LE POÈTE ET PHILOSOPHE CHRÉTIEN: MAXIMES DE VERTU CIVILE, POUR DIVERS ÉTATS DE LA VIE.
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LE POÈTE ET PHILOSOPHE CHRÉTIEN: MAXIMES DE VERTU CIVILE, POUR DIVERS ÉTATS DE LA VIE.
LE POÈTE ET PHILOSOPHE CHRÉTIEN : APOSTROPHE au SAGE MONDAIN, MAXIMES DE VERTU CIVILE, PROPRES AUX DIVERS ÉTATS DE LA VIE.
Source : LE POÈTE ET PHILOSOPHE CHRÉTIEN ou entretien solitaire et sentiment de pénitence – Maximes sur les devoirs de l`homme vertueux – Francfort - Allemagne - année 1765
1 -COMPARAISON DE LA PARESSE ET DE L`ÉMULATION
2 -DES VERTUS CIVILES
3 - DE LA VOLUPTÉ ET DE LA CONTINENCE
4 - DU COURAGE ET DE LA LÂCHETÉ
5 - DE LA COLÈRE ET AUTRES DÉFAUTS
6 -DE L’HUMANITÉ
7 - DE l` AMOUR ET DU MARIAGE
8 - DE LA PATERNITÉ ET DES ENFANTS
9 - COMPARAISON DU SAGE CITOYEN ET DU SOT
10 - CONCLUSION DE CETTE APOSTROPHE.
MORTEL! celui qui t'a créé, t’a donner la terre pour séjour; ton intelligence, tes membres, leurs forces et tout ce que tu trouves en toi d’estimable, et un don de sa bonté; en un mot, les prodiges de ton être sont l'ouvrage de sa main.
Sois donc attentifs à sa voix, que ton cœur en soit pénétré; l'obéissance est le sentier de la paix: mais, surtout, la crainte filiale de son Créateur et Bienfaiteur, est le commencement de la seule vraie Sagesse. 0 homme! descends en toi-même, porte l`œil dans ton âme et regarde que tu naquis pour être une Créature humble, reconnaissante et enflammée enfin d’un Amour filial et fraternel. Examine ton pouvoir, tes besoins, et les différentes circonstances dont tu dépends. Cet examen, comme un sillon de lumière, te guidera dans les routes de la vie, ou tant de tes pareils s`égarent.
Tu vas parler:ne parle point comme un inconsidéré, dont la langue est un tourbillon et chaque Parole un trébuchet où il se prend, se confond et se déshonore.
Tu vas agir: n'agis point comme un étourdi, qui franchit une haie, et tombe de l’autre côté dans un fossé qu`il n'a point vu, et où il se perd, souvent sans-ressource. La modestie est a la vertu ce qu’un excellent vernis est à un beau Tableau elle en fait ressortir l’éclat.
Quel es-tu! toi, qui t’ose t`appeler sage! et Pourquoi t’enorgueillis-tu de tes connaissances, dont tu fais les instruments de ton orgueil, par conséquent de ta folie et du mépris de ceux qui n’ont pas eu le malheur comme toi, de courir tellement après l’esprit, qu’ils en ont perdu le Bon sens et vue. Le Caprice marche avec les idées du présomptueux; le Caprice le confond, et le rend odieux, même à ceux de ses amis qui l`ont souffert avec le plus de patience. Son amour-propre est un feu, et dont l`aliment perpétuel est l’encens ; mais l’encenseur se nourrit en riant de la sottise de l’encenser et le rend enfin le jouet de soi-même. Puisque le jour qui finit, finit sans retour, et que ta mort peut précéder celui qui va naître, mets à profit l’instant que tu tiens, sans trop regretter celui qui est passé, ni trop compter, sur celui qui s’approche: une maladie, une chute imprévue peut te mettre au tombeau.
Ce moment est à toi; cet autre qui va suivre est dans l`abyme de l`avenir. Sais-tu ce qu`il t`apporte? Tu as le loisir de te convertir, dans cet instant; des chagrins, des affaires qui te troubleront, t`empêcheront en d'autres temps d’effectuer cette seule affaire nécessaire.
Que du projet a l`exécution l`intervalle soit un point, tu le sais ne diffère donc pas au soir ce que le matin peut finir. Le sage mondain avoue que pour parvenir dans le monde, il ne faut que s’arranger selon ces trois Principes :
1. De ne pas retarder d’un instant ce qu’on peut faire à l’heure même;
2. De n`appeler, ni d`attendre le secours de qui que ce soit pour exécuter ce qu’on peut faire soi-même.
3. Que si l`on met a ce que l`on fait, soit grand ou chétif en apparence, toute l`application dont ont est capable, l`objet le plus petit deviendra considérable et même analogue à la Parabole du grain de Sénevé qui produit un grand arbre mais ces 3 Règles excluent la paresse, l`orgueil et le caprice.
1 - COMPARAISON DE LA PARESSE ET DE L`ÉMULATION
Le paresseux se pèse à lui-même. Son corps dépérit faute d’exercice; mais, quoiqu’il en arrive, il est certain qu’il tombe dans un tel état d’inanition d’esprit et de forces, que s’il veut agir il n’en a qu’un faible vouloir, qui ne mène que peu ou point à l’exécution; son esprit est ténébreux, ses idées confuse; il craint l’application, il soupire après la Science, qui pour lui est une belle plante, dont il n’a pas le courage d’extirper le suc.
Si tu aimes les honneurs, si la louange coule voluptueusement dans ton cœur, sort de la poussière de ton être, élève ton âme et tes projets, jusqu’à l’objet infiniment aimable, qui, peut seul te rendre heureux dans le temps et dans l`éternité. Ce chêne qui frappe le ciel jette ses branches dans les nues, n’était qu’un gland dans les entrailles de la terre; toi! ce gland créé pour être un Arbre d’honneur! ne te rends point un figuier, maudit pour sa stérilité.
L’Émulation allume dans l’homme un feu hardi. La nuit il voit dans ses songes l’image des grands hommes; le jour il étudie leur pas, et suit leurs traces. Mais le cœur du Paresseux et de l’envieux est pétri de fiel et d’amertume; il n’entre jamais chez lui que le chagrin ne l’accompagne;
2 - DES VERTUS CIVILES
La Prudence parle; écoute! Livre-toi aux conseils qu`elle te donne; fais-les descendre dans ton cœur, et que ton application à te connaitre te rende capable de bon conseil pour toi et ton prochain.
Impose un frein à tes paroles; que la précaution ouvre tes lèvres; un seul mot peu nuire à ta tranquillité, pendant qu’un autre seul mot peut te rendre utile a la société.
Sois économe, mais ne sois point sordide. Ce n’est que pour te reposer le soir, que tu dois; voyageur sensé, profiter du matin de tes jours, pour apprendre avec grande patience le moyen de te rendre capable de conserver et de multiplier les biens et talents que tes parents t`ont procuré par grand travail et des soins très amers; science plus grande que de gagner du Bien, que ceux qui sont esclaves de l’orgueil et des passions dépensent presqu`en un instant, pour leur ruine temporelle et spirituelle.
Borne tes plaisirs, ils énervent l‘âme, un voluptueux est l'esclave de son corps qu’il énerve, et précipite sa mort. Que la Prospérité ne ferme point l`œil de la Circonspection, et que l`Abondance ne détruise point la Frugalité. Qui se plonge dans le superflu regrettera un jour le nécessaire.
N’aie point une méfiance trop prompte, ni une confiance trop légère: éprouve, et souvent tu trouveras matière à confiance et a défiance, ou le premier abord t‘a fait supposer la raison du contraire. Mais quand tu l`auras éprouvé, enferme ton ami dans ton cœur comme un diamant qui n`a pas de prix.
Le danger, l’infortune, le besoin, le travail; et la misère sont plus ou moins le lot de chaque homme mais le mérite, caché sous ces ombres trompeurs pour des yeux offusqués par la Prévention ou l'impatience, dévoile l’honnête homme vertueux patient, et ami de l’Humanité.
O enfant de calamité arme-toi donc de bonne-heure, de Courage et de patience, reçois d`un esprit mâle la portion qui t`est destinée et tu rencontreras enfin une personne que la providence divine t`a destinée pour te consoler, te soutenir, et même peut-être pour relever le mérite que tu as acquis devant ton Dieu, qui connais la pureté de ton cœur et fait que tu souffres aussi innocemment que Job.
N`oublie point que la terre n`est pour toi qu`un séjour, dont l`Éternel a fixé la durée, il perce les replis de ton cœur, il voit la vanité de tes desseins et souvent par pitié, il se refuse à tes vœux. Sa bonté a établi, dans la nature des choses une Probabilité de succès pour tous les projets que la prudence guide, pour tous les efforts que la raison accompagne. Tu ressens de l’inquiétude; tu gémis sous le poids du malheur; remonte à la source; n’est-elle pas dans ta folie, dans ton orgueil, et dans le désordre de ton imagination?
Tu crois cet homme heureux? ne lui porte point envie; ce n’est qu’un vernis de bonheur qui couvre mille peines.
3 - DE LA VOLUPTÉ ET DE LA CONTINENCE
Avoir un esprit juste dans un corps sain, c’est approcher du bonheur autant qu'on peut en approcher; c’est là le système d’un sage mondain. Si le ciel t‘a accordé ces deux dons, évite pour les conserver, les approches de la volupté: ton Bien-être temporel te le conseille, le Christianisme te l’ordonne. Quand elle répand la somptuosité sur la table, que le vin pétille dans la coupe, qu’elle te sourit, qu’elle te montre le plaisir, appelle a ton secours la raison; tu es sur le bord du danger.
A ces heures coulées avec tant de rapidité dans le sein des plaisirs savoureux, succèdent des jours d’ennui, de peine et d’abattement; Le goût blasé est amorti sur les mets les plus délicats; de sacrificateur on devient victime: juste châtiment dont la Providence punit ceux qui abusent de ses présents.
Mais quelle est celle, qui, gracieuse dans son port, d’un air animé, traverse légèrement cette plaine? Ses joues sont colorées comme la rose; sur ses lèvres est la fraîcheur du matin; la joie innocente et l`aimable modestie brillent dans ses yeux: elle chante un air aussi gai que son cœur. Son nom est la Santé, elle est fille de l`exercice et de la Tempérance, ses Frères habitent les montagnes qui s’étende au Nord. Les fils de l`Exercice et de la Tempérance, et pleins de feu, ressemblent à leur sœur; le travail est leur plaisir. L’activité du père ranime leur goût; la Frugalité de leur mère entretient leur vigueur.
Leurs plaisirs sont modérés, mais durables; leur sommeil est court, mais tranquille et profond. Leur sang est pur, leur esprit sans nuages, et la maladie ne les connait pas. Mais les enfants du Voluptueux et de l`intempérant marchent sur des pas différents, et la sécurité n’habite point chez eux. Ce qu’ils ont de santé, de force et d’agrément, n`est que factice, et devient bientôt la proie de l’immolation de leurs sens. Couchés mollement sous un berceau de fleurs, la volupté mendie leurs regards et leur tend des pièges.
Son air est délicat, sa complexion faible; sa parure est un négligé touchant; la lascivité est dans ses yeux, et la séduction dans son cœur. Fuis ses charmes empoisonnés, ferme l`oreille a l`enchantement de ses discours, si tes yeux rencontrent la langueur des siens, si sa voix douce viens frapper ton oreille, si elle jette ses bras autour de ton cou, te voila son esclave; elle t`enchaîne a jamais. La Honte, la Maladie, la Misère, les soins et le Repentir marchent à sa suite. Affaibli par la débauche, endormi par la mollesse, énervé par l’inaction, tu tomberas dans la langueur, le cercle de tes jours est étroit, celui de tes peines étendues; le premier sera sans gloire, l`autre n`excitera aucune pitié.
4 - DU COURAGE ET DE LA LÂCHETÉ
De la crainte naît le malheur, l’espérance porte ses ressources avec elle. Le Lâche est comme l`autruche qu`on poursuit, elle cache sa tête, mais elle oublie son corps et sa vie n`en est pas moins en danger. Si ta raison, marche avec tes désirs, si tu ne portes pas tes espérances au-delà des bornes de la probabilité tu ne manqueras aucun succès, tu ne seras pas trompé dans ton attente.
Viens, suis mes pas; que je te guide entre deux écueils! Regarde à ta droite, c’est la demeure de la joie; …la Gaieté en a peint l’extérieur, mille acclamations bruyantes en sortent. Elle se tient elle-même a la porte, elle rit aux passants et les appelle. Mais garde-toi d’approcher; ne te mêle point avec ceux qui la suive. Ils se font nommer les enfants du Plaisir, ils rient, ils chantent, on dirait qu’ils sont tous contents, mais leur contentement n`est que démence et que folie. Le malheur est enchaîné avec eux; ils courent à leur perte; le Danger les environne, et la Destruction ouvre un abyme sous leurs pas.
Maintenant porte tes yeux à gauche, reconnait les attributs des PASSIONS! Elles mènent leur esclave à la Ruine ou à l’Affliction. Son sein est chargé de soupirs, sa bouche exhale des sanglots; il se plait à déplorer les misères de la vie. Tout ce qu`il envisage prend la couleur de son esprit, la voix de la Plainte attriste nuit et jour son, habitation.
Prends garde; n’avance pas; leur souffle est contagieux; il brûle les fruits et flétries les fleurs qui embellissent le jardin de la vie. Suis, au contraire, le sentier qui est devant toi; il te conduira, par une douce colline, au séjour de la Tranquillité. Avec la Paix habite la Sûreté, ainsi que la vertu: sans être hargneuse, sérieuse sans être grave, elle voit du même œil les plaisirs et les peines de la vie.
5 - DE LA COLÈRE ET AUTRES DÉFAUTS
Un vent Fougueux déchire les arbres et ravage la Nature; un tremblement de terre engloutit avec fracas du villes entières: telle est dans ses accès, la colère: elle répand les mêmes fureurs; le péril et la ruine sont dans ses mains. S’y livrer, c`est aiguiser un fer pour se percer le cœur. On ne doit point se mettre en mer pendant l`orage; ne fais rien dans la passion.
Un étourdi est choqué de l’insolence d’un étourdi; un homme prudent en rit, et le méprise. Vois combien il est peu de choses dans la vie qui méritent ton ressentiment et conviens qu’il y a de l’extravagance à s`y abandonner. La Colère commence dans la Folie; elle finit dans le Repentir. Sur les pas de la Folie, marche la Honte; à côté de la colère, est le Remord.
6 -DE L’HUMANITÉ
La main du Printemps couvre la Terre de fleurs, telle est à l’égard des enfants de l`infortune, la Pitié, qui sourit: elle les remplit de joie. La vertu qui embellit plus l’homme, c'est l’humanité: qui ne plaint personne, ne mérite pas qu’on le plaigne. Vois cette fleur surchargée de rosée; les gouttes qui en tombent donnent la vie à tout et qui est autour d’elle: cependant elles sont moins douces que les pleurs de la Compassion. Ce pauvre traîne de rue en rue, des jours infortunés; il n’a ni habit ni demeure, il est transi de froid : mets-le à l’abri, sous les ailes de ta Charité et conserve-lui La vie, afin que ton âme vive.
Tandis que, privé de tout, ce malheureux gémit, malade sur un lit de douleur; tandis que cet infortuné languit dans les horreurs d’un cachot, ou dans l’exil, ou que le poids de l’âge courbe une tête blanchie, qui peut a peine s’élever jusqu’à toi pour demander ton assistance, oses-tu vivre dans le sein de la superfluité, sans égards pour leurs besoins, sans sentir leurs malheurs?
7 - DE l` AMOUR ET DU MARIAGE
Distingue du désir de l’amour; une fille que la vertu ne conduit point, n’excite que le défi. La Prudence va parler et t‘instruire: écoute, ô fille de la beauté! grave ses maximes au fond de ton cœur ainsi ton esprit embellira tes traits; ainsi tu conserveras, comme la rose à qui tu ressembles, un doux parfum après ta fraîcheur. Au matin de tes jours, aux approches de ta jeunesse, quand les hommes commencent à prendre plaisir à lancer sur toi des regards dont la nature développe lourdement le mystère, le danger t’environne, ferme l’oreille à l'enchantement de leurs paroles; n’écoute point les douceurs de la séduction. Rappelle-toi les vues de Dieu sur ton être. Il te fit pour être la Compagnie de l’homme, et non son humble Aide Servante, et même peut-être; l`esclave de sa pente naturelle ainsi que de la tienne.
Regarde celle qui se rend maîtresse de l`homme, qui le subjugue et qui règne dans son cœur. L`Innocence dirige son esprit et la pudeur colore ses joues. Elle se plait chez-elle et n`y est jamais oisive. Elle est habillée proprement mais sans luxe. La frugalité règle sa table. L`humble douceur est une couronne de gloire qui entoure son front. Comme elle est bonne, elle ne croit pas que l`ont puisse être méchant. Heureux l`homme qui doit en faire sa femme. Heureux l`enfant qui l`appellera sa mère. Elle se plait à prendre soin de sa famille; son unique étude est d`unir l`élégance a l`économie. La Prospérité ne l`enorgueilli point; et sa patience guérit les coups de la Fortune.
Elle suggère avec une humble douceur des conseils à son époux; et il est soulagé; elle lui fait des caresses et ses maux sont adoucis; elle reçoit dans son sein l’épanchement de son cœur, et il est consolé. Heureux l’homme qui en a fait sa femme! Heureux, l’enfant qui l’appelle sa mère!
Par rapport au jeune homme.
Obéis à Dieu, prends une femme et fidèle à la société deviens en une branche utile. Mais ne te fixe pas d’abord que la Précaution suspende ton jugement; le bonheur de tes jours dépend du choix que tu vas faire.
Si elle perd à se parer une partie de son temps, si éprise de sa beauté, elle n`est flattée que des éloges qu`on lui en fait; si elle n’est retenue ni dans ses propos ni dans sa joie; si trop de dissipation l’emporte comme un tourbillon dans le grand monde, si son œil fixe sur les hommes un regard effronté, fût-elle plus brillante qu`une astre afin, fuis loin de ses regards; évite le sentier qu`elle a pris et que tes sens ne précipitent pas ton cœur dans ses pièges.
Par rapport au jeune marié
Si tu trouve dans une femme un cœur sensible et des mœurs douces, un esprit orné et une physionomie à ton imagination, unis ton sort au sien fais-en une amie, une compagne, une épouse. Regarde-la comme une faveur du ciel, et que de ta complaisance pour elle naisse ton amour. Elle est maîtresse chez toi en ton nom si tu lui manques d’égards, on lui manquera de soumission. Ne t`oppose point légèrement à son goût; elle partage tes peines, qu’elle partage tes plaisirs. Reprends-la avec douceur: demande, mais n’exige rien.
Confie à sa foi tes secrets parce que tes intérêts sont les siens; Prends ses avis si tu la trouve modérée et prudente dans le cas, cela suppose que tu ne seras point trompé. Sois fidèle à son lit, car elle est la mère de tes enfants. Quand la maladie étendra sur elle ses rudes coups, attendris-toi sur sa peine, un regard d`amour de ta part soulagera sa douleur, et lui rendra l’éclat de la santé. Respecte la femme, sa complexion est plus délicate; glisse sur ses défauts; les tiens sont sans nombre.
8 - DE LA PATERNITÉ ET DES ENFANTS
Tu es père; ton enfant est un dépôt que le ciel t’a confié; c’est à toi d’en prendre soin. De sa bonne ou de sa mauvaise éducation dépendra le bonheur ou le malheur de tes jours.
Fardeau honteux de la société, si le vice l’emporte. Il fera ton opprobre; utile à sa patrie s’il est vertueux, il fera l`honneur de tes vieux jours. Qu`il sache obéir, l’obéissance est un bonheur, qu’il soit modeste, on craindra de le faire rougir. Reconnaissant, la reconnaissance attire le bienfait humain, il recueillera de l’amour. Juste on l’estimera; sincère, il sera cru. Sobre, la sobriété écarte la maladie, prudent, la fortune le suivra.
Par rapport aux Enfants
Cours au désert mon fils! observe la cigogne, qu`elle parle à ton cœur! Elle porte sur ses ailes son père âgé, elle lui cherche un asile, elle fournit à ses besoins. La piété d’un enfant pour son père est plus douce que l`encens de Perse offert à l`Autel. Plus délicieuse que les odeurs qu`un vent chaud fait exhaler des plaines aromatiques de l’Arabie.
Ton Père t’a donné la vie, écoute ce qu`il dit, car il le dit pour ton bien; prête l`oreille a ses instructions, car ces l`amour qui les dictes. Tu fus l`unique objet de ses soins, il ne s`est courbé sous le travail que pour t’aplanir le chemin de la vie, honore donc son âge et fait respecter ses cheveux blancs. Songe de combien de secours ton enfance a eu besoin; dans combien d'écarts t’a précipité le feu de la jeunesse, tu compatiras à ses infirmités, tu lui tendras la main dans le déclin de sa vie. Ainsi sa tête chauve entrera en paix dans le tombeau; ainsi tes enfants à leur tour marcheront sur les mêmes pas, à ton égard.
Par rapport à la Confraternité.
Vous êtes les enfants du même père, et votre mère a vous a nourri; frères, restez unis l’un à l’autre; dans la maison paternelle habitera la paix et le bonheur. Différents intérêts vous séparent-ils dans le monde? rappelez-vous toujours le tendre nœud qui vous lie : qu’aucun de vous ne préfère un étranger a son sang.
9 - COMPARAISON DU SAGE CITOYEN ET DU SOT
Les dons de l'intelligence sont les trésors du ciel; et Dieu en a distribué à chacun la-portion qu’il a jugé lui convenir. A-t-il mis dans ton cœur la sagesse? A- t- il orné ton esprit de la connaissance de la vérité? Fais-en part à celui qui ne sais pas; c'est à toi de l'instruire; et communique-toi a l`homme éclairé, tu en tireras de nouvelles lumières.
La Sagesse a moins de présomption que la Folie: le Sage hésite, doute et se corrige; le Sot est obstiné, il connaît tout, voir tout, excepté son ignorance. L’orgueil du Sot est le comble de la sottise, et ne déparler pas est sa folie: c’est au Sage qui l`écoute de s`armer de patience. Pourquoi se prévaudrait-il de ses lumières! L’intelligence le plus épurée n’est dans l’homme que ténèbres et qu’aveuglement. L’homme d’esprit sait qu’il a des défauts, et il en est humble; sans cesse il se corrige, et n`est jamais content de lui: mais l’ignorant regarde avec complaisance à travers le petit ruisseau de son génie, il en tire avec transport les cailloux qu’il y découvre, et les montre comme des pierres précieuses.
Il fait vanité de savoir les modes qu’il n’y-a point de honte à ignorer, et il ignore ce qu’il a de honteux de ne pas savoir. Dans le sentier même de la Sagesse il court après la Folie et la confusion est le prix de sa peine.
10 - CONCLUSION DE CETTE APOSTROPHE.
Adore, mortel la bonté de ton Créateur et Bienfaiteur continuel; il a eu pitié de tes besoins! Il t’a placé dans la société comme dans une famille pour y recevoir et pour y prêter des secours. Ton devoir est d'entretenir le lien qui t’unit à ton égal comme son intérêt est qu’il t`entretienne. La rose exhale d’elle-même un doux parfum: elle est l’image d'un homme bienfaisant. Il n'attend, pour répandre ses bienfaits, que l’occasion de les répandre à propos.
Un Magistrat protégera le Négociant ainsi que l’Artisan leurs travaux enrichissent l’État; il fera taire l’envie; il les comblera de bienfaits. De la Justice dépend l’ordre de la société; de la jouissance paisible de ce qu’en résulte le bonheur des êtres qui la composent.
Mets un terme à tes désirs, et que la Ligne qui les bornes soit tracée par le doigt de le Justice. Les branches d’un arbre rendent à la racine qui l`a donnée, la sève qui la nourrit; les fleuves rapportent à la mer les eaux qu`ils en ont emprunté; tel est l’homme reconnaissant. Il rappelle à son esprit avec transport, il honore, il chérit la main qui lui fait du bien. Mais ne reçois rien de l’Orgueil, ni de l’Avarice; la vanité de l’un te livre à l’humiliation; l’avidité de l'autre n’est jamais finis et satisfaite du retour, quel qu’il soit.
O toi dont le cœur simple et naïf aime la vérité, suis constamment la route qu’elle te trace; l’estime générale sera ta récompense.
La langue de l’homme vrai touche à son cœur. Le cœur de l’hypocrite au contraire, est caché dans le fond de ses entrailles; il n’emprunte de la sincérité que le masque apparent, et tout ce qu’il fait ne tend qu’à tromper. Il rit dans le chagrin, il pleure dans la joie; et ses discours tortueux ont mille issues. Il travaille ténébreusement comme la taupe à croit n’être-point aperçu; mais il élève comme elle, un terrain qui le trahit. Celui qui brille aux faites des honneurs, celui qui rampe dans les ténèbres d'un état obscur, le riche et le pauvre, l`homme d’esprit et l`homme de peu de connaissances, tous seront mis un jour dans la balance du bien et du mal, qui doit peser tous les humains! ( Le Jour du Jugement après la mort)
RÉFLÉCHIS ET APPREND!
Source : LE POÈTE ET PHILOSOPHE CHRÉTIEN ou entretien solitaire et sentiment de pénitence – Maximes sur les devoirs de l`homme vertueux – Francfort - Allemagne - année 1765
1 -COMPARAISON DE LA PARESSE ET DE L`ÉMULATION
2 -DES VERTUS CIVILES
3 - DE LA VOLUPTÉ ET DE LA CONTINENCE
4 - DU COURAGE ET DE LA LÂCHETÉ
5 - DE LA COLÈRE ET AUTRES DÉFAUTS
6 -DE L’HUMANITÉ
7 - DE l` AMOUR ET DU MARIAGE
8 - DE LA PATERNITÉ ET DES ENFANTS
9 - COMPARAISON DU SAGE CITOYEN ET DU SOT
10 - CONCLUSION DE CETTE APOSTROPHE.
MORTEL! celui qui t'a créé, t’a donner la terre pour séjour; ton intelligence, tes membres, leurs forces et tout ce que tu trouves en toi d’estimable, et un don de sa bonté; en un mot, les prodiges de ton être sont l'ouvrage de sa main.
Sois donc attentifs à sa voix, que ton cœur en soit pénétré; l'obéissance est le sentier de la paix: mais, surtout, la crainte filiale de son Créateur et Bienfaiteur, est le commencement de la seule vraie Sagesse. 0 homme! descends en toi-même, porte l`œil dans ton âme et regarde que tu naquis pour être une Créature humble, reconnaissante et enflammée enfin d’un Amour filial et fraternel. Examine ton pouvoir, tes besoins, et les différentes circonstances dont tu dépends. Cet examen, comme un sillon de lumière, te guidera dans les routes de la vie, ou tant de tes pareils s`égarent.
Tu vas parler:ne parle point comme un inconsidéré, dont la langue est un tourbillon et chaque Parole un trébuchet où il se prend, se confond et se déshonore.
Tu vas agir: n'agis point comme un étourdi, qui franchit une haie, et tombe de l’autre côté dans un fossé qu`il n'a point vu, et où il se perd, souvent sans-ressource. La modestie est a la vertu ce qu’un excellent vernis est à un beau Tableau elle en fait ressortir l’éclat.
Quel es-tu! toi, qui t’ose t`appeler sage! et Pourquoi t’enorgueillis-tu de tes connaissances, dont tu fais les instruments de ton orgueil, par conséquent de ta folie et du mépris de ceux qui n’ont pas eu le malheur comme toi, de courir tellement après l’esprit, qu’ils en ont perdu le Bon sens et vue. Le Caprice marche avec les idées du présomptueux; le Caprice le confond, et le rend odieux, même à ceux de ses amis qui l`ont souffert avec le plus de patience. Son amour-propre est un feu, et dont l`aliment perpétuel est l’encens ; mais l’encenseur se nourrit en riant de la sottise de l’encenser et le rend enfin le jouet de soi-même. Puisque le jour qui finit, finit sans retour, et que ta mort peut précéder celui qui va naître, mets à profit l’instant que tu tiens, sans trop regretter celui qui est passé, ni trop compter, sur celui qui s’approche: une maladie, une chute imprévue peut te mettre au tombeau.
Ce moment est à toi; cet autre qui va suivre est dans l`abyme de l`avenir. Sais-tu ce qu`il t`apporte? Tu as le loisir de te convertir, dans cet instant; des chagrins, des affaires qui te troubleront, t`empêcheront en d'autres temps d’effectuer cette seule affaire nécessaire.
Que du projet a l`exécution l`intervalle soit un point, tu le sais ne diffère donc pas au soir ce que le matin peut finir. Le sage mondain avoue que pour parvenir dans le monde, il ne faut que s’arranger selon ces trois Principes :
1. De ne pas retarder d’un instant ce qu’on peut faire à l’heure même;
2. De n`appeler, ni d`attendre le secours de qui que ce soit pour exécuter ce qu’on peut faire soi-même.
3. Que si l`on met a ce que l`on fait, soit grand ou chétif en apparence, toute l`application dont ont est capable, l`objet le plus petit deviendra considérable et même analogue à la Parabole du grain de Sénevé qui produit un grand arbre mais ces 3 Règles excluent la paresse, l`orgueil et le caprice.
1 - COMPARAISON DE LA PARESSE ET DE L`ÉMULATION
Le paresseux se pèse à lui-même. Son corps dépérit faute d’exercice; mais, quoiqu’il en arrive, il est certain qu’il tombe dans un tel état d’inanition d’esprit et de forces, que s’il veut agir il n’en a qu’un faible vouloir, qui ne mène que peu ou point à l’exécution; son esprit est ténébreux, ses idées confuse; il craint l’application, il soupire après la Science, qui pour lui est une belle plante, dont il n’a pas le courage d’extirper le suc.
Si tu aimes les honneurs, si la louange coule voluptueusement dans ton cœur, sort de la poussière de ton être, élève ton âme et tes projets, jusqu’à l’objet infiniment aimable, qui, peut seul te rendre heureux dans le temps et dans l`éternité. Ce chêne qui frappe le ciel jette ses branches dans les nues, n’était qu’un gland dans les entrailles de la terre; toi! ce gland créé pour être un Arbre d’honneur! ne te rends point un figuier, maudit pour sa stérilité.
L’Émulation allume dans l’homme un feu hardi. La nuit il voit dans ses songes l’image des grands hommes; le jour il étudie leur pas, et suit leurs traces. Mais le cœur du Paresseux et de l’envieux est pétri de fiel et d’amertume; il n’entre jamais chez lui que le chagrin ne l’accompagne;
2 - DES VERTUS CIVILES
La Prudence parle; écoute! Livre-toi aux conseils qu`elle te donne; fais-les descendre dans ton cœur, et que ton application à te connaitre te rende capable de bon conseil pour toi et ton prochain.
Impose un frein à tes paroles; que la précaution ouvre tes lèvres; un seul mot peu nuire à ta tranquillité, pendant qu’un autre seul mot peut te rendre utile a la société.
Sois économe, mais ne sois point sordide. Ce n’est que pour te reposer le soir, que tu dois; voyageur sensé, profiter du matin de tes jours, pour apprendre avec grande patience le moyen de te rendre capable de conserver et de multiplier les biens et talents que tes parents t`ont procuré par grand travail et des soins très amers; science plus grande que de gagner du Bien, que ceux qui sont esclaves de l’orgueil et des passions dépensent presqu`en un instant, pour leur ruine temporelle et spirituelle.
Borne tes plaisirs, ils énervent l‘âme, un voluptueux est l'esclave de son corps qu’il énerve, et précipite sa mort. Que la Prospérité ne ferme point l`œil de la Circonspection, et que l`Abondance ne détruise point la Frugalité. Qui se plonge dans le superflu regrettera un jour le nécessaire.
N’aie point une méfiance trop prompte, ni une confiance trop légère: éprouve, et souvent tu trouveras matière à confiance et a défiance, ou le premier abord t‘a fait supposer la raison du contraire. Mais quand tu l`auras éprouvé, enferme ton ami dans ton cœur comme un diamant qui n`a pas de prix.
Le danger, l’infortune, le besoin, le travail; et la misère sont plus ou moins le lot de chaque homme mais le mérite, caché sous ces ombres trompeurs pour des yeux offusqués par la Prévention ou l'impatience, dévoile l’honnête homme vertueux patient, et ami de l’Humanité.
O enfant de calamité arme-toi donc de bonne-heure, de Courage et de patience, reçois d`un esprit mâle la portion qui t`est destinée et tu rencontreras enfin une personne que la providence divine t`a destinée pour te consoler, te soutenir, et même peut-être pour relever le mérite que tu as acquis devant ton Dieu, qui connais la pureté de ton cœur et fait que tu souffres aussi innocemment que Job.
N`oublie point que la terre n`est pour toi qu`un séjour, dont l`Éternel a fixé la durée, il perce les replis de ton cœur, il voit la vanité de tes desseins et souvent par pitié, il se refuse à tes vœux. Sa bonté a établi, dans la nature des choses une Probabilité de succès pour tous les projets que la prudence guide, pour tous les efforts que la raison accompagne. Tu ressens de l’inquiétude; tu gémis sous le poids du malheur; remonte à la source; n’est-elle pas dans ta folie, dans ton orgueil, et dans le désordre de ton imagination?
Tu crois cet homme heureux? ne lui porte point envie; ce n’est qu’un vernis de bonheur qui couvre mille peines.
3 - DE LA VOLUPTÉ ET DE LA CONTINENCE
Avoir un esprit juste dans un corps sain, c’est approcher du bonheur autant qu'on peut en approcher; c’est là le système d’un sage mondain. Si le ciel t‘a accordé ces deux dons, évite pour les conserver, les approches de la volupté: ton Bien-être temporel te le conseille, le Christianisme te l’ordonne. Quand elle répand la somptuosité sur la table, que le vin pétille dans la coupe, qu’elle te sourit, qu’elle te montre le plaisir, appelle a ton secours la raison; tu es sur le bord du danger.
A ces heures coulées avec tant de rapidité dans le sein des plaisirs savoureux, succèdent des jours d’ennui, de peine et d’abattement; Le goût blasé est amorti sur les mets les plus délicats; de sacrificateur on devient victime: juste châtiment dont la Providence punit ceux qui abusent de ses présents.
Mais quelle est celle, qui, gracieuse dans son port, d’un air animé, traverse légèrement cette plaine? Ses joues sont colorées comme la rose; sur ses lèvres est la fraîcheur du matin; la joie innocente et l`aimable modestie brillent dans ses yeux: elle chante un air aussi gai que son cœur. Son nom est la Santé, elle est fille de l`exercice et de la Tempérance, ses Frères habitent les montagnes qui s’étende au Nord. Les fils de l`Exercice et de la Tempérance, et pleins de feu, ressemblent à leur sœur; le travail est leur plaisir. L’activité du père ranime leur goût; la Frugalité de leur mère entretient leur vigueur.
Leurs plaisirs sont modérés, mais durables; leur sommeil est court, mais tranquille et profond. Leur sang est pur, leur esprit sans nuages, et la maladie ne les connait pas. Mais les enfants du Voluptueux et de l`intempérant marchent sur des pas différents, et la sécurité n’habite point chez eux. Ce qu’ils ont de santé, de force et d’agrément, n`est que factice, et devient bientôt la proie de l’immolation de leurs sens. Couchés mollement sous un berceau de fleurs, la volupté mendie leurs regards et leur tend des pièges.
Son air est délicat, sa complexion faible; sa parure est un négligé touchant; la lascivité est dans ses yeux, et la séduction dans son cœur. Fuis ses charmes empoisonnés, ferme l`oreille a l`enchantement de ses discours, si tes yeux rencontrent la langueur des siens, si sa voix douce viens frapper ton oreille, si elle jette ses bras autour de ton cou, te voila son esclave; elle t`enchaîne a jamais. La Honte, la Maladie, la Misère, les soins et le Repentir marchent à sa suite. Affaibli par la débauche, endormi par la mollesse, énervé par l’inaction, tu tomberas dans la langueur, le cercle de tes jours est étroit, celui de tes peines étendues; le premier sera sans gloire, l`autre n`excitera aucune pitié.
4 - DU COURAGE ET DE LA LÂCHETÉ
De la crainte naît le malheur, l’espérance porte ses ressources avec elle. Le Lâche est comme l`autruche qu`on poursuit, elle cache sa tête, mais elle oublie son corps et sa vie n`en est pas moins en danger. Si ta raison, marche avec tes désirs, si tu ne portes pas tes espérances au-delà des bornes de la probabilité tu ne manqueras aucun succès, tu ne seras pas trompé dans ton attente.
Viens, suis mes pas; que je te guide entre deux écueils! Regarde à ta droite, c’est la demeure de la joie; …la Gaieté en a peint l’extérieur, mille acclamations bruyantes en sortent. Elle se tient elle-même a la porte, elle rit aux passants et les appelle. Mais garde-toi d’approcher; ne te mêle point avec ceux qui la suive. Ils se font nommer les enfants du Plaisir, ils rient, ils chantent, on dirait qu’ils sont tous contents, mais leur contentement n`est que démence et que folie. Le malheur est enchaîné avec eux; ils courent à leur perte; le Danger les environne, et la Destruction ouvre un abyme sous leurs pas.
Maintenant porte tes yeux à gauche, reconnait les attributs des PASSIONS! Elles mènent leur esclave à la Ruine ou à l’Affliction. Son sein est chargé de soupirs, sa bouche exhale des sanglots; il se plait à déplorer les misères de la vie. Tout ce qu`il envisage prend la couleur de son esprit, la voix de la Plainte attriste nuit et jour son, habitation.
Prends garde; n’avance pas; leur souffle est contagieux; il brûle les fruits et flétries les fleurs qui embellissent le jardin de la vie. Suis, au contraire, le sentier qui est devant toi; il te conduira, par une douce colline, au séjour de la Tranquillité. Avec la Paix habite la Sûreté, ainsi que la vertu: sans être hargneuse, sérieuse sans être grave, elle voit du même œil les plaisirs et les peines de la vie.
5 - DE LA COLÈRE ET AUTRES DÉFAUTS
Un vent Fougueux déchire les arbres et ravage la Nature; un tremblement de terre engloutit avec fracas du villes entières: telle est dans ses accès, la colère: elle répand les mêmes fureurs; le péril et la ruine sont dans ses mains. S’y livrer, c`est aiguiser un fer pour se percer le cœur. On ne doit point se mettre en mer pendant l`orage; ne fais rien dans la passion.
Un étourdi est choqué de l’insolence d’un étourdi; un homme prudent en rit, et le méprise. Vois combien il est peu de choses dans la vie qui méritent ton ressentiment et conviens qu’il y a de l’extravagance à s`y abandonner. La Colère commence dans la Folie; elle finit dans le Repentir. Sur les pas de la Folie, marche la Honte; à côté de la colère, est le Remord.
6 -DE L’HUMANITÉ
La main du Printemps couvre la Terre de fleurs, telle est à l’égard des enfants de l`infortune, la Pitié, qui sourit: elle les remplit de joie. La vertu qui embellit plus l’homme, c'est l’humanité: qui ne plaint personne, ne mérite pas qu’on le plaigne. Vois cette fleur surchargée de rosée; les gouttes qui en tombent donnent la vie à tout et qui est autour d’elle: cependant elles sont moins douces que les pleurs de la Compassion. Ce pauvre traîne de rue en rue, des jours infortunés; il n’a ni habit ni demeure, il est transi de froid : mets-le à l’abri, sous les ailes de ta Charité et conserve-lui La vie, afin que ton âme vive.
Tandis que, privé de tout, ce malheureux gémit, malade sur un lit de douleur; tandis que cet infortuné languit dans les horreurs d’un cachot, ou dans l’exil, ou que le poids de l’âge courbe une tête blanchie, qui peut a peine s’élever jusqu’à toi pour demander ton assistance, oses-tu vivre dans le sein de la superfluité, sans égards pour leurs besoins, sans sentir leurs malheurs?
7 - DE l` AMOUR ET DU MARIAGE
Distingue du désir de l’amour; une fille que la vertu ne conduit point, n’excite que le défi. La Prudence va parler et t‘instruire: écoute, ô fille de la beauté! grave ses maximes au fond de ton cœur ainsi ton esprit embellira tes traits; ainsi tu conserveras, comme la rose à qui tu ressembles, un doux parfum après ta fraîcheur. Au matin de tes jours, aux approches de ta jeunesse, quand les hommes commencent à prendre plaisir à lancer sur toi des regards dont la nature développe lourdement le mystère, le danger t’environne, ferme l’oreille à l'enchantement de leurs paroles; n’écoute point les douceurs de la séduction. Rappelle-toi les vues de Dieu sur ton être. Il te fit pour être la Compagnie de l’homme, et non son humble Aide Servante, et même peut-être; l`esclave de sa pente naturelle ainsi que de la tienne.
Regarde celle qui se rend maîtresse de l`homme, qui le subjugue et qui règne dans son cœur. L`Innocence dirige son esprit et la pudeur colore ses joues. Elle se plait chez-elle et n`y est jamais oisive. Elle est habillée proprement mais sans luxe. La frugalité règle sa table. L`humble douceur est une couronne de gloire qui entoure son front. Comme elle est bonne, elle ne croit pas que l`ont puisse être méchant. Heureux l`homme qui doit en faire sa femme. Heureux l`enfant qui l`appellera sa mère. Elle se plait à prendre soin de sa famille; son unique étude est d`unir l`élégance a l`économie. La Prospérité ne l`enorgueilli point; et sa patience guérit les coups de la Fortune.
Elle suggère avec une humble douceur des conseils à son époux; et il est soulagé; elle lui fait des caresses et ses maux sont adoucis; elle reçoit dans son sein l’épanchement de son cœur, et il est consolé. Heureux l’homme qui en a fait sa femme! Heureux, l’enfant qui l’appelle sa mère!
Par rapport au jeune homme.
Obéis à Dieu, prends une femme et fidèle à la société deviens en une branche utile. Mais ne te fixe pas d’abord que la Précaution suspende ton jugement; le bonheur de tes jours dépend du choix que tu vas faire.
Si elle perd à se parer une partie de son temps, si éprise de sa beauté, elle n`est flattée que des éloges qu`on lui en fait; si elle n’est retenue ni dans ses propos ni dans sa joie; si trop de dissipation l’emporte comme un tourbillon dans le grand monde, si son œil fixe sur les hommes un regard effronté, fût-elle plus brillante qu`une astre afin, fuis loin de ses regards; évite le sentier qu`elle a pris et que tes sens ne précipitent pas ton cœur dans ses pièges.
Par rapport au jeune marié
Si tu trouve dans une femme un cœur sensible et des mœurs douces, un esprit orné et une physionomie à ton imagination, unis ton sort au sien fais-en une amie, une compagne, une épouse. Regarde-la comme une faveur du ciel, et que de ta complaisance pour elle naisse ton amour. Elle est maîtresse chez toi en ton nom si tu lui manques d’égards, on lui manquera de soumission. Ne t`oppose point légèrement à son goût; elle partage tes peines, qu’elle partage tes plaisirs. Reprends-la avec douceur: demande, mais n’exige rien.
Confie à sa foi tes secrets parce que tes intérêts sont les siens; Prends ses avis si tu la trouve modérée et prudente dans le cas, cela suppose que tu ne seras point trompé. Sois fidèle à son lit, car elle est la mère de tes enfants. Quand la maladie étendra sur elle ses rudes coups, attendris-toi sur sa peine, un regard d`amour de ta part soulagera sa douleur, et lui rendra l’éclat de la santé. Respecte la femme, sa complexion est plus délicate; glisse sur ses défauts; les tiens sont sans nombre.
8 - DE LA PATERNITÉ ET DES ENFANTS
Tu es père; ton enfant est un dépôt que le ciel t’a confié; c’est à toi d’en prendre soin. De sa bonne ou de sa mauvaise éducation dépendra le bonheur ou le malheur de tes jours.
Fardeau honteux de la société, si le vice l’emporte. Il fera ton opprobre; utile à sa patrie s’il est vertueux, il fera l`honneur de tes vieux jours. Qu`il sache obéir, l’obéissance est un bonheur, qu’il soit modeste, on craindra de le faire rougir. Reconnaissant, la reconnaissance attire le bienfait humain, il recueillera de l’amour. Juste on l’estimera; sincère, il sera cru. Sobre, la sobriété écarte la maladie, prudent, la fortune le suivra.
Par rapport aux Enfants
Cours au désert mon fils! observe la cigogne, qu`elle parle à ton cœur! Elle porte sur ses ailes son père âgé, elle lui cherche un asile, elle fournit à ses besoins. La piété d’un enfant pour son père est plus douce que l`encens de Perse offert à l`Autel. Plus délicieuse que les odeurs qu`un vent chaud fait exhaler des plaines aromatiques de l’Arabie.
Ton Père t’a donné la vie, écoute ce qu`il dit, car il le dit pour ton bien; prête l`oreille a ses instructions, car ces l`amour qui les dictes. Tu fus l`unique objet de ses soins, il ne s`est courbé sous le travail que pour t’aplanir le chemin de la vie, honore donc son âge et fait respecter ses cheveux blancs. Songe de combien de secours ton enfance a eu besoin; dans combien d'écarts t’a précipité le feu de la jeunesse, tu compatiras à ses infirmités, tu lui tendras la main dans le déclin de sa vie. Ainsi sa tête chauve entrera en paix dans le tombeau; ainsi tes enfants à leur tour marcheront sur les mêmes pas, à ton égard.
Par rapport à la Confraternité.
Vous êtes les enfants du même père, et votre mère a vous a nourri; frères, restez unis l’un à l’autre; dans la maison paternelle habitera la paix et le bonheur. Différents intérêts vous séparent-ils dans le monde? rappelez-vous toujours le tendre nœud qui vous lie : qu’aucun de vous ne préfère un étranger a son sang.
9 - COMPARAISON DU SAGE CITOYEN ET DU SOT
Les dons de l'intelligence sont les trésors du ciel; et Dieu en a distribué à chacun la-portion qu’il a jugé lui convenir. A-t-il mis dans ton cœur la sagesse? A- t- il orné ton esprit de la connaissance de la vérité? Fais-en part à celui qui ne sais pas; c'est à toi de l'instruire; et communique-toi a l`homme éclairé, tu en tireras de nouvelles lumières.
La Sagesse a moins de présomption que la Folie: le Sage hésite, doute et se corrige; le Sot est obstiné, il connaît tout, voir tout, excepté son ignorance. L’orgueil du Sot est le comble de la sottise, et ne déparler pas est sa folie: c’est au Sage qui l`écoute de s`armer de patience. Pourquoi se prévaudrait-il de ses lumières! L’intelligence le plus épurée n’est dans l’homme que ténèbres et qu’aveuglement. L’homme d’esprit sait qu’il a des défauts, et il en est humble; sans cesse il se corrige, et n`est jamais content de lui: mais l’ignorant regarde avec complaisance à travers le petit ruisseau de son génie, il en tire avec transport les cailloux qu’il y découvre, et les montre comme des pierres précieuses.
Il fait vanité de savoir les modes qu’il n’y-a point de honte à ignorer, et il ignore ce qu’il a de honteux de ne pas savoir. Dans le sentier même de la Sagesse il court après la Folie et la confusion est le prix de sa peine.
10 - CONCLUSION DE CETTE APOSTROPHE.
Adore, mortel la bonté de ton Créateur et Bienfaiteur continuel; il a eu pitié de tes besoins! Il t’a placé dans la société comme dans une famille pour y recevoir et pour y prêter des secours. Ton devoir est d'entretenir le lien qui t’unit à ton égal comme son intérêt est qu’il t`entretienne. La rose exhale d’elle-même un doux parfum: elle est l’image d'un homme bienfaisant. Il n'attend, pour répandre ses bienfaits, que l’occasion de les répandre à propos.
Un Magistrat protégera le Négociant ainsi que l’Artisan leurs travaux enrichissent l’État; il fera taire l’envie; il les comblera de bienfaits. De la Justice dépend l’ordre de la société; de la jouissance paisible de ce qu’en résulte le bonheur des êtres qui la composent.
Mets un terme à tes désirs, et que la Ligne qui les bornes soit tracée par le doigt de le Justice. Les branches d’un arbre rendent à la racine qui l`a donnée, la sève qui la nourrit; les fleuves rapportent à la mer les eaux qu`ils en ont emprunté; tel est l’homme reconnaissant. Il rappelle à son esprit avec transport, il honore, il chérit la main qui lui fait du bien. Mais ne reçois rien de l’Orgueil, ni de l’Avarice; la vanité de l’un te livre à l’humiliation; l’avidité de l'autre n’est jamais finis et satisfaite du retour, quel qu’il soit.
O toi dont le cœur simple et naïf aime la vérité, suis constamment la route qu’elle te trace; l’estime générale sera ta récompense.
La langue de l’homme vrai touche à son cœur. Le cœur de l’hypocrite au contraire, est caché dans le fond de ses entrailles; il n’emprunte de la sincérité que le masque apparent, et tout ce qu’il fait ne tend qu’à tromper. Il rit dans le chagrin, il pleure dans la joie; et ses discours tortueux ont mille issues. Il travaille ténébreusement comme la taupe à croit n’être-point aperçu; mais il élève comme elle, un terrain qui le trahit. Celui qui brille aux faites des honneurs, celui qui rampe dans les ténèbres d'un état obscur, le riche et le pauvre, l`homme d’esprit et l`homme de peu de connaissances, tous seront mis un jour dans la balance du bien et du mal, qui doit peser tous les humains! ( Le Jour du Jugement après la mort)
RÉFLÉCHIS ET APPREND!
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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