Histoire de Mélibée - conte de Sagesse chrétienne du Moyen-Âge

On trouve cette histoire dans les Canterbury Tales - The Tale of Melibeus - Les Contes de Canterbury - Angleterre - 14 ème siècle

Lentement Dame Prudence ramène la paix entre deux clans après des évènements tragiques.

Si l`histoire peut sembler étrange au début - Dame Prudence arrive lentement à calmer les extrémistes dans les deux camps - à modérer, à ramener la paix par la conciliation - la négociation - le pardon et la compensation et elle évite ainsi des maux bien plus grave.


Melibée et Dame Prudence est une traduction du Livre de Melibée, du frère dominicain de Poligny Renaud de Louhans (1337), qui est lui-même une traduction du Liber consolationis et consillii d'Albertano da Brescia (1246).

Ce conte de sagesse chrétienne était connu en France, Angleterre, Italie, ect

( traduction automatique à partir de l`anglais moderne – pardon pour les fautes SVP)

Contes de Canterbury 14 eme siècle



Sagesses chrétienne - le conte de Mélibée

Partie I

Un jeune homme appelé Mélibée, était puissant et riche. Sa femme était nommée Prudence et il avait une fille qui s'appelait Sophia. (Sagesse)

Un jour pour son plaisir il est allé dans les champs pour errer. Il avait laissé sa femme et sa fille dans sa maison, dont les portes étaient fermées. Trois de ses anciens ennemis virent cela, et avec des échelles contre les murs de sa maison sont entrés par les fenêtres.  Ils ont battu sa femme et blessé sa fille de cinq blessures mortelles dans divers endroits - c'est-à-dire  ses pieds, ses mains, ses oreilles, son nez et sa bouche, et après les avoir laissés pour mortes, ils s'en allèrent.

Lorsque Mélibée revint à sa maison et voit tout ce mal, il devient comme un fou, il déchira ses vêtements et se mit à pleurer et pleurer.

Prudence sa femme lui demanda de cesser ses pleurs, mais voyant cela il pleura encore plus.

Cette noble femme Prudence lui rappela l'opinion d'Ovide, dans son livre que l'on appelle Des remèdes d`amour, où il dit: «Celui qui essaie d`empêcher la mère de pleurer son enfant mort tout son saoul et de verser toutes les larmes de son corps jusqu`a la dernière, celui-là est fou.» C`est seulement après que il est bon de consoler et de soulager la peine par de douces paroles.

Pour cette raison, cette noble femme Prudence autorisa son mari à pleurer pendant un certain temps; mais quand elle a vu que le temps était venu pour elle, elle lui parla de cette façon. «Hélas, mon seigneur,» dit-elle, pourquoi  jouez-vous au fou? Car en effet il ne convient pas à un homme sage de pleurer autant. Votre fille, s`il plait à Dieu, sera guérie et échappera à la mort. Et même si elle était déjà morte, vous devriez ne pas vous détruire car Sénèque dit: « L'homme sage ne doit pas désespérer face a la mort de ses enfants, mais au contraire, la supporter en prenant son parti comme il fait pour la sienne propre.»

Mélibée lui répondit rapidement, et dit: «. Quel homme devrait cesser ses pleurs devant un si grand malheur?» Jésus-Christ, notre Seigneur, Lui-même pleura la mort de Lazare Son ami.  Prudence répondit: "En effet, je sais bien que pleurer de façon modérée n'est pas interdit pour celui qui est triste ou qui se trouve parmi ceux qui sont dans la douleur.  L'apôtre Paul écrit dans l`Épitre aux Romains: «Un homme doit se réjouir avec ceux qui ont de la joie, et pleurer avec ceux qui pleurent». Mais si les pleurs modérés sont permis, pleurer de façon excessive est certainement interdit. La tempérance dans les pleurs doit être considérée, selon la sagesse que Sénèque nous enseigne. «Quand ton ami est mort, que ton œil ne soit ni trop sec, ni trop humide, bien que les larmes viennent à tes yeux, ne les laissent pas tomber.» Et quand tu as perdu ton ami, cherche avec diligence un autre ami. Cela est plus sage  que de pleurer pour toujours l'ami que tu as perdu, car cela n`aidera en rien ta situation. Si vous voulez vivre avec sagesse, ôtez de votre cœur la tristesse.  Rappelez-vous que Jésus, le fils de Sirach dit: «Un cœur gai et joyeux vous maintien dans la fleur de l’âge, tandis que un esprit chagrin vous dessèche les os.» Aussi, il a dit ceci: «un cœur triste a tué plus d'un homme» et le roi Salomon a dit: «Tout comme la teigne ou les mites abiment les vêtements, et de petits vers détruisent  le bois, la tristesse ronge le cœur». Et donc pour cela nous devrions supporter avec patience, autant  la mort de nos enfants qu’à la perte de nos biens matériels.

Rappelez-vous la patience de Job quand il avait perdu ses enfants et ses biens et reçu et enduré beaucoup de préjudices grave dans son corps, mais il parla ainsi:.« Notre Seigneur me l`avait donné, et notre Seigneur l`a repris, comme notre Seigneur l`a voulu; béni soit le nom de notre Seigneur ».

Pour ces choses Mélibée répondit à Prudence sa femme: Tous tes mots, dit-il, sont vraies, et profitables, mais mon cœur est tellement troublé par cette douleur que je ne sais pas quoi faire." Prudence lui dit: Que tous vos amis fidèles soient appelés, tes alliés et tes parents sages, et explique leur ton cas afin d`écouter les conseils qu'ils te donneront, et soit guidés par leur opinion car le roi Salomon a dit: «Fais-toi conseiller en tout, et tu ne le regretteras pas.»

Ensuite, selon les conseils de sa femme Prudence, Mélibée convoqua un grand rassemblement de personnes, des chirurgiens, des médecins, des vieillards et des jeunes, il y avait aussi certains de ses anciens ennemis qui avaient été apparemment réconciliés, et il vint ainsi certains de ses voisins qui avait pour lui plus de crainte que d`amour, comme cela arrive souvent. Il y eut aussi un certain nombre de flatteurs subtils, et aussi des avocats sages versés dans la loi.

Et quand ces personnes furent assemblées, Mélibée d'une manière douloureuse expliqua sa situation. Et à sa façon de parler, il semblait qu'il y avait dans son cœur une colère cruelle, et que il était prêt à se venger sur ses ennemis, et que il souhaitait que la guerre commence rapidement. Pourtant, il n`en demanda pas moins leurs avis sur la question.

Un chirurgien, avec la permission et l'accord de ceux qui étaient sages, se leva et parla à Mélibée; «Monsieur,» dit-il, «c'est la pratique chez nous chirurgiens, que nous faisons pour chaque homme ce que nous pouvons, et que nous sommes retenus de ne faire aucun mal à nos patients, et il arrive souvent que lorsque deux hommes se sont battus et sont  blessés , le chirurgien soigne les deux, par conséquent, il ne correspond pas à notre art de promouvoir la guerre, ou de soutenir des factions. Mais, en vérité, pour la guérison de votre fille, si elle est si dangereusement blessé, nous travaillerons avec diligence jour et nuit, afin que par la grâce de Dieu, elle soit guérie aussi rapidement que possible.»  

Les médecins ont répondu a Mélibée presque de la même manière, sauf qu'ils ont dit quelques mots de plus - «que tout comme les maladies sont guéries par leurs contraires, donc les hommes doivent guérir les troubles par son opposé.»

Ses voisins, pleins d'envie, et ses amis trompeurs qui semblaient se concilier à lui, faisaient semblant de pleurer, et beaucoup aggravaient la situation en louant grandement Mélibée pour sa force, sa puissance, sa richesse et ses amis, et en dénigrant la puissance de ses adversaires. Ils lui disent clairement qu'il doit se venger de ses ennemis au plus vite, et de commencer une guerre avec eux.

Puis il y avait un avocat qui était sage, et avec la permission et par les conseils des autres qui étaient sages, il dit: «Seigneur, la cause pour laquelle nous sommes réunis en ce lieu est une chose très grave, et une question importante,  à cause de la méchanceté du mal qui a été fait, et aussi à cause des grandes pertes que dans le temps à venir pourrait être éventuellement subie de ce fait; mais aussi en raison de la grande richesse et de la puissance des deux parties et pour ces raisons, il serait grand danger de se tromper dans cette affaire donc, Mélibée, voici notre opinion:. nous vous conseillons-au-dessus de toutes choses que pour le moment vous devez faire preuve de diligence dans le maintien de votre personne, de telle sorte que ne vous manquent ni espion, ni sentinelles pour sauver votre corps. Et après cela, nous vous conseillons de vous fixer une garnison suffisante dans votre maison, de sorte qu'elle peut protéger votre corps ainsi que votre maison.

Mais en effet, pour savoir s’il faut commencer une guerre, ou soudainement se venger, nous ne pouvons pas juger si cela serait opportun en si peu de temps. C'est pourquoi nous demandons du temps pour délibérer en cette affaire avant de juger cela. Comme le dit  le proverbe commun: «Celui qui juge rapidement, se repent rapidement».  Et aussi, les hommes disent «que le juge est sage qui comprend tôt et juge tard».  Bien que tout retard est ennuyeux, néanmoins, il ne doit pas être méprisé quand on rend un jugement, cela est sensé et raisonnable, ni le jugement rendu dans la vengeance. Et c`est ce que notre Seigneur Jésus-Christ nous a montré par son exemple. Quand la femme qui a été prise dans l'adultère a été portée devant lui, afin de lui demander ce qu'il fallait faire avec elle,  il le savait bien lui-même ce qu'il voulait répondre, mais il ne répondait pas tout d'un coup, mais il a souhaité délibérer, et il a écrit deux fois sur le sol avant de répondre. Et pour cette raison, nous demandons du temps pour délibérer, et nous allons ensuite, par la grâce de Dieu, vous conseiller la chose qui va être rentable».

Et puis les jeunes surgirent rapidement, et la plus grande partie de la foule qui méprisait les vieux sages. Et ils ont commencé à faire une clameur, et dirent que, tout comme les hommes doivent battre le fer pendant que il est chaud, donc ils devraient redresser leurs torts tandis qu`ils étaient frais. Et d'une voix forte, ils criaient: «La guerre! La guerre!»

Puis, un de ces vieux sages se leva, et fit un signe de sa main qu'ils devraient être tranquilles encore afin de lui donner une audience. «Seigneur», dit-il, «il n'y a plus d'un homme qui crie Guerre! Guerre! Qui connaît un peu ce que signifie  la guerre. Entrer dans une guerre est facile mais en sortir est très difficile. Mais en vérité, le résultat de ce qui doit en résulter n'est pas facile à prévoir. Car en effet, lorsque la guerre est commencée, il est plus d'un enfant à naître qui doit mourir jeune à cause de cette guerre, ou bien vivre dans la douleur et mourir dans la misère. Et donc, avant que toute guerre soit commencée, les hommes doivent délibérer longtemps et prendre beaucoup de bon conseils». Et quand ce vieil homme a commencé à expliquer sa parole et ses raisons, plusieurs se levèrent et commencèrent à lui couper la parole afin de briser son discours, et lui disait de raccourcir ses mots. Car celui qui prêche à ceux qui ne veulent pas entendre ses paroles, les ennuis avec son sermon. Car Jésus, le fils de Sirach a dit que «la musique est une chose ennuyeuse à ceux qui pleurent» - autrement dit, il est aussi utile pour l'un de parler à ceux qu`il agace avec son discours que de chanter à un homme qui pleure. Et quand cet homme sage a vu qu'il lui manquait un public, il se rassit, dans la honte. Le roi Salomon a dit: «Lorsque tu ne peux pas obtenir une audience, n`insiste pas pour parler.» Je vois bien, dit cet homme sage, que le proverbe commun est vrai, «que les  bons conseils ne vont pas où il y a le plus besoin ».

Pourtant, il y en avait beaucoup qui en privé disait a Mélibée une chose, et qui disait le contraire en public.

Lorsque Mélibée a vu que la plus grande partie de ses conseillers avaient convenu qu'il devrait faire la guerre, il a accepté leurs conseils et approuvé leurs opinions. Puis Dame Prudence, quand elle vit que son mari était prêt à se venger de ses ennemis et à commencer la guerre, lui dit humblement ces mots « Mon seigneur, je vous exhorte, aussi sincèrement que je peux oser à ne pas aller trop vite».  Car  Pierre Alphonse dit:. «Ne te hâte jamais de rendre ni le bien, ni le mal, car plus longtemps ton ami t`attendra, plus longtemps ton ennemi te craindra». Le proverbe dit : « Il gouverne bien la hâte celui qui sait à bon escient attendre», et «une hâte malsaine est sans profit».

Mélibée répondit à  Prudence sa femme: «Je n'ai pas l'intention d'agir par ton conseil, pour de nombreuses raisons Car alors les hommes me tiendrait pour un imbécile, si par ton conseil, je devrais changer ce qui a été convenu par tant de sages conseillers.  En second lieu, je dis que toutes les femmes sont méchantes, et aucune d'entre elles n`est bonnes. «Car parmi un millier d'hommes, a dit Salomon, j'ai trouvé un homme de bien;.. mais réellement, entre toutes les femmes, je n`en pas trouvé une bonne.»

Et encore, si je dois être régie par ton conseil, il semblerait que je t'ai donné la maîtrise sur moi; et à Dieu ne plaise qu'il en soit ainsi car Jésus, le fils de Sirach  a dit: «Si une femme a la maîtrise, elle devient rivale de son mari». Et Salomon a dit:. « jamais dans ta vie, ne donne du pouvoir sur toi, ni à ta femme, ni à ton enfant, ni à ton frère, ni à ton ami.  Car il vaut mieux que tes enfants te demandent des choses qui sont nécessaire pour eux, que de te voir dépendre de tes enfants».
Et aussi, si je vais par ton conseil, alors que les décisions qui sont prisent dans mon Conseil doivent souvent être secrètes, jusqu'à ce que le bon moment arrive, cela n'est pas possible parce que la femme ne sait pas garder un secret. Le philosophe dit: «Pour les mauvais conseils la femme surpasse l`homme» et pour ces raisons je ne dois pas suivre vos conseils.»

Dame Prudence écouta son mari avec beaucoup de patience, puis elle demanda la parole, et répondit de cette manière. "Mon seigneur,» dit-elle, «votre première raison, sans doute, peut facilement être répondu. «Car je vous dis que ce n'est pas folie de changer une décision lorsque la chose en question a changée, ou quand elle semble autrement qu'elle semblait auparavant.»

De plus je dis que, bien que si vous ayez juré et promis une chose et que vous changez de décision, pour une juste cause, les hommes ne devraient pas dire que vous êtes un menteur, ou que vous avez renoncé. Car le livre dit:. «Le sage ne subit aucune perte quand il tourne son cœur à quelque chose de mieux» Et bien que votre entreprise peut être décidé et ordonné par une grande multitude de gens, mais vous n'avez pas besoin d`exécuter cette décision tant qu'il vous plaira. Car  la vérité et le bénéfice des choses se trouvent plutôt dans le Conseil de quelques-uns qui sont sages et plein de raison, plutôt que dans une grande foule, où chaque homme crie et baragouine ce qui peut lui plaire et  effet une telle multitude n'est pas une chose convenable.

Quant à la seconde raison, quand vous dites que «toutes les femmes sont mauvaises», votre grâce, en parlant ainsi vous mépriser toutes les femmes, et «celui qui méprise tout,  déplaît à tous» comme le dit le livre. Sénèque déclare que «quiconque veut la sagesse, ne doit dénigrer aucun homme, mais il est plutôt heureux d'enseigner les connaissances qu'il sait, sans présomption ou orgueil. Et ces choses qu'il ne sait pas, il ne doit pas avoir honte de les apprendre, ou de les demander à ceux de moindre importance que lui-même.» Monsieur, le fait qu’il y a beaucoup de femmes bonnes peut facilement être prouvé. Notre Seigneur Jésus-Christ n'aurait jamais descendu sur terre  pour être né d'une femme si toutes les femmes avaient été méchantes. Et plus tard, en raison de la grande bonté qui se trouve chez les femmes, notre Seigneur Jésus-Christ, quand Il est ressuscité de la mort à la vie, apparait à une femme plutôt qu’à ses apôtres. Et si Salomon a dit que «il n'a jamais trouvé une bonne femme» il ne s'ensuit donc pas que toutes les femmes soient mauvaises. Car, bien que il n'a jamais trouvé une bonne femme, beaucoup d` autres hommes ont trouvé plus d'une femme très bonnes et vraies. Ou bien peut-être que le sens des paroles de Salomon était la suivante: que, sur la bonté suprême, il n'a trouvé aucune femme, c'est-à-dire, qu'il n'y a pas personne qui a la bonté suprême, sauf Dieu seul, comme lui-même le dit dans les enregistrements dans son Évangile. Car il n'y a aucune créature à qui il ne manque quelque chose de la perfection de Dieu, qui est son créateur.

Votre troisième raison est la suivante: vous dites que si vous suivez mon conseil, il semble que vous m'avez donné la maîtrise et la domination sur votre personne. Monsieur, sauf votre grâce, il n'en est rien. Car si tel était le cas - que nul ne doit être informé que par ceux qui ont eu la seigneurie et la maîtrise sur sa personne – les hommes ne seraient pas conseillés très souvent. Car  vraiment, l'homme qui demande des conseils sur une chose garde toujours un libre choix pour choisir s'il va agir sur ce conseil ou pas.
Et pour votre quatrième raison, quand vous dites, «Une femme ne peut pas cacher ce qu'elle sait»,  monsieur, ces mots s'appliquent aux femmes qui sont bavardes et méchantes. De ces femmes, Salomon dit, « Il vaut mieux habiter dans un désert, qu'avec une femme toujours en crise». Monsieur, avec votre permission, je ne suis pas de ce genre; car vous avez souvent vérifié mon silence et ma patience, et je sais aussi bien que je peux cacher et dissimuler ce qui doit être secret.

Et en effet, comme à votre cinquième raison, quand vous dites que «en mauvais conseils, femmes vaincront les hommes» Dieu sait que cette raison ne s'applique pas dans ce cas. Pour comprendre cela maintenant - vous demandez des conseils pour faire de la méchanceté, et si vous cherchez à faire mal, et que votre femme vous retient de cet effet pervers, et vous surmonte par la raison et par son bon conseil, votre femme doit en vérité être louée plutôt que blâmée. Ainsi devrait être interpréter le philosophe qui dit, «en mauvais conseils femmes vaincront leurs maris»

Et pour ce qui est de  blâmer toutes les femmes et leur raisonnement, je vais vous montrer par de nombreux exemples que plus d'une femme a été bonne, et que cela continu aujourd'hui et que leurs conseils ont été bons et rentables. En outre, certains hommes ont dit, que «l'avis des femmes est trop chère, ou bien est de trop peu de valeur.» Cependant, bien qu’il y ait des femmes mauvaises et que le conseil de ces femmes est de peu de valeur, plusieurs hommes ont trouvé plus d'une femme bonne, discrète  et sage en conseil.  La Bible nous montre Jacob -  qui par les conseils de sa mère Rebecca a gagné la bénédiction de son père et la seigneurie sur tous ses frères. Judith, par son bon conseil, sauva la ville de Béthulie, où elle habitait, des mains de Holopherne, qui avait assiégé sa ville et l`aurait détruit entièrement. Abigail a sauvé Nabal son mari,  car le roi David l'aurait tué à cause de ses insultes, et elle a apaisé la colère du roi par son esprit et ses bons conseils. Esther de par son bon conseil a grandement fait progresser la condition du peuple de Dieu sous le règne du roi Assuérus. Et les hommes peuvent dire la même chose sur les bons conseils de beaucoup de femmes. Et d'ailleurs, quand notre Seigneur a créé Adam notre premier père, il disait: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul; faisons-lui une aide semblable à lui»  ici vous pouvez voir que si les femmes ne seraient pas bonnes, et leurs conseils ne seraient pas bons et rentables, notre Seigneur Dieu du ciel, ne les auraient jamais faites, en les formant à l'aide de l'homme et non pas pour la confusion de l'homme. Et un savant a dit une fois dans deux versets: «Qu'est-ce qui est mieux que l'or? Le jaspe. Quoi de mieux que le jaspe? La sagesse. Quoi de mieux que la sagesse? La femme. Et quoi de mieux qu'une femme bonne? Rien.» Monsieur, par de nombreuses autres raisons vous pouvez voir que beaucoup de femmes sont bonnes, et leurs conseils bons et rentable. Et donc, monsieur, si vous voulez  prendre en confiance, mon conseil, je vais restaurer votre fille pour vous. Et aussi, je vais donc agir pour vous ce façon à ce que vous aurez honneur en cette affaire.

Lorsque Mélibée eut entendu les paroles de sa femme Prudence, il parla ainsi: Je vois bien que la parole de Salomon est la vérité. Il dit que «les mots qui sont dits discrètement et avec considération, sont comme le miel des abeilles, car ils donnent une douceur à l’âme et restaurent le corps». Et, femme, à cause de tes mots doux, et aussi parce que j`ai testé et vu ta grande sagesse et la vérité, je vais être régie par ton conseil en toutes choses.

«Maintenant, monsieur,» dit Dame Prudence, puisque vous daignez être régie par mon conseil, je vais vous expliquer comment vous gouverner dans le choix de vos conseillers. Vous devez d`abord, dans tous vos actes, humblement supplier Dieu,  qu'il soit votre conseiller et de vous conduire d'une manière telle qu'il vous donnera conseil et réconfort, comme Tobie l`a enseigné à son fils « A tout moment tu bénis Dieu et  prie-Le de diriger tes voies» et  que tes avis soient éclairés de sa Sagesse. Saint Jacques dit aussi: «Si quelqu'un d'entre vous a besoin de la Sagesse, qu`il la demande a Dieu». Et  après vous pourrez prendre conseil en vous-même, et bien examiner vos pensées, à la recherche de la chose qui semble le plus à votre profit.  Vous devez alors chassé de votre cœur trois choses qui sont nuisibles au bon conseil - c'est-à-dire, la colère, la convoitise, et la hâte.

D'abord, celui qui demande des conseils de lui-même doit certainement être sans colère, pour de nombreuses raisons.  La première est la suivante: Celui qui a une grande colère en lui pense toujours qu'il peut faire davantage qu'il ne peut en réalité et d'autre part, celui qui est courroucé et en colère, ne peut pas bien juger.  Celui qui ne peut pas bien juger ne peut pas bien s`informer.  La troisième est la suivante: que «celui qui est irrité et en colère, comme le dit Sénèque, ne peut pas parler sans donner de blâme et avec des mots vicieux, et il suscite lui-même les autres hommes à la colère ».

Et aussi, monsieur, vous devez sortir  la convoitise de votre cœur.  L'apôtre dit que «la cupidité est la racine de tous les maux.»  Et croyez bien que un homme cupide ne peut juger ou penser seulement que pour arriver à ses fins cupides car plus il a de richesse et plus encore il en veut.  Et, monsieur, vous devez également chasser la hâte de votre cœur, car en effet, vous ne pouvez pas approuver rapidement une pensée soudaine qui tombe dans votre coeur, et devez plutôt la considérer souvent comme vous avez entendu dans le proverbe commun «Qui juge vite se repent vite».  «Monsieur, vous ne serai pas toujours dans le même état d'esprit, car, en vérité, une chose vous semble parfois bonne à  faire, et à un autre moment elle peut sembler à l'opposé.

Quand vous avez réfléchi en vous-même, et décidé par une bonne délibération sur la chose qui vous semble la meilleure, alors je vous conseille de garder le secret. Ne révélé votre décision à aucune personne, sauf si vous savez sûrement que, en la révélant vous allez améliorer votre condition. Car Jésus, le fils de Sirach ( la Bible – l`Ecclésiastique) dit: «Ni à ton ennemi ni à ton ami ne révèle tes secrets, ni ta folie, car ils te donneront écoute, attention et approbation en ta présence, et te mépriseront en ton absence». Un autre écrivain dit que « tu ne trouveras presque personne qui peut garder un conseil secret ».  Le livre dit : «Quand  tu  gardes ton secret dans ton cœur, tu les gardes dans ta prison, et si tu révèles ton secret à un homme il te tient dans son piège». Et par conséquent, il vaut mieux pour toi de cacher ton conseil dans ton cœur, plutôt que de prier pour que celui à qui tu as révélé cela  le garde et reste silencieux.  Sénèque dit: «Si tu ne peux pas garder ton propre Conseil, comment oses-tu demander à un autre de garder le secret?».

Mais néanmoins, si tu penses sûrement que par la révélation de ton secret  à quelqu'un ta situation état sera ainsi améliorée, alors tu le lui diras de cette manière. Tout d'abord, tu ne démontreras pas par ton apparence, ou ta parole si la paix ou la guerre t`est plus agréable, ou ceci ou cela, ni en rien lui montrer ton désir ou ton intention. La raison est qu’en général ces conseillers de grands seigneurs sont des flatteurs. Car ils cherchent toujours à prononcer des paroles agréables, tirant sur le désir de leur seigneur, plutôt que des mots qui sont vraies et rentable. Et donc les hommes disent: «L`homme riche reçoit rarement de bons conseils, à moins qu’ils les obtiennent de lui-même.»
Et après cela, tu considéreras qui sont tes amis et tes ennemis et en ce qui concerne tes amis, envisage lequel d'entre eux sont les plus fidèles et sages, et les plus anciens, et les plus respectés pour leurs conseils. A eux tu peux demander ton avis, selon le cas.

Je dis que vous pouvez avoir confiance à ceux de vos amis qui sont vraies. Salomon dit que  «tout comme le cœur d'un homme se complaît dans un goût qui est doux, il en va de l'avis des amis fidèles de donner douceur à l`âme». Il dit aussi: «Rien ne peut se comparer avec un ami loyal». Car vraiment, ni or ni argent n`est si précieux que la bonne volonté d'un véritable ami.  Et encore, il dit que «un véritable ami est une défense solide, celui qui le trouve, trouve un grand trésor».  Puis vous doivent examiner également si vos vrais amis sont sages car le livre dit:...« Tu dois toujours demander ton avis de ceux qui sont sages».

Et pour cette raison convoquez le conseil, parmi vos amis dans ceux qui ont l`expérience des années, de ceux qui sont experts dans de nombreux domaines, et qui sont admirés pour leur sagesse et conseils car le livre dit : «Dans les anciens est la sagesse, et la prudence d`une longue expérience».  Et Cicéron dit que «les grandes choses ne se font pas par la force, ni par la dextérité du corps, mais par de bons conseils, par l'autorité des hommes, et par la connaissance et que ces trois choses ne sont pas affaiblis par l'âge, mais augmente et  grandissent de jour en jour ». Gardez cela comme une règle générale.

En premiers vous devez appeler au Conseil certains de vos amis particuliers, Salomon dit:. «Beaucoup d'amis tu peux avoir, mais entre mille il faut en choisir seulement un pour en faire ton conseiller» Car si au premier abord tu prends ton conseil de quelques-uns, tu peux dans la suite l`élargir à plus de gens, s'il y a besoin. Mais assurez-vous toujours que vos conseillers ont les trois qualités que j'ai mentionnées, c'est-à-dire qu'ils sont vraies, sages, et d'une longue expérience. Et n'agit pas toujours dans les situations d'urgence sur les conseils d'un seul conseiller, car parfois il est bon d'être conseillées par plusieurs. Salomon dit: « La sécurité réside dans le fait d'avoir beaucoup de conseillers».

Maintenant que je vous ai dit qui sont les personnes qui devraient vous conseiller, je vais vous apprendre quels conseils vous devez éviter.  D'abord, vous devez rejeter les conseils des insensés, Salomon dit : « Ne prends pas les conseils d'un insensé, car il ne peut que conseiller selon son propre désir et goût». Le livre dit que le caractère d'un insensé est le suivant: il croit que toutes les tares sont chez les autres, et toutes les qualités chez lui.  Il faut aussi éviter l'avis de tous les flatteurs, comme cherchant plutôt à vous féliciter par la flatterie que de vous dire la vérité.

En ce qui concerne ceci Cicéron dit: «Parmi tous les maux qui touchent l'amitié, le plus grand est la flatterie». Et par conséquent, il est plus nécessaire d`éviter et de craindre les flatteurs plus que les autres.  Le livre dit: «Tu devrais avoir plus crainte et fuir les mots doux des flatteurs qui te louent, que les mots tranchants d'un ami qui te dit la vérité». Salomon dit que «les mots d'un flatteur sont un piège pour attraper ceux qui sont innocents». Et Caton dit: «Soyez bien conseillé et évité les mots de douceur et de plaisir». Il faut aussi rejeter les conseils de tes anciens ennemis qui sont réconciliés. Le livre dit que  «Personne ne retourne sans danger dans les bonnes grâces d`un ennemi».  Et Ésope dit : «Ne vous fiez pas ceux avec qui une guerre ou un conflit vous a opposé autrefois et ne leur révélez pas vos intentions ou vos secrets». Et Sénèque raconte la raison de cela « Après un grand incendie qui a longtemps brulé il reste longtemps de la cendre chaude enterrée».  Et donc Salomon dit: «Ne met pas ta confiance dans ton ancien ennemi». Car, assurément, si ton ennemi peut se concilier, faire un simulacre d'humilité et incliner devant toi la tête, jamais il ne faut lui faire confiance. Car en effet, il montre souvent une humilité feinte plus à son profit que pour l'amour de ta personne, car il pense que par ce faux visage il aura la victoire sur toi puisque il  ne pouvait pas gagner par la guerre.

Et Pierre Alphonse dit: «Ne prend pas la compagnie de tes anciens ennemis, car si tu leur fait du bien, ils vont le pervertir en méchanceté». Et encore, tu dois éviter les conseils de ceux qui sont tes serviteurs qui ont une grande vénération pour toi, car peut-être qu'ils vont te conseiller plus par peur que par amour. Et donc un philosophe parle de cette manière: «Il n'y a pas personne qui parle parfaitement vrai à celui qu'il redoute beaucoup». Et Cicéron dit:. «Il n'y a pas d`empereur qui a un pouvoir si grand qu'il peut durer si le peuple les craint plutôt qu`il ne les aime.» Tu dois éviter aussi les conseils des hommes ivres, car ils ne peuvent pas être bons. Salomon dit: «Il n'y a pas de secret où règne l'ivresse» Il faut également se méfier de l'avis de ces gens qui vous conseille une chose privée et vous en conseille une autre en public.  Cassiodore dit que «Un des moyens de nuire a un ami est de professer le contraire de nos intentions véritables».  Méfis toi de l'avis des méchants. Car le livre dit « Le conseils des méchants est toujours plein de fraude». Et le roi David dit : «Heureux l'homme qui n'a jamais fait partie du conseil des méchants».  Tu dois aussi d'éviter le conseil des jeunes, car ils n`ont pas encore d`expérience dans un conseil.

Maintenant, monsieur, depuis que je vous ai montré de quels gens vous devez prendre conseil, je vais maintenant vous apprendre comment vous devez examiner les conseils, d`après la doctrine de Cicéron. Dans l` examen de votre conseil, vous devez considérer beaucoup de choses tout d'abord, tu seras certain que dans la chose que tu entreprends et au sujet de laquelle tu auras des conseils, que la vérité doit être dite et entendu;. C’est-à-dire, que tu dois dire ton histoire au complet et en vérité car celui qui parle à tort ne peut pas être bien informé sur sa situation. Et après cela, tu devras considérer les choses dites par tes conseillers qui sont en accord avec le but que tu recherches et si leurs avis sont sensés. Et aussi, tu considères si ta puissance peut te permettre d`atteindre le but recherché et si la majorité des conseillers pensent que cela est possible ou non. Ensuite, tu dois réfléchir aux conséquences et à ce qui va  suivre à la suite de ce conseil, comme la haine, la paix, la guerre, le profit, ou le mal, et bien d'autres choses. Et dans toutes ces choses tu choisis le meilleur, et il faut rejeter toutes les autres choses.

Tu dois examiner ce qui motive la nature de ta résolution et de tes conseils et bien réfléchir à ce que seront les fruits de cette décision. Tu devras aussi tenir compte de toutes les causes. Et quand tu as examiné ton conseil comme je l'ai dit, et dont une partie est la meilleure et plus rentable, et que tu as à fait approuver ce conseil par beaucoup d'hommes sages et vieux, alors tu peux envisager,  à savoir si tu peux exécuter et obtenir de ce conseil un bon résultat. Car en effet, il n'est pas de raison pour tout homme de commencer une chose, à moins qu'il puisse la mener à bien comme il faut.

Un homme ne devrait pas prendre sur lui un fardeau si lourd qu'il ne peut pas le supporter. Car le proverbe dit: «Qui trop embrasse mal étreint» Et Caton dit:.. «Entreprend seulement ce dont tu as le pouvoir de faire, de peur que l'effort de trop essayer ne soit cruel et ne te force à abandonner ce que tu as commencé»
Et si tu es dans le doute quant à savoir si tu peux entreprendre une chose ou pas, choisissez plutôt de supporter le mal plutôt que de commencer. Et Pierre Alphonse dit: «Si tu as le pouvoir de faire quelque chose dont tu vas te repentir, il est préférable de dire «Non » plutôt que « Oui »,  c'est à dire, qu'il vaut mieux pour toi de tenir ta langue, que de parler. Ensuite, tu peux comprendre par plus forte raison, que si tu as le pouvoir de faire quelque chose dont tu te repentiras, il vaut mieux que tu attendes plutôt que de commencer. Et après, quand vous avez examiné votre avis comme je l'ai dit avant, et que vous savez bien que vous pouvez effectuer votre entreprise, tenez-vous résolument à votre entreprise  jusqu'à ce qu'elle soit terminée.

Maintenant, il est raisonnable, et le moment est venu, que je vous montre quand et pourquoi vous pouvez changer votre décision sans reproche. Vraiment, un homme peut changer son objectif et sa décision si la cause pour cette décision cesse d'exister, ou si une nouvelle cause modifie la situation, car la loi dit que «Pour les choses qui ont récemment eu lieu, un nouveau conseil est approprié» Et Sénèque dit:... «Si ta décision vient à l'oreille de ton ennemi, change ta décision» Tu peux aussi changer ce que tu as déterminé si tu découvres que, en raison d`une erreur, ou d'une autre cause, des blessures ou des dommages viendront de cette décision. Aussi, si ta décision est malhonnête, ou provient d'une source malhonnête, il faut la changer. Les lois disent que «Tout les ordres qui sont malhonnêtes n`ont aucune valeur.» Et aussi, on peut changer la décision si l`objectif devient impossible à atteindre, ou ne peut pas être réalisée ou suivie.

Et prendre cela pour une règle générale, que toute décision qui est affirmé si fortement que elle ne peut pas être modifié en toutes les circonstances qui peuvent se présenter, je dis qu'une telle décision est mauvaise.

Ce Mélibée, quand il a entendu l'enseignement de sa femme Prudence, répond de cette manière. «Dame», dit-il, "pour l'instant, jusqu'à ce jour, vous avez m'a appris bien et convenablement comment en général, je dois agir dans le choix et le rejet de mes conseillers. Mais je serais heureux si vous daignez me dire de quelle manière vous semble, les conseillers dont nous avons fait le choix de notre besoin actuel. "

"Mon seigneur,» dit-elle, «je vous prie en toute humilité  de ne pas être troublé dans votre coeur si je puis dire des choses qui pourrait vous déplaire.»

"Car Dieu sait bien que mon but, je le dis est votre intérêt, votre honneur et votre profit. Et en effet, j'espère que votre bonté le recevra avec patience. Croyez-moi bien, dit-elle, que votre décision dans cette instance ne doit pas, à proprement parler, être appelé une décision, mais plutôt un geste ou un mouvement de folie, dans lequel vous avez commis erreur de différentes manières.

D'abord et avant tout, vous avez commis une erreur dans le choix de vos conseillers. Car vous devez d'abord appeler seulement quelques personnes à votre Conseil, et plus tard en appeler plus si 'il y avait un besoin. Mais en effet, vous avez appelé une multitude de gens  tout à coup pour délibérer, une grande multitude de gens, très changeants en opinion  et désagréables à entendre. Vous avez commis une erreur aussi en ce que vous auriez dû appelé en conseil vos vrais amis, vieux et sage mais vous avez aussi appelé des gens étranges, des jeunes gens, de faux flatteurs et des ennemis réconciliés avec vous qui vous donne révérence sans amour. Et encore une fois vous avez commis une erreur dans votre discernement, car vous apportez à votre délibération la colère, la convoitise, et la hâte, trois choses qui sont hostiles à toute délibération honnête et rentable.


Ces trois choses (colère, convoitise et hâte)  vous devez les éviter dans vous-même et aussi chez vos conseillés. Vous avez fait une nouvelle erreur en montrant à vos conseillers votre souhait et votre envie de faire la guerre et vous venger. Ils ont perçus à partir de vos mots comment vous  étiez incliné et donc on vous a conseillé d`après votre désir plutôt que pour vos profits et vous avez commis une autre erreur aussi, car il était évident que vous étiez satisfait d'être conseillé par ces conseillers seulement, et en peu de conseils, tandis que dans une affaire si grave et de grande conséquence, plusieurs conseils et plus de réflexion sont nécessaires pour effectuer votre entreprise.

Encore une fois que vous avez commis une erreur pour ne pas avoir examiné votre décision de la manière précitée, ni dans une telle façon que le demande ce cas.
Vous avez commis une erreur en ne faisant aucune distinction entre vos conseillers, c'est-à-dire entre vos vrais amis et vos faux conseillers.  Vous n`avez pas séparé les avis de vos vrais amis anciens et sages, mais vous avez jetés leurs avis dans le méli-mélo des mauvais conseillés et tourné votre coeur à l`avis du plus grand nombre et étiez heureux de tenir compte de leurs opinions.

Et comme vous le savez bien que parmi les hommes se trouveront toujours un plus grand nombre de fous que de sages, pour cette raison, dans les conseils offerts à des rassemblements de multitudes de gens, où les hommes prennent plus d'égard pour le nombre que pour la sagesse des personnes, vous pouvez voir ainsi que les fous ont la maîtrise.

"Mélibée répondit et dit:" Je reconnais volontiers que j'ai commis une erreur, mais comme tu m'as dit avant qu'il n'est pas à blâmer celui qui change ses conseillers dans certains cas et pour des causes justes, je suis prêt à changer mes conseillers comme tu le suggère. Le prophète dit que  «tomber dans le péché est humain, mais de persévérer longtemps dans le péché est l'œuvre du diable».

Dame Prudence répondit bientôt et dit: "examiné," dit-elle, "vos conseils et voyons qui parlait de façon la plus raisonnable et vous a donné le meilleur conseil et dans la mesure où l'examen est nécessaire, commençons donc avec les chirurgiens et avec les médecins, qui ont été les premiers à prendre la parole dans cette affaire.  Je vous dis que les chirurgiens et les médecins parlaient de vous discrètement dans leur conférence, comme il se doit et dans leur discours ils ont dit à bon escient, que c'était la partie de leur profession de faire honneur et profit à chaque personne et n`en blesser aucun. Et ils ont dit que selon leur art, ils ont fait tous les efforts pour la guérison de ceux à qui ils ont donné leur supervision. Et, monsieur, tout comme ils ont parlé sagement et discrètement, donc je conseille qu'ils soient hautement et noblement récompensés pour leur noble discours et aussi parce qu'ils vont donner des soins plus attentifs à votre chère fille. Car si ce sont vos amis vous ne devriez pas, de ce fait, leur permettre de vous servir pour rien, mais vous devriez plutôt les récompenser et leur montrer votre générosité. Et concernant l'opinion que les médecins ont donnée dans ce cas, c'est-à-dire, que dans la maladie un mal est vaincu par un autre, je serais heureux de savoir comment vous comprenez ce sentiment et quelle est votre opinion. Vraiment, dit Mélibée, je le comprends de cette façon: que, comme ils m`ont fait une blessure, donc je dois leur en faire une autre. Car, comme ils se sont vengés sur moi et m`ont fait du mal, il est juste que je me venge sur eux et puis je vais avoir guéri un mal par un autre.

Non! Non!  dit dame Prudence, «la facilité avec laquelle tout homme est enclin à son propre désir et à son propre plaisir est incroyable!» Vraiment, dit-elle, les paroles des médecins ne devrait pas avoir été compris dans ce sens. Car, en effet, la méchanceté n'est pas l`opposée de la méchanceté, ni la vengeance de la vengeance, ni mal par le mal, mais ils se ressemblent, et donc une vengeance n'est pas guéri par une autre vengeance ni un mal par un autre mal, mais chacun d'eux augmente et aggrave les maux.
Mais, dans la vérité, les paroles des médecins aurait dû être comprise de cette manière: que le bien et la méchanceté sont deux opposés, et la paix et la guerre, la vengeance et  la patience, la discorde et l'harmonie, et bien d'autres choses.

Et en effet, la méchanceté est guérie par la bonté. .., la discorde par l'harmonie, la guerre par la paix, et ainsi de suite comme à d'autres choses et Saint Paul l'Apôtre donne son accord car dans de nombreux endroits, il dit: «Ne rendez à personne le mal pour le mal; ayez soin de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais aussi devant tous les hommes».  Et dans beaucoup d'autres endroits, il nous exhorte à la paix et la concorde.

Mais maintenant, je vais vous parler du conseil qui vous a été donné par les hommes de loi et les gens sages qui ont dit tous d'un commun accord que vous devez tout faire pour protéger votre personne et fortifier votre maison. Et ils ont dit aussi que, dans un tel cas, vous devriez travailler avec soin et avec beaucoup de lenteur. Et, monsieur, que le premier point qui touche la tenue de votre personne; vous pouvez comprendre que celui qui a la décision de la guerre en sa main devrait plus que  jamais humblement et dévotement prier en toutes choses que Jésus-Christ dans Sa grande miséricorde lui permette de rester sous sa protection et d`avoir son aide souveraine dans son besoin. Car, en effet, dans ce monde, il n'y a personne qui ne peut être conseillé ou conservé suffisamment sans l'aide de notre Seigneur Jésus-Christ.

Le Roi David dit:. «Si Dieu ne garde pas la ville, celui qui la garde veille en vain» Maintenant, monsieur, vous devriez, en conséquence engager la garde de votre personne à vos vrais amis qui sont prouvées et connues. Car Caton dit:. «Si tu as besoin d'aide, demande à tes amis, car il n'y en a aucun qui est si bon physicien que ton loyal ami». Ensuite vous devez éviter les gens malhonnêtes, les menteurs aussi, et vous méfier quand vous n`avez pas le choix d`être en leur compagnie. . Car Pierre Alphonse dit: «Ne prenez pas en voyage la compagnie d`un homme louche, si ce n'est que tu le connais depuis longtemps et si par hasard et sans ton consentement tu te trouves en sa compagnie, informe toi subtilement autant que tu peux, de ses habitudes, de sa vie, et parle d'une manière feinte de ta journée et de tes intentions; ne dis pas ou tu veux  aller , et s'il porte une lance, garde toi sur son côté droit, et s'il porte une épée, garde toi à sa gauche».

Et vous saurez alors vous protéger de telle sorte que dans toute présomption de votre force vous ne devez pas mépriser ou compter pour si peu la puissance de votre adversaire ni renoncer à la protection de votre personne dans votre présomption, car tout homme sage craint son ennemi. Et Salomon dit:. «Heureux celui qui doute car en vérité celui qui par la hardiesse de son cœur et par sa confiance en lui-même a une trop grande présomption, et il doit arriver à mal» Puis vous devez toujours vous prémunir contre les embuscades et toutes sortes d'espions. Sénèque dit: «Le sage qui se méfie ne tomberas pas dans les dangers».

Et même si il peut sembler que tu es dans un endroit sûr tu peux toujours essayer de protéger ta personne c'est-à-dire de  faire attention à garder ta personne, non seulement contre tes plus grands ennemis, mais aussi contre tes petits ennemis. Sénèque dit: «Un homme qui est bien avisé craint son ennemi» et dit Ovide: «La plus petite vipère peut tuer le plus grand taureau et un chien retient un sanglier.»

Mais néanmoins, je  dis que il ne faut pas être  assez lâche pour avoir peur où il n'est pas nécessaire d'avoir peur. Le livre dit, «Certaines personnes ont un grand désir de tromper, mais ont la peur d'être trompé.» Pourtant vous devez avoir peur d'être empoisonné et vous garder de la compagnie des moqueurs. Car le livre dit: «Ne rejoignez pas la société des flatteurs, mais fuyez leurs mots qui sont comme du venin».

Maintenant pour le deuxième point, dans lequel vos sages conseillers vous conseille de fortifier votre maison avec beaucoup de diligence, je serais heureux de savoir comment vous comprenez ces mots et quelle est votre opinion.

Mélibée répondit: En vérité, je le comprends de cette façon - que je vais fortifier ma maison avec des tours tels que les châteaux et autres édifices et avec une armure défensive et de l'artillerie, par lequel choses je puis garder et défendre ma personne et ma maison et ainsi mes ennemis seront dans la peur d'approcher ma demeure.

Pour cette opinion Prudence répondit bientôt: «La fortification de hautes tours et de grands édifices, dit-elle, "est parfois associée à la fierté, et aussi les hommes font de hautes tours et de grands édifices à grands frais et avec beaucoup de travail et quand ils ont été construit, ils ne valent pas une paille, sauf s'ils sont défendus par de vrais amis qui sont vieux et sage.  La plus grande et la plus forte garnison qu'un homme riche peut avoir non seulement pour garder sa personne, mais aussi ses biens est qu'il soit aimé de ses sujets et ses voisins Car ainsi parle Cicéron: «Il y a une sorte de garnison que nul ne peut vaincre ou déconcerter, et c'est quand un seigneur est aimé par ses concitoyens et par son peuple».

Fin de la Partie 1

Histoire de Mélibée -

Partie II

«Maintenant, monsieur, le troisième point, quand votre conseiller vieux et sage a dit que vous ne devez pas procéder tout à coup et à la hâte dans cette affaire, mais que vous devez vous préparer dans ce cas avec beaucoup de diligence et de délibération, je crois, en effet qu`ils disent cela à bon escient car Cicéron dit:.. «Dans tous les dangers avant que tu commences à agir, prépare-toi avec beaucoup de diligence» Alors je dis, que dans la guerre, dans la bataille, et les fortifications, tu dois te préparer et le faire avec beaucoup de réflexion. Cicéron dit que «une longue préparation avant la bataille rend le chemin de la victoire plus facile». Et Cassiodore dit:... «Une garnison est plus forte quand elle a été longtemps préparée».

Mais maintenant, parlons du conseil qui a été convenu par vos voisins tels qui vous révèrent sans vous aimer, vos anciens ennemis réconciliés, et des flatteurs que vous conseille certaines choses en privé et qui en public vous conseil de vous venger et de faire la guerre. Et vraiment, monsieur, comme je l'ai dit avant, vous avez eu grandement tort d'avoir appelé ces gens à être vos conseillers. On procédera d'abord d`après l'enseignement de Cicéron. Certes, la vérité sur cette affaire ou dans ce conseil doit être soigneusement vérifié, car il est bien connu que certains d`entre eux vous ont déjà fait du mal et des blessures; combien d'entre eux ont fait cela, et de quelle manière ils ont fait tout ce mal contre vous. Et après cela vous examinerai la deuxième condition que Cicéron ajoute à cet égard. Cicéron parle d'une chose qu'il appelle «consentir» c'est- à-dire qui ont consentit à votre volonté de faire une vengeance hâtive. Et nous considérerons aussi qui ils sont et combien sont ceux qui soutiennent discrètement vos adversaires. Et en effet pour le premier point, il est bien connu que dans les gens qui étaient d'accord avec votre obstination hâtive aucun d'entre ceux qui vous ont conseillé de faire la guerre n`étaient de vos amis proches.

Voyons maintenant qui sont ces amis qui tiennent tellement à votre personne. Car bien que vous soyez puissant et riche, sans doute, vous êtes seul. Car en effet vous n'avez pas d`autres enfants que votre fille, vous n'avez pas de frères ni de cousins, germain, vous avez peu de famille proche, pour le compte duquel vos ennemis devraient s'abstenir dans la crainte de disputer avec vous ou de détruire votre personne. Vous savez aussi que votre richesse peut être divisé entre différentes personnes et où chaque homme a sa part, ils donneront peu d'attention à venger votre mort. Mais vos ennemis sont trois et ils ont beaucoup d'enfants, de frères, de cousins, de cousines et de proches, et si vous en tuer deux ou trois d'entre eux, il en restera bien assez pour venger leur mort et vous tuer. Et même si vos parents sont plus stables et constants que les parents de vos adversaires, néanmoins votre parenté est éloignée d`ici et la famille de vos ennemis sont très près d'eux. Et, en vérité, à cet égard, leur condition est meilleure que la vôtre.

Ensuite, nous considérons également si les conseils de ceux qui vous conseillent de prendre vengeance sont conformes à la raison. Et certes, vous savez bien que ce n'est pas le cas. Par la droite raison, aucun homme ne peut se venger sur les autres, sauf si le juge qui a compétence sur le litige lui a permis d`agir comme la loi l'exige. Et en plus, à l'égard de ce mot dont les termes de Cicéron dit «consentir», « tu dois considérer si ta force et ta puissance peuvent consentir et suffire à ta décision et à celle de tes conseillers.» Et en effet, tu peux bien dire «Non» à cela. Et en effet, à juste titre, vous pouvez ne pas prendre vengeance de votre propre autorité. Ensuite, vous pouvez décider que votre puissance ne s`accorde pas avec votre volonté d`agir. Examinons maintenant le troisième point que Cicéron appelle «séquent» ( Conséquence) aux autres. Tu comprends que la vengeance que tu te proposais de prendre aura évidemment des conséquences, il s'ensuivra probablement une autre vengeance, péril, et guerre, et d'autres blessures sans nombres dont nous ne sommes pas assez conscients en ce moment. Et en ce qui concerne le quatrième point que Cicéron appelle le «produit» que tu auras. Considèrent que ce mal qui est fait pour toi va produire de la haine chez tes ennemis qui vont se venger encore et qu’une vengeance produit beaucoup de chagrin et de gaspillage de richesse.

«Maintenant, monsieur, le point que Cicéron appelle «cause» qui est du dernier point. Tu comprends que le mal que tu as reçu à certaines causes. C`est-à-dire une cause éloignée et une cause proche. La cause éloignée est le Dieu Tout-Puissant qui est la cause de toutes choses. La cause proche est tes trois ennemis. La cause accidentelle était la haine. La cause matérielle était les cinq plaies de ta fille. La cause formelle est la manière de leur effraction avec des échelles à tes fenêtres. La cause finale est la tentative de tuer ta fille. Mais pour parler de la cause éloignée je ne peux que juger par conjecture et supposition Car on peut supposer qu'ils vont venir à une fin méchantes, car le livre des décrets dit: «Rarement ou avec beaucoup de difficulté les actions arrivent à bonnes fins quand elles sont mal conçues et commencées».

«Maintenant, monsieur, si les hommes devaient me demander pourquoi Dieu a souffert ces gens vous fasse cette blessure, je ne peux certainement pas répondre en toute certitude car l'Apôtre dit que «les connaissances et les arrêts de notre Seigneur Dieu Tout-Puissant sont profonds; aucun homme ne peut les comprendre ou les concevoir suffisamment.» Néanmoins je crois que Dieu qui est plein de droiture et de justice, a permis ceci à des fins justes et raisonnables.

Ton nom est Mélibée, c'est-à-dire « homme qui boit le miel» Tu as bu tellement du miel de la richesse, des délices et des honneurs de ce monde que tu es ivre et tu as oublié Jésus-Christ, ton doux Créateur;. Tu ne lui as pas rendu les honneurs et le respect que tu lui dois. Tu n`as pas porté attention aux paroles d'Ovide qui dit:.. «Sous le miel des dieux du corps est caché le venin qui tue l'âme» Et Salomon dit : «Si tu as trouvé du miel, mange seulement ce qu'il suffit; car si tu manges outre mesure, tu vomiras» Et peut-être es-tu en mauvaise faveur avec le Christ et qu’il a détourné de toi son visage et son oreille miséricordieuse; et a également souffert que tu sois puni de la manière dont tu as péché.

Tu as commis un péché contre notre Seigneur Jésus-Christ, car en effet, les trois ennemis de l'humanité, c'est-à-dire , la chair, le diable et le monde, tu les as volontairement autorisés à entrer dans ton cœur par les fenêtres de ton corps et tu ne t`es pas toi-même défendu suffisamment contre leurs agressions et leurs tentations, de sorte qu'ils ont blessé ton âme en cinq endroits, c'est à-dire, les péchés capitaux qui sont entrés dans ton cœur par tes cinq sens. Et de la même manière, notre Seigneur Jésus-Christ a voulu et permis que tes trois ennemis entre dans ta maison par les fenêtres.

En effet, dit Mélibée, Je vois bien que vous parlez fortement pour me convaincre de telle manière que je ne vais pas me venger de mes ennemis en me montrant les périls et les dangers qui pourraient résulter de cette vengeance Mais celui qui devrait envisager dans tous les cas de vengeance les dangers et les maux qui pourraient venir de la rétribution ne prendrait jamais la vengeance comme une solution parce que elle est un mal. Par la vengeance les méchants se distinguent des hommes de bien et ceux qui ont la volonté de faire le mal restreignent leurs buts méchants quand ils voient la punition et le châtiment des délinquants.

Et Dame Prudence répondit: En vérité, dit-elle, je vous accorde que beaucoup de mal et de bien peut provenir de la vengeance, mais la prise de décision de la vengeance n`appartient pas à tout le monde, mais seulement à des juges et à ceux qui ont compétence sur les délinquants et encore, je dis encore que, tout comme une personne qui décide elle-même de se venger sur un autre homme commet un péché, le juge qui doit s`occuper de cette affaire comment un péché si il ne fais rien contre ceux qui l`ont mérité. Sénèque dit ainsi:.. «Celui qui épargne les mauvais nuit aux bons» Et comme le dit Cassiodore:. «Un homme craint de faire le mal quand il sait qu'il déplaît aux juges et aux souverains» Et un autre dit:. «Le juge qui craint de rendre justice rend les hommes mauvais.» Et l'apôtre Paul dit dans son épître quand il écrit aux Romains dit «que les juges ne portent pas sans cause l`épée de la justice ; mais ils la portent pour punir les mauvais et les injustes et pour protéger les hommes bons.» Si vous avez une plainte contre vos ennemis vous apporterai votre grief au juge qui a juridiction sur eux et il les puniras comme la loi le demande et exige.

Ah, dit Mélibée, cette vengeance que je n'aime pas du tout. Je me souviens maintenant et je considère, comment la Fortune m'a nourri dans mon enfance et m'a aidé à traverser beaucoup de grande difficulté. Maintenant, je vais lui faire confiance, croyant avec l`aide de Dieu que elle va m'aider à venger ma honte.

En effet, dit Prudence, si vous fonctionner par mes conseils, vous ne testerai pas la Fortune en aucune façon. Il ne faut pas plier ou s'incliner vers elle, selon l'opinion de Sénèque « Les choses qui ont été faites bêtement dans l'espoir de la Fortune (chance) ne viendront jamais à une bonne fin.» Et comme le dit le même Sénèque:..« Plus la chance est brillante et plus vite elle deviendra fragile et nulle. Ne lui fait pas confiance, car elle n'est pas ferme ou stable et lorsque tu croyais être plus sûr et certain de son aide, elle va te manquer et te tromper.» Si la fortune vous a nourri de votre enfance, je dis selon le proverbe que vous ne devez pas lui faire confiance. Sénèque dit:. «Que l'homme qui se nourrit de la Fortune (la chance), elle fera de lui un grand fou.» Maintenant, puisque vous avez le désir de vengeance et que la vengeance qui se fait conformément à la loi et par le juge ne vous plait pas et que la vengeance qui se fait dans l'espoir de la chance est dangereuse et incertaine, alors vous n'aurez pas d'autre remède que le recours au juge souverain qui venge toutes les blessures et les torts. Et il vous vengera de la manière dont il le témoigne, quand il dit: «Laissez la vengeance, et je la ferai».

Mélibée répondit: Si je ne me venge pas du mal que ces hommes m'ont fait, je montre a ceux qui ont fait ce mal et a tous les autres qui voudrais m`en faire, que je ne me défends pas, car il est écrit: «Si tu ne prends pas vengeance pour un vieux mal, tu appelles tes adversaires à te faire de nouveau maux.» Et aussi, en raison de ma patience, les hommes me feront tellement de maux que je ne pourrais ni le supporter ni le soutenir, et je serai considéré comme méprisable parmi les hommes. Car les hommes disent :« Par trop de souffrances beaucoup de choses arriveront que tu ne seras pas capable de supporter.»

Vraiment, dit Prudence, je vous accorde que trop de patience n'est pas bon. Pourtant, cela ne veut pas dire que chaque personne à qui les hommes font un tort peut se venger elle-même. Cela concerne et appartient exclusivement aux juges de punir les torts et les blessures. Et donc les deux autorités que vous avez citées ci-dessus ne concerne que les juges parce que quand ils permettent trop de torts et de vilenies sans punition, non seulement ils appellent les hommes à faire de nouveaux torts, mais ils l`encourage. Aussi un homme sage dit que «le juge qui ne corrige pas un pécheur, l`encourage et l`incite a péché encore.» Et les juges et les souverains qui par leur laxisme permettent à des hommes méchants et injustes dans leur pays de rester impuni risque que avec le temps, ils atteignent une telle puissance qu'ils pourraient prendre eux-mêmes la place des juges et des souverains et leur faire perdre leur autorité.

Mais supposons maintenant que vous avez la permission de vous venger. Je pense que vous n'avez pas à l'heure actuelle la puissance et la force pour le faire. Car si vous faites la comparaison avec la puissance de vos adversaires, vous trouverez que dans beaucoup de choses que je vous ai expliqué avant, leur condition est meilleure que la vôtre. C'est pourquoi je dis que pour le moment, il est bon que vous souffriez votre condition et soyez patient.

En outre, vous savez bien que, selon le proverbe commun: «C'est de la folie pour un homme de s'en prendre à un puissant, il est dangereux de s`en prendre à un homme de la même force et de lutter avec un homme plus faible est honteux.» Et donc un homme doit éviter les conflits autant qu'il le peut car Salomon dit: «C'est un grand honneur pour un homme de se tenir loin du bruit et des conflits.» Et s'il arrivait qu'un homme de plus grande puissance que toi devrait te faire du tort, étudie le afin de calmer ses griefs plutôt que de te venger. Car Sénèque dit : «Il se met en grand péril celui qui s'attaque à un homme plus puissant que lui-même.» et Caton dit: «Si un homme de haut rang ou plus puissant que toi te gêne ou te fait du tort, il vaut mieux laisser faire car il est possible qu`il te blesse une fois mais dans un autre temps il peut te soulager et te venir en aide.» Pourtant, je mettrai le cas que vous avez la puissance et la permission de vous venger.. Je dis qu'il y a beaucoup de choses qui devraient vous empêcher de vous venger et de vous faire plutôt enclins à être patient et à endurer les choses qui ont été faites contre vous.

Tout d'abord, vous devez considérer les fautes qui ont été dans votre propre personne, pour laquelle Dieu vous a permis d'avoir cette souffrance, que je vous ai dit avant. Car le poète dit que «nous devons prendre patiemment les tribulations qui viennent à nous, lorsque nous pensons et considérons que nous avons mérité de les avoir» Et Saint Grégoire dit:. «Quand un homme considère ainsi le nombre de ses défauts et de ses péché, les douleurs et les tribulations qu'il souffre lui semble moins difficile et dans la mesure où il considère que ses péchés sont plus lourds et graves, sa douleur lui semble plus légère et plus facile.» Aussi vous devez incliner votre cœur avec humilité à prendre la patience de notre Seigneur Jésus-Christ, comme saint Pierre le dit dans ses épîtres. «Jésus-Christ, dit-il, a souffert pour nous et s`est donné en exemple à chaque homme pour le suivre et être comme lui. Car il n'a jamais fait un péché, ni n'a jamais dit de mauvais mots de sa bouche. Quand les hommes l`ont maudits, il ne les a pas maudits, et quand les hommes l'ont frappé, il ne les menaçait pas» en outre la grande patience des saints qui habitent au Paradis dans les tribulations qu`ils ont subi doit vous inciter fortement à la patience. Vous devraient vous efforcer d'avoir de la patience, étant donné que les tribulations de ce monde ne durent que peu de temps. Et la joie que l'homme cherche à avoir dans la patience et les tribulations est impérissable, selon ce que dit l'Apôtre dans son épître: «la joie de Dieu, dit-il, est impérissable» C'est-à-dire, «éternelle». Salomon dit que «la doctrine et l'esprit de l'homme est connu par la patience». Et dans un autre endroit, il dit:.. «Celui qui est patient se conduit avec une grande prudence» Et Salomon dit encore : «L'homme de colère créé des clameurs et l'homme patient les modères et reste calme » Il dit aussi: «Il est plus de valeur à être patient que d'être très fort, et celui qui a le contrôle de son propre coeur mérite plus de louange que celui qui par sa force prend de grandes villes.» Et Saint Jacques dans son épître que « la patience est une grande vertu.»

Sûrement, dit Mélibée, je vous le donne, Dame Prudence, que la patience est une grande vertu en regardant vers la perfection, mais chaque homme ne peut pas avoir la perfection que vous cherchez; et je ne suis pas du nombre des hommes très parfaits, car mon cœur ne peut jamais être en paix jusqu'au moment où il se venge. Et même si c'était un grand péril pour mes ennemis de s`attaquer à ma maison par vengeance, mais ils n`ont pris pas garde à ce péril et ont agi sur leur mauvaise volonté. Et donc, il me semble que les hommes ne devraient pas me reprocher si je dois me mettre dans un certain péril et même si je fais un grand excès, c'est-à-dire, que je venge un outrage par un autre.

Ah, dit-Dame Prudence, vous parlez selon votre volonté et comme il vous plait, mais en aucun cas en ce monde un homme outragé ne doit de se venger. Cassiodore dit: «Celui qui se venge par un scandale fait aussi mal que celui qui a fait l'outrage» Et ainsi vous devez vous venger selon le droit, c'est-à-dire, par la loi et non par excès ou outrage. Et aussi si vous allez vous venger de l'outrage fait par votre adversaire d'une autre manière que celle que commandes le droit, vous péchez. Et sur ce compte Sénèque dit: «Un homme ne doit jamais venger une mauvaise action» Et si vous dites que le droit exige a un homme de s'opposer à la violence par la violence et aux combats avec des combats, en effet vous dites vrai, quand cette action est prise sur le moment de l`attaque (légitime défense) sans retard pour se défendre et non pas pour se venger. Et il est bon que l'homme se défende avec modération afin que les hommes n'ont pas de cause à lui reprocher excès de cruauté car sinon ce serait contre la raison. Par Dieu, vous savez bien que vous ne prenez pas ces mesures maintenant pour vous défendre, mais plutôt pour vous venger, et par conséquent, il s'ensuit que vous n'avez pas de volonté de faire cette action avec modération. Et par conséquent, il me semble que la patience est bonne. Salomon dit: «Un homme qui n'est pas patient viendra à grand mal».

Sûrement, a déclaré Mélibée, Je vous accorde que quand un homme est impatient et en colère concernant des choses qui ne le touche pas, ne lui nuise pas et ne lui appartiennent pas ce n'est pas étonnant car la loi dit:. «Il est coupable qui interfère ou se mêle d’une chose qui ne se rapporte pas à lui». Et Salomon dit:..« Celui qui interfère dans la lutte d'un autre homme est semblable à un autre qui prend un chien inconnu par les oreilles.» De même que celui qui prend un chien étranger par les oreilles est parfois mordu par le chien, il est juste de la même manière qu'il ait du mal de par son impatience à se mêler de la peine d'un autre homme quand elle ne l'affecte pas. Mais vous savez bien que cette question, c'est-à-dire, ma douleur et ma souffrance, me touche de près. Et donc, si je suis en colère et impatient, cela n'est pas étonnant. Et je ne vois pas comment cela pourrait me nuire grandement si je dois prendre la vengeance car je suis plus riche et plus puissant que mes ennemis. Et vous savez bien que par l'argent et les grandes possessions toutes les choses de ce monde sont régies. Et Salomon dit: «Toute choses obéit à l'argent.»


Quand Prudence entendit son mari se vanter de sa richesse et de son argent, et se moquant de la puissance de ses adversaires, elle lui parla de cette manière: En effet, cher monsieur, je vous accorde que vous êtes riche et puissant et que les richesses sont utiles pour ceux qui les ont obtenue honnêtement et qui savent bien les utiliser. Car comme le corps d'un homme ne peut pas vivre sans l'âme, il ne peut non plus vivre sans biens temporels. Et grâce à la richesse, un homme peut se faire de bons amis. Et Pamphile dit : «Si la fille d`un bouvier est riche, elle peut choisir parmi mille hommes et personne ne la repoussera.» Et ce Pamphile dit aussi: «Si tu es très heureux, c'est-à-dire, si tu es très riche, tu trouveras un grand nombre d'amis et de compagnons Et si par un changement de fortune tu deviens pauvre, adieu amitié et fraternité; car tu seras seul, sans aucun compagnons, si ce n'est la compagnie des pauvres gens». Et encore ce Pamphile dit:.. «Ceux qui sont serfs et serviteurs par lignage sont fait digne et noble par la richesse ». Et tout comme par la richesse il vient beaucoup de bonnes choses, et par la pauvreté, il arrive nombreux méfaits et des maux. Une grande pauvreté contraint un homme à faire beaucoup de choses mauvaises, et donc Cassiodore appelle la pauvreté la mère de la ruine, c'est-à-dire, la mère de la catastrophe. Et Pierre Alphonse dit : «Un des plus grands adversaires que l'on trouve dans ce monde, c'est quand un homme libre par nature ou par naissance est forcé par la pauvreté de se nourrir de la charité de son ennemi». Et même dit Innocent dans l'un de ses livres: «Triste et malheureuse est la condition d'un pauvre mendiant, car si il ne mendie pas sa viande, il meurt de faim, et si il mendie, il meurt de honte, et en tous les cas la nécessité le contraint à mendier.» Pour ces raisons et pour beaucoup d'autres raisons que je pourrais citer, j'accorde que les richesses ont été bonnes pour ceux qui les ont eus honnêtement et pour ceux qui les ont bien utilisés. C'est pourquoi je vais vous montrer comment vous comporter dans la collecte de richesses et de quelle manière elles doivent être utilisées.

Tout d'abord, vous devez les obtenir sans grand désir, par bons loisirs - progressivement, et pas trop vite car un homme qui est trop désireux d'obtenir la richesse s'abandonne le premier au vol puis à tous les autres maux. Et donc Salomon dit:.. «Celui qui est trop obsédé à s'enrichir ne reste pas intègre.» Il dit aussi que «les richesses qui viennent rapidement à un homme sont dépensées facilement; mais la richesse qui vient peu à peu grandit toujours et se multiplie» Et, monsieur, vous ne devez gagner vos richesses que de votre esprit et de votre travail pour votre profit, et cela sans atteinte ou préjudice fait à toute autre personne. La loi dit que «aucun homme ne se rend riche s'il fait du mal à une autre personne». C'est-à-dire, que la nature interdit selon le droit que tout homme se fasse riche par un préjudice à une autre personne. Et Cicéron dit que : «aucune douleur ou la crainte de la mort, ni tout ce qui peut arriver à un homme n`est aussi indigne qu`un homme qui se met riche par un préjudice à un autre homme. Et si les grands hommes et les hommes forts peuvent obtenir la richesse plus facilement que toi, tu ne seras pas lent à te faire des profits pour toi, car tu dois éviter l`oisiveté». Salomon dit que «L`oisiveté enseigne à l'homme à faire de nombreux maux». Et même Salomon dit:.« Celui qui travaille et s'affaire à cultiver sa terre doit manger du pain, mais celui qui est inactif et ne se met à aucune entreprise ou occupation, doit mourir de faim». Et celui qui est inactif et lent ne peut jamais trouver un moment approprié pour servir son profit. Car il est un versificateur qui dit. «L'homme inactif se donne lui-même des excuses de ralentir en hiver en raison du grand froid et l`été en raison de la chaleur».

A cause de cela Caton dit:. «Soyez vigilant, et ne te donne pas trop de sommeil car trop de sommeil nourrit beaucoup de vices.» et Saint Jérôme dit: «Faites de bonnes actions, car le diable qui est notre ennemi ne doit pas vous trouver inoccupé. Le diable ne prend pas facilement dans son service ceux qu` il trouve occupé dans les bonnes œuvres! »

Ainsi, dans l'acquisition de la richesse vous devez éviter l'oisiveté et ensuite il vous est interdit d'utiliser la richesse que vous avez obtenu par votre esprit et votre activité, de manière à ce que les hommes vous considèrent ni trop parcimonieux, ni trop épargnant, ni trop follement généreux, c'est-à-.dire, très libre comme un dépensier. Tout comme les hommes accusent un homme avare en raison de sa parcimonie et de son avarice de la même manière il est à blâmer celui qui dépense trop librement. Et donc dit Caton: «Utilise ta richesse de telle manière que les hommes n`aient pas de raison de t'appeler avare, car c'est une grande honte pour un homme d'avoir un pauvre cœur et une bourse riche ». Il dit aussi:« Les biens que tu as acquis, utilisent-les avec mesure» c'est-à-dire utilisent les de façon raisonnable car ceux qui perde bêtement ou dépense follement ce qu'ils ont, quand ils n'ont plus de biens, ils envisagent de prendre les biens d` un autre homme. Je dis donc que vous devez fuir l`avarice et vous servir de votre patrimoine de manière à ce que les hommes ne disent pas que vos richesses sont enterrés, mais que vous les gardiez sous votre pouvoir et votre contrôle.

L` homme sage réprouve l'homme avare et dit ainsi dans deux versets: «A quelle fin et pourquoi un homme enterre ses biens par sa grande avarice, sachant bien que un jour il va mourir, car la mort est la fin de tout homme en ce qui concerne la vie présente?» Et pour quelle cause il se tricote si vite à ses biens que toute sa raison ne lui permet pas de s`en séparé d`une partie tandis qu`il devrait savoir que quand il sera mort il n`emportera rien de ce monde avec lui? Et donc, dit saint Augustin: «L` avare est semblable à l'enfer; plus elle avale et plus elle désire avaler et dévorer».

Et tout comme vous devez éviter d'être appelé un homme avare ou parcimonieux, vous devez aussi vous gouverner de manière que les hommes ne doivent pas vous appeler follement généreux. Sur ce compte Cicéron dit: «Les biens de ta maison ne doivent pas être cachés ni conservés si étroitement, qu'ils ne peuvent pas être disponible par la pitié et la grâce», c'est-à-dire de donner une partie à ceux qui ont un grand besoin; «mais tes marchandises ne doivent pas non plus être livrées a tout homme selon sa volonté». Ensuite, dans l'obtention et à l'aide de votre patrimoine vous devez toujours avoir trois choses dans votre cœur; c’est-à-dire, le Seigneur notre Dieu, votre conscience, et votre réputation. Tout d'abord, vous aurez Dieu dans votre cœur vous ne devez-vous faire aucune richesse malhonnête qui puisse de quelque manière déplaire à Dieu qui est votre Créateur et Conservateur. En effet, selon la parole de Salomon, «Il est préférable d'avoir un petite propriété avec l'amour de Dieu, que d'avoir une grande propriété et des trésors malhonnêtes et de perdre l'amour de Dieu.» Et le Prophète dit que «il vaut mieux être un homme bon qui a peu de biens et de trésors que d` être considéré comme un homme mauvais qui a une grande richesse.» Et encore je dis que vous devriez toujours vous exercer à vous enrichir, aussi longtemps que vous le faite avec honnêteté. Et l'Apôtre dit: «Il n'y a rien dans ce monde dans lequel nous devrions avoir une si grande joie que lorsque notre conscience nous porte bon témoignage». Et le sage dit:. «Les possessions de l'homme sont bonne quand le péché n'est pas dans sa conscience». Ensuite, dans l'acquisition de vos richesses et en les utilisant, vous devez vous exercer avec diligence afin que votre réputation soit toujours conservée et préservée. Salomon dit: «Il est préférable pour un homme d'avoir un bon nom que d'avoir de grandes richesses». Et donc il dit dans un autre endroit: «Exerce toi grandement à garder tes amis et ta réputation, car ceux-ci resteront avec toi plus que tout trésor précieux». Et sûrement il ne devrait pas être appelé un homme noble celui qui, en accord avec Dieu et avec une bonne conscience, ne fait pas un effort pour garder sa réputation. Et Cassiodore dit que « c `est un signe d'un cœur noble quand un homme aime et désire avoir un bon nom».

Et Saint Augustin dit «il y a deux choses qui sont nécessaires, et ce sont la bonne conscience et la bonne renommée, c'est-à-dire, la bonne conscience dans ta propre personne, et de la bonne renommée parmi tes voisins à l'extérieur. Et celui qui se confie tellement en sa bonne conscience qu'il affronte et réduit à néant sa réputation ou sa notoriété et ne se soucie pas de garder sa réputation n'est qu'un rustre et un cruel.»

Sire, maintenant je vais vous montrer comment faire acquisition de la richesse, et la façon dont vous les utiliser. Et je vois bien qu'en raison de la confiance vous avez mis dans votre richesse, vous commencerez la guerre et le combat. Je vous conseille ne pas vous confier dans vos richesses, car elle ne suffisent pas à maintenir une guerre et donc un philosophe a dit:. «Cet homme qui désire la guerre et l'aura à tout prix ne sera jamais assez riche pour les dépenses que il doit faire, car plus il est riche et plus la guerre lui coutera, s'il veut gagner l'honneur et la victoire.» Salomon dit que « plus grande est la richesse d'un homme, et plus de dépensiers de son argent, il trouvera». Et, cher sire, même si vous ne pouvez commander a une multitude de personnes avec votre richesse, il n'est ni approprié ni bon sens de commencer la guerre, quand vous pouvez par d'autres moyens avoir la paix, à votre honneur et votre profit. Car les victoires et batailles en ce monde ne sont pas gagnées par le grand nombre ou par la bravoure des hommes, mais se trouvent dans la volonté et dans la main du Seigneur Dieu Tout-Puissant. Et donc Judas Macchabée, qui était le chevalier de Dieu, quand il a combattu contre un adversaire qui avait un plus grand nombre et plus grande force que ses gens il les consola et parla ainsi: «Notre Seigneur Dieu Tout-Puissant peut aussi facilement donner la victoire à un petit nombre sur des troupes plus nombreuses». Car la victoire dans la bataille ne vient pas en raison d'un grand nombre de personnes, mais elle vient du Seigneur Dieu dans le ciel. Et, cher monsieur, il n'est pas un homme qui peut être certain s'il est digne que Dieu lui donne la victoire, pas plus que nul n` est certain s'il est digne de l'amour de Dieu, selon ce que dit Salomon, donc tout homme doit craindre beaucoup avant de commencer des guerres. Et il doit craindre aussi, parce que de nombreux dangers se produisent dans la bataille, et il arrive souvent que le grand homme est tué aussi souvent que le petit homme, et, comme il est écrit dans le deuxième livre des Rois, «les événements liés aux combats sont aventureux et rien n`est sûr» car personne n`est à l`abris d`un projectile et tous peuvent être blessés. Et parce qu'il il y a grand péril dans une guerre, un homme doit faire son possible pour l` éviter, autant qu'il peut». Salomon dit: «Celui qui aime le péril tombera par le péril».

Après que Dame Prudence avait ainsi parlé, Mélibée répondit: Je vois bien, Dame Prudence, par vos belles paroles et vos raisons que vous m'avez montré que vous n`aimez pas la guerre, mais je n'ai pas entendu vos conseils quant à la manière que je vais agir dans cette affaire.

Vraiment, dit-elle, "je vous conseille de parvenir à un accord avec vos adversaires, et de faire la paix avec eux. Saint Jacques dit dans ses épîtres, que « par la concorde et la paix les plus petites richesses grandissent, et par le litige et la discorde les grandes richesses diminues». Et vous savez bien que l'une des choses les plus grande et les plus souveraine en ce monde est l'unité et la paix et que notre Seigneur Jésus-Christ a parlé à ses apôtres de cette façon:.. « heureux et bénis ceux qui font la promotion de la concorde et de la paix, car ils seront appelés les enfants de Dieu».

Ah! s'écria Mélibée, maintenant, je vois bien que vous n`aimez pas mon honneur et ma réputation. Vous savez bien que mes adversaires ont commencé ce conflit et la discorde par leur outrage et vous voyez bien qu'ils ne s`excusent pas, ne demandent pas la paix et la réconciliation. N'allez-vous pas me demandez de m`humilier devant eux et de leur demander leur miséricorde? En vérité, cela ne serait pas à mon honneur. De même que les hommes disent que « une trop grande familiarité provoque le mépris et il en est de même d`une trop grande humilité et soumission».

fin de la partie 2

Histoire de Mélibée - partie finale.

Partie III

Puis Dame Prudence commença à feindre la colère, et lui dit: En vérité, monsieur, sauf votre grâce, j`ai l'amour de votre honneur et de votre profit comme du mien, je l`ai toujours eu et  ni vous ou tous les autres n`ont encore jamais vu le contraire.  Et cependant, vous devez promouvoir la paix et la réconciliation, je ne suis pas dans l`erreur et je n`ai pas mal parlé car  l'homme sage dit: «Laisse un autre homme commencer les dissensions, et toi commence la réconciliation.»  Et le prophète dit: «détourne toi de la méchanceté, et fais le bien, recherche la paix autant que tu le peux» Pourtant, je ne dis pas que vous devriez chercher la paix à tout prix et plus que vos adversaires.  Salomon dit: «celui qui a un cœur trop dur, à la fin souffrira le malheur.»  

Lorsque Mélibée entendit Dame Prudence faire cette apparence de colère, il  parla de cette manière: «Dame, je vous prie que vous ne soyez pas mécontente de ce que je dis, car vous savez bien que je suis en colère et que ceux qui sont en colère ne savent pas bien ce qu'ils font ou dise et je laisse donc parler le prophète:.. « L`œil troublé n'a pas la vue claire». Mais parlez et conseillé moi  comme il vous plaît, car je suis prêt à faire  le bien selon votre désir. Et si vous me condamnez pour ma folie, je suis encore plus contraint de vous aimer et vous louer. Salomon dit que «celui qui réprouve l'autre pour sa folie doit trouver de meilleure grâce que celui qui le trompe avec des mots doux».

Dame Prudence dit: Je ne fais l'apparence de la colère que pour votre profit.  Salomon dit:.« Il a plus de valeur celui qui réprouve ou gronde un insensé pour sa folie, faisant semblant d`être en colère, que celui qui le soutient et le loue dans sa mauvaise décision et qui rit de sa folie.» Et ce même Salomon dit par la suite que « par le visage triste d'un homme» c'est-à-dire, par le visage désolé d'un homme, «l`homme dans l`erreur se  corrige et s`améliore lui-même.»

Puis dit Mélibée: Je ne serai pas en mesure de répondre à vos nombreux justes conseils. Dites-moi brièvement votre volonté et vos conseils, et je suis tout prêt à les remplir et les exécuter.».

Puis Dame Prudence lui ayant  montré toute sa volonté lui dit:. "Je vous conseille avant toutes choses de faire la paix entre Dieu et vous, et de vous réconcilier avec Lui et Sa grâce car comme que je vous l`ai dit avant, Dieu vous a permis d'avoir ce trouble et affliction à cause de vos péchés et si vous faites comme je vous le dis, Dieu enverra vers vous vos adversaires et les feras tomber à vos pieds, prêt à faire votre volonté et vos commandements.  Salomon dit: « Lorsque l'état d'un homme est agréable à Dieu, Il change les cœurs des adversaires de cet homme et les contraint à demander la paix et sa grâce.» Et je vous prie, laissez-moi parler avec vos adversaires dans un lieu privé; car ils ne doivent pas savoir que c'est avec votre volonté et votre sanction. Et puis, quand je saurai quelle est leur volonté et leur but, je pourrai vous conseiller plus sûrement.

Dame, a déclaré Mélibée, faites à votre volonté et votre convenance, car je me mets entièrement à votre disposition.

Puis Dame Prudence, quand elle vit la bonne volonté de son mari, a délibéré et pris conseils en elle-même, en pensant comment elle pourrait apporter à cette difficile situation une bonne fin. Et quand elle a vu le temps favorable, elle a envoyé un message à ces adversaires leur disant de venir la rencontrer dans un lieu secret, et leur a montré à bon escient les grands avantages qui viennent de la paix, et les grands méfaits et les dangers qui se trouvent dans la guerre, et leur dit d'une manière juste qu'ils devraient grandement se repentir de la blessure et du mal qu'ils avaient fait à Mélibée son seigneur, a elle, et à sa fille.

Et quand ils eurent entendu les belles paroles de Dame Prudence, ils furent surpris et heureux. Ah dame! criaient-ils, «vous nous avez montré les bénédictions de la douceur» selon le proverbe de David, le prophète. Car la réconciliation que nous ne sommes pas digne d'avoir, à moins que nous ne la demandions avec une grande contrition et humilité, vous dans votre grande bonté nous la présentée maintenant, nous voyons bien que la sagesse  de Salomon est vrai car il dit que « les mots doux multiplient et augmentent le nombre des amis, et rendent les personnes mauvaises douces et humble.»

En effet, disaient-ils, nous sommes prêt à mettre toute notre confiance et notre bonne volonté, en vos mains et sommes prêts à obéir aux paroles et aux commandements du seigneur Mélibée. Et donc, cher et bénigne dame, nous vous prions et vous supplions aussi humblement que nous le pouvons, que s'il vous plaît, dans votre grande bonté de traduire dans les faits vos bons mots. Car nous savons que nous avons offensé le Seigneur Mélibée hors de toute mesure, tellement, que nous n'avons pas le pouvoir de  faire amende honorable. Et donc nous obligeons, nous-mêmes et nos amis à se lier à faire entièrement sa volonté. Mais peut-être que  il a un tel ressentiment et colère envers nous à cause de notre infraction qu'il risque d`avoir une telle sanction sur nous que nous ne serons pas en mesure de la soutenir. Et donc, noble dame, nous supplions votre pitié féminine et de vous faire notre avocate dans cette extrémité et que nous ne serons pas déshérités ou détruits à cause de notre folie.

Sûrement, dit Prudence, c`est une chose difficile et dangereuse pour  un homme que de se mettre complètement sous l'arbitrage, le jugement et sous la force et la puissance de ses ennemis.  Salomon dit:. «Croyez-moi, et croyez-ce que je dis, je déclare, peuples et gouverneurs de la sainte Église, ne donner pas le pouvoir sur vous tandis que vous vivez à votre fils, vos épouses, vos amis, ou vos frères ». Il interdit qu'un homme donne à son frère ou ses amis, le pouvoir sur son corps et  par une plus forte raison, il interdit à un homme de se donner à son ennemi. Et néanmoins je vous conseille de faire confiance à mon seigneur. Car je le connais bien et vraiment et il est doux, humble, généreux, courtois, et pas avare de ses biens ou de sa richesse. Il n'y a rien dans ce monde qu'il désire, sauf l'honneur et à la réputation. De plus, je sais bien, et je suis sûr qu'il ne fera rien dans cette situation d'urgence sans mon avis. Et je vais donc travailler dans cette affaire à ce que par la grâce de notre Seigneur Dieu, vous serez réconciliés avec nous.

Puis ils ont dit d'une seule voix: dame vénérable, nous-mêmes et nos biens sont mis à votre entière disposition et volonté, et nous sommes prêts à venir n'importe quel jour, selon votre volonté, afin de faire notre devoir et allégeance aussi forte que votre bonté le veut, afin que nous puissions accomplir votre volonté et celle de votre Seigneur Mélibée.

Quand Dame Prudence a entendit la réponse de ces hommes, elle leur  dit de s'en aller secrètement, et elle est retournée à son seigneur Mélibée, et lui raconta comment elle avait trouvé ses adversaires très repentant, reconnaissant humblement leurs péchés et  leur infraction, et la façon dont ils étaient prêts à souffrir toute peine, et demande  de leur donner sa miséricorde et sa pitié.

Puis Mélibée dit: «Il est digne d'avoir le pardon et le pardon de son péché celui qui ne l'excuse pas, mais qui reconnaît son erreur et se repent, demandant miséricorde.» Sénèque dit: «Il y a rémission et pardon là où il y a confession.» Car la confession est voisine de l`innocence.  Et il est dit dans un autre endroit: «celui qui a honte de son péché et le reconnaît est digne de l'avoir remis.»  Et donc je consens et accepte d'avoir la paix, mais il est bon que nous ne devrions pas faire cela sans le consentement et la volonté de nos amis.

Puis Dame Prudence était très heureuse et joyeuse, et dit:. Assurément, monsieur, vous avez bien répondu, car, la loi dit: «Il n'y a rien de mieux que de réparer une injustice  pour celui qui en est le responsable».

Et puis Dame Prudence, sans délai, envoya des messages pour leurs parents et pour leurs vieux amis qui étaient vrai et sage, et leur pria en présence de Mélibée de donner leur avis et conseils sur ce qui était le mieux à faire dans cette extrémité. Et quand leurs amis eurent fini de délibérer sur la question et eurent examiné tout cela avec beaucoup de diligence et de soins, ils  donnèrent comme conseils unanime de chercher la paix et la concorde, et que Mélibée devrait recevoir de bon cœur ses adversaires, et leur accorder son pardon et sa miséricorde.

Et quand Dame Prudence eu entendu l'assentiment de son seigneur Mélibée, et les conseils de ces amis, et que les deux s'accordaient avec sa propre volonté et ses intention, elle était merveilleusement heureuse dans son cœur, et lui dit: "Il y a un vieux proverbe qui dit  «la bonté que tu peux faire ce jour-là, fais-la, et n'attend pas jusqu'au lendemain.» Et donc je vous conseille d`envoyer vos messagers,  sages et discret, à vos adversaires, en leur disant, en votre nom, que si ils veulent discuter de la paix et de l'entente, qu`ils se préparent  sans tarder à venir à nous. Et cette chose a été faite. Et quand ces délinquants qui se sont repentis de leurs folies, entendirent ce que les messagers leur dirent, ils furent heureux et joyeux, et répondirent humblement et avec bienveillance et courtoisie à leur Seigneur Mélibée et toute sa troupe, et ils se sont préparés sans délai pour aller avec les messagers, et obéir à l'ordre de leur seigneur Mélibée.

Et bientôt ils ont pris le chemin de la cour de Mélibée, et ont emporté avec eux une partie de leurs amis fidèles, afin de prêter allégeance selon leurs promesses. Et quand ils sont venus dans la présence de Mélibée, il a prononcé ces mots devant eux: Il se trouve donc, et cela est vrai que vous avez, sans cause ni raison, fait de grandes blessures et de grands torts à moi et ma femme Prudence et ma fille. Car vous êtes entré dans ma maison par la violence, et avez fait un acte scandaleux, et que tous les hommes savent bien que vous avez mérité la mort. Et je voudrais savoir si vous reconnaissez votre crime et si vous acceptez la pénitence et le châtiment qui sera exigé de vous par moi et ma femme Prudence?

Ensuite, le plus sage des trois répondit pour eux tous, et dit: «Sire, nous savons bien que nous sommes indignes d'entrer dans la cour d'un si grand seigneur et que vous êtes offensé car nous sommes coupables et avons commis une erreur tellement que en effet nous avons mérité la mort. Mais encore, en raison de la grande bonté et de douceur pour que tout le monde témoigne de vous, nous nous soumettons à l'excellence et la bénignité de votre aimable Seigneurie, et sommes prêts à obéir à tous vos ordres, vous suppliant que dans votre pitié vous soyez miséricordieux  et de considérer notre grande repentance et notre soumission humble et de nous accorder le pardon pour cette blessure scandaleuse et nos infractions. Nous savons que votre grâce et votre libérale miséricorde  vont plus loin dans la bonté que celle de notre méchanceté et de nos délits scandaleux,  bien que nous ayons gravement péché contre votre grande seigneurie.

Puis Mélibée les souleva du sol doucement et reçu leurs allégeances et leurs serments, leurs engagements et garanties, et leur assigna un jour pour revenir à sa cour et à accepter de recevoir la sentence et le jugement de Mélibée pour les causes déjà dites. Et après ces choses, chaque homme est retourné à sa maison.

Et quand Dame Prudence a vu son temps, elle a demandé à son seigneur Mélibée quelle vengeance il pensait à prendre sur ses adversaires.

Mélibée répondit: "En vérité, je pense à les déshériter de tout ce qu'ils ont, et les envoyer en exil pour toujours.

Sûrement, dit Dame Prudence, ce serait un jugement cruel, et contre la raison.  Car vous êtes assez riche, et n'avez pas besoin de la propriété d'autres hommes. Et vous pourriez facilement passer pour cupide de cette manière.  Car, selon le proverbe de l'Apôtre: « la convoitise est la racine de tous les maux». Et donc, il vaudrait mieux pour vous de perdre de vos biens propres plutôt  que de prendre ceux d`autrui de cette manière. Car il vaut mieux perdre avec honneur, que de gagner la propriété par la méchanceté et de la honte. Et tout homme doit travailler avec diligence pour se faire un nom. Et pourtant, il ne devrait pas seulement être occupé lui-même à garder son bon nom, mais il doit toujours s'efforcer de faire quelque chose par laquelle il peut renouveler sa réputation. Car il est écrit:. «L'ancienne  bonne réputation d'un homme est bientôt passé et disparue, quand elle n'est pas fraîchement renouvelée.» Et en référence à ce que vous dites d`envoyer vos adversaires en exil, ceci me semble contre la raison et contre  la modération, compte tenu du pouvoir sur eux-mêmes qu'ils vous ont donné et il est écrit: «Il est digne de perdre son privilège celui qui abuse du pouvoir qui lui est donnée». Et de plus,  si vous pourriez appliquer cette peine par la loi et le droit, ce que je crois que il n`est pas bon de faire, vous pourriez peut-être le mettre en  exécution mais la guerre serait susceptible de revenir comme avant. Et donc, si vous voulez que les hommes vous honore, vous devez juger de façon plus courtoise  qui est d`imposer des peines plus faciles. Car il est écrit: «Celui qui commande de façon plus courtoise, sera plus obéit des hommes.» Et donc, je vous prie que dans ce besoin de cherchez à surmonter votre coeur.  Sénèque dit: «Celui qui vaincra son cœur est deux fois vainqueur» Et Tully dit:.. «Il n'y a rien de plus louable dans un grand seigneur que quand il est doux et humble, et facilement apaisé»  Et je vous prie que vous abstenir de faire vengeance, de manière à ce que votre réputation peut être conservée, et que les hommes doivent avoir plus de raisons de vous féliciter pour votre pitié et votre miséricorde et que vous aurez pas à vous repentir de ce que vous avez fait.  Sénèque dit: «C'est un pauvre vainqueur celui qui se repent de sa victoire».  C'est pourquoi je vous prie de laisser la miséricorde dans votre esprit et dans votre cœur de façon à ce qu’à la fin Dieu Tout-Puissant ait pitié de vous dans son Jugement dernier. Saint Jacques dit dans son Épître: « Un jugement sans miséricorde sera fait à celui qui n'a pas pitié des autres.»

Lorsque Mélibée avait entendu les raisons de Dame Prudence et ses sages enseignements, son cœur commença à s'incliner à la volonté de sa femme et il fut entièrement d'accord pour agir par ses conseils. Et il a remercié Dieu, de qui toute vertu et  bonté procède, de lui avoir envoyé une femme si sage. Et quand le jour est venu où ces adversaires devait paraître, il dit: "Bien que dans votre orgueil, votre présomption, votre folie, votre inconscience et ignorance, vous avez fait le mal et m`avez blessé moi et ma famille,  je vois votre grande humilité, je vois que vous êtes désolé et  repentant de vos infractions et  je suis contraint de vous donner ma grâce et ma miséricorde. C'est pourquoi je vous reçois dans ma grâce, et je vous pardonne librement toutes les infractions, les blessures et les torts que vous avez fait contre moi et les miens. A la fin de nos vies que Dieu, dans sa miséricorde infinie  nous pardonne nos fautes devant Lui dans ce monde misérable. Car sans doute, si nous sommes désolés et repentant de nos péchés aux yeux de Dieu notre Seigneur, qui est si généreux et miséricordieux, qu'Il nous pardonne nos péchés et nous conduise à son bonheur qui n'a pas de fin. Amen.

fin de l`Histoire de Mélibée