De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
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De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
a)Le Père Jean Joseph Gassner 1727- 1779
.
.Il fut incontestablement le prêtre le plus célèbre de sa génération. Il fut ordonné en 1750. Peu de temps plus tard, il commença à souffrir de troubles inexpliqués : céphalées, vertiges, Ces troubles survenaient particulièrement pendant la Messe. Il décida de pratiquer sur lui l'exorcisme, ce qui lui permit de recouvrer la santé. Ce cas vaut d'être signalé par son originalité. En 1758, il décida donc de se spécialiser dans le ministère d'exorcisme. En quelques mois il accomplit un nombre de guérisons considérable. Les exorcismes étaient publics ce qui augmenta sa notoriété, notamment auprès de personnages puissants comme l'évêque Fugger de Ratisbonne. Mesmer attribua beaucoup de ses guérisons au magnétisme.
b)Le curé d'Ars 1786 -1859
Tout le monde à en mémoire les sévices dont fut victime Saint Jean Marie Vianney (1786-1859), autrement dit le curé d'Ars, qui deviendra en quelque sorte le modèle des prêtres. Devant les cas de possession qui lui était soumis, il répondait souvent: "il y a un peu de folie un peu de grappin". Ce grappin, surnom donné au démon se manifesta durant trente cinq ans dans son presbytère par diverses tracasseries. Chaque nuit, la poignée de porte était agitée, on entendait les rideaux se déchirer, des cris retentissaient. Les témoins ont été effrayés Au cours de l'hiver 1824 1825, selon le chanoine Trochu qui se fit le biographe du curé d'Ars, on put entendre dans le Presbytère de véritables meuglements et rugissements. Des langues de feu apparurent sur les murs. Un tableau représentant l'annonciation fut maculé de boue à plusieurs reprises. Le lit du curé brûla sans explication valable. Des objets se déplacèrent sans être mus par des mains humaines. Le médecin psychiatre Alain Assailly a pu se poser la question de savoir si le curé d'Ars était doué de facultés médiumniques. Le curé d'Ars guérit des possédés sans recourir à l'exorcisme mais par la simple puissance de la prière. Il bénéficia cependant d'une autorisation spéciale d'exorciser conférée par son évêque, Monseigneur Devie. Un jour le démon se manifesta par un incendie. Nous consacrerons un chapitre à la démonologie dans ses rapports avec l'action sur les éléments. Le saint curé ne s'y trompa point et vit dans cet incendie une future moisson d'âmes. Il est aussi intéressant de signaler que le curé d'Ars admettait que le démon pouvait se présenter à tel ou tel de ses paroissiens sous une apparence humaine. Il révéla ainsi à une de ses pénitentes qu'elle avait rencontré le démon lors d'un bal.
c)Soeur Marie de Jésus Crucifié (1846- 1878)
.Un cas de moniale victime des sévices du démon est moins connu. Il est pourtant fort spectaculaire. C'est celui de sainte Marie de Jésus Crucifié (1846 -1878 ) Mariam Baouardy , carmélite de Palestine qui naquit dans une famille grecque catholique. Elle mènera une vie aventureuse qui la conduira en Egypte au Liban puis en France. Elle se fera religieuse chez les sœurs de Saint Joseph de l'Apparition ou elle recevra les stigmates puis partira fonder un carmel à Mangalore en Inde puis un autre carmel à Bethléem. Elle connut de nombreux phénomènes mystiques : prophéties, visions, guérisons miraculeuses, bilocations, lévitations, transverbérations . Elle vécut des périodes de possession par le Démon. Ces manifestations se produisirent en particulier au carmel de Pau ou elle se mit à parler un langage inconnu :"le Konkani" et connut la tentation du blasphème et divers obsessions accompagnées d'une impulsion suicidaire. Sa possession dura quarante jours et elle se manifestera par intermittence tout au long de sa vie.
d)Saint Jean Bosco (1815- 1888)
Saint Jean Bosco (1815-1888) fut par exemple en février et mars 1862 victime de persécutions diaboliques. Durant des nuits d'insomnie, il entendait des coups de marteau sous son oreiller, voyait sa table de travail s'élever toute seule, ou avait l'impression qu'une main invisible passait une plume sous son nez. Il eut une vision du démon et son lit fut soulevé à bonne hauteur pour retomber avec violence.
e)Le Père Lamy (- 1892)
Le comte Paul Biver a écrit un livre sur le curé Lamy , qui mena une vie sainte à la Courneuve prés de Paris et mourut en 1931.Paul Biver ,licencié es sciences n'était pas homme à se laisser abuser. On lui doit un ouvrage intitulé " Apôtre et mystique le Père Lamy". Cet humble prêtre eut des apparitions du démon et déclara :"on n'a qu'a voir le diable pour deviner toute sa puissance" puissance que précisément, selon lui, Bernanos sous-estima dans son roman pourtant magistral "sous le soleil de Satan" Le Père Lamy s'entretenait avec les anges fidèles et les anges déchus. Un jour il insulta Lucifer par ces mots : ah! La sale bête! Saint Gabriel le reprit:" n'oubliez pas que c'est un archange! ".
f)Sainte Gemma Galgani (1878- 1903)
Cette jeune fille d'une beauté angélique naquit en Italie où son père exerçait la profession de pharmacien. Elle perdit sa mère à sept ans et son frère séminariste en 1894. Elle fut atteinte d'une maladie de l'épine dorsale qui la faisait atrocement souffrir. Malgré cela, elle se livra à l'oraison perpétuelle. Elle fit la connaissance d'un Père Passionniste : Germanisé Ruopollo. En 1901, elle entreprit son autobiographie. En 1902, elle s'offrit en victime pour le salut du monde. Elle commença alors à vivre en recluse tout de noir vêtue. Elle connut de nombreux phénomènes mystiques: stigmatisation, locutions du Christ ou de la Vierge et subit de multiples sévices diaboliques. Au Sanctuaire de Montligeon dans le Perche, cette sainte est particulièrement vénérée par une communauté de religieuses Passionnistes à vocation charismatique. Une des sœurs a pour nom " Sœur Gemma".
g)Marie Julie Jahenny (1850 1941)
Marie Julie Jahenny vécut au hameau de la Fraudais prés de Blain (du dieu celtique Belenus) en Loire Atlantique. Nous eûmes la chance de visiter sa maison en 1977. Un prêtre, un peu en rupture avec l'évêque du lieu bien qu'il utilisât la liturgie de Paul VI, le Père Bourcier vivait à cet endroit qu'il avait restauré en aménageant notamment un chemin de Croix dans le jardin de la maison. En 1873, Marie Julie Jahenny, fut guérie miraculeusement et soudainement d'un cancer à l'estomac. Elle bénéficia d'apparitions de la Sainte Vierge qui lui demanda de se faire victime et de recevoir les cinq plaies qui lui seront conférées par le Christ au cours d'une vision. Désormais, chaque vendredi, elle revivra la Passion. Le 24 décembre 1875, elle entamera un jeune de cinq ans. A partir de 1880, elle perd l'usage de la parole qu'elle ne retrouvera que lors des extases. Son histoire nous a été transmise grâce en partie au marquis de la Franquerie, historien légitimiste. Pierre Roberdel a publié de nombreux ouvrages à son sujet, dont nous fîmes d'ailleurs l'acquisition auprès du Père Bourcier avec le plus grand intérêt. Dans ces livres, il est questions des messages et des prophéties reçues, qui sont d'ailleurs fort troublantes mais aussi des sévices démoniaques qu'elle dut subir. Saint Raphaël se présenta à elle en lui offrant une goutte du sang du Christdans une fiole. L'odeur qui s'en dégageait était infecte. Il s'agissait bien sur du démon déguisé en ange de lumière selon l'expression de Saint Paul. Elle appelle le démon "Quéquét". Elle eut aussi des visions étranges de montres qui étaient probablement là encore des démons.
h)Soeur Yvonne Aimée de Jésus (1901 1951)
Yvonne Beauvais est connue sous le nom de sœur Yvonne Aimée de Jésus. Elle devint augustine à Malestroit dans le centre de la Bretagne. Les abbés Labutte et Laurentin nous ont livré sa biographie. Elle possédait des charismes stupéfiants dont celui de bilocation. Les manifestations diaboliques abondent dans sa vie.. Le dossier contient un millier de pages qui ont été confiées à un exorciste expérimenté. .Le Père de Tonquédec, exorciste à l'archevêché de Paris, grand philosophe et grand intellectuel, ne sut pas toujours lui venir en aide à bon escient. Pourtant les sévices du démon étaient évidents. Ainsi, des témoins ont vu l'impact des coups et blessures que le démon lui infligeait se former sous leurs yeux. Elle fut très malade dans sa jeunesse et subit une scarlatine et une paratyphoïde très grave. Le 11 juin 1922, fête de la Trinité, elle eut l'impression d'un embrasement mystique. Sur l'ordre de son directeur de conscience, le père Crété, elle rédigea un journal de 1922 à 1929 dans lequel elle fait part des charismes stupéfiants dont elle est bénéficiaire et particulièrement celui de bilocation. Elle biloquait pour aller chercher des hosties qui avaient été subtilisées dans un but de profanation et parfois par des prêtres sataniques. Il arrivait que ce soit un ange, nommé Lumen, qui les lui amena. Un de ses biographes le Père Labutte fut ainsi témoin de la matérialisation d'une hostie sur une branche d'arbre. Les faits ont été photographiés et ces documents ont été publiés dans une monumentale biographie de cette sœur. Nous eûmes l'occasion , mon épouse et moi de nous rendre sur les lieux de ce phénomène qui nous fut raconté par l'une des quelques religieuses qui habitent ce domaine, ancienne propriété du Père Labutte. L'impression fut plus que troublante……. (comme à Dozulé ???)
i)Le Padre Pio( 1887- 1968) ( A l'époque où j'écrivis ce texte, il n'était pas encore canonisé.)
Parmi les grands mystiques thaumaturges de notre époque, l'un des plus célèbres et à juste titre est aujourd'hui le Padre Pio. De nombreuses biographies lui ont été consacrées surtout depuis sa canonisation. Le livre qu'a écrit le professeur Lesourd à son sujet est ancien (éditions France Empire 1970). Il n'en est pas moins très intéressant et contient de nombreux témoignages que nous retrouvons aussi chez Maria Winowska, Ennemond Boniface ou Joachim Bouflet. On sait maintenant que la vie du Padre Pio qui fut favorisé de grâces mystiques absolument extraordinaires fut aussi un combat contre le démon. Dans la préface de son ouvrage, le professeur Lesourd écrit que " par son sacrifice et le sacrement de pénitence qu'il distribua, il fut un perpétuel rappel que l'humanité ne serait sauvée que grâce à la vertu et aux souffrances de quelques êtres exceptionnels." L'enfance du Padre Pio fut marquée par la maladie, les fièvres .Il pleurait sans cesse la nuit et d'énervement son père, qui n'était portant pas un méchant homme, le jeta sur le sol alors qu'il n'était qu'un bébé. A partir de ce moment, il ne pleura plus mais on peut penser qu'il éprouvât un sérieux traumatisme. Il entra chez les capucins en 1903 et fut ordonné prêtre en 1910. Au mois de septembre de la même année, il ressentit les stigmates invisibles. Ses mains, ses pieds, son coté sont marqués par des plaies .De surcroît, il est atteint de la tuberculose. Satan commence à le battre à mort chaque jour à l'exception du mercredi. Il efface l'écriture d'une lettre, fait une énorme tache sur une autre missive importante. La nuit, le Padre Pio est arraché de son lit pour être molesté sérieusement. Le matin, les frères découvrent ses draps inondés de sang. Il est intéressant de noter que les fréres, eux mêmes s entendaient presque chaque soir de fortes détonations provenant de la cellule du Padre. Certains pensaient à l'interventions d'un esprit et d'autres à la simple manifestation de forces électromagnétiques. (Des détonations se produisent aussi lors d'apparitions mariales) La terreur finit par régner dans le couvent. Un évêque en visite fut effrayé et partit précipitamment sans rien tenter. Chaque pièce du bâtiment fut exorcisée et le Padre Pio avoua que les détonations marquaient la fin de la lutte avec un démon de laquelle il sortait en sueur et épuisé. Pour combattre le démon, qu'il appelait Barbe Bleue, le Padre avait recours au chapelet et il était aussi gratifié de dialogues avec Jésus dans le paradis, ainsi que de l'assistance de la Vierge Marie et du " petit ange" que l'on suppose être son ange gardien. . Nous avons son témoignage concernant une nuit de juin 1912 où il fut éprouvé de 10 heures du soir à cinq heures du matin:" Quand cette brute s'en alla ,le froid m'envahit de la tête aux pieds . Je tremblais comme un roseau exposé à un vent impétueux. Cela dura environ deux heures, du sang sortit de ma bouche. A la fin vint le petit enfant Jésus à qui je dis de vouloir faire seulement sa volonté. Il me consola et me remit des souffrances de la nuit. Oh! Mon Dieu, comme battait mon cœur, comme mes joues étaient en feu auprès de ce céleste enfant...Si je pouvais avoir des ailes, je voudrais à tous dire à haute voix, je voudrais hurler : Aimez Jésus qui est digne d'Amour." Le Padre Pio vint pour la première fois à San Giovanni Rotondo en juillet 1916 dans la province de Fogia. Il est curieux de considérer que cette localité se trouve à proximité du Monte Gargano où l'archange Saint Michel apparut pour la deuxième fois le 8 mai 480. Sa première apparition remarquée dans l'histoire chrétienne fut celle à l'empereur Constantin à qui il prescrivit de placer la croix sur le labarum des ses armées. On connaît les charismes fort étonnants du Padre Pio, communs à de nombreux saints il est vrai, dont nous avons des illustrations par d'innombrables faits: guérisons, émissions de parfums, bilocation, lecture dans la pensée et les cœurs, voyance, dons, des larmes, prophéties. Le Père Jean Derobert ( victime d'un phénomène fort étrange de nos jours???)qui a bien connu le Padre, et en a écrit une biographie, nous a laissé le récit d'un exorcisme: nous avons trouvé une sorte d'enfant loup qui courait la campagne et hurlait comme un animal. Il était âgé d'à peu prés 18 ou 20" ans. Il était appuyé à l'un des piliers de l'Eglise regardant fixement devant lui. A quelques pas, à genoux une paysanne de la région vêtue de noir, le visage baigné de larmes : sa mère. Elle nous demanda de bien vouloir conduire son fils à Padre Pio. Je conduisis le jeune homme grognant et hurlant à la sacristie……..Le visage du Père se glaça. Il se mit à tancer vertement Satan qu'il appelait par son nom, tandis que lorsqu'il s'adressait à l'homme lui même, il devenait beaucoup plus doux. Finalement, Il traça sur lui une large bénédiction sans le toucher et s'en alla. Dans l'après midi nous apprenons que le fameux possédé s'est enfui tout seul en direction de Foggia. La mère totalement affolée fait venir Padre Pio qui la rassure: "Demain il sera là ! Le lendemain le Père Derobert doit servir la messe du Padre. A 4H45, le Padre, accompagné d'une foule qui lui fait escorte, monte vers l'église en pataugeant dans la neige. Etrangement il conduit le possédé de la veille. La stupeur est grande chez le prêtre français lorsque, arrivé dans l'Eglise, il constate que le Padre Pio est déjà arrivé .Alors il comprend qu'il a vu le Padre Pio en bilocation, avec d'ailleurs le visage un peu tuméfié, résultat de son combat contre le démon. Les démons se livraient envers le Padre Pio à toute sorte de maléfices: Son verre d'eau se changeait en verre d'encre. Un texte écrit s'effaçait mystérieusement..
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j) Marthe Robin 1901 1981
Le médecin neuropsychiatre Jean Assailly nous a donné une étude scientifique très précise sur le cas de Marthe Robin. Il a été témoin en personne des brutalités incroyables du démon. En 1953 il se trouvait à Chateauneuf avec le Père Finet et Marthe lorsque:" elle a eu comme un râle et a été projetée sur sa gauche comme si une main invisible lui tenait le cou. Sa tête venait heurter et à coups redoublés contre le petit meuble qui se trouvait là. J'ai fait d'instinct ce que beaucoup d'autres auraient fait à ma place. J'ai plongé en essayant de lui tenir les épaules et en disant : Père, il va la tuer !"
k). Madame " R" ( Rolande) ( 1911 2000)
L'abbé Laurentin nous a donné à lire l'histoire de Rolande, ( Rolande Lefefvre) dans " la passion de Madame R, journal d'une mystique assiégée par le démon". Ce journal est d'une lecture passionnante et poignante. Cette personne se situe dans les classes moyennes de la sainteté, les braves gens qui resteront toujours inconnus et ne seront jamais canonisés, nous dit l'abbé Laurentin dans sa préface.L'histoire de Rolande est pourtant stupéfiante à plus d'un titre. Après la mort de sa mère, elle fut, toute jeune enfant persécutée par la seconde femme de son père qui par exemple l'enfermait à la cave des journées entières. Elle est assaillie par des tentations suicidaires, frappée d'une maladie de cœur dont elle guérira miraculeusement à Lourdes. Cette maladie avivera d'ailleurs sa sensibilité et son anxiété. Elle se marie en 1939 et connaît une nuit spirituelle qui durera 16 ans. Elle aura trois enfants. Une de ses petites-filles sera atteinte d'un cancer au cerveau. Le livre du Père Marie Eugène, "Je veux voir Dieu" (livre de référence des mystiques catholiques contemporains) vont lui permettre de mieux comprendre les étapes de sa vie spirituelle. Elle parviendra en 1972 dans les sixièmes demeures (voir infra la description des demeures mystiques de sainte Thérèse d'Avila) mais sera la proie d'attaques démoniaques incroyables se manifestant par des crises de diarrhées, quoiqu'elle soit inédique, des sensations de froid intense, des pertes de mémoire, des tentations suicidaires, des crises violentes de désespoir. Il est à noter que l'inédie de Rolande a été contrôlée scientifiquement et de façon très rigoureuses, notamment sous la direction du professer Bour à l'hôtel Dieu. Les sévices démoniaques sont absolument stupéfiants. Elle est littéralement obsédée et l'abbé Laurentin préfère employer l'expression "assiégée". Elle fera l'expérience de l'union transformante, des septièmes demeures du château de l'âme. Après ce mariage spirituel, elle reçoit la mission de tout donner à Dieu pour la sainteté des prêtres, qui sont d'ailleurs les cibles privilégiées du démon. L'abbé Laurentin explique que devenant leur bouclier, elle se voit aussi chargée de leurs fardeaux. Les souffrances physiques vont l'accabler. Durant trois ans, elle connaîtra maladie du cœur, de la thyroïde, tuberculose ganglionnaire Elle ne pourra plus vivre que dans un fauteuil ou allongée. Dieu lui demande deux ans après le mariage spirituel de ne plus manger ni boire ni absorber le moindre médicament. C'est alors que le démon va particulièrement se déchaîner. Nous sommes en 1975 et deux ans plus tard Rolande sera stigmatisée, le vendredi saint 8 avril 1977 exactement. Il faut remarquer que "l'union transformante " qui est en quelque sorte le sommet de la vie mystique, est aussi marquée par les assauts du démon. Rolande écrit dans son journal: le démon est autour de moi, je ne le vois pas, mais je le sens. .Ces manifestations démoniaques seront jugulées avec l'aide d'un prêtre exorciste qui a d'ailleurs eu l'amabilité de nous procurer son témoignage sur cette affaire et bien d'autres. Le document est des plus intéressants et nous allons détailler quelques manifestations du démon. Rolande eut une enfance particulièrement malheureuse et déjà on peut s'interroger sur la cruauté de sa belle mère. Dieu pourtant est avec elle .Un jour, alors qu'elle se prépare à sa première communion, elle aperçoit le Christ dans l'hostie .Les attaques démoniaques se manifesteront surtout lors de la période de jeune total. Elle entend des ricanements et croit perdre la raison.. Bien qu'elle n'absorbe aucune nourriture, et ce malgré de multiples tentations, elle connaît des diarrhées continuelles. Elle se rend à la messe en automobile. Avec son mari, et elle doit se munir d'un seau hygiénique. Jésus lui, donne une connaissance profonde de son amour mais dans le même temps le démon suscite en elle un sentiment de déréliction totale. Parfois un sommeil brutal la saisit à la messe au moment de la consécration. Elle passe de longues heures en oraison, approche rend le mystère de la passion du Christ mais perçoit que le démon veut lui arracher son âme. Les manifestations ne sont sans doute pas extrêmement spectaculaires comme pour d'autres mystiques dont nous parlons au cours de cet ouvrage, comme celles qui éprouva Marie Thérèse Noblet par exemple. Elles n'en sont pas moins troublantes. Rolande connaît des crises de vomissements alors qu'elle ne mange rien. Elle découvre par un curieux hasard des médicaments coupe faim qui seront une occasion de tentation. Les exorcismes lui apporteront le soulagement, notamment dans ses épreuves spirituelles, ses sentiments d'extrême indignité. La lecture du livre paru aux éditions Plon et intitulé " La passion de madame R" est poignante et constitue un document de premier ordre pour l'étude de l'action du démon que tous les hommes rencontrent dans leur vie.
Source: Les prolegomenes de l`occulte
a)Le Père Jean Joseph Gassner 1727- 1779
.
.Il fut incontestablement le prêtre le plus célèbre de sa génération. Il fut ordonné en 1750. Peu de temps plus tard, il commença à souffrir de troubles inexpliqués : céphalées, vertiges, Ces troubles survenaient particulièrement pendant la Messe. Il décida de pratiquer sur lui l'exorcisme, ce qui lui permit de recouvrer la santé. Ce cas vaut d'être signalé par son originalité. En 1758, il décida donc de se spécialiser dans le ministère d'exorcisme. En quelques mois il accomplit un nombre de guérisons considérable. Les exorcismes étaient publics ce qui augmenta sa notoriété, notamment auprès de personnages puissants comme l'évêque Fugger de Ratisbonne. Mesmer attribua beaucoup de ses guérisons au magnétisme.
b)Le curé d'Ars 1786 -1859
Tout le monde à en mémoire les sévices dont fut victime Saint Jean Marie Vianney (1786-1859), autrement dit le curé d'Ars, qui deviendra en quelque sorte le modèle des prêtres. Devant les cas de possession qui lui était soumis, il répondait souvent: "il y a un peu de folie un peu de grappin". Ce grappin, surnom donné au démon se manifesta durant trente cinq ans dans son presbytère par diverses tracasseries. Chaque nuit, la poignée de porte était agitée, on entendait les rideaux se déchirer, des cris retentissaient. Les témoins ont été effrayés Au cours de l'hiver 1824 1825, selon le chanoine Trochu qui se fit le biographe du curé d'Ars, on put entendre dans le Presbytère de véritables meuglements et rugissements. Des langues de feu apparurent sur les murs. Un tableau représentant l'annonciation fut maculé de boue à plusieurs reprises. Le lit du curé brûla sans explication valable. Des objets se déplacèrent sans être mus par des mains humaines. Le médecin psychiatre Alain Assailly a pu se poser la question de savoir si le curé d'Ars était doué de facultés médiumniques. Le curé d'Ars guérit des possédés sans recourir à l'exorcisme mais par la simple puissance de la prière. Il bénéficia cependant d'une autorisation spéciale d'exorciser conférée par son évêque, Monseigneur Devie. Un jour le démon se manifesta par un incendie. Nous consacrerons un chapitre à la démonologie dans ses rapports avec l'action sur les éléments. Le saint curé ne s'y trompa point et vit dans cet incendie une future moisson d'âmes. Il est aussi intéressant de signaler que le curé d'Ars admettait que le démon pouvait se présenter à tel ou tel de ses paroissiens sous une apparence humaine. Il révéla ainsi à une de ses pénitentes qu'elle avait rencontré le démon lors d'un bal.
c)Soeur Marie de Jésus Crucifié (1846- 1878)
.Un cas de moniale victime des sévices du démon est moins connu. Il est pourtant fort spectaculaire. C'est celui de sainte Marie de Jésus Crucifié (1846 -1878 ) Mariam Baouardy , carmélite de Palestine qui naquit dans une famille grecque catholique. Elle mènera une vie aventureuse qui la conduira en Egypte au Liban puis en France. Elle se fera religieuse chez les sœurs de Saint Joseph de l'Apparition ou elle recevra les stigmates puis partira fonder un carmel à Mangalore en Inde puis un autre carmel à Bethléem. Elle connut de nombreux phénomènes mystiques : prophéties, visions, guérisons miraculeuses, bilocations, lévitations, transverbérations . Elle vécut des périodes de possession par le Démon. Ces manifestations se produisirent en particulier au carmel de Pau ou elle se mit à parler un langage inconnu :"le Konkani" et connut la tentation du blasphème et divers obsessions accompagnées d'une impulsion suicidaire. Sa possession dura quarante jours et elle se manifestera par intermittence tout au long de sa vie.
d)Saint Jean Bosco (1815- 1888)
Saint Jean Bosco (1815-1888) fut par exemple en février et mars 1862 victime de persécutions diaboliques. Durant des nuits d'insomnie, il entendait des coups de marteau sous son oreiller, voyait sa table de travail s'élever toute seule, ou avait l'impression qu'une main invisible passait une plume sous son nez. Il eut une vision du démon et son lit fut soulevé à bonne hauteur pour retomber avec violence.
e)Le Père Lamy (- 1892)
Le comte Paul Biver a écrit un livre sur le curé Lamy , qui mena une vie sainte à la Courneuve prés de Paris et mourut en 1931.Paul Biver ,licencié es sciences n'était pas homme à se laisser abuser. On lui doit un ouvrage intitulé " Apôtre et mystique le Père Lamy". Cet humble prêtre eut des apparitions du démon et déclara :"on n'a qu'a voir le diable pour deviner toute sa puissance" puissance que précisément, selon lui, Bernanos sous-estima dans son roman pourtant magistral "sous le soleil de Satan" Le Père Lamy s'entretenait avec les anges fidèles et les anges déchus. Un jour il insulta Lucifer par ces mots : ah! La sale bête! Saint Gabriel le reprit:" n'oubliez pas que c'est un archange! ".
f)Sainte Gemma Galgani (1878- 1903)
Cette jeune fille d'une beauté angélique naquit en Italie où son père exerçait la profession de pharmacien. Elle perdit sa mère à sept ans et son frère séminariste en 1894. Elle fut atteinte d'une maladie de l'épine dorsale qui la faisait atrocement souffrir. Malgré cela, elle se livra à l'oraison perpétuelle. Elle fit la connaissance d'un Père Passionniste : Germanisé Ruopollo. En 1901, elle entreprit son autobiographie. En 1902, elle s'offrit en victime pour le salut du monde. Elle commença alors à vivre en recluse tout de noir vêtue. Elle connut de nombreux phénomènes mystiques: stigmatisation, locutions du Christ ou de la Vierge et subit de multiples sévices diaboliques. Au Sanctuaire de Montligeon dans le Perche, cette sainte est particulièrement vénérée par une communauté de religieuses Passionnistes à vocation charismatique. Une des sœurs a pour nom " Sœur Gemma".
g)Marie Julie Jahenny (1850 1941)
Marie Julie Jahenny vécut au hameau de la Fraudais prés de Blain (du dieu celtique Belenus) en Loire Atlantique. Nous eûmes la chance de visiter sa maison en 1977. Un prêtre, un peu en rupture avec l'évêque du lieu bien qu'il utilisât la liturgie de Paul VI, le Père Bourcier vivait à cet endroit qu'il avait restauré en aménageant notamment un chemin de Croix dans le jardin de la maison. En 1873, Marie Julie Jahenny, fut guérie miraculeusement et soudainement d'un cancer à l'estomac. Elle bénéficia d'apparitions de la Sainte Vierge qui lui demanda de se faire victime et de recevoir les cinq plaies qui lui seront conférées par le Christ au cours d'une vision. Désormais, chaque vendredi, elle revivra la Passion. Le 24 décembre 1875, elle entamera un jeune de cinq ans. A partir de 1880, elle perd l'usage de la parole qu'elle ne retrouvera que lors des extases. Son histoire nous a été transmise grâce en partie au marquis de la Franquerie, historien légitimiste. Pierre Roberdel a publié de nombreux ouvrages à son sujet, dont nous fîmes d'ailleurs l'acquisition auprès du Père Bourcier avec le plus grand intérêt. Dans ces livres, il est questions des messages et des prophéties reçues, qui sont d'ailleurs fort troublantes mais aussi des sévices démoniaques qu'elle dut subir. Saint Raphaël se présenta à elle en lui offrant une goutte du sang du Christdans une fiole. L'odeur qui s'en dégageait était infecte. Il s'agissait bien sur du démon déguisé en ange de lumière selon l'expression de Saint Paul. Elle appelle le démon "Quéquét". Elle eut aussi des visions étranges de montres qui étaient probablement là encore des démons.
h)Soeur Yvonne Aimée de Jésus (1901 1951)
Yvonne Beauvais est connue sous le nom de sœur Yvonne Aimée de Jésus. Elle devint augustine à Malestroit dans le centre de la Bretagne. Les abbés Labutte et Laurentin nous ont livré sa biographie. Elle possédait des charismes stupéfiants dont celui de bilocation. Les manifestations diaboliques abondent dans sa vie.. Le dossier contient un millier de pages qui ont été confiées à un exorciste expérimenté. .Le Père de Tonquédec, exorciste à l'archevêché de Paris, grand philosophe et grand intellectuel, ne sut pas toujours lui venir en aide à bon escient. Pourtant les sévices du démon étaient évidents. Ainsi, des témoins ont vu l'impact des coups et blessures que le démon lui infligeait se former sous leurs yeux. Elle fut très malade dans sa jeunesse et subit une scarlatine et une paratyphoïde très grave. Le 11 juin 1922, fête de la Trinité, elle eut l'impression d'un embrasement mystique. Sur l'ordre de son directeur de conscience, le père Crété, elle rédigea un journal de 1922 à 1929 dans lequel elle fait part des charismes stupéfiants dont elle est bénéficiaire et particulièrement celui de bilocation. Elle biloquait pour aller chercher des hosties qui avaient été subtilisées dans un but de profanation et parfois par des prêtres sataniques. Il arrivait que ce soit un ange, nommé Lumen, qui les lui amena. Un de ses biographes le Père Labutte fut ainsi témoin de la matérialisation d'une hostie sur une branche d'arbre. Les faits ont été photographiés et ces documents ont été publiés dans une monumentale biographie de cette sœur. Nous eûmes l'occasion , mon épouse et moi de nous rendre sur les lieux de ce phénomène qui nous fut raconté par l'une des quelques religieuses qui habitent ce domaine, ancienne propriété du Père Labutte. L'impression fut plus que troublante……. (comme à Dozulé ???)
i)Le Padre Pio( 1887- 1968) ( A l'époque où j'écrivis ce texte, il n'était pas encore canonisé.)
Parmi les grands mystiques thaumaturges de notre époque, l'un des plus célèbres et à juste titre est aujourd'hui le Padre Pio. De nombreuses biographies lui ont été consacrées surtout depuis sa canonisation. Le livre qu'a écrit le professeur Lesourd à son sujet est ancien (éditions France Empire 1970). Il n'en est pas moins très intéressant et contient de nombreux témoignages que nous retrouvons aussi chez Maria Winowska, Ennemond Boniface ou Joachim Bouflet. On sait maintenant que la vie du Padre Pio qui fut favorisé de grâces mystiques absolument extraordinaires fut aussi un combat contre le démon. Dans la préface de son ouvrage, le professeur Lesourd écrit que " par son sacrifice et le sacrement de pénitence qu'il distribua, il fut un perpétuel rappel que l'humanité ne serait sauvée que grâce à la vertu et aux souffrances de quelques êtres exceptionnels." L'enfance du Padre Pio fut marquée par la maladie, les fièvres .Il pleurait sans cesse la nuit et d'énervement son père, qui n'était portant pas un méchant homme, le jeta sur le sol alors qu'il n'était qu'un bébé. A partir de ce moment, il ne pleura plus mais on peut penser qu'il éprouvât un sérieux traumatisme. Il entra chez les capucins en 1903 et fut ordonné prêtre en 1910. Au mois de septembre de la même année, il ressentit les stigmates invisibles. Ses mains, ses pieds, son coté sont marqués par des plaies .De surcroît, il est atteint de la tuberculose. Satan commence à le battre à mort chaque jour à l'exception du mercredi. Il efface l'écriture d'une lettre, fait une énorme tache sur une autre missive importante. La nuit, le Padre Pio est arraché de son lit pour être molesté sérieusement. Le matin, les frères découvrent ses draps inondés de sang. Il est intéressant de noter que les fréres, eux mêmes s entendaient presque chaque soir de fortes détonations provenant de la cellule du Padre. Certains pensaient à l'interventions d'un esprit et d'autres à la simple manifestation de forces électromagnétiques. (Des détonations se produisent aussi lors d'apparitions mariales) La terreur finit par régner dans le couvent. Un évêque en visite fut effrayé et partit précipitamment sans rien tenter. Chaque pièce du bâtiment fut exorcisée et le Padre Pio avoua que les détonations marquaient la fin de la lutte avec un démon de laquelle il sortait en sueur et épuisé. Pour combattre le démon, qu'il appelait Barbe Bleue, le Padre avait recours au chapelet et il était aussi gratifié de dialogues avec Jésus dans le paradis, ainsi que de l'assistance de la Vierge Marie et du " petit ange" que l'on suppose être son ange gardien. . Nous avons son témoignage concernant une nuit de juin 1912 où il fut éprouvé de 10 heures du soir à cinq heures du matin:" Quand cette brute s'en alla ,le froid m'envahit de la tête aux pieds . Je tremblais comme un roseau exposé à un vent impétueux. Cela dura environ deux heures, du sang sortit de ma bouche. A la fin vint le petit enfant Jésus à qui je dis de vouloir faire seulement sa volonté. Il me consola et me remit des souffrances de la nuit. Oh! Mon Dieu, comme battait mon cœur, comme mes joues étaient en feu auprès de ce céleste enfant...Si je pouvais avoir des ailes, je voudrais à tous dire à haute voix, je voudrais hurler : Aimez Jésus qui est digne d'Amour." Le Padre Pio vint pour la première fois à San Giovanni Rotondo en juillet 1916 dans la province de Fogia. Il est curieux de considérer que cette localité se trouve à proximité du Monte Gargano où l'archange Saint Michel apparut pour la deuxième fois le 8 mai 480. Sa première apparition remarquée dans l'histoire chrétienne fut celle à l'empereur Constantin à qui il prescrivit de placer la croix sur le labarum des ses armées. On connaît les charismes fort étonnants du Padre Pio, communs à de nombreux saints il est vrai, dont nous avons des illustrations par d'innombrables faits: guérisons, émissions de parfums, bilocation, lecture dans la pensée et les cœurs, voyance, dons, des larmes, prophéties. Le Père Jean Derobert ( victime d'un phénomène fort étrange de nos jours???)qui a bien connu le Padre, et en a écrit une biographie, nous a laissé le récit d'un exorcisme: nous avons trouvé une sorte d'enfant loup qui courait la campagne et hurlait comme un animal. Il était âgé d'à peu prés 18 ou 20" ans. Il était appuyé à l'un des piliers de l'Eglise regardant fixement devant lui. A quelques pas, à genoux une paysanne de la région vêtue de noir, le visage baigné de larmes : sa mère. Elle nous demanda de bien vouloir conduire son fils à Padre Pio. Je conduisis le jeune homme grognant et hurlant à la sacristie……..Le visage du Père se glaça. Il se mit à tancer vertement Satan qu'il appelait par son nom, tandis que lorsqu'il s'adressait à l'homme lui même, il devenait beaucoup plus doux. Finalement, Il traça sur lui une large bénédiction sans le toucher et s'en alla. Dans l'après midi nous apprenons que le fameux possédé s'est enfui tout seul en direction de Foggia. La mère totalement affolée fait venir Padre Pio qui la rassure: "Demain il sera là ! Le lendemain le Père Derobert doit servir la messe du Padre. A 4H45, le Padre, accompagné d'une foule qui lui fait escorte, monte vers l'église en pataugeant dans la neige. Etrangement il conduit le possédé de la veille. La stupeur est grande chez le prêtre français lorsque, arrivé dans l'Eglise, il constate que le Padre Pio est déjà arrivé .Alors il comprend qu'il a vu le Padre Pio en bilocation, avec d'ailleurs le visage un peu tuméfié, résultat de son combat contre le démon. Les démons se livraient envers le Padre Pio à toute sorte de maléfices: Son verre d'eau se changeait en verre d'encre. Un texte écrit s'effaçait mystérieusement..
..
j) Marthe Robin 1901 1981
Le médecin neuropsychiatre Jean Assailly nous a donné une étude scientifique très précise sur le cas de Marthe Robin. Il a été témoin en personne des brutalités incroyables du démon. En 1953 il se trouvait à Chateauneuf avec le Père Finet et Marthe lorsque:" elle a eu comme un râle et a été projetée sur sa gauche comme si une main invisible lui tenait le cou. Sa tête venait heurter et à coups redoublés contre le petit meuble qui se trouvait là. J'ai fait d'instinct ce que beaucoup d'autres auraient fait à ma place. J'ai plongé en essayant de lui tenir les épaules et en disant : Père, il va la tuer !"
k). Madame " R" ( Rolande) ( 1911 2000)
L'abbé Laurentin nous a donné à lire l'histoire de Rolande, ( Rolande Lefefvre) dans " la passion de Madame R, journal d'une mystique assiégée par le démon". Ce journal est d'une lecture passionnante et poignante. Cette personne se situe dans les classes moyennes de la sainteté, les braves gens qui resteront toujours inconnus et ne seront jamais canonisés, nous dit l'abbé Laurentin dans sa préface.L'histoire de Rolande est pourtant stupéfiante à plus d'un titre. Après la mort de sa mère, elle fut, toute jeune enfant persécutée par la seconde femme de son père qui par exemple l'enfermait à la cave des journées entières. Elle est assaillie par des tentations suicidaires, frappée d'une maladie de cœur dont elle guérira miraculeusement à Lourdes. Cette maladie avivera d'ailleurs sa sensibilité et son anxiété. Elle se marie en 1939 et connaît une nuit spirituelle qui durera 16 ans. Elle aura trois enfants. Une de ses petites-filles sera atteinte d'un cancer au cerveau. Le livre du Père Marie Eugène, "Je veux voir Dieu" (livre de référence des mystiques catholiques contemporains) vont lui permettre de mieux comprendre les étapes de sa vie spirituelle. Elle parviendra en 1972 dans les sixièmes demeures (voir infra la description des demeures mystiques de sainte Thérèse d'Avila) mais sera la proie d'attaques démoniaques incroyables se manifestant par des crises de diarrhées, quoiqu'elle soit inédique, des sensations de froid intense, des pertes de mémoire, des tentations suicidaires, des crises violentes de désespoir. Il est à noter que l'inédie de Rolande a été contrôlée scientifiquement et de façon très rigoureuses, notamment sous la direction du professer Bour à l'hôtel Dieu. Les sévices démoniaques sont absolument stupéfiants. Elle est littéralement obsédée et l'abbé Laurentin préfère employer l'expression "assiégée". Elle fera l'expérience de l'union transformante, des septièmes demeures du château de l'âme. Après ce mariage spirituel, elle reçoit la mission de tout donner à Dieu pour la sainteté des prêtres, qui sont d'ailleurs les cibles privilégiées du démon. L'abbé Laurentin explique que devenant leur bouclier, elle se voit aussi chargée de leurs fardeaux. Les souffrances physiques vont l'accabler. Durant trois ans, elle connaîtra maladie du cœur, de la thyroïde, tuberculose ganglionnaire Elle ne pourra plus vivre que dans un fauteuil ou allongée. Dieu lui demande deux ans après le mariage spirituel de ne plus manger ni boire ni absorber le moindre médicament. C'est alors que le démon va particulièrement se déchaîner. Nous sommes en 1975 et deux ans plus tard Rolande sera stigmatisée, le vendredi saint 8 avril 1977 exactement. Il faut remarquer que "l'union transformante " qui est en quelque sorte le sommet de la vie mystique, est aussi marquée par les assauts du démon. Rolande écrit dans son journal: le démon est autour de moi, je ne le vois pas, mais je le sens. .Ces manifestations démoniaques seront jugulées avec l'aide d'un prêtre exorciste qui a d'ailleurs eu l'amabilité de nous procurer son témoignage sur cette affaire et bien d'autres. Le document est des plus intéressants et nous allons détailler quelques manifestations du démon. Rolande eut une enfance particulièrement malheureuse et déjà on peut s'interroger sur la cruauté de sa belle mère. Dieu pourtant est avec elle .Un jour, alors qu'elle se prépare à sa première communion, elle aperçoit le Christ dans l'hostie .Les attaques démoniaques se manifesteront surtout lors de la période de jeune total. Elle entend des ricanements et croit perdre la raison.. Bien qu'elle n'absorbe aucune nourriture, et ce malgré de multiples tentations, elle connaît des diarrhées continuelles. Elle se rend à la messe en automobile. Avec son mari, et elle doit se munir d'un seau hygiénique. Jésus lui, donne une connaissance profonde de son amour mais dans le même temps le démon suscite en elle un sentiment de déréliction totale. Parfois un sommeil brutal la saisit à la messe au moment de la consécration. Elle passe de longues heures en oraison, approche rend le mystère de la passion du Christ mais perçoit que le démon veut lui arracher son âme. Les manifestations ne sont sans doute pas extrêmement spectaculaires comme pour d'autres mystiques dont nous parlons au cours de cet ouvrage, comme celles qui éprouva Marie Thérèse Noblet par exemple. Elles n'en sont pas moins troublantes. Rolande connaît des crises de vomissements alors qu'elle ne mange rien. Elle découvre par un curieux hasard des médicaments coupe faim qui seront une occasion de tentation. Les exorcismes lui apporteront le soulagement, notamment dans ses épreuves spirituelles, ses sentiments d'extrême indignité. La lecture du livre paru aux éditions Plon et intitulé " La passion de madame R" est poignante et constitue un document de premier ordre pour l'étude de l'action du démon que tous les hommes rencontrent dans leur vie.
Source: Les prolegomenes de l`occulte
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
Vous écrivez au sujet de soeur Marie de Jésus crucifié
"Elle vécut des périodes de possession par le Démon. Ces manifestations se produisirent en particulier au carmel de Pau ou elle se mit à parler un langage inconnu :"le Konkani" et connut la tentation du blasphème et divers obsessions accompagnées d'une impulsion suicidaire."
C'est étrange non !
Ce parler en langue tant prisé dans bien des milieux catholiques et évangéliques peut être d'une toute autre origine que le Saint Esprit.
En fait le diable utilisait ce parler en langue pour la faire blasphèmer.
Elle ne s'en rendait pas compte car elle ne connaissait pas le konkani
C'est à souligner car avant de se lancer dans ce genre de forme de prière il faut savoir que le parler en langue ne vient pas toujours du Saint Esprit.
Même une sainte peut se faire avoir.
Alors nous aussi nous pouvons nous faire avoir à bredouiller des paroles que nous ne comprenons pas !
"Elle vécut des périodes de possession par le Démon. Ces manifestations se produisirent en particulier au carmel de Pau ou elle se mit à parler un langage inconnu :"le Konkani" et connut la tentation du blasphème et divers obsessions accompagnées d'une impulsion suicidaire."
C'est étrange non !
Ce parler en langue tant prisé dans bien des milieux catholiques et évangéliques peut être d'une toute autre origine que le Saint Esprit.
En fait le diable utilisait ce parler en langue pour la faire blasphèmer.
Elle ne s'en rendait pas compte car elle ne connaissait pas le konkani
C'est à souligner car avant de se lancer dans ce genre de forme de prière il faut savoir que le parler en langue ne vient pas toujours du Saint Esprit.
Même une sainte peut se faire avoir.
Alors nous aussi nous pouvons nous faire avoir à bredouiller des paroles que nous ne comprenons pas !
edelweiss- Date d'inscription : 17/11/2009
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
C'est une question qui me chicote depuis longtemps.Dans l'évangile,lorsque les apotres recoivent le st Esprit,il se mirent a parler ds des langages différents (langagues de divers nations) que les autres pouvaient comprendre.Mais,ds les recnontres charismatiques,ce n'est pas la meme chose.On dirait que les gens marmomment des mots qui n'ont aucun sens ni aucune signification.....J'ai tjs trouvé ca bizarre....C'est étrange non !
Ce parler en langue tant prisé dans bien des milieux catholiques et évangéliques peut être d'une toute autre origine que le Saint Esprit.
Toutefois,il faut ajouté qu'il semble que de grands charismatiques aient guérit des gens avec ce langague...Je ne sais pas...Ca me chicote...
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
Savez vous Francesco que le diable peut réaliser aussi des prodiges et des miracles pour attirer les gens dans l'erreur ?
Il y a deux parler en langues celui qui vient de Dieu et celui qui vient du diable. Nous humains sommes incapables de faire la différence car nous ne lisons pas dans l'âme des gens.
Avons nous conscience que ces prières en langues incompréhensibles que certains attribuent à Dieu peuvent être tout simplement des louanges faites à satan ?
Savez vous aussi que les milieux occultes ont utilisé le parler en langues avant le christianisme moderne ?
Le parlé en langues des apôtres était pour fonder l'Eglise. Il n'avait rien de commun avec le parlé en langues d'aujourd'hui.
Mais il faut faire attention de ne pas généraliser en voyant le diable derrière chaque parlé en langues. La première prudence est de louer Dieu dans une langue que l'on connais afin de s'assurer de ce que l'on raconte.
Il y a deux parler en langues celui qui vient de Dieu et celui qui vient du diable. Nous humains sommes incapables de faire la différence car nous ne lisons pas dans l'âme des gens.
Avons nous conscience que ces prières en langues incompréhensibles que certains attribuent à Dieu peuvent être tout simplement des louanges faites à satan ?
Savez vous aussi que les milieux occultes ont utilisé le parler en langues avant le christianisme moderne ?
Le parlé en langues des apôtres était pour fonder l'Eglise. Il n'avait rien de commun avec le parlé en langues d'aujourd'hui.
Mais il faut faire attention de ne pas généraliser en voyant le diable derrière chaque parlé en langues. La première prudence est de louer Dieu dans une langue que l'on connais afin de s'assurer de ce que l'on raconte.
edelweiss- Date d'inscription : 17/11/2009
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
C'est un sujet fort intéressant mais je n'ai pas de réponse.Ca ferait un tres bon sujet de these de doctorat....Si il y a des charismatiques sur le forum,jaimerais lire leur position sur le sujet?edelweiss a écrit:Savez vous Francesco que le diable peut réaliser aussi des prodiges et des miracles pour attirer les gens dans l'erreur ?
Il y a deux parler en langues celui qui vient de Dieu et celui qui vient du diable. Nous humains sommes incapables de faire la différence car nous ne lisons pas dans l'âme des gens.
Avons nous conscience que ces prières en langues incompréhensibles que certains attribuent à Dieu peuvent être tout simplement des louanges faites à satan ?
Savez vous aussi que les milieux occultes ont utilisé le parler en langues avant le christianisme moderne ?
Le parlé en langues des apôtres était pour fonder l'Eglise. Il n'avait rien de commun avec le parlé en langues d'aujourd'hui.
Mais il faut faire attention de ne pas généraliser en voyant le diable derrière chaque parlé en langues. La première prudence est de louer Dieu dans une langue que l'on connais afin de s'assurer de ce que l'on raconte.
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
C'est un sujet très important que j'ai étudié avec un docteur en théologie.
Il est possible de faire parler en langue n'importe qui en dix minutes en utilisant des techniques de manipulation très simples.
Mais plus grave il est possible que satan utilise des techniques beaucoup moins humaines.
J'ai entendu parler d'une expérience.
Un pasteur a enregistré un parler en langues d'une bonne chrétienne.
La langue était une langue ancienne connue par des experts linguistiques.
La traduction était tout simplement des invocations sataniques
Mais il ne faut pas généraliser, je pense qu'un parlé en langue existe lorsque les personnes manques de vocabulaire dans leur langue pour louer Dieu. Mais il faut être très très très prudent...
Je pense sincèrement qu'il faut rester maitre de son langage
Il est possible de faire parler en langue n'importe qui en dix minutes en utilisant des techniques de manipulation très simples.
Mais plus grave il est possible que satan utilise des techniques beaucoup moins humaines.
J'ai entendu parler d'une expérience.
Un pasteur a enregistré un parler en langues d'une bonne chrétienne.
La langue était une langue ancienne connue par des experts linguistiques.
La traduction était tout simplement des invocations sataniques
Mais il ne faut pas généraliser, je pense qu'un parlé en langue existe lorsque les personnes manques de vocabulaire dans leur langue pour louer Dieu. Mais il faut être très très très prudent...
Je pense sincèrement qu'il faut rester maitre de son langage
edelweiss- Date d'inscription : 17/11/2009
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
Connaitrais tu un site ou une étude sur le sujet?Ca m'intéresserait.A+
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
Il ne faut pas chercher dans les sites catholiques qui n'ont aucune information théologique sur le sujet.
Dans le catholicisme on fait parler les gens en langues sans que le clergé maitrise le sujet.
Je vais te chercher cela.
Mais surtout de grâce évitez de prier en langues car c'est une porte ouverte au démon pour prendre possession de notre âme et de notre coeur.
Il se peut que ce soit une porte ouverte au Saint Esprit mais nous sommes incapables de faire la différence ne sachant pas ce que nous disons.
Dans le catholicisme on fait parler les gens en langues sans que le clergé maitrise le sujet.
Je vais te chercher cela.
Mais surtout de grâce évitez de prier en langues car c'est une porte ouverte au démon pour prendre possession de notre âme et de notre coeur.
Il se peut que ce soit une porte ouverte au Saint Esprit mais nous sommes incapables de faire la différence ne sachant pas ce que nous disons.
edelweiss- Date d'inscription : 17/11/2009
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
Voilà déjà un article très équilibré rédigé par un docteur en théologie d'une église issue de la réforme
LE PARLER EN LANGUES DANS LE NOUVEAU TESTAMENT ET DANS LE MOUVEMENT CHARISMATIQUE
Le terme "glossolalie" est dérivé du grec "glôssa lalein" qui signifie "parler en langue". Avant de monter au ciel, Jésus avait dit à ses disciples: "Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents. S'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris" (Marc 16:17.1 8). Cette promesse selon laquelle ils allaient parler "de nouvelles langues", c'est-à-dire des langues qu'ils n'avaient pas connues jusqu'à présent, s'accomplit le jour de la Pentecôte par la puissance du Saint-Esprit (Actes 2:1-4).
D'autre part, l'apôtre Paul déclare que des membres de l'Eglise de Corinthe parlaient en langues et attachaient beaucoup d'importance à ce charisme. Quand on compare la glossolalie de la Pentecôte à celle qui se pratiquait à Corinthe, trois conclusions sont possibles: 1) il s'agit de part et d'autre, à la première Pentecôte et dans l'Eglise de Corinthe, de langues humaines parlées par certains peuples ou ethnies; 2) les apôtres s'exprimèrent dans des langues humaines le jour de la Pentecôte, tandis que la glossolalie de Corinthe était un langage extatique et incohérent ne correspondant à aucune langue humaine; 3) les deux événements font état d'un langage extatique. La plupart des charismatiques souscrivent à la deuxième ou la troisième solution. Voyons ce que disent les textes de l'Ecriture.
1. La nature de la glossolalie de la Pentecôte (Actes 2)
Le texte de l'Ecriture affirme qu' "ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer" (Actes 2:4). Surpris, leurs auditeurs, des Juifs venus de différents pays de l'empire romain pour célébrer la Pentecôte, se dirent les uns aux autres: "Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu" (Actes 2:71 1). La plupart étaient perplexes, "d'autres se moquaient et disaient: Ils sont pleins de vin doux" (Actes 2:13). Le texte dit clairement que les apôtres s'exprimaient dans différentes langues étrangères que les auditeurs identifièrent à leur langue maternelle. Ils saisirent bien le contenu de cette glossolalie. Si les disciples s'étaient exprimés en un langage extatique et incohérent, ne correspondant à aucune langue humaine, il aurait fallu une traduction pour qu'ils comprennent. Les partisans de cette thèse soutiennent donc que le Saint-Esprit interpréta le parler des apôtres pour le rendre intelligible à leurs auditeurs. Ils fondent cette explication sur le fait qu'on les soupçonna d'ivresse. Nous la rejetons parce qu'elle ne rend pas justice au texte qui dit clairement que les auditeurs reconnurent dans la glossolalie des apôtres leurs langues maternelles. Si on les suspecta d'ivresse, c'est parce qu'ils se mirent à parler en même temps et chacun dans une autre langue. Les sons ont dû se mélanger et, entendus de loin, ressembler à un bavardage incohérent. Mais en écoutant de plus près, les Juifs parvinrent à discerner chacun la langue qui était la sienne. Du reste, Luc précise que ceux qui accusèrent les Douze d'ivresse le firent pour se moquer d'eux. Signalons que Luc utilise dans les V.6 et 8 le terme grec "dialektos" (dialecte) et en fait un synonyme de "glossa" (langue). Or ce terme dénote toujours une langue effectivement parlée par des hommes. Il n'y a par ailleurs aucune raison d'admettre que la glossolalie d'Actes 10: 46 et 19:6 ait été différente.
2. La nature de la glossolalie dans 1 Corinthiens
Si la plupart des charismatiques sont convaincus que le parler en langues de la Pentecôte a eu lieu dans des langues réelles, ils soutiennent cependant que la glossolalie dont parle Paul dans sa première épître aux Corinthiens était un langage inarticulé, d'origine inconnue et ne ressemblant à aucune langue parlée par les hommes. 1 Corinthiens justifie-t-il une telle conception ou l'étude du texte nous contraint-elle de tirer une autre conclusion?
Parmi les différents dons que le Saint-Esprit accorde à l'Eglise, l'apôtre mentionne la "diversité des langues" (littéralement: "des genres de langues", 1 Corinthiens 12: 10). Aurait-il employé ce terme pour désigner un langage extatique? Un tel langage permet-il de distinguer entre différents "genres de langues"? Nous retrouvons la même expression "diverses langues" (littéralement: "genres de langues") dans 1 Cor 12:28. Ce sont des genres, des types différents, mais il s'agit toujours d'authentiques langues humaines. Paul, le grand globe-trotter et missionnaire de Dieu, loue le Seigneur de ce qu'il "parle en langue" plus que les Corinthiens (1 Cor 14:18). Le mot est employé au pluriel en grec, soit "parler en langues". Se serait-il exprimé ainsi s'il s'était agi d'un parler extatique?
On retrouve ce pluriel dans le V. 6 du même chapitre. Il précise aussi dans le V.10 qu'il y a diverses langues et qu'aucune d'entre elles n'est sans signification. Mais si quelqu'un vient à parler dans une de ces langues et que lui-même ne la comprend pas, il sera un "barbare", un illettré pour celui qui parle (V.1 1). On objecte que l'apôtre utilise le mot grec "phônè" au lieu de "glôssa" dans les V. 10 et 11, qu il fait par là la différence entre les langues des hommes et le parler extatique. Mais rien ne prouve cela. Luc, nous l'avons vu, utilise lui aussi deux termes pour désigner les langues étrangères parlées par les Juifs de la diaspora.
Les charismatiques font valoir que lorsqu'il dit: "Quand je parlerais les langues des hommes et des anges ... " (1 Cor 13:1), Paul distingue entre les langues de ce monde parlées par les hommes et des langues célestes, de caractère extatique. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'exprime au conditionnel: "Quand je parlerais ... Il énonce une hypothèse. Il dit aussi: "Quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes..." (1 Cor 13:2). Nous n'en concluons pas qu'il connaissait effectivement tous les mystères, qu'il savait transporter des montagnes et qu'il avait toute la connaissance. N'ajoute-t-il pas un peu plus loin: "Nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie" (1 Cor 13:9)? D'autre part, il ne nous donne aucune indication quant aux langues des anges nous permettant de les assimiler à un parler extatique. Nous ignorons tout de ces langues angéliques et savons simplement que chaque fois que des anges se sont adressés à des hommes, ils l'ont fait dans la langue parlée par ces derniers.
"Celui qui parle en langues s'édifie lui-même; celui qui prophétise édifie l'Eglise" (1 Cor 1 : 4.5). Le fait que celui qui parle en langues s'édifie lui-même indique qu'il comprend ce qu'il dit. En effet, selon l'enseignement de l'Ecriture, l'édification a toujours lieu par la Parole qui s'adresse à l'intelligence. Mais il ne peut pas communiquer avec d'autres en une langue qu'ils ne comprennent pas; la langue étrangère l'empêche de les fortifier dans la foi. C'est pourquoi l'apôtre ne veut pas de glossolalie dans l'assemblée si ce qui est dit en langues n'est pas traduit pour les autres. "C'est pourquoi, que celui qui parle en langue prie pour avoir le don d'interpréter.... Autrement, si tu rends grâces par l'esprit, comment celui qui est dans les rangs des simples auditeurs répondra-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis?" (V. 13.16).
Paul établit donc le principe de "l'interprétation des langues" ("hermèneia glôssôn", 1 Cor 12: 1 0). Le mot grec rendu par "interprétation" signifie en fait "traduction" (Cf. Hébreux 7:2; Jean 1:42; 9:7). Et l'apôtre d'ajouter: "S'il n'y a point d'interprète, qu'on se taise dans l'Église et qu'on parle à soi-même et à Dieu" (V.28). L'examen du texte montre donc que rien ne nous oblige à conclure que la glossolalie de Corinthe était un langage céleste, un parler extatique. Il semble que l'autre explication s'impose, que ce charisme particulier ait consisté à parler dans des langues étrangères que les intéressés n'avaient pas apprises et ne savaient pas manier en temps ordinaire.
Luc était l'associé et le compagnon de Paul. Il écrivit certainement le livre des Actes après que Paul eut rédigé la première épître aux Corinthiens (approximativement en l'an 62 pour les Actes, et en l'an 55 pour 1 Corinthiens). D'autre part, Luc connaissait l'Église de Corinthe et il est fort probable qu'il ait lu les lettres que l'apôtre avait envoyées à cette communauté (Cf. Act 18:1-1 1). Nous en concluons qu'il connaissait l'attitude de Paul concernant l'abus de la glossolalie. On constate en effet qu'en écrivant le livre des Actes, il utilise, après la mise au point concernant le parler en langues à Corinthe, le même terme que Paul pour désigner ce charisme: "parler en langue".
Paul n'avait pas besoin de définir la nature de la glossolalie, en écrivant aux Corinthiens. Ces derniers savaient de quoi il s'agissait. Il n'en va pas de même pour Luc qui écrit son évangile et les Actes pour Théophile (Luc 1:1-4). Dans le Nouveau Testament, le mot grec traduit par "langue" désigne ou bien l'organe du corps qui permet de parler (Marc 7:33; Philippiens 2:1 1), ou bien une langue parlée, c'est-à-dire le moyen dont se servent les hommes pour communiquer. Le mot n'est jamais employé pour désigner une forme de discours extatique, un ensemble de sons inarticulés impropres à traduire une pensée. Un principe d'interprétation primordial affirme: "L'Ecriture s'interprète elle-même". Les mots de l'Ecriture ont donc le sens que leurs auteurs entendent leur donner. Paul écrit dans 1 Cor 14: 1 0: "Aussi nombreuses que puissent être dans le monde les diverses langues, il n'en est aucune qui soit sans signification". Il semble donc qu'il songe aux langues que les hommes ont l'habitude d'utiliser pour communiquer entre eux. Il s'ensuit que dans tout le chapitre le mot a sans doute ce sens. Tel est l'avis de la grande majorité des exégètes. Il faut vouloir à tout prix chercher une justification biblique au parler extatique pour procéder à une autre interprétation.
3. Le but de la glossolalie dans le Nouveau Testament
Quand Dieu accorde des dons à l'Eglise, il le fait dans un but précis. Si ces dons n'ont plus de raison d'être, il les supprime. Par exemple, il n'accorde plus le don de l'inspiration prophétique, car ce qu'il nous révèle dans la Bible par les prophètes et les apôtres est suffisant pour rendre les hommes sages à salut par la foi en Jésus-Christ (2 Timothée 3: 14-17).
A quoi devaient servir les charismes que le Christ ressuscité accorda aux apôtres et qu'énumère Marc 16: 15-18? On nous dit que les disciples "s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les miracles (littéralement: "les signes") qui l'accompagnaient" (Marc 16:20). Ces dons n'étaient donc pas une fin en soi, mais des signes chargés d'authentifier et de confirmer le message des apôtres. Ils attestaient qu'ils étaient dûment mandatés par Dieu, comme les prophètes, et que leur message était d'origine divine.
Voilà pour les charismes en général. Qu'en est-il de la glossolalie en particulier? Quand on lit attentivement le livre des Actes, on constate que chaque fois que le don du parler en langues était accordé, des Juifs étaient présents. C'est le cas pour Jérusalem, le jour de la Pentecôte (Actes 2), pour Césarée (Actes 10 et 11) et pour Ephèse (Actes 19). L'Evangile n'avait pas besoin de ce charisme pour se frayer un chemin dans l'empire romain, car on y parlait partout le grec. Mais Israël avait besoin d'un signe. Le peuple de Dieu qui rejeta son Rédempteur devait savoir que le salut serait offert aux païens. Les Juifs venus à Jérusalem pour célébrer la Pentecôte furent surpris d'entendre des Galiléens parler leurs langues. Ils posèrent la question que Dieu voulait leur faire poser: "Que veut dire ceci?" (Actes 2:12). Pierre le leur expliqua, leur montrant qu'une prophétie de Joël était en train de s'accomplir, puis leur annonça l'Evangile. Trois mille Juifs se convertirent le même jour. Le signe avait opéré et accompli le dessein de celui qui l'avait accordé aux apôtres. Il avait "signifié" quelque chose. Pierre conclut sa prédication en disant: "Que toute la maison d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié" (Actes 2:36). Israël devait savoir que Dieu le bénissait, lui et toutes les nations, en Christ, que Jésus crucifié et ressuscité était le Messie promis aux Juifs. "La promesse est pour vous et pour vos enfants", dit Pierre aux Juifs qui l'écoutent (Actes 2:39).
Mais Luc nous raconte aussi dans le deuxième texte des Actes où il est question de glossolalie, que les Juifs croyants qui avaient accompagné Pierre à Césarée "furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens, car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu" (Act 10:45.46). Le don des langues devait donc "signifier" à Israël que le salut apporté par le Christ était aussi destiné aux païens, qu'en lui toutes les nations de la terre seraient bénies, conformément à la promesse faite à Abraham (Genèse 12: 1-3). Pierre l'avait déjà annoncé à la Pentecôte: "La promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera" (Actes 2:39). Il n'était pas évident pour Israël que les païens devaient avoir part au salut par le Messie issu de David. Il y eut bien des réticences à ce sujet parmi les premiers Juifs convertis au christianisme. Un signe s'imposait à Césarée. Dieu le donna.
Quant à la glossolalie dans l'Eglise de Corinthe, Paul l'explique comme un signe du jugement divin. Il cite, en les paraphrasant, Deutéronome 28:49 et Esaïe 28:11.12: "Il est écrit dans la loi: C'est par des hommes d'une autre langue et par des lèvres d'étrangers que je parlerai à ce peuple, et ils ne m'écouteront même pas ainsi, dit le Seigneur", et il conclut: "Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants" (1 Cor 14:21.22). Dieu a souvent châtié son peuple rebelle en faisant envahir son pays par des nations étrangères, parlant une autre langue. Moise et Esaïe ont prédit ce type de punition, et leur prophétie s'est accomplie quand les Assyriens et les Babyloniens conquirent la Palestine. La glossolalie est elle aussi, à sa façon, un signe du châtiment dont Dieu frappe son peuple endurci qui rejette le Messie. Connaissant les prédictions de Deutéronome 28 et Esaïe 28, les Juifs incrédules pouvaient savoir ce que le parler en langues dans l'Eglise chrétienne de l'époque signifiait pour eux.
S'il en est ainsi, la glossolalie revêt un caractère temporaire. L'apôtre écrit en effet: "Les prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie" (1 Cor 13:8). On notera l'emploi de deux verbes différents, "être aboli" et "cesser". Paul ne dit pas que les langues seront abolies, comme le seront les prophéties et la connaissance, mais qu'elles cesseront. De plus, le verbe grec utilisé est conjugué au moyen (ni l'actif, ni le passif); le sujet est donc à la fois l'objet de l'action. Ce qui donne en traduction littérale: "les langues cesseront d'elles-mêmes", quand elles n'auront plus de raison d'être, quand le signe qu'elles constituent ne sera plus nécessaire. "Quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli" (1 Cor 13:10). L'Eglise chrétienne en était à l'époque apostolique au stade de l'enfance. Certains commentateurs pensent que le temps où "ce qui est parfait sera venu" désigne le salut éternel. Mais ne fait-il pas plutôt allusion à l'époque où l'Eglise n'aura plus besoin de révélation directe, parce qu'elle possédera toute la révélation que le Seigneur veut lui accorder par l'entremise des prophètes et des apôtres? Si cette interprétation est correcte, le don des langues devait disparaître après l'époque apostolique. Et de fait, l'histoire de l'Eglise chrétienne nous enseigne que la glossolalie ne fut plus pratiquée après la mort des apôtres.
L'Eglise apostolique était l'Eglise chrétienne dans son enfance. C'est ce qui permet aussi à Paul d'affirmer que l'abus auquel la glossolalie donnait lieu à Corinthe était le signe, le symptôme d'un manque de maturité spirituelle. Les chrétiens de cette ville attachaient beaucoup d'importance (beaucoup de trop) aux charismes spectaculaires, à ce qui frappe l'oeil, négligeant l'unité de l'esprit, l'attachement à la vérité, la fraternité, la charité et tout ce qui est fondamental pour l'existence et la vie de l'Eglise chrétienne. 1 Corinthiens est à cet égard plein de reproches. Aussi l'apôtre leur écrit-il, après avoir énuméré les charismes que Dieu accorde à son peuple: "Je vais encore vous montrer une voie par excellence" (1 Cor 12:31), et exalte-t-il le plus beau des dons, celui qui édifie le mieux l'Eglise chrétienne: la charité (1 Cor 13). Face aux abus engendrés par la glossolalie, il leur dit: "Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement; mais pour la méchanceté, soyez enfants, et, à l'égard du jugement, soyez des hommes faits", c'est-à- dire hommes mûrs, des adultes (1 Cor 14:20). Celui qui prophétise édifie l'Eglise, tandis que celui qui parle en langues est seul à s'édifier (1 Cor 14:3.4). Les Corinthiens avaient trop tendance à se comporter comme des enfants, à attirer l'attention sur eux, à se faire valoir en s'adonnant au parler en langues. Ils agissaient de façon égocentrique et vaniteuse, au lieu de songer au bien-être spirituel de leur communauté.
Quand le don des langues cessa-t-il ? Rappelons qu'il était un signe que Dieu accorda à l'Eglise chrétienne naissante, un symptôme de son enfance, et plus particulièrement un signe du jugement dont il frappait Israël, attestant en même temps à son peuple apostat qu'il se tournait vers les païens et offrait le salut aux hommes de toutes les langues. On peut donc admettre que la glossolalie disparut quand elle eut cessé de remplir le rôle que Dieu lui avait assigné. Cette disparition ne fut sans doute pas brutale Toujours est-il qu'après la mort des apôtres nous n'avons pratiquement plus de témoignages quant à la pratique de la glossolalie. Irénée (ca. 115-202) raconte qu'à son époque des frères « avaient des dons prophétiques et parlaient par l'Esprit en toutes sortes de langues » (Adversus Haereses V,6). Il s'agit peut-être d'un phénomène isolé. Ce Père de l'Eglise n'affirme nulle part que ce charisme avait survécu dans l'Eglise depuis l'époque apostolique. Tertullien (ca. 150-230) en parle également (De Anima, c. 9). Mais on sait que ce Père de l'Eglise s'est tourné au cours de sa carrière vers le montanisme, une secte qui exaltait entre autres les dons extraordinaires de l'Esprit et que condamnait l'Eglise de l'époque. Dans son commentaire de 1 Corinthiens 14, Chrysostome (345-407) parle de la glossolalie comme d'une chose mystérieuse qui échappe à son entendement. Constantinople est le théâtre de scènes extatiques où on profère des sons inarticulés, pousse des cris, à grand renfort de gestes désordonnés et de convulsions. Chrysostome désapprouve fermement de telles manifestations (Homélie sur Esaïe 6:2). On retrouve la glossolalie de façon intermittente dans l'histoire de certains ordres mendiants du XIII siècle, chez des "prophètes" anglais du XVI siècle, les disciples de Georges Fox, les jansénistes en France et dans des mouvements de réveil du siècle dernier (Angleterre, Irlande, Suède, Amérique). Mentionnons aussi les "prophètes" chez les camisards, au début du XVIIII siècle. Les terribles souffrances que la révocation de l'édit de Nantes avait imposées aux Huguenots avaient exaspéré leurs sentiments et conféré à leur foi et leur espérance une exaltation qui donnait à leurs réunions clandestines une allure rappelant certains rassemblements de charismatiques d'aujourd'hui. La glossolalie allait de pair avec la prophétie. Mais les prédictions qu'on attribuait au Saint-Esprit ne se sont pas toujours réalisées. C'est ainsi que les camisards attendaient la résurrection de l'un d'entre eux en 1708, et cette résurrection n'eut pas lieu. Il en est de même des Irvingiens d'Ecosse au XIX siècle. Une grande réserve s'impose donc quant à l'origine et la nature des quelques cas de glossolalie attestés par l'histoire de l'Eglise chrétienne. Si le parler en langues est l'oeuvre du Saint-Esprit, pourquoi son attestation dans l'histoire du christianisme est-elle si inconsistante et intermittente? Si ce don est aussi important que l'affirment les charismatiques, pourquoi ne surgit-il qu'ici et là, dans des communautés qui recherchent et cultivent l'exaltation et en font un ingrédient indispensable de la piété chrétienne? Il y a eu dans l'histoire de l'Eglise chrétienne beaucoup de belles figures de foi et de piété, solidement enracinées dans l'Ecriture Sainte et manifestement remplies du Saint-Esprit, qui ne pratiquaient pas ce charisme. Pourquoi ?
4. La glossolalie dans le mouvement charismatique moderne
Dieu ne veut pas que l'unité et le témoignage de l'Eglise (1 Cor 1:10-15; 14:23-25) ou la foi personnelle de ses membres (1 Cor 13:1-3) soient mis en question et perturbés par l'égocentrisme, la satisfaction de la vanité personnelle, l'esprit de compétition et l'indifférence doctrinale. Il s'ensuit que si tels sont effectivement les résultats de l'activité charismatique, celle- ci ne peut guère être considérée comme l'oeuvre du Saint-Esprit.
Qu'en est-il de la nature de la glossolalie actuelle et du but qu'elle poursuit? R.G. Gromacki, une autorité en la matière, écrit: "Les conclusions des linguistes indiquent que la glossolalie moderne est faite de sons inconnus ne reproduisant aucun vocabulaire connu et n'obéissant à aucune règle grammaticale, qui imitent des langues étrangères, et dénués de tout ce qui fait qu'une langue est une langue. Ce mouvement nouveau est donc essentiellement en contradiction avec le parler en langues attesté par la Bible" (The Modem Tongues Movement, p.67). Il ne s'agit donc pas de xénoglossie, du recours à des langues étrangères, mais d'un phénomène phonétique fondamentalement différent. C'est un non-langage, dépourvu de toutes les caractéristiques d'une langue véritable, une suite de sons que le glossolale prend parmi tous ceux qu'il connaît et qu'il juxtapose au hasard. Le linguiste W.J. Samarin a établi qu'il s'agit d'un parler élémentaire où la fréquence des voyelles et des consonnes reste analogue à celle de la langue maternelle. Ainsi, la glossolalie des charismatiques anglophones utilise à 56% les consonnes T, K, S, Y et P, ce qui correspond à la fréquence de ces lettres en anglais (Tongues of men and angels). Un spécialiste français parvint à la même conclusion en expertisant la glossolalie d'un médium spirite français qui prétendait parler le "martien" et l'hindou. Il paraît qu'aucun cas de soi-disant xénoglossie constaté en milieu charismatique ne résiste à un tel examen. Des enregistrements faits sur cassette ont permis d'identifier quelques rares groupes de syllabes comme appartenant à une langue connue.
Il reste donc aux charismatiques à prouver ou bien que le parler en langues dont il est question dans la Bible était une série de sons inarticulés et incohérents, ou bien que la glossolalie qu'ils pratiquent aujourd'hui utilise des langues étrangères. Cette preuve n'est pas faite. Ne faut-il pas en conclure que la glossolalie pratiquée par les pentecôtistes et les néo- pentecôtistes est radicalement différente de celle attestée par le Nouveau Testament ?
Que dire aussi de la façon dont la glossolalie est pratiquée? Par exemple des techniques qu'on recommande à ceux qui recherchent ce charisme pour pouvoir le pratiquer? Dans un article pentecôtiste américain, on peut lire: "Certains croyants imaginent que le Saint-Esprit s'emparera d'eux avec une intensité telle qu'ils seront littéralement contraints de parler en langues, sans aucun concours de leur volonté. Mais ceci n'arrivera jamais. Il faut que dans la glossolalie le croyant coopère avec le Saint-Esprit" (Prince, 1972, p. 3). Un pasteur luthérien charismatique donne aux amateurs de la glossolalie les conseils suivants: "Pour parler en langues, il faut que vous cessiez de prier en anglais. Vous vous enfermez tout simplement dans le silence et décidez de ne prononcer aucune syllabe des langues que vous avez apprises... Ne cherchez pas un sens à ce que vous dites; pour vous, il ne s'agit que d'une suite de sons. Les premiers vous paraîtront étranges et insolites, hésitants et inarticulés. Avez-vous jamais remarqué comment un bébé apprend à parler?" (Miles, février 1965, p. 5.6). Mais l'apôtre Paul ne nous demande-t-il pas de cesser de nous comporter en petits enfants, pour devenir des chrétiens adultes (1 Cor 13:1 1), des "hommes faits" (1 Cor 14:20)? Ce qui est plus important encore, c'est que l'Ecriture ne nous demande jamais de parler en langues ni de rechercher ce don. Jésus exhorta les disciples à "attendre" ce que le Père leur avait "promis" (Act 1:4). Ils étaient donc disponibles à recevoir ce don et à l'utiliser, mais ne le recherchaient pas comme une manifestation nécessaire du Saint-Esprit. Et surtout, ils n'ont utilisé aucune technique pour se l'approprier.
L'évangéliste allemand Kurt Koch, qui est bien au courant de ces questions pour avoir fréquenté d'innombrables milieux chrétiens, raconte avoir assisté un jour à un congrès sur la mission au Japon. Un pasteur américain fit irruption dans la salle au moment où la conférence allait commencer, affirmant qu'il était "rempli de l'Esprit" et que le Seigneur lui commandait de parler à l'assemblée. On lui refusa ce droit. Il organisa alors des contre-réunions auxquelles il invita les gens. Une quarantaine de missionnaires se rendirent à son invitation. L'un d'eux lui demanda comment il fallait s'y prendre pour pouvoir parler en langues. Le pasteur américain lui répondit: "Il vous faut penser à une courte prière, peut-être la phrase: "Seigneur, aide-moi!", et répéter cette phrase de cinq cents à huit cents fois. Alors votre langue et votre état conscient s'y habitueront et tout à coup vous parlerez en langues". Kurt Koch commente l'épisode en ces termes: "Nous n'avons pas besoin de preuve ici pour montrer si ce parler en langues est biblique ou non. Le Saint-Esprit n'a pas besoin d'exercices de répétition ni d'entraînement du subconscient. De tels incidents sont à la fois tragiques et honteux" (Le conflit des langues, p. 23.24). Il serait sans doute injuste de laisser entendre que toutes les communautés charismatiques font preuve de la même exaltation et recourent aux mêmes procédés. Mais ils sont nombreux, ceux qui agissent ainsi, et le simple fait qu'une telle manipulation du Saint-Esprit existe suscite méfiance et réticence a priori.
Sans doute l'exemple d'Haïti n'est-il pas représentatif du mouvement charismatique en général. Mais il est là. Lors d'une conférence internationale à Port-au-Prince, K. Koch donna cinq messages sur les dons de l'Esprit et leurs contrefaçons sataniques. Il écrit: "Les auditeurs étaient contents de mon discours, mais j'ai été surpris et déçu par la réunion de prière qui a suivi. Pendant le temps de prière, quelques-uns des pasteurs sautillaient sur l'estrade. Par la suite, j'ai appris qu'ils étaient membres de « 1'Eglise sautante ». Les auditeurs couraient çà et là, battant des mains, criant et pleurant de plus en plus fort. J'étais confus. Vers la fin du temps de prière, beaucoup de dames et de jeunes filles se sont affaissées et ont commencé à parler en langues. Personne n'a interprété. Ce qui m'a surpris le plus, c'était qu'un pasteur américain aussi a parlé en langues. Finalement il a dit : "Seigneur, donne l'interprétation". Aussitôt il s'est interprété lui-même en déclarant: "Je suis le Dieu vivant. Je reviens bientôt. Soyez prêts". Mon organisateur et moi avons senti des frissons dans le dos. La deuxième et la troisième réunion étaient encore pires. Alors mon ami m'a dit: "Je ne puis rester ici. Il y a une atmosphère démoniaque, non la présence du Saint-Esprit". Il a quitté la réunion. J'ai essayé d'endurer la quatrième réunion, puisque j'étais conférencier. Mais moi aussi je suis devenu épuisé. Pendant tout ce temps j'ai dû demander la protection du Seigneur. Pour moi, ce n'était pas la forme biblique du parler en langues, mais une forme démoniaque" (Le conflit des Iangues, p. 3).
Françoise de Mensbrugghe a assisté à de nombreuses séances charismatiques avant d'écrire son livre Le Mouvement Charismatique, dans lequel ne manquent pas les récits de manipulation du Saint-Esprit. En 1958, elle assista à un congrès international dans le centre apostolique de Kolding, au Danemark. Elle fut frappée par le "caractère programmé de certaines manifestations: avant qu'ils n'aient ouvert la bouche, des micros enregistreurs étaient branchés devant les "prophètes". Les prophéties ainsi obtenues servaient souvent de base à la prédication et jouissaient d'un beaucoup plus grand prestige que les Ecritures elles-mêmes" (p. 9). L'auteur est convaincu aussi que la "mise en condition" joue un rôle très important dans ces manifestations. Il a pris lui-même conscience de la part du psychisme dans leur éclosion: « Le passage de "la conscience à la prise de conscience" s'est opéré graduellement, en cours de retraite et dans les mois qui ont suivi. J'ai réalisé dans un premier temps que si l'expérience charismatique est donnée, elle est aussi provoquée: les désirs orientés vers un seul objet, l'expérience du cénacle, les heures d'immobilité prolongée dans le clair-obscur de la chapelle, le jeûne chez plusieurs, le manque de sommeil chez certains trop perturbés pour dormir, sont des techniques aussi efficaces que les plus grosses "ficelles" des évangélistes pentecôtistes. Seulement il n'y a pas eu de phénomènes physiques spectaculaires, à part des pleurs, mais toujours discrets. Par contre, j'ai perçu de l'intérieur les signes d'une altération de la conscience: sensation de resserrement des muscles de la gorge, léger tremblement des genoux, sentiment de joie intense, vision" (p. 20 s.). Nous aurons l'occasion de revenir là-dessus.
Où faut-il chercher la source de la glossolalie moderne? Dans l'action du Saint-Esprit? Les charismatiques en sont convaincus et fondent leur conviction sur le changement profond que leur expérience spirituelle a provoqué dans leur vie. Ils font appel à ce que dit Jésus: "Vous les reconnaîtrez à leurs faits". Mais le Christ songe aux faux prophètes, et les fruits qu'ils portent ne sont pas leurs oeuvres, mais leur doctrine (Matthieu 7:15-20). Cependant, non seulement la fin ne justifie pas les moyens, mais elle ne les révèle même pas nécessairement. Même des résultats recommandables ne prouvent pas qu'on identifie correctement la cause ou qu'on interprète correctement la signification d'une expérience spirituelle. La norme de vérité en matière religieuse est toujours la Parole de Dieu, et jamais les sentiments subjectifs de l'homme, aussi pieux soient-ils. Cela dit, les fruits du renouveau charismatique ne sont pas toujours aussi bons qu'on le prétend. Nous en reparlerons.
Satan serait-il à l'origine de la glossolalie? Nous nous abstiendrons de l'affirmer, mais la possibilité est là, ne serait-ce que parce que la glossolalie n'est pas une manifestation particulière au christianisme, mais qu'on la rencontre dans pratiquement toutes les religions du monde. Quiconque connaît la Bible sait qu'il existe des phénomènes miraculeux qui ont pour auteur le diable. Les magiciens égyptiens savaient très bien imiter les miracles de Moïse (Exode 7:10-12). Paul dit de l'Antichrist: "L'apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers" (2 Thessaloniciens 2:9). Jésus déclare qu'on fera des miracles en son nom (Matthieu 7:20-23).
Les devins et les sibylles ne manquaient pas dans l'Antiquité. Tout comme aujourd'hui, du reste. Bien des expériences de glossolalie ressemblent étrangement aux scènes de spiritisme. On sait que l'accessibilité à une manipulation psychique, doublée de frustrations et accompagnée d'une préparation adéquate (cris, gestes, contorsions), fait tomber certaines inhibitions et assujettit à des forces qui ne viennent pas de Dieu. Nous ne voulons certes pas assimiler tous ceux qui se revendiquent du mouvement charismatique à des possédés, de faux chrétiens ou des agents de Satan. Loin de nous cette pensée ! Cependant, le fait qu'on soit un chrétien ne met pas à l'abri d'influences malsaines, morbides, voire démoniaques. La chose a été prédite par l'apôtre Paul (1 Timothée 4:1). Un croyant peut fort bien se laisser séduire et égarer dans un domaine particulier de la doctrine ou de la vie chrétienne, sans qu'il soit pour autant perdu. Il est dit que dans les derniers temps, les faux christs et les faux prophètes feront tout pour séduire, s'il était possible, même les élus (Marc 13:22).
La glossolalie serait-elle un phénomène de psychologie collective? C'est la réponse vers laquelle nous penchons. Un psychothérapeute américain, le Dr. William Glasser, montre qu'il existe des comportements qui sont le produit d'une accoutumance psychique et qui deviennent contagieux et suscitent une dépendance parce qu'ils satisfont un besoin déterminé. Il explique que tel se contente d'absorber chaque jour un comprimé de vitamines, un geste dont il ressent le bienfait. Tel autre, plus courageux, courra chaquejour une quinzaine de kilomètres. Ce qui est important, écrit-il, c'est 1) d'y croire, 2) de pouvoir accomplir cet acte facilement, 3) de savoir qu'il correspond d'une façon ou d'une autre à un besoin ... Si nous pensons que nous sommes faits pour pratiquer le jogging, même si cela nous coûte du temps et de l'effort, la sensation qu'il nous procure est si forte et si agréable qu'une véritable dépendance peut s'installer ... C'est dû au fait que le cerveau produit une substance chimique naturelle et capable de procurer du plaisir, comme l'encéphaline ou l'endorphine" (Stations of the mind: New directions for Reality Therapy, 1981, p. 248-253). Pourquoi un bébé aime-t-il gazouiller pour lui-même et émettre des sons inarticulés, qui ne convoient aucun message? C'est parce que ce comportement qu'il est en train de découvrir lui procure du plaisir et répond à un besoin. Se pourrait-il que le glossolale revienne à un comportement infantile qui lui procure de la satisfaction? Tel une drogue, il suscite peut-être une dépendance, un état dont il a besoin et qui pourrait fort bien libérer dans son cerveau une substance chimique.
Cette thèse mérite réflexion, surtout si on tient compte des méthodes qu'on utilise souvent pour susciter des phénomènes de transes; et il semble bien que transes et glossolalie aillent de pair. Dans ce cas, il s'agit d'une auto-suggestion induite, c'est-à-dire provoquée. Qu'on se souvienne des techniques utilisées pour entrer en transes: chants rythmés avec battements de tambour, danses jusqu'à épuisement complet, isolement sensoriel lors de certaines cérémonies d'initiation, ou de celles dont on se sert parfois pour provoquer l'hypnose: répétition monotone d'un même son, fixation d'un objet brillant. Le jeûne facilite le processus de dissociation par l'hypoglycémie qu'il engendre. La transe mystique n'est-elle pas un état hypnotique de caractère religieux? On sait que la suggestion peut provoquer des altérations de la conscience. Certaines méthodes de psychothérapie dérivées de l'hypnose se basent sur cette constatation. Pour ce qui concerne la glossolalie pratiquée dans les communautés et mouvements charismatiques, il s'agit sans doute d'un phénomène induit par la suggestion d'une présence immédiate du Saint-Esprit dont on attend une manifestation spectaculaire. L'expérience est provoquée, confirmée, entretenue à l'aide de divers procédés qui éloignent de plus en plus du modèle de la Pentecôte. Françoise van der Mensbrugge rappelle que la "transe apparaît sur la toile de fond de l'angoisse, de la culpabilité, des conflits psychologiques ou de la frustration. Elle est un mécanisme de compensation comme la fête et le carnaval en société occidentale" (op. eu. p. 47). Ceci pourrait expliquer que des phénomènes de ce genre aient surgi ici et là en milieu chrétien, en des périodes troublées ou à l'occasion de persécutions (jansénistes, prophètes des Cévennes). Il n'est pas exclu non plus que le comportement engendré par la glossolalie provoque des guérisons. Dans toutes les religions et à toutes les époques, on a assisté à des flambées d'enthousiasme religieux accompagnées de phénomènes de guérison. Surtout s'il s'agissait de maladies psychosomatiques. Beaucoup de ces récits de guérisons qui circulent dans le monde ne sont que supercherie. Il y a pourtant des cas de guérison qui échappent à toute explication et défient la médecine. Si la glossolalie est un mécanisme régressif de compensation pour guérir de ses frustrations ou échapper à l'angoisse ou sortir d'une crise personnelle, une importante composante de ce phénomène sera inévitablement l'autorité du groupe ou d'un leader. L'être fragile qui renonce à la direction consciente de sa parole et permet à son subconscient de prendre ses centres verbo-moteurs en charge, entre dans une relation de dépendance où il subit la pression du groupe ou l'influence d'une figure d'autorité. Des spécialistes ont constaté que l'adulation du leader est la caractéristique d'un groupe qui se livre au parler en langues, ce que prouve aussi le fait que le groupe dans son ensemble adopte le style de glossolalie et imite les gestes et les manières de son chef. Mécanisme de compensation, exutoire à des sentiments particulièrement intenses qu'on n'arrive pas à exprimer autrement, besoin de se prouver à soi- même qu'on est sous la puissance du Saint-Esprit, soif du surnaturel, piété qui ne peut pas se contenter de croire, mais a besoin de voir, moyen de surmonter ses peurs et son sentiment de culpabilité, de briser ses inhibitions et de se valoriser à ses propres yeux et à ceux du groupe? Le tout dirigé, canalisé par des méthodes appropriées, et tout cela dans un climat de surexcitation et d'exaspération du sentiment religieux? La thèse mérite une investigation approfondie.
5. La glossolalie dans le monde
Les charismatiques reprochent souvent à ceux qui nient que le Saint-Esprit est à l'origine du parler en langues ou qui en doutent, de limiter l'action et la puissance de Dieu. Le problème, cependant, n'est pas de savoir si Dieu peut accorder ces dons à l'Eglise d'aujourd'hui, mais s'il le fait effectivement. Celui qui ne doute pas de la toute-puissance de Dieu peut malgré tout avoir de sérieuses réserves quant à l'origine du parler en langues. Nous pensons que ce que nous avons dit ci-dessus autorise ces réserves. Ajoutons à cela que la glossolalie est loin d'être un phénomène propre au christianisme. On la rencontre dans de nombreuses religions païennes d'hier et d'aujourd'hui.
K. Koch raconte que des Bantous et des Zoulous non chrétiens d'Afrique du sud parlent en langues. On lui confirma aussi au cours de ses voyages en Asie qu'il arrivait souvent à des prêtres bouddhistes et shintoïstes de pratiquer la glossolalie (Le Conflit des Langues, p. 31). L'histoire des religions anciennes fait état de cas de glossolalie chez les devins grecs que l'on distinguait des "prophètes" et à qui on attribuait un degré d'inspiration inférieur. Platon en parle dans son Timée (72 b) et Virgile, pour les Latins, dans 1'Énéide (VI, 45, 98 s). Les pythonisses et les sibylles sont décrites comme possédées par une puissance à laquelle elles étaient incapables de résister. Des sons sauvages, inarticulés, "nec mortale sonans" (« qui ne sonnent pas comme les sons des mortels », Virgile) s'échappent de leurs lèvres, tandis qu'elles sont en transes. Le parler en langues existe en dehors du christianisme et est déclenché par des facteurs psychologiques ou chimiques (champignons hallucinogènes). Les psychiatres James, Dupré, Janet et Fretid l'ont observé chez des névropathes. Ce qui est vrai des charismes en général l'est en particulier de la glossolalie: "L'ascèse des mystiques et différentes techniques d'éveil les libèrent, tout comme l'expérience charismatique. Ils ne constituent donc pas la spécificité d'une expérience chrétienne de l'Esprit, mais semblent appartenir à un potentiel humain inexploité. A l'aide de certaines techniques il est relativement facile de libérer les charismes, de provoquer les phénomènes physiques du "baptême dans l'Esprit", sans qu'ils soient l'aboutissement d'un véritable cheminement spirituel" (Fr. van der Mensbrugghe, op. cit. p. 50).
La glossolalie est parfois aussi la manifestation de la possession démoniaque. L'archevêque Theodorowicz cite l'exemple du médium brésilien Mirabelli qui a écrit, devant une commission d'experts, des dizaines de pages en 25 langues différentes qu'il ne connaissait pas. Il prétendait agir sous la dictée d'esprits et donnait tous les signes d'une véritable possession démoniaque (Theodorowicz, Konnersreuth im Lichte der Mystik und Psychologie, 1936, p. 503). L'histoire du pentecôtisme en Allemagne, au début du XX siècle, a permis elle aussi d'identifier plusieurs cas de parler en langues démoniaque. K. Koch raconte l'exemple d'un ancien spirite, M. Mille, qu'il avait rencontré à Londres et qui, avant sa conversion au christianisme, avait connu un grand succès dans une assemblée spirite. Il avait possédé des pouvoirs de guérison qui devenaient actifs quand il entrait en transes, et qui lui avaient permis de venir en aide à bien des malades. "Il avait aussi, écrit K. Koch, maîtrisé l'excursion de l'âme. Il pouvait, semblait-il, laisser son âme ou une partie de son âme sortir de son corps et l'envoyer à de grandes distances. De cette manière, il avait découvert des choses qui, après examen, furent trouvées exactes. En transe totale, il pouvait parler en langues" (Le Conflit des langues, p. 32). Le même auteur affirme avoir observé que les gens qui ont des tendances de médium répondent plus rapidement au parler en langues que d'autres. D'ailleurs on demande aux gens, dans certaines réunions charismatiques, de se donner la main pour constituer une chaîne et de répéter inlassablement certains mouvements. Les spirites ne font-ils pas la même chose?
6. Les dangers et les fruits douteux du pentecôtisme
Le mouvement charismatique résulte bien souvent de l'indifférence à l'égard de l'enseignement doctrinal de la Bible et favorise cette indifférence. On exalte les "expériences spirituelles" au détriment des vérités révélées par la Parole de Dieu. L'Ecriture affirme que nous devons tout examiner à sa lumière pour déterminer si on peut attribuer ou non telle ou telle manifestation au Saint-Esprit (1 Jean 4:1-6 ; cf Jean 8:32). Mais au lieu de procéder ainsi, on fait le contraire: on croit constater qu'une expérience spirituelle ressemble à un épisode raconté par la Bible et on en conclut qu'elle est conforme à la volonté de Dieu et qu'elle provient de lui. L'expérience charismatique détourne de l'enseignement clair de l'Evangile au profit d'un autre évangile qui est un produit humain déclarant que tout vrai chrétien doit aspirer à la glossolalie et parvenir à la pratiquer, qu'une telle expérience est le signe d'une spiritualité supérieure. Le résultat est qu'on ne trouve plus consolation, paix et espérance dans les promesses de l'Evangile du Christ, parce qu'on a le sentiment de ne pas produire assez de fruits ou de ne pas bénéficier d'assez de signes. Ou bien c'est l'orgueil qui s'installe, car on voit dans la présence de ces signes la preuve qu'on est un enfant de Dieu "baptisé du Saint-Esprit". Quelle importance peut-on encore attacher aux bénédictions du baptême, si ce baptême n'est qu'une étape intermédiaire vers un autre "baptême", une expérience de plénitude? Quel peut encore être le rôle des moyens de grâce institués par le Seigneur pour susciter et fortifier la foi, si on place au-dessus d'eux des signes visibles sur lesquels on bâtit sa certitude d'être un enfant de Dieu? La foi est-elle encore foi chrétienne si elle demande à voir, à constater qu'on est un temple du Saint-Esprit? Quand on a foi en Dieu et qu'on fait confiance à sa révélation, on n'a pas besoin de signes. Jésus s'en prend à la génération perverse et adultère qui exige des signes pour croire (Matthieu 12:39). Et Paul écrit aux Corinthiens immatures qui placent le plus petit des dons, la glossolalie, au-dessus de tous les autres: "Les Juifs demandent des miracles (littéralement: "des signes") et les Grecs cherchent la sagesse. Nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui croient" (1 Corinthiens 1:22-24). Demander des signes, c'est faire preuve d'un manque de foi et d'immaturité spirituelle. Il est inconvenant et contraire à l'Ecriture d'enseigner une chose pareille.
L'indifférence à l'égard des moyens de grâce engendre l'indifférence. L'immaturité spirituelle devient un phénomène qui s'installe. L'ignorance et la confusion doctrinales se perpétuent elles- mêmes. C'est ainsi que des catholiques et des luthériens qui adhèrent au mouvement charismatique demandent à être rebaptisés par immersion, récusant le baptême qu'ils ont reçu dans leur enfance. On ne sait plus ce qu'est le baptême, ce que le Christ offre dans la Sainte Cène, comment le pécheur est justifié et préservé dans la foi.
La recherche et l'utilisation des charismes sont le dénominateur commun de tous ceux qui adhèrent au renouveau charismatique. Il suffit de posséder les mêmes dons spirituels, qu'on soit d'accord dans la doctrine ou non. Qu'on soit millénariste ou non, calviniste ou arminien ou même catholique, peu importe. C'est un nouvel oecuménisme qui recouvre toutes sortes de fausses doctrines, y compris la terrible confusion catholique de la foi et des oeuvres, de la justification et de la sanctification. Ainsi, la participation à une même expérience spirituelle comme la glossolalie remplace l'unité doctrinale fondée sur l'Ecriture seule. Un vieux cliché déclare: "Peu importe ce que vous croyez, du moment que vous êtes sincère". Les charismatiques laissent entendre: "Peu importe ce que vous croyez, du moment que vous faites l'expérience de la plénitude de l'Esprit Saint".
Les pentecôtistes et néo-pentecôtistes sont convaincus qu'ils rendent le Saint-Esprit à une Eglise qui fait preuve de laisser-aller dans la doctrine et la vie chrétienne. Ce sentiment reflète une fausse dichotomie et montre en quoi leur théologie n'est pas biblique. L'oeuvre du Saint-Esprit ne consiste pas à se rendre témoignage à lui-même, mais à rendre témoignage à Jésus-Christ, et cela non par des manifestations extraordinaires, mais par la Parole de Dieu. Jésus le dit très clairement: "Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et il vous l'annoncera" (Jean 16: 13.14). Notre foi est centrée sur le Christ, car l'Ecriture l'est. Les charismatiques, au contraire, dissocient le Saint-Esprit et le moyen de grâce par lequel il agit. Luther appelait cela de l'illuminisme et accusait celui-ci d'être la mère de toutes les hérésies. "Nous devons maintenir constamment, dit-il dans les Articles de Smalcalde, que Dieu n'agit pas avec nous en dehors de la Parole externe et du sacrement".
Le croyant est poussé par le Saint-Esprit à rendre témoignage au Christ, et non à dire à qui veut l'entendre: "Je suis rempli du Saint-Esprit". Peut-on imaginer l'apôtre Pierre disant, le jour de la Pentecôte: « Sachez, vous qui m'écoutez, que j'ai reçu la plénitude du Saint-Esprit et le don des langues. Je veux le partager avec vous, pour que vous sachiez combien il est merveilleux » . Au lieu de cela, il annonça l'Evangile du Christ crucifié et ressuscité conformément aux Ecritures (Actes 2). Aucun des apôtres n'a dévoilé les sentiments qu'il éprouvait, mais ils "rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus" (Actes 4:33). Ce fut la proclamation de cet Evangile et non l'appel à des expériences extraordinaires qui bouleversa le monde de l'époque. Le mouvement charismatique encourage les chrétiens à chercher le réconfort non dans la croix du Christ, ni dans la grâce offerte dans le baptême, ni dans le corps et le sang du Christ distribués dans la Sainte Cène pour le pardon des péchés, ni dans l'absolution, mais en eux-mêmes, dans leurs prières, leurs combats personnels et les expériences qu'ils vivent. Un tel doutera de l'amour de Dieu, parce qu'il n'a pas exaucé les prières dans lesquelles il lui demandait une expérience spirituelle particulière. Tel autre doute du pardon du Christ, constatant qu'il pèche encore après avoir reçu le "baptême dans l'Esprit". On remet son christianisme en cause, parce qu'on constate qu'on se fâche encore avec ses enfants, qu'on manque encore d'honneur à l'égard de ses parents, qu'on ressent encore le fardeau du péché. On se culpabilise au lieu de se repentir et de chercher le pardon auprès du Christ avec la force de lutter contre le mal. Cela est dû à la théologie pentecôtiste qui attend du "baptême dans l'Esprit" la solution à tous les problèmes spirituels. Ce dont les chrétiens d'aujourd'hui ont besoin, ce n'est pas de révélations nouvelles et d'expériences extraordinaires, mais de bien comprendre ce que Dieu a révélé dans la Bible pour leur salut, de s'y attacher et d'en vivre par la foi.
Paul écrivit son admirable chapitre sur l'amour chrétien (1 Corinthiens 13) pour réagir contre la façon dont on utilisait le parler en langues. Ce don exaltait le propre moi. L'apôtre recommande donc aux Corinthiens, comme la voie par excellence, la pratique de la charité. S'ils aspirent à un don spirituel, que ce soit par exemple le don de prophétie, l'aptitude à bien commenter et appliquer la Parole de Dieu à l'auditoire. C'est ainsi que l'Eglise sera édifiée, tandis que la glossolalie procure un plaisir qui reste axé sur soi-même. S'ils aspirent à des dons, que ce soient des dons qui profitent aux autres et non un charisme par lequel on se fait plaisir à soi-même. Qu'on renonce à la glossolalie, s'il n'y a personne pour traduire. Aucun don de l'Esprit ne doit faire fi de l'amour chrétien. La leçon est importante, car trop souvent celui qui parle en langues et qui en conclut qu'il est baptisé dans l'Esprit s'enorgueillit et se considère comme un chrétien de première classe et les autres comme des croyants déficients et de second rang. D'autre part, on a souvent constaté pour s'en plaindre amèrement que le mouvement charismatique divisait les Eglises. Telle communauté, édifiée au prix d'un ministère fervent, de beaucoup de travail et de nombreux sacrifices est détruite par ce déluge. Or le Saint-Esprit ne divise et ne déchire pas l'Eglise, mais l'unit.
Parmi les dangers du mouvement charismatique signalons encore le recours à des slogans qu'on répète inlassablement. Ainsi la phrase: "Aspirez à parler en langues, car aussi longtemps que vous ne possédez pas ce don vous n'avez pas la plénitude du Saint-Esprit". Paul, au contraire, affirme que tous les croyants ont été "baptisés dans un seul Esprit... et abreuvés d'un seul Esprit" (1 Corinthiens 12:13) et précise que tous n'ont pas le don des langues (1 Corinthiens 12:29.30), sans enjoindre à ceux qui ne l'ont pas de tout faire pour le recevoir. Citons aussi l'affirmation selon laquelle le Christ ayant porté toutes nos maladies sur la croix, nous pouvons en guérir si nous avons assez de foi. Il s'ensuit que celui qui ne guérit pas a trop peu de foi,-où bien a dressé un obstacle entre le Seigneur et lui qui rend l'exaucement impossible. Une telle théologie est dévastatrice et accule nécessairement les croyants au désespoir.
On soutient aussi que le baptême est une première bénédiction qui doit être suivie d'une seconde, le "baptême dans l'Esprit" que l'on sait avoir reçu quand on peut parler en langues. Il faut en conclure que tant qu'on n'a pas reçu ce "baptême dans l'Esprit", on ne possède qu'une petite mesure de l'Esprit Saint qui ne permet pas d'être un chrétien accompli. Nous reviendrons plus longuement sur ce point dans le chapitre suivant.
Une des particularités du renouveau charismatique est de mettre l'accent sur la personne et l'oeuvre du Saint-Esprit à un point tel qu'on néglige et dédaigne d'autres enseignements au moins aussi importants de la Bible. C'est ainsi que le Saint-Esprit en vient à supplanter Jésus-Christ. Toute la terminologie utilisée (plein Evangile, deuxième bénédiction, baptême ou plénitude de l'Esprit, dons de l'Esprit, pluie de l'arrière-saison) montre que ce qui compte, ce sont les sentiments personnels plus que les promesses miséricordieuses de Dieu, l'extraordinaire et le spectaculaire plus que l'humble repentance et la foi simple en l'Evangile, ce qu'on voit plus que ce qu'on croit. Et parmi les dons de l'Esprit, ceux qui frappent l'oeil par ce qu'ils ont d'insolite prennent le pas sur les autres beaucoup moins voyants, mais qui font nécessairement partie de la vie chrétienne, tels que la foi, l'humilité, la confiance, la patience, l'amour, la sobriété, etc.
Peut-on affirmer, comme le font les pentecôtistes, que le mouvement charismatique est le signe d'un réveil mondial du christianisme? Pourquoi, s'il en est ainsi, le parler en langues a-t-il joué un rôle tout à fait secondaire dans l'Eglise apostolique, à tel point qu'il n'est mentionné dans aucune autre épître que dans la première aux Corinthiens? Si ce don est si important, pourquoi n'est-il pas apparent dans la vie des paroisses de Rome, de Galatie, d'Ephèse, de Colosses, de Philippes, de Thessalonique ? S'il est le signe d'un réveil du christianisme, pourquoi le rencontre- t-on dans les religions païennes ? Dans tous les réveils chrétiens, les gens ont été brisés par la repentance et ont trouvé dans la foi le chemin vers le Christ.
Au lieu d'édifier les fidèles dans une foi sobre, solidement ancrée dans la Parole de Dieu, qui se fonde sur les promesses d'un Dieu véridique et fidèle, le renouveau charismatique fouette et exaspère les émotions, suscite des feux de paille aux lendemains souvent douloureux. Dieu édifie les siens par l'intelligence, en faisant appel à l'entendement et au coeur, et non par les transes et une ambiance qui frise trop souvent l'hystérie. L'Evangile veut susciter le calme, la paix et la sérénité, et non le délire et l'extase. K. Koch a cette belle phrase: "Ce n'est pas que nous devrions recevoir plus du Saint-Esprit, mais bien que le Saint-Esprit devrait recevoir plus de nous-mêmes" (op. cit., p. 46).
L'apôtre Paul conclut son exposé sur le parler en langues en disant: "N'empêchez pas de parler en langues" (1 Corinthiens 14.39). Il ne s'agit pas d'interdire à des croyants de pratiquer la glossolalie (Paul ne l'a pas fait), mais de les inviter à s'interroger sérieusement sur la nature du charisme qu'ils pratiquent et qu'ils voient pratiqué autour d'eux, à la lumière des constatations que nous avons pu faire. Il faut ensuite leur enseigner à se contrôler eux-mêmes et à ne pas donner à ce don plus d'importance qu'il n'en a selon l'Ecriture. Il convient d'être très vigilant, quand on entend parler de glossolalie autour de soi, de ne jamais oublier que la pure doctrine est le plus beau et le plus précieux don du SaintEsprit qui doit servir de critère pour juger tous les autres. Cinq paroles aptes à édifier l'assemblée et à la faire progresser dans la foi sont plus importantes que mille paroles en langues (1 Cor 14:19). Enfin, il faut que les chrétiens sachent qu'ils ont été baptisés par le Saint- Esprit quand ils se sont convertis et qu'ils ont reçu le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit dans le baptême institué par le Christ (Tite 3:5). La preuve qu'on a été oint du Saint- Esprit sont la foi elle-même et les fruits qu'elle porte dans la vie.
LE PARLER EN LANGUES DANS LE NOUVEAU TESTAMENT ET DANS LE MOUVEMENT CHARISMATIQUE
Le terme "glossolalie" est dérivé du grec "glôssa lalein" qui signifie "parler en langue". Avant de monter au ciel, Jésus avait dit à ses disciples: "Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents. S'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris" (Marc 16:17.1 8). Cette promesse selon laquelle ils allaient parler "de nouvelles langues", c'est-à-dire des langues qu'ils n'avaient pas connues jusqu'à présent, s'accomplit le jour de la Pentecôte par la puissance du Saint-Esprit (Actes 2:1-4).
D'autre part, l'apôtre Paul déclare que des membres de l'Eglise de Corinthe parlaient en langues et attachaient beaucoup d'importance à ce charisme. Quand on compare la glossolalie de la Pentecôte à celle qui se pratiquait à Corinthe, trois conclusions sont possibles: 1) il s'agit de part et d'autre, à la première Pentecôte et dans l'Eglise de Corinthe, de langues humaines parlées par certains peuples ou ethnies; 2) les apôtres s'exprimèrent dans des langues humaines le jour de la Pentecôte, tandis que la glossolalie de Corinthe était un langage extatique et incohérent ne correspondant à aucune langue humaine; 3) les deux événements font état d'un langage extatique. La plupart des charismatiques souscrivent à la deuxième ou la troisième solution. Voyons ce que disent les textes de l'Ecriture.
1. La nature de la glossolalie de la Pentecôte (Actes 2)
Le texte de l'Ecriture affirme qu' "ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer" (Actes 2:4). Surpris, leurs auditeurs, des Juifs venus de différents pays de l'empire romain pour célébrer la Pentecôte, se dirent les uns aux autres: "Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu" (Actes 2:71 1). La plupart étaient perplexes, "d'autres se moquaient et disaient: Ils sont pleins de vin doux" (Actes 2:13). Le texte dit clairement que les apôtres s'exprimaient dans différentes langues étrangères que les auditeurs identifièrent à leur langue maternelle. Ils saisirent bien le contenu de cette glossolalie. Si les disciples s'étaient exprimés en un langage extatique et incohérent, ne correspondant à aucune langue humaine, il aurait fallu une traduction pour qu'ils comprennent. Les partisans de cette thèse soutiennent donc que le Saint-Esprit interpréta le parler des apôtres pour le rendre intelligible à leurs auditeurs. Ils fondent cette explication sur le fait qu'on les soupçonna d'ivresse. Nous la rejetons parce qu'elle ne rend pas justice au texte qui dit clairement que les auditeurs reconnurent dans la glossolalie des apôtres leurs langues maternelles. Si on les suspecta d'ivresse, c'est parce qu'ils se mirent à parler en même temps et chacun dans une autre langue. Les sons ont dû se mélanger et, entendus de loin, ressembler à un bavardage incohérent. Mais en écoutant de plus près, les Juifs parvinrent à discerner chacun la langue qui était la sienne. Du reste, Luc précise que ceux qui accusèrent les Douze d'ivresse le firent pour se moquer d'eux. Signalons que Luc utilise dans les V.6 et 8 le terme grec "dialektos" (dialecte) et en fait un synonyme de "glossa" (langue). Or ce terme dénote toujours une langue effectivement parlée par des hommes. Il n'y a par ailleurs aucune raison d'admettre que la glossolalie d'Actes 10: 46 et 19:6 ait été différente.
2. La nature de la glossolalie dans 1 Corinthiens
Si la plupart des charismatiques sont convaincus que le parler en langues de la Pentecôte a eu lieu dans des langues réelles, ils soutiennent cependant que la glossolalie dont parle Paul dans sa première épître aux Corinthiens était un langage inarticulé, d'origine inconnue et ne ressemblant à aucune langue parlée par les hommes. 1 Corinthiens justifie-t-il une telle conception ou l'étude du texte nous contraint-elle de tirer une autre conclusion?
Parmi les différents dons que le Saint-Esprit accorde à l'Eglise, l'apôtre mentionne la "diversité des langues" (littéralement: "des genres de langues", 1 Corinthiens 12: 10). Aurait-il employé ce terme pour désigner un langage extatique? Un tel langage permet-il de distinguer entre différents "genres de langues"? Nous retrouvons la même expression "diverses langues" (littéralement: "genres de langues") dans 1 Cor 12:28. Ce sont des genres, des types différents, mais il s'agit toujours d'authentiques langues humaines. Paul, le grand globe-trotter et missionnaire de Dieu, loue le Seigneur de ce qu'il "parle en langue" plus que les Corinthiens (1 Cor 14:18). Le mot est employé au pluriel en grec, soit "parler en langues". Se serait-il exprimé ainsi s'il s'était agi d'un parler extatique?
On retrouve ce pluriel dans le V. 6 du même chapitre. Il précise aussi dans le V.10 qu'il y a diverses langues et qu'aucune d'entre elles n'est sans signification. Mais si quelqu'un vient à parler dans une de ces langues et que lui-même ne la comprend pas, il sera un "barbare", un illettré pour celui qui parle (V.1 1). On objecte que l'apôtre utilise le mot grec "phônè" au lieu de "glôssa" dans les V. 10 et 11, qu il fait par là la différence entre les langues des hommes et le parler extatique. Mais rien ne prouve cela. Luc, nous l'avons vu, utilise lui aussi deux termes pour désigner les langues étrangères parlées par les Juifs de la diaspora.
Les charismatiques font valoir que lorsqu'il dit: "Quand je parlerais les langues des hommes et des anges ... " (1 Cor 13:1), Paul distingue entre les langues de ce monde parlées par les hommes et des langues célestes, de caractère extatique. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'exprime au conditionnel: "Quand je parlerais ... Il énonce une hypothèse. Il dit aussi: "Quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes..." (1 Cor 13:2). Nous n'en concluons pas qu'il connaissait effectivement tous les mystères, qu'il savait transporter des montagnes et qu'il avait toute la connaissance. N'ajoute-t-il pas un peu plus loin: "Nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie" (1 Cor 13:9)? D'autre part, il ne nous donne aucune indication quant aux langues des anges nous permettant de les assimiler à un parler extatique. Nous ignorons tout de ces langues angéliques et savons simplement que chaque fois que des anges se sont adressés à des hommes, ils l'ont fait dans la langue parlée par ces derniers.
"Celui qui parle en langues s'édifie lui-même; celui qui prophétise édifie l'Eglise" (1 Cor 1 : 4.5). Le fait que celui qui parle en langues s'édifie lui-même indique qu'il comprend ce qu'il dit. En effet, selon l'enseignement de l'Ecriture, l'édification a toujours lieu par la Parole qui s'adresse à l'intelligence. Mais il ne peut pas communiquer avec d'autres en une langue qu'ils ne comprennent pas; la langue étrangère l'empêche de les fortifier dans la foi. C'est pourquoi l'apôtre ne veut pas de glossolalie dans l'assemblée si ce qui est dit en langues n'est pas traduit pour les autres. "C'est pourquoi, que celui qui parle en langue prie pour avoir le don d'interpréter.... Autrement, si tu rends grâces par l'esprit, comment celui qui est dans les rangs des simples auditeurs répondra-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis?" (V. 13.16).
Paul établit donc le principe de "l'interprétation des langues" ("hermèneia glôssôn", 1 Cor 12: 1 0). Le mot grec rendu par "interprétation" signifie en fait "traduction" (Cf. Hébreux 7:2; Jean 1:42; 9:7). Et l'apôtre d'ajouter: "S'il n'y a point d'interprète, qu'on se taise dans l'Église et qu'on parle à soi-même et à Dieu" (V.28). L'examen du texte montre donc que rien ne nous oblige à conclure que la glossolalie de Corinthe était un langage céleste, un parler extatique. Il semble que l'autre explication s'impose, que ce charisme particulier ait consisté à parler dans des langues étrangères que les intéressés n'avaient pas apprises et ne savaient pas manier en temps ordinaire.
Luc était l'associé et le compagnon de Paul. Il écrivit certainement le livre des Actes après que Paul eut rédigé la première épître aux Corinthiens (approximativement en l'an 62 pour les Actes, et en l'an 55 pour 1 Corinthiens). D'autre part, Luc connaissait l'Église de Corinthe et il est fort probable qu'il ait lu les lettres que l'apôtre avait envoyées à cette communauté (Cf. Act 18:1-1 1). Nous en concluons qu'il connaissait l'attitude de Paul concernant l'abus de la glossolalie. On constate en effet qu'en écrivant le livre des Actes, il utilise, après la mise au point concernant le parler en langues à Corinthe, le même terme que Paul pour désigner ce charisme: "parler en langue".
Paul n'avait pas besoin de définir la nature de la glossolalie, en écrivant aux Corinthiens. Ces derniers savaient de quoi il s'agissait. Il n'en va pas de même pour Luc qui écrit son évangile et les Actes pour Théophile (Luc 1:1-4). Dans le Nouveau Testament, le mot grec traduit par "langue" désigne ou bien l'organe du corps qui permet de parler (Marc 7:33; Philippiens 2:1 1), ou bien une langue parlée, c'est-à-dire le moyen dont se servent les hommes pour communiquer. Le mot n'est jamais employé pour désigner une forme de discours extatique, un ensemble de sons inarticulés impropres à traduire une pensée. Un principe d'interprétation primordial affirme: "L'Ecriture s'interprète elle-même". Les mots de l'Ecriture ont donc le sens que leurs auteurs entendent leur donner. Paul écrit dans 1 Cor 14: 1 0: "Aussi nombreuses que puissent être dans le monde les diverses langues, il n'en est aucune qui soit sans signification". Il semble donc qu'il songe aux langues que les hommes ont l'habitude d'utiliser pour communiquer entre eux. Il s'ensuit que dans tout le chapitre le mot a sans doute ce sens. Tel est l'avis de la grande majorité des exégètes. Il faut vouloir à tout prix chercher une justification biblique au parler extatique pour procéder à une autre interprétation.
3. Le but de la glossolalie dans le Nouveau Testament
Quand Dieu accorde des dons à l'Eglise, il le fait dans un but précis. Si ces dons n'ont plus de raison d'être, il les supprime. Par exemple, il n'accorde plus le don de l'inspiration prophétique, car ce qu'il nous révèle dans la Bible par les prophètes et les apôtres est suffisant pour rendre les hommes sages à salut par la foi en Jésus-Christ (2 Timothée 3: 14-17).
A quoi devaient servir les charismes que le Christ ressuscité accorda aux apôtres et qu'énumère Marc 16: 15-18? On nous dit que les disciples "s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les miracles (littéralement: "les signes") qui l'accompagnaient" (Marc 16:20). Ces dons n'étaient donc pas une fin en soi, mais des signes chargés d'authentifier et de confirmer le message des apôtres. Ils attestaient qu'ils étaient dûment mandatés par Dieu, comme les prophètes, et que leur message était d'origine divine.
Voilà pour les charismes en général. Qu'en est-il de la glossolalie en particulier? Quand on lit attentivement le livre des Actes, on constate que chaque fois que le don du parler en langues était accordé, des Juifs étaient présents. C'est le cas pour Jérusalem, le jour de la Pentecôte (Actes 2), pour Césarée (Actes 10 et 11) et pour Ephèse (Actes 19). L'Evangile n'avait pas besoin de ce charisme pour se frayer un chemin dans l'empire romain, car on y parlait partout le grec. Mais Israël avait besoin d'un signe. Le peuple de Dieu qui rejeta son Rédempteur devait savoir que le salut serait offert aux païens. Les Juifs venus à Jérusalem pour célébrer la Pentecôte furent surpris d'entendre des Galiléens parler leurs langues. Ils posèrent la question que Dieu voulait leur faire poser: "Que veut dire ceci?" (Actes 2:12). Pierre le leur expliqua, leur montrant qu'une prophétie de Joël était en train de s'accomplir, puis leur annonça l'Evangile. Trois mille Juifs se convertirent le même jour. Le signe avait opéré et accompli le dessein de celui qui l'avait accordé aux apôtres. Il avait "signifié" quelque chose. Pierre conclut sa prédication en disant: "Que toute la maison d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié" (Actes 2:36). Israël devait savoir que Dieu le bénissait, lui et toutes les nations, en Christ, que Jésus crucifié et ressuscité était le Messie promis aux Juifs. "La promesse est pour vous et pour vos enfants", dit Pierre aux Juifs qui l'écoutent (Actes 2:39).
Mais Luc nous raconte aussi dans le deuxième texte des Actes où il est question de glossolalie, que les Juifs croyants qui avaient accompagné Pierre à Césarée "furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens, car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu" (Act 10:45.46). Le don des langues devait donc "signifier" à Israël que le salut apporté par le Christ était aussi destiné aux païens, qu'en lui toutes les nations de la terre seraient bénies, conformément à la promesse faite à Abraham (Genèse 12: 1-3). Pierre l'avait déjà annoncé à la Pentecôte: "La promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera" (Actes 2:39). Il n'était pas évident pour Israël que les païens devaient avoir part au salut par le Messie issu de David. Il y eut bien des réticences à ce sujet parmi les premiers Juifs convertis au christianisme. Un signe s'imposait à Césarée. Dieu le donna.
Quant à la glossolalie dans l'Eglise de Corinthe, Paul l'explique comme un signe du jugement divin. Il cite, en les paraphrasant, Deutéronome 28:49 et Esaïe 28:11.12: "Il est écrit dans la loi: C'est par des hommes d'une autre langue et par des lèvres d'étrangers que je parlerai à ce peuple, et ils ne m'écouteront même pas ainsi, dit le Seigneur", et il conclut: "Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants" (1 Cor 14:21.22). Dieu a souvent châtié son peuple rebelle en faisant envahir son pays par des nations étrangères, parlant une autre langue. Moise et Esaïe ont prédit ce type de punition, et leur prophétie s'est accomplie quand les Assyriens et les Babyloniens conquirent la Palestine. La glossolalie est elle aussi, à sa façon, un signe du châtiment dont Dieu frappe son peuple endurci qui rejette le Messie. Connaissant les prédictions de Deutéronome 28 et Esaïe 28, les Juifs incrédules pouvaient savoir ce que le parler en langues dans l'Eglise chrétienne de l'époque signifiait pour eux.
S'il en est ainsi, la glossolalie revêt un caractère temporaire. L'apôtre écrit en effet: "Les prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie" (1 Cor 13:8). On notera l'emploi de deux verbes différents, "être aboli" et "cesser". Paul ne dit pas que les langues seront abolies, comme le seront les prophéties et la connaissance, mais qu'elles cesseront. De plus, le verbe grec utilisé est conjugué au moyen (ni l'actif, ni le passif); le sujet est donc à la fois l'objet de l'action. Ce qui donne en traduction littérale: "les langues cesseront d'elles-mêmes", quand elles n'auront plus de raison d'être, quand le signe qu'elles constituent ne sera plus nécessaire. "Quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli" (1 Cor 13:10). L'Eglise chrétienne en était à l'époque apostolique au stade de l'enfance. Certains commentateurs pensent que le temps où "ce qui est parfait sera venu" désigne le salut éternel. Mais ne fait-il pas plutôt allusion à l'époque où l'Eglise n'aura plus besoin de révélation directe, parce qu'elle possédera toute la révélation que le Seigneur veut lui accorder par l'entremise des prophètes et des apôtres? Si cette interprétation est correcte, le don des langues devait disparaître après l'époque apostolique. Et de fait, l'histoire de l'Eglise chrétienne nous enseigne que la glossolalie ne fut plus pratiquée après la mort des apôtres.
L'Eglise apostolique était l'Eglise chrétienne dans son enfance. C'est ce qui permet aussi à Paul d'affirmer que l'abus auquel la glossolalie donnait lieu à Corinthe était le signe, le symptôme d'un manque de maturité spirituelle. Les chrétiens de cette ville attachaient beaucoup d'importance (beaucoup de trop) aux charismes spectaculaires, à ce qui frappe l'oeil, négligeant l'unité de l'esprit, l'attachement à la vérité, la fraternité, la charité et tout ce qui est fondamental pour l'existence et la vie de l'Eglise chrétienne. 1 Corinthiens est à cet égard plein de reproches. Aussi l'apôtre leur écrit-il, après avoir énuméré les charismes que Dieu accorde à son peuple: "Je vais encore vous montrer une voie par excellence" (1 Cor 12:31), et exalte-t-il le plus beau des dons, celui qui édifie le mieux l'Eglise chrétienne: la charité (1 Cor 13). Face aux abus engendrés par la glossolalie, il leur dit: "Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement; mais pour la méchanceté, soyez enfants, et, à l'égard du jugement, soyez des hommes faits", c'est-à- dire hommes mûrs, des adultes (1 Cor 14:20). Celui qui prophétise édifie l'Eglise, tandis que celui qui parle en langues est seul à s'édifier (1 Cor 14:3.4). Les Corinthiens avaient trop tendance à se comporter comme des enfants, à attirer l'attention sur eux, à se faire valoir en s'adonnant au parler en langues. Ils agissaient de façon égocentrique et vaniteuse, au lieu de songer au bien-être spirituel de leur communauté.
Quand le don des langues cessa-t-il ? Rappelons qu'il était un signe que Dieu accorda à l'Eglise chrétienne naissante, un symptôme de son enfance, et plus particulièrement un signe du jugement dont il frappait Israël, attestant en même temps à son peuple apostat qu'il se tournait vers les païens et offrait le salut aux hommes de toutes les langues. On peut donc admettre que la glossolalie disparut quand elle eut cessé de remplir le rôle que Dieu lui avait assigné. Cette disparition ne fut sans doute pas brutale Toujours est-il qu'après la mort des apôtres nous n'avons pratiquement plus de témoignages quant à la pratique de la glossolalie. Irénée (ca. 115-202) raconte qu'à son époque des frères « avaient des dons prophétiques et parlaient par l'Esprit en toutes sortes de langues » (Adversus Haereses V,6). Il s'agit peut-être d'un phénomène isolé. Ce Père de l'Eglise n'affirme nulle part que ce charisme avait survécu dans l'Eglise depuis l'époque apostolique. Tertullien (ca. 150-230) en parle également (De Anima, c. 9). Mais on sait que ce Père de l'Eglise s'est tourné au cours de sa carrière vers le montanisme, une secte qui exaltait entre autres les dons extraordinaires de l'Esprit et que condamnait l'Eglise de l'époque. Dans son commentaire de 1 Corinthiens 14, Chrysostome (345-407) parle de la glossolalie comme d'une chose mystérieuse qui échappe à son entendement. Constantinople est le théâtre de scènes extatiques où on profère des sons inarticulés, pousse des cris, à grand renfort de gestes désordonnés et de convulsions. Chrysostome désapprouve fermement de telles manifestations (Homélie sur Esaïe 6:2). On retrouve la glossolalie de façon intermittente dans l'histoire de certains ordres mendiants du XIII siècle, chez des "prophètes" anglais du XVI siècle, les disciples de Georges Fox, les jansénistes en France et dans des mouvements de réveil du siècle dernier (Angleterre, Irlande, Suède, Amérique). Mentionnons aussi les "prophètes" chez les camisards, au début du XVIIII siècle. Les terribles souffrances que la révocation de l'édit de Nantes avait imposées aux Huguenots avaient exaspéré leurs sentiments et conféré à leur foi et leur espérance une exaltation qui donnait à leurs réunions clandestines une allure rappelant certains rassemblements de charismatiques d'aujourd'hui. La glossolalie allait de pair avec la prophétie. Mais les prédictions qu'on attribuait au Saint-Esprit ne se sont pas toujours réalisées. C'est ainsi que les camisards attendaient la résurrection de l'un d'entre eux en 1708, et cette résurrection n'eut pas lieu. Il en est de même des Irvingiens d'Ecosse au XIX siècle. Une grande réserve s'impose donc quant à l'origine et la nature des quelques cas de glossolalie attestés par l'histoire de l'Eglise chrétienne. Si le parler en langues est l'oeuvre du Saint-Esprit, pourquoi son attestation dans l'histoire du christianisme est-elle si inconsistante et intermittente? Si ce don est aussi important que l'affirment les charismatiques, pourquoi ne surgit-il qu'ici et là, dans des communautés qui recherchent et cultivent l'exaltation et en font un ingrédient indispensable de la piété chrétienne? Il y a eu dans l'histoire de l'Eglise chrétienne beaucoup de belles figures de foi et de piété, solidement enracinées dans l'Ecriture Sainte et manifestement remplies du Saint-Esprit, qui ne pratiquaient pas ce charisme. Pourquoi ?
4. La glossolalie dans le mouvement charismatique moderne
Dieu ne veut pas que l'unité et le témoignage de l'Eglise (1 Cor 1:10-15; 14:23-25) ou la foi personnelle de ses membres (1 Cor 13:1-3) soient mis en question et perturbés par l'égocentrisme, la satisfaction de la vanité personnelle, l'esprit de compétition et l'indifférence doctrinale. Il s'ensuit que si tels sont effectivement les résultats de l'activité charismatique, celle- ci ne peut guère être considérée comme l'oeuvre du Saint-Esprit.
Qu'en est-il de la nature de la glossolalie actuelle et du but qu'elle poursuit? R.G. Gromacki, une autorité en la matière, écrit: "Les conclusions des linguistes indiquent que la glossolalie moderne est faite de sons inconnus ne reproduisant aucun vocabulaire connu et n'obéissant à aucune règle grammaticale, qui imitent des langues étrangères, et dénués de tout ce qui fait qu'une langue est une langue. Ce mouvement nouveau est donc essentiellement en contradiction avec le parler en langues attesté par la Bible" (The Modem Tongues Movement, p.67). Il ne s'agit donc pas de xénoglossie, du recours à des langues étrangères, mais d'un phénomène phonétique fondamentalement différent. C'est un non-langage, dépourvu de toutes les caractéristiques d'une langue véritable, une suite de sons que le glossolale prend parmi tous ceux qu'il connaît et qu'il juxtapose au hasard. Le linguiste W.J. Samarin a établi qu'il s'agit d'un parler élémentaire où la fréquence des voyelles et des consonnes reste analogue à celle de la langue maternelle. Ainsi, la glossolalie des charismatiques anglophones utilise à 56% les consonnes T, K, S, Y et P, ce qui correspond à la fréquence de ces lettres en anglais (Tongues of men and angels). Un spécialiste français parvint à la même conclusion en expertisant la glossolalie d'un médium spirite français qui prétendait parler le "martien" et l'hindou. Il paraît qu'aucun cas de soi-disant xénoglossie constaté en milieu charismatique ne résiste à un tel examen. Des enregistrements faits sur cassette ont permis d'identifier quelques rares groupes de syllabes comme appartenant à une langue connue.
Il reste donc aux charismatiques à prouver ou bien que le parler en langues dont il est question dans la Bible était une série de sons inarticulés et incohérents, ou bien que la glossolalie qu'ils pratiquent aujourd'hui utilise des langues étrangères. Cette preuve n'est pas faite. Ne faut-il pas en conclure que la glossolalie pratiquée par les pentecôtistes et les néo- pentecôtistes est radicalement différente de celle attestée par le Nouveau Testament ?
Que dire aussi de la façon dont la glossolalie est pratiquée? Par exemple des techniques qu'on recommande à ceux qui recherchent ce charisme pour pouvoir le pratiquer? Dans un article pentecôtiste américain, on peut lire: "Certains croyants imaginent que le Saint-Esprit s'emparera d'eux avec une intensité telle qu'ils seront littéralement contraints de parler en langues, sans aucun concours de leur volonté. Mais ceci n'arrivera jamais. Il faut que dans la glossolalie le croyant coopère avec le Saint-Esprit" (Prince, 1972, p. 3). Un pasteur luthérien charismatique donne aux amateurs de la glossolalie les conseils suivants: "Pour parler en langues, il faut que vous cessiez de prier en anglais. Vous vous enfermez tout simplement dans le silence et décidez de ne prononcer aucune syllabe des langues que vous avez apprises... Ne cherchez pas un sens à ce que vous dites; pour vous, il ne s'agit que d'une suite de sons. Les premiers vous paraîtront étranges et insolites, hésitants et inarticulés. Avez-vous jamais remarqué comment un bébé apprend à parler?" (Miles, février 1965, p. 5.6). Mais l'apôtre Paul ne nous demande-t-il pas de cesser de nous comporter en petits enfants, pour devenir des chrétiens adultes (1 Cor 13:1 1), des "hommes faits" (1 Cor 14:20)? Ce qui est plus important encore, c'est que l'Ecriture ne nous demande jamais de parler en langues ni de rechercher ce don. Jésus exhorta les disciples à "attendre" ce que le Père leur avait "promis" (Act 1:4). Ils étaient donc disponibles à recevoir ce don et à l'utiliser, mais ne le recherchaient pas comme une manifestation nécessaire du Saint-Esprit. Et surtout, ils n'ont utilisé aucune technique pour se l'approprier.
L'évangéliste allemand Kurt Koch, qui est bien au courant de ces questions pour avoir fréquenté d'innombrables milieux chrétiens, raconte avoir assisté un jour à un congrès sur la mission au Japon. Un pasteur américain fit irruption dans la salle au moment où la conférence allait commencer, affirmant qu'il était "rempli de l'Esprit" et que le Seigneur lui commandait de parler à l'assemblée. On lui refusa ce droit. Il organisa alors des contre-réunions auxquelles il invita les gens. Une quarantaine de missionnaires se rendirent à son invitation. L'un d'eux lui demanda comment il fallait s'y prendre pour pouvoir parler en langues. Le pasteur américain lui répondit: "Il vous faut penser à une courte prière, peut-être la phrase: "Seigneur, aide-moi!", et répéter cette phrase de cinq cents à huit cents fois. Alors votre langue et votre état conscient s'y habitueront et tout à coup vous parlerez en langues". Kurt Koch commente l'épisode en ces termes: "Nous n'avons pas besoin de preuve ici pour montrer si ce parler en langues est biblique ou non. Le Saint-Esprit n'a pas besoin d'exercices de répétition ni d'entraînement du subconscient. De tels incidents sont à la fois tragiques et honteux" (Le conflit des langues, p. 23.24). Il serait sans doute injuste de laisser entendre que toutes les communautés charismatiques font preuve de la même exaltation et recourent aux mêmes procédés. Mais ils sont nombreux, ceux qui agissent ainsi, et le simple fait qu'une telle manipulation du Saint-Esprit existe suscite méfiance et réticence a priori.
Sans doute l'exemple d'Haïti n'est-il pas représentatif du mouvement charismatique en général. Mais il est là. Lors d'une conférence internationale à Port-au-Prince, K. Koch donna cinq messages sur les dons de l'Esprit et leurs contrefaçons sataniques. Il écrit: "Les auditeurs étaient contents de mon discours, mais j'ai été surpris et déçu par la réunion de prière qui a suivi. Pendant le temps de prière, quelques-uns des pasteurs sautillaient sur l'estrade. Par la suite, j'ai appris qu'ils étaient membres de « 1'Eglise sautante ». Les auditeurs couraient çà et là, battant des mains, criant et pleurant de plus en plus fort. J'étais confus. Vers la fin du temps de prière, beaucoup de dames et de jeunes filles se sont affaissées et ont commencé à parler en langues. Personne n'a interprété. Ce qui m'a surpris le plus, c'était qu'un pasteur américain aussi a parlé en langues. Finalement il a dit : "Seigneur, donne l'interprétation". Aussitôt il s'est interprété lui-même en déclarant: "Je suis le Dieu vivant. Je reviens bientôt. Soyez prêts". Mon organisateur et moi avons senti des frissons dans le dos. La deuxième et la troisième réunion étaient encore pires. Alors mon ami m'a dit: "Je ne puis rester ici. Il y a une atmosphère démoniaque, non la présence du Saint-Esprit". Il a quitté la réunion. J'ai essayé d'endurer la quatrième réunion, puisque j'étais conférencier. Mais moi aussi je suis devenu épuisé. Pendant tout ce temps j'ai dû demander la protection du Seigneur. Pour moi, ce n'était pas la forme biblique du parler en langues, mais une forme démoniaque" (Le conflit des Iangues, p. 3).
Françoise de Mensbrugghe a assisté à de nombreuses séances charismatiques avant d'écrire son livre Le Mouvement Charismatique, dans lequel ne manquent pas les récits de manipulation du Saint-Esprit. En 1958, elle assista à un congrès international dans le centre apostolique de Kolding, au Danemark. Elle fut frappée par le "caractère programmé de certaines manifestations: avant qu'ils n'aient ouvert la bouche, des micros enregistreurs étaient branchés devant les "prophètes". Les prophéties ainsi obtenues servaient souvent de base à la prédication et jouissaient d'un beaucoup plus grand prestige que les Ecritures elles-mêmes" (p. 9). L'auteur est convaincu aussi que la "mise en condition" joue un rôle très important dans ces manifestations. Il a pris lui-même conscience de la part du psychisme dans leur éclosion: « Le passage de "la conscience à la prise de conscience" s'est opéré graduellement, en cours de retraite et dans les mois qui ont suivi. J'ai réalisé dans un premier temps que si l'expérience charismatique est donnée, elle est aussi provoquée: les désirs orientés vers un seul objet, l'expérience du cénacle, les heures d'immobilité prolongée dans le clair-obscur de la chapelle, le jeûne chez plusieurs, le manque de sommeil chez certains trop perturbés pour dormir, sont des techniques aussi efficaces que les plus grosses "ficelles" des évangélistes pentecôtistes. Seulement il n'y a pas eu de phénomènes physiques spectaculaires, à part des pleurs, mais toujours discrets. Par contre, j'ai perçu de l'intérieur les signes d'une altération de la conscience: sensation de resserrement des muscles de la gorge, léger tremblement des genoux, sentiment de joie intense, vision" (p. 20 s.). Nous aurons l'occasion de revenir là-dessus.
Où faut-il chercher la source de la glossolalie moderne? Dans l'action du Saint-Esprit? Les charismatiques en sont convaincus et fondent leur conviction sur le changement profond que leur expérience spirituelle a provoqué dans leur vie. Ils font appel à ce que dit Jésus: "Vous les reconnaîtrez à leurs faits". Mais le Christ songe aux faux prophètes, et les fruits qu'ils portent ne sont pas leurs oeuvres, mais leur doctrine (Matthieu 7:15-20). Cependant, non seulement la fin ne justifie pas les moyens, mais elle ne les révèle même pas nécessairement. Même des résultats recommandables ne prouvent pas qu'on identifie correctement la cause ou qu'on interprète correctement la signification d'une expérience spirituelle. La norme de vérité en matière religieuse est toujours la Parole de Dieu, et jamais les sentiments subjectifs de l'homme, aussi pieux soient-ils. Cela dit, les fruits du renouveau charismatique ne sont pas toujours aussi bons qu'on le prétend. Nous en reparlerons.
Satan serait-il à l'origine de la glossolalie? Nous nous abstiendrons de l'affirmer, mais la possibilité est là, ne serait-ce que parce que la glossolalie n'est pas une manifestation particulière au christianisme, mais qu'on la rencontre dans pratiquement toutes les religions du monde. Quiconque connaît la Bible sait qu'il existe des phénomènes miraculeux qui ont pour auteur le diable. Les magiciens égyptiens savaient très bien imiter les miracles de Moïse (Exode 7:10-12). Paul dit de l'Antichrist: "L'apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers" (2 Thessaloniciens 2:9). Jésus déclare qu'on fera des miracles en son nom (Matthieu 7:20-23).
Les devins et les sibylles ne manquaient pas dans l'Antiquité. Tout comme aujourd'hui, du reste. Bien des expériences de glossolalie ressemblent étrangement aux scènes de spiritisme. On sait que l'accessibilité à une manipulation psychique, doublée de frustrations et accompagnée d'une préparation adéquate (cris, gestes, contorsions), fait tomber certaines inhibitions et assujettit à des forces qui ne viennent pas de Dieu. Nous ne voulons certes pas assimiler tous ceux qui se revendiquent du mouvement charismatique à des possédés, de faux chrétiens ou des agents de Satan. Loin de nous cette pensée ! Cependant, le fait qu'on soit un chrétien ne met pas à l'abri d'influences malsaines, morbides, voire démoniaques. La chose a été prédite par l'apôtre Paul (1 Timothée 4:1). Un croyant peut fort bien se laisser séduire et égarer dans un domaine particulier de la doctrine ou de la vie chrétienne, sans qu'il soit pour autant perdu. Il est dit que dans les derniers temps, les faux christs et les faux prophètes feront tout pour séduire, s'il était possible, même les élus (Marc 13:22).
La glossolalie serait-elle un phénomène de psychologie collective? C'est la réponse vers laquelle nous penchons. Un psychothérapeute américain, le Dr. William Glasser, montre qu'il existe des comportements qui sont le produit d'une accoutumance psychique et qui deviennent contagieux et suscitent une dépendance parce qu'ils satisfont un besoin déterminé. Il explique que tel se contente d'absorber chaque jour un comprimé de vitamines, un geste dont il ressent le bienfait. Tel autre, plus courageux, courra chaquejour une quinzaine de kilomètres. Ce qui est important, écrit-il, c'est 1) d'y croire, 2) de pouvoir accomplir cet acte facilement, 3) de savoir qu'il correspond d'une façon ou d'une autre à un besoin ... Si nous pensons que nous sommes faits pour pratiquer le jogging, même si cela nous coûte du temps et de l'effort, la sensation qu'il nous procure est si forte et si agréable qu'une véritable dépendance peut s'installer ... C'est dû au fait que le cerveau produit une substance chimique naturelle et capable de procurer du plaisir, comme l'encéphaline ou l'endorphine" (Stations of the mind: New directions for Reality Therapy, 1981, p. 248-253). Pourquoi un bébé aime-t-il gazouiller pour lui-même et émettre des sons inarticulés, qui ne convoient aucun message? C'est parce que ce comportement qu'il est en train de découvrir lui procure du plaisir et répond à un besoin. Se pourrait-il que le glossolale revienne à un comportement infantile qui lui procure de la satisfaction? Tel une drogue, il suscite peut-être une dépendance, un état dont il a besoin et qui pourrait fort bien libérer dans son cerveau une substance chimique.
Cette thèse mérite réflexion, surtout si on tient compte des méthodes qu'on utilise souvent pour susciter des phénomènes de transes; et il semble bien que transes et glossolalie aillent de pair. Dans ce cas, il s'agit d'une auto-suggestion induite, c'est-à-dire provoquée. Qu'on se souvienne des techniques utilisées pour entrer en transes: chants rythmés avec battements de tambour, danses jusqu'à épuisement complet, isolement sensoriel lors de certaines cérémonies d'initiation, ou de celles dont on se sert parfois pour provoquer l'hypnose: répétition monotone d'un même son, fixation d'un objet brillant. Le jeûne facilite le processus de dissociation par l'hypoglycémie qu'il engendre. La transe mystique n'est-elle pas un état hypnotique de caractère religieux? On sait que la suggestion peut provoquer des altérations de la conscience. Certaines méthodes de psychothérapie dérivées de l'hypnose se basent sur cette constatation. Pour ce qui concerne la glossolalie pratiquée dans les communautés et mouvements charismatiques, il s'agit sans doute d'un phénomène induit par la suggestion d'une présence immédiate du Saint-Esprit dont on attend une manifestation spectaculaire. L'expérience est provoquée, confirmée, entretenue à l'aide de divers procédés qui éloignent de plus en plus du modèle de la Pentecôte. Françoise van der Mensbrugge rappelle que la "transe apparaît sur la toile de fond de l'angoisse, de la culpabilité, des conflits psychologiques ou de la frustration. Elle est un mécanisme de compensation comme la fête et le carnaval en société occidentale" (op. eu. p. 47). Ceci pourrait expliquer que des phénomènes de ce genre aient surgi ici et là en milieu chrétien, en des périodes troublées ou à l'occasion de persécutions (jansénistes, prophètes des Cévennes). Il n'est pas exclu non plus que le comportement engendré par la glossolalie provoque des guérisons. Dans toutes les religions et à toutes les époques, on a assisté à des flambées d'enthousiasme religieux accompagnées de phénomènes de guérison. Surtout s'il s'agissait de maladies psychosomatiques. Beaucoup de ces récits de guérisons qui circulent dans le monde ne sont que supercherie. Il y a pourtant des cas de guérison qui échappent à toute explication et défient la médecine. Si la glossolalie est un mécanisme régressif de compensation pour guérir de ses frustrations ou échapper à l'angoisse ou sortir d'une crise personnelle, une importante composante de ce phénomène sera inévitablement l'autorité du groupe ou d'un leader. L'être fragile qui renonce à la direction consciente de sa parole et permet à son subconscient de prendre ses centres verbo-moteurs en charge, entre dans une relation de dépendance où il subit la pression du groupe ou l'influence d'une figure d'autorité. Des spécialistes ont constaté que l'adulation du leader est la caractéristique d'un groupe qui se livre au parler en langues, ce que prouve aussi le fait que le groupe dans son ensemble adopte le style de glossolalie et imite les gestes et les manières de son chef. Mécanisme de compensation, exutoire à des sentiments particulièrement intenses qu'on n'arrive pas à exprimer autrement, besoin de se prouver à soi- même qu'on est sous la puissance du Saint-Esprit, soif du surnaturel, piété qui ne peut pas se contenter de croire, mais a besoin de voir, moyen de surmonter ses peurs et son sentiment de culpabilité, de briser ses inhibitions et de se valoriser à ses propres yeux et à ceux du groupe? Le tout dirigé, canalisé par des méthodes appropriées, et tout cela dans un climat de surexcitation et d'exaspération du sentiment religieux? La thèse mérite une investigation approfondie.
5. La glossolalie dans le monde
Les charismatiques reprochent souvent à ceux qui nient que le Saint-Esprit est à l'origine du parler en langues ou qui en doutent, de limiter l'action et la puissance de Dieu. Le problème, cependant, n'est pas de savoir si Dieu peut accorder ces dons à l'Eglise d'aujourd'hui, mais s'il le fait effectivement. Celui qui ne doute pas de la toute-puissance de Dieu peut malgré tout avoir de sérieuses réserves quant à l'origine du parler en langues. Nous pensons que ce que nous avons dit ci-dessus autorise ces réserves. Ajoutons à cela que la glossolalie est loin d'être un phénomène propre au christianisme. On la rencontre dans de nombreuses religions païennes d'hier et d'aujourd'hui.
K. Koch raconte que des Bantous et des Zoulous non chrétiens d'Afrique du sud parlent en langues. On lui confirma aussi au cours de ses voyages en Asie qu'il arrivait souvent à des prêtres bouddhistes et shintoïstes de pratiquer la glossolalie (Le Conflit des Langues, p. 31). L'histoire des religions anciennes fait état de cas de glossolalie chez les devins grecs que l'on distinguait des "prophètes" et à qui on attribuait un degré d'inspiration inférieur. Platon en parle dans son Timée (72 b) et Virgile, pour les Latins, dans 1'Énéide (VI, 45, 98 s). Les pythonisses et les sibylles sont décrites comme possédées par une puissance à laquelle elles étaient incapables de résister. Des sons sauvages, inarticulés, "nec mortale sonans" (« qui ne sonnent pas comme les sons des mortels », Virgile) s'échappent de leurs lèvres, tandis qu'elles sont en transes. Le parler en langues existe en dehors du christianisme et est déclenché par des facteurs psychologiques ou chimiques (champignons hallucinogènes). Les psychiatres James, Dupré, Janet et Fretid l'ont observé chez des névropathes. Ce qui est vrai des charismes en général l'est en particulier de la glossolalie: "L'ascèse des mystiques et différentes techniques d'éveil les libèrent, tout comme l'expérience charismatique. Ils ne constituent donc pas la spécificité d'une expérience chrétienne de l'Esprit, mais semblent appartenir à un potentiel humain inexploité. A l'aide de certaines techniques il est relativement facile de libérer les charismes, de provoquer les phénomènes physiques du "baptême dans l'Esprit", sans qu'ils soient l'aboutissement d'un véritable cheminement spirituel" (Fr. van der Mensbrugghe, op. cit. p. 50).
La glossolalie est parfois aussi la manifestation de la possession démoniaque. L'archevêque Theodorowicz cite l'exemple du médium brésilien Mirabelli qui a écrit, devant une commission d'experts, des dizaines de pages en 25 langues différentes qu'il ne connaissait pas. Il prétendait agir sous la dictée d'esprits et donnait tous les signes d'une véritable possession démoniaque (Theodorowicz, Konnersreuth im Lichte der Mystik und Psychologie, 1936, p. 503). L'histoire du pentecôtisme en Allemagne, au début du XX siècle, a permis elle aussi d'identifier plusieurs cas de parler en langues démoniaque. K. Koch raconte l'exemple d'un ancien spirite, M. Mille, qu'il avait rencontré à Londres et qui, avant sa conversion au christianisme, avait connu un grand succès dans une assemblée spirite. Il avait possédé des pouvoirs de guérison qui devenaient actifs quand il entrait en transes, et qui lui avaient permis de venir en aide à bien des malades. "Il avait aussi, écrit K. Koch, maîtrisé l'excursion de l'âme. Il pouvait, semblait-il, laisser son âme ou une partie de son âme sortir de son corps et l'envoyer à de grandes distances. De cette manière, il avait découvert des choses qui, après examen, furent trouvées exactes. En transe totale, il pouvait parler en langues" (Le Conflit des langues, p. 32). Le même auteur affirme avoir observé que les gens qui ont des tendances de médium répondent plus rapidement au parler en langues que d'autres. D'ailleurs on demande aux gens, dans certaines réunions charismatiques, de se donner la main pour constituer une chaîne et de répéter inlassablement certains mouvements. Les spirites ne font-ils pas la même chose?
6. Les dangers et les fruits douteux du pentecôtisme
Le mouvement charismatique résulte bien souvent de l'indifférence à l'égard de l'enseignement doctrinal de la Bible et favorise cette indifférence. On exalte les "expériences spirituelles" au détriment des vérités révélées par la Parole de Dieu. L'Ecriture affirme que nous devons tout examiner à sa lumière pour déterminer si on peut attribuer ou non telle ou telle manifestation au Saint-Esprit (1 Jean 4:1-6 ; cf Jean 8:32). Mais au lieu de procéder ainsi, on fait le contraire: on croit constater qu'une expérience spirituelle ressemble à un épisode raconté par la Bible et on en conclut qu'elle est conforme à la volonté de Dieu et qu'elle provient de lui. L'expérience charismatique détourne de l'enseignement clair de l'Evangile au profit d'un autre évangile qui est un produit humain déclarant que tout vrai chrétien doit aspirer à la glossolalie et parvenir à la pratiquer, qu'une telle expérience est le signe d'une spiritualité supérieure. Le résultat est qu'on ne trouve plus consolation, paix et espérance dans les promesses de l'Evangile du Christ, parce qu'on a le sentiment de ne pas produire assez de fruits ou de ne pas bénéficier d'assez de signes. Ou bien c'est l'orgueil qui s'installe, car on voit dans la présence de ces signes la preuve qu'on est un enfant de Dieu "baptisé du Saint-Esprit". Quelle importance peut-on encore attacher aux bénédictions du baptême, si ce baptême n'est qu'une étape intermédiaire vers un autre "baptême", une expérience de plénitude? Quel peut encore être le rôle des moyens de grâce institués par le Seigneur pour susciter et fortifier la foi, si on place au-dessus d'eux des signes visibles sur lesquels on bâtit sa certitude d'être un enfant de Dieu? La foi est-elle encore foi chrétienne si elle demande à voir, à constater qu'on est un temple du Saint-Esprit? Quand on a foi en Dieu et qu'on fait confiance à sa révélation, on n'a pas besoin de signes. Jésus s'en prend à la génération perverse et adultère qui exige des signes pour croire (Matthieu 12:39). Et Paul écrit aux Corinthiens immatures qui placent le plus petit des dons, la glossolalie, au-dessus de tous les autres: "Les Juifs demandent des miracles (littéralement: "des signes") et les Grecs cherchent la sagesse. Nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui croient" (1 Corinthiens 1:22-24). Demander des signes, c'est faire preuve d'un manque de foi et d'immaturité spirituelle. Il est inconvenant et contraire à l'Ecriture d'enseigner une chose pareille.
L'indifférence à l'égard des moyens de grâce engendre l'indifférence. L'immaturité spirituelle devient un phénomène qui s'installe. L'ignorance et la confusion doctrinales se perpétuent elles- mêmes. C'est ainsi que des catholiques et des luthériens qui adhèrent au mouvement charismatique demandent à être rebaptisés par immersion, récusant le baptême qu'ils ont reçu dans leur enfance. On ne sait plus ce qu'est le baptême, ce que le Christ offre dans la Sainte Cène, comment le pécheur est justifié et préservé dans la foi.
La recherche et l'utilisation des charismes sont le dénominateur commun de tous ceux qui adhèrent au renouveau charismatique. Il suffit de posséder les mêmes dons spirituels, qu'on soit d'accord dans la doctrine ou non. Qu'on soit millénariste ou non, calviniste ou arminien ou même catholique, peu importe. C'est un nouvel oecuménisme qui recouvre toutes sortes de fausses doctrines, y compris la terrible confusion catholique de la foi et des oeuvres, de la justification et de la sanctification. Ainsi, la participation à une même expérience spirituelle comme la glossolalie remplace l'unité doctrinale fondée sur l'Ecriture seule. Un vieux cliché déclare: "Peu importe ce que vous croyez, du moment que vous êtes sincère". Les charismatiques laissent entendre: "Peu importe ce que vous croyez, du moment que vous faites l'expérience de la plénitude de l'Esprit Saint".
Les pentecôtistes et néo-pentecôtistes sont convaincus qu'ils rendent le Saint-Esprit à une Eglise qui fait preuve de laisser-aller dans la doctrine et la vie chrétienne. Ce sentiment reflète une fausse dichotomie et montre en quoi leur théologie n'est pas biblique. L'oeuvre du Saint-Esprit ne consiste pas à se rendre témoignage à lui-même, mais à rendre témoignage à Jésus-Christ, et cela non par des manifestations extraordinaires, mais par la Parole de Dieu. Jésus le dit très clairement: "Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et il vous l'annoncera" (Jean 16: 13.14). Notre foi est centrée sur le Christ, car l'Ecriture l'est. Les charismatiques, au contraire, dissocient le Saint-Esprit et le moyen de grâce par lequel il agit. Luther appelait cela de l'illuminisme et accusait celui-ci d'être la mère de toutes les hérésies. "Nous devons maintenir constamment, dit-il dans les Articles de Smalcalde, que Dieu n'agit pas avec nous en dehors de la Parole externe et du sacrement".
Le croyant est poussé par le Saint-Esprit à rendre témoignage au Christ, et non à dire à qui veut l'entendre: "Je suis rempli du Saint-Esprit". Peut-on imaginer l'apôtre Pierre disant, le jour de la Pentecôte: « Sachez, vous qui m'écoutez, que j'ai reçu la plénitude du Saint-Esprit et le don des langues. Je veux le partager avec vous, pour que vous sachiez combien il est merveilleux » . Au lieu de cela, il annonça l'Evangile du Christ crucifié et ressuscité conformément aux Ecritures (Actes 2). Aucun des apôtres n'a dévoilé les sentiments qu'il éprouvait, mais ils "rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus" (Actes 4:33). Ce fut la proclamation de cet Evangile et non l'appel à des expériences extraordinaires qui bouleversa le monde de l'époque. Le mouvement charismatique encourage les chrétiens à chercher le réconfort non dans la croix du Christ, ni dans la grâce offerte dans le baptême, ni dans le corps et le sang du Christ distribués dans la Sainte Cène pour le pardon des péchés, ni dans l'absolution, mais en eux-mêmes, dans leurs prières, leurs combats personnels et les expériences qu'ils vivent. Un tel doutera de l'amour de Dieu, parce qu'il n'a pas exaucé les prières dans lesquelles il lui demandait une expérience spirituelle particulière. Tel autre doute du pardon du Christ, constatant qu'il pèche encore après avoir reçu le "baptême dans l'Esprit". On remet son christianisme en cause, parce qu'on constate qu'on se fâche encore avec ses enfants, qu'on manque encore d'honneur à l'égard de ses parents, qu'on ressent encore le fardeau du péché. On se culpabilise au lieu de se repentir et de chercher le pardon auprès du Christ avec la force de lutter contre le mal. Cela est dû à la théologie pentecôtiste qui attend du "baptême dans l'Esprit" la solution à tous les problèmes spirituels. Ce dont les chrétiens d'aujourd'hui ont besoin, ce n'est pas de révélations nouvelles et d'expériences extraordinaires, mais de bien comprendre ce que Dieu a révélé dans la Bible pour leur salut, de s'y attacher et d'en vivre par la foi.
Paul écrivit son admirable chapitre sur l'amour chrétien (1 Corinthiens 13) pour réagir contre la façon dont on utilisait le parler en langues. Ce don exaltait le propre moi. L'apôtre recommande donc aux Corinthiens, comme la voie par excellence, la pratique de la charité. S'ils aspirent à un don spirituel, que ce soit par exemple le don de prophétie, l'aptitude à bien commenter et appliquer la Parole de Dieu à l'auditoire. C'est ainsi que l'Eglise sera édifiée, tandis que la glossolalie procure un plaisir qui reste axé sur soi-même. S'ils aspirent à des dons, que ce soient des dons qui profitent aux autres et non un charisme par lequel on se fait plaisir à soi-même. Qu'on renonce à la glossolalie, s'il n'y a personne pour traduire. Aucun don de l'Esprit ne doit faire fi de l'amour chrétien. La leçon est importante, car trop souvent celui qui parle en langues et qui en conclut qu'il est baptisé dans l'Esprit s'enorgueillit et se considère comme un chrétien de première classe et les autres comme des croyants déficients et de second rang. D'autre part, on a souvent constaté pour s'en plaindre amèrement que le mouvement charismatique divisait les Eglises. Telle communauté, édifiée au prix d'un ministère fervent, de beaucoup de travail et de nombreux sacrifices est détruite par ce déluge. Or le Saint-Esprit ne divise et ne déchire pas l'Eglise, mais l'unit.
Parmi les dangers du mouvement charismatique signalons encore le recours à des slogans qu'on répète inlassablement. Ainsi la phrase: "Aspirez à parler en langues, car aussi longtemps que vous ne possédez pas ce don vous n'avez pas la plénitude du Saint-Esprit". Paul, au contraire, affirme que tous les croyants ont été "baptisés dans un seul Esprit... et abreuvés d'un seul Esprit" (1 Corinthiens 12:13) et précise que tous n'ont pas le don des langues (1 Corinthiens 12:29.30), sans enjoindre à ceux qui ne l'ont pas de tout faire pour le recevoir. Citons aussi l'affirmation selon laquelle le Christ ayant porté toutes nos maladies sur la croix, nous pouvons en guérir si nous avons assez de foi. Il s'ensuit que celui qui ne guérit pas a trop peu de foi,-où bien a dressé un obstacle entre le Seigneur et lui qui rend l'exaucement impossible. Une telle théologie est dévastatrice et accule nécessairement les croyants au désespoir.
On soutient aussi que le baptême est une première bénédiction qui doit être suivie d'une seconde, le "baptême dans l'Esprit" que l'on sait avoir reçu quand on peut parler en langues. Il faut en conclure que tant qu'on n'a pas reçu ce "baptême dans l'Esprit", on ne possède qu'une petite mesure de l'Esprit Saint qui ne permet pas d'être un chrétien accompli. Nous reviendrons plus longuement sur ce point dans le chapitre suivant.
Une des particularités du renouveau charismatique est de mettre l'accent sur la personne et l'oeuvre du Saint-Esprit à un point tel qu'on néglige et dédaigne d'autres enseignements au moins aussi importants de la Bible. C'est ainsi que le Saint-Esprit en vient à supplanter Jésus-Christ. Toute la terminologie utilisée (plein Evangile, deuxième bénédiction, baptême ou plénitude de l'Esprit, dons de l'Esprit, pluie de l'arrière-saison) montre que ce qui compte, ce sont les sentiments personnels plus que les promesses miséricordieuses de Dieu, l'extraordinaire et le spectaculaire plus que l'humble repentance et la foi simple en l'Evangile, ce qu'on voit plus que ce qu'on croit. Et parmi les dons de l'Esprit, ceux qui frappent l'oeil par ce qu'ils ont d'insolite prennent le pas sur les autres beaucoup moins voyants, mais qui font nécessairement partie de la vie chrétienne, tels que la foi, l'humilité, la confiance, la patience, l'amour, la sobriété, etc.
Peut-on affirmer, comme le font les pentecôtistes, que le mouvement charismatique est le signe d'un réveil mondial du christianisme? Pourquoi, s'il en est ainsi, le parler en langues a-t-il joué un rôle tout à fait secondaire dans l'Eglise apostolique, à tel point qu'il n'est mentionné dans aucune autre épître que dans la première aux Corinthiens? Si ce don est si important, pourquoi n'est-il pas apparent dans la vie des paroisses de Rome, de Galatie, d'Ephèse, de Colosses, de Philippes, de Thessalonique ? S'il est le signe d'un réveil du christianisme, pourquoi le rencontre- t-on dans les religions païennes ? Dans tous les réveils chrétiens, les gens ont été brisés par la repentance et ont trouvé dans la foi le chemin vers le Christ.
Au lieu d'édifier les fidèles dans une foi sobre, solidement ancrée dans la Parole de Dieu, qui se fonde sur les promesses d'un Dieu véridique et fidèle, le renouveau charismatique fouette et exaspère les émotions, suscite des feux de paille aux lendemains souvent douloureux. Dieu édifie les siens par l'intelligence, en faisant appel à l'entendement et au coeur, et non par les transes et une ambiance qui frise trop souvent l'hystérie. L'Evangile veut susciter le calme, la paix et la sérénité, et non le délire et l'extase. K. Koch a cette belle phrase: "Ce n'est pas que nous devrions recevoir plus du Saint-Esprit, mais bien que le Saint-Esprit devrait recevoir plus de nous-mêmes" (op. cit., p. 46).
L'apôtre Paul conclut son exposé sur le parler en langues en disant: "N'empêchez pas de parler en langues" (1 Corinthiens 14.39). Il ne s'agit pas d'interdire à des croyants de pratiquer la glossolalie (Paul ne l'a pas fait), mais de les inviter à s'interroger sérieusement sur la nature du charisme qu'ils pratiquent et qu'ils voient pratiqué autour d'eux, à la lumière des constatations que nous avons pu faire. Il faut ensuite leur enseigner à se contrôler eux-mêmes et à ne pas donner à ce don plus d'importance qu'il n'en a selon l'Ecriture. Il convient d'être très vigilant, quand on entend parler de glossolalie autour de soi, de ne jamais oublier que la pure doctrine est le plus beau et le plus précieux don du SaintEsprit qui doit servir de critère pour juger tous les autres. Cinq paroles aptes à édifier l'assemblée et à la faire progresser dans la foi sont plus importantes que mille paroles en langues (1 Cor 14:19). Enfin, il faut que les chrétiens sachent qu'ils ont été baptisés par le Saint- Esprit quand ils se sont convertis et qu'ils ont reçu le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit dans le baptême institué par le Christ (Tite 3:5). La preuve qu'on a été oint du Saint- Esprit sont la foi elle-même et les fruits qu'elle porte dans la vie.
edelweiss- Date d'inscription : 17/11/2009
Re: De quelques exemples de mystiques persécutés par le démon
Il faut lire la critique des sectes sataniques.
Bien des sectes sataniques pratiquent la glossolalie qui est le parlé en langues.
Je ne trouve plus le site chrétien qui montrait les points communs entre le parler en langues des chrétiens et celui des sectes sataniques.
Mais il ne faut pas voir du satanique partout.
La majorité des gens qui parlent en langue c'est suite à une émotion psychologique ou à une manipulation par un leader.
Répétez lalala yayaya louloui lili pipi pipi des centaines de fois et vous parlerez en langues.
Pour parler en langues c'est simple : prendre une consonne et une voyelle et répéter sans interruption en changeant la consonne et la voyette ou que la voyelle ou la consonne en allant de plus en plus vite.
C'est comme les gens qui tombent en arrière sous l'influence du Saint Esprit. C'est soit de la comédie pour attirer l'attention soit un problème de muscles qui se relâchent dans un certain contexte d'émotion.
Tout cela est une bonne technique de détente musculaire (les gens se sentent bien après croyant avoir été visités par le Saint Esprit) mais cela n'a rien ni de diabolique ni de religieux dans presque tous les cas.
Bien des sectes sataniques pratiquent la glossolalie qui est le parlé en langues.
Je ne trouve plus le site chrétien qui montrait les points communs entre le parler en langues des chrétiens et celui des sectes sataniques.
Mais il ne faut pas voir du satanique partout.
La majorité des gens qui parlent en langue c'est suite à une émotion psychologique ou à une manipulation par un leader.
Répétez lalala yayaya louloui lili pipi pipi des centaines de fois et vous parlerez en langues.
Pour parler en langues c'est simple : prendre une consonne et une voyelle et répéter sans interruption en changeant la consonne et la voyette ou que la voyelle ou la consonne en allant de plus en plus vite.
C'est comme les gens qui tombent en arrière sous l'influence du Saint Esprit. C'est soit de la comédie pour attirer l'attention soit un problème de muscles qui se relâchent dans un certain contexte d'émotion.
Tout cela est une bonne technique de détente musculaire (les gens se sentent bien après croyant avoir été visités par le Saint Esprit) mais cela n'a rien ni de diabolique ni de religieux dans presque tous les cas.
edelweiss- Date d'inscription : 17/11/2009
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