*** L’EUCHARISTIE, c’est la VIE ! *** Avec THEODOM
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*** L’EUCHARISTIE, c’est la VIE ! *** Avec THEODOM
L’Eucharistie, c’est la vie !
1. L’Eucharistie, c’est la vie
Une série pour comprendre et vivre à fond la messe.
La messe est un évènement unique pendant lequel Dieu nous parle, Dieu se donne à nous, et nous lui répondons, nous le prions, nous nous ouvrons à lui.
Mais la messe est aussi un héritage, le croisement de multiples traditions que nous venons habiter pour rencontrer Dieu.
Avec ces dix vidéos nous vous offrons un aperçu des richesses de ce qu'est la célébration eucharistique.
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2. La messe comme une randonnée
2. La messe comme une randonnée
Aujourd’hui, nous partons en pèlerinage : chaussez vous, nous allons à la messe ! Chaussez-vous, c’est parti ! Avez-vous déjà été en randonnée en montagne ? Personnellement je ne suis pas fan ! Mais j’avoue qu’après des kilomètres de souffrance rendus moins pénibles par la beauté du paysage, je suis quand-même très contente et fière d’arriver au sommet !
Vivre la messe, c’est comme vivre une randonnée, ou plutôt un pèlerinage. J’aime beaucoup plus ! A la clé, il y a beaucoup plus que la beauté du paysage et la fierté d’avoir survécu ! Il y a la rencontre de Dieu.
La montagne
La montagne, dans la Bible, est un des lieux de rencontre entre l'homme et Dieu. Par exemple, dans l'Ancien Testament, c'est sur le mont Sinaï que le Seigneur a parlé à Moïse et lui a donné les dix commandements. Dans les Évangiles, Jésus s'est souvent retiré sur une montagne pour prier son Père et aussi pour enseigner. Un de ses plus célèbres enseignements est celui que l'on appelle "le sermon sur la montagne" où l'on retrouve les Béatitudes (« Heureux êtes-vous... ») Enfin, c'est sur une montagne, au Golgotha, que Jésus a livré sa vie sur la croix en rançon, pour sauver et racheter la vie des hommes.
Pendant la messe, ces deux premières montagnes peuvent nous faire penser au temps de la Parole, pendant lequel sont proclamées des lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament. Et la troisième montagne, le Golgotha, c’est d’elle qu’il est question pendant l’Eucharistie.
La messe, définition
Voici ce qu’en dit le concile Vatican II :
« La Messe est la célébration au cours de laquelle les fidèles participent à la liturgie de la Parole et à la liturgie eucharistique, où est perpétué le sacrifice du corps et du sang du Christ. Le sacrement de l’Eucharistie est « source et sommet de toute la vie chrétienne ». – Sacrosanctum Concilium, 47
Le voilà le sommet de notre montagne : la destination de notre pèlerinage !
Avant la messe
Il est bon de garder en mémoire notre objectif d'arriver au sommet car cela va nous aider dans notre ascension mais aussi dans notre préparation physique et spirituelle.
Par exemple, arriver en avance est vivement recommandé afin d'être paisible pour trouver une place, s'asseoir et prendre un temps de silence pour prier. Tout cela nous permettra de mieux disposer notre cœur pour vivre pleinement la célébration.
Tout dépend des sensibilités et des lieux, mais dire bonjour à son voisin, lui faire un sourire, voire même lui serrer la main, sont autant de petits gestes qui manifestent notre fraternité, notre joie d'être là, ensemble, en frères et sœurs !
Le plan de la messe
La messe est donc ce moment favorable, où formant un seul corps, celui de Jésus-Christ, nous sommes invités à la table de la Parole et de l'Eucharistie.
La messe s'organise donc en 4 grandes étapes qui sont la liturgie d'entrée, la liturgie de la Parole, la liturgie Eucharistique et l'envoi.
Première étape : la liturgie d'entrée
Notre pèlerinage commence avec l’entrée en procession du prêtre ou de l'évêque avec les éventuels diacres et servants d'autel. L'accueil du prêtre se veut selon les circonstances, solennel et joyeux, au rythme de la louange car elle est le signe du Christ présent au milieu de son Eglise.
En effet, la messe commence avec un chant que l’on peut comparer à une prière commune qui va nous aider à faire corps et à former ce que l’on appelle l’assemblée eucharistique. Comme le disait déjà saint Augustin au IVème siècle : “chanter bien, c’est prier deux fois !” Alors il est bon de chanter les louanges de Dieu qui susciteront paix et joie dans nos cœurs en ce début de célébration.
Nous sommes donc debout, posture de l'homme vivant, libre et ressuscité.
Avec les mots du prêtre qui nous accueille “au nom du père et du fils et du saint esprit", nous faisons le signe de la Croix, signe des chrétiens, signe de l'Amour infini de notre Seigneur Jésus-Christ, signe de la victoire de la Vie sur la mort.
Prière pénitentielle et Gloria
Nous manquons parfois d’amour. C’est pourquoi avec la prière pénitentielle, nous sommes invités à reconnaître nos péchés et à demander pardon à Dieu. Tous ensemble, en communauté, nous récitons le "je confesse à Dieu" et chantons le "Kyrie Eleison" ce qui veut dire "prends pitié de nous".
Libérés du fardeau de nos péchés qui pesait lourd sur nos épaules, nous sommes désormais, plus légers, plus libres pour chanter la gloire de Dieu, puis continuer ainsi notre ascension et passer à la prochaine étape.
Deuxième étape : la liturgie de la Parole.
Ce temps commence par 4 lectures le dimanche (dont une, chantée) : la première lecture est, la plupart du temps, tirée de l’Ancien Testament, le psaume est très souvent chanté, la seconde lecture est tirée du Nouveau Testament, c’est souvent un extrait d’une lettre de saint Paul, et finalement, il y a la lecture de l’Evangile.
Pendant les premières lectures, nous étions assis, mais nous nous levons pour acclamer l’Evangile, c'est-à-dire la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Sauf en Carême, chanter l'Alléluia est de rigueur car ce cri de joie veut dire : “Louez Dieu” !
Maintenant, avant la lecture de l'Évangile, nous traçons une petite croix sur notre front, notre bouche et notre cœur : « Notre front : Seigneur donne moi de mémoriser et de mieux comprendre ta Parole. Notre bouche : Seigneur donne moi la grâce de mieux proclamer ta Parole. Notre cœur : que ta Parole change mon cœur de pierre en cœur de chair ».
Après la lecture de l’Evangile, le prêtre ou le diacre prononce ce que l’on appelle une homélie qui nous aide à mieux comprendre les Ecritures. Cela doit nous aider à nous convertir et à mettre en pratique la Parole de Dieu dans notre vie quotidienne.
La prière universelle et le credo
Nous avons parfois l’impression qu’on va à la messe pour nous même, mais la messe se vit en communauté et c’est pourquoi pendant la prière universelle, tous ensemble, nous prions pour l’Eglise, pour le monde, et les uns pour les autres.
Avec le credo, tous ensemble nous professons notre foi.
Précédemment je vous disais que nous étions invités à la Table de la Parole et à la Table eucharistique. La Parole de Dieu et l’Eucharistie sont donc les deux nourritures du chrétien. Se nourrir de la Parole de Dieu nous aide à mieux le comprendre, mieux l'aimer et vient illuminer notre vie.
La troisième partie : l’Eucharistie
Nous arrivons ici au sommet de la montagne : enfin nous y sommes ! Le temps de l’Eucharistie, c’est la source et le sommet de notre vie chrétienne. La liturgie eucharistique se compose de trois temps : l’offrande ou l’offertoire, la prière eucharistique et le temps de la communion. Pendant la préparation des dons, nous ne sommes pas appelés à offrir seulement le pain et le vin, mais toute notre vie.
A la prière eucharistique nous pouvons manifester notre adoration et vénération, en nous agenouillant. Nous avons également le Notre Père, cette prière que Jésus a laissée à ses amis, très importante car elle fait vraiment de nous des frères et sœurs, enfants de Dieu.
Vient le moment tant attendu, le sommet de la messe, la communion. « Comment m’approcher de toi Seigneur ?.. » Ici Jésus se donne à toi ! Avant de t’avancer, dis-lui de tout ton cœur cette parole tirée de l’évangile : “Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une Parole et je serai guéri.e”.
Mais comment le recevoir ? Dans les mains ? Dans la bouche ? C’est une bonne question ! Mais dans la mesure où les deux sont permis, c’est à toi de choisir en conscience et selon ton désir : faire de tes mains un petit autel pour accueillir Jésus ou le prendre à la bouche selon ton cœur.
Après avoir communié, tu peux être à genoux ou assis pour remercier Jésus pour ce cadeau extraordinaire que tu as reçu, lui redire ton amour et ta joie d’être avec lui.
L’envoi
Peut-être serais-tu tenté de rester là sur la montagne avec lui ! Rassure-toi, tu n’as pas été le seul ! les apôtres aussi, le voulaient quand il s’est transfiguré devant eux ! Pierre a voulu dresser la tente. Mais non ! Il faut maintenant redescendre de la montagne ! C’est notre quatrième et dernière étape, elle comprend la bénédiction finale, l'envoi et l'hymne de sortie.
« Allez et proclamez l’évangile par toute votre vie » nous dit le prêtre ou le diacre à la fin de la messe ! Nous sommes donc appelés à descendre de notre montagne pour aller porter Jésus dans le monde et annoncer sa Bonne Nouvelle !
Soeur Marie-Pierre de la Croix
En 2023, sœur Marie-Pierre de la Croix est familière des sœurs dominicaines du Saint-Nom de Jésus. Elle travaille dans l'enseignement secondaire.
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3. Ensemble, en communion avec Dieu
Le fondement essentiel de notre repas eucharistique dans le Nouveau Testament se trouve dans le dernier repas que Jésus a célébré avec ses disciples, le jeudi saint au soir : le repas qui pour les Juifs célèbre la Pâque. Mais aussi dans les repas que Jésus a pris avec ses disciples après sa résurrection, en particulier le repas avec les deux disciples à Emmaüs (chez Luc), ou le repas au bord du lac après la pêche miraculeuse (chez Jean).
Un passage
Ce repas est avant tout, dans le Nouveau Testament, un repas pascal que Jésus inscrit délibérément dans la mémoire de la Pâque juive, passage à travers la mer qui fait passer le peuple de l'esclavage d’Égypte à la liberté. Repas pascal qui désormais célèbre cette nouvelle Pâque, passage de la mort à la Vie, pour le Christ, premier-né d'entre les morts, et nous à sa suite.
Un repas, parce que nous y sommes nourris, puisque la nourriture nous est indispensable pour vivre. Signe que Dieu nous nourrit quotidiennement – pas seulement notre corps, et pas seulement moi. Pas seulement le corps : la nourriture dont nous avons le plus besoin, c'est la nourriture du cœur, celle qui, à la ressemblance de Dieu, nourrit notre présence réelle et forte les uns aux autres. Et donc pas seulement moi : c'est un repas partagé, où le Christ, rompant le pain, le partage entre tous ceux et celles qui sont là.
Partager la Parole et partager le pain
Ce geste du partage est fondamental pour le Nouveau Testament : combien souvent nous y voyons le Christ à table avec les uns et les autres. Mais il est très significatif qu'aussi après sa résurrection, le Christ ait mangé et bu plusieurs fois avec ses disciples (Actes, 10, 41). Ainsi avec Cléophas et son compagnon qui, le dimanche de Pâques au soir, rentrent à Emmaüs désespérés de la mort de Jésus. Tout ce passage de Luc, au chapitre 24, est construit sur le modèle du repas du Seigneur : d'abord un long temps de partage de la Parole de Dieu, puis, à la maison, le Christ qui s’assoit à table, prend le pain, dit la bénédiction, rompt le pain et le leur partage : et là leurs yeux s'ouvrent et ils le reconnaissent.
Un fondement des premières communautés chrétiennes
Dès les premiers temps de la communauté chrétienne, ce repas partagé devient le fondement de la communauté. Comme nous le dit le livre des Actes dès le début, « la communauté était assidue à la fraction du pain ». Et la coutume va rapidement s'établir que, chaque semaine, à la veille du premier jour de la semaine (le samedi soir donc), les communautés chrétiennes se rassemblent dans la maison de l'un de leurs membres pour ce « repas du Seigneur ».
Comme par exemple au chapitre 20 des Actes, nous voyons la communauté de la ville de Troas réunie chez un de ses membres, dans la salle haute. Ils étaient là « pour rompre le pain ». Et Paul, qui était là de passage, va parler longuement : c'est notre liturgie de la parole. Ensuite c'est lui qui va rompre le pain et tous vont manger.
Forger l’unité de la communauté
Nous retrouvons tous ces éléments dans la 1ère lettre de Paul aux Corinthiens, où il souligne, au chapitre 10 :
« la coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n'est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps ; car tous nous participons à cet unique pain ».
Il est très dommage que ce signe du pain unique partagé entre tous ait disparu de nos célébrations au profit d'une multitude de petites hosties, chacun la sienne : cela nous fait perdre le sens de l'unité du corps que nous formons. Et au chapitre suivant de cette lettre, Paul met en cause les divisions qui surgissent au sein de cette communauté des Corinthiens en écrivant :
« Lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus le repas du Seigneur que vous prenez ; en effet, chacun se précipite pour prendre son propre repas, et l’un reste affamé, tandis que l’autre a trop bu ». Et alors Paul, souligne : « chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. »
Avec cette conséquence fondamentale : manger ce pain et boire cette coupe doit construire entre nous une communauté fraternelle.
Le partage du pain construit la solidarité
C'est déjà ce qui s'était produit lors de la multiplication des pains qui, dans les 4 Évangiles, fait clairement allusion au repas du Seigneur : après un long temps de parole où il enseigne les foules, Jésus invite à partager le pain. Et alors que les apôtres lui proposent de renvoyer les gens pour qu'ils aillent chacun de son côté s'acheter de quoi manger, Jésus, tout au contraire, leur dit : « donnez-leur vous-mêmes à manger ». Non plus « acheter » mais « donner ». Il les fait asseoir, non pas chacun de son côté, mais par groupes. Et prenant les quelques pains et poissons dont les apôtres disposent, le Christ, lève les yeux au ciel, dit la bénédiction en rendant grâces, puis il rompt les pains et les donne aux disciples, et les disciples à la foule.
Le pain de la vie
C'est après cette multiplication des pains que l’Évangile de saint Jean en développe toute la signification : la mission du Christ est de nous donner le pain de vie. Il est lui-même ce pain de vie :
« mon corps est vraie nourriture et mon sang vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Ainsi celui qui me mangera vivra par moi »
la vie qui est celle même de Dieu et à laquelle il est venu nous faire communier, chacun et tous ensemble.
Voilà donc le repas du Seigneur dans le Nouveau Testament : partage de la parole, mémoire de la Pâque du Christ, bénédiction et action de grâces, un seul pain rompu entre tous, une seule coupe de vin partagée – pour devenir tous ensemble le Corps du Christ. Pour vivre, nous, ensemble, pour l'éternité.
Frère Gabriel Nissim
Frère Gabriel Nissim est dominicain au couvent Saint-Jacques, à Paris. Il a publié plusieurs ouvrages, en catéchèse (Vers l'Eucharistie, initiation des enfants à la messe, Fayard-Mame, 1968), en histoire contemporaine (Les Juifs et le communisme après la Shoah, Éditions de Paris, 2005), un recueil d'homélies : Un ami vient à vous (Arfuyen, 2009). Il a été producteur de l'émission Le Jour du Seigneur. Frère Gabriel est diplôme de l’Institut Supérieur de Pastorale catéchétique (ICP) et d’un doctorat sur les langues africaines (EHESS). Il a vécu durant sept ans au Cameroun, où il se consacre à la catéchèse des adolescents, à des émissions de radio et à l’enseignement d’une langue africaine à l’Université de Yaoundé.
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4. Transformés par l’Eucharistie
Dans la sacristie, fr. Mathieu-Marie revêt les vêtements liturgiques et quelqu’un, ou la petite voix lui demande ce qu’il fait :
VOIX OFF : Eh, frère, tu fais quoi ?
Moi : Mais enfin, tu vois bien que je me prépare à célébrer la messe ?
VOIX OFF: La messe .... J’en ai de vagues souvenirs ; tu peux m’en dire un peu plus...
La messe est un mémorial et un sacrifice
Lorsque l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.
Mais attention, il ne s’agit pas d’un simple cérémonial souvenir - comme il s’en produit tous les ans pour le 8 mai, en souvenir de la fin de la seconde guerre mondiale – mais de l’actualisation du sacrifice du Christ sur la Croix, pour nous, ici et maintenant.
VOIX OFF : woh, woh woh woh ... là, ça va trop vite
D’accord !! Rappelle-toi : la veille de sa passion, Jésus prend le repas de la pâque avec ses disciples. Mais ce soir-là, il prononce des paroles inédites : prenez ceci, ceci est mon corps livré pour vous, ceci est mon sang versé...
En désignant le pain rompu comme son corps, et le vin partagé comme son sang, Jésus anticipe déjà l’offrande totale de sa personne sur la croix, pour le pardon des péchés. Et lorsqu’il ajoute « vous ferez cela en mémoire de moi », Jésus institue l’Eucharistie.
Ainsi, chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie - comme Jésus nous a demandé de le faire - nous faisons mémoire de ce repas si particulier durant lequel Jésus est déjà tourné vers son sacrifice sur la croix.
Et lorsque le prêtre prononce les paroles de la consécration, c’est le Christ lui-même qui rend présent, pour nous ici et maintenant, le don de sa vie sur la croix, l’événement unique de sa mort et de sa résurrection.
Cela signifie que chaque fois que nous participons à la célébration de l’Eucharistie, nous sommes plongés (placés, transportés) dans l’évènement unique et permanent de la mort et de la résurrection du Christ pour que nous puissions recevoir et accueillir toutes les grâces et tous les bienfaits qui en découlent.
C’est parce que le Christ est vraiment ressuscité et vivant qu’il peut nous donner la Vie, la Vie en abondance !
La présence réelle du Christ dans l’Eucharistie
VOIX OFF : D’accord. D’accord. Mais dis moi : je crois me souvenir qu’au catéchisme on nous parlait de manger le corps du Christ ... C’est juste ? Je veux dire VRAIMENT ?
Très bonne question !! Le catéchisme de L’Église catholique affirme que :
« Dans le très saint sacrement de l’Eucharistie sont "contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang, l’âme et la divinité́ de notre Seigneur Jésus-Christ, et par conséquent, le Christ tout entier " » (CEC 1374)
Pour autant, tu ne manges pas un morceau de viande !
Le catéchisme nous rappelle que l’Eucharistie est d’abord une présence sacramentelle, (sous le sceau d’un sacrement, d’un signe) : il s’agit d’une présence bien réelle qui reste invisible à nos sens...
Pour le dire encore autrement, prenons un exemple que donne Maurice Zendel : le corps du Christ, c’est comme une lettre qui va se glisser dans une enveloppe, qui représente le pain consacré. Tout cela nous le recevons, mais nos sens ne reçoivent que l’enveloppe, alors qu’à l’intérieur de l’enveloppe, la lettre est accueillie par notre cœur, notre foi. Ainsi nous recevons vraiment le Christ en entier, mais il reste invisible à nos sens, nous recevons simplement l’apparence du pain et du vin.
Et c’est précisément parce que le pain est le symbole par excellence de la nourriture, que nous pouvons comprendre que l’Eucharistie, le pain vivant descendu du Ciel (Jean 6,51), est une nourriture spirituelle.
St Thomas d’Aquin affirme en effet :
« Tout l'effet que la nourriture et la boisson matérielle produisent à l'égard de la vie matérielle – se nourrir, grandir, refaire nos force et faire plaisir - tout cela, ce sacrement le fait à l'égard de la vie spirituelle. » (Somme Théologique, III, Q79, a1, Conclusion)
Donc, à la messe, le Christ se donne à nous sous la forme des espèces du pain et du vin.
VOIX OFF : Ahhhh ....
Unis par un même Esprit
Pour un chrétien, cette nourriture est essentielle...
VOIX OFF : Ah oui, pourquoi donc ?
Eh bien justement parce qu’elle est une vraie nourriture : elle est indispensable pour vivre en authentique disciple du Christ.
En premier lieu, l’Eucharistie nous configure toujours davantage au Christ… plus ressemblant au Christ. En nous nourrissant de sa vie, chacun de nous devient, jour après jour, plus uni au Christ, plus fort contre le mal et le péché, plus capable d’aimer en vérité, plus juste, plus libre, plus joyeux ...
Deuxièmement, elle nous assimile au Corps vivant du Christ. Ainsi sanctifiés, nous sommes alors en mesure de constituer petit à petit cette unité pour laquelle le Christ a prié au soir du dernier repas : “Père qu’il soit un comme nous sommes un". Pour reprendre une autre expression chère à St Paul, l'Eucharistie nous fait devenir toujours davantage des membres à part entière du Corps dont le Christ est la Tête. C’est d’ailleurs la demande explicite de la seconde invocation de l’Esprit Saint :
« Humblement nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps » (épiclèse sur l’assemblée, prière eucharistique n°2)
L’Eucharistie est donc le sacrement de la Présence du Christ pour nous aujourd’hui. Sa finalité est de constituer l’unité pleine et entière des baptisés, afin que nourris par le Christ et guidés par l’Esprit Saint, nous devenons ainsi réellement le Peuple de Dieu cheminant vers le Royaume où le Père nous attend.
Frère Mathieu-Marie Trommer
En 2023, frère Mathieu-Marie Trommer est au couvent de Nancy, d'où il est très engagé en pastorale, auprès des lycéens, des étudiants et des jeunes professionnels.
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5. L’Eucharistie change le monde !
Quand on va à la messe, il y a deux choses qui peuvent nous déranger. Il arrive qu’on distribue des tracts politiques à la fin de la messe, et ça, ça donne l’impression d’instrumentaliser la messe à des fins politiques. A l’inverse, parfois, la messe ne fait aucune référence à la vie des gens, comme si Dieu ne s’intéressait pas vraiment aux gens, ou comme si notre vie chrétienne s'arrêtait à la sortie de l'Église.
Alors la question se pose, est-ce que l’Eucharistie, c’est politique ?
Eucharistie et totalitarisme
Dans les années 1980, un jeune américain a écrit une thèse de théologie au sujet de la vie de l’Eglise pendant la dictature au Chili.
Dans son livre Eucharist and Torture, William Cavanaugh dit que certains États, afin d'exercer leur pouvoir sur les corps individuels, cherchent à atomiser les sociétés. Ils séparent les individus de l'ensemble pour détruire, à la fin, toutes formes d’associations humaines. C’est le cas en particulier des régimes tyranniques ou totalitaires. Ils suppriment tous les intermédiaires entre l’Etat et l’individu. Par la torture, ils détruisent les corps individuels pour mieux détruire le corps social, divide et impera comme le dit parfaitement l’expression latine.
Or William Cavanaugh remarque que, dans l’Eucharistie, le Christ fait tout le contraire. L'Eucharistie rassemble les peuples dans un lien de communion pour former l'unique Corps du Christ. Jésus nous rassemble et nous nourrit afin de nous envoyer unifier et nourrir le monde à notre tour. Dans ce sens-là, l'Eucharistie devient un acte politique qui s’oppose à toutes formes de politique qui piétine la dignité humaine.
L’Eucharistie comme repas, signe d’unité
Il faut nous rappeler que la messe est un repas. Nous ne partageons pas un repas avec n'importe qui, surtout pas avec nos ennemis. Cet aspect nous rappelle que ce rassemblement des baptisés autour de la table eucharistique est un signe universel d'unité.
Cela nous renvoie à notre espoir d'une vie commune et éternelle. Benoit XVI explique bien comment cette communion eucharistique est d’abord une antidote à l'individualisme ici-bas (Cf. Benoit XVI, “Spe Salvi” n. 13-15). Dans l’Eucharistie “se réalise [...] sacramentellement le rassemblement eschatologique du peuple de Dieu.” (Benoit XVI, “Sacramentum Unitatis”, n. 31)
Autrement dit, l’eucharistie devient un avant-goût de la communion parfaite avec Dieu dans la vie à venir. Ainsi, cet aspect festif nous rappelle que l'Église est le sacrement de la communion universelle.
L’Eucharistie édifie l’Eglise
Jean Paul II écrivait que “l’Eucharistie édifie l’Eglise”. Mais on peut s’interroger. Comment cette Église, à son tour, édifie le monde ? Comment pouvons-nous, après avoir célébré l'eucharistie, “eucharistifier” le monde ? Selon l’expression de Cavanaugh.
Nous avons dit que l'eucharistie est un sacrement d'unité. Dans sa manière de vivre, le chrétien devient un signe vivant lui-même de cette communion. C'est la raison pour laquelle toute forme de racisme, de suprématie ethnique est contraire à l'Eucharistie. C’est une idée que Henri de Lubac[1] qualifie même comme une attaque au fondement de la doctrine chrétienne et de la nature de l’Eglise elle-même.
L’Eucharistie comme envoie en mission
Pour Cavanaugh, l’Eucharistie, c’est non seulement l’inverse des dictatures, mais c’est aussi l’inverse de la société de consommation. Elle nous apprend à partager à la table eucharistique afin de devenir nous-même son corps. Lubac nous donne la formule: “L’Eucharistie fait l’Eglise”, mais l'Eglise aussi, à son tour, fait l'eucharistie[2].
« Voici un des traits distinctifs du banquet eucharistique : nous devenons le Corps du Christ en le consommant. A la différence de la nourriture ordinaire, le Corps n’est pas assimilé à nos corps, mais c’est l’inverse. (…) notre assimilation au Corps du Christ signifie qu’à notre tour nous devenions nourriture pour le monde, pour être rompus, distribués et consommés. »
Nous ne sommes pas appelés à vivre seulement l’Eucharistie pendant la messe. Ayons une vie eucharistique ! A nous, d’eucharistifier le monde, et de devenir nous-même eucharistie. C’est la raison pour laquelle, à la fin de chaque messe, nous sommes envoyés dans le monde pour partager ce que nous avons reçu.
Alors, non, l’Eucharistie n’est pas partisane, elle ne divise pas les hommes pour montrer son pouvoir. Mais oui, elle a un poids dans la société car elle fonde une communauté au service du bien commun qui va au-delà des affaires d’ici-bas.
Cavanaugh nous invite à “ré-imaginer le politique comme une réponse directe à l’activité de Dieu dans le monde”, Il ne s’agit pas de politiser l'eucharistie, mais d’eucharistifier le monde. L’Eucharistie est politique si elle inspire une action dans la cité qui s’inspire de l’action de Dieu.
__________________________________________
[1] Henri de Lubac, Catholicisme: Les Aspects Sociaux du Dogme et Résistance Chrétienne à l'antisémitisme: Souvenirs 1940-1944.
[2] Laurent de Villeroché, L'Eglise fait l'eucharistie, l'eucharistie aussi fait l'Eglise , Les Editions du Cerf, 2021
Frère Paul-Thomas Molina
En 2023, frère Paul-Thomas Molina est frère étudiant au couvent de Lyon. Il est engagé auprès des jeunes et de la communauté anglophone catholique de Lyon (et pour cause, il est philippin). Il est actuellement responsable de la Cave des Dominicains de Lyon tout les vendredis soir.
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6. A chaque Eucharistie, vivre Pâques.
De l’Égypte à la Terre Promise.
De l’Égypte à la Terre Promise.
Le soir du Jeudi Saint, le dernier repas que Jésus prend avec ses disciples nous est présenté par les trois évangiles de Matthieu, Marc et Luc comme un repas pascal.
C'est en effet principalement par un repas que les Juifs célèbrent chaque année, au printemps, la fête de la Pâque : Pâque, la fête principale et centrale de la foi juive.
Quels sont donc les liens entre la Pâque juive et l’Eucharistie chrétienne ?
Et c'est donc au cours de ce repas pascal – un repas ritualisé et pris solennellement, en famille ou plus largement avec des amis – ce repas que les Juifs appellent le Séder, que le Christ institue notre repas eucharistique, où nous-mêmes nous célébrons le centre de notre foi chrétienne : la mort et le Résurrection du Christ.
Il y a donc un lien direct entre notre repas eucharistique chrétien et le repas pascal juif : ce n'est pas par hasard que Jésus meurt et ressuscite au moment de la Pâque juive, et ce n'est pas par hasard qu'il institue notre repas eucharistique au cours du repas pascal : les deux se situent dans le même mouvement, pour célébrer la même volonté de Dieu, une volonté de libération, une volonté de vie, et cela par une Pâque, un passage au sens fort : la volonté de Dieu de nous faire passer de l'esclavage à la liberté, de la mort à la vie.
Jésus, le nouveau Moïse
C'est le livre de l'Exode – dont nous-mêmes d'ailleurs lisons un passage la nuit de Pâques – qui nous rapporte tout au long comment Dieu a fait sortir son peuple d’Égypte à main forte et à bras étendu, en lui faisant traverser la mer Rouge à pied sec et en le faisant ainsi échapper à l'armée des Égyptiens qui était à sa poursuite. C'est pourquoi, au cours de ce repas pascal, comme Jésus et ses disciples l'ont fait eux-mêmes le soir du Jeudi Saint, on prend le temps de rappeler longuement cette libération et la façon dont Dieu est intervenu. Car la vie des Juifs, immigrés en Égypte, nous raconte le livre de l'Exode, était devenue au cours des années insupportable : les Égyptiens les contraignaient à des travaux très durs. Et surtout le Pharaon, devant la croissance de ce peuple, avait décidé la mort de tous les garçons qui naîtraient. C'est alors que les enfants d'Israël, vivant cet esclavage, poussèrent des cris du fond de leur servitude, et leur appel à l'aide monta vers Dieu, qui entendit leurs gémissements. Dieu alors appelle Moïse au buisson ardent et lui dit : « J'ai vu, oui j'ai vu, la misère de mon peuple en Égypte. J'ai entendu les cris que lui arrachent ses surveillants. Je suis résolu à le délivrer ! Maintenant, va, je t'envoie libérer mon peuple de la main des Égyptiens pour le faire monter vers un pays où coulent le lait et le miel. »
Voilà ce que Jésus entend, à son tour, pour lui-même, le soir du jeudi saint. Dieu l'envoie, lui, Jésus, nouveau Moïse, libérer toute l'humanité de ses esclavages, de toutes ses souffrances, pour la faire monter vers le Royaume de Dieu. Mais, comme pour la libération d'Israël de l’Égypte, ce sera tout un combat, un long et difficile passage.
L’Eucharistie, célébration d’un passage
Ainsi Jésus, en instituant notre repas eucharistique au cours de ce repas pascal, inscrit sa propre mort et la résurrection qu'il va vivre et où il nous entraîne, dans la dynamique de ce grand mouvement de libération qui est la volonté de Dieu pour nous. Il nous ouvre une Pâque, un passage, pour que nous, à notre tour, nous passions de tout ce qui nous tient en esclavage à la liberté des enfants de Dieu. Chacun de nos repas eucharistiques est un repas pascal : nous y célébrons le passage pour nous-mêmes de la mort, non seulement physique mais la mort du cœur, à la vie qui est celle même de Dieu.
Nous donner des forces pour vivre l’Alliance
Avec tout ce que cette liberté retrouvée entraîne de conscience et de responsabilité : ce n'est pas par hasard que le Décalogue, les Dix Paroles – autrement dit les Dix commandements – mais ce sont des paroles bien plus que des commandements – commence par le rappel de la Pâque. La première de ces Dix paroles, c'est en effet : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir d’Égypte, de la maison d'esclavage ». Et alors les neuf paroles qui suivent vont nous dire comment vivre cette liberté nouvelle, avec Dieu lui-même comme avec les autres. Non plus chacun pour soi, mais dans le respect et l'amour de Dieu, et tout autant dans le respect des autres, l'attention, la justice, la fraternité : « Tu ne tueras pas. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Tu ne commettras pas d'adultère ». Autrement dit « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Chaque repas eucharistique, en tant que repas pascal, a donc pour but de nous donner les forces qui nous seront nécessaires pour nous lever, pour nous mettre en route vers ce monde nouveau où nous vivrons au sens plein, d'une vie libre, plus forte que le mal et que la mort. Car, en tant que repas pascal, il nous annonce que nous allons vers un pays où coulent le lait et le miel. Un pays où nous serons chez nous, heureux et libres ensemble, nourris par l'abondance des dons de Dieu. C'est cela que le Christ et ses disciples célèbrent dans ce repas qu'ils nous ont transmis : non seulement la libération obtenue dans le passé, mais sa concrétisation dans le présent et la promesse de l'avenir messianique du Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu qui commence déjà maintenant à travers nous et pour nous.
De l’Ancienne à la nouvelle Alliance
Toute la mission du Christ est une mission pascale : car aujourd'hui encore Dieu voit, entend, la souffrance de ses enfants – il veut notre liberté, notre vie. Et à la suite du Moïse, à la suite du Christ, il nous envoie : « vous, faites cela en mémoire de moi ! » Repas eucharistique, disons-nous : oui, repas d'action de grâces envers Dieu, envers le Christ, qui nous fait passer – passer – de l'esclavage à la liberté, de l'égoïsme à la fraternité, de la mort à la vie.
Frère Gabriel Nissim
Frère Gabriel Nissim est dominicain au couvent Saint-Jacques, à Paris. Il a publié plusieurs ouvrages, en catéchèse (Vers l'Eucharistie, initiation des enfants à la messe, Fayard-Mame, 1968), en histoire contemporaine (Les Juifs et le communisme après la Shoah, Éditions de Paris, 2005), un recueil d'homélies : Un ami vient à vous (Arfuyen, 2009). Il a été producteur de l'émission Le Jour du Seigneur. Frère Gabriel est diplôme de l’Institut Supérieur de Pastorale catéchétique (ICP) et d’un doctorat sur les langues africaines (EHESS). Il a vécu durant sept ans au Cameroun, où il se consacre à la catéchèse des adolescents, à des émissions de radio et à l’enseignement d’une langue africaine à l’Université de Yaoundé.
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7. L’Eucharistie, Dieu se donne. Les sacrifices
de l’Ancienne Alliance.
de l’Ancienne Alliance.
Nous le savons, nous ne pouvons pas séparer l’Ancien Testament du Nouveau Testament. Pour comprendre le sens du sacrement de l'Eucharistie, il en est de même… C’est parce que nous lisons et comprenons la première alliance que nous pouvons entrer dans le mystère de notre Salut qui s’accomplit à chaque eucharistie (partage, don, sacrifice, parole…).
En effet les mystères de la messe sont préfigurés par ceux de l ancien testament.
Un don réciproque entre Dieu et son peuple
En effet, la foi au salut a été donnée à un peuple en exil. C’est le peuple lui-même qui fut sauvé, puisqu’on ne croyait pas alors à la vie éternelle pour les personnes. Cela nous fait voir qu’à la messe, Dieu se manifeste en Jésus d’abord pour un peuple qui est l’Eglise et par elle, pour chacun des membres de ce peuple.
Le salut consiste d’abord dans les dons que Dieu fait à l’homme, puis dans la réponse libre, l’offrande de l’homme à Dieu en réponse à ce don.
Les dons de Dieu aux hommes
Le premier don que Dieu fait aux humains dans l’Ancien Testament, c’est sa Parole. Dans l’hébreu, la langue primitive de la Bible, un même mot désigne les événements, et la parole qui les raconte. Les événements vécus par le peuple sont reçus comme des paroles que Dieu leur adresse directement. C’est pourquoi dans la liturgie de la parole à la messe, on lit l’histoire Sainte comme Dieu qui se donne dans la vérité de sa parole.
Mais la parole de Dieu ne consiste pas simplement dans des mots : elle est son œuvre, elle est sa présence. « Toi qui habites les hymnes d’Israël », dit un psaume. Et : « Dieu, nous revivons ton amour au milieu de ton temple » (Livre des Psaumes). De retour d’exil, la première hâte des Juifs fut de construire un temple où Dieu résiderait parmi eux. Nos églises sont précisément à l’image de ce temple, et leur autel, de son autel. L’autel régnait toujours autrefois au sommet de plusieurs marches, pour rappeler la montagne de Dieu au sommet de laquelle était établi le temple. Et l’Eucharistie est pour nous le mystère de la présence de Dieu parmi nous.
La réponse des hommes à Dieu
Quant à la réponse que l’homme fait à Dieu, elle est triple : elle consiste dans des prières de demandes, de supplications, des louanges divines et enfin, des sacrifices. À la messe, Dieu se rend présent, mais en Jésus-Christ. C’est lui, Jésus, qui, le premier, “comme homme”, répond à Dieu, et les fidèles à sa suite, dans son corps qui est l’Église.
Les psaumes de la messe sont la prière même de Jésus, louange et supplication tout ensemble ; les prières prononcées par le président (le prêtre qui préside la messe, au début de la messe, avant l’offrande, après la communion), manifestent l’Eglise qui s’associe à cette supplication de Jésus.
L’Eucharistie, un sacrifice ?
L’Ancien Testament distingue trois types de sacrifices : sacrifice pour le péché, le sacrifice holocauste et le sacrifice de communion.
La messe, on l’oublie un peu souvent, est elle-même un sacrifice : « le saint sacrifice de la messe », disait-on autrefois, parce qu’il désigne le sacrifice de Jésus lui-même qui s’accomplit invisiblement dans la célébration, et présente ces trois caractères.
Autant, par la prière, l’homme se présente à Dieu dans sa pauvreté, autant, dans le sacrifice, le peuple offre à Dieu sa richesse, en reconnaissant qu’elle vient de Dieu lui même.
Un sacrifice pour les péchés : Jésus a offert tout ce qu’il avait, lui-même. Il a aimé les hommes et Dieu jusqu’au bout, en dépit du mal que les hommes lui faisaient, et que Dieu permettait : acte d’amour de l’homme envers Dieu, qui l’emporte sur tous les péchés de l’homme, passés, présents, à venir, commis par l’ homme, contre l’homme et contre Dieu.
Un sacrifice d’holocauste : Jésus a offert tout lui-même à Dieu et s’est ainsi uni à Dieu, comme la chair des sacrifices était brûlée tout entière en holocauste, et montait tout entière jusqu’au trône de Dieu. C’est le symbole de Jésus qui s’offre tout entier.
Un sacrifice de communion : Il y avait enfin des sacrifices de communion, où le peuple recevait une part de ce qui était offert à Dieu dans le temple. De même en nos églises, l’assemblée communie au sacrifice du Christ, parce que c’est en Lui que repose la puissance qui l’a fait s’offrir à Dieu pour s’unir à Lui.
« Le Temple dont parlait Jésus, c’était son corps », dit saint Jean. Le corps du Christ a rapport au temple de l’ancienne Alliance, où Israël offrait à Dieu des sacrifices. La messe, où Jésus s’offre à Dieu en son corps, est un acte de culte, une œuvre de l’homme pour Dieu. Ce culte est d’abord intérieur, invisible : c’est le cœur de Jésus faisant, dans sa passion, la volonté de Dieu. Mais ce culte intérieur, invisible, rendu à Dieu par Jésus, est manifesté dans le culte extérieur que l’Eglise rend à Dieu à la messe. Les cérémonies de la messe donnent ainsi accès à l’intime du cœur de Jésus s’offrant à Dieu, comme à une source qui transforme nos cœurs et leur donne de vivre pour Dieu, ce qui est le sacrifice véritable.
frère Jean-Christophe de Nadaï
En 2023, frère Jean-Christophe de Nadaï est frère au couvent Saint-Jacques, à Paris. Il est membre de la Commission Léonine, un groupe de chercheurs qui travaille sur saint Thomas d'Aquin. Frère Jean-Christophe est un homme de lettre, il a publié, entre autres, Rhétorique et poétique dans la Pharsale de Lucain. La crise de la représentation dans la poésie antique, Louvain, Peeters, 2000, Jésus selon Pascal, Paris, Desclée, coll. « Jésus-Jésus-Christ », 2008 et « L’école française de spiritualité sacerdotale », Sources, 2005.
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8. Comment vivre l’adoration ?
Frère Jean-Christophe : Adorer c'est reconnaître la grandeur de Dieu et le fait que nous sommes simples créatures devant lui, mais dans le Christianisme, l'adoration a ceci de particulier que le Dieu qu'on adore, est venu en Jésus-Christ. Il s'est fait homme et cette humanité de Jésus-Christ se manifeste dans l’Eucharistie : « Sous l’humble hostie, dit le cantique, j’adore Dieu, vrai pain de vie ».
Où adore-t-on l’Eucharistie ?
Frère Jean-Christophe : Je me rends à l'église pour l'adorer. Adorer Dieu dans l’Eucharistie implique que l'on se rende dans un espace public consacré à ce culte. Et donc c'est reconnaître par quelques côtés la volonté de Dieu, la volonté de Jésus de se donner d'abord à l'Eglise et à travers l'Eglise, à moi.
Sœur Marie-Pierre de la Croix : En général je l’explique assez simplement aux enfants, à l'école. Voilà, je leur dis que nous allons adorer Jésus dans l'hostie consacrée qui est sur l'autel dans l'espèce de soleil. Voilà, un espèce de soleil qui s'appelle un ostensoir. Je leur dis que Jésus est présent dans l'hostie sur l’autel, dans ce qu'on appelle l'ostensoir, le soleil qu'ils voient sur l’autel. On installe des petits tapis devant l’autel. On se met à genoux. On s'incline en arrivant. Je me mets dans une position confortable, dans laquelle je peux rester bien une demi-heure sans bouger.
Dans quel état d’esprit est-on quand on adore l’Eucharistie ?
Sœur Marie-Pierre de la Croix : J'essaie de faire vraiment le vide, de laisser un peu tous mes soucis, tous mes problèmes à la porte de la chapelle pour vraiment être disponible.
Frère Mathieu-Marie : Je crois que le combat est moins présent durant l'adoration. Il y a quelque chose de plus paisible. Effectivement les lumières sont tamisées, il y a des bougies, il y a plein de choses qui nous aident à rentrer justement dans cette prière, dans ce face-à-face en fait.
Sur quoi médite-t-on pendant l’adoration ?
Frère Mathieu-Marie : Au couvent de Nancy c'est assez intéressant parce que lorsqu'on fait adoration, qu'on pose l'ostensoir sur l'autel, avec la perspective se dégage à l'arrière-plan un grand crucifix, qui est au fond de l'église. Et quand je vois le Christ qui est là dans l’Eucharistie et derrière, cette croix, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce cœur ouvert du Christ. En fait on pourrait imaginer que l'Eucharistie c'est la porte ouverte sur le cœur du Christ, comme le trou béant qui a été fait par le soldat romain dans le côté du Christ, un côté où on pourrait rentrer, s'engouffrer. On pourrait aller se cacher, se réfugier mais surtout accueillir toutes les grâces qui découlent du cœur du Christ, grâces de miséricorde, grâces de consolation, grâces d'amour, grâces d'espérance. En tout cas cette perspective avec ce grand crucifix me fait penser à ça. Et du coup parfois je dis : « Seigneur, je me cache simplement dans ton côté. » Ce côté qui a été ouvert pour toute l'humanité, le côté où, nous dit Saint-Jean, a jailli le sang et l'eau.
Frère Jean-Christophe : L’oraison, elle procède de la méditation. L’oraison c'est d'abord une prière de demande, donc cela implique que l'on médite les promesses de Dieu pour qu'elles deviennent l'objet de ma demande. Le principal objet de cette demande c'est de recevoir Dieu lui-même dans la vérité de sa présence.
D’où vient la pratique de l’adoration eucharistique ?
Frère Jean-Christophe : Il y a une histoire de l’oraison qui commence avec les moines. Elle procédait de l'office qui se chantait en latin. Alors, les moines étaient appliqués à bien chanter les louanges divines, mais ils ne parvenaient pas à s'appliquer au contenu du texte qu'ils chantaient. D'où la nécessité qu'ils ont vite éprouvée de se retirer et de méditer les textes qu'ils avaient chantés, pour en faire précisément l'objet d'une oraison silencieuse, de demander ce que Dieu avait promis dans les Psaumes.
Et ensuite l’oraison a eu pour objet de jouir s'il était possible, de la seule présence de Dieu. C'est ce que l'on appelle l’oraison de présence. Et cette pratique s'est développée en dehors de l'office divin à partir de la Renaissance. On peut faire oraison partout mais faire oraison devant le Saint Sacrement en vue d'une oraison de présence, précisément cela a beaucoup de sens, bien sûr.
Est-ce que l’on peut vivre des expériences fortes pendant l’adoration ?
Frère Mathieu-Marie : aux JMJ à Cologne, en 2005, je vais me confesser, le prêtre me donne l’absolution, je vais me recueillir devant le Saint-Sacrement, et là boom ! la rencontre fatale qui changera le cours de ma vie... Je fais l'expérience de l'amour du Christ, un volcan jaillissant en moi, un feu qui me brûle, mais qui est bon. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'avais pas envie que ça s'arrête. J'étais croyant avant, mais là, j'ai rencontré quelqu'un. C'est une expérience qu'on ne peut pas expliquer et qu'on ne peut pas oublier en fait. Et parfois, quand c'est difficile, quand je peux douter, je me ré appuie sur cette expérience très particulière, fondamentale aussi dans mon histoire, dans mon histoire sainte. Le Christ m'a rejoint et je me suis laissé rejoindre.
Quelle expérience peut-on faire pendant l’adoration ?
Sœur Marie-Pierre de la Croix : Et puis je leur dis : « voilà on va prendre un temps de silence, de cœur à cœur avec Jésus. Il te regarde, tu le regardes, il te parle, tu lui parles. » De fait, je leur dis souvent que s'ils s'arrêtent juste à ce qu'ils voient avec leurs yeux physiques, ils ne verront pas grand-chose. Donc ils doivent vraiment ouvrir leur cœur, ouvrir les yeux de leur cœur pour pouvoir véritablement voir Jésus. Pour adorer, je trouve que parce que c'est vraiment un moment de prière, vraiment assez intense, où on parle vraiment à Jésus, on essaie de l'écouter. Ecouter ce qu'il a à nous dire. En fait on est présent, voilà. Cela dépend de l'esprit dans lequel j'arrive. Il m'arrive de trop parler, alors j'essaie de me dire : « Non, là tu y vas gratuitement, pour être avec Jésus. »
Les pépites qu'on peut souvent vivre à l'adoration c'est quand vraiment on a entendu Dieu nous parler. Tu vois, personnellement je sais que c'est à l'adoration que j'ai vraiment expérimenté la rencontre de Jésus dans ma vie, vraiment. C'est un moment où j'étais vraiment pas très bien et je lui ai dit : « Bon là, par contre, si tu existes, fais quelque chose. » Et on va dire qu'il m'a répondu après... donc c'est vrai que je garde ce moment-là en mémoire.
Frère Mathieu-Marie : C'est vraiment l'expérience d'un ami qui parle à un ami. Le Christ se donne complétement à nous, mais nous ne pourrons jamais le saisir complétement. Il ne faut pas croire que parce que le Seigneur est présent dans ce sacrement, dans ce mystère, nous pouvons le maîtriser, le saisir complétement, le faire nôtre.
frère Jean-Christophe de Nadaï
En 2023, frère Jean-Christophe de Nadaï est frère au couvent Saint-Jacques, à Paris. Il est membre de la Commission Léonine, un groupe de chercheurs qui travaille sur saint Thomas d'Aquin. Frère Jean-Christophe est un homme de lettre, il a publié, entre autres, Rhétorique et poétique dans la Pharsale de Lucain. La crise de la représentation dans la poésie antique, Louvain, Peeters, 2000, Jésus selon Pascal, Paris, Desclée, coll. « Jésus-Jésus-Christ », 2008 et « L’école française de spiritualité sacerdotale », Sources, 2005.
frère Mathieu-Marie
En 2023, frère Mathieu-Marie Trommer est au couvent de Nancy, d'où il est très engagé en pastorale, auprès des lycéens, des étudiants et des jeunes professionnels.
Soeur Marie-Pierre de la Croix
En 2023, sœur Marie-Pierre de la Croix est familière des sœurs dominicaines du Saint-Nom de Jésus. Elle travaille dans l'enseignement secondaire.
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9. Tous célébrants de l’Eucharistie ?
Parfois, on a peut-être l’impression que pendant la messe nous ne sommes que des spectateurs. Nous arrivons dans l'église, nous nous asseyons, nous regardons la messe se dérouler comme ce qui se passe au théâtre, puis nous rentrons chez nous.
Mais dans la messe, ce n'est pas seulement le prêtre qui célèbre, c'est toute la communauté chrétienne unie au prêtre comme président qui célèbre les mystères sacrés.
Le prêtre ne célèbre pas tout seul
Je sais... ça doit être bizarre pour nous de dire à quelqu'un qui nous demande, un dimanche ou un autre jour de la semaine : "Où vas-tu ?" Et de répondre à cette personne : "Je vais célébrer la messe." Alors qu'en fait, nous savons que nous ne sommes pas ordonnés prêtres et que nous ne pouvons pas être célébrants de la messe.
Avant, on disait qu’on allait “entendre la messe”. Les catholiques avaient même des “manuels pour bien entendre la messe”.
Mais depuis Vatican II, on n’oppose plus le fidèle qui assiste, au prêtre qui célèbre, on dit que tous célèbrent et que le prêtre préside la célébration. Voici ce que dit la Constitution sur la sainte liturgie de Vatican II :
« Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, (...) le peuple saint réuni et organisé sous l’autorité des évêques. » (Sacrosanctum Concilium, §26)
L’Eglise, sujet de la liturgie
Autrement dit, le vrai acteur de la liturgie, c’est l’Eglise tout entière comme peuple de Dieu, organisé. Et le paragraphe continue :
« C’est pourquoi elles (les actions liturgiques) appartiennent au Corps tout entier de l’Église, elles le manifestent et elles l’affectent ; mais elles atteignent chacun de ses membres, de façon diverse, selon la diversité des ordres, des fonctions, et de la participation effective. » (Sacrosanctum Concilium, §26)
Ainsi, le Concile nous dit qu’on est tous “célébrants”, mais pas de la même manière. Il y a une diversité d’ordres, c’est à dire qu’il y a des prêtres et des fidèles, une diversité de fonctions, c’est à dire qu’il y a des animateurs liturgiques, des lecteurs, des servants d’autels….
Nous voyons donc ici que ce n'est pas seulement le prêtre qui célèbre la messe, mais tous ceux qui sont baptisés et qui assistent aux mystères sacrés - ils sont tous appelés célébrants.
Quand on parle en « nous » pendant la messe…
Si vous faites bien attention à ce qu’on dit dans la messe, vous remarquerez que presque toutes les prières sont formulées en "nous". Le prêtre les prononce au nom de l'Eglise rassemblée, mais il ne parle pas pour lui-même. Il parle pour toute l'Eglise qui célèbre. Les fidèles participent à la messe. Participer, c’est “avoir part”, être entièrement inclus, être "acteur" dans cette action de l'Eglise dans toutes ses dimensions.
C’est le Christ qui célèbre, avec nous
La messe est l'offrande de Jésus et c'est donc, en définitive, le Christ qui célèbre la messe. C’est lui qui s'offre lui-même au Père. La théologie de l'Église en tant que Corps du Christ est essentielle pour comprendre cela.
Nous avons déjà mentionné comment par notre baptême, nous recevons cette mission de célébrer la Messe. Par le baptême, nous devenons participants à la triple mission de Jésus comme Prêtre, Prophète et Roi. Par le baptême, nous sommes “incorporés” au Christ, dont le nom grec signifie « oint-messie », c'est-à-dire que nous sommes, tous ensemble, associés à lui, profondément.
Vous vous souvenez, au baptême, nous recevons de l’huile sur le front, nous sommes “oints”. Or, dans l’Ancien Testament, ceux qui reçoivent l’huile, ceux qui sont oints sont les prêtres, les prophètes et les rois. Alors, par notre baptême, comme le Christ, nous sommes prêtre, prophète et roi. C’est ce que disait déjà Théophylacte, un commentateur bulgare du Moyen Age :
« Celui qui nous a oints et marqués de son sceau, en disant que, par le baptême, nous sommes oints comme prophètes, prêtres et rois »
Le code de droit canon de l’Eglise le redit :
« Les fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu'incorporés au Christ par le baptême, sont constitués en peuple de Dieu et (...), pour cette raison, (ils sont) faits participants à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ. » (Can. 204 - § 1.)
Mais s'il en est ainsi, nous aussi, en tant que membres de son corps, nous célébrons. Nous ne sommes pas de simples spectateurs qui entendons la messe. Nous célébrons la messe comme un seul corps, avec le prêtre qui préside la célébration en la personne et au nom du Christ, chef de l'Eglise.
Célébrer en communion
Deux choses importantes à noter ici, cependant : premièrement, nous ne devenons célébrants de la messe que parce que nous faisons partie de la communauté des croyants. L'Eucharistie est donc un rappel de notre participation à la communion qui lie tous les membres de l'Eglise. Autrement dit, personne ne devient célébrant de la messe individuellement. C'est toujours en vertu de notre communion avec tous les membres de ce corps et de notre communion avec sa tête - Jésus. Il n'est pas étonnant que nous appelions communion le fait de recevoir le corps de notre Seigneur dans la messe. Le fait d'être des célébrants de la messe est donc une sorte de rappel ecclésiologique - nous faisons partie de l'Église.
Deuxièmement, le fait d'être des célébrants de la messe comporte une obligation : l'obligation de contribuer à la construction du corps du Christ et à l'annonce de l'Évangile. La messe est le mémorial de l'offrande de Jésus, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection. Ainsi, en célébrant la messe, nous sommes nous aussi appelés à rappeler ce caractère sacrificiel.
Nous aussi, nous devons nous offrir par amour, non seulement pour donner, mais aussi pour donner de nous-mêmes. Rappelez-vous ceci : vous n'êtes pas seulement un spectateur, vous en êtes aussi le célébrant.
frère Paul-Thomas Molina
En 2023, frère Paul-Thomas Molina est frère étudiant au couvent de Lyon. Il est engagé auprès des jeunes et de la communauté anglophone catholique de Lyon (et pour cause, il est philippin). Il est actuellement responsable de la Cave des Dominicains de Lyon tout les vendredis soir.
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Re: *** L’EUCHARISTIE, c’est la VIE ! *** Avec THEODOM
10. Suivre la prière eucharistique
Autant il est assez facile d’écouter une prédication, autant on peut se perdre dans la Prière Eucharistique… Vous savez, il s’agit de cette grande prière que le prêtre prononce à l’autel entre chant du sanctus et le Notre Père, et qui ressemble parfois à un long, long monologue…
Je suis sûr que lorsque vous aurez compris sa logique interne, il sera beaucoup plus facile de suivre, et de participer pleinement et activement à cette belle prière.
La place de la Prière Eucharistique dans la messe :
Pour commencer, je vous propose une brève révision. La célébration de l’eucharistie comprend 4 temps (le rite de l’ouverture, la liturgie de la parole, la liturgie eucharistique, et le temps d’envoi).
Le 3ème temps, celui de la liturgie eucharistique, est composé de l’offertoire ou la préparation des dons, de la prière sur les offrandes, de la prière eucharistique à proprement parler et enfin le rite de communion. Maintenant que vous situez la prière eucharistique dans son ensemble, nous pouvons en voir le sens :
Le sens de la prière eucharistique
Durant cet instant solennel, la communauté chrétienne, par le prêtre, présente louange, action de grâce et demande en offrant au Père, le sacrifice de Jésus. En faisant sienne cette offrande, l’assemblée, l’Église toute entière, s’approprie sa réconciliation obtenue ainsi par le Christ.
Quand on parle en « nous » pendant la messe…
Si vous faites bien attention à ce qu’on dit dans la messe, vous remarquerez que presque toutes les prières sont formulées en "nous". Le prêtre les prononce au nom de l'Eglise rassemblée, mais il ne parle pas pour lui-même. Il parle pour toute l'Eglise qui célèbre. Les fidèles participent à la messe. Participer, c’est “avoir part”, être entièrement inclus, être "acteur" dans cette action de l'Eglise dans toutes ses dimensions.
Préface
Tout commence par la Préface. La Préface, c’est comme dans les livres, c’est avant le cœur du propos, soit l’essentiel. Celle-ci débute toujours de la même façon. Elle nous prépare à faire Eucharistie, c’est-à-dire à entrer dans l’action de grâce.
La prière de la préface est déjà une action de grâce. Le prêtre, au nom de tout le peuple, la présente en glorifiant Dieu le Père et lui rend grâce pour toute l´œuvre de salut ou pour un de ses aspects particuliers, selon la diversité des jours, des fêtes ou des temps.
Savez-vous que le missel propose plus de 80 préfaces différentes, c’est à dire 80 motifs d’action de grâce ou formulations différentes qui varient en fonction des jours, des fêtes et des saisons ?
Sanctus
Cette prière se conclut par l’acclamation du Sanctus. Cet hymne de louange est une proclamation de la sainteté de Dieu parce que Lui seul est saint. Il est inspiré de deux passages des Ecritures.
Dans le premier passage, tiré d’Isaïe, il nous transporte avec les anges du ciel au pied du trône de Dieu et on chante la sainteté de Dieu: « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » (Isaïe 6, 3 pour la 1ère partie)
Dans le second passage, tiré de l’Evangile de Matthieu, on est avec le peuple aux portes de Jérusalem et qui accueille le Messie: « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Matthieu 21,9)
La première épiclèse
Vient ensuite la première épiclèse : Epiclèse, ça veut dire “appeler sur”. En effet, en imposant les mains sur le pain et le vin, le prêtre appelle la puissance de l’Esprit Saint, afin qu’il agisse, faisant de nos humbles offrandes, le corps et le sang du Christ.
Récit de l’institution
Tout de suite après cette invocation à l’Esprit Saint, nous voilà arrivés au moment solennel du récit de l’institution, c’est le moment où le prêtre reprend les paroles du Christ au soir du dernier repas. À ce moment très particulier, le prêtre agit « in persona Christi ». Autrement dit, durant ce court instant, nous sommes comme transportés hors du temps : ce n’est plus le prêtre qui parle... il prête sa voix au Christ qui prononce lui-même ces paroles, pour nous aujourd’hui :
« Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous »
A ce moment-là se passe un mystère central de notre foi : le pain et le vin deviennent corps et sang du Christ… Le prêtre élève et montre alors à la vénération des fidèles, l’hostie consacrée qui est le Christ présent au milieu de nous ... et il fait de même avec le vin.
Anamnèse
Après la consécration le prêtre proclame le mystère de la foi : effectivement, ce qui se passe durant l’Eucharistie est grand ... c’est pourquoi nous sommes invités à faire mémoire - du grec anamnesia- de la mort et la résurrection du Christ qui rejaillit sur chacun de nous dans l’Eucharistie, comme une grâce de réconciliation et de vie.
Par ailleurs, savez-vous que l’Anamnèse est, avec le rite pénitentiel et « l’agneau de Dieu », les 3 seules occasions où, durant la messe, nous nous adressons directement à Jésus… puisque toutes les autres prières dans la messe sont adressées à Dieu le père.
Seconde épiclèse et intercession
Le grand mouvement de la prière eucharistique se poursuit maintenant par la seconde épiclèse par laquelle le prêtre demande au Seigneur de rassembler maintenant son troupeau :
« Humblement nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul Corps »
Et le prêtre continue par une série d’intercessions spécifiques : nous prions en effet en communion avec le Pape et l’évêque du diocèse, mais aussi les vivants et les morts...
« Toutes ces intercessions au terme de la prière eucharistique montrent l'unité de l'Église en son Sauveur : les vivants et les morts, les fidèles et les saints sont le même corps, grâce à l'offrande du corps du Jésus au calvaire et sur chaque autel. » (Don Robert Le Gall, La messe au fil de ses rites, p. 170)
Doxologie
Cette grande prière se conclut en apothéose par la doxologie. Il s’agit du moment le plus solennel de la messe, où on dit la gloire de Dieu. Par son attitude, sa prière et ses gestes, le prêtre offre finalement à Dieu le Père tout puissant, le corps et le sang de Jésus, qu’il a consacrés par la puissance de l’Esprit Saint, au nom et pour le bien de toute l'Église.
Le temps de la prière eucharistique prend fin avec cette grande élévation et le « Amen » des fidèles. Désormais, la liturgie s’achemine vers le but ultime de toute célébration eucharistique : la communion. Alors tous ceux qui sont présents et intérieurement prêts, qui croient en la présence de Jésus, pourront s’approcher pour recevoir en nourriture spirituelle, Jésus présent dans l’Eucharistie.
frère Mathieu-Marie Trommer
En 2023, frère Mathieu-Marie Trommer est au couvent de Nancy, d'où il est très engagé en pastorale, auprès des lycéens, des étudiants et des jeunes professionnels.
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Re: *** L’EUCHARISTIE, c’est la VIE ! *** Avec THEODOM
11. C’est quoi un sacrement ?
Avez-vous déjà vu deux ados échanger un vêtement, un bijou, un objet, en signe de leur amitié ou amour naissant !? Religieuse dans un établissement scolaire, c’est quelque chose que je vois souvent et cela me fait toujours sourire et je m’émerveille parfois de voir le mal qu'ils se donnent pour la qualité du cadeau et la mise en scène !
Dans la mesure où nous sommes corps, âme et esprit, comme nous le dit st Paul, nous avons souvent besoin d'actes concrets, physiques, sensibles pour voir et manifester l'amour et la foi, comme ces deux adolescents : Jésus, lui aussi nous a manifesté son amitié en nous laissant ce qu’il a de plus précieux : son Esprit-Saint et ses sacrements…
D’où viennent les sacrements ?
VOIX OFF : D’ailleurs d’où vient ce mot “sacrement” ? Je ne l’ai jamais trouvé dans ma bible.
Inutile de chercher. Vous ne le trouverez pas. Dans la Bible, on ne trouve pas le mot sacrement mais plutôt les mots Mysterion en grec ou sacramentum en latin. Mysterion pour mystère et sacramentum pour signe. Ces deux mots sont à l'origine du mot sacrement que nous utilisons aujourd'hui.
Les 7 sacrements
VOIX OFF : Et concrètement, il y en a combien ?
Les sacrements sont définitivement fixés au nombre de 7 par le deuxième Concile de Lyon en 1274.
Nous avons donc le Baptême, porte d'entrée de tous les sacrements, l'Eucharistie, source et sommet de notre vie chrétienne, la Confirmation, qui fait du chrétien un adulte dans la foi et un témoin du Christ ressuscité. Nous avons également le sacrement de la Réconciliation communément appelé la Confession, le sacrement des malades, sacrement de guérison, qui donne force et vigueur au corps et à l'âme ainsi que le sacrement du mariage qui unit l'homme et la femme devant Dieu et devant les hommes. Enfin nous avons le sacrement de l'Ordre qui configure le prêtre et le diacre au Christ Serviteur.
Les types de sacrements
Il y a des sacrements que l'on peut recevoir plusieurs fois dans notre vie, parce qu’ils nous renforcent dans notre vie spirituelle quotidienne : l'Eucharistie, le sacrement de la réconciliation et le sacrement des malades.
Il y a des sacrements que l’on dit : “à caractère”, que l'on ne reçoit qu'une fois dans une vie, car ils impriment un sceau dans la personne, ce qui les rend indélébiles. Il s'agit du Baptême, de la Confirmation et de l'Ordre.
C’est quoi un sacrement ?
VOIX OFF : Et tu pourrais expliquer ce que c’est un sacrement ?
Voici la définition de ce qu’est un sacrement que donne le Catéchisme de l'Église Catholique, ne vous inquiétez pas, on va l’expliquer.
« 'Les sacrements sont des signes efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l'Église, par lesquels la vie divine nous est dispensée. Les rites visibles sous lesquels les sacrements sont célébrés, signifient et réalisent les grâces propres de chaque sacrement. Ils portent du fruit en ceux qui les reçoivent avec les dispositions requises. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, §1131)
VOIX OFF : C’est trop compliqué !
Si nous devons résumer, nous pouvons dire que les sacrements institués par Jésus-Christ, sont des signes visibles efficaces d’une grâce invisible, c’est à dire du don de sa vie en nous.
Signe et parole
L'exemple le plus significatif est celui du sacrement du Baptême : il existe une formule bien définie par l'Eglise, qui ne peut en aucun cas changer selon les sensibilités personnelles : "Elise, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit". La formule vient du Christ lui-même en Matthieu 28,19.
Elle s'accompagne du geste qui consiste à verser l'eau par trois fois sur la tête ou à plonger Elise par trois fois dans l'eau.
Avec les sacrements, Dieu agit sur notre âme, par notre corps. C’est beau non ? Nous qui parfois, n’aimons pas notre corps trop gros, trop mince, trop grand, trop petit, souillé par tel ou tel péché ou blessure… Nous pensons qu’il est pour nous un fardeau dont nous serions délivrés à notre mort… Mais nous devons nous souvenir que Dieu nous aime et nous sauve avec notre corps blessé. Par les sacrements, il vient l’habiter, le bénir, le guérir et le sanctifier ! Car un jour notre corps toujours marqué de ces blessures, ne nous fera plus souffrir ! Il sera glorieux comme celui de notre Jésus après sa résurrection !
Efficace
Enfin les sacrements sont toujours efficaces car c’est le Christ qui agit en eux ; mais les fruits qu’ils portent, dépendent de la terre dans laquelle ils ont été semés !
C’est donc pour cela qu’il est important de se préparer pour recevoir un sacrement. Le sacrement de réconciliation est fait pour cela, il nous réconcilie avec Dieu et augmente en nous la grâce pour mieux accueillir Jésus Hostie, Saint Sacrement, dans l'Eucharistie.
Institué par le Christ, confié à l’Église
L'Église, signe de la présence du Christ dans le monde, est garante des sacrements. De ce fait, ils ne se reçoivent qu’en Église, c'est-à-dire dans la communauté.
C’est pour cela, par exemple, que sauf exception, il est bon que le sacrement des malades soit vécu avec d’autres, avec la famille, les amis dans le cadre d’une célébration communautaire.
Dans l'espérance qu'un jour nous pourrons voir Dieu face à face et le contempler dans la vie éternelle, notre meilleur moyen de devenir saint aujourd'hui est de vivre de sa vie divine par les sacrements. C’est vraiment le cadeau que Jésus a voulu nous donner pour nous faire partager sa vie divine !
Alors profitons-en et rendons grâce à Dieu pour ce merveilleux cadeau !
Soeur Marie-Pierre de la Croix
En 2023, sœur Marie-Pierre de la Croix est familière des sœurs dominicaines du Saint-Nom de Jésus. Elle travaille dans l'enseignement secondaire.
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Re: *** L’EUCHARISTIE, c’est la VIE ! *** Avec THEODOM
12. Communion, dans la bouche ou sur la main ?
Frère Jean-Christophe : La communion eucharistique consiste à recevoir le Christ, notre Sauveur en nourriture. Il s’agit d’un pain qui nous est entièrement donné. La meilleure manière de manifester la réalité de ce mystère n’est-elle pas de recevoir ce pain-là en sa bouche, comme le nourrisson reçoit dans sa bouche le lait de sa mère ? Enfant, puis adulte, on reçoit, certes, le pain que l’on vous sert et que peut-être on a gagné ; puis on le porte soi-même à sa bouche. Par là, on le prend pour se le donner à soi-même. La communion reçue directement dans la bouche me paraît donc plus expressive de ce que l’homme est tout accueil devant le salut de Dieu manifesté dans le corps de Jésus-Christ. Les vrais adultes dans la foi sont ceux qui deviennent comme des enfants.
Une antique pratique
Sœur Marie-Pierre de la Croix : C’est vrai que l’on doit exprimer notre foi en la présence réelle de Dieu en l’Eucharistie par la manière dont on communie. Mais ne peut-on pas le faire en communiant sur la main ? Par exemple, dans l’antiquité, on donnait des conseils aux nouveau communiants dans ce sens :
« Quand donc tu t'approches, ne t'avance pas les paumes des mains étendues, ni les doigts disjoints; mais fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle-ci doit recevoir le Roi, et, dans le creux de ta main, reçois le corps du Christ, disant : « Amen ». »[1]
A la même époque, Théodore de Mopsueste affirmait que c’est en étendant les deux mains et en baissant la tête avec humilité que le communiant manifestait son respect pour le corps du Christ[2].
Un peu plus tard, au concile de Trullo[3], on a même rappelé à certains qui préféraient communier dans des vases d’or plutôt que dans leurs mains, que leurs corps et donc leurs mains étaient plus dignes que des objets. Car c’est bien par notre corps que nous sommes sauvés.
Frère Jean-Christophe : C’est vrai qu’il y a une pratique antique. Néanmoins, ta référence au concile de Trullo montre qu’à l’époque, on se servait de la main comme d’une patène. Pour communier, on se penchait vers l’hostie, on ne levait pas le bras. C’était un geste d’humilité fort.
Quoi qu’il en soit, quelques décennies après ce concile, on a arrêté de distribuer la communion dans les mains. La raison serait que, parfois, certaines personnes faisaient un mauvais usage de l’hostie[4].
Les prêtres, les fidèles et la pureté
Sœur Marie-Pierre de la Croix : Il faut voir le contexte théologique et spirituel de l’époque. Les pratiques changent parce que les mentalités changent. A cette époque, l’idée de pureté rituelle se développe. La conscience du péché évolue et on développe de nouvelles manières de faire pénitence, plus importantes. Le prêtre multiplie les rites de purification avant de célébrer. Et les fidèles ne sont jamais assez purs pour communier, aussi, petit à petit, ils ne communient presque plus. Le 4e concile du Latran (1215) doit demander qu’on communie au moins une fois l’an : les chrétiens allaient à la messe, mais sans communier. Ils assistaient à la messe, voire à des parties de la messe, sans comprendre ni vraiment participer.
Ce n’est que depuis Pie X et le début du XXe siècle que l’on communie régulièrement.
La dernière Cène
En cela, il se rapproche de l’attitude de Jésus à la dernière Cène. Jésus a bien dit, lors de la sainte Cène : « Prenez et mangez, ceci est mon corps ; prenez et buvez, ceci est mon sang ».
frère Jean-Christophe : Mais on observera que Jésus n’a dit cela qu’aux seuls apôtres, réunis au cénacle : à ceux-là, donc, qu’il a établis pour présider l’Eucharistie. Les prêtres ont part aujourd’hui à ce mystère confié aux Apôtres. C’est par le prêtre que l’Eglise donne visiblement les biens de Dieu visiblement manifestés dans les sacrements, en particulier l’Eucharistie. C’est pourquoi la manière qu’il a de communier est propre à son état et que la communion des fidèles, qui est accueil des dons de Dieu, n’a pas à s’y conformer absolument.
L’ordination
Par exemple, pour saint Thomas d’Aquin[5], on n’avait jamais vraiment le droit de toucher le corps du Christ, seule exception était faite au prêtre parce qu’on lui avait oint les mains lors de son ordination.
Sœur Marie-Pierre de la Croix : C’est vrai que pendant l’ordination, le prêtre reçoit l’onction du Saint Chrême sur les mains. Mais il ne s’agit pas tellement de rendre ses mains saintes, il s’agit plutôt de lui conférer une mission, qu’il réalisera avec toute sa personne : ses oreilles, sa bouche… et avec ses mains.
On ne perçoit plus la pureté aujourd’hui comme au temps du Lévitique. La pureté dont nous parle le Christ, ce n’est pas celle-là, c’est plutôt la pureté du cœur. Les mains des fidèles ne sont pas plus impures que celles de prêtres. Et la langue des fidèles n’est pas plus pure que leurs mains. De plus, par notre baptême, nous sommes tous prêtres, prophètes et rois.
Les Protestants
frère Jean-Christophe : C’était aussi ce que pensaient les calvinistes, qui ne croyaient pas à la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie de la même manière que nous, et qui ont commencé, dès 1521, à communier dans la main.
Sœur Marie-Pierre de la Croix : Oui, mais, les anglicans, qui, eux, ont une conception de l’Eucharistie proche de la nôtre, ont commencé dès 1662 à communier dans la main.
La communion ecclésiale
Sœur Marie-Pierre de la Croix : Ce qui est important, c’est que la communion eucharistique soit un temps de communion ensemble avec le Christ. Ce n’est pas seulement un acte de piété individuelle. C’est pour cela que le Concile de Trente donnait la possibilité aux diocèses de s’adapter aux pratiques locales.
« (…) dans l’administration des sacrements, il y eut toujours dans l’Église le pouvoir de décider ou de modifier, la substance de ces sacrements étant sauve, ce qu’elle jugerait mieux convenir à l’utilité de ceux qui les reçoivent et au respect des sacrements eux-mêmes, selon la diversité des choses, des temps et des lieux. (…) »[6]
Innovation et communion
frère Jean-Christophe : Justement, il semble que la pratique de la communion dans la main ait recommencé de manière un peu illégale, dans les années 1960, en Belgique, en Hollande, en Allemagne et en France…
Sœur Marie-Pierre de la Croix : Mais la pratique a été autorisée par l’instruction Memoriale Domini, de 1969; Elle donnait la possibilité à chaque conférence épiscopale de légiférer en la matière. Et en France, la communion dans la main a été rendue possible tout de suite. C’est venu plus tard aux Etats Unis (1977) et encore plus tard en Italie (1989).
frère Jean-Christophe : Aujourd’hui, en France, on privilégie la communion dans la main. Tous les documents romains rappellent qu’on ne peut pas refuser la communion dans la bouche. Les fidèles peuvent choisir. L’important est de respecter le corps du Christ et la communion de l’Eglise.[/size][/color]
______________________________
[1] Cyrille de Jérusalem, Catéchèses Mystagogiques, Trad. Pierre Paris, Paris, Cerf, SC 126, 1966, pp.171-173
[2] Théodore de Mopsueste, « homélie II sur la messe », §27-28, (homélie 16), dans Homélies catéchétiques, trad. Raymond Tonneau, Vatican, Bibliothèque apostolique vaticane, 1949, pp.579-581
[3] Concile de Trullo, Canon 90
[4] C’est ce qu’a décidé le synode de Cordoue en 839 et peut être aussi le synode de Rouen 878, d’après Réginon de Prüm, un chroniqueur du XXe siècle, mais on n’est pas sûr que ce soit vrai.
[5] Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIIa Pars, qu. 82, a. 3, conclusion
[6] Concile de Trente, Session XXI, 16 juillet 1562, Décret sur la communion sous les deux espèces, Denzinger 1728
frère Jean-Christophe de Nadaï
En 2023, frère Jean-Christophe de Nadaï est frère au couvent Saint-Jacques, à Paris. Il est membre de la Commission Léonine, un groupe de chercheurs qui travaille sur saint Thomas d'Aquin. Frère Jean-Christophe est un homme de lettre, il a publié, entre autres, Rhétorique et poétique dans la Pharsale de Lucain. La crise de la représentation dans la poésie antique, Louvain, Peeters, 2000, Jésus selon Pascal, Paris, Desclée, coll. « Jésus-Jésus-Christ », 2008 et « L’école française de spiritualité sacerdotale », Sources, 2005.
Soeur Marie-Pierre de la Croix
En 2023, sœur Marie-Pierre de la Croix est familière des sœurs dominicaines du Saint-Nom de Jésus. Elle travaille dans l'enseignement secondaire.
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