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Message par Lumen Mer 29 Mai 2024 - 14:31

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Bonjour à tous,

Pour témoigner de notre foi en vérité, ce qui nous manque souvent c'est de bien définir ce en qui on croit. Les concepts théologiques paraissent compliqués, le vocabulaire est subtil (rien que dans le Credo : engendré non pas créé !? Consubstantiel !? Procède du père et du fils !?) Avec des vidéos claires et percutantes, ThéoDom éclaire notre intelligence sur l'essentiel de la foi.

Dans cette nouvelle série de 6 vidéos, redécouvrons les fondamentaux !

Notre compréhension de Dieu, la Trinité, l'Incarnation est-elle exempte d'erreurs, d'approximations ou même d'influences hérétiques et toxiques ?

Pour le vérifier, offrons-nous une bonne cure ! Le frère Sylvain Detoc décortique les hérésies, du début du christianisme à nos jours. En explorant et en réfutant ces idées devenues folles, parfois monstrueuses, fortifions notre réflexion théologique et purifions notre foi !







À partir du dimanche 2 juin 2024, pendant 6 semaines, nous recevrons chaque dimanche par mail une nouvelle vidéo.

Avec les quiz, nous pourrons tester nos connaissances et vérifier si nous sommes bien vaccinés contre les hérésies virales ou si nous avons encore besoin d'éliminer quelques idées reçues.

Dans la dernière vidéo de la série, le frère Sylvain nous donnera cinq antidotes pour prolonger l'effet de cette cure décapante.

Impatient de cheminer avec vous au fil de ces 6 semaines, je vous assure de ma prière fraternelle.



6 semaines pour détoxifier notre foi :

1/ L'hérésie gnostique : fascination pour le secret

2/ L’arianisme : Jésus, un Dieu rétrogradé ?

3/ Le monophysisme : Dieu s'est habillé en Homme ?

4/ Marie, une simple mortelle enfante un Dieu ?

5/ L’Église, une institution sclérosée ?

6/ Dieu me garde ! Cinq antidotes aux hérésies !



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DETOXIFIER LA FOI, une cure contre l’hérésie avec THEODOM Empty Re: DETOXIFIER LA FOI, une cure contre l’hérésie avec THEODOM

Message par Lumen Dim 2 Juin 2024 - 19:44


Bonjour à toutes et tous

Faire des erreurs, ça arrive à tout le monde mais, une hérésie n'est pas une simple erreur. On est hérétique quand on s'obstine dans l'erreur, malgré les éclaircissements de l'Église.

C'est avec l'hérésie gnostique, apparue au IIè siècle, que nous commençons cette série sur les hérésies. La gnose méprise les corps et annonce que seules les âmes d'une élite seront sauvées. La Révélation ne serait-elle donc pas pour tous ? C'est la question de foi que soulève ce débat théologique.

Pour mieux cerner les dangers de cette hérésie, mesurer son influence jusqu'à aujourd'hui et connaître les antidotes que propose l'anthropologie chrétienne, regardons cette vidéo percutante qui aborde à fond tous les enjeux du Salut !

Attention, il faut écouter attentivement cette vidéo pour réussir le quiz : 10 questions pour vérifier que nous nous sommes bien réapproprié notre foi.

Heureux de cheminer avec vous au fil de ces 6 semaines, je vous assure de ma prière fraternelle.

frère Philippe Verdin, op




1. La gnose, fascination pour le secret






Les hérésies, ce n’est pas ce qu’on imagine !

Pour beaucoup, une hérésie, c’est une erreur. Une erreur plus ou moins choquante. Comme lorsqu’on dit :

« Boire du vin blanc sur une viande rouge ? Quelle hérésie ! »

Dans le langage de l’Église, une hérésie, c’est plus grave et plus dangereux qu’une erreur. L’Eglise combat les hérésies comme des mensonges toxiques. Est-ce parce que l’Eglise craint ceux qui ne pensent pas comme elle ?


Erreur et hérésie

Une erreur, c’est une défaillance de l’intelligence. Faire des erreurs, ça arrive à tout le monde.

L’hérésie n’est pas une simple erreur ; elle implique un choix, une « préférence ». C’est d’ailleurs l’un des sens du mot grec airesis : faire un « choix ».

Or, un choix, c’est avec la volonté qu’on le fait. Avec une hérésie, ce n’est pas tant l’intelligence qui est concernée que la volonté. Je fais une erreur ? Ce n’est pas grave. Mais si je m’obstine dans cette erreur, alors que l’Église me met en garde, mon erreur pourrait devenir une hérésie.


L’éventail des hérésies

Les hérésies portent sur bien des points de la foi chrétienne : la Trinité (un seul Dieu en trois personnes), le Christ (une seule personne en deux natures), la Vierge Marie, les anges et les saints, l’Église, les sacrements, la Bible…

Mais l’origine de beaucoup d’hérésies, c’est sans doute la mécompréhension de ce qu’est le monde. Beaucoup de systèmes philosophiques et religieux sont « cosmophobes ». Le dénominateur commun de ces doctrines, c’est un malaise à l’égard du cosmos. Dans ce monde, on se sent mal. On s’y sent comme en exil. La vraie vie est ailleurs. Il faut s’enfuir.

Mon corps, quel boulet ! Voilà ce que certains ressentent quand ils pensent à leur corps. Comme si notre corps était une carapace trop lourde à porter. Comme si nous étions des bernard-l’hermite de passage sur la terre. Nous empruntons une coquille, puis, une fois que notre vie est achevée, nous la laissons enfin tomber pour nous envoler ! Et si nous n’avons pas le niveau pour intégrer le monde d’en haut, hop ! C’est reparti pour un tour. C’est la réincarnation…

Cette manière pessimiste de concevoir la vie terrestre n’est pas catholique ! Elle remonte à l’une des plus veilles hérésies : la « gnose ».


La gnose, fascination pour le secret

Nous sommes au IIe siècle. Les successeurs des apôtres luttent contre une doctrine qui fleurit un peu partout autour de la Méditerranée. En Égypte, en Asie mineure, à Rome et jusque dans la vallée du Rhône, se forment des foyers « gnostiques ».

« Gnosis » est un mot grec qui signifie « connaissance ». L’idée des gnostiques est que nous sommes sauvés si nous avons accès à une connaissance supérieure. Cette prétendue connaissance est secrète. Elle est réservée à une élite d’initiés.

Cette doctrine secrète nous est connue grâce à saint Irénée, le deuxième évêque de Lyon, qui a écrit une réfutation de la gnose dans les années 180-190 (c’est son fameux Contre les hérésies).

Les gnostiques possèderaient notamment un évangile que les chrétiens ne connaissent pas, un évangile connu seulement par une élite capable de le comprendre : l’Évangile de Vérité, d’un certain Valentin. Ce texte a finalement été trouvé à Nag Hammadi en 1945, dans le désert égyptien. Comme les évangiles apocryphes qui ont fait couler beaucoup d’encre, ce cinquième évangile ne nous apprend finalement rien de consistant sur Jésus et les apôtres.


L’anthropologie gnostique

La gnose prétend que le monde est mauvais.

Ce monde mauvais a été façonné par une divinité malveillante, qui pourrait bien être le Dieu Créateur de la Bible. Mais Jésus, lui, nous aurait révélé un autre Dieu que celui des Hébreux, un Dieu inaccessible, qui invite quelques rares élus à élever leur esprit pour s’affranchir de cette matière dans laquelle ils sont tombés le jour de leur naissance.

Dans certains courants gnostiques, on enseigne aux initiés qu’ils étaient à l’origine, de purs esprits. Quoi qu’ils fassent, au terme de leur vie terrestre, la partie divine de leur personne retournera dans le monde d’en haut, abandonnant comme un vieux vêtement ce corps de misère. Cette aristocratie spirituelle a bien de la chance, car les autres, eux, n’auront pas le même destin. Les moins chanceux termineront leur vie au compost. Ces gens-là, en quelque sorte, sont biodégradables ! Il ne restera rien d’eux après leur mort. Bien sûr, ce sont les plus nombreux…

Difficile de ne pas reconnaître derrière cette doctrine un vieux schéma philosophique, diffusé en particulier par Platon, à partir du Ve siècle av. J.C.

Platon jouait sur les mots « sêma » / « sôma ».

Sêma : le tombeau.

Sôma : le corps.

Bref, le corps est un tombeau pour l’âme, et le but de la vie terrestre, c’est de s’en libérer.


L’anthropologie chrétienne

Or ce schéma est incompatible avec la foi chrétienne.

D’abord, les premières pages de la Bible nous révèlent que le monde est une merveille qui reflète la bonté de Dieu. Ce monde est beau – et il est bon.

Genèse 1 : « et Dieu vit que cela était bon » (5 fois) ; « c’était très bon ».

Si nous doutons de cette bonté, lisons ce passage du livre de la Sagesse, écrit quelques années seulement avant la venue de Jésus :

Sg 11, 24 : « Tu aimes tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres. Si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. »

Le monde est bon. L’homme en est son chef d’œuvre. Malgré son péché, l’homme est si bon que Dieu s’est fait homme. Effectivement, prendre chair ne l’a pas dégoûté…

L’homme est tellement bon, que même son corps, en Jésus ressuscité, est appelé à partager la gloire de Dieu. Si le corps de l’homme était une tare, Dieu aurait-il pris la peine de l’assumer à Noël et de le glorifier à Pâques ?

A cause de la gnose, Irénée a dû rappeler aux chrétiens de son temps, la cohérence du projet de Dieu sur l’être humain, depuis le jour où Dieu l’a appellé à l’existence, jusqu’au jour où il nous fera entrer corporellement dans sa gloire, en passant par ce jour extraordinaire où il s’est incarné.

Bref, le christianisme, c’est la

   religion de la Création,
   la religion de l’Incarnation
   la religion de la Résurrection

C’est par excellence la religion de la chair. La religion, comme disait Irénée, « du salut de la chair ». Un salut pour « faire participer la chair à la vie de Dieu ».

Depuis le IIe siècle, la gnose a connu de nombreux avatars : le manichéisme au Ve siècle, le catharisme, au XIIIe siècle. Il y a une trentaine d’années, elle a resurgi avec le New Age qui imagine un bonheur désincarné.

Le pape François, dans son exhortation apostolique de 2018 : « Gaudete et Exsultate », met en garde contre elle et contre la tentation de ramener la foi chrétienne à une spiritualité hors sol, enfermée dans les limites de ma pensée, de mes raisonnements, de ma spiritualité.

Ce n’est pas une théorie, ce n’est pas une spiritualité qui nous sauve, c’est quelqu’un : Jésus-Christ, Dieu fait homme pour nous faire entrer dans la vie même de Dieu.

Enfin, dans le christianisme, rien n’est secret. Rien n’est réservé à une petite élite qui aurait connaissance de vérités dont les autres seraient privés. L’Évangile est offert à tous.




frère Sylvain Detoc

Frère Sylvain Detoc est docteur es lettres et spécialiste de saint Irénée.
Il est frère de la province de Toulouse, il enseigne à l'Institut Catholique de Toulouse. Il a publié
plusieurs ouvrages : Déjà brillent les lumières de la fête (Cerf, 2023), La Gloire des bons à rien
(Cerf, 2022) et Petite théologie du Rosaire (éditions de La Licorne, 2020).



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Message par Lumen Dim 9 Juin 2024 - 17:16

Bonjour à toutes et tous

"Jésus vrai homme et vrai Dieu", "les chrétiens, comme les musulmans, sont monothéistes", "deux personnes, une même substance"... : nous proclamons ces dogmes sans toujours imaginer les conséquences de ce que nous affirmons.

L'envahissante hérésie d’Arius, l’arianisme, au IVe siècle, contraint l'Église à ciseler la formulation du Credo pour définir les rapports entre Dieu et le Fils dans la Trinité : qui est qui ? Qui fait quoi ? Qui vient de qui ? Qui est au-dessus de qui ? Bref, en qui croyons-nous ?

Comme l'affirme saint Augustin : « il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre ». Profitons des débats théologiques des premiers siècles pour nous approprier la vérité de la foi !

Suivez attentivement les explications du frère Sylvain dans cette vidéo pour réussir le quiz : 5 questions pour vérifier que nous sommes bien au clair dans notre foi.

Heureux de cheminer avec vous au fil de ces 6 semaines, je vous assure de ma prière fraternelle.

frère Philippe Verdin, op




2. L’arianisme, un Dieu rétrogradé ?




Et si Jésus n’était pas Dieu ? Et si Jésus était un exceptionnel maître de sagesse, une sorte de Bouddha chrétien ?

Que Jésus soit un grand homme, presque tout le monde l’admet. Mais pour nous, chrétiens, Jésus n’est pas seulement un grand homme. Il est « vrai homme… et vrai Dieu ». Nier sa divinité, c’est retomber dans une vieille hérésie du IVe siècle : l’arianisme.



L’arianisme

L’arianisme est la doctrine qui a été développée par Arius, un prêtre d’Alexandrie, dans les années 310.

Arius savait que le Fils n’est pas le Père. Dans la Trinité, le Père et le Fils ne sont pas réductibles l’un à l’autre. Mais si l’on dit que le Père est Dieu et que le Fils est Dieu, s’inquiète Arius, alors ça fait deux dieux !

Pour éviter de tomber dans une hérésie aussi énorme, Arius en fabrique une autre : il vide le Fils de Dieu de sa divinité : seul le Père est Dieu, seul le Père est incréé. « Ouf, pense Arius, le monothéisme est sauf ! »

L’hérésie d’Arius porte sur la deuxième personne de la Sainte Trinité : Dieu le Fils. Cette erreur se situe donc en amont de l’Incarnation. Elle ne porte pas directement sur Jésus-Christ, mais sur la personne divine qui existe en Dieu de toute éternité et qui, un jour, s’est incarnée dans le sein de Marie.

C’est donc une hérésie trinitaire, qui consiste à dire que le Fils de Dieu est une créature. Une créature exceptionnelle, et même la première de toutes les créatures. Une sorte de premier de série dont Dieu va se servir pour créer toutes les autres créatures.

Pour asseoir cette idée, Arius s’appuie sur deux genres d’arguments.

Des arguments qu’il tire de la Bible, d’abord. Par exemple, Jésus dit : « Le Père est plus grand que moi » (Jn 14, 28). Le Fils de Dieu semble lui-même affirmer qu’il est « subordonné » à Dieu, qu’il est « sous Dieu », d’un rang inférieur à Dieu. Cette idée est à la base du système d’Arius : si le Fils de Dieu dit qu’il est inférieur au Père, c’est bien qu’il n’est pas de rang divin.

Une autre série d’arguments est empruntée à la logique. Si le Fils de Dieu est « engendré », comme l’écrit saint Jean dans l’Évangile, cela signifie qu’il a un commencement d’existence. C’est donc qu’il y a eu un temps où il n’existait pas. Bref, c’est que le Fils de Dieu est une créature.



Le concile de Nicée en 325

La théorie d’Arius est une simplification grossière de la foi chrétienne. Devant cette réduction du mystère de la Trinité, la réaction ne se fait pas fait attendre.

En entendant les homélies d’Arius, on s’agite, on s’émeut. Ce tintamarre arrive aux oreilles de l’empereur Constantin, qui est chrétien depuis peu de temps.

Constantin réagit. Il réunit près de trois cents évêques près de Constantinople. C’est le concile de Nicée, en 325.



La réponse du concile : le « consubstantiel »

Ce concile, vous en savez déjà l’essentiel ! Parce qu’il est à l’origine d’un texte qu’on récite à la messe : le symbole de « Nicée-Constantinople », le Credo.

Dans le Credo, on reprend un mot clé forgé par le concile : « consubstantiel » (du latin, consubstantialis, qui traduit le grec homoousios). Jusqu’en 2021, on traduisait ces mots par « de même nature ». On disait « le Fils de Dieu est de même nature que le Père. » Cette traduction n’était pas fausse. Mais elle pouvait être mal comprise. Elle peut signifier que le Père et le Fils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais deux gouttes juxtaposées, et donc séparées.  Alors que le concile de Nicée voulait dire que le Père et le Fils étaient une seule et même « substance », autrement dit une seule et même réalité, un seul et même « quelque chose » (Dieu), sans être pour autant le même « quelqu’un » (Dieu le Père n’est pas Dieu le Fils, et vice versa).

En disant : le Fils de Dieu est « engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait », le concile indiquait que le Fils du Père est le Dieu et Créateur de toutes choses, parce qu’il est « un seul Dieu » avec le Père, ce « Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre ».



Et aujourd’hui ?

L’arianisme a disparu, mais la tendance à vider le Fils de Dieu de sa divinité n’est jamais loin. On veut bien que Jésus soit vrai homme, comme nous. Mais on peine à concevoir qu’il soit une personne divine, le Fils éternel du Père, ce Fils qui est un seul Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, et qui s’est fait chair pour nous sauver.

La facilité, c’est de ramener le mystère du Christ à la taille de notre imagination et de notre intelligence. Il ne faut pas oublier qu’en même temps qu’il est notre frère en humanité, Jésus est cette personne divine, sans commencement ni fin.

Enfin, la difficulté à concevoir la consubstantialité des trois personnes divines suggère à des croyants d’autres religions que les chrétiens adorent trois dieux.

Vous l’avez compris : nous adorons un seul et même Dieu, qui est trois personnes consubstantielles, égales, inséparables. Un seul Dieu en trois Personnes, de toute éternité.

C’est difficile à comprendre et à expliquer. En tout cas, c’est une grâce immense qui nous est faite que de croire en ce mystère et d’être baptisé « au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Cette grâce de la foi, cultivons-la !




frère Sylvain Detoc

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Message par Lumen Dim 16 Juin 2024 - 12:35

Bonjour à toutes et tous

D'accord, Jésus est pleinement Dieu... mais est-il pleinement homme ? Est-ce qu'en lui, l'immensité de la divinité ne prend pas toute la place ? Est-ce que Jésus n'est pas juste une enveloppe pour que Dieu s'approche de l'homme ?

Devant l'incroyable disproportion entre l'humanité et la divinité de Jésus, une flopée d'hérésies bricolent un homme Jésus estompé. Face au docétisme, à l'apollinarisme, au monophysisme, à l'iconoclasme, l'Église réagit avec vigueur : elle affirme que Jésus est pleinement homme dans sa chair et dans son intelligence.

Pour nous vacciner du virus qui affadit la réalité humaine de Jésus, plongeons dans le mystère inouï d'un Dieu qui assume toute notre humanité. C'est par cette incarnation qu'il nous sauve !

Suivez attentivement les explications du frère Sylvain dans cette vidéo pour réussir le quiz : 5 questions pour vérifier que nous nous sommes bien réapproprié notre foi.

Heureux de cheminer avec vous au fil de ces 6 semaines, je vous assure de ma prière fraternelle.

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3. Le monophysisme, Jésus : Dieu habillé en Homme ?




Au VIIIe siècle, un vent de folie s’abat sur l’Église d’Orient !

A Byzance, on s’en prend aux images saintes qui ornent les églises et les villes. On les a tout à coup en horreur ! Au palais de l’empereur, on détruit une splendide mosaïque représentant Jésus pour la remplacer par une croix nue, une croix sans Christ.

Cette campagne violente est nommée : « l’iconoclasme ». En grec : la « destruction des icônes », c’est-à-dire des « images ».

Cette crise est intéressante, parce qu’elle est l’un des derniers sursauts d’une hérésie fréquente au sujet du Christ. On refuse d’admettre la pleine consistance de l’humanité du Christ.



Vrai homme ?

Jésus est vrai Dieu et vrai homme, dit la foi de l’Église.

Vrai Dieu ? C’est ce que nous avons vu à propos du concile de Nicée, qui répondait à l’hérésie d’Arius. Arius pensait que le Fils de Dieu, dans la Trinité, n’est pas Dieu, mais une super-créature. A cette hérésie, l’Église a répondu que le Fils est « consubstantiel » au Père, c’est-à-dire qu’il n’est pas quelque chose d’autre que ce qu’est le Père. Il est Dieu, « non pas créé », même s’il est quelqu’un d’autre que le Père.

Vrai Dieu, d’accord. Mais vrai homme ?

Le Fils de Dieu s’est incarné, nous dit l’évangile : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Il a pris notre nature humaine, avec tout ce qu’elle comporte. Tout, sauf le péché.

Tout ? Vraiment tout ? Oui, tout ! Un vrai corps humain, animé par une vraie âme humaine, comme chacun de nous :

   Jésus a un corps ? Oui ! Un corps qui grandit. Un corps qui a faim (pensons à son jeûne au désert), un corps qui a soif (pensons à la rencontre de la Samaritaine auprès du puits), un corps qui mange et qui boit (Jésus à Cana, Jésus chez Lévi ou chez Zachée), qui connaît la fatigue et qui dort (Jésus dans la barque), un corps qui endure la souffrance et même la mort (Jésus sur la croix) ; un corps qui ressent le chagrin (Jésus pleure Lazare), la joie (Jésus qui tressaille d’allégresse), l’affection (Jésus qui embrasse les enfants), l’angoisse (Jésus au jardin des Oliviers qui est accablé à l’idée de mourir …)
   Une âme ? Oui ! Une âme qui pense, avec une intelligence humaine, et qui veut, avec une volonté humaine…

Or on a une collection d’hérésies qui nient en totalité ou en partie l’humanité de Jésus.



La première de ces hérésies : le « docétisme » :

En grec, le verbe « dokeô » signifie « sembler », « paraître ». Pour le docétisme, Jésus ne serait un homme qu’en apparence.

C’est une très vieille hérésie. Ignace, l’évêque d’Antioche, qui a été livré aux bêtes dans les jeux du cirque, à Rome, autour de 110, a combattu cette hérésie, en disant : « si le Christ n’était qu’une apparence, à quoi bon verser son sang pour une apparence ? Qui donnerait sa vie pour un fantôme ? »

C’est cette conception de Jésus qui a circulé aussi chez les gnostiques du IIe siècle.



l’apollinarisme.

Pour Apollinaire, le corps humain du Christ était animé directement par le Verbe de Dieu, un peu comme une marionnette de chair dont Dieu le Fils aurait mû directement les membres.

Cette approche repose sur une erreur d’interprétation du mot « chair » dans le célèbre verset de saint Jean : « Le Verbe s’est fait chair ». La « chair » ne désigne pas le corps sans l’âme. C’est une expression qui désigne tout l’être humain, à partir de sa dimension physique. Comme quand on dit, ailleurs dans la Bible : « Toute chair verra le salut de Dieu ».

Cette erreur nuit à la cohérence de l’incarnation et du dessein de Dieu. Si le Verbe de Dieu n’a pris que notre chair sans prendre aussi notre dimension spirituelle – notre âme –, alors notre âme n’est pas sauvée. C’est l’axiome théologique : « Ce qui n’est pas assumé n’est pas sauvé ». Or s’il y a quelque chose à sauver dans notre humanité pécheresse, c’est bien notre âme dans sa dimension spirituelle, ou notre cœur, comme l’appelle plus volontiers la Bible. C’est là que tout se joue dit Jésus. C’est là que naissent nos mauvaises pensées et nos mauvais désirs, qui rejaillissent ensuite sur notre corps comme dans une caisse de résonance.

Pour que nous soyons sauvés par l’Incarnation du Verbe, il faut donc que ce mystère engage tout notre être, corps et âme. Pas le corps seulement ! L’apollinarisme est condamné en 381, au concile de Constantinople.



Le monophysisme : « une goutte d’eau dans l’océan »

Dans l’hérésie d’Apollinaire, c’est seulement l’âme humaine de Jésus qui manque. Elle a été comme court-circuitée par la divinité du Verbe.

Cette idée va prendre une tournure plus radicale au siècle suivant. Un moine de Constantinople – Eutychès – enseigne que dans le Christ, la nature humaine de Jésus a été absorbée dans la divinité de sa personne. « Comme une goutte d’eau dans l’océan », dit Eutychès.

Résultat : il ne reste que la nature divine ! Une seule nature, donc. En grec, cela se dit « monophysisme ». Cette hérésie va être condamnée au concile de Chalcédoine, en 451, grâce à l’enseignement de saint Léon, l’évêque de Rome.!



Le monoénergisme et le monothélisme

En approuvant l’enseignement de saint Léon, le concile de Chalcédoine insiste sur le fait que dans le Christ, il y a deux natures unies, mais distinctes : la nature divine du Verbe, et la nature humaine que le Verbe de Dieu a assumée personnellement. Malgré cette insistance, la tendance à nier la nature humaine de Jésus continue de trainer en Orient.

Elle resurgit au VIIe siècle. Cette fois-ci, ce n’est plus tellement sur la « nature » humaine que porte l’erreur – autrement dit sur « ce qu’est » l’homme Jésus —, mais sur ses actes, ses opérations, ce qu’on appelle en grec ses « énergies ».

Puisque le concile de Chalcédoine a défini qu’il y a bien une nature humaine en Jésus, impossible de le nier. Mais on peut toujours dire que cette nature n’agit pas, n’opère pas. Bref, que la nature humaine de Jésus est court-circuitée, là encore, par la divinité du Verbe. Dans ce cas, les actes de Jésus, ne sont pas les actes d’un homme, mais les actes de Dieu seulement.

Et puis, si cette nature humaine n’agit pas, alors ses facultés ne fonctionnent pas non plus. Dans le Christ, donc, il n’y a pas de volonté humaine, mais seulement la volonté divine : c’est le « monothéisme » (en grec, « une seule volonté »).

L’Église va répondre à cette paire d’hérésies (monogénisme et monothéisme) par le Concile de Constantinople III, en 681. Elle va souligner que s’il y a bien une nature humaine en Jésus, alors, en conséquence, cette nature est pleinement consistante et agissante. Grâce à l’enseignement de saint Maxime le Confesseur, l’Église va définir que le Christ pose des actes humains, et qu’il les pose en homme libre, qui fait fonctionner sa volonté et son intelligence. Bref, que le Christ exerce une volonté humaine, parce qu’il est vraiment homme, en même temps que la volonté divine, parce qu’il est vraiment Dieu.



L’iconoclasme

C’est dans la ligne de toutes ces hérésies qui n’accueillent pas vraiment l’humanité du christ que se situe la dernière d’entre elles : l’iconoclasme, au VIIIe siècle.

Le raisonnement des iconoclastes reposait sur l’interdiction de représenter Dieu. La Bible, c’est vrai, est formelle





frère Sylvain Detoc

Frère Sylvain Detoc est docteur es lettres et spécialiste de saint Irénée.
Il est frère de la province de Toulouse, il enseigne à l'Institut Catholique de Toulouse. Il a publié
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(Cerf, 2022) et Petite théologie du Rosaire (éditions de La Licorne, 2020).



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Message par Lumen Dim 23 Juin 2024 - 13:50

Bonjour à toutes et tous

Quand l'Église énonce un dogme à propos de la Vierge Marie, elle éclaire en fait un aspect du mystère du Christ. Ainsi, la proclamation de Marie comme Mère de Dieu au concile d'Éphèse en 431 donne aux théologiens une occasion supplémentaire de dessiner le vrai visage de Jésus.

Pourtant, reconnaître Marie Mère de Dieu ne va pas de soi. L'évêque Nestorius proteste : ce n'est pas Marie qui produit la divinité de Jésus ! Perplexité, incertitude...

Heureusement, Cyrille d'Alexandrie surgit et donne la crépitante formule théologique qui éclaire et réconcilie. Le frère Sylvain Detoc nous explique l'union hypostatique : nous ne verrons plus jamais le Christ comme avant !

Suivez attentivement les explications du frère Sylvain dans cette vidéo pour réussir le quiz : 5 questions pour vérifier que nous nous sommes bien réapproprié notre foi.

Heureux de cheminer avec vous au fil de ces 6 semaines, je vous assure de ma prière fraternelle.

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4. Marie, une simple mortelle qui enfante Dieu




Marie, Mère de Dieu ?

Comment peut-on imaginer qu’une femme, une terrienne – une créature de Dieu, donc ! – ait pu sécréter la divinité de son enfant ? Allons allons : le créé ne peut pas produire l’incréé, comme le moins ne peut pas produire le plus, ni les ténèbres la lumière !

Pourtant, depuis des siècles, les chrétiens appellent Marie : « Mère de Dieu » (dans le « Je sous salue Marie », on dit : « sainte Marie, Mère de Dieu… »). Alors, l’Église permet-elle que la prière répète indéfiniment de telles erreurs ?

Nous sommes au début des années 430. Une controverse éclate autour des enseignements de l’évêque de Constantinople, Nestorius. Depuis longtemps, les chrétiens de langue grecque appellent Marie « Mère de Dieu », la Theotokos. On a retrouvé un papyrus égyptien, daté du IIIe ou du IVe siècle, sur lequel est écrite la plus vieille prière à Marie : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions… sainte Mère de Dieu »).

Nestorius n’admet pas cette expression. Selon lui, Marie ne peut pas être la « Mère de Dieu », celle qui a « enfanté Dieu » (c’est ce que veut dire littéralement le mot grec Theotokos). Car on affirmerait alors que Marie est une sorte de déesse mère, comme dans la mythologie, qui a mis au monde un petit, et ce petit est alors un autre Dieu…

En outre, comme Marie est une créature, elle ne peut pas avoir produit la divinité de son Fils. Seul Dieu peut engendrer Dieu. C’est d’ailleurs ce qui se passe éternellement dans la Trinité : le Père engendre le Fils dans la communion de l’Esprit Saint. Marie, elle, n’est pas Dieu. Elle n’a donc pas la capacité d’enfanter Dieu.



La christologie de Nestorius

À vrai dire, le problème que soulève Nestorius ne porte pas directement sur Marie. Il porte sur Jésus. Dire que Marie n’est pas la Mère de Dieu revient à dire que Jésus n’est pas Dieu.

Dès le début du christianisme, en effet, des groupes de chrétiens refusent d’admettre la divinité de Jésus.

Dans cette ligne, on trouve l’adoptianisme. Jésus n’est qu’un homme, mais un homme « adopté » par Dieu – comme l’empereur romain, à cette époque-là, adopte un fils et lui confère un rang royal. Jésus serait devenu fils de Dieu, il serait devenu Dieu, d’homme qu’il était.

Les « adoptianistes » pensent en général que c’est au moment du baptême de Jésus que Dieu l’a adopté.

Nestorius a une approche beaucoup moins grossière du mystère du Christ.  Mais le nestorianisme érode, lui aussi, la divinité de Jésus.

Pour Nestorius, Marie ne peut pas être la Mère de Dieu ; elle ne peut être que la mère de l’homme Jésus. On peut éventuellement l’appeler « Christotokos », celle qui a porté le Christ, et l’a mis au monde, mais pas « Theotokos ». Pourtant, cet homme qui est né de Marie a un destin exceptionnel, puisqu’il est uni au Verbe de Dieu depuis sa venue au monde.

La base du schéma de Nestorius, c’est la « conjonction ». Pensez aux « conjoints ». Deux personnes distinctes qui sont unies moralement, comme dans un mariage, qui s’entendent à merveille, au point d’aller toujours dans le même sens.

L’idée de Nestorius, on peut se la représenter sous la forme d’un tandem. Sur un même vélo, deux personnes pédalent dans le même sens. Ce vélo, pour Nestorius, ce serait le Christ. Les deux personnes qui avancent ensemble, ce seraient l’homme Jésus de Nazareth, d’une part, et, d’autre part, la deuxième personne de la Trinité, le Fils de Dieu. Bref, deux personnes dans le Christ, ou, pour parler comme les Grecs, deux « hypostases ».

Et c’est là que Nestorius déraille ! Le Christ n’est pas la conjonction de deux personnes. Pour l’Église, la foi reçue des apôtres confesse une seule personne dans le Christ, même si elle confesse deux natures dans le Christ, la nature divine du Fils éternel de Dieu, et la nature humaine que le Fils de Dieu a assumée dans le sein de Marie.



La réponse de Cyrille d’Alexandrie.

La résolution du problème va venir d’Égypte, où l’on s’émeut de ce qui se passe à Constantinople. C’est l’évêque d’Alexandrie, Cyrille, qui va apporter la solution théologique.

Le schéma de Cyrille repose sur l’explication suivante. Le Fils de Dieu subsiste personnellement dans la nature divine de toute éternité, n’est-ce pas ? Il est consubstantiel au Père. Il repose dans le sein du Père tout en étant distinct du Père. Eh bien, dans l’Incarnation, cette même Personne divine, tout en subsistant éternellement dans la nature divine, va commencer à subsister dans la nature humaine.

Une seule personne, donc, la même : le Verbe de Dieu. C’est à ce niveau-là, au niveau de la Personne du Verbe, que la christologie se noue en profondeur. Ce n’est pas le Père qui s’est incarné. Ce n’est pas l’Esprit Saint qui s’est incarné. Ce n’est pas la nature divine qui s’est incarnée. C’est la personne du Fils, le Verbe de Dieu, celui par qui toute chose est venue à l’existence !

Bref, si je reprends l’image du vélo, ce n’est pas d’un tandem qu’il s’agit. Il n’y a pas deux personnes sur le vélo. Il n’y en a qu’une : le Verbe de Dieu.



L’union hypostatique

Cyrille explique que les natures divines et humaines sont unies « selon l’hypostase » du Fils. C’est ce que les théologiens appellent l’« union hypostatique », ou, si vous préférez parler latin, l’union selon la Personne, l’union dans la Personne.

Dans le cas du Christ, le vélo est uni à la personne du cycliste d’une façon tellement inouïe qu’ils ne sont plus séparables. En Jésus, le cycliste – Dieu le Fils – fait corps avec le vélo – la nature humaine. Le Verbe s’est approprié le vélo d’une telle façon qu’on pourrait dire que le vélo est intégré au cycliste ! Il ne fait plus qu’un avec le cycliste. Pourtant, le vélo reste un vélo, le cycliste reste un cycliste. De même, dans le Christ, la nature humaine reste la nature humaine, avec un corps, une âme, une intelligence, une volonté, un libre-arbitre ; la Personne divine reste une Personne divine. Mais c’est bien cette personne-là, le Verbe de Dieu, qui s’est approprié l’humanité du Christ.



Conclusion : retour à Marie

La lettre de Cyrille à Nestorius sera lue et acclamée quelques mois plus tard au concile d’Éphèse, en 431. Désormais, tout chrétien devra confesser que Jésus, tout en étant « vrai homme », n’est pas quelqu’un d’autre que Dieu le Fils en personne.

Autrement dit : Dieu le Fils est né de Marie. Lui qui est engendré de toute éternité en Dieu, il a reçu de Marie, un jour, notre humanité. Bref, Marie est bien la « Mère de Dieu », puisque le petit garçon qu’elle a mis au monde dans la crèche n’est pas quelqu’un d’autre que Dieu le Fils.



L’iconoclasme

C’est dans la ligne de toutes ces hérésies qui n’accueillent pas vraiment l’humanité du christ que se situe la dernière d’entre elles : l’iconoclasme, au VIIIe siècle.

Le raisonnement des iconoclastes reposait sur l’interdiction de représenter Dieu. La Bible, c’est vrai, est formelle





frère Sylvain Detoc

Frère Sylvain Detoc est docteur es lettres et spécialiste de saint Irénée.
Il est frère de la province de Toulouse, il enseigne à l'Institut Catholique de Toulouse. Il a publié
plusieurs ouvrages : Déjà brillent les lumières de la fête (Cerf, 2023), La Gloire des bons à rien
(Cerf, 2022) et Petite théologie du Rosaire (éditions de La Licorne, 2020).



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Message par Lumen Dim 30 Juin 2024 - 13:59

Bonjour à toutes et tous

S'il y bien une hérésie qui court depuis 2000 ans, c'est celle qui voit dans l'Église une institution aliénante, dépassée, qui trahit le message des Béatitudes. Il y aurait d'un côté, les saints, les héros et les purs, de l'autre, les fonctionnaires de Dieu, les ratiocineurs.

Le frère Sylvain nous montre la différence entre une institution humaine et un corps irrigué par l'Esprit Saint : l'Église, Corps du Christ. Comme l'affirmait Jeanne d'Arc à ses juges : « Le Christ et l'Église, c'est tout un. »
Suivez attentivement les explications du frère Sylvain dans cette vidéo pour réussir le quiz : 5 questions pour vérifier que nous nous sommes bien réapproprié notre foi.

Heureux de cheminer avec vous au fil de ces 6 semaines, je vous assure de ma prière fraternelle.

frère Philippe Verdin, op




5. L’Église, une institution sclérosée ?




« Jésus annonçait le Royaume, et c'est l'Église qui est venue »

Vous connaissez peut-être cette boutade d’Alfred Loisy, un théologien du début du XXe siècle. On l’utilise pour évoquer la tension qu’il y a entre « le charisme et l’institution. »

D’un côté, il y aurait le Royaume, avec ses grandes figures, ses prophètes, des gens qui ont un magnifique charisme, l’abbé Pierre, Sœur Emmanuelle... De l’autre, il y aurait l’institution, avec son clergé, ses dogmes, ses rites et ses routines. L’Église des prophètes et des héros, je veux bien. Mais l’Église des curés, non merci !

Derrière cette approche de l’Église, se cache une attitude qui a fait le lit de nombreuses hérésies depuis deux mille ans. Alors, que veut dire cet article du credo : « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique » ?



Le montanisme

Remontons au IIe siècle, en Turquie. C’est là que naît un mouvement charismatique, issu de la prédication d’un certain « Montan », qu’on appelle le « montanisme ».

Il rejette l’institution transmise par les apôtres et se fie aux seules inspirations de l’Esprit Saint.

C’est un christianisme qui exalte les charismes : la prophétie, mais aussi l’ascèse, le célibat et le martyre. Des chrétiens qui parlent au nom de Dieu, qui jeûnent, qui restent vierges, ou célibataires, et qui versent leur sang, ça fait plus d’effet, avouons-le, que des évêques qui paraissent mous et pâlichons, engoncés dans les structures ecclésiales…



Saint Cyprien et les confesseurs de la foi

Cette tension entre l’Église institutionnelle et les figures charismatiques rejaillit quelques années plus tard en Afrique du Nord, à Carthage. L’évêque du lieu, Cyprien, doit intervenir pour rappeler l’enseignement reçu des apôtres et de leurs premiers successeurs, Clément à Rome ou Ignace à Antioche. Cet enseignement, c’est qu’on aurait beau être bourré de charismes, on ne peut pas être en communion avec l’Église si l’on n’est pas communion avec les apôtres et leurs successeurs, c’est-à-dire l’évêque du lieu.


Cathares, réformés…

Depuis cette époque, bien des mouvements de ce genre ont traversé la vie de l’Église. Ainsi les Cathares du XIIIe siècle, dans le Midi de la France. Des chrétiens qui veulent un christianisme plus évangélique, plus authentique, et qui se détachent de l’Église institutionnelle, en critiquant la faiblesse du clergé, sa misère morale. Il faut dire qu’ils n’ont pas tout à fait tort…

C’est la même source que la Réforme de Luther et de Calvin, au XVIe.

L’idée de tous ces mouvements internes à la vie de l’Église est la même : revenir à la pureté des origines. Comment ? En prenant ses distances avec les successeurs des apôtres, avec leurs défaillances, et avec ce qu’on pense être des inventions humaines...



Un exemple plus parlant : le joachimisme

En la matière, il y a un mouvement du Moyen Âge qui naît de ce désir de pureté et qui va déboucher sur une hérésie connue sous le nom de « Joachimisme ». Joachim de Flore est un moine du XIIe siècle. Il est l’inventeur d’une théologie de l’histoire singulière. L’histoire des hommes se déroulerait en trois temps, qui correspondent aux trois personnes de la Sainte Trinité. L’âge du Père fut celui de l’Ancien Testament. L’âge du Fils fut celui du Nouveau Testament. C’est l’âge de Jésus, des apôtres et de l’Église institutionnelle fondée par eux.

Mais vient un troisième âge, celui de l’Esprit Saint, où les saints seront guidés directement par l’Esprit ; il n’y aura plus besoin de l’institution. Au XIIIe siècle, des franciscains vont se fonder sur cette doctrine pour prétendre que cet âge est arrivé. Pour ces religieux pleins de ferveur, le temps de l’Église, avec son clergé faiblard et corrompu, est fini. Plus besoin d’Eglise. Cette doctrine est réfutée dès 1215, au concile de Latran IV.



L’Église et son personnel

Dire que l’Église catholique est une société humaine, c’est parfaitement vrai. L’Église est faite de femmes et d’hommes – un peu moins d’un milliard et demi d’après les statistiques – comme n’importe quelle société.

Comme dans toute société humaine, l’Église a des règles de fonctionnement et même un droit qui lui est propre. Elle a aussi son « personnel », ses « ministres », comme on dit à propos des hommes qui ont donné leur vie pour être les serviteurs du corps ecclésial.

Mais si on en reste à ce plan de la vie de l’Église, on risque de confondre l’Église avec une administration, une réalité juridique, bref, une institution au fonctionnement mécanique. Or, les apôtres et les Pères de l’Église parlent, eux, le langage du vivant. L’Église n’est pas un mécanisme, mais un organisme : un corps vivant, qui se déploie dans l’espace et dans le temps, et qui donne à voir d’une manière mystérieuse Jésus-Christ à l’œuvre dans l’histoire des hommes.

Le regard de l’historien, du sociologue ne pénètre pas ce niveau de réalité. C’est un peu comme à propos de Jésus lui-même : pour la plupart de ses contemporains, Jésus n’était qu’un homme comme les autres. Ceux qui l’ont crucifié ne se sont pas dit qu’ils torturaient le Fils de Dieu bien sûr. Seule la lumière de la foi permet de voir en Jésus le Verbe de Dieu.

C’est pareil pour l’Église. Sans la lumière de la foi, l’Église est une société humaine comme une autre. Mais sous la lumière de la foi, l’Église c’est Jésus ! C’est Jésus-Christ continué. C’est le corps vivant du Christ étendu à tous les lieux et à tous les temps.

L’image n’est pas nouvelle. Elle a été forgée par saint Paul. Il parle de l’Église comme du Corps du Christ. Ce corps, dit l’apôtre Paul, n’a qu’une tête, c’est Jésus lui-même ; il est animé par une seule âme, c’est l’Esprit Saint. Mais ce corps est composé d’autant de membres que de baptisés. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer dans ce corps, un rôle qui n’est pas interchangeable. Pour accomplir cette mission, chacun reçoit de l’Esprit Saint les dons, les « charismes », qui conviennent à sa mission.

C'est de cette manière que l’Église doit être ressentie. Au début du IIe siècle, saint Ignace d’Antioche parle des apôtres et de leurs successeurs comme des « ligaments » qui maintiennent la cohésion du corps de l’Église. C’est à travers eux que chaque membre de l’Église est relié, ici et maintenant, au Christ tête.



Conclusion

Aux yeux de nos contemporains, l’Église se réduit souvent à sa manifestation humaine. Comme tous les autres groupes humains, elle n’est qu’une société de plus. Au mieux, elle ressemble à une association de bienfaisance ; au pire, à une société bizarre dont il faut se méfier.

Le regard de la foi nous invite à dire « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». Sous ce regard-là, l’Église a beau être une réalité parfois navrante au point de vue humain, elle est un mystère d’une profondeur inouïe, qui traverse l’espace et le temps, qui nous dépasse et nous entraine !





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Message par Lumen Dim 7 Juil 2024 - 14:56

Bonjour à toutes et tous

Guidés par le frère Sylvain Detoc, nous avons vérifié l'orthodoxie de notre foi au fil de ces dernières semaines !

Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai révisé de nombreux aspects du mystère de Jésus : son humanité, sa divinité, sa proximité…

Heureux d'avoir vaincu avec vous les microbes hérétiques grâce à la recette détoxifiante du frère Detoc, je rends grâce à l'Esprit Saint qui ne cesse de guider nos intelligences..


frère Philippe Verdin, op



6. Cinq antidotes contre les hérésies




Nous avons vu comment l’Église a grandi dans la foi en luttant contre les hérésies. Comme l’a dit saint Augustin, les hérésies ne sont pas la « cause » du progrès de la foi, mais une « occasion ».

Pas la cause ? En effet, la cause de la foi, c’est Dieu lui-même. Il agit par sa grâce au-dedans de nos cœurs, il nous éclaire. Mais les épreuves que nous traversons dans la foi, comme les hérésies, sont des « occasions » d’approfondir notre foi, de la préciser, de l’expliciter.

Cette explicitation repose sur cinq points.



La Parole de Dieu dans l’Écriture Sainte.

Impossible qu’un énoncé de foi contredise la cohérence de ce qu’on lit dans la Bible. Comme dire qu’il y a plusieurs dieux, ou que Jésus n’est pas né d’une vierge, ou encore qu’il n’est pas vraiment mort ou pas vraiment ressuscité... Impossible ! L’Écriture – l’Ancien et le Nouveau Testament – est la norme absolue de notre foi.


Saint Cyprien et les confesseurs de la foi

Cette tension entre l’Église institutionnelle et les figures charismatiques rejaillit quelques années plus tard en Afrique du Nord, à Carthage. L’évêque du lieu, Cyprien, doit intervenir pour rappeler l’enseignement reçu des apôtres et de leurs premiers successeurs, Clément à Rome ou Ignace à Antioche. Cet enseignement, c’est qu’on aurait beau être bourré de charismes, on ne peut pas être en communion avec l’Église si l’on n’est pas communion avec les apôtres et leurs successeurs, c’est-à-dire l’évêque du lieu.


La Tradition vivante de l’Église.

Le problème, c’est que l’Écriture doit être interprétée. Beaucoup d’hérésies proviennent d’une lecture sélective ou tordue de la Bible. Qu’est-ce qui nous garantit qu’on interprète la Bible correctement ? Eh bien, joue ici ce qu’on appelle la Tradition vivante de l’Église.

« Tradition », en latin, signifie « transmission ». L’Église transmet des textes sacrés, c’est vrai, mais elle transmet aussi les principes d’interprétation de ces textes. Et c’est toute cette transmission qui est assistée par l’Esprit Saint !

En clair, l’Esprit de Jésus assiste l’Église depuis le début. Il assiste tout particulièrement les successeurs des apôtres, et le successeur de Pierre. Il équipe les évêques des charismes nécessaires afin qu’ils interprètent bien l’Écriture et conduisent l’Église à travers les crises qu’elle traverse. C’est ce qui se passe quand les évêques et le pape se rassemblent en concile.



Les théologiens

Les évêques ne sont pas les seuls garants d’une saine doctrine. L’Esprit Saint produit aussi des fruits dans l’intelligence des croyants, et notamment chez les théologiens.

Le théologien le plus réputé, le dominicain saint Thomas d’Aquin, n’était pas évêque. Et saint Maxime le Confesseur, au VIIe siècle ? Il n’était pas même diacre ou prêtre ! Mais l’Église a reconnu dans l’enseignement de ce moine une lumière particulière. Le Pape Martin ne s’est pas privé de consulter Maxime sur des questions épineuses de théologie.

C’est ce qui se passe aujourd’hui encore. L’Église demande aux théologiens de réfléchir sur certains points de la foi pour éclairer les décisions que les pasteurs doivent prendre.

Or les théologiens ne sont pas infaillibles. Ils ont des opinions qui ont besoin d’être décantées, affinées – rejetées aussi, parfois, quand elles ne s’accordent pas avec la foi. Ce qui permet ce travail, c’est le débat théologique, sous le regard bienveillant des évêques. Ce sont les évêques qui ont la mission de protéger et de conduire le peuple de Dieu, pas les théologiens.



L’expérience des saints et des mystiques

Rassurez-vous ! Le discernement des évêques n’est pas éclairé que par des intellectuels. Il faut mentionner l’expérience des saints et des mystiques. Les lumières de l’Esprit Saint passent d’abord par des cœurs ouverts à l’amour de Dieu ! Souvent, ce sont des humbles que l’Esprit éclaire en premier, même sur des points de doctrine délicats. Regardez sainte Thérèse de Lisieux ! Elle est docteure de l’Église ! L’enseignement de cette carmélite normande morte à 24 ans met au premier plan la bonté, la miséricorde de Dieu. Thérèse en avait l’expérience, elle qui se trouvait faible par rapport aux grands saints qu’elle admirait. Le rayonnement de Thérèse est immense ! Si elle n’avait pas été là pour nous rappeler que Jésus nous appelle à nous laisser aimer par Dieu malgré nos fragilités, une bonne part de l’Église pataugerait encore dans le jansénisme. Vous savez, cette approche sombre du christianisme qui exclut du salut l’immense majorité des gens et le réserve à une élite.


Le sensus fidei

Enfin, même les chrétiens du quotidien jouent un rôle dans le discernement de la vraie foi. C’est ce qu’on appelle le sensus fidei : « le sens de la foi ». C’est cet instinct surnaturel qui permet aux baptisés, lorsqu’ils entendent quelque chose de tordu, fût-ce dans la bouche d’un grand théologien ou d’un évêque, d’avoir une réaction instinctive de rejet. C’est ce qui s’est passé, par exemple, avec les homélies d’Arius. Le peuple de Dieu s’est ému, et cette émotion a été discernée comme légitime par les pasteurs de l’Église.

Bref,

- parce qu’elle lit la Parole de Dieu,
- parce qu’elle n’oublie jamais la Tradition vivante des Pères
- parce qu’elle s’appuie sur le travail des théologiens
- et l’expérience des mystiques
- et parce qu’elle écoute ce que l’Esprit dit aux fidèles, l’Église peut discerner la vérité, rejeter les erreurs véhiculées par les hérésies, tout en approfondissant sa connaissance infaillible du mystère de Dieu.





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