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l'humilité et l'amour de notre Pape Benoit XVI

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l'humilité et l'amour de notre Pape Benoit XVI Empty l'humilité et l'amour de notre Pape Benoit XVI

Message par Rémi Ven 7 Oct 2011 - 1:22

Très beau texte extrait du site web de l'association pro liturgia http://proliturgia.pagesperso-orange.fr/styled-2/debut.htm

L’AUTRE VISAGE DU PAPE RATZINGER

Que l’on me permette de raconter ici trois petites histoires qui, j’espère, permettront de mieux connaître notre « pape Ratzinger » au sujet duquel on dit souvent tout et n’importe quoi pour essayer de faire coller son tempérament à nos petites catégories mentales.
La première histoire se passe dans mon diocèse, en 1984 très exactement. J’enseignais alors dans un collège privé dépendant directement de l’autorité de l’évêque de Strasbourg. Or, un jour, on m’annonça de façon abrupte mon licenciement.
Qu’avais-je fait ? J’avais simplement osé prétendre que les messes qui étaient célébrées dans ce collège pour les élèves ne respectaient pas les normes liturgiques précisées par l’Eglise. Du coup, je fus traité d’ « intégriste » et je n’eus plus le droit d’enseigner dans un établissement privé. On me conseilla même - sans rire - d’aller « voir chez Mgr Lefebvre »… Ce que je ne fis jamais, à la grande déception de mon évêque et de son entourage qui auraient alors eu des arguments en faveur de mon supposé « lefebvrisme ».
Sans travail, sans revenu ni allocations, je me demandais comment m’en sortir lorsque je tombai sur un article du « Figaro » qui présentait un cardinal que Jean-Paul II avait nommé à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. J’eus alors l’idée d’écrire à ce cardinal - Joseph Ratzinger, un bavarois - pour lui expliquer ce qui m’arrivait et lui demander ce que je devrais faire. A ma grande surprise, une réponse arriva sous forme d’un courrier tapé sur une veille machine à écrire dont les caractères n’étaient même plus alignés. Le cardinal Ratzinger me disait d’aller voir mon évêque pour lui dire qu’il était dans l’obligation de me donner les motifs exacts de mon licenciement s’ils étaient d’ordre théologique. Et il ajoutait que si mon évêque refusait de me donner des explications, je devrai intenter un procès… Dans le même temps, le cardinal se portait garant de ma « catholicité » : les ouvrages sur la liturgie que j’avais publiés étaient en parfaite conformité avec les enseignements de l’Eglise, précisait-il.
Apprenant que j’avais pris contact avec le cardinal Ratzinger, mon évêque eu du mal à contenir sa colère : de quoi se mêlait-on à Rome ? De quoi se mêlait ce cardinal bureaucrate… qui n’y connaissait rien en liturgie ?
Mon évêque refusa de me donner le motif de mon licenciement et par conséquent, suivant le conseil du Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, j’intentai un procès qui m’obligea à faire trois recours en Cassation. Le procès fut gagné ; j’en informai aussitôt le cardinal qui me répondit qu’il se réjouissait que l’issue de l’affaire ait été en ma faveur.
Ce jour, j’avais découvert ce qu’il est convenu d’appeler un « prince de l’Eglise », c’est-à-dire quelqu’un qui tient sur des positions aussi claires que courageuses.

La deuxième histoire se passe à Rome. J’avais l’occasion de passer quelques jours dans la capitale italienne et en préparant un peu mon séjour, j’étais tombé sur un article de journal - encore un ! - où l’on disait que tous les matins, vers 8 heures, on pouvait voir le cardinal Ratzinger traverser la place Saint-Pierre pour se rendre à son bureau de l’ex-Saint-Office.
Je décidai donc d’être un matin, à 8 heures, place Saint-Pierre. A cette heure-ci, il n’y a devant la basilique que des pigeons et quelques vendeurs de cartes postales qui montent leurs stands avant que les touristes n’arrivent… J’attends non loin de l’ « arc des cloches » quand tout à coup, je vois arriver, du côté opposé où je suis, le cardinal. Le cardinal ? Pas exactement. Je vois plutôt un prêtre qui aurait pu être un simple curé de paroisse rurale du fond de l’Italie. Le cardinal avance de son pas si particulier donnant l’impression qu’il a peur de blesser le sol ; il est en soutane noire, porte un béret et tient d’une main une vieille serviette passablement ramollie par les années, tandis que dans l’autre main il a son chapelet… En le voyant, je me dis que Joseph Ratzinger, avant d’être cardinal, est surtout prêtre. « Prêtre », le plus beau titre que l’Eglise puisse donner à un homme au service de Dieu. Je m’approche de lui d’un pas assuré et je remarque qu’il ralentit en me voyant, qu’il me regarde même avec une certaine inquiétude. Me prend-il pour un terroriste ? Je me présente et dès qu’il entend mon nom, il me dit : « Vous êtes à Rome ? Pour combien de temps ? » Et tout de suite il me demande des nouvelles d’amis strasbourgeois que nous avons en commun. Je resterai longtemps sidéré par la mémoire de cet homme et par sa bonté lorsqu’il écoute ce qu’on lui dit.
Il me propose de faire quelques pas avec lui en direction de l’aula Paul VI où, dit-il, il doit assister à une rencontre à laquelle sera le pape Jean-Paul II. Tout en marchant, je lui remets une grande enveloppe contenant un dossier préparé par des séminaristes qui souhaitent l’informer des grandes difficultés qu’ils rencontrent au long de leur chemin vers la prêtrise. Le cardinal me remercie et me dit : « Avant la rencontre avec le Saint Père, j’ai un peu de temps pour lire votre dossier ; mais je dois vous avouer qu’ici nous savons bien quelle est la situation de l’Eglise en France… » Me voici rassuré : on est bien informé au Vatican. J’aurai la joie d’annoncer ça aux séminaristes qui m’avaient « chargé de mission ».
Ce jour-là, je découvre l’immense simplicité et la grande sensibilité du cardinal. Et j’imagine tout de suite combien il doit souffrir lorsqu’il entend qu’on le traite de « Panzerkardinal ». Si pendant la guerre l’ennemi avait eu de tels « Panzer », il n’y aurait eu aucun mort… Joseph Ratzinger est tout ce qu’on voudra sauf un homme dur et intransigeant. Il est un amoureux inconditionnel de l’Eglise ; et un catholique qui aime à ce point l’Eglise ne peut être qu’un homme à la bonté sans limites.

La troisième histoire est celle-ci : en pleine crise lefebvriste, j’avais rédigé un petit mémoire sur la question du « traditionalisme » en France, que j’avais envoyé au cardinal. A ma grande surprise, je reçus peu de temps après un courrier dont le ton était assez emporté ; j’avais l’impression que le cardinal me soupçonnait de je ne sais quelles manigances au profit de l’aile la plus « progressiste » agissant dans l’Eglise. D’abord, je ne compris pas ; puis, en relisant la copie de la lettre que j’avais envoyée, je m’aperçus que j’avais très mal tourné une phrase : on pouvait, en la lisant, comprendre exactement le contraire de ce que je voulais dire.
J’adressai donc un nouveau courrier au cardinal en lui précisant ma pensée et lui demandant de bien vouloir excuser l’erreur que j’avais faite. A peine quelques jours plus tard, je reçus une réponse : c’était le cardinal qui me demandait de l’excuser d’avoir mal interprété ma pensée… Je fus très secoué par ce courrier prouvant la grande humilité de ce théologien hors norme.

Bien entendu, je ne pourrais pas finir sans évoquer l’immense joie que j’ai eue, le 2 avril 2005, quand à la télévision j’ai entendu la célèbre formule qui flaire si bon la sainte Eglise catholique romaine : « Annuntio vobis gaudium magnum ; habemus Papam : Eminentissimum ac Reverendissimum Dominum, Dominum Josephum Sanctae Romanae Ecclesiae Cardinalem Ratzinger qui sibi nomen imposuit Benedictum XVI. »
Immense joie, oui ; mais aussi grande tristesse à la pensée que Joseph Ratzinger qui n’aspirait qu’à une chose, revenir dans sa chère Bavière natale et prendre une retraite « de bénédictin » partagée entre la prière et le travail, allait devoir rester à Rome pour tâcher de mettre de l’ordre dans une Eglise souvent aussi complexe que turbulente.
Et aujourd’hui ? Je ne manque jamais d’envoyer un mot au Saint Père à l’occasion de Pâques ou de Noël ; il ne manque jamais de faire envoyer une réponse. Et quand je le vois célébrer la sainte Liturgie, je reprends le livre qu’il m’avait envoyé complété d’une dédicace par laquelle il exprimait « notre amour commun pour la sainte Liturgie. »

D.C.


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