Les jeunes catholiques se moquent des classifications sociologiques

par Lumen Jeu 9 Juin 2022 - 21:44

Les jeunes catholiques se moquent des classifications sociologiques

L’Eglise catholique traverse, indéniablement, une tempête dont elle seule a le secret. Dans ce dérèglement climatique, les jeunes gardent la boussole de l’Esprit Saint comme ils l’ont prouvé à Chambord, Chartres ou au Frat.

Les jeunes catholiques se moquent des classifications sociologiques Chartres_pluie

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capture d'écran Instagram - Notre-Dame de Chrétienté

Église, fragilisée, est-elle sur le point d’imploser ? C’est la question que posent, sans prendre de gants, deux sociologues des religions dans un livre qui se penche sur le présent et s’interroge sur l’avenir du catholicisme (1). Ils exhortent, au rang des solutions, à moins de cléricalisme et plus de synodalité. Mais, au-delà des formules lapidaires et sans renoncer à se réformer sans cesse, l’Église doit surtout renaître dans l’Esprit Saint. Le Paraclet, reconnaît Danièle Hervieu-Léger, n’entre pas dans les variables prises en compte dans sa matière scientifique !

Des querelles byzantines

L’Église a été fragilisée par le confinement, les tensions politiques d’une énième campagne électorale, les querelles liturgiques et surtout la révélation d’abus en son sein. C’est indéniable, et rien de tout cela ne doit être passé sous silence. Les fractures de l’Église sont autant de plaies béantes qu’il nous faut soigner et guérir afin que son corps soit sain. Saint, surtout.

Sans connaître sa longue histoire, on s’imaginerait facilement que l’Église essuie son premier dérèglement climatique. C’est loin d’être le cas, mais cela ne nous dédouane pas d’un regard lucide et impose de sortir de nos querelles byzantines : ce prêtre en soutane qui serait bien trop identitaire, cet évêque qui s’élève à propos de la condition des migrants vite qualifié de « bergoglien » comme si c’était une insulte, ce fidèle engagé auprès des pauvres rapidement rangé parmi les dangereux progressistes et cet autre, soucieux de la belle liturgie, classé parmi les dangereux tradis.

Devenus experts en tempête et en orage à leurs dépens, les jeunes catholiques se moquent des classifications sociologiques. Qu’ils aient été pèlerins en marche vers Chartres, collégiens d’Île-de-France au rassemblement du Frat ou Scouts unitaires de France réunis à Chambord, ils sont avec tous les confirmés du week-end de Pentecôte la preuve vivante que l’Église et l’Esprit n’ont pas dit leur dernier mot.

L'espérance dans la tempête

Ceux qui étaient aux JMJ de Madrid en 2011 se rappelleront longtemps de l’orage puissant qui éclata sur la foule des jeunes du monde entier réunis sur la plaine de Cuatro Vientos. Et de la quiétude de Benoît XVI, impressionné par cette foule de jeunes en prière silencieuse après la tempête, devant Jésus-Hostie. « Votre force est plus grande que la pluie ! », lança-t-il. Une décennie plus tard, sur la plaine de Chambord, au milieu de 33 000 scouts trempés mais heureux, une patrouille de guides fredonnait un chant de ma jeunesse et que nous ferions bien d’entonner plus souvent. Un petit oiseau joyeux y disait : « Même le plus noir nuage a toujours sa frange d’or. » C’est certain, dans les tempêtes, l’espérance est un trésor !

En gardant un regard éclairé sur l’Église, il est interdit de désespérer. Et n’allez pas dire aux jeunes qu’ils sont l’Église de demain. Aujourd’hui, ils sont les témoins que la foi transforme les cœurs, et nous obligent à ne pas baisser les bras.

(1) Vers l’implosion ?, par Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel, Seuil, 2022.

Antoine-Marie Izoard

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