Un nouvel évêque pour le diocèse de Trois-Rivière

(Trois-Rivières) C'est finalement d'Alberta que viendra le successeur de Mgr Martin Veillette, soit Mgr Luc Bouchard, actuellement évêque du diocèse de Saint-Paul, mais originaire de Cornwall en Ontario.

La nouvelle a été annoncée par simple voie de communiqué, hier matin. Toutefois, le nouvel évêque devrait être à Trois-Rivières du 9 au 15 février pour un premier contact avec son personnel et sa nouvelle ville.

Cela dit, Mgr Bouchard connaît tout de même un peu la région pour avoir fréquenté le sanctuaire Notre-Dame-du-Cap dans son enfance, à l'occasion de pèlerinages, et pour avoir participé à quelques reprises à des rencontres de travail comme celles de l'Assemblée des évêques du Canada à Cap-de-la-Madeleine.

Joint hier à son diocèse en Alberta, le nouvel évêque de Trois-Rivières prenait les choses calmement mais avec un petit brin d'excitation car, note-t-il, Trois-Rivières est un diocèse «prestigieux et vénérable.»

Il dit avoir accueilli sa nomination avec surprise et obéissance, mais surtout dans la foi.

«Je dirais qu'il y a un peu d'anxiété, mais aussi le désir de répondre à cet appel. Ça m'honore beaucoup qu'on ait pensé à moi. C'est une grande marque de confiance cette nomination du Saint-Père, car je peux nommer tout de suite des évêques qui auraient pu passer avant moi.»

Lorsqu'on lui fait remarquer que beaucoup d'inquiétude a été exprimée par la communauté chrétienne de la région face à la nomination de nouveaux évêques et surtout à leur ouverture d'esprit devant les réalités modernes (divorce, homosexualité, ordination des femmes, l'arrivée de prêtres étrangers) Mgr Bouchard répond que cette inquiétude est tout à fait normale.

«On est là pour annoncer l'évangile à tout le monde. L'appel de l'évangile, peu importe qui on est, est d'abord un appel d'amour et à la conversion. On s'adresse le plus possible à chaque personne individuellement et dans le respect.»

Se considère-t-il comme un évêque progressiste? À cette question, celui-ci donne une réponse sybilline, c'est-à-dire qu'il pense «qu'un évêque doit être à la fois conservateur et libéral, mais surtout quelqu'un qui prêche la vérité... car la vérité est toujours conservatrice et libérale en même temps.» Quand on rétorque que ça semble difficile à concilier tout cela, le nouveau chef de l'église trifluvienne ajoute avec humour que c'est précisément pour cette raison qu'il faut prier pour les évêques.

Mgr Bouchard qui est devenu célèbre au pays par sa lettre épiscopale contre l'exploitation des sables bitumineux (ce qui lui a valu le surnom d'évêque vert) prévient qu'il ne faut pas s'attendre à ce qu'il prenne aussi position contre l'exploitation des gaz de schiste.

«J'ai suivi ça de près mais cette lettre, quand je l'ai écrite, cela faisait 10 ans que j'étais ici. Je savais que je devais dire un mot mais j'ai pris le temps de bien étudier la chose et de m'entourer de bons recherchistes. Il fallait apporter la lumière de l'évangile sur cette situation-là qui était pour ainsi dire dans ma cour arrière.»

Le nouvel évêque confie arriver dans ces nouvelles fonctions en comptant sur l'amitié et la fraternité de Mgr Veillette. «On lui doit tous une retraite bien méritée car il s'est donné corps et âme dans son diocèse qui est son diocèse d'origine.»

Ce nouveau diocèse qui est plus important en population catholique que celui qu'il dirigeait demeure un défi pour Mgr Bouchard. «Mais le vrai défi c'est d'annoncer l'évangile que ce soit à 10 ou 1000 personnes, croit-il. Le défi c'est celui-là. Dans le fin fond, je suis un curé de campagne. J'aime beaucoup les gens... même dans un poste de commande.»

Pour sa part, Mgr Veillette se souvient très bien de ses rencontres avec Mgr Bouchard et l'attend avec impatience la semaine prochaine. Il n'est pas surpris de ce qui est en fait un simple transfert d'un diocèse à un autre puisque cela se fait couramment. «Ce sera une différence importante pour lui, le diocèse de Saint-Paul compte environ 55 000 catholiques comparativement à 245 000 pour le diocèse de Trois-Rivières», explique-t-il. Il se montre optimiste quant à l'ouverture d'esprit du nouvel évêque qui a beaucoup voyagé. Sa position sur les sables bitumineux en témoignerait également, selon lui.

«Je pense qu'il a une ouverture aux réalités dans lesquelles nous sommes actuellement mais, je n'ai pas eu suffisamment d'échanges avec lui pour savoir où il se pose par rapport aux autres questions (ordination des femmes, divorce, etc.), confie-t-il en choisissant soigneusement ses mots.

La date d'entrée officielle en fonction de Mgr Bouchard n'est pas encore connue. Tout ce que l'on sait, c'est que c'est l'archevêque de Québec qui doit l'accueillir personnellement. Pour l'instant, Mgr Veillette ne fait pas de plans et se tient à la disposition de son successeur.

Mgr Luc Bouchard

> Né le 18 novembre 1949, Cornwall, Ontario

> Son père est originaire de l'Estrie

> Ordonné prêtre le 4 septembre 1976

> Études en Écriture sainte à Rome et Jérusalem

> OEuvre dans différentes paroisses du diocèse d'Alexandria-Cornwall

> Enseigne au Grand séminaire de Montréal

> Membre de l'équipe de formation du Grand séminaire St-Joseph d'Edmonton

> Il en devient recteur en 2000

> Nommé évêque de Saint-Paul en septembre 2001

> Membre du conseil permanent de la Conférence des évêques catholiques du Canada

> Président de la Commission épiscopale de théologie

> Délégué canadien au Synode à Rome en 2008

> Membre de la Commission épiscopale de la doctrine

> En 2009, il publie une lettre épiscopale très remarquée sur les sables bitumineux

> Elle lui vaut le surnom «d'évêque vert»

Publié le 10 février 2012 à 09h43 | Mis à jour le 10 février 2012 à 09h43

Digne successeur


Le Nouvelliste

C'est tout un évêque qu'on a choisi pour succéder à un évêque tel que Mgr Veillette! C'est son curriculum vitae impressionnant, sa solide formation, sa vaste expérience paroissiale et épiscopale (évêque en Alberta depuis 2001), le cumul imposant de fonctions importantes, en plus d'être familier avec le Québec qui me font m'exclamer de la sorte.

Quant à Mgr Luc Bouchard, il accueille sa nomination avec surprise, obéissance et foi (vertus rares de nos jours) et se définit ainsi: «Je suis un curé de campagne!» Je trouve que ça tombe bien, car la majorité des paroissiens de notre diocèse se situent à la campagne. Pour lui, peu importe le nombre de personnes, le vrai défi c'est d'annoncer l'Évangile dans la vérité et dans la fidélité à l'Église fondée par Jésus-Christ. Évangélisateur avant d'être administrateur, cela me fait penser au saint curé d'Ars.

Quant au Forum André-Naud, je m'explique fort mal qu'il s'insurge contre la façon dont la nomination s'est faite pour les raisons qui suivent. D'abord, parce que Mgr Veillette manifeste respect, intérêt et optimisme envers son successeur et qu'il commente en ces termes sa nomination: «Je ne suis pas surpris de ce qui est en fait un simple transfert d'un diocèse à un autre puisque cela se fait couramment. Mgr Veillette ne semble pas, lui, trouver «d'irrégularité» dans le processus utilisé. On le sent très serein. Bonne retraite Mgr Veillette!

Ensuite, parce que dans toute société, institution, entreprise, association, etc., toutes les décisions ne se prennent-elles pas par en haut, là où l'horizon est plus large? N'est-ce pas la façon de vivre et de faire dans tous les domaines? Il y a un temps pour recommander, suggérer, dialoguer et un temps pour décider, et ce, malgré le fait qu'il faut parfois aller à l'encontre de certaines attentes de la base pour des raisons ultimes en vue du bien commun, par exemple, pour éviter grève, faillite, fermeture, sabotage interne. Pourquoi devrait-il en être autrement quand il s'agit de l'Église catholique universelle?

Dans tout organisme, une hiérarchie s'impose pour contrer l'anarchie, la confusion, le chaos. La nomination de Mgr Bouchard relève directement du papeBenoît XVI et du préfet de la Commission pour les évêques, le cardinal Marc Ouellette, l'un des nôtres. Peut-on demander mieux?

À mon avis, le Forum André-Naud donne raison au cardinal Ouellette quand celui-ci affirme que, de nos jours, l'Église a besoin d'évêques théologiens et d'apologètes (défenseurs publics de la foi).

Je me réjouis d'avoir Mgr Luc Bouchard à la tête de notre beau et grand diocèse et je ne suis pas la seule, si je me fie à la réaction de joie qu'a suscitée cette nomination dans mon entourage. Je m'estime en droit de penser que toutes les ouailles en communion d'esprit, de foi et de coeur avec Benoît XVI et le magistère de l'Église ont elles aussi le coeur à la joie. Ensemble, portons-le tous dans nos prières, car il en aura sûrement besoin. BienvenueMgr Luc Bouchard!

Carole Piché

secteur Saint-Georges-de-Champlain