Devenir libre de nos peurs

par Lumen Dim 23 Juin 2024 - 18:51

Devenir libre de nos peurs

Lorsque l'angoisse nous étreint, miser sur la confiance en Dieu et la présence de Jésus à nos côtés, voilà qui allège le fardeau des épreuves. Une chronique du Père Paul-Marie Cathelinais, frère dominicain du couvent de Nice.

Devenir libre de nos peurs Providence

Corinne SIMON/CIRIC

Jésus ne nous promet pas de nous éviter toutes les tempêtes de notre vie : la perte d’un travail que l’on adorait, l’annonce fatale du médecin, l’arrivée d’un enfant dans des conditions impossibles, une rupture amoureuse, la dérive incontrôlable d’un fils. Que l’on roule en Rolls-Royce ou en 2 CV, l’angoisse est inévitable. L’argent n’y changera rien. Dieu Lui-même semble nous abandonner. Face à ces peurs, l’homme propose bien des thérapies. La fuite dans les plaisirs est sans doute la première des solutions. Certains d’entre eux sont mortifères, d’autres seront temporaires.

La détente, dans tous les cas, permettra à l’arc de ne pas se briser, rappelleront, quant à eux, les Pères du désert. On conseillera bien souvent une aide chimique, car l’angoisse est comme la boule de neige entraînant le capitaine Haddock dans Tintin au Tibet : elle se nourrit elle-même et exagère le mal à mesure qu’elle le redoute. La médecine est en effet bénie, à condition qu’elle sache dire ses limites. Tout cela permettra de tenir, dans la mesure où le temps est le plus souvent notre allié. On proposera une psychanalyse pour remettre les choses en perspective.

Les blessures qui amplifient l'angoisse

La peur est effectivement proportionnelle à la grosseur du mal qui menace le bien que je désire. On interrogera la valeur de ce bien désiré. Est-ce si important ? Pourquoi le désirais-je autant ? On ira même jusqu’à comprendre les blessures qui amplifient l’angoisse ; celles de l’erreur, du rejet, de l’échec ou celle de l’abandon. Très bien ! Rien n’est plus salutaire que d’affronter enfin ses frayeurs les plus profondes. Sans doute est-ce là le seul bienfait psychologique de ces tempêtes : devenir libre de nos peurs.

« Ma grâce se déploie dans ta faiblesse »

La spiritualité, elle, fera la promotion de l’abandon, du détachement, de l’attention au temps présent. Cette dernière prendra principalement deux formes : l’orientale ou l’occidentale. L’orientale et son cortège ésotérique viseront l’indifférence, l’impuissance, le « rien du tout », et le « ni bien ni mal ». L’occidentale prêchera un plus grand attachement au souverain Bien auxquels tous les autres sont liés. Le monde deviendra relatif, non parce qu’il est sans importance, mais parce qu’il renvoie à un bien plus grand : Dieu – et sa Providence. Mieux ! Il s’appelle Jésus, Dieu sauve, non pas seulement là-haut dans le Ciel, mais aussi sur la Terre et même sur la mer – là où les solutions de la Terre ne suffisent plus.

La confiance en Dieu : voilà le message de l’Évangile. Ce jour-là, c’est parce qu’ils avaient pris Jésus avec eux dans la barque avant de commencer la traversée que les disciples ont été sauvés. Avoir Jésus avec nous est la meilleure garantie contre les tempêtes de la vie. Par la pratique des sacrements, la prière, le service du prochain… Alors Jésus nous donnera ces mêmes moyens humains et spirituels : « Ma grâce se déploie dans ta faiblesse. » Dès lors, Seigneur, « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » !

Père Paul-Marie Cathelinais
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