Procès de l’attentat du Père Hamel : « La journée d’hier était évidemment capitale » déclare Mgr Lebrun
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Procès de l’attentat du Père Hamel : « La journée d’hier était évidemment capitale » déclare Mgr Lebrun
Procès de l’attentat du Père Hamel : « La journée d’hier était évidemment capitale » déclare Mgr Lebrun
L’archevêque de Rouen confie ses impressions à Famille Chrétienne au lendemain de sa déposition devant la Cour d’Assises spéciale de Paris.
L’archevêque de Rouen confie ses impressions à Famille Chrétienne au lendemain de sa déposition devant la Cour d’Assises spéciale de Paris. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP
L’archevêque de Rouen confie ses impressions à Famille Chrétienne au lendemain de sa déposition devant la Cour d’Assises spéciale de Paris.
L’archevêque de Rouen confie ses impressions à Famille Chrétienne au lendemain de sa déposition devant la Cour d’Assises spéciale de Paris. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Publié le 18/02/2022 à 14:54
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué depuis le début du procès ?
J’ai été marqué par beaucoup de choses. Mais la journée d’hier était évidemment capitale pour moi. Très resserré avec les victimes présentes et leurs familles, y compris les sœurs qui sont absentes. De revivre ce que nous avons vécu à cinq ans de distance, en voyant le chemin que nous faisons pour pardonner vraiment. C’est-à-dire ne pas tourner la page et puis dire : « on passe à autre chose ».
Pour vraiment comprendre ce qui s’est passé. Le vivre ensemble. Y compris avec les assassins et les personnes qui sont dans le box des accusés. Et j’ai évoqué également ceux qui ont klaxonné le soir des attentats qui aujourd’hui habitent peut-être Saint-Étienne-du-Rouvray, ou Rouen, ou ailleurs. Toutes ces personnes sont fortement et forcément présentes des jours-ci. Et aujourd’hui les exigences de l’Évangile me reviennent avec force : « Tu aimeras ton ennemi » ; « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » ; « Si votre justice ne dépasse pas la justice des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ». C’est ça qui est dans mon cœur et qui est le plus important.
Après, je dois dire que je suis marqué par la solennité. Par la liturgie, en quelque sorte, de cette cour d’Assise, où les auxiliaires de justice jouent tous leur rôle : l’huissier, la greffière, les avocats, les avocats des parties civiles, les avocates générales, et puis le jury qui est professionnel. Mais aussi les médias, ceux qui viennent écouter. Quelques membres du diocèse.
Quels éléments vous ont permis, à ce stade, de mieux comprendre ce qui a pu conduire à la mécanique folle du 26 juillet 2016 ?
Ce sont des éléments, comme dit Roseline Hamel, façon « puzzle ». On a entendu des enquêtes de personnalité. Elles montrent que les trois personnes qui sont dans le box : Farid, Yacine et Jean-Philippe Steven, ont eu une vie familiale et sociale fracassée. Parfois même une vie physique, liée à une maladie. Tous ces éléments sont à prendre avec sérieux. C’est la recherche de vérité, en quelque sorte, qui aujourd’hui me force à l’admiration de ce qui se passe.
Les explications, aussi, du frère Adrien Candiard qui a déclaré : « Il y a un courant musulman qui dit Dieu est tellement transcendant que de toutes les façons, ma religion, ce n’est pas d’être en relation avec Lui. Ce n’est pas possible. Ma vie religieuse, elle est d’obéir à ses commandements. Et on fait des commandements de Dieu, Dieu lui-même ». Évidemment c'est de l’idolâtrie. Cette analyse est très éclairante pour le procès mais aussi pour moi : est-ce que ma foi c'est de faire ce que je crois devoir faire, ou bien est-elle une vraie relation avec un Dieu vivant ?
Malgré tous ces éléments qui peuvent vous aider à comprendre ce qui s’est passé, ne restez-vous pas malgré tout confronté au mystère du mal ?
Oui, il reste une incompréhension. Et je dirais, c’est la sainteté ou la santé de toute personne humaine, un jour, de se heurter à ce mystère du mal. Nous ne pouvons pas le comprendre. C’est le mystère d’iniquité. On peut malheureusement le constater mais on peut aussi le refuser. Et dire que la planche de salut, c’est Dieu !
Qu’est-ce que ce drame a changé pour la communauté des chrétiens dans votre diocèse ?
Je ne sais pas ce que ça a pu changer. Je sais que ça a bouleversé la communauté de Saint-Étienne-du-Rouvray. Je sais que ça a bouleversé des personnes, des prêtres.
Qu’est-ce que ça a pu changer pour la communauté musulmane de Rouen et sa région ?
Je ne sais pas ce que cela a pu changer. Je pense qu’ils ont eu une période difficile de honte, de peur. Et je pense, de recherche sincère d’éradiquer ces courants violents.
Est-ce que ça a changé quelque chose pour les relations entre les catholiques et les musulmans qui résident dans votre diocèse ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas dans le cœur des uns et des autres. Je ne peux vraiment pas dire. Peut-être que pour certains ça les a éloignés. Peut-être que pour certains ça les a rapprochés. Je peux simplement parler de moi.
Justement, qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
Pour moi, ça a permis un dialogue plus vrai, plus profond. Peut-être avec plus d’humilité. De comprendre. Aussi d’échanger sur notre conception de Dieu. Conception de fraternité. Récemment, peu avant de venir au procès, un musulman me lisait un prêche dans une mosquée qui condamnait fortement les assassins en disant : « Ils ne connaîtront même pas l’odeur du paradis ! » C’est une phrase que je ne peux pas dire, moi, en homélie. C’est une phrase qu’un chrétien ne peut pas dire. Et donc j’ai pu lui dire. « Tu vois, cette phrase de condamnation, elle est exprimée d’une telle manière que moi je ne peux pas l’exprimer de cette manière-là. Je ne peux pas dire que les assassins ne connaîtront pas l’odeur du paradis parce que je ne sais pas quelle miséricorde ils accueilleront quand ils verront le bon Dieu ».
Guilhem Dargnies
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