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Sur la Croix - Jean-Nicolas Grou – père Jésuite français – 18 eme siècle

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Sur la Croix - Jean-Nicolas Grou – père Jésuite français – 18 eme siècle Empty Sur la Croix - Jean-Nicolas Grou – père Jésuite français – 18 eme siècle

Message par MichelT Dim 16 Fév 2014 - 16:26

Jean-Nicolas Grou – père Jésuite français – 18 eme siècle – chassé de France suite à la révolution française – il finit sa vie en exil dans une famille catholique anglaise.


Sur la Croix

«Celui qui ne porte pas sa croix tous les jours n`est pas digne de moi.» (Mt 10,38 – Lc 9,23 ; 14,27)

La croix est le sommaire de l`Évangile et l`étendard du chrétien. Par la croix, Jésus-Christ a réparé la gloire de son Père, il a apaisé sa colère et a réconcilié le monde avec lui. Mais la croix par laquelle Jésus-Christ nous a rachetés ne nous dispense pas de porter la nôtre. Au contraire, elle est pour nous un engagement indispensable à marcher sur les traces de notre divin maître.

Sa croix a sanctifié la nôtre, elle lui a donné du prix et l`a rendue méritoire du salut éternel. Sans la croix de Jésus-Christ, toutes nos peines, toutes nos souffrances, n`auraient pu satisfaire à Dieu pour le moindre péché et le Ciel nous aurait toujours été fermé. Nous savons assez cela, mais ce que nous ne savons pas, ou plutôt ce que nous ne pouvons nous résoudre à pratiquer, c`est que, pour nous rendre la croix de Jésus-Christ salutaire, il faut renoncer à nous-même et cela tous les jours et continuellement.

Sans cela, nous ne sommes pas chrétiens.

Voyons donc en quoi consiste la nécessité de porter sa croix et si cette nécessité est aussi dure qu`elle le semble à première vue.

La nécessité de porter sa croix consiste premièrement et principalement à éviter le péché et toutes les occasions du péché. La chose est juste et tout chrétien en convient, mais cela va loin dans la pratique. Le péché a ses attraits et ses avantages temporels. (Combiens de grands pécheurs sont riches, connus, influents!) Les occasions de pécher sont fréquentes et même journalières. Elles nous sollicitent puissamment et le commun des chrétiens qui s`y trouvent sans cesse exposés a besoin de se faire une violence continuelle pour ne pas y succomber.

Elle consiste en deuxième lieu à contrôler ses passions, à modérer ses désirs, à tenir le corps (la chair) assujettis à l`esprit, a veiller sur ses sens, à garder exactement toutes les avenus de son cœur. Car le foyer du péché est en nous-même et dans notre concupiscence. (Tendance à vouloir jouir sans frein des biens terrestres – à se faire plaisir – à convoiter pour soi-même) Nous sommes portés au mal, nous ne l`ignorons pas, et une funeste expérience nous apprend qu`a moins d`une vigilance continuelle, nos chutes sont inévitables.

Elle consiste en troisième lieu, à nous séparer d`esprit et de cœur de tous les objets terrestres, charnels, temporels, pour occuper notre pensée et notre affection des choses célestes, spirituelles et éternelles, ce qui demande que nous luttions sans cesse contre le poids de la nature corrompue qui nous entraine sans cesse vers les choses terrestres. Si nous n`y prenons garde, nous nous surprendrons a chaque moment dans des pensées et des désirs qui nous attachent à la terre et qui nous ramènent sans cesse aux besoins, au bien-être, aux commodités du corps et aux moyens de nous les procurer. Le physique nous occupe plus que le moral, à moins que nous ne fassions de continuels efforts pour nous élever au-dessus de nous-mêmes.

Elle consiste, en quatrième lieu, à recevoir comme autant de disposition de la Providence, tous les évènements fâcheux qui nous arrivent, soit par des causes naturelles, soit par la malice des hommes, soit par notre propre faute. Ces croix de Providence sont fréquentes dans la vie humaine. Plus Dieu nous aime, plus il nous en envoie, parce que elles tendent à nous détacher de la terre, et à nous attacher à lui. Elles sont les plus propres à nous sanctifier, parce qu’elles ne sont pas de notre choix et que, pour cette raison, elles sont plus mortifiantes.

Elle consiste en cinquième lieu, à embrasser toutes les épreuves, toutes les peines dont la vie spirituelle n`est qu`un tissu. Ceci regarde les âmes intérieures qui marchent plus spécialement sur les traces de Jésus-Christ. Ce divin Sauveur, en les acceptant pour ses épouses, les charges de sa croix, de la croix qu`il a lui-même portée, croix formée de deux branches, qui sont les souffrances et les humiliations intérieures et extérieures, croix dont le démon (anges déchus), les hommes et Dieu lui-même s`accorde à les accabler, croix intime, et qui pénètre au jusqu`au fond de l`âme, croix qui aboutit à l`extinction totale de l`amour-propre et au sacrifice de nos plus chers intérêts.

Cette dernière croix n`est le partage que d`un petit nombre d’âmes favorites. Ce n`est pas une croix de nécessité, mais une croix d`amour. Elle se distingue parce que le motif d`amour est plus fort que celui du devoir. Il faut joindre à cette croix toutes celles que l`âme embrasse volontairement, comme les austérités, les vœux, l`état religieux.

Telles sont à peu près les croix auxquelles la vie du chrétien est plus ou moins sujette, et que les méchants partagent en partie avec les bons, car ils ne sont pas moins exposés que les autres a toutes les Croix de Providence, sans parler de celles qui leurs sont propres, et qui sont la suite de leurs passions et de leurs crimes.

Examinons à présent si cette nécessité de porter la croix est aussi dure qu`elle le parait a la nature. Sur cela, je dis d`abord en général qu`il n`y a point et qu`il ne peut y avoir sur la terre, de véritable bonheur hors de la voie de la croix. Je dis qu`il en coute plus pour se damner que pour se sauver, que les méchants ont en un sens plus a souffrir que les bons, et qu`ils souffrent sans consolation, sans espérance, qu`ils sont dans un trouble, dans une agitation continuelle, toujours obligés de se fuir eux-mêmes, d`éviter leurs propres regards, toujours condamnés par les reproches secrets de leur conscience.
Quand il n`y aurait que cette seule raison de porter sa croix en chrétien, pour se soustraire aux remords qui déchirent le libertin et l`impie, il n`en faudrait pas davantage pour disculper de dureté la doctrine de l`Évangile. Mais reprenons en particulier chaque espèce de croix, et voyons les adoucissements que la grâce divine y attache.

La première croix consiste à éviter le péché et toutes les occasions du péché. Cela est pénible pour la nature humaine et il en coûte souvent bien des sacrifices. Mais n`en coute t`il rien à la conscience et a la raison pour offenser Dieu? Ne paye-t-on pas bien cher un moment de plaisir suivi de repentirs inévitables, lorsque on a encore de la religion?
Quelle plus douce paix que la paix de la conscience? N`est -elle pas préférable à un instant d`ivresse? Quelle joie de s`être vaincu soi-même et d`avoir résisté a une tentation ou l` on était près de succomber! Avec quelle satisfaction et confiance on s`approche ensuite de Dieu tandis que celui qui se sent coupable n`ose paraitre devant lui, et que les devoirs de piété sont pour lui une gêne et un supplice.

La seconde croix consiste dans le contrôle des passions humaines. Mais n`est-il pas plus pénible de s`y livrer que de les dompter? Toutes les passions ne sont-elles pas autant de tyrans et de bourreaux? N`excitent-elles pas dans l`âme une faim insatiable? On apaise ces besoins par intervalle, mais ne renaissent-ils pas avec une nouvelle violence?
L`ambitieux, l`avare, l`homme des voluptés, lors même que rien ne s`oppose à leurs désirs, ce qui n`arrive presque jamais, sont-ils heureux et peuvent-ils l`être?
Les suites des passions ne sont-elles pas presque toujours affreuses, même selon le monde?
Comparez en toute manière, soit du côté de la religion, soit du côté de la vie présente, l`état de l`homme esclave de ses passions, avec celui d`un chrétien qui fait la guerre a ses passions, et qui vient à bout de les assujettir, et vous avouerez que l`Évangile, en nous ordonnant cette guerre, travaille pour notre bonheur même temporel.

La troisième croix est la séparation violente de l`âme avec elle-même, de sa partie basse et animale d`avec la partie supérieure et spirituelle. Cette séparation est très pénible, parce que le corps nous ramène sans cesse à lui. Mais ce corps est-il jamais content? A mesure qu`on lui accorde une chose n`en demande-t-il pas une autre? Et l`attention continuelle a le flatter, à écarter de lui tout ce qui le blesse, n`est-elle pas un tourment? Est-il au contraire un empire plus digne de l`homme et plus agréable que de maitriser son corps, de le réduire à se contenter du nécessaire, de l`endurcir au travail et à la peine, de ne pas toujours en être occupé et ainsi de donner à Dieu ses droits et de faire notre devoir?

Les croix de Providence, qui sont la quatrième espèce, sont inévitables. Les méchants n`y sont pas moins exposés que les bons. Mais, par leur résignation, leur patience, leur soumission a la volonté de Dieu, les bons chrétiens adoucissent tout ce que ces croix ont d`amer. La religion leur fournit des motifs et des moyens de la porter en paix, et même avec joie. Il n`en est pas ainsi des autres, qui se livrent a la tristesse, a l`accablement, au désespoir et qui, par leurs disposition intérieure, rendent ces croix infiniment plus pesantes qu`elles ne sont.

Enfin, les croix spirituelles, les croix de pures épreuves, étant, comme je l`ai dit, des croix d`amour, sont le délice de ceux qui les portent. Elles les ont acceptées par choix. Loin de demander à Dieu d`en être délivrées, elles le prient sans cesse d`y ajouter de nouvelles, s`écriant avec un grand saint : « encore plus, Seigneur, encore plus» (St-François Xavier), elles veulent y mourir attachés comme leur Sauveur. Ces croix, qui sont les plus terribles, sont aussi celles que l`on porte avec le plus de courage, avec plus d`amour, avec plus de paix intérieure, avec plus de force et plus de soutien d`en-haut, et elles aboutissent toujours dans l`autre vie, et souvent dans celle-ci a un bonheur ineffable. Il faut en croire ici les saints sur leurs expériences.

Il est donc vrai que le bonheur, même présent et temporel du chrétien est dans la croix, et qu`au contraire, on se rend malheureux des ici-bas, par la fuite des croix et la recherche de tout ce qui peut contenter nos passions et la nature humaine.

Prière du 16 eme siècle.

Jésus soit en ma tête et mon entendement.
Jésus soit en mes yeux et mon regardement.
Jésus soit en ma bouche et mon parlement.
Jésus soit en mon cœur et en mon pensement.
Jésus soit en ma vie et mon trépassement.
Amen

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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