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« Guerre liturgique : si nous nous écoutions ? » La tribune audacieuse de quatre personnalités catholiques

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Message par Lumen Jeu 20 Jan - 15:37

« Guerre liturgique : si nous nous écoutions ? » La tribune audacieuse de
quatre personnalités catholiques


Pour la semaine de prière en faveur de l’unité des chrétiens, l’abbé de Fontgombault et trois autres personnalités catholiques invitent l’Eglise à vivre d’abord cette unité en son sein, et ne pas céder à une opposition stérile entre les deux formes du rite romain.

« Guerre liturgique : si nous nous écoutions ? » La tribune audacieuse de quatre personnalités catholiques Ordination_tradi
Messe pontificale tridentine d'ordination de trois nouveaux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre (FSSP) en juin 2012 par Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, dans la cathédrale de Chartres.  - P.RAZZO/CIRIC

Publié le 19/01/2022 à 18:15


« Guerre liturgique : Plutôt que de s’accuser mutuellement de présupposés idéologiques, si nous nous écoutions ? » En pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, quatre personnalités catholiques ont publié une tribune ce mercredi 19 janvier dans La Croix, exhortant à faire régner la paix avant tout au sein de l’Eglise. Sans équivoque, ils font référence à la crise autour du motu proprio Traditionis Custodes promulgué par le pape François en juillet dernier, auquel s’est adjoint un décret d’application particulièrement strict de la Congrégation pour le Culte Divin le 18 décembre.

Ces signataires ne sont autres que Dom Jean Pateau, le père abbé de Notre-Dame de Fontgombault, l’abbé Pierre Amar, prêtre diocésain et co-fondateur de Padreblog, Christophe Geffroy, le directeur de La Nef, et l’écrivain Gérard Leclerc. Des personnalités connues à la fois pour leur attachement à la forme préconciliaire du rite romain et pour leur souci d’unité et d’un enrichissement mutuel des deux formes au-delà des clivages partisans. (L’abbé de Fontgombault s’était déjà exprimé en ce sens dans les colonnes de Famille Chrétienne juste après la publication du texte du pape François).



Sévères avec le motu proprio Traditionis Custodes

S’ils défendent cette thèse du dialogue dans leur tribune, les auteurs ne mâchent pas pour autant leurs mots pour souligner la stérilité de « l’uniformité liturgique » à laquelle entendrait conduire le motu proprio Traditionis Custodes. « On devait "s'enrichir mutuellement" », disent-ils en référence au motu proprio de Benoît XVI en 2006 réhabilitant la messe tridentine. L’avons-nous fait ? Pas assez certainement. Nous avons parfois vécu côte à côte comme des étrangers, remplaçant l’enrichissement fraternel par l’ignorance mutuelle », regrettent les signataires. « Nous en payons aujourd’hui le prix. Est-il pour autant nécessaire de renoncer à cette recherche de la paix liturgique ? Sommes-nous réduits à l’uniformisme liturgique comme seul moyen d’unité ? La question est plus grave qu’il n’y paraît. »

Se contenter d’éradiquer la forme extraordinaire du rite romain reviendrait à une forme de fuite intellectuelle et spirituelle, dénoncent entre les lignes les auteurs du texte. Ils évoquent la « guerre intérieure » que sous-tend cette question liturgique. « Il est indispensable d’être en paix avec son passé pour avancer. Si nous ne sommes pas capables de vivre en paix avec la forme antérieure de la liturgie, alors nous installons la guerre au cœur de ce qui devrait être le sacrement de l’unité des hommes avec Dieu et entre eux. »



Des mesures punitives qui « créent le désir de transgression »

Les auteurs regrettent un manque de souplesse entourant l’application de ce motu proprio, qui risque de fragiliser l’unité de l’Eglise au lieu de la raviver, comme l’entendait le pape François. « La multiplication des interdits crée au contraire la fascination et le désir de transgression chez les jeunes générations de clercs comme de laïcs. […] Bien plus, en multipliant les mesures vexatoires de détails contre l’ancienne liturgie, on court le risque de passer à côté de l’essentiel de la réforme liturgique voulue par le Concile en l’enfermant dans un nouveau rubricisme juridique et autoritaire plutôt qu’en l’ouvrant à la participation du peuple de Dieu. »


Quitter nos présupposés idéologiques et se rencontrer

Il ne s’agit pas pour autant de supprimer toute exigence envers les ''tradis". Mais plutôt de permettre à chacun, quel que soit son camp, de consentir librement au dialogue et à l’unité. « Les uns comme les autres nous recevons en héritage des attitudes culturelles et sociologiques qui demandent à être purifiées à la lumière de l’Évangile. Mais comment faire ? En se lançant mutuellement des anathèmes : Modernistes ! Intégristes ! Maurrassiens ! Progressistes ! La vérité en sortira-t-elle grandie ? »

Les auteurs osent cette question audacieuse : « Alors, si nous osions prier les uns avec les autres ? Certes, chacun devrait faire des pas. Mais ils seraient alors accomplis par amour et non par contrainte. » Exhortant à « ouvrir les portes », ils poursuivent : « Aux tenants de la liturgie ancienne, quand ils le pourront par amour et non par obligation juridique, d’oser faire l’expérience de la concélébration, de la belle richesse biblique des lectionnaires du Novus ordo. » Sans oublier la réciproque : « Aux praticiens de la liturgie rénovée suite au Concile de se laisser déranger avec joie par ces communautés qui célèbrent le Vetus ordo et qui portent de beaux fruits de mission. Sommes-nous contraints à nous faire concurrence ? »

Pour les uns, découvrir la messe de Paul VI, pour les autres, s’intéresser à la messe tridentine… la balle du dialogue est dans les deux camps. « Allons nous visiter mutuellement ! Allons avec bienveillance passer un dimanche chez celui qui célèbre le même Seigneur avec d’autres rites que les nôtres. Peut-être serons-nous heurtés par telle ou telle manière de faire. Mais si notre cœur est bienveillant, nous y découvrirons des semences de Verbe que nous avons nous-même oubliées. » Un défi que la jeune génération semble déjà résolue à relever, voguant sans complexe d’un pèlerinage de Chartres à une session d’été de la communauté de l’Emmanuel à Paray-le-Monial. Feraient-il pour une fois eux-mêmes figure d’exemple pour leurs aînés ?




Camille Lecuit
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Date d'inscription : 09/11/2021
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