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Trois conseils pour apprendre le silence intérieur à ses ados

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Message par Lumen Mer 16 Fév 2022 - 19:59

Trois conseils pour apprendre le silence intérieur à ses ados

Les adolescents ultra-connectés ont besoin de silence intérieur pour se rencontrer, rencontrer l’autre et Dieu. Trois amoureux du silence livrent leur chemin pour l’atteindre.

Trois conseils pour apprendre le silence intérieur à ses ados Ado_silence_interieur
Se poser simplement en silence rappelle à l’adolescent qu’il n’est pas toujours dans une course en avant.
- Adobe photos

Publié le 15/02/2022 à 15:36


Les ascenseurs, les centres commerciaux et même certaines villes sont désormais sonorisés. Le monde n’invite guère au silence. Il n’est pas non plus mis à l’honneur par les adolescents, écouteurs vissés sur les oreilles. « Le silence, c’est gênant », résume Axelle, 17 ans. Pourtant, il permet de se reconnecter avec son cœur profond, de prendre le temps de la réflexion et du recul. Il aide aussi à mieux accueillir l’autre, à vivre pleinement l’instant présent et à écouter Dieu. Dans l’Évangile, Joseph, homme de silence, a néanmoins une présence et un rayonnement décisifs. Tandis que sa sœur Marthe s’agite, Marie reste silencieuse au pied du Seigneur, et c’est elle qui a « la meilleure part ». Jésus Lui-même recherchait le silence pour prier seul après avoir parlé aux foules. Dans le tumulte de nos vies, nous écartons le silence et ne savons comment le faire apprécier aux plus jeunes. Trois spécialistes nous donnent des moyens de l’apprivoiser.

1. Michel Cool : « Le silence se transmet par l’exemple »

« Quand un enfant voit un parent rester en silence, il se demande ce qui l’attire et pourquoi ce besoin de lire ou de regarder longuement un paysage... Je garde le souvenir de mon grand-père lisant son journal dans son fauteuil pendant que je feuilletais un livre d’histoires illustrées. Ces moments ont créé des liens silencieux mais profonds entre nous. Quand on est silencieux, on est plus posé et attentif. Ce qui se vit en silence se grave dans les esprits. La première chose, si l’on veut amener les enfants à apprécier le silence, est d’être capable soi-même de s’y tenir.

Le silence en impose, on a envie de connaître et d’imiter celui qui demeure en silence. Il se transmet de personne à personne, et la famille est un lieu propice pour le faire désirer. C’était moins facile lorsque j’étais en activité, pris par le rythme trépidant de la vie professionnelle, mais aujourd’hui, je considère le goût du silence comme partie de mon exercice de transmission à mes petits-enfants. L’art d’avoir des moments de silence me paraît important pour eux, pour leurs rapports aux autres, leur construction intérieure. Les moines, burinés par le silence, sont sculptés par une capacité de savoir se taire et, dans la vie de tous les jours, on ressent les personnes habitées par des temps de silence. Ce sont des paisibles au milieu du monde rude.

La promenade dans la nature est une école de contemplation. Il faut sortir de chez soi, quitter les tablettes, faire cet effort, et on est happé par la beauté extérieure, le pépiement des oiseaux, la couleur du ciel, le panorama au sommet d’une colline. On s’aperçoit qu’on ne parle pas, chacun butine ce qu’il contemple. On est ensemble sans commenter, sans bavarder. Notre intériorité résonne dans le silence. Il est pour nous, chrétiens, un signe de la présence du Christ ressuscité. Nous cherchons dans le silence la vocation de notre existence.

Il est important de le rendre visible. Chez moi, j’ai un endroit dévolu au silence, un « petit coin du Bon Dieu » visible par ceux qui fréquentent notre maison. J’y vais prier souvent avec mon épouse. Enfin, j’aime emmener nos petits-enfants se recueillir au cimetière. Devant notre tombe familiale, nous sommes face au silence éternel qui nous attend tous. Ces moments silencieux débouchent sur des questionnements qui permettent peut-être aux enfants d’apprivoiser l’idée que nous sommes de passage. Ils cheminent ainsi vers des choses essentielles qu’on appelle les fins dernières. »


2. François-Xavier Clément : « De la musique et des livres pour changer son état intérieur »

« Le bruit des réseaux sociaux empêche l’enfant non seulement de se concentrer, mais aussi de connaître un silence intérieur. Or, seul ce dernier peut faire taire le bruit du monde agité. Il ne s’agit pas, en effet, d’obtenir un silence de mort, ou un silence en soi, comme le vise le bouddhisme, mais un silence habité.

Si les passions de l’enfant (colère, amour, haine, tristesse) sont exacerbées, il sera difficile pour lui d’obtenir ce silence intérieur. Il aura le désir d’extérioriser son agitation par un bruit, ou une réaction immédiate. Or, on obtient cette sérénité intérieure silencieuse par l’attention, la concentration et l’accueil d’une parole.

La musique écoutée par l’adolescent est importante. Elle influence sa respiration, le rythme de sa vie, la manière d’habiter son intériorité. La musique parle de la mort et de l’amour, elle est aussi une école d’appréciation de la beauté. Elle sera d’autant plus goûtée dans un décor propice, en face d’un feu de bois, par exemple. Tous les genres musicaux peuvent y conduire  jazz, chansons de Brel ou de Vianney, pas seulement les chants de l’Emmanuel. Toutefois, l’adolescent ne sera pas dans le même état intérieur s’il est habité par Booba...

La lecture permet également de nourrir son silence intérieur. Le Lys dans la vallée peut être trop ardu à lire pour certains, mais pas Jules Vernes ou Jean Giono. Les thèmes choisis et le vocabulaire utilisés par certains grands écrivains aideront à reconsidérer une dispute ou un fait du jour. La parole de Dieu est sans doute l’ouvrage qui servira le mieux ce silence. Lire un texte d’Évangile, le laisser reposer, en supporter l’ascèse, écouter ses paroles de feu qui tournent en nous, nourrira plus profondément l’adolescent que n’importe quelle lecture.»


3. Père David Lamballe : « Le "moment pour Dieu", un temps de silence offert pour prier »

« Se poser simplement en silence rappelle à l’adolescent qu’il n’est pas toujours dans une course en avant. Cet état peut lui faire peur, car inévitablement sa to do list se rappelle à lui. » Pour apprivoiser le silence, il est préférable de l’inviter dans les endroits où le silence est roi, comme la nature et les églises. Si c’est un silence de prière, l’expérimenter lui permettra d’écouter Quelqu’un en face de lui qui lui parle : Dieu. Le meilleur moyen, pour l’adolescent, de retrouver ce silence est d’instaurer dans sa journée un temps de prière appelé, chez les Guides d’Europe, « moment pour Dieu ». À lui de construire son coin prière et de choisir sa durée, sa stratégie pour s’y tenir. Mieux vaut trois minutes fidèlement que davantage mais occasionnellement... ou rien du tout !

On peut lui fournir des livrets avec citations de saints et témoignages forts. Il peut aussi utiliser des techniques généralistes, « pardon-merci-s’il-te-plaît », ou s’appuyer sur les textes bibliques de la messe du jour, à méditer de manière active ou pas. Ce temps de silence est une respiration, qui lui permet d’écouter et d’assimiler la parole de Dieu. La technique scoute est une technique de vie, donc tout le monde peut l’utiliser.




Olivia de Fournas
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