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Le procès du cardinal Zen sous pression diplomatique

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Le procès du cardinal Zen sous pression diplomatique Empty Le procès du cardinal Zen sous pression diplomatique

Message par Lumen Mer 19 Oct 2022 - 20:04

Le procès du cardinal Zen sous pression diplomatique

Le 26 octobre doit s’ouvrir la seconde partie du procès du cardinal Joseph Zen. Il interviendra au moment du potentiel renouvellement de l’accord Chine-Vatican.

Le procès du cardinal Zen sous pression diplomatique Cardinal_zen_0
L’archevêque émérite de Hong Kong Joseph Zen lors de son arrivée au tribunal de West Kowloon,
le 26 septembre. - T.SIU - REUTERS


C’est un vieux monsieur qui quitte le tribunal de West Kowloon, à Hong Kong, le 26 septembre dernier. Le dos courbé et le pas mal assuré, ce ne sont pas seulement ses 90 ans qui pèsent sur les épaules du cardinal Joseph Zen, mais le poids de nombreuses années à défendre l’Église catholique face au régime communiste chinois. Que lui est-il reproché au juste ? En 2014, le cardinal Zen n’hésite pas à descendre dans la rue pour soutenir les manifestants hongkongais qui protestent contre le régime chinois. Lors des manifestations de 2019 et 2020, l’archevêque émérite de Hong Kong s’engage à nouveau aux côtés des manifestants hostiles à l’intervention grandissante du régime chinois, en créant avec cinq autres activistes le Fonds d’aide humanitaire 612.

Les 34,4 millions de dollars récoltés sont utilisés pour couvrir les frais médicaux et de justice des manifestants inquiétés durant les violentes répressions du pouvoir chinois. En mai dernier, le cardinal et les cinq autres créateurs du fonds sont arrêtés pour « collusion avec l’étranger » et sont rapidement libérés sous caution. Ils risquent alors de nombreuses années de prison. C’est finalement un « défaut d’enregistrement de fonds » qui est retenu contre eux. La première partie du procès a eu lieu fin septembre et il doit reprendre le 26 octobre. Le cardinal Zen risque dorénavant une simple amende d’environ 1 300 euros. Ce procès s’avère éminemment symbolique. Tout au long de son épiscopat, celui qui est devenu cardinal en 2006 n’a eu de cesse de défendre les droits de l’homme et l’idée de démocratie. Une position évidemment dangereuse dans une Chine autoritaire et profondément anticléricale. Né en 1932 dans une famille catholique de Shanghai, Joseph Zen se réfugie à Hong Kong en 1948, lors de la prise de pouvoir de Mao. Étudiant chez les Salésiens, il décide de devenir prêtre et poursuit ses études en Italie où il est ordonné en 1961. En 1971, il revient à Hong Kong, alors sous domination britannique. En 1996, quelques mois avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine, Jean-Paul II le nomme évêque coadjuteur. C’est un poste éminemment stratégique puisque, avec ses 500 000 catholiques, Hong Kong est un véritable pont entre les autorités chinoises et le Saint-Siège.



Bio express

• 1932  : naissance de Joseph Zen  à Shanghai.
• 1948  : fuite vers Hong Kong après la prise de pouvoir des communistes.
• 1961   : ordination à Turin.
• 1989-1996  : enseignement dans des séminaires « officiels » chinois.
• 2002  : nomination comme  archevêque de Hong Kong.
• 2006 : création comme cardinal par Benoît XVI.


Le procès, levier intéressant pour le régime chinois ?

La soudaine clémence du régime chinois dans ce procès interroge. Celui-ci intervient en même temps que la renégociation d’un accord tenu secret entre le Vatican et la République populaire de Chine sur la nomination des évêques chinois. D’une validité de deux ans, il avait été renouvelé en 2020 et doit désormais être renégocié avant le 22 octobre. « On peut imaginer que l’Église, à travers ses excellents diplomates, ait agi pour que la sentence du cardinal Zen ne soit pas infamante et surtout qu’il n’aille pas en prison », suppose Claude Meyer, sinologue et auteur du récent Renouveau éclatant du spirituel en Chine (Bayard). Il est vrai que le Vatican s’est montré particulièrement discret sur le cas du cardinal Zen depuis son arrestation. Du côté de la Curie, un silence relatif s’est installé. On peut néanmoins noter quelques « sorties de rang » de cardinaux ayant exprimé un soutien total au cardinal chinois.

La date de ce procès arrive donc à un moment opportun pour le gouvernement chinois. Il pourrait s’agir d’un levier de négociation intéressant alors que Mgr Claudio Maria Celli, un des principaux prélats en charge des tractations autour de cet accord, était présent en Chine de fin août à début septembre. De son côté, Mgr Zen s’est toujours montré particulièrement critique vis-à-vis de ce rapprochement. En 2018, il parlait de « mauvais accords » qui allaient « mettre en péril l’Église souterraine » et n’hésitait pas à accuser le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, de « vendre l’Église catholique au gouvernement communiste ».
« L’objectif de cet accord n’est pas politique mais pastoral », avait assuré Greg Burke, directeur du bureau de presse du Saint-Siège en 2018. « Il s’agit de permettre aux fidèles d’avoir des évêques en communion avec Rome mais, dans le même temps, reconnus par les autorités chinoises », avait-il poursuivi.

Vient alors la question du dialogue… Le Vatican doit-il entretenir des relations avec tous ? Cette question a trouvé une réponse chez le pape François et du cardinal Parolin qui ont plusieurs fois déclaré que « la diplomatie pontificale n’a pas besoin de construire des murs mais des ponts ». Dans le cas de la Chine, l’accord trouvé a toujours été considéré comme provisoire et donc voué à évoluer. À l’heure actuelle, on sait seulement qu’il porte sur le processus de nomination des évêques. Les autorités chinoises proposent des noms pour les diocèses vacants au Saint-Siège, qui est alors libre d’accepter ou de refuser la proposition. Dans quelle mesure ? On l’ignore. Néanmoins, selon Claude Meyer, il s’agit d’un compromis intéressant, puisque la Chine « déroge à son principe absolu de refuser sur son territoire toute autorité – même spirituelle – qui soit étrangère ».

Derrière la situation du cardinal Zen, deux lignes s’affrontent donc. La première refuse de dialoguer avec un régime qui martyrise les catholiques, la seconde pense que nouer des relations avec les autorités chinoises permettra de préserver quelques libertés de surface pour l’Église chinoise.



Le parti communiste en ordre de marche

Le XXe congrès du Parti communiste chinois s’est ouvert le 16 octobre. Près de 2 300 délégués du parti unique se sont réunis à Pékin afin d’en renouveler le comité central et désigner leur secrétaire général pour les cinq prochaines années. Le suspense n’a pas vraiment sa place, alors que Xi Jinping a modifié la Constitution afin de se laisser la possibilité d’effectuer autant de mandats qu’il le souhaitera à ce poste. Lors de l’ouverture du congrès, il a dressé un bilan des cinq dernières années, justifiant notamment sa politique sanitaire drastique et assurant sa détermination à faire usage de la force en cas « d’ingérence étrangère » à Taïwan. L’annonce officielle de sa reconduction devrait intervenir le 23 octobre.



Cyriac Zeller
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