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« Connaître Jésus est un premier pas pour L’aimer »

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Message par Lumen Lun 27 Déc 2021 - 20:39

« Connaître Jésus est un premier pas pour L’aimer »

L’Évangile, l’Église et le service sont les trois moteurs  qui nous aident à approfondir notre relation avec le Christ. Entretien avec Frère Olivier-Thomas Venard, l’un des meilleurs connaisseurs de la Bible.

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Publié le 20/12/2021 à 10:53


Pourquoi vénérer l’humanité du Christ ? Peut-on trouver Dieu le Verbe en contemplant l’homme Jésus ?

Oui, c’est même le moyen le plus sûr, celui qu’Il a offert à ses apôtres : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9) ; et comme Thomas, notre jumeau dans l’épreuve de la foi, nous apprenons à Lui répondre : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Voir l’homme, confesser Dieu, commente saint Augustin. Tous les mystiques le répètent : l’humanité de Jésus forme le sacrement nécessaire et suffisant de notre Salut ; Jésus est l’absolu de Dieu qui se donne dans le relatif de la brève vie d’un juif palestinien du Ier siècle ; comme finalement dans l’eucharistie, Il se donne en ce qui ressemble à des miettes de pain ou des gouttes de vin.

Faut-il connaître Jésus pour L’aimer ou L’aimer pour Le connaître ?

Il est impossible d’aimer quoi que ce soit sans le connaître un peu ! Jésus pourrait sembler un personnage historique perdu dans un passé lointain : faire sa connaissance est un premier pas pour apprendre à L’aimer… Pour que cet amour grandisse, il faudra approfondir : étudier les Évangiles avec toutes les questions qu’ils posent à nos intelligences critiques, mais aussi persévérer dans l’amour dans la structure hiérarchique de l’Église, cette médiation si souvent scandaleuse et pourtant instituée par Jésus comme une espèce de « mal nécessaire » ! Cette double ascèse de l’intelligence et des mœurs nous évite de réduire Jésus à « mon Jésus à moi », somme fantasmée ou idolâtrée de nos désirs ou de nos illusions. Radicalement, Jésus a Lui-même dit où Il se manifeste à nous : dans les « plus petits » auxquels Il s’identifie (Mt 25, 40-45). On apprend à Le connaître en servant les laissés-pour-compte du consumérisme mondial – depuis ceux qu’on fait « passer » avant leur naissance, jusqu’à ceux qu’on élimine avant leur mort naturelle, en passant par toutes les victimes de l’injuste répartition des ressources de la Création. Dans tout pauvre, c’est Lui qui nous a connus le premier et qui, à la fin, au-delà de toute image que nous nous serons faite de Lui, nous dira : « Je vous connais » ou « Je ne vous connais pas ». Bref, « aujourd’hui je connais en partie » le Christ, en pratiquant la charité, en restant dans l’Église, en étudiant et en priant, « mais alors je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu » (1 Cor 13, 12).



Mini-bio

Dominicain, le Frère Olivier-Thomas Venard est professeur de Nouveau Testament à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.  Il y dirige le programme de recherches « La Bible en ses Traditions », qui a récemment publié deux ouvrages monumentaux, le Dictionnaire Jésus (Bouquins, 2021), et La Passion selon saint Matthieu en deux grands volumes (Peeters, 2021).


Par quels moyens pouvons-nous connaître Jésus ?

Le premier moyen, c’est la vie dans l’Église, qui est « Jésus-Christ répandu et communiqué » selon la formule célèbre de Bossuet. Il ne s’agit bien sûr pas d’abord de l’aimable société des ecclésiastiques (!), mais de l’assemblée que forment toutes les personnes ouvertes par l’Esprit à l’amour, à la foi et à l’espérance en un Dieu Père. Le lieu où Jésus se fait ordinairement connaître, ce sont les ecclesiolæ familiales qui forment l’Église. C’est, en effet, à travers la relation des parents et des enfants que le Dieu de l’Alliance a voulu se faire connaître de génération en génération : pour cette raison, sur les dix commandements exprimés sous forme d’interdits, les deux seuls qui soient exprimés en termes positifs concernent le culte du Dieu unique et la piété due à ses père et mère. C’est un peu normal, puisque c’est à travers leur amour que Dieu passe pour appeler à la vie chaque personne humaine comme une image absolument originale de Lui-même. On comprend pourquoi Jésus Lui-même a voulu se manifester comme soumis à ses parents (Lc 2, 51) ! Dans l’Israël nouveau comme dans le premier Israël, les témoins ordinaires de Jésus, ce sont donc les parents : comme la Torah, Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous, on Le reçoit de ses parents, qui L’ont reçu de leurs parents… en remontant jusqu’à la génération de Jésus Lui-même. La connaissance du Christ est transmise aux enfants dans la prière avec leurs parents, tournés vers la croix ou la Sainte Face de Jésus, et dans la formation intégrale qu’ils reçoivent, aidés par cet aide-mémoire qu’est l’Évangile et par les sacrements, au cœur de l’Église…


Justement, ne sont-ce pas les Évangiles qui nous révèlent le mieux Jésus ?

L’Évangile est indispensable pour connaître Jésus. Encore faut-il ne pas le réduire à des petites histoires pour enfants, mais en approfondir le sens au fur et à mesure qu’on entre dans l’exigence de l’esprit rationnel, nécessairement critique, et dans les méandres de la condition humaine. L’unique Bonne Nouvelle se dit en quatre Évangiles, véritables aide-mémoire de l’Église. Ces biographies de Jésus sont les fruits de la mémoire collective de la première génération de disciples, fondée sur les récits et l’enseignement de témoins oculaires. Elles relatent donc l’impact de Jésus en son temps, mais pas seulement. Elles témoignent aussi de l’intériorité de Jésus : sa relation tendre et respectueuse envers Dieu, à la fois son « Papa » et le maître « de sa destinée apparemment tragique (« Que ta volonté soit faite… ») ; sa relation douce et exigeante avec les hommes, ses réactions vives : navré face à l’hypocrisie des juges de la femme adultère, ou admiratif devant la foi du centurion ou la charité de la pauvre veuve. Plus profondément, les Évangiles dévoilent le mystère de Jésus. Jésus ne s’est pas fait homme en général, Il s’est fait juif. Pour une raison précise : Dieu a choisi son peuple pour lui faire secréter, au fil des rencontres avec ses patriarches, ses juges, ses prêtres et prophètes, ses sages ou ses poètes, tout un langage symbolique et vivifiant : les Écritures. C’est dans ce langage que Jésus, puis ses évangélistes, se sont exprimés, pour Le faire connaître à la fois comme Messie, comme Verbe et comme Sauveur. Investis de telles autorités, les évangiles ont la puissance d’une semence, ils engendrent des frères et sœurs et même des mères de surcroît à Jésus (Mt 12, 46). C’est pour déployer cette puissance que l’institution ecclésiastique est importante : en semant l’Évangile par la mission à l’intérieur et au-delà des cercles familiaux, elle vise à enrichir le troupeau de nouvelles familles.



La voix « active » de Jésus

« Les Évangiles font écho à la “voix” de Jésus, explique le Frère Olivier-Thomas Venard. Même si les mots placés dans sa bouche ne sont pas exactement les mêmes, ce qui est normal, leurs bases étant des témoins divers, la façon dont Jésus utilise le langage, elle, est très caractéristique. Plus que pour informer, Jésus parle pour agir, dans ses miracles et dans ses exorcismes. Même quand Il enseigne, loin du pseudo-idéal de clarté et de “compréhensibilité” qui ravage notre époque, Jésus décale la relation des mots et des choses dans ses paraboles, Il pratique volontiers le quiproquo et l’ironie. Le tout avec une autorité extraordinaire, que certains reconnaissent : “Jamais homme n’a parlé comme cet homme” (Jn 7, 46) et que d’autres dénient en L’accusant d’être possédé. »


La théologie, plus précisément la christologie, nous aident-elles à connaître Jésus ?

Espérons-le : théologie, cela veut dire « parole de / ou sur Dieu ». Le vrai théologien, c’est donc Jésus, Dieu né de Dieu, qui seul a l’autorité pour se révéler (Jn 1, 18). Les théologiens ont pour mission essentielle d’amplifier et d’approfondir sa révélation, sûrement pas de la compléter ! Dès la première génération, ses témoins ont commencé à s’interroger : comment comprendre que Le Même qui était né, avait eu faim et soif, était mort, avait aussi eu autorité sur les esprits et sur les éléments, s’était manifesté vivant aux témoins qu’Il avait choisis ? Parmi ses premiers biographes, Jean dit « le théologien » fi nit par oser la formule extraordinaire : « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14), qui unit en Jésus ce qui semblait le plus dissemblable, la transcendance de l’intelligence créatrice et la condition humaine dans toute sa fragilité. En parlant d’une personne divine subsistant en deux natures, divine et humaine, la christologie dogmatique dit la vérité, mais sans pouvoir la mesurer puisque Dieu est incommensurable. De son côté, l’exégèse cherche à cerner le personnage historique de Jésus, mais ne parvient à Le réduire à aucune figure de prophète, de sage ni de guérisseur préétablie… Ainsi reste posée à travers les siècles la question centrale que Jésus est venu poser à chaque homme : « Pour vous, qui suis-je ? » Alors oui, la théologie peut aider à connaître Jésus, à condition que dogmaticiens et exégètes pratiquent la docte ignorance et ne prétendent jamais avoir « compris » Jésus une fois pour toutes !




Par Samuel Pruvot et Élisabeth Caillemer
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