Fête de St-Jean le Baptiste patron des Canadiens-Francais - Les Canadiens-Français AUX ÉTATS-UNIS au 19 eme siècle

Pour la St-Jean le Baptiste - 2019 - Je me souviens

La plus grande science de l'homme est de savoir qu'il n'est rien par lui-même, mais tout ce qu'il est vient de Dieu et doit être employé pour sa gloire. Saint Augustin.

PRINCIPAUX GROUPES DES Canadiens-Français AUX ÉTATS-UNIS.

Source : Album des Familles – Ottawa – année 1880 – page 514 ( Extraits)


Canadiens-français vivant à Manchester dans le New-Hampshire aux USA.

L`Émigration des Canadiens-Français aux États-Unis a été la cause que plusieurs journaux ont exagéré, à dessein ou autrement, l'étendue des pertes ainsi causées au
Canada par le départ de ceux qui ont émigré aux États-Unis depuis un quart de siècle.

D'après le recensement des États-Unis de 1870, il y avait à cette époque dans la République 412,000 Canadiens, tant du Haut que du Bas-Canada ; mais comme l'origine
de ces émigrés n'est pas indiquée, il est impossible de dire pour quel chiffre figurent nos compatriotes dans ce nombre. Dans tous les cas il est loin d'arriver à celui que l'on
fixe si cavalièrement. Nous trouvons dans le rapport du ministre de l'Agriculture du gouvernement fédéral du Canada, pour 1874, un Mémoire de M. l'abbé Gendreau, de Coocshire, qui avait été chargé de faire un voyage aux États-Unis pour étudier tout ce qui se rattache à l'émigration et au rapatriement de nos compatriotes en ce pays.

Voyons, maintenant, les quelques détails qui suivent :

WORCESTER. (ÉTAT DU MASSACHUSETTS.) - environ 200,000 habitants en 2019




Worcester - région de Boston

Cette ville est le chef-lieu du comté de Worcester, le plus riche et le plus manufacturier dans les États de la Nouvelle-Angleterre. Sa population est de 58,000 âmes, dont la moitié est catholique, l'élément d'origine irlandaise se trouvant en grande majorité. Les catholiques ont élevé six beaux temples, plus deux chapelles, dont l'une au Collège de Ste. Croix, et l'autre au Couvent de Notre-Dame. Le collège est dirigé par les RR. BP. Jésuites, et c'est l'une des plus importantes institutions de ce genre aux États-Unis. Les Soeurs de Notre-Dame ont la direction du couvent de Notre-Dame, où 1,000 enfants reçoivent une éducation élémentaire. Les Soeurs de la Miséricorde ont la charge d'un Orphelinat.


Holy Cross College de Worcester (Sainte Croix) – collège catholique fondé par les Jésuites en 1843 – la plus vieille université catholique de Nouvelle-Angleterre.




Chapelle du Holy Cross College



La desserte des catholiques laissent bien peu à désirer à Worcester, et les églises sont remplies de fidèles à chaque office. Une grande activité règne dans les fabriques et les usines de cette ville, qui est renommée par la grande variété de ses produits industriels et par l'esprit d'entreprise de ses capitalistes. Ou pourrait en dire autant de tout le comté qui a su attirer les canadiens-français au nombre d'environ trente-cinq mille. La population franco-canadienne de Worcester, qui était de 1,700 âmes lorsqu'elle fut formée en paroisse, en 1869, se compose aujourd'hui de six cent-cinquante familles, faisant un total de 3,500 âmes. Sept cent cinquante enfants, de 5 à 15 ans, fréquentent l'école du Dimanche, et les sept huitièmes de ceux âgés de 10 ans et plus lisent le français et l'anglais. Ils recevront bientôt une éducation supérieure dans un Couvent dont la construction sera terminée en 1881, et qui sera sous la direction de six religieuses et des deux prêtres desservant l'église Notre-Dame. Cette église a déjà coûté vingt mille piastres et des travaux d'agrandissement qui seront terminés en 1881 porteront sa valeur à trente mille piastres. La population franco-canadienne de Worcester renferme un grand nombre d'artisans bien habiles dans la mécanique et l'ébénisterie, et dont le travail est très recherché et bien rémunéré : ce qui explique la stabilité et le succès remarquable de cette population dans tout ce qu'elle a entrepris. Environ 300 canadiens de Worcester sont électeurs, de naissance ou par voie de naturalisation et il y a tout lieu de croire que le nombre sera doublé avant bien des années. On peut juger du mouvement de la population par le fait que l'an dernier 30 mariages et 217 baptêmes ont été enregistrés à l'église Notre-Dame.


L`Église Notre-Dame des Canadiens de Worcester a été démolie en 2018. La paroisse ne pouvant payer pour les couts de maintenance et rénovation de plusieurs millions de dollars.

La paroisse de Notre-Dame compte dans son sein plusieurs organisations qui rendent des services éminents aux Canadiens-français et font honneur à la ville de Worcester.
La Société Saint- Jean- Baptiste, fondée il y a douze ans, est très prospère et ses quatre cent vingt-cinq membres en reçoivent des grands bénéfices pécuniaires, dont la somme
annuelle varie de trois à quatre mille piastres. Les Gardes Lafayette est une organisation militaire, qui est en bonne voie de prospérité, et réhausse l'éclat des démonstrations publiques de l'endroit. Le Corps de Musique (Worcester French Band) est une organisation excellente, et qui fait non seulement honneur à la petite ville de Worcester, mais elle est pardessus tout très utile aux associations franco-canadiennes de l'endroit, dans les fêtes patronales ou particulières.

La Société Ste. Famille est une institution pieuse et de bienfaisance tout à la fois. Comme l'admirable Société de Saint-Vincent de Paul, elle est chargée de porter secours
aux pauvres familles indigentes du lieu. Elle accomplit cette sainte mission sans bruit et sans ostentation, au grand honneur de la charité chrétienne, et des Dames qui s'en
occupent. Le Club Jacques Cartier, qui vient d'être formé, est une association dramatique et littéraire, qui déjà promet d'offrir une large part d'amusements aux séances littéraires qui ont fréquemment lieu dans l'endroit, chaque hiver. Deux journaux français sont publiés à Worcester, ce qui indique le degré d'instruction que possède la population franco-canadienne. On constate l'existence de plusieurs établissements industriels et de commerce dirigés et possédés par des Canadiens-Français ; deux pharmacies françaises, trois médecins et un grand nombre d'autres compatriotes employés dans les grandes maisons de commerce de l'endroit. Un touriste, M. Morasse, publie dans ces notes de voyage ce qui suit :  A Worcester, je me cru en plein Canada français. A la gare du chemin de fer, on entend parler que le français, et je pus m'assurer de suite que, quoiqu'on en dise, le français est parlé fort correctement par la plupart de nos frères émigrés. Worcester est peuplé de Canadiens, qui y font une excellente figure, sous la direction énergique de M. le curé Primeau et des principaux Canadiens de l'endroit. Nos compatriotes sont unis et on trouve chez eux l'affabilité et les meilleures qualités du caractère français qu'ils ont conservé et conservent précieusement. Quel plaisir on y éprouve à venir serrer la main de ceux qui arrivent du pays ! Comme on les entoure, comme ou les accablent de questions sur tout ce qui se passe au pays natal, comme on est heureux d'entendre parler des moindres choses qui touchent ce qu'où a laissé là-bas ! Le vieux mot est bien vrai : plus on s'éloigne de la patrie, plus on l'aime.


LEWISTON. (ÉTAT DU MAINE.)

36,000 habitants -2019




Lewiston - Maine



Le groupe de Canadiens établis ici,—nous écrit le Dr. L. J. Martel,—ne compte que quelques années d'existence. Quelques familles des Cantons de l'Est du Canada vinrent s'établir ici, il y a douze à quinze ans, et maintenant nous sommes au-delà de quatre mille cinq cents Canadiens, venant pour la plupart du district des Trois-Rivières, des Cantons de l'Est et des paroisses de Kamouraska, Rivière-du-Loup et autres paroisses en bas de Québec. D'après le recensement qui vient d'avoir lieu, Lewiston renferme une population de 19,082 habitants ; les Canadiens y sont au nombre de 4,687, et les Irlandais comptent pour un chiffre de 3,978 ; les diverses autres nations, à part les Américains, représentent un chiffre d'environ 1,000 âmes. Les Canadiens figurent donc pour près du quart dans la population totale du lieu. La petite ville d'Auburn, qui est pour Lewiston ce que Hull est pour Ottawa, à 8,000 habitants, mais peu de Canadiens. L'industrie de Lewiston consiste principalement en manufactures de coton, et Auburn en manufactures de chaussures. La presque totalité des Canadiens sont employés dans ces manufactures de coton, et comme on doit s'y attendre peu occupent des positions lucratives, parce qu'il n'y a pas assez longtemps que nous sommes ici. Cependant, nous avons quelques compatriotes qui ont réussi dans le commerce, et nous commençons à faire entendre notre voix dans les affaires municipales et autres. Nous avons un conseiller Canadien et plusieurs Canadiens naturalisés.


Basilique catholique St-Pierre et St-Paul de Lewiston – Maine

Lewiston possède une école catholique française, sous la direction des Soeurs-Grises ; cette école porte le titre d'Asile de Notre-Dame de Lourdes. Une belle église en brique est construite, desservie par deux prêtres. Lewiston renferme deux Sociétés de bienfaisance, un Club dramatique, un corps de musique canadien. Un journal hebdomadaire français, le Messager, est publié à Lewiston.


NORTHAMPTON. (ÉTAT DU MASSACHUSETTS.)

28,000 habitants -2019




Northampton - Massachusetts - région de Boston

Northampton, situé sur la rive nord de la rivière Connecticut, à 17 milles de Springfield, est divisé en quatre quartiers désignés sous les noms de Northampton, Bay State,
Florence et Leeds, renfermant ensemble une population totale de 12,150 habitants, d'après le recensement qui vient d'avoir lieu. On ne compte guère plus que 1,000 habitants d'origine franco-canadienne, dans ce chiffre de la population totale, et les Canadiens sont unis aux Irlandais pour la célébration des offices du culte catholique, qui se font à la même église, desservie par deux prêtres Irlandais. Chaque Dimanche il y a deux messes - une basse et une grande messe ; et tous les quinze jours cette première messe est appelée la messe des Canadiens. Il n'y a pas d'école catholique dans l'endroit, aussi l'éducation religieuse chez les enfants est presque nulle.

Cette population franco-canadienne, toutefois, est pleine d'énergie, et soutient fermement toutes les œuvres qui se rattachent a la gloire de la nationalité et de la religion. A part une feuille française publiée dans l'endroit, le Jean-Baptiste, qui leur sert d'organe, ce petit groupe franco-canadien alimente et donne la vie à trois Associations nationales : la Société Bienveillante St. Jean-Baptiste, le Club des Amateurs Canadiens et l'Union Littéraire des Ouvriers. Cette Société, qui est très populaire aux États-Unis, compte environ cinquante membres actifs. Dans le but de protéger la propriété contre les accidents du feu, une Compagnie de Pompiers Canadiens est en pleine organisation.


LOWELL. (ÉTAT DU MASSACHUSETTS.)

106,000 habitants en 2019 environ.




La ville industrielle de Lowell près de Boston

La ville manufacturière de Lowell,—nous écrit M. J. H. Guillet,—est située au confluent des rivières Merrimack et Concord, à 26 milles au nord de Boston, 10 milles au sud-est de Lawrence, et 8 milles au sud des lignes de l'état du New Hampshire. Lowell fut nommé en l'honneur de Francis Cabot Lowell, de Boston, qui fut le premier qui s'intéressa d'une manière sérieuse à l'introduction des filatures de Coton dans les Etats-Unis. L'indépendance municipale de Lowell date du premier mars 1826, avec une population de 2,009 habitants, et acquit le titre de Cité en avril 1836. Le premier Maire fut l'honorable Elisha Bartlett.


St. Joseph the Worker Shrine - St-Joseph le Travailleur a Lowell

La population de Lowell est de 59,340 habitants ; sur ce nombre 9,000 sont Canadiens d'origine française. L'arrivée des premières familles Canadiennes françaises à Lowell date de 1865 ; en 1869 l'Évêque de Boston donna la permission aux Pères Oblats de Montréal d'établir une succursale à Lowell, et la paroisse de St. Joseph des Canadiens fut organisée. Grâce à l'énergie et à l'esprit d'entreprise de notre pasteur, le Révd. père A. M. Garin, O.M.I., nous possédons un temple magnifique qui coûte au-delà de $60,000, où les frères émigrés peuvent remplir leur devoir religieux comme en Canada. Plusieurs sociétés nationales ont été organisées à différentes époques et quelques-unes fonctionnent aujourd'hui avec, beaucoup de régularité. Spécialement l'Union St. Jean Baptiste de Lowell, qui fut fondée en 1868, et incorporée en 1870.



Lowell au 19 eme siècle


Outre cette société, il y a aussi l'Union St. Joseph, qui est également une société de secours mutuels ; l'Association des Jeunes Gens, est une société purement littéraire. Toutes les branches de commerce se trouvent représentées par des négociants canadiens, qui ont établi des magasins pour la vente de toutes sortes de marchandises, et quelques-uns de ces établissements ont pris des proportions étonnantes et ont réussi à se faire une belle clientèle américaine en dehors du commerce canadien dont ils ont le monopole. Parmi les Canadiens de Lowell on compte un juge de paix (J. H. Guillet), 4 médecins et à peu près 30 engagés dans le commerce. Les enfants fréquentent les écoles publiques, et par la loi de cet État ils ne peuvent être exempts d'aller à l'école avant qu'ils aient appris à lire et à écrire.

DETROIT (Michigan.)

Détroit métropolitain - environ 4 million d`habitants

]


La ville de Détroit au Michigan



Cette ville est assise sur la rive nord de la rivière de Détroit, laquelle sert de ligne de séparation entre les Etats-Unis et le Canada. Ce poste fut fondé en 1701, par M. de la Motte Cadillac, dans un but commercial. Pendant longtemps, il fut le lieu de rendez-vous des trappeurs et marchands de pelleteries. Aujourd'hui c'est une belle et grande ville, la plus importante de l'État du Michigan, laquelle renferme une population de 119,000 âmes, suivant que le constate le dernier recensement, dont 8,000 environ appartiennent à l'origine franco-canadienne, d'après l'estimée que nous transmet à ce propos M. Elie Leblanc, Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de cette ville. Nous comptons dans tous les rangs de l'échelle sociale,—dit M. Leblanc, —plusieurs représentants de notre nationalité, savoir : un prêtre Canadien, 2 prêtres Français, 3 prêtres Belges ; 4 avocats, 6 médecins ; plusieurs marchands et droguistes, etc. L'ex-maire de la ville était Canadien. Aujourd'hui, nous avons trois échevins, et on compte plusieurs officiers de notre origine dans les départements de la Corporation de la Cité.


Église catholique St-Anne de Détroit

Le grand nombre de la population franco-canadienne appartient à la classe ouvrière. Il y a quelques menuisiers, mais beaucoup de charpentiers de navire, des cordonniers, et quelques-uns engagés dans les industries ordinaires aux villes.  L'influence qu'exerce ici les canadiens français pourrait être plus considérable, mais cependant elle se fait sentir en certaines occasions. Nous sommes en lieu d'organiser bientôt un club politique pour tout le comté de Wayne, qui, j'espère, devra assurer à notre nationalité une part plus grande d'influence dans les affaires publiques. Nous avons deux écoles françaises fréquentées par un grand nombre d'enfants, ainsi que plusieurs églises catholiques, dont l'une, celle placée sous le vocable de Sainte-Anne, peut être considérée comme étant l'église-mère de toutes les autres églises catholiques de l'Ouest, laquelle existe depuis 1817. Nous possédons trois sociétés canadiennes-françaises : La Société de Secours Mutuels et de Bienfaisance Lafayette, la Société Saint-Jean-Baptiste du comté de Wayne et la Confrérie du Très-Saint-Sacrement. La Société Saint Jean-Baptiste du Comté de Wayne est aussi de secours mutuels, et fut établie en 1869. Elle compte environ une centaine de membres, possède des propriétés, à part un dépôt de $800 qu'elle a dans la banque.

La Confrérie du Très Saint-Sacrement est une association purement religieuse, érigée en 1844 à l'Église Sainte-Anne, dont le but est de rehausser l'éclat du culte des fêtes du Très Saint-Sacrement par des processions qui se font dans l'église Ste. Anne le premier dimanche de chaque mois. Le nombre des membres inscrits est d'environ une cinquantaine.


BAY CITY. (Michigan.)



Bay City au Michigan





Église catholique St-Joseph de Bay City

Nous manquons de renseignements sur cet endroit, mais un ami a bien voulu nous transmettre les quelques notes qui suivent : Il n'y a pas ici de Société Saint Jean- Baptiste, mais nous avons une Société Saint-Joseph, dont le but est de secours mutuels, laquelle compte 90 membres. Une école française, sous la direction des Soeurs de la Charité, dont la maison-mère est à Cincinnati, est fréquentée par environ 300 enfants, dont quatre-vingt-cinq ont fait leur première communion cette année. La Directrice -en charge de cette école est une demoiselle d'origine franco-canadienne, née à Bay City. La population du comté de Bay est à peu près de 25,000 âmes, dont un quart est canadien de naissance ou d'origine. Il y a six églises catholiques dans le comté, mais l'église Saint-Joseph de Bay City est la seule où les instructions sont faites en français. Quatre de nos congrégations, ont des écoles ou plus de mille enfants sont instruits gratuitement. Il y a plusieurs Canadiens engagés dans le commerce, ici, et qui ont l'air a bien faire. West Bay City, qui est séparé de nous par la rivière Saginaw, renferme beaucoup de Canadiens. Il y a là une Société Saint Jean-Baptiste qui compte 160 membres, et elle est de secours mutuels.


CHICAGO. (ILLINOIS)

Chicago métropolitain - environ 9 millions d`habitants




Chicago

La populeuse ville de Chicago est assise au bord du Lac Michigan, dans l'État de l'Illinois, et elle est la Métropole de l'Ouest et l'entrepôt du commerce de tous les États
du Far West. Elle renferme une population de 478,060 habitants, d'après le recensement qui vient d'avoir lieu- Il y a dix ans, en 1870, sa population était de 298,977 âmes, ce qui donne aujourd'hui une augmentation de 179,083  habitants.  M. John Lemoine, qui nous transmets quelques renseignements sur cette ville, estime qu'il y a environ 18,000 franco-canadiens dans l'endroit, mais éparpillés dans tous les quartiers. Il n'y a, à vrai dire, qu'un seul groupe important, qui est desservi par un prêtre canadien, M. l'abbé Jacob Côté, ci-devant du diocèse de Québec.  On serait naturellement tenté de croire, —dit M. Lemoine,—que cette population canadienne doit avoir oublié et sa langue et sa religion ; il n'en est rien.

Le canadien français, ici, est resté français et catholique, pratiquant sa religion aussi librement et aussi dévotement qu'en Canada, ayant son église et son curé franco-canadien, prêchant dans la langue maternelle de sa religieuse congrégation. Les canadiens sont très considérés, et fort recherchés pour leur travail, qui est très hautement apprécié par les américains ; on les connaît pour être d'excellents ouvriers et de bons travailleurs. Toutes les classes y sont ici représentées : avocats, médecins, commerçants et corps de métiers. Beaucoup de canadiens sont employés dans d'importantes maisons commerciales, où plusieurs d'entre eux brillent par leur habileté et leurs talents. Parmi les ouvriers, il y a également des hommes de talent et de génie, qui se distinguent hautement, tels que MM. Toussaint Ménard et Cyrille Lebeau, dans la construction des bâtisses et autres édifices publics ; M. Ambroise Plamondon, comme machiniste ; M. Grégoire Vigeant, comme architecte.

MM. Franchères, entr'autres, s'occupent avec succès de commerce, et l'industrie manufacturière compte plusieurs hommes entreprenants, tels que MM. Bouret, Petit, Hallée, qui sont propriétaires et qui exploitent avec profit diverses industries. M. Auguste Duplein s'occupe de la confection du fil et des instruments nécessaires à la télégraphie et au téléphone. Nous avons des écoles françaises, mais beaucoup d'enfants fréquentent les écoles anglaises, telles que celles des Frères, dont le directeur est canadien français ; celles des RR. PP. Jésuites, de même que leur collège, dont la réputation est fort grande et appréciée. La population franco-canadienne étant éparpillée un peu partout, c'est pourquoi que tous ne peuvent fréquenter l'Église française sus-mentionnée ; mais on se prépare à construire bientôt une nouvelle église pour y grouper un deuxième noyau de canadiens français. Ils sont assez nombreux pour pouvoir supporter plusieurs églises franco-canadiennes. Tous les Canadiens, ici, semblent satisfaits de leur sort, et ne désirent aucunement retourner au pays. On compte à Chicago une Société de Bienfaisance et de secours mutuels, appelée Société Saint-Jean Baptiste, un Institut Canadien et un Club Dramatique. Monsieur Lemoine dit, en terminant, que la population franco-canadienne de l'État de l'Illinois est estimée à 125,000 âmes.


FOND DU LAC. (WISCONSIN.)

43,000 Habitant en 2019





Fond du Lac - Wisconsin

Ce beau et grand village, de 14,500 âmes, est établi dans l'État du Wisconsin. On compte environ 2,300 habitants d'origine franco-canadienne dans l'endroit.  L'influence des Canadiens permet de voir quatre des leurs faire partie du conseil municipal, et un bon nombre d'autres occuper des places de confiance, tant dans le commerce que dans les manufactures. A part ceux qui s'emploient à la charcuterie et à la menuiserie, il y en a plusieurs qui cultivent la terre avec profit. On compte dans l'endroit cinq églises catholiques, dont l'une, l'église française, placée sous le vocable de Saint-Louis, est un beau monument en pierre élevé par le travail et les efforts infatigables des canadiens-français qui se trouvent groupés dans cette belle paroisse du Fond du Lac. Une école française, placée sous la direction des Révérendes Soeurs de Ste. Agnès, est en pleine opération.

Deux sociétés de secours mutuels,—nous écrit M. Eugène Pingair,—sont établies en cet endroit : la Société Saint-Jean Baptiste et la Société Saint-Louis. Le but de ces Sociétés est de rallier les canadiens dans une même pensée et sous la même bannière. Tous nos efforts,—ajoute M. Pingair,— est de fortifier parmi nous l'union et d'exalter le culte catholique que nos ancêtres ont toujours si bien défendu dans notre pays natal, et que nous continuons sur la terre étrangère. Les Dames canadiennes françaises ont aussi leur Société, placée sous la protection de Marie Immaculée, et que dirigent avec un dévouement sans borne les RR. PP. Comtois et Favre.


BOURBONNAIS (ILLINOIS.)





M. le Dr. Chas. E. Cyrier nous transmets les quelques informations qui suivent ; Bourbonnais,—dit-il,—fut fondé vers l'an 1830, par un Canadien-Français, Noël LeVasseur, de Yamaska, marié en 1837 avec une américaine, Ruth R. Bull. Ce premier pionnier attira l'émigration canadienne-française qui, aujourd'hui, s'élève dans notre paroisse seule à 1,600 catholiques. La population du township est de 2,000 habitants ; cette fraction de 400 âmes étant composée par des Suédois, des Allemands et des Orangistes. Le pays est naturellement agricole, et les colons sont très industrieux, cultivant des fermes riches. Les charges municipales sont presqu'exclusivement remplies par des Canadiens, tels que Maire, Clercs, Collecteurs, Assesseurs, Juges de paix, Commissaires et Directeurs des écoles, Numérateurs de recensement, Médecins, etc., etc. Pour les fins de l'éducation, le township est divisé en sept arrondissements d'école. De plus, il y a le Collège St. Viateur, sous la direction des frères St. Viateur, avec une charte du gouvernement l'érigeant en Université. L'Université compte 145 élèves, y compris les étudiants en théologie et ceux du cour classique. Le culte catholique est des plus prospère. Qui dit Canadien, ici, dit Catholique. Nous avons aussi le Couvent de la Congrégation de Notre-Dame, donnant l'instruction à 55 élèves internes. Notre position sociale est très satisfaisante. Lors de la dernière convention politique du comté de Kankakee, sur 80 délégués les Canadiens figuraient au nombre de 21.  Une société de secours mutuels est en pleine opération, que nous appelons Société St. Jean-Baptiste de Bourbonnais. Cette société donne accès à tout bon citoyen parlant la langue française, et elle est purement philanthropique.


Le collège de Notre-Dame de Bourbonnais - 1868 a 1939