Actualité du devoir des hommes de bien - Réflexions au point de vue catholique La Lyre d`or – Ottawa – Canada – 19 eme
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Actualité du devoir des hommes de bien - Réflexions au point de vue catholique La Lyre d`or – Ottawa – Canada – 19 eme
Actualité du devoir des hommes de bien
Réflexions au point de vue catholique
La Lyre d`or – Ottawa – Canada – 19 eme siècle – journal catholique
I
Un des grands défauts des catholiques contemporains,—disent les Annales Catholiques de Paris,—c'est de ne pas savoir apporter dans la vie publique l'audace et la fermeté nécessaires à ceux qui veulent exercer et défendre leurs droits. Ils sont naturellement amis de la paix, ce qui est excellent lorsque la justice est sauvée ; mais ils ont en outre une propension marquée à l'inaction et à l'effacement, ce qui peut être fatal aux meilleures causes.
Nous savons fort bien qu'il n'est pas toujours agréable, loin de là, de renoncer à la douce quiétude du foyer pour se jeter dans la mêlée des partis. Il est si commode, au contraire, de suivre en observateur les hommes et les événements sans s'intéresser soi-même et directement aux débats qui divisent la société. La question est de savoir si cette attitude est digne d'un chrétien et si elle peut se justifier aux yeux de la conscience. Pour éclairer ce point, il suffit de répondre à la gravité des intérêts qui sont en jeu.
Les luttes de la politique n'eussent-elles d'autre portée que de décider du gouvernement du pays, que nous n'aurions pas le droit d'y demeurer indifférents. Le patriotisme est mieux qu'une vertu civique, c'est une vertu chrétienne. Dieu commande d'aimer notre patrie, de travailler à sa grandeur et à sa prospérité, de défendre son honneur, sa sécurité, ses droits, de contribuer dans la mesure de nos forces au règne de la paix publique, de la justice sociale et à l'épanouissement de tous les progrès véritables. Nous avons en outre des droits de famille à sauvegarder. La providence ne nous les a pas départis pour que nous les laissions stériliser et amoindrir entre nos mains.
Il est des circonstances, trop fréquentes à notre époque, où c'est un véritable devoir pour nous de défendre contre les usurpations de l'État, la liberté de nos consciences, notre dignité d'hommes, les prérogatives divines de l'autorité paternelle. Le christianisme n'a pas seulement amené la régénération spirituelle de l'humanité, il a accompli sa rédemption sociale. Depuis Notre Seigneur Jésus-Christ il y a un degré de servitude sous lequel les fronts baptisés ne se courberont plus jamais. Le règne des Césars, maîtres des corps et des âmes, est définitivement clos, et toutes les tentatives directes ou indirectes pour le restaurer sous une autre, se briseront devant les résistances de la liberté chrétienne. Ces résistances n'ont que trop d'occasions de se manifester aujourd'hui et il n'est pas besoin de dire combien il est du devoir des vrais chrétiens de les fomenter et de les appuyer.
Mais nous ne sommes pas membres seulement de la société civile et de la société domestique ; Dieu nous a fait aussi la grâce de naître enfants de son Église, et si ce titre implique des droits incomparablement précieux, il nous impose aussi de graves et saintes obligations. L'Église est en butte aujourd'hui à des assauts furieux qui menacent son autorité, son indépendance, et tendent directement à restreindre ou à abolir le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ qu'elle est chargée de conserver et de propager à travers le monde.
Tout chrétien doit travailler selon ses moyens à la défense des droits de l'église et des droits de Dieu. Il peut se rencontrer des circonstances.— Les annales chrétiennes l'attestent par leurs pages les plus glorieuses— où cette obligation s'élève jusqu'à la confession publique de la foi en face d'une sanglante persécution. D'autres temps peuvent aussi venir où il s'agit pour les catholiques de défendre la liberté de l'Église et les droits de Jésus-Christ dans la presse et dans les discussions publiques, au milieu des agitations du forum et du déchaînement des partis. C'est là que nous en sommes aujourd’hui.
II
Une conspiration presque universelle s'acharne aujourd'hui en Europe, contre le catholicisme avec le but avoué de détruire son influence, d'enchaîner sa liberté, paralyser son apostolat, de lui arracher des âmes, et comme on a osé le dire, de l'étouffer dans la boue. Cette conspiration multiplie ses pièces et ses manœuvres, elle s'arme de l'influence de la presse, de la puissance des Loges, du glaive des lois, de l'autorité des gouvernements. Elle a partout des affidés haineux, actifs. entreprenant sans ménagements et sans scrupules.
C'est Julien l'Apostat fait légion et poursuivant la superstition nazaréenne avec une fureur véritablement satanique. En face d'une telle situation, quel chrétien, s'interrogeant devant sa conscience et devant Dieu, oserait affirmer qu'il n'a pas de devoirs spéciaux à remplir ; quel fils oserait dire qu'il n'a point à défendre sa mère ? C'est impossible, parce que ce serait monstrueux. Or, comme nous l'avons dit, le terrain sur lequel nous avons à défendre l'Église est déterminé par les attaques de l'ennemi lui-même ; c'est la vaste arène des luttes politiques et sociales de notre temps. Nous n'avons à cet égard ni choix à faire, ni préférence à exprimer. Notre rôle est tout tracé et nos postes de combat sont marqués d'avance. C'est sur la voie publique, c'est au prétoire, c'est dans les assemblées des scribes et des docteurs de la loi, que l'Église est outragée, couverte de crachats, chargée de chaînes infâmes et battue de chaînes législatives ; c'est donc là qu'il faut voler à sa délivrance, c'est là qu'il faut lui rendre le témoignage de notre parole, de notre assistance, de notre filial dévouement !
Envisagés à ce point de vue, les devoirs de la vie publique grandissent singulièrement ; mais aussi ils s'imposent à la conscience chrétienne avec une impérieuse évidence qu'aucune considération humaine ne saurait obscurcir. Or, ce point de vue est le vrai ; les faits l'attestent et le langage de nos adversaires eux-mêmes le proclame d'une manière irrécusable. Que faut-il donc de plus à des catholiques zélés pour redoubler d' ardeur dans la lutte et pour s'exciter à tenir tête partout aux implacables ennemies de leur religion et de leur Dieu ? Où donc y a-t-il place encore pour ces systèmes hybrides qui sécularisent le citoyen et qui relèguent le chrétien dans l'intimité de la vie privée ? Lorsqu'on a l'honneur d'être chrétien il faut savoir l'être partout, au Parlement comme à l'Église, en déposant son bulletin de vote comme en faisant son signe de croix. On ne le serait qu'à demi et, par conséquent, on le serait mal en reniant ou en méconnaissant devant les hommes ce Jésus-Christ qui a enseigné aux nations de la terre, et qu'on irait ensuite invoquer silencieusement dans quelque discret oratoire. Les Carmélites et les Pauvres Claires peuvent le prier et elles le prient pour nous dans la solitude de leurs cellules ; à nous, hommes, il appartient de le confesser, de proclamer ses droits, de défendre sa doctrine et son église, au beau milieu de la publicité moderne. On le blasphème, nous le bénirons ; on le renie, nous nous prosternerons à ses genoux ; on le traite en banni, nous l'appellerons notre Roi et notre Dieu.
Sans doute cette lutte toujours renouvelée a ses fatigues, ses amertumes et ses dégoûts, sans doute le chemin est parsemé de ronces et de cailloux ; mais il suffit d'élever nos regards sur Celui qui nous précède pour raviver nos courages, il suffit de songer que nous suivons "la voie royale de la croix" pour avoir la certitude du triomphe et de la récompense... Catholiques, il est bon, aux heures de tristesse et d'abandon où nous sommes, de nous hausser jusqu'à ces pensées et d'y retremper nos coeurs. Nous y puiserons la notion vraie de nos devoirs, la force de les accomplir et le divin secret de cette persévérance devant laquelle, depuis dix-huit siècles, les ennemis de Jésus-Christ sont toujours venus se briser.
Espérons que la matière de cet important chapitre sur les devoirs des hommes de bien sera le sujet de très sérieuses réflexions, et fera naître, grandir et se propager le patriotisme catholique qui enseigne comment un véritable serviteur de l'Église doit vivre bravement pour gravement mourir, quand il le faut.
Victor Valmont
Réflexions au point de vue catholique
La Lyre d`or – Ottawa – Canada – 19 eme siècle – journal catholique
I
Un des grands défauts des catholiques contemporains,—disent les Annales Catholiques de Paris,—c'est de ne pas savoir apporter dans la vie publique l'audace et la fermeté nécessaires à ceux qui veulent exercer et défendre leurs droits. Ils sont naturellement amis de la paix, ce qui est excellent lorsque la justice est sauvée ; mais ils ont en outre une propension marquée à l'inaction et à l'effacement, ce qui peut être fatal aux meilleures causes.
Nous savons fort bien qu'il n'est pas toujours agréable, loin de là, de renoncer à la douce quiétude du foyer pour se jeter dans la mêlée des partis. Il est si commode, au contraire, de suivre en observateur les hommes et les événements sans s'intéresser soi-même et directement aux débats qui divisent la société. La question est de savoir si cette attitude est digne d'un chrétien et si elle peut se justifier aux yeux de la conscience. Pour éclairer ce point, il suffit de répondre à la gravité des intérêts qui sont en jeu.
Les luttes de la politique n'eussent-elles d'autre portée que de décider du gouvernement du pays, que nous n'aurions pas le droit d'y demeurer indifférents. Le patriotisme est mieux qu'une vertu civique, c'est une vertu chrétienne. Dieu commande d'aimer notre patrie, de travailler à sa grandeur et à sa prospérité, de défendre son honneur, sa sécurité, ses droits, de contribuer dans la mesure de nos forces au règne de la paix publique, de la justice sociale et à l'épanouissement de tous les progrès véritables. Nous avons en outre des droits de famille à sauvegarder. La providence ne nous les a pas départis pour que nous les laissions stériliser et amoindrir entre nos mains.
Il est des circonstances, trop fréquentes à notre époque, où c'est un véritable devoir pour nous de défendre contre les usurpations de l'État, la liberté de nos consciences, notre dignité d'hommes, les prérogatives divines de l'autorité paternelle. Le christianisme n'a pas seulement amené la régénération spirituelle de l'humanité, il a accompli sa rédemption sociale. Depuis Notre Seigneur Jésus-Christ il y a un degré de servitude sous lequel les fronts baptisés ne se courberont plus jamais. Le règne des Césars, maîtres des corps et des âmes, est définitivement clos, et toutes les tentatives directes ou indirectes pour le restaurer sous une autre, se briseront devant les résistances de la liberté chrétienne. Ces résistances n'ont que trop d'occasions de se manifester aujourd'hui et il n'est pas besoin de dire combien il est du devoir des vrais chrétiens de les fomenter et de les appuyer.
Mais nous ne sommes pas membres seulement de la société civile et de la société domestique ; Dieu nous a fait aussi la grâce de naître enfants de son Église, et si ce titre implique des droits incomparablement précieux, il nous impose aussi de graves et saintes obligations. L'Église est en butte aujourd'hui à des assauts furieux qui menacent son autorité, son indépendance, et tendent directement à restreindre ou à abolir le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ qu'elle est chargée de conserver et de propager à travers le monde.
Tout chrétien doit travailler selon ses moyens à la défense des droits de l'église et des droits de Dieu. Il peut se rencontrer des circonstances.— Les annales chrétiennes l'attestent par leurs pages les plus glorieuses— où cette obligation s'élève jusqu'à la confession publique de la foi en face d'une sanglante persécution. D'autres temps peuvent aussi venir où il s'agit pour les catholiques de défendre la liberté de l'Église et les droits de Jésus-Christ dans la presse et dans les discussions publiques, au milieu des agitations du forum et du déchaînement des partis. C'est là que nous en sommes aujourd’hui.
II
Une conspiration presque universelle s'acharne aujourd'hui en Europe, contre le catholicisme avec le but avoué de détruire son influence, d'enchaîner sa liberté, paralyser son apostolat, de lui arracher des âmes, et comme on a osé le dire, de l'étouffer dans la boue. Cette conspiration multiplie ses pièces et ses manœuvres, elle s'arme de l'influence de la presse, de la puissance des Loges, du glaive des lois, de l'autorité des gouvernements. Elle a partout des affidés haineux, actifs. entreprenant sans ménagements et sans scrupules.
C'est Julien l'Apostat fait légion et poursuivant la superstition nazaréenne avec une fureur véritablement satanique. En face d'une telle situation, quel chrétien, s'interrogeant devant sa conscience et devant Dieu, oserait affirmer qu'il n'a pas de devoirs spéciaux à remplir ; quel fils oserait dire qu'il n'a point à défendre sa mère ? C'est impossible, parce que ce serait monstrueux. Or, comme nous l'avons dit, le terrain sur lequel nous avons à défendre l'Église est déterminé par les attaques de l'ennemi lui-même ; c'est la vaste arène des luttes politiques et sociales de notre temps. Nous n'avons à cet égard ni choix à faire, ni préférence à exprimer. Notre rôle est tout tracé et nos postes de combat sont marqués d'avance. C'est sur la voie publique, c'est au prétoire, c'est dans les assemblées des scribes et des docteurs de la loi, que l'Église est outragée, couverte de crachats, chargée de chaînes infâmes et battue de chaînes législatives ; c'est donc là qu'il faut voler à sa délivrance, c'est là qu'il faut lui rendre le témoignage de notre parole, de notre assistance, de notre filial dévouement !
Envisagés à ce point de vue, les devoirs de la vie publique grandissent singulièrement ; mais aussi ils s'imposent à la conscience chrétienne avec une impérieuse évidence qu'aucune considération humaine ne saurait obscurcir. Or, ce point de vue est le vrai ; les faits l'attestent et le langage de nos adversaires eux-mêmes le proclame d'une manière irrécusable. Que faut-il donc de plus à des catholiques zélés pour redoubler d' ardeur dans la lutte et pour s'exciter à tenir tête partout aux implacables ennemies de leur religion et de leur Dieu ? Où donc y a-t-il place encore pour ces systèmes hybrides qui sécularisent le citoyen et qui relèguent le chrétien dans l'intimité de la vie privée ? Lorsqu'on a l'honneur d'être chrétien il faut savoir l'être partout, au Parlement comme à l'Église, en déposant son bulletin de vote comme en faisant son signe de croix. On ne le serait qu'à demi et, par conséquent, on le serait mal en reniant ou en méconnaissant devant les hommes ce Jésus-Christ qui a enseigné aux nations de la terre, et qu'on irait ensuite invoquer silencieusement dans quelque discret oratoire. Les Carmélites et les Pauvres Claires peuvent le prier et elles le prient pour nous dans la solitude de leurs cellules ; à nous, hommes, il appartient de le confesser, de proclamer ses droits, de défendre sa doctrine et son église, au beau milieu de la publicité moderne. On le blasphème, nous le bénirons ; on le renie, nous nous prosternerons à ses genoux ; on le traite en banni, nous l'appellerons notre Roi et notre Dieu.
Sans doute cette lutte toujours renouvelée a ses fatigues, ses amertumes et ses dégoûts, sans doute le chemin est parsemé de ronces et de cailloux ; mais il suffit d'élever nos regards sur Celui qui nous précède pour raviver nos courages, il suffit de songer que nous suivons "la voie royale de la croix" pour avoir la certitude du triomphe et de la récompense... Catholiques, il est bon, aux heures de tristesse et d'abandon où nous sommes, de nous hausser jusqu'à ces pensées et d'y retremper nos coeurs. Nous y puiserons la notion vraie de nos devoirs, la force de les accomplir et le divin secret de cette persévérance devant laquelle, depuis dix-huit siècles, les ennemis de Jésus-Christ sont toujours venus se briser.
Espérons que la matière de cet important chapitre sur les devoirs des hommes de bien sera le sujet de très sérieuses réflexions, et fera naître, grandir et se propager le patriotisme catholique qui enseigne comment un véritable serviteur de l'Église doit vivre bravement pour gravement mourir, quand il le faut.
Victor Valmont
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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