BENOÏT XVI, l'humble serviteur, est mort + VIDEO BENOÏT XVI : EN ATTENTE pour 20h35
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BENOÏT XVI, l'humble serviteur, est mort + VIDEO BENOÏT XVI : EN ATTENTE pour 20h35
Benoît XVI, l'humble serviteur, est mort
Le pape émérite Benoît XVI, retiré depuis mars 2013, s’est éteint le 31 décembre à l’âge de 95 ans. Retour sur les sept années d’un pontificat marqué par la foi, la cohérence et l’humilité, ponctué de gestes inédits mais aussi de plusieurs crises.
En toute discrétion, Benoît XVI s’en est allé après presque dix ans de pontificat émérite, retiré au Vatican, une première dans l’histoire contemporaine. Cette même discrétion a marqué le pontificat de Joseph Ratzinger. Durant près de huit ans, le pontife allemand a servi l’Église avec humilité, affrontant de nombreuses tempêtes, souvent injustement discrédité par les médias et largement incompris.
Après vingt-trois années au service de la Curie à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger aurait bien rendu son tablier pour retrouver sa Bavière natale, et replonger dans ses ouvrages de théologie. « J’étais convaincu d’avoir accompli l’œuvre de toute une vie, confiera-t-il à des compatriotes peu après son élection, et de pouvoir espérer finir mes jours dans la tranquillité. » Mais les cent quinze cardinaux réunis en conclave en avril 2005 en décident autrement. Ils installent sur le trône de Pierre le plus proche collaborateur de Jean-Paul II, le doyen du Sacré Collège qui vient de présider aux cérémonies du siège vacant et dont la stature théologique rassure. Celui qui vient aussi de signer des méditations pour le chemin de croix du Vendredi saint au Colisée, dénonçant un monde qui « dérive vers un sécularisme sans Dieu », et allant jusqu’à comparer l’Église à « une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toutes parts ».
Simplicité, humilité, travail
Au soir du 19 avril 2005, au terme d’un conclave d’à peine plus de vingt-quatre heures, Joseph Ratzinger apparaît timidement à la loggia de la basilique Saint-Pierre. « Après le grand pape Jean-Paul II, messieurs les cardinaux m’ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur », lance celui qui vient d’endosser une soutane blanche aux manches trop courtes. Le monde découvre le visage du discret cardinal allemand qui vient de prendre le nom de Benoît XVI, en souvenir du pape Benoît XV qui avait guidé l’Église « au cours d’une période difficile » (1), à savoir le premier conflit mondial, mais aussi en référence au saint patron de l’Europe. Le nouveau pape sait que son pontificat sera complexe, qu’il lui faut la sainteté et la force du fondateur de l’ordre des bénédictins qui proposa un renouveau éthique et spirituel tiré des racines chrétiennes du vieux continent.
Première apparition de Benoît XVI au balcon de la basilique Saint Pierre après son élection le 19 avril 2005.
Le monde médiatique a beau, alors, le présenter comme un théologien sévère, un Allemand raide, rappelant à l’envi son passage forcé chez les jeunesses hitlériennes, l’ancien archevêque de Munich va surprendre jusqu’aux plus sceptiques des catholiques dans son combat pour la vérité. Simplicité, humilité, travail… Benoît XVI avait annoncé son programme dès sa première apparition. Pendant huit ans de pontificat, contre vents dominants et marées médiatiques, il va mener vers le large la barque qu’il décrivait lui-même « prête à couler » et dont les cardinaux lui ont confié la barre, malgré ses 78 ans.
La « tolérance zéro »
D’aucuns voient en lui un pape de transition, mais ses sept ans et dix mois de pontificat le montrent comme un pontife de la transparence et de la cohérence, quitte à en payer le prix. Malgré sa timidité légendaire, il va bousculer certaines pratiques ancestrales. Peu de temps après son élection, possédant parfaitement ce sombre dossier, il condamne sans appel la double vie du fondateur des Légionnaires du Christ, le Père Marcial Maciel, et tente d’organiser la renaissance de cette congrégation sur des bases saines. Le scandale des actes pédophiles de certains membres du clergé le mine, lui qui a vu ressurgir, dans les années 2000, les actes commis par des pasteurs, notamment en Irlande et aux États-Unis. Il gère de façon déterminée les scandales qui éclaboussent l’Église et prend du temps – c’est inédit – pour rencontrer des victimes.
On apprendra un an après sa démission que près de quatre cents prêtres ont été renvoyés de l’état clérical au cours de son pontificat. Finie l’époque où l’on glisse la poussière sous le tapis, Benoît XVI prône la « tolérance zéro ». En mars 2010, il écrit une lettre poignante aux fidèles irlandais, dans laquelle il se dit « bouleversé » par les actes de certains membres du clergé qui devront en répondre devant Dieu et la justice des hommes, déplorant publiquement la gestion « souvent inadéquate » de ces affaires. Il fera ensuite le ménage dans l’épiscopat irlandais. Et on le verra pleurer en compagnie de victimes de prêtres pédophiles à Malte. Son successeur lui rendra hommage à de nombreuses reprises, jugeant qu’il avait été « courageux » et avait choisi de « soulever le couvercle de la marmite » (2) des affaires de pédophilie au sein du clergé.
L'affaire Vatileaks
Le pontificat de Benoît XVI est aussi marqué par ses efforts de transparence au sein des institutions financières vaticanes, entre les mains d’Italiens souvent peu scrupuleux qui s’abritent derrière le secret propre au petit État. Sans oublier sa prise en main de l’affaire qui secoue la curie en 2012 du fait de l’infidélité de son propre majordome. Surnommée Vatileaks, la fuite de documents secrets l’affaiblira et, avec sa santé déclinante, le poussera à passer la main, de manière inédite. Lors de sa première rencontre avec le pape François, dans la résidence estivale de Castel Gandolfo, le pape émérite remet à son successeur l’ensemble du dossier.
Benoît XVI tenant l'ostensoir lors de la célébration du Corpus Domini sur le parvis de la cathédrale Saint Jean de Latran, le 23 juin 2011.
L’amour de la vérité va jouer d’autres tours à Benoît XVI. L’une des plus sérieuses crises médiatiques de son pontificat se joue dans un avion entre Rome et le Cameroun. Son premier voyage en Afrique, en mars 2009, est anéanti par une petite phrase sortie de son contexte à propos du problème du sida. « On ne le peut résoudre en distribuant des préservatifs », retiendront les médias du monde entier, attisant la polémique. Ses propos provoquent la colère des organisations de lutte contre le sida et des responsables politiques critiquent vivement le pape. Qui retiendra que, dans le même raisonnement, le pape prône une « humanisation de la sexualité », un « renouveau spirituel » des relations humaines, et l’accompagnement de ceux qui souffrent ?
De Ratisbonne à Auschwitz
Mais la recherche de la vérité a des conséquences prophétiques. Pour preuve, son désormais célèbre discours à l’université de Ratisbonne, en septembre 2006. Ses propos sur la violence qui peut habiter l’islam, en citant les propos d’un empereur byzantin du XVe siècle, vont déclencher une vague hostile à l’Église dans de nombreux pays à majorité musulmane. Là encore, les propos sont sortis de leur contexte. Mais les explications du pape, par la suite, vont permettre à Rome de lier avec des intellectuels musulmans. Et de miser, au Vatican, sur un dialogue franc et actif avec plusieurs responsables de l’islam. Un voyage historique en Turquie, quelques mois à peine après le discours de Ratisbonne, réaffirmera à la fois l’attachement de Rome au dialogue avec les musulmans, et les racines chrétiennes du continent européen.
Autre crise, celle qui suivra la levée de l’excommunication des évêques de Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Dans sa main tendue aux franges les plus traditionalistes de l’Église, il se retrouve piégé par les positions négationnistes de l’un des quatre prélats, le Britannique Mgr Williamson, venu torpiller toute tentative de réconciliation. Mais Benoît XVI reste l’artisan d’une tentative de rapprochement avec les fidèles traditionalistes, après deux décennies de rupture, grâce à la signature du motu proprio Summorum pontificum qui libéralise l’usage de la liturgie romaine d’avant la réforme de 1970, et en fait la « forme extraordinaire » de l’unique rite romain.
S’il s’efforce de resserrer les liens avec les autres confessions chrétiennes, le pontife allemand donne aussi des gages de son attachement au peuple juif. Il est acclamé par le monde juif au moment de son départ du trône de Pierre : une prouesse rendue possible grâce à une succession de gestes hautement symboliques et sincères, comme la visite de plusieurs synagogues, sa prière au pied du mur des Lamentations à Jérusalem et son déplacement au camp d’Auschwitz.
Benoît XVI dans un jardin au cours de ses vacances à Bressanone, le 31 juillet 2008.
Foi et raison
Théologien hors pair, Joseph Ratzinger lutte farouchement contre le relativisme ambiant et dresse le constat dans l’Église d’une « difficile » réception du concile Vatican II, auquel il a participé comme conseiller. Il n’aura de cesse d’appeler au « réveil spirituel » de l’humanité, sans lequel « l’homme de l’ère technologique risque d’être victime des succès même de son intelligence ». Présenté comme un austère théologien par ceux qui ne le lisent pas, Benoît XVI publie au contraire d’innombrables catéchèses et discours d’une extrême clarté qui exhortent sans cesse, avec ses trois encycliques, à la joie et à l’espérance des disciples du Christ, au mariage harmonieux entre foi et raison, et exaltent la beauté de la vérité. Il signe aussi, de son nom de théologien, trois ouvrages très personnels sur la figure de Jésus de Nazareth. De ses vingt-quatre voyages hors d’Italie, on retiendra notamment ceux en Terre sainte ou encore à Cuba, et sa visite en France, à Paris et Lourdes, en septembre 2008.
Champion de l’écologie avec son encyclique Laudato si, François ferait presque oublier que son prédécesseur fut baptisé le « pape vert ». Aux côtés du patriarche de Constantinople ou à la tribune des Nations unies, Benoît XVI s’est attaché à défendre la préservation de l’environnement et des différentes formes de vie sur terre. À de nombreuses reprises, au fil du pontificat, il défendra une « écologie humaine » intégrale qui lie la protection de l’environnement et celle de la vie humaine.
Pour la dernière fois en tant que pape, Benoît XVI s'adresse à la foule rassemblée depuis le balcon de la résidence de Castel Gandolfo, le 28 février 2013.
Durant près de huit années de pontificat, Benoît XVI a exercé sa mission avec une extrême lucidité. La lucidité de celui qui s’était choisi comme devise épiscopale « Collaborateur de la vérité » l’a aussi amené à reconnaître qu’il était temps, dans un geste inédit de passer la main. « L’humble serviteur » s’était ainsi effacé en février 2013 après un adieu inédit à la ville de Rome et ces quelques mots : « Je suis simplement un pèlerin qui débute la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. Mais, je voudrais encore, avec mon cœur, mon amour, ma prière, ma réflexion, toutes mes forces intérieures, travailler pour le bien commun, le bien de l’Église et de l’humanité. » Ce qu’il a fait, dans sa discrète retraite dans un ancien monastère au cœur des jardins du Vatican, pendant près de dix ans.
(1) Rencontre avec la presse, avril 2005.
(2) Dans l’avion au retour du Mexique, février 2016.
Antoine-Marie Izoard, 31/12/2022
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Pour rendre hommage à Benoit XVI, la rédaction de KTO vous propose une édition spéciale. Retour en images sur son pontificat, avec nos invités en plateau et à travers le monde.
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