surnommé Théophore, évêque de cette ville; et lui adressant la parole: «Est-ce vous, dit-il, qui comme un mauvais démon, osez violer mes ordres, et qui persuadez aux autres de se perdre! » Ignace répondit : « Prince, nul autre ne vous n’appela jamais Théodore un mauvais démon.» (Il faisait allusion à a signification du mot théophore, qui en grec veut dire porte-dieu.) Bien loin que les serviteurs de Dieu soient de mauvais génies, sachez que les démons tremblent devant eux, et prennent la fuite à leur voix.» Et quel est ce Théophore ? dit l'empereur. C’est moi, répliqua Ignace, et quiconque porte comme moi Jésus Christ dans son cœur. Crois-tu donc, reprit Trajan, que nous n’ayons pas aussi dans le cœur les dieux qui combattent pour nous?
Des dieux, répartit Ignace : «vous vous trompez; ce ne sont que des démons. Il n’y a qu'un Dieu, qui a fait le ciel et la terre, et il n’y a qu’un Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, au royaume duquel j’aspire.» Parles-tu, ajouta Trajan, de ce Jésus que Pilate fit Attacher à une croix? Dites plutôt , répliqua le saint évêque, que ce Jésus attacha à cette croix le péché et son auteur, et qu’il donna dès-lors à ceux qui le portent dans leur sein, le pouvoir de terrasser l’enfer et sa puissance. Tu portes donc le Christ au milieu de toi? dit l’empereur. Oui, sans doute répondit, Ignace; car il est écrit: «J’habiterai en eux, et j’accompagnerai tous leurs pas. »
St-Ignace –Évêque de la ville gréco-romaine d`Antioche.
Déplacement de l`empereur Trajan et des Légions romaines à partir d`Antioche vers les royaumes des Parthes dans les opérations militaires romaines de l`année 115 et 116 ap J.C.
Trajan, fatigué par les réparties vives et pressantes de saint Ignace, prononça contre lui cette sentence : « Nous ordonnons qu’Ignace, qui se glorifie de porter en lui le crucifié , soit mis aux fers, et conduit sous bonne garde à Rome pour y être exposé aux bêtes, et y servir de spectacle au peuple» St-Ignace, entendant cet arrêt, s’écria dans un transport de joie : « Je vous rends grâces, Seigneur, de ce que vous m’avez donné un parfait amour pour vous, et de ce que vous m’honorez des mêmes chaînes dont vous honorâtes autrefois le grand Paul , votre apôtre. » .En disant cela , il se mit lui-même dans les chaînes, pria pour l’Église, et la recommanda :à Dieu avec larmes. Puis il se livra à toute la cruauté d’une troupe de soldats inhumains, qui devaient le conduire à Rome, pour servir de pâture aux lions, et de divertissement au peuple.
La ville gréco-romaine d`Antioche – au sud de la Turquie actuelle.
Dans l’impatience où il était de répandre son sang pour Jésus-Christ, il sortit avec empressement d’Antioche, pour se rendre à Séleucie, où il devait s’embarquer. Après une longue et périlleuse navigation, il aborda à Smyrne. Dès qu’il fut descendu à terre, il alla voir saint Polycarpe, qui était évêque de cette ville, et qui avait été comme lui disciple de saint Jean. Leur entretien fut tout spirituel. Saint Ignace témoigna la joie qu’il sentait d’être enchaîné pour Jésus-Christ.
Ancienne voie romaine reliant Antioche a Chalcis
A Smyrne se trouvèrent des députés de toutes les Églises voisines, qui venaient le saluer, et qui s’empressaient d’avoir quelque part à la grâce spirituelle, dont il était rempli. Le saint évêque les supplie toua-ici particulièrement saint Polycarpe, de joindre leurs prières aux siennes, afin de lui obtenir de Dieu la grâce de mourir pour Jésus-Christ. Il écrivit de là aux Églises d'Asie des lettres pleines de l’esprit apostolique. Puis s’adressant aux députés qui étaient venus le visiter sur son passage, il les conjura de ne pas le retarder dans sa course, et de souffrir qu’il allât promptement à Jésus-Christ, en passant par les dents des bêtes qui l’attendaient pour le dévorer.
Martyr de St-Ignace d`Antioche à Rome
Comme il craignait que les Chrétiens qui étaient à Rome ne fissent obstacle au désir ardent qu’il avait de mourir pour Dieu, afin de les en détourner, il leur envoya une lettre admirable, par les Éphésiens qui devaient arriver avant lui.
14 - Apologie de saint Justin. An 150.
Tandis que les saints martyrs rendaient, par l’effusion de leur sang, un témoignage éclatant à la religion chrétienne, de saints docteurs la défendaient par de savantes apologies. La première de celles qui sont parvenues jusqu'à nous est l’apologie de saint Justin : il eut le courage de mettre son nom à la tête, et de l’adresser à l’empereur Antonin et à ses deux fils, Marc-Aurèle et Commode.
St-Justin, philosophe chrétien et martyr
Saint Justin était né dans le paganisme, et il n'avait embrassé la religion qu’à l’âge de trente ans, après un sérieux examen, et par un jugement réfléchi, fondé sur les plus solides raisons. La constance des martyrs l’avait rempli d’admiration, et avait commencé à lui ouvrir les yeux. L’étude qu’il fit ensuite des divines Écritures, et surtout des Prophètes, le convainquit de la vérité de la religion chrétienne. Dans son apologie, il supplie d’abord l'empereur de juger sur leurs actions, et non pas sur leur nom seulement, ceux qui lui seront déférés comme Chrétiens; de ne pas les condamner uniquement parce qu’ils sont Chrétiens. Or nous vous prions, dit-il, de n’écouter ni la passion, ni les faux bruits, pour rendre des jugements qui vous feraient tort à vous-même; car, pour nous, l’on ne saurait nous nuire, même en nous ravissant la liberté et la vie. Que l'on fasse une recherche exacte des crimes qu’on nous impute; s’ils sont prouvés , qu’on nous punisse; mais, si on ne nous trouve coupable d’aucun crime, la droite raison défend de maltraiter les innocents.
Empereur romain Antonin le pieux, il régna de de 138 à 161 ap J.C. Antonin doit son surnom de « Pieux » au Sénat. Il semble que sa dévotion et son respect envers son père, le sénat, les lois et les dieux romains en aient été la raison.
Comment peut-on nous traiter d’impies, nous qui adorons le Véritable Dieu, le Père éternel, auteur de toutes choses, son fils Jésus-Christ, qui a été crucifié sous Ponce-Pilate, et l’Esprit Saint qui a parlé par les prophètes? Pour montrer que ce Jésus crucifié est véritablement Dieu, il dit que Jésus Christ est la souveraine raison qui change entièrement ceux qui s’attachent à sa doctrine. Nous étions autrefois esclaves des plaisirs, et maintenant nous menons une vie pure et chaste; nous étions passionnés pour les richesses, et maintenant nous mettons nos biens en commun, pour en faire part aux autres; nous haïssions nos ennemis, et maintenant nous les aimons et nous prions pour eux.
Il rapporte ensuite quelques préceptes de la morale de Jésus-Christ, « Si vous daignez, dit-il, examiner nos principes et notre conduite, vous serez convaincus que vous n’avez point de sujets plus soumis, et plus disposés à conserver la paix et la tranquillité publique. Vos lois ni vos supplices ne retiennent pas les méchants; ils savent qu'on peut vous dérober la connaissance de bien des crimes, pour nous, nous sommes persuadés que rien n’est caché aux yeux de Dieu; qu'il doit nous juger un jour, et nous punir ou nous récompenser selon nos œuvres. Nous n’adorons que Dieu seul, mais nous vous obéissons avec joie dans tout le reste ; nous vous reconnaissons pour notre Empereur et pour maître du monde; nous ne cessons de demander à Dieu qu'avec la souveraine puissance, vous ayez aussi un esprit droit et une conduite sage.»
Puis, le saint docteur prouve la vérité de la religion par les prophéties, qui ont été recueillies et conservées selon l’ordre des temps où elles ont été écrites. Il insiste sur celles qui regardent la ruine de Jérusalem, la dispersion des Juifs; la vocation des Gentils; et après avoir montré combien l'accomplissement alors récent d'une prophétie si remarquable, est décisif en faveur de a religion chrétienne, il en conclut que les autres prophéties, et en particulier celles qui regardent le second avènement de Jésus-Christ, la résurrection et le jugement général, auront aussi leur accomplissement.
Enfin, pour répondre aux calomnies que l'on publiait sur les assemblées chrétiennes, il expose en détail tout ce qui s'y faisait ; et nous voyons avec consolation une parfaite conformité entre ce que rapporte St-Justin et ce qui se pratique parmi nous. Il finit par ces mots : « Si cette doctrine vous paraît raisonnable, faites-en l'estime qu'elle mérite; si, au contraire, elle ne vous plaît pas, ne l'embrassez point, mais ne condamnez pas pour cela seul, à la mort, des gens qui n'ont fait aucun mal. » St Justin eut dans la suite le bonheur de sceller de son sang le témoignage public qu'il avait rendu à la religion chrétienne.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
15 - Quatrième persécution, sous Marc-Aurèle. Année 166.
Alors L’Église encore naissante était répandue par toute la terre; elle remplissait non-seulement l`Orient, où elle avait commencé, c'est-à-dire, la Palestine, la Syrie, I ‘Égypte, l'Asie mineure et la Grèce, mais encore dans l'occident, outre l'Italie, les diverses nations des Gaules, toutes les provinces d'Espagne, l'Afrique , la Germanie , la Grande-Bretagne. Elle s'étendait dans les endroits impénétrables aux armes romaines, et encore hors de l'Empire , dans l'Arménie, la Perse, les Indes; chez les peuples les plus barbares, les Sarmates, les Daces, les Scythes, les Maures, les Gétules et jusqu'aux îles les plus inconnues; tout était plein de Chrétiens. Le sang de ses Martyrs la rendait féconde.
L’empereur romain Marc-Aurèle, malheureusement prévenu des calomnies dont on chargeait le christianisme, se montra cruel à l’égard de ceux qui le professaient. Il paraît que la persécution fut très violente, par le grand nombre de ceux qui souffrirent alors le martyre. Elle commença en Asie, et les premières violences s’exercèrent à Smyrne.
L`Empereur romain Marc-Aurèle – Il règne de 161 à 180 ap J.C.
On y amena plusieurs Chrétiens du voisinage, pour les tourmenter. Ils furent conduits au tribunal du gouverneur de l’Asie, qui résidait dans cette ville. Après qu’ils eurent confessé généreusement Jésus-Christ, on leur fit endurer toutes sortes de tortures, dont le détail est rapporté dans la belle lettre que les fidèles de Smyrne, témoins de leur martyre, écrivirent aux autres Églises, à cette occasion. « Ces saints martyrs, est-il dit dans cette lettre, ont été tellement déchirés à coups de fouet, qu’on leur voyait les veines, les artères et même les entrailles. Au milieu de ce cruel tourment, ils demeuraient fermes et inébranlables; et tandis que les spectateurs étaient attendris jusqu'aux larmes, ces généreux soldats de Jésus-Christ ne jetaient pas le moindre cri , ni le moindre soupir. Ils voyaient sans pâlir leur sang, couler par mille ouvertures: ils regardaient d'un œil tranquille leurs entrailles palpitantes. Ils se présentaient au supplice avec un air gai ; ils souffraient en silence, et leur bouche, fermée à la plainte, ne s'ouvrait que pour bénir le Seigneur.
Smyrne- ville gréco-romaine et capitale régionale – De nos jour, les ruines de cette ville sont près d’Izmir en Turquie.
C'est qu’ils n’étaient plus alors dans leurs corps, ou plutôt c’est qu’ils ‘étaient attentifs à la voix de Jésus-Christ qui était en eux, et qui parlait à leur cœur, la joie de sa présence leur faisait mépriser tous les tourments; ils se trouvaient heureux d’éviter des supplices éternels par une douleur de quelques moments, et le feu qu’ils enduraient leur paraissait un rafraîchissement, en comparaison de ces feux qui ne s’éteindront jamais : c’est qu’ils avaient les yeux du cœur attachés sur les biens ineffables que Dieu réserve à ceux qui persévèrent; biens que l’œil n’a point vus, que l’oreille n'a point entendus, que le cœur humain n’a jamais compris, mais que Dieu leur découvrait, parce qu’ils n'étaient plus des hommes, mais des Anges. Ceux qui ont été condamnés aux bêtes, ont souffert les incommodités d'une longue prison, en attendant le jour destiné à leur couronne. On les étendait nus et sanglants sur des écailles et des pierres pointues : on s’efforçait par mille autres sortes de tortures d’abattre leur courage, et de les faire renoncer à Jésus-Christ; car il n'y a rien que l’Enfer n'ait inventé contre eux; mais par la grâce de Dieu il n’a pu les vaincre.
Ruine de l`agora gréco-romaine de Smyrne ( De nos jour à Izmir en Turquie)
Un jeune homme, nommé Germanique, fortifiait les autres par son exemple. Avant qu’on l’exposât aux bêtes, le pro consul, par un sentiment d’humanité, l’exhortait
à avoir pitié de lui-même; mais le saint martyr lui répondit avec fermeté qu’il aimerait mieux perdre la vie mille fois, que de la conserver au prix de son innocence. Puis s’avançant hardiment vers un lion qui venait à lui, et cherchant la mort dans les griffes et les dents meurtrières de cet animal, il se hâta d’y laisser la dépouille sanglante de son corps, et de sortir d’un monde où l’on ne respirait que l’impiété et le crime. Cette action héroïque donna du dépit au peuple, et l'on entendit mille voix confuses qui faisaient retentir l’amphithéâtre de ces paroles : « Qu’on punisse les impies, qu'on amène l’évêque Polycarpe.»
16 - Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, est arrêté et amené au proconsul.
On cherchait partout St Polycarpe pour le faire mourir, et les perquisitions devinrent plus rigoureuses depuis que ce peuple irrité de la constance des Martyrs eut demandé à grands cris qu’on le livrât à sa fureur. Le saint évêque n‘en fut point troublé ; il voulait demeurer dans la ville ; mais il céda aux prières des Fidèles, et il se retira dans une maison qui n’en était pas éloignée. Quelques jours après, comme on continuait de le chercher, il passa dans une autre maison de la campagne. Il venait d’en sortir, lorsque ceux qui le cherchaient: y entrèrent.
St-Polycarpe évêque de l`Église de Smyrne vers 166 ap J.C.
Ne l’ayant pas trouvé, ils prirent deux jeunes hommes, dont l`un cédant aux tourments, découvrit la nouvelle retraite du saint évêque. Les archers, qui étaient armés comme pour prendre un voleur, arrivèrent un vendredi, au commencement de la nuit. St Polycarpe était alors couché dans une chambre haute. Il aurait pu se sauver, mais il ne le voulut pas, et il dit : «La volonté de Dieu soit faite. » Il descendit donc, et vint parler aux archers, qui, voyant son grand âge et sa fermeté, ne purent s’empêcher de dire : Fallait-il se presser tant pour prendre ce bon vieillard? Ils étaient fâchés d’avoir été chargés d’une commission si odieuse; mais ils auraient été encore plus fâchés de manquer l’occasion d’une fortune que ces sortes d’expéditions assuraient ordinairement. St Polycarpe leur fit donner un grand souper, et ayant obtenu quelque temps pour faire sa prière, il se tint debout pendant deux heures, et pria pour toute l’Église, les yeux élevés au Ciel, il le fit avec tant de ferveur, que tous les assistants, même ses ennemis, en étaient pleins d'admiration.
Quand il fut temps de partir, on le mit sur un âne pour aller à la ville. A son arrivée, il fut aussitôt conduit à l’amphithéâtre, où le peuple était assemblé. On le présenta au proconsul, qui l'exhorta à obéir aux ordres de l'Empereur, afin de sauver sa vie. «Épargnez votre vieillesse, lui dit ce magistrat; croyez-vous pouvoir soutenir des tourments dont la vue seule fait trembler la jeunesse la plus hardie? » Mais le saint évêque se montra aussi peu sensible à ses menaces, qu'à la fausse pitié qu'il lui témoignait. Le proconsul le pressait en disant : Maudis le Christ, et je te laisserai aller.
Polycarpe répondit: « Il y a quatre-vingt-dix ans que je le sers, et il ne m’a jamais fait de mal; comment pourrais-je blasphémer contre mon Roi, qui m’a sauvé?» Le proconsul continua et dit : « Jure par la fortune des Césars.» Vous vous donnez une peine inutile, répondit le saint évêque, comme si vous ignorez qui je suis; je vous le déclare donc hautement : je suis Chrétien. Si vous voulez savoir quelle est la doctrine des Chrétiens, je vous la ferai connaître. Le proconsul le menaça de l’exposer aux bêtes. « Il m'est avantageux, dit le saint évêque, d'arriver par les souffrances à la parfaite justice.» Puisque vous ne craignez point les bêtes, ajouta le proconsul, je vous ferai brûler vif.
Smyrne : une des sept églises militantes d`Asie mentionné dans l`Apocalypse 2,8 - Villes gréco-romaines situé de nos jours en Turquie
Le saint évêque répondit : « Vous me menacez d'un feu qui s'éteint en un moment, parce que vous ne connaissez pas le feu éternel, qui est réservé aux impies; mais que tardez-vous‘? faites de moi ce qu`il vous plaira. En parlant ainsi, il paraissait plein de confiance et de joie; la grâce répandue sur son visage étonnait le proconsul. Alors le peuple furieux s'écria : « Qu’on le livre aux bêtes; c'est le père des Chrétiens, c’est l'ennemi de nos dieux.» «Mais comme le temps des jeux publics était fini, le proconsul condamne le saint évêque à être brûlé vif.
Martyre de l`Évêque St-Polycarpe a Smyrne
17 – La Légion Fulminante. Année 174.
L`Empereur Marc-Aurèle fit cesser cette persécution, à l’occasion d’une faveur signalée qu`il reçut du Ciel, par l’entremise des soldats chrétiens qui servaient dans son armée; car les camps, ainsi que les villes et les campagnes, étaient déjà remplis de Chrétiens. Dieu se servait des soldats romains, comme de missionnaires, pour porter la religion dans les pays les plus éloignés, où ils étaient envoyés pour le service de l’état, et il faisait de temps en temps des miracles en leur faveur. Celui qu’il accorda aux prières de la Légion Fulminante eut un grand éclat. L’empereur faisait la guerre aux Sarmates et à d’autres peuples de la Germanie; l’armée romaine se trouva engagée dans les montagnes arides de la Bohème, et enveloppée par les peuples barbares, qui étaient supérieurs en nombre.
Campagne militaire romaine de l`empereur Marc-Aurèle en Pannonie contre la tribu germanique des Quades dans les montagne de la Slovaquie actuelle
C’était au fort de l’été, durant une chaleur excessive, et il n’y avait point d’eau en cet endroit. Les Romains couraient risque de périr par la soif. Dans cette extrémité, ceux qui étaient Chrétiens se mirent à genoux, et adressèrent à Dieu leur fervente prières, à la vue de l'ennemi, qui s'en moquait; mais tout-à-coup le ciel se couvrit de nuages, et une pluie abondante tomba du côté des Romains.
Les tribus germaniques
D'abord ils levaient la tête, et recevaient l’eau dans la bouche, tant la soif les pressait; ensuite ils emplirent leurs casques, et burent abondamment eux et leurs chevaux. Les Barbares crurent ce moment favorable pour les attaquer; et pendant qu’ils les voyaient occupés à satisfaire une soif ardente, ils se préparaient à fondre sur eux. Mais le Ciel s’armant pour les Romains, fit tomber sur leurs ennemis une grêle épouvantable, mêlée de foudres, qui écrasait leurs bataillons, tandis que les troupes de Marc-Aurèle étaient
arrosées d’une pluie douce et bienfaisante. Ce prodige rendit es Romains vainqueurs. Les Barbares jetèrent leurs armes, et vinrent chercher un asile au milieu de leurs ennemis, pour se mettre à l’abri des foudres qui désolaient leur camp.
La Légion fulminante – un détachement de la 12 eme Légion romaine fut envoyé pour participer au campagne de Marc-Aurèle en Moravie. Cette Légion qui comprenait de nombreux chrétiens était basée a Mélitène en Cappadoce, une province romaine a l`est de la Turquie actuelle ou il y avait de nombreux chrétiens.
Tout le monde regarda cet événement comme miraculeux. Les troupes chrétiennes qui avaient obtenu cette faveur du Ciel, furent nommées la Légion fulminante, ou incorporées à celle qui portait déjà ce nom. L’empereur écrivit lui-même au sénat à ce sujet. L’historien Eusèbe rapporte que Marc-Aurèle disait dans cette lettre, que son armée, près de périr, avait été sauvée par les prières des Chrétiens. Prenant à leur égard des dispositions plus favorables, l’empereur ordonna de les traiter avec moins de rigueur, et défendit de les rechercher à cause de leur religion. Pour perpétuer le souvenir de ce prodige, on éleva à Rome un monument durable, et l’on y voit encore aujourd’hui la représentation de cet événement sur les bas-reliefs de la colonne Antonienne, érigée en ce temps-là. Les Romains y paraissent les armes-à la main contre les Barbares, que l’on voit étendus par terre avec leurs chevaux, et sur eux tombe une pluie mêlée d’éclairs et de foudres, qui semblent les terrasser. A cette occasion, l’armée donna à Marc-Aurèle le titre d’Impérator pour la septième fois. Quoiqu’il n'eût pas coutume de le recevoir avant que le sénat l’eût ordonné, il l’accepta alors comme venant du Ciel.
Miracle de la Légion fulminante sur la colonne Antonienne
Village de Germanie
18 - Persécution dans les Gaules. Année 177.
Trois ans après le miracle de la Légion fulminante, la persécution se ralluma sous le nom et l’autorité de Marc-Aurèle; soit qu’on lui eût persuadé dans la suite qu’il était redevable de ce prodige à ses dieux; soit par la fureur aveugle des peuples, ou par la haine des officiers romains, qui faisaient revivre, quand ils voulaient, les anciens édits.
Cette nouvelle tempête éclata surtout à Lyon. On croit que la foi y avait été portée par les disciples des Apôtres, et que St Trophyme, premier évêque d’Arles, y avait été envoyé par St Pierre. De là, le don de la foi se communiqua aux provinces voisines. Les progrès rapides de l’Évangile dans cette contrée excitèrent la rage des Idolâtres. On commença par rendre les Chrétiens odieux, en leur imputant les plus grands crimes; on leur interdit l’entrée des marchés et des édifices publics. Ces vexations étaient accompagnées de toutes sortes d’outrages; on les insultait partout où ils paraissaient ; ou les frappait, on leur jetait des pierres; enfin on les traduisit devant les magistrats.
La Gaule romaine - division administrative.
Le détail de cette persécution se trouve dans une lettre intéressante que les fidèles de Lyon écrivirent à ceux d’Asie. Ceux d’entre nous, disent-ils, qui furent interrogés sur la Religion, la confessèrent avec courage et on les resserra étroitement jusqu’à l’arrivée du président, que l’on attendait. Quelques jours après, le président, étant venu à Lyon, les fit amener à son tribunal, et ce juge passionné les traita avec tant de dureté, qu'un jeune homme nommé Epagathe, qui se trouva présent, ne put s'empêcher de témoigner son indignation. Il était Chrétien, et brûlait d'un ardent amour pour Dieu, et d'une charité toute simple pour le prochain. Ses mœurs étaient pures, et sa vie austère, quoiqu'il fût encore dans l'âge des passions. Il marchait dans la voie du Seigneur, et accomplissait ses préceptes, toujours prêt à servir Dieu, l'Église et le prochain, toujours animé du zèle de la gloire de son Maître, toujours rempli de ferveur pour le salut de ses frères.
Lugdunum ville gallo-romaine au premier siècle (Lyon en France).
Il demanda donc qu'il lui fût permis de dire un mot pour défendre l'innocence des Chrétiens, s'offrant de montrer que l'accusation d'impiété et d'irréligion dont on les chargeait, n'était qu'une ure calomnie; mais’ il s'éleva à l'instant contre lui mille voix autour du tribunal. Le juge de son côté, piqué de la demande qu'il avait faite, de parler en faveur des accusés, lui demanda s'il était Chrétien. Epagathe le confessa à haute voix; et à l'heure même il fut mis au rang des Martyrs. Le juge lui donna par raillerie le nom glorieux d'Avocat des Chrétiens, faisant, sans y penser, son éloge d'un seul mot.
Son exemple anima les autres Chrétiens, qui se déclarèrent hautement pour tels, et qui firent, avec une joie qui éclatait sur leur visage et dans le son de leur voix, la confession publique des Martyrs. Cependant on avait donné ordre de se saisir du bienheureux Pothin, évêque de Lyon , qui, dans un corps cassé de vieillesse, faisait paraître les sentiments d'une âme jeune et vigoureuse, il était porté par des soldats, qui le mirent au pied du tribunal. Le peuple le suivit en le chargeant d’opprobres. Le saint vieillard rendit alors un illustre témoignage à la divinité de son Maître; car le président lui ayant demandé quel était le Dieu des Chrétiens; et Vous le connaîtrez, lui répondit le saint évêque, si vous en êtes digne.
St-Pothin, Évêque de Lyon, avait été envoyé dans les Gaules par St-Polycarpe évêque de Smyrne (Turquie actuelle). Il avait 90 ans et était faible et infirme. Il avait fait de nombreuses conversions en Gaule. Il mourut en prison après avoir été sévèrement battus par les païens.
Aussitôt il fut arraché de ce lieu, traîné avec violence, et accablé de coups, ceux qui étaient près du saint vieillard le frappaient des pieds et des mains; ceux qui en étaient plus éloignés lui jetaient tout ce qu’ils pouvaient rencontrer, sans respect pour son âge. Tous auraient cru commettre une grande impiété, s’ils eussent manqué à insulter l'ennemi de leurs dieux. On le tira à demi-mort des mains de ces furieux, et on le jeta dans une prison, où il expira deux jours après.
L`Agora romaine de Lyon
St-Blandine, martyre dans les persécutions de Lugdunum
Alors L’Église encore naissante était répandue par toute la terre; elle remplissait non-seulement l`Orient, où elle avait commencé, c'est-à-dire, la Palestine, la Syrie, I ‘Égypte, l'Asie mineure et la Grèce, mais encore dans l'occident, outre l'Italie, les diverses nations des Gaules, toutes les provinces d'Espagne, l'Afrique , la Germanie , la Grande-Bretagne. Elle s'étendait dans les endroits impénétrables aux armes romaines, et encore hors de l'Empire , dans l'Arménie, la Perse, les Indes; chez les peuples les plus barbares, les Sarmates, les Daces, les Scythes, les Maures, les Gétules et jusqu'aux îles les plus inconnues; tout était plein de Chrétiens. Le sang de ses Martyrs la rendait féconde.
L’empereur romain Marc-Aurèle, malheureusement prévenu des calomnies dont on chargeait le christianisme, se montra cruel à l’égard de ceux qui le professaient. Il paraît que la persécution fut très violente, par le grand nombre de ceux qui souffrirent alors le martyre. Elle commença en Asie, et les premières violences s’exercèrent à Smyrne.
L`Empereur romain Marc-Aurèle – Il règne de 161 à 180 ap J.C.
On y amena plusieurs Chrétiens du voisinage, pour les tourmenter. Ils furent conduits au tribunal du gouverneur de l’Asie, qui résidait dans cette ville. Après qu’ils eurent confessé généreusement Jésus-Christ, on leur fit endurer toutes sortes de tortures, dont le détail est rapporté dans la belle lettre que les fidèles de Smyrne, témoins de leur martyre, écrivirent aux autres Églises, à cette occasion. « Ces saints martyrs, est-il dit dans cette lettre, ont été tellement déchirés à coups de fouet, qu’on leur voyait les veines, les artères et même les entrailles. Au milieu de ce cruel tourment, ils demeuraient fermes et inébranlables; et tandis que les spectateurs étaient attendris jusqu'aux larmes, ces généreux soldats de Jésus-Christ ne jetaient pas le moindre cri , ni le moindre soupir. Ils voyaient sans pâlir leur sang, couler par mille ouvertures: ils regardaient d'un œil tranquille leurs entrailles palpitantes. Ils se présentaient au supplice avec un air gai ; ils souffraient en silence, et leur bouche, fermée à la plainte, ne s'ouvrait que pour bénir le Seigneur.
Smyrne- ville gréco-romaine et capitale régionale – De nos jour, les ruines de cette ville sont près d’Izmir en Turquie.
C'est qu’ils n’étaient plus alors dans leurs corps, ou plutôt c’est qu’ils ‘étaient attentifs à la voix de Jésus-Christ qui était en eux, et qui parlait à leur cœur, la joie de sa présence leur faisait mépriser tous les tourments; ils se trouvaient heureux d’éviter des supplices éternels par une douleur de quelques moments, et le feu qu’ils enduraient leur paraissait un rafraîchissement, en comparaison de ces feux qui ne s’éteindront jamais : c’est qu’ils avaient les yeux du cœur attachés sur les biens ineffables que Dieu réserve à ceux qui persévèrent; biens que l’œil n’a point vus, que l’oreille n'a point entendus, que le cœur humain n’a jamais compris, mais que Dieu leur découvrait, parce qu’ils n'étaient plus des hommes, mais des Anges. Ceux qui ont été condamnés aux bêtes, ont souffert les incommodités d'une longue prison, en attendant le jour destiné à leur couronne. On les étendait nus et sanglants sur des écailles et des pierres pointues : on s’efforçait par mille autres sortes de tortures d’abattre leur courage, et de les faire renoncer à Jésus-Christ; car il n'y a rien que l’Enfer n'ait inventé contre eux; mais par la grâce de Dieu il n’a pu les vaincre.
Ruine de l`agora gréco-romaine de Smyrne ( De nos jour à Izmir en Turquie)
Un jeune homme, nommé Germanique, fortifiait les autres par son exemple. Avant qu’on l’exposât aux bêtes, le pro consul, par un sentiment d’humanité, l’exhortait
à avoir pitié de lui-même; mais le saint martyr lui répondit avec fermeté qu’il aimerait mieux perdre la vie mille fois, que de la conserver au prix de son innocence. Puis s’avançant hardiment vers un lion qui venait à lui, et cherchant la mort dans les griffes et les dents meurtrières de cet animal, il se hâta d’y laisser la dépouille sanglante de son corps, et de sortir d’un monde où l’on ne respirait que l’impiété et le crime. Cette action héroïque donna du dépit au peuple, et l'on entendit mille voix confuses qui faisaient retentir l’amphithéâtre de ces paroles : « Qu’on punisse les impies, qu'on amène l’évêque Polycarpe.»
16 - Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, est arrêté et amené au proconsul.
On cherchait partout St Polycarpe pour le faire mourir, et les perquisitions devinrent plus rigoureuses depuis que ce peuple irrité de la constance des Martyrs eut demandé à grands cris qu’on le livrât à sa fureur. Le saint évêque n‘en fut point troublé ; il voulait demeurer dans la ville ; mais il céda aux prières des Fidèles, et il se retira dans une maison qui n’en était pas éloignée. Quelques jours après, comme on continuait de le chercher, il passa dans une autre maison de la campagne. Il venait d’en sortir, lorsque ceux qui le cherchaient: y entrèrent.
St-Polycarpe évêque de l`Église de Smyrne vers 166 ap J.C.
Ne l’ayant pas trouvé, ils prirent deux jeunes hommes, dont l`un cédant aux tourments, découvrit la nouvelle retraite du saint évêque. Les archers, qui étaient armés comme pour prendre un voleur, arrivèrent un vendredi, au commencement de la nuit. St Polycarpe était alors couché dans une chambre haute. Il aurait pu se sauver, mais il ne le voulut pas, et il dit : «La volonté de Dieu soit faite. » Il descendit donc, et vint parler aux archers, qui, voyant son grand âge et sa fermeté, ne purent s’empêcher de dire : Fallait-il se presser tant pour prendre ce bon vieillard? Ils étaient fâchés d’avoir été chargés d’une commission si odieuse; mais ils auraient été encore plus fâchés de manquer l’occasion d’une fortune que ces sortes d’expéditions assuraient ordinairement. St Polycarpe leur fit donner un grand souper, et ayant obtenu quelque temps pour faire sa prière, il se tint debout pendant deux heures, et pria pour toute l’Église, les yeux élevés au Ciel, il le fit avec tant de ferveur, que tous les assistants, même ses ennemis, en étaient pleins d'admiration.
Quand il fut temps de partir, on le mit sur un âne pour aller à la ville. A son arrivée, il fut aussitôt conduit à l’amphithéâtre, où le peuple était assemblé. On le présenta au proconsul, qui l'exhorta à obéir aux ordres de l'Empereur, afin de sauver sa vie. «Épargnez votre vieillesse, lui dit ce magistrat; croyez-vous pouvoir soutenir des tourments dont la vue seule fait trembler la jeunesse la plus hardie? » Mais le saint évêque se montra aussi peu sensible à ses menaces, qu'à la fausse pitié qu'il lui témoignait. Le proconsul le pressait en disant : Maudis le Christ, et je te laisserai aller.
Polycarpe répondit: « Il y a quatre-vingt-dix ans que je le sers, et il ne m’a jamais fait de mal; comment pourrais-je blasphémer contre mon Roi, qui m’a sauvé?» Le proconsul continua et dit : « Jure par la fortune des Césars.» Vous vous donnez une peine inutile, répondit le saint évêque, comme si vous ignorez qui je suis; je vous le déclare donc hautement : je suis Chrétien. Si vous voulez savoir quelle est la doctrine des Chrétiens, je vous la ferai connaître. Le proconsul le menaça de l’exposer aux bêtes. « Il m'est avantageux, dit le saint évêque, d'arriver par les souffrances à la parfaite justice.» Puisque vous ne craignez point les bêtes, ajouta le proconsul, je vous ferai brûler vif.
Smyrne : une des sept églises militantes d`Asie mentionné dans l`Apocalypse 2,8 - Villes gréco-romaines situé de nos jours en Turquie
Le saint évêque répondit : « Vous me menacez d'un feu qui s'éteint en un moment, parce que vous ne connaissez pas le feu éternel, qui est réservé aux impies; mais que tardez-vous‘? faites de moi ce qu`il vous plaira. En parlant ainsi, il paraissait plein de confiance et de joie; la grâce répandue sur son visage étonnait le proconsul. Alors le peuple furieux s'écria : « Qu’on le livre aux bêtes; c'est le père des Chrétiens, c’est l'ennemi de nos dieux.» «Mais comme le temps des jeux publics était fini, le proconsul condamne le saint évêque à être brûlé vif.
Martyre de l`Évêque St-Polycarpe a Smyrne
17 – La Légion Fulminante. Année 174.
L`Empereur Marc-Aurèle fit cesser cette persécution, à l’occasion d’une faveur signalée qu`il reçut du Ciel, par l’entremise des soldats chrétiens qui servaient dans son armée; car les camps, ainsi que les villes et les campagnes, étaient déjà remplis de Chrétiens. Dieu se servait des soldats romains, comme de missionnaires, pour porter la religion dans les pays les plus éloignés, où ils étaient envoyés pour le service de l’état, et il faisait de temps en temps des miracles en leur faveur. Celui qu’il accorda aux prières de la Légion Fulminante eut un grand éclat. L’empereur faisait la guerre aux Sarmates et à d’autres peuples de la Germanie; l’armée romaine se trouva engagée dans les montagnes arides de la Bohème, et enveloppée par les peuples barbares, qui étaient supérieurs en nombre.
Campagne militaire romaine de l`empereur Marc-Aurèle en Pannonie contre la tribu germanique des Quades dans les montagne de la Slovaquie actuelle
C’était au fort de l’été, durant une chaleur excessive, et il n’y avait point d’eau en cet endroit. Les Romains couraient risque de périr par la soif. Dans cette extrémité, ceux qui étaient Chrétiens se mirent à genoux, et adressèrent à Dieu leur fervente prières, à la vue de l'ennemi, qui s'en moquait; mais tout-à-coup le ciel se couvrit de nuages, et une pluie abondante tomba du côté des Romains.
Les tribus germaniques
D'abord ils levaient la tête, et recevaient l’eau dans la bouche, tant la soif les pressait; ensuite ils emplirent leurs casques, et burent abondamment eux et leurs chevaux. Les Barbares crurent ce moment favorable pour les attaquer; et pendant qu’ils les voyaient occupés à satisfaire une soif ardente, ils se préparaient à fondre sur eux. Mais le Ciel s’armant pour les Romains, fit tomber sur leurs ennemis une grêle épouvantable, mêlée de foudres, qui écrasait leurs bataillons, tandis que les troupes de Marc-Aurèle étaient
arrosées d’une pluie douce et bienfaisante. Ce prodige rendit es Romains vainqueurs. Les Barbares jetèrent leurs armes, et vinrent chercher un asile au milieu de leurs ennemis, pour se mettre à l’abri des foudres qui désolaient leur camp.
La Légion fulminante – un détachement de la 12 eme Légion romaine fut envoyé pour participer au campagne de Marc-Aurèle en Moravie. Cette Légion qui comprenait de nombreux chrétiens était basée a Mélitène en Cappadoce, une province romaine a l`est de la Turquie actuelle ou il y avait de nombreux chrétiens.
Tout le monde regarda cet événement comme miraculeux. Les troupes chrétiennes qui avaient obtenu cette faveur du Ciel, furent nommées la Légion fulminante, ou incorporées à celle qui portait déjà ce nom. L’empereur écrivit lui-même au sénat à ce sujet. L’historien Eusèbe rapporte que Marc-Aurèle disait dans cette lettre, que son armée, près de périr, avait été sauvée par les prières des Chrétiens. Prenant à leur égard des dispositions plus favorables, l’empereur ordonna de les traiter avec moins de rigueur, et défendit de les rechercher à cause de leur religion. Pour perpétuer le souvenir de ce prodige, on éleva à Rome un monument durable, et l’on y voit encore aujourd’hui la représentation de cet événement sur les bas-reliefs de la colonne Antonienne, érigée en ce temps-là. Les Romains y paraissent les armes-à la main contre les Barbares, que l’on voit étendus par terre avec leurs chevaux, et sur eux tombe une pluie mêlée d’éclairs et de foudres, qui semblent les terrasser. A cette occasion, l’armée donna à Marc-Aurèle le titre d’Impérator pour la septième fois. Quoiqu’il n'eût pas coutume de le recevoir avant que le sénat l’eût ordonné, il l’accepta alors comme venant du Ciel.
Miracle de la Légion fulminante sur la colonne Antonienne
Village de Germanie
18 - Persécution dans les Gaules. Année 177.
Trois ans après le miracle de la Légion fulminante, la persécution se ralluma sous le nom et l’autorité de Marc-Aurèle; soit qu’on lui eût persuadé dans la suite qu’il était redevable de ce prodige à ses dieux; soit par la fureur aveugle des peuples, ou par la haine des officiers romains, qui faisaient revivre, quand ils voulaient, les anciens édits.
Cette nouvelle tempête éclata surtout à Lyon. On croit que la foi y avait été portée par les disciples des Apôtres, et que St Trophyme, premier évêque d’Arles, y avait été envoyé par St Pierre. De là, le don de la foi se communiqua aux provinces voisines. Les progrès rapides de l’Évangile dans cette contrée excitèrent la rage des Idolâtres. On commença par rendre les Chrétiens odieux, en leur imputant les plus grands crimes; on leur interdit l’entrée des marchés et des édifices publics. Ces vexations étaient accompagnées de toutes sortes d’outrages; on les insultait partout où ils paraissaient ; ou les frappait, on leur jetait des pierres; enfin on les traduisit devant les magistrats.
La Gaule romaine - division administrative.
Le détail de cette persécution se trouve dans une lettre intéressante que les fidèles de Lyon écrivirent à ceux d’Asie. Ceux d’entre nous, disent-ils, qui furent interrogés sur la Religion, la confessèrent avec courage et on les resserra étroitement jusqu’à l’arrivée du président, que l’on attendait. Quelques jours après, le président, étant venu à Lyon, les fit amener à son tribunal, et ce juge passionné les traita avec tant de dureté, qu'un jeune homme nommé Epagathe, qui se trouva présent, ne put s'empêcher de témoigner son indignation. Il était Chrétien, et brûlait d'un ardent amour pour Dieu, et d'une charité toute simple pour le prochain. Ses mœurs étaient pures, et sa vie austère, quoiqu'il fût encore dans l'âge des passions. Il marchait dans la voie du Seigneur, et accomplissait ses préceptes, toujours prêt à servir Dieu, l'Église et le prochain, toujours animé du zèle de la gloire de son Maître, toujours rempli de ferveur pour le salut de ses frères.
Lugdunum ville gallo-romaine au premier siècle (Lyon en France).
Il demanda donc qu'il lui fût permis de dire un mot pour défendre l'innocence des Chrétiens, s'offrant de montrer que l'accusation d'impiété et d'irréligion dont on les chargeait, n'était qu'une ure calomnie; mais’ il s'éleva à l'instant contre lui mille voix autour du tribunal. Le juge de son côté, piqué de la demande qu'il avait faite, de parler en faveur des accusés, lui demanda s'il était Chrétien. Epagathe le confessa à haute voix; et à l'heure même il fut mis au rang des Martyrs. Le juge lui donna par raillerie le nom glorieux d'Avocat des Chrétiens, faisant, sans y penser, son éloge d'un seul mot.
Son exemple anima les autres Chrétiens, qui se déclarèrent hautement pour tels, et qui firent, avec une joie qui éclatait sur leur visage et dans le son de leur voix, la confession publique des Martyrs. Cependant on avait donné ordre de se saisir du bienheureux Pothin, évêque de Lyon , qui, dans un corps cassé de vieillesse, faisait paraître les sentiments d'une âme jeune et vigoureuse, il était porté par des soldats, qui le mirent au pied du tribunal. Le peuple le suivit en le chargeant d’opprobres. Le saint vieillard rendit alors un illustre témoignage à la divinité de son Maître; car le président lui ayant demandé quel était le Dieu des Chrétiens; et Vous le connaîtrez, lui répondit le saint évêque, si vous en êtes digne.
St-Pothin, Évêque de Lyon, avait été envoyé dans les Gaules par St-Polycarpe évêque de Smyrne (Turquie actuelle). Il avait 90 ans et était faible et infirme. Il avait fait de nombreuses conversions en Gaule. Il mourut en prison après avoir été sévèrement battus par les païens.
Aussitôt il fut arraché de ce lieu, traîné avec violence, et accablé de coups, ceux qui étaient près du saint vieillard le frappaient des pieds et des mains; ceux qui en étaient plus éloignés lui jetaient tout ce qu’ils pouvaient rencontrer, sans respect pour son âge. Tous auraient cru commettre une grande impiété, s’ils eussent manqué à insulter l'ennemi de leurs dieux. On le tira à demi-mort des mains de ces furieux, et on le jeta dans une prison, où il expira deux jours après.
L`Agora romaine de Lyon
St-Blandine, martyre dans les persécutions de Lugdunum
Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 16:34, édité 3 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
20 - Apologétique de Tertullien.
Les lumières concouraient avec les souffrances au triomphe du Christianisme, et l’Église n’était pas moins vengée par les écrits solides de ses défenseurs, qu’honorée par le courage invincible de ses Martyrs. Tertullien, prêtre de Carthage, publia alors, en faveur de la Religion chrétienne, un ouvrage qu'il intitula Apologétique, et qui porta un coup mortel au Paganisme.
D’abord il se plaint de ce que l’on condamnait les Chrétiens sans vouloir les entendre. « Les Chrétiens, dit-il, sont les seuls à qui l'on ôte la liberté de se défendre devant leurs juges, et de les informer de ce qu’ils doivent savoir pour prononcer avec justice.» Il fait voir que les lois qui condamnent la Religion chrétienne, sont manifestement injustes, parce qu’elles ont été portées par de méchants princes, dont les Païens eux-mêmes détestaient la mémoire et les actions.
Tertullien – né à Carthage (de nos jour en Tunisie) vers l`an 160 et décédé vers 220. Il est issu d`une famille berbère.
Il répond au reproche qu’on faisait aux Chrétiens de ne point adorer les dieux de l’empire. Après avoir exposé l’origine des divinités païennes, l`absurdité de leur culte, l’indécence de leurs cérémonies, il conclut que ces dieux sont indignes du culte suprême, que ce sont des démons ( des anges déchus par Dieu) qui trompent les hommes. Que l’on amène ici, dit-il, quelqu’un de ceux que l'on croit agités de quelque divinité, et qui rendent des oracles; le premier venu des Chrétiens, en lui commandant de parler, le forcera d’avouer qu’il est véritablement un démon ( un ange déchu), et qu’ailleurs il se fait adorer comme un dieu; s’il ne le confesse pas, n’osant mentir à un Chrétien, je consens que ce Chrétien soit mis à mort. » Il fallait que le don de chasser les démons (anges déchus) fût encore bien commun dans l’Église, pour que Tertullien osât faire publiquement un tel défi.
Il justifie ensuite les Chrétiens de l’accusation d’impiété, en assignant le véritable objet de leur culte. Le Dieu des Chrétiens, dit-il, est celui qui a tiré l’univers du néant par sa puissance, qui a tout arrangé par sa sagesse, et qui régit tout par sa providence. C’est à cet Être suprême que le magnifique spectacle de la nature rend le témoignage le plus éclatant; les Païens eux-mêmes, quelque aveuglés qu’ils soient par les préjugés de l’éducation et par leurs passions, lui rendent naturellement témoignage, lorsqu’au milieu des dangers, ils s’écrient: Grand Dieu, bon Dieu, témoignage d’une âme naturellement chrétienne.
C’est cet Être qui, dans tous les temps, s’est fait rendre témoignage à lui-même, de vive voix et dans les écrits par les prophètes qu’il a suscités, et qu’il a remplis de son esprit. Ces écrits ne peuvent être suspects; ils sont entre les mains de nos ennemis, des Juifs, qui les lisent publiquement dans leurs synagogues. L’antiquité de ces écrits ne saurait être contestée, il est certain que Moïse, le premier de ces auteurs , a vécu longtemps avant qu’il fût question ni de Grecs, ni de Romains; ceux mêmes des prophètes qui sont venus les derniers, ne sont pas moins anciens que vos premiers historiens et vos premiers législateurs.
Carthage - ville romaine avec une importante communauté chrétienne. De nos jour en Tunisie
L’accomplissement de ces prophéties prouve manifestement qu’elles sont divines, et nous garantit la vérité de celles qui doivent s’accomplir dans la suite. Les Écritures ont annoncé les malheurs des Juifs, que nous voyons aujourd’hui littéralement arrivés ( Note :Destruction du Temple de Jérusalem et dispersion des Juifs parmi les Nations.)
La dame de Carthage – mosaïque romaine.
Dieu les avait comblés de faveurs à cause de la piété de leurs pères, et il leur a continué sa protection jusqu’à ce qu’ils aient mérité d`en être abandonnés. On ne peut méconnaître la main vengeresse de Dieu, en voyant l’état malheureux où ils sont réduits; bannis de leur propre pays, errants dans tout l’univers, sans lois, sans magistrats, sans patrie. Les mêmes oracles qui leur avaient prédit ces malheurs, marquaient en même temps que Dieu se choisirait, de toutes les nations et dans tous les lieux, des adorateurs plus fidèles, à qui il communiquerait sa grâce, en vue des mérites de celui qui devait être leur chef et leur Maître.
Tertullien parle ensuite de Jésus-Christ, et du Mystère de son Incarnation; il établit sa Divinité par les prophéties, par ses miracles, par sa résurrection ; il dit que les circonstances de sa mort ont paru si frappantes aux Païens mêmes que Pilate en donna avis à l’empereur Tibère; que la relation en fut déposée dans les archives de Rome, et que Tibère aurait cru en Jésus-Christ, si l’on pouvait être tout à la fois César et Chrétien.
Après avoir établi la vérité du Christianisme, Tertullien repousse avec force les calomnies dont on chargeait les Chrétiens. « On nous accuse de ne point honorer les empereurs par des sacrifices, nous n'offrons pas de victimes; mais nous prions pour le salut des empereurs le seul Dieu véritable, éternel; nous les respectons; mais nous ne les nommons pas dieux, parce que nous ne savons pas mentir. Au reste, notre fidélité ne saurait être suspecte; vous en avez une preuve convaincante dans notre patience à souffrir la persécution : souvent le peuple nous jette des pierres; ou brûle nos maisons, dans la fureur des Bacchanales, on n’épargne pas même les morts; on les tire de leurs sépulcres, et on les met en pièces. Qu’avons-nous fait pour nous venger de toutes ces injustices? Si nous voulions vous faire une guerre ouverte, manquerions-nous de forces et de troupes? Nous ne sommes que d’hier, et déjà nous remplissons vos villes, vos châteaux, vos bourgades, vos champs, le palais, le sénat, la place; nous ne vous laissons que vos temples. Ne serions-nous pas bien propres à la guerre, même à forces inégales, nous qui ne craignons pas la mort, si ce n'était une de nos maximes de la souffrir plutôt que de la donner? Il suffirait même, pour nous venger, de vous abandonner, et de nous retirer hors de l’empire; vous seriez épouvantés de votre solitude.»
Pour montrer que les assemblées des Chrétiens n’étaient rien moins que factieuses, Tertullien décrit ce qui s’y passait: « Nous faisons, dit-il, un seul corps, parce ne nous avons la même religion, la même morale, les mêmes espérances; nous nous assemblons pour prier Dieu en commun , comme si nous voulions le forcer à nous accorder nos demandes; cette violence lui est agréable. Ceux qui président à nos assemblées, sont des vieillards d’une vertu éprouvée, qui sont parvenus à cet honneur, non par argent, mais par le bon témoignage de leur vie; car, dans l’Église de Dieu, rien ne se fait par argent. S’il y a chez-nous quelque espèce de trésor, il ne fait pas honte à la religion; chacun y contribue comme il veut; personne n’est contraint de donner; ce qui s’amasse ainsi est un dépôt sacré; nous ne le dépensons point en festins inutiles, mais il sert à l`entretien des orphelins, au soulagement des pauvres et de tous les malheureux.
Il est étrange que cette charité soit pour quelques-uns un sujet de nous blâmer. Voyez, disent-ils, comme ils s’entr'aiment; voyez comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres, Notre union les étonne, parce qu’ils se haïssent entre eux. Comme nous n’avons tous qu’une âme et qu’un esprit , nous ne faisons pas difficulté de nous communiquer nos biens; il ne faut donc pas être surpris si une telle amitié produit des repas communs.
Ces repas communs se nomment Agapes, qui veut dire charité. Les pauvres comme les riches y sont admis; tout s'y passe dans la modestie et l’honnêteté, Avant de se mettre à table, on fait la prière; on s’y entretient, comme sachant que Dieu est présent. Le repas finit de la même manière qu’il a commencé, c’est-à-dire, par la prière.» Telles étaient les assemblées des Chrétiens, si fort décriées parmi les infidèles. Comment peut-on dire, ajoute Tertullien , que nous sommes inutiles au commerce de la vie? Nous vivons avec vous; nous usons de la même nourriture, des mêmes habits, des mêmes meubles; nous ne rejetons rien de ce que Dieu a créé; seulement nous en usons avec modération, rendant grâces a celui qui en est l’auteur; nous naviguons avec vous, nous cultivons la terre, nous portons les armes, nous trafiquons avec vous. En quoi donc méritons-nous la mort? Vous qui jugez les criminels, parlez ; y en a-t-il un seul qui soit Chrétien? J’en prends à témoin vos registres; parmi les malfaiteurs que l'on condamne tous les jours pour leurs crimes, il n’y en a pas un seul Chrétien, ou , s’il y est, ce ne peut être qu’à cause de son nom; s’il y est pour une autre cause, il n’est plus Chrétien.
L’innocence est pour nous une nécessité; nous la connaissons parfaitement, l’ayant apprise de Dieu, qui est un maître parfait, et nous la gardons fidèlement, comme ordonnée par ce juge, que l’on ne peut tromper. Telle était encore la vie des Chrétiens dans le troisième siècle de l’Église.
21 - Cinquième persécution sous l`empereur Sévère. Année 202.
Après la mort de Marc-Aurèle, l’Église jouit de quelque tranquillité; l'empereur Sévère marqua d’abord de l’humanité pour les Chrétiens : on crut même qu’il leur était favorable ; mais il parut par la suite qu’il n’en avait laissé augmenter le nombre, que pour avoir plus de victimes à immoler à sa fureur. La dixième année de son règne, il publia contre eux de sanglants édits, qui furent exécutés avec tant de rigueur, que les Fidèles crurent que le temps de l’Antéchrist était arrivé. La persécution commença en Égypte, elle y fut très-violente.
L`empereur romain Septime Sévère régna de 193 à 212 Ap J.C. Il venait des régions romaines de la Libye actuelle.
Parmi les Martyrs qui y répandirent leur sang pour la foi, se signala une jeune esclave, nommée Potamienne. Le maître à qui elle appartenait essaya plusieurs fois de la corrompre, mais elle résista constamment à ses sollicitations. Se voyant rebuté, il entra en fureur, et résolut de perdre cette sainte fille : il la dénonça comme chrétienne au gouverneur d’Alexandrie; mais en même temps il engagea ce gouverneur à le seconder dans sa passion, lui promettant une grosse somme d’argent, s’il pouvait déterminer Potamienne à se rendre à ses désirs, et l’on ne devait la condamner au supplice que dans le cas où elle persévérerait dans son refus.
Elle fut donc conduite devant le tribunal du gouverneur qui employa tous les moyens qu’il put imaginer pour la séduire; mais cette généreuse fille demeura ferme; elle ne se laissa ébranler ni par les caresses trompeuses de ce juge inique, ni par les supplices dont il la menaçait. Cette fermeté irrita le gouverneur, qui la condamne à être jetée dans une chaudière de poix ardente. Comme on se préparait à la dépouiller, elle pria les exécuteurs de ne point lui ôter ses habits; mais en échange de cette grâce que la pudeur demandait pour elle, elle consentit à être descendue lentement dans la cuve, afin que la longueur de ses souffrances fût une preuve de la puissance de Jésus-Christ et de la fidélité qu’elle voulait lui garder.
Alexandrie – ville gréco-romaine en Égypte ou débute les persécutions anti-chrétiennes de l`an 202
Les bourreaux lui accordèrent ce qu’elle souhaitait, et ils affectèrent une telle lenteur, qu’ils firent durer son supplice pendant trois heures; ils se convainquirent eux-mêmes que la grâce de Jésus-Christ élève ses serviteurs au-dessus des plus longues et des plus rudes épreuves. Un des gardes qui assistaient à son exécution, nommé Basilide, traitait la sainte avec honnêteté, et empêchait la populace de l’insulter; elle lui marqua de la reconnaissance et lui promit de s’intéresser pour lui auprès de Dieu. En effet, quelques jours après, Basilide, touché de Dieu, se déclara Chrétien. On crut d’abord qu’il se moquait; mais quand on vit qu’il persistait dans la confession de foi, on le conduisit au juge, qui l’envoya en prison.
Femme d`Alexandrie à l`époque romaine
Les Fidèles vinrent le visiter, et lui donnèrent le baptême. Dès le lendemain, il eut la tête tranchée, après avoir glorieusement confessé Jésus-Christ. Il n y a qu’une religion divine que l’on persuade ainsi au milieu des supplices les plus cruels.
La Persécution en Gaule : Martyre de saint Irénée, évêque de Lyon.
La persécution s’étendit jusque dans les Gaules, et il n’y a point lieu de douter que ce ne soit celle qui couronna saint Irénée, évêque de Lyon. Il avait été disciple de saint Polycarpe, et ce fut à son école qu’il puisa cette science de la religion, qui le rendit une des lumières de l’Église. Saint Polycarpe lui forma tout à la fois l’esprit et le cœur par ses leçons et par ses exemples. De son côté, le disciple était pénétré de vénération pour les éminentes vertus de son maître; il observait chacune de ses actions, afin de se remplir de son esprit.
J`écoutais, dit-il lui-même, ses instructions très-attentivement; je les gravais, non sur des tablettes, mais dans le plus profond de mon cœur. J’ai encore présente à l’esprit quelle était la gravité de sa démarche, la majesté de ‘son Visage, la pureté de sa vie, les saintes exhortations dont il nourrissait son peuple; il me semble que je lui entends encore dire de quelle sorte il avait conversé avec saint Jean, et avec plusieurs autres qui avaient vu Jésus-Christ; les paroles qu’il avait entendues de leur bouche, toutes les particularités qu’ils lui avaient apprises des miracles et de la doctrine de ce divin Sauveur; et tout ce qu’il en rapportait était conforme aux divines Écritures.
Saint Irénée fut choisi pour succéder à saint Pothin dans le siège de Lyon; il avait toutes les qualités nécessaires pour consoler et soutenir cette Église dans des temps si difficiles; savoir, un zèle ardent, une profonde érudition, et une sainteté éprouvée. Il n’en fallait pas moins pour réparer les pertes qu’elle avait faites, et pour former un nouveau peuple de Martyrs qui allaient bientôt renouveler ses triomphes.
On assure que l'empereur Sévère, voyant le nombre des Fidèles se multiplier à Lyon par les soins de ce saint prélat, prit une résolution digne de sa cruauté. Il donna ordre à ses soldats d’entourer la ville, et de faire main-basse sur tous ceux qui se déclareraient Chrétiens. Le massacre fut presque général. Saint Irénée fut conduit devant le tyran, qui le fit mettre à mort, s’applaudissant d’avoir égorgé le pasteur et le troupeau. C’est ce que nous apprennent les actes de saint Irénée, et ce qui est encore confirmé par d’autres monuments.
Exécution de St-Irénée, Évêque de Lyon, par les soldats romains.
Saint Adon, dans sa Chronique, rapporte que saint Irénée souffrit le martyre avec un grand nombre de Chrétiens; incluant des femmes et des enfants. On peut la croire si l’on considère la cruauté de l'empereur Sévère, et la constance des Fidèles. C’est sans doute ce qui a fait dire à saint Euclie, que Lyon avait un peuple de Martyrs, et à saint Grégoire de Tours, qu’il y eut une si grande multitude de chrétiens égorgés pour la foi, que leur sang coulait par ruisseaux dans les places publiques. Les saints Pères ont donné de magnifiques éloges à ce grand évêque. Un saint prêtre, nommé Zacharie, qui échappe du carnage, prit soin de sa sépulture, et fut, à ce qu’on croit, son successeur; Dieu l'ayant conservé, comme une étincelle, pour rallumer dans cette Église.
Martyre de sainte Perpétue et de sainte Félicité. Année 205 .
L a persécution n'était pas moins violente à Carthage ( Tunisie actuelle); on arrêta en cette ville quatre jeunes hommes, Saturnin, Révocat, Secondule et Satur, et avec eux deux jeunes femmes, Perpétue et Félicité.
Carthage (en Tunisie actuelle)
La première, qui était de condition noble, et sœur de Satur, avait un enfant encore à la mamelle; la seconde était enceinte. Rien n’est plus intéressant que l’histoire de leur combat, écrite par Perpétue elle-même. Elle s’exprime en ces termes : « Lorsqu'on nous eut arrêtés , on nous garda quelque temps avant de nous mettre en prison. Mon père , qui était le seul de ma famille qui ne fût pas Chrétien, accourut aussitôt, et s’efforça de me faire changer de résolution. Comme il me pressait beaucoup de ne pas me dire chrétienne, je lui montrai un vase qui se trouvait là. Mon Père, lui dis-je, peut-on donner à ce vase un autre nom que celui qui lui convient? Non, répondit-il. Eh bien je ne puis pas non plus me dire autre que je suis. A ces mots, il se jeta sur moi, comme pour m’arracher les yeux, puis il se retira confus de son emportement : il ne revint pas de quelques jours, et je goûtai un peu le repos. Dans cet intervalle, nous fûmes baptisés, et le Saint-Esprit m’inspira alors de ne demander autre chose que la constance dans les tourments. Peu après on nous conduisit en Prison. Je fus saisie en y entrant car je n'avais jamais vu ces sortes de lieux. La pénible journée! Quelle chaleur! on y étouffait, tant on y était pressé; ajoutez à cela la brutalité des soldats qui nous gardaient.
Carthage romaine
Lorsque le jour des spectacles fut arrivé, on tira les saints Martyrs de la prison pour les conduire à l’amphithéâtre. Saturnin fut d’abord livré à un sanglier; mais l’animal se retourna contre le piqueur qui le conduisait, et le blessa à mort. On l’exposa ensuite à un ours, qui ne sortit point de sa loge; ainsi Satur ne reçut alors aucune blessure. Les deux saintes, Perpétue et Félicité , furent exposées dans un filet à une vache furieuse. L’animal prit d’abord Perpétue, l’enleva avec violence, et la laissa retomber sur les reins. Perpétue se releva, renoua ses cheveux, et ayant aperçu Félicité, que la vache avait aussi attaquée, et qui était étendue sur le sable toute froissée de ses blessures, elle lui donna la main , et l’aida à se relever. Jusque-là elle n’avait pas remarqué ce qui s’était passé en elle, et elle demanda : « Quand est-ce donc qu’on nous livrera à cette vache?» Pour la persuader qu’elle avait déjà souffert, il fallut lui montrer ses habits déchirés et les meurtrissures qu’elle avait reçues.
Satur mourut le premier tué par un léopard. Sur la fin des spectacles, le peuple demanda que les autres Martyrs fussent ramenés au milieu de l’amphithéâtre pour y recevoir le coup de la mort; ils y vinrent d’eux-mêmes, et se laissèrent égorger sans faire le moindre mouvement. Perpétue tomba entre les mains d’un gladiateur maladroit, qui la fit languir quelque temps, et elle fut réduite à conduire elle-même à sa gorge l'épée, et à marquer ainsi l’endroit où il devait la plonger.
St-Perpétue martyre[/b]
Les lumières concouraient avec les souffrances au triomphe du Christianisme, et l’Église n’était pas moins vengée par les écrits solides de ses défenseurs, qu’honorée par le courage invincible de ses Martyrs. Tertullien, prêtre de Carthage, publia alors, en faveur de la Religion chrétienne, un ouvrage qu'il intitula Apologétique, et qui porta un coup mortel au Paganisme.
D’abord il se plaint de ce que l’on condamnait les Chrétiens sans vouloir les entendre. « Les Chrétiens, dit-il, sont les seuls à qui l'on ôte la liberté de se défendre devant leurs juges, et de les informer de ce qu’ils doivent savoir pour prononcer avec justice.» Il fait voir que les lois qui condamnent la Religion chrétienne, sont manifestement injustes, parce qu’elles ont été portées par de méchants princes, dont les Païens eux-mêmes détestaient la mémoire et les actions.
Tertullien – né à Carthage (de nos jour en Tunisie) vers l`an 160 et décédé vers 220. Il est issu d`une famille berbère.
Il répond au reproche qu’on faisait aux Chrétiens de ne point adorer les dieux de l’empire. Après avoir exposé l’origine des divinités païennes, l`absurdité de leur culte, l’indécence de leurs cérémonies, il conclut que ces dieux sont indignes du culte suprême, que ce sont des démons ( des anges déchus par Dieu) qui trompent les hommes. Que l’on amène ici, dit-il, quelqu’un de ceux que l'on croit agités de quelque divinité, et qui rendent des oracles; le premier venu des Chrétiens, en lui commandant de parler, le forcera d’avouer qu’il est véritablement un démon ( un ange déchu), et qu’ailleurs il se fait adorer comme un dieu; s’il ne le confesse pas, n’osant mentir à un Chrétien, je consens que ce Chrétien soit mis à mort. » Il fallait que le don de chasser les démons (anges déchus) fût encore bien commun dans l’Église, pour que Tertullien osât faire publiquement un tel défi.
Il justifie ensuite les Chrétiens de l’accusation d’impiété, en assignant le véritable objet de leur culte. Le Dieu des Chrétiens, dit-il, est celui qui a tiré l’univers du néant par sa puissance, qui a tout arrangé par sa sagesse, et qui régit tout par sa providence. C’est à cet Être suprême que le magnifique spectacle de la nature rend le témoignage le plus éclatant; les Païens eux-mêmes, quelque aveuglés qu’ils soient par les préjugés de l’éducation et par leurs passions, lui rendent naturellement témoignage, lorsqu’au milieu des dangers, ils s’écrient: Grand Dieu, bon Dieu, témoignage d’une âme naturellement chrétienne.
C’est cet Être qui, dans tous les temps, s’est fait rendre témoignage à lui-même, de vive voix et dans les écrits par les prophètes qu’il a suscités, et qu’il a remplis de son esprit. Ces écrits ne peuvent être suspects; ils sont entre les mains de nos ennemis, des Juifs, qui les lisent publiquement dans leurs synagogues. L’antiquité de ces écrits ne saurait être contestée, il est certain que Moïse, le premier de ces auteurs , a vécu longtemps avant qu’il fût question ni de Grecs, ni de Romains; ceux mêmes des prophètes qui sont venus les derniers, ne sont pas moins anciens que vos premiers historiens et vos premiers législateurs.
Carthage - ville romaine avec une importante communauté chrétienne. De nos jour en Tunisie
L’accomplissement de ces prophéties prouve manifestement qu’elles sont divines, et nous garantit la vérité de celles qui doivent s’accomplir dans la suite. Les Écritures ont annoncé les malheurs des Juifs, que nous voyons aujourd’hui littéralement arrivés ( Note :Destruction du Temple de Jérusalem et dispersion des Juifs parmi les Nations.)
La dame de Carthage – mosaïque romaine.
Dieu les avait comblés de faveurs à cause de la piété de leurs pères, et il leur a continué sa protection jusqu’à ce qu’ils aient mérité d`en être abandonnés. On ne peut méconnaître la main vengeresse de Dieu, en voyant l’état malheureux où ils sont réduits; bannis de leur propre pays, errants dans tout l’univers, sans lois, sans magistrats, sans patrie. Les mêmes oracles qui leur avaient prédit ces malheurs, marquaient en même temps que Dieu se choisirait, de toutes les nations et dans tous les lieux, des adorateurs plus fidèles, à qui il communiquerait sa grâce, en vue des mérites de celui qui devait être leur chef et leur Maître.
Tertullien parle ensuite de Jésus-Christ, et du Mystère de son Incarnation; il établit sa Divinité par les prophéties, par ses miracles, par sa résurrection ; il dit que les circonstances de sa mort ont paru si frappantes aux Païens mêmes que Pilate en donna avis à l’empereur Tibère; que la relation en fut déposée dans les archives de Rome, et que Tibère aurait cru en Jésus-Christ, si l’on pouvait être tout à la fois César et Chrétien.
Après avoir établi la vérité du Christianisme, Tertullien repousse avec force les calomnies dont on chargeait les Chrétiens. « On nous accuse de ne point honorer les empereurs par des sacrifices, nous n'offrons pas de victimes; mais nous prions pour le salut des empereurs le seul Dieu véritable, éternel; nous les respectons; mais nous ne les nommons pas dieux, parce que nous ne savons pas mentir. Au reste, notre fidélité ne saurait être suspecte; vous en avez une preuve convaincante dans notre patience à souffrir la persécution : souvent le peuple nous jette des pierres; ou brûle nos maisons, dans la fureur des Bacchanales, on n’épargne pas même les morts; on les tire de leurs sépulcres, et on les met en pièces. Qu’avons-nous fait pour nous venger de toutes ces injustices? Si nous voulions vous faire une guerre ouverte, manquerions-nous de forces et de troupes? Nous ne sommes que d’hier, et déjà nous remplissons vos villes, vos châteaux, vos bourgades, vos champs, le palais, le sénat, la place; nous ne vous laissons que vos temples. Ne serions-nous pas bien propres à la guerre, même à forces inégales, nous qui ne craignons pas la mort, si ce n'était une de nos maximes de la souffrir plutôt que de la donner? Il suffirait même, pour nous venger, de vous abandonner, et de nous retirer hors de l’empire; vous seriez épouvantés de votre solitude.»
Pour montrer que les assemblées des Chrétiens n’étaient rien moins que factieuses, Tertullien décrit ce qui s’y passait: « Nous faisons, dit-il, un seul corps, parce ne nous avons la même religion, la même morale, les mêmes espérances; nous nous assemblons pour prier Dieu en commun , comme si nous voulions le forcer à nous accorder nos demandes; cette violence lui est agréable. Ceux qui président à nos assemblées, sont des vieillards d’une vertu éprouvée, qui sont parvenus à cet honneur, non par argent, mais par le bon témoignage de leur vie; car, dans l’Église de Dieu, rien ne se fait par argent. S’il y a chez-nous quelque espèce de trésor, il ne fait pas honte à la religion; chacun y contribue comme il veut; personne n’est contraint de donner; ce qui s’amasse ainsi est un dépôt sacré; nous ne le dépensons point en festins inutiles, mais il sert à l`entretien des orphelins, au soulagement des pauvres et de tous les malheureux.
Il est étrange que cette charité soit pour quelques-uns un sujet de nous blâmer. Voyez, disent-ils, comme ils s’entr'aiment; voyez comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres, Notre union les étonne, parce qu’ils se haïssent entre eux. Comme nous n’avons tous qu’une âme et qu’un esprit , nous ne faisons pas difficulté de nous communiquer nos biens; il ne faut donc pas être surpris si une telle amitié produit des repas communs.
Ces repas communs se nomment Agapes, qui veut dire charité. Les pauvres comme les riches y sont admis; tout s'y passe dans la modestie et l’honnêteté, Avant de se mettre à table, on fait la prière; on s’y entretient, comme sachant que Dieu est présent. Le repas finit de la même manière qu’il a commencé, c’est-à-dire, par la prière.» Telles étaient les assemblées des Chrétiens, si fort décriées parmi les infidèles. Comment peut-on dire, ajoute Tertullien , que nous sommes inutiles au commerce de la vie? Nous vivons avec vous; nous usons de la même nourriture, des mêmes habits, des mêmes meubles; nous ne rejetons rien de ce que Dieu a créé; seulement nous en usons avec modération, rendant grâces a celui qui en est l’auteur; nous naviguons avec vous, nous cultivons la terre, nous portons les armes, nous trafiquons avec vous. En quoi donc méritons-nous la mort? Vous qui jugez les criminels, parlez ; y en a-t-il un seul qui soit Chrétien? J’en prends à témoin vos registres; parmi les malfaiteurs que l'on condamne tous les jours pour leurs crimes, il n’y en a pas un seul Chrétien, ou , s’il y est, ce ne peut être qu’à cause de son nom; s’il y est pour une autre cause, il n’est plus Chrétien.
L’innocence est pour nous une nécessité; nous la connaissons parfaitement, l’ayant apprise de Dieu, qui est un maître parfait, et nous la gardons fidèlement, comme ordonnée par ce juge, que l’on ne peut tromper. Telle était encore la vie des Chrétiens dans le troisième siècle de l’Église.
21 - Cinquième persécution sous l`empereur Sévère. Année 202.
Après la mort de Marc-Aurèle, l’Église jouit de quelque tranquillité; l'empereur Sévère marqua d’abord de l’humanité pour les Chrétiens : on crut même qu’il leur était favorable ; mais il parut par la suite qu’il n’en avait laissé augmenter le nombre, que pour avoir plus de victimes à immoler à sa fureur. La dixième année de son règne, il publia contre eux de sanglants édits, qui furent exécutés avec tant de rigueur, que les Fidèles crurent que le temps de l’Antéchrist était arrivé. La persécution commença en Égypte, elle y fut très-violente.
L`empereur romain Septime Sévère régna de 193 à 212 Ap J.C. Il venait des régions romaines de la Libye actuelle.
Parmi les Martyrs qui y répandirent leur sang pour la foi, se signala une jeune esclave, nommée Potamienne. Le maître à qui elle appartenait essaya plusieurs fois de la corrompre, mais elle résista constamment à ses sollicitations. Se voyant rebuté, il entra en fureur, et résolut de perdre cette sainte fille : il la dénonça comme chrétienne au gouverneur d’Alexandrie; mais en même temps il engagea ce gouverneur à le seconder dans sa passion, lui promettant une grosse somme d’argent, s’il pouvait déterminer Potamienne à se rendre à ses désirs, et l’on ne devait la condamner au supplice que dans le cas où elle persévérerait dans son refus.
Elle fut donc conduite devant le tribunal du gouverneur qui employa tous les moyens qu’il put imaginer pour la séduire; mais cette généreuse fille demeura ferme; elle ne se laissa ébranler ni par les caresses trompeuses de ce juge inique, ni par les supplices dont il la menaçait. Cette fermeté irrita le gouverneur, qui la condamne à être jetée dans une chaudière de poix ardente. Comme on se préparait à la dépouiller, elle pria les exécuteurs de ne point lui ôter ses habits; mais en échange de cette grâce que la pudeur demandait pour elle, elle consentit à être descendue lentement dans la cuve, afin que la longueur de ses souffrances fût une preuve de la puissance de Jésus-Christ et de la fidélité qu’elle voulait lui garder.
Alexandrie – ville gréco-romaine en Égypte ou débute les persécutions anti-chrétiennes de l`an 202
Les bourreaux lui accordèrent ce qu’elle souhaitait, et ils affectèrent une telle lenteur, qu’ils firent durer son supplice pendant trois heures; ils se convainquirent eux-mêmes que la grâce de Jésus-Christ élève ses serviteurs au-dessus des plus longues et des plus rudes épreuves. Un des gardes qui assistaient à son exécution, nommé Basilide, traitait la sainte avec honnêteté, et empêchait la populace de l’insulter; elle lui marqua de la reconnaissance et lui promit de s’intéresser pour lui auprès de Dieu. En effet, quelques jours après, Basilide, touché de Dieu, se déclara Chrétien. On crut d’abord qu’il se moquait; mais quand on vit qu’il persistait dans la confession de foi, on le conduisit au juge, qui l’envoya en prison.
Femme d`Alexandrie à l`époque romaine
Les Fidèles vinrent le visiter, et lui donnèrent le baptême. Dès le lendemain, il eut la tête tranchée, après avoir glorieusement confessé Jésus-Christ. Il n y a qu’une religion divine que l’on persuade ainsi au milieu des supplices les plus cruels.
La Persécution en Gaule : Martyre de saint Irénée, évêque de Lyon.
La persécution s’étendit jusque dans les Gaules, et il n’y a point lieu de douter que ce ne soit celle qui couronna saint Irénée, évêque de Lyon. Il avait été disciple de saint Polycarpe, et ce fut à son école qu’il puisa cette science de la religion, qui le rendit une des lumières de l’Église. Saint Polycarpe lui forma tout à la fois l’esprit et le cœur par ses leçons et par ses exemples. De son côté, le disciple était pénétré de vénération pour les éminentes vertus de son maître; il observait chacune de ses actions, afin de se remplir de son esprit.
J`écoutais, dit-il lui-même, ses instructions très-attentivement; je les gravais, non sur des tablettes, mais dans le plus profond de mon cœur. J’ai encore présente à l’esprit quelle était la gravité de sa démarche, la majesté de ‘son Visage, la pureté de sa vie, les saintes exhortations dont il nourrissait son peuple; il me semble que je lui entends encore dire de quelle sorte il avait conversé avec saint Jean, et avec plusieurs autres qui avaient vu Jésus-Christ; les paroles qu’il avait entendues de leur bouche, toutes les particularités qu’ils lui avaient apprises des miracles et de la doctrine de ce divin Sauveur; et tout ce qu’il en rapportait était conforme aux divines Écritures.
Saint Irénée fut choisi pour succéder à saint Pothin dans le siège de Lyon; il avait toutes les qualités nécessaires pour consoler et soutenir cette Église dans des temps si difficiles; savoir, un zèle ardent, une profonde érudition, et une sainteté éprouvée. Il n’en fallait pas moins pour réparer les pertes qu’elle avait faites, et pour former un nouveau peuple de Martyrs qui allaient bientôt renouveler ses triomphes.
On assure que l'empereur Sévère, voyant le nombre des Fidèles se multiplier à Lyon par les soins de ce saint prélat, prit une résolution digne de sa cruauté. Il donna ordre à ses soldats d’entourer la ville, et de faire main-basse sur tous ceux qui se déclareraient Chrétiens. Le massacre fut presque général. Saint Irénée fut conduit devant le tyran, qui le fit mettre à mort, s’applaudissant d’avoir égorgé le pasteur et le troupeau. C’est ce que nous apprennent les actes de saint Irénée, et ce qui est encore confirmé par d’autres monuments.
Exécution de St-Irénée, Évêque de Lyon, par les soldats romains.
Saint Adon, dans sa Chronique, rapporte que saint Irénée souffrit le martyre avec un grand nombre de Chrétiens; incluant des femmes et des enfants. On peut la croire si l’on considère la cruauté de l'empereur Sévère, et la constance des Fidèles. C’est sans doute ce qui a fait dire à saint Euclie, que Lyon avait un peuple de Martyrs, et à saint Grégoire de Tours, qu’il y eut une si grande multitude de chrétiens égorgés pour la foi, que leur sang coulait par ruisseaux dans les places publiques. Les saints Pères ont donné de magnifiques éloges à ce grand évêque. Un saint prêtre, nommé Zacharie, qui échappe du carnage, prit soin de sa sépulture, et fut, à ce qu’on croit, son successeur; Dieu l'ayant conservé, comme une étincelle, pour rallumer dans cette Église.
Martyre de sainte Perpétue et de sainte Félicité. Année 205 .
L a persécution n'était pas moins violente à Carthage ( Tunisie actuelle); on arrêta en cette ville quatre jeunes hommes, Saturnin, Révocat, Secondule et Satur, et avec eux deux jeunes femmes, Perpétue et Félicité.
Carthage (en Tunisie actuelle)
La première, qui était de condition noble, et sœur de Satur, avait un enfant encore à la mamelle; la seconde était enceinte. Rien n’est plus intéressant que l’histoire de leur combat, écrite par Perpétue elle-même. Elle s’exprime en ces termes : « Lorsqu'on nous eut arrêtés , on nous garda quelque temps avant de nous mettre en prison. Mon père , qui était le seul de ma famille qui ne fût pas Chrétien, accourut aussitôt, et s’efforça de me faire changer de résolution. Comme il me pressait beaucoup de ne pas me dire chrétienne, je lui montrai un vase qui se trouvait là. Mon Père, lui dis-je, peut-on donner à ce vase un autre nom que celui qui lui convient? Non, répondit-il. Eh bien je ne puis pas non plus me dire autre que je suis. A ces mots, il se jeta sur moi, comme pour m’arracher les yeux, puis il se retira confus de son emportement : il ne revint pas de quelques jours, et je goûtai un peu le repos. Dans cet intervalle, nous fûmes baptisés, et le Saint-Esprit m’inspira alors de ne demander autre chose que la constance dans les tourments. Peu après on nous conduisit en Prison. Je fus saisie en y entrant car je n'avais jamais vu ces sortes de lieux. La pénible journée! Quelle chaleur! on y étouffait, tant on y était pressé; ajoutez à cela la brutalité des soldats qui nous gardaient.
Carthage romaine
Lorsque le jour des spectacles fut arrivé, on tira les saints Martyrs de la prison pour les conduire à l’amphithéâtre. Saturnin fut d’abord livré à un sanglier; mais l’animal se retourna contre le piqueur qui le conduisait, et le blessa à mort. On l’exposa ensuite à un ours, qui ne sortit point de sa loge; ainsi Satur ne reçut alors aucune blessure. Les deux saintes, Perpétue et Félicité , furent exposées dans un filet à une vache furieuse. L’animal prit d’abord Perpétue, l’enleva avec violence, et la laissa retomber sur les reins. Perpétue se releva, renoua ses cheveux, et ayant aperçu Félicité, que la vache avait aussi attaquée, et qui était étendue sur le sable toute froissée de ses blessures, elle lui donna la main , et l’aida à se relever. Jusque-là elle n’avait pas remarqué ce qui s’était passé en elle, et elle demanda : « Quand est-ce donc qu’on nous livrera à cette vache?» Pour la persuader qu’elle avait déjà souffert, il fallut lui montrer ses habits déchirés et les meurtrissures qu’elle avait reçues.
Satur mourut le premier tué par un léopard. Sur la fin des spectacles, le peuple demanda que les autres Martyrs fussent ramenés au milieu de l’amphithéâtre pour y recevoir le coup de la mort; ils y vinrent d’eux-mêmes, et se laissèrent égorger sans faire le moindre mouvement. Perpétue tomba entre les mains d’un gladiateur maladroit, qui la fit languir quelque temps, et elle fut réduite à conduire elle-même à sa gorge l'épée, et à marquer ainsi l’endroit où il devait la plonger.
St-Perpétue martyre[/b]
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 1:38, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
22 - Belles qualités d`Origène
Dans le même temps, Origène se rendit célèbre dans toute l’Église dès sa première jeunesse. Il était fils de St Léonide, qui souffrit pour la Foi dans la persécution d’Alexandrie, sous l’empereur Sévère. Le saint Martyr l’avait élevé avec le plus grand soin; non content de l’exercer dans les arts libéraux et les belles-lettres, il l’avait instruit des Saintes Écritures, dont il lui faisait apprendre tous les jours quelques sentences. Le jeune Origène s’appliquait à cette étude avec une ardeur incroyable, et son père admirait encore plus en lui les bénédictions, dont la grâce le prévenait, de ses talents naturels.
Alexandrie en Égypte sous domination romaine
Durant la persécution, Origène conçut un désir si vif de souffrir le martyre, qu’il se serait présenté de lui-même, si sa mère ne l’eût retenu par ses larmes et par ses prières. Lorsque son père eut été arrêté pour la Foi, son empressement redoubla, et l’on fut obligé de cacher ses habits pour l’empêcher d’aller le joindre. Ne pouvant faire autre chose, il lui écrivit une lettre fort touchante, où il l'exhortait au martyre. « Ne vous mettez point en peine de vos enfants, lui disait-il; Dieu-prendra soin de nous. » Léonide eut la tête tranchée. Ses biens ayant été confisqués, sa famille fut réduite à l’indigence.
Origène d`Alexandrie
Origène trouva un asile dans la maison d’une dame fort riche. Bientôt après, il ouvrit une école de grammaire, afin de subsister sans le secours d’autrui; enfin, il fut établi chef de l'école d’Alexandrie, qui était très célèbre. Alors il vendit tous ses livres profanes, pour s’appliquer uniquement à l`Écriture sainte, et en même temps pour fournir à sa subsistance; car ses leçons étaient gratuite, il ne tira de ce fonds que six sous par jour et ce peu suffit à la vie pénitente qu’il menait. Malgré cette austérité, il avait une douceur qui charmait tout le monde, l’aménité, de son caractère, autant que l’éclat de ses talents, lui attirait une foule prodigieuse d’auditeurs, non-seulement parmi la jeunesse, mais même parmi les savants et les philosophes, soit Chrétiens, soit même Gentils (païens). Il opéra un grand nombre de remaniement plusieurs de ses disciples devinrent des saints illustres : quelques-uns même remportèrent la couronne du martyre. C'était surtout à l'égard de ceux qui étaient arrêtés pour la Foi, qu’il remplissait avec zèle les fonctions d’un maître chrétien; il les visitait dans les fers; il les accompagnait a l’interrogatoire, et jusqu’au lieu du supplice. Il les encourageait par des signes, et même quelquefois par des discours animés.
L`Église d`Alexandrie a été fondée par St-Marc
Il exposa plusieurs fois sa vie dans cet exercice de zèle, souvent il pensa être lapidé ou assommé. Il fut même arrêté, chargé de chaînes et jeté dans un cachot. Si on ne le mit point à mort, ce ne fut que dans l`espérance, dont se flattaient ses persécuteurs de lasser sa patience, et d’entrainer une multitude de Chrétiens par l`exemple de la chute d’un si grand homme. On lui fit éprouver la faim, la soif, la nudité, sans que la rigueur ni la durée de ses souffrances ébranla son courage. L’habitude d`une vie austère l`avait endurci à toutes les épreuves, il jeunait presque toujours, il passait la plus grande partie de la nuit à prier et à méditer l`Écriture Sainte, et pendant le peu de repos qu’il était obligé de prendre il n`avait pour lit que la terre nue.
Chacun admirait l‘étendue de son génie; il n’y avait aucune sorte de science qu’il ne possédât, et chez lui cette multitude de connaissances ne nuisait point à la clarté son expression était si nette, qu'elle faisait comprendre aisément les choses les plus difficiles, et il parlait avec une ‘grâce qui inspirait l’amour des vérités qu’il enseignait.
Ouvrage d`Origène
L’Écrit le plus célèbre d`Origène est celui qu`il publia contre Celse, pour réfuter les calomnies que ce Philosophe païen avait publiées contre les chrétiens. On regarde cet ouvrage comme l’apologie la plus complète de la Religion chrétienne, qui nous soit restée de l`antiquité. Voici la substance de cet écrit : « Il aurait peut-être été plus à propos, dit Origène, d'imiter Jésus-Christ qui gardait un profond silence devant ses juges, et qui ne répondait aux calomnies de ses ennemis que par la sainteté de sa vie et par l’éclat de ses miracles; ainsi pourrait-on regarder comme inutile de réfuter les calomnies que la malice des hommes ne cesse de contre lui, puisqu’il se défend assez par la vertu solide de ses véritables disciples dont l’éclat dissipe tous les mensonges; je n’écris donc pas pour les vrais Fidèles une apologie est superflue pour eux; mais j’écris pour les Infidèles à qui cette instruction pourra être utile.»
Après avoir réfuté les objections particulières de Celse, il établit victorieusement la vérité de la religion chrétienne par des faits que l`on ne saurait contester, par des prophéties qui ont annoncée Jésus-Christ, par ses miracles et par les mœurs de ses Disciples. Quant aux prophéties, il est juste dit-il, d’ajouter foi aux livres des Juifs, comme à ceux des autres nations, on ne peut douter de leur antiquité, si l’on considère les preuves qu’en donnent Flavius Josèphe et Tatien, dont l’autorité est d’un grand poids. »
Ancienne mosaïque chrétienne trouvée dans des fouilles archéologique a Tipaza en Algérie: «En Dieu est la Paix et l`Harmonie sur Notre Partage»
In Deo Pax Concordia Sit Convivio Nostro
Origène rapporte les prophéties qui ont prédit clairement la naissance, la passion, la mort, et toutes les circonstances de l'avènement de Jésus-Christ. Il observe que depuis que Jésus-Christ est venu, les Juifs n’ont plus ni prophéties, ni miracles, ni aucune marque de la protection divine, comme l’on en voit chez les Chrétiens. A l’égard des miracles, Celse ne niait pas que Jésus-Christ en eût fait, mais il les attribuait à la magie.
Origène répond qu’il y a des moyens sûrs pour discerner les prestiges du démon ( anges déchus) d’avec les vrais miracles qui ont Dieu pour auteur. Ces moyens consistent à examiner les mœurs de ceux qui les font, leur doctrine et les effets que ces miracles produisent. « Moïse et les Prophètes, Jésus-Christ et ses Disciples, n’ont rien enseigné qui ne soit très-digne de Dieu, très-conforme à la raison, très-utile aux bonnes mœurs et à la société civile. Ils ont pratiqué les premiers ce qu’ils enseignaient, et l’effet a été grand et durable. Moïse a formé une nation entière, gouvernée par des lois saintes.
Mosaïque chrétienne : La multiplication des pains
Jésus-Christ a rassemblé toutes les nations dans la connaissance du vrai Dieu, dans la pratique de toutes les vertus. Les fourbes, les imposteurs, ne cherchent point à corriger les hommes, et leurs prestiges ont eu peu de suites. La résurrection e Jésus-Christ, qui est le grand miracle, le fondement de la Religion, ne peut être soupçonnée d’aucun artifice. Jésus-Christ est mort en public, sur une croix, devant tout le peuple juif. Après avoir été enseveli, et après être resté trois jours dans un tombeau, scellé et gardé par des soldats, il a apparu pendant quarante jours à Pierre, aux douze Apôtres, puis à cinq cents Disciples tout à la fois.
S’ils ne l’avaient pas vu ressusciter, s’ils n’avaient pas été convaincus de sa divinité, jamais ils ne se seraient exposés aux souffrances et à la mort, pour annoncer en tous lieux, par son ordre, la doctrine qu’ils avaient reçue de lui. Sa mort honteuse aurait effacé l’opinion qu’ils en avaient conçue; ils se seraient regardés comme trompés, et ils auraient été les premiers à le condamner. Il fallait qu’ils eussent vu quelque chose de bien extraordinaire pour embrasser ses maximes, et pour les faire embrasser aux autres, aux dépens, de leur repos, de leur liberté et de leur vie.»
Mosaïque d`une Église Byzantine du 6 eme siècle découverte en Israël.
Comment des hommes ignorants et grossiers, s’ils ne se fussent sentis soutenus par une vertu divine, auraient-ils pu entreprendre de changer l`univers? Comment les peuples, à leurs prédications auraient-ils quitté leurs anciennes coutumes pour suivre une doctrine contraire s’ils n’avaient été changés par une puissance extraordinaire et par des faits merveilleux?
Baptistère chrétien datant de la présence romaine en Tunisie.
Origène prouve ensuite la divinité de la Religion chrétienne le changement merveilleux qu`elle produit dans ceux qui l’embrassent . «Le grand effet de la Prédication de l`Évangile, dit-il, c`est la réforme des mœurs. Si quelqu`un avait guéri cent personnes du vice de l’impureté on aurait, on aurait peine à croire qu`il n`y eu rien en lui de surnaturel, que doit-on penser d`une si grande multitude de Chrétiens, qui sont devenus d`autres hommes depuis qu`ils ont reçu cette doctrine, embrassant la continence parfaite et cela dans toutes les provinces de l`Empire? Les maximes des Chrétiens les mettent bien au-dessus de ceux qui ne le sont pas, un Chrétien dompte ses passions les plus violente, dans la vue de plaire à Dieu, au lieu que les Païens se plongent dans les plus honteuses voluptés sans en rougir; et au milieu de leurs dérèglements, ils prétendent conserver encore le caractère d’honnête homme.
Le Chrétien le moins instruit est infiniment plus éclairé sur l'excellence et l’étendue de la chasteté, que les philosophes, les vestales et les Pontifes les plus réglés parmi les Païens. Nul d’entre nous n’est souillé de ces désordres, ou s’il s‘en trouve quelqu’un il n’est pas du nombre de ceux qui assistent à nos assemblées, il n’est plus Chrétien. » En effet , on chassait de l’Église ceux qui tombaient dans quelque péché, surtout d’impureté, on les pleurait comme morts à Dieu; et quand ils revenaient par la pénitence, on les soumettait à de plus longues épreuves que pour le baptême, il ne leur était plus permis d’exercer aucune fonction publique dans l`Église. La fidélité des Chrétiens à leur souverain est à toute épreuve; ils sont si éloignés d’exciter la moindre sédition, que selon l‘ordre qu’ils ont reçu de leur législateur, ils n’emploient jamais d’autres armes que la patience à l’égard de leurs ennemis.
Maintenant, ajoute Origène, dans la multitude de ceux qui se convertissent, il se trouve des riches, des personnes constituées en dignité, des femmes nobles, on dira peut-être qu‘il y a quelque gloire à annoncer notre doctrine; mais ce soupçon ne pouvait avoir lieu au commencement; à présent même, l'honneur que nous pouvons recevoir de quelques-uns des nôtres, n’égale pas le mépris et les outrages que nous souffrons de la part des Païens. »
Origène observe que les Chrétiens, malgré le zèle ardent dont ils étaient animés pour attirer des Infidèles à la foi, ne laissaient pas d’éprouver, autant qu’il est possible, ceux qui voulaient l’embrasser; ils les préparaient en particulier par des exhortations, avant de les recevoir dans l’assemblée; et quand ils les voyaient dans la résolution sincère de mener une vie réglée, ils les y faisaient entrer, les distinguant encore en deux ordres, l'un des commençants, et l’autre de ceux qui étaient plus avancés. Il y avait des personnes, chargées de veiller sur leur conduite, pour éloigner ceux qui ne menaient pas une vie conforme à la sainteté du Christianisme, et pour guider les autres dans la pratique de la piété. Telle était encore la vertu des Chrétiens longtemps après le siècle des Apôtres, que nos anciens apologistes, témoins des faits, la citaient en preuve de la divinité de la Religion, et qu’ils en prenaient occasion de convaincre d’injustice leurs persécuteurs, de reprocher aux Païens leurs désordres.
23- Sixième persécution de l’empereur Maximin. Année 235.
Pendant l’espace de vingt-quatre ans, on laissa les Chrétiens en paix. Les empereurs qui succédèrent à Sévère ne les persécutèrent point. Sévère Alexandre leur était même favorable; il honorait Jésus-Christ comme l'un de ses dieux, et il avait placé sa statue dans une espèce de temple domestique ; il avait conçu le dessein de le faire mettre solennellement au nombre des divinités du sénat.
L`Empereur romain Sévère Alexandre qui régna de 222 à 235 avait de la sympathie pour les Chrétiens.
Ce prince goûtait singulièrement cette maxime, qu’il avait apprise des Chrétiens : «Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît. » Il la fit graver dans son palais, et quand il avait condamné au supplice quelque malfaiteur, il la faisait Crier dans les rues par un héraut. Cette disposition favorable d’Alexandre pour les Chrétiens, fut pour Maximin, son successeur, une raison de les persécuter. Ce prince, qui était d'ailleurs d'un naturel féroce, publia contre eux de nouveaux édits. On croit qu'un soldat Chrétien y donna occasion, par une action qui eut beaucoup d’éclat.
L`empereur romain Maximin gouverna de l`an 235 a 238 ap J.C. Il venait de Thrace ( Au nord de la Grèce), et était militaire de carrière.
Quand on proclame. Maximin empereur, ce prince fit, selon la coutume, des libéralités aux troupes. Chaque soldat devait se présenter au nouvel empereur avec une couronne de laurier sur la tête; il en parut un qui avait la tête nue, et qui tenait sa couronne à la main. Il était déjà passé, sans que le tribun y fît attention, quand les murmures de ses compagnons le lui firent remarquer. Cet officier demanda au soldat pourquoi il ne portait pas comme les autres sa couronne sur la tête? « C’est parce que je suis Chrétien, répondit le soldat, et que ma religion ne me permet pas de porter vos couronnes», c`était apparemment une marque d’idolâtrie.
Le pape St-Pontien
Le soldat fut dépouillé de son habit militaire, et mis en prison. Cette affaire donna lieu à une persécution générale; cependant l'empereur n’ordonna la peine de mort que contre ceux qui enseignaient les autres et gouvernaient les Églises, persuadé que les peuples, destitués de l’appui de leurs pasteurs, seraient facilement vaincus. D’ailleurs; il craignait de dépeupler l'empire, en étendant la persécution sur la multitude des Fidèles; car les villes et les campagnes, les armées et le barreau, tout était plein de Chrétiens. Le fort de la persécution tomba donc sur les évêques et les prêtres; l’on condamna aux derniers supplices tous ceux dont on put se saisir.
Le pape St-Antère
Le Pape saint Pontien fut un des premiers qui souffrirent alors pour la Foi, Saint Antère, qui lui succéda, ne tint le siège que pendant six semaines, et l’on croit qu’il reçut aussi la couronne du martyre. Le règne de Maximin ne fut qu’une suite de cruautés; mais le détail n’en est pas parvenu jusqu’à nous. On remarque seulement qu’il y eut des églises brûlées, ce qui montre que dès lors les Chrétiens avaient des lieux publics pour tenir leurs assemblées. Cette persécution ne dura que trois ans parce que Maximin, qui s’était rendu odieux, fini tué par ses propres soldats, après un règne fort court.
Dans le même temps, Origène se rendit célèbre dans toute l’Église dès sa première jeunesse. Il était fils de St Léonide, qui souffrit pour la Foi dans la persécution d’Alexandrie, sous l’empereur Sévère. Le saint Martyr l’avait élevé avec le plus grand soin; non content de l’exercer dans les arts libéraux et les belles-lettres, il l’avait instruit des Saintes Écritures, dont il lui faisait apprendre tous les jours quelques sentences. Le jeune Origène s’appliquait à cette étude avec une ardeur incroyable, et son père admirait encore plus en lui les bénédictions, dont la grâce le prévenait, de ses talents naturels.
Alexandrie en Égypte sous domination romaine
Durant la persécution, Origène conçut un désir si vif de souffrir le martyre, qu’il se serait présenté de lui-même, si sa mère ne l’eût retenu par ses larmes et par ses prières. Lorsque son père eut été arrêté pour la Foi, son empressement redoubla, et l’on fut obligé de cacher ses habits pour l’empêcher d’aller le joindre. Ne pouvant faire autre chose, il lui écrivit une lettre fort touchante, où il l'exhortait au martyre. « Ne vous mettez point en peine de vos enfants, lui disait-il; Dieu-prendra soin de nous. » Léonide eut la tête tranchée. Ses biens ayant été confisqués, sa famille fut réduite à l’indigence.
Origène d`Alexandrie
Origène trouva un asile dans la maison d’une dame fort riche. Bientôt après, il ouvrit une école de grammaire, afin de subsister sans le secours d’autrui; enfin, il fut établi chef de l'école d’Alexandrie, qui était très célèbre. Alors il vendit tous ses livres profanes, pour s’appliquer uniquement à l`Écriture sainte, et en même temps pour fournir à sa subsistance; car ses leçons étaient gratuite, il ne tira de ce fonds que six sous par jour et ce peu suffit à la vie pénitente qu’il menait. Malgré cette austérité, il avait une douceur qui charmait tout le monde, l’aménité, de son caractère, autant que l’éclat de ses talents, lui attirait une foule prodigieuse d’auditeurs, non-seulement parmi la jeunesse, mais même parmi les savants et les philosophes, soit Chrétiens, soit même Gentils (païens). Il opéra un grand nombre de remaniement plusieurs de ses disciples devinrent des saints illustres : quelques-uns même remportèrent la couronne du martyre. C'était surtout à l'égard de ceux qui étaient arrêtés pour la Foi, qu’il remplissait avec zèle les fonctions d’un maître chrétien; il les visitait dans les fers; il les accompagnait a l’interrogatoire, et jusqu’au lieu du supplice. Il les encourageait par des signes, et même quelquefois par des discours animés.
L`Église d`Alexandrie a été fondée par St-Marc
Il exposa plusieurs fois sa vie dans cet exercice de zèle, souvent il pensa être lapidé ou assommé. Il fut même arrêté, chargé de chaînes et jeté dans un cachot. Si on ne le mit point à mort, ce ne fut que dans l`espérance, dont se flattaient ses persécuteurs de lasser sa patience, et d’entrainer une multitude de Chrétiens par l`exemple de la chute d’un si grand homme. On lui fit éprouver la faim, la soif, la nudité, sans que la rigueur ni la durée de ses souffrances ébranla son courage. L’habitude d`une vie austère l`avait endurci à toutes les épreuves, il jeunait presque toujours, il passait la plus grande partie de la nuit à prier et à méditer l`Écriture Sainte, et pendant le peu de repos qu’il était obligé de prendre il n`avait pour lit que la terre nue.
Chacun admirait l‘étendue de son génie; il n’y avait aucune sorte de science qu’il ne possédât, et chez lui cette multitude de connaissances ne nuisait point à la clarté son expression était si nette, qu'elle faisait comprendre aisément les choses les plus difficiles, et il parlait avec une ‘grâce qui inspirait l’amour des vérités qu’il enseignait.
Ouvrage d`Origène
L’Écrit le plus célèbre d`Origène est celui qu`il publia contre Celse, pour réfuter les calomnies que ce Philosophe païen avait publiées contre les chrétiens. On regarde cet ouvrage comme l’apologie la plus complète de la Religion chrétienne, qui nous soit restée de l`antiquité. Voici la substance de cet écrit : « Il aurait peut-être été plus à propos, dit Origène, d'imiter Jésus-Christ qui gardait un profond silence devant ses juges, et qui ne répondait aux calomnies de ses ennemis que par la sainteté de sa vie et par l’éclat de ses miracles; ainsi pourrait-on regarder comme inutile de réfuter les calomnies que la malice des hommes ne cesse de contre lui, puisqu’il se défend assez par la vertu solide de ses véritables disciples dont l’éclat dissipe tous les mensonges; je n’écris donc pas pour les vrais Fidèles une apologie est superflue pour eux; mais j’écris pour les Infidèles à qui cette instruction pourra être utile.»
Après avoir réfuté les objections particulières de Celse, il établit victorieusement la vérité de la religion chrétienne par des faits que l`on ne saurait contester, par des prophéties qui ont annoncée Jésus-Christ, par ses miracles et par les mœurs de ses Disciples. Quant aux prophéties, il est juste dit-il, d’ajouter foi aux livres des Juifs, comme à ceux des autres nations, on ne peut douter de leur antiquité, si l’on considère les preuves qu’en donnent Flavius Josèphe et Tatien, dont l’autorité est d’un grand poids. »
Ancienne mosaïque chrétienne trouvée dans des fouilles archéologique a Tipaza en Algérie: «En Dieu est la Paix et l`Harmonie sur Notre Partage»
In Deo Pax Concordia Sit Convivio Nostro
Origène rapporte les prophéties qui ont prédit clairement la naissance, la passion, la mort, et toutes les circonstances de l'avènement de Jésus-Christ. Il observe que depuis que Jésus-Christ est venu, les Juifs n’ont plus ni prophéties, ni miracles, ni aucune marque de la protection divine, comme l’on en voit chez les Chrétiens. A l’égard des miracles, Celse ne niait pas que Jésus-Christ en eût fait, mais il les attribuait à la magie.
Origène répond qu’il y a des moyens sûrs pour discerner les prestiges du démon ( anges déchus) d’avec les vrais miracles qui ont Dieu pour auteur. Ces moyens consistent à examiner les mœurs de ceux qui les font, leur doctrine et les effets que ces miracles produisent. « Moïse et les Prophètes, Jésus-Christ et ses Disciples, n’ont rien enseigné qui ne soit très-digne de Dieu, très-conforme à la raison, très-utile aux bonnes mœurs et à la société civile. Ils ont pratiqué les premiers ce qu’ils enseignaient, et l’effet a été grand et durable. Moïse a formé une nation entière, gouvernée par des lois saintes.
Mosaïque chrétienne : La multiplication des pains
Jésus-Christ a rassemblé toutes les nations dans la connaissance du vrai Dieu, dans la pratique de toutes les vertus. Les fourbes, les imposteurs, ne cherchent point à corriger les hommes, et leurs prestiges ont eu peu de suites. La résurrection e Jésus-Christ, qui est le grand miracle, le fondement de la Religion, ne peut être soupçonnée d’aucun artifice. Jésus-Christ est mort en public, sur une croix, devant tout le peuple juif. Après avoir été enseveli, et après être resté trois jours dans un tombeau, scellé et gardé par des soldats, il a apparu pendant quarante jours à Pierre, aux douze Apôtres, puis à cinq cents Disciples tout à la fois.
S’ils ne l’avaient pas vu ressusciter, s’ils n’avaient pas été convaincus de sa divinité, jamais ils ne se seraient exposés aux souffrances et à la mort, pour annoncer en tous lieux, par son ordre, la doctrine qu’ils avaient reçue de lui. Sa mort honteuse aurait effacé l’opinion qu’ils en avaient conçue; ils se seraient regardés comme trompés, et ils auraient été les premiers à le condamner. Il fallait qu’ils eussent vu quelque chose de bien extraordinaire pour embrasser ses maximes, et pour les faire embrasser aux autres, aux dépens, de leur repos, de leur liberté et de leur vie.»
Mosaïque d`une Église Byzantine du 6 eme siècle découverte en Israël.
Comment des hommes ignorants et grossiers, s’ils ne se fussent sentis soutenus par une vertu divine, auraient-ils pu entreprendre de changer l`univers? Comment les peuples, à leurs prédications auraient-ils quitté leurs anciennes coutumes pour suivre une doctrine contraire s’ils n’avaient été changés par une puissance extraordinaire et par des faits merveilleux?
Baptistère chrétien datant de la présence romaine en Tunisie.
Origène prouve ensuite la divinité de la Religion chrétienne le changement merveilleux qu`elle produit dans ceux qui l’embrassent . «Le grand effet de la Prédication de l`Évangile, dit-il, c`est la réforme des mœurs. Si quelqu`un avait guéri cent personnes du vice de l’impureté on aurait, on aurait peine à croire qu`il n`y eu rien en lui de surnaturel, que doit-on penser d`une si grande multitude de Chrétiens, qui sont devenus d`autres hommes depuis qu`ils ont reçu cette doctrine, embrassant la continence parfaite et cela dans toutes les provinces de l`Empire? Les maximes des Chrétiens les mettent bien au-dessus de ceux qui ne le sont pas, un Chrétien dompte ses passions les plus violente, dans la vue de plaire à Dieu, au lieu que les Païens se plongent dans les plus honteuses voluptés sans en rougir; et au milieu de leurs dérèglements, ils prétendent conserver encore le caractère d’honnête homme.
Le Chrétien le moins instruit est infiniment plus éclairé sur l'excellence et l’étendue de la chasteté, que les philosophes, les vestales et les Pontifes les plus réglés parmi les Païens. Nul d’entre nous n’est souillé de ces désordres, ou s’il s‘en trouve quelqu’un il n’est pas du nombre de ceux qui assistent à nos assemblées, il n’est plus Chrétien. » En effet , on chassait de l’Église ceux qui tombaient dans quelque péché, surtout d’impureté, on les pleurait comme morts à Dieu; et quand ils revenaient par la pénitence, on les soumettait à de plus longues épreuves que pour le baptême, il ne leur était plus permis d’exercer aucune fonction publique dans l`Église. La fidélité des Chrétiens à leur souverain est à toute épreuve; ils sont si éloignés d’exciter la moindre sédition, que selon l‘ordre qu’ils ont reçu de leur législateur, ils n’emploient jamais d’autres armes que la patience à l’égard de leurs ennemis.
Maintenant, ajoute Origène, dans la multitude de ceux qui se convertissent, il se trouve des riches, des personnes constituées en dignité, des femmes nobles, on dira peut-être qu‘il y a quelque gloire à annoncer notre doctrine; mais ce soupçon ne pouvait avoir lieu au commencement; à présent même, l'honneur que nous pouvons recevoir de quelques-uns des nôtres, n’égale pas le mépris et les outrages que nous souffrons de la part des Païens. »
Origène observe que les Chrétiens, malgré le zèle ardent dont ils étaient animés pour attirer des Infidèles à la foi, ne laissaient pas d’éprouver, autant qu’il est possible, ceux qui voulaient l’embrasser; ils les préparaient en particulier par des exhortations, avant de les recevoir dans l’assemblée; et quand ils les voyaient dans la résolution sincère de mener une vie réglée, ils les y faisaient entrer, les distinguant encore en deux ordres, l'un des commençants, et l’autre de ceux qui étaient plus avancés. Il y avait des personnes, chargées de veiller sur leur conduite, pour éloigner ceux qui ne menaient pas une vie conforme à la sainteté du Christianisme, et pour guider les autres dans la pratique de la piété. Telle était encore la vertu des Chrétiens longtemps après le siècle des Apôtres, que nos anciens apologistes, témoins des faits, la citaient en preuve de la divinité de la Religion, et qu’ils en prenaient occasion de convaincre d’injustice leurs persécuteurs, de reprocher aux Païens leurs désordres.
23- Sixième persécution de l’empereur Maximin. Année 235.
Pendant l’espace de vingt-quatre ans, on laissa les Chrétiens en paix. Les empereurs qui succédèrent à Sévère ne les persécutèrent point. Sévère Alexandre leur était même favorable; il honorait Jésus-Christ comme l'un de ses dieux, et il avait placé sa statue dans une espèce de temple domestique ; il avait conçu le dessein de le faire mettre solennellement au nombre des divinités du sénat.
L`Empereur romain Sévère Alexandre qui régna de 222 à 235 avait de la sympathie pour les Chrétiens.
Ce prince goûtait singulièrement cette maxime, qu’il avait apprise des Chrétiens : «Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît. » Il la fit graver dans son palais, et quand il avait condamné au supplice quelque malfaiteur, il la faisait Crier dans les rues par un héraut. Cette disposition favorable d’Alexandre pour les Chrétiens, fut pour Maximin, son successeur, une raison de les persécuter. Ce prince, qui était d'ailleurs d'un naturel féroce, publia contre eux de nouveaux édits. On croit qu'un soldat Chrétien y donna occasion, par une action qui eut beaucoup d’éclat.
L`empereur romain Maximin gouverna de l`an 235 a 238 ap J.C. Il venait de Thrace ( Au nord de la Grèce), et était militaire de carrière.
Quand on proclame. Maximin empereur, ce prince fit, selon la coutume, des libéralités aux troupes. Chaque soldat devait se présenter au nouvel empereur avec une couronne de laurier sur la tête; il en parut un qui avait la tête nue, et qui tenait sa couronne à la main. Il était déjà passé, sans que le tribun y fît attention, quand les murmures de ses compagnons le lui firent remarquer. Cet officier demanda au soldat pourquoi il ne portait pas comme les autres sa couronne sur la tête? « C’est parce que je suis Chrétien, répondit le soldat, et que ma religion ne me permet pas de porter vos couronnes», c`était apparemment une marque d’idolâtrie.
Le pape St-Pontien
Le soldat fut dépouillé de son habit militaire, et mis en prison. Cette affaire donna lieu à une persécution générale; cependant l'empereur n’ordonna la peine de mort que contre ceux qui enseignaient les autres et gouvernaient les Églises, persuadé que les peuples, destitués de l’appui de leurs pasteurs, seraient facilement vaincus. D’ailleurs; il craignait de dépeupler l'empire, en étendant la persécution sur la multitude des Fidèles; car les villes et les campagnes, les armées et le barreau, tout était plein de Chrétiens. Le fort de la persécution tomba donc sur les évêques et les prêtres; l’on condamna aux derniers supplices tous ceux dont on put se saisir.
Le pape St-Antère
Le Pape saint Pontien fut un des premiers qui souffrirent alors pour la Foi, Saint Antère, qui lui succéda, ne tint le siège que pendant six semaines, et l’on croit qu’il reçut aussi la couronne du martyre. Le règne de Maximin ne fut qu’une suite de cruautés; mais le détail n’en est pas parvenu jusqu’à nous. On remarque seulement qu’il y eut des églises brûlées, ce qui montre que dès lors les Chrétiens avaient des lieux publics pour tenir leurs assemblées. Cette persécution ne dura que trois ans parce que Maximin, qui s’était rendu odieux, fini tué par ses propres soldats, après un règne fort court.
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 1:41, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
24 - Septième persécution sous l`empereur romain Dèce. Année 249 ap J.C.
L`empereur Dèce fut l’auteur de la septième persécution. Dès le commencement de son règne, il publia contre les Chrétiens un édit sanglant, qu’ il envoya à tous les gouverneurs des provinces. L’exécution s’en fit avec une extrême rigueur; les magistrats n’étaient occupés qu'à rechercher les Chrétiens, et à réunir tous les genres de supplices pour les tourmenter. Les prisons, les fouets, le feu, les bêtes féroces, la poix bouillante, la cire fondue, les pieux aiguisés et les tenailles brûlantes furent mis en usage; mais l`Église eut la consolation de voir une multitude de ses enfants demeurer fermes, et souffrir les tourments les plus longs et les plus cruels avec une constance admirable.
L`empereur romain Dèce. Il règne de 249 à 251 ap J.C. Il fait face a des opérations militaires de plus en plus puissantes des tribus germaniques sur le Danube
Le pape saint Fabien leur donna l’exemple, et fut une des premières victimes immolées dans cette persécution. Saint Alexandre, évêque de Jérusalem, vieillard vénérable, fut présenté au tribunal du gouverneur de la Palestine, et confesse généreusement le nom de Jésus-Christ pour la seconde fois, car il lui avait déjà rendu témoignage sous l’empereur Sévère, environ quarante ans auparavant, il fut mis en prison et mourut dans les fers. Saint Babilas, évêque d’Antioche, reçut aussi la couronne du martyre, avec les trois jeunes enfants qu’il instruisait. Le nombre de ceux qui souffrirent alors pour la Foi fut si grand, que selon le rapport de l'historien Nicéphore, il ne serait pas possible de les compter.
St-Fabien, Pape et Martyr
Exécution de St-Babylas, Évêque d`Antioche ( ville gréco-Romaine au sud de la Turquie actuelle) et des trois enfants.
Après avoir inutilement employé les supplices les plus violents, les persécuteurs mirent en œuvre les tortures lentes, afin de lasser la patience des Martyrs, et quelquefois tous les attraits de la volupté pour les corrompre.
Arrestation de Chrétiens dans les persécutions de Dèce
Beaucoup de Chrétiens, pour se soustraire à cette persécution, où l’on employait tantôt la violence, tantôt la séduction, s’enfuirent dans les déserts.
25 - Huitième persécution sous l'empereur Valérien. Année 257 ap J.C.
La persécution, qui s’était un peu ralentie, recommença avec une nouvelle violence sous l’empereur Valérien. Ce prince fut animé contre les Chrétiens par un de ses ministres qui les haïssait, et qui lui persuada que pour réussir dans la guerre qu’il avait alors à soutenir, il devait abolir le christianisme. Dans cette vue, il publia des édits qui procurèrent la gloire du martyre à un grand nombre de Chrétiens.
«Après 4 ans de règne, Valérien édicte tout à coup plusieurs édits de persécution en 257. Il aurait cédé aux pressions de son ministre des finances Macrianus, païen fanatique qui fréquente les mages mais aussi soucieux d'enrichir le trésor qu'il administre par la confiscation des biens des chrétiens riches.»
Le plus illustre d’entre ces Martyrs fut saint Laurent, le premier des diacres de l’Église romaine. Lorsque l’on conduisit au supplice le pape saint Sixte, qui l’avait élevé au diaconat, saint Laurent, animé du désir de donner aussi sa vie pour Jésus-Christ, le suivait en versant des larmes, et lui disait : « Où allez-vous, mon père, sans votre fils? saint Pontife, où allez-vous, sans votre ministre?» Saint Sixte lui répondit: « Mon fils, un plus grand combat vous est réservé. Vous me suivrez dans trois jours.» Le saint diacre, consolé par ces paroles, se prépara au martyre, et se hâta de distribuer aux pauvres tout l’argent qu’il avait entre les mains; car c’étaient les diacres qui avaient alors la dispensation des biens de l’Église. Le préfet de Rome, instruit que l’Église avait beaucoup de richesses, voulut s en comparer; il envoya chercher le saint diacre, qui en était le dépositaire, et lui dit: « Vous vous plaignez, vous autres Chrétiens, que l’on vous traite avec rigueur, mais il ne s’agit point ici de tourments. Je vous demande avec douceur ce que pouvez donner. Je sais que vous avez des vases d’or et d’argent pour vos sacrifices; remettez-moi ces trésors, le prince en a besoin pour entretenir ses troupes.»
Arrestation du Pape saint Sixte en présence du diacre St-Laurent
Saint Laurent répondit : « J’avoue que notre Église est riche, et que l’empereur n’a point de trésors aussi précieux. Je vous en ferai voir une bonne partie : accordez-moi seulement un peu de temps pour mettre tout en ordre. » Le préfet n’entendit pas de quelles richesses on lui parlait; il accorda trois jours de délai.
Le Diacre St-Laurent présente au préfet romain les richesses de l`Église : les pauvres et les malades.
Dans cet intervalle, le saint diacre parcourut toute la ville, pour rassembler tous les pauvres que l’Église nourrissait; il alla ensuite dire au préfet que tout était prêt. Le préfet le suivit, et voyant cette troupe d’aveugles de boiteux et d’estropiés, au lieu des vases précieux qu’il attendait, il jeta sur le saint diacre un regard menaçant. « De quoi vous fâchez vous? lui dit saint Laurent. L’or n’est qu'un vil métal, et qui est la cause de bien des maux : l’or véritable, c'est la lumière divine qui éclaire ces Pauvres : voilà les richesses que je vous ai promises. C’est donc ainsi que tu me joues, dit le préfet en fureur. Je sais que les Chrétiens se piquent de mépriser la mort; aussi n'espère pas de mourir promptement, je ferai prolonger les tortures, et tu ne mourras que par degrés.»
Martyr du Diacre St-Laurent de Rome
En effet, on commença par déchirer son corps à coups de fouets; puis on prépara un gril de fer sur des charbons allumés, et l’on attacha le saint martyr sur ce gril, de manière que le feu ne pénétrât que lentement sa chair. Mais le feu de la charité, qui embrasait son cœur était plus fort que celui qui brûlait son corps, et le rendait comme insensible à ce tourment, il n’était occupé que de la loi du Seigneur, et son supplice devenait pour lui un vrai rafraîchissement. Après avoir enduré longtemps cette horrible torture, il dit tranquillement au juge : «Mon corps est assez rôti de ce côté-là, faites le tourner de l'autre ». Puis levant les yeux au ciel, il pria Dieu pour la conservation de Rome, et rendit l'esprit. Quel courage! quelle tranquillité au milieu des plus cuisantes douleurs! Vainement en chercherait-on le principe ailleurs que dans la force toute-puissante du secours divin.
A Carthage (Tunisie actuelle): Saint Cyprien est arrêté et envoyé en exil.
Ce fut dans la même persécution que saint Cyprien, évêque de Carthage, souffrit le martyre. Il était né en Afrique, d’une famille distinguée. Avant sa conversion, il enseigna la rhétorique à Carthage avec beaucoup de réputation. Ce ne fut que dans un âge mûr, et après bien des réflexions, qu’il embrassa le christianisme. Il avait hésité longtemps pour se déterminer à quitter la religion païenne, où il était né. Il lui semblait bien difficile de renaître pour mener une vie nouvelle, et de devenir un autre homme en gardant le même corps. «Comment peut-on, disait il, détruire les habitudes invétérées, et qui sont devenues comme une seconde nature? Comment apprendre la frugalité, quand on est accoutumé à une table abondante et délicate?»
La ville romaine de Carthage en Afrique du Nord ( Tunisie actuelle)
C’est ce qu’il écrivait lui-même à un de ses amis. « Mais, ajoute-t-il, lorsque l’eau de la régénération eut lavé les taches de ma vie passée, et que mon cœur purifié ont reçu la lumière céleste, toutes mes difficultés s’évanouirent; je trouvai facile ce qui m’avait paru impossible.» Il fit de si grands progrès dans a vertu, que l’on crut devoir l’élever à la prêtrise peu de temps après.
St-Cyprien- évêque de Carthage vers 257 ap J.C.
Martyre de Saint Cyprien
Saint Cyprien était occupé de ses fonction de zèle lorsque la persécution de l’empereur, Valérien éclata. Paterne, Proconsul d'Afrique le fit amener à son tribunal. « L’empereur m ordonne lui dit-il, de faire professer par tous ses sujets la religion qu’il professe lui-même. Qui êtes-vous?» Le saint évêque lui répondit : « Je suis Chrétien et évêque. Je ne connais qu’un seul vrai Dieu qui a fait le ciel et la terre. C`est ce Dieu que nous servons, et que nous prions en particulier pour la prospérité des empereurs.» Je veux savoir, ajoute le proconsul, qui sont les prêtres attachés à votre Église. « Je ne puis les découvrir répliqua saint Cyprien; vos lois elles-mêmes condamnent les délateurs.»
Après quelques autres questions, et des réponses aussi fermes, le proconsul l’envoya en exil à Curube, petite ville située sur la côte d’Afrique, qui n’était pas fort éloignée de Carthage. Plusieurs, autres évêques d’Afrique et un grand nombre de prêtres furent bannis en même temps; et dispersés en des lieux sauvages, où ils eurent bien des
incommodités à souffrir. Saint Cyprien les consola par une lettre qu’on ne peut lire sans ressentir quelque étincelle du feu divin dont son cœur était embrasé, et qui lui faisait mettre son bonheur à souffrir pour Jésus-Christ. Il demeura une année entière dans le lieu de son exil; puis il fut ramené à Carthage, pour y être jugé par le nouveau proconsul, qui avait succédé à Paterne. La persécution s’était rallumée avec plus de violence, et l’ édit de l’empereur Valérien portait que les évêques, les prêtres et les diacres seraient mis à mort sur le champ.
Saint Cyprien fut confié au capitaine des gardes, qui logeait dans un faubourg de Carthage. Ses amis eurent la liberté de le voir et tout le peuple y courut. Les Chrétiens craignant qu’on ne le fît mourir pendant la nuit, la passèrent toute entière à la porte de la maison où il était gardé. Le proconsul était alors à sa maison de campagne et le saint évêque y fut conduit par un temps fort chaud. Un soldat le voyant trempé de sueur, l’engageait à changer d’habit. « A quoi bon, dit le Saint, chercher à adoucir des maux qui vont finir!» Dès que le proconsul l’aperçut, il lui demanda si c’était lui qui se nommait Cyprien. « C'est moi-même , répondit le saint évêque.» L’empereur vous ordonne de sacrifier aux dieux, dit le proconsul. Je n’en ferai rien, répondit saint Cyprien.
«Pensez à Vous, ajouta le juge.» Saint Cyprien répliqua : «Dans une affaire si juste, il n’y a point à délibérer.» Enfin, le proconsul, ayant pris l'avis de son conseil, parla ainsi au saint évêque: «Il y a longtemps que vous faites profession d`impiété, sans que nos empereurs aient pu vous ramener à de meilleurs sentiments. Puisque vous êtes
le chef de cette secte pernicieuse, vous servirez d’exemple à ceux que vous avez entraînés dans la désobéissance; la discipline des lois sera affermie par votre sang.»
Alors prenant la tablette où la sentence était écrite, il la lut à haute voix; elle était conçue en ces termes : « Il est ordonné que Cyprien sera puni par l'épée.» Le saint évêque répondit : « Je rends grâces à Dieu.» Les Fidèles qui étaient en grand nombre dans l’assemblée, s’écrièrent : « Que l’on nous coupe aussi la tête!» On avait choisi pour le lieu de l'exécution une place bordée de grands arbres, à quelque distance de la ville et le peuple s’y rassembla.
Exécution de l`Évêque de Carthage St-Cyprien
Le saint évêque donna, jusqu’à la fin, les preuves de sa sollicitude pour son troupeau. Ayant su que dans la foule il y avait de jeunes vierges, il ordonna qu’on eût soin de les mettre à l’abri de tous dangers. Arrivé au lieu de son supplice, il se prosterna le visage contre terre, et adressa à Dieu une fervente prière. Quand elle fut achevée, il ôta ses habits, qu’il donna à ses diacres; il prit ensuite le bandeau pour se couvrir les yeux; et, comme il avait de la peine à le nouer par derrière, un prêtre et un diacre lui rendirent ce dernier office. Alors l'exécuteur parut, et le saint Martyr lui fit donner vingt-cinq écus d’or; puis il se mit à genoux, et, tenant les mains croisées sur sa poitrine, il attendit le coup qui devait le faire passer de cette vie à la glorieuse immortalité. Les Fidèles recueillirent son sang dans des linges qu’ils avaient étendus autour de lui avant qu’on lui tranchât la tête, et ils conservèrent cette précieuse relique avec un respect religieux.
Suite de la persécution en Afrique.
La persécution ne fut point apaisée par la mort de St Cyprien, et il y eut encore, quelques mois après, une multitude de Martyrs. Les plus illustres étaient St Montan et ses compagnons, au nombre de huit. Nous avons encore la relation de leur martyre, commencée par eux-mêmes dans la prison, et achevée par un témoin oculaire. Voici comme ils s’expriment : « Lorsqu’on nous eut arrêtés , nous apprîmes que le gouverneur devait nous condamner à être brûlés vifs, et que l’exécution devait se faire le lendemain; mais Dieu, qui tient en sa main le cœur des juges, ne permit pas que l'on nous fît souffrir ce genre de supplice. Le gouverneur changea de résolution, et on nous remit en prison. Ce lieu n'eut pour nous rien d'affreux; son obscurité fit place à une clarté toute céleste; un rayon du Saint-Esprit éclaira cette noire demeure, et fit naître la lumière dans les ténèbres. Le lendemain, sur le soi, nous fûmes tout-à-coup enlevés par les soldats, et conduits au palais, pour être interrogés. Le gouverneur nous fit plusieurs questions, auxquelles il mêla des menaces et des promesses. Nos réponses furent modestes, mais fermes, généreuses et chrétiennes; enfin, nous sortîmes de l'interrogatoire vainqueurs du démon.
On nous renvoya en prison, et nous nous y préparâmes à un nouveau combat. Le plus rude que nous eûmes à essuyer, ce fut la faim et la soif car après nous avoir fait travailler le jour entier, on nous refusait tout et même un peu d'eau. Dieu nous consola lui-même, en nous faisant connaître dans une vision que nous n'avions plus que quelques jours à souffrir, et qu'il ne nous abandonnerait point; il nous procura aussi quelques rafraîchissements par le ministère de deux Chrétiens, qui parvinrent à nous les faire passer. Ce secours nous soulagea un peu; nos malades se rétablirent; nous oubliâmes bientôt nos fatigues, et nous nous mimes à bénir la miséricorde divine qui avait daigné adoucir nos peines. Ce qui contribue beaucoup à nous soutenir et à nous consoler, c'est l'union intime qui est entre nous; nous n'avons tous qu'un même esprit qui nous unit dans la prière et dans les entretiens.
Ancienne basilique St-Cyprien de Carthage. Bâtie au quatrième siècle, elle fut utilisée jusqu`aux conquêtes musulmanes vers l`an 698.
Vous le savez, rien n'est plus doux que cette charité fraternelle, qui est si agréable à Dieu, et avec laquelle on obtient de lui tout ce qu'on demande, suivant cette parole si consolante de Jésus-Christ : «Si deux personnes s’unissent sur la terre pour demander quelque chose à mon père, elles l’obtiendront infailliblement.» Enfin, le gouverneur les fit citer de nouveau à son tribunal. Tous déclarèrent hautement qu'ils persistaient dans leur première confession. Alors le gouverneur rendit une sentence par laquelle il les condamnait à avoir la tête tranchée, et on les conduisit au lieu où ils devaient être immolés. Il s’y fit un grand concours de peuple; les Fidèles et les Gentils (non-chrétiens) y accouraient à l’envi. Les saints Martyrs avaient la joie peinte sur le visage, et cette joie venait de ce qu’ils se voyaient sur le point d’arriver à un bonheur éternel, ils exhortaient avec force ceux qui les environnaient; les Fidèles, à rester fermes dans la Foi, et à conserver avec soin ce précieux dépôt; les idolâtres, à reconnaître et à adorer le vrai Dieu. Tout homme, leur disaient-ils, qui sacrifie aux fausses divinités, sera exterminé; c’est une impiété horrible d’abandonner le vrai Dieu, et d’adorer les démons ( anges déchus). Ils eurent tous la tête tranchée.
L`empereur Dèce fut l’auteur de la septième persécution. Dès le commencement de son règne, il publia contre les Chrétiens un édit sanglant, qu’ il envoya à tous les gouverneurs des provinces. L’exécution s’en fit avec une extrême rigueur; les magistrats n’étaient occupés qu'à rechercher les Chrétiens, et à réunir tous les genres de supplices pour les tourmenter. Les prisons, les fouets, le feu, les bêtes féroces, la poix bouillante, la cire fondue, les pieux aiguisés et les tenailles brûlantes furent mis en usage; mais l`Église eut la consolation de voir une multitude de ses enfants demeurer fermes, et souffrir les tourments les plus longs et les plus cruels avec une constance admirable.
L`empereur romain Dèce. Il règne de 249 à 251 ap J.C. Il fait face a des opérations militaires de plus en plus puissantes des tribus germaniques sur le Danube
Le pape saint Fabien leur donna l’exemple, et fut une des premières victimes immolées dans cette persécution. Saint Alexandre, évêque de Jérusalem, vieillard vénérable, fut présenté au tribunal du gouverneur de la Palestine, et confesse généreusement le nom de Jésus-Christ pour la seconde fois, car il lui avait déjà rendu témoignage sous l’empereur Sévère, environ quarante ans auparavant, il fut mis en prison et mourut dans les fers. Saint Babilas, évêque d’Antioche, reçut aussi la couronne du martyre, avec les trois jeunes enfants qu’il instruisait. Le nombre de ceux qui souffrirent alors pour la Foi fut si grand, que selon le rapport de l'historien Nicéphore, il ne serait pas possible de les compter.
St-Fabien, Pape et Martyr
Exécution de St-Babylas, Évêque d`Antioche ( ville gréco-Romaine au sud de la Turquie actuelle) et des trois enfants.
Après avoir inutilement employé les supplices les plus violents, les persécuteurs mirent en œuvre les tortures lentes, afin de lasser la patience des Martyrs, et quelquefois tous les attraits de la volupté pour les corrompre.
Arrestation de Chrétiens dans les persécutions de Dèce
Beaucoup de Chrétiens, pour se soustraire à cette persécution, où l’on employait tantôt la violence, tantôt la séduction, s’enfuirent dans les déserts.
25 - Huitième persécution sous l'empereur Valérien. Année 257 ap J.C.
La persécution, qui s’était un peu ralentie, recommença avec une nouvelle violence sous l’empereur Valérien. Ce prince fut animé contre les Chrétiens par un de ses ministres qui les haïssait, et qui lui persuada que pour réussir dans la guerre qu’il avait alors à soutenir, il devait abolir le christianisme. Dans cette vue, il publia des édits qui procurèrent la gloire du martyre à un grand nombre de Chrétiens.
«Après 4 ans de règne, Valérien édicte tout à coup plusieurs édits de persécution en 257. Il aurait cédé aux pressions de son ministre des finances Macrianus, païen fanatique qui fréquente les mages mais aussi soucieux d'enrichir le trésor qu'il administre par la confiscation des biens des chrétiens riches.»
Le plus illustre d’entre ces Martyrs fut saint Laurent, le premier des diacres de l’Église romaine. Lorsque l’on conduisit au supplice le pape saint Sixte, qui l’avait élevé au diaconat, saint Laurent, animé du désir de donner aussi sa vie pour Jésus-Christ, le suivait en versant des larmes, et lui disait : « Où allez-vous, mon père, sans votre fils? saint Pontife, où allez-vous, sans votre ministre?» Saint Sixte lui répondit: « Mon fils, un plus grand combat vous est réservé. Vous me suivrez dans trois jours.» Le saint diacre, consolé par ces paroles, se prépara au martyre, et se hâta de distribuer aux pauvres tout l’argent qu’il avait entre les mains; car c’étaient les diacres qui avaient alors la dispensation des biens de l’Église. Le préfet de Rome, instruit que l’Église avait beaucoup de richesses, voulut s en comparer; il envoya chercher le saint diacre, qui en était le dépositaire, et lui dit: « Vous vous plaignez, vous autres Chrétiens, que l’on vous traite avec rigueur, mais il ne s’agit point ici de tourments. Je vous demande avec douceur ce que pouvez donner. Je sais que vous avez des vases d’or et d’argent pour vos sacrifices; remettez-moi ces trésors, le prince en a besoin pour entretenir ses troupes.»
Arrestation du Pape saint Sixte en présence du diacre St-Laurent
Saint Laurent répondit : « J’avoue que notre Église est riche, et que l’empereur n’a point de trésors aussi précieux. Je vous en ferai voir une bonne partie : accordez-moi seulement un peu de temps pour mettre tout en ordre. » Le préfet n’entendit pas de quelles richesses on lui parlait; il accorda trois jours de délai.
Le Diacre St-Laurent présente au préfet romain les richesses de l`Église : les pauvres et les malades.
Dans cet intervalle, le saint diacre parcourut toute la ville, pour rassembler tous les pauvres que l’Église nourrissait; il alla ensuite dire au préfet que tout était prêt. Le préfet le suivit, et voyant cette troupe d’aveugles de boiteux et d’estropiés, au lieu des vases précieux qu’il attendait, il jeta sur le saint diacre un regard menaçant. « De quoi vous fâchez vous? lui dit saint Laurent. L’or n’est qu'un vil métal, et qui est la cause de bien des maux : l’or véritable, c'est la lumière divine qui éclaire ces Pauvres : voilà les richesses que je vous ai promises. C’est donc ainsi que tu me joues, dit le préfet en fureur. Je sais que les Chrétiens se piquent de mépriser la mort; aussi n'espère pas de mourir promptement, je ferai prolonger les tortures, et tu ne mourras que par degrés.»
Martyr du Diacre St-Laurent de Rome
En effet, on commença par déchirer son corps à coups de fouets; puis on prépara un gril de fer sur des charbons allumés, et l’on attacha le saint martyr sur ce gril, de manière que le feu ne pénétrât que lentement sa chair. Mais le feu de la charité, qui embrasait son cœur était plus fort que celui qui brûlait son corps, et le rendait comme insensible à ce tourment, il n’était occupé que de la loi du Seigneur, et son supplice devenait pour lui un vrai rafraîchissement. Après avoir enduré longtemps cette horrible torture, il dit tranquillement au juge : «Mon corps est assez rôti de ce côté-là, faites le tourner de l'autre ». Puis levant les yeux au ciel, il pria Dieu pour la conservation de Rome, et rendit l'esprit. Quel courage! quelle tranquillité au milieu des plus cuisantes douleurs! Vainement en chercherait-on le principe ailleurs que dans la force toute-puissante du secours divin.
A Carthage (Tunisie actuelle): Saint Cyprien est arrêté et envoyé en exil.
Ce fut dans la même persécution que saint Cyprien, évêque de Carthage, souffrit le martyre. Il était né en Afrique, d’une famille distinguée. Avant sa conversion, il enseigna la rhétorique à Carthage avec beaucoup de réputation. Ce ne fut que dans un âge mûr, et après bien des réflexions, qu’il embrassa le christianisme. Il avait hésité longtemps pour se déterminer à quitter la religion païenne, où il était né. Il lui semblait bien difficile de renaître pour mener une vie nouvelle, et de devenir un autre homme en gardant le même corps. «Comment peut-on, disait il, détruire les habitudes invétérées, et qui sont devenues comme une seconde nature? Comment apprendre la frugalité, quand on est accoutumé à une table abondante et délicate?»
La ville romaine de Carthage en Afrique du Nord ( Tunisie actuelle)
C’est ce qu’il écrivait lui-même à un de ses amis. « Mais, ajoute-t-il, lorsque l’eau de la régénération eut lavé les taches de ma vie passée, et que mon cœur purifié ont reçu la lumière céleste, toutes mes difficultés s’évanouirent; je trouvai facile ce qui m’avait paru impossible.» Il fit de si grands progrès dans a vertu, que l’on crut devoir l’élever à la prêtrise peu de temps après.
St-Cyprien- évêque de Carthage vers 257 ap J.C.
Martyre de Saint Cyprien
Saint Cyprien était occupé de ses fonction de zèle lorsque la persécution de l’empereur, Valérien éclata. Paterne, Proconsul d'Afrique le fit amener à son tribunal. « L’empereur m ordonne lui dit-il, de faire professer par tous ses sujets la religion qu’il professe lui-même. Qui êtes-vous?» Le saint évêque lui répondit : « Je suis Chrétien et évêque. Je ne connais qu’un seul vrai Dieu qui a fait le ciel et la terre. C`est ce Dieu que nous servons, et que nous prions en particulier pour la prospérité des empereurs.» Je veux savoir, ajoute le proconsul, qui sont les prêtres attachés à votre Église. « Je ne puis les découvrir répliqua saint Cyprien; vos lois elles-mêmes condamnent les délateurs.»
Après quelques autres questions, et des réponses aussi fermes, le proconsul l’envoya en exil à Curube, petite ville située sur la côte d’Afrique, qui n’était pas fort éloignée de Carthage. Plusieurs, autres évêques d’Afrique et un grand nombre de prêtres furent bannis en même temps; et dispersés en des lieux sauvages, où ils eurent bien des
incommodités à souffrir. Saint Cyprien les consola par une lettre qu’on ne peut lire sans ressentir quelque étincelle du feu divin dont son cœur était embrasé, et qui lui faisait mettre son bonheur à souffrir pour Jésus-Christ. Il demeura une année entière dans le lieu de son exil; puis il fut ramené à Carthage, pour y être jugé par le nouveau proconsul, qui avait succédé à Paterne. La persécution s’était rallumée avec plus de violence, et l’ édit de l’empereur Valérien portait que les évêques, les prêtres et les diacres seraient mis à mort sur le champ.
Saint Cyprien fut confié au capitaine des gardes, qui logeait dans un faubourg de Carthage. Ses amis eurent la liberté de le voir et tout le peuple y courut. Les Chrétiens craignant qu’on ne le fît mourir pendant la nuit, la passèrent toute entière à la porte de la maison où il était gardé. Le proconsul était alors à sa maison de campagne et le saint évêque y fut conduit par un temps fort chaud. Un soldat le voyant trempé de sueur, l’engageait à changer d’habit. « A quoi bon, dit le Saint, chercher à adoucir des maux qui vont finir!» Dès que le proconsul l’aperçut, il lui demanda si c’était lui qui se nommait Cyprien. « C'est moi-même , répondit le saint évêque.» L’empereur vous ordonne de sacrifier aux dieux, dit le proconsul. Je n’en ferai rien, répondit saint Cyprien.
«Pensez à Vous, ajouta le juge.» Saint Cyprien répliqua : «Dans une affaire si juste, il n’y a point à délibérer.» Enfin, le proconsul, ayant pris l'avis de son conseil, parla ainsi au saint évêque: «Il y a longtemps que vous faites profession d`impiété, sans que nos empereurs aient pu vous ramener à de meilleurs sentiments. Puisque vous êtes
le chef de cette secte pernicieuse, vous servirez d’exemple à ceux que vous avez entraînés dans la désobéissance; la discipline des lois sera affermie par votre sang.»
Alors prenant la tablette où la sentence était écrite, il la lut à haute voix; elle était conçue en ces termes : « Il est ordonné que Cyprien sera puni par l'épée.» Le saint évêque répondit : « Je rends grâces à Dieu.» Les Fidèles qui étaient en grand nombre dans l’assemblée, s’écrièrent : « Que l’on nous coupe aussi la tête!» On avait choisi pour le lieu de l'exécution une place bordée de grands arbres, à quelque distance de la ville et le peuple s’y rassembla.
Exécution de l`Évêque de Carthage St-Cyprien
Le saint évêque donna, jusqu’à la fin, les preuves de sa sollicitude pour son troupeau. Ayant su que dans la foule il y avait de jeunes vierges, il ordonna qu’on eût soin de les mettre à l’abri de tous dangers. Arrivé au lieu de son supplice, il se prosterna le visage contre terre, et adressa à Dieu une fervente prière. Quand elle fut achevée, il ôta ses habits, qu’il donna à ses diacres; il prit ensuite le bandeau pour se couvrir les yeux; et, comme il avait de la peine à le nouer par derrière, un prêtre et un diacre lui rendirent ce dernier office. Alors l'exécuteur parut, et le saint Martyr lui fit donner vingt-cinq écus d’or; puis il se mit à genoux, et, tenant les mains croisées sur sa poitrine, il attendit le coup qui devait le faire passer de cette vie à la glorieuse immortalité. Les Fidèles recueillirent son sang dans des linges qu’ils avaient étendus autour de lui avant qu’on lui tranchât la tête, et ils conservèrent cette précieuse relique avec un respect religieux.
Suite de la persécution en Afrique.
La persécution ne fut point apaisée par la mort de St Cyprien, et il y eut encore, quelques mois après, une multitude de Martyrs. Les plus illustres étaient St Montan et ses compagnons, au nombre de huit. Nous avons encore la relation de leur martyre, commencée par eux-mêmes dans la prison, et achevée par un témoin oculaire. Voici comme ils s’expriment : « Lorsqu’on nous eut arrêtés , nous apprîmes que le gouverneur devait nous condamner à être brûlés vifs, et que l’exécution devait se faire le lendemain; mais Dieu, qui tient en sa main le cœur des juges, ne permit pas que l'on nous fît souffrir ce genre de supplice. Le gouverneur changea de résolution, et on nous remit en prison. Ce lieu n'eut pour nous rien d'affreux; son obscurité fit place à une clarté toute céleste; un rayon du Saint-Esprit éclaira cette noire demeure, et fit naître la lumière dans les ténèbres. Le lendemain, sur le soi, nous fûmes tout-à-coup enlevés par les soldats, et conduits au palais, pour être interrogés. Le gouverneur nous fit plusieurs questions, auxquelles il mêla des menaces et des promesses. Nos réponses furent modestes, mais fermes, généreuses et chrétiennes; enfin, nous sortîmes de l'interrogatoire vainqueurs du démon.
On nous renvoya en prison, et nous nous y préparâmes à un nouveau combat. Le plus rude que nous eûmes à essuyer, ce fut la faim et la soif car après nous avoir fait travailler le jour entier, on nous refusait tout et même un peu d'eau. Dieu nous consola lui-même, en nous faisant connaître dans une vision que nous n'avions plus que quelques jours à souffrir, et qu'il ne nous abandonnerait point; il nous procura aussi quelques rafraîchissements par le ministère de deux Chrétiens, qui parvinrent à nous les faire passer. Ce secours nous soulagea un peu; nos malades se rétablirent; nous oubliâmes bientôt nos fatigues, et nous nous mimes à bénir la miséricorde divine qui avait daigné adoucir nos peines. Ce qui contribue beaucoup à nous soutenir et à nous consoler, c'est l'union intime qui est entre nous; nous n'avons tous qu'un même esprit qui nous unit dans la prière et dans les entretiens.
Ancienne basilique St-Cyprien de Carthage. Bâtie au quatrième siècle, elle fut utilisée jusqu`aux conquêtes musulmanes vers l`an 698.
Vous le savez, rien n'est plus doux que cette charité fraternelle, qui est si agréable à Dieu, et avec laquelle on obtient de lui tout ce qu'on demande, suivant cette parole si consolante de Jésus-Christ : «Si deux personnes s’unissent sur la terre pour demander quelque chose à mon père, elles l’obtiendront infailliblement.» Enfin, le gouverneur les fit citer de nouveau à son tribunal. Tous déclarèrent hautement qu'ils persistaient dans leur première confession. Alors le gouverneur rendit une sentence par laquelle il les condamnait à avoir la tête tranchée, et on les conduisit au lieu où ils devaient être immolés. Il s’y fit un grand concours de peuple; les Fidèles et les Gentils (non-chrétiens) y accouraient à l’envi. Les saints Martyrs avaient la joie peinte sur le visage, et cette joie venait de ce qu’ils se voyaient sur le point d’arriver à un bonheur éternel, ils exhortaient avec force ceux qui les environnaient; les Fidèles, à rester fermes dans la Foi, et à conserver avec soin ce précieux dépôt; les idolâtres, à reconnaître et à adorer le vrai Dieu. Tout homme, leur disaient-ils, qui sacrifie aux fausses divinités, sera exterminé; c’est une impiété horrible d’abandonner le vrai Dieu, et d’adorer les démons ( anges déchus). Ils eurent tous la tête tranchée.
Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 16:43, édité 2 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
26- Punition des persécuteurs. Charité des Chrétiens.
La vengeance divine éclata sur Valérien, qui fut un des plus cruels persécuteurs du christianisme. Ce prince, après avoir perdu une bataille, s’engagea imprudemment dans une conférence avec Sapor, le roi de Perse, qui se saisit de sa personne, le retint prisonnier, et le traita avec la dernière indignité. Quand Sapor voulait monter à cheval, il faisait courber l’empereur devant lui, il lui mettait le pied sur le cou, et s’en servait comme d’étrier enfin, il le fit écorcher vif, et sa peau, teinte en rouge, fut suspendue dans un temple de la Perse, comme un monument de l’opprobre des Romains.
L`Empereur romain Valérien prisonnier du roi des Perses Sapor
Les Païens s’étonnaient du malheur de Valérien; mais les Chrétiens reconnaissaient la main de Dieu, justement appesantie sur la tête d’un prince qui les avait cruellement persécutés. L’empire fut alors plongé dans les plus affreuses calamités; des peuples barbares se répandirent dans toutes ses provinces; les Goths coururent la Thrace et la Macédoine, et laissèrent dans toute la Grèce des marques de leur fureur; les Germains passèrent les Alpes et s’avancèrent en Italie, jusqu’à Ravenne ; d’autres entrèrent dans les Gaules et passèrent en Espagne ; les Sarmates ravagèrent la Pannonie; les Parthes pénétrèrent jusqu’en Syrie; il y eut des guerres civiles dans tout l’empire, et l'on compta jusqu’à trente tyrans qui se disaient alors empereurs romains.
Mouvement des tribus barbares vers l`empire romain
Il y eut des tremblements de terre, et la mer débordée inonda plusieurs villes. La peste succéda à tous ces maux; et elle était si violente à Rome que, souvent dans un seul jour, elle emportait plusieurs milliers d’hommes. Elle ne fit pas moins de ravage dans Alexandrie.
« C'était dit St Denis, évêque de cette grande ville, c’était un deuil universel; il n’y avait point de maison qui ne pleurât quelque mort; la ville retentissait de gémissements. » Le saint évêque, ajoute que cette maladie était pour les Païens la plus cruelle de toutes les calamités, et pour les Chrétiens une occasion d’exercer la plus héroïque charité; il n’y avait qu’eux qui eussent le courage de secourir les malades. « La plupart de nos frères, dit-il, ne se sont point épargnés; ils ont été visiter les malades, les ont consolés, ils les ont visités généreusement; ils n’étaient point arrêtés par le danger de gagner eux- mêmes la maladie; de sorte que plusieurs sont morts en guérissent les autres.»
Épidémie de peste à Rome et Alexandrie
«Beaucoup de prêtres, de diacres, de laïques vertueux ont ainsi sacrifié leur vie; mais ceux qui restent prennent leur place, et continuent de rendre aux malades les mêmes services. Les Païens, au contraire, prennent la fuite; ils abandonnent ceux qu’ils aimaient le plus; ils les jettent dans les rues, même avant leur mort, et ils laissent les corps sans sépulture, comme du fumier, tant ils craignent de contracter la maladie, que toutefois ils n’évitent pas. » Cette différence dans la conduite des uns et des autres frappait tout le monde, et l'on déclarait hautement que les Chrétiens étaient les seuls qui connussent la véritable piété. L’Église honore encore comme martyrs ceux qui, à l’occasion de cette peste, furent les victimes de la charité.
27 - Neuvième persécution sous l’empereur Aurélien. Année 274.
L’empereur Aurélien qui, dans les premières années de son règne, ne s’était pas montré contraire aux Chrétiens, changea tout-à-coup de conduite à leur égard. Il crut gagner l'affection du sénat et du peuple, en persécutant les ennemis de leurs dieux. Il était sur le point de signer un édit terrible contre eux, lorsqu’ il fut arrêté par la foudre qui tomba à ses pieds. La frayeur dont il fut saisi, lui fit abandonner pour lors ce dessein; mais sa volonté ne changea point, et la persécution ne fut que différée.
L`Empereur romain Aurélien : Il gouverne de 270 à 275 ap J.C. Il consolide l`empire face au invasion des tribus barbares et entame des réformes religieuses ( culte du soleil) et monétaire. Renommé pour sa sévérité extrême, tout manquement au devoir est puni par une exécution, il mourut assassiné par des officiers romains lors des opérations militaires contre les Perses.
« Quelque temps après, s’étant livré à la corruption de son cœur, dit Lactance, auteur presque contemporain, Aurélien publia contre nous des édits de sang et de carnage; mais c’était heureusement sur la fin de son règne, qui fut très-court, en sorte que les édits n’avaient pas encore été portés dans les provinces éloignées, quand il mourut.»
Ainsi, le Seigneur fit-il voir qu’il ne laisse aux puissances du siècle la liberté de persécuté ses serviteurs, que selon les desseins de sa justice ou de sa miséricorde sur eux; cependant, comme les inclinations connues des souverains ne sont guère moins efficaces que leurs ordres, la haine du nom chrétien, que cet empereur avait manifestée avant sa mort, ne laissa pas de faire beaucoup de Martyrs.
Un des plus illustres fut St Comong qui souffrit en Lycaonie. Comme le juge se moquait de sa vie austère et mortifiée, le saint Martyr répondit avec fermeté : « La Croix fait toutes mes délices; ne croyez pas m’intimider par l’appareil des tourments, j’en connais le prix, et je sais combien ils contribuent au véritable bonheur; les plus rudes et les plus longs font l’objet de mes désirs.» Le juge, pour l’amollir, lui demanda s’il avait des enfants? J’en ai un, répondit-il, et je voudrais bien qu’il eût part à mon bonheur. Le juge l’envoya aussitôt chercher, et il les condamna tous deux au même supplice.
La Lyaconie – ancienne région gréco-romaine au sud de la Turquie actuelle
On rapporte aussi à cette persécution le martyre de St Denis, premier évêque de Paris. Ce saint évêque, après avoir établi dans cette capitale une Église florissante, travailla, par le ministère de ses disciples, à étendre la Foi dans les provinces voisines, avec un zèle qui lui a mérité le titre d’Apôtre des Gaules. On ne sait pas très-bien le détail de la vie de ces hommes apostoliques, mais ils cultivèrent avec fruit cette partie du champ du Seigneur, et pour la rendre plus fertile, il fallait, qu’outre leurs sueurs, ils y répandissent encore leur sang.
Exécution de St-Denis, Évêque de Paris, et de ses compagnons
Dieu couronna les travaux de leur généreux chef par un glorieux martyre, dont nous n’avons pas les actes; tout ce qu`on en sait, c’est que dans une persécution qui s’éleva tout à coup, il fut pris avec le prêtre Rustique et le diacre Eleuthère, par ordre du président Fescennin; qu’après avoir confessé généreusement la Foi, ils souffrirent les fouets et divers genres de supplices, et qu’ils eurent enfin la tête tranchée. Une tradition constante, appuyée sur d’anciens monuments, nous apprend que ce fut sur une montagne proche de Paris, nommée depuis pour ce sujet le Mont des-Martyrs, et vulgairement Montmartre.
Paris – ville gallo-Romaine au 2 eme siècle
Gallo-Romains de Paris
On montre à Paris le lieu où St Denis fut emprisonné, et celui où il fut mis à la torture; l’on y a bâti ensuite deux églises en son honneur. Le président avait ordonné de jeter dans la Seine le corps des Martyrs; mais une dame païenne, qui songeait à embrasser la Foi, sut gagner ceux qui étaient chargés de cette commission, et elle fit enterrer secrètement les saintes reliques.
28 - Dixième et dernière persécution sous Dioclétien. Année 303.
L’empire romain, qui depuis trois siècles livrait inutilement au christianisme des attaques presque continuelles, fit un dernier effort pour le détruire, et au lieu de le renverser, il acheva de l’établir. Dioclétien régnait alors en Orient, et Maximien en Occident. Le premier publia à Nicomédie, l'an 303, un édit qui ordonnait d’abattre les églises et de bruler les saintes Écritures; mais ce n’était que le prélude des édits cruels qui suivirent, et qui firent couler des flots de sang dans toutes les provinces de l'empire, car Maximien, son collègue, imita un exemple si conforme à son inclination féroce.
Dioclétien – empereur de l`empire romain d`Orient en l`an 303
Maximien – empereur romain adjoint en Occident
On exerça contre les Chrétiens des cruautés inouïes, et l’on employa des tortures qui avaient été jusque-là inconnues. Les persécutions frappèrent les Chrétiens en Mésopotamie, en Syrie, dans la province de Pont, en Égypte, en Phrygie ou une ville entière, dont les habitants étaient tous Chrétiens, fut investie par les soldats, qui eurent ordre d’y mettre le feu. Les hommes, les femmes et les enfants, tous périrent dans les flammes, en invoquant le nom de Jésus-Christ.
Le gouvernement romain force les Chrétiens a faire des sacrifices aux dieux de Rome ( des anges déchus) sous peine de mort
L’historien Eusèbe, qui avait été témoin oculaire d’une partie de ces scènes barbares, dit que les cruautés exercées contre les Chrétiens dans cette horrible persécution, surpassent tout ce qu’on peut en raconter. Toute la terre, dit Lactance, fut inondée de sang, depuis l’orient jusqu’à l’occident. Dieu qui ne manque jamais à son Église, la soutint visiblement dans cette terrible épreuve, et il proportionna son secours à la violence de l’attaque.
La persécution commença par le palais même de l’empereur. Plusieurs de ses premiers officiers étaient Chrétiens, on voulut les obliger de sacrifier aux idoles; mais ils aimèrent mieux perdre la faveur du prince, être dépouillés de leurs dignités, et souffrir les plus cruelles tortures, que de manquer de fidélité à Dieu.
Martyre de saint Quentin. ( Persécutions de Dioclétien et Maximien)
Maximilien avait établi Rictius Varus son préfet dans les Gaules; ce préfet, cruel comme son maître, courait de ville en ville, portant avec lui l’épouvante et l’horreur, inondant du sang des Chrétiens tous les lieux par où il passait. Il vint à Amiens, où saint Quentin, fils d’un sénateur romain, annonçait avec zèle et avec succès la doctrine évangélique.
Samarobriva Ambianorum ( Amiens dans le nord de la France) à l`époque romaine.
Il fit arrêter le saint Apôtre; et l'ayant cité à- son tribunal, il lui demanda son nom. « Je suis Chrétien , c’est là mon nom , répondit le saint; si vous voulez en savoir davantage , mes parents m’ont nommé Quentin. » Quels sont Vos parents? reprit le préfet. Quentin dit : « Je suis citoyen romain , et fils du sénateur Zénon. » Le préfet ajouta : « Comment, étant d’une si noble famille, vous êtes-vous laissé entêter de ces folles superstitions? » Quentin répondit: « La plus excellente noblesse est de connaître Dieu, et d’obéir fidèlement à ses commandements. Pour le nom de superstition que vous donnez à la religion chrétienne , il ne peut lui convenir, puisqu’elle conduit au souverain bonheur, qu’elle fait connaître le vrai Dieu et son fils Jésus-Christ , par qui toutes choses ont été faites, et qui est égal en tout à son Père. » Si tu ne sacrifies dans le moment, ajouta le préfet, je te jure par nos dieux et nos déesses, que je te ferai mourir dans les plus cruelles tortures. « Et moi, dit Quentin, je vous promets, par le Seigneur mon Dieu que je ne ferai pas ce que vous me commandez; je ne crains pas plus vos menaces que vos dieux. »
St-Quentin en prison
Le tyran commença par le faire cruellement fouetter, puis il ordonna qu’il fût resserré dans une étroite prison. Un Ange l’y visita, et lui commanda d’aller instruire le peuple. Il sortit sans obstacle du cachot, et courut prêcher dans la place publique. L’éclat de ce miracle, et ses souffrances pour Jésus-Christ, donnèrent tant de force à ses paroles, qu’il convertit près de six cents personnes. Ses gardes même s’étant convaincus de sa délivrance miraculeuse, crurent en Jésus-Christ. Saint Quentin comparut une seconde fois devant le préfet, qui tâcha de le gagner par de flatteuses promesses.
L`Ange du Seigneur libère St-Quentin de sa prison.
Comme elles étaient aussi inutiles que les menaces, ce tyran eut recours à de nouveaux tourments, pour vaincre la constance du saint Martyr.
Supplices de St-Quentin
Après de nombreux supplices le saint vivait encore, et le juge le condamna enfin à avoir la tête tranchée. Ils lui coupèrent la tête, et la jetèrent, avec le corps, dans la rivière de Somme; mais Dieu ne permit pas que les reliques d'un si illustre Martyr demeurassent sans honneur. Une dame chrétienne, nommé Eusébie, trouva le corps, et l’enterra sur une colline voisine.
Basilique St-Quentin près d`Amiens
La vengeance divine éclata sur Valérien, qui fut un des plus cruels persécuteurs du christianisme. Ce prince, après avoir perdu une bataille, s’engagea imprudemment dans une conférence avec Sapor, le roi de Perse, qui se saisit de sa personne, le retint prisonnier, et le traita avec la dernière indignité. Quand Sapor voulait monter à cheval, il faisait courber l’empereur devant lui, il lui mettait le pied sur le cou, et s’en servait comme d’étrier enfin, il le fit écorcher vif, et sa peau, teinte en rouge, fut suspendue dans un temple de la Perse, comme un monument de l’opprobre des Romains.
L`Empereur romain Valérien prisonnier du roi des Perses Sapor
Les Païens s’étonnaient du malheur de Valérien; mais les Chrétiens reconnaissaient la main de Dieu, justement appesantie sur la tête d’un prince qui les avait cruellement persécutés. L’empire fut alors plongé dans les plus affreuses calamités; des peuples barbares se répandirent dans toutes ses provinces; les Goths coururent la Thrace et la Macédoine, et laissèrent dans toute la Grèce des marques de leur fureur; les Germains passèrent les Alpes et s’avancèrent en Italie, jusqu’à Ravenne ; d’autres entrèrent dans les Gaules et passèrent en Espagne ; les Sarmates ravagèrent la Pannonie; les Parthes pénétrèrent jusqu’en Syrie; il y eut des guerres civiles dans tout l’empire, et l'on compta jusqu’à trente tyrans qui se disaient alors empereurs romains.
Mouvement des tribus barbares vers l`empire romain
Il y eut des tremblements de terre, et la mer débordée inonda plusieurs villes. La peste succéda à tous ces maux; et elle était si violente à Rome que, souvent dans un seul jour, elle emportait plusieurs milliers d’hommes. Elle ne fit pas moins de ravage dans Alexandrie.
« C'était dit St Denis, évêque de cette grande ville, c’était un deuil universel; il n’y avait point de maison qui ne pleurât quelque mort; la ville retentissait de gémissements. » Le saint évêque, ajoute que cette maladie était pour les Païens la plus cruelle de toutes les calamités, et pour les Chrétiens une occasion d’exercer la plus héroïque charité; il n’y avait qu’eux qui eussent le courage de secourir les malades. « La plupart de nos frères, dit-il, ne se sont point épargnés; ils ont été visiter les malades, les ont consolés, ils les ont visités généreusement; ils n’étaient point arrêtés par le danger de gagner eux- mêmes la maladie; de sorte que plusieurs sont morts en guérissent les autres.»
Épidémie de peste à Rome et Alexandrie
«Beaucoup de prêtres, de diacres, de laïques vertueux ont ainsi sacrifié leur vie; mais ceux qui restent prennent leur place, et continuent de rendre aux malades les mêmes services. Les Païens, au contraire, prennent la fuite; ils abandonnent ceux qu’ils aimaient le plus; ils les jettent dans les rues, même avant leur mort, et ils laissent les corps sans sépulture, comme du fumier, tant ils craignent de contracter la maladie, que toutefois ils n’évitent pas. » Cette différence dans la conduite des uns et des autres frappait tout le monde, et l'on déclarait hautement que les Chrétiens étaient les seuls qui connussent la véritable piété. L’Église honore encore comme martyrs ceux qui, à l’occasion de cette peste, furent les victimes de la charité.
27 - Neuvième persécution sous l’empereur Aurélien. Année 274.
L’empereur Aurélien qui, dans les premières années de son règne, ne s’était pas montré contraire aux Chrétiens, changea tout-à-coup de conduite à leur égard. Il crut gagner l'affection du sénat et du peuple, en persécutant les ennemis de leurs dieux. Il était sur le point de signer un édit terrible contre eux, lorsqu’ il fut arrêté par la foudre qui tomba à ses pieds. La frayeur dont il fut saisi, lui fit abandonner pour lors ce dessein; mais sa volonté ne changea point, et la persécution ne fut que différée.
L`Empereur romain Aurélien : Il gouverne de 270 à 275 ap J.C. Il consolide l`empire face au invasion des tribus barbares et entame des réformes religieuses ( culte du soleil) et monétaire. Renommé pour sa sévérité extrême, tout manquement au devoir est puni par une exécution, il mourut assassiné par des officiers romains lors des opérations militaires contre les Perses.
« Quelque temps après, s’étant livré à la corruption de son cœur, dit Lactance, auteur presque contemporain, Aurélien publia contre nous des édits de sang et de carnage; mais c’était heureusement sur la fin de son règne, qui fut très-court, en sorte que les édits n’avaient pas encore été portés dans les provinces éloignées, quand il mourut.»
Ainsi, le Seigneur fit-il voir qu’il ne laisse aux puissances du siècle la liberté de persécuté ses serviteurs, que selon les desseins de sa justice ou de sa miséricorde sur eux; cependant, comme les inclinations connues des souverains ne sont guère moins efficaces que leurs ordres, la haine du nom chrétien, que cet empereur avait manifestée avant sa mort, ne laissa pas de faire beaucoup de Martyrs.
Un des plus illustres fut St Comong qui souffrit en Lycaonie. Comme le juge se moquait de sa vie austère et mortifiée, le saint Martyr répondit avec fermeté : « La Croix fait toutes mes délices; ne croyez pas m’intimider par l’appareil des tourments, j’en connais le prix, et je sais combien ils contribuent au véritable bonheur; les plus rudes et les plus longs font l’objet de mes désirs.» Le juge, pour l’amollir, lui demanda s’il avait des enfants? J’en ai un, répondit-il, et je voudrais bien qu’il eût part à mon bonheur. Le juge l’envoya aussitôt chercher, et il les condamna tous deux au même supplice.
La Lyaconie – ancienne région gréco-romaine au sud de la Turquie actuelle
On rapporte aussi à cette persécution le martyre de St Denis, premier évêque de Paris. Ce saint évêque, après avoir établi dans cette capitale une Église florissante, travailla, par le ministère de ses disciples, à étendre la Foi dans les provinces voisines, avec un zèle qui lui a mérité le titre d’Apôtre des Gaules. On ne sait pas très-bien le détail de la vie de ces hommes apostoliques, mais ils cultivèrent avec fruit cette partie du champ du Seigneur, et pour la rendre plus fertile, il fallait, qu’outre leurs sueurs, ils y répandissent encore leur sang.
Exécution de St-Denis, Évêque de Paris, et de ses compagnons
Dieu couronna les travaux de leur généreux chef par un glorieux martyre, dont nous n’avons pas les actes; tout ce qu`on en sait, c’est que dans une persécution qui s’éleva tout à coup, il fut pris avec le prêtre Rustique et le diacre Eleuthère, par ordre du président Fescennin; qu’après avoir confessé généreusement la Foi, ils souffrirent les fouets et divers genres de supplices, et qu’ils eurent enfin la tête tranchée. Une tradition constante, appuyée sur d’anciens monuments, nous apprend que ce fut sur une montagne proche de Paris, nommée depuis pour ce sujet le Mont des-Martyrs, et vulgairement Montmartre.
Paris – ville gallo-Romaine au 2 eme siècle
Gallo-Romains de Paris
On montre à Paris le lieu où St Denis fut emprisonné, et celui où il fut mis à la torture; l’on y a bâti ensuite deux églises en son honneur. Le président avait ordonné de jeter dans la Seine le corps des Martyrs; mais une dame païenne, qui songeait à embrasser la Foi, sut gagner ceux qui étaient chargés de cette commission, et elle fit enterrer secrètement les saintes reliques.
28 - Dixième et dernière persécution sous Dioclétien. Année 303.
L’empire romain, qui depuis trois siècles livrait inutilement au christianisme des attaques presque continuelles, fit un dernier effort pour le détruire, et au lieu de le renverser, il acheva de l’établir. Dioclétien régnait alors en Orient, et Maximien en Occident. Le premier publia à Nicomédie, l'an 303, un édit qui ordonnait d’abattre les églises et de bruler les saintes Écritures; mais ce n’était que le prélude des édits cruels qui suivirent, et qui firent couler des flots de sang dans toutes les provinces de l'empire, car Maximien, son collègue, imita un exemple si conforme à son inclination féroce.
Dioclétien – empereur de l`empire romain d`Orient en l`an 303
Maximien – empereur romain adjoint en Occident
On exerça contre les Chrétiens des cruautés inouïes, et l’on employa des tortures qui avaient été jusque-là inconnues. Les persécutions frappèrent les Chrétiens en Mésopotamie, en Syrie, dans la province de Pont, en Égypte, en Phrygie ou une ville entière, dont les habitants étaient tous Chrétiens, fut investie par les soldats, qui eurent ordre d’y mettre le feu. Les hommes, les femmes et les enfants, tous périrent dans les flammes, en invoquant le nom de Jésus-Christ.
Le gouvernement romain force les Chrétiens a faire des sacrifices aux dieux de Rome ( des anges déchus) sous peine de mort
L’historien Eusèbe, qui avait été témoin oculaire d’une partie de ces scènes barbares, dit que les cruautés exercées contre les Chrétiens dans cette horrible persécution, surpassent tout ce qu’on peut en raconter. Toute la terre, dit Lactance, fut inondée de sang, depuis l’orient jusqu’à l’occident. Dieu qui ne manque jamais à son Église, la soutint visiblement dans cette terrible épreuve, et il proportionna son secours à la violence de l’attaque.
La persécution commença par le palais même de l’empereur. Plusieurs de ses premiers officiers étaient Chrétiens, on voulut les obliger de sacrifier aux idoles; mais ils aimèrent mieux perdre la faveur du prince, être dépouillés de leurs dignités, et souffrir les plus cruelles tortures, que de manquer de fidélité à Dieu.
Martyre de saint Quentin. ( Persécutions de Dioclétien et Maximien)
Maximilien avait établi Rictius Varus son préfet dans les Gaules; ce préfet, cruel comme son maître, courait de ville en ville, portant avec lui l’épouvante et l’horreur, inondant du sang des Chrétiens tous les lieux par où il passait. Il vint à Amiens, où saint Quentin, fils d’un sénateur romain, annonçait avec zèle et avec succès la doctrine évangélique.
Samarobriva Ambianorum ( Amiens dans le nord de la France) à l`époque romaine.
Il fit arrêter le saint Apôtre; et l'ayant cité à- son tribunal, il lui demanda son nom. « Je suis Chrétien , c’est là mon nom , répondit le saint; si vous voulez en savoir davantage , mes parents m’ont nommé Quentin. » Quels sont Vos parents? reprit le préfet. Quentin dit : « Je suis citoyen romain , et fils du sénateur Zénon. » Le préfet ajouta : « Comment, étant d’une si noble famille, vous êtes-vous laissé entêter de ces folles superstitions? » Quentin répondit: « La plus excellente noblesse est de connaître Dieu, et d’obéir fidèlement à ses commandements. Pour le nom de superstition que vous donnez à la religion chrétienne , il ne peut lui convenir, puisqu’elle conduit au souverain bonheur, qu’elle fait connaître le vrai Dieu et son fils Jésus-Christ , par qui toutes choses ont été faites, et qui est égal en tout à son Père. » Si tu ne sacrifies dans le moment, ajouta le préfet, je te jure par nos dieux et nos déesses, que je te ferai mourir dans les plus cruelles tortures. « Et moi, dit Quentin, je vous promets, par le Seigneur mon Dieu que je ne ferai pas ce que vous me commandez; je ne crains pas plus vos menaces que vos dieux. »
St-Quentin en prison
Le tyran commença par le faire cruellement fouetter, puis il ordonna qu’il fût resserré dans une étroite prison. Un Ange l’y visita, et lui commanda d’aller instruire le peuple. Il sortit sans obstacle du cachot, et courut prêcher dans la place publique. L’éclat de ce miracle, et ses souffrances pour Jésus-Christ, donnèrent tant de force à ses paroles, qu’il convertit près de six cents personnes. Ses gardes même s’étant convaincus de sa délivrance miraculeuse, crurent en Jésus-Christ. Saint Quentin comparut une seconde fois devant le préfet, qui tâcha de le gagner par de flatteuses promesses.
L`Ange du Seigneur libère St-Quentin de sa prison.
Comme elles étaient aussi inutiles que les menaces, ce tyran eut recours à de nouveaux tourments, pour vaincre la constance du saint Martyr.
Supplices de St-Quentin
Après de nombreux supplices le saint vivait encore, et le juge le condamna enfin à avoir la tête tranchée. Ils lui coupèrent la tête, et la jetèrent, avec le corps, dans la rivière de Somme; mais Dieu ne permit pas que les reliques d'un si illustre Martyr demeurassent sans honneur. Une dame chrétienne, nommé Eusébie, trouva le corps, et l’enterra sur une colline voisine.
Basilique St-Quentin près d`Amiens
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
29 - Martyre de la légion Thébaine. (vers 296 ap J.C.)
L’Empereur Maximien passa dans les Gaules pour réprimer une faction qui s’y était formée ; il crut nécessaire de renforcer son armée, et fit venir d’Orient la légion Thébaine, elle était toute composée de Chrétiens, et la Foi inspirait un nouveau courage à ces généreux soldats. La légion était commandée par Maurice; les principaux officiers après lui étaient Exupère et Candide.( Note: Les troupes étaient possiblement des Coptes d`Égypte)
St-Maurice, commandant de la Légion Thébaine
Thèbes dans le centre de l`Égypte
Elle joignit avant le passage des Alpes, le corps de l’armée, qui fit quelque séjour à Octodure, aujourd’hui Martigny-en-Valais. Maximien, qui avait encore plus à cœur d’exterminer les Chrétiens que les ennemis de l`état, commanda la légion Thébaine pour aller persécuter les Fidèles, ou, comme portent d’autres actes, il voulut l’obliger à prendre part aux sacrifices solennels qu’il faisait à ses dieux en entrant dans les Gaules.
Défilé des Alpes près de Martigny-en-Valais ( Suisse) ou eut lieu ce drame.
Ces braves soldats répondirent qu’ils étaient venus pour combattre les ennemis de l’état et non pas pour tremper leurs mains dans le sang de leurs frères, ou pour les souiller par un culte impie. Maximien fut si irrité de cette réponse, qu'il fit aussitôt décimer la légion. Ceux sur qui le sort tomba, se laissèrent égorger sans la moindre résistance. Cette boucherie n'effraya point leurs camarades; elle ne fit que les animer de plus en plus au martyre ; ils s’écrièrent avec une nouvelle ardeur, qu’ils détestaient le culte des idoles. Lorsque cette résolution eut été rapportée à Maximien, ce prince ordonna que la légion fût décimée une seconde fois ; ce qui fut exécuté.
La décimation dans la Légion romaine : un soldat sur dix est exécuté
Comme on pressait les autres d’obéir au tyran, ils lui présentèrent la remontrance suivante : «Nous sommes vos soldats, seigneur; mais nous sommes aussi les serviteurs de Dieu : nous vous devons le service de la guerre; mais nous devons à Dieu l’innocence des mœurs; nous recevons de vous la paye; il nous a donné et il nous conserve la vie : nous ne pouvons vous obéir en renonçant à Dieu notre créateur, notre maître et le vôtre; nous sommes disposés à exécuter vos ordres en tout ce qui n’offense pas Dieu, mais il faut choisir entre désobéir à Dieu ou à un homme; nous préférons d’obéir à Dieu; menez nous à l’ennemi, nos mains sont prêtes à combattre les rebelles et les impies; mais elles ne savent point répandre le sang des citoyens et des innocents. Nous avons fait serment à Dieu avant de vous le faire; eh! Comment pourriez-vous compter sur notre fidélité, si nous manquions à celle que nous avons jurée à Dieu? Si vous cherchez à faire mourir des Chrétiens, nous voici; nous confessons un Dieu créateur de toutes choses, et Jésus-Christ son fils; nous sommes disposés à nous laisser égorger comme nos compagnons, dont nous envions le sort. Ne craignez pas de révolte; les Chrétiens savent mourir et non se révolter; nous avons des armes, mais nous ne nous en servirons pas; nous aimons beaucoup mieux mourir innocents que de vivre coupables. ».
Une remontrance si généreuse et si mesurée, ne fit qu’allumer la fureur du tyran. Désespérant de vaincre leur constance héroïque, il prit la résolution de massacrer la légion entière. Il la fit envelopper par toute l'armée, et il donna ordre de la passer au fil de l’épée. La terre fut en un moment jonchée de leurs corps et teinte de leur sang.
Note: Selon des recherches récentes et un article dans la revue militaire Suisse octobre 2017: La légion a l`époque de Dioclétien compte environ 2,000 hommes. Afin de ne pas dégarnir les Légions romaines en Europe qui subissaient une pression de plus en plus forte des tribus germaniques les romains utilisèrent des unités romaines autonomes qui étaient qualifié de «Légion». C`était le cas de la Legio militium qui Thebaei appellabantur. Ces unités étaient aussi appelées Vexillum ou Vexillations qui désigne la pièce de tissu de leur étendard. La Légion thébaine était une unité autonome ne comptant qu`un seul porte-Étendard devait avoir environ 600 hommes.
30 - Martyre de saint Vincent de Saragosse en Espagne romaine. Année 304.
L’Espagne donna aussi, dans la même persécution, des témoignages éclatants de sa foi, et elle enfanta beaucoup de Martyrs. Le plus illustre fut St Vincent, diacre de Saragosse.
St-Vincent de Saragosse
Dacien, qui en était alors gouverneur, l’un des plus cruels ennemis du christianisme, le fit arrêter et jeter dans une obscure prison. Il l’y laissa quelque temps, presque sans nourriture ,dans le dessein d’abattre son courage, en affaiblissant son corps par la faim; puis, l`ayant fait venir devant lui, il lui fit les plus belles promesses, et le menaça des plus grands supplices, pour le porter à adorer les idoles; mais le saint diacre ne se laissa point ébranler; il déclara qu’il était Chrétien, et prêt à tout souffrir pour le vrai Dieu.
Alors Dacien le fit appliquer à la question. On l’attacha sur un chevalet; on l’étendit avec tant de violence, que ses os en furent disloqués, et ses membres presque arrachés.
En cet état ou lui déchira les côtés avec des ongles de fer. Au milieu de ces cruelles tortures, sa patience inaltérable et la sérénité de son visage, mirent le juge en fureur; il s’en prit aux bourreaux, et les fit frapper eux-mêmes, afin qu’ils redoublassent de violence. On recommença donc à tourmenter le saint Martyr avec de plus grands efforts qu’auparavant. Les bourreaux étaient hors d'haleine; les bras leur tombaient de lassitude.
Triclinium romain – Musée de Saragosse - Espagne
Le juge lui-même, voyant le sang couler de toutes parts, et l’état affreux du saint Martyr, sans qu’il en fût ébranlé, ne pouvait revenir de sa surprise, et commençait à s’avouer vaincu. Il fit cesser les tourments, pour tenter encore les voies de douceur. « Ayez pitié de vous même, disait-il au saint Diacre; sacrifiez aux dieux, ou du moins livrez-moi les Écritures des Chrétiens. La réponse de Vincent fut qu’il craignait moins les tortures qu’une fausse compassion. Dacien, plus furieux que jamais, fit étendre le Martyr sur un lit de fer, dont les barres étaient garnies de pointes aiguës , et posé sur un brasier ardent en même temps on appliquait des lames toutes rouges aux parties du corps qui ne touchaient as à ce lit douloureux; on jetait du sel sur les plaies, et les pointes de ce lit, aidées par l'activité du feu, entraient fort avant dans sa chair. Pendant cet horrible supplice, Vincent demeurait immobile, les yeux élevés vers le Ciel.
Dacien déconcerté, ne savait plus quel parti prendre: il le renvoya en prison, avec ordre de le coucher sur des morceaux de pots cassés, et de lui mettre les pieds dans des entraves, qui lui tinssent les jambes fort écartées. Mais Dieu n’abandonna pas son serviteur; des Anges descendus du Ciel vinrent le consoler, et le saint Martyr chantait avec eux les louanges de Dieu. Le geôlier entendit ces cantiques, et se convertit sur le champ. Dacien l’ayant appris, en pleura de rage.
St-Vincent consolé par les Anges du Seigneur
Pour ôter au saint Martyr la gloire de mourir dans les tourments, il ordonna qu’on le mit sur un lit, où il était mollement couché. Alors ce généreux athlète, que les ongles de fer et les brasiers ardents n’avaient point lassé, supportant avec peine un adoucissement qui retardait son bonheur, demanda au Seigneur la couronne qu’il lui avait promise et rendit doucement l'esprit. Jamais on ne vit plus manifestement le triomphe de Jésus Christ sur le démon. Tous les genres de supplice furent épuisés dans ce glorieux Martyr; mais Dieu inspira à son serviteur un courage supérieur aux tourments, et força son ennemi à s’avouer vaincu. Il n’y a point de sagesse, point de prudence, point de force contre le Seigneur.
L’Empereur Maximien passa dans les Gaules pour réprimer une faction qui s’y était formée ; il crut nécessaire de renforcer son armée, et fit venir d’Orient la légion Thébaine, elle était toute composée de Chrétiens, et la Foi inspirait un nouveau courage à ces généreux soldats. La légion était commandée par Maurice; les principaux officiers après lui étaient Exupère et Candide.( Note: Les troupes étaient possiblement des Coptes d`Égypte)
St-Maurice, commandant de la Légion Thébaine
Thèbes dans le centre de l`Égypte
Elle joignit avant le passage des Alpes, le corps de l’armée, qui fit quelque séjour à Octodure, aujourd’hui Martigny-en-Valais. Maximien, qui avait encore plus à cœur d’exterminer les Chrétiens que les ennemis de l`état, commanda la légion Thébaine pour aller persécuter les Fidèles, ou, comme portent d’autres actes, il voulut l’obliger à prendre part aux sacrifices solennels qu’il faisait à ses dieux en entrant dans les Gaules.
Défilé des Alpes près de Martigny-en-Valais ( Suisse) ou eut lieu ce drame.
Ces braves soldats répondirent qu’ils étaient venus pour combattre les ennemis de l’état et non pas pour tremper leurs mains dans le sang de leurs frères, ou pour les souiller par un culte impie. Maximien fut si irrité de cette réponse, qu'il fit aussitôt décimer la légion. Ceux sur qui le sort tomba, se laissèrent égorger sans la moindre résistance. Cette boucherie n'effraya point leurs camarades; elle ne fit que les animer de plus en plus au martyre ; ils s’écrièrent avec une nouvelle ardeur, qu’ils détestaient le culte des idoles. Lorsque cette résolution eut été rapportée à Maximien, ce prince ordonna que la légion fût décimée une seconde fois ; ce qui fut exécuté.
La décimation dans la Légion romaine : un soldat sur dix est exécuté
Comme on pressait les autres d’obéir au tyran, ils lui présentèrent la remontrance suivante : «Nous sommes vos soldats, seigneur; mais nous sommes aussi les serviteurs de Dieu : nous vous devons le service de la guerre; mais nous devons à Dieu l’innocence des mœurs; nous recevons de vous la paye; il nous a donné et il nous conserve la vie : nous ne pouvons vous obéir en renonçant à Dieu notre créateur, notre maître et le vôtre; nous sommes disposés à exécuter vos ordres en tout ce qui n’offense pas Dieu, mais il faut choisir entre désobéir à Dieu ou à un homme; nous préférons d’obéir à Dieu; menez nous à l’ennemi, nos mains sont prêtes à combattre les rebelles et les impies; mais elles ne savent point répandre le sang des citoyens et des innocents. Nous avons fait serment à Dieu avant de vous le faire; eh! Comment pourriez-vous compter sur notre fidélité, si nous manquions à celle que nous avons jurée à Dieu? Si vous cherchez à faire mourir des Chrétiens, nous voici; nous confessons un Dieu créateur de toutes choses, et Jésus-Christ son fils; nous sommes disposés à nous laisser égorger comme nos compagnons, dont nous envions le sort. Ne craignez pas de révolte; les Chrétiens savent mourir et non se révolter; nous avons des armes, mais nous ne nous en servirons pas; nous aimons beaucoup mieux mourir innocents que de vivre coupables. ».
Une remontrance si généreuse et si mesurée, ne fit qu’allumer la fureur du tyran. Désespérant de vaincre leur constance héroïque, il prit la résolution de massacrer la légion entière. Il la fit envelopper par toute l'armée, et il donna ordre de la passer au fil de l’épée. La terre fut en un moment jonchée de leurs corps et teinte de leur sang.
Note: Selon des recherches récentes et un article dans la revue militaire Suisse octobre 2017: La légion a l`époque de Dioclétien compte environ 2,000 hommes. Afin de ne pas dégarnir les Légions romaines en Europe qui subissaient une pression de plus en plus forte des tribus germaniques les romains utilisèrent des unités romaines autonomes qui étaient qualifié de «Légion». C`était le cas de la Legio militium qui Thebaei appellabantur. Ces unités étaient aussi appelées Vexillum ou Vexillations qui désigne la pièce de tissu de leur étendard. La Légion thébaine était une unité autonome ne comptant qu`un seul porte-Étendard devait avoir environ 600 hommes.
30 - Martyre de saint Vincent de Saragosse en Espagne romaine. Année 304.
L’Espagne donna aussi, dans la même persécution, des témoignages éclatants de sa foi, et elle enfanta beaucoup de Martyrs. Le plus illustre fut St Vincent, diacre de Saragosse.
St-Vincent de Saragosse
Dacien, qui en était alors gouverneur, l’un des plus cruels ennemis du christianisme, le fit arrêter et jeter dans une obscure prison. Il l’y laissa quelque temps, presque sans nourriture ,dans le dessein d’abattre son courage, en affaiblissant son corps par la faim; puis, l`ayant fait venir devant lui, il lui fit les plus belles promesses, et le menaça des plus grands supplices, pour le porter à adorer les idoles; mais le saint diacre ne se laissa point ébranler; il déclara qu’il était Chrétien, et prêt à tout souffrir pour le vrai Dieu.
Alors Dacien le fit appliquer à la question. On l’attacha sur un chevalet; on l’étendit avec tant de violence, que ses os en furent disloqués, et ses membres presque arrachés.
En cet état ou lui déchira les côtés avec des ongles de fer. Au milieu de ces cruelles tortures, sa patience inaltérable et la sérénité de son visage, mirent le juge en fureur; il s’en prit aux bourreaux, et les fit frapper eux-mêmes, afin qu’ils redoublassent de violence. On recommença donc à tourmenter le saint Martyr avec de plus grands efforts qu’auparavant. Les bourreaux étaient hors d'haleine; les bras leur tombaient de lassitude.
Triclinium romain – Musée de Saragosse - Espagne
Le juge lui-même, voyant le sang couler de toutes parts, et l’état affreux du saint Martyr, sans qu’il en fût ébranlé, ne pouvait revenir de sa surprise, et commençait à s’avouer vaincu. Il fit cesser les tourments, pour tenter encore les voies de douceur. « Ayez pitié de vous même, disait-il au saint Diacre; sacrifiez aux dieux, ou du moins livrez-moi les Écritures des Chrétiens. La réponse de Vincent fut qu’il craignait moins les tortures qu’une fausse compassion. Dacien, plus furieux que jamais, fit étendre le Martyr sur un lit de fer, dont les barres étaient garnies de pointes aiguës , et posé sur un brasier ardent en même temps on appliquait des lames toutes rouges aux parties du corps qui ne touchaient as à ce lit douloureux; on jetait du sel sur les plaies, et les pointes de ce lit, aidées par l'activité du feu, entraient fort avant dans sa chair. Pendant cet horrible supplice, Vincent demeurait immobile, les yeux élevés vers le Ciel.
Dacien déconcerté, ne savait plus quel parti prendre: il le renvoya en prison, avec ordre de le coucher sur des morceaux de pots cassés, et de lui mettre les pieds dans des entraves, qui lui tinssent les jambes fort écartées. Mais Dieu n’abandonna pas son serviteur; des Anges descendus du Ciel vinrent le consoler, et le saint Martyr chantait avec eux les louanges de Dieu. Le geôlier entendit ces cantiques, et se convertit sur le champ. Dacien l’ayant appris, en pleura de rage.
St-Vincent consolé par les Anges du Seigneur
Pour ôter au saint Martyr la gloire de mourir dans les tourments, il ordonna qu’on le mit sur un lit, où il était mollement couché. Alors ce généreux athlète, que les ongles de fer et les brasiers ardents n’avaient point lassé, supportant avec peine un adoucissement qui retardait son bonheur, demanda au Seigneur la couronne qu’il lui avait promise et rendit doucement l'esprit. Jamais on ne vit plus manifestement le triomphe de Jésus Christ sur le démon. Tous les genres de supplice furent épuisés dans ce glorieux Martyr; mais Dieu inspira à son serviteur un courage supérieur aux tourments, et força son ennemi à s’avouer vaincu. Il n’y a point de sagesse, point de prudence, point de force contre le Seigneur.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
31 - Réflexions sur les persécutions.
DIEU, pour faire voir que l’Église est son ouvrage, a voulu qu’elle s'établit malgré l’opposition des hommes, et qu’elle fût fondée par le martyre. Il l’a tenu dans cet état pendant trois cents ans, sans qu’elle eût un seul moment pour se reposer. Il avait lui-même prédit à ses Disciples qu’ils seraient persécutés, traînés devant les rois et les magistrats, maltraités et mis à mort pour son nom; il leur avait promis de rendre inutiles tous les efforts de leurs ennemis. « Ne craignez point ceux dont tout le pouvoir se borne à ôter la vie du corps; il ne peut tomber un cheveu de votre tête, sans que votre Père céleste le permette. Par la patience, vous posséderez votre âme en paix; c’est moi qui serai votre soutien; je vous donnerai le courage et la force de vaincre vos ennemis; j’ai vu le monde, et je vous en ferai triompher vous-mêmes.»
En effet, dès que le christianisme parut dans le monde, toutes les puissances de la terre se soulevèrent contre lui; les sens, les passions, tous les intérêts combattaient pour l’idolâtrie ( les anges déchus); elle était faite pour le plaisir; les jeux , les spectacles et la licence y faisaient partie du culte divin: les fêtes du paganisme n’étaient que des divertissements, et il n’y avait aucune circonstance de la vie où la pudeur fût moins respectée que dans ses cérémonies et ses mystères.
La Religion chrétienne, chaste, sévère, ennemie des sens, et uniquement attachée aux biens invisibles, ne pouvait plaire à des esprits si corrompus. Les Chrétiens, qui ne prenaient aucune part aux fêtes des Païens, devaient en être haïs, détestés.
A ces motifs, vint se joindre l’intérêt de l’état, la politique romaine se croyait attaquée dans ses fondements, quand on méprisait ses dieux. Rome se vantait d’être une ville sainte par sa fondation, consacrée dès son origine par des auspices divins, et dédiée par son auteur au dieu de la guerre; elle se croyait redevable de ses victoires à sa religion, c’était par-là qu’elle s’imaginait avoir dompté les nations. Ne pas reconnaître ses dieux, c’était renverser les fondements de l’empire; c’était haïr les victoires et la puissance du peuple romain, ainsi les Chrétiens, ennemis de ses dieux, étaient regardés en même temps comme, les ennemis de la république; les empereurs avaient plus à cœur de les exterminer, que d’abattre les Parthes, les Sarmates et les Daces.
Aussi, depuis l’empire de Néron, les Chrétiens furent toujours persécutés, tant sous les bons que sous les méchants empereurs. L’origine de ces persécutions était tantôt un Ordre de l`empereur ou la haine particulière des magistrats, tantôt les décrets du sénat ou le soulèvement des peuples, que l’on animait encore contre les Chrétiens en les calomniant. Des causes particulières adoucissaient quelquefois la persécution pour un peu de temps; mais la haine publique prévalait bientôt; la fureur des Païens se rallumait, et tout l’empire ruisselait du sang des Chrétiens.
C’était surtout lorsqu’elle était ordonnée par la puissance publique, que la persécution devenait plus violente et plus générale c’est par ces renouvellements de violence que les historiens ecclésiastiques comptent dix persécutions sous dix empereurs différents. Le nombre des Martyrs fut très considérable; et l’on en compte plusieurs millions. Les empereurs idolâtres se flattaient d’anéantir par ce carnage une religion qu’ils haïssaient; mais cette religion prenait de nouveaux accroissements sous le fer et dans le feu. Ils employèrent vainement contre elle les supplices les plus affreux qui ne servirent qu’à multiplier ceux que l’on voulait détruire. Plus la persécution était violente, plus le nombre des Chrétiens augmentait: le sang des Martyrs était une semence féconde qui les reproduisait au centuple.
Ils n’opposaient que la patience à la fureur des tyrans, et selon la promesse de leur divin Maître, cette patience les faisait triompher de toute la rage des persécuteurs. Il n’y a jamais eu la moindre révolte de leur part durant tant de siècles d’une persécution si cruelle, l’Église ne s’est jamais échappée ni un seul moment, ni dans un seul homme et on l’a vue aussi soumise sous Dioclétien, lorsqu’elle remplissait toute la terre, que sous Néron , lorsqu’elle ne faisait que de naître. Souffrir tout pour la vérité était un exercice ordinaire parmi les Chrétiens. Des vieillards infirmes, des vierges délicates, bravaient les tourments, sur les échafauds et sur les bûchers; on a vu des enfants, qui bégayaient encore, confesser Jésus-Christ avec intrépidité, et endurer, sans se plaindre, des tortures cruelles; le fer tombait de la main des bourreaux, et eux-mêmes changés tout-à-coup présentaient aussi leur tête, et devenaient Martyrs à leur tour.
Les tyrans vaincus étaient obligés d’arrêter la persécution, pour ne pas dépeupler l'empire. C’est là qu’on voit véritablement le doigt de Dieu; les Païens eux-mêmes, étonnés de la constance et des miracles des Martyrs, y reconnaissaient une force divine; on entendit plusieurs fois en plein théâtre ces cris du peuple: Le Dieu des Chrétiens est grand. Qu’il est grand le Dieu, des Chrétiens. Certainement on ne peut considérer la durée, l’étendue et, la cruauté du massacre qui a ravagé l’Église naissante, sans reconnaître dans la fermeté de ces héros une vertu surnaturelle, un courage inspiré de Dieu, et invincible comme lui. S’il y a quelques exemples d’hommes opiniâtres qui aient sacrifié leur vie pour l'erreur, ils sont en petit nombre; et d’ailleurs c’était pour des opinions sur lesquelles on peut se tromper; au lieu que les premiers Martyrs du christianisme sont morts pour attester des faits qu’ils avaient vus, qu’ils avaient touchés, et dont ils étaient assurés par le témoignage constant de tous leurs sens.
On peut se passionner pour une opinion; mais on ne s’entête pas pour des faits douteux ou faux; on ne se fait point égorger pour assurer que l’on a vu ce qu'en effet on n’a point vu. Les Martyrs des siècles suivants ont pareillement rendu témoignage à la vérité d’une religion qu’ils voyaient établie sur ces faits incontestables. Concluons: Tant d’efforts inutiles de toute, la puissance romaine conjurée pour exterminer les Chrétiens, c’est-à-dire, des hommes qui ne savaient que souffrir et mourir pour leur religion, démontrent que cette religion était l’ouvrage de Dieu, et que les hommes n’avaient pas établi ce que les hommes ne pouvaient détruire. L’Église catholique subsiste donc non seulement sans l’appui, mais même malgré l’opposition des puissances de la terre. Elle subsiste telle qu’elle a été établie avec sa hiérarchie, avec ses droits et ses pouvoirs spirituels; c'est-à-dire, avec la constitution qu’elle a reçue de Jésus-Christ.
Une constitution qui s’est maintenue si longtemps par sa propre force, au milieu des attaques violentes et multipliées, ne peut venir que de Dieu, et il n’est pas au pouvoir des hommes de la renverser, ni même de la changer.
32 - Constance Chlore favorise les Chrétiens. An 305.
Au fort de la persécution la plus violente et la plus générale que l’Église eût encore essuyée, Dieu, qui prescrit des bornes à la mer dans sa plus grande furie, en mit aussi à la puissance des deux tyrans. Dioclétien et Maximien furent contraints de quitter la pourpre impériale, et de céder l’empire à Constance Chlore et à Galère, qui occupaient déjà depuis longtemps le second rang avec le titre de Césars.
L`empereur romain Constance Chlore favorise les Chrétiens
Le dernier, né barbare et de parents pauvres, avait des inclinations encore plus basses que sa naissance ; il continua la persécution en Orient. Constance Chlore, au contraire, mérita également les éloges des Chrétiens et des Païens; plein de bonté et de clémence, il fit consister sa gloire à rendre ses sujets heureux, et à s’en faire aimer; il estimait le christianisme, parce qu’il aimait la vertu. On rapporte de lui un trait remarquable, qui ne lui fit pas moins d'honneur qu’à la religion; il avait un grand nombre de Chrétiens dans son palais, et parmi les officiers attachés à sa personne.
N’étant encore que César, lorsque l'édit de Dioclétien parut contre les Chrétiens, il les assembla, leur notifia les ordres de l’empereur, et leur déclara qu’il fallait sacrifier aux idoles, ou renoncer aux charges qu’ils possédaient. Cette proposition de la part d’un prince qui jusqu’alors avait été favorable à la religion, fut un coup de foudre pour les Chrétiens. Ils en furent consternés, mais tous n’en furent point abattus; la plupart protestèrent qu’ils aimaient mieux sacrifier leurs biens et leur vie même, que de perdre la Foi.
Quelques-uns plus faibles, et suivant le génie des courtisans, qui souvent n’ont d’autre dieu que leur fortune et d’autre religion que celle du souverain, consentirent à offrir de l'encens aux idoles, pour conserver sa faveur et les places dont il les avait honorés. Alors Constance déclara ses véritables sentiments, combla d’éloges la généreuse fermeté des premiers, et blâma avec de vifs reproches la lâche et criminelle complaisance des autres.
«Comment, leur dit-il, garderez-vous à l’empereur une fidélité inviolable, vous qui vous montrez traîtres et perfides à l’égard de Dieu? » Ensuite, il les chassa de son palais, comme indignes d’être à son service. Mais pour ceux qu’il avait trouvés prêts à renoncer à tout plutôt qu’à leur foi, il les regarda comme ses plus fidèles serviteurs; il leur conserva leurs charges, et les honora toujours de son affection et de sa confiance.
Il disait qu’un prince devait préférer des serviteurs de ce caractère, à tous les trésors de son épargne. Un tel prince était bien éloigné de répandre le sang des Chrétiens; aussi, étant devenu empereur, il ne cessa jamais de les favoriser. La chrétienté des Gaules qui étaient sous sa domination, répara bientôt les pertes qu’elle avait faites sous celle du cruel Maximien. Dès que l’orage fut passé, les ouvriers évangéliques se répandirent avec une nouvelle ardeur dans toutes les provinces, et ils firent une abondante récolte dans des terres engraissées, pour ainsi, et encore toutes fumantes du sang de tant de Martyrs.
Après plusieurs victoires contre les Pictes (Écosse actuelle), Constance se rendit à Eburacum (York) en compagnie de son fils Constantin, quand il mourut, de mort naturelle, le 25 juillet 306.
Les églises se multiplièrent de toutes parts, et l’on remplit les sièges dont le glaive de la persécution avait moissonné les pasteurs. Ce n’était cependant encore là que l'aurore de la paix que Dieu allait donner à son Église. Il était réservé, non à Constance Chlore, mais à son fils, de devenir le disciple de cette religion, que tant d’empereurs avaient persécutée, et de la faire ainsi triompher de l’orgueil des Césars. Constance, quoique favorable au christianisme, n’eut pas le courage de l’embrasser; mais Dieu, en établissant l'empire dans sa famille, accorda une récompense sur la terre à ses vertus morales, qui, sans la Foi, sont stériles pour le Ciel.
Notes sur la pression exercée par les tribus barbares sur l`empire romain: Claude II anéanti les Goths a Naissus ( Serbie actuelle) en 269. Aurélien délivre l`Italie des Alamans et des Juthunges, qui avaient avancés jusqu'à 150 kilomètres de Rome; il libère la Pannonie des Vandales en 270. Probus extermine les pillards Francs et Alamans qui avaient profités du départ de l`armée impériale en Orient pour franchir le Rhin et saccager soixante villes en Gaule entre Metz et Toulouse en 276 a 278. Dioclétien matte les révoltes en Gaule ( 284 a 305), refoule les Sarmates et les Goths au delà du Danube. Constance Chlore reconquière le Bretagne ( Grande-Bretagne en 296 et 297) et écrase les Francs Saliens installés sans autorisation en Batavie en 293. Les Gaules, la Pannonie, la Mésie et la Thrace, reconquises sont ruinés par les dévastations. Les campagnes sont frappées par la dépopulation, les fermes sont en ruines. Les villes qui avaient été ouvertes depuis des siècles sont maintenant entourées de fortifications et de tours de garde. ( source: La fin de l`Empire romain d`Occident - Michael De Jaeghere.
33- Conversion de l`empereur Constantin. An 312.
Lorsque Dieu eut rendu sensible le miracle de sa protection dans l’établissement de l’Église, et qu’il eut assez fait connaître que toutes les puissances de la terre ne pouvaient la renverser, il y appela enfin les empereurs; il fit du grand Constantin le protecteur déclaré du christianisme. Ce prince était fils de Constance Chlore ; il réunissait dans sa personne les plus éminentes qualités; un génie vif, mais tempéré par une rare sagesse, était encore relevé en lui par une taille avantageuse et une figure noble. L’empereur Galère, qui le haïssait, lui tendit plusieurs fois des pièges pour le faire périr; mais Dieu l’en délivra toujours, parce qu’il avait de grands desseins sur ce prince.
Empereur romain Constantin
Après la mort de son père, Constantin fut proclamé empereur, à l’âge de trente-un ans. Cette dignité lui fut disputée par Maxence, fils de l’empereur Maximien; ils se livrèrent quelques légers combats, où Maxence eut d'abord l’avantage; enfin, Constantin prit la résolution d’en venir à une bataille décisive. Il conduisit donc son armée en Italie, et
s’approcha de Rome. Comme l’armée de Maxence était plus forte que la sienne, il comprit qu’il avait besoin d’un secours extraordinaire, et il songea à se rendre favorable le Dieu des Chrétiens. Il le pria avec les vœux les plus ardents de se faire connaître à lui; ce prince avait le cœur droit; il fut exaucé.
Vers l’heure de midi, lorsqu’il marchait à la tête de ses troupes, par un temps calme et serein, il aperçut dans le ciel une croix éclatante, au milieu de laquelle étaient tracés en caractères de lumière ces mots : Par ce signe vous serez victorieux. Toute l’armée vit ce prodige; mais personne n’en fut plus frappé que le prince. Il s’occupa le reste du jour à chercher ce que signifiait cette merveille. La nuit suivante, pendant son sommeil, Jésus-Christ lui apparut avec le même signe, et lui ordonna de faire sur ce modèle un étendard pour le porter dans les combats, comme une sauvegarde contre ses ennemis.
Le signe envoyé à Constantin avant la bataille contre les légions de Maxence
Le matin, l`empereur appela des ouvriers, et leur traça le dessin de l’étendard. C’était une espèce de pique couverte de lames d’or, avec une traverse en forme de croix, d’où pendait un voile tissu d’or. Au haut de la croix était une couronne enrichie de pierreries; on voyait au milieu de la couronne les deux premières lettres du nom de Christ, entrelacées, et au-dessus du voile paraissaient les images de l’empereur et de ses enfants. On donna à cet étendard le nom de labarum. Constantin choisit cinquante hommes des plus braves et des plus pieux de ses gardes pour le porter l’un après l’autre.
Le Labarum de Constantin
Encouragé par cette vision céleste, il n’hésita point à livrer bataille à son ennemi. En effet, Maxence fut vaincu, il prit la fuite, et en fuyant il tomba dans le Tibre. Rome ouvrit aussitôt ses portes à Constantin, qui y entra victorieux. Alors il appela auprès de lui des évêques, pour s’instruire des vérités de la religion chrétienne, et il en fit une profession publique. Rien n’est plus certain dans l’histoire que cette vision miraculeuse, rapportée par Eusèbe de Césarée, et confirmée par une multitude d'écrivains et de monuments de
toute espèce. « Si un autre nous l’eût raconté, dit cet historien, il aurait en peine à nous persuader; mais l’empereur Constantin nous ayant lui-même fait le récit de ce prodige, et nous l’ayant assuré avec serment, à nous qui écrivons cette histoire, quelqu’un pourrait-il en douter, surtout après que l’événement a justifié la promesse? »
Victoire des forces de Constantin a la bataille du pont Milvius près de Rome
Par ce Signe tu Vaincras
DIEU, pour faire voir que l’Église est son ouvrage, a voulu qu’elle s'établit malgré l’opposition des hommes, et qu’elle fût fondée par le martyre. Il l’a tenu dans cet état pendant trois cents ans, sans qu’elle eût un seul moment pour se reposer. Il avait lui-même prédit à ses Disciples qu’ils seraient persécutés, traînés devant les rois et les magistrats, maltraités et mis à mort pour son nom; il leur avait promis de rendre inutiles tous les efforts de leurs ennemis. « Ne craignez point ceux dont tout le pouvoir se borne à ôter la vie du corps; il ne peut tomber un cheveu de votre tête, sans que votre Père céleste le permette. Par la patience, vous posséderez votre âme en paix; c’est moi qui serai votre soutien; je vous donnerai le courage et la force de vaincre vos ennemis; j’ai vu le monde, et je vous en ferai triompher vous-mêmes.»
En effet, dès que le christianisme parut dans le monde, toutes les puissances de la terre se soulevèrent contre lui; les sens, les passions, tous les intérêts combattaient pour l’idolâtrie ( les anges déchus); elle était faite pour le plaisir; les jeux , les spectacles et la licence y faisaient partie du culte divin: les fêtes du paganisme n’étaient que des divertissements, et il n’y avait aucune circonstance de la vie où la pudeur fût moins respectée que dans ses cérémonies et ses mystères.
La Religion chrétienne, chaste, sévère, ennemie des sens, et uniquement attachée aux biens invisibles, ne pouvait plaire à des esprits si corrompus. Les Chrétiens, qui ne prenaient aucune part aux fêtes des Païens, devaient en être haïs, détestés.
A ces motifs, vint se joindre l’intérêt de l’état, la politique romaine se croyait attaquée dans ses fondements, quand on méprisait ses dieux. Rome se vantait d’être une ville sainte par sa fondation, consacrée dès son origine par des auspices divins, et dédiée par son auteur au dieu de la guerre; elle se croyait redevable de ses victoires à sa religion, c’était par-là qu’elle s’imaginait avoir dompté les nations. Ne pas reconnaître ses dieux, c’était renverser les fondements de l’empire; c’était haïr les victoires et la puissance du peuple romain, ainsi les Chrétiens, ennemis de ses dieux, étaient regardés en même temps comme, les ennemis de la république; les empereurs avaient plus à cœur de les exterminer, que d’abattre les Parthes, les Sarmates et les Daces.
Aussi, depuis l’empire de Néron, les Chrétiens furent toujours persécutés, tant sous les bons que sous les méchants empereurs. L’origine de ces persécutions était tantôt un Ordre de l`empereur ou la haine particulière des magistrats, tantôt les décrets du sénat ou le soulèvement des peuples, que l’on animait encore contre les Chrétiens en les calomniant. Des causes particulières adoucissaient quelquefois la persécution pour un peu de temps; mais la haine publique prévalait bientôt; la fureur des Païens se rallumait, et tout l’empire ruisselait du sang des Chrétiens.
C’était surtout lorsqu’elle était ordonnée par la puissance publique, que la persécution devenait plus violente et plus générale c’est par ces renouvellements de violence que les historiens ecclésiastiques comptent dix persécutions sous dix empereurs différents. Le nombre des Martyrs fut très considérable; et l’on en compte plusieurs millions. Les empereurs idolâtres se flattaient d’anéantir par ce carnage une religion qu’ils haïssaient; mais cette religion prenait de nouveaux accroissements sous le fer et dans le feu. Ils employèrent vainement contre elle les supplices les plus affreux qui ne servirent qu’à multiplier ceux que l’on voulait détruire. Plus la persécution était violente, plus le nombre des Chrétiens augmentait: le sang des Martyrs était une semence féconde qui les reproduisait au centuple.
Ils n’opposaient que la patience à la fureur des tyrans, et selon la promesse de leur divin Maître, cette patience les faisait triompher de toute la rage des persécuteurs. Il n’y a jamais eu la moindre révolte de leur part durant tant de siècles d’une persécution si cruelle, l’Église ne s’est jamais échappée ni un seul moment, ni dans un seul homme et on l’a vue aussi soumise sous Dioclétien, lorsqu’elle remplissait toute la terre, que sous Néron , lorsqu’elle ne faisait que de naître. Souffrir tout pour la vérité était un exercice ordinaire parmi les Chrétiens. Des vieillards infirmes, des vierges délicates, bravaient les tourments, sur les échafauds et sur les bûchers; on a vu des enfants, qui bégayaient encore, confesser Jésus-Christ avec intrépidité, et endurer, sans se plaindre, des tortures cruelles; le fer tombait de la main des bourreaux, et eux-mêmes changés tout-à-coup présentaient aussi leur tête, et devenaient Martyrs à leur tour.
Les tyrans vaincus étaient obligés d’arrêter la persécution, pour ne pas dépeupler l'empire. C’est là qu’on voit véritablement le doigt de Dieu; les Païens eux-mêmes, étonnés de la constance et des miracles des Martyrs, y reconnaissaient une force divine; on entendit plusieurs fois en plein théâtre ces cris du peuple: Le Dieu des Chrétiens est grand. Qu’il est grand le Dieu, des Chrétiens. Certainement on ne peut considérer la durée, l’étendue et, la cruauté du massacre qui a ravagé l’Église naissante, sans reconnaître dans la fermeté de ces héros une vertu surnaturelle, un courage inspiré de Dieu, et invincible comme lui. S’il y a quelques exemples d’hommes opiniâtres qui aient sacrifié leur vie pour l'erreur, ils sont en petit nombre; et d’ailleurs c’était pour des opinions sur lesquelles on peut se tromper; au lieu que les premiers Martyrs du christianisme sont morts pour attester des faits qu’ils avaient vus, qu’ils avaient touchés, et dont ils étaient assurés par le témoignage constant de tous leurs sens.
On peut se passionner pour une opinion; mais on ne s’entête pas pour des faits douteux ou faux; on ne se fait point égorger pour assurer que l’on a vu ce qu'en effet on n’a point vu. Les Martyrs des siècles suivants ont pareillement rendu témoignage à la vérité d’une religion qu’ils voyaient établie sur ces faits incontestables. Concluons: Tant d’efforts inutiles de toute, la puissance romaine conjurée pour exterminer les Chrétiens, c’est-à-dire, des hommes qui ne savaient que souffrir et mourir pour leur religion, démontrent que cette religion était l’ouvrage de Dieu, et que les hommes n’avaient pas établi ce que les hommes ne pouvaient détruire. L’Église catholique subsiste donc non seulement sans l’appui, mais même malgré l’opposition des puissances de la terre. Elle subsiste telle qu’elle a été établie avec sa hiérarchie, avec ses droits et ses pouvoirs spirituels; c'est-à-dire, avec la constitution qu’elle a reçue de Jésus-Christ.
Une constitution qui s’est maintenue si longtemps par sa propre force, au milieu des attaques violentes et multipliées, ne peut venir que de Dieu, et il n’est pas au pouvoir des hommes de la renverser, ni même de la changer.
32 - Constance Chlore favorise les Chrétiens. An 305.
Au fort de la persécution la plus violente et la plus générale que l’Église eût encore essuyée, Dieu, qui prescrit des bornes à la mer dans sa plus grande furie, en mit aussi à la puissance des deux tyrans. Dioclétien et Maximien furent contraints de quitter la pourpre impériale, et de céder l’empire à Constance Chlore et à Galère, qui occupaient déjà depuis longtemps le second rang avec le titre de Césars.
L`empereur romain Constance Chlore favorise les Chrétiens
Le dernier, né barbare et de parents pauvres, avait des inclinations encore plus basses que sa naissance ; il continua la persécution en Orient. Constance Chlore, au contraire, mérita également les éloges des Chrétiens et des Païens; plein de bonté et de clémence, il fit consister sa gloire à rendre ses sujets heureux, et à s’en faire aimer; il estimait le christianisme, parce qu’il aimait la vertu. On rapporte de lui un trait remarquable, qui ne lui fit pas moins d'honneur qu’à la religion; il avait un grand nombre de Chrétiens dans son palais, et parmi les officiers attachés à sa personne.
N’étant encore que César, lorsque l'édit de Dioclétien parut contre les Chrétiens, il les assembla, leur notifia les ordres de l’empereur, et leur déclara qu’il fallait sacrifier aux idoles, ou renoncer aux charges qu’ils possédaient. Cette proposition de la part d’un prince qui jusqu’alors avait été favorable à la religion, fut un coup de foudre pour les Chrétiens. Ils en furent consternés, mais tous n’en furent point abattus; la plupart protestèrent qu’ils aimaient mieux sacrifier leurs biens et leur vie même, que de perdre la Foi.
Quelques-uns plus faibles, et suivant le génie des courtisans, qui souvent n’ont d’autre dieu que leur fortune et d’autre religion que celle du souverain, consentirent à offrir de l'encens aux idoles, pour conserver sa faveur et les places dont il les avait honorés. Alors Constance déclara ses véritables sentiments, combla d’éloges la généreuse fermeté des premiers, et blâma avec de vifs reproches la lâche et criminelle complaisance des autres.
«Comment, leur dit-il, garderez-vous à l’empereur une fidélité inviolable, vous qui vous montrez traîtres et perfides à l’égard de Dieu? » Ensuite, il les chassa de son palais, comme indignes d’être à son service. Mais pour ceux qu’il avait trouvés prêts à renoncer à tout plutôt qu’à leur foi, il les regarda comme ses plus fidèles serviteurs; il leur conserva leurs charges, et les honora toujours de son affection et de sa confiance.
Il disait qu’un prince devait préférer des serviteurs de ce caractère, à tous les trésors de son épargne. Un tel prince était bien éloigné de répandre le sang des Chrétiens; aussi, étant devenu empereur, il ne cessa jamais de les favoriser. La chrétienté des Gaules qui étaient sous sa domination, répara bientôt les pertes qu’elle avait faites sous celle du cruel Maximien. Dès que l’orage fut passé, les ouvriers évangéliques se répandirent avec une nouvelle ardeur dans toutes les provinces, et ils firent une abondante récolte dans des terres engraissées, pour ainsi, et encore toutes fumantes du sang de tant de Martyrs.
Après plusieurs victoires contre les Pictes (Écosse actuelle), Constance se rendit à Eburacum (York) en compagnie de son fils Constantin, quand il mourut, de mort naturelle, le 25 juillet 306.
Les églises se multiplièrent de toutes parts, et l’on remplit les sièges dont le glaive de la persécution avait moissonné les pasteurs. Ce n’était cependant encore là que l'aurore de la paix que Dieu allait donner à son Église. Il était réservé, non à Constance Chlore, mais à son fils, de devenir le disciple de cette religion, que tant d’empereurs avaient persécutée, et de la faire ainsi triompher de l’orgueil des Césars. Constance, quoique favorable au christianisme, n’eut pas le courage de l’embrasser; mais Dieu, en établissant l'empire dans sa famille, accorda une récompense sur la terre à ses vertus morales, qui, sans la Foi, sont stériles pour le Ciel.
Notes sur la pression exercée par les tribus barbares sur l`empire romain: Claude II anéanti les Goths a Naissus ( Serbie actuelle) en 269. Aurélien délivre l`Italie des Alamans et des Juthunges, qui avaient avancés jusqu'à 150 kilomètres de Rome; il libère la Pannonie des Vandales en 270. Probus extermine les pillards Francs et Alamans qui avaient profités du départ de l`armée impériale en Orient pour franchir le Rhin et saccager soixante villes en Gaule entre Metz et Toulouse en 276 a 278. Dioclétien matte les révoltes en Gaule ( 284 a 305), refoule les Sarmates et les Goths au delà du Danube. Constance Chlore reconquière le Bretagne ( Grande-Bretagne en 296 et 297) et écrase les Francs Saliens installés sans autorisation en Batavie en 293. Les Gaules, la Pannonie, la Mésie et la Thrace, reconquises sont ruinés par les dévastations. Les campagnes sont frappées par la dépopulation, les fermes sont en ruines. Les villes qui avaient été ouvertes depuis des siècles sont maintenant entourées de fortifications et de tours de garde. ( source: La fin de l`Empire romain d`Occident - Michael De Jaeghere.
33- Conversion de l`empereur Constantin. An 312.
Lorsque Dieu eut rendu sensible le miracle de sa protection dans l’établissement de l’Église, et qu’il eut assez fait connaître que toutes les puissances de la terre ne pouvaient la renverser, il y appela enfin les empereurs; il fit du grand Constantin le protecteur déclaré du christianisme. Ce prince était fils de Constance Chlore ; il réunissait dans sa personne les plus éminentes qualités; un génie vif, mais tempéré par une rare sagesse, était encore relevé en lui par une taille avantageuse et une figure noble. L’empereur Galère, qui le haïssait, lui tendit plusieurs fois des pièges pour le faire périr; mais Dieu l’en délivra toujours, parce qu’il avait de grands desseins sur ce prince.
Empereur romain Constantin
Après la mort de son père, Constantin fut proclamé empereur, à l’âge de trente-un ans. Cette dignité lui fut disputée par Maxence, fils de l’empereur Maximien; ils se livrèrent quelques légers combats, où Maxence eut d'abord l’avantage; enfin, Constantin prit la résolution d’en venir à une bataille décisive. Il conduisit donc son armée en Italie, et
s’approcha de Rome. Comme l’armée de Maxence était plus forte que la sienne, il comprit qu’il avait besoin d’un secours extraordinaire, et il songea à se rendre favorable le Dieu des Chrétiens. Il le pria avec les vœux les plus ardents de se faire connaître à lui; ce prince avait le cœur droit; il fut exaucé.
Vers l’heure de midi, lorsqu’il marchait à la tête de ses troupes, par un temps calme et serein, il aperçut dans le ciel une croix éclatante, au milieu de laquelle étaient tracés en caractères de lumière ces mots : Par ce signe vous serez victorieux. Toute l’armée vit ce prodige; mais personne n’en fut plus frappé que le prince. Il s’occupa le reste du jour à chercher ce que signifiait cette merveille. La nuit suivante, pendant son sommeil, Jésus-Christ lui apparut avec le même signe, et lui ordonna de faire sur ce modèle un étendard pour le porter dans les combats, comme une sauvegarde contre ses ennemis.
Le signe envoyé à Constantin avant la bataille contre les légions de Maxence
Le matin, l`empereur appela des ouvriers, et leur traça le dessin de l’étendard. C’était une espèce de pique couverte de lames d’or, avec une traverse en forme de croix, d’où pendait un voile tissu d’or. Au haut de la croix était une couronne enrichie de pierreries; on voyait au milieu de la couronne les deux premières lettres du nom de Christ, entrelacées, et au-dessus du voile paraissaient les images de l’empereur et de ses enfants. On donna à cet étendard le nom de labarum. Constantin choisit cinquante hommes des plus braves et des plus pieux de ses gardes pour le porter l’un après l’autre.
Le Labarum de Constantin
Encouragé par cette vision céleste, il n’hésita point à livrer bataille à son ennemi. En effet, Maxence fut vaincu, il prit la fuite, et en fuyant il tomba dans le Tibre. Rome ouvrit aussitôt ses portes à Constantin, qui y entra victorieux. Alors il appela auprès de lui des évêques, pour s’instruire des vérités de la religion chrétienne, et il en fit une profession publique. Rien n’est plus certain dans l’histoire que cette vision miraculeuse, rapportée par Eusèbe de Césarée, et confirmée par une multitude d'écrivains et de monuments de
toute espèce. « Si un autre nous l’eût raconté, dit cet historien, il aurait en peine à nous persuader; mais l’empereur Constantin nous ayant lui-même fait le récit de ce prodige, et nous l’ayant assuré avec serment, à nous qui écrivons cette histoire, quelqu’un pourrait-il en douter, surtout après que l’événement a justifié la promesse? »
Victoire des forces de Constantin a la bataille du pont Milvius près de Rome
Par ce Signe tu Vaincras
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
34 - Triomphe de la religion chrétienne.
Constantin, après la défaite de son ennemi, rendit hommage de sa victoire à Jésus-Christ, et il s'appliqua à le faire régner dans toute l’étendue de son empire. Comme il connaissait, le caractère de la Religion chrétienne, qui n’emploie, pour se faire des disciples, que l'instruction et la persuasion, il se garda bien de révolter les esprits par des édits rigoureux. Quoiqu’ il eût horreur de l’idolâtrie, il laissa néanmoins à ses sujets une entière liberté à l’égard de la religion; imposer silence au paganisme, révéré depuis tant de siècles, c’eût été soulever tout l’empire; il sut qu’il suffisait de protéger la vraie religion et de la mettre en état de confondre son ennemie par la sagesse de ses dogmes et par la pureté de sa morale; il n’usa donc que de moyens doux et modérés pour gagner les Païens, et cette modération en convertit un grand nombre. Il commença par remédier à tous les maux qu’avaient faits les empereurs précédents; il rappela les exilés; il fit rendre aux Chrétiens tous les lieux d’assemblée qu'on leur avait enlevés; plein de zèle pour la majesté du culte divin, il en releva l'éclat en faisant part de ses trésors aux églises, en les enrichissant de vases précieux, de magnifiques ornements.
L`Empereur romain Constantin et sa mère l`impératrice St-Hélène
Il traita avec toutes sortes d’honneurs les ministres de la religion, et il leur accorda de grands privilèges. Les évêques de Rome, persécutés jusqu’alors d’une manière particulière, attirèrent la principale attention de ce prince religieux, il leur donna le palais de Latran, et d’un autre palais voisin il fit une basilique, qui fut nommée Constantinienne; c'est aujourd'hui l’église de Saint-Jean-de-Latran; ce fut là le premier patrimoine des papes. Les Chrétiens se trouvaient dans une situation bien différente de celle où ils avaient été pendant trois siècles. Ils considéraient avec étonnement et avec action de grâces les merveilles de la puissance divine, la Religion
chrétienne sur le trône, le culte du vrai Dieu en honneur, les exilés rappelés, les églises rebâties et décorées avec magnificence.
La Basilique St-Jean de Latran de Rome, donnée à l`Église par Constantin
Un changement si peu attendu inspirait pour le présent la joie la plus pure, et pour l’avenir les espérances les plus douces. La Religion chrétienne paraissait vénérable aux païens mêmes, lorsqu’ils voyaient l'empereur en pratiquer publiquement tous les devoirs. Ce prince avait dans son palais un oratoire, où il se rendait tous les jours pour lire l’Écriture sainte, et pour faire des prières réglées, à certaines heures. Son exemple attirait au christianisme beaucoup d’idolâtres. La Religion chrétienne pénétra jusque dans le sénat romain, qui était le plus fort rempart du paganisme. Anicius, illustre sénateur, fut le premier qui l’embrassa, et bientôt on vit se soumettre au joug de l'Évangile ce qu’il y avait de plus distingué à Rome.
L`empereur romain Constantin avec la Sainte Croix
Constantin en ressentit la joie la plus vive, et il était plus content d’apprendre la conversion d’un seul homme, que la conquête d'une province. Son zèle s’étendit même au-delà des bornes de l'empire romain, il envoya des prédicateurs à des peuples barbares, qui, ne lui étaient pas soumis, pour les exhorter adorer le vrai Dieu et Jésus-Christ son Fils. A son entrée dans Rome, il voulut que la Croix, qui avait été le gage de la victoire fût le plus bel ornement de son triomphe; la statue qu'on lui érigea, le représentait, tenant au lieu de pique, cet instrument de notre rédemption. C'est ainsi que la Croix, qui avait été jusqu’alors un objet d’ignominie, et de supplice des esclaves, devint un signe de salut et de gloire pour les Césars mêmes, qui en ornèrent leur couronne, et qui l’arborèrent jusque sur le Capitole, comme pour annoncer à l’univers le triomphe d’un Dieu crucifié.
L`empire romain au temps de Constantin
35 - Invention de la vraie Croix. Année 326.
De toutes les preuves que Constantin donna de son respect pour la Religion chrétienne, la plus éclatante fut ce qu’il entreprit pour honorer les lieux consacrés par la présence visible de Jésus-Christ. Il forma le projet de bâtir une église magnifique dans Jérusalem.
Constantin, premier empereur romain à se convertir à la Foi Chrétienne
Sainte Hélène, mère de ce prince, avait comme lui une grande dévotion pour les saints lieux; elle passa en Palestine, quoiqu’elle fût âgée de près de quatre-vingts ans. A son arrivée à Jérusalem, elle se sentit animée d’un désir ardent de trouver la croix sur laquelle Jésus-Christ avait souffert la mort. La recherche n’en était pas aisée ; les Païens, pour tâcher d’abolir la mémoire de la résurrection de Jésus-Christ, avaient amassé beaucoup de terre à l’endroit du sépulcre, et après avoir construit une grande plateforme , ils y avaient élevé un temple a Vénus (déesse païenne et ange déchu), afin de détourner les Chrétiens de visiter ce lieu; mais rien ne put arrêter la pieuse princesse elle consulta les vieillards de Jérusalem; on lui répondit que si elle pouvait découvrir le sépulcre du Sauveur, elle ne manquerait pas de trouver les instruments de son supplice.
St-Hélène, impératrice romaine et mère de l`empereur Constantin
En effet, c‘était la coutume chez les Juif d’enterrer auprès du corps tout ce qui avait servi à l`exécution d`une personne condamnée à mort. L'impératrice romaine fit aussitôt démolir le temple profane, on nettoya la place, et l’on se mit à creuser. Enfin l’on trouva la grotte du saint sépulcre. Près du tombeau étaient trois croix, avec l’inscription qui avait été attachée à celle de Jésus-Christ, mais séparément des croix, et les clous qui avaient percé son sacré corps. Il ne s’agissait plus que de distinguer parmi ces croix celle du Sauveur. Une Foi vive peut tout obtenir. Sainte Hélène, par le conseil de Macaire, évêque de Jérusalem, fit porter les croix chez une affligée depuis longtemps d’une maladie incurable; on lui appliqua successivement chacune de ces trois croix, en priant Dieu de faire connaître celle qu’il avait arrosée de son sang.
La basilique du St-Sépulcre à Jérusalem, construite sur les Instructions de St-Hélène et de Constantin sur les lieux de la Passion du Christ à partir de l`an 326.
L’impératrice était présente, et toute la ville dans l’attente de l’événement. Deux croix n’opérèrent rien; mais dès qu’on eut approché la troisième, la malade se trouva parfaitement guérie, et se leva à l’instant. L'historien Sozomène assure qu’on l’appliqua aussi au cadavre d’un homme mort, et que cet homme ressuscita. Saint Paulin rapporte la même chose. La pieuse princesse fut transportée de joie, lorsqu’elle se vit en possession du trésor qu’elle préférait à toutes les richesses de l'empire. Elle prit une partie de la vraie croix, pour la porter à son fils, et ayant enfermé l'autre partie dans une châsse d’argent, elle la remit entre les mains de l’évêque de Jérusalem, pour être déposée dans l’église que Constantin avait donné ordre de bâtir sur le saint sépulcre.
Basilique du St-Sépulcre à Jérusalem
Cet édifice fut construit avec une magnificence digne de la sainteté du lieu. Il embrassait dans son enceinte le sépulcre, et il s’étendait jusqu'au mont Calvaire. Sainte Hélène fit aussi bâtir deux autres églises, l`une à l'endroit où le Sauveur était monté au Ciel, et l’autre à Bethléem, où il était né.
Église de l`Ascension de Jérusalem construite sur les instructions de l`impératrice St-Hélène et de l`empereur Constantin
Église de la Nativité de Bethléem, sur le site de la naissance du Christ, et construite sur instructions de l`impératrice St-Hélène et de l`empereur romain Constantin.
Sa piété ne se borna point à la pompe des édifices; elle répandit ses bienfaits dans tous les lieux par où elle passa; elle soulageait par d’abondantes aumônes les pauvres, les orphelins et les veuves; elle marquait une affection particulière pour les vierges consacrées à Dieu; un jour elle rassembla toutes celles de Jérusalem, et leur donna un repas dans lequel elle voulut les servir elle-même; elle ne survécut pas longtemps à son voyage de Jérusalem. Dieu s'était servi de la conversion de son fils, pour l’amener elle-même au christianisme; elle l’embrassa avec un cœur sincère et un esprit éclairé. Enfin, comblée de mérites devant. Dieu et devant les hommes, elle mourut âgée de quatre-vingts ans, entre les bras de Constantin, qui se montra, surtout dans ces derniers moments, fidèle aux devoirs de la piété filiale, dont il s’était toujours exactement acquitté.
36 - Institution des solitaires. Saint Antoine. Année 306.
Lorsque les persécutions cessèrent, l’Église donna au monde un nouveau spectacle aussi édifiant que celui des Martyrs. On vit alors les déserts se peupler de solitaires, dont la vie ressemblait à celle des Anges. Il y avait eu auparavant des Chrétiens fervents, que l’on nommait Ascètes, qui, renonçant aux affaires du monde, s'appliquaient aux exercices de la prière et de la mortification; mais ils restaient seuls assez près des villes et des bourgades, au lieu qu’alors ils se rassemblèrent dans le désert, et formèrent des communautés. Saint Antoine, qui fut l'auteur de cette nouvelle institution, était né en Égypte de parents nobles, riches et vertueux, qui l’élevèrent chrétiennement, et le préservèrent des dangers de la jeunesse.
St-Antoine est considéré comme le premier moine chrétien
Mais il les perdit de bonne heure. Ayant un jour entendu lire dans l’église ces paroles de l’Évangile: « Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le Ciel», il se les appliqua à lui-même; il retourna a sa maison, vendit tous ses biens, et en distribua le prix aux pauvres; s’étant ensuite retiré dans une solitude, il s’occupa uniquement de son salut. Il s’y exerçait aux œuvres de pénitence, pour dompter sa chair; il travaillait des mains, pour se procurer la nourriture, et pour fournir aux besoins des pauvres. Animé d’une pieuse émulation, lorsqu’il entendait parler de quelque serviteur de Dieu, il allait aussitôt le trouver pour en recevoir quelque leçon ou quelque exemple qu’il pût pratiquer ou imiter.
La Thébaïde, les déserts sauvages autour de Thèbes.
Par-là il devint bientôt un modèle accompli de toutes les vertus. L’ennemi du salut ne put voir sans dépit ce que présageaient de si heureux commencements; il eut recours à des tentations de tous les genres pour le faire succomber. Le jeune solitaire surmonta tout par la prière et par la mortification; son lit était une natte, et souvent il couchait sur la terre; il ne mangeait qu’une fois le jour après le coucher du soleil et seulement du pain avec un peu de sel; il ne buvait que de l’eau, son habit consistait en un cilice, un manteau de peau de mouton et un capuchon. Comme l’Esprit Saint le destinait à peupler les déserts, il le porta à se retirer dans les lieux les plus écartés. Antoine passa le Nil, et s’enfonça dans la Thébaïde.
La tentation de St-Antoine
Après qu'il eut demeuré longtemps séparé du commerce des hommes, Dieu, qui voulait faire connaître son serviteur, l’honora du don des miracles. Les guérisons qu'il opérait lui attirèrent bientôt une foule de disciples, qui demandèrent à vivre sous sa conduite. On fut obligé de bâtir un grand nombre de monastères pour les recevoir. Antoine instruisait
ses disciples tantôt en particulier, tantôt en commun; et il leur prescrivait les règles saintes qu’ils devaient observer. « Que le souvenir de l'éternité, leur disait-il , ne sorte jamais de votre esprit; pensez tous les matins que peut-être vous ne vivrez pas jusqu’à la fin du jour; pensez tous les soirs que peut-être vous ne verrez pas le lendemain. Faites chacune de vos actions comme si elle était la dernière de votre vie : veillez sans cesse contre les tentations, et résistez, courageusement aux efforts du démon (de l`ange déchu), cet ennemi est bien faible quand on sait le désarmer; il redoute le jeûne, la prière, l'humilité et les bonnes œuvres; il ne faut que le signe de la croix pour dissiper ses prestiges et ses illusions; oui, ce signe de la croix du Sauveur, qui l’a dépouillé de sa puissance, suffit pour le faire trembler.»
Monastère de St-Antoine le grand
Formés par ces leçons, les disciples d’Antoine furent un objet de d`admiration pour Saint Athanase même. « Leurs monastères, dit-il, sont comme autant de temples ou la vie se passe à chanter des psaumes, à lire, à prier; a jeûner; à veiller, où l’on met toute son espérance dans les biens à venir, où l’on est uni par une charité admirable; ou l'on travaille moins a polir son entretien que pour celui des pauvres, c’est comme une vaste région, entièrement séparée du monde, dont les heureux habitants n`ont d`autres soins que celui de s'exercer dans la justice et la piété.»
Constantin, après la défaite de son ennemi, rendit hommage de sa victoire à Jésus-Christ, et il s'appliqua à le faire régner dans toute l’étendue de son empire. Comme il connaissait, le caractère de la Religion chrétienne, qui n’emploie, pour se faire des disciples, que l'instruction et la persuasion, il se garda bien de révolter les esprits par des édits rigoureux. Quoiqu’ il eût horreur de l’idolâtrie, il laissa néanmoins à ses sujets une entière liberté à l’égard de la religion; imposer silence au paganisme, révéré depuis tant de siècles, c’eût été soulever tout l’empire; il sut qu’il suffisait de protéger la vraie religion et de la mettre en état de confondre son ennemie par la sagesse de ses dogmes et par la pureté de sa morale; il n’usa donc que de moyens doux et modérés pour gagner les Païens, et cette modération en convertit un grand nombre. Il commença par remédier à tous les maux qu’avaient faits les empereurs précédents; il rappela les exilés; il fit rendre aux Chrétiens tous les lieux d’assemblée qu'on leur avait enlevés; plein de zèle pour la majesté du culte divin, il en releva l'éclat en faisant part de ses trésors aux églises, en les enrichissant de vases précieux, de magnifiques ornements.
L`Empereur romain Constantin et sa mère l`impératrice St-Hélène
Il traita avec toutes sortes d’honneurs les ministres de la religion, et il leur accorda de grands privilèges. Les évêques de Rome, persécutés jusqu’alors d’une manière particulière, attirèrent la principale attention de ce prince religieux, il leur donna le palais de Latran, et d’un autre palais voisin il fit une basilique, qui fut nommée Constantinienne; c'est aujourd'hui l’église de Saint-Jean-de-Latran; ce fut là le premier patrimoine des papes. Les Chrétiens se trouvaient dans une situation bien différente de celle où ils avaient été pendant trois siècles. Ils considéraient avec étonnement et avec action de grâces les merveilles de la puissance divine, la Religion
chrétienne sur le trône, le culte du vrai Dieu en honneur, les exilés rappelés, les églises rebâties et décorées avec magnificence.
La Basilique St-Jean de Latran de Rome, donnée à l`Église par Constantin
Un changement si peu attendu inspirait pour le présent la joie la plus pure, et pour l’avenir les espérances les plus douces. La Religion chrétienne paraissait vénérable aux païens mêmes, lorsqu’ils voyaient l'empereur en pratiquer publiquement tous les devoirs. Ce prince avait dans son palais un oratoire, où il se rendait tous les jours pour lire l’Écriture sainte, et pour faire des prières réglées, à certaines heures. Son exemple attirait au christianisme beaucoup d’idolâtres. La Religion chrétienne pénétra jusque dans le sénat romain, qui était le plus fort rempart du paganisme. Anicius, illustre sénateur, fut le premier qui l’embrassa, et bientôt on vit se soumettre au joug de l'Évangile ce qu’il y avait de plus distingué à Rome.
L`empereur romain Constantin avec la Sainte Croix
Constantin en ressentit la joie la plus vive, et il était plus content d’apprendre la conversion d’un seul homme, que la conquête d'une province. Son zèle s’étendit même au-delà des bornes de l'empire romain, il envoya des prédicateurs à des peuples barbares, qui, ne lui étaient pas soumis, pour les exhorter adorer le vrai Dieu et Jésus-Christ son Fils. A son entrée dans Rome, il voulut que la Croix, qui avait été le gage de la victoire fût le plus bel ornement de son triomphe; la statue qu'on lui érigea, le représentait, tenant au lieu de pique, cet instrument de notre rédemption. C'est ainsi que la Croix, qui avait été jusqu’alors un objet d’ignominie, et de supplice des esclaves, devint un signe de salut et de gloire pour les Césars mêmes, qui en ornèrent leur couronne, et qui l’arborèrent jusque sur le Capitole, comme pour annoncer à l’univers le triomphe d’un Dieu crucifié.
L`empire romain au temps de Constantin
35 - Invention de la vraie Croix. Année 326.
De toutes les preuves que Constantin donna de son respect pour la Religion chrétienne, la plus éclatante fut ce qu’il entreprit pour honorer les lieux consacrés par la présence visible de Jésus-Christ. Il forma le projet de bâtir une église magnifique dans Jérusalem.
Constantin, premier empereur romain à se convertir à la Foi Chrétienne
Sainte Hélène, mère de ce prince, avait comme lui une grande dévotion pour les saints lieux; elle passa en Palestine, quoiqu’elle fût âgée de près de quatre-vingts ans. A son arrivée à Jérusalem, elle se sentit animée d’un désir ardent de trouver la croix sur laquelle Jésus-Christ avait souffert la mort. La recherche n’en était pas aisée ; les Païens, pour tâcher d’abolir la mémoire de la résurrection de Jésus-Christ, avaient amassé beaucoup de terre à l’endroit du sépulcre, et après avoir construit une grande plateforme , ils y avaient élevé un temple a Vénus (déesse païenne et ange déchu), afin de détourner les Chrétiens de visiter ce lieu; mais rien ne put arrêter la pieuse princesse elle consulta les vieillards de Jérusalem; on lui répondit que si elle pouvait découvrir le sépulcre du Sauveur, elle ne manquerait pas de trouver les instruments de son supplice.
St-Hélène, impératrice romaine et mère de l`empereur Constantin
En effet, c‘était la coutume chez les Juif d’enterrer auprès du corps tout ce qui avait servi à l`exécution d`une personne condamnée à mort. L'impératrice romaine fit aussitôt démolir le temple profane, on nettoya la place, et l’on se mit à creuser. Enfin l’on trouva la grotte du saint sépulcre. Près du tombeau étaient trois croix, avec l’inscription qui avait été attachée à celle de Jésus-Christ, mais séparément des croix, et les clous qui avaient percé son sacré corps. Il ne s’agissait plus que de distinguer parmi ces croix celle du Sauveur. Une Foi vive peut tout obtenir. Sainte Hélène, par le conseil de Macaire, évêque de Jérusalem, fit porter les croix chez une affligée depuis longtemps d’une maladie incurable; on lui appliqua successivement chacune de ces trois croix, en priant Dieu de faire connaître celle qu’il avait arrosée de son sang.
La basilique du St-Sépulcre à Jérusalem, construite sur les Instructions de St-Hélène et de Constantin sur les lieux de la Passion du Christ à partir de l`an 326.
L’impératrice était présente, et toute la ville dans l’attente de l’événement. Deux croix n’opérèrent rien; mais dès qu’on eut approché la troisième, la malade se trouva parfaitement guérie, et se leva à l’instant. L'historien Sozomène assure qu’on l’appliqua aussi au cadavre d’un homme mort, et que cet homme ressuscita. Saint Paulin rapporte la même chose. La pieuse princesse fut transportée de joie, lorsqu’elle se vit en possession du trésor qu’elle préférait à toutes les richesses de l'empire. Elle prit une partie de la vraie croix, pour la porter à son fils, et ayant enfermé l'autre partie dans une châsse d’argent, elle la remit entre les mains de l’évêque de Jérusalem, pour être déposée dans l’église que Constantin avait donné ordre de bâtir sur le saint sépulcre.
Basilique du St-Sépulcre à Jérusalem
Cet édifice fut construit avec une magnificence digne de la sainteté du lieu. Il embrassait dans son enceinte le sépulcre, et il s’étendait jusqu'au mont Calvaire. Sainte Hélène fit aussi bâtir deux autres églises, l`une à l'endroit où le Sauveur était monté au Ciel, et l’autre à Bethléem, où il était né.
Église de l`Ascension de Jérusalem construite sur les instructions de l`impératrice St-Hélène et de l`empereur Constantin
Église de la Nativité de Bethléem, sur le site de la naissance du Christ, et construite sur instructions de l`impératrice St-Hélène et de l`empereur romain Constantin.
Sa piété ne se borna point à la pompe des édifices; elle répandit ses bienfaits dans tous les lieux par où elle passa; elle soulageait par d’abondantes aumônes les pauvres, les orphelins et les veuves; elle marquait une affection particulière pour les vierges consacrées à Dieu; un jour elle rassembla toutes celles de Jérusalem, et leur donna un repas dans lequel elle voulut les servir elle-même; elle ne survécut pas longtemps à son voyage de Jérusalem. Dieu s'était servi de la conversion de son fils, pour l’amener elle-même au christianisme; elle l’embrassa avec un cœur sincère et un esprit éclairé. Enfin, comblée de mérites devant. Dieu et devant les hommes, elle mourut âgée de quatre-vingts ans, entre les bras de Constantin, qui se montra, surtout dans ces derniers moments, fidèle aux devoirs de la piété filiale, dont il s’était toujours exactement acquitté.
36 - Institution des solitaires. Saint Antoine. Année 306.
Lorsque les persécutions cessèrent, l’Église donna au monde un nouveau spectacle aussi édifiant que celui des Martyrs. On vit alors les déserts se peupler de solitaires, dont la vie ressemblait à celle des Anges. Il y avait eu auparavant des Chrétiens fervents, que l’on nommait Ascètes, qui, renonçant aux affaires du monde, s'appliquaient aux exercices de la prière et de la mortification; mais ils restaient seuls assez près des villes et des bourgades, au lieu qu’alors ils se rassemblèrent dans le désert, et formèrent des communautés. Saint Antoine, qui fut l'auteur de cette nouvelle institution, était né en Égypte de parents nobles, riches et vertueux, qui l’élevèrent chrétiennement, et le préservèrent des dangers de la jeunesse.
St-Antoine est considéré comme le premier moine chrétien
Mais il les perdit de bonne heure. Ayant un jour entendu lire dans l’église ces paroles de l’Évangile: « Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le Ciel», il se les appliqua à lui-même; il retourna a sa maison, vendit tous ses biens, et en distribua le prix aux pauvres; s’étant ensuite retiré dans une solitude, il s’occupa uniquement de son salut. Il s’y exerçait aux œuvres de pénitence, pour dompter sa chair; il travaillait des mains, pour se procurer la nourriture, et pour fournir aux besoins des pauvres. Animé d’une pieuse émulation, lorsqu’il entendait parler de quelque serviteur de Dieu, il allait aussitôt le trouver pour en recevoir quelque leçon ou quelque exemple qu’il pût pratiquer ou imiter.
La Thébaïde, les déserts sauvages autour de Thèbes.
Par-là il devint bientôt un modèle accompli de toutes les vertus. L’ennemi du salut ne put voir sans dépit ce que présageaient de si heureux commencements; il eut recours à des tentations de tous les genres pour le faire succomber. Le jeune solitaire surmonta tout par la prière et par la mortification; son lit était une natte, et souvent il couchait sur la terre; il ne mangeait qu’une fois le jour après le coucher du soleil et seulement du pain avec un peu de sel; il ne buvait que de l’eau, son habit consistait en un cilice, un manteau de peau de mouton et un capuchon. Comme l’Esprit Saint le destinait à peupler les déserts, il le porta à se retirer dans les lieux les plus écartés. Antoine passa le Nil, et s’enfonça dans la Thébaïde.
La tentation de St-Antoine
Après qu'il eut demeuré longtemps séparé du commerce des hommes, Dieu, qui voulait faire connaître son serviteur, l’honora du don des miracles. Les guérisons qu'il opérait lui attirèrent bientôt une foule de disciples, qui demandèrent à vivre sous sa conduite. On fut obligé de bâtir un grand nombre de monastères pour les recevoir. Antoine instruisait
ses disciples tantôt en particulier, tantôt en commun; et il leur prescrivait les règles saintes qu’ils devaient observer. « Que le souvenir de l'éternité, leur disait-il , ne sorte jamais de votre esprit; pensez tous les matins que peut-être vous ne vivrez pas jusqu’à la fin du jour; pensez tous les soirs que peut-être vous ne verrez pas le lendemain. Faites chacune de vos actions comme si elle était la dernière de votre vie : veillez sans cesse contre les tentations, et résistez, courageusement aux efforts du démon (de l`ange déchu), cet ennemi est bien faible quand on sait le désarmer; il redoute le jeûne, la prière, l'humilité et les bonnes œuvres; il ne faut que le signe de la croix pour dissiper ses prestiges et ses illusions; oui, ce signe de la croix du Sauveur, qui l’a dépouillé de sa puissance, suffit pour le faire trembler.»
Monastère de St-Antoine le grand
Formés par ces leçons, les disciples d’Antoine furent un objet de d`admiration pour Saint Athanase même. « Leurs monastères, dit-il, sont comme autant de temples ou la vie se passe à chanter des psaumes, à lire, à prier; a jeûner; à veiller, où l’on met toute son espérance dans les biens à venir, où l’on est uni par une charité admirable; ou l'on travaille moins a polir son entretien que pour celui des pauvres, c’est comme une vaste région, entièrement séparée du monde, dont les heureux habitants n`ont d`autres soins que celui de s'exercer dans la justice et la piété.»
Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 16:46, édité 3 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
37 - Saint Hilarion établit des monastères en Palestine. Année 329
Ce que saint Antoine avait fait en Égypte, saint Hilarion, son disciple, le fit dans la Palestine et dans la Syrie.
Les provinces Romaines de Palestine et de Syrie ou vivait St-Hilarion vers 330 ap J.C.
Il fut le premier qui y établit des monastères et forma des solitaires. Les parents d’Hilarion étaient des païens; mais prévenu dès l’enfance des bénédictions de Dieu, Hilarion embrassa le christianisme à l'âge de douze ans. Du bourg de Tabathe, lieu de sa naissance, on l'avait envoyé étudier à Alexandrie. Outre les sciences humaines , il y avait appris la science inestimable du salut.
St-Hilarion
Afin de s’y perfectionner de plus en plus, il alla trouver saint Antoine, il demeura quelque temps auprès de lui, et il se forma à sa manière de vivre, à la prière assidue, à l’humilité, à la persévérance dans le travail, aux austérités. Sorti de cette excellente école, il revint dans sa patrie avec quelques moines, pour y pratiquer dans la
solitude le même genre de vie. Son père et sa mère étant morts, il distribua tout son bien aux pauvres, et il se retira avec ses compagnons dans le désert qui, commençant a la ville de Gaza, s`étendait fort loin sur les rives de la mer.
Ce désert était plein de voleurs qui en parcouraient sans cesse l’étendue, pour surprendre les voyageurs, ou dépouiller les navigateurs échappés a la tempête. Il n’y avait pas longtemps qu'Hilarion y était, lorsque des brigands entrèrent dans sa cellule. Il les aborda d’un air si assuré, qu‘ils en furent surpris. «Vous ne nous craignez donc point? dit l’un d'eux. «Et pourquoi craindrais-je répondit Hilarion, puisque je ne possède rien?»
Nous pouvons vous ôtez la vie. « Quand on a d`attache a rien dans ce monde, répliqua le jeune solitaire, on craint peu de le quitter.» En effet, Hilarion n`avait pour habillement qu`un sac et une tunique de peau, que lui avait donné St-Antoine. Son lit consistait en une simple natte de jonc étendue par terre, et sa cellule, a peine de la grandeur de son corps, ressemblait plus à un sépulcre, qu`a une maison. Six once de pain d`orge et un peu d`herbes cuites étaient toute sa nourriture de chaque jour. Une vie si austère ne l`empêcha pas de parvenir à l’âge de quatre-vingt ans. Son occupation était de labourer la terre, de faire des corbeilles de jonc.
Désert du Néguev
En travaillant, il méditait le sens des divines Écritures, qu’il avait apprises par cœur. Dieu, pour manifester la sainteté de son serviteur, lui accorda le don des miracles; et les guérisons qu’il opéra, lui attirèrent une multitude de disciples. On vit bientôt la Palestine remplie de monastères. Lorsqu’il faisait la visite des solitaires qui étaient sous sa conduite, il s’en rassemblait autour de lui jusqu’à trois mille. Il retira de l’idolâtrie plusieurs peuples, qui furent touchés des merveilles dont ils étaient témoins; mais comme on troublait sa solitude par de fréquentes visites, et qu’on affligeait son humilité par les marques de respect qu`on rendait à sa vertu, il s'en plaignait, en disant : « Hélas! je suis revenu dans le siècle, et j’ai reçu ma récompense en cette vie.»
Les restes du Monastère St-Hilarion de Gaza datant du 6 eme siècle
Il voulut passer dans un lieu où il fût inconnu; mais la nouvelle s’en étant répandue, toute la Palestine en fut consternée comme d’un malheur public. En quelque endroit qu’il allât, on le suivait partout comme un homme de Dieu, qui avait le pouvoir de guérir les malades, de chasser les démons (anges déchus), et d'obtenir par ses prières la conversion des âmes. Quand il demandait la guérison de quelqu'un, il joignait toujours quelque instruction à ce bienfait, et il lâchait de lui faire comprendre que les maladies de l’âme sont bien plus à craindre, et que l’on doit être beaucoup plus empressé à s’en délivrer.
Quoique sa vie eut été si pénitente et si remplie de bonnes œuvres, la crainte des jugements de Dieu le saisit aux approches de la mort, et il s`excitait à la confiance par ces paroles : «Sors mon âme, sors. Pourquoi cette inquiétude et cette crainte? Tu as eu le bonheur de servir Jésus-Christ pendant soixante et dix ans, et tu crains la mort!»
38 - Vie des Solitaires.
La vie des solitaires avait pour objet de s’élever à la perfection chrétienne par la pratique des conseils évangéliques, c’est-à-dire, de la continence parfaite et de la pauvreté. Pour y parvenir, ils employaient quatre moyens principaux : la solitude, le travail des mains, le jeûne et la prière. Ils s’éloignaient de toute habitation, et s'enfonçaient dans les déserts, où l’on ne pouvait arriver qu'après plusieurs journées de chemin.
Ces déserts n’étaient pas de vastes forêts, ni des terres abandonnées, que l’on pût défricher et cultiver; c’étaient des lieux non-seulement inhabités, mais inhabitables, des plaines arides, des montagnes stériles, d'affreux rochers. Les solitaires s'arrêtaient dans les endroits où ils trouvaient de l'eau; ils y bâtissaient de pauvres cellules de bois ou de
roseaux. Là, éloignés de tous les objets des passions, ils s'efforçaient d’acquérir cette pureté de cœur, dont la récompense sera de voir Dieu; ils s’exerçaient à détruire en eux tous les vices, et à pratiquer toutes les vertus avec plus de liberté et plus de sûreté; ils combattaient l'avarice par la pauvreté et par la fidélité à ne rien posséder en propre.
Cellules anciennes de moines découverte en Égypte a Kellia
Ils domptaient la paresse par un travail continuel: ce travail n'occasionnait aucune dissipation, et ne troublait point leur application à Dieu; il consistait à faire des nattes ou des corbeilles de jonc. Ils y trouvaient le double avantage d'éviter l’oisiveté, et de se procurer de quoi vivre, sans être à charge à personne. Comme ils dépensaient peu, ils étaient même en état de faire des aumônes abondantes, et ils ne manquaient pas de distribuer aux pauvres ce qui leur restait chaque jour du prix de leurs ouvrages. Ils jeûnaient toute l'année, excepté les dimanches et le temps pascal.
Cellule de moines creusés dans le roc
Toute leur nourriture était du pain et de l'eau. La quantité du pain était réglée à une livre romaine, c'est-à-dire, douze onces par jour, et ils en faisaient deux petits repas, l'un à l'heure de none, l'autre au soir. Ils s'étaient bornés à cette mesure après de sages réflexions, et guidés par l'expérience ; elle suffisait pour entretenir leurs forces, et pour les rendre capables de travailler beaucoup et de dormir peu. En effet, ce régime austère prolongeait leur vie, et fortifiait leur santé; ils par venaient ordinairement à une extrême vieillesse, et n'éprouvaient aucune maladie.
Saint Antoine, leur instituteur, vécut plus de cent ans. La prière était réglée avec la même sagesse; ils ne s'assemblaient, pour prier en commun, que deux fois en vingt-quatre heures. A chaque fois, ils récitaient douze psaumes, entremêlés d oraisons, et ajoutaient à la fin deux leçons de l'Écriture. Les Frères chantaient tour à tour chacun un psaume, étant debout au milieu de l'assemblée; tous les autres écoutaient, assis et gardant un profond silence, sans se fatiguer la poitrine ni le reste du corps, ce que ne leur permettait pas leur jeûne et leur travail continue. Le reste du jour, ils priaient en travaillant, enfermés dans leurs cellules; ils avaient reconnu que rien n'est plus propre à fixer les pensées, et à empêcher les distractions, que d'être toujours occupé.
L'obéissance était le remède qu’ils opposaient à l'orgueil, qui est si naturel à l'homme, et qui lui convient si peu; ils étaient soumis comme des enfants à leurs supérieurs; quoiqu'il y eût des Communautés très nombreuses sous la conduite d’un même abbé; car, en peu de temps, ils se multiplièrent extrêmement, et une vie si mortifiée devint commune parmi les Fidèles; les déserts se peuplèrent de saints pénitents qui exerçaient sur eux-mêmes une justice plus sévère que celle des juges contre les criminels; on vit même des innocents punir en eux, avec une rigueur incroyable, cette pente malheureuse que nous avons au péché.
Enfin, il y eut tant de solitaires, que des solitaires plus parfaits ont été contraints de chercher des solitudes plus profondes, tant on a fui le monde, tant la vie contemplative a été goûtée. Tels ont été les fruits de vertu qu'a produits l’Évangile. L’Église n’a pas été moins riche en exemples qu’en préceptes, et sa doctrine a paru sainte, en produisant une infinité de saints.
39 - Hérésie d`Arius. Année 319.
L’Enfer, dit saint Cyprien, voyant les idoles renversées, inventa un nouveau moyen de troubler l`Église, ce fut l’hérésie et le schisme. Il chercha à altérer la Foi et à rompre l’unité; mais en lui livrant de nouvelles attaques, il lui fournit la matière de nouveaux triomphes. Il y avait déjà eu des hérésies, mais elles n’avaient eu ni autant d’éclat, ni des suites aussi funestes qu’en eut l’arianisme. Arius, prêtre de l’Église d’Alexandrie ( Égypte), homme turbulent et ambitieux, aspirait à être évêque de cette grande ville; mais ayant été frustré de ses espérances par l’élection de saint Alexandre, et n’écoutant plus que sa jalousie et son ressentiment, il se mit à décrier la doctrine de ce saint prélat, et à lui opposer une doctrine nouvelle. C’est l’orgueil qui enfante les hérésies; mais il a soin de se déguiser; une modestie affectée, un extérieur mortifié, joint à un âge déjà avancé, donnaient du crédit à ce novateur, et contribuèrent à lui gagner quelques prosélytes. Il osa attaquer la divinité de Jésus-Christ, et avancer que le Fils de Dieu n'est pas égal à son père en toutes choses.
Arius passa d`Alexandrie à la ville de Nicomédie situé proche de Byzance capitale de l`empire romain d`orient.
Arius, prêtre hérétique
Cette doctrine, inconnue jusqu'alors, et contraire à ce qu'on avait toujours cru, causa un grand scandale; on en eut horreur, et l'on cria à l'impiété, au blasphème. C'était le cri de la Foi qui repoussait la nouveauté. Saint Alexandre essaya d'abord de ramener Arius par des avertissements charitables, et il usa envers lui d'une extrême patience; mais, voyant que sa douceur et ses exhortations paternelles étaient inutiles, et que l'impiété commençait à s'étendre, il éleva la voix avec force, et il excommunia l'hérésiarque dans un synode composé de tous ses suffragants; il écrivit au pape et à tous les évêques du monde ce qui s'était passé, pour les avertir du danger qui menaçait l`Église, et pour donner plus de poids à son jugement.
St-Alexandre d`Alexandrie
Ce coup étonna Arius, mais ne l’abattit point; il se retira dans la Palestine, où il se fit quelques partisans; de là il passa à Nicomédie, séjour ordinaire de l'empereur, et il eut l'adresse de gagner à son parti l’évêque Eusèbe, qui devint son principal appui. Se voyant soutenu, il s'efforça de répandre son dogme impie parmi le petit peuple; pour cela , il composa des cantiques, où il glissa ses erreurs. Par ce moyen facile, le peuple avalait le poison presque sans s'en apercevoir.
L`empereur romain Constantin
L'empereur apprit avec douleur cette funeste division; il en parla à Eusèbe, qui lui fit entendre que le mal ne venait que de l'aversion de l'évêque Alexandre contre le prêtre Arius, et qu'il était de sa piété d'en arrêter les progrès, en leur imposant silence à tous deux. Constantin, ainsi tromper, crut qu’il suffisait d’écrire à Alexandre et à Arius, pour les exhorter à se réunir de sentiments. Dans cette vue, il envoya à Alexandrie Osius, évêque de Cordoue, en qui il avait une confiance particulière; c’était un vieillard respectable, évêque depuis trente ans, qui avait confessé la foi dans la persécution de Maximien, et qui était renommé dans toute l’Église.
Osius, Évêque renommé de Cordoue en Espagne est envoyé par l`empereur en mission de réconciliation a Alexandrie
Osius étant arrivé à Alexandrie avec la lettre de l’empereur, y assembla un synode nombreux; il n’oublia rien pour concilier les esprits; mais il y trouva tant de fermentation, qu`il fut obligé de revenir à Nicomédie, sans avoir rien fait. Arius et ses partisans par une opiniâtreté commune à tous les hérétiques, refusèrent de se soumettre au silence que l`empereur leur imposait. D’un autre côté, Alexandre et son clergé, bien assurés d’être en possession de la vérité, dont ils devaient conserver et transmettre le dépôt, ne pouvaient consentir à la retenir captive. Ce fut pour Osius une occasion de faire connaître à l’empereur la vérité dans toute son étendue, et la grandeur du mal qui affligeait l’Église.
Ce que saint Antoine avait fait en Égypte, saint Hilarion, son disciple, le fit dans la Palestine et dans la Syrie.
Les provinces Romaines de Palestine et de Syrie ou vivait St-Hilarion vers 330 ap J.C.
Il fut le premier qui y établit des monastères et forma des solitaires. Les parents d’Hilarion étaient des païens; mais prévenu dès l’enfance des bénédictions de Dieu, Hilarion embrassa le christianisme à l'âge de douze ans. Du bourg de Tabathe, lieu de sa naissance, on l'avait envoyé étudier à Alexandrie. Outre les sciences humaines , il y avait appris la science inestimable du salut.
St-Hilarion
Afin de s’y perfectionner de plus en plus, il alla trouver saint Antoine, il demeura quelque temps auprès de lui, et il se forma à sa manière de vivre, à la prière assidue, à l’humilité, à la persévérance dans le travail, aux austérités. Sorti de cette excellente école, il revint dans sa patrie avec quelques moines, pour y pratiquer dans la
solitude le même genre de vie. Son père et sa mère étant morts, il distribua tout son bien aux pauvres, et il se retira avec ses compagnons dans le désert qui, commençant a la ville de Gaza, s`étendait fort loin sur les rives de la mer.
Ce désert était plein de voleurs qui en parcouraient sans cesse l’étendue, pour surprendre les voyageurs, ou dépouiller les navigateurs échappés a la tempête. Il n’y avait pas longtemps qu'Hilarion y était, lorsque des brigands entrèrent dans sa cellule. Il les aborda d’un air si assuré, qu‘ils en furent surpris. «Vous ne nous craignez donc point? dit l’un d'eux. «Et pourquoi craindrais-je répondit Hilarion, puisque je ne possède rien?»
Nous pouvons vous ôtez la vie. « Quand on a d`attache a rien dans ce monde, répliqua le jeune solitaire, on craint peu de le quitter.» En effet, Hilarion n`avait pour habillement qu`un sac et une tunique de peau, que lui avait donné St-Antoine. Son lit consistait en une simple natte de jonc étendue par terre, et sa cellule, a peine de la grandeur de son corps, ressemblait plus à un sépulcre, qu`a une maison. Six once de pain d`orge et un peu d`herbes cuites étaient toute sa nourriture de chaque jour. Une vie si austère ne l`empêcha pas de parvenir à l’âge de quatre-vingt ans. Son occupation était de labourer la terre, de faire des corbeilles de jonc.
Désert du Néguev
En travaillant, il méditait le sens des divines Écritures, qu’il avait apprises par cœur. Dieu, pour manifester la sainteté de son serviteur, lui accorda le don des miracles; et les guérisons qu’il opéra, lui attirèrent une multitude de disciples. On vit bientôt la Palestine remplie de monastères. Lorsqu’il faisait la visite des solitaires qui étaient sous sa conduite, il s’en rassemblait autour de lui jusqu’à trois mille. Il retira de l’idolâtrie plusieurs peuples, qui furent touchés des merveilles dont ils étaient témoins; mais comme on troublait sa solitude par de fréquentes visites, et qu’on affligeait son humilité par les marques de respect qu`on rendait à sa vertu, il s'en plaignait, en disant : « Hélas! je suis revenu dans le siècle, et j’ai reçu ma récompense en cette vie.»
Les restes du Monastère St-Hilarion de Gaza datant du 6 eme siècle
Il voulut passer dans un lieu où il fût inconnu; mais la nouvelle s’en étant répandue, toute la Palestine en fut consternée comme d’un malheur public. En quelque endroit qu’il allât, on le suivait partout comme un homme de Dieu, qui avait le pouvoir de guérir les malades, de chasser les démons (anges déchus), et d'obtenir par ses prières la conversion des âmes. Quand il demandait la guérison de quelqu'un, il joignait toujours quelque instruction à ce bienfait, et il lâchait de lui faire comprendre que les maladies de l’âme sont bien plus à craindre, et que l’on doit être beaucoup plus empressé à s’en délivrer.
Quoique sa vie eut été si pénitente et si remplie de bonnes œuvres, la crainte des jugements de Dieu le saisit aux approches de la mort, et il s`excitait à la confiance par ces paroles : «Sors mon âme, sors. Pourquoi cette inquiétude et cette crainte? Tu as eu le bonheur de servir Jésus-Christ pendant soixante et dix ans, et tu crains la mort!»
38 - Vie des Solitaires.
La vie des solitaires avait pour objet de s’élever à la perfection chrétienne par la pratique des conseils évangéliques, c’est-à-dire, de la continence parfaite et de la pauvreté. Pour y parvenir, ils employaient quatre moyens principaux : la solitude, le travail des mains, le jeûne et la prière. Ils s’éloignaient de toute habitation, et s'enfonçaient dans les déserts, où l’on ne pouvait arriver qu'après plusieurs journées de chemin.
Ces déserts n’étaient pas de vastes forêts, ni des terres abandonnées, que l’on pût défricher et cultiver; c’étaient des lieux non-seulement inhabités, mais inhabitables, des plaines arides, des montagnes stériles, d'affreux rochers. Les solitaires s'arrêtaient dans les endroits où ils trouvaient de l'eau; ils y bâtissaient de pauvres cellules de bois ou de
roseaux. Là, éloignés de tous les objets des passions, ils s'efforçaient d’acquérir cette pureté de cœur, dont la récompense sera de voir Dieu; ils s’exerçaient à détruire en eux tous les vices, et à pratiquer toutes les vertus avec plus de liberté et plus de sûreté; ils combattaient l'avarice par la pauvreté et par la fidélité à ne rien posséder en propre.
Cellules anciennes de moines découverte en Égypte a Kellia
Ils domptaient la paresse par un travail continuel: ce travail n'occasionnait aucune dissipation, et ne troublait point leur application à Dieu; il consistait à faire des nattes ou des corbeilles de jonc. Ils y trouvaient le double avantage d'éviter l’oisiveté, et de se procurer de quoi vivre, sans être à charge à personne. Comme ils dépensaient peu, ils étaient même en état de faire des aumônes abondantes, et ils ne manquaient pas de distribuer aux pauvres ce qui leur restait chaque jour du prix de leurs ouvrages. Ils jeûnaient toute l'année, excepté les dimanches et le temps pascal.
Cellule de moines creusés dans le roc
Toute leur nourriture était du pain et de l'eau. La quantité du pain était réglée à une livre romaine, c'est-à-dire, douze onces par jour, et ils en faisaient deux petits repas, l'un à l'heure de none, l'autre au soir. Ils s'étaient bornés à cette mesure après de sages réflexions, et guidés par l'expérience ; elle suffisait pour entretenir leurs forces, et pour les rendre capables de travailler beaucoup et de dormir peu. En effet, ce régime austère prolongeait leur vie, et fortifiait leur santé; ils par venaient ordinairement à une extrême vieillesse, et n'éprouvaient aucune maladie.
Saint Antoine, leur instituteur, vécut plus de cent ans. La prière était réglée avec la même sagesse; ils ne s'assemblaient, pour prier en commun, que deux fois en vingt-quatre heures. A chaque fois, ils récitaient douze psaumes, entremêlés d oraisons, et ajoutaient à la fin deux leçons de l'Écriture. Les Frères chantaient tour à tour chacun un psaume, étant debout au milieu de l'assemblée; tous les autres écoutaient, assis et gardant un profond silence, sans se fatiguer la poitrine ni le reste du corps, ce que ne leur permettait pas leur jeûne et leur travail continue. Le reste du jour, ils priaient en travaillant, enfermés dans leurs cellules; ils avaient reconnu que rien n'est plus propre à fixer les pensées, et à empêcher les distractions, que d'être toujours occupé.
L'obéissance était le remède qu’ils opposaient à l'orgueil, qui est si naturel à l'homme, et qui lui convient si peu; ils étaient soumis comme des enfants à leurs supérieurs; quoiqu'il y eût des Communautés très nombreuses sous la conduite d’un même abbé; car, en peu de temps, ils se multiplièrent extrêmement, et une vie si mortifiée devint commune parmi les Fidèles; les déserts se peuplèrent de saints pénitents qui exerçaient sur eux-mêmes une justice plus sévère que celle des juges contre les criminels; on vit même des innocents punir en eux, avec une rigueur incroyable, cette pente malheureuse que nous avons au péché.
Enfin, il y eut tant de solitaires, que des solitaires plus parfaits ont été contraints de chercher des solitudes plus profondes, tant on a fui le monde, tant la vie contemplative a été goûtée. Tels ont été les fruits de vertu qu'a produits l’Évangile. L’Église n’a pas été moins riche en exemples qu’en préceptes, et sa doctrine a paru sainte, en produisant une infinité de saints.
39 - Hérésie d`Arius. Année 319.
L’Enfer, dit saint Cyprien, voyant les idoles renversées, inventa un nouveau moyen de troubler l`Église, ce fut l’hérésie et le schisme. Il chercha à altérer la Foi et à rompre l’unité; mais en lui livrant de nouvelles attaques, il lui fournit la matière de nouveaux triomphes. Il y avait déjà eu des hérésies, mais elles n’avaient eu ni autant d’éclat, ni des suites aussi funestes qu’en eut l’arianisme. Arius, prêtre de l’Église d’Alexandrie ( Égypte), homme turbulent et ambitieux, aspirait à être évêque de cette grande ville; mais ayant été frustré de ses espérances par l’élection de saint Alexandre, et n’écoutant plus que sa jalousie et son ressentiment, il se mit à décrier la doctrine de ce saint prélat, et à lui opposer une doctrine nouvelle. C’est l’orgueil qui enfante les hérésies; mais il a soin de se déguiser; une modestie affectée, un extérieur mortifié, joint à un âge déjà avancé, donnaient du crédit à ce novateur, et contribuèrent à lui gagner quelques prosélytes. Il osa attaquer la divinité de Jésus-Christ, et avancer que le Fils de Dieu n'est pas égal à son père en toutes choses.
Arius passa d`Alexandrie à la ville de Nicomédie situé proche de Byzance capitale de l`empire romain d`orient.
Arius, prêtre hérétique
Cette doctrine, inconnue jusqu'alors, et contraire à ce qu'on avait toujours cru, causa un grand scandale; on en eut horreur, et l'on cria à l'impiété, au blasphème. C'était le cri de la Foi qui repoussait la nouveauté. Saint Alexandre essaya d'abord de ramener Arius par des avertissements charitables, et il usa envers lui d'une extrême patience; mais, voyant que sa douceur et ses exhortations paternelles étaient inutiles, et que l'impiété commençait à s'étendre, il éleva la voix avec force, et il excommunia l'hérésiarque dans un synode composé de tous ses suffragants; il écrivit au pape et à tous les évêques du monde ce qui s'était passé, pour les avertir du danger qui menaçait l`Église, et pour donner plus de poids à son jugement.
St-Alexandre d`Alexandrie
Ce coup étonna Arius, mais ne l’abattit point; il se retira dans la Palestine, où il se fit quelques partisans; de là il passa à Nicomédie, séjour ordinaire de l'empereur, et il eut l'adresse de gagner à son parti l’évêque Eusèbe, qui devint son principal appui. Se voyant soutenu, il s'efforça de répandre son dogme impie parmi le petit peuple; pour cela , il composa des cantiques, où il glissa ses erreurs. Par ce moyen facile, le peuple avalait le poison presque sans s'en apercevoir.
L`empereur romain Constantin
L'empereur apprit avec douleur cette funeste division; il en parla à Eusèbe, qui lui fit entendre que le mal ne venait que de l'aversion de l'évêque Alexandre contre le prêtre Arius, et qu'il était de sa piété d'en arrêter les progrès, en leur imposant silence à tous deux. Constantin, ainsi tromper, crut qu’il suffisait d’écrire à Alexandre et à Arius, pour les exhorter à se réunir de sentiments. Dans cette vue, il envoya à Alexandrie Osius, évêque de Cordoue, en qui il avait une confiance particulière; c’était un vieillard respectable, évêque depuis trente ans, qui avait confessé la foi dans la persécution de Maximien, et qui était renommé dans toute l’Église.
Osius, Évêque renommé de Cordoue en Espagne est envoyé par l`empereur en mission de réconciliation a Alexandrie
Osius étant arrivé à Alexandrie avec la lettre de l’empereur, y assembla un synode nombreux; il n’oublia rien pour concilier les esprits; mais il y trouva tant de fermentation, qu`il fut obligé de revenir à Nicomédie, sans avoir rien fait. Arius et ses partisans par une opiniâtreté commune à tous les hérétiques, refusèrent de se soumettre au silence que l`empereur leur imposait. D’un autre côté, Alexandre et son clergé, bien assurés d’être en possession de la vérité, dont ils devaient conserver et transmettre le dépôt, ne pouvaient consentir à la retenir captive. Ce fut pour Osius une occasion de faire connaître à l’empereur la vérité dans toute son étendue, et la grandeur du mal qui affligeait l’Église.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
40 - Concile de Nicée. Année 325.
L'Empereur romain Constantin, ayant appris le peu d’effet qu’avait produit sa lettre, résolut, par le conseil des évêques, d’assembler un concile œcuménique, c’est-à dire universel, pour terrasser l’erreur et en réprimer les partisans. Sous les empereurs païens, on n’avait pu tenir de si grandes assemblées; mais Constantin, devenu maître de tout l’empire romain pouvait exécuter ce dessein si digne de sa piété, et l`on ne saurait s`empêcher d`admirer la Providence qui rendit alors cette exécution facile en réunissant tant de pays sous la domination d‘un seul homme.
L’empereur Constantin au Concile de Nicée
La ville de Nicée fut choisie pour le lieu de l’assemblée, parce qu’elle était voisine de Nicomédie, où résidait l’empereur. Constantin envoya donc à tous les évêques des lettres, l’invitation, pour les engager à s’y rendre, et il donna ordre de leur fournir à ses frais les voitures et tout ce qui était nécessaire pour le voyage.
La ville de Nicée, près de Constantinople.
L’affaire était de trop grande importance, pour que les évêques ne répondissent pas à la convocation avec le plus grand empressement; aussi se trouvèrent-ils bientôt à Nicée au nombre de trois cent dix-huit, rassemblés de toutes les provinces de l’empire, sans compter les prêtres et les diacres. Osius, évêque de Cordoue, présida au concile, et y représenta le pape saint Sylvestre, qui y avait encore envoyé deux prêtres, ne pouvant aller en personne à cause de son grand âge.
Saint Alexandre; évêque d’Alexandrie, était accompagné du diacre Athanase, encore jeune, qu'il estimait particulièrement, et qui lui fut d'un grand secours. Jamais assemblée ne fut plus vénérable. Plusieurs des évêques qui la composaient étaient éminents en sainteté, et portaient encore les cicatrices des plaies qu'ils avaient reçues pour la Foi pendant la dernière persécution. Tel entre les autres, était saint Paphnuce, évêque de la Haute Thébaïde, à qui on avait crevé l’œil droit. L’empereur le faisait souvent venir dans son palais; il prenait plaisir à s’entretenir avec lui, et par respect, il baisait la plaie qui lui restait au visage.
L’empereur Constantin recevant l’Évêque égyptien St-Paphnuce qui avait été torturé pour la Foi.
Le jour de la séance publique étant arrivé, tous ceux qui devaient y assister se rendirent dans une grande salle, où Constantin, après tous les autres, entra lui-même, en donnant les plus grandes marques de respect pour cette auguste assemblée. Il voulut que les évêques traitassent avec une entière liberté les questions de la Foi. On commença par examiner la doctrine d’Arius, qui fut cité et entendu. Il osa avancer et soutenir ses blasphèmes en présence du concile. Tous les Pères se bouchaient les oreilles, et marquaient la plus vive indignation.
Concile de Nicée
On réfuta avec force les nouveautés impies ; on y opposa l’autorité des livres saints et les écrits des premiers Pères. Sur ce fondement, on établit la doctrine de l’Église. Le concile déclara donc que Jésus-Christ est vrai Fils de Dieu, égal à son Père, sa vertu, son image, subsistant toujours en Lui, enfin vrai Dieu. Comme les Ariens, féconds en subtilités , avaient l’art d'éluder la force de ces expressions, et de les admettre , sans renoncer à leur erreur, le concile ne trouva point de terme plus propre pour exprimer l’unité indivisible de nature , que le mot de consubstantiel; et ce mot, qui ne laissait aucun subterfuge à l’hérésie, fut depuis la terreur des Ariens: il exprimait clairement que le Fils est tout égal à son Père, et qu’il est un même Dieu avec lui.
Les Ariens se retirèrent, mais les Pères du concile se tinrent constamment attachés à ce terme, qui devint ensuite la marque distinctive des Catholiques. On dressa donc la profession de foi solennelle, qui est si connue sous le nom de Symbole de Nicée. Tous les évêques, hors un petit nombre d'Ariens, souscrivirent ce symbole et prononcèrent l'anathème contre Arius et ses sectateurs. En vertu de ce jugement, que la puissance séculière appuya, mais qu’elle ne prévint pas, l’empereur condamna Arius à l’exil. Telle fut la conclusion de cette célèbre assemblée, dont la mémoire a été toujours en vénération dans l’Église.
41- L'empereur se laisse surprendre et exile saint Athanase.
L'Esprit de l'hérésie, qui est toujours inquiet et remuant, ne put être réprimé par l'autorité du saint concile de Nicée. Les Ariens, quoique confondus, se mirent à susciter de nouveaux troubles. Ils écrivirent à l'empereur, et feignant d'admettre la foi de Nicée, ils obtinrent d'être rappelés de leur exil. Ensuite ils travaillèrent à prévenir l'empereur, par différents artifices, contre les évêques catholiques, en particulier contre Athanase, qui avait succédé à saint-Alexandre dans le siège d'Alexandrie, et qu'ils regardaient comme leur plus redoutable adversaire.
St-Athanase, Évêque d`Alexandrie, persécuté par les partisans d`Arius
Ils entreprirent de disculper Arius devant le prince, en lui faisant entendre qu'il n'avait été condamné que parce qu'il s'était mal expliqué : ils lui représentèrent que, comme Arius était dans de bons sentiments, ce serait une chose agréable à Dieu d'ordonner à Athanase de le recevoir dans son Église. C'était un piège qu'ils dressaient au saint évêque : ils s’attendaient bien que le prélat refuserait constamment de le faire, et, par son refus, indisposerait l'empereur.
Le pernicieux conseil fut suivi; Athanase eut ordre de recevoir Arius, sous peine d'être déposé. Les Ariens n'en demeurèrent pas là; ils publièrent différentes calomnies contre le saint évêque, et ils firent tant de bruit, que l'empereur crut qu'il fallait du moins examiner si des accusations si graves étaient fondées. Il indiqua donc une assemblée d'évêques dans la ville de Tyr ( Liban actuel), pour examiner la conduite d'Athanase, et il ordonna à l`accusé de s`y rendre. Les Ariens avaient en soin de faire nommer pour juges des évêques de leur parti, qui traitèrent saint Athanase de la manière la plus indigne; ils ne lui permirent pas de prendre séance avec eux; ils l'obligèrent même de se tenir debout comme un criminel qui attend que l'on prononce sa sentence.
Trèves, ( Augusta-Trevevorum) ville romaine en Gaule-Belgique sur la rivière Moselle. ( Allemagne actuelle)
Le saint prélat écouta tranquillement les accusations dont on le chargeait, et il les détruisit toutes, de manière à confondre ses accusateurs. Les Ariens ne pouvant rien opposer à l'évidence de ses réponses, étaient transportés de fureur contre lui, et ils l'auraient mis en pièces, si le commissaire de l'empereur ne l'eût arraché de leurs mains. Saint Athanase, voyant que sa vie n'était pas en sûreté, prit le parti d'aller à Constantinople, pour se justifier devant l'empereur. Pendant son absence, les Ariens ne laissèrent pas de prononcer contre lui une sentence de déposition, et ils ne rougirent point d'insérer dans la sentence les mêmes calomnies qui avaient été si pleinement réfutées; puis l'ayant suivi à Constantinople, ils ajoutèrent contre lui une nouvelle accusation, qu'ils crurent propre à faire beaucoup d'impression sur l'esprit de l'empereur.
Ils dirent qu'Athanase avait menacé d'empêcher le transport du blé que l'on envoyait tous les ans d'Alexandrie à Constantinople. Le saint évêque eut beau protester contre la fausseté de l’accusation, Constantin, prévenu, le jugea coupable, et l'exila à Trèves, ville considérable de la Gaule Belgique, éloignée de huit cents lieues d'Alexandrie. Athanase partit aussitôt pour le lieu de son exil, et il y arriva au commencement de l'année 336.
St-Athanase est exilé de l`Égypte à Trèves en Gaule-Belgique à la suite de complots des Ariens.
Telle est la triste destinée des princes; avec les meilleures intentions ils commettent quelquefois de grandes injustices, parce qu'ils sont exposés à être trompés par les méchants, et à donner leur confiance à des hommes qui prennent les dehors de la vertu pour persécuter la vertu même.
42 - Mort funeste d'Arius. Année 336.
Les Ariens , enhardis par le succès de leur intrigue contre saint Athanase, entreprirent de rétablir Arius à Alexandrie. Cet hérésiarque, profitant de l'absence de saint Athanase, se rendit dans cette ville, et alla se présenter à l'église; mais le peuple catholique ne put l'y souffrir, et il y eut à cette occasion, de grands troubles qui obligèrent l'empereur à donner ordre à Arius d'en sortir, et de venir à Constantinople.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient. (De nos jours Istanboul en Turquie)
Pour le dédommager de ce qu'il n'avait pas été reçu dans l'église d'Alexandrie, les Ariens résolurent de le faire recevoir d'une manière éclatante dans celle de Constantinople. L'évêque de cette ville impériale était un vieillard vénérable et fort attaché à la foi de Nicée. Les Ariens firent d'inutiles efforts auprès du saint évêque, pour l'engager à admettre Arius à la communion. Il refusa constamment ce qu'ils lui demandaient. Les Ariens s'emportèrent contre lui; ils le menacèrent de le faire déposer, et d'obtenir un ordre de l'empereur pour faire recevoir de force Arius dans son église. Cet ordre vint en effet, et l'on avait choisi un dimanche pour le rétablissement de cet impie, afin d'y mettre plus d'éclat.
Alors le saint évêque eut recours au Ciel. Il se retira dans son église; là, seul au pied de l'autel, le visage contre terre, les yeux baignés de larmes, il adressa à Dieu cette prière humble et fervente: « Seigneur, si Arius doit être reçu dans l'église; je vous conjure de me retirer de ce monde auparavant; mais si vous avez compassion de votre Église, comme je n’en doute pas ne permettez point qu’elle devienne un objet « de mépris.»
Le lendemain, les partisans d’Arius s’assemblèrent, et se mirent en devoir de le conduire à l’église, malgré l’évêque. Ils l’accompagnaient dans les rues, comme en triomphe, et ils se permettaient des discours insultants contre le saint prélat. Lorsqu’on approchait de la place, et qu’on apercevait déjà l’église, Arius pâlit à la vue de tout le monde, et il eut en même temps un besoin naturel, qui l'obligea de quitter son cortège, et de se retirer dans un lieu secret.
La mort d`Arius à Constantinople
Comme il tardait beaucoup, on y entra, et on le trouva mort, renversé par terre, nageant dans son sang, et ses entrailles hors de son corps. L’horreur d’un tel spectacle fit trembler ses sectateurs mêmes. Ce lieu cessa d’être fréquenté; on n’osait en approcher, et on le montrait au doigt comme un monument de la vengeance divine. Le bruit s’en répandit bientôt, et le lendemain, le saint prélat, à la tête de tout son peuple , rendit à Dieu de solennelles actions de grâces, non pas de ce qu’il avait fait périr Arius, dont il plaignait le malheureux sort, mais de ce qu’il avait daigné repousser l’hérésie, qui marchait avec audace pour forcer l’entrée du sanctuaire.
L’empereur fit de profondes réflexions sur cet événement; il y reconnut la main de Dieu, et il en conçut plus d’aversion pour cette secte impie. Il sentit enfin la faute qu’il avait commise en bannissant St Athanase, et il allait le rappeler, quand la mort l'empêche d'exécuter sa résolution; mais il en donna l`ordre avant d’expirer.
43 - Rappel et justification de saint Athanase. Année 337.
L`Empereur Constantin avait laissé trois fils, Constantin, Constance et Constant, qui partagèrent l’empire entre eux. Le premier, sous la domination duquel se trouvaient les Gaules, rétablit St Athanase sur son siège. Il le renvoya à Alexandrie avec une lettre, où il donnait de grands éloges à sa vertu, et marquait beaucoup d'indignation contre ses ennemis.
Il y dit qu’en rendant le saint prélat à son troupeau, il ne fait qu’exécuter le pieux dessein de son père, qui l’aurait rappelé lui-même, si la mort ne l’eût prévenu. « Quand donc, ajouta-t-il, Athanase sera arrivé, vous connaîtrez combien nous l’avons honoré; et vous ne devez pas en être surpris, puisque nous y avons été portés par l’affliction que vous a causée son absence, et par le respect dont nous sommes pénétrés pour sa vertu.»
Alexandrie, ville gréco-romaine en Égypte
Le saint patriarche passa par la Syrie, et arriva enfin à Alexandrie. Il y fut reçu avec des transports de joie. Le clergé et les fidèles accouraient en foule pour le voir; toutes les églises retentissaient de cantiques d'actions de grâces. Les ennemis de St Athanase en conçurent du dépit; ils se plaignirent de son retour, comme d'une entreprise contraire
aux canons, disant qu'il ne pouvait être rétabli que par l'autorité d’un concile. Ils inventèrent contre lui de nouvelles calomnies, et firent jouer tous les ressorts pour le perdre. Ils parvinrent à mettre dans leurs intérêts l’empereur Constance, à qui l'Orient était échu en partage.
Ils lui représentèrent Athanase comme un esprit inquiet et turbulent, qui, depuis son retour, avait excité les séditions; ils l'accusèrent faussement et sans aucune preuve, d'avoir retenu les grains destinés à la nourriture des veuves et des ecclésiastiques qui habitaient les contrées où il ne venait point de Blé. Il ne fut pas difficile au saint prélat de démontrer la fausseté de ces accusations; mais la calomnie découverte ne dissipa point les préventions de Constance. Ce malheureux prince était livré aux Ariens; il n’écoutait que ce qu’on lui disait contre Athanase, et il fermait l’oreille à tout ce qui pouvait servir à sa justification. Les ennemis du saint évêque obtinrent de l'empereur la permission d'élire un nouveau patriarche à Alexandrie, à la place d’Athanase; c'était où ils en voulaient venir; ils ne perdirent point de temps.
Dès qu’ils eurent obtenu ce qu’ils désiraient, ils s’assemblèrent sans délai : ils déposèrent Athanase, et ordonnèrent à sa place un ecclésiastique décrié, nommé Piste. Ce mauvais prêtre, ainsi que l'évêque qui le Sacra, avaient été excommuniés dans le concile de Nicée. Le pape, instruit de cette ordination schismatique, refusa sa communion à l’intrus, et toutes les Églises catholiques lui dirent anathème. Aussi Piste ne put il jamais prendre possession de la dignité qu’il voulait usurper. L’Église catholique a toujours détesté le schisme; elle a toujours rejeté avec horreur ceux qui s’emparent d’un siège dont le pasteur légitime est encore vivant et avoué par elle.
Elle a déclaré, dans tous les temps, qu’un tel usurpateur est sans pouvoir, sans juridiction, qu’il n’est pas un évêque, mais un adultère; qu’il n’est point un pasteur, mais un voleur, mais un loup entré dans la bergerie pour dissiper et égorger le troupeau. Saint Athanase, opprimé par ses ennemis, qui étaient ceux de la Religion, écrivit au pape, pour lui demander justice de cet attentat.
Il alla même à Rome, pour mettre le pape au fait de tout ce qui s'était passé. Le Saint-Siège était alors occupé par St Jules, qui fit un bon accueil au saint prélat, et qui assembla un concile pour juger cette affaire. Saint Athanase y fut justifié, et confirmé dans la possession de son siège. Nous avons encore la lettre que le souverain Pontife écrivit à ce sujet; il y défend la vérité avec une vigueur digne du chef des évêques. L'on voit que dès les premiers siècles de l’Église, c’était au pape, au successeur de saint Pierre, préposé par Jésus Christ même, à conduire tout le troupeau, que l’on avait recours dans les causes majeures qui intéressaient où la foi ou la discipline.
St-Jules – Pape de 337 à 352
Les plus grands évêques de l’antiquité se sont adressés au Saint-Siège pour faire réformer des jugements injustes, rendus contre eux. On a donc toujours reconnu dans le pape, non-seulement une prééminence d’honneur, mais encore une primauté de juridiction et d’autorité, qui s’étendait dans toute l’Église. Cette primauté a été regardée comme un article de Foi.
44 - Violences exercées par les Schismatiques ariens
Le peu de succès qu’avait eu l’entreprise d'un Premier usurpateur, ne déconcerta pas les ennemis de saint Athanase. Ils prirent mieux leurs mesures pour établir un autre évêque à Alexandrie, et pour l'y faire recevoir. Ils élurent un Cappadocien, nommé Grégoire; et, par l‘autorité de l’empereur, ils le mirent, à main armée, en possession du siège de saint Athanase, qui fut obligé de prendre la fuite et, à cette occasion, ils commirent des excès et des impiétés horribles. On vit alors, comme on l'a vu souvent depuis, quel est l'esprit qui anime les schismatiques, et à quelles fureurs ils se portent quand ils sont soutenus par la puissance souveraine. L'intrusion violente de Grégoire avait jeté l'alarme dans Alexandrie. Le peuple catholique fréquentait les églises qui étaient encore ouvertes.
L'officier de l'empereur gagne la populace, les Juifs, les gens déréglés; il assemble les pâtres et la jeunesse la plus insolente des places publiques; il les échauffe et les envoie par troupes contre les Catholiques retirés dans les églises. Les uns furent foulés aux pieds; les autres assommés à coups de massues ou passés au fil de l'épée. Les prêtres étaient traînés au tribunal du gouverneur, et frappés en présence de Grégoire, quand ils refusaient de communiquer avec les impies. Des vierges, consacrées à Dieu, furent dépouillées et battues de verges. On ôtait le pain aux ministres de l'Église, pour les faire mourir de faim; et ce qui ajoute à l'atrocité de cette conduite, c'est que ces scènes indécentes et cruelles se passaient dans les jours qui précèdent la fête de Pâques. Le jour même du vendredi-saint, Grégoire entra avec une escorte de soldats païens dans une église dont il voulait s'emparer, et il fit fustiger publiquement et emprisonner trente-quatre personnes, dont la plupart étaient des vierges et des femmes honnêtes.
Il se saisit ainsi de toutes les églises, en sorte que le clergé et le peuple catholique étaient réduits ou à se bannir du lieu saint, ou à communiquer avec l'intrus. Le pape prit la défense de saint Athanase, et dans un concile de cent soixante-dix évêques il déclara nulle l'ordination de l'intrus; ce qui n'empêcha pas qu'après la mort de Grégoire, les
ennemis de saint Athanase ne lui nommassent un successeur, et ne renouvelassent toutes les scènes de la première intrusion.
Troubles entre les partisans d`Arius et les catholiques à Alexandrie
Les schismatiques troublèrent le peuple assemblé pour prier. Ils enlevèrent plusieurs vierges de leurs maisons, et en insultèrent d'autres dans les rues, principalement par leurs femmes, qui, se promenant insolemment comme des bacchantes, cherchaient l'occasion d'outrager les femmes catholiques. La persécution ne s'exerça pas seulement à Alexandrie, elle s'étendit dans toute l’Égypte. Il y eut un ordre de l'empereur pour chasser des églises des évêques catholiques. A leur place, on mettait de jeunes débauchés qui traitaient les affaires de l'Église selon une politique toute humaine.
Ces faux pasteurs commencèrent à altérer la Foi en Égypte, où la doctrine catholique avait été prêchée jusque-là avec une entière liberté; et comme les vrais Fidèles s'éloignaient d'eux, ce fut une nouvelle occasion de les outrager, de les mettre en prison et de confisquer leurs biens. Le schisme a reparu depuis dans l’Église, toujours avec les mêmes caractères, avec des traits si ressemblants, qu'il est impossible de s'y méprendre. Ce sont les mêmes scènes, les mêmes indécences, les mêmes violences. Il faut bien, si l'on peut s'exprimer ainsi, que ce soit là sa physionomie naturelle.
L'Empereur romain Constantin, ayant appris le peu d’effet qu’avait produit sa lettre, résolut, par le conseil des évêques, d’assembler un concile œcuménique, c’est-à dire universel, pour terrasser l’erreur et en réprimer les partisans. Sous les empereurs païens, on n’avait pu tenir de si grandes assemblées; mais Constantin, devenu maître de tout l’empire romain pouvait exécuter ce dessein si digne de sa piété, et l`on ne saurait s`empêcher d`admirer la Providence qui rendit alors cette exécution facile en réunissant tant de pays sous la domination d‘un seul homme.
L’empereur Constantin au Concile de Nicée
La ville de Nicée fut choisie pour le lieu de l’assemblée, parce qu’elle était voisine de Nicomédie, où résidait l’empereur. Constantin envoya donc à tous les évêques des lettres, l’invitation, pour les engager à s’y rendre, et il donna ordre de leur fournir à ses frais les voitures et tout ce qui était nécessaire pour le voyage.
La ville de Nicée, près de Constantinople.
L’affaire était de trop grande importance, pour que les évêques ne répondissent pas à la convocation avec le plus grand empressement; aussi se trouvèrent-ils bientôt à Nicée au nombre de trois cent dix-huit, rassemblés de toutes les provinces de l’empire, sans compter les prêtres et les diacres. Osius, évêque de Cordoue, présida au concile, et y représenta le pape saint Sylvestre, qui y avait encore envoyé deux prêtres, ne pouvant aller en personne à cause de son grand âge.
Saint Alexandre; évêque d’Alexandrie, était accompagné du diacre Athanase, encore jeune, qu'il estimait particulièrement, et qui lui fut d'un grand secours. Jamais assemblée ne fut plus vénérable. Plusieurs des évêques qui la composaient étaient éminents en sainteté, et portaient encore les cicatrices des plaies qu'ils avaient reçues pour la Foi pendant la dernière persécution. Tel entre les autres, était saint Paphnuce, évêque de la Haute Thébaïde, à qui on avait crevé l’œil droit. L’empereur le faisait souvent venir dans son palais; il prenait plaisir à s’entretenir avec lui, et par respect, il baisait la plaie qui lui restait au visage.
L’empereur Constantin recevant l’Évêque égyptien St-Paphnuce qui avait été torturé pour la Foi.
Le jour de la séance publique étant arrivé, tous ceux qui devaient y assister se rendirent dans une grande salle, où Constantin, après tous les autres, entra lui-même, en donnant les plus grandes marques de respect pour cette auguste assemblée. Il voulut que les évêques traitassent avec une entière liberté les questions de la Foi. On commença par examiner la doctrine d’Arius, qui fut cité et entendu. Il osa avancer et soutenir ses blasphèmes en présence du concile. Tous les Pères se bouchaient les oreilles, et marquaient la plus vive indignation.
Concile de Nicée
On réfuta avec force les nouveautés impies ; on y opposa l’autorité des livres saints et les écrits des premiers Pères. Sur ce fondement, on établit la doctrine de l’Église. Le concile déclara donc que Jésus-Christ est vrai Fils de Dieu, égal à son Père, sa vertu, son image, subsistant toujours en Lui, enfin vrai Dieu. Comme les Ariens, féconds en subtilités , avaient l’art d'éluder la force de ces expressions, et de les admettre , sans renoncer à leur erreur, le concile ne trouva point de terme plus propre pour exprimer l’unité indivisible de nature , que le mot de consubstantiel; et ce mot, qui ne laissait aucun subterfuge à l’hérésie, fut depuis la terreur des Ariens: il exprimait clairement que le Fils est tout égal à son Père, et qu’il est un même Dieu avec lui.
Les Ariens se retirèrent, mais les Pères du concile se tinrent constamment attachés à ce terme, qui devint ensuite la marque distinctive des Catholiques. On dressa donc la profession de foi solennelle, qui est si connue sous le nom de Symbole de Nicée. Tous les évêques, hors un petit nombre d'Ariens, souscrivirent ce symbole et prononcèrent l'anathème contre Arius et ses sectateurs. En vertu de ce jugement, que la puissance séculière appuya, mais qu’elle ne prévint pas, l’empereur condamna Arius à l’exil. Telle fut la conclusion de cette célèbre assemblée, dont la mémoire a été toujours en vénération dans l’Église.
41- L'empereur se laisse surprendre et exile saint Athanase.
L'Esprit de l'hérésie, qui est toujours inquiet et remuant, ne put être réprimé par l'autorité du saint concile de Nicée. Les Ariens, quoique confondus, se mirent à susciter de nouveaux troubles. Ils écrivirent à l'empereur, et feignant d'admettre la foi de Nicée, ils obtinrent d'être rappelés de leur exil. Ensuite ils travaillèrent à prévenir l'empereur, par différents artifices, contre les évêques catholiques, en particulier contre Athanase, qui avait succédé à saint-Alexandre dans le siège d'Alexandrie, et qu'ils regardaient comme leur plus redoutable adversaire.
St-Athanase, Évêque d`Alexandrie, persécuté par les partisans d`Arius
Ils entreprirent de disculper Arius devant le prince, en lui faisant entendre qu'il n'avait été condamné que parce qu'il s'était mal expliqué : ils lui représentèrent que, comme Arius était dans de bons sentiments, ce serait une chose agréable à Dieu d'ordonner à Athanase de le recevoir dans son Église. C'était un piège qu'ils dressaient au saint évêque : ils s’attendaient bien que le prélat refuserait constamment de le faire, et, par son refus, indisposerait l'empereur.
Le pernicieux conseil fut suivi; Athanase eut ordre de recevoir Arius, sous peine d'être déposé. Les Ariens n'en demeurèrent pas là; ils publièrent différentes calomnies contre le saint évêque, et ils firent tant de bruit, que l'empereur crut qu'il fallait du moins examiner si des accusations si graves étaient fondées. Il indiqua donc une assemblée d'évêques dans la ville de Tyr ( Liban actuel), pour examiner la conduite d'Athanase, et il ordonna à l`accusé de s`y rendre. Les Ariens avaient en soin de faire nommer pour juges des évêques de leur parti, qui traitèrent saint Athanase de la manière la plus indigne; ils ne lui permirent pas de prendre séance avec eux; ils l'obligèrent même de se tenir debout comme un criminel qui attend que l'on prononce sa sentence.
Trèves, ( Augusta-Trevevorum) ville romaine en Gaule-Belgique sur la rivière Moselle. ( Allemagne actuelle)
Le saint prélat écouta tranquillement les accusations dont on le chargeait, et il les détruisit toutes, de manière à confondre ses accusateurs. Les Ariens ne pouvant rien opposer à l'évidence de ses réponses, étaient transportés de fureur contre lui, et ils l'auraient mis en pièces, si le commissaire de l'empereur ne l'eût arraché de leurs mains. Saint Athanase, voyant que sa vie n'était pas en sûreté, prit le parti d'aller à Constantinople, pour se justifier devant l'empereur. Pendant son absence, les Ariens ne laissèrent pas de prononcer contre lui une sentence de déposition, et ils ne rougirent point d'insérer dans la sentence les mêmes calomnies qui avaient été si pleinement réfutées; puis l'ayant suivi à Constantinople, ils ajoutèrent contre lui une nouvelle accusation, qu'ils crurent propre à faire beaucoup d'impression sur l'esprit de l'empereur.
Ils dirent qu'Athanase avait menacé d'empêcher le transport du blé que l'on envoyait tous les ans d'Alexandrie à Constantinople. Le saint évêque eut beau protester contre la fausseté de l’accusation, Constantin, prévenu, le jugea coupable, et l'exila à Trèves, ville considérable de la Gaule Belgique, éloignée de huit cents lieues d'Alexandrie. Athanase partit aussitôt pour le lieu de son exil, et il y arriva au commencement de l'année 336.
St-Athanase est exilé de l`Égypte à Trèves en Gaule-Belgique à la suite de complots des Ariens.
Telle est la triste destinée des princes; avec les meilleures intentions ils commettent quelquefois de grandes injustices, parce qu'ils sont exposés à être trompés par les méchants, et à donner leur confiance à des hommes qui prennent les dehors de la vertu pour persécuter la vertu même.
42 - Mort funeste d'Arius. Année 336.
Les Ariens , enhardis par le succès de leur intrigue contre saint Athanase, entreprirent de rétablir Arius à Alexandrie. Cet hérésiarque, profitant de l'absence de saint Athanase, se rendit dans cette ville, et alla se présenter à l'église; mais le peuple catholique ne put l'y souffrir, et il y eut à cette occasion, de grands troubles qui obligèrent l'empereur à donner ordre à Arius d'en sortir, et de venir à Constantinople.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient. (De nos jours Istanboul en Turquie)
Pour le dédommager de ce qu'il n'avait pas été reçu dans l'église d'Alexandrie, les Ariens résolurent de le faire recevoir d'une manière éclatante dans celle de Constantinople. L'évêque de cette ville impériale était un vieillard vénérable et fort attaché à la foi de Nicée. Les Ariens firent d'inutiles efforts auprès du saint évêque, pour l'engager à admettre Arius à la communion. Il refusa constamment ce qu'ils lui demandaient. Les Ariens s'emportèrent contre lui; ils le menacèrent de le faire déposer, et d'obtenir un ordre de l'empereur pour faire recevoir de force Arius dans son église. Cet ordre vint en effet, et l'on avait choisi un dimanche pour le rétablissement de cet impie, afin d'y mettre plus d'éclat.
Alors le saint évêque eut recours au Ciel. Il se retira dans son église; là, seul au pied de l'autel, le visage contre terre, les yeux baignés de larmes, il adressa à Dieu cette prière humble et fervente: « Seigneur, si Arius doit être reçu dans l'église; je vous conjure de me retirer de ce monde auparavant; mais si vous avez compassion de votre Église, comme je n’en doute pas ne permettez point qu’elle devienne un objet « de mépris.»
Le lendemain, les partisans d’Arius s’assemblèrent, et se mirent en devoir de le conduire à l’église, malgré l’évêque. Ils l’accompagnaient dans les rues, comme en triomphe, et ils se permettaient des discours insultants contre le saint prélat. Lorsqu’on approchait de la place, et qu’on apercevait déjà l’église, Arius pâlit à la vue de tout le monde, et il eut en même temps un besoin naturel, qui l'obligea de quitter son cortège, et de se retirer dans un lieu secret.
La mort d`Arius à Constantinople
Comme il tardait beaucoup, on y entra, et on le trouva mort, renversé par terre, nageant dans son sang, et ses entrailles hors de son corps. L’horreur d’un tel spectacle fit trembler ses sectateurs mêmes. Ce lieu cessa d’être fréquenté; on n’osait en approcher, et on le montrait au doigt comme un monument de la vengeance divine. Le bruit s’en répandit bientôt, et le lendemain, le saint prélat, à la tête de tout son peuple , rendit à Dieu de solennelles actions de grâces, non pas de ce qu’il avait fait périr Arius, dont il plaignait le malheureux sort, mais de ce qu’il avait daigné repousser l’hérésie, qui marchait avec audace pour forcer l’entrée du sanctuaire.
L’empereur fit de profondes réflexions sur cet événement; il y reconnut la main de Dieu, et il en conçut plus d’aversion pour cette secte impie. Il sentit enfin la faute qu’il avait commise en bannissant St Athanase, et il allait le rappeler, quand la mort l'empêche d'exécuter sa résolution; mais il en donna l`ordre avant d’expirer.
43 - Rappel et justification de saint Athanase. Année 337.
L`Empereur Constantin avait laissé trois fils, Constantin, Constance et Constant, qui partagèrent l’empire entre eux. Le premier, sous la domination duquel se trouvaient les Gaules, rétablit St Athanase sur son siège. Il le renvoya à Alexandrie avec une lettre, où il donnait de grands éloges à sa vertu, et marquait beaucoup d'indignation contre ses ennemis.
Il y dit qu’en rendant le saint prélat à son troupeau, il ne fait qu’exécuter le pieux dessein de son père, qui l’aurait rappelé lui-même, si la mort ne l’eût prévenu. « Quand donc, ajouta-t-il, Athanase sera arrivé, vous connaîtrez combien nous l’avons honoré; et vous ne devez pas en être surpris, puisque nous y avons été portés par l’affliction que vous a causée son absence, et par le respect dont nous sommes pénétrés pour sa vertu.»
Alexandrie, ville gréco-romaine en Égypte
Le saint patriarche passa par la Syrie, et arriva enfin à Alexandrie. Il y fut reçu avec des transports de joie. Le clergé et les fidèles accouraient en foule pour le voir; toutes les églises retentissaient de cantiques d'actions de grâces. Les ennemis de St Athanase en conçurent du dépit; ils se plaignirent de son retour, comme d'une entreprise contraire
aux canons, disant qu'il ne pouvait être rétabli que par l'autorité d’un concile. Ils inventèrent contre lui de nouvelles calomnies, et firent jouer tous les ressorts pour le perdre. Ils parvinrent à mettre dans leurs intérêts l’empereur Constance, à qui l'Orient était échu en partage.
Ils lui représentèrent Athanase comme un esprit inquiet et turbulent, qui, depuis son retour, avait excité les séditions; ils l'accusèrent faussement et sans aucune preuve, d'avoir retenu les grains destinés à la nourriture des veuves et des ecclésiastiques qui habitaient les contrées où il ne venait point de Blé. Il ne fut pas difficile au saint prélat de démontrer la fausseté de ces accusations; mais la calomnie découverte ne dissipa point les préventions de Constance. Ce malheureux prince était livré aux Ariens; il n’écoutait que ce qu’on lui disait contre Athanase, et il fermait l’oreille à tout ce qui pouvait servir à sa justification. Les ennemis du saint évêque obtinrent de l'empereur la permission d'élire un nouveau patriarche à Alexandrie, à la place d’Athanase; c'était où ils en voulaient venir; ils ne perdirent point de temps.
Dès qu’ils eurent obtenu ce qu’ils désiraient, ils s’assemblèrent sans délai : ils déposèrent Athanase, et ordonnèrent à sa place un ecclésiastique décrié, nommé Piste. Ce mauvais prêtre, ainsi que l'évêque qui le Sacra, avaient été excommuniés dans le concile de Nicée. Le pape, instruit de cette ordination schismatique, refusa sa communion à l’intrus, et toutes les Églises catholiques lui dirent anathème. Aussi Piste ne put il jamais prendre possession de la dignité qu’il voulait usurper. L’Église catholique a toujours détesté le schisme; elle a toujours rejeté avec horreur ceux qui s’emparent d’un siège dont le pasteur légitime est encore vivant et avoué par elle.
Elle a déclaré, dans tous les temps, qu’un tel usurpateur est sans pouvoir, sans juridiction, qu’il n’est pas un évêque, mais un adultère; qu’il n’est point un pasteur, mais un voleur, mais un loup entré dans la bergerie pour dissiper et égorger le troupeau. Saint Athanase, opprimé par ses ennemis, qui étaient ceux de la Religion, écrivit au pape, pour lui demander justice de cet attentat.
Il alla même à Rome, pour mettre le pape au fait de tout ce qui s'était passé. Le Saint-Siège était alors occupé par St Jules, qui fit un bon accueil au saint prélat, et qui assembla un concile pour juger cette affaire. Saint Athanase y fut justifié, et confirmé dans la possession de son siège. Nous avons encore la lettre que le souverain Pontife écrivit à ce sujet; il y défend la vérité avec une vigueur digne du chef des évêques. L'on voit que dès les premiers siècles de l’Église, c’était au pape, au successeur de saint Pierre, préposé par Jésus Christ même, à conduire tout le troupeau, que l’on avait recours dans les causes majeures qui intéressaient où la foi ou la discipline.
St-Jules – Pape de 337 à 352
Les plus grands évêques de l’antiquité se sont adressés au Saint-Siège pour faire réformer des jugements injustes, rendus contre eux. On a donc toujours reconnu dans le pape, non-seulement une prééminence d’honneur, mais encore une primauté de juridiction et d’autorité, qui s’étendait dans toute l’Église. Cette primauté a été regardée comme un article de Foi.
44 - Violences exercées par les Schismatiques ariens
Le peu de succès qu’avait eu l’entreprise d'un Premier usurpateur, ne déconcerta pas les ennemis de saint Athanase. Ils prirent mieux leurs mesures pour établir un autre évêque à Alexandrie, et pour l'y faire recevoir. Ils élurent un Cappadocien, nommé Grégoire; et, par l‘autorité de l’empereur, ils le mirent, à main armée, en possession du siège de saint Athanase, qui fut obligé de prendre la fuite et, à cette occasion, ils commirent des excès et des impiétés horribles. On vit alors, comme on l'a vu souvent depuis, quel est l'esprit qui anime les schismatiques, et à quelles fureurs ils se portent quand ils sont soutenus par la puissance souveraine. L'intrusion violente de Grégoire avait jeté l'alarme dans Alexandrie. Le peuple catholique fréquentait les églises qui étaient encore ouvertes.
L'officier de l'empereur gagne la populace, les Juifs, les gens déréglés; il assemble les pâtres et la jeunesse la plus insolente des places publiques; il les échauffe et les envoie par troupes contre les Catholiques retirés dans les églises. Les uns furent foulés aux pieds; les autres assommés à coups de massues ou passés au fil de l'épée. Les prêtres étaient traînés au tribunal du gouverneur, et frappés en présence de Grégoire, quand ils refusaient de communiquer avec les impies. Des vierges, consacrées à Dieu, furent dépouillées et battues de verges. On ôtait le pain aux ministres de l'Église, pour les faire mourir de faim; et ce qui ajoute à l'atrocité de cette conduite, c'est que ces scènes indécentes et cruelles se passaient dans les jours qui précèdent la fête de Pâques. Le jour même du vendredi-saint, Grégoire entra avec une escorte de soldats païens dans une église dont il voulait s'emparer, et il fit fustiger publiquement et emprisonner trente-quatre personnes, dont la plupart étaient des vierges et des femmes honnêtes.
Il se saisit ainsi de toutes les églises, en sorte que le clergé et le peuple catholique étaient réduits ou à se bannir du lieu saint, ou à communiquer avec l'intrus. Le pape prit la défense de saint Athanase, et dans un concile de cent soixante-dix évêques il déclara nulle l'ordination de l'intrus; ce qui n'empêcha pas qu'après la mort de Grégoire, les
ennemis de saint Athanase ne lui nommassent un successeur, et ne renouvelassent toutes les scènes de la première intrusion.
Troubles entre les partisans d`Arius et les catholiques à Alexandrie
Les schismatiques troublèrent le peuple assemblé pour prier. Ils enlevèrent plusieurs vierges de leurs maisons, et en insultèrent d'autres dans les rues, principalement par leurs femmes, qui, se promenant insolemment comme des bacchantes, cherchaient l'occasion d'outrager les femmes catholiques. La persécution ne s'exerça pas seulement à Alexandrie, elle s'étendit dans toute l’Égypte. Il y eut un ordre de l'empereur pour chasser des églises des évêques catholiques. A leur place, on mettait de jeunes débauchés qui traitaient les affaires de l'Église selon une politique toute humaine.
Ces faux pasteurs commencèrent à altérer la Foi en Égypte, où la doctrine catholique avait été prêchée jusque-là avec une entière liberté; et comme les vrais Fidèles s'éloignaient d'eux, ce fut une nouvelle occasion de les outrager, de les mettre en prison et de confisquer leurs biens. Le schisme a reparu depuis dans l’Église, toujours avec les mêmes caractères, avec des traits si ressemblants, qu'il est impossible de s'y méprendre. Ce sont les mêmes scènes, les mêmes indécences, les mêmes violences. Il faut bien, si l'on peut s'exprimer ainsi, que ce soit là sa physionomie naturelle.
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 1:56, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
45 - L'empereur Constance trouble toute l'Église. Année 355.
Constance étant devenu seul maître de tout l`empire romain par la mort de ses deux frères, publia un édit, pour obliger tous les évêques à souscrire la condamnation d’Athanase, sous peine d’exil. Il croyait ne pouvoir détruire la foi de Nicée, qu’en perdant son plus zélé défenseur. Pour y parvenir, il fit assembler les évêques à Arles, puis à Milan; il se porta lui-même pour accusateur.
Les évêques représentèrent à ce prince qu’ils ne pouvaient condamner Athanase, sans violer les saints canons. « Que ma volonté vous tienne lieu de canons, répondit l'empereur: obéissez, ou allez en exil.» Ils lui remontrèrent que l’empire n’était pas à lui, mais à Dieu, qui le lui avait confié; qu'il devait craindre ses jugements, et ne pas confondre le gouvernement de l’Église avec celui de l’État. Cette réponse, si digne de la fermeté épiscopale, mit Constance en fureur; il tira l’épée, et donna ordre de mener au supplice quelques-uns des évêques.
Divisions territoriales romaines en diocèses. (année 293 a 305)
Ensuite changeant d’avis, il se contenta de les exiler. Ceux donc qui refusèrent de souscrire, furent chassés de leurs sièges, et l’on mit à leur place des évêques de la faction arienne. Le pape Libère, qui montra d’abord beaucoup de fermeté, fut exiléà Bérée, en Thrace; mais succombant ensuite aux incommodités de son exil, il eut la faiblesse de signer la condamnation d’Athanase; il se releva bientôt de cette chute, et il répara promptement le scandale qu’il avait donné.
Le pape St-Libère, exilé en Thrace.
Peu de temps après, l’empereur, qui était plus occupé à troubler l’Église qu’à gouverner l’empire, fit tenir un concile à Rimini, en Italie, en même temps qu’il s’en tenait un à Séleucie, dans l'Orient. Ce dernier, beaucoup moins nombreux, fut sans effet, et l'on se sépara sans rien conclure. Le concile de Rimini, tant qu’il fut libre, maintint la vérité catholique; il refusa d’admettre une nouvelle profession de foi; il déclara qu’il fallait s'en tenir au symbole de Nicée, où il n’y avait rien à retrancher, rien à ajouter, il anathématisa Arius et ses partisans. Les évêques, au nombre de trois cent vingt, souscrivirent ce décret, et les Ariens qui refusèrent de le faire, furent condamnés et déposés.
La Sainte Trinité
Mais l’empereur, prévenu par les Ariens, envoya ordre au préfet Taurus de ne pas laisser séparer le concile, jusqu’à ce que les évêques eussent signé une formule
captieuse, où n’était pas le mot consubstantiel, et d’exiler ceux qui seraient les plus opiniâtres à la rejeter. Alors la plupart des Pères qu‘on retenait à Rimini, ennuyés d’être si longtemps éloignés de leurs églises, intimidés par les menaces de Taurus, se laissèrent tromper par les Ariens, et croyant que le sens du mot consubstantiel était exprimé en d’autres termes, ils souscrivirent une formule dont ils n'apercevaient pas le venin.
Les Ariens ne tardèrent point à triompher. Dès que les Pères de Rimini connurent la fraude, ils témoignèrent leur indignation et leurs regrets, ils rejetèrent hautement le mauvais sens que les Ariens donnaient à la formule souscrite; ils déclarèrent leur attachement à la foi de Nicée; c’est ce qui a donné lieu à cette parole célèbre de saint Jérôme, que le monde fut étonné de se trouver Arien; il ne l’était donc pas; car on n'est pas étonné de se trouver ce que l`on est en effet. Toutes les fautes des Pères de Rimini étaient d’avoir, par surprise, et sans y penser, donné lieu au triomphe de l`arianisme.
D’ailleurs, le très grand nombre des évêques répandus dans toute l’Église n'eut aucune part à la séduction; au contraire, ayant le pape Libère à leur tête, ils s’élevèrent avec force contre ce scandale, et désavouèrent les actes du concile de Rimini. Il est si vrai que l’enseignement public de la Foi ne changea point alors, que saint Athanase, deux ans après ce concile, disait dans sa lettre à l’empereur Jovien: « La foi de Nicée que nous confessons, a été de tous temps; toutes les Églises la suivent; celles d’Espagne , de la Grande-Bretagne, de la Gaule, de l`Italie, de la Dalmatie, de la Dacie, de la Mysie, de la Macédoine; celles de toute la Grèce, de toute l’Afrique, des îles de Sardaigne, de Crète, de Chypre, de la Pamphylie, de la Lycie, de l’Isaurie , de l’Égypte, de la Libye , du Pont, de la Cappadoce, ont la même Foi, et a toutes celles de l’Orient, à la réserve d’un très petit nombre.»
Ainsi, non-seulement tout l`empire romain, mais encore tout l’univers, jusqu’aux peuples les plus barbares, pensaient de même; et il n’y eut jamais qu’un très-petit nombre dans le parti de l’erreur, en comparaison de ceux qui la rejetaient; ni le concile de Rimini, ni les longues et cruelles persécutions de Constance, ni la faveur qu’il accorda aux Ariens, ne purent altérer la Foi de l’Église catholique.
46 - Zèle de saint Hilaire de Poitiers pour la Foi de Nicée. Année 353.
Dieu suscita dans les Gaules un illustre défenseur de la consubstantialité de son Fils, dans la personne de saint Hilaire, évêque de Poitiers. Ce saint prélat fit en Occident ce que saint Athanase faisait en Orient; il s’opposa, avec un courage inébranlable, à l’impiété des Ariens; il eut le bonheur de préserver sa patrie de la contagion, et d’y maintenir la foi de Nicée. Comme l’empereur Constance travaillait, depuis plusieurs années, à répandre l’arianisme, il présenta à ce prince une requête, dans laquelle il le supplia de faire cesser les persécutions injustes que souffraient la plupart des Églises privées de leurs pasteurs, et livrées à de faux évêques qui s’en emparaient à main armée.
St-Hilaire, Évêque de Poitiers dans les Gaules lutte contre l`hérésie arienne
La liberté généreuse avec laquelle il parla à l’empereur, était devenue nécessaire. Il s’opposa avec force aux intrigues de Saturnin, évêque d'Arles, aussi décrié pour ses vices que pour ses liaisons avec les Ariens, qui le protégeaient puissamment. Constance, informé par Saturnin du zèle de saint Hilaire, exila le saint évêque en Phrygie. Cet exil fut un trait de la Providence divine, qui fait servir à l’exécution de ses desseins la mauvaise volonté des hommes. L’empereur convoqua, peu de temps après, un concile à Séleucie; dans le dessein d’y anéantir les canons de Nicée.
L`empereur romain Constance, protecteur de l`hérésie des Ariens.
Comme les hérétiques étaient divisés entre eux, et formaient deux partis opposés, saint Hilaire fut invité à ce concile par l’un de ces partis, qui espérait se l’attacher, et en tirer avantage pour confondre le parti contraire. Le saint prélat se rendit à Séleucie, et il y défendit la foi de Nicée avec une fermeté qui en imposa aux ennemis de la vérité. Il alla ensuite à Constantinople; il demanda à l'empereur une conférence publique, pour y combattre les hérétiques eu sa présence, et leur démontrer la fausseté de leur doctrine par les changements continuels qu’ils y faisaient.
« Depuis le saint concile de Nicée, dit-il, ceux à qui vous accordez votre confiance, ne font autre chose que composer des symboles. Leur foi n’est pas la foi de l`Évangiles, mais celle des conjectures, l’année dernière, ils ont changé quatre fois leur symbole, chez eux la foi varie comme les volontés, et la doctrine comme les coutumes. Tous les ans, et même tous les mois, ils produisent de nouveaux symboles; ils détruisent ce qu’ils avaient fait, s`anathématisent ce qu’ils avaient soutenu. Ils ne parlent que d’Écriture sainte et de Foi apostolique mais c’est pour tromper les faibles, et pour donner atteinte à la doctrine de l’Église.»
On aura lieu d'appliquer cette réflexion aux différentes hérésies qui sont nées depuis le siècle de saint Hilaire. Les Ariens, qui redoutaient l’ardeur de son zèle et la force de ses raisons, évitèrent la conférence qu’il demandait; et pour se délivrer d’un homme qu’ils craignaient, ils engagèrent l'empereur à le renvoyer à son Église. Le saint évêque, en retournant dans son diocèse, traversa l’Illyrie et l'Italie. Partout il ranimait les Chrétiens faibles et chancelants dans la Foi. Son premier soin, à son arrivée dans les Gaules, fut de remédier aux maux de l’Église. Saturnin fut excommunié et déposé comme coupable d'hérésie et de plusieurs autres crimes.
Église St-Hilaire à Poitiers en France
Le retour du saint prélat produisit les plus heureux effets; la Foi fut rétablie dans toute sa pureté; la discipline de l'Église recouvra son ancienne vigueur; les scandales cessèrent, et la paix succéda aux troubles. La mort de l’empereur Constance, qui arriva en 361, ôta aux Ariens leur principal appui.
47 - Saint-Martin, évêque de Tours. Année 360.
La plus illustre des disciples de St Hilaire fut St Martin, qui s'attacha particulièrement à ce grand évêque, dont il admirait les vertus, et qui prit part à tous ses combats pour la Foi. Martin naquit à Sabarie, ville de la Pannonie, de parents païens. Dieu prévint le saint enfant d’une bénédiction si singulière, qu’à l'âge de dix ans il alla à l'église des Chrétiens, et se fit mettre au nombre des catéchumènes. Comme il était fils d'un tribun, il fut obligé de suivre le parti des armes; mais cette profession, qui est pour tant d'autres une école de licence et de désordres, devint pour lui l'apprentissage des vertus les plus héroïques.
St-Martin était natif de la Pannonie, région romaine d`Europe centrale au nord de la Croatie actuelle. ( En rouge foncé sur la carte)
Il se distingue surtout par un tendre amour pour les pauvres; il ne pouvait rien leur refuser, et tout ce qui lui restait de sa solde, il le leur distribuait. Un jour, pendant un hiver rigoureux, il trouva à la porte d'Amiens un mendiant nu et transi de froid. Ce spectacle excita la charité du saint cavalier; mais il ne lui restait que ses armes et son habit militaire. Il tire son sabre, coupe la moitié de son manteau, le donne à ce pauvre pour se couvrir. Une si belle action ne resta pas sans récompense. La nuit suivante, Martin vit en songe Jésus-Christ, revêtu de cette moitié de manteau, et lui entendit dire aux Anges qui l'environnaient; « Martin, encore catéchumène, m'a revêtu de ce manteau.»
Martin de Tours, légionnaire romain, coupe sa cape pour couvrir un pauvre
Cette vision consolante le détermina à demander le baptême; dès qu'il l'eut reçu, il songea à quitter le service. Attiré auprès de St Hilaire de Poitiers, par la haute réputation de ce saint évêque, il fit bâtir, à deux lieues de cette ville, un monastère, où il se retira avec quelques disciples. Il sortait de temps en temps de sa retraite, pour aller prêcher la Foi aux idolâtres, qui étaient encore eu assez grand nombre dans les villages, et Dieu autorisa le zèle de son serviteur par des miracles éclatants.
Abbaye en Allemagne dédiée à St-Martin de Tours
Il ne tarda pas à être connu dans toute la Gaule, et on le jugea digne de l'épiscopat. Le peuple de Tours le demanda pour pasteur; mais il fallut user d'artifice et même de violence pour l'arracher à sa solitude. St Martin fut le même sur le siège de Tours, qu'il avait été dans son monastère; on ne vit aucun changement ni dans ses habits, ni dans sa table; il ne voulait honorer sa dignité que par ses vertus. La destruction de l'idolâtrie devint l`objet le plus ordinaire de ses travaux; il parcourut plusieurs fois la Touraine avec un zèle infatigable, et partout ses discours et les miracles qui les accompagnaient convertirent les idolâtres.
Basilique St-Martin dans l`archidiocèse de Tours en France.
Étant un jour dans un bourg rempli de Païens, après les avoir exhortés à abandonner leurs superstitions, il entreprit de faire abattre un vieux arbre, qui était un objet d’idolâtrie. Les Païens n'y consentirent qu'à condition qu'il se tiendrait du côté où l'arbre devait tomber. Martin, plein de foi, accepta la condition. On coupa l'arbre; mais dans l'instant de la chute, le saint évêque fit le signe de la croix, et l'arbre se redressa pour tomber de l'autre côté, au grand étonnement des Païens, qui demandèrent
le baptême.
Tours, ou Caesarodunum à l`époque Gallo-romaine
Le saint prélat n’interrompit les missions que pour d'autres œuvres de charité; il allait Quelquefois intercéder auprès des princes, en faveur des malheureux; ce fut pour ce sujet qu'il fit deux voyages à Trèves, où était alors l'empereur Maxime; mais il demandait ces grâces en évêque, et avec un ton de dignité qui en imposait au prince même. Maxime n'en conçut que plus d'estime pour lui, et plusieurs fois il l'invite à manger à sa table.
St-Martin, Évêque de Tours
St Martin s'en défendit d’abord, mais ensuite il crut devoir se rendre à cette invitation. Maxime en eut tant de joie, qu'il appela, comme à une fête solennelle, les plus distingués de sa cour. Le saint évêque était à table avec un prêtre de l'église de Tours, dont il se faisait toujours accompagner. Quand on servit à boire, l'empereur fit signe à l'officier de, donner la coupe à St Martin, croyant qu'il la recevrait ensuite de sa main; mais le saint évêque la présenta à son prêtre, comme à la personne la plus respectable de la compagnie. Cette action ne déplut point au prince, qui loua St Martin d'avoir référé à toute la puissance impériale, l'honneur dut au sacerdoce de Jésus-Christ. Tant de vertus, que relevaient encore des miracles sans nombre, rendirent St Martin très-célèbre dans toute l'Église.
48- L’empereur Julien veut rétablir le Paganisme. Année 363.
Julien, qui succéda à l’empereur Constance, abandonna le christianisme, ce qui lui fit donner le surnom d'Apostat. Étant monté sur le trône, il commença par accorder à chacun le libre exercice de sa religion, et par rappeler tous ceux qui avaient été exilés pour cette cause. Il agissait ainsi, moins dans la vue de se concilier l’affection publique, que de rendre odieux le gouvernement de Constance.
L`empereur romain Julien dit l`Apostat
St Athanase profita de cette liberté, et revint à Alexandrie. Son entrée dans cette ville fut un véritable triomphe; le peuple alla au-devant de lui jusqu’à une journée de chemin, et en si grand nombre, que toute l’Égypte y paraissait rassemblée; l`on montait sur les toits et sur les arbres pour le voir et on regardait comme une bénédiction de recevoir l'ombre de son corps; mais cette joie que causa le retour du saint évêque, ne fut pas de longue durée. L’empereur, qui, à de grandes qualités joignait un esprit faux et bizarre, avait conçu le projet insensé de détruire le christianisme, et de rétablir le culte des idoles.
St-Athanase retourne à Alexandrie mais doit encore fuir la persécution.
Pour y parvenir, il chasse St Athanase d’Alexandrie, et ce grand homme fut encore obligé de se cacher, dans la crainte d’éprouver de plus mauvais traitements. Cependant Julien n’employa point la violence mais la séduction : il fomenta les divisions entre les catholiques et les hérétiques, pour affaiblir les uns par les autres, et les écraser tous ensuite par un dernier coup. La liberté de religion, qu'il laissait en apparence aux Chrétiens, n'était au fond qu’un dur esclavage; il ne les condamnait pas à mort par un édit général; mais il prenait d'ailleurs les voies les plus sûres pour les accabler.
Toutes les faveurs étaient prodiguées aux Païens; les Chrétiens n’éprouvaient, de sa part, que mépris, que vexations, que disgrâces. Il s'appliqua surtout à avilir le clergé, et tout ce qui tient de plus près à la religion qu’il haïssait. Dans cette vue, il ôta aux ecclésiastiques leurs privilèges; il supprima les pensions destinées à la subsistance des clercs et des vierges consacrées à Dieu. C’était, disait-il par dérision, pour les ramener à la perfection de leur état, et leur faire pratiquer la pauvreté évangélique. Il dépouilla les églises, et en fit transporter les richesses dans les temples d’idoles, qu’il faisait réparer aux frais des Chrétiens.
A cette occasion, les ecclésiastiques eurent beaucoup à souffrir; on les emprisonnait, on les appliquait à la torture, pour les forcer à découvrir et à livrer les vases et les ornements sacrés; on les insultait publiquement, sans que personne prit leur défense. Les églises étaient pillées, démolies ou profanées; les tombeaux des saints renversés, leurs ossements souillés, et leurs cendres dispersées. Julien tâchait de gagner, par des promesses, des Chrétiens faibles dans la Foi. La fermeté de ceux qui résistaient passait pour un crime d’état. Au contraire, ceux qui se laissaient vaincre, et qui sacrifiaient leur conscience à la fortune, étaient comblés d'honneur et de grâces. L’apostasie conduisait à toutes les charges; elle tenait lieu de talents et de mérite; elle couvrait tous les crimes passés, et donnait le droit d'en commettre impunément de nouveaux.
St-Carine et sa famille chrétienne furent exécutés a Ancyre ( province romaine en Turquie - Ankara) en 362 lors des persécutions de Julien l`Apostat
Julien fit une loi pour exclure les Chrétiens de toutes magistratures, sous prétexte que l'Évangile leur défend de faire usage du glaive; il les privait de tous les droits qu’on osait leur disputer, et il ne leur permettait pas même de se défendre devant les tribunaux. « Votre religion, leur disait-il, vous interdit les procès et les querelles. » Les villes qui se signalaient en faveur de l’idolâtrie, étaient assurées de sa bienveillance; les villes chrétiennes, au contraire, n’obtenaient pas justice. Il refusait audience à leurs députés; il rejetait leurs requêtes; il fit défense aux Chrétiens d’enseigner les lettres humaines, parce qu’il savait qu’elles sont utiles pour confondre l’erreur et pour défendre la vérité; mais il donnait pour raison que les Chrétiens devaient demeurer dans l’ignorance, et croire sans raisonner.
Ce genre de persécution aurait peut-être été plus funeste à l`Église que la cruauté des Néron et des Dioclétien, si Dieu, qui la protège, n’eût mis des bornes étroites à la vie de ce prince, et n'eût ainsi renversé ce projet infernal, en détruisant son auteur par un souffle de sa bouche.
49 - Julien entreprend de rebâtir le temple de Jérusalem. Sa mort. Année 363.
L’Empereur Julien, en s’efforçant de détruire la Religion chrétienne, fournit lui-même une nouvelle preuve de la divinité de son auteur, et de la vérité de ses oracles. Il connaissait les prophéties qui annoncent la ruine du temple de Jérusalem comme irréparable; il savait que Jésus-Christ avait prédit qu’il n’y resterait pas pierre sur pierre. Pour donner un démenti aux Écritures, il entreprit de relever le temple, et, quoiqu’il n’aimât point les Juifs, il les invita lui-même à concourir à cette entreprise. Il fournit en même temps les sommes nécessaires, et il envoya sur les lieux un de ses Officiers le plus affidé, nommé Alypius, pour presser l`exécution de ses ordres. Bientôt les Juifs accoururent de toutes parts; une multitude innombrable d'ouvriers se rassembla sur le terrain du temple.
On nettoie la place, on fouille la terre, on travaille avec ardeur à arracher les anciens fondements. Les vieillards, les enfants, les femmes même prennent part aux travaux. Elles reçoivent dans le pan de leurs robes les pierres et la terre des décombres. Cependant Cyrille, évêque de Jérusalem, se moquait de leurs efforts; il disait hautement que le temps était venu où l'oracle du Sauveur aillait être accompli à la lettre; que de ce vaste édifice il ne resterait pas pierre sur pierre.
L`empereur Julien l`Apostat ordonne de reconstruire le Temple de Jérusalem détruit par les armées romaines de Titus en 70 ap J.C, mais ce sera un échec.
En effet, lorsque les fondements de l'ancien temple furent démolis, il survint un horrible tremblement de terre qui combla les fouilles, dispersa les matériaux qu'on avait amassés, renversa les édifices voisins, tua ou blessa les ouvriers. Les ouvrages étaient ruinés; mais l'opiniâtreté des Juifs n'était pas vaincue. Revenus de leur frayeur, ils remettent la main à l'œuvre. Alors des globes de feu sortent du sein de la terre, repoussent sur les ouvriers les pierres qu'ils s'efforçaient d'y placer, et consument les outils de fer. Ce terrible phénomène se renouvela à plusieurs reprises; et ce qui montrait évidemment l'action d'une Intelligence qui commande à la nature, c'est que le feu reparut autant de fois que le travail recommença, et ne cessa que quand on l'eut abandonné. Une merveille si frappante étonna tous les spectateurs.
St-Cyrille, Évêque de Jérusalem à l`époque de la tentative de reconstruction du Temple.
Beaucoup de Juifs, et encore plus d’Idolâtres, confessèrent la divinité de Jésus-Christ, et demandèrent le baptême. L'empereur, aveugle au milieu de la plus vive lumière, fut déconcerté sans être éclairé. Ce fait est incontestable; il a été unanimement attesté, non-seulement par tous les auteurs ecclésiastiques du temps, mais par les Païens
mêmes, tels qu’Ammien Marcellin. Saint Grégoire de Nazianze et saint Jean Chrysostome l’ont relevé publiquement, en présence d’une multitude d'auditeurs, dont plusieurs avaient été témoins oculaires, et ils n’ont pas été contredits.
Un fameux rabbin; qui écrivait dans le siècle suivant, quoi qu’il fût intéressé à le cacher, rapporte ce fait, et il le rapporte d'après les annales de sa nation. Julien lui-même avoue qu’il a tenté de rétablir le temple de Jérusalem, et son silence sur les obstacles qui l’ont fait renoncer à son entreprise, est un aveu tacite de ce que racontent les écrivains de son temps; Julien entreprit alors contre les Perses une guerre où il périt misérablement; sa mort fut regardée comme l’effet de la vengeance divine sur ce prince apostat, et d'une providence particulière sur l’Église qu’il persécutait.
La mort de Julien l`Apostat dans la guerre contre les Perses.
Constance étant devenu seul maître de tout l`empire romain par la mort de ses deux frères, publia un édit, pour obliger tous les évêques à souscrire la condamnation d’Athanase, sous peine d’exil. Il croyait ne pouvoir détruire la foi de Nicée, qu’en perdant son plus zélé défenseur. Pour y parvenir, il fit assembler les évêques à Arles, puis à Milan; il se porta lui-même pour accusateur.
Les évêques représentèrent à ce prince qu’ils ne pouvaient condamner Athanase, sans violer les saints canons. « Que ma volonté vous tienne lieu de canons, répondit l'empereur: obéissez, ou allez en exil.» Ils lui remontrèrent que l’empire n’était pas à lui, mais à Dieu, qui le lui avait confié; qu'il devait craindre ses jugements, et ne pas confondre le gouvernement de l’Église avec celui de l’État. Cette réponse, si digne de la fermeté épiscopale, mit Constance en fureur; il tira l’épée, et donna ordre de mener au supplice quelques-uns des évêques.
Divisions territoriales romaines en diocèses. (année 293 a 305)
Ensuite changeant d’avis, il se contenta de les exiler. Ceux donc qui refusèrent de souscrire, furent chassés de leurs sièges, et l’on mit à leur place des évêques de la faction arienne. Le pape Libère, qui montra d’abord beaucoup de fermeté, fut exiléà Bérée, en Thrace; mais succombant ensuite aux incommodités de son exil, il eut la faiblesse de signer la condamnation d’Athanase; il se releva bientôt de cette chute, et il répara promptement le scandale qu’il avait donné.
Le pape St-Libère, exilé en Thrace.
Peu de temps après, l’empereur, qui était plus occupé à troubler l’Église qu’à gouverner l’empire, fit tenir un concile à Rimini, en Italie, en même temps qu’il s’en tenait un à Séleucie, dans l'Orient. Ce dernier, beaucoup moins nombreux, fut sans effet, et l'on se sépara sans rien conclure. Le concile de Rimini, tant qu’il fut libre, maintint la vérité catholique; il refusa d’admettre une nouvelle profession de foi; il déclara qu’il fallait s'en tenir au symbole de Nicée, où il n’y avait rien à retrancher, rien à ajouter, il anathématisa Arius et ses partisans. Les évêques, au nombre de trois cent vingt, souscrivirent ce décret, et les Ariens qui refusèrent de le faire, furent condamnés et déposés.
La Sainte Trinité
Mais l’empereur, prévenu par les Ariens, envoya ordre au préfet Taurus de ne pas laisser séparer le concile, jusqu’à ce que les évêques eussent signé une formule
captieuse, où n’était pas le mot consubstantiel, et d’exiler ceux qui seraient les plus opiniâtres à la rejeter. Alors la plupart des Pères qu‘on retenait à Rimini, ennuyés d’être si longtemps éloignés de leurs églises, intimidés par les menaces de Taurus, se laissèrent tromper par les Ariens, et croyant que le sens du mot consubstantiel était exprimé en d’autres termes, ils souscrivirent une formule dont ils n'apercevaient pas le venin.
Les Ariens ne tardèrent point à triompher. Dès que les Pères de Rimini connurent la fraude, ils témoignèrent leur indignation et leurs regrets, ils rejetèrent hautement le mauvais sens que les Ariens donnaient à la formule souscrite; ils déclarèrent leur attachement à la foi de Nicée; c’est ce qui a donné lieu à cette parole célèbre de saint Jérôme, que le monde fut étonné de se trouver Arien; il ne l’était donc pas; car on n'est pas étonné de se trouver ce que l`on est en effet. Toutes les fautes des Pères de Rimini étaient d’avoir, par surprise, et sans y penser, donné lieu au triomphe de l`arianisme.
D’ailleurs, le très grand nombre des évêques répandus dans toute l’Église n'eut aucune part à la séduction; au contraire, ayant le pape Libère à leur tête, ils s’élevèrent avec force contre ce scandale, et désavouèrent les actes du concile de Rimini. Il est si vrai que l’enseignement public de la Foi ne changea point alors, que saint Athanase, deux ans après ce concile, disait dans sa lettre à l’empereur Jovien: « La foi de Nicée que nous confessons, a été de tous temps; toutes les Églises la suivent; celles d’Espagne , de la Grande-Bretagne, de la Gaule, de l`Italie, de la Dalmatie, de la Dacie, de la Mysie, de la Macédoine; celles de toute la Grèce, de toute l’Afrique, des îles de Sardaigne, de Crète, de Chypre, de la Pamphylie, de la Lycie, de l’Isaurie , de l’Égypte, de la Libye , du Pont, de la Cappadoce, ont la même Foi, et a toutes celles de l’Orient, à la réserve d’un très petit nombre.»
Ainsi, non-seulement tout l`empire romain, mais encore tout l’univers, jusqu’aux peuples les plus barbares, pensaient de même; et il n’y eut jamais qu’un très-petit nombre dans le parti de l’erreur, en comparaison de ceux qui la rejetaient; ni le concile de Rimini, ni les longues et cruelles persécutions de Constance, ni la faveur qu’il accorda aux Ariens, ne purent altérer la Foi de l’Église catholique.
46 - Zèle de saint Hilaire de Poitiers pour la Foi de Nicée. Année 353.
Dieu suscita dans les Gaules un illustre défenseur de la consubstantialité de son Fils, dans la personne de saint Hilaire, évêque de Poitiers. Ce saint prélat fit en Occident ce que saint Athanase faisait en Orient; il s’opposa, avec un courage inébranlable, à l’impiété des Ariens; il eut le bonheur de préserver sa patrie de la contagion, et d’y maintenir la foi de Nicée. Comme l’empereur Constance travaillait, depuis plusieurs années, à répandre l’arianisme, il présenta à ce prince une requête, dans laquelle il le supplia de faire cesser les persécutions injustes que souffraient la plupart des Églises privées de leurs pasteurs, et livrées à de faux évêques qui s’en emparaient à main armée.
St-Hilaire, Évêque de Poitiers dans les Gaules lutte contre l`hérésie arienne
La liberté généreuse avec laquelle il parla à l’empereur, était devenue nécessaire. Il s’opposa avec force aux intrigues de Saturnin, évêque d'Arles, aussi décrié pour ses vices que pour ses liaisons avec les Ariens, qui le protégeaient puissamment. Constance, informé par Saturnin du zèle de saint Hilaire, exila le saint évêque en Phrygie. Cet exil fut un trait de la Providence divine, qui fait servir à l’exécution de ses desseins la mauvaise volonté des hommes. L’empereur convoqua, peu de temps après, un concile à Séleucie; dans le dessein d’y anéantir les canons de Nicée.
L`empereur romain Constance, protecteur de l`hérésie des Ariens.
Comme les hérétiques étaient divisés entre eux, et formaient deux partis opposés, saint Hilaire fut invité à ce concile par l’un de ces partis, qui espérait se l’attacher, et en tirer avantage pour confondre le parti contraire. Le saint prélat se rendit à Séleucie, et il y défendit la foi de Nicée avec une fermeté qui en imposa aux ennemis de la vérité. Il alla ensuite à Constantinople; il demanda à l'empereur une conférence publique, pour y combattre les hérétiques eu sa présence, et leur démontrer la fausseté de leur doctrine par les changements continuels qu’ils y faisaient.
« Depuis le saint concile de Nicée, dit-il, ceux à qui vous accordez votre confiance, ne font autre chose que composer des symboles. Leur foi n’est pas la foi de l`Évangiles, mais celle des conjectures, l’année dernière, ils ont changé quatre fois leur symbole, chez eux la foi varie comme les volontés, et la doctrine comme les coutumes. Tous les ans, et même tous les mois, ils produisent de nouveaux symboles; ils détruisent ce qu’ils avaient fait, s`anathématisent ce qu’ils avaient soutenu. Ils ne parlent que d’Écriture sainte et de Foi apostolique mais c’est pour tromper les faibles, et pour donner atteinte à la doctrine de l’Église.»
On aura lieu d'appliquer cette réflexion aux différentes hérésies qui sont nées depuis le siècle de saint Hilaire. Les Ariens, qui redoutaient l’ardeur de son zèle et la force de ses raisons, évitèrent la conférence qu’il demandait; et pour se délivrer d’un homme qu’ils craignaient, ils engagèrent l'empereur à le renvoyer à son Église. Le saint évêque, en retournant dans son diocèse, traversa l’Illyrie et l'Italie. Partout il ranimait les Chrétiens faibles et chancelants dans la Foi. Son premier soin, à son arrivée dans les Gaules, fut de remédier aux maux de l’Église. Saturnin fut excommunié et déposé comme coupable d'hérésie et de plusieurs autres crimes.
Église St-Hilaire à Poitiers en France
Le retour du saint prélat produisit les plus heureux effets; la Foi fut rétablie dans toute sa pureté; la discipline de l'Église recouvra son ancienne vigueur; les scandales cessèrent, et la paix succéda aux troubles. La mort de l’empereur Constance, qui arriva en 361, ôta aux Ariens leur principal appui.
47 - Saint-Martin, évêque de Tours. Année 360.
La plus illustre des disciples de St Hilaire fut St Martin, qui s'attacha particulièrement à ce grand évêque, dont il admirait les vertus, et qui prit part à tous ses combats pour la Foi. Martin naquit à Sabarie, ville de la Pannonie, de parents païens. Dieu prévint le saint enfant d’une bénédiction si singulière, qu’à l'âge de dix ans il alla à l'église des Chrétiens, et se fit mettre au nombre des catéchumènes. Comme il était fils d'un tribun, il fut obligé de suivre le parti des armes; mais cette profession, qui est pour tant d'autres une école de licence et de désordres, devint pour lui l'apprentissage des vertus les plus héroïques.
St-Martin était natif de la Pannonie, région romaine d`Europe centrale au nord de la Croatie actuelle. ( En rouge foncé sur la carte)
Il se distingue surtout par un tendre amour pour les pauvres; il ne pouvait rien leur refuser, et tout ce qui lui restait de sa solde, il le leur distribuait. Un jour, pendant un hiver rigoureux, il trouva à la porte d'Amiens un mendiant nu et transi de froid. Ce spectacle excita la charité du saint cavalier; mais il ne lui restait que ses armes et son habit militaire. Il tire son sabre, coupe la moitié de son manteau, le donne à ce pauvre pour se couvrir. Une si belle action ne resta pas sans récompense. La nuit suivante, Martin vit en songe Jésus-Christ, revêtu de cette moitié de manteau, et lui entendit dire aux Anges qui l'environnaient; « Martin, encore catéchumène, m'a revêtu de ce manteau.»
Martin de Tours, légionnaire romain, coupe sa cape pour couvrir un pauvre
Cette vision consolante le détermina à demander le baptême; dès qu'il l'eut reçu, il songea à quitter le service. Attiré auprès de St Hilaire de Poitiers, par la haute réputation de ce saint évêque, il fit bâtir, à deux lieues de cette ville, un monastère, où il se retira avec quelques disciples. Il sortait de temps en temps de sa retraite, pour aller prêcher la Foi aux idolâtres, qui étaient encore eu assez grand nombre dans les villages, et Dieu autorisa le zèle de son serviteur par des miracles éclatants.
Abbaye en Allemagne dédiée à St-Martin de Tours
Il ne tarda pas à être connu dans toute la Gaule, et on le jugea digne de l'épiscopat. Le peuple de Tours le demanda pour pasteur; mais il fallut user d'artifice et même de violence pour l'arracher à sa solitude. St Martin fut le même sur le siège de Tours, qu'il avait été dans son monastère; on ne vit aucun changement ni dans ses habits, ni dans sa table; il ne voulait honorer sa dignité que par ses vertus. La destruction de l'idolâtrie devint l`objet le plus ordinaire de ses travaux; il parcourut plusieurs fois la Touraine avec un zèle infatigable, et partout ses discours et les miracles qui les accompagnaient convertirent les idolâtres.
Basilique St-Martin dans l`archidiocèse de Tours en France.
Étant un jour dans un bourg rempli de Païens, après les avoir exhortés à abandonner leurs superstitions, il entreprit de faire abattre un vieux arbre, qui était un objet d’idolâtrie. Les Païens n'y consentirent qu'à condition qu'il se tiendrait du côté où l'arbre devait tomber. Martin, plein de foi, accepta la condition. On coupa l'arbre; mais dans l'instant de la chute, le saint évêque fit le signe de la croix, et l'arbre se redressa pour tomber de l'autre côté, au grand étonnement des Païens, qui demandèrent
le baptême.
Tours, ou Caesarodunum à l`époque Gallo-romaine
Le saint prélat n’interrompit les missions que pour d'autres œuvres de charité; il allait Quelquefois intercéder auprès des princes, en faveur des malheureux; ce fut pour ce sujet qu'il fit deux voyages à Trèves, où était alors l'empereur Maxime; mais il demandait ces grâces en évêque, et avec un ton de dignité qui en imposait au prince même. Maxime n'en conçut que plus d'estime pour lui, et plusieurs fois il l'invite à manger à sa table.
St-Martin, Évêque de Tours
St Martin s'en défendit d’abord, mais ensuite il crut devoir se rendre à cette invitation. Maxime en eut tant de joie, qu'il appela, comme à une fête solennelle, les plus distingués de sa cour. Le saint évêque était à table avec un prêtre de l'église de Tours, dont il se faisait toujours accompagner. Quand on servit à boire, l'empereur fit signe à l'officier de, donner la coupe à St Martin, croyant qu'il la recevrait ensuite de sa main; mais le saint évêque la présenta à son prêtre, comme à la personne la plus respectable de la compagnie. Cette action ne déplut point au prince, qui loua St Martin d'avoir référé à toute la puissance impériale, l'honneur dut au sacerdoce de Jésus-Christ. Tant de vertus, que relevaient encore des miracles sans nombre, rendirent St Martin très-célèbre dans toute l'Église.
48- L’empereur Julien veut rétablir le Paganisme. Année 363.
Julien, qui succéda à l’empereur Constance, abandonna le christianisme, ce qui lui fit donner le surnom d'Apostat. Étant monté sur le trône, il commença par accorder à chacun le libre exercice de sa religion, et par rappeler tous ceux qui avaient été exilés pour cette cause. Il agissait ainsi, moins dans la vue de se concilier l’affection publique, que de rendre odieux le gouvernement de Constance.
L`empereur romain Julien dit l`Apostat
St Athanase profita de cette liberté, et revint à Alexandrie. Son entrée dans cette ville fut un véritable triomphe; le peuple alla au-devant de lui jusqu’à une journée de chemin, et en si grand nombre, que toute l’Égypte y paraissait rassemblée; l`on montait sur les toits et sur les arbres pour le voir et on regardait comme une bénédiction de recevoir l'ombre de son corps; mais cette joie que causa le retour du saint évêque, ne fut pas de longue durée. L’empereur, qui, à de grandes qualités joignait un esprit faux et bizarre, avait conçu le projet insensé de détruire le christianisme, et de rétablir le culte des idoles.
St-Athanase retourne à Alexandrie mais doit encore fuir la persécution.
Pour y parvenir, il chasse St Athanase d’Alexandrie, et ce grand homme fut encore obligé de se cacher, dans la crainte d’éprouver de plus mauvais traitements. Cependant Julien n’employa point la violence mais la séduction : il fomenta les divisions entre les catholiques et les hérétiques, pour affaiblir les uns par les autres, et les écraser tous ensuite par un dernier coup. La liberté de religion, qu'il laissait en apparence aux Chrétiens, n'était au fond qu’un dur esclavage; il ne les condamnait pas à mort par un édit général; mais il prenait d'ailleurs les voies les plus sûres pour les accabler.
Toutes les faveurs étaient prodiguées aux Païens; les Chrétiens n’éprouvaient, de sa part, que mépris, que vexations, que disgrâces. Il s'appliqua surtout à avilir le clergé, et tout ce qui tient de plus près à la religion qu’il haïssait. Dans cette vue, il ôta aux ecclésiastiques leurs privilèges; il supprima les pensions destinées à la subsistance des clercs et des vierges consacrées à Dieu. C’était, disait-il par dérision, pour les ramener à la perfection de leur état, et leur faire pratiquer la pauvreté évangélique. Il dépouilla les églises, et en fit transporter les richesses dans les temples d’idoles, qu’il faisait réparer aux frais des Chrétiens.
A cette occasion, les ecclésiastiques eurent beaucoup à souffrir; on les emprisonnait, on les appliquait à la torture, pour les forcer à découvrir et à livrer les vases et les ornements sacrés; on les insultait publiquement, sans que personne prit leur défense. Les églises étaient pillées, démolies ou profanées; les tombeaux des saints renversés, leurs ossements souillés, et leurs cendres dispersées. Julien tâchait de gagner, par des promesses, des Chrétiens faibles dans la Foi. La fermeté de ceux qui résistaient passait pour un crime d’état. Au contraire, ceux qui se laissaient vaincre, et qui sacrifiaient leur conscience à la fortune, étaient comblés d'honneur et de grâces. L’apostasie conduisait à toutes les charges; elle tenait lieu de talents et de mérite; elle couvrait tous les crimes passés, et donnait le droit d'en commettre impunément de nouveaux.
St-Carine et sa famille chrétienne furent exécutés a Ancyre ( province romaine en Turquie - Ankara) en 362 lors des persécutions de Julien l`Apostat
Julien fit une loi pour exclure les Chrétiens de toutes magistratures, sous prétexte que l'Évangile leur défend de faire usage du glaive; il les privait de tous les droits qu’on osait leur disputer, et il ne leur permettait pas même de se défendre devant les tribunaux. « Votre religion, leur disait-il, vous interdit les procès et les querelles. » Les villes qui se signalaient en faveur de l’idolâtrie, étaient assurées de sa bienveillance; les villes chrétiennes, au contraire, n’obtenaient pas justice. Il refusait audience à leurs députés; il rejetait leurs requêtes; il fit défense aux Chrétiens d’enseigner les lettres humaines, parce qu’il savait qu’elles sont utiles pour confondre l’erreur et pour défendre la vérité; mais il donnait pour raison que les Chrétiens devaient demeurer dans l’ignorance, et croire sans raisonner.
Ce genre de persécution aurait peut-être été plus funeste à l`Église que la cruauté des Néron et des Dioclétien, si Dieu, qui la protège, n’eût mis des bornes étroites à la vie de ce prince, et n'eût ainsi renversé ce projet infernal, en détruisant son auteur par un souffle de sa bouche.
49 - Julien entreprend de rebâtir le temple de Jérusalem. Sa mort. Année 363.
L’Empereur Julien, en s’efforçant de détruire la Religion chrétienne, fournit lui-même une nouvelle preuve de la divinité de son auteur, et de la vérité de ses oracles. Il connaissait les prophéties qui annoncent la ruine du temple de Jérusalem comme irréparable; il savait que Jésus-Christ avait prédit qu’il n’y resterait pas pierre sur pierre. Pour donner un démenti aux Écritures, il entreprit de relever le temple, et, quoiqu’il n’aimât point les Juifs, il les invita lui-même à concourir à cette entreprise. Il fournit en même temps les sommes nécessaires, et il envoya sur les lieux un de ses Officiers le plus affidé, nommé Alypius, pour presser l`exécution de ses ordres. Bientôt les Juifs accoururent de toutes parts; une multitude innombrable d'ouvriers se rassembla sur le terrain du temple.
On nettoie la place, on fouille la terre, on travaille avec ardeur à arracher les anciens fondements. Les vieillards, les enfants, les femmes même prennent part aux travaux. Elles reçoivent dans le pan de leurs robes les pierres et la terre des décombres. Cependant Cyrille, évêque de Jérusalem, se moquait de leurs efforts; il disait hautement que le temps était venu où l'oracle du Sauveur aillait être accompli à la lettre; que de ce vaste édifice il ne resterait pas pierre sur pierre.
L`empereur Julien l`Apostat ordonne de reconstruire le Temple de Jérusalem détruit par les armées romaines de Titus en 70 ap J.C, mais ce sera un échec.
En effet, lorsque les fondements de l'ancien temple furent démolis, il survint un horrible tremblement de terre qui combla les fouilles, dispersa les matériaux qu'on avait amassés, renversa les édifices voisins, tua ou blessa les ouvriers. Les ouvrages étaient ruinés; mais l'opiniâtreté des Juifs n'était pas vaincue. Revenus de leur frayeur, ils remettent la main à l'œuvre. Alors des globes de feu sortent du sein de la terre, repoussent sur les ouvriers les pierres qu'ils s'efforçaient d'y placer, et consument les outils de fer. Ce terrible phénomène se renouvela à plusieurs reprises; et ce qui montrait évidemment l'action d'une Intelligence qui commande à la nature, c'est que le feu reparut autant de fois que le travail recommença, et ne cessa que quand on l'eut abandonné. Une merveille si frappante étonna tous les spectateurs.
St-Cyrille, Évêque de Jérusalem à l`époque de la tentative de reconstruction du Temple.
Beaucoup de Juifs, et encore plus d’Idolâtres, confessèrent la divinité de Jésus-Christ, et demandèrent le baptême. L'empereur, aveugle au milieu de la plus vive lumière, fut déconcerté sans être éclairé. Ce fait est incontestable; il a été unanimement attesté, non-seulement par tous les auteurs ecclésiastiques du temps, mais par les Païens
mêmes, tels qu’Ammien Marcellin. Saint Grégoire de Nazianze et saint Jean Chrysostome l’ont relevé publiquement, en présence d’une multitude d'auditeurs, dont plusieurs avaient été témoins oculaires, et ils n’ont pas été contredits.
Un fameux rabbin; qui écrivait dans le siècle suivant, quoi qu’il fût intéressé à le cacher, rapporte ce fait, et il le rapporte d'après les annales de sa nation. Julien lui-même avoue qu’il a tenté de rétablir le temple de Jérusalem, et son silence sur les obstacles qui l’ont fait renoncer à son entreprise, est un aveu tacite de ce que racontent les écrivains de son temps; Julien entreprit alors contre les Perses une guerre où il périt misérablement; sa mort fut regardée comme l’effet de la vengeance divine sur ce prince apostat, et d'une providence particulière sur l’Église qu’il persécutait.
La mort de Julien l`Apostat dans la guerre contre les Perses.
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 1:51, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
50 - Jovien, empereur, protège la foi catholique. Année 363.
Aussitôt après la mort de Julien , les principaux officiers de l’armée tinrent conseil, et déférèrent unanimement l'empire à Jovien. Il était commandant des gardes impériales, et ses qualités personnelles l’avaient élevé à la plus haute considération. Outre une valeur reconnue, il avait l’art de trouver des ressources dans les circonstances les plus critiques. Comme l’armée romaine était alors au milieu de la Perse, on avait besoin d'un chef de ce caractère; mais ce qui était plus intéressant pour l’Église, c’est que sa foi était pure, et qu’il avait donné sous le règne précédent, des preuves éclatantes de son attachement à la Religion chrétienne; car l'empereur Julien, dans le temps qu’il se disposait à combattre les Perses, l`ayant fait vernir, lui dit d'un ton sévère : «Sacrifie aux dieux ou rends-moi ton épée. » Jovien la remit sans hésiter. Cependant l'empereur la lui fit bientôt reprendre, parce qu'il ne voulait pas se priver des services d'un officier si distingué, dans une circonstance où ils lui devenaient nécessaires. Avant de prendre les marques de la dignité impériale, Jovien assembla l'armée, et il déclara qu'étant attaché à la Religion chrétienne, il ne voulait pas commander à des soldats idolâtres, que Dieu ne protégerait pas.
L`empereur Romain Jovien protège la religion catholique
Les soldats s'écrièrent tous d'une voix : «Ne craignez rien seigneur; vous commandez à des Chrétiens; les plus âgés d'entre nous ont été instruits par le grand Constantin, les autres par ses fils. Julien a régné trop peu de temps pour affermir l'impiété dans ceux mêmes qu'il a séduits. » Cette réponse fit beaucoup de plaisir à Jovien; il se mit à leur tête, et, par les sages mesures qu'il prit, il les ramena en peu de jours sur les terres de l'empire. Alors ce pieux empereur s'appliqua à guérir les plaies que Julien avait faites l'Église, un de ses premiers soins fut de rappeler saint Athanase, et de le rétablir sur son siège.
La lettre qu'il écrivit au saint évêque, exprime la profonde vénération qu'il avait pour lui. Athanase sortit encore de ses déserts, et reparut à Alexandrie, les disgrâces de ce saint prélat étaient celles de l'Église, et il triomphait toujours avec elle. Les Ariens tentèrent néanmoins de prévenir Jovien contre lui, mais ils ne réussirent pas; l'empereur n'en conçut que plus d'estime pour le saint prélat, et il l'honora toujours d'une confiance particulière. Pour s'affermir dans la Foi, et ne pas s'écarter du point fixe de la croyance de l'Église, il pria saint Athanase de lui envoyer une exposition nette et précise de la doctrine catholique. Le saint évêque satisfit au désir de l'empereur; il lui développa la foi de Nicée, et lui fit comprendre qu’il n’y avait point d’autre moyen de faire cesser les maux de l`Église, que de procurer la soumission aux décrets de ce concile.
L’Église commençait à respirer après tant de traverses; elle éprouvait de la part de Jovien une faveur dont elle était privée depuis Constantin. Le pieux empereur avait rendu aux clercs, aux veuves et aux vierges leurs immunités; il avait ordonné aux gouverneurs des provinces de favoriser les assemblées des Fidèles, de veiller à l’honneur du culte divin et à l’instruction des peuples. L’on s’attendait à jouir longtemps de tous ces avantages, lorsque Jovien, qui n’était âgé que de trente-deux ans, fut trouvé mort dans son lit. On croit qu’il fut étouffé par la vapeur du charbon qu’on avait allumé dans sa chambre pour la sécher. Cette mort prématurée replongea l’Église dans le trouble et les alarmes.
51 - Valens renouvelle les troubles de l`Arianisme. An 367.
Valentinien, qui fut élevé sur le trône impérial après Jovien, partagea l'empire avec Valens son frère. Le premier était sincèrement attaché à la vraie Foi, et, dans toute l’étendue de sa domination, l’Église fut en paix. Mais Valens, qui avait eu l’Orient en partage, y exerça une violente persécution contre les Catholiques, et renouvela tous
les malheurs du règne de Constance.
L`empereur romain Valens – Il règne à Constantinople de 364 à 378 et soutien l`hérésie arienne. Il meurt lors de la désastreuse bataille d`Andrinople contre les Goths en 378.
Il commença par bannir saint Athanase (l`Évêque d`Alexandrie en Égypte), qui était toujours le principal objet de la haine des Ariens, et la première victime de leur fureur. Les coups portés au saint prélat, furent le signal d'une persécution générale; dès lors les Catholiques eurent à souffrir toutes sortes de mauvais traitements; les outrages, les confiscations des biens, les chaînes, les supplices, tout fut employé contre eux; c’était un crime de se plaindre : en voici un trait parmi beaucoup d'autres. Les Fidèles de Constantinople, ne pouvant se persuader que l’empereur autorisât les vexations qu’ils souffraient, lui députèrent quatre-vingts ecclésiastiques vertueux pour se plaindre de ces excès.
Valens écouta leurs plaintes, et dissimula sa colère. Mais il ordonna à Modeste, préfet du prétoire, de les faire périr. Le préfet craignant un soulèvement dans la ville, si on les mettait à mort publiquement, prononça contre eux une sentence d’exil, à laquelle ils se soumirent avec joie. On les fit embarquer tous dans le même navire, et les matelots qui les conduisaient, eurent ordre d’y mettre le feu lorsqu’ils seraient hors de la vue du rivage. De ces quatre-vingts Prêtres, il ne s’en sauva pas un seul; tous périrent dans les flammes ou dans les eaux. Les solitaires, ayant appris le danger où était l’Église d’Orient, crurent qu’ils devaient la secourir selon leur pouvoir; ils quittèrent leurs retraites pour venir encourager leurs frères. Un d’entre eux, vénérable par son âge et par sa sainteté, fut aperçu par l’empereur; «ou vas-tu? lui dit le prince. Que ne reste-tu dans ta cellule, plutôt que de courir ainsi par les villes, et d’exciter les peuples à la révolte? »
L`Aqueduc romain de Valens à Constantinople ( de nos jours Istanboul en Turquie)
Le saint vieillard lui répondit, avec cette fermeté que donne un zèle ardent: « Prince, je suis resté dans ma solitude tant que les brebis du céleste pasteur ont été en paix; mais maintenant que je les vois troublées, et près d’être dévorées, me conviendrait-il de demeurer tranquille dans ma retraite? Si j’étais une fille retirée dans la maison de mon père, et que je visse quelqu’un y mettre le feu, devrais-je me tenir en repos, et me laisser brûler avec la maison? ne faudrait-il pas plutôt aller chercher du secours, jeter de l’eau, faire tous mes efforts pour éteindre l'incendie? C’est ce que je fais maintenant. Vous avez mis le feu à la maison du Seigneur; de ma cellule j'ai aperçu l’incendie, et je tâche de l'éteindre.»
L'empereur ne répliqua rien à une réponse si sensée et si généreuse; il parut même s'adoucir à l’égard de saint Athanase, il lui permit de retourner à son Église; mais ce n’était pas qu’il eût changé de disposition, c’est qu’il craignait d’irriter son frère Valentinien, qui respectait le saint évêque. Saint Athanase revint donc à Alexandrie, et après s’être signalé par tant de combats, cinq fois banni et cinq fois rappelé, il y demeura paisible pendant les six dernières années de sa vie.
52 - Intrépidité de saint Basile, évêque de Césarée. Année 370.
L`empereur Valens, toujours occupé du soin d’établir l’Arianisme dans ses états, parcourut en personne plusieurs provinces, pour en chasser les évêques catholiques; mais il trouva de généreux défenseurs de la vérité. Saint Basile, évêque de Césarée, en Cappadoce, ( de nos jours : Kayseri en Turquie à 320 km d`Istanboul) se distingue entre tous les autres par sa fermeté. Ce grand prélat fut un rempart inébranlable contre lequel vinrent se briser tous les efforts de l’hérésie.
St-Basile, évêque de Césarée en Cappadoce ( Turquie actuelle).
L’empereur, avant d’aller à Césarée, envoya Modeste, préfet du prétoire, pour le gagner, ou du moins pour l`intimider, et l’obliger de recevoir les Ariens dans sa communion. Le préfet manda le saint évêque; il prit tout l'appareil de sa dignité , la plus grande de l`empire, il était assis sur son tribunal, ayant autour de lui ses licteurs armés de leurs faisceaux.
Basile se présenta avec un air serein et tranquille. Le préfet le reçut d'abord avec honnêteté; il le pressa, par des paroles insinuantes, de se rendre au désir de l'empereur, et de communiquer avec les Ariens. Ce moyen ne lui ayant pas réussi, il prit un air menaçant, et dit avec un ton de colère: « Y pensez-vous, de vous opposer à un si grand empereur, aux volontés duquel tout le monde obéit? Ne craignez-vous pas de ressentir les effets de son indignation? N'est-il pas le maître de vous dépouiller de vos biens, de vous exiler, de vous ôter même la vie?» «Ces menaces me touchent peu, répondit Basile; celui qui ne possède rien ne peut rien perdre, à moins que vous ne vouliez m'enlever ces misérables vêtements que je porte, et quelques livres, qui font toute ma richesse. Quant à l'exil, je n'en connais point, n'étant attaché à aucun lien.
Toute la terre est à Dieu: elle sera partout ma patrie, ou plutôt le lieu de mon passage. A l'égard de la mort, je ne la crains pas; elle sera même une faveur pour moi, puisqu'elle me fera passer à la véritable vie; il y a longtemps que je suis mort à celle-ci; les tourments ne sont pas capables de m'ébranler; mon corps est dans un tel état de maigreur et de faiblesse, qu'il ne pourra les souffrir longtemps; le premier coup terminera ma vie et mes peines.»
Césarée de Cappadoce au centre de la Turquie actuelle.
Ce discours, tout nouveau pour les oreilles d'un homme de cour, étonna le préfet. « Jamais dit-il, on ne m'a parlé avec tant de hardiesse.» «C'est, reprit le saint prélat, c'est qu'apparemment vous n'avez jamais eu affaire à un évêque. » Le préfet ne put s'empêcher d'admirer la fermeté de cette âme supérieure aux promesses et aux menaces. Il alla rendre compte à l'empereur du mauvais succès de sa commission. « Prince, lui dit-il, nous sommes vaincus par un seul homme; n’espérez ni l’effrayer par des menaces, ni le gagner par des caresses. Il ne vous reste que la violence. » L’empereur ne jugea pas à propos d'employer alors cette voie : il craignait le peuple de Césarée, et il sentait malgré lui du respect pour le saint prélat.
Région de Césarée de Cappadoce dans l`empire romain d`Orient ( Turquie actuelle)
53 - Courage admirable d’une femme chrétienne.
Ce ne furent pas seulement les évêques et les Prêtres, mais les-simples Fidèles et les femmes même qui signalèrent leur foi et leur courage dans cette persécution de l’empereur Valens. En voici un exemple bien remarquable. Ce prince avait exilé l'évêque d’Édesse,( dans l`est de la Turquie actuelle), à cause de son attachement à la foi de Nicée et y avait fait ordonner un autre évêque. Il avait chargé le préfet Modeste, d'obliger les prêtres et les diacres à communiquer avec le nouvel évêque, ou de les reléguer aux extrémités de l’empire.
Modeste les ayant assemblés, essaya de les persuader; mais il n’y réussit pas. L’un d’eux répondit généreusement au nom de tous : « Nous avons un pasteur légitime, et nous n`en reconnaissons point d’autre. » Ils furent donc envoyés en exil. Le peuple, encouragé par leur exemple, refusa de communiquer avec l’intrus. Il sortait de la ville, à l'heure de l’office, et s'assemblait dans la campagne pour prier. L’empereur l’ayant su, s’emporta contre le préfet, et lui fit de vifs reproches de ce qu’il n’avait pas eu le soin d’arrêter ces assemblées. Il lui donna ordre de ramasser tout ce qu’il avait de soldats pour dissiper cette multitude.
Modeste, quoiqu’il fût opposé aux Catholiques, n'aimait pas les voies de rigueur; il fit avertir secrètement les Fidèles de ne pas se rendre le lendemain à l'endroit où ils avaient coutume de prier ensemble parce que l’empereur lui avait commandé de punir ceux qui s’y trouveraient. Il espérait, par cette menace, empêcher que l’assemblée ne se tint, et, par ce moyen, adoucir l’empereur; mais les Catholiques n’en furent que plus empressés à venir au lieu de la prière; ils s’y rendirent de grand matin, et en plus grand nombre. Le préfet en ayant été informé, ne savait ce qu’il devait faire. Il se mit en marche néanmoins vers ce lieu, mais faisant avec sa troupe un bruit extraordinaire, pour intimider le peuple et l'engager à se retirer.
Lorsqu’il passait dans la ville, il aperçut une pauvre femme qui sortait brusquement, sans même songer à fermer la porte de sa maison, tenant un enfant par la main, et
laissant traîner négligemment son manteau, au lieu de le relever à la manière du pays; elle traversa ainsi la file des soldats qui marchaient devant le préfet, et passa avec un extrême empressement, sans marquer la moindre crainte. Modeste la fit arrêter, et lui demanda où elle allait si vite et «Je cours, dit-elle, au champ où les Fidèles sont assemblés.» «Tu ne sais donc pas, ajouta le préfet, qu’il y a ordre de faire mourir tous ceux que l’on y trouvera? Je le sais, répondit cette femme, et c‘est pour cela même que je me presse d’arriver, dans la crainte de manquer l'occasion de souffrir le martyre.» «Mais pourquoi mènes-tu cet enfant avec toi?» «C’est, dit-elle, afin qu’il ait part à la même gloire. » Modeste, étonné du courage de cette femme, retourna au palais, entretint l'empereur de ce qui lui était arrivé, et lui persuada de renoncer à une entreprise où il ne réussirait pas, et dont le succès même ne pouvait lui faire honneur. Ce trait seul suffit pour faire comprendre quels étaient les sentiments des premiers Fidèles à l’égard du schisme.
Attentifs à pratiquer cette parole de Jésus Christ: « les brebis suivent le véritable pasteur; elles écoutent sa voix avec docilité, mais elles fuient l’étranger » ils demeuraient attachés inviolablement à l’évêque que l’Église avait envoyé, et ils étaient disposés à sacrifier ce qu’ils avaient de plus cher, et à perdre la vie même, plutôt que de communiquer avec un intrus.
Aussitôt après la mort de Julien , les principaux officiers de l’armée tinrent conseil, et déférèrent unanimement l'empire à Jovien. Il était commandant des gardes impériales, et ses qualités personnelles l’avaient élevé à la plus haute considération. Outre une valeur reconnue, il avait l’art de trouver des ressources dans les circonstances les plus critiques. Comme l’armée romaine était alors au milieu de la Perse, on avait besoin d'un chef de ce caractère; mais ce qui était plus intéressant pour l’Église, c’est que sa foi était pure, et qu’il avait donné sous le règne précédent, des preuves éclatantes de son attachement à la Religion chrétienne; car l'empereur Julien, dans le temps qu’il se disposait à combattre les Perses, l`ayant fait vernir, lui dit d'un ton sévère : «Sacrifie aux dieux ou rends-moi ton épée. » Jovien la remit sans hésiter. Cependant l'empereur la lui fit bientôt reprendre, parce qu'il ne voulait pas se priver des services d'un officier si distingué, dans une circonstance où ils lui devenaient nécessaires. Avant de prendre les marques de la dignité impériale, Jovien assembla l'armée, et il déclara qu'étant attaché à la Religion chrétienne, il ne voulait pas commander à des soldats idolâtres, que Dieu ne protégerait pas.
L`empereur Romain Jovien protège la religion catholique
Les soldats s'écrièrent tous d'une voix : «Ne craignez rien seigneur; vous commandez à des Chrétiens; les plus âgés d'entre nous ont été instruits par le grand Constantin, les autres par ses fils. Julien a régné trop peu de temps pour affermir l'impiété dans ceux mêmes qu'il a séduits. » Cette réponse fit beaucoup de plaisir à Jovien; il se mit à leur tête, et, par les sages mesures qu'il prit, il les ramena en peu de jours sur les terres de l'empire. Alors ce pieux empereur s'appliqua à guérir les plaies que Julien avait faites l'Église, un de ses premiers soins fut de rappeler saint Athanase, et de le rétablir sur son siège.
La lettre qu'il écrivit au saint évêque, exprime la profonde vénération qu'il avait pour lui. Athanase sortit encore de ses déserts, et reparut à Alexandrie, les disgrâces de ce saint prélat étaient celles de l'Église, et il triomphait toujours avec elle. Les Ariens tentèrent néanmoins de prévenir Jovien contre lui, mais ils ne réussirent pas; l'empereur n'en conçut que plus d'estime pour le saint prélat, et il l'honora toujours d'une confiance particulière. Pour s'affermir dans la Foi, et ne pas s'écarter du point fixe de la croyance de l'Église, il pria saint Athanase de lui envoyer une exposition nette et précise de la doctrine catholique. Le saint évêque satisfit au désir de l'empereur; il lui développa la foi de Nicée, et lui fit comprendre qu’il n’y avait point d’autre moyen de faire cesser les maux de l`Église, que de procurer la soumission aux décrets de ce concile.
L’Église commençait à respirer après tant de traverses; elle éprouvait de la part de Jovien une faveur dont elle était privée depuis Constantin. Le pieux empereur avait rendu aux clercs, aux veuves et aux vierges leurs immunités; il avait ordonné aux gouverneurs des provinces de favoriser les assemblées des Fidèles, de veiller à l’honneur du culte divin et à l’instruction des peuples. L’on s’attendait à jouir longtemps de tous ces avantages, lorsque Jovien, qui n’était âgé que de trente-deux ans, fut trouvé mort dans son lit. On croit qu’il fut étouffé par la vapeur du charbon qu’on avait allumé dans sa chambre pour la sécher. Cette mort prématurée replongea l’Église dans le trouble et les alarmes.
51 - Valens renouvelle les troubles de l`Arianisme. An 367.
Valentinien, qui fut élevé sur le trône impérial après Jovien, partagea l'empire avec Valens son frère. Le premier était sincèrement attaché à la vraie Foi, et, dans toute l’étendue de sa domination, l’Église fut en paix. Mais Valens, qui avait eu l’Orient en partage, y exerça une violente persécution contre les Catholiques, et renouvela tous
les malheurs du règne de Constance.
L`empereur romain Valens – Il règne à Constantinople de 364 à 378 et soutien l`hérésie arienne. Il meurt lors de la désastreuse bataille d`Andrinople contre les Goths en 378.
Il commença par bannir saint Athanase (l`Évêque d`Alexandrie en Égypte), qui était toujours le principal objet de la haine des Ariens, et la première victime de leur fureur. Les coups portés au saint prélat, furent le signal d'une persécution générale; dès lors les Catholiques eurent à souffrir toutes sortes de mauvais traitements; les outrages, les confiscations des biens, les chaînes, les supplices, tout fut employé contre eux; c’était un crime de se plaindre : en voici un trait parmi beaucoup d'autres. Les Fidèles de Constantinople, ne pouvant se persuader que l’empereur autorisât les vexations qu’ils souffraient, lui députèrent quatre-vingts ecclésiastiques vertueux pour se plaindre de ces excès.
Valens écouta leurs plaintes, et dissimula sa colère. Mais il ordonna à Modeste, préfet du prétoire, de les faire périr. Le préfet craignant un soulèvement dans la ville, si on les mettait à mort publiquement, prononça contre eux une sentence d’exil, à laquelle ils se soumirent avec joie. On les fit embarquer tous dans le même navire, et les matelots qui les conduisaient, eurent ordre d’y mettre le feu lorsqu’ils seraient hors de la vue du rivage. De ces quatre-vingts Prêtres, il ne s’en sauva pas un seul; tous périrent dans les flammes ou dans les eaux. Les solitaires, ayant appris le danger où était l’Église d’Orient, crurent qu’ils devaient la secourir selon leur pouvoir; ils quittèrent leurs retraites pour venir encourager leurs frères. Un d’entre eux, vénérable par son âge et par sa sainteté, fut aperçu par l’empereur; «ou vas-tu? lui dit le prince. Que ne reste-tu dans ta cellule, plutôt que de courir ainsi par les villes, et d’exciter les peuples à la révolte? »
L`Aqueduc romain de Valens à Constantinople ( de nos jours Istanboul en Turquie)
Le saint vieillard lui répondit, avec cette fermeté que donne un zèle ardent: « Prince, je suis resté dans ma solitude tant que les brebis du céleste pasteur ont été en paix; mais maintenant que je les vois troublées, et près d’être dévorées, me conviendrait-il de demeurer tranquille dans ma retraite? Si j’étais une fille retirée dans la maison de mon père, et que je visse quelqu’un y mettre le feu, devrais-je me tenir en repos, et me laisser brûler avec la maison? ne faudrait-il pas plutôt aller chercher du secours, jeter de l’eau, faire tous mes efforts pour éteindre l'incendie? C’est ce que je fais maintenant. Vous avez mis le feu à la maison du Seigneur; de ma cellule j'ai aperçu l’incendie, et je tâche de l'éteindre.»
L'empereur ne répliqua rien à une réponse si sensée et si généreuse; il parut même s'adoucir à l’égard de saint Athanase, il lui permit de retourner à son Église; mais ce n’était pas qu’il eût changé de disposition, c’est qu’il craignait d’irriter son frère Valentinien, qui respectait le saint évêque. Saint Athanase revint donc à Alexandrie, et après s’être signalé par tant de combats, cinq fois banni et cinq fois rappelé, il y demeura paisible pendant les six dernières années de sa vie.
52 - Intrépidité de saint Basile, évêque de Césarée. Année 370.
L`empereur Valens, toujours occupé du soin d’établir l’Arianisme dans ses états, parcourut en personne plusieurs provinces, pour en chasser les évêques catholiques; mais il trouva de généreux défenseurs de la vérité. Saint Basile, évêque de Césarée, en Cappadoce, ( de nos jours : Kayseri en Turquie à 320 km d`Istanboul) se distingue entre tous les autres par sa fermeté. Ce grand prélat fut un rempart inébranlable contre lequel vinrent se briser tous les efforts de l’hérésie.
St-Basile, évêque de Césarée en Cappadoce ( Turquie actuelle).
L’empereur, avant d’aller à Césarée, envoya Modeste, préfet du prétoire, pour le gagner, ou du moins pour l`intimider, et l’obliger de recevoir les Ariens dans sa communion. Le préfet manda le saint évêque; il prit tout l'appareil de sa dignité , la plus grande de l`empire, il était assis sur son tribunal, ayant autour de lui ses licteurs armés de leurs faisceaux.
Basile se présenta avec un air serein et tranquille. Le préfet le reçut d'abord avec honnêteté; il le pressa, par des paroles insinuantes, de se rendre au désir de l'empereur, et de communiquer avec les Ariens. Ce moyen ne lui ayant pas réussi, il prit un air menaçant, et dit avec un ton de colère: « Y pensez-vous, de vous opposer à un si grand empereur, aux volontés duquel tout le monde obéit? Ne craignez-vous pas de ressentir les effets de son indignation? N'est-il pas le maître de vous dépouiller de vos biens, de vous exiler, de vous ôter même la vie?» «Ces menaces me touchent peu, répondit Basile; celui qui ne possède rien ne peut rien perdre, à moins que vous ne vouliez m'enlever ces misérables vêtements que je porte, et quelques livres, qui font toute ma richesse. Quant à l'exil, je n'en connais point, n'étant attaché à aucun lien.
Toute la terre est à Dieu: elle sera partout ma patrie, ou plutôt le lieu de mon passage. A l'égard de la mort, je ne la crains pas; elle sera même une faveur pour moi, puisqu'elle me fera passer à la véritable vie; il y a longtemps que je suis mort à celle-ci; les tourments ne sont pas capables de m'ébranler; mon corps est dans un tel état de maigreur et de faiblesse, qu'il ne pourra les souffrir longtemps; le premier coup terminera ma vie et mes peines.»
Césarée de Cappadoce au centre de la Turquie actuelle.
Ce discours, tout nouveau pour les oreilles d'un homme de cour, étonna le préfet. « Jamais dit-il, on ne m'a parlé avec tant de hardiesse.» «C'est, reprit le saint prélat, c'est qu'apparemment vous n'avez jamais eu affaire à un évêque. » Le préfet ne put s'empêcher d'admirer la fermeté de cette âme supérieure aux promesses et aux menaces. Il alla rendre compte à l'empereur du mauvais succès de sa commission. « Prince, lui dit-il, nous sommes vaincus par un seul homme; n’espérez ni l’effrayer par des menaces, ni le gagner par des caresses. Il ne vous reste que la violence. » L’empereur ne jugea pas à propos d'employer alors cette voie : il craignait le peuple de Césarée, et il sentait malgré lui du respect pour le saint prélat.
Région de Césarée de Cappadoce dans l`empire romain d`Orient ( Turquie actuelle)
53 - Courage admirable d’une femme chrétienne.
Ce ne furent pas seulement les évêques et les Prêtres, mais les-simples Fidèles et les femmes même qui signalèrent leur foi et leur courage dans cette persécution de l’empereur Valens. En voici un exemple bien remarquable. Ce prince avait exilé l'évêque d’Édesse,( dans l`est de la Turquie actuelle), à cause de son attachement à la foi de Nicée et y avait fait ordonner un autre évêque. Il avait chargé le préfet Modeste, d'obliger les prêtres et les diacres à communiquer avec le nouvel évêque, ou de les reléguer aux extrémités de l’empire.
Modeste les ayant assemblés, essaya de les persuader; mais il n’y réussit pas. L’un d’eux répondit généreusement au nom de tous : « Nous avons un pasteur légitime, et nous n`en reconnaissons point d’autre. » Ils furent donc envoyés en exil. Le peuple, encouragé par leur exemple, refusa de communiquer avec l’intrus. Il sortait de la ville, à l'heure de l’office, et s'assemblait dans la campagne pour prier. L’empereur l’ayant su, s’emporta contre le préfet, et lui fit de vifs reproches de ce qu’il n’avait pas eu le soin d’arrêter ces assemblées. Il lui donna ordre de ramasser tout ce qu’il avait de soldats pour dissiper cette multitude.
Modeste, quoiqu’il fût opposé aux Catholiques, n'aimait pas les voies de rigueur; il fit avertir secrètement les Fidèles de ne pas se rendre le lendemain à l'endroit où ils avaient coutume de prier ensemble parce que l’empereur lui avait commandé de punir ceux qui s’y trouveraient. Il espérait, par cette menace, empêcher que l’assemblée ne se tint, et, par ce moyen, adoucir l’empereur; mais les Catholiques n’en furent que plus empressés à venir au lieu de la prière; ils s’y rendirent de grand matin, et en plus grand nombre. Le préfet en ayant été informé, ne savait ce qu’il devait faire. Il se mit en marche néanmoins vers ce lieu, mais faisant avec sa troupe un bruit extraordinaire, pour intimider le peuple et l'engager à se retirer.
Lorsqu’il passait dans la ville, il aperçut une pauvre femme qui sortait brusquement, sans même songer à fermer la porte de sa maison, tenant un enfant par la main, et
laissant traîner négligemment son manteau, au lieu de le relever à la manière du pays; elle traversa ainsi la file des soldats qui marchaient devant le préfet, et passa avec un extrême empressement, sans marquer la moindre crainte. Modeste la fit arrêter, et lui demanda où elle allait si vite et «Je cours, dit-elle, au champ où les Fidèles sont assemblés.» «Tu ne sais donc pas, ajouta le préfet, qu’il y a ordre de faire mourir tous ceux que l’on y trouvera? Je le sais, répondit cette femme, et c‘est pour cela même que je me presse d’arriver, dans la crainte de manquer l'occasion de souffrir le martyre.» «Mais pourquoi mènes-tu cet enfant avec toi?» «C’est, dit-elle, afin qu’il ait part à la même gloire. » Modeste, étonné du courage de cette femme, retourna au palais, entretint l'empereur de ce qui lui était arrivé, et lui persuada de renoncer à une entreprise où il ne réussirait pas, et dont le succès même ne pouvait lui faire honneur. Ce trait seul suffit pour faire comprendre quels étaient les sentiments des premiers Fidèles à l’égard du schisme.
Attentifs à pratiquer cette parole de Jésus Christ: « les brebis suivent le véritable pasteur; elles écoutent sa voix avec docilité, mais elles fuient l’étranger » ils demeuraient attachés inviolablement à l’évêque que l’Église avait envoyé, et ils étaient disposés à sacrifier ce qu’ils avaient de plus cher, et à perdre la vie même, plutôt que de communiquer avec un intrus.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
54 - Valens tremble devant saint Basile.
L’Empereur se trouvant à Césarée (de Cappadoce en Turquie actuelle), le jour de l’Épiphanie, se rendit à la grande église pour y assister à l’office divin. Il y entra accompagné de tous ses gardes, comme pour ébranler le saint évêque par cette pompe imposante; mais quand il vit le bel ordre, la modestie d’un peuple immense et le profond recueillement de saint Basile qui était debout devant le sanctuaire, le corps immobile, le regard fixe, et l’esprit uni à Dieu, la piété des ministres sacrés qui l’environnaient, plus semblables à des anges qu’à des hommes, le prince fut frappé de ce spectacle religieux; il demeura comme ébloui et glacé de crainte.
St-Basile, évêque de Césarée en Cappadoce ( Turquie actuelle)
S’étant néanmoins un peu remis, il voulut présenter son offrande; mais, comme aucun des ministres ne s’avançait, selon l'usage, pour la recevoir, parce qu’on ne savait si saint Basile voudrait l’accepter; il fut saisi d’un tremblement soudain; ses genoux chancelaient sous lui; il eut besoin d'être soutenu par un des prêtres qui s’aperçut de sa faiblesse. Le Saint prélat crut qu'en cette occasion il pouvait se relâcher de la rigueur de la discipline ecclésiastique, et il usa de condescendance, en recevant l’offrande de l’empereur.
Ce prince s’adoucit, et il essaya de gagner saint Basile, en lui envoyant des magistrats, des officiers de son armée et différentes personnes des plus qualifiées; enfin il eut lui-même un entretien avec le saint évêque, qui, sans sortir des bornes du respect, lui parla avec une liberté apostolique, et imposa silence à un courtisan, qui osait le menacer en présence de ce prince. Cette conférence n’indisposa point l’empereur; elle tourna à l'avantage du saint prélat, à qui il accorda même des terres pour fonder un hôpital à Césarée; mais les Ariens qui l’obsédaient, le firent bientôt changer de disposition.
Ancienne Église de Cappadoce
Valens était déterminé à exiler saint Basile, lorsque son fils fut attaqué d’une fièvre violente, à laquelle les médecins ne purent apporter aucun remède. L’empereur, persuadé que cette maladie était une juste punition de ce qu’il avait résolu contre saint Basile, l’envoya chercher. Le saint évêque ne fut pas plus tôt entré dans le palais, que le jeune prince se trouva mieux; il assura que l’enfant ne mourrait pas, pourvu qu’on s’engageât à le faire élever ans les principes de la doctrine catholique. La condition ayant été acceptée, il se mit en prières, et l`enfant fut guéri; mais l'empereur ne tint pas la parole qu’il avait donnée; il permit à un évêque Arien de baptiser son fils, qui retomba malade, et mourut peu de temps après.
L`empereur Valens meurt dans la bataille d`Andrinople contre les tribus des Goths
Ce coup ne convertit point Valens; il condamna une seconde fois le saint prélat à l’exil; mais lorsqu’il voulut en signer l’ordre, la plume se rompit trois fois entre ses mains, et il trembla au point de ne pouvoir tracer, une seule lettre. Enfin Dieu fit éclater sa colère sur ce prince impénitent, qui périt dans une bataille, où il disparut sans qu’on ait pu trouver son corps. On crut qu’ayant été blessé d’un coup de flèche, il s’était fait porter dans une cabane, à laquelle les ennemis mirent le feu.
55 - Vertu de saint Grégoire de Nazianze.
Saint Basile était lié d’une étroite amitié avec saint Grégoire de Nazianze, qui ne fut pas moins zélé que lui pour la pureté de la Foi. Cette liaison, formée dès le temps de leurs études à Athènes, se fortifie de plus en plus, et dura autant que leur vie. «Nous avions tous deux le même but, dit saint Grégoire dans l’admirable récit qu'il fait lui-même de ce qui avait donné lieu à cette sainte amitié, nous cherchions le même trésor, la vertu; nous songions à rendre notre union éternelle, en nous préparant à la bienheureuse immortalité; nous nous servions nous-mêmes de maîtres et de surveillants, en nous exhortant mutuellement à la piété; nous n’avions aucun commerce avec ceux de nos compagnons qui étaient déréglés dans leurs mœurs, et nous ne fréquentions que ceux qui, par leur modestie , leur retenue et leur sagesse , pouvaient nous soutenir dans la pratique du bien, sachant qu’il en est des mauvais exemples, comme des maladies contagieuses qui se communiquent aisément; nous ne connaissions à Athènes que deux chemins, celui de l’église et celui des écoles; pour ceux qui conduisent aux fêtes mondaines, aux spectacles, aux assemblées, nous les ignorions absolument.»
St-Grégoire de Naziance - (Naziance est une ville de Cappadoce en Turquie actuelle)
Quel plus beau modèle peut-on proposer aux jeunes gens que ces deux saints enfants? Heureux ceux qui, dans un âge encore tendre, ne forment de liaisons que pour s’exciter à la vertu et qui comprennent de bonne heure la vanité des plaisirs et amusements que le monde, leur présente ! Saint Grégoire de Nazianze passa la plus grande partie de sa vie dans la retraite pour laquelle il avait beaucoup de goût. En ayant été tiré par les instances de son illustre ami, et élevé contre son gré à l'épiscopat, il fut envoyé, vers l’an 379, à Constantinople, pour gouverner cette Église, et pour s’opposer aux progrès. de l'arianisme, qui dominait dans cette grande ville.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient ou Grégoire de Naziance combattait l`hérésie arienne. ( Istanboul en Turquie de nos jours)
Sa vertu, sa science, son éloquence, tout semblait promettre un heureux succès. Il osa attaquer l’hérésie dans le séjour même des empereurs qui la protégeaient. En butte à toutes sortes de mauvais traitements, il n’y opposa que la patience; il témoignait une grande charité à tout le monde, en même temps qu’il menait une vie dure et mortifiée, gémissant devant Dieu dans le secret, et se préparant à l’exercice du saint ministère par la prière et par la méditation des saintes Écritures.
Cette conduite vraiment épiscopale lui gagna, en peu de temps, l’affection des habitants de Constantinople; on passa de ces premiers mouvements de bienveillance, au respect et à la vénération pour un homme si saint et si savant. La profonde connaissance qu’il avait des Écritures, son raisonnement juste et pressant, son imagination féconde et brillante, sa facilité incroyable à s’énoncer, la pureté et la précision de son style lui attirèrent l’admiration de toute la ville. Il défendait la vérité d’une manière victorieuse, en même temps qu’il édifiait par l’exemple de ses vertus; mais, d`un autre côté, le peu de complaisance qu’il avait pour les puissants, et la jalousie qu’excitaient ses talents, lui suscitèrent bien des traverses, qui lui firent prendre le parti de la retraite.
Il se hâta de regagner sa chère solitude, et il en goûta plus que jamais les douceurs, comme il le marque lui-même à un de ses amis : « Je ne puis, dit-il, assez estimer le bonheur que mes ennemis m’ont procuré par leur jalousie; ils m’ont retiré d’un embrasement, en me délivrant des dangers de l’épiscopat. » Les discours de ce saint docteur font la plus grande partie des écrits que nous avons de lui. Rien n'est plus sublime, plus majestueux, plus digne de la grandeur de nos mystères, que ces discours, qui ont acquis à saint Grégoire le surnom de Théologien par excellence.
56 - Hérésie des Macédoniens.
La mort de Valens mit fin aux ravages que l'arianisme, appuyé de l’autorité impériale, faisait en Orient; mais, du sein de cette hérésie, il s’en éleva une autre qui n’était pas moins contraire au dogme de la sainte Trinité; elle attaquait la divinité du Saint-Esprit. L’auteur de ce nouveau scandale était Macédonius, demi-Arien, qui avait usurpé le siège de Constantinople. Pendant plusieurs années, elle s’était cachée sous le manteau de l'Arianisme, et elle n’avait pas fait un bruit particulier au milieu des grands troubles
qu'excitaient les Ariens, cependant, dès le commencement du règne de Valens, saint Athanase, à qui rien n’échappait de ce qui intéressait la Foi, en avait été averti; et il avait composé un traité exprès pour la combattre.
St-Athanase d`Alexandrie combat l`hérésie de Macédonius
Le saint docteur prouve, dans cet ouvrage, que l’Église a toujours cru et enseigné qu’il y a une Trinité en Dieu, et que la sainte Trinité n'a qu'une seule et même nature, qu’elle n’est qu’un seul et même Dieu. Il montre, par les saintes Écritures, que le Saint-Esprit est Dieu; que ce qui lui est attribué, ne convient qu`à Dieu, comme d'être sanctifiant, vivifiant, immuable, immense. Il proteste, à la fin du traité, qu’il n'a rien dit que ce qu’on lui a appris, comme étant la doctrine des Apôtres. Lorsque les Ariens commencèrent à perdre leur crédit, les Macédoniens prirent faveur, et jouèrent un rôle à part.
Leurs mœurs étaient réglées, leur extérieur fort grave et leur vie austère. Comme le peuple se laisse aisément surprendre par cette piété apparente, les Macédoniens formèrent une secte, et leur parti acquit de la considération dans la ville de Constantinople. Cette nouvelle hérésie se répandit même dans la Thrace, dans la Bithynie et l’Hellespont. L’empereur Théodose qui avait succédé à Valence, consacra les prémices de son gouvernement par son zèle à arrêter les progrès de l’erreur. Ce prince, à qui ses beaux exploits, et plus encore sa haute piété et son amour pour l'Église, ont mérité le surnom de Grand, publia, peu de temps après son baptême, une loi célèbre, dans laquelle il désigne la communion avec l‘Église romaine, comme une marque sûre de catholicité.
L`Empereur romain Théodose soutien St- Athanase et le Catholicisme - Il règne de 379 a 395
«Nous voulons, dit-il, que tous les peuples de notre obéissance suivent a religion que le Prince des Apôtres a enseignée aux Romains, et que nous voyons suivre à présent au pontife Damase; en sorte que, selon la doctrine de l`Évangile et les enseignements apostoliques, nous croyons une seule divinité du Père, du Fils et du Saint Esprit, avec une égale majesté et dans une adorable Trinité; nous ordonnons que ceux qui tiennent cette doctrine pure, portent le nom de catholiques; et que les autres, dont nous réprouvons l`impiété téméraire et insensée, soient appelés du nom ignominieux d’hérétiques, et que leurs assemblées ne soient point honorées du titre de d’Église, en attendant qu’ils ressentent les effets de la vengeance divine.»
En effet, la foi catholique est celle que Jésus-Christ a enseignée, que les Apôtres ont publiée, et que les Pères ont conservée. L’Église est fondée sur cette foi; quiconque s'en écarte, n'est point catholique. On est sûr de confondre tous les hérétiques, en leur montrant que leur doctrine ne vient pas de la source, qu'elle est nouvelle. La vraie doctrine est plus ancienne que les hérésies; les Apôtres ont été avant les auteurs de chaque secte; la vérité a précédé l'erreur; en un mot, la doctrine vraiment divine est celle qui a été reçue la première, celle qui est venue depuis est nécessairement fausse et étrangère.
57 - Concile de Constantinople, concile œcuménique. Année 381 .
Théodose savait qu'il fallait autre chose qu'une constitution impériale pour opérer la réunion de tous les esprits. Dès son avènement au trône, il avait conçu le dessein d'assembler un concile de toute sa domination, à l'exemple du grand Constantin; mais, pour en venir à, l'exécution, il attendit qu’il fût en paix. Il écrivit donc à tous les évêques d’Orient, pour les inviter à se rendre à Constantinople, qu'il avait choisie pour le lieu de l'assemblée, parce qu'il voulait y'assister.
Tous les ordres furent donnés pour la subsistance et le logement des évêques, et Théodose ne fut pas moins magnifique que Constantin ne l'avait été pour les Pères de Nicée. Les évêques accoururent de toutes les parties de l'orient; au nombre de cent cinquante. Mélèce, évêque d'Antioche, devait présider à cette auguste assemblée. L'empereur souhaitait beaucoup de le connaître, tant à cause de la réputation de sainteté que ce prélat s’était acquise, qu'à cause d’un songe où ce prince l’avait vu lui présenter la pourpre d’une main, et la couronne de l’autre.
Théodose l’avait toujours honoré singulièrement depuis ce temps-là, quoiqu’il ne l’eût jamais vu d’ailleurs. Dès que les évêques furent arrivés, ils allèrent tous ensemble saluer l'empereur, qui, voulant éprouver s'il reconnaîtrait Mélèce parmi les autres, défendit qu’on le lui montrât. Comme les traits du vieillard qui lui avait apparu étaient restés profondément gravés dans son esprit, il le distingua dans la foule; il courut à lui, l’embrassa avec un empressement mêlé de respect et de tendresse; il baisa la main
qui l’avait couronné d'avance. Il pria ensuite tous les évêques de chercher les meilleurs moyens de rendre la paix à l’Église, et leur promit de les appuyer de toute son autorité.
Concile de Constantinople en l`année 381
L’ouverture du concile se fit avec beaucoup de solennité. On essaya d’abord de ramener les Macédoniens; Théodose les exhorta lui-même à rentrer dans la foi et la communion de l’Église; mais ils le refusèrent opiniâtrement, et se retirèrent du concile , qui alors les traita comme des hérétiques déclarés. On renouvela donc les décrets du concile de Nicée; et, en confirmant le symbole de ce concile, on y ajouta seulement quelques paroles, pour expliquer ce qu`il renfermait déjà touchant l’incarnation du Fils de Dieu, et la divinité du Saint-Esprit.
Ce symbole, en parlant de l’incarnation, disait seulement; « Il est descendu des cieux, s’est incarné, s’est fait homme, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et il viendra juger les vivants et les morts. » Le symbole de Constantinople dit : «Qu’il est descendu des cieux, s’est incarné , parle Saint-Esprit , de la vierge Marie , et s’est fait homme; qu'il a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, suivant les saintes Écritures, est monté aux cieux, est assis à la droite du Père, et qu’il viendra de nouveau juger avec majesté les vivants et les morts, et que son règne n’aura point de fin. »
Touchant la troisième personne de la sainte Trinité, le symbole de Nicée n’exprimait la Foi que par ces mots :« Nous croyons au Saint-Esprit». Celui de Constantinople ajoute, à cause des Macédoniens :« Nous croyons au Saint-Esprit, qui est aussi Seigneur et confère la vie, qui procède du Père; qui, avec le Père et le Fils, reçoit les mêmes adorations et une même gloire; qui a parlé par les Prophètes. » L’empereur Théodose reçut cette décision, comme sortie de la bouche de Dieu même; il fit une loi pour ordonner l'exécution de tout ce qui avait été réglé dans le concile. Quoique cette assemblée n’ait été composée que des évêques d’Orient, cependant l'approbation que le Pape et les évêques d'Occident lui donnèrent ensuite, fit reconnaître ce concile pour œcuménique ou universel.
L’Empereur se trouvant à Césarée (de Cappadoce en Turquie actuelle), le jour de l’Épiphanie, se rendit à la grande église pour y assister à l’office divin. Il y entra accompagné de tous ses gardes, comme pour ébranler le saint évêque par cette pompe imposante; mais quand il vit le bel ordre, la modestie d’un peuple immense et le profond recueillement de saint Basile qui était debout devant le sanctuaire, le corps immobile, le regard fixe, et l’esprit uni à Dieu, la piété des ministres sacrés qui l’environnaient, plus semblables à des anges qu’à des hommes, le prince fut frappé de ce spectacle religieux; il demeura comme ébloui et glacé de crainte.
St-Basile, évêque de Césarée en Cappadoce ( Turquie actuelle)
S’étant néanmoins un peu remis, il voulut présenter son offrande; mais, comme aucun des ministres ne s’avançait, selon l'usage, pour la recevoir, parce qu’on ne savait si saint Basile voudrait l’accepter; il fut saisi d’un tremblement soudain; ses genoux chancelaient sous lui; il eut besoin d'être soutenu par un des prêtres qui s’aperçut de sa faiblesse. Le Saint prélat crut qu'en cette occasion il pouvait se relâcher de la rigueur de la discipline ecclésiastique, et il usa de condescendance, en recevant l’offrande de l’empereur.
Ce prince s’adoucit, et il essaya de gagner saint Basile, en lui envoyant des magistrats, des officiers de son armée et différentes personnes des plus qualifiées; enfin il eut lui-même un entretien avec le saint évêque, qui, sans sortir des bornes du respect, lui parla avec une liberté apostolique, et imposa silence à un courtisan, qui osait le menacer en présence de ce prince. Cette conférence n’indisposa point l’empereur; elle tourna à l'avantage du saint prélat, à qui il accorda même des terres pour fonder un hôpital à Césarée; mais les Ariens qui l’obsédaient, le firent bientôt changer de disposition.
Ancienne Église de Cappadoce
Valens était déterminé à exiler saint Basile, lorsque son fils fut attaqué d’une fièvre violente, à laquelle les médecins ne purent apporter aucun remède. L’empereur, persuadé que cette maladie était une juste punition de ce qu’il avait résolu contre saint Basile, l’envoya chercher. Le saint évêque ne fut pas plus tôt entré dans le palais, que le jeune prince se trouva mieux; il assura que l’enfant ne mourrait pas, pourvu qu’on s’engageât à le faire élever ans les principes de la doctrine catholique. La condition ayant été acceptée, il se mit en prières, et l`enfant fut guéri; mais l'empereur ne tint pas la parole qu’il avait donnée; il permit à un évêque Arien de baptiser son fils, qui retomba malade, et mourut peu de temps après.
L`empereur Valens meurt dans la bataille d`Andrinople contre les tribus des Goths
Ce coup ne convertit point Valens; il condamna une seconde fois le saint prélat à l’exil; mais lorsqu’il voulut en signer l’ordre, la plume se rompit trois fois entre ses mains, et il trembla au point de ne pouvoir tracer, une seule lettre. Enfin Dieu fit éclater sa colère sur ce prince impénitent, qui périt dans une bataille, où il disparut sans qu’on ait pu trouver son corps. On crut qu’ayant été blessé d’un coup de flèche, il s’était fait porter dans une cabane, à laquelle les ennemis mirent le feu.
55 - Vertu de saint Grégoire de Nazianze.
Saint Basile était lié d’une étroite amitié avec saint Grégoire de Nazianze, qui ne fut pas moins zélé que lui pour la pureté de la Foi. Cette liaison, formée dès le temps de leurs études à Athènes, se fortifie de plus en plus, et dura autant que leur vie. «Nous avions tous deux le même but, dit saint Grégoire dans l’admirable récit qu'il fait lui-même de ce qui avait donné lieu à cette sainte amitié, nous cherchions le même trésor, la vertu; nous songions à rendre notre union éternelle, en nous préparant à la bienheureuse immortalité; nous nous servions nous-mêmes de maîtres et de surveillants, en nous exhortant mutuellement à la piété; nous n’avions aucun commerce avec ceux de nos compagnons qui étaient déréglés dans leurs mœurs, et nous ne fréquentions que ceux qui, par leur modestie , leur retenue et leur sagesse , pouvaient nous soutenir dans la pratique du bien, sachant qu’il en est des mauvais exemples, comme des maladies contagieuses qui se communiquent aisément; nous ne connaissions à Athènes que deux chemins, celui de l’église et celui des écoles; pour ceux qui conduisent aux fêtes mondaines, aux spectacles, aux assemblées, nous les ignorions absolument.»
St-Grégoire de Naziance - (Naziance est une ville de Cappadoce en Turquie actuelle)
Quel plus beau modèle peut-on proposer aux jeunes gens que ces deux saints enfants? Heureux ceux qui, dans un âge encore tendre, ne forment de liaisons que pour s’exciter à la vertu et qui comprennent de bonne heure la vanité des plaisirs et amusements que le monde, leur présente ! Saint Grégoire de Nazianze passa la plus grande partie de sa vie dans la retraite pour laquelle il avait beaucoup de goût. En ayant été tiré par les instances de son illustre ami, et élevé contre son gré à l'épiscopat, il fut envoyé, vers l’an 379, à Constantinople, pour gouverner cette Église, et pour s’opposer aux progrès. de l'arianisme, qui dominait dans cette grande ville.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient ou Grégoire de Naziance combattait l`hérésie arienne. ( Istanboul en Turquie de nos jours)
Sa vertu, sa science, son éloquence, tout semblait promettre un heureux succès. Il osa attaquer l’hérésie dans le séjour même des empereurs qui la protégeaient. En butte à toutes sortes de mauvais traitements, il n’y opposa que la patience; il témoignait une grande charité à tout le monde, en même temps qu’il menait une vie dure et mortifiée, gémissant devant Dieu dans le secret, et se préparant à l’exercice du saint ministère par la prière et par la méditation des saintes Écritures.
Cette conduite vraiment épiscopale lui gagna, en peu de temps, l’affection des habitants de Constantinople; on passa de ces premiers mouvements de bienveillance, au respect et à la vénération pour un homme si saint et si savant. La profonde connaissance qu’il avait des Écritures, son raisonnement juste et pressant, son imagination féconde et brillante, sa facilité incroyable à s’énoncer, la pureté et la précision de son style lui attirèrent l’admiration de toute la ville. Il défendait la vérité d’une manière victorieuse, en même temps qu’il édifiait par l’exemple de ses vertus; mais, d`un autre côté, le peu de complaisance qu’il avait pour les puissants, et la jalousie qu’excitaient ses talents, lui suscitèrent bien des traverses, qui lui firent prendre le parti de la retraite.
Il se hâta de regagner sa chère solitude, et il en goûta plus que jamais les douceurs, comme il le marque lui-même à un de ses amis : « Je ne puis, dit-il, assez estimer le bonheur que mes ennemis m’ont procuré par leur jalousie; ils m’ont retiré d’un embrasement, en me délivrant des dangers de l’épiscopat. » Les discours de ce saint docteur font la plus grande partie des écrits que nous avons de lui. Rien n'est plus sublime, plus majestueux, plus digne de la grandeur de nos mystères, que ces discours, qui ont acquis à saint Grégoire le surnom de Théologien par excellence.
56 - Hérésie des Macédoniens.
La mort de Valens mit fin aux ravages que l'arianisme, appuyé de l’autorité impériale, faisait en Orient; mais, du sein de cette hérésie, il s’en éleva une autre qui n’était pas moins contraire au dogme de la sainte Trinité; elle attaquait la divinité du Saint-Esprit. L’auteur de ce nouveau scandale était Macédonius, demi-Arien, qui avait usurpé le siège de Constantinople. Pendant plusieurs années, elle s’était cachée sous le manteau de l'Arianisme, et elle n’avait pas fait un bruit particulier au milieu des grands troubles
qu'excitaient les Ariens, cependant, dès le commencement du règne de Valens, saint Athanase, à qui rien n’échappait de ce qui intéressait la Foi, en avait été averti; et il avait composé un traité exprès pour la combattre.
St-Athanase d`Alexandrie combat l`hérésie de Macédonius
Le saint docteur prouve, dans cet ouvrage, que l’Église a toujours cru et enseigné qu’il y a une Trinité en Dieu, et que la sainte Trinité n'a qu'une seule et même nature, qu’elle n’est qu’un seul et même Dieu. Il montre, par les saintes Écritures, que le Saint-Esprit est Dieu; que ce qui lui est attribué, ne convient qu`à Dieu, comme d'être sanctifiant, vivifiant, immuable, immense. Il proteste, à la fin du traité, qu’il n'a rien dit que ce qu’on lui a appris, comme étant la doctrine des Apôtres. Lorsque les Ariens commencèrent à perdre leur crédit, les Macédoniens prirent faveur, et jouèrent un rôle à part.
Leurs mœurs étaient réglées, leur extérieur fort grave et leur vie austère. Comme le peuple se laisse aisément surprendre par cette piété apparente, les Macédoniens formèrent une secte, et leur parti acquit de la considération dans la ville de Constantinople. Cette nouvelle hérésie se répandit même dans la Thrace, dans la Bithynie et l’Hellespont. L’empereur Théodose qui avait succédé à Valence, consacra les prémices de son gouvernement par son zèle à arrêter les progrès de l’erreur. Ce prince, à qui ses beaux exploits, et plus encore sa haute piété et son amour pour l'Église, ont mérité le surnom de Grand, publia, peu de temps après son baptême, une loi célèbre, dans laquelle il désigne la communion avec l‘Église romaine, comme une marque sûre de catholicité.
L`Empereur romain Théodose soutien St- Athanase et le Catholicisme - Il règne de 379 a 395
«Nous voulons, dit-il, que tous les peuples de notre obéissance suivent a religion que le Prince des Apôtres a enseignée aux Romains, et que nous voyons suivre à présent au pontife Damase; en sorte que, selon la doctrine de l`Évangile et les enseignements apostoliques, nous croyons une seule divinité du Père, du Fils et du Saint Esprit, avec une égale majesté et dans une adorable Trinité; nous ordonnons que ceux qui tiennent cette doctrine pure, portent le nom de catholiques; et que les autres, dont nous réprouvons l`impiété téméraire et insensée, soient appelés du nom ignominieux d’hérétiques, et que leurs assemblées ne soient point honorées du titre de d’Église, en attendant qu’ils ressentent les effets de la vengeance divine.»
En effet, la foi catholique est celle que Jésus-Christ a enseignée, que les Apôtres ont publiée, et que les Pères ont conservée. L’Église est fondée sur cette foi; quiconque s'en écarte, n'est point catholique. On est sûr de confondre tous les hérétiques, en leur montrant que leur doctrine ne vient pas de la source, qu'elle est nouvelle. La vraie doctrine est plus ancienne que les hérésies; les Apôtres ont été avant les auteurs de chaque secte; la vérité a précédé l'erreur; en un mot, la doctrine vraiment divine est celle qui a été reçue la première, celle qui est venue depuis est nécessairement fausse et étrangère.
57 - Concile de Constantinople, concile œcuménique. Année 381 .
Théodose savait qu'il fallait autre chose qu'une constitution impériale pour opérer la réunion de tous les esprits. Dès son avènement au trône, il avait conçu le dessein d'assembler un concile de toute sa domination, à l'exemple du grand Constantin; mais, pour en venir à, l'exécution, il attendit qu’il fût en paix. Il écrivit donc à tous les évêques d’Orient, pour les inviter à se rendre à Constantinople, qu'il avait choisie pour le lieu de l'assemblée, parce qu'il voulait y'assister.
Tous les ordres furent donnés pour la subsistance et le logement des évêques, et Théodose ne fut pas moins magnifique que Constantin ne l'avait été pour les Pères de Nicée. Les évêques accoururent de toutes les parties de l'orient; au nombre de cent cinquante. Mélèce, évêque d'Antioche, devait présider à cette auguste assemblée. L'empereur souhaitait beaucoup de le connaître, tant à cause de la réputation de sainteté que ce prélat s’était acquise, qu'à cause d’un songe où ce prince l’avait vu lui présenter la pourpre d’une main, et la couronne de l’autre.
Théodose l’avait toujours honoré singulièrement depuis ce temps-là, quoiqu’il ne l’eût jamais vu d’ailleurs. Dès que les évêques furent arrivés, ils allèrent tous ensemble saluer l'empereur, qui, voulant éprouver s'il reconnaîtrait Mélèce parmi les autres, défendit qu’on le lui montrât. Comme les traits du vieillard qui lui avait apparu étaient restés profondément gravés dans son esprit, il le distingua dans la foule; il courut à lui, l’embrassa avec un empressement mêlé de respect et de tendresse; il baisa la main
qui l’avait couronné d'avance. Il pria ensuite tous les évêques de chercher les meilleurs moyens de rendre la paix à l’Église, et leur promit de les appuyer de toute son autorité.
Concile de Constantinople en l`année 381
L’ouverture du concile se fit avec beaucoup de solennité. On essaya d’abord de ramener les Macédoniens; Théodose les exhorta lui-même à rentrer dans la foi et la communion de l’Église; mais ils le refusèrent opiniâtrement, et se retirèrent du concile , qui alors les traita comme des hérétiques déclarés. On renouvela donc les décrets du concile de Nicée; et, en confirmant le symbole de ce concile, on y ajouta seulement quelques paroles, pour expliquer ce qu`il renfermait déjà touchant l’incarnation du Fils de Dieu, et la divinité du Saint-Esprit.
Ce symbole, en parlant de l’incarnation, disait seulement; « Il est descendu des cieux, s’est incarné, s’est fait homme, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et il viendra juger les vivants et les morts. » Le symbole de Constantinople dit : «Qu’il est descendu des cieux, s’est incarné , parle Saint-Esprit , de la vierge Marie , et s’est fait homme; qu'il a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, suivant les saintes Écritures, est monté aux cieux, est assis à la droite du Père, et qu’il viendra de nouveau juger avec majesté les vivants et les morts, et que son règne n’aura point de fin. »
Touchant la troisième personne de la sainte Trinité, le symbole de Nicée n’exprimait la Foi que par ces mots :« Nous croyons au Saint-Esprit». Celui de Constantinople ajoute, à cause des Macédoniens :« Nous croyons au Saint-Esprit, qui est aussi Seigneur et confère la vie, qui procède du Père; qui, avec le Père et le Fils, reçoit les mêmes adorations et une même gloire; qui a parlé par les Prophètes. » L’empereur Théodose reçut cette décision, comme sortie de la bouche de Dieu même; il fit une loi pour ordonner l'exécution de tout ce qui avait été réglé dans le concile. Quoique cette assemblée n’ait été composée que des évêques d’Orient, cependant l'approbation que le Pape et les évêques d'Occident lui donnèrent ensuite, fit reconnaître ce concile pour œcuménique ou universel.
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 1:58, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
58 - Clémence de l`Empereur romain Théodose. Année 387.
Théodose était naturellement vif et prompt à s’enflammer; mais il se laissait fléchir, et la piété dont il était animé, mettait un frein à sa colère. Il y eut une grande sédition dans la ville d’Antioche, à l’occasion d’un impôt qu’on venait d'établir. Le peuple, dans son emportement, abattit et traîna dans les rues la statue de l'empereur et celle de l’impératrice. Théodose, informé de cet attentat, entra dans une violente colère; il voulait, dans le premier mouvement, détruire la ville, et ensevelir les habitants sous ses ruines. Revenu à des sentiments plus modérés, il nomma deux commissaires pour informer contre les coupables, avec pouvoir de vie et de mort.
Pendant ce temps-là le peuple d’Antioche, rentré en lui-même, sentit la grandeur de son crime, et tremblait dans l’attente du châtiment. Tous les habitants consternés n’osaient sortir de leurs maisons, et ils y attendaient la mort dans des alarmes continuelles. Flavien, évêque d'Antioche, était plongé dans la douleur la plus amère; ses entrailles étaient déchirées; il passait les jours et les nuits à verser des larmes devant Dieu, le priant d’amollir le cœur du prince. Enfin, ce vieillard, encore plus vénérable par sa sainteté que par son âge, alla trouver l’empereur, pour lui demander la grâce de son peuple.
Lorsqu’il parut devant Théodose, il se tint d’abord éloigné, les yeux baissés vers la terre, comme s’il eût été seul chargé du crime de ses enfants. L’empereur, le voyant confus et interdit, s’approche lui-même, et, rappelant tous les bienfaits ont il avait comblé la ville d’Antioche, il ajoutait à chaque trait: « C’est donc ainsi que j’ai mérité tant d’outrages ! »
La ville Gréco-romaine d`Antioche. ( Turquie actuelle)
Flavien , pénétré de ces justes reproches , et poussant un profond soupir : «Prince, dit-il, nous méritons tous les supplices; détruisez Antioche jusqu’aux fondements; réduisez-la en cendres, nous ne serons pas encore assez punis. Il reste cependant un remède à nos maux; vous pouvez imiter la bonté de Dieu; outragé par ses créatures, il leur a accordé le pardon, il leur a ouvert les cieux. Si vous nous pardonnez-nous vous devrons notre salut; mais votre clémence ajoutera un nouvel éclat à votre gloire. Les infidèles s’écrieront : Qu’il est grand le Dieu des Chrétiens! il élève les hommes au-dessus de la nature ; il sait en faire des anges. Ne craignez pas que l’impunité corrompe les autres villes. Hélas! notre sort ne peut que les effrayer, la consternation où nous sommes plongés, est le plus cruel des supplices.
Ne rougissez pas de céder à un faible vieillard; ce sera céder à Dieu même, c’est lui qui m’envoie vous présenter l’Évangile, et vous dire de sa part: Si vous ne remettez pas les offenses commises contre vous, votre Père céleste ne vous remettra pas les vôtres. Représentez-vous ce jour terrible où les princes et les sujets comparaîtront au tribunal de la justice suprême, et faites réflexions que toutes vos fautes seront alors effacées par le pardon que vous aurez accordé.»
Antioche est un des berceaux du christianisme
Théodose s’attendrit, versa des larmes, et répondit : «Pourrais-je refuser le pardon à des hommes semblables à moi, après que le Maitre du monde, s‘étant réduit pour nous à la condition d'esclave, a bien voulu demander grâce à son Père pour les auteurs de son supplice, qu’il avait comblés de ses bienfaits?» Puis il renvoya le saint évêque à son peuple. Allez, lui dit-il, allez, mon Père : hâtez-vous de vous montrer à votre Troupeau, rendez le calme à la ville d’Antioche; elle ne sera parfaitement rassurée, après une si violente tempête, que lorsqu’elle reverra son pilote.
59 - Chute et pénitence de Théodose. Année 389.
Théodose oublia, quelque temps après, la modération qu’il avait montrée dans l`affaire d’Antioche, et il se laissa aller aux premiers transports de sa colère. La ville de Thessalonique, capitale de l`Illyrie ( En Grèce actuelle) s‘était révoltée contre son gouverneur, qui avait perdu la vie dans cette sédition. La nouvelle de ce soulèvement excita l’indignation de l’empereur, qui, sur le champ, ordonna le massacre des habitants de cette ville, sans distinction des innocents et des coupables.
Thessalonique dans le nord de la Grèce
Sept mille hommes y périrent. Théodose était alors à Milan. Ambroise, évêque de cette ville, écrivit à l’empereur pour lui représenter la grandeur de sa faute, et pour le
faire rentrer en lui-même. Il finissait par l’avertir que, jusqu’à ce qu’il l’eût expiée par la pénitence, il ne pouvait assister aux saints mystères. Théodose ne laissa pas de s’avancer vers l’église; mais le saint évêque alla au-devant de lui : « Arrêtez, prince, lui dit-il, vous ne sentez point encore l’énormité de votre péché; faites-y réflexion; de quels yeux verrez-vous le temple saint? Comment entrerez-vous dans le sanctuaire du lieu terrible? Vos mains fument encore du sang innocent : oserez-vous y recevoir le corps du Seigneur?»
L`Évêque St-Ambroise de Milan en Italie, interdit l`entrée de son Église à l`empereur romain Théodose le Grand pour avoir fait massacré la population de Thessalonique.
«Retirez-vous, prince, et n’ajoutez pas le sacrilège à tant d’homicides. » Comme l’empereur voulait excuser sa faute par l’exemple du roi David, qui s’était rendu
coupable d’adultère et d’homicide. «Vous l’avez imité dans son péché, répondit Ambroise , imitez le dans sa pénitence.» Théodose reçu cet arrêt comme de la bouche de Dieu même. Il retourna à son palais en soupirant, et il y demeura renfermé pendant huit mois. Aux approches de la fête de Noël, il sentit redoubler sa douleur : « Quoi? disait-il , le temple du Seigneur est ouvert aux derniers de mes sujets, et l'entrée m’en est interdite ! »
Il se rendit, non à l’église même, mais dans une salle voisine, où il pria les saints évêques de l’absoudre. Ambroise lui représenta qu’il ne pourrait assister aux saints mystères, qu'après s'être soumis à la pénitence publique. Théodose accepta la condition. Le saint évêque exigea encore qu’il fît une loi pour suspendre pendant trente jours l’exécution des sentences de mort. Théodose, à l’instant, fit écrire la loi, la signa et promit de l'observer.
Alors St Ambroise, touché de sa docilité et de l'ardeur de sa foi, leva l'excommunication, et lui permit l'entrée de l'église. Théodose prostré, baignant la terre de ses pleurs, et se frappant la poitrine, prononça à haute voix ces paroles du roi David ( Psaumes): « Mon âme est demeurée attachée contre la terre; rendez-moi la vie, Seigneur, selon votre promesse. » Tout le peuple, pénétré d'un si grand exemple, l'accompagnait de ses prières et de ses larmes; cette majesté souveraine, dont l'impétueuse colère avait fait trembler tout l'empire, n'inspirait plus alors que des sentiments de compassion et de douleur.
Absolution de l`Empereur Théodose après une contrition et une pénitence publique
St Ambroise en fut plus attendri que personne; aussi crut-il pouvoir, dans a cette conjoncture, se relâcher des règles ordinaires, qui n'accordaient qu'à la mort, la grâce de la réconciliation pour le crime d'homicide. L'illustre pénitent n'en eut qu'une douleur plus vive; et il la conserva pendant tout le reste de sa vie, qui dura encore huit ans depuis ce trait admirable. La mémoire de ce grand prince a toujours été en vénération dans l'Église. Les auteurs ecclésiastiques et les conciles mêmes le proposent comme le modèle des princes chrétiens.
60 - Schisme des Donatistes.
Le schisme des Donatistes, qui désola l'Église d’Afrique pendant deux cents ans, avait commencé dès le règne de Constantin; mais ce ne fut d'abord qu'une étincelle, qui devint ensuite un grand incendie. Il ne s'agissait, au commencement, que de savoir si Cécilien, évêque de Carthage, avait été légitimement ordonné. Quelques évêques, ayant à leur tête Donat, prétendirent que cette ordination n'avait pas été légitime, et ils se séparèrent de sa communion. L’affaire fut portée au pape, qui prononça en faveur de Cécilien, dont il reconnut l’innocence, et ce jugement fut ensuite appuyé par un décret de l'empereur Constantin; mais Donat et ses partisans refusèrent opiniâtrement de s’y soumettre; ils élevèrent autel contre autel, en établissant un autre évêque à Carthage.
Ils écrivirent des lettres de tous côtés en Afrique, pour détourner les Fidèles de la communion de Cécilien. Cette malheureuse rupture causa des maux infinis en Afrique. L’excommunication que l’Église emploie contre ses enfants rebelles, n` effrayait pas les Donatistes, qui ne cherchaient qu’à se séparer, et à former une société à part. Ce moyen
était sans force contre des gens dont le crime consistait à rompre l’unité de l'Église. Leur parti s’accrut insensiblement; et, quand ils se trouvèrent assez forts, ils se portèrent à des violences horribles, qu’on aurait peine à croire, si l'expérience n’avait appris que l’esprit de schisme, ainsi que celui d’hérésie, est capable des plus grands excès.
Les évêques catholiques n'opposèrent d’abord que la douceur et la patience aux cruautés des schismatiques; ils espéraient les gagner par ce moyen. St Augustin, évêque d’Hippone, qui devint si célèbre dans la suite, entreprit les plus grands travaux pour les ramener à de meilleurs sentiments, et pour les réunir à l’Église. Il réussit à en convertir un grand nombre; mais les autres n'en devinrent que plus furieux. Ils lui dressèrent des embûches, lorsqu’il allait visiter les paroisses catholiques. Un jour il pensa tomber entre leurs mains, et il y aurait péri, sans la méprise de son guide, qui s’écarta, par inadvertance, du droit chemin où ces scélérats l’attendaient.
Leur audace croissant de jour en jour, les évêques catholiques crurent qu’ils devaient implorer la protection de l’empereur, qui publia contre ces sectaires une loi sévère, par laquelle il leur défendait, sous peine de mort, de tenir des assemblées publiques.
61 - Célèbre conférence de Carthage fin du schisme. Année 411
Les évêques catholiques, qui songeaient bien plus à convertir les Donatistes qu’à les faire punir, supplièrent l’empereur d’employer, pour les ramener à l’Église, des moyens plus doux. Ils proposèrent la voie des conférences, et l'empereur approuva ce parti. Tous les évêques d’Afrique, tant les Donatistes que les Catholiques, eurent ordre de se rendre à Carthage, afin que les prélats choisis de part et d’autre, puissent conférer ensemble. Le tribun Marcellin fut chargé par l’empereur d'y maintenir l'ordre et la tranquillité.
Ce fut le seizième jour de mai de l’année 411, que se tint cette célèbre conférence. L’on choisit, de chaque côté, sept évêques pour conférer ensemble, et quatre notaires ecclésiastiques pour rédiger les actes. Pour plus grande sûreté, quatre évêques furent chargés de veiller sur les notaires.
Quand tout fut disposé, les évêques catholiques donnèrent un exemple admirable de modération et de générosité; ils firent de vive voix et par écrit cette déclaration: « Si nos adversaires ont l’avantage dans la conférence, nous consentons à leur céder nos sièges et à nous mettre sous leur conduite; si, au contraire, les Donatistes, étant vaincus, se réunissent à l'Église, nous partagerons avec eux l'honneur de l’épiscopat. » Ils portèrent la générosité encore plus loin . « Que si les Fidèles, ajoutent-ils, ont de la peine à voir deux évêques ensemble dans une même église, contre l’usage ordinaire, nous nous retirerons, et nous leur abandonnerons nos sièges. Il nous suffit pour notre salut, d’être Chrétiens, c’est pour le peuple qu’on nous ordonne évêques, s’il est utile aux Fidèles que nous renoncions à notre dignité, nous y consentons de tout notre cœur. »
On remarque avec admiration que, parmi près de trois cents prélats catholiques, qui étaient à cette conférence, il n'y en eut que deux à qui cette résolution magnanime déplut d'abord, encore revinrent-ils bientôt au sentiment général. Saint Augustin, qui l’avait inspirée, non-seulement fut un des sept évêques que les Catholiques choisirent pour soutenir la cause de l’Église, mais les six autres se reposèrent sur lui du soin de répondre aux chicanes des Donatistes. Tout se passa avec beaucoup d’ordre dans cette conférence, qui dura trois jours.
Conférence de Carthage en l`an 411. St-Augustin en discussion avec les Donatistes
Saint Augustin prouva, avec évidence, qu’il ne peut y avoir aucune cause légitime de se séparer de l’Église catholique, et que c'est un grand crime de rompre son unité; qu’il faut être dans le sein de l’Église pour se sauver, et que sans cela il n’y a point de salut à espérer, parce que hors de cette Église unique, il ne peut y avoir ni véritable sainteté, ni véritable justice, que la véritable Église, qui est la seule épouse de Jésus Christ est, selon les Promesses, répandue par toute la terre, et non pas renfermée dans un coin de l’Afrique; qu’elle est, sur la terre, mêlée de bons et de méchants; qu’à la vérité, il ne faut pas communiquer avec les méchants dans leur iniquité, mais qu’on ne doit pas se séparer d’eux extérieurement. Dieu bénit le zèle du saint docteur; les schismatiques qui conservaient quelque amour pour la vérité, et les peuples qui furent informés de ce qui s’était passé ans cette célèbre conférence, ouvrirent enfin les yeux; et depuis ce temps-là, ils vinrent en foule se réunir à l`Église.
62 - Hérésie des Pélagiens. Année 412
Le schisme des Donatistes s’éteignait insensiblement, lorsque l’Église se vit attaquée par de nouveaux ennemis, qui lui livrèrent de longs et de dangereux combats. Pélage, né dans la Grande Bretagne, en fut le chef. C'était un esprit subtil, artificieux, hypocrite, qui, sans changer de sentiment, savait changer de langage. Il vint à Rome, et y débita sourdement une nouvelle doctrine, qui avait sa source dans l'orgueil humain, qu`elle flatte. Il niait le péché originel et la nécessité de la grâce du Rédempteur. Il n’osa d’abord s`expliquer ouvertement, de peur de révolter les esprits, en combattant la croyance ancienne et universelle; mais pour les disposer peu à peu à recevoir ses erreurs, il les enveloppait dans des paroles équivoques. Il s'attacha un disciple, nommé Celestius, qui contribua beaucoup au progrès de cette secte impie.
Pélage, prêtre hérétique
Celui-ci passa en Afrique, et comme il était plus hardi et plus entreprenant que son maître, il y enseigna, sans détour, contre la doctrine de saint Paul, que le péché du premier homme ne s'est point communiqué à ses descendants, et que l'homme, sans une grâce intérieure, peut par ses seules forces naturelles, accomplir les commandements de Dieu. Cette profane nouveauté excita des troubles. Saint Augustin la réfuta avec force dans de savants écrits; il prouva, par les paroles expresses de l'Écriture, et par le baptême qu'on administre aux enfants, que nous naissons coupables du péché de notre premier père.
Il démontra, par la prière que Notre Seigneur nous a apprise, le besoin que nous avons d'une grâce qui prévienne et qui aide notre volonté dans toutes les actions utiles au salut. Celestius fut donc condamné à Carthage, et privé de la communion ecclésiastique. Pendant ce temps-là, Pélage, qui était passé en Palestine, avait réussi par sa dissimulation et ses mensonges, à tromper les évêques de ce pays. Il en devint plus fier, et envoya à saint Augustin son apologie, où il se prévalait du jugement favorable que l'on avait porté de sa personne en Orient. Ce scandale excita le zèle des évêques d'Afrique, et l'on y tint deux conciles, l'un à Carthage, et l'autre à Milève, où l'on définit, conformément à la Foi catholique, que le péché d‘Adam a passé à ses enfants, et que sans une grâce intérieure, qui nous inspire la bonne volonté, l'on ne peut faire aucun bien surnaturel ou utile au salut.
St-Augustin, évêque d`Hippone en Afrique du Nord romaine ( En Algérie actuelle)
Les Pères de ces conciles écrivirent au pape saint Innocent, pour le prier de confirmer cette décision par l’autorité du siège apostolique. Le souverain pontife répondit aux lettres synodales des évêques d’Afrique; il loue leur zèle à maintenir la pureté de la Foi; il établit solidement la doctrine ancienne du péché originel et la nécessité de la grâce pour toutes les actions de la piété chrétienne; il condamne solennellement Pélage, Célestins et ses sectateurs, et il les déclare séparés de la communion de l’Église, à moins qu’ils ne renoncent à leurs erreurs. Après ce décret du pape, saint Augustin regardait la cause comme terminée : « Rome a parlé, dit ce saint docteur, le jugement des évêques d’Afrique a été envoyé au siège apostolique, les lettres du pape, qui le confirment, sont venues, la cause est finie, plaise à Dieu que l'erreur le soit aussi!»
Théodose était naturellement vif et prompt à s’enflammer; mais il se laissait fléchir, et la piété dont il était animé, mettait un frein à sa colère. Il y eut une grande sédition dans la ville d’Antioche, à l’occasion d’un impôt qu’on venait d'établir. Le peuple, dans son emportement, abattit et traîna dans les rues la statue de l'empereur et celle de l’impératrice. Théodose, informé de cet attentat, entra dans une violente colère; il voulait, dans le premier mouvement, détruire la ville, et ensevelir les habitants sous ses ruines. Revenu à des sentiments plus modérés, il nomma deux commissaires pour informer contre les coupables, avec pouvoir de vie et de mort.
Pendant ce temps-là le peuple d’Antioche, rentré en lui-même, sentit la grandeur de son crime, et tremblait dans l’attente du châtiment. Tous les habitants consternés n’osaient sortir de leurs maisons, et ils y attendaient la mort dans des alarmes continuelles. Flavien, évêque d'Antioche, était plongé dans la douleur la plus amère; ses entrailles étaient déchirées; il passait les jours et les nuits à verser des larmes devant Dieu, le priant d’amollir le cœur du prince. Enfin, ce vieillard, encore plus vénérable par sa sainteté que par son âge, alla trouver l’empereur, pour lui demander la grâce de son peuple.
Lorsqu’il parut devant Théodose, il se tint d’abord éloigné, les yeux baissés vers la terre, comme s’il eût été seul chargé du crime de ses enfants. L’empereur, le voyant confus et interdit, s’approche lui-même, et, rappelant tous les bienfaits ont il avait comblé la ville d’Antioche, il ajoutait à chaque trait: « C’est donc ainsi que j’ai mérité tant d’outrages ! »
La ville Gréco-romaine d`Antioche. ( Turquie actuelle)
Flavien , pénétré de ces justes reproches , et poussant un profond soupir : «Prince, dit-il, nous méritons tous les supplices; détruisez Antioche jusqu’aux fondements; réduisez-la en cendres, nous ne serons pas encore assez punis. Il reste cependant un remède à nos maux; vous pouvez imiter la bonté de Dieu; outragé par ses créatures, il leur a accordé le pardon, il leur a ouvert les cieux. Si vous nous pardonnez-nous vous devrons notre salut; mais votre clémence ajoutera un nouvel éclat à votre gloire. Les infidèles s’écrieront : Qu’il est grand le Dieu des Chrétiens! il élève les hommes au-dessus de la nature ; il sait en faire des anges. Ne craignez pas que l’impunité corrompe les autres villes. Hélas! notre sort ne peut que les effrayer, la consternation où nous sommes plongés, est le plus cruel des supplices.
Ne rougissez pas de céder à un faible vieillard; ce sera céder à Dieu même, c’est lui qui m’envoie vous présenter l’Évangile, et vous dire de sa part: Si vous ne remettez pas les offenses commises contre vous, votre Père céleste ne vous remettra pas les vôtres. Représentez-vous ce jour terrible où les princes et les sujets comparaîtront au tribunal de la justice suprême, et faites réflexions que toutes vos fautes seront alors effacées par le pardon que vous aurez accordé.»
Antioche est un des berceaux du christianisme
Théodose s’attendrit, versa des larmes, et répondit : «Pourrais-je refuser le pardon à des hommes semblables à moi, après que le Maitre du monde, s‘étant réduit pour nous à la condition d'esclave, a bien voulu demander grâce à son Père pour les auteurs de son supplice, qu’il avait comblés de ses bienfaits?» Puis il renvoya le saint évêque à son peuple. Allez, lui dit-il, allez, mon Père : hâtez-vous de vous montrer à votre Troupeau, rendez le calme à la ville d’Antioche; elle ne sera parfaitement rassurée, après une si violente tempête, que lorsqu’elle reverra son pilote.
59 - Chute et pénitence de Théodose. Année 389.
Théodose oublia, quelque temps après, la modération qu’il avait montrée dans l`affaire d’Antioche, et il se laissa aller aux premiers transports de sa colère. La ville de Thessalonique, capitale de l`Illyrie ( En Grèce actuelle) s‘était révoltée contre son gouverneur, qui avait perdu la vie dans cette sédition. La nouvelle de ce soulèvement excita l’indignation de l’empereur, qui, sur le champ, ordonna le massacre des habitants de cette ville, sans distinction des innocents et des coupables.
Thessalonique dans le nord de la Grèce
Sept mille hommes y périrent. Théodose était alors à Milan. Ambroise, évêque de cette ville, écrivit à l’empereur pour lui représenter la grandeur de sa faute, et pour le
faire rentrer en lui-même. Il finissait par l’avertir que, jusqu’à ce qu’il l’eût expiée par la pénitence, il ne pouvait assister aux saints mystères. Théodose ne laissa pas de s’avancer vers l’église; mais le saint évêque alla au-devant de lui : « Arrêtez, prince, lui dit-il, vous ne sentez point encore l’énormité de votre péché; faites-y réflexion; de quels yeux verrez-vous le temple saint? Comment entrerez-vous dans le sanctuaire du lieu terrible? Vos mains fument encore du sang innocent : oserez-vous y recevoir le corps du Seigneur?»
L`Évêque St-Ambroise de Milan en Italie, interdit l`entrée de son Église à l`empereur romain Théodose le Grand pour avoir fait massacré la population de Thessalonique.
«Retirez-vous, prince, et n’ajoutez pas le sacrilège à tant d’homicides. » Comme l’empereur voulait excuser sa faute par l’exemple du roi David, qui s’était rendu
coupable d’adultère et d’homicide. «Vous l’avez imité dans son péché, répondit Ambroise , imitez le dans sa pénitence.» Théodose reçu cet arrêt comme de la bouche de Dieu même. Il retourna à son palais en soupirant, et il y demeura renfermé pendant huit mois. Aux approches de la fête de Noël, il sentit redoubler sa douleur : « Quoi? disait-il , le temple du Seigneur est ouvert aux derniers de mes sujets, et l'entrée m’en est interdite ! »
Il se rendit, non à l’église même, mais dans une salle voisine, où il pria les saints évêques de l’absoudre. Ambroise lui représenta qu’il ne pourrait assister aux saints mystères, qu'après s'être soumis à la pénitence publique. Théodose accepta la condition. Le saint évêque exigea encore qu’il fît une loi pour suspendre pendant trente jours l’exécution des sentences de mort. Théodose, à l’instant, fit écrire la loi, la signa et promit de l'observer.
Alors St Ambroise, touché de sa docilité et de l'ardeur de sa foi, leva l'excommunication, et lui permit l'entrée de l'église. Théodose prostré, baignant la terre de ses pleurs, et se frappant la poitrine, prononça à haute voix ces paroles du roi David ( Psaumes): « Mon âme est demeurée attachée contre la terre; rendez-moi la vie, Seigneur, selon votre promesse. » Tout le peuple, pénétré d'un si grand exemple, l'accompagnait de ses prières et de ses larmes; cette majesté souveraine, dont l'impétueuse colère avait fait trembler tout l'empire, n'inspirait plus alors que des sentiments de compassion et de douleur.
Absolution de l`Empereur Théodose après une contrition et une pénitence publique
St Ambroise en fut plus attendri que personne; aussi crut-il pouvoir, dans a cette conjoncture, se relâcher des règles ordinaires, qui n'accordaient qu'à la mort, la grâce de la réconciliation pour le crime d'homicide. L'illustre pénitent n'en eut qu'une douleur plus vive; et il la conserva pendant tout le reste de sa vie, qui dura encore huit ans depuis ce trait admirable. La mémoire de ce grand prince a toujours été en vénération dans l'Église. Les auteurs ecclésiastiques et les conciles mêmes le proposent comme le modèle des princes chrétiens.
60 - Schisme des Donatistes.
Le schisme des Donatistes, qui désola l'Église d’Afrique pendant deux cents ans, avait commencé dès le règne de Constantin; mais ce ne fut d'abord qu'une étincelle, qui devint ensuite un grand incendie. Il ne s'agissait, au commencement, que de savoir si Cécilien, évêque de Carthage, avait été légitimement ordonné. Quelques évêques, ayant à leur tête Donat, prétendirent que cette ordination n'avait pas été légitime, et ils se séparèrent de sa communion. L’affaire fut portée au pape, qui prononça en faveur de Cécilien, dont il reconnut l’innocence, et ce jugement fut ensuite appuyé par un décret de l'empereur Constantin; mais Donat et ses partisans refusèrent opiniâtrement de s’y soumettre; ils élevèrent autel contre autel, en établissant un autre évêque à Carthage.
Ils écrivirent des lettres de tous côtés en Afrique, pour détourner les Fidèles de la communion de Cécilien. Cette malheureuse rupture causa des maux infinis en Afrique. L’excommunication que l’Église emploie contre ses enfants rebelles, n` effrayait pas les Donatistes, qui ne cherchaient qu’à se séparer, et à former une société à part. Ce moyen
était sans force contre des gens dont le crime consistait à rompre l’unité de l'Église. Leur parti s’accrut insensiblement; et, quand ils se trouvèrent assez forts, ils se portèrent à des violences horribles, qu’on aurait peine à croire, si l'expérience n’avait appris que l’esprit de schisme, ainsi que celui d’hérésie, est capable des plus grands excès.
Les évêques catholiques n'opposèrent d’abord que la douceur et la patience aux cruautés des schismatiques; ils espéraient les gagner par ce moyen. St Augustin, évêque d’Hippone, qui devint si célèbre dans la suite, entreprit les plus grands travaux pour les ramener à de meilleurs sentiments, et pour les réunir à l’Église. Il réussit à en convertir un grand nombre; mais les autres n'en devinrent que plus furieux. Ils lui dressèrent des embûches, lorsqu’il allait visiter les paroisses catholiques. Un jour il pensa tomber entre leurs mains, et il y aurait péri, sans la méprise de son guide, qui s’écarta, par inadvertance, du droit chemin où ces scélérats l’attendaient.
Leur audace croissant de jour en jour, les évêques catholiques crurent qu’ils devaient implorer la protection de l’empereur, qui publia contre ces sectaires une loi sévère, par laquelle il leur défendait, sous peine de mort, de tenir des assemblées publiques.
61 - Célèbre conférence de Carthage fin du schisme. Année 411
Les évêques catholiques, qui songeaient bien plus à convertir les Donatistes qu’à les faire punir, supplièrent l’empereur d’employer, pour les ramener à l’Église, des moyens plus doux. Ils proposèrent la voie des conférences, et l'empereur approuva ce parti. Tous les évêques d’Afrique, tant les Donatistes que les Catholiques, eurent ordre de se rendre à Carthage, afin que les prélats choisis de part et d’autre, puissent conférer ensemble. Le tribun Marcellin fut chargé par l’empereur d'y maintenir l'ordre et la tranquillité.
Ce fut le seizième jour de mai de l’année 411, que se tint cette célèbre conférence. L’on choisit, de chaque côté, sept évêques pour conférer ensemble, et quatre notaires ecclésiastiques pour rédiger les actes. Pour plus grande sûreté, quatre évêques furent chargés de veiller sur les notaires.
Quand tout fut disposé, les évêques catholiques donnèrent un exemple admirable de modération et de générosité; ils firent de vive voix et par écrit cette déclaration: « Si nos adversaires ont l’avantage dans la conférence, nous consentons à leur céder nos sièges et à nous mettre sous leur conduite; si, au contraire, les Donatistes, étant vaincus, se réunissent à l'Église, nous partagerons avec eux l'honneur de l’épiscopat. » Ils portèrent la générosité encore plus loin . « Que si les Fidèles, ajoutent-ils, ont de la peine à voir deux évêques ensemble dans une même église, contre l’usage ordinaire, nous nous retirerons, et nous leur abandonnerons nos sièges. Il nous suffit pour notre salut, d’être Chrétiens, c’est pour le peuple qu’on nous ordonne évêques, s’il est utile aux Fidèles que nous renoncions à notre dignité, nous y consentons de tout notre cœur. »
On remarque avec admiration que, parmi près de trois cents prélats catholiques, qui étaient à cette conférence, il n'y en eut que deux à qui cette résolution magnanime déplut d'abord, encore revinrent-ils bientôt au sentiment général. Saint Augustin, qui l’avait inspirée, non-seulement fut un des sept évêques que les Catholiques choisirent pour soutenir la cause de l’Église, mais les six autres se reposèrent sur lui du soin de répondre aux chicanes des Donatistes. Tout se passa avec beaucoup d’ordre dans cette conférence, qui dura trois jours.
Conférence de Carthage en l`an 411. St-Augustin en discussion avec les Donatistes
Saint Augustin prouva, avec évidence, qu’il ne peut y avoir aucune cause légitime de se séparer de l’Église catholique, et que c'est un grand crime de rompre son unité; qu’il faut être dans le sein de l’Église pour se sauver, et que sans cela il n’y a point de salut à espérer, parce que hors de cette Église unique, il ne peut y avoir ni véritable sainteté, ni véritable justice, que la véritable Église, qui est la seule épouse de Jésus Christ est, selon les Promesses, répandue par toute la terre, et non pas renfermée dans un coin de l’Afrique; qu’elle est, sur la terre, mêlée de bons et de méchants; qu’à la vérité, il ne faut pas communiquer avec les méchants dans leur iniquité, mais qu’on ne doit pas se séparer d’eux extérieurement. Dieu bénit le zèle du saint docteur; les schismatiques qui conservaient quelque amour pour la vérité, et les peuples qui furent informés de ce qui s’était passé ans cette célèbre conférence, ouvrirent enfin les yeux; et depuis ce temps-là, ils vinrent en foule se réunir à l`Église.
62 - Hérésie des Pélagiens. Année 412
Le schisme des Donatistes s’éteignait insensiblement, lorsque l’Église se vit attaquée par de nouveaux ennemis, qui lui livrèrent de longs et de dangereux combats. Pélage, né dans la Grande Bretagne, en fut le chef. C'était un esprit subtil, artificieux, hypocrite, qui, sans changer de sentiment, savait changer de langage. Il vint à Rome, et y débita sourdement une nouvelle doctrine, qui avait sa source dans l'orgueil humain, qu`elle flatte. Il niait le péché originel et la nécessité de la grâce du Rédempteur. Il n’osa d’abord s`expliquer ouvertement, de peur de révolter les esprits, en combattant la croyance ancienne et universelle; mais pour les disposer peu à peu à recevoir ses erreurs, il les enveloppait dans des paroles équivoques. Il s'attacha un disciple, nommé Celestius, qui contribua beaucoup au progrès de cette secte impie.
Pélage, prêtre hérétique
Celui-ci passa en Afrique, et comme il était plus hardi et plus entreprenant que son maître, il y enseigna, sans détour, contre la doctrine de saint Paul, que le péché du premier homme ne s'est point communiqué à ses descendants, et que l'homme, sans une grâce intérieure, peut par ses seules forces naturelles, accomplir les commandements de Dieu. Cette profane nouveauté excita des troubles. Saint Augustin la réfuta avec force dans de savants écrits; il prouva, par les paroles expresses de l'Écriture, et par le baptême qu'on administre aux enfants, que nous naissons coupables du péché de notre premier père.
Il démontra, par la prière que Notre Seigneur nous a apprise, le besoin que nous avons d'une grâce qui prévienne et qui aide notre volonté dans toutes les actions utiles au salut. Celestius fut donc condamné à Carthage, et privé de la communion ecclésiastique. Pendant ce temps-là, Pélage, qui était passé en Palestine, avait réussi par sa dissimulation et ses mensonges, à tromper les évêques de ce pays. Il en devint plus fier, et envoya à saint Augustin son apologie, où il se prévalait du jugement favorable que l'on avait porté de sa personne en Orient. Ce scandale excita le zèle des évêques d'Afrique, et l'on y tint deux conciles, l'un à Carthage, et l'autre à Milève, où l'on définit, conformément à la Foi catholique, que le péché d‘Adam a passé à ses enfants, et que sans une grâce intérieure, qui nous inspire la bonne volonté, l'on ne peut faire aucun bien surnaturel ou utile au salut.
St-Augustin, évêque d`Hippone en Afrique du Nord romaine ( En Algérie actuelle)
Les Pères de ces conciles écrivirent au pape saint Innocent, pour le prier de confirmer cette décision par l’autorité du siège apostolique. Le souverain pontife répondit aux lettres synodales des évêques d’Afrique; il loue leur zèle à maintenir la pureté de la Foi; il établit solidement la doctrine ancienne du péché originel et la nécessité de la grâce pour toutes les actions de la piété chrétienne; il condamne solennellement Pélage, Célestins et ses sectateurs, et il les déclare séparés de la communion de l’Église, à moins qu’ils ne renoncent à leurs erreurs. Après ce décret du pape, saint Augustin regardait la cause comme terminée : « Rome a parlé, dit ce saint docteur, le jugement des évêques d’Afrique a été envoyé au siège apostolique, les lettres du pape, qui le confirment, sont venues, la cause est finie, plaise à Dieu que l'erreur le soit aussi!»
Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 16:49, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
63 - Intrigue et opiniâtreté des Pélagiens.
Le désir de St Augustin ne fut pas rempli, l’erreur continua de subsister, malgré la condamnation qu’elle avait, essuyée. Pélage et ses sectateurs songèrent, non pas à se soumettre au jugement que l'on avait porté contre eux, mais à effacer aux yeux des hommes la tache que ce sentiment leur imprimait. Le pape Innocent, qui les avait condamnés, était mort. Pélage écrivit d’une manière fort respectueuse à son successeur Zozime, pour se justifier.
Célestins alla lui-même à Rome, et lui présenta une confession de foi captieuse, en promettant de condamner tout ce que le saint siège condamnerait. Le nouveau pape se contenta de lui faire diverses questions, auxquelles Célestins répondit avec cette apparence de simplicité et de droiture dont la fourberie sait si bien se parer. Il ne poussa point les précautions plus loin, et il le jugea innocent, non qu’il approuvât ses erreurs, mais parce que cet imposteur se déclarait soumis d’avance au jugement du saint siège.
Le Pape Zosime – année 417-418
Zozime écrivit aux évêques d’Afrique une lettre, où il se montre convaincu de la sincérité de Pélage, et où il leur fait quelque sorte des reproches de leurs procédés à l’égard de ce novateur, sans dire néanmoins un mot qui favorise sa mauvaise doctrine. Quand on eut reçu cette lettre en Afrique, on reconnut que le pape avait été trompé par ces habiles fourbes; on s’empressa d'assembler le concile le plus nombreux qu’il fut possible. Il s’y trouva deux cent quatorze évêques; on dressa des instructions plus développées sur cette affaire; on expliqua tout ce qui s’était passé en Afrique; on exposa le venin caché dans les professions de foi et les fourberies de ces hérétiques, on fit des canons dogmatiques, que l’on envoya à Rome avec une lettre conçue en ces termes :
« Nous avons statué que la sentence rendue par Innocent contre Pélage et Célestins, ait son effet, jusqu‘à ce qu’ils confessent nettement que la grâce de Jésus-Christ doit nous aider, non-seulement pour connaître, mais pour suivre les règles de la justice en chaque action, en sorte que, sans ce secours, nous ne pouvons rien avoir, penser, dire ou faire, qui appartienne à la piété. Il ne suffit pas que Célestins se soit vaguement soumis au décret du saint siège; pour lever tout scandale, il faut lui faire anathématiser, sans la moindre équivoque, sans la moindre ambiguïté, ce qu’il y a de suspect dans son écrit, de peur que plusieurs n’imaginent, non que le sectaire a quitté ses erreurs, mais que le saint siège les a approuvées. »
Ces représentations eurent leur effet, le pape Zozime examina tout avec attention, et s’étant convaincu de la mauvaise foi de Célestins, il rendit une sentence qui confirmait les décisions des évêques d’Afrique, et qui condamnait Pélage et ses sectateurs. Cette sentence fut reçue avec respect de tout le monde chrétien. On vit alors combien sont peu sincères les protestations de docilité que les hérétiques font avant leur condamnation. Les pélagiens appelèrent de ce décret du pape au concile général; mais St Augustin prouva que cet appel était illusoire, et que l’Église assemblée ne ferait autre chose que confirmer ce qui avait été décidé par les évêques d’Afrique unis au pape; que l’hérésie était suffisamment condamnée, et qu’il ne s’agissait plus de l’examiner mais de la réprimer. Aussi l’empereur Honorius appuya ce jugement, et il prononça la peine du bannissement contre ceux qui s’obstineraient à soutenir les erreurs condamnées.
64- Saint Jérôme - Docteur de l`Église ( Jérôme de Stridon). Année 412
Saint Jérôme, l’un des plus illustres docteurs de l’Église, se joignit à St Augustin, pour combattre l’hérésie de Pélage. Né en Dalmatie, de parents chrétiens et riches, il fit bientôt voir de si heureuses dispositions pour les sciences, que son père crut devoir par toutes sortes de moyens, cultiver en lui ce germe précieux.
St-Jérôme, docteur de l`Église
Il envoya son fils à Rome, et ce jeune homme y fit de grands progrès dans les lettres humaines et dans l'éloquence; mais comme l’estime des hommes était plutôt l’objet de
ses études, que le désir de s'avancer dans la science du salut, Dieu permit qu’il tombât dans le désordre. Ses égarements ne durèrent pas longtemps, vers l'an 374, il se retira dans le désert de Chalcide en Syrie. C'était une vaste solitude, brûlée par les ardeurs du soleil, et néanmoins habitée par quelques solitaires, que l'amour de la pénitence y avait conduits. Frappé de la crainte des jugements de Dieu, Jérôme ne songeait, dans sa retraite, qu'à en prévenir les rigueurs, lorsque Pélage passa en Palestine, et s'efforça d'y répandre ses erreurs.
Le Désert de Syrie ou St-Jérôme vécu en pénitent
Le pieux solitaire, alarmé du péril où il voyait la Foi, s'éleva avec force contre la nouvelle doctrine. Pélage entra en fureur, et non seulement il écrivit pour défendre ses erreurs,
mais il échauffa ses disciples contre saint Jérôme, au point qu'ils se portèrent à d'horribles violences, ils attaquèrent le monastère où il était, le pillèrent et y mirent le feu.
St Jérôme fit un voyage à Antioche, où Paulin, qui en était évêque, l 'ordonna prêtre; mais il ne voulut point demeurer dans cette ville , ni s'attacher à aucune Église, parce que son dessein était de continuer à vivre dans la solitude. Il alla à Constantinople, où il demeura quelque temps avec St Grégoire de Nazianze, et il s’appliqua, sous la direction de cet habile maître, à l'étude de l'Écriture sainte, qui faisait ses chastes délices. De là il passa à Rome, où le Pape Damase le retint auprès de lui, pour répondre à ceux qui le consultaient sur l'Écriture ou sur quelque point de morale.
Après la mort du pape Damase, il retourna en Palestine, et fixa sa demeure à Bethléem. Ce fut alors que ce saint docteur, jouissant du repos qu'il avait souhaité, fit la plupart de ses grands ouvrages sur l'Écriture sainte, et qu'il rendit par-là à l'Église le service le plus important. Il entreprit de traduire en latin le texte de l'Écriture; dans cette vue, il fit une étude laborieuse et réfléchie de la langue hébraïque; et, pour la connaître à fond, il prit des leçons d'un juif, qui était très-habile, et se rendit son disciple.
La grotte ou St-Jérôme étudia les Écritures à Bethléem
Vidéo : A Bethléem, dans la grotte de Saint Jérôme
Il travailla ensuite infatigablement à éclaircir les difficultés de l’Écriture. Non-seulement il enrichit l’Église d’une nouvelle version, il composa encore des Traités pour faciliter l’intelligence des livres saints. Nous avons plusieurs Commentaires de St Jérôme; dans la préface de celui qu’il a fait sur le prophète Isaïe, qui vivait sept cents ans avant Notre Seigneur, il dit qu’il ne le regarde pas seulement comme un prophète, mais comme un Évangéliste et un Apôtre, parce qu’il renferme dans ses prophéties tous les mystères du Sauveur, sa naissance d’une vierge et les merveilles de sa vie, l’ignominie de sa mort, la gloire de sa résurrection, et l’étendue de son Église par toute la terre : « Isaïe, dit ce savant interprète, parle avec tant de clarté de toutes ces choses, qu’il semble plutôt composer une histoire d’évènements passés, que prédire l’avenir. »
65 - Vertus et souffrances de saint Jean Chrysostome. Année 407.
Dans le même temps, saint Chrysostôme, archevêque de Constantinople, honorait la Religion par son zèle apostolique pour la réforme du clergé et du peuple de cette grande ville. Il reprenait avec une généreuse liberté, l’avarice des riches, le luxe des femmes , et l'orgueil des grands.
St-Jean de Chrysostome, Archevêque de Constantinople et Docteur de l`Église
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient ( de nos jours Istanboul, Turquie)
La cour même éprouva son zèle; il parla souvent à l’empereur et à Eudoxie son épouse, de leurs obligations. Cette vigueur épiscopale lui suscita des ennemis puissants, l’impératrice surtout était irritée contre lui, à cause d’un discours dont on fit l` application à cette princesse. Elle chercha à s'en venger, et elle trouva dans Théophile, évêque d’Alexandrie, un ministre complaisant de sa haine et de ses violences. Saint Chrysostôme fut déposé et envoyé en exil; mais le lendemain il y eut à Constantinople un tremblement de terre, que l'on regarda comme un effet de la colère divine.
Visage présumée d`Eudoxie, épouse de l`empereur Arcadius
Eudoxie elle-même en fut si effrayée, qu’elle conjura l'empereur de rappeler le saint évêque, qui rentra comme en triomphe dans la ville. Il s’éleva bientôt un nouvel orage, on avait dressé à l'impératrice une statue d’argent, près la principale église de Constantinople, et l’on y célébrait des jeux publics, mêlés de superstitions. Le saint. Évêque prêcha contre cet abus. Eudoxie en ayant été informée, se crut personnellement offensée, et jura la perte du saint prélat. On le déposa une seconde fois, et on l’exila à Cucuse, petite ville d’Arménie. L’impératrice avait choisi ce pays pauvre et stérile, pour faire sentir au saint évêque le poids de sa vengeance.
Paysage de l`Arménie
Il n`y arriva qu’après soixante et dix jours de marche, avec des incommodités extrêmes, causées par sa mauvaise santé, et par la dureté des soldats qui le conduisaient. Dès que sa santé fut rétablie, il travailla avec un nouveau zèle au bien de l’Église; il instruisait les peuples du pays, assistait les pauvres, et rachetait les captifs. Ses ennemis, quoique triomphants, en conçurent de la jalousie; ils le firent reléguer à Pythyonte, ville déserte et la dernière de l`empire, sur le bord oriental du Pont-Euxin. On le fit conduire à ce nouveau lieu d’exil par deux gardes sans pitié, qui s’efforçaient d’accroître, par leurs mauvais traitements, les fatigues d’une route longue et pénible.
On leur avait promis une récompense si le saint mourait en chemin. Ils la méritèrent Par leur barbarie. Le saint évêque, faible et épuisé, succomba enfin à tant de maux après avoir marché pendant trois mois, étant arrivé près de Comane, dans le Pont, il fut attaqué d‘une fièvre violente qui l’obligea de s'arrêter. La nuit suivante, comme il était dans le presbytère de saint Basilisque, évêque de Comane et martyr, ce saint lui apparut, et lui dit : « Courage, mon frère ; demain nous serons ensemble. » Sa mort arriva en effet le lendemain. L’Église perdit l’un de ses plus saints évêques et de ses plus illustres docteurs; son éloquence, qui égalait au moins celle des plus célèbres orateurs de l’antiquité lui a fait donner le surnom de Chrysostôme, c’est-à-dire, bouche d'or.
Le Pont et l`Arménie ou fut exilé l`Archevêque de Constantinople St-Jean de Chrysostome
Le désir de St Augustin ne fut pas rempli, l’erreur continua de subsister, malgré la condamnation qu’elle avait, essuyée. Pélage et ses sectateurs songèrent, non pas à se soumettre au jugement que l'on avait porté contre eux, mais à effacer aux yeux des hommes la tache que ce sentiment leur imprimait. Le pape Innocent, qui les avait condamnés, était mort. Pélage écrivit d’une manière fort respectueuse à son successeur Zozime, pour se justifier.
Célestins alla lui-même à Rome, et lui présenta une confession de foi captieuse, en promettant de condamner tout ce que le saint siège condamnerait. Le nouveau pape se contenta de lui faire diverses questions, auxquelles Célestins répondit avec cette apparence de simplicité et de droiture dont la fourberie sait si bien se parer. Il ne poussa point les précautions plus loin, et il le jugea innocent, non qu’il approuvât ses erreurs, mais parce que cet imposteur se déclarait soumis d’avance au jugement du saint siège.
Le Pape Zosime – année 417-418
Zozime écrivit aux évêques d’Afrique une lettre, où il se montre convaincu de la sincérité de Pélage, et où il leur fait quelque sorte des reproches de leurs procédés à l’égard de ce novateur, sans dire néanmoins un mot qui favorise sa mauvaise doctrine. Quand on eut reçu cette lettre en Afrique, on reconnut que le pape avait été trompé par ces habiles fourbes; on s’empressa d'assembler le concile le plus nombreux qu’il fut possible. Il s’y trouva deux cent quatorze évêques; on dressa des instructions plus développées sur cette affaire; on expliqua tout ce qui s’était passé en Afrique; on exposa le venin caché dans les professions de foi et les fourberies de ces hérétiques, on fit des canons dogmatiques, que l’on envoya à Rome avec une lettre conçue en ces termes :
« Nous avons statué que la sentence rendue par Innocent contre Pélage et Célestins, ait son effet, jusqu‘à ce qu’ils confessent nettement que la grâce de Jésus-Christ doit nous aider, non-seulement pour connaître, mais pour suivre les règles de la justice en chaque action, en sorte que, sans ce secours, nous ne pouvons rien avoir, penser, dire ou faire, qui appartienne à la piété. Il ne suffit pas que Célestins se soit vaguement soumis au décret du saint siège; pour lever tout scandale, il faut lui faire anathématiser, sans la moindre équivoque, sans la moindre ambiguïté, ce qu’il y a de suspect dans son écrit, de peur que plusieurs n’imaginent, non que le sectaire a quitté ses erreurs, mais que le saint siège les a approuvées. »
Ces représentations eurent leur effet, le pape Zozime examina tout avec attention, et s’étant convaincu de la mauvaise foi de Célestins, il rendit une sentence qui confirmait les décisions des évêques d’Afrique, et qui condamnait Pélage et ses sectateurs. Cette sentence fut reçue avec respect de tout le monde chrétien. On vit alors combien sont peu sincères les protestations de docilité que les hérétiques font avant leur condamnation. Les pélagiens appelèrent de ce décret du pape au concile général; mais St Augustin prouva que cet appel était illusoire, et que l’Église assemblée ne ferait autre chose que confirmer ce qui avait été décidé par les évêques d’Afrique unis au pape; que l’hérésie était suffisamment condamnée, et qu’il ne s’agissait plus de l’examiner mais de la réprimer. Aussi l’empereur Honorius appuya ce jugement, et il prononça la peine du bannissement contre ceux qui s’obstineraient à soutenir les erreurs condamnées.
64- Saint Jérôme - Docteur de l`Église ( Jérôme de Stridon). Année 412
Saint Jérôme, l’un des plus illustres docteurs de l’Église, se joignit à St Augustin, pour combattre l’hérésie de Pélage. Né en Dalmatie, de parents chrétiens et riches, il fit bientôt voir de si heureuses dispositions pour les sciences, que son père crut devoir par toutes sortes de moyens, cultiver en lui ce germe précieux.
St-Jérôme, docteur de l`Église
Il envoya son fils à Rome, et ce jeune homme y fit de grands progrès dans les lettres humaines et dans l'éloquence; mais comme l’estime des hommes était plutôt l’objet de
ses études, que le désir de s'avancer dans la science du salut, Dieu permit qu’il tombât dans le désordre. Ses égarements ne durèrent pas longtemps, vers l'an 374, il se retira dans le désert de Chalcide en Syrie. C'était une vaste solitude, brûlée par les ardeurs du soleil, et néanmoins habitée par quelques solitaires, que l'amour de la pénitence y avait conduits. Frappé de la crainte des jugements de Dieu, Jérôme ne songeait, dans sa retraite, qu'à en prévenir les rigueurs, lorsque Pélage passa en Palestine, et s'efforça d'y répandre ses erreurs.
Le Désert de Syrie ou St-Jérôme vécu en pénitent
Le pieux solitaire, alarmé du péril où il voyait la Foi, s'éleva avec force contre la nouvelle doctrine. Pélage entra en fureur, et non seulement il écrivit pour défendre ses erreurs,
mais il échauffa ses disciples contre saint Jérôme, au point qu'ils se portèrent à d'horribles violences, ils attaquèrent le monastère où il était, le pillèrent et y mirent le feu.
St Jérôme fit un voyage à Antioche, où Paulin, qui en était évêque, l 'ordonna prêtre; mais il ne voulut point demeurer dans cette ville , ni s'attacher à aucune Église, parce que son dessein était de continuer à vivre dans la solitude. Il alla à Constantinople, où il demeura quelque temps avec St Grégoire de Nazianze, et il s’appliqua, sous la direction de cet habile maître, à l'étude de l'Écriture sainte, qui faisait ses chastes délices. De là il passa à Rome, où le Pape Damase le retint auprès de lui, pour répondre à ceux qui le consultaient sur l'Écriture ou sur quelque point de morale.
Après la mort du pape Damase, il retourna en Palestine, et fixa sa demeure à Bethléem. Ce fut alors que ce saint docteur, jouissant du repos qu'il avait souhaité, fit la plupart de ses grands ouvrages sur l'Écriture sainte, et qu'il rendit par-là à l'Église le service le plus important. Il entreprit de traduire en latin le texte de l'Écriture; dans cette vue, il fit une étude laborieuse et réfléchie de la langue hébraïque; et, pour la connaître à fond, il prit des leçons d'un juif, qui était très-habile, et se rendit son disciple.
La grotte ou St-Jérôme étudia les Écritures à Bethléem
Vidéo : A Bethléem, dans la grotte de Saint Jérôme
Il travailla ensuite infatigablement à éclaircir les difficultés de l’Écriture. Non-seulement il enrichit l’Église d’une nouvelle version, il composa encore des Traités pour faciliter l’intelligence des livres saints. Nous avons plusieurs Commentaires de St Jérôme; dans la préface de celui qu’il a fait sur le prophète Isaïe, qui vivait sept cents ans avant Notre Seigneur, il dit qu’il ne le regarde pas seulement comme un prophète, mais comme un Évangéliste et un Apôtre, parce qu’il renferme dans ses prophéties tous les mystères du Sauveur, sa naissance d’une vierge et les merveilles de sa vie, l’ignominie de sa mort, la gloire de sa résurrection, et l’étendue de son Église par toute la terre : « Isaïe, dit ce savant interprète, parle avec tant de clarté de toutes ces choses, qu’il semble plutôt composer une histoire d’évènements passés, que prédire l’avenir. »
65 - Vertus et souffrances de saint Jean Chrysostome. Année 407.
Dans le même temps, saint Chrysostôme, archevêque de Constantinople, honorait la Religion par son zèle apostolique pour la réforme du clergé et du peuple de cette grande ville. Il reprenait avec une généreuse liberté, l’avarice des riches, le luxe des femmes , et l'orgueil des grands.
St-Jean de Chrysostome, Archevêque de Constantinople et Docteur de l`Église
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient ( de nos jours Istanboul, Turquie)
La cour même éprouva son zèle; il parla souvent à l’empereur et à Eudoxie son épouse, de leurs obligations. Cette vigueur épiscopale lui suscita des ennemis puissants, l’impératrice surtout était irritée contre lui, à cause d’un discours dont on fit l` application à cette princesse. Elle chercha à s'en venger, et elle trouva dans Théophile, évêque d’Alexandrie, un ministre complaisant de sa haine et de ses violences. Saint Chrysostôme fut déposé et envoyé en exil; mais le lendemain il y eut à Constantinople un tremblement de terre, que l'on regarda comme un effet de la colère divine.
Visage présumée d`Eudoxie, épouse de l`empereur Arcadius
Eudoxie elle-même en fut si effrayée, qu’elle conjura l'empereur de rappeler le saint évêque, qui rentra comme en triomphe dans la ville. Il s’éleva bientôt un nouvel orage, on avait dressé à l'impératrice une statue d’argent, près la principale église de Constantinople, et l’on y célébrait des jeux publics, mêlés de superstitions. Le saint. Évêque prêcha contre cet abus. Eudoxie en ayant été informée, se crut personnellement offensée, et jura la perte du saint prélat. On le déposa une seconde fois, et on l’exila à Cucuse, petite ville d’Arménie. L’impératrice avait choisi ce pays pauvre et stérile, pour faire sentir au saint évêque le poids de sa vengeance.
Paysage de l`Arménie
Il n`y arriva qu’après soixante et dix jours de marche, avec des incommodités extrêmes, causées par sa mauvaise santé, et par la dureté des soldats qui le conduisaient. Dès que sa santé fut rétablie, il travailla avec un nouveau zèle au bien de l’Église; il instruisait les peuples du pays, assistait les pauvres, et rachetait les captifs. Ses ennemis, quoique triomphants, en conçurent de la jalousie; ils le firent reléguer à Pythyonte, ville déserte et la dernière de l`empire, sur le bord oriental du Pont-Euxin. On le fit conduire à ce nouveau lieu d’exil par deux gardes sans pitié, qui s’efforçaient d’accroître, par leurs mauvais traitements, les fatigues d’une route longue et pénible.
On leur avait promis une récompense si le saint mourait en chemin. Ils la méritèrent Par leur barbarie. Le saint évêque, faible et épuisé, succomba enfin à tant de maux après avoir marché pendant trois mois, étant arrivé près de Comane, dans le Pont, il fut attaqué d‘une fièvre violente qui l’obligea de s'arrêter. La nuit suivante, comme il était dans le presbytère de saint Basilisque, évêque de Comane et martyr, ce saint lui apparut, et lui dit : « Courage, mon frère ; demain nous serons ensemble. » Sa mort arriva en effet le lendemain. L’Église perdit l’un de ses plus saints évêques et de ses plus illustres docteurs; son éloquence, qui égalait au moins celle des plus célèbres orateurs de l’antiquité lui a fait donner le surnom de Chrysostôme, c’est-à-dire, bouche d'or.
Le Pont et l`Arménie ou fut exilé l`Archevêque de Constantinople St-Jean de Chrysostome
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 2:02, édité 2 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
66 - Hérésie de Nestorius.
L`esprit d’erreur, après avoir attaqué le mystère de la sainte Trinité, celui du péché originel et de la grâce, fit des efforts multipliés pour ébranler la foi du mystère de l’lncarnation. On avait toujours cru que Jésus-Christ n’est autre que le Verbe fait chair, et qu’ainsi il y a en Jésus-Christ deux natures en une seule personne. Nestorius, évêque de Constantinople, enseigna qu’il y a deux personnes en Jésus-Christ. Comme il n’osait; attaquer de front le dogme catholique, il prit un détour, et dit que la sainte Vierge ne devait point être appelée Mère de Dieu, mais seulement Mère du Christ, distinguant ainsi la personne du Christ et celle du Verbe.
Nestorius, évêque hérétique de Constantinople
Cette doctrine nouvelle et contraire à la croyance commune, causa un grand scandale, tant dans le clergé que parmi le peuple. La première fois qu’on entendit ce blasphème dans l’Église de Constantinople, les Fidèles s’enfuirent pour ne pas communiquer avec l’impie qui l`avait proféré. Ce premier cri de la Foi est; bien à remarquer, il ne manque jamais de s’élever à la naissance de toutes les hérésies; C’est-à-dire, toutes les fois que l’on donne atteinte à ce qui a toujours été cru.
Nestorius avait du crédit à la cour; il ne négligea rien pour mettre l’empereur dans ses intérêts, et pour répandre, parce moyen, ses erreurs de tous les côtés ; mais Dieu avait préparé un remède au mal, et à la Foi attaquée un illustre défenseur. Saint Cyrille, évêque d’Alexandrie, fut l’athlète invincible que la Providence opposa à l’hérésiarque.
Dès que le saint évêque fut averti des progrès de l’impiété, il publia un écrit , où il exposait clairement la vérité du mystère de l'lncarnation. «Je m’étonne, dit-il, comment ou peut mettre en doute si la sainte Vierge doit être appelée Mère de Dieu; car si Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu, la sainte Vierge, sa mère, est donc mère de Dieu. C’est la Foi que les Apôtres nous ont enseignée; c’est la doctrine de nos pères, non que la nature du Verbe ou la Divinité ait pris son commencement de Marie, mais parce qu’en elle a été formé et animé d’une âme raisonnable, le sacré corps auquel le Verbe s’est uni hypostatiquement; ce qui fait dire que le Verbe est né selon la chair; ainsi, dans l’ordre de la nature, quoique les mères n’aient aucune part à la création de l’âme, on ne laisse pas de dire qu’elles sont mères de l’homme entier, et non pas seulement du corps.»
St-Cyrille, Évêque de d`Alexandrie en Égypte, combat l`hérésie de Nestorius
Cet écrit de saint Cyrille fut bientôt répandu dans toutes les Églises de l’Orient, et il consola les Fidèles que la nouvelle erreur avait scandalisés. Saint Cyrille écrivit en particulier à Nestorius, pour essayer de le ramener à la vérité, il l’exhortait à faire cesser le scandale en nommant mère de Dieu la sainte Vierge. « Au reste, ajoutait-il, soyez persuadé que je suis prêt à souffrir tout, la prison et la mort, pour la Foi de Jésus-Christ.»
Cette lettre ne produisit aucun effet, la conversion d’un chef de parti est bien rare. Le saint évêque, voyant qu’il n’y avait rien à espérer de Nestorius, s’adressa au pape saint Célestin, il lui rendit compte de tout ce qui s’était passé, et de l’état où était l’Église de Constantinople; il le conjura d’apporter un prompt remède au mal. De son côté, Nestorius avait aussi envoyé au pape ses écrits signés de sa main. Le souverain Pontife tint à Rome une assemblée d’évêques, où les écrits de Nestorius furent examinés.
Sa doctrine fut trouvée contraire à celle des Pères, et unanimement condamnée. Pour notifier ce jugement, Célestin écrivit aux évêques des plus grands sièges d’Orient. Dans la lettre qu’il adressa à saint Cyrille, le pape loue son zèle et sa vigilance; il lui déclare qu’il approuve ses sentiments sur l’Incarnation; que si Nestorius continue à combattre la doctrine catholique, et si, dans un temps marqué, il n’anathématise sa doctrine impie, il sera retranché du corps de l’Église.
67 -Concile général d’Éphèse. Année 431.
Nestorius ne se soumit pas au jugement du saint siège; et comme tous les autres novateurs, il n’en fut que plus ardent à répandre son erreur. Quoi qu’il eût des protecteurs à la cour, l’empereur Théodose-le-Jeune, qui aimait singulièrement la religion, ouvrit les yeux en apprenant le soulèvement des Fidèles de Constantinople, et il se détermina à convoquer un concile œcuménique à Éphèse. La nouvelle de cette convocation remplit de joie tous les Catholiques. Les évêques s’y rendirent au nombre de deux cents, de toutes les parties du monde chrétien, et saint Cyrille y présida au nom du pape. Nestorius vint aussi à Éphèse, accompagné du comte Candidien, que l’empereur avait chargé de protéger le concile, mais qui favorisa ouvertement le parti de Nestorius. Cet hérésiarque ne voulut jamais se rendre à l'assemblée, quoiqu’on l’eût sommé trois fois juridiquement.
Il prétextait l’absence de Jean, évêque d’Antioche, et de ses suffragants, qui n’étaient point encore arrivés. Comme la lenteur de ces évêques paraissait affectée, et que le terme marqué par l’empereur Pour l’ouverture du concile était déjà passé de quinze jours, on tint la première session. Au milieu de l‘église, sur un trône élevé, était placé le livre des Évangiles, pour représenter l’assistance de Jésus-Christ, qui a promis de se trouver au milieu des pasteurs assemblés en son nom; spectacle saint et imposant, dont le concile d’Éphèse a donné le modèle à tous les conciles suivants. Les évêques étaient assis aux deux côtés, suivant la dignité de leurs sièges.
Comme Nestorius refusa constamment de paraître, il fallut examiner sa doctrine dans ses écrits. Dès que la lecture en eut été faite, on s’écria : « Anathème à ces erreurs impies, anathème à quiconque tient cette doctrine; elle est contraire aux saintes Écritures et à la tradition des Pères. » On lut ensuite la lettre du pape Célestin à Nestorius, et plusieurs passages des Pères les plus révérés, saint Cyprien, saint Athanase, saint Ambroise, saint Basile, que l’on mit en opposition avec les propositions de l’hérésiarque; puis chaque évêque ayant rendu témoignage de la Foi de son Église, on déclara solennellement la sainte Vierge mère de Dieu, et l’on prononça la sentence de déposition contre le novateur. Quand le peuple d’Éphèse eut appris le jugement, il poussa de grands cris de joie, et combla de bénédictions les Pères du concile; toute la ville d’Éphèse retentit du nom et des louanges de la mère de Dieu.
Concile d`Éphèse contre les erreurs de Nestorius en l`an 431
Les Prélats écrivirent à l’empereur pour l'informer e leur décision; mais le comte Candidien intercepta leurs lettres, et de concert avec Nestorius, il prévint Théodose contre eux par une fausse relation. Les lettres et les députés du concile ne pouvaient parvenir à l'empereur. On gardait les vaisseaux et les chemins; on leur fermait toutes les entrées, et la vérité aurait succombé, si Dieu ne lui avait donné la force de vaincre tous les obstacles, et de surmonter toutes les cabales formées contre elle. Un député, déguisé en mendiant, porta la véritable relation enfermée dans le creux d’une canne, et pénétra dans le palais. Lorsque l’empereur eut été mieux instruit de tout ce qui s’était passé à Éphèse, il relégua Nestorius dans un monastère d’Antioche; et comme cet hérésiarque continuait d’y prêcher ses erreurs, il fut exilé à Tasis en Égypte, où, quelques années après, il mourut misérablement.
68 - Grandes qualités du pape saint Léon.
Saint Léon avait été suscité de Dieu, principalement pour combattre l'hérésie d'Eutychès; mais ce ne fut pas l'unique service qu'il rendit à l'Église. Ce grand homme sauva deux fois son peuple, dans des crises où tout était désespéré. Attila, roi des Huns qui se faisait appeler le Fléau de Dieu, après avoir mis tout à feu et à sang dans l'Italie, s’avançait vers Rome, pour faire subir le même sort à cette ville.
Le Pape St-Léon le Grand – Gouverne l`Église de l`an 440 a 461
Attila, le roi des Huns ravage l`Italie
L’empereur, qui n’était pas en état de la défendre, consulta le sénat sur le parti qu’il y avait à prendre. On ne trouva d’autre ressource que d’envoyer au roi barbare une députation, pour essayer de le porter à la paix. Le pape saint Léon, persuadé que Dieu dispose à son gré des cœurs les plus inflexibles, se chargea de cette périlleuse négociation, et il l’exécuta avec une intrépidité qui en imposa à ce conquérant farouche. Attila n’avait rien de grand dans son extérieur, mais tout y était terrible et retraçait la férocité de son origine. Il était d’une petite taille, avait la poitrine large, la tête difforme en grosseur, les yeux étincelants, peu de barbe, et de cheveux, que les fatigues de la guerre avaient blanchis de bonne heure, le nez écrasé, le teint basané, la démarche fière et menaçante.
Les Huns sont un peuple nomade païen originaire de l`Asie centrale
La ville de Rome, capitale de l`empire romain d`Occident est saccagée par les tribus barbares
Saint Léon, armé d’une puissance invisible, mais supérieure à toutes les Forces humaines, parut avec un air assuré devant ce prince, que les plus puissants rois ses vassaux n’envisageaient qu’en tremblant, il lui parla avec respect, mais avec force, pour l’engager à rendre la tranquillité à l’Italie. La fermeté du prélat étonna ce prince féroce; il dit à ceux qui l’environnaient : « Je ne sais pourquoi les paroles de ce prêtre m’ont touché. » Devenu plus traitable, il écouta les propositions que lui fit l’empereur; il fit cesser les hostilités, et retira son armée de l’Italie.
L`empire d`Attila le Hun en Asie et les expéditions des Huns en Gaule en 451, en Italie en 452.
Tel est l’emprise de la vertu, qu’elle adoucit les âmes les plus féroces. Environ trois ans après, le saint Pontife en fit une nouvelle épreuve. Genséric, roi des Vandales, vint à son tour ravager l’ltalie; il laissa partout des traces de sa cruauté. Lorsqu’il était déjà dans les murs de Rome, saint Léon osa se présenter devant lui, et lui demander la vie des citoyens.
Genséric, le roi des Vandales envahi la ville de Rome en 455
Il lui parla avec tant de dignité et de sagesse, qu’il parvint à adoucir ce prince sanguinaire. Il obtint qu’on n'emploierait ni le fer ni le feu, et qu`on épargnerait les édifices et les habitants de cette grande ville. Saint Léon ne fit cependant que retarder la chute de l’empire romain en Occident. Les différentes provinces qui le composaient, devinrent bientôt après la proie de plusieurs peuples barbares qui l’envahirent successivement.
En décembre de l`an 406, les tribus germaniques des Goths avaient traversés le Rhin gelé, et formés des colonies militaires importantes avec d`autres tribus germaniques.
Odoacre, roi des Hérules, se rendit maître de l’Italie en 476, et détruisit cet empire; il lui donna le dernier coup par la prise de Rome; et il en éteignit jusqu’au nom dans l’Occident, en prenant le titre de roi d’Italie, qu'il jugea peut-être plus glorieux que celui d’empereur. Dans la confusion générale qui suivit ce grand événement, les nations barbares se jetèrent sur les provinces qui étaient à leur bienséance, et elles accoururent l’une après l’autre, pour avoir part aux dépouilles de ce vaste corps.
Romulus Augustule, le dernier empereur romain d`Occident doit faire sa soumission au chef barbare Odoacre
Les tribus barbares se partagent les dépouilles de l`empire romain d`Occident
Lutte pour une prisonnière romaine entre guerriers germaniques après la prise de Rome
C’est ainsi que le plus puissant empire du monde fut détruit environ 1 228 ans après que Romulus en eut jeté les fondements; exemple bien éclatant de la vicissitude des puissances humaines les mieux affermies. Ce ne sont pas seulement les sujets et les rois qui passent et disparaissent; les royaumes même périssent; il n’y a que celui que Jésus-Christ et établi par sa croix qui subsistera toujours.
Le village de Rome vers 750 avant la naissance du Christ
L`esprit d’erreur, après avoir attaqué le mystère de la sainte Trinité, celui du péché originel et de la grâce, fit des efforts multipliés pour ébranler la foi du mystère de l’lncarnation. On avait toujours cru que Jésus-Christ n’est autre que le Verbe fait chair, et qu’ainsi il y a en Jésus-Christ deux natures en une seule personne. Nestorius, évêque de Constantinople, enseigna qu’il y a deux personnes en Jésus-Christ. Comme il n’osait; attaquer de front le dogme catholique, il prit un détour, et dit que la sainte Vierge ne devait point être appelée Mère de Dieu, mais seulement Mère du Christ, distinguant ainsi la personne du Christ et celle du Verbe.
Nestorius, évêque hérétique de Constantinople
Cette doctrine nouvelle et contraire à la croyance commune, causa un grand scandale, tant dans le clergé que parmi le peuple. La première fois qu’on entendit ce blasphème dans l’Église de Constantinople, les Fidèles s’enfuirent pour ne pas communiquer avec l’impie qui l`avait proféré. Ce premier cri de la Foi est; bien à remarquer, il ne manque jamais de s’élever à la naissance de toutes les hérésies; C’est-à-dire, toutes les fois que l’on donne atteinte à ce qui a toujours été cru.
Nestorius avait du crédit à la cour; il ne négligea rien pour mettre l’empereur dans ses intérêts, et pour répandre, parce moyen, ses erreurs de tous les côtés ; mais Dieu avait préparé un remède au mal, et à la Foi attaquée un illustre défenseur. Saint Cyrille, évêque d’Alexandrie, fut l’athlète invincible que la Providence opposa à l’hérésiarque.
Dès que le saint évêque fut averti des progrès de l’impiété, il publia un écrit , où il exposait clairement la vérité du mystère de l'lncarnation. «Je m’étonne, dit-il, comment ou peut mettre en doute si la sainte Vierge doit être appelée Mère de Dieu; car si Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu, la sainte Vierge, sa mère, est donc mère de Dieu. C’est la Foi que les Apôtres nous ont enseignée; c’est la doctrine de nos pères, non que la nature du Verbe ou la Divinité ait pris son commencement de Marie, mais parce qu’en elle a été formé et animé d’une âme raisonnable, le sacré corps auquel le Verbe s’est uni hypostatiquement; ce qui fait dire que le Verbe est né selon la chair; ainsi, dans l’ordre de la nature, quoique les mères n’aient aucune part à la création de l’âme, on ne laisse pas de dire qu’elles sont mères de l’homme entier, et non pas seulement du corps.»
St-Cyrille, Évêque de d`Alexandrie en Égypte, combat l`hérésie de Nestorius
Cet écrit de saint Cyrille fut bientôt répandu dans toutes les Églises de l’Orient, et il consola les Fidèles que la nouvelle erreur avait scandalisés. Saint Cyrille écrivit en particulier à Nestorius, pour essayer de le ramener à la vérité, il l’exhortait à faire cesser le scandale en nommant mère de Dieu la sainte Vierge. « Au reste, ajoutait-il, soyez persuadé que je suis prêt à souffrir tout, la prison et la mort, pour la Foi de Jésus-Christ.»
Cette lettre ne produisit aucun effet, la conversion d’un chef de parti est bien rare. Le saint évêque, voyant qu’il n’y avait rien à espérer de Nestorius, s’adressa au pape saint Célestin, il lui rendit compte de tout ce qui s’était passé, et de l’état où était l’Église de Constantinople; il le conjura d’apporter un prompt remède au mal. De son côté, Nestorius avait aussi envoyé au pape ses écrits signés de sa main. Le souverain Pontife tint à Rome une assemblée d’évêques, où les écrits de Nestorius furent examinés.
Sa doctrine fut trouvée contraire à celle des Pères, et unanimement condamnée. Pour notifier ce jugement, Célestin écrivit aux évêques des plus grands sièges d’Orient. Dans la lettre qu’il adressa à saint Cyrille, le pape loue son zèle et sa vigilance; il lui déclare qu’il approuve ses sentiments sur l’Incarnation; que si Nestorius continue à combattre la doctrine catholique, et si, dans un temps marqué, il n’anathématise sa doctrine impie, il sera retranché du corps de l’Église.
67 -Concile général d’Éphèse. Année 431.
Nestorius ne se soumit pas au jugement du saint siège; et comme tous les autres novateurs, il n’en fut que plus ardent à répandre son erreur. Quoi qu’il eût des protecteurs à la cour, l’empereur Théodose-le-Jeune, qui aimait singulièrement la religion, ouvrit les yeux en apprenant le soulèvement des Fidèles de Constantinople, et il se détermina à convoquer un concile œcuménique à Éphèse. La nouvelle de cette convocation remplit de joie tous les Catholiques. Les évêques s’y rendirent au nombre de deux cents, de toutes les parties du monde chrétien, et saint Cyrille y présida au nom du pape. Nestorius vint aussi à Éphèse, accompagné du comte Candidien, que l’empereur avait chargé de protéger le concile, mais qui favorisa ouvertement le parti de Nestorius. Cet hérésiarque ne voulut jamais se rendre à l'assemblée, quoiqu’on l’eût sommé trois fois juridiquement.
Il prétextait l’absence de Jean, évêque d’Antioche, et de ses suffragants, qui n’étaient point encore arrivés. Comme la lenteur de ces évêques paraissait affectée, et que le terme marqué par l’empereur Pour l’ouverture du concile était déjà passé de quinze jours, on tint la première session. Au milieu de l‘église, sur un trône élevé, était placé le livre des Évangiles, pour représenter l’assistance de Jésus-Christ, qui a promis de se trouver au milieu des pasteurs assemblés en son nom; spectacle saint et imposant, dont le concile d’Éphèse a donné le modèle à tous les conciles suivants. Les évêques étaient assis aux deux côtés, suivant la dignité de leurs sièges.
Comme Nestorius refusa constamment de paraître, il fallut examiner sa doctrine dans ses écrits. Dès que la lecture en eut été faite, on s’écria : « Anathème à ces erreurs impies, anathème à quiconque tient cette doctrine; elle est contraire aux saintes Écritures et à la tradition des Pères. » On lut ensuite la lettre du pape Célestin à Nestorius, et plusieurs passages des Pères les plus révérés, saint Cyprien, saint Athanase, saint Ambroise, saint Basile, que l’on mit en opposition avec les propositions de l’hérésiarque; puis chaque évêque ayant rendu témoignage de la Foi de son Église, on déclara solennellement la sainte Vierge mère de Dieu, et l’on prononça la sentence de déposition contre le novateur. Quand le peuple d’Éphèse eut appris le jugement, il poussa de grands cris de joie, et combla de bénédictions les Pères du concile; toute la ville d’Éphèse retentit du nom et des louanges de la mère de Dieu.
Concile d`Éphèse contre les erreurs de Nestorius en l`an 431
Les Prélats écrivirent à l’empereur pour l'informer e leur décision; mais le comte Candidien intercepta leurs lettres, et de concert avec Nestorius, il prévint Théodose contre eux par une fausse relation. Les lettres et les députés du concile ne pouvaient parvenir à l'empereur. On gardait les vaisseaux et les chemins; on leur fermait toutes les entrées, et la vérité aurait succombé, si Dieu ne lui avait donné la force de vaincre tous les obstacles, et de surmonter toutes les cabales formées contre elle. Un député, déguisé en mendiant, porta la véritable relation enfermée dans le creux d’une canne, et pénétra dans le palais. Lorsque l’empereur eut été mieux instruit de tout ce qui s’était passé à Éphèse, il relégua Nestorius dans un monastère d’Antioche; et comme cet hérésiarque continuait d’y prêcher ses erreurs, il fut exilé à Tasis en Égypte, où, quelques années après, il mourut misérablement.
68 - Grandes qualités du pape saint Léon.
Saint Léon avait été suscité de Dieu, principalement pour combattre l'hérésie d'Eutychès; mais ce ne fut pas l'unique service qu'il rendit à l'Église. Ce grand homme sauva deux fois son peuple, dans des crises où tout était désespéré. Attila, roi des Huns qui se faisait appeler le Fléau de Dieu, après avoir mis tout à feu et à sang dans l'Italie, s’avançait vers Rome, pour faire subir le même sort à cette ville.
Le Pape St-Léon le Grand – Gouverne l`Église de l`an 440 a 461
Attila, le roi des Huns ravage l`Italie
L’empereur, qui n’était pas en état de la défendre, consulta le sénat sur le parti qu’il y avait à prendre. On ne trouva d’autre ressource que d’envoyer au roi barbare une députation, pour essayer de le porter à la paix. Le pape saint Léon, persuadé que Dieu dispose à son gré des cœurs les plus inflexibles, se chargea de cette périlleuse négociation, et il l’exécuta avec une intrépidité qui en imposa à ce conquérant farouche. Attila n’avait rien de grand dans son extérieur, mais tout y était terrible et retraçait la férocité de son origine. Il était d’une petite taille, avait la poitrine large, la tête difforme en grosseur, les yeux étincelants, peu de barbe, et de cheveux, que les fatigues de la guerre avaient blanchis de bonne heure, le nez écrasé, le teint basané, la démarche fière et menaçante.
Les Huns sont un peuple nomade païen originaire de l`Asie centrale
La ville de Rome, capitale de l`empire romain d`Occident est saccagée par les tribus barbares
Saint Léon, armé d’une puissance invisible, mais supérieure à toutes les Forces humaines, parut avec un air assuré devant ce prince, que les plus puissants rois ses vassaux n’envisageaient qu’en tremblant, il lui parla avec respect, mais avec force, pour l’engager à rendre la tranquillité à l’Italie. La fermeté du prélat étonna ce prince féroce; il dit à ceux qui l’environnaient : « Je ne sais pourquoi les paroles de ce prêtre m’ont touché. » Devenu plus traitable, il écouta les propositions que lui fit l’empereur; il fit cesser les hostilités, et retira son armée de l’Italie.
L`empire d`Attila le Hun en Asie et les expéditions des Huns en Gaule en 451, en Italie en 452.
Tel est l’emprise de la vertu, qu’elle adoucit les âmes les plus féroces. Environ trois ans après, le saint Pontife en fit une nouvelle épreuve. Genséric, roi des Vandales, vint à son tour ravager l’ltalie; il laissa partout des traces de sa cruauté. Lorsqu’il était déjà dans les murs de Rome, saint Léon osa se présenter devant lui, et lui demander la vie des citoyens.
Genséric, le roi des Vandales envahi la ville de Rome en 455
Il lui parla avec tant de dignité et de sagesse, qu’il parvint à adoucir ce prince sanguinaire. Il obtint qu’on n'emploierait ni le fer ni le feu, et qu`on épargnerait les édifices et les habitants de cette grande ville. Saint Léon ne fit cependant que retarder la chute de l’empire romain en Occident. Les différentes provinces qui le composaient, devinrent bientôt après la proie de plusieurs peuples barbares qui l’envahirent successivement.
En décembre de l`an 406, les tribus germaniques des Goths avaient traversés le Rhin gelé, et formés des colonies militaires importantes avec d`autres tribus germaniques.
Odoacre, roi des Hérules, se rendit maître de l’Italie en 476, et détruisit cet empire; il lui donna le dernier coup par la prise de Rome; et il en éteignit jusqu’au nom dans l’Occident, en prenant le titre de roi d’Italie, qu'il jugea peut-être plus glorieux que celui d’empereur. Dans la confusion générale qui suivit ce grand événement, les nations barbares se jetèrent sur les provinces qui étaient à leur bienséance, et elles accoururent l’une après l’autre, pour avoir part aux dépouilles de ce vaste corps.
Romulus Augustule, le dernier empereur romain d`Occident doit faire sa soumission au chef barbare Odoacre
Les tribus barbares se partagent les dépouilles de l`empire romain d`Occident
Lutte pour une prisonnière romaine entre guerriers germaniques après la prise de Rome
C’est ainsi que le plus puissant empire du monde fut détruit environ 1 228 ans après que Romulus en eut jeté les fondements; exemple bien éclatant de la vicissitude des puissances humaines les mieux affermies. Ce ne sont pas seulement les sujets et les rois qui passent et disparaissent; les royaumes même périssent; il n’y a que celui que Jésus-Christ et établi par sa croix qui subsistera toujours.
Le village de Rome vers 750 avant la naissance du Christ
Dernière édition par MichelT le Mar 2 Avr 2019 - 2:04, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
69 - Conversion des Français. Année 496.
Quand le temps fut arrivé que l'empire romain devait tomber en Occident, Dieu ne laissa pas la Gaule, cette noble partie de la chrétienté sous des princes païens; il appela à la Foi, Clovis le roi des Francs. Ce peuple, sorti de la Germanie, avait déjà formé un établissement dans les Gaules.
Clovis le roi des Francs saliens et sa femme chrétienne Clotilde
Le prince, quoiqu’il fût encore païen, épousa une princesse chrétienne, et d’une grande piété. Clotilde c’était le nom de la vertueuse reine, lui parlait souvent de la Religion chrétienne, elle lui faisait sentir, dans des entretiens particuliers, la vanité des idoles; mais le roi avait peine à se rendre. Cependant Clotilde obtint qu’un fils, qu’elle
avait mis au monde, fût baptisé. L’enfant étant mort peu de jours après son baptême, Clovis s’en prenait à la reine, et attribuait cette mort à la colère de ses faux dieux.
La Gaule vers l`an 496 – En orange, le royaume de Clovis dans le nord du pays
Clotilde ne se rebuta point, la foi dont elle était animée, sécha ses larmes, que la tendresse maternelle faisait couler, et la soutint dans son affliction. Elle eut un second fils qu’elle fit encore baptiser. L’enfant tomba aussi malade, et le roi disait déjà qu’il mourrait certainement comme son frère, puisqu’il avait été baptisé comme lui. Clotilde eut recours à la prière, et Dieu, content d’avoir mis sa foi à cette épreuve, en récompensa le mérite, et rendit la santé au jeune prince.
Guerriers francs
Les grandes qualités de Clovis, et les espérances que l’on concevait de sa conversion, lui gagnèrent le cœur de ses nouveaux sujets; on faisait dans tout le royaume les vœux les plus ardents pour que Dieu daignât l’éclairer. Ils furent à la fin exaucés, et la divine Providence voulut que la conversion de ce prince, à laquelle était attachée celle de toute la nation des Francs, se fit par un miracle semblable à celui qui avait autrefois gagné à Jésus Christ le grand empereur romain Constantin. Une victoire miraculeuse fut pour ces deux princes le plus puissant attrait qui leur fit embrasser le christianisme.
Bataille de Tolbiac en 496
Les Alamans, peuple guerrier de la Germanie, à laquelle ils donnèrent leur nom avaient passé le Rhin, et s’avançaient vers la Gaule, pour la conquérir. Clovis marcha contre eux, et les joignit dans les plaines de Tolbiac, au duché de Juliers. Avant son départ, Clotilde lui avait dit que s’il voulait s’assurer de la victoire, il devait invoquer le Dieu des Chrétiens. On en vint aux mains; les troupes de Clovis commençaient à plier et à se rompre. Ce premier mouvement de désordre redoubla l’ardeur des Alamans, qui se croyaient déjà victorieux. Dans cette extrémité, Clovis se souvint des leçons de Clotilde, et s’adressant au Dieu de sa vertueuse épouse, il dit à haute voix : « Dieu que Clotilde adore, secourez moi; si vous me rendez victorieux, je n’adorerai plus d’autre Dieu que vous.»
Bataille de Tolbiac en 496 entre les Francs et les Alamans
Dieu avait marqué ce moment pour se faire connaître à Clovis par ses bienfaits. A peine ce prince eut-il achevé cette prière, que la Victoire passa tout-à-coup du côté des Francs. Les Alamans prirent la fuite, et presque tous ceux qui échappèrent au carnage se rendirent à discrétion.
70 - Baptême de Clovis.
On ne peut douter que la victoire ne vînt du Ciel, et la belliqueuse nation des Francs connut que le Dieu de Clotilde était le vrai Dieu des armées. Clovis repassa donc dans les Gaules avec son armée, pour accomplir le vœu solennel qu’il avait fait. Un saint empressement le porta à se faire instruire de nos mystères, même pendant la marche. Il prit pour ce sujet, en passant à Toul, un saint prêtre nommé Wast, qui avait une grande réputation de vertu. Clotilde fut comblée de joie, en apprenant la victoire et surtout la conversion de Clovis.
Elle alla au-devant de lui jusqu’à Reims, et elle le félicita sur les dispositions où elle le voyait, bien plus que sur la prospérité de ses armes. Saint Remi, évêque de cette ville, que Dieu avait orné de talents et de vertus, et qu’il avait placé sur ce grand siège, pour en faire l’apôtre des Français, acheva d`instruire le roi. Clovis ne délibéra plus sur son changement; il assembla ses soldats, et les exhorta à suivre son exemple, en renonçant à de vaines Idoles, pour adorer le Dieu à qui ils étaient redevables de la victoire. Il fut
tout-à-coup interrompu par les acclamations des Francs, qui s’écrièrent de toutes parts : « Nous renonçons aux dieux mortels; nous sommes prêts à adorer le vrai Dieu, le Dieu que prêche Rémi.»
St-Rémi Évêque de Reims en l`an 496
Clovis, charmé de trouver son armée dans les mêmes sentiments que lui, prit jour avec saint Remi pour recevoir le baptême, et ils convinrent que ce serait la veille de Noël. Remi, qui voulait frapper les yeux des Francs par ce que notre Religion a de plus auguste dans les cérémonies, n’omit rien pour rendre celle-ci éclatante. Il ordonna de tendre l'église et le baptistère des plus riches tapisseries; il fit allumer un grand nombre de cierges, où l’on avait mêlé avec la cire de précieux parfums, en sorte que le saint lieu paraissait rempli d’une odeur céleste.
Les Francs reçurent le baptême à Noel
Rien n'est plus magnifique que la description qui nous reste encore de la marche des nouveaux catéchumènes; les rues et les places publiques furent tendues, et l’on marcha en Procession avec les saints Évangiles et la croix depuis le palais du roi jusqu'à l’église, en chantant des hymnes et des litanies. Saint Remi tenait le roi par la main, la reine suivait avec les deux princesses, sœurs de Clovis, et plus de trois mille hommes de son armée, que son exemple avait gagnés à Jésus-Christ. Lorsque le roi fut arrivé au baptistère, il demanda le baptême. Le saint évêque lui dit: « Prince sicambre, baissez la tête sous le joug du Seigneur; adorez ce que vous avez brûlé, et brûlez ce que vous avez adoré. »
Baptême de Clovis, le roi des Francs saliens à Reims en l`an 496
Ensuite lui ayant fait confesser la Foi de la Trinité, il le baptisa et l'oignit du saint chrême. Les trois mille Francs qui l’accompagnaient, sans compter les femmes et les enfants, furent baptisés en même temps par les évêques et les autres ministres qui s'étaient rendus à Reims pour cette cérémonie. Des deux sœurs de Clovis, l’une reçut le baptême, et l'autre, qui était chrétienne, mais qui avait eu le malheur de tomber dans l'hérésie, fut réconciliée par l'onction du saint chrême. La nouvelle de la conversion de Clovis répandit la joie dans tout le monde chrétien. Le pape Anasthase y fut d'autant plus sensible, qu'il espérait trouver en ce prince un puissant protecteur de l'Église. C'était, en effet, le seul souverain qui fût alors catholique. Depuis qu'il eut embrassé la vraie Foi, il ne cessa de la protéger: exemple que ses successeurs ont imité depuis douze siècles, et qui leur a mérité le titre de rois très-chrétiens.
71 - Vertus de sainte Geneviève de Paris
Clovis avait beaucoup de vénération pour une sainte fille appelée Geneviève, qui vivait de son temps, et qui était devenue célèbre dans toute la Gaule par la pureté de sa vie et par l'éclat de ses miracles. Elle était née à Nanterre, près Paris. Saint Germain, évêque d'Auxerre, passant par ce lieu, remarqua en elle quelque chose d'extraordinaire; il l'exhorta à consacrer à Dieu sa virginité, il la conduisit à l'église, et lui donna la bénédiction des vierges. Le lendemain, il lui demanda si elle se souvenait de sa promesse, et lorsqu`elle eut répondu qu’elle l’exécuterait avec la grâce de Dieu, il lui donna une médaille de cuivre ou était empreinte la figure de la croix, lui recommandant de la porter à son cou, et lui défendant tout ornement enrichi d'or, d’argent, ou de pierreries.
St-Geneviève enfant
Depuis ce temps-là Geneviève fit de grands progrès dans la vertu: elle joignit à l’innocence les rigueurs de la pénitence la plus austère. Elle ne mangeait que deux fois la semaine; sa nourriture n’était que du pain d’orge ou quelques légumes, et elle ne buvait que de l'eau. Un jeûne si austère était soutenu par une prière fervente et presque continuelle.
St-Geneviève médite la Foi chrétienne tandis qu`un ange déchu cherche à éteindre sa Foi
Elle répandait, en présence de Dieu, une grande abondance de larmes. Sa vertu ne la mit point à couvert des traits de la calomnie, mais elle n`y opposa que la douceur et la patience. Dieu prit soin de la justifier; il fit éclater sa sainteté, en lui accordant le don des miracles et celui de prophétie. Le cruel Attila ayant tourné sa marche du côté de Paris, causait les plus vives alarmes dans cette ville. Geneviève exhorta les habitants a apaiser la colère de Dieu, par les prières, par les veilles et les jeûnes; elle s'unit à eux, et il lui fut révélé que ce fléau n’entrerait point à Paris.
St-Geneviève priant pour Paris
La prédiction s’accomplit, et Paris fut sauvé, depuis cet évènement, toutes les préventions se dissipèrent, et firent place à des sentiments de respect et de confiance. On venait de toutes parts implorer le secours de la sainte, rien ne lui coûtait, quand il s’agissait du service de Dieu et de l`avantage du prochain. Elle vint à bout, par le crédit que lui donnait sa vertu, de bâtir une église en l’honneur de Saint-Denis et de ses compagnons. Dans un temps de famine, elle entreprit un long voyage, pour faire venir des vivres aux Parisiens , qui en manquaient. On ne vit jamais mieux que dans cette vertueuse fille combien la sainteté est respectable, l'envie, qui l’avait d’abord persécutée, fut contrainte d’en faire l’éloge. Malgré ses austérités, elle parvint à une grande vieillesse.
St-Geneviève ravitaille Paris dans une famine
Après avoir passé quatre-vingt-dix ans dans la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres, elle mourut l’an 511. Son corps fut enterré auprès de celui de Clovis, dans l'église des apôtres saint Pierre et saint Paul, qui porte aujourd’hui le nom de sainte Geneviève. Les secours que cette sainte fille avait procurés à la ville de Paris , ne cessèrent point avec sa vie; elle continua après sa mort de protéger cette capitale, qui l’honore comme sa patronne, et qui regarde ses précieuses reliques comme une sauvegarde à laquelle elle n’a jamais eu recours en vain dans les calamités publiques.
St-Geneviève, vierge chrétienne
Quand le temps fut arrivé que l'empire romain devait tomber en Occident, Dieu ne laissa pas la Gaule, cette noble partie de la chrétienté sous des princes païens; il appela à la Foi, Clovis le roi des Francs. Ce peuple, sorti de la Germanie, avait déjà formé un établissement dans les Gaules.
Clovis le roi des Francs saliens et sa femme chrétienne Clotilde
Le prince, quoiqu’il fût encore païen, épousa une princesse chrétienne, et d’une grande piété. Clotilde c’était le nom de la vertueuse reine, lui parlait souvent de la Religion chrétienne, elle lui faisait sentir, dans des entretiens particuliers, la vanité des idoles; mais le roi avait peine à se rendre. Cependant Clotilde obtint qu’un fils, qu’elle
avait mis au monde, fût baptisé. L’enfant étant mort peu de jours après son baptême, Clovis s’en prenait à la reine, et attribuait cette mort à la colère de ses faux dieux.
La Gaule vers l`an 496 – En orange, le royaume de Clovis dans le nord du pays
Clotilde ne se rebuta point, la foi dont elle était animée, sécha ses larmes, que la tendresse maternelle faisait couler, et la soutint dans son affliction. Elle eut un second fils qu’elle fit encore baptiser. L’enfant tomba aussi malade, et le roi disait déjà qu’il mourrait certainement comme son frère, puisqu’il avait été baptisé comme lui. Clotilde eut recours à la prière, et Dieu, content d’avoir mis sa foi à cette épreuve, en récompensa le mérite, et rendit la santé au jeune prince.
Guerriers francs
Les grandes qualités de Clovis, et les espérances que l’on concevait de sa conversion, lui gagnèrent le cœur de ses nouveaux sujets; on faisait dans tout le royaume les vœux les plus ardents pour que Dieu daignât l’éclairer. Ils furent à la fin exaucés, et la divine Providence voulut que la conversion de ce prince, à laquelle était attachée celle de toute la nation des Francs, se fit par un miracle semblable à celui qui avait autrefois gagné à Jésus Christ le grand empereur romain Constantin. Une victoire miraculeuse fut pour ces deux princes le plus puissant attrait qui leur fit embrasser le christianisme.
Bataille de Tolbiac en 496
Les Alamans, peuple guerrier de la Germanie, à laquelle ils donnèrent leur nom avaient passé le Rhin, et s’avançaient vers la Gaule, pour la conquérir. Clovis marcha contre eux, et les joignit dans les plaines de Tolbiac, au duché de Juliers. Avant son départ, Clotilde lui avait dit que s’il voulait s’assurer de la victoire, il devait invoquer le Dieu des Chrétiens. On en vint aux mains; les troupes de Clovis commençaient à plier et à se rompre. Ce premier mouvement de désordre redoubla l’ardeur des Alamans, qui se croyaient déjà victorieux. Dans cette extrémité, Clovis se souvint des leçons de Clotilde, et s’adressant au Dieu de sa vertueuse épouse, il dit à haute voix : « Dieu que Clotilde adore, secourez moi; si vous me rendez victorieux, je n’adorerai plus d’autre Dieu que vous.»
Bataille de Tolbiac en 496 entre les Francs et les Alamans
Dieu avait marqué ce moment pour se faire connaître à Clovis par ses bienfaits. A peine ce prince eut-il achevé cette prière, que la Victoire passa tout-à-coup du côté des Francs. Les Alamans prirent la fuite, et presque tous ceux qui échappèrent au carnage se rendirent à discrétion.
70 - Baptême de Clovis.
On ne peut douter que la victoire ne vînt du Ciel, et la belliqueuse nation des Francs connut que le Dieu de Clotilde était le vrai Dieu des armées. Clovis repassa donc dans les Gaules avec son armée, pour accomplir le vœu solennel qu’il avait fait. Un saint empressement le porta à se faire instruire de nos mystères, même pendant la marche. Il prit pour ce sujet, en passant à Toul, un saint prêtre nommé Wast, qui avait une grande réputation de vertu. Clotilde fut comblée de joie, en apprenant la victoire et surtout la conversion de Clovis.
Elle alla au-devant de lui jusqu’à Reims, et elle le félicita sur les dispositions où elle le voyait, bien plus que sur la prospérité de ses armes. Saint Remi, évêque de cette ville, que Dieu avait orné de talents et de vertus, et qu’il avait placé sur ce grand siège, pour en faire l’apôtre des Français, acheva d`instruire le roi. Clovis ne délibéra plus sur son changement; il assembla ses soldats, et les exhorta à suivre son exemple, en renonçant à de vaines Idoles, pour adorer le Dieu à qui ils étaient redevables de la victoire. Il fut
tout-à-coup interrompu par les acclamations des Francs, qui s’écrièrent de toutes parts : « Nous renonçons aux dieux mortels; nous sommes prêts à adorer le vrai Dieu, le Dieu que prêche Rémi.»
St-Rémi Évêque de Reims en l`an 496
Clovis, charmé de trouver son armée dans les mêmes sentiments que lui, prit jour avec saint Remi pour recevoir le baptême, et ils convinrent que ce serait la veille de Noël. Remi, qui voulait frapper les yeux des Francs par ce que notre Religion a de plus auguste dans les cérémonies, n’omit rien pour rendre celle-ci éclatante. Il ordonna de tendre l'église et le baptistère des plus riches tapisseries; il fit allumer un grand nombre de cierges, où l’on avait mêlé avec la cire de précieux parfums, en sorte que le saint lieu paraissait rempli d’une odeur céleste.
Les Francs reçurent le baptême à Noel
Rien n'est plus magnifique que la description qui nous reste encore de la marche des nouveaux catéchumènes; les rues et les places publiques furent tendues, et l’on marcha en Procession avec les saints Évangiles et la croix depuis le palais du roi jusqu'à l’église, en chantant des hymnes et des litanies. Saint Remi tenait le roi par la main, la reine suivait avec les deux princesses, sœurs de Clovis, et plus de trois mille hommes de son armée, que son exemple avait gagnés à Jésus-Christ. Lorsque le roi fut arrivé au baptistère, il demanda le baptême. Le saint évêque lui dit: « Prince sicambre, baissez la tête sous le joug du Seigneur; adorez ce que vous avez brûlé, et brûlez ce que vous avez adoré. »
Baptême de Clovis, le roi des Francs saliens à Reims en l`an 496
Ensuite lui ayant fait confesser la Foi de la Trinité, il le baptisa et l'oignit du saint chrême. Les trois mille Francs qui l’accompagnaient, sans compter les femmes et les enfants, furent baptisés en même temps par les évêques et les autres ministres qui s'étaient rendus à Reims pour cette cérémonie. Des deux sœurs de Clovis, l’une reçut le baptême, et l'autre, qui était chrétienne, mais qui avait eu le malheur de tomber dans l'hérésie, fut réconciliée par l'onction du saint chrême. La nouvelle de la conversion de Clovis répandit la joie dans tout le monde chrétien. Le pape Anasthase y fut d'autant plus sensible, qu'il espérait trouver en ce prince un puissant protecteur de l'Église. C'était, en effet, le seul souverain qui fût alors catholique. Depuis qu'il eut embrassé la vraie Foi, il ne cessa de la protéger: exemple que ses successeurs ont imité depuis douze siècles, et qui leur a mérité le titre de rois très-chrétiens.
71 - Vertus de sainte Geneviève de Paris
Clovis avait beaucoup de vénération pour une sainte fille appelée Geneviève, qui vivait de son temps, et qui était devenue célèbre dans toute la Gaule par la pureté de sa vie et par l'éclat de ses miracles. Elle était née à Nanterre, près Paris. Saint Germain, évêque d'Auxerre, passant par ce lieu, remarqua en elle quelque chose d'extraordinaire; il l'exhorta à consacrer à Dieu sa virginité, il la conduisit à l'église, et lui donna la bénédiction des vierges. Le lendemain, il lui demanda si elle se souvenait de sa promesse, et lorsqu`elle eut répondu qu’elle l’exécuterait avec la grâce de Dieu, il lui donna une médaille de cuivre ou était empreinte la figure de la croix, lui recommandant de la porter à son cou, et lui défendant tout ornement enrichi d'or, d’argent, ou de pierreries.
St-Geneviève enfant
Depuis ce temps-là Geneviève fit de grands progrès dans la vertu: elle joignit à l’innocence les rigueurs de la pénitence la plus austère. Elle ne mangeait que deux fois la semaine; sa nourriture n’était que du pain d’orge ou quelques légumes, et elle ne buvait que de l'eau. Un jeûne si austère était soutenu par une prière fervente et presque continuelle.
St-Geneviève médite la Foi chrétienne tandis qu`un ange déchu cherche à éteindre sa Foi
Elle répandait, en présence de Dieu, une grande abondance de larmes. Sa vertu ne la mit point à couvert des traits de la calomnie, mais elle n`y opposa que la douceur et la patience. Dieu prit soin de la justifier; il fit éclater sa sainteté, en lui accordant le don des miracles et celui de prophétie. Le cruel Attila ayant tourné sa marche du côté de Paris, causait les plus vives alarmes dans cette ville. Geneviève exhorta les habitants a apaiser la colère de Dieu, par les prières, par les veilles et les jeûnes; elle s'unit à eux, et il lui fut révélé que ce fléau n’entrerait point à Paris.
St-Geneviève priant pour Paris
La prédiction s’accomplit, et Paris fut sauvé, depuis cet évènement, toutes les préventions se dissipèrent, et firent place à des sentiments de respect et de confiance. On venait de toutes parts implorer le secours de la sainte, rien ne lui coûtait, quand il s’agissait du service de Dieu et de l`avantage du prochain. Elle vint à bout, par le crédit que lui donnait sa vertu, de bâtir une église en l’honneur de Saint-Denis et de ses compagnons. Dans un temps de famine, elle entreprit un long voyage, pour faire venir des vivres aux Parisiens , qui en manquaient. On ne vit jamais mieux que dans cette vertueuse fille combien la sainteté est respectable, l'envie, qui l’avait d’abord persécutée, fut contrainte d’en faire l’éloge. Malgré ses austérités, elle parvint à une grande vieillesse.
St-Geneviève ravitaille Paris dans une famine
Après avoir passé quatre-vingt-dix ans dans la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres, elle mourut l’an 511. Son corps fut enterré auprès de celui de Clovis, dans l'église des apôtres saint Pierre et saint Paul, qui porte aujourd’hui le nom de sainte Geneviève. Les secours que cette sainte fille avait procurés à la ville de Paris , ne cessèrent point avec sa vie; elle continua après sa mort de protéger cette capitale, qui l’honore comme sa patronne, et qui regarde ses précieuses reliques comme une sauvegarde à laquelle elle n’a jamais eu recours en vain dans les calamités publiques.
St-Geneviève, vierge chrétienne
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
72 - Commencement de saint Benoît. Année 480
Benoit, que Dieu destinait à être le père de la vie cénobitique en Occident, ou du moins à donner une forme plus parfaite à cet état respectable, naquit de parents nobles à Nursie en Italie. Dès qu’il fut en âge d'apprendre les sciences, on l`envoya aux écoles publiques de Rome. Comme son cœur n’avait jamais été infecté du poison du vice, il craignit pour son innocence au milieu d’une troupe de jeunes gens, dont plusieurs menaient une vie fort déréglée.
St-Benoit est né vers 480 en Italie dans le province de Norcia a une centaine de Kilomètre au nord-ouest de Rome ( Ombrie actuelle)
Il se retira dans une caverne fort étroite, à quarante milles de Rome. Il y demeura trois ans, inconnu à tous les hommes, excepté à un saint moine, nommé Romain, qui lui apportait un peu de pain pour sa nourriture. Après cet espace de temps, il fut découvert, et il devint célèbre dans tout le voisinage. Alors les religieux d'un monastère voisin le demandèrent pour abbé. Benoît résista longtemps, et leur prédit qu’ils ne s’accommoderaient pas de sa manière de vivre. La prédiction ne fut que trop vraie.
Vaincu par leurs instances réitérées, il se chargea de la conduite du monastère; mais bientôt ces scélérats, ne pouvant souffrir sa régularité, résolurent de se défaire de ce saint abbé par le poison, et ils en mirent dans son verre. A l’heure du repas, saint Benoît fit sur le verre le signe de la croix, selon sa coutume, et le verre se cassa avec bruit.
L’homme de Dieu en comprit la cause, et vit de quel péril il avait été préservé; il se leva, et dit aux religieux, avec un air tranquille: « Pourquoi, frères, avez-vous voulu me traiter ainsi? Je vous avais bien prédit que vous seriez mécontents de votre choix; cherchez donc un supérieur qui vous convienne. » Puis il retourna dans sa première solitude.
Malgré le soin qu’il prit de s’y cacher, l’éclat de sa sainteté le fit connaître, et son désert devint bientôt un lieu habité. Comme plusieurs personnes le conjuraient de les conduire dans les voies de Dieu, il se vit obligé de les recevoir pour disciples. Il bâtit douze monastères, en chacun desquels il mit douze moines sous un supérieur, et retint auprès de lui ceux qui avaient encore besoin de ses instructions. Les jeunes gens venaient en foule le trouver, et les familles les plus illustres de Rome lui donnaient leurs enfants à élever. On comptait parmi ces enfants, Maur et Placide, fils de deux des premiers sénateurs.
Monastère Bénédictin de la règle de St-Benoit au Moyen-Âge
Ces jeunes gens, élevés à son école, devinrent eux-mêmes de grands saints, et en formèrent beaucoup d’autres. Un jour, le jeune Placide étant allé puiser de l’eau dans un lac, s’y laisse tomber, Saint Benoît, qui était dans le monastère, connut par une lumière surnaturelle ce qui venait d’arriver, et il dit à Maur:« Mon frère, courez vite, le jeune Placide est tombé dans l’eau. » Maur courut avec empressement jusqu’à l'endroit du lac où l’eau avait entraîné Placide. L’ayant pris par les cheveux, il revint avec la même diligence. Lorsqu’il fut à terre, il regarda derrière lui, et voyant qu'il avait marché sur l’eau, il en fut épouvanté. Il raconta la chose à saint Benoît, qui attribua ce miracle à son obéissance; mais Maur l’attribuait aux prières de saint Benoît. C'est saint Grégoire-le-Grand qui rapporte ce miracle.
La basilique de St-Benoit de Nursie dans le centre de l`Italie en a été détruite par un tremblement de terre en 2016.
73 - Fondation du monastère du Mont-Cassin.
Le principal établissement de saint Benoît fut le monastère du Mont-Cassin. Il était situé au royaume de Naples, et devint comme le centre de son ordre. Quand le saint abbé s’y rendit pour la première fois, il restait sur cette montagne un ancien temple d'Apollon, que les paysans des environs adoraient encore. Benoît y étant arrivé, brisa l’idole
et l’autel, et vint à bout, par ses discours et par ses miracles, de convertir ce pauvre peuple.
Le monastère du Mont-Cassin en Italie
Dieu accorda alors à son serviteur le don de prophétie, et rendit sa sainteté éclatante par un grand nombre de merveilles. Totila, roi des Goths, frappé de tout ce qu’on lui racontait du saint abbé voulut le voir. Il vint au Mont-Cassin; et pour éprouver s’il connaissait les choses cachées, comme on le lui avait dit, il fit savoir au saint homme qu’il allait le visiter; mais il envoya d’abord au monastère un de ses officiers, qu’il fit revêtir de ses habits royaux, et accompagner d’un nombreux cortège. Benoît, qui n’avait jamais vu Totila, ne prit point le change; dès qu’il aperçut l’officier, il lui cria : « Quittez, mon fils, quittez l’habit que vous portez; il ne vous appartient pas. » Cet officier et tous ceux qui l’accompagnait, saisis d’étonnement, allèrent dire à Totila ce qui leur était arrivé.
Totila, le roi Ostrogoth païen d`Italie de l`an 541 a 552
Alors ce prince, ne doutant plus qu’il n’y eût quelque chose de merveilleux dans cet homme extraordinaire, y alla lui-même. Il l’aborda avec une crainte respectueuse, se prosterna à ses pieds, et y resta jusqu’à ce que le saint homme l’eut relevé. Saint Benoît lui donna des avis salutaires, et lui prédit les principaux évènements de sa vie. Totila se recommanda à ses prières, et se montra, dans la suite, plus humain qu’il n’avait été jusqu’alors. Peu de temps après, quand il eut pris la ville de Naples, il traita les prisonniers avec une bonté que l’on ne devait pas attendre d'un conquérant barbare.
Guerrier Ostrogoth
Saint Benoît envoya en France plusieurs de ses disciples, pour y fonder des monastères. Il prédit sa mort, quelque temps avant la maladie dont il fut attaqué, il fit ouvrir son
sépulcre, et bientôt après, une fièvre violente le saisit. Comme elle augmentait tous les jours, il se fit porter à l’église, où il reçut le corps et le sang de Jésus-Christ, puis levant les mains au Ciel il expira à l’âge de soixante-trois ans. Saint Benoît a laissé à ses disciples une règle admirable, qui a mérité les éloges du pape saint Grégoire. On y voit un homme consommé dans la science du salut, et suscité par l’esprit de Dieu pour conduire les âmes à la plus sublime perfection. Cette règle a été trouvée si sage, si pleine de discrétion, que tous les moines d’Occident ont fait profession de la suivre.
Cosme de Médicis
Le célèbre Côme de Médicis, et plusieurs autres habiles législateurs lisaient souvent la règle de saint Benoît; ils la regardaient comme un fonds riche de maximes propres à former dans l’art de bien gouverner les hommes. Aussi ce pieux établissement devint-il une source d’avantages précieux en tous genres; outre les grands exemples de vertu qu’on y voit briller, c’est dans ces asiles respectables que l’on a conservé la plus grande partie des faits historiques arrivés dans les premiers siècles de la monarchie : c’est là que les sciences et les lettres se sont perpétuées après le ravage des Barbares.
Benoit, que Dieu destinait à être le père de la vie cénobitique en Occident, ou du moins à donner une forme plus parfaite à cet état respectable, naquit de parents nobles à Nursie en Italie. Dès qu’il fut en âge d'apprendre les sciences, on l`envoya aux écoles publiques de Rome. Comme son cœur n’avait jamais été infecté du poison du vice, il craignit pour son innocence au milieu d’une troupe de jeunes gens, dont plusieurs menaient une vie fort déréglée.
St-Benoit est né vers 480 en Italie dans le province de Norcia a une centaine de Kilomètre au nord-ouest de Rome ( Ombrie actuelle)
Il se retira dans une caverne fort étroite, à quarante milles de Rome. Il y demeura trois ans, inconnu à tous les hommes, excepté à un saint moine, nommé Romain, qui lui apportait un peu de pain pour sa nourriture. Après cet espace de temps, il fut découvert, et il devint célèbre dans tout le voisinage. Alors les religieux d'un monastère voisin le demandèrent pour abbé. Benoît résista longtemps, et leur prédit qu’ils ne s’accommoderaient pas de sa manière de vivre. La prédiction ne fut que trop vraie.
Vaincu par leurs instances réitérées, il se chargea de la conduite du monastère; mais bientôt ces scélérats, ne pouvant souffrir sa régularité, résolurent de se défaire de ce saint abbé par le poison, et ils en mirent dans son verre. A l’heure du repas, saint Benoît fit sur le verre le signe de la croix, selon sa coutume, et le verre se cassa avec bruit.
L’homme de Dieu en comprit la cause, et vit de quel péril il avait été préservé; il se leva, et dit aux religieux, avec un air tranquille: « Pourquoi, frères, avez-vous voulu me traiter ainsi? Je vous avais bien prédit que vous seriez mécontents de votre choix; cherchez donc un supérieur qui vous convienne. » Puis il retourna dans sa première solitude.
Malgré le soin qu’il prit de s’y cacher, l’éclat de sa sainteté le fit connaître, et son désert devint bientôt un lieu habité. Comme plusieurs personnes le conjuraient de les conduire dans les voies de Dieu, il se vit obligé de les recevoir pour disciples. Il bâtit douze monastères, en chacun desquels il mit douze moines sous un supérieur, et retint auprès de lui ceux qui avaient encore besoin de ses instructions. Les jeunes gens venaient en foule le trouver, et les familles les plus illustres de Rome lui donnaient leurs enfants à élever. On comptait parmi ces enfants, Maur et Placide, fils de deux des premiers sénateurs.
Monastère Bénédictin de la règle de St-Benoit au Moyen-Âge
Ces jeunes gens, élevés à son école, devinrent eux-mêmes de grands saints, et en formèrent beaucoup d’autres. Un jour, le jeune Placide étant allé puiser de l’eau dans un lac, s’y laisse tomber, Saint Benoît, qui était dans le monastère, connut par une lumière surnaturelle ce qui venait d’arriver, et il dit à Maur:« Mon frère, courez vite, le jeune Placide est tombé dans l’eau. » Maur courut avec empressement jusqu’à l'endroit du lac où l’eau avait entraîné Placide. L’ayant pris par les cheveux, il revint avec la même diligence. Lorsqu’il fut à terre, il regarda derrière lui, et voyant qu'il avait marché sur l’eau, il en fut épouvanté. Il raconta la chose à saint Benoît, qui attribua ce miracle à son obéissance; mais Maur l’attribuait aux prières de saint Benoît. C'est saint Grégoire-le-Grand qui rapporte ce miracle.
La basilique de St-Benoit de Nursie dans le centre de l`Italie en a été détruite par un tremblement de terre en 2016.
73 - Fondation du monastère du Mont-Cassin.
Le principal établissement de saint Benoît fut le monastère du Mont-Cassin. Il était situé au royaume de Naples, et devint comme le centre de son ordre. Quand le saint abbé s’y rendit pour la première fois, il restait sur cette montagne un ancien temple d'Apollon, que les paysans des environs adoraient encore. Benoît y étant arrivé, brisa l’idole
et l’autel, et vint à bout, par ses discours et par ses miracles, de convertir ce pauvre peuple.
Le monastère du Mont-Cassin en Italie
Dieu accorda alors à son serviteur le don de prophétie, et rendit sa sainteté éclatante par un grand nombre de merveilles. Totila, roi des Goths, frappé de tout ce qu’on lui racontait du saint abbé voulut le voir. Il vint au Mont-Cassin; et pour éprouver s’il connaissait les choses cachées, comme on le lui avait dit, il fit savoir au saint homme qu’il allait le visiter; mais il envoya d’abord au monastère un de ses officiers, qu’il fit revêtir de ses habits royaux, et accompagner d’un nombreux cortège. Benoît, qui n’avait jamais vu Totila, ne prit point le change; dès qu’il aperçut l’officier, il lui cria : « Quittez, mon fils, quittez l’habit que vous portez; il ne vous appartient pas. » Cet officier et tous ceux qui l’accompagnait, saisis d’étonnement, allèrent dire à Totila ce qui leur était arrivé.
Totila, le roi Ostrogoth païen d`Italie de l`an 541 a 552
Alors ce prince, ne doutant plus qu’il n’y eût quelque chose de merveilleux dans cet homme extraordinaire, y alla lui-même. Il l’aborda avec une crainte respectueuse, se prosterna à ses pieds, et y resta jusqu’à ce que le saint homme l’eut relevé. Saint Benoît lui donna des avis salutaires, et lui prédit les principaux évènements de sa vie. Totila se recommanda à ses prières, et se montra, dans la suite, plus humain qu’il n’avait été jusqu’alors. Peu de temps après, quand il eut pris la ville de Naples, il traita les prisonniers avec une bonté que l’on ne devait pas attendre d'un conquérant barbare.
Guerrier Ostrogoth
Saint Benoît envoya en France plusieurs de ses disciples, pour y fonder des monastères. Il prédit sa mort, quelque temps avant la maladie dont il fut attaqué, il fit ouvrir son
sépulcre, et bientôt après, une fièvre violente le saisit. Comme elle augmentait tous les jours, il se fit porter à l’église, où il reçut le corps et le sang de Jésus-Christ, puis levant les mains au Ciel il expira à l’âge de soixante-trois ans. Saint Benoît a laissé à ses disciples une règle admirable, qui a mérité les éloges du pape saint Grégoire. On y voit un homme consommé dans la science du salut, et suscité par l’esprit de Dieu pour conduire les âmes à la plus sublime perfection. Cette règle a été trouvée si sage, si pleine de discrétion, que tous les moines d’Occident ont fait profession de la suivre.
Cosme de Médicis
Le célèbre Côme de Médicis, et plusieurs autres habiles législateurs lisaient souvent la règle de saint Benoît; ils la regardaient comme un fonds riche de maximes propres à former dans l’art de bien gouverner les hommes. Aussi ce pieux établissement devint-il une source d’avantages précieux en tous genres; outre les grands exemples de vertu qu’on y voit briller, c’est dans ces asiles respectables que l’on a conservé la plus grande partie des faits historiques arrivés dans les premiers siècles de la monarchie : c’est là que les sciences et les lettres se sont perpétuées après le ravage des Barbares.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
74 - Conversion de l’ Angleterre. Année 596.
La Foi avait été prêchée en Angleterre, dès le second siècle; mais elle y était éteinte depuis que les Saxons païens avaient conquis ce royaume, et qu’ils en avaient chassé les anciens habitants. St Grégoire-le-Grand, n’étant encore que diacre, conçut le dessein de rétablir le Christianisme en ce pays. Un jour qu'il passait par le marché de Rome, il remarqua quelques esclaves anglais qu’on y avait exposés en vente; il demanda au marchand si ces esclaves étaient Chrétiens.
Le futur Pape Grégoire le Grand voit des esclaves païens anglo-saxons à Rome
Invasion des tribus païennes des Angles, des Saxons et des Jutes en Grande-Bretagne vers l`an 400.
St-Grégoire le Grand, Pape et Docteur de l`Église
Ayant appris qu’ils étaient païens: «C`est dommage, dit-il, qu'un peuple si bien fait soit sous la puissance de l`ange déchu (le démon). » Il aurait entrepris lui-même cette mission, si on ne l’en eût empêché; mais il ne la perdit point de vue et lorsqu’il eut été placé sur la chaire de St Pierre, son premier soin fut d’exécuter le projet qu’il méditait depuis longtemps. Il envoya en Angleterre quarante missionnaires, à qui il donna pour chef, Augustin, prieur du monastère de Saint-André. Cette troupe apostolique partit avec courage pour aller annoncer Jésus Christ à un nouveau peuple, et elle aborda au pays de Kent.
Les missionnaires ont débarqué dans la région de Douvres
Le prieur St-Augustin (de Canterbury) et quarante moines d`Italie sont chargés par le Pape Grégoire le Grand d`évangéliser l`Angleterre
Le roi, qui se nommait Ethelbert, accorda aux missionnaires une audience publique. Ils s’y rendirent, marchant en ordre de procession, portant une croix d’argent avec l'image du Sauveur, et demandant à Dieu le salut des peuples pour qui ils venaient de si loin. Le roi les fit asseoir pour les entendre à loisir. «Nous vous annonçons, lui dit Augustin, la plus heureuse nouvelle. Dieu qui nous a envoyés, vous offre, après cette vie, un royaume infiniment plus glorieux et plus durable que celui d'Angleterre.»
St-Augustin de Canterbury est reçu en audience par le roi Ethelbert dans le pays du Kent vers l`an 595
«Voilà de belles promesses, dit le roi; mais comme elles sont nouvelles, je ne puis abandonner ce que j’ai observé si longtemps avec toute la nation des Anglais cependant je ne vous empêche pas d'attirer à votre religion ceux que vous pourrez persuader; et comme vous venez de loin pour nous faire part de ce que vous croyez être le meilleur, je veux que l’on vous fournisse aussi tout ce qui est nécessaire à votre subsistance. »
Les saints missionnaires se mirent à prêcher l’Évangile. Leur conduite était une image fidèle de la vie des Apôtres. La pureté de leurs mœurs, leur frugalité, leur désintéressement, et le don des miracles que Dieu leur accorda, touchèrent un grand nombre de païens, qui renoncèrent à leurs superstitions, et demandèrent le baptême. Le roi lui-même, frappé de l’éclat de leurs vertus et des miracles qu’ils opéraient, se convertit. Sa conversion fut suivie de celle d’une multitude innombrable de ses sujets.
Le baptême du Roi Ethelbert par St-Augustin de Canterbury
Le roi, depuis son baptême, était plein de zèle pour les progrès de la Religion chrétienne dans ses états; mais il ne contraignait personne, ayant appris des missionnaires que le service de Jésus-Christ doit être volontaire; il se contentait de témoigner de la confiance et une bienveillance particulière à ceux qui, comme lui, professaient la véritable religion.
St-Augustine`s abbey, Canterbury dans le Kent
75 - Saint Augustin sacré archevêque de Canterbury
Pour donner une forme à l’Église naissante d'Angleterre, et pour l’établir de manière qu’elle pût subsister, St Augustin passa en France, et reçut la consécration épiscopale des mains de l’évêque d’Arles, qui était vicaire du saint siège dans les Gaules. Il retourna ensuite en Angleterre, où il produisit les fruits les plus abondants, parce que Dieu appuyait sa prédication par des miracles éclatants et multipliés; il baptisa plus de deux mille personnes à Canterbury, le jour de Noël.
Le baptême des anglo-saxons dans le Kent
Fête de Noel en Angleterre
Le bruit des merveilles que St Augustin opérait en Angleterre, parvint jusqu’à Rome; et St Grégoire lui écrivit pour lui donner des avis salutaires, et pour lui apprendre à trembler parmi les miracles continuels que Dieu opérait par son ministère. Après l’avoir félicité de la conversion des Anglais, il lui dit : « Cette joie, mon cher frère, doit être mêlée de crainte car je sais que Dieu a fait pour vous de grandes choses au milieu de cette nation. Souvenons-nous donc que quand les Apôtres disaient avec joie à leur divin Maître : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en votre nom, il leur répondit: Ce n'est point de cela que vous devez vous réjouir, mais plutôt de ce que vos noms sont écrits dans le ciel. Tandis que Dieu agit ainsi par vous au-dehors, vous devez, mon cher frère, vous juger sévèrement au-dedans, et bien connaître qui vous êtes. Si vous vous souvenez d’avoir offensé Dieu par paroles ou par actions, ayez toujours ces fautes présentes à l’esprit, pour réprimer la complaisance secrète qui pourrait se glisser dans votre cœur; songez que ce don des miracles ne vous est pas donné pour vous, mais pour ceux dont vous devez procurer le salut. Vous savez ce que dit la vérité même dans l’Évangile : «Plusieurs viendront me dire : Nous avons fait des miracles en votre nom; et je leur déclarerai que je ne les ai jamais connus.»
Les Diocèses Grande-Bretagne vers l`an 900
Rien ne prouve mieux la vérité des miracles de St Augustin, que ces avis si sérieux de St Grégoire. A mesure que les conversions se multipliaient en Angleterre, le pape y envoyait de nouveaux ouvriers pour cultiver ce champ que la grâce rendait si fécond. Il fit venir à Rome de jeunes Anglais, que l'on instruisait dans les monastères, pour les renvoyer ensuite dans leur pays, travailler à y étendre la Religion chrétienne. Le zèle de ce saint pape embrassait toute l’Église, et veillait sur tous ses besoins. Malgré la faiblesse de sa complexion, il ne s’accordait aucun repos dans ses fonctions apostoliques, il corrigeait les abus et maintenait la pureté de la discipline, il protégeait les faibles et secourait les pauvres, à qui il faisait de si grandes aumônes, qu’i manquait quelquefois lui-même du nécessaire.
Quoiqu’il fût accablé d’affaires, il ne se dispensa jamais d’instruire son peuple, il le faisait de vive voix et par écrit. Il a composé un grand nombre d’ouvrages, où il explique les principes et les maximes de la morale chrétienne d’une manière également lumineuse et solide. Tant de travaux et une application si continuelle achevèrent de ruiner sa santé, et le conduisirent au bonheur qu’il désirait uniquement. St Augustin de Canterbury, son cher disciple, ne lui survécut que trois ans, et il alla recevoir la même récompense.[/b]
La Foi avait été prêchée en Angleterre, dès le second siècle; mais elle y était éteinte depuis que les Saxons païens avaient conquis ce royaume, et qu’ils en avaient chassé les anciens habitants. St Grégoire-le-Grand, n’étant encore que diacre, conçut le dessein de rétablir le Christianisme en ce pays. Un jour qu'il passait par le marché de Rome, il remarqua quelques esclaves anglais qu’on y avait exposés en vente; il demanda au marchand si ces esclaves étaient Chrétiens.
Le futur Pape Grégoire le Grand voit des esclaves païens anglo-saxons à Rome
Invasion des tribus païennes des Angles, des Saxons et des Jutes en Grande-Bretagne vers l`an 400.
St-Grégoire le Grand, Pape et Docteur de l`Église
Ayant appris qu’ils étaient païens: «C`est dommage, dit-il, qu'un peuple si bien fait soit sous la puissance de l`ange déchu (le démon). » Il aurait entrepris lui-même cette mission, si on ne l’en eût empêché; mais il ne la perdit point de vue et lorsqu’il eut été placé sur la chaire de St Pierre, son premier soin fut d’exécuter le projet qu’il méditait depuis longtemps. Il envoya en Angleterre quarante missionnaires, à qui il donna pour chef, Augustin, prieur du monastère de Saint-André. Cette troupe apostolique partit avec courage pour aller annoncer Jésus Christ à un nouveau peuple, et elle aborda au pays de Kent.
Les missionnaires ont débarqué dans la région de Douvres
Le prieur St-Augustin (de Canterbury) et quarante moines d`Italie sont chargés par le Pape Grégoire le Grand d`évangéliser l`Angleterre
Le roi, qui se nommait Ethelbert, accorda aux missionnaires une audience publique. Ils s’y rendirent, marchant en ordre de procession, portant une croix d’argent avec l'image du Sauveur, et demandant à Dieu le salut des peuples pour qui ils venaient de si loin. Le roi les fit asseoir pour les entendre à loisir. «Nous vous annonçons, lui dit Augustin, la plus heureuse nouvelle. Dieu qui nous a envoyés, vous offre, après cette vie, un royaume infiniment plus glorieux et plus durable que celui d'Angleterre.»
St-Augustin de Canterbury est reçu en audience par le roi Ethelbert dans le pays du Kent vers l`an 595
«Voilà de belles promesses, dit le roi; mais comme elles sont nouvelles, je ne puis abandonner ce que j’ai observé si longtemps avec toute la nation des Anglais cependant je ne vous empêche pas d'attirer à votre religion ceux que vous pourrez persuader; et comme vous venez de loin pour nous faire part de ce que vous croyez être le meilleur, je veux que l’on vous fournisse aussi tout ce qui est nécessaire à votre subsistance. »
Les saints missionnaires se mirent à prêcher l’Évangile. Leur conduite était une image fidèle de la vie des Apôtres. La pureté de leurs mœurs, leur frugalité, leur désintéressement, et le don des miracles que Dieu leur accorda, touchèrent un grand nombre de païens, qui renoncèrent à leurs superstitions, et demandèrent le baptême. Le roi lui-même, frappé de l’éclat de leurs vertus et des miracles qu’ils opéraient, se convertit. Sa conversion fut suivie de celle d’une multitude innombrable de ses sujets.
Le baptême du Roi Ethelbert par St-Augustin de Canterbury
Le roi, depuis son baptême, était plein de zèle pour les progrès de la Religion chrétienne dans ses états; mais il ne contraignait personne, ayant appris des missionnaires que le service de Jésus-Christ doit être volontaire; il se contentait de témoigner de la confiance et une bienveillance particulière à ceux qui, comme lui, professaient la véritable religion.
St-Augustine`s abbey, Canterbury dans le Kent
75 - Saint Augustin sacré archevêque de Canterbury
Pour donner une forme à l’Église naissante d'Angleterre, et pour l’établir de manière qu’elle pût subsister, St Augustin passa en France, et reçut la consécration épiscopale des mains de l’évêque d’Arles, qui était vicaire du saint siège dans les Gaules. Il retourna ensuite en Angleterre, où il produisit les fruits les plus abondants, parce que Dieu appuyait sa prédication par des miracles éclatants et multipliés; il baptisa plus de deux mille personnes à Canterbury, le jour de Noël.
Le baptême des anglo-saxons dans le Kent
Fête de Noel en Angleterre
Le bruit des merveilles que St Augustin opérait en Angleterre, parvint jusqu’à Rome; et St Grégoire lui écrivit pour lui donner des avis salutaires, et pour lui apprendre à trembler parmi les miracles continuels que Dieu opérait par son ministère. Après l’avoir félicité de la conversion des Anglais, il lui dit : « Cette joie, mon cher frère, doit être mêlée de crainte car je sais que Dieu a fait pour vous de grandes choses au milieu de cette nation. Souvenons-nous donc que quand les Apôtres disaient avec joie à leur divin Maître : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en votre nom, il leur répondit: Ce n'est point de cela que vous devez vous réjouir, mais plutôt de ce que vos noms sont écrits dans le ciel. Tandis que Dieu agit ainsi par vous au-dehors, vous devez, mon cher frère, vous juger sévèrement au-dedans, et bien connaître qui vous êtes. Si vous vous souvenez d’avoir offensé Dieu par paroles ou par actions, ayez toujours ces fautes présentes à l’esprit, pour réprimer la complaisance secrète qui pourrait se glisser dans votre cœur; songez que ce don des miracles ne vous est pas donné pour vous, mais pour ceux dont vous devez procurer le salut. Vous savez ce que dit la vérité même dans l’Évangile : «Plusieurs viendront me dire : Nous avons fait des miracles en votre nom; et je leur déclarerai que je ne les ai jamais connus.»
Les Diocèses Grande-Bretagne vers l`an 900
Rien ne prouve mieux la vérité des miracles de St Augustin, que ces avis si sérieux de St Grégoire. A mesure que les conversions se multipliaient en Angleterre, le pape y envoyait de nouveaux ouvriers pour cultiver ce champ que la grâce rendait si fécond. Il fit venir à Rome de jeunes Anglais, que l'on instruisait dans les monastères, pour les renvoyer ensuite dans leur pays, travailler à y étendre la Religion chrétienne. Le zèle de ce saint pape embrassait toute l’Église, et veillait sur tous ses besoins. Malgré la faiblesse de sa complexion, il ne s’accordait aucun repos dans ses fonctions apostoliques, il corrigeait les abus et maintenait la pureté de la discipline, il protégeait les faibles et secourait les pauvres, à qui il faisait de si grandes aumônes, qu’i manquait quelquefois lui-même du nécessaire.
Quoiqu’il fût accablé d’affaires, il ne se dispensa jamais d’instruire son peuple, il le faisait de vive voix et par écrit. Il a composé un grand nombre d’ouvrages, où il explique les principes et les maximes de la morale chrétienne d’une manière également lumineuse et solide. Tant de travaux et une application si continuelle achevèrent de ruiner sa santé, et le conduisirent au bonheur qu’il désirait uniquement. St Augustin de Canterbury, son cher disciple, ne lui survécut que trois ans, et il alla recevoir la même récompense.[/b]
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
76 - Mahomet s’érige en prophète. Année 612.
La conversion des peuples du Nord au christianisme, dédommageait l’Église des pertes qu’elle allait faire en Orient. Nous aurons souvent occasion de remarquer cette économie de la sagesse et de la justice de Dieu, qui fait passer le flambeau de la Foi d’un peuple à un autre, de manière que l’Église gagne dans un pays ce qu’elle perd ailleurs, et qu’elle reste toujours catholique.
Mahomet, qui lui enleva les plus belles provinces de l’Orient, naquit à la Mecque dans l’Arabie. Son père était Païen et sa mère Juive. Il perdit l’un et l’autre étant encore fort jeune, et il fut élevé par un oncle, qui le mit dans le commerce. Il épousa, dans la suite une riche veuve dont il était le facteur. Âgé d’environ quarante ans, il commença à faire le prophète, et se disant inspiré de Dieu, sans en fournir aucune preuve, il inventa une religion nouvelle, qui était un mélange de judaïsme et de christianisme, auquel il ajouta quelques dogmes qui étaient particuliers aux habitants de l’Arabie.
La polygamie est permise en Islam
Il enseignait qu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais sans distinction de personnes dans la Divinité. Il rejetait l’Incarnation et les autres mystères de la Religion chrétienne. Il admettait la circoncision, et prescrivait l’abstinence du vin, du sang et de la chair de porc; mais il permit à chaque homme d`avoir plusieurs femmes et il en prit lui-même jusqu’à dix à la fois. Il exhortait le peuple à Prendre les armes pour la religion, promettant à ceux qui mourraient en combattant, un paradis où l'on jouirait de tous les plaisirs des sens.
Quand on lui demandait des miracles pour preuve de sa mission, il disait qu’il n'était pas envoyé pour faire des miracles, mais pour étendre la religion par l’épée. Comme il ne savait ni lire ni écrire, il fit rédiger par un autre ses dogmes impies, et il donna à ce livre le nom d’Alcoran. Il était sujet à des attaques d’épilepsie, et il les fit passer pour des extases occasionnées par des visites de l’Ange Gabriel, qui venait lui révéler ces dogmes.
Il fut suivi par des voleurs et des esclaves fugitifs, qui se rendirent en foule autour de lui avec d’autant plus d’empressement, qu’il leur accordait la liberté de satisfaire leurs désirs sensuels. Après en avoir formé un petit corps d'armée, il se mit à leur tête comme leur chef et leur législateur. Il attaqua d’abord les caravanes qui traversaient l’Arabie pour le négoce; il réussit, et par-là il enrichit ses sectateurs et agrandit ses projets. Lorsque sa petite armée se fut considérablement augmentée, il marcha contre la ville de la Mecque, et la prit. Il soumit ensuite les différentes tribus des Arabes l`une après l'autre, forçant les peuples à se soumettre à sa domination, et à embrasser sa religion.
La Mecque en Arabie saoudite
Ses progrès furent si rapides, qu’il s’était rendu maître de presque toute l’Arabie, quand il mourut en l`an 631. Ses successeurs continuèrent ses conquêtes, et formèrent en peu de temps un empire très-étendu; mais on voit par quels moyens cette secte s’est répandue; c’est à la violence et à l’amour du plaisir qu'elle doit ses succès. Mahomet a établi sa religion en lâchant la bride aux passions humaines, en égorgeant ceux qui refusaient de l’embrasser; au lieu que les Apôtres ont établi la Religion chrétienne en mettant un frein à toutes les passions humaines et en se laissant égorger. Il n’y a rien que de naturel d'un côté, et tout est manifestement divin de l’autre.
77 - Prise de Jérusalem par Chosroès, roi de Perse, Année 614.
Les Perses, sous la conduite de Chosroès leur roi, attaquèrent l’empire romain d’Orient avec une violence terrible. Ayant passé l’Euphrate, ils s'emparèrent de la ville d’Apamée, et portèrent le ravage jusqu'aux portes d’Antioche. Une armée romaine, qui se rencontra sur leur passage, fut taillée en pièces. Ils pénétrèrent dans la Palestine, et passèrent le Jourdain. Les rives de ce fleuve, dans toute l’étendue de son cours, furent couvertes de ruines.
Le général perse Shahrbaraz et la princesse Boran font leur entrée à Jérusalem. Une force combinée de troupes perses et juives s`emparèrent de nombreux territoires.
Les habitants des campagnes avaient pris la fuite; mais les solitaires, qui ne purent se résoudre à sortir de leurs cellules souffrirent d’abord d’horribles tortures de la part des soldats perses, et furent enfin cruellement massacrés. L’armée marcha ensuite à Jérusalem, où elle entra sans aucune résistance. La garnison avait abandonné la ville, et une terreur générale s’était répandue dans le cœur de tous les citoyens. Les Perses y mirent tout à feu et à sang; un grand nombre de prêtres, de moines et de religieuses y périrent. C’était principalement à eux qu’en voulait ce peuple païen et ennemi du christianisme.
Le reste des habitants, hommes, femmes, enfants, furent chargés de fers, pour être traînés au-delà du Tigre. Les Juifs furent épargnés, à cause de la haine qu’ils portaient aux Chrétiens, et qu`ils signalèrent en cette occasion, en poussant même leur rage encore plus loin que les Païens. Ils achetèrent des Perses tout ce qu’ils purent de Chrétiens captifs, pour se donner le plaisir barbare de les faire mourir à leur gré. Il y en eut jusqu’à quatre-vingt mille que les Juifs massacrèrent ainsi. L'évêque Zacharie fut emmené en captivité. Le saint sépulcre et les églises de Jérusalem, après avoir été pillés, furent la proie des flammes. On enleva les vases sacrés et toutes les richesses que la piété des Fidèles avait accumulées dans ces saints lieux; mais la perte la plus sensible aux Chrétiens, fut celle de la vraie croix, que chacun d’eux aurait voulu racheter au prix de sa propre vie.
L`empire Sassanide perse en l`an 621. Il s`étend de l`Asie centrale a l`Égypte, il inclut un partie de la Turquie actuelle et les côtes de la péninsule arabique
Les Perses l’emportèrent dans l’état où ils la trouvèrent, c’est-à-dire enfermée dans un étui, où l'on avait mis le sceau de l’évêque. On sauva cependant l’éponge qui avait été présentée à Jésus-Christ sur la croix, et la lance dont son côté avait été percé. Un officier de l’empereur retira ces deux saintes reliques des mains d’un Perse, moyennant une grosse somme d’argent, et les fit porter à Constantinople, où elles furent exposées, pendant quatre jours, à la vénération des Fidèles, qui les arrosaient de leurs larmes. La sainte croix fut déposée à Tauris dans l’Arménie. On montre encore les ruines d’un château où fut mis ce précieux dépôt, qui paraissait, aux yeux des Perses, moins riche que les autres dépouilles dont ils étaient chargés.
Jean l`Aumônier, patriarche d`Alexandrie en Égypte
Lorsque les ennemis se furent retirés, les habitants de Jérusalem qui avaient pu se soustraire, par la fuite, aux Perses et à la fureur des Juifs, revinrent dans la sainte cité. Le prêtre Modeste, en l’absence de l’évêque Zacharie, prit le gouvernement de cette Église isolée; il travailla avec ardeur à rétablir les saints lieux. Dans cette pieuse entreprise, il reçut de grands secours de Jean, surnommé l’Aumônier, patriarche d'Alexandrie. C’était dans cette capitale de l’Égypte que s’étaient réfugiés, en grand nombre les habitants de la Palestine. Le saint prélat les reçut avec une tendresse paternelle; il les logea dans les hôpitaux, où il allait lui-même panser leurs plaies, essuyer leurs larmes, et leur distribuer la subsistance. Sa charité inépuisable suffisait à tout. Il fit transporter à Jérusalem de l’argent, du blé et des vêtements et il adoucit autant qu’il put le sort de ces infortunés.
78 - La sainte Croix rendue et rapportée à Jérusalem. Année 628.
L'empereur Héraclius envoya une ambassade à Chosroès, pour lui demander la paix; mais ce prince païen exigeait pour condition un acte d’impiété, c'était d’abjurer le christianisme, et d’adorer le soleil qui était la principale divinité des Perses. Héraclius rejeta avec horreur cette proposition, et résolut de combattre jusqu’à la mort pour la Religion et pour l’empire.
Héraclius empereur de l`empire romain d`orient de l`an 610 a 641
Il leva une armée, et marcha lui-même contre l’ennemi. Dieu vint au secours de son peuple, et, dès la première campagne, l’empereur eut un avantage considérable sur les Perses. Ce premier succès releva le courage de ses troupes, qui ne cessèrent de battre les ennemis pendant quatre années de suite. Enfin Héraclius résolut de leur livrer une bataille décisive. Ayant rassemblé ses soldats, il les anima au combat, en leur exposant tous les maux que les Perses avaient faits à l’empire; les campagnes désolées, les villes saccagées, les autels profanés, les églises réduites en cendres. « Vous voyez, leur dit-il, à quels ennemis vous avez affaire : ils déclarent la guerre à Dieu même; ils ont livré aux flammes ses temples cet ses autels. Dieu combattra pour vous; armez-vous de confiance, la Foi surmonte toutes les craintes; elle triomphe de la mort même. »
Ces paroles firent une vive impression sur tous les cœurs; les: yeux de ses soldats étincelaient de courage; ils attaquèrent les Perses avec impétuosité. L’empereur s`exposa dans le plus fort de la mêlée. Son cheval fut blessé; il reçut lui-même plusieurs coups dans ses armes, qui, étant à l’épreuve, lui sauvèrent la vie. Le combat, commencé dès le matin, ne finit qu’avec le jour. Les Perses y perdirent trois principaux officiers, et plus de la moitié de leurs soldats. Du côté des Romains, il n’y eut que cinquante hommes qui périrent. Chosroès prit la fuite; et, après huit lieues de chemin, il passa la nuit dans une pauvre chaumière, où l’on ne pouvait entrer qu’en rampant.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`orient. ( Istanboul en Turquie de nos jours)
Réduit à de si grandes extrémités, et attaqué d’une violente dysenterie, il désigna pour son successeur un de ses fils qu’il chérissait, au préjudice de son fils aîné. Celui-ci se révolta contre son père, le fit arrêter et mourir de faim dans une prison, et s’empara du royaume. Le nouveau roi de Perse proposa un accommodement à Héraclius lui renvoya tous les Chrétiens qui étaient captifs en Perse, entre autres le patriarche Zacharie avec la sainte Croix, qui avait été enlevée quatorze ans auparavant.
Durant tout ce temps-là, elle était restée dans son étui, et les Perses n’avaient pas eu la curiosité de rompre le sceau. Ce sceau fut reconnu par le patriarche. Elle fut remise entre ses mains, au même état ou elle était lorsqu’elle fut enlevée. Ou admira la protection de Dieu sur cette précieuse relique. L’empereur rentra dans Constantinople, avec tout l'appareil d’un triomphe. Monté sur un char attelé de quatre éléphants, il faisait porter devant lui la sainte croix; c’était le plus glorieux trophée de ses victoires.
Héraclius retourne la vraie croix à Jérusalem en l`an 630
Aux premiers jours du printemps, Héraclius partit pour Jérusalem, afin de rendre grâces à Dieu de ses succès, et de replacer la sainte Croix dans l’église de la Résurrection. Il voulut marcher sur les traces du Sauveur, et porter lui-même la Croix sur ses épaules jusqu’au haut du Calvaire. Ce fut, pour tous les Chrétiens, une fête solennelle, et l’Église en célèbre encore la mémoire le 14 septembre.
La conversion des peuples du Nord au christianisme, dédommageait l’Église des pertes qu’elle allait faire en Orient. Nous aurons souvent occasion de remarquer cette économie de la sagesse et de la justice de Dieu, qui fait passer le flambeau de la Foi d’un peuple à un autre, de manière que l’Église gagne dans un pays ce qu’elle perd ailleurs, et qu’elle reste toujours catholique.
Mahomet, qui lui enleva les plus belles provinces de l’Orient, naquit à la Mecque dans l’Arabie. Son père était Païen et sa mère Juive. Il perdit l’un et l’autre étant encore fort jeune, et il fut élevé par un oncle, qui le mit dans le commerce. Il épousa, dans la suite une riche veuve dont il était le facteur. Âgé d’environ quarante ans, il commença à faire le prophète, et se disant inspiré de Dieu, sans en fournir aucune preuve, il inventa une religion nouvelle, qui était un mélange de judaïsme et de christianisme, auquel il ajouta quelques dogmes qui étaient particuliers aux habitants de l’Arabie.
La polygamie est permise en Islam
Il enseignait qu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais sans distinction de personnes dans la Divinité. Il rejetait l’Incarnation et les autres mystères de la Religion chrétienne. Il admettait la circoncision, et prescrivait l’abstinence du vin, du sang et de la chair de porc; mais il permit à chaque homme d`avoir plusieurs femmes et il en prit lui-même jusqu’à dix à la fois. Il exhortait le peuple à Prendre les armes pour la religion, promettant à ceux qui mourraient en combattant, un paradis où l'on jouirait de tous les plaisirs des sens.
Quand on lui demandait des miracles pour preuve de sa mission, il disait qu’il n'était pas envoyé pour faire des miracles, mais pour étendre la religion par l’épée. Comme il ne savait ni lire ni écrire, il fit rédiger par un autre ses dogmes impies, et il donna à ce livre le nom d’Alcoran. Il était sujet à des attaques d’épilepsie, et il les fit passer pour des extases occasionnées par des visites de l’Ange Gabriel, qui venait lui révéler ces dogmes.
Il fut suivi par des voleurs et des esclaves fugitifs, qui se rendirent en foule autour de lui avec d’autant plus d’empressement, qu’il leur accordait la liberté de satisfaire leurs désirs sensuels. Après en avoir formé un petit corps d'armée, il se mit à leur tête comme leur chef et leur législateur. Il attaqua d’abord les caravanes qui traversaient l’Arabie pour le négoce; il réussit, et par-là il enrichit ses sectateurs et agrandit ses projets. Lorsque sa petite armée se fut considérablement augmentée, il marcha contre la ville de la Mecque, et la prit. Il soumit ensuite les différentes tribus des Arabes l`une après l'autre, forçant les peuples à se soumettre à sa domination, et à embrasser sa religion.
La Mecque en Arabie saoudite
Ses progrès furent si rapides, qu’il s’était rendu maître de presque toute l’Arabie, quand il mourut en l`an 631. Ses successeurs continuèrent ses conquêtes, et formèrent en peu de temps un empire très-étendu; mais on voit par quels moyens cette secte s’est répandue; c’est à la violence et à l’amour du plaisir qu'elle doit ses succès. Mahomet a établi sa religion en lâchant la bride aux passions humaines, en égorgeant ceux qui refusaient de l’embrasser; au lieu que les Apôtres ont établi la Religion chrétienne en mettant un frein à toutes les passions humaines et en se laissant égorger. Il n’y a rien que de naturel d'un côté, et tout est manifestement divin de l’autre.
77 - Prise de Jérusalem par Chosroès, roi de Perse, Année 614.
Les Perses, sous la conduite de Chosroès leur roi, attaquèrent l’empire romain d’Orient avec une violence terrible. Ayant passé l’Euphrate, ils s'emparèrent de la ville d’Apamée, et portèrent le ravage jusqu'aux portes d’Antioche. Une armée romaine, qui se rencontra sur leur passage, fut taillée en pièces. Ils pénétrèrent dans la Palestine, et passèrent le Jourdain. Les rives de ce fleuve, dans toute l’étendue de son cours, furent couvertes de ruines.
Le général perse Shahrbaraz et la princesse Boran font leur entrée à Jérusalem. Une force combinée de troupes perses et juives s`emparèrent de nombreux territoires.
Les habitants des campagnes avaient pris la fuite; mais les solitaires, qui ne purent se résoudre à sortir de leurs cellules souffrirent d’abord d’horribles tortures de la part des soldats perses, et furent enfin cruellement massacrés. L’armée marcha ensuite à Jérusalem, où elle entra sans aucune résistance. La garnison avait abandonné la ville, et une terreur générale s’était répandue dans le cœur de tous les citoyens. Les Perses y mirent tout à feu et à sang; un grand nombre de prêtres, de moines et de religieuses y périrent. C’était principalement à eux qu’en voulait ce peuple païen et ennemi du christianisme.
Le reste des habitants, hommes, femmes, enfants, furent chargés de fers, pour être traînés au-delà du Tigre. Les Juifs furent épargnés, à cause de la haine qu’ils portaient aux Chrétiens, et qu`ils signalèrent en cette occasion, en poussant même leur rage encore plus loin que les Païens. Ils achetèrent des Perses tout ce qu’ils purent de Chrétiens captifs, pour se donner le plaisir barbare de les faire mourir à leur gré. Il y en eut jusqu’à quatre-vingt mille que les Juifs massacrèrent ainsi. L'évêque Zacharie fut emmené en captivité. Le saint sépulcre et les églises de Jérusalem, après avoir été pillés, furent la proie des flammes. On enleva les vases sacrés et toutes les richesses que la piété des Fidèles avait accumulées dans ces saints lieux; mais la perte la plus sensible aux Chrétiens, fut celle de la vraie croix, que chacun d’eux aurait voulu racheter au prix de sa propre vie.
L`empire Sassanide perse en l`an 621. Il s`étend de l`Asie centrale a l`Égypte, il inclut un partie de la Turquie actuelle et les côtes de la péninsule arabique
Les Perses l’emportèrent dans l’état où ils la trouvèrent, c’est-à-dire enfermée dans un étui, où l'on avait mis le sceau de l’évêque. On sauva cependant l’éponge qui avait été présentée à Jésus-Christ sur la croix, et la lance dont son côté avait été percé. Un officier de l’empereur retira ces deux saintes reliques des mains d’un Perse, moyennant une grosse somme d’argent, et les fit porter à Constantinople, où elles furent exposées, pendant quatre jours, à la vénération des Fidèles, qui les arrosaient de leurs larmes. La sainte croix fut déposée à Tauris dans l’Arménie. On montre encore les ruines d’un château où fut mis ce précieux dépôt, qui paraissait, aux yeux des Perses, moins riche que les autres dépouilles dont ils étaient chargés.
Jean l`Aumônier, patriarche d`Alexandrie en Égypte
Lorsque les ennemis se furent retirés, les habitants de Jérusalem qui avaient pu se soustraire, par la fuite, aux Perses et à la fureur des Juifs, revinrent dans la sainte cité. Le prêtre Modeste, en l’absence de l’évêque Zacharie, prit le gouvernement de cette Église isolée; il travailla avec ardeur à rétablir les saints lieux. Dans cette pieuse entreprise, il reçut de grands secours de Jean, surnommé l’Aumônier, patriarche d'Alexandrie. C’était dans cette capitale de l’Égypte que s’étaient réfugiés, en grand nombre les habitants de la Palestine. Le saint prélat les reçut avec une tendresse paternelle; il les logea dans les hôpitaux, où il allait lui-même panser leurs plaies, essuyer leurs larmes, et leur distribuer la subsistance. Sa charité inépuisable suffisait à tout. Il fit transporter à Jérusalem de l’argent, du blé et des vêtements et il adoucit autant qu’il put le sort de ces infortunés.
78 - La sainte Croix rendue et rapportée à Jérusalem. Année 628.
L'empereur Héraclius envoya une ambassade à Chosroès, pour lui demander la paix; mais ce prince païen exigeait pour condition un acte d’impiété, c'était d’abjurer le christianisme, et d’adorer le soleil qui était la principale divinité des Perses. Héraclius rejeta avec horreur cette proposition, et résolut de combattre jusqu’à la mort pour la Religion et pour l’empire.
Héraclius empereur de l`empire romain d`orient de l`an 610 a 641
Il leva une armée, et marcha lui-même contre l’ennemi. Dieu vint au secours de son peuple, et, dès la première campagne, l’empereur eut un avantage considérable sur les Perses. Ce premier succès releva le courage de ses troupes, qui ne cessèrent de battre les ennemis pendant quatre années de suite. Enfin Héraclius résolut de leur livrer une bataille décisive. Ayant rassemblé ses soldats, il les anima au combat, en leur exposant tous les maux que les Perses avaient faits à l’empire; les campagnes désolées, les villes saccagées, les autels profanés, les églises réduites en cendres. « Vous voyez, leur dit-il, à quels ennemis vous avez affaire : ils déclarent la guerre à Dieu même; ils ont livré aux flammes ses temples cet ses autels. Dieu combattra pour vous; armez-vous de confiance, la Foi surmonte toutes les craintes; elle triomphe de la mort même. »
Ces paroles firent une vive impression sur tous les cœurs; les: yeux de ses soldats étincelaient de courage; ils attaquèrent les Perses avec impétuosité. L’empereur s`exposa dans le plus fort de la mêlée. Son cheval fut blessé; il reçut lui-même plusieurs coups dans ses armes, qui, étant à l’épreuve, lui sauvèrent la vie. Le combat, commencé dès le matin, ne finit qu’avec le jour. Les Perses y perdirent trois principaux officiers, et plus de la moitié de leurs soldats. Du côté des Romains, il n’y eut que cinquante hommes qui périrent. Chosroès prit la fuite; et, après huit lieues de chemin, il passa la nuit dans une pauvre chaumière, où l’on ne pouvait entrer qu’en rampant.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`orient. ( Istanboul en Turquie de nos jours)
Réduit à de si grandes extrémités, et attaqué d’une violente dysenterie, il désigna pour son successeur un de ses fils qu’il chérissait, au préjudice de son fils aîné. Celui-ci se révolta contre son père, le fit arrêter et mourir de faim dans une prison, et s’empara du royaume. Le nouveau roi de Perse proposa un accommodement à Héraclius lui renvoya tous les Chrétiens qui étaient captifs en Perse, entre autres le patriarche Zacharie avec la sainte Croix, qui avait été enlevée quatorze ans auparavant.
Durant tout ce temps-là, elle était restée dans son étui, et les Perses n’avaient pas eu la curiosité de rompre le sceau. Ce sceau fut reconnu par le patriarche. Elle fut remise entre ses mains, au même état ou elle était lorsqu’elle fut enlevée. Ou admira la protection de Dieu sur cette précieuse relique. L’empereur rentra dans Constantinople, avec tout l'appareil d’un triomphe. Monté sur un char attelé de quatre éléphants, il faisait porter devant lui la sainte croix; c’était le plus glorieux trophée de ses victoires.
Héraclius retourne la vraie croix à Jérusalem en l`an 630
Aux premiers jours du printemps, Héraclius partit pour Jérusalem, afin de rendre grâces à Dieu de ses succès, et de replacer la sainte Croix dans l’église de la Résurrection. Il voulut marcher sur les traces du Sauveur, et porter lui-même la Croix sur ses épaules jusqu’au haut du Calvaire. Ce fut, pour tous les Chrétiens, une fête solennelle, et l’Église en célèbre encore la mémoire le 14 septembre.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
79 - Conversion de l’Allemagne. Année 623
Le flambeau de la Foi, ainsi que le soleil, ne quitte une contrée que pour en aller éclairer une autre, comme nous l’avons déjà remarqué. A mesure que la lumière de l’Évangile s’affaiblissait en Orient par les conquêtes des Mahométans, elle s'étendait du côté du Nord par les travaux apostoliques de plusieurs missionnaires. Le plus célèbre de tous était Boniface, qui fut archevêque de Mayence et apôtre de l’Allemagne. Il était Anglais de nation, et l’on aperçut en lui, dès l’enfance, des marques sensibles de la haute destination qu’il remplit dans la suite. Quelques missionnaires étant venus chez son père, lui parlèrent de Dieu et des choses célestes; il fut si touché de leur conduite édifiante et de leurs instructions, qu’il conçut dès lors un désir ardent de les imiter et de se consacrer à Dieu comme eux.
St-Boniface, évangélisateur de l`Allemagne
Quoiqu’il ne fût encore qu'un enfant, les impressions de vertu qu’il reçut alors ne s’effacèrent jamais dans son esprit. Il entra dans un monastère, où il se forma de bonne heure aux fonctions de l’apostolat. Ayant été ordonné prêtre à l’âge de trente ans, il sentit croître en lui le zèle qui le portait à instruire les peuples, et à travailler au salut des âmes. Il gémissait jour et nuit sur le malheur de ceux qui étaient encore plongés dans les ténèbres de l’idolâtrie. Pénétré de ces pieux sentiments, il alla se jeter aux pieds du pape Grégoire II, qui, après avoir reconnu la vocation divine, lui donna un ample pouvoir d’annoncer l’Évangile aux Allemands.
St-Boniface mena des missions d`Évangélisation des païens en Bavière, en Thuringe, dans le Hesse et en Frise
Le saint Apôtre eut beaucoup de peine à faire naître dans le cœur de ces peuples, encore barbares, les sentiments de douceur et de piété que prescrit l’Évangile; mais enfin les fruits répondirent à ses travaux, et la moisson fut abondante. Il alla d'abord dans la Bavière et dans la Thuringe, et il y baptisa un grand nombre de païens. On abattit de toutes parts les temples des idoles, et l’on y éleva des églises au vrai Dieu. Le saint Apôtre eut cependant beaucoup à souffrir, surtout dans la Thuringe, pays ravagé Depuis peu par les saxons, et où les peuples étaient si pauvres, qu’il fut obligé de se procurer la subsistance par le travail de ses mains.
Les peuples germaniques étaient encore païens
De là il se rendit dans la Frise, où il exerça, pendant trois ans, les fonctions apostoliques, et gagna une infinité d’âmes à Jésus-Christ. Ce fut alors que le pape, informé des grands biens qu’il faisait, lui ordonna de venir à Rome, pour y recevoir l’ordination épiscopale. A son retour de ce voyage, saint Boniface commença à prêcher la Foi dans la Hesse, où il eut un succès prodigieux. Il y fonda plusieurs églises et des monastères. Rappelé en Bavière par le duc de cette province, il y réforma des abus qui s’y étaient introduits. Il y trouva des séducteurs, qui trompaient le peuple par leurs artifices, et le scandalisaient par leurs désordres. Il soumit les uns et fit chasser les autres. Par ce moyen, il rétablit la Foi et les mœurs dans ce pays. Le pape le nomma son légat en Allemagne, et il lui permit de faire tous les règlements qu’il jugerait nécessaires pour donner une forme à cette Église naissante.
Village de l`Allemagne rurale au début du Moyen-Âge
80 - Martyre de saint Boniface
La réputation de saint Boniface se répandait dans la plus grande partie de l’Europe, et l'on parlait surtout de ses travaux apostoliques. Il lui vint un grand nombre de serviteurs de Dieu qui s’associèrent à cette mission, et adoucirent ses fatigues en les partageant. Alors le saint archevêque voyant qu’il avançait en âge, et que ses infirmités augmentaient, songea à se choisir un successeur. Après l’avoir sacré archevêque de Mayence, il se déchargea sur lui du soin de cette Église particulière, pour suivre en liberté la vocation qu’il avait reçue du Ciel et se livrer tout entier à la conversion des Païens.
La ville de Mayence berceau de la foi Chrétienne en Allemagne
Il ne pouvait goûter aucun repos, tant qu’il y avait des âmes qui ne connaissaient point encore Jésus-Christ; d’ailleurs, il brûlait du désir de verser son sang pour la Foi, et il avait un secret pressentiment que sa mort n’était pas éloignée. Ayant donc mis ordre aux affaires de son Église, il partit avec quelques Coopérateurs zélés, pour aller prêcher l’Évangile à un peuple encore païens sur les côtes les plus reculées de la Frise. Il y convertit un grand nombre de Païens, et leur donna le baptême. Il marqua un jour pour leur administrer le sacrement de Confirmation; comme on ne pouvait les renfermer tous dans une même église, il indiqua une campagne voisine, où ils devaient se rendre pour recevoir ce sacrement. Il y fit dresser des tentes, et y vint au jour marqué.
Pendant qu’il y priait, en attendant les nouveaux Chrétiens, on vit paraître, dès le matin, non pas ceux qu'on y attendait, mais une troupe de Païens armés d’épées et de lances, qui fondirent sur les tentes du saint évêque. Ses serviteurs se préparaient déjà à repousser les Barbares à main armée; mais saint Boniface, ayant entendu le bruit, appela son clergé, et prenant les reliques qu'il portait toujours avec lui, il sortit de sa tente, et dit à ses gens: « Mes enfants, cessez de combattre; l’Écriture nous défend de rendre le mal pour le mal; le jour que j’attends depuis si longtemps est venu; espérons en Dieu, il sauvera nos âmes. Ensuite il exhorta ses prêtres et ses compagnons à souffrir courageusement une mort passagère, qui les ferait passer à un royaume éternel.»
Martyre de St-Boniface
Son exemple les fortifia mieux encore que ses leçons. A peine avait-il cessé de parler, qu’il vit les Barbares fondre sur lui. Il les attendit avec fermeté; et ces furieux le massacrèrent à l’instant avec tous ceux qui l’accompagnaient, au nombre de cinquante-deux. Saint Boniface termina ainsi, par une mort glorieuse, une vie qui avait été un continuel martyre, puisqu’elle fut un apostolat continuel. Ses immenses travaux, et les fruits que l’Église en recueillit, méritaient une si précieuse couronne. Le corps du saint martyr fut transporté à l’abbaye de Fulde, qu’il avait fondée, et Dieu y glorifia son serviteur par un grand nombre de miracles.
81 - Hérésie des Iconoclastes, ou briseurs d’images. Année 727.
L’Église était souvent agitée en Orient par de nouvelles hérésies, qui se succédaient après de courts intervalles de repos. Celle qui s’éleva dans le huitième siècle, était d'autant plus dangereuse, qu’elle avait pour auteur le prince lui-même. On avait déjà vu des empereurs protéger l’erreur; mais alors on vit un empereur se faire chef de secte.
Léon l’isaurien ( le syrien) était parvenu à la couronne par ses qualités guerrières. Né, pour ainsi dire, et élevé dans l’exercice des armes, il était d’une ignorance profonde; cependant il eut la folle vanité de s’ériger en réformateur de la Religion.
Monnaie de l`empereur de l`empire romain d`orient Léon III l`isaurien a gauche et de son fils.
Il s’était laissé prévenir contre le culte des saintes images, et il appelait ce culte idolâtrie. Ayant entrepris de l’abolir, il publia un édit, par lequel il ordonnait d’ôter des églises les images de Jésus-Christ, de la sainte Vierge et des Saints. Cette entreprise, contraire à la pratique constante et universelle de l’Église, révolta tout le monde. Le peuple de Constantinople murmurait publiquement. Germain, patriarche de cette ville, combattit la nouvelle erreur avec zèle, sans craindre la colère de l'empereur; il essaya d’abord de détromper ce prince dans des entretiens particuliers; il lui dit que le culte qu’on rend aux saintes images, se rapporte aux originaux qu’elles représentent, comme l’on honore le portrait du souverain; que ce culte relatif avait toujours été rendu aux images de notre Seigneur et de sa sainte Mère, depuis le temps des Apôtres; que c’était une témérité impie d’attaquer une tradition si ancienne; mais l’empereur, qui ignorait les éléments de la doctrine chrétienne, demeurait obstiné dans son erreur.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient et centre de l`hérésie iconoclaste ( Istanboul, Turquie de nos jours)
Alors le patriarche informa le pape de ce qui se passait à Constantinople. Le souverain pontife répondit au saint évêque, pour le féliciter de son courage à combattre l’hérésie naissante. Il tint à Rome une assemblée d’évêques, où elle fut condamnée. Il écrivit à l’empereur même pour l’exhorter à révoquer son édit, en l'avertissant qu’il n’appartient pas au prince de rien statuer sur la Foi, ni d’innover dans la discipline de l’Église. Ces remontrances furent mal reçues de l’empereur, qui n’en devint que plus ardent à poursuivre l’exécution de son édit. Il faisait brûler les images dans la place publique, et blanchir les murailles des églises qui étaient ornées de peintures.
Destruction par les Iconoclastes
Il ordonna d’abattre à coups de hache un grand crucifix, que Constantin, après sa victoire, avait fait placer sur la porte du palais impérial. Des femmes, qui se trouvaient présentes, tâchèrent d’abord, par leurs prières, de détourner de cette impiété l`officier chargé d’exécuter l'ordre de l’empereur; mais leurs prières furent inutiles; cet officier monta lui-même à l’échelle et donna trois coups de hache à la figure. Alors les femmes n’écoutant que leur indignation, tirèrent le pied de l'échelle, et firent tomber l’officier, qui mourut de sa chute. Elles furent condamnées au dernier supplice, avec dix autres personnes que l’empereur soupçonna d'avoir favorisé cette émeute. Le patriarche saint Germain fut chassé de son siège, et mourut en exil à l’âge de quatre-vingt-dix ans.
Saint Germain, le patriarche de Constantinople est exilé
82 - Violences des Iconoclastes.
Constantin, surnommé Copronyme, fils et successeur de Léon, suivit les traces de son père, et alla même encore plus loin. Élevé dans l’impiété, à laquelle son caractère bouillant et emporté ajoutait l`audace et l’insolence, il persécuta avec fureur ceux qui honoraient les saintes images. Constantinople devint un théâtre de supplices; on crevait les yeux, on coupait les narines aux Catholiques, on les déchirait à coups de fouet, on les jetait dans la mer.
L`empereur de l`empire romain d`Orient Constantin Copronyme
L’empereur en voulait surtout aux moines; il n’y avait ni outrages, ni tourments qu’il ne leur fît souffrir; on leur brûlait la barbe enduite de poix; on leur brisait sur la tête les images des saints, peintes sur bois. Ces horreurs divertissaient Constantin; le récit qu’on en faisait, était pour lui le récit le plus agréable pendant son repas. Non content des cruautés qu'il faisait exercer par ses officiers, il voulut présider lui-même aux exécutions, et voir couler le sang. Il fit dresser un tribunal aux portes de Constantinople. Là, environné de bourreaux, au milieu de la pompe impériale, il faisait tourmenter les Catholiques, et repaissait ses yeux de ce spectacle horrible pour tout autre que lui et ses courtisans.
Il y avait près de Nicomédie un saint abbé, nommé Étienne, dont la vertu était fort révérée de tout le peuple. L’empereur, voulant l’attirer dans son parti, le fit amener
à Constantinople et se chargea de l’interroger lui-même, dans la confiance qu’il l’embarrasserait par ses raisonnements, car ce prince se croyait fort habile dans la dialectique. Il entra donc en dispute avec le saint abbé: «0 homme stupide! lui dit l`empereur, comment ne conçois-tu pas que l’on peut fouler aux pieds l’image de Jésus-Christ, sans offenser Jésus-Christ même » Alors Etienne s’approchant de lui, et lui montrant une pièce de monnaie qui portait son image : «Je puis donc, répondit le saint abbé, traiter de même cette image, sans manquer au respect que je vous dois.» Puis, ayant jeté par terre cette pièce de monnaie, il marcha dessus. Comme les courtisans se jetaient sur lui pour le maltraiter : « Eh quoi ! reprit Étienne, en poussant un profond soupir c’est un crime digne du supplice de profaner l`image d’un prince de la terre, et ce n’en serait pas un de jeter au feu l’image du Roi du ciel?» On ne put rien répliquer de raisonnable; mais sa perte fut résolue.
On le traîna en prison, et peu de temps après on le mit à mort. Dix-neuf officiers, accusés d'avoir eu des liaisons avec le saint martyr, et d‘avoir loué sa constance dans les tourments, furent tourmentés eux-mêmes, et deux des plus qualifiés eurent la tête tranchée par l'ordre de l’empereur. La persécution s’étendait dans les provinces; les gouverneurs, pour faire leur cour au prince, se signalaient par leur impiété contre les Catholiques dans tout l’empire. Ils faisaient la guerre, non-seulement aux images des saints, mais encore à leurs reliques; ils les arrachaient des sanctuaires; ils les jetaient dans les égouts et dans les rivières; ils les faisaient brûler avec des ossements d’animaux, afin qu’on ne pût en démêler les cendres.
83 - Septième Concile œcuménique, deuxième de Nicée. Année 787.
Après la mort de Constantin Copronyme et celle de son fils Léon, la souveraine puissance tomba entre les mains d’Irène ( l`Athénienne), comme régente, au nom de son fils encore enfant. Alors l’Église, tourmentée depuis longtemps par l’impiété des Iconoclastes, commença à respirer. Cette princesse, attachée à la doctrine catholique, s’appliqua à réparer les maux qu’avait causés le mauvais gouvernement des derniers empereurs. Par le conseil de Taraise, patriarche de Constantinople, elle écrivit au pape Adrien pour la convocation d’un concile général.
L`impératrice byzantine Irène dite l`Athénienne à droite.
Le pape approuva ce dessein, et il envoya deux légats pour présider au concile en son nom. Constantinople avait d’abord été choisie pour le lieu de l’assemblée ; mais comme les Iconoclastes, dont le nombre était grand dans cette ville, commençaient à y exciter des troubles, le concile fut transféré à Nicée, ville déjà célèbre par le premier concile œcuménique qui s’y était tenu. Les évêques des différentes provinces de l’empire s’y assemblèrent au nombre de trois cent soixante-dix-sept.
Il y eut deux commissaires de l’empereur pour y maintenir l'ordre, et on laissa aux évêques une entière liberté. Il se tint huit sessions. Dans la première, on lut la lettre du pape, où il justifiait la tradition de l’Église sur la vénération des saintes images, et où il expliquait la nature de ce culte, on lut aussi la confession de foi des patriarches d’Orient, qui ne purent venir au concile, parce qu’ils étaient sous la domination des mahométans.
Leur doctrine était entièrement conforme à celle du pape. On produisit ensuite les témoignages de l'Écriture et des anciens Pères. Les objections des Iconoclastes furent réfutées; l'hérésie fut confondue et réduite au silence, enfin les Pères, après avoir déclaré qu’ils recevaient avec respect les conciles précédents, prononcèrent leur jugement conçu en ces termes : «Nous décidons que les images seront exposées non-seulement dans les églises , sur les vases sacrés, sur les ornements, sur les murailles, mais encore dans les maisons et sur les chemins; car plus on voit dans leurs images Jésus-Christ notre Seigneur, sa sainte Mère , les Apôtres et les autres Saints , plus on se sent porté à penser aux originaux, et à les honorer. On doit rendre à ces images le salut et l'honneur, mais non pas le culte de latrie, qui ne convient qu’à la nature divine. On approchera de ces images l’encens et le luminaire comme a ont coutume de faire à l'égard de la Croix, de l’Évangile et des autres choses sacrées, parce que l’honneur de l’image se rapporte à l'objet qu’elle représente. Telle est la doctrine des Pères et de l’Église catholique. » Puis on dit anathème aux Iconoclastes.
Icone byzantine
Ce décret fut souscrit par les légats et par tous les évêques. Les Pères se rendirent ensuite à Constantinople, et y tinrent la huitième session en présence de l’empereur et de sa mère, qui signèrent la définition du concile au milieu des acclamations de tous les assistants. Ainsi fut éteinte pour lors cette hérésie sanguinaire; mais les derniers réformateurs, marchant sur les traces de ces anciens fanatiques, l’ont renouvelée au seizième siècle, avec les mêmes excès d'impiété, de cruauté et de fureur.
Le flambeau de la Foi, ainsi que le soleil, ne quitte une contrée que pour en aller éclairer une autre, comme nous l’avons déjà remarqué. A mesure que la lumière de l’Évangile s’affaiblissait en Orient par les conquêtes des Mahométans, elle s'étendait du côté du Nord par les travaux apostoliques de plusieurs missionnaires. Le plus célèbre de tous était Boniface, qui fut archevêque de Mayence et apôtre de l’Allemagne. Il était Anglais de nation, et l’on aperçut en lui, dès l’enfance, des marques sensibles de la haute destination qu’il remplit dans la suite. Quelques missionnaires étant venus chez son père, lui parlèrent de Dieu et des choses célestes; il fut si touché de leur conduite édifiante et de leurs instructions, qu’il conçut dès lors un désir ardent de les imiter et de se consacrer à Dieu comme eux.
St-Boniface, évangélisateur de l`Allemagne
Quoiqu’il ne fût encore qu'un enfant, les impressions de vertu qu’il reçut alors ne s’effacèrent jamais dans son esprit. Il entra dans un monastère, où il se forma de bonne heure aux fonctions de l’apostolat. Ayant été ordonné prêtre à l’âge de trente ans, il sentit croître en lui le zèle qui le portait à instruire les peuples, et à travailler au salut des âmes. Il gémissait jour et nuit sur le malheur de ceux qui étaient encore plongés dans les ténèbres de l’idolâtrie. Pénétré de ces pieux sentiments, il alla se jeter aux pieds du pape Grégoire II, qui, après avoir reconnu la vocation divine, lui donna un ample pouvoir d’annoncer l’Évangile aux Allemands.
St-Boniface mena des missions d`Évangélisation des païens en Bavière, en Thuringe, dans le Hesse et en Frise
Le saint Apôtre eut beaucoup de peine à faire naître dans le cœur de ces peuples, encore barbares, les sentiments de douceur et de piété que prescrit l’Évangile; mais enfin les fruits répondirent à ses travaux, et la moisson fut abondante. Il alla d'abord dans la Bavière et dans la Thuringe, et il y baptisa un grand nombre de païens. On abattit de toutes parts les temples des idoles, et l’on y éleva des églises au vrai Dieu. Le saint Apôtre eut cependant beaucoup à souffrir, surtout dans la Thuringe, pays ravagé Depuis peu par les saxons, et où les peuples étaient si pauvres, qu’il fut obligé de se procurer la subsistance par le travail de ses mains.
Les peuples germaniques étaient encore païens
De là il se rendit dans la Frise, où il exerça, pendant trois ans, les fonctions apostoliques, et gagna une infinité d’âmes à Jésus-Christ. Ce fut alors que le pape, informé des grands biens qu’il faisait, lui ordonna de venir à Rome, pour y recevoir l’ordination épiscopale. A son retour de ce voyage, saint Boniface commença à prêcher la Foi dans la Hesse, où il eut un succès prodigieux. Il y fonda plusieurs églises et des monastères. Rappelé en Bavière par le duc de cette province, il y réforma des abus qui s’y étaient introduits. Il y trouva des séducteurs, qui trompaient le peuple par leurs artifices, et le scandalisaient par leurs désordres. Il soumit les uns et fit chasser les autres. Par ce moyen, il rétablit la Foi et les mœurs dans ce pays. Le pape le nomma son légat en Allemagne, et il lui permit de faire tous les règlements qu’il jugerait nécessaires pour donner une forme à cette Église naissante.
Village de l`Allemagne rurale au début du Moyen-Âge
80 - Martyre de saint Boniface
La réputation de saint Boniface se répandait dans la plus grande partie de l’Europe, et l'on parlait surtout de ses travaux apostoliques. Il lui vint un grand nombre de serviteurs de Dieu qui s’associèrent à cette mission, et adoucirent ses fatigues en les partageant. Alors le saint archevêque voyant qu’il avançait en âge, et que ses infirmités augmentaient, songea à se choisir un successeur. Après l’avoir sacré archevêque de Mayence, il se déchargea sur lui du soin de cette Église particulière, pour suivre en liberté la vocation qu’il avait reçue du Ciel et se livrer tout entier à la conversion des Païens.
La ville de Mayence berceau de la foi Chrétienne en Allemagne
Il ne pouvait goûter aucun repos, tant qu’il y avait des âmes qui ne connaissaient point encore Jésus-Christ; d’ailleurs, il brûlait du désir de verser son sang pour la Foi, et il avait un secret pressentiment que sa mort n’était pas éloignée. Ayant donc mis ordre aux affaires de son Église, il partit avec quelques Coopérateurs zélés, pour aller prêcher l’Évangile à un peuple encore païens sur les côtes les plus reculées de la Frise. Il y convertit un grand nombre de Païens, et leur donna le baptême. Il marqua un jour pour leur administrer le sacrement de Confirmation; comme on ne pouvait les renfermer tous dans une même église, il indiqua une campagne voisine, où ils devaient se rendre pour recevoir ce sacrement. Il y fit dresser des tentes, et y vint au jour marqué.
Pendant qu’il y priait, en attendant les nouveaux Chrétiens, on vit paraître, dès le matin, non pas ceux qu'on y attendait, mais une troupe de Païens armés d’épées et de lances, qui fondirent sur les tentes du saint évêque. Ses serviteurs se préparaient déjà à repousser les Barbares à main armée; mais saint Boniface, ayant entendu le bruit, appela son clergé, et prenant les reliques qu'il portait toujours avec lui, il sortit de sa tente, et dit à ses gens: « Mes enfants, cessez de combattre; l’Écriture nous défend de rendre le mal pour le mal; le jour que j’attends depuis si longtemps est venu; espérons en Dieu, il sauvera nos âmes. Ensuite il exhorta ses prêtres et ses compagnons à souffrir courageusement une mort passagère, qui les ferait passer à un royaume éternel.»
Martyre de St-Boniface
Son exemple les fortifia mieux encore que ses leçons. A peine avait-il cessé de parler, qu’il vit les Barbares fondre sur lui. Il les attendit avec fermeté; et ces furieux le massacrèrent à l’instant avec tous ceux qui l’accompagnaient, au nombre de cinquante-deux. Saint Boniface termina ainsi, par une mort glorieuse, une vie qui avait été un continuel martyre, puisqu’elle fut un apostolat continuel. Ses immenses travaux, et les fruits que l’Église en recueillit, méritaient une si précieuse couronne. Le corps du saint martyr fut transporté à l’abbaye de Fulde, qu’il avait fondée, et Dieu y glorifia son serviteur par un grand nombre de miracles.
81 - Hérésie des Iconoclastes, ou briseurs d’images. Année 727.
L’Église était souvent agitée en Orient par de nouvelles hérésies, qui se succédaient après de courts intervalles de repos. Celle qui s’éleva dans le huitième siècle, était d'autant plus dangereuse, qu’elle avait pour auteur le prince lui-même. On avait déjà vu des empereurs protéger l’erreur; mais alors on vit un empereur se faire chef de secte.
Léon l’isaurien ( le syrien) était parvenu à la couronne par ses qualités guerrières. Né, pour ainsi dire, et élevé dans l’exercice des armes, il était d’une ignorance profonde; cependant il eut la folle vanité de s’ériger en réformateur de la Religion.
Monnaie de l`empereur de l`empire romain d`orient Léon III l`isaurien a gauche et de son fils.
Il s’était laissé prévenir contre le culte des saintes images, et il appelait ce culte idolâtrie. Ayant entrepris de l’abolir, il publia un édit, par lequel il ordonnait d’ôter des églises les images de Jésus-Christ, de la sainte Vierge et des Saints. Cette entreprise, contraire à la pratique constante et universelle de l’Église, révolta tout le monde. Le peuple de Constantinople murmurait publiquement. Germain, patriarche de cette ville, combattit la nouvelle erreur avec zèle, sans craindre la colère de l'empereur; il essaya d’abord de détromper ce prince dans des entretiens particuliers; il lui dit que le culte qu’on rend aux saintes images, se rapporte aux originaux qu’elles représentent, comme l’on honore le portrait du souverain; que ce culte relatif avait toujours été rendu aux images de notre Seigneur et de sa sainte Mère, depuis le temps des Apôtres; que c’était une témérité impie d’attaquer une tradition si ancienne; mais l’empereur, qui ignorait les éléments de la doctrine chrétienne, demeurait obstiné dans son erreur.
Constantinople, capitale de l`empire romain d`Orient et centre de l`hérésie iconoclaste ( Istanboul, Turquie de nos jours)
Alors le patriarche informa le pape de ce qui se passait à Constantinople. Le souverain pontife répondit au saint évêque, pour le féliciter de son courage à combattre l’hérésie naissante. Il tint à Rome une assemblée d’évêques, où elle fut condamnée. Il écrivit à l’empereur même pour l’exhorter à révoquer son édit, en l'avertissant qu’il n’appartient pas au prince de rien statuer sur la Foi, ni d’innover dans la discipline de l’Église. Ces remontrances furent mal reçues de l’empereur, qui n’en devint que plus ardent à poursuivre l’exécution de son édit. Il faisait brûler les images dans la place publique, et blanchir les murailles des églises qui étaient ornées de peintures.
Destruction par les Iconoclastes
Il ordonna d’abattre à coups de hache un grand crucifix, que Constantin, après sa victoire, avait fait placer sur la porte du palais impérial. Des femmes, qui se trouvaient présentes, tâchèrent d’abord, par leurs prières, de détourner de cette impiété l`officier chargé d’exécuter l'ordre de l’empereur; mais leurs prières furent inutiles; cet officier monta lui-même à l’échelle et donna trois coups de hache à la figure. Alors les femmes n’écoutant que leur indignation, tirèrent le pied de l'échelle, et firent tomber l’officier, qui mourut de sa chute. Elles furent condamnées au dernier supplice, avec dix autres personnes que l’empereur soupçonna d'avoir favorisé cette émeute. Le patriarche saint Germain fut chassé de son siège, et mourut en exil à l’âge de quatre-vingt-dix ans.
Saint Germain, le patriarche de Constantinople est exilé
82 - Violences des Iconoclastes.
Constantin, surnommé Copronyme, fils et successeur de Léon, suivit les traces de son père, et alla même encore plus loin. Élevé dans l’impiété, à laquelle son caractère bouillant et emporté ajoutait l`audace et l’insolence, il persécuta avec fureur ceux qui honoraient les saintes images. Constantinople devint un théâtre de supplices; on crevait les yeux, on coupait les narines aux Catholiques, on les déchirait à coups de fouet, on les jetait dans la mer.
L`empereur de l`empire romain d`Orient Constantin Copronyme
L’empereur en voulait surtout aux moines; il n’y avait ni outrages, ni tourments qu’il ne leur fît souffrir; on leur brûlait la barbe enduite de poix; on leur brisait sur la tête les images des saints, peintes sur bois. Ces horreurs divertissaient Constantin; le récit qu’on en faisait, était pour lui le récit le plus agréable pendant son repas. Non content des cruautés qu'il faisait exercer par ses officiers, il voulut présider lui-même aux exécutions, et voir couler le sang. Il fit dresser un tribunal aux portes de Constantinople. Là, environné de bourreaux, au milieu de la pompe impériale, il faisait tourmenter les Catholiques, et repaissait ses yeux de ce spectacle horrible pour tout autre que lui et ses courtisans.
Il y avait près de Nicomédie un saint abbé, nommé Étienne, dont la vertu était fort révérée de tout le peuple. L’empereur, voulant l’attirer dans son parti, le fit amener
à Constantinople et se chargea de l’interroger lui-même, dans la confiance qu’il l’embarrasserait par ses raisonnements, car ce prince se croyait fort habile dans la dialectique. Il entra donc en dispute avec le saint abbé: «0 homme stupide! lui dit l`empereur, comment ne conçois-tu pas que l’on peut fouler aux pieds l’image de Jésus-Christ, sans offenser Jésus-Christ même » Alors Etienne s’approchant de lui, et lui montrant une pièce de monnaie qui portait son image : «Je puis donc, répondit le saint abbé, traiter de même cette image, sans manquer au respect que je vous dois.» Puis, ayant jeté par terre cette pièce de monnaie, il marcha dessus. Comme les courtisans se jetaient sur lui pour le maltraiter : « Eh quoi ! reprit Étienne, en poussant un profond soupir c’est un crime digne du supplice de profaner l`image d’un prince de la terre, et ce n’en serait pas un de jeter au feu l’image du Roi du ciel?» On ne put rien répliquer de raisonnable; mais sa perte fut résolue.
On le traîna en prison, et peu de temps après on le mit à mort. Dix-neuf officiers, accusés d'avoir eu des liaisons avec le saint martyr, et d‘avoir loué sa constance dans les tourments, furent tourmentés eux-mêmes, et deux des plus qualifiés eurent la tête tranchée par l'ordre de l’empereur. La persécution s’étendait dans les provinces; les gouverneurs, pour faire leur cour au prince, se signalaient par leur impiété contre les Catholiques dans tout l’empire. Ils faisaient la guerre, non-seulement aux images des saints, mais encore à leurs reliques; ils les arrachaient des sanctuaires; ils les jetaient dans les égouts et dans les rivières; ils les faisaient brûler avec des ossements d’animaux, afin qu’on ne pût en démêler les cendres.
83 - Septième Concile œcuménique, deuxième de Nicée. Année 787.
Après la mort de Constantin Copronyme et celle de son fils Léon, la souveraine puissance tomba entre les mains d’Irène ( l`Athénienne), comme régente, au nom de son fils encore enfant. Alors l’Église, tourmentée depuis longtemps par l’impiété des Iconoclastes, commença à respirer. Cette princesse, attachée à la doctrine catholique, s’appliqua à réparer les maux qu’avait causés le mauvais gouvernement des derniers empereurs. Par le conseil de Taraise, patriarche de Constantinople, elle écrivit au pape Adrien pour la convocation d’un concile général.
L`impératrice byzantine Irène dite l`Athénienne à droite.
Le pape approuva ce dessein, et il envoya deux légats pour présider au concile en son nom. Constantinople avait d’abord été choisie pour le lieu de l’assemblée ; mais comme les Iconoclastes, dont le nombre était grand dans cette ville, commençaient à y exciter des troubles, le concile fut transféré à Nicée, ville déjà célèbre par le premier concile œcuménique qui s’y était tenu. Les évêques des différentes provinces de l’empire s’y assemblèrent au nombre de trois cent soixante-dix-sept.
Il y eut deux commissaires de l’empereur pour y maintenir l'ordre, et on laissa aux évêques une entière liberté. Il se tint huit sessions. Dans la première, on lut la lettre du pape, où il justifiait la tradition de l’Église sur la vénération des saintes images, et où il expliquait la nature de ce culte, on lut aussi la confession de foi des patriarches d’Orient, qui ne purent venir au concile, parce qu’ils étaient sous la domination des mahométans.
Leur doctrine était entièrement conforme à celle du pape. On produisit ensuite les témoignages de l'Écriture et des anciens Pères. Les objections des Iconoclastes furent réfutées; l'hérésie fut confondue et réduite au silence, enfin les Pères, après avoir déclaré qu’ils recevaient avec respect les conciles précédents, prononcèrent leur jugement conçu en ces termes : «Nous décidons que les images seront exposées non-seulement dans les églises , sur les vases sacrés, sur les ornements, sur les murailles, mais encore dans les maisons et sur les chemins; car plus on voit dans leurs images Jésus-Christ notre Seigneur, sa sainte Mère , les Apôtres et les autres Saints , plus on se sent porté à penser aux originaux, et à les honorer. On doit rendre à ces images le salut et l'honneur, mais non pas le culte de latrie, qui ne convient qu’à la nature divine. On approchera de ces images l’encens et le luminaire comme a ont coutume de faire à l'égard de la Croix, de l’Évangile et des autres choses sacrées, parce que l’honneur de l’image se rapporte à l'objet qu’elle représente. Telle est la doctrine des Pères et de l’Église catholique. » Puis on dit anathème aux Iconoclastes.
Icone byzantine
Ce décret fut souscrit par les légats et par tous les évêques. Les Pères se rendirent ensuite à Constantinople, et y tinrent la huitième session en présence de l’empereur et de sa mère, qui signèrent la définition du concile au milieu des acclamations de tous les assistants. Ainsi fut éteinte pour lors cette hérésie sanguinaire; mais les derniers réformateurs, marchant sur les traces de ces anciens fanatiques, l’ont renouvelée au seizième siècle, avec les mêmes excès d'impiété, de cruauté et de fureur.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
84 - Belles qualités et zèle de Charlemagne, roi de l`empire carolingien. Année 768.
La piété de Charlemagne, fut un nouveau sujet de joie pour l’Église, que ce prince ne cessa de protéger pendant le cours d’un règne long et glorieux. Il monta sur le trône, étant encore fort jeune; mais il n’avait de la jeunesse que la vigueur et l’activité, la prudence réglait toutes ses démarches, et il employa sa puissance à étendre le royaume de Jésus-Christ. Dans les premières années de son règne, il publia, à la prière des évêques, un capitulaire pour le maintien de la discipline ecclésiastique. Il protégea le saint siège contre les usurpations du roi des Lombards. Depuis longtemps les Saxons faisaient des pillages sur les terres de sa domination, pour les réprimer, il entreprit contre eux une longue guerre, qui se termina par la conversion de ces peuples.
Charlemagne, protecteur de la foi Chrétienne
Les tribus païennes en Saxe faisaient des raids pour piller les territoires chrétiens de Charlemagne
C’était le fruit le plus précieux qu’il se promettait de sa conquête. Il parut avoir moins à cœur de les soumettre à sa puissance, que de leur porter la lumière de la Foi. Ces peuples païens résistèrent longtemps; mais enfin ils embrassèrent la Religion chrétienne, et c’en fut assez pour leur faire pardonner leurs révoltes continuelles. Comme Charlemagne se défiait de leur inconstance, et que plusieurs d’entre eux paraissaient n’avoir demandé le baptême que par politique, il leur envoya de zélés missionnaires, pour les affermir dans la Foi.
Widukind, le chef des tribus des Saxons païens
Cependant Witikind, le plus accrédité de leurs chefs, ne se rendait pas, et il était plus aigri qu‘abattu par ses défaites. Charlemagne, qui n'avait pu le réduire par la force des armes, ne désespère point de le gagner par la voie de la négociation. Il lui fit proposer une conférence. Witikind se rendit à Attigny, où était alors la cour, et là, ce que tant de combats n'avaient pu faire, la majesté et la bonté de Charlemagne le firent; elles désarmèrent ce chef des rebelles, qui se soumit avec plaisir à un si grand prince. Il fit plus encore; pendant son séjour en France, il examina avec soin la Religion, dès qu’il la connut, il l’admira, en ouvrant tout à coup les yeux à la grâce qui l’éclairait intérieurement, il détesta le paganisme et demanda le baptême.
La soumission des Saxons
Il le reçut en effet, et Charlemagne voulut être son parrain. Witikind, qui n’avait pas moins, de franchise que de bravoure, donna des preuves éclatantes de la sincérité de sa conversion, en témoignant dans la suite autant de zèle pour la propagation de la Foi, qu’il avait montré d'acharnement pour en retarder les progrès. Charlemagne rapportait à Dieu la gloire de ses succès à il lui fit rendre de solennelles actions de grâces de la conversion des Saxons et de leur chef.
Le chef des Saxons reçoit le Baptême.
85 - Charlemagne renouvelle les études.
Quand Charlemagne monta sur le trône, l`ignorance était répandue dans toute la France on y avait perdu le goût des lettres, et il n’y avait ni maîtres, ni écoles publiques où l’on pût les apprendre. Charlemagne, qui savait que l’étude des sciences et des arts ne contribue pas moins au bien de la religion qu’à la gloire de l’État, s`appliqua à les rétablir dans son royaume. Pour réussir, il fallait ouvrir des écoles et exciter l’émulation, il fallait encore trouver des maîtres capables d’enseigner et il n’y en avait aucun en France. Ce prince attira à sa cour les hommes les plus instruits et les personnages les plus renommés de tous les pays étrangers: il sut les fixer dans ses états par des récompenses dignes du monarque et des savants qui avaient quitté leur patrie; il ne croyait pas acheter trop cher des hommes qui, par leurs talents, pouvaient faire honneur à la France et à la Religion.
Charlemagne recevant un manuscrit par le moine et savant anglais Alcuin
Celui de qui il tira le plus de services, fut le célèbre Alcuin, savant anglais, qu’il comble de biens et d’honneurs. Cet homme, qui passait pour le plus bel esprit de son temps, avait enseigné dans son pays les sciences sacrées et profanes avec beaucoup de succès. Il se rendit à l’invitation de Charlemagne, et conseilla à ce prince d'établir des écoles dans les principales villes, et dans les grandes abbayes de son royaume. Charlemagne suivit ce conseil, et il écrivit à ce sujet, aux évêques et aux abbés, une lettre circulaire pour les exhorter à former des établissements si utiles.
Fondation de l`école palatine par Charlemagne
Charlemagne visite les écoles
Comme les leçons données de vive-voix ne suffisent pas, et qu’il faut encore des livres, qui sont en quelque sorte les gardiens et les dépositaires de la science, le roi prit des précautions pour empêcher que cette source publique de l'érudition ne fût altérée par la négligence des copistes, dont on était obligé de se servir avant l’invention de l’imprimerie, il ordonna , par un capitulaire, de n’employer à transcrire les livres que des hommes intelligents et d’un âge mûr. L’étude de la Religion était celle qui attirait principalement son attention, il fit revoir et corriger avec la plus grande exactitude les exemplaires manuscrits de l'Ancien et du Nouveau Testament. Il donna aussi ses soins à la correction des prières qui composent l’office divin, afin qu’il n’y eût rien qui ne fût digne de la majesté de Dieu. Il fit venir de Rome des chantres qui enseignèrent aux Français le chant romain dans toute sa pureté, il ordonna à tous les maîtres de chant du royaume de leur apporter leurs antiphonaires à corriger, et d’apprendre d’eux l’art de chanter.
Charlemagne encourage les copistes et la diffusion des livres
Pour donner lui-même l’exemple de l`application à l’étude, et pour exciter plus efficacement l’émulation, il forma dans l’enceinte de son palais une académie, où les jeunes princes ses enfants et les grands de la cour, venaient pour s’instruire. Le monarque lui-même ne dédaignait pas de descendre quelquefois de son trône, et de se placer au rang des disciples d'Alcuin. La France retira les plus grands avantages de cet établissement; le désir de s’instruire devint général, et chacun s’empressa d'acquérir des connaissances. En peu de temps il se rassembla une compagnie de savants, qui entretenaient entre eux un commerce de littérature, et se communiquaient mutuellement leurs lumières. On croit que ce fut le berceau de l’université de Paris, la plus ancienne et la plus célèbre de toute l’Europe.
Charlemagne fit venir de Rome des chantres qui enseignèrent aux Français le chant romain dans toute sa pureté
86 - Charlemagne est couronné empereur d’Occident. Année 800.
Charlemagne était maître de presque toutes les provinces qui avaient composé l’empire d’Occident. La Germanie, les Gaules, une grande partie de l’Espagne et de l’Italie lui obéissaient. Il ne lui manquait que le titre d’empereur; il avait déjà celui de patrice de Rome, qui ai avait été accordé par les Romains. Ils crurent ne pouvoir mieux reconnaître les services signalés qu'il avait rendus à l’Église, qu'en lui déférant la couronne impériale.
L`empire de Charlemagne comprend la France et l`Allemagne actuelle et une grande influence sur les territoires chrétiens en Italie et en Espagne
Dans un voyage que ce prince fit à Rome, le pape Léon III, de concert avec les principaux seigneurs romains, prit la résolution de le faire proclamer empereur d’Occident. On n’avait point prévenu Charlemagne sur ce grand dessein, afin qu’il ne pût être soupçonné d’avoir brigué cette dignité, et que sa promotion fût plus glorieuse pour lui. En effet , le roi étant allé, le jour de Noël, à la basilique de Saint-Pierre , pour y entendre la messe, fut fort étonné, lorsque le pape lui mit la couronne impériale sur la tête, tandis que tout le peuple s’écriait: « Vie et victoire à Charles très-pieux auguste, couronné de Dieu, grand et pacifique empereur! »
Couronnement de Charlemagne par le Pape Léon III a Noel de l`an 800
Le pape donna en même temps l’onction sainte au roi et au prince Louis son fils; puis il rendit le premier ses hommages au nouvel empereur, en se prosternant publiquement devant lui. C’est ainsi que l’empire d’Occident, que ses anciens maîtres avaient pour ainsi dire abandonné, passa aux Carolingiens dans la personne d’un prince capable, par sa valeur et par sa piété, de soutenir tout le poids de la gloire des Constantin et des Théodose.
La modestie que ce grand prince fit paraître en cette occasion , donna un nouvel éclat à sa dignité, et devint un nouveau titre pour la mériter. Egisnhard, son secrétaire, assure qu’au retour de la cérémonie, ce prince protestait que s’il avait pu prévoir ce que les Romains voulaient faire, il se serait abstenu, malgré la solennité, d’aller ce jour-là à l’église. Il fit des présents magnifiques à la basilique de Saint-Pierre et aux autres églises de Rome, et il partit après Pâque pour retourner à Aix-la-Chapelle. Se voyant en paix avec tous les peuples voisins, Charlemagne voulut signaler les commencements de son empire par un redoublement de zèle pour le bien e ses peuples et pour l’extirpation des vices, il envoya dans les diverses provinces de ses états, des commissaires royaux pour informer des malversations, et pour rendre une exacte justice à tous ceux qui pourraient avoir été lésés. Ce fut par cette dernière action d’équité qu’il acheva de se préparer à la mort. Le temps que Dieu avait marqué pour récompenser tant de vertus arriva, ce grand prince fut pris de la fièvre.
Comme le danger augmentait, il se fit administrer le saint viatique, qu’il reçut avec de grands sentiments de piété, et il rendit son âme à Dieu dans la soixante-douzième année de son âge. Telle fut la mort chrétienne du plus puissant de nos rois, d'un des plus zélés défenseurs de l’Église, d’un prince que le monde a mis au nombre des héros, et la Religion au rang des saints.
La piété de Charlemagne, fut un nouveau sujet de joie pour l’Église, que ce prince ne cessa de protéger pendant le cours d’un règne long et glorieux. Il monta sur le trône, étant encore fort jeune; mais il n’avait de la jeunesse que la vigueur et l’activité, la prudence réglait toutes ses démarches, et il employa sa puissance à étendre le royaume de Jésus-Christ. Dans les premières années de son règne, il publia, à la prière des évêques, un capitulaire pour le maintien de la discipline ecclésiastique. Il protégea le saint siège contre les usurpations du roi des Lombards. Depuis longtemps les Saxons faisaient des pillages sur les terres de sa domination, pour les réprimer, il entreprit contre eux une longue guerre, qui se termina par la conversion de ces peuples.
Charlemagne, protecteur de la foi Chrétienne
Les tribus païennes en Saxe faisaient des raids pour piller les territoires chrétiens de Charlemagne
C’était le fruit le plus précieux qu’il se promettait de sa conquête. Il parut avoir moins à cœur de les soumettre à sa puissance, que de leur porter la lumière de la Foi. Ces peuples païens résistèrent longtemps; mais enfin ils embrassèrent la Religion chrétienne, et c’en fut assez pour leur faire pardonner leurs révoltes continuelles. Comme Charlemagne se défiait de leur inconstance, et que plusieurs d’entre eux paraissaient n’avoir demandé le baptême que par politique, il leur envoya de zélés missionnaires, pour les affermir dans la Foi.
Widukind, le chef des tribus des Saxons païens
Cependant Witikind, le plus accrédité de leurs chefs, ne se rendait pas, et il était plus aigri qu‘abattu par ses défaites. Charlemagne, qui n'avait pu le réduire par la force des armes, ne désespère point de le gagner par la voie de la négociation. Il lui fit proposer une conférence. Witikind se rendit à Attigny, où était alors la cour, et là, ce que tant de combats n'avaient pu faire, la majesté et la bonté de Charlemagne le firent; elles désarmèrent ce chef des rebelles, qui se soumit avec plaisir à un si grand prince. Il fit plus encore; pendant son séjour en France, il examina avec soin la Religion, dès qu’il la connut, il l’admira, en ouvrant tout à coup les yeux à la grâce qui l’éclairait intérieurement, il détesta le paganisme et demanda le baptême.
La soumission des Saxons
Il le reçut en effet, et Charlemagne voulut être son parrain. Witikind, qui n’avait pas moins, de franchise que de bravoure, donna des preuves éclatantes de la sincérité de sa conversion, en témoignant dans la suite autant de zèle pour la propagation de la Foi, qu’il avait montré d'acharnement pour en retarder les progrès. Charlemagne rapportait à Dieu la gloire de ses succès à il lui fit rendre de solennelles actions de grâces de la conversion des Saxons et de leur chef.
Le chef des Saxons reçoit le Baptême.
85 - Charlemagne renouvelle les études.
Quand Charlemagne monta sur le trône, l`ignorance était répandue dans toute la France on y avait perdu le goût des lettres, et il n’y avait ni maîtres, ni écoles publiques où l’on pût les apprendre. Charlemagne, qui savait que l’étude des sciences et des arts ne contribue pas moins au bien de la religion qu’à la gloire de l’État, s`appliqua à les rétablir dans son royaume. Pour réussir, il fallait ouvrir des écoles et exciter l’émulation, il fallait encore trouver des maîtres capables d’enseigner et il n’y en avait aucun en France. Ce prince attira à sa cour les hommes les plus instruits et les personnages les plus renommés de tous les pays étrangers: il sut les fixer dans ses états par des récompenses dignes du monarque et des savants qui avaient quitté leur patrie; il ne croyait pas acheter trop cher des hommes qui, par leurs talents, pouvaient faire honneur à la France et à la Religion.
Charlemagne recevant un manuscrit par le moine et savant anglais Alcuin
Celui de qui il tira le plus de services, fut le célèbre Alcuin, savant anglais, qu’il comble de biens et d’honneurs. Cet homme, qui passait pour le plus bel esprit de son temps, avait enseigné dans son pays les sciences sacrées et profanes avec beaucoup de succès. Il se rendit à l’invitation de Charlemagne, et conseilla à ce prince d'établir des écoles dans les principales villes, et dans les grandes abbayes de son royaume. Charlemagne suivit ce conseil, et il écrivit à ce sujet, aux évêques et aux abbés, une lettre circulaire pour les exhorter à former des établissements si utiles.
Fondation de l`école palatine par Charlemagne
Charlemagne visite les écoles
Comme les leçons données de vive-voix ne suffisent pas, et qu’il faut encore des livres, qui sont en quelque sorte les gardiens et les dépositaires de la science, le roi prit des précautions pour empêcher que cette source publique de l'érudition ne fût altérée par la négligence des copistes, dont on était obligé de se servir avant l’invention de l’imprimerie, il ordonna , par un capitulaire, de n’employer à transcrire les livres que des hommes intelligents et d’un âge mûr. L’étude de la Religion était celle qui attirait principalement son attention, il fit revoir et corriger avec la plus grande exactitude les exemplaires manuscrits de l'Ancien et du Nouveau Testament. Il donna aussi ses soins à la correction des prières qui composent l’office divin, afin qu’il n’y eût rien qui ne fût digne de la majesté de Dieu. Il fit venir de Rome des chantres qui enseignèrent aux Français le chant romain dans toute sa pureté, il ordonna à tous les maîtres de chant du royaume de leur apporter leurs antiphonaires à corriger, et d’apprendre d’eux l’art de chanter.
Charlemagne encourage les copistes et la diffusion des livres
Pour donner lui-même l’exemple de l`application à l’étude, et pour exciter plus efficacement l’émulation, il forma dans l’enceinte de son palais une académie, où les jeunes princes ses enfants et les grands de la cour, venaient pour s’instruire. Le monarque lui-même ne dédaignait pas de descendre quelquefois de son trône, et de se placer au rang des disciples d'Alcuin. La France retira les plus grands avantages de cet établissement; le désir de s’instruire devint général, et chacun s’empressa d'acquérir des connaissances. En peu de temps il se rassembla une compagnie de savants, qui entretenaient entre eux un commerce de littérature, et se communiquaient mutuellement leurs lumières. On croit que ce fut le berceau de l’université de Paris, la plus ancienne et la plus célèbre de toute l’Europe.
Charlemagne fit venir de Rome des chantres qui enseignèrent aux Français le chant romain dans toute sa pureté
86 - Charlemagne est couronné empereur d’Occident. Année 800.
Charlemagne était maître de presque toutes les provinces qui avaient composé l’empire d’Occident. La Germanie, les Gaules, une grande partie de l’Espagne et de l’Italie lui obéissaient. Il ne lui manquait que le titre d’empereur; il avait déjà celui de patrice de Rome, qui ai avait été accordé par les Romains. Ils crurent ne pouvoir mieux reconnaître les services signalés qu'il avait rendus à l’Église, qu'en lui déférant la couronne impériale.
L`empire de Charlemagne comprend la France et l`Allemagne actuelle et une grande influence sur les territoires chrétiens en Italie et en Espagne
Dans un voyage que ce prince fit à Rome, le pape Léon III, de concert avec les principaux seigneurs romains, prit la résolution de le faire proclamer empereur d’Occident. On n’avait point prévenu Charlemagne sur ce grand dessein, afin qu’il ne pût être soupçonné d’avoir brigué cette dignité, et que sa promotion fût plus glorieuse pour lui. En effet , le roi étant allé, le jour de Noël, à la basilique de Saint-Pierre , pour y entendre la messe, fut fort étonné, lorsque le pape lui mit la couronne impériale sur la tête, tandis que tout le peuple s’écriait: « Vie et victoire à Charles très-pieux auguste, couronné de Dieu, grand et pacifique empereur! »
Couronnement de Charlemagne par le Pape Léon III a Noel de l`an 800
Le pape donna en même temps l’onction sainte au roi et au prince Louis son fils; puis il rendit le premier ses hommages au nouvel empereur, en se prosternant publiquement devant lui. C’est ainsi que l’empire d’Occident, que ses anciens maîtres avaient pour ainsi dire abandonné, passa aux Carolingiens dans la personne d’un prince capable, par sa valeur et par sa piété, de soutenir tout le poids de la gloire des Constantin et des Théodose.
La modestie que ce grand prince fit paraître en cette occasion , donna un nouvel éclat à sa dignité, et devint un nouveau titre pour la mériter. Egisnhard, son secrétaire, assure qu’au retour de la cérémonie, ce prince protestait que s’il avait pu prévoir ce que les Romains voulaient faire, il se serait abstenu, malgré la solennité, d’aller ce jour-là à l’église. Il fit des présents magnifiques à la basilique de Saint-Pierre et aux autres églises de Rome, et il partit après Pâque pour retourner à Aix-la-Chapelle. Se voyant en paix avec tous les peuples voisins, Charlemagne voulut signaler les commencements de son empire par un redoublement de zèle pour le bien e ses peuples et pour l’extirpation des vices, il envoya dans les diverses provinces de ses états, des commissaires royaux pour informer des malversations, et pour rendre une exacte justice à tous ceux qui pourraient avoir été lésés. Ce fut par cette dernière action d’équité qu’il acheva de se préparer à la mort. Le temps que Dieu avait marqué pour récompenser tant de vertus arriva, ce grand prince fut pris de la fièvre.
Comme le danger augmentait, il se fit administrer le saint viatique, qu’il reçut avec de grands sentiments de piété, et il rendit son âme à Dieu dans la soixante-douzième année de son âge. Telle fut la mort chrétienne du plus puissant de nos rois, d'un des plus zélés défenseurs de l’Église, d’un prince que le monde a mis au nombre des héros, et la Religion au rang des saints.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
87 - Conversion des Danois et des Suédois. Année 829.
La conversion des Saxons fut suivie de celle de plusieurs autres peuples, chez qui la lumière de l`Évangile s’étendit de proche en proche. Saint Anscaire le porta dans le Danemark et dans la Suède. Ce saint Apôtre était né en France, et il avait été élevé dans le monastère de Corbie. Après s’être rempli dans la retraite de l’esprit apostolique, il fut envoyé par ses supérieurs en Danemark, pour en éclairer les habitants, encore barbares et païens. Il y travailla avec succès, et le nombre des Fidèles croissait de jour en jour.
St-Anscaire de Corbie, évangélisateur des peuples scandinaves
Carte de la Suède et du Danemark vers l`an 750
Le moyen le plus efficace qu’il employa pour y perpétuer le fruit de ses prédications, fut d’acheter de jeunes esclaves pour les élever dans la crainte de Dieu; et il parvint à y former une école nombreuse. Pendant que cette œuvre prospérait, le roi de Suède demanda à l’empereur Louis-le-Débonnaire, quelques missionnaires pour annoncer l’Évangile dans ses états. L’empereur jugea à propos d'envoyer saint Anscaire en Suède, et il lui associa un autre religieux de Corbie, qui s'offrit de l’accompagner dans cette nouvelle mission. Les deux missionnaires partirent ensemble, chargés des présents que Louis envoyait au roi de Suède; mais ils furent dépouillés en chemin par des pirates, qui enlevèrent les présents. Ainsi ils arrivèrent en Suède, ne portant avec eux que la bonne nouvelle du salut.
Mission de St-Anscaire aux peuples païens de Suède
Ils furent néanmoins bien reçus du roi, et ils firent beaucoup de conversions. Le gouverneur de la ville fut un des premiers que la grâce convertit; et ce seigneur, qui était fort chéri du roi, fit bâtir une église, donna des marques d’une sincère piété, et persévéra dans la Foi qu’il avait embrassée. Lorsque le nombre des Chrétiens se fut considérablement augmenté, on établit à Hambourg un siège archiépiscopal, et saint Anscaire en fut ordonné archevêque. Il cultiva ce champ avec un zèle infatigable, et y mena une vie très-austère, ne se nourrissant que de pain et d’eau.
La croix d`Ansgar sur le lieu de la première congrégation chrétienne a Birka en Suède en 831
La chapelle d`Ansgar (St-Anscaire) a Birka
La ville Viking de Birka près de Stockholm
Vitrail d`une église de Stockholm
Il se retirait souvent dans un petit ermitage, qu’il avait bâti exprès pour y être en repos, et pour y répandre en liberté des larmes devant Dieu, dans les intervalles de ses fonctions pastorales. Dieu lui accorda le don des miracles, et il guérit beaucoup de malades par la vertu de ses prières; mais son humilité l’empêchait de se les attribuer. Comme l’on parlait un jour devant lui de quelques guérisons miraculeuses qu’il avait opérées : « Si j’avais, dit-il, du crédit auprès de Dieu, je ne lui demanderais qu’un seul miracle, ce serait qu’il me rendit, par sa grâce, homme de bien.» Le saint prélat avait toujours espéré qu’il verserait son sang pour la Foi. Quand il se vit attaqué de la maladie dont il mourut, il était inconsolable de n’avoir pas ce bonheur. « Hélas! disait-il, ce sont mes péchés qui m’ont privé de la grâce du martyre.»
La cathédrale St-Ansgar de Copenhague au Danemark
Étant près de sa fin, il ramena ce qui lui restait de forces, pour exhorté ses disciples à servir Dieu avec fidélité, et à soutenir sa chère mission. Cette Église naissante essuya, pendant quelque temps, un orage violent par une irruption de Barbares; mais la précieuse semence que le saint Apôtre y avait jetée, reparut ensuite, et fructifia par les travaux de ses successeurs.
88 - Conversion des Slaves et des Russes. Année 842
Les Slaves, peuple barbare qui occupait une partie du Pays qu’on nomme aujourd’hui la Pologne, faisaient souvent des pillages sur les terres de l’empire d’Orient. Ils eurent occasion de connaître la religion chrétienne, et ils conçurent le désir de l’embrasser. Dans ce dessein, ils s’adressèrent à l’impératrice Théodora, qui gouvernait alors au nom de son fils, encore enfant, et ils la prièrent de leur envoyer un missionnaire pour les instruire : ils promettaient, en reconnaissance de ce bienfait, d’être désormais constamment attachés à l’empire. Celui qui fut choisi pour cette mission s'appelait Constantin. (Cyrille et son frère Méthode – moines du mont Athos en Grèce)
Cyrille ( Constantin) et son frère Méthode, évangélisateurs des Slaves.
Théodora, impératrice de l`empire romain d`Orient à Constantinople
Les tribus slaves vivaient à l`est et au nord des états christianisés
Dès qu’il fut arrivé chez ce peuple, il s’appliqua à apprendre la langue du Pays: il traduisit en cette langue l`Évangile et les autres parties de l’Écriture qu’il crut les plus utiles pour instruire les Fidèles. Dieu bénit ses travaux, et toute la nation se fit chrétienne. La conversion des Slaves ouvrait une porte à l’Évangile chez les Russes leurs voisins; la lumière de la Foi ne tarda pas à y pénétré.
Les peuples slaves d`Europe de l`est et de Russie étaient encore païens et adorateurs d`idoles
L’empereur Basile ( Rurik ou Oleg de Novgorod – des chefs vikings qui gouvernaient les Slaves – aussi nommé Varègues) profita de cette ouverture pour conclure avec eux un traité de paix; et, après avoir adouci, par des présents, leur férocité naturelle, il leur fit accepter un évêque ordonné par Ignace, patriarche de Constantinople. Un miracle frappant, que le saint évêque opéra, rendit ses instructions fécondes, le prince des russe avait assemblé la nation pour délibérer s’ils devaient quitter leur ancienne religion fit paraitre l’évêque, et on lui demanda ce qu’il venait enseigner. Le saint prélat montra le livre des Évangiles et conta quelques miracles, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament.
Oleg de Novgorod
Celui des trois enfants dans la fournaise, fit la plus vive impression sur l’assemblée, qui lui dit: « Si tu nous fais voir quelque merveille semblable, nous croirons que tu nous
enseignes la vérité.» Il n'est pas permis de tenter Dieu, reprit l’évêque, si cependant vous êtes résolus de reconnaître sa puissance, demandez ce que vous voudrez, et il vous la manifestera par l’organe de son ministre. « Les Russes demandèrent que le livre qu’il tenait fût jeté dans un feu qu'ils auraient allumé eux-mêmes, et promirent, s’il n’était pas brûlé, de se faire Chrétiens. Alors l’évêque levant les yeux et les mains au Ciel : « Jésus, Fils de Dieu, dit-il, glorifiez votre saint nom en présence de ce peuple. » On jeta le livre dans une fournaise ardente, et on le laissa longtemps.
Baptême des russes sous l`empereur Vladimir qui régna de l`an 980 a l`an 1015 a Kiev
On éteignit ensuite le feu, et l’on retrouva le livre aussi entier qu’on l’y avait jeté. Aussitôt le peuple demanda le baptême, et le reçut avec empressement. Dieu a renouvelé de siècle en siècle, et renouvelle encore de nos jours les miracles qui ont signalé l’établissement de la Religion chrétienne. Son bras n'est point raccourci, et quand il envoie des missionnaires à un nouveau peuple, il opère en sa faveur les mêmes prodiges qui ont accompagné la prédication des Apôtres.
La conversion des Saxons fut suivie de celle de plusieurs autres peuples, chez qui la lumière de l`Évangile s’étendit de proche en proche. Saint Anscaire le porta dans le Danemark et dans la Suède. Ce saint Apôtre était né en France, et il avait été élevé dans le monastère de Corbie. Après s’être rempli dans la retraite de l’esprit apostolique, il fut envoyé par ses supérieurs en Danemark, pour en éclairer les habitants, encore barbares et païens. Il y travailla avec succès, et le nombre des Fidèles croissait de jour en jour.
St-Anscaire de Corbie, évangélisateur des peuples scandinaves
Carte de la Suède et du Danemark vers l`an 750
Le moyen le plus efficace qu’il employa pour y perpétuer le fruit de ses prédications, fut d’acheter de jeunes esclaves pour les élever dans la crainte de Dieu; et il parvint à y former une école nombreuse. Pendant que cette œuvre prospérait, le roi de Suède demanda à l’empereur Louis-le-Débonnaire, quelques missionnaires pour annoncer l’Évangile dans ses états. L’empereur jugea à propos d'envoyer saint Anscaire en Suède, et il lui associa un autre religieux de Corbie, qui s'offrit de l’accompagner dans cette nouvelle mission. Les deux missionnaires partirent ensemble, chargés des présents que Louis envoyait au roi de Suède; mais ils furent dépouillés en chemin par des pirates, qui enlevèrent les présents. Ainsi ils arrivèrent en Suède, ne portant avec eux que la bonne nouvelle du salut.
Mission de St-Anscaire aux peuples païens de Suède
Ils furent néanmoins bien reçus du roi, et ils firent beaucoup de conversions. Le gouverneur de la ville fut un des premiers que la grâce convertit; et ce seigneur, qui était fort chéri du roi, fit bâtir une église, donna des marques d’une sincère piété, et persévéra dans la Foi qu’il avait embrassée. Lorsque le nombre des Chrétiens se fut considérablement augmenté, on établit à Hambourg un siège archiépiscopal, et saint Anscaire en fut ordonné archevêque. Il cultiva ce champ avec un zèle infatigable, et y mena une vie très-austère, ne se nourrissant que de pain et d’eau.
La croix d`Ansgar sur le lieu de la première congrégation chrétienne a Birka en Suède en 831
La chapelle d`Ansgar (St-Anscaire) a Birka
La ville Viking de Birka près de Stockholm
Vitrail d`une église de Stockholm
Il se retirait souvent dans un petit ermitage, qu’il avait bâti exprès pour y être en repos, et pour y répandre en liberté des larmes devant Dieu, dans les intervalles de ses fonctions pastorales. Dieu lui accorda le don des miracles, et il guérit beaucoup de malades par la vertu de ses prières; mais son humilité l’empêchait de se les attribuer. Comme l’on parlait un jour devant lui de quelques guérisons miraculeuses qu’il avait opérées : « Si j’avais, dit-il, du crédit auprès de Dieu, je ne lui demanderais qu’un seul miracle, ce serait qu’il me rendit, par sa grâce, homme de bien.» Le saint prélat avait toujours espéré qu’il verserait son sang pour la Foi. Quand il se vit attaqué de la maladie dont il mourut, il était inconsolable de n’avoir pas ce bonheur. « Hélas! disait-il, ce sont mes péchés qui m’ont privé de la grâce du martyre.»
La cathédrale St-Ansgar de Copenhague au Danemark
Étant près de sa fin, il ramena ce qui lui restait de forces, pour exhorté ses disciples à servir Dieu avec fidélité, et à soutenir sa chère mission. Cette Église naissante essuya, pendant quelque temps, un orage violent par une irruption de Barbares; mais la précieuse semence que le saint Apôtre y avait jetée, reparut ensuite, et fructifia par les travaux de ses successeurs.
88 - Conversion des Slaves et des Russes. Année 842
Les Slaves, peuple barbare qui occupait une partie du Pays qu’on nomme aujourd’hui la Pologne, faisaient souvent des pillages sur les terres de l’empire d’Orient. Ils eurent occasion de connaître la religion chrétienne, et ils conçurent le désir de l’embrasser. Dans ce dessein, ils s’adressèrent à l’impératrice Théodora, qui gouvernait alors au nom de son fils, encore enfant, et ils la prièrent de leur envoyer un missionnaire pour les instruire : ils promettaient, en reconnaissance de ce bienfait, d’être désormais constamment attachés à l’empire. Celui qui fut choisi pour cette mission s'appelait Constantin. (Cyrille et son frère Méthode – moines du mont Athos en Grèce)
Cyrille ( Constantin) et son frère Méthode, évangélisateurs des Slaves.
Théodora, impératrice de l`empire romain d`Orient à Constantinople
Les tribus slaves vivaient à l`est et au nord des états christianisés
Dès qu’il fut arrivé chez ce peuple, il s’appliqua à apprendre la langue du Pays: il traduisit en cette langue l`Évangile et les autres parties de l’Écriture qu’il crut les plus utiles pour instruire les Fidèles. Dieu bénit ses travaux, et toute la nation se fit chrétienne. La conversion des Slaves ouvrait une porte à l’Évangile chez les Russes leurs voisins; la lumière de la Foi ne tarda pas à y pénétré.
Les peuples slaves d`Europe de l`est et de Russie étaient encore païens et adorateurs d`idoles
L’empereur Basile ( Rurik ou Oleg de Novgorod – des chefs vikings qui gouvernaient les Slaves – aussi nommé Varègues) profita de cette ouverture pour conclure avec eux un traité de paix; et, après avoir adouci, par des présents, leur férocité naturelle, il leur fit accepter un évêque ordonné par Ignace, patriarche de Constantinople. Un miracle frappant, que le saint évêque opéra, rendit ses instructions fécondes, le prince des russe avait assemblé la nation pour délibérer s’ils devaient quitter leur ancienne religion fit paraitre l’évêque, et on lui demanda ce qu’il venait enseigner. Le saint prélat montra le livre des Évangiles et conta quelques miracles, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament.
Oleg de Novgorod
Celui des trois enfants dans la fournaise, fit la plus vive impression sur l’assemblée, qui lui dit: « Si tu nous fais voir quelque merveille semblable, nous croirons que tu nous
enseignes la vérité.» Il n'est pas permis de tenter Dieu, reprit l’évêque, si cependant vous êtes résolus de reconnaître sa puissance, demandez ce que vous voudrez, et il vous la manifestera par l’organe de son ministre. « Les Russes demandèrent que le livre qu’il tenait fût jeté dans un feu qu'ils auraient allumé eux-mêmes, et promirent, s’il n’était pas brûlé, de se faire Chrétiens. Alors l’évêque levant les yeux et les mains au Ciel : « Jésus, Fils de Dieu, dit-il, glorifiez votre saint nom en présence de ce peuple. » On jeta le livre dans une fournaise ardente, et on le laissa longtemps.
Baptême des russes sous l`empereur Vladimir qui régna de l`an 980 a l`an 1015 a Kiev
On éteignit ensuite le feu, et l’on retrouva le livre aussi entier qu’on l’y avait jeté. Aussitôt le peuple demanda le baptême, et le reçut avec empressement. Dieu a renouvelé de siècle en siècle, et renouvelle encore de nos jours les miracles qui ont signalé l’établissement de la Religion chrétienne. Son bras n'est point raccourci, et quand il envoie des missionnaires à un nouveau peuple, il opère en sa faveur les mêmes prodiges qui ont accompagné la prédication des Apôtres.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
89 - Conversion des Bulgares. Année 855.
Les Bulgares, dans une guerre qu’ils eurent à souffrir contre Théophile, empereur romain d'orient, avaient perdu une bataille considérable, et parmi les captifs se trouva la sœur du roi vaincu. Cette princesse emmenée à Constantinople avec les autres prisonniers de guerre, et on la retint pendant trente-huit ans. Dans ce long intervalle, elle se fit instruire de la Religion chrétienne, et reçut le baptême. Après la mort de l’empereur, Théodora, sa veuve, gouverna au nom de son fils.
Guerrier slaves du sud bulgares
Les régions d`installations des tribus slaves des Bulgares au nord de la Grèce et à l`ouest de Constantinople, la capitale chrétienne de l`empire romain d`Orient vers l`an 900
Alors le roi des Bulgares, croyant la circonstance favorable pour réparer sa défaite, lui déclara la guerre. Théodora répondit avec fermeté que, s’il entrait sur les terres de l’empire, elle marcherait contre lui, et qu'elle espérait le vaincre mais que quand même la victoire se déclarerait pour lui, il aurait encore à rougir de n'avoir combattu qu’une femme.
Théodora, impératrice de l`Empire romain d`Orient
Boris 1 er, roi des Bulgares, le premier chef de ces tribus païennes à se convertir à la foi chrétienne. Il était appelé le baptiseur
Le roi, étonné d’une réponse si fière, conçut de l’estime pour Théodora : il offrit la paix à certaines conditions, qui furent acceptées. Une de ces conditions était que la liberté serait rendue à la sœur du roi. De retour auprès de son frère, la princesse ne cessait de lui parler de la Religion chrétienne, et de l’exhorter à l’embrasser. Ces discours ébranlèrent le roi, et le Ciel semblait agir de concert avec la princesse.
Constantinople, capitale de l`Empire romain d`Orient (de nos jours Istanboul en Turquie)
Une maladie contagieuse s'étant répandue dans la Bulgarie, le roi eut recours au Dieu de sa sœur, et le fléau cessa presque aussitôt. Après ce prodige, le roi était convaincu; mais la crainte de soulever ses sujets, lui étaient fort attachés à leurs superstitions, le retenait encore: il fallut effrayer ce prince, pour le faire plier sous le joug de l’Évangile. L'occasion se présenta, et sans doute c’était la Providence qui la ménageait. Le roi faisait peindre une galerie dans son palais; comme il était naturellement dur et féroce, il avait expressément recommandé au peintre de choisir un sujet terrible. Ce peintre, qui était, Chrétien, représenta le Jugement dernier et les supplices des réprouvés, avec les circonstances les plus capables d’empirer la terreur.
Le Jugement dernier
L'explication de ce tableau glaça d’effroi le roi lui-même : il prit la résolution de renoncer à l’idolâtrie, et il fit savoir à Théodora qu’il n’attendait plus qu’un ministre de la Religion chrétienne pour recevoir le baptême. L’impératrice lui envoya un évêque, qui le baptisa pendant la nuit. Malgré les précautions que l’on prit pour tenir la chose secrète, le bruit s’en répandit bientôt. Les Bulgares se révoltèrent, et vinrent attaquer le palais; mais le roi, plein de confiance dans le secours du Ciel, sortit à la tête de ses domestiques, et dissipa cette multitude de séditieux.
Baptême d`un chef bulgare
Il pardonna aux rebelles, qui prirent enfin des idées plus justes de la Religion, et l’embrassèrent eux-mêmes. Alors le roi envoya des ambassadeurs au pape, comme au chef de l’Église, pour lui demander des ministres évangéliques, et pour le consulter sur plusieurs questions qui concernaient la Religion et les mœurs. Le pape Nicolas I er vit avec attendrissement ces nouveaux Chrétiens, qui étaient venus de si loin pour recevoir les instructions du saint Siège. Après les avoir accueillis avec une affection paternelle, il répondit à leur consultation, et es renvoya pleins de joie, accompagnés de deux évêques recommandables par leur sagesse et par leur vertu.
Cathédrale Alexandre Nevsky a Sofia
Les Bulgares, dans une guerre qu’ils eurent à souffrir contre Théophile, empereur romain d'orient, avaient perdu une bataille considérable, et parmi les captifs se trouva la sœur du roi vaincu. Cette princesse emmenée à Constantinople avec les autres prisonniers de guerre, et on la retint pendant trente-huit ans. Dans ce long intervalle, elle se fit instruire de la Religion chrétienne, et reçut le baptême. Après la mort de l’empereur, Théodora, sa veuve, gouverna au nom de son fils.
Guerrier slaves du sud bulgares
Les régions d`installations des tribus slaves des Bulgares au nord de la Grèce et à l`ouest de Constantinople, la capitale chrétienne de l`empire romain d`Orient vers l`an 900
Alors le roi des Bulgares, croyant la circonstance favorable pour réparer sa défaite, lui déclara la guerre. Théodora répondit avec fermeté que, s’il entrait sur les terres de l’empire, elle marcherait contre lui, et qu'elle espérait le vaincre mais que quand même la victoire se déclarerait pour lui, il aurait encore à rougir de n'avoir combattu qu’une femme.
Théodora, impératrice de l`Empire romain d`Orient
Boris 1 er, roi des Bulgares, le premier chef de ces tribus païennes à se convertir à la foi chrétienne. Il était appelé le baptiseur
Le roi, étonné d’une réponse si fière, conçut de l’estime pour Théodora : il offrit la paix à certaines conditions, qui furent acceptées. Une de ces conditions était que la liberté serait rendue à la sœur du roi. De retour auprès de son frère, la princesse ne cessait de lui parler de la Religion chrétienne, et de l’exhorter à l’embrasser. Ces discours ébranlèrent le roi, et le Ciel semblait agir de concert avec la princesse.
Constantinople, capitale de l`Empire romain d`Orient (de nos jours Istanboul en Turquie)
Une maladie contagieuse s'étant répandue dans la Bulgarie, le roi eut recours au Dieu de sa sœur, et le fléau cessa presque aussitôt. Après ce prodige, le roi était convaincu; mais la crainte de soulever ses sujets, lui étaient fort attachés à leurs superstitions, le retenait encore: il fallut effrayer ce prince, pour le faire plier sous le joug de l’Évangile. L'occasion se présenta, et sans doute c’était la Providence qui la ménageait. Le roi faisait peindre une galerie dans son palais; comme il était naturellement dur et féroce, il avait expressément recommandé au peintre de choisir un sujet terrible. Ce peintre, qui était, Chrétien, représenta le Jugement dernier et les supplices des réprouvés, avec les circonstances les plus capables d’empirer la terreur.
Le Jugement dernier
L'explication de ce tableau glaça d’effroi le roi lui-même : il prit la résolution de renoncer à l’idolâtrie, et il fit savoir à Théodora qu’il n’attendait plus qu’un ministre de la Religion chrétienne pour recevoir le baptême. L’impératrice lui envoya un évêque, qui le baptisa pendant la nuit. Malgré les précautions que l’on prit pour tenir la chose secrète, le bruit s’en répandit bientôt. Les Bulgares se révoltèrent, et vinrent attaquer le palais; mais le roi, plein de confiance dans le secours du Ciel, sortit à la tête de ses domestiques, et dissipa cette multitude de séditieux.
Baptême d`un chef bulgare
Il pardonna aux rebelles, qui prirent enfin des idées plus justes de la Religion, et l’embrassèrent eux-mêmes. Alors le roi envoya des ambassadeurs au pape, comme au chef de l’Église, pour lui demander des ministres évangéliques, et pour le consulter sur plusieurs questions qui concernaient la Religion et les mœurs. Le pape Nicolas I er vit avec attendrissement ces nouveaux Chrétiens, qui étaient venus de si loin pour recevoir les instructions du saint Siège. Après les avoir accueillis avec une affection paternelle, il répondit à leur consultation, et es renvoya pleins de joie, accompagnés de deux évêques recommandables par leur sagesse et par leur vertu.
Cathédrale Alexandre Nevsky a Sofia
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - année 1818 (avec images et cartes)
90 - Réflexion sur les Hérésies.
Les hérésies et les schismes sont la seconde épreuve par laquelle l'Église devait passer. « Il faut qu'il y ait des hérésies, dit l'Apôtre, afin de découvrir ceux qui ont une vertu éprouvée. » Cette persécution, qui vient des hérétiques, n'a jamais été plus violente que dans le temps où l’on vit cesser celle des Païens. L'enfer fit alors les plus grands efforts pour détruire par elle-même cette église que les attaques de ses premiers ennemis n'avaient fait qu'affirmer. A peine commençait-elle à respirer par la paix que lui donna l`empereur Constantin, qu'Arius y excita une tempête plus violente que toutes celles qu'elle avait essuyées jusqu'alors.
Arius - prêtre hérétique
Constance, fils de Constantin, séduit par les Ariens, tourmente les Catholiques par toute la terre; nouveau persécuteur du christianisme, et d'autant plus redoutable que, sous le nom de Jésus-Christ, il faisait la guerre à Jésus-Christ même. Après lui, vint Valens, aussi attaché aux Ariens, mais plus violent encore que Constance. D'autres empereurs protégèrent d'autres hérésies avec une égale opiniâtreté. L'Église apprit par une triste expérience, qu'elle n'avait pas moins à souffrir sous les empereurs chrétiens, qu'elle avait souffert sous les empereurs infidèles, et qu'elle devait verser du sang pour défendre non seulement le corps de sa doctrine, mais encore chaque article particulier de sa foi, il n'y en a aucun qu'elle n'ait vu attaquer par ses enfants; la divinité de Jésus-Christ, son Incarnation, sa Grâce, ses Sacrements, tous les dogmes enfin sont devenus la matière de différentes erreurs, et ont donné occasion à de funestes divisions.
L`Église luttant contre l`hérésie
Dans cette confusion de sectes, qui se vantaient d'être chrétiennes, Dieu ne manqua pas à son Église, il la rendit aussi invincible contre les divisions intestines, qu'elle l'avait été contre les ennemis du dehors. Chaque dogme a été solennellement décidé par toute l'Église, c'est à-dire, qu'elle a confirmé ce que l'on était en possession de croire quand l'hérésie avait paru, et ceux qui avaient troublé cette possession, en introduisant la nouveauté, ont été chassés de son sein. L'Église, qui avait vu les hérésies s'élever selon la prédiction de Jésus-Christ, les a vues aussi tomber l'une après l'autre selon ses promesses, quoiqu'elles fussent soutenues par les empereurs et par les rois.
Constance et Valens n'ont pas eu plus de pouvoir pour altérer la foi de l'Église, que Néron et Dioclétien n'en avaient eu pour l'empêcher de s'établir. Dieu, afin d'éprouver ceux qui demeuraient inviolablement attachés à la vérité, a permis que certaines hérésies fissent quelques progrès; mais l'erreur n'a jamais prévalu, l'enseignement public et universel a toujours été pour la vérité; l'Église a toujours conservé un caractère d'autorité que les hérésies ne pouvaient prendre. Elle n'a jamais cessé d'être catholique ou universelle; car elle s'étendait de tous côtés, et en retranchant quelques-uns de ses membres, elle ne perdait rien de son universalité.
Si l'on suit avec attention l'histoire de l'Église, on verra que toutes les fois qu'une hérésie l'a diminuée d'un côté, elle a réparé de l'autre ses pertes, en faisant de nouvelles conquêtes. C'était comme un grand arbre, dont on arrache quelques branches, sa bonne sève ne se perd pas pour cela, il pousse par d'autres endroits, et le retranchement du bois superflu ne fait que rendre ses fruits plus excellents. Elle était, apostolique, c’est-à-dire, qu'elle remontait par une succession non interrompue de pasteurs jusqu'à St Pierre, que Jésus-Christ a établi chef des Apôtres, au lieu que chaque secte manquait nécessairement de cette suite de ministère, et n'allait point au-delà de son auteur, qui avait été lui-même élevé dans l'Église, avant de former une société à part.
Cette séparation avait été éclatante; l’époque en était connue, les Païens eux-mêmes regardaient l’Église, comme la tige d'où toutes les autres sociétés s'étaient séparées, comme le tronc toujours vif, que les branches détachées laissaient en son entier; ils l'appelaient la grande Église, l'Église catholique, il n'était pas possible de lui donner un autre nom, ni de lui trouver un autre auteur que Jésus-Christ même. Les hérétiques, au contraire portaient sur le front un caractère de nouveauté et de rébellion qu'ils ne pouvaient couvrir. Ils n'ont jamais pu se défaire du nom de leurs auteurs : les Ariens, les Pélagiens, les Nestoriens, avaient beau s’offenser du nom qu'on leur donnait; malgré eux le monde voulait parler naturellement, et désignait chaque secte par celui de qui elle tirait sa naissance.
Ce fait visible de leur séparation d'avec la grande Église, l`Église ancienne, l'Église apostolique, subsistait toujours, cette tache de leur nouveauté, qu'ils ne peuvent effacer, déposait toujours contre eux, et montrait, aux yeux de tout l'univers, que leur secte était l'ouvrage des hommes. Aussi, ces branches retranchées du corps de l'arbre ont toujours manqué de fécondité, elles ne prenaient point d'accroissement et elles se desséchaient enfin dans des coins écartés. Les œuvres des hommes ont péri malgré l’enfer qui les soutenait; mais l’œuvre de Dieu est restée ferme et immuable.
L’Église a triomphé des hérésies comme elle avait triomphé de l’idolâtrie. Il en sera de même de toutes les hérésies qui s’élèveront dans l’Église de Jésus-Christ, elles tomberont toutes à ses pieds; ses victoires passées sont pour elle un sûr garant de celles qu’elle remportera à l’avenir, les promesses qu’elle a reçues sont éternelles, et continueront de s’accomplir dans toute la suite des siècles.
91 - Incursion des peuples barbares. Scandales. X. eme siècle.
Dans le dixième siècle, l’Église eut beaucoup à souffrir de la férocité des peuples du Nord, qui ravagèrent successivement toutes les provinces de l’empire d’Occident. Les Vikings, les Hongrois et d’autres peuples sauvages, parcoururent le fer à la main l’Allemagne, l’Angleterre, la France, l’Italie et l’Espagne, et causèrent partout des maux
infinis. Les villes furent réduites en cendres, les monastères pillés et renversés, les études abandonnées, les sciences et les arts presque oubliés. L’ ignorance produisit l'affaiblissement de la discipline et la corruption des mœurs. Les scandales se multiplièrent: les plus saintes lois étaient publiquement violées : le mal avait gagné jusqu'aux premiers pasteurs, et Rome même n'en était pas exempte.
Les raids des Vikings païens en Europe deviennent de plus en plus organisés et dévastateurs.
L’Église gémissait de ces désordres, et cette épreuve était mille fois plus douloureuse pour elle que les persécutions. Ces scandales, au lieu d’ébranler notre foi, doivent au contraire servir à raffermir, jamais il ne parut plus sensiblement que c’est la main de Dieu qui soutient l`Église, et non pas celle des hommes. Au milieu de tant de désordres, la Foi se maintint toujours pure; Dieu ne permit pas que l’on-donnât, dans l’enseignement public, la moindre atteinte à la morale chrétienne, ni à la croyance catholique.
On n’a jamais cessé de réclamer contre les vices et les abus; on renouvelait dans tous les conciles les lois de la discipline, et l’on s’efforçait d’en rétablir l'observation. La divine Providence a suscité des saints illustres, qui se sont opposés avec zèle au torrent de l’iniquité. Enfin l’Église a eu assez de force, non-seulement pour guérir les plaies qu'elle
avait reçues de la part des Barbares , mais encore pour convertir même ces nouveaux persécuteurs , et pour les soumettre au joug de l’Évangile.
Les nations féroces, qui avaient renversé l'empire romain, loin de détruire l’Église, sont elles-mêmes devenues sa conquête. Il est vrai qu’il a fallu du temps pour dompter les restes de leur barbarie originaire, et pour dissiper l’ignorance, qu’elles avaient traînée à leur suite; mais enfin, Dieu a fait triompher l’Église de l’ignorance, de la barbarie, comme elle avait déjà triomphé des persécutions et des hérésies. Les sciences et les arts trouvèrent un asile dans le clergé et dans les monastères. Les maisons épiscopales et religieuses devinrent des écoles publiques, où, le goût de l’étude et l’amour de la science se sont conservés.
Enseignement aux enfants dans les monastères
Pendant que les nobles, dévoués à la profession des armes, regardaient avec mépris la culture des lettres, les clercs et les moines s'occupaient de transcrire les ouvrages anciens qu’ils avaient arrachés des mains des Barbares. Ces précieux monuments auraient péri pour toujours, si l’Église n’avait pris soin de les transmettre à la postérité. C’est dans son sein que ces faibles étincelles des lettres se sont rallumées, et qu’elles ont commencé à jeter quelque éclat; c’est à la Religion que l’on doit, non-seulement la tradition constante et suivie des vérités qui règlent notre croyance et nos mœurs, mais encore la renaissance des lettres, le retour des sciences et les beaux-arts dans l’Europe.
Copies de manuscrits et de livres dans les monastères du moyen-âge
Abbaye de Fontenay en France fondée par St-Bernard en 1118
la suite sur la partie 2
Les hérésies et les schismes sont la seconde épreuve par laquelle l'Église devait passer. « Il faut qu'il y ait des hérésies, dit l'Apôtre, afin de découvrir ceux qui ont une vertu éprouvée. » Cette persécution, qui vient des hérétiques, n'a jamais été plus violente que dans le temps où l’on vit cesser celle des Païens. L'enfer fit alors les plus grands efforts pour détruire par elle-même cette église que les attaques de ses premiers ennemis n'avaient fait qu'affirmer. A peine commençait-elle à respirer par la paix que lui donna l`empereur Constantin, qu'Arius y excita une tempête plus violente que toutes celles qu'elle avait essuyées jusqu'alors.
Arius - prêtre hérétique
Constance, fils de Constantin, séduit par les Ariens, tourmente les Catholiques par toute la terre; nouveau persécuteur du christianisme, et d'autant plus redoutable que, sous le nom de Jésus-Christ, il faisait la guerre à Jésus-Christ même. Après lui, vint Valens, aussi attaché aux Ariens, mais plus violent encore que Constance. D'autres empereurs protégèrent d'autres hérésies avec une égale opiniâtreté. L'Église apprit par une triste expérience, qu'elle n'avait pas moins à souffrir sous les empereurs chrétiens, qu'elle avait souffert sous les empereurs infidèles, et qu'elle devait verser du sang pour défendre non seulement le corps de sa doctrine, mais encore chaque article particulier de sa foi, il n'y en a aucun qu'elle n'ait vu attaquer par ses enfants; la divinité de Jésus-Christ, son Incarnation, sa Grâce, ses Sacrements, tous les dogmes enfin sont devenus la matière de différentes erreurs, et ont donné occasion à de funestes divisions.
L`Église luttant contre l`hérésie
Dans cette confusion de sectes, qui se vantaient d'être chrétiennes, Dieu ne manqua pas à son Église, il la rendit aussi invincible contre les divisions intestines, qu'elle l'avait été contre les ennemis du dehors. Chaque dogme a été solennellement décidé par toute l'Église, c'est à-dire, qu'elle a confirmé ce que l'on était en possession de croire quand l'hérésie avait paru, et ceux qui avaient troublé cette possession, en introduisant la nouveauté, ont été chassés de son sein. L'Église, qui avait vu les hérésies s'élever selon la prédiction de Jésus-Christ, les a vues aussi tomber l'une après l'autre selon ses promesses, quoiqu'elles fussent soutenues par les empereurs et par les rois.
Constance et Valens n'ont pas eu plus de pouvoir pour altérer la foi de l'Église, que Néron et Dioclétien n'en avaient eu pour l'empêcher de s'établir. Dieu, afin d'éprouver ceux qui demeuraient inviolablement attachés à la vérité, a permis que certaines hérésies fissent quelques progrès; mais l'erreur n'a jamais prévalu, l'enseignement public et universel a toujours été pour la vérité; l'Église a toujours conservé un caractère d'autorité que les hérésies ne pouvaient prendre. Elle n'a jamais cessé d'être catholique ou universelle; car elle s'étendait de tous côtés, et en retranchant quelques-uns de ses membres, elle ne perdait rien de son universalité.
Si l'on suit avec attention l'histoire de l'Église, on verra que toutes les fois qu'une hérésie l'a diminuée d'un côté, elle a réparé de l'autre ses pertes, en faisant de nouvelles conquêtes. C'était comme un grand arbre, dont on arrache quelques branches, sa bonne sève ne se perd pas pour cela, il pousse par d'autres endroits, et le retranchement du bois superflu ne fait que rendre ses fruits plus excellents. Elle était, apostolique, c’est-à-dire, qu'elle remontait par une succession non interrompue de pasteurs jusqu'à St Pierre, que Jésus-Christ a établi chef des Apôtres, au lieu que chaque secte manquait nécessairement de cette suite de ministère, et n'allait point au-delà de son auteur, qui avait été lui-même élevé dans l'Église, avant de former une société à part.
Cette séparation avait été éclatante; l’époque en était connue, les Païens eux-mêmes regardaient l’Église, comme la tige d'où toutes les autres sociétés s'étaient séparées, comme le tronc toujours vif, que les branches détachées laissaient en son entier; ils l'appelaient la grande Église, l'Église catholique, il n'était pas possible de lui donner un autre nom, ni de lui trouver un autre auteur que Jésus-Christ même. Les hérétiques, au contraire portaient sur le front un caractère de nouveauté et de rébellion qu'ils ne pouvaient couvrir. Ils n'ont jamais pu se défaire du nom de leurs auteurs : les Ariens, les Pélagiens, les Nestoriens, avaient beau s’offenser du nom qu'on leur donnait; malgré eux le monde voulait parler naturellement, et désignait chaque secte par celui de qui elle tirait sa naissance.
Ce fait visible de leur séparation d'avec la grande Église, l`Église ancienne, l'Église apostolique, subsistait toujours, cette tache de leur nouveauté, qu'ils ne peuvent effacer, déposait toujours contre eux, et montrait, aux yeux de tout l'univers, que leur secte était l'ouvrage des hommes. Aussi, ces branches retranchées du corps de l'arbre ont toujours manqué de fécondité, elles ne prenaient point d'accroissement et elles se desséchaient enfin dans des coins écartés. Les œuvres des hommes ont péri malgré l’enfer qui les soutenait; mais l’œuvre de Dieu est restée ferme et immuable.
L’Église a triomphé des hérésies comme elle avait triomphé de l’idolâtrie. Il en sera de même de toutes les hérésies qui s’élèveront dans l’Église de Jésus-Christ, elles tomberont toutes à ses pieds; ses victoires passées sont pour elle un sûr garant de celles qu’elle remportera à l’avenir, les promesses qu’elle a reçues sont éternelles, et continueront de s’accomplir dans toute la suite des siècles.
91 - Incursion des peuples barbares. Scandales. X. eme siècle.
Dans le dixième siècle, l’Église eut beaucoup à souffrir de la férocité des peuples du Nord, qui ravagèrent successivement toutes les provinces de l’empire d’Occident. Les Vikings, les Hongrois et d’autres peuples sauvages, parcoururent le fer à la main l’Allemagne, l’Angleterre, la France, l’Italie et l’Espagne, et causèrent partout des maux
infinis. Les villes furent réduites en cendres, les monastères pillés et renversés, les études abandonnées, les sciences et les arts presque oubliés. L’ ignorance produisit l'affaiblissement de la discipline et la corruption des mœurs. Les scandales se multiplièrent: les plus saintes lois étaient publiquement violées : le mal avait gagné jusqu'aux premiers pasteurs, et Rome même n'en était pas exempte.
Les raids des Vikings païens en Europe deviennent de plus en plus organisés et dévastateurs.
L’Église gémissait de ces désordres, et cette épreuve était mille fois plus douloureuse pour elle que les persécutions. Ces scandales, au lieu d’ébranler notre foi, doivent au contraire servir à raffermir, jamais il ne parut plus sensiblement que c’est la main de Dieu qui soutient l`Église, et non pas celle des hommes. Au milieu de tant de désordres, la Foi se maintint toujours pure; Dieu ne permit pas que l’on-donnât, dans l’enseignement public, la moindre atteinte à la morale chrétienne, ni à la croyance catholique.
On n’a jamais cessé de réclamer contre les vices et les abus; on renouvelait dans tous les conciles les lois de la discipline, et l’on s’efforçait d’en rétablir l'observation. La divine Providence a suscité des saints illustres, qui se sont opposés avec zèle au torrent de l’iniquité. Enfin l’Église a eu assez de force, non-seulement pour guérir les plaies qu'elle
avait reçues de la part des Barbares , mais encore pour convertir même ces nouveaux persécuteurs , et pour les soumettre au joug de l’Évangile.
Les nations féroces, qui avaient renversé l'empire romain, loin de détruire l’Église, sont elles-mêmes devenues sa conquête. Il est vrai qu’il a fallu du temps pour dompter les restes de leur barbarie originaire, et pour dissiper l’ignorance, qu’elles avaient traînée à leur suite; mais enfin, Dieu a fait triompher l’Église de l’ignorance, de la barbarie, comme elle avait déjà triomphé des persécutions et des hérésies. Les sciences et les arts trouvèrent un asile dans le clergé et dans les monastères. Les maisons épiscopales et religieuses devinrent des écoles publiques, où, le goût de l’étude et l’amour de la science se sont conservés.
Enseignement aux enfants dans les monastères
Pendant que les nobles, dévoués à la profession des armes, regardaient avec mépris la culture des lettres, les clercs et les moines s'occupaient de transcrire les ouvrages anciens qu’ils avaient arrachés des mains des Barbares. Ces précieux monuments auraient péri pour toujours, si l’Église n’avait pris soin de les transmettre à la postérité. C’est dans son sein que ces faibles étincelles des lettres se sont rallumées, et qu’elles ont commencé à jeter quelque éclat; c’est à la Religion que l’on doit, non-seulement la tradition constante et suivie des vérités qui règlent notre croyance et nos mœurs, mais encore la renaissance des lettres, le retour des sciences et les beaux-arts dans l’Europe.
Copies de manuscrits et de livres dans les monastères du moyen-âge
Abbaye de Fontenay en France fondée par St-Bernard en 1118
la suite sur la partie 2
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Sujets similaires
» HISTOIRE ABRÉGÉE DE L'ÉGLISE - PAR M. LHOMOND – France - 1818 - DEUXIEME PARTIE ( Images et Cartes)
» Avec les Sœurs, Frères de Don Bosco et Amis(es)*:Avec les doigts du cœur+ASSCC 150 ans - Histoire de notre Associat 7
» Une histoire abrégée de l`Ancien Testament – (avec images et cartes géographiques)
» *Avec les Sœurs et Frères de Don Bosco* : Images de l'amour
» ŒUVRES CHRÉTIENNES DES FAMILLES ROYALES DE FRANCE - (Images et Musique)- année 1870
» Avec les Sœurs, Frères de Don Bosco et Amis(es)*:Avec les doigts du cœur+ASSCC 150 ans - Histoire de notre Associat 7
» Une histoire abrégée de l`Ancien Testament – (avec images et cartes géographiques)
» *Avec les Sœurs et Frères de Don Bosco* : Images de l'amour
» ŒUVRES CHRÉTIENNES DES FAMILLES ROYALES DE FRANCE - (Images et Musique)- année 1870
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum