Il sera « tendu et compliqué » de rouvrir Notre-Dame en 2024, avoue le général Georgelin

par Lumen Lun 25 Juil 2022 - 21:15

Il sera « tendu et compliqué » de rouvrir Notre-Dame en 2024,
avoue le général Georgelin

Dans un entretien au Figaro, le général Georgelin en charge du chantier de restauration de Notre-Dame de Paris est revenu sur les principaux défis de la phase de restauration qui s’ouvre.

Il sera « tendu et compliqué » de rouvrir Notre-Dame en 2024, avoue le général Georgelin Restauration_notre_dame_general_georgelin

Avril 2021, le général Georgelin (au milieu) dans la cathédrale de Paris aux côtés
d'Emmanuel Macron et de l'architecte en charge de la restauration. - IAN LANGSDON / POOL / AFP

Il veille sur l’un des chantiers les plus symboliques du monde. Le général Georgelin, président de l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame de Paris, a précisé au Figaro les contours de cette nouvelle phase qui commence après la longue étape de sécurisation de l’édifice.

« Les visiteurs auront un choc visuel en entrant »

Le délai de restauration promis par Emmanuel Macron au lendemain du drame sera-t-il respecté ? « 2024 est un objectif tendu, rigoureux et compliqué », avoue le responsable en chef du chantier. Pour autant, « On se battra pour gagner cette bataille, et pouvoir ouvrir au culte, en 2024. À cette date, Notre-Dame sera complètement nettoyée, au point que les visiteurs auront un choc visuel en entrant », prévient-il.

En effet la pierre noircie par le temps aura retrouvé sa blancheur originelle dans tout l’intérieur de l’édifice, provoquant une véritable métamorphose visuelle, comme l’avait aussi indiqué le recteur Mgr Patrick Chauvet il y a quelques mois. « Nous allons retrouver la cathédrale des débuts », avait-il déclaré.

Si les retards sur les chantiers sont presque une coutume, le général Georgelin martèle sa détermination à y échapper. « Le monde entier regarde l’avancement de la cathédrale et je n’ai pas envie de rejoindre la cohorte de ceux qui n’aboutissent pas. Aujourd’hui, 130 lots de travaux et de prestations ont été constitués et les deux tiers ont été attribués. Les entreprises se disent fières de travailler pour Notre-Dame de Paris. » Il assure : « Jusque-là, nous avons toujours trouvé les moyens de nous adapter, d’avancer et d’écouter les clignotants lorsqu’ils passaient à l’orange. »

146 millions d’euros d’excédents de dons

Revenant aussi sur les sommes considérables engagées, le général précise : « plus de 846 millions ont été recueillis par 340.000 mécènes et donateurs issus de 150 pays » depuis l’incendie. Alors que 150 millions ont été utilisés jusqu’alors pour la consolidation et la sécurisation de la cathédrale, « nous aurons besoin de 550 millions d’euros pour achever le nettoyage intérieur de la cathédrale, restaurer les maçonneries et les voûtes […], reconstituer les charpentes, les couvertures et la flèche, ou encore, pour renouveler les équipements techniques. » Sur la somme totale des dons, 146 millions devraient ainsi rester disponibles. Comment seront-ils utilisés ? Ils serviront à la restauration extérieure de la cathédrale dans les années à venir, « conformément à la vocation de la souscription nationale et dans le respect des donateurs », promet le général Georgelin. Il précise qu' « au moment de l’incendie, des travaux y étaient en cours, et on sait que la cathédrale est un tout ».

Les restaurateurs de la charpente de la nef et du chœur dévoilés

En parallèle, le nom de l’équipe chargée de restaurer la charpente du chœur et de la nef a été dévoilé. Il s’agit des ateliers Perrault, installés dans le Maine-et-Loire et spécialistes de la restauration. L’avis d’attribution du chantier a été publié le 8 juillet, pour une valeur de 9,8 millions d’euros, d’après le Courrier de l’Ouest qui a pu le consulter. Le chantier de la flèche et du transept a été confié pour sa part à un groupement de quatre entreprises. Les arbres coupés ces derniers mois pour ces attributions très symboliques sont « en train d’être examinées une à une par les charpentiers », explique le général Georgelin. « De fait, certains de ces débits de bois sciés ne conviennent pas: ils ont par exemple des fentes à l’intérieur. On pensait aussi que certains étaient trop verts, donc trop humides. Mais les experts charpentiers nous ont affirmé que l’on pouvait les utiliser, le taux d’humidité n’étant qu’un critère parmi d’autres. » Un surplus d’arbres a volontairement été prévu pour pallier ce type d’aléas.

Quant à l’aménagement intérieur de la cathédrale, confié au diocèse, celui-ci est suspendu aux décisions de Mgr Ulrich qui doit se prononcer sur le projet validé en décembre dernier par les experts, et donner son avis sur les artistes qui réaliseront les nouvelles œuvres envisagées. Un certain flou plane encore sur le dossier, le nouvel archevêque de Paris étant fraichement installé. Mais il a fait savoir qu’il mesurait l’importance symbolique de ce chantier, et a rappelé dans un entretien à KTO fin juin que « la cathédrale Notre-Dame de Paris est un lieu pour la prière ».

Camille Lecuit

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