Quelle démocratie ?...
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Quelle démocratie ?...
Dossier
Quelle démocratie ?...
Date de mise en ligne : 22 juillet 2006
Traditionnellement, la philosophie politique, d’Aristote à nos jours en passant par Saint Thomas d’Aquin, distingue trois formes possibles de gouvernement : la monarchie, l’aristocratie et la démocratie, selon que le pouvoir est exercé par un seul, par un petit nombre ou par le peuple lui-même.
Il va de soi qu’aucune de ces trois formes de gouvernement n’existe jamais à l’état pur et qu’un bon régime politique est précisément celui qui parvient à combiner, dans des proportions variables qui dépendent du contexte historique, les avantages respectifs de la monarchie, de l’aristocratie et de la démocratie.
Mais qu’est-ce, au juste, qu’une "démocratie" ? Etymologiquement, le mot, d’origine grecque (de "démos" : le peuple et "kratos" : le pouvoir), désigne le système politique au sein duquel le pouvoir appartient au peuple.
Certes, l’exercice direct de la souveraineté populaire, le "gouvernement du peuple par le peuple" (démocratie directe) s’avère pratiquement impossible. Tout au plus existe-t-il quelques contrées comme la Suisse où les citoyens ont, dans certaines conditions, la possibilité d’approuver ou de repousser les textes de lois qui leur sont soumis (démocratie "semi-directe").
Toute société, quelle qu’elle soit, comprend nécessairement une "minorité dirigeante" et une "majorité dirigée", constat qui faisait dire à Jean-Jacques Rousseau lui-même, qu’"il n’a jamais existé de véritable démocratie et qu’il n’en existera jamais", parce que, disait-il, "il est contre l’ordre naturel que le plus grand nombre gouverne et que le plus petit soit gouverné" ("Du contrat social").
Dans ces conditions, les "démocraties" sont habituellement des démocraties indirectes ou "représentatives" en ce sens que les citoyens y délèguent leurs pouvoirs à des représentants élus.
Extrait du Permanences n°323.
La démocratie "classique"
1 - L’Eglise et la démocratie
En clair, la démocratie, dans sa conception classique, est essentiellement un mode de désignation des gouvernants ; elle correspond au régime dans lequel les principaux responsables politiques sont élus par les citoyens, ceux-ci pouvant également être appelés à se prononcer par voie électorale sur les orientations politiques du gouvernement.
De nos jours, la forme démocratique du gouvernement semble correspondre aux aspirations des peuples qui, ayant atteint un certain degré de conscience et de maturité politiques, entendent participer, dans leur pays, à la gestion des affaires publiques.
Il n’empêche qu’aux yeux de l’Eglise, la démocratie n’est jamais qu’un type de régime politique parmi d’autres et que le critère ultime de la légitimité du pouvoir ne réside pas dans la forme du gouvernement, mais dans le service du bien commun de la société et le respect de la "loi naturelle" [1].
Telle est la doctrine traditionnelle et constante de l’Eglise qu’à la fin du XIXè siècle, Léon XIII exprimait en rappelant, dans l’encyclique "Diuturnum illud" (1881), que "rien n’empêche que l’Eglise n’approuve le gouvernement d’un seul ou celui de plusieurs pourvu que ce gouvernement soit juste et ordonné au bien commun", et que le Catéchisme de l’Eglise Catholique formule ainsi : "la diversité des régimes politiques est moralement admissible, pourvu qu’ils concourent au bien légitime de la communauté qui les adopte" (n° 1901).
L’Eglise ne saurait exprimer plus clairement son indifférence de principe à l’égard de la forme du gouvernement, problème de "prudence politique", de nature relative et contingente, puisqu’il dépend de l’histoire, du tempérament et de la volonté de chaque peuple. Jean XXIII, dans l’encyclique "Pacem in terris" (1963), fait observer qu’"il est impossible de définir une fois pour toutes quelle est la structure la meilleure pour l’organisation des pouvoirs publics, et selon quelles formules s’exerceront le mieux les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. En effet, pour déterminer la forme du gouvernement et les modalités de son fonctionnement, la situation particulière et les circonstances historiques de chaque peuple sont d’un très grand poids ; or, elles varient selon les temps et les lieux". En d’autre termes, et comme le précisera la Constitution "Gaudium et Spes" du Concile Vatican II, "la détermination des régimes politiques, comme la détermination de leurs dirigeants, doivent être laissées à la libre volonté des citoyens". Ainsi donc, la doctrine sociale de l’Eglise ne conteste guère et n’a d’ailleurs jamais contesté la légitimité de la démocratie en tant que mode de désignation des gouvernants.
"Préférer pour l’Etat une constitution tempérée par l’élément démocratique n’est pas en soi contre le devoir, à condition toutefois qu’on respecte la doctrine catholique sur l’origine et l’exercice du pouvoir public", affirme Léon XIII dans l’encyclique "Immortale Dei" (1885).
Certes, le principe selon lequel "tout pouvoir vient de Dieu" (Rom, 13,1) révèle l’origine divine de toute autorité, y compris l’autorité politique ("Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en Haut", Jn, 19, 11). Il signifie que "toute communauté humaine a besoin d’une autorité qui la régisse. Celle-ci, tout comme la société, a donc pour auteur la nature et du même coup Dieu Lui-même" (Léon XIII, "Immortale Dei") ; il fait ainsi dériver de Dieu Lui-même le droit de commander, d’où le devoir d’obéissance qu’il impose en conscience à tout homme, sauf en cas de violation de la loi divine ("Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes", Act, 5, 29).
Mais ce principe ne contredit nullement la règle démocratique de l’élection des gouvernants par le peuple, comme l’atteste, une fois de plus Léon XIII : "Ceux qui président au gouvernement de la chose publique peuvent bien, en certains cas, être élus par la volonté et le jugement de la multitude, sans répugnance ni opposition avec la doctrine catholique. Mais si ce choix désigne le gouvernement, il ne lui confère pas l’autorité de gouverner. Il ne délègue pas le pouvoir, il désigne la personne qui en sera investie" ("Diuturnum illud"), ou plus récemment Jean XXIII : "l’origine divine de l’autorité n’enlève aucunement aux hommes le pouvoir d’élire leurs gouvernants, de définir la forme de l’Etat ou d’imposer des règles et des bornes à l’exercice de l’autorité. Ainsi, la doctrine que nous venons d’exprimer convient à toute espèce de régime vraiment démocratique" ("Pacem in terris").
2 - Les conditions d’une vraie démocratie
Si, comme l’assure Jean-Paul II, "l’Eglise apprécie la démocratie comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques" [2], cette démocratie (le "pouvoir du peuple") est un leurre dans une société qui ne rassemble qu’une masse informe d’individus dont la liberté se limite à l’exercice du droit de vote.
Que vaut un tel droit sans le pouvoir réel de peser sur son environnement immédiat et d’agir dans son domaine de compétence propre, c’est-à-dire sur ce qui dépend plus ou moins de chacun : famille, commune, province, métier, profession ?
"Lorsque nous demandons où est la liberté, on nous montre dans nos mains les bulletins de vote : sur la machine immense dont nous sommes les sujets, nous avons un droit ; nous, dix vingt ou trente millionième fraction du souverain, nous pouvons parfois, perdus dans une foule immense, participer à la mettre en branle", déplorait Bertrand de Jouvenel ("Du pouvoir").
"La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus, puis à se désintéresser, s’abstenir, se taire pendant cinq ans. Elle est action continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l’Etat, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l’association, de la profession", insiste Pierre Mendès-France ("La République moderne").
"La masse, écrivait déjà Pie XII dans son Radio-message de Noël 1944, est l’ennemie principale de la vraie démocratie et de son idéal de liberté et d’égalité", tandis que dans un vrai peuple, "le citoyen a conscience de sa propre personnalité, de ses devoirs et de ses droits", et chacun peut "vivre honorablement sa propre vie personnelle, au poste et dans les conditions où l’ont placé les desseins et les dispositions de la Providence".
Ainsi donc, la "participation des citoyens", que l’Eglise apprécie dans une démocratie, "se réalise d’abord, précise le Catéchisme de l’Eglise Catholique, dans la prise en charge des domaines dont on assume la responsabilité personnelle : par le soin apporté à l’éducation de sa famille, par la conscience dans son travail, l’homme participe au bien d’autrui et de la société" [3]. Ce n’est qu’en second lieu que le Catéchisme souligne que "les citoyens doivent autant que possible prendre une part active à la vie publique", étant entendu que "les modalités de cette participation peuvent varier d’un pays ou d’une culture à l’autre" [4].
En d’autres termes, et "conformément à la doctrine sociale de l’Eglise, la démocratie politique, sociale et économique est fondée sur le respect et l’encouragement des initiatives des individus et des groupes ou corps intermédiaires" [5] ; le respect du fameux principe de subsidiarité, selon lequel ni l’Etat, ni aucun groupement ne doivent se substituer à l’initiative et à la responsabilité des personnes et des corps intermédiaires de moindre importance, en est une des conditions essentielles.
La démocratie "révolutionnaire"
Légitime en tant que mode de désignation des gouvernants, la démocratie ne l’est plus guère lorsqu’elle se mue en véritable système idéologique, en "démocratie révolutionnaire" dont les caractéristiques principales sont les suivantes :
1 - Une conception erronée de l’autorité
Dans son livre "L’un est l’autre", Elisabeth Badinter souligne à propos de la Révolution française, qu’"en tuant le roi, les révolutionnaires français portèrent un coup décisif au pouvoir de Dieu et à celui du père" parce que "la démocratie est incompatible avec le pouvoir paternel d’antan. Toute émancipation est d’abord libération par rapport au père" et "le rejet du roi et du père est ici, encore plus profondément, celui de toute transcendance. La révolte ne pouvait épargner Dieu, le Père universel du genre humain (...). Les philosophes du XIXè siècle, parmi lesquels Feuerbach, Proudhon, Marx ou Nietzsche, tirant les conséquences de la Révolution française, ont proclamé la mort de Dieu, celle-ci apparaissant comme la condition nécessaire de la libération de l’humanité (...). En affirmant la transcendance de l’Homme, poursuit-elle, les nouvelles "Tables de la Loi" introduites en 1789 font de lui un dieu. Dorénavant ce sont les hommes qui légifèrent pour eux-mêmes. C’en est bien fini de la soumission au père tout-puissant qui décide seul de ce qui est bon ou mauvais pour ses enfants. L’idéologie des droits de l’Homme, devenue, au moins en théorie, une véritable religion, a consacré la République des frères, dans laquelle les ressemblances l’emportent sur les différences" [6].
Que retenir d’un tel texte, sinon que, dans l’esprit de "1789", l’autorité trouve, non plus en Dieu, mais dans le "peuple souverain" le fondement de sa légitimité ?
C’est ainsi que selon l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément".
D’une part, la démocratie n’est plus, dans ces conditions, un système politique parmi d’autres, mais le seul régime politique concevable : "hors de la démocratie, point de salut" ! [7]
D’autre part, l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme est de nature à justifier l’extension pratiquement illimitée du principe démocratique tel qu’il s’applique dans l’ordre des institutions politiques, aux divers aspects de la vie sociale, en rejetant toute autorité d’ordre naturel ou surnaturel qui n’est pas l’émanation de la "volonté générale" : celle du maître d’école ou du professeur, du chef d’entreprise, de l’officier ("la démocratie, écrivait Ernest Renan, est le plus fort dissolvant de l’organisation militaire" parce que celle-ci est fondée sur la discipline et la hiérarchie) ou, bien sûr, du Pape dans l’Eglise et de l’évêque dans son diocèse ?...
2 - Le rejet de la loi morale naturelle
Selon l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, "la loi est l’expression de la volonté générale". Il s’agit là d’un des fondements du droit constitutionnel français, et d’un principe auquel l’écrasante majorité de nos concitoyens souscrit sans doute, parce qu’elle n’en perçoit pas la perversité.
Or, Jean Madiran le dit fort bien : "Que "la loi" soit "l’expression de la volonté générale", et seulement cela, et nullement autre chose, est une grande nouveauté dans l’histoire du monde. Cette proclamation de 1789 n’a pas inventé la démocratie, elle lui a donné un autre contenu. Elle a imposé dans la vie politique une morale nouvelle et un nouveau droit.Toujours, dans toutes les civilisations jusqu’en 1789 (et ensuite encore, mais par survivance de plus en plus fragile, de plus en plus implicite), la loi était l’expression d’une réalité supérieure à l’homme, d’un bien objectif, d’un bien commun, que l’homme traduisait, interprétait, codifiait librement, mais non arbitrairement. Le législateur faisait ce qu’il pouvait, pas toujours ce qu’il devait : mais sa fonction reconnue était de formuler de grands impératifs qu’il n’avait pas inventés, mais découverts, à moins qu’il ne les ait simplement reçus comme Moïse sur le Sinaï. La loi était l’expression humaine de la volonté de Dieu sur les hommes, conformément à la nature qu’il leur a donnée, à la destinée qu’il leur veut. Quand Dieu était inconnu ou méconnu, la loi demeurait néanmoins l’expression d’une raison, d’une justice, d’un ordre supérieurs aux volontés humaines" [8].
C’est en effet ce qu’admettait l’humanité bien avant l’avènement du christianisme. Faut-il rappeler les paroles solennelles que Sophocle (au Vè siècle avant Jésus-Christ...) prête à Antigone qui, bravant les ordres du roi Créon de refuser toute sépulture à son frère Polynice, s’écrie : "Je n’ai pas pensé que tes décrets avaient un tel pouvoir qu’ils puissent autoriser un mortel à fouler au pied les lois non écrites et immuables des dieux" ?...
C’est en outre ce que l’Eglise a toujours enseigné, et Saint Thomas d’Aquin, dans sa "Somme théologique", écrit que "la législation humaine ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison ; d’où il apparaît qu’elle tient sa vigueur de la loi éternelle. Dans la mesure où elle s’écarterait de la raison, il faudrait la déclarer injuste, car elle ne vérifierait pas la notion de loi ; elle serait plutôt une forme de violence" [9].
Une "démocratie révolutionnaire" se caractérise d’abord par le fait que la légitimité de la loi y dépend, non pas de la conformité à l’ordre moral objectif, mais de la "volonté populaire".
Ainsi la loi du nombre en vient à se substituer à la loi morale naturelle et par là-même à la loi de Dieu, comme s’il appartenait à la "majorité" (que ce soit celle du peuple par voie de référendum, ou celle de ses représentants élus) de décider elle-même du bien et du mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste.
Conséquence logique : le "positivisme juridique", qui finit par s’imposer, "attribue, disait Pie XII , une trompeuse majesté à l’émanation de lois purement humaines et fraye la voie à une funeste dissociation de la loi avec la moralité" [10].
N’est-ce pas M. Jacques Chirac qui, récemment, déclarait à propos de l’avortement et de la Loi Veil : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi. Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque" [11], tandis que sur le même sujet, M. Jacques Toubon, Garde des Sceaux, s’évertue à faire admettre que "la revendication d’une loi supérieure ne peut être retenue dans un Etat laïque comme le nôtre" [12] ?
La démocratie "totalitaire"
Or le pire est à craindre dans une démocratie qui subordonne de la sorte la justice et le bien commun à la "volonté générale" prise comme un absolu et considérée comme infaillible.
En dépit des préjugés qui font de la démocratie un régime de libertés pour tous et dans tous les cas, l’omnipotence de la majorité, qui équivaut à la loi du plus fort, peut dégénérer en véritable tyrannie. "Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité du peuple a le droit de tout faire, notait déjà Alexis de Tocqueville. Il faut toujours placer quelque part un pouvoir social supérieur à tous les autres, mais je crois la liberté en péril lorsque ce pouvoir ne trouve devant lui aucun obstacle qui puisse retenir sa marche et lui donner le temps de se modérer lui-même (...). Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu’on l’appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu’on l’exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis : là est le germe de la tyrannie et je cherche à aller vivre sous d’autres lois" [13].
Il faut ajouter qu’aucune protection constitutionnelle des droits des citoyens ou des minorités ne saurait prévaloir contre la "volonté générale" dans un système où, la majorité pouvant à tout moment défaire ou modifier ce qu’elle avait arrêté la veille, aucune norme juridique n’est jamais définitivement acquise.
Qu’on le veuille ou non, il semble bien que la "démocratie totalitaire" soit en germe dans la théorie du contrat social de Jean-Jacques Rousseau selon laquelle "les clauses du pacte social se réduisent toutes à une seule : savoir l’aliénation à toute la communauté... Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre..." ("Du contrat social").
Soucieux de défendre envers et contre tout les droits fondamentaux de la personne humaine, à commencer par le premier d’entre eux : le droit à la vie, Jean-Paul II n’hésite pas à proclamer, dans "Evangelium vitae", qu’une démocratie qui n’est plus fondée sur la loi morale objective, "s’achemine vers un totalitarisme caractérisé".
"Le droit à la vie, originel et inaliénable, est discuté et dénié en se fondant sur un vote parlementaire ou sur la volonté d’une partie - qui peut être la majorité - de la population. C’est le résultat néfaste d’un relativisme qui règne sans rencontrer d’opposition : le "droit" cesse d’en être un parce qu’il n’est plus fondé sur la dignité inviolable de la personne mais qu’on le fait dépendre de la volonté du plus fort. Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s’achemine vers un totalitarisme caractérisé" (n° 20).
"Dans la culture démocratique de notre temps, l’opinion s’est largement répandue que l’ordre juridique d’une société devrait se limiter à enregistrer et à recevoir les convictions de la majorité et que, par conséquent, il ne devrait reposer que sur ce que la majorité elle-même reconnaît et vit comme étant moral" (n° 69).
"Lorsqu’une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision "tyrannique" envers l’être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l’humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d’être des crimes si, au lieu d’être commis par des tyrans sans scrupule, ils étaient légitimés par l’assentiment populaire ?En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d’un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d’être la panacée de l’immoralité. Fondamentalement, elle est un "système" et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère moral n’est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain : il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés"(...).
"Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des "majorités" d’opinion provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d’une loi morale objective qui, en tant que "loi naturelle" inscrite dans le coeur de l’homme, est une référence normative pour la loi civile elle-même" (n° 70).
"Pour l’avenir de la société et pour le développement d’une saine démocratie, il est donc urgent de redécouvrir l’existence de valeurs humaines et morales essentielles et originelles, qui découlent de la vérité même de l’être humain et qui expriment et protègent la dignité de la personne : ce sont donc des valeurs qu’aucune personne, aucune majorité ni aucun Etat ne pourront jamais créer, modifier ou abolir, mais que l’on est tenu de reconnaître, respecter et promouvoir" (n° 71).
Le nouveau visage de la démocratie
Il reste qu’aucune société, fût-elle démocratique, ne peut durablement se passer d’un certain système de "valeurs", d’une "morale" commune, qu’aucune majorité ne puisse remettre en cause.
Face au vide et au désarroi créés par la déchristianisation rapide de notre société, de prétendues "autorités morales" s’efforcent d’imposer à celle-ci une "morale" et des "valeurs"... qui n’ont plus qu’un loin rapport avec la morale traditionnelle (le Décalogue) et les valeurs fondamentales de notre civilisation.
La conquête du pouvoir culturel (éducation, médias, cinéma, littérature...), qu’elles ont entreprise et réussie, explique, pour une large part, l’évolution récente des mentalités et des moeurs : "même lorsque la droite gouverne, écrit Jacques Julliard, les valeurs de gauche continuent de dominer la scène" [14].
Directement inspirées du "relativisme éthique" qui caractérise nos démocraties [15], ces "valeurs" se ramènent à quelques idées simples et confuses à la fois : la sacro-sainte laïcité de l’Etat qu’on serait bien en peine de définir précisément ; une totale liberté de moeurs qui fait de l’avortement, du préservatif ou de l’homosexualité autant d’acquis irréversibles ou de causes intouchables ; enfin, un "anti-racisme" qui n’est en fait qu’un dérivé du cosmopolitisme et de l’idéologie mondialiste.
Jean-Paul II, dans l’encyclique "Centesimus Annus" (1991), souligne que la liberté des hommes "peut être entravée du fait de la manipulation par les médias qui imposent, au moyen d’une insistance bien orchestrée, des modes et des mouvements d’opinion, sans qu’il soit possible de soumettre à une critique attentive les prémisses sur lesquelles ils sont fondés" (n° 41).
"L’Eglise, ajoute-t-il, ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir de l’Etat au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques" (n° 46).
Sans doute la Franc-maçonnerie représente-t-elle le plus important de ces "groupes dirigeants restreints" dont parle le Saint-Père. N’a-t-elle pas le pouvoir, grâce au travail de ses loges et de ses "Fraternelles" (Fraternelles de journalistes, de hauts-fonctionnaires ou de parlementaires), non seulement d’influencer l’opinion, mais d’orienter les débats parlementaires et de faire aboutir des textes de lois essentiels ? [16].
Quoi qu’il en soit, ces divers groupes de pression plus ou moins occultes, ne s’embarrassent d’aucun scrupule et n’ont que faire de la démocratie : leur raison d’être n’est pas d’écouter la volonté des citoyens, mais de fabriquer une opinion publique conforme à leurs voeux.
Le "suffrage universel" et la "volonté générale" n’ont plus valeur d’absolu et ne conservent une légitimité qu’en tant qu’il se conforment aux nouvelles tables de la loi : celles de la religion des "droits de l’homme sans Dieu" (Jean Madiran), au principe de la "laïcité", à l’idéologie mondialiste, comme aux pseudo valeurs républicaines.
Paradoxe ? C’est au nom même de la démocratie qu’en 1992, en Algérie, le F.L.N. fit annuler entre les deux tours les élections que le F.I.S. s’apprêtait à remporter. Comment expliquer qu’en France, aucune voix ne se soit élevée contre une telle violation des droits du peuple algérien ?
Au Danemark, c’est pour inciter la population qui avait une première fois voté "non", à se ressaisir en votant "oui", qu’en 1995 un nouveau référendum sur Maastricht fut organisé par le gouvernement. Pourquoi n’a-t-on pas proposé aux Français qui s’étaient prononcé pour le "oui" à une très faible majorité, de voter une seconde fois ?
C’est la "morale républicaine" que l’on tente d’opposer à la "démagogie populaire", au "populisme", voire même plus ouvertement aux "faiblesses du système démocratique", pour exclure du champ d’application du référendum les sujets de société tels que l’immigration ou la peine de mort.
Détournée, confisquée, pervertie par une oligarchie et par une intelligentsia dévoyées, la démocratie a-t-elle un avenir ?
On peut légitimement le penser si, abandonnant ses utopies subversives et sa prétention de modeler les hommes, elle se contente de les gouverner avec sagesse en s’appuyant sur une élite "qui ne soit restreinte à aucune profession, mais qui soit l’image de la vie multiple de tout le peuple (...), hommes de doctrine claire et saine, aux desseins solides et droits"... [17].
[1] Cf. "La loi naturelle" de Cyrille d’Aubigny, in "Permanences" n° 303 (juillet 1993).
[2] "Centesimus Annus" (1991), n° 46.
[3] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1914.
[4] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1915.
[5] Daniel Dustin - Charles Hire, "La politique selon Jean-Paul II", Editions Universitaires (1993), p. 33.
[6] Elisabeth Badinter, "L’un est l’autre", éditions Odile Jacob (1986) p. 194 et suivantes.
[7] C’est ainsi que la "politique africaine" de la France (celle du président Jacques Chirac comme celle de son prédécesseur François Mitterrand) subordonne l’aide économique et financière de notre pays à l’instauration de régimes démocratiques qui, la plupart du temps, ne sont guère adaptés aux réalités locales.
[8] Jean Madiran, "Les deux démocraties", N.E.L. 1977, pp. 14-15.
[9] "Somme théologique", I-II, q. 93, a.3, ad 2 um.
[10] Radio-message de Noël 1942.
[11] "Le Journal du Dimanche" du 2 avril 1995.
[12] Déclaration au Sénat, le 17 juillet 1995 ("Le Monde" du 19 juillet 1995).
[13] Alexis de Tocqueville, "De la démocratie en Amérique" (1835-1840).
[14] "Le Nouvel Observateur" du 25 mars 1993.
[15] Cette "alliance entre la démocratie et le relativisme éthique" représente, selon Jean-Paul II, "un risque non moins grave" que le totalitarisme marxiste (cf. "Veritatis Splendor", n° 101).
[16] Cf. "Les francs-maçons des années Mitterrand", in "Permanences" n° 321 (avril 1995).
[17] Pie XII, Radio message de Noël 1944.
© Ichtus - Au service de la Cité
Quelle démocratie ?...
Date de mise en ligne : 22 juillet 2006
Traditionnellement, la philosophie politique, d’Aristote à nos jours en passant par Saint Thomas d’Aquin, distingue trois formes possibles de gouvernement : la monarchie, l’aristocratie et la démocratie, selon que le pouvoir est exercé par un seul, par un petit nombre ou par le peuple lui-même.
Il va de soi qu’aucune de ces trois formes de gouvernement n’existe jamais à l’état pur et qu’un bon régime politique est précisément celui qui parvient à combiner, dans des proportions variables qui dépendent du contexte historique, les avantages respectifs de la monarchie, de l’aristocratie et de la démocratie.
Mais qu’est-ce, au juste, qu’une "démocratie" ? Etymologiquement, le mot, d’origine grecque (de "démos" : le peuple et "kratos" : le pouvoir), désigne le système politique au sein duquel le pouvoir appartient au peuple.
Certes, l’exercice direct de la souveraineté populaire, le "gouvernement du peuple par le peuple" (démocratie directe) s’avère pratiquement impossible. Tout au plus existe-t-il quelques contrées comme la Suisse où les citoyens ont, dans certaines conditions, la possibilité d’approuver ou de repousser les textes de lois qui leur sont soumis (démocratie "semi-directe").
Toute société, quelle qu’elle soit, comprend nécessairement une "minorité dirigeante" et une "majorité dirigée", constat qui faisait dire à Jean-Jacques Rousseau lui-même, qu’"il n’a jamais existé de véritable démocratie et qu’il n’en existera jamais", parce que, disait-il, "il est contre l’ordre naturel que le plus grand nombre gouverne et que le plus petit soit gouverné" ("Du contrat social").
Dans ces conditions, les "démocraties" sont habituellement des démocraties indirectes ou "représentatives" en ce sens que les citoyens y délèguent leurs pouvoirs à des représentants élus.
Extrait du Permanences n°323.
La démocratie "classique"
1 - L’Eglise et la démocratie
En clair, la démocratie, dans sa conception classique, est essentiellement un mode de désignation des gouvernants ; elle correspond au régime dans lequel les principaux responsables politiques sont élus par les citoyens, ceux-ci pouvant également être appelés à se prononcer par voie électorale sur les orientations politiques du gouvernement.
De nos jours, la forme démocratique du gouvernement semble correspondre aux aspirations des peuples qui, ayant atteint un certain degré de conscience et de maturité politiques, entendent participer, dans leur pays, à la gestion des affaires publiques.
Il n’empêche qu’aux yeux de l’Eglise, la démocratie n’est jamais qu’un type de régime politique parmi d’autres et que le critère ultime de la légitimité du pouvoir ne réside pas dans la forme du gouvernement, mais dans le service du bien commun de la société et le respect de la "loi naturelle" [1].
Telle est la doctrine traditionnelle et constante de l’Eglise qu’à la fin du XIXè siècle, Léon XIII exprimait en rappelant, dans l’encyclique "Diuturnum illud" (1881), que "rien n’empêche que l’Eglise n’approuve le gouvernement d’un seul ou celui de plusieurs pourvu que ce gouvernement soit juste et ordonné au bien commun", et que le Catéchisme de l’Eglise Catholique formule ainsi : "la diversité des régimes politiques est moralement admissible, pourvu qu’ils concourent au bien légitime de la communauté qui les adopte" (n° 1901).
L’Eglise ne saurait exprimer plus clairement son indifférence de principe à l’égard de la forme du gouvernement, problème de "prudence politique", de nature relative et contingente, puisqu’il dépend de l’histoire, du tempérament et de la volonté de chaque peuple. Jean XXIII, dans l’encyclique "Pacem in terris" (1963), fait observer qu’"il est impossible de définir une fois pour toutes quelle est la structure la meilleure pour l’organisation des pouvoirs publics, et selon quelles formules s’exerceront le mieux les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. En effet, pour déterminer la forme du gouvernement et les modalités de son fonctionnement, la situation particulière et les circonstances historiques de chaque peuple sont d’un très grand poids ; or, elles varient selon les temps et les lieux". En d’autre termes, et comme le précisera la Constitution "Gaudium et Spes" du Concile Vatican II, "la détermination des régimes politiques, comme la détermination de leurs dirigeants, doivent être laissées à la libre volonté des citoyens". Ainsi donc, la doctrine sociale de l’Eglise ne conteste guère et n’a d’ailleurs jamais contesté la légitimité de la démocratie en tant que mode de désignation des gouvernants.
"Préférer pour l’Etat une constitution tempérée par l’élément démocratique n’est pas en soi contre le devoir, à condition toutefois qu’on respecte la doctrine catholique sur l’origine et l’exercice du pouvoir public", affirme Léon XIII dans l’encyclique "Immortale Dei" (1885).
Certes, le principe selon lequel "tout pouvoir vient de Dieu" (Rom, 13,1) révèle l’origine divine de toute autorité, y compris l’autorité politique ("Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en Haut", Jn, 19, 11). Il signifie que "toute communauté humaine a besoin d’une autorité qui la régisse. Celle-ci, tout comme la société, a donc pour auteur la nature et du même coup Dieu Lui-même" (Léon XIII, "Immortale Dei") ; il fait ainsi dériver de Dieu Lui-même le droit de commander, d’où le devoir d’obéissance qu’il impose en conscience à tout homme, sauf en cas de violation de la loi divine ("Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes", Act, 5, 29).
Mais ce principe ne contredit nullement la règle démocratique de l’élection des gouvernants par le peuple, comme l’atteste, une fois de plus Léon XIII : "Ceux qui président au gouvernement de la chose publique peuvent bien, en certains cas, être élus par la volonté et le jugement de la multitude, sans répugnance ni opposition avec la doctrine catholique. Mais si ce choix désigne le gouvernement, il ne lui confère pas l’autorité de gouverner. Il ne délègue pas le pouvoir, il désigne la personne qui en sera investie" ("Diuturnum illud"), ou plus récemment Jean XXIII : "l’origine divine de l’autorité n’enlève aucunement aux hommes le pouvoir d’élire leurs gouvernants, de définir la forme de l’Etat ou d’imposer des règles et des bornes à l’exercice de l’autorité. Ainsi, la doctrine que nous venons d’exprimer convient à toute espèce de régime vraiment démocratique" ("Pacem in terris").
2 - Les conditions d’une vraie démocratie
Si, comme l’assure Jean-Paul II, "l’Eglise apprécie la démocratie comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques" [2], cette démocratie (le "pouvoir du peuple") est un leurre dans une société qui ne rassemble qu’une masse informe d’individus dont la liberté se limite à l’exercice du droit de vote.
Que vaut un tel droit sans le pouvoir réel de peser sur son environnement immédiat et d’agir dans son domaine de compétence propre, c’est-à-dire sur ce qui dépend plus ou moins de chacun : famille, commune, province, métier, profession ?
"Lorsque nous demandons où est la liberté, on nous montre dans nos mains les bulletins de vote : sur la machine immense dont nous sommes les sujets, nous avons un droit ; nous, dix vingt ou trente millionième fraction du souverain, nous pouvons parfois, perdus dans une foule immense, participer à la mettre en branle", déplorait Bertrand de Jouvenel ("Du pouvoir").
"La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus, puis à se désintéresser, s’abstenir, se taire pendant cinq ans. Elle est action continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l’Etat, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l’association, de la profession", insiste Pierre Mendès-France ("La République moderne").
"La masse, écrivait déjà Pie XII dans son Radio-message de Noël 1944, est l’ennemie principale de la vraie démocratie et de son idéal de liberté et d’égalité", tandis que dans un vrai peuple, "le citoyen a conscience de sa propre personnalité, de ses devoirs et de ses droits", et chacun peut "vivre honorablement sa propre vie personnelle, au poste et dans les conditions où l’ont placé les desseins et les dispositions de la Providence".
Ainsi donc, la "participation des citoyens", que l’Eglise apprécie dans une démocratie, "se réalise d’abord, précise le Catéchisme de l’Eglise Catholique, dans la prise en charge des domaines dont on assume la responsabilité personnelle : par le soin apporté à l’éducation de sa famille, par la conscience dans son travail, l’homme participe au bien d’autrui et de la société" [3]. Ce n’est qu’en second lieu que le Catéchisme souligne que "les citoyens doivent autant que possible prendre une part active à la vie publique", étant entendu que "les modalités de cette participation peuvent varier d’un pays ou d’une culture à l’autre" [4].
En d’autres termes, et "conformément à la doctrine sociale de l’Eglise, la démocratie politique, sociale et économique est fondée sur le respect et l’encouragement des initiatives des individus et des groupes ou corps intermédiaires" [5] ; le respect du fameux principe de subsidiarité, selon lequel ni l’Etat, ni aucun groupement ne doivent se substituer à l’initiative et à la responsabilité des personnes et des corps intermédiaires de moindre importance, en est une des conditions essentielles.
La démocratie "révolutionnaire"
Légitime en tant que mode de désignation des gouvernants, la démocratie ne l’est plus guère lorsqu’elle se mue en véritable système idéologique, en "démocratie révolutionnaire" dont les caractéristiques principales sont les suivantes :
1 - Une conception erronée de l’autorité
Dans son livre "L’un est l’autre", Elisabeth Badinter souligne à propos de la Révolution française, qu’"en tuant le roi, les révolutionnaires français portèrent un coup décisif au pouvoir de Dieu et à celui du père" parce que "la démocratie est incompatible avec le pouvoir paternel d’antan. Toute émancipation est d’abord libération par rapport au père" et "le rejet du roi et du père est ici, encore plus profondément, celui de toute transcendance. La révolte ne pouvait épargner Dieu, le Père universel du genre humain (...). Les philosophes du XIXè siècle, parmi lesquels Feuerbach, Proudhon, Marx ou Nietzsche, tirant les conséquences de la Révolution française, ont proclamé la mort de Dieu, celle-ci apparaissant comme la condition nécessaire de la libération de l’humanité (...). En affirmant la transcendance de l’Homme, poursuit-elle, les nouvelles "Tables de la Loi" introduites en 1789 font de lui un dieu. Dorénavant ce sont les hommes qui légifèrent pour eux-mêmes. C’en est bien fini de la soumission au père tout-puissant qui décide seul de ce qui est bon ou mauvais pour ses enfants. L’idéologie des droits de l’Homme, devenue, au moins en théorie, une véritable religion, a consacré la République des frères, dans laquelle les ressemblances l’emportent sur les différences" [6].
Que retenir d’un tel texte, sinon que, dans l’esprit de "1789", l’autorité trouve, non plus en Dieu, mais dans le "peuple souverain" le fondement de sa légitimité ?
C’est ainsi que selon l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément".
D’une part, la démocratie n’est plus, dans ces conditions, un système politique parmi d’autres, mais le seul régime politique concevable : "hors de la démocratie, point de salut" ! [7]
D’autre part, l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme est de nature à justifier l’extension pratiquement illimitée du principe démocratique tel qu’il s’applique dans l’ordre des institutions politiques, aux divers aspects de la vie sociale, en rejetant toute autorité d’ordre naturel ou surnaturel qui n’est pas l’émanation de la "volonté générale" : celle du maître d’école ou du professeur, du chef d’entreprise, de l’officier ("la démocratie, écrivait Ernest Renan, est le plus fort dissolvant de l’organisation militaire" parce que celle-ci est fondée sur la discipline et la hiérarchie) ou, bien sûr, du Pape dans l’Eglise et de l’évêque dans son diocèse ?...
2 - Le rejet de la loi morale naturelle
Selon l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, "la loi est l’expression de la volonté générale". Il s’agit là d’un des fondements du droit constitutionnel français, et d’un principe auquel l’écrasante majorité de nos concitoyens souscrit sans doute, parce qu’elle n’en perçoit pas la perversité.
Or, Jean Madiran le dit fort bien : "Que "la loi" soit "l’expression de la volonté générale", et seulement cela, et nullement autre chose, est une grande nouveauté dans l’histoire du monde. Cette proclamation de 1789 n’a pas inventé la démocratie, elle lui a donné un autre contenu. Elle a imposé dans la vie politique une morale nouvelle et un nouveau droit.Toujours, dans toutes les civilisations jusqu’en 1789 (et ensuite encore, mais par survivance de plus en plus fragile, de plus en plus implicite), la loi était l’expression d’une réalité supérieure à l’homme, d’un bien objectif, d’un bien commun, que l’homme traduisait, interprétait, codifiait librement, mais non arbitrairement. Le législateur faisait ce qu’il pouvait, pas toujours ce qu’il devait : mais sa fonction reconnue était de formuler de grands impératifs qu’il n’avait pas inventés, mais découverts, à moins qu’il ne les ait simplement reçus comme Moïse sur le Sinaï. La loi était l’expression humaine de la volonté de Dieu sur les hommes, conformément à la nature qu’il leur a donnée, à la destinée qu’il leur veut. Quand Dieu était inconnu ou méconnu, la loi demeurait néanmoins l’expression d’une raison, d’une justice, d’un ordre supérieurs aux volontés humaines" [8].
C’est en effet ce qu’admettait l’humanité bien avant l’avènement du christianisme. Faut-il rappeler les paroles solennelles que Sophocle (au Vè siècle avant Jésus-Christ...) prête à Antigone qui, bravant les ordres du roi Créon de refuser toute sépulture à son frère Polynice, s’écrie : "Je n’ai pas pensé que tes décrets avaient un tel pouvoir qu’ils puissent autoriser un mortel à fouler au pied les lois non écrites et immuables des dieux" ?...
C’est en outre ce que l’Eglise a toujours enseigné, et Saint Thomas d’Aquin, dans sa "Somme théologique", écrit que "la législation humaine ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison ; d’où il apparaît qu’elle tient sa vigueur de la loi éternelle. Dans la mesure où elle s’écarterait de la raison, il faudrait la déclarer injuste, car elle ne vérifierait pas la notion de loi ; elle serait plutôt une forme de violence" [9].
Une "démocratie révolutionnaire" se caractérise d’abord par le fait que la légitimité de la loi y dépend, non pas de la conformité à l’ordre moral objectif, mais de la "volonté populaire".
Ainsi la loi du nombre en vient à se substituer à la loi morale naturelle et par là-même à la loi de Dieu, comme s’il appartenait à la "majorité" (que ce soit celle du peuple par voie de référendum, ou celle de ses représentants élus) de décider elle-même du bien et du mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste.
Conséquence logique : le "positivisme juridique", qui finit par s’imposer, "attribue, disait Pie XII , une trompeuse majesté à l’émanation de lois purement humaines et fraye la voie à une funeste dissociation de la loi avec la moralité" [10].
N’est-ce pas M. Jacques Chirac qui, récemment, déclarait à propos de l’avortement et de la Loi Veil : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi. Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque" [11], tandis que sur le même sujet, M. Jacques Toubon, Garde des Sceaux, s’évertue à faire admettre que "la revendication d’une loi supérieure ne peut être retenue dans un Etat laïque comme le nôtre" [12] ?
La démocratie "totalitaire"
Or le pire est à craindre dans une démocratie qui subordonne de la sorte la justice et le bien commun à la "volonté générale" prise comme un absolu et considérée comme infaillible.
En dépit des préjugés qui font de la démocratie un régime de libertés pour tous et dans tous les cas, l’omnipotence de la majorité, qui équivaut à la loi du plus fort, peut dégénérer en véritable tyrannie. "Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité du peuple a le droit de tout faire, notait déjà Alexis de Tocqueville. Il faut toujours placer quelque part un pouvoir social supérieur à tous les autres, mais je crois la liberté en péril lorsque ce pouvoir ne trouve devant lui aucun obstacle qui puisse retenir sa marche et lui donner le temps de se modérer lui-même (...). Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu’on l’appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu’on l’exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis : là est le germe de la tyrannie et je cherche à aller vivre sous d’autres lois" [13].
Il faut ajouter qu’aucune protection constitutionnelle des droits des citoyens ou des minorités ne saurait prévaloir contre la "volonté générale" dans un système où, la majorité pouvant à tout moment défaire ou modifier ce qu’elle avait arrêté la veille, aucune norme juridique n’est jamais définitivement acquise.
Qu’on le veuille ou non, il semble bien que la "démocratie totalitaire" soit en germe dans la théorie du contrat social de Jean-Jacques Rousseau selon laquelle "les clauses du pacte social se réduisent toutes à une seule : savoir l’aliénation à toute la communauté... Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre..." ("Du contrat social").
Soucieux de défendre envers et contre tout les droits fondamentaux de la personne humaine, à commencer par le premier d’entre eux : le droit à la vie, Jean-Paul II n’hésite pas à proclamer, dans "Evangelium vitae", qu’une démocratie qui n’est plus fondée sur la loi morale objective, "s’achemine vers un totalitarisme caractérisé".
"Le droit à la vie, originel et inaliénable, est discuté et dénié en se fondant sur un vote parlementaire ou sur la volonté d’une partie - qui peut être la majorité - de la population. C’est le résultat néfaste d’un relativisme qui règne sans rencontrer d’opposition : le "droit" cesse d’en être un parce qu’il n’est plus fondé sur la dignité inviolable de la personne mais qu’on le fait dépendre de la volonté du plus fort. Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s’achemine vers un totalitarisme caractérisé" (n° 20).
"Dans la culture démocratique de notre temps, l’opinion s’est largement répandue que l’ordre juridique d’une société devrait se limiter à enregistrer et à recevoir les convictions de la majorité et que, par conséquent, il ne devrait reposer que sur ce que la majorité elle-même reconnaît et vit comme étant moral" (n° 69).
"Lorsqu’une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision "tyrannique" envers l’être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l’humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d’être des crimes si, au lieu d’être commis par des tyrans sans scrupule, ils étaient légitimés par l’assentiment populaire ?En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d’un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d’être la panacée de l’immoralité. Fondamentalement, elle est un "système" et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère moral n’est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain : il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés"(...).
"Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des "majorités" d’opinion provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d’une loi morale objective qui, en tant que "loi naturelle" inscrite dans le coeur de l’homme, est une référence normative pour la loi civile elle-même" (n° 70).
"Pour l’avenir de la société et pour le développement d’une saine démocratie, il est donc urgent de redécouvrir l’existence de valeurs humaines et morales essentielles et originelles, qui découlent de la vérité même de l’être humain et qui expriment et protègent la dignité de la personne : ce sont donc des valeurs qu’aucune personne, aucune majorité ni aucun Etat ne pourront jamais créer, modifier ou abolir, mais que l’on est tenu de reconnaître, respecter et promouvoir" (n° 71).
Le nouveau visage de la démocratie
Il reste qu’aucune société, fût-elle démocratique, ne peut durablement se passer d’un certain système de "valeurs", d’une "morale" commune, qu’aucune majorité ne puisse remettre en cause.
Face au vide et au désarroi créés par la déchristianisation rapide de notre société, de prétendues "autorités morales" s’efforcent d’imposer à celle-ci une "morale" et des "valeurs"... qui n’ont plus qu’un loin rapport avec la morale traditionnelle (le Décalogue) et les valeurs fondamentales de notre civilisation.
La conquête du pouvoir culturel (éducation, médias, cinéma, littérature...), qu’elles ont entreprise et réussie, explique, pour une large part, l’évolution récente des mentalités et des moeurs : "même lorsque la droite gouverne, écrit Jacques Julliard, les valeurs de gauche continuent de dominer la scène" [14].
Directement inspirées du "relativisme éthique" qui caractérise nos démocraties [15], ces "valeurs" se ramènent à quelques idées simples et confuses à la fois : la sacro-sainte laïcité de l’Etat qu’on serait bien en peine de définir précisément ; une totale liberté de moeurs qui fait de l’avortement, du préservatif ou de l’homosexualité autant d’acquis irréversibles ou de causes intouchables ; enfin, un "anti-racisme" qui n’est en fait qu’un dérivé du cosmopolitisme et de l’idéologie mondialiste.
Jean-Paul II, dans l’encyclique "Centesimus Annus" (1991), souligne que la liberté des hommes "peut être entravée du fait de la manipulation par les médias qui imposent, au moyen d’une insistance bien orchestrée, des modes et des mouvements d’opinion, sans qu’il soit possible de soumettre à une critique attentive les prémisses sur lesquelles ils sont fondés" (n° 41).
"L’Eglise, ajoute-t-il, ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir de l’Etat au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques" (n° 46).
Sans doute la Franc-maçonnerie représente-t-elle le plus important de ces "groupes dirigeants restreints" dont parle le Saint-Père. N’a-t-elle pas le pouvoir, grâce au travail de ses loges et de ses "Fraternelles" (Fraternelles de journalistes, de hauts-fonctionnaires ou de parlementaires), non seulement d’influencer l’opinion, mais d’orienter les débats parlementaires et de faire aboutir des textes de lois essentiels ? [16].
Quoi qu’il en soit, ces divers groupes de pression plus ou moins occultes, ne s’embarrassent d’aucun scrupule et n’ont que faire de la démocratie : leur raison d’être n’est pas d’écouter la volonté des citoyens, mais de fabriquer une opinion publique conforme à leurs voeux.
Le "suffrage universel" et la "volonté générale" n’ont plus valeur d’absolu et ne conservent une légitimité qu’en tant qu’il se conforment aux nouvelles tables de la loi : celles de la religion des "droits de l’homme sans Dieu" (Jean Madiran), au principe de la "laïcité", à l’idéologie mondialiste, comme aux pseudo valeurs républicaines.
Paradoxe ? C’est au nom même de la démocratie qu’en 1992, en Algérie, le F.L.N. fit annuler entre les deux tours les élections que le F.I.S. s’apprêtait à remporter. Comment expliquer qu’en France, aucune voix ne se soit élevée contre une telle violation des droits du peuple algérien ?
Au Danemark, c’est pour inciter la population qui avait une première fois voté "non", à se ressaisir en votant "oui", qu’en 1995 un nouveau référendum sur Maastricht fut organisé par le gouvernement. Pourquoi n’a-t-on pas proposé aux Français qui s’étaient prononcé pour le "oui" à une très faible majorité, de voter une seconde fois ?
C’est la "morale républicaine" que l’on tente d’opposer à la "démagogie populaire", au "populisme", voire même plus ouvertement aux "faiblesses du système démocratique", pour exclure du champ d’application du référendum les sujets de société tels que l’immigration ou la peine de mort.
Détournée, confisquée, pervertie par une oligarchie et par une intelligentsia dévoyées, la démocratie a-t-elle un avenir ?
On peut légitimement le penser si, abandonnant ses utopies subversives et sa prétention de modeler les hommes, elle se contente de les gouverner avec sagesse en s’appuyant sur une élite "qui ne soit restreinte à aucune profession, mais qui soit l’image de la vie multiple de tout le peuple (...), hommes de doctrine claire et saine, aux desseins solides et droits"... [17].
[1] Cf. "La loi naturelle" de Cyrille d’Aubigny, in "Permanences" n° 303 (juillet 1993).
[2] "Centesimus Annus" (1991), n° 46.
[3] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1914.
[4] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1915.
[5] Daniel Dustin - Charles Hire, "La politique selon Jean-Paul II", Editions Universitaires (1993), p. 33.
[6] Elisabeth Badinter, "L’un est l’autre", éditions Odile Jacob (1986) p. 194 et suivantes.
[7] C’est ainsi que la "politique africaine" de la France (celle du président Jacques Chirac comme celle de son prédécesseur François Mitterrand) subordonne l’aide économique et financière de notre pays à l’instauration de régimes démocratiques qui, la plupart du temps, ne sont guère adaptés aux réalités locales.
[8] Jean Madiran, "Les deux démocraties", N.E.L. 1977, pp. 14-15.
[9] "Somme théologique", I-II, q. 93, a.3, ad 2 um.
[10] Radio-message de Noël 1942.
[11] "Le Journal du Dimanche" du 2 avril 1995.
[12] Déclaration au Sénat, le 17 juillet 1995 ("Le Monde" du 19 juillet 1995).
[13] Alexis de Tocqueville, "De la démocratie en Amérique" (1835-1840).
[14] "Le Nouvel Observateur" du 25 mars 1993.
[15] Cette "alliance entre la démocratie et le relativisme éthique" représente, selon Jean-Paul II, "un risque non moins grave" que le totalitarisme marxiste (cf. "Veritatis Splendor", n° 101).
[16] Cf. "Les francs-maçons des années Mitterrand", in "Permanences" n° 321 (avril 1995).
[17] Pie XII, Radio message de Noël 1944.
© Ichtus - Au service de la Cité
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Quelle démocratie ?...
Je pense que cet article va au coeur du probleme de gouvernance en Occident actuellement.
Le refus de s`ancrer moralement sur les 10 commandements et de reconnaitre l`autorité divine supérieure au plan moral. Cela amene une dérive de la pensée.
N’est-ce pas M. Jacques Chirac qui, récemment, déclarait à propos de l’avortement et de la Loi Veil : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi. Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque" [11], tandis que sur le même sujet, M. Jacques Toubon, Garde des Sceaux, s’évertue à faire admettre que "la revendication d’une loi supérieure ne peut être retenue dans un Etat laïque comme le nôtre" [12] ?
Cette mentalité est celle des élites occidentales actuelles. Mais encore pire, l`islam et sa moralité relative entre maintenant dans le jeu ce qui va encore dégrader la situation et la rendre plus complexe.
Penson a Genese 3 - les paroles de Satan au jardin d`Éden -
Vous serez comme des dieux - Donc refusez l`autorité morale de Dieu et décidez pour vous-meme sans lui!
Vous connaitrez le bien et le mal - Vous déciderez vous-meme du caractere du bien et du mal selon votre propre volonté et sans prendre en compte la volonté divine. C`est ce que nous vivons - le relativisme moral.
Le refus de s`ancrer moralement sur les 10 commandements et de reconnaitre l`autorité divine supérieure au plan moral. Cela amene une dérive de la pensée.
N’est-ce pas M. Jacques Chirac qui, récemment, déclarait à propos de l’avortement et de la Loi Veil : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi. Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque" [11], tandis que sur le même sujet, M. Jacques Toubon, Garde des Sceaux, s’évertue à faire admettre que "la revendication d’une loi supérieure ne peut être retenue dans un Etat laïque comme le nôtre" [12] ?
Cette mentalité est celle des élites occidentales actuelles. Mais encore pire, l`islam et sa moralité relative entre maintenant dans le jeu ce qui va encore dégrader la situation et la rendre plus complexe.
Penson a Genese 3 - les paroles de Satan au jardin d`Éden -
Vous serez comme des dieux - Donc refusez l`autorité morale de Dieu et décidez pour vous-meme sans lui!
Vous connaitrez le bien et le mal - Vous déciderez vous-meme du caractere du bien et du mal selon votre propre volonté et sans prendre en compte la volonté divine. C`est ce que nous vivons - le relativisme moral.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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