Profession de foi - Credo du peuple de Dieu de Paul VI
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Profession de foi - Credo du peuple de Dieu de Paul VI
Mise en contexte :
Le Credo du peuple de Dieu par Paul VI
PROFESSION DE FOI
A la gloire du Dieu très saint et de notre Seigneur Jésus Christ, confiant en
l'aide de la très sainte Vierge Marie et des bienheureux apôtres Pierre et Paul,
pour l'utilité et l'édification de l'Église, au nom de tous les pasteurs, et de tous
les fidèles, nous prononçons maintenant cette profession de foi, dans la pleine
communion spirituelle avec vous tous, chers frères et fils.
Nous croyons en un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur des choses visibles comme ce monde où s’écoule notre vie passagère, des choses invisibles comme les purs esprits qu’on nomme aussi les anges1, et Créateur en chaque homme de son âme spirituelle et immortelle.
Nous croyons que ce Dieu unique est absolument un dans son essence infiniment sainte comme dans toutes ses perfections, dans sa toute-puissance, dans sa science infinie, dans sa providence, dans sa volonté et dans son amour. Il est Celui qui est, comme il l’a révélé lui-même à Moïse2; et il est Amour, comme l’apôtre Jean nous l’enseigne3: en sorte que ces deux noms, Être et Amour, expriment ineffablement la même divine réalité de Celui qui a voulu se faire connaître à nous, et qui, «habitant une lumière inaccessible»4, est en lui-même au-dessus de tout nom, de toutes choses et de toute intelligence créée. Dieu seul peut nous en donner la connaissance juste et plénière en se révélant comme Père, Fils et Esprit Saint, dont nous sommes par grâce appelés à partager, ici-bas dans l’obscurité de la foi et au-delà de la mort dans la lumière éternelle, l’éternelle vie.
Les liens mutuels constituant éternellement les trois personnes, qui sont chacune le seul et même Être divin, sont la bienheureuse vie intime du Dieu trois fois saint, infiniment au-delà de ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine5.
Nous rendons grâce cependant à la bonté divine du fait que de très nombreux croyants puissent attester avec Nous devant les hommes l’unité de Dieu, bien qu’ils ne connaissent pas le mystère de la Très Sainte Trinité.
Nous croyons donc au Père qui engendre éternellement le Fils, au Fils, Verbe de Dieu, qui est éternellement engendré, au Saint-Esprit, personne incréée qui procède du Père et du Fils comme leur éternel amour. Ainsi en les trois personnes divines, coaeternae sibi et coaequales6, surabondent et se consomment, dans la surexcellence et la gloire propres à l’être incréé, la vie et la béatitude de Dieu parfaitement un, et toujours «doit être vénérée l’unité dans la trinité et la trinité dans l’unité»7.
Nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est le Fils de Dieu. Il est le Verbe éternel, né du Père avant tous les siècles et consubstantiel au Père, homoousios to Patri8, et par lui tout a été fait. Il s’est incarné par l’œuvre du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie et s’est fait homme: égal donc au Père selon la divinité, et inférieur au Père selon l’humanité et un lui-même, non par quelque impossible confusion des natures mais par l’unité de la personne9.
Il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité. Il a annoncé et instauré le Royaume de Dieu et nous a fait en lui connaître le Père. Il nous a donné son commandement nouveau de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Il nous a enseigné la voie des béatitudes de l’Évangile: pauvreté en esprit, douceur, douleur supportée dans la patience, soif de la justice, miséricorde, pureté du cœur, volonté de paix, persécution endurée pour la justice. Il a souffert sous Ponce Pilate, Agneau de Dieu portant sur lui les péchés du monde, et il est mort pour nous sur la croix, nous sauvant par son sang rédempteur. Il a été enseveli et, de son propre pouvoir, il est ressuscité le troisième jour, nous élevant par sa résurrection à ce partage de la vie divine qu’est la vie de la grâce. Il est monté au ciel et il viendra de nouveau, en gloire cette fois, pour juger les vivants et les morts, chacun selon ses mérites; ceux qui ont répondu à l’amour et à la miséricorde de Dieu allant à la vie éternelle, ceux qui les ont refusés jusqu’au bout allant au feu qui ne s’éteint pas.
Et son règne n’aura pas de fin.
Nous croyons en l’Esprit-Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils. Il nous a parlé par les Prophètes, il nous a été envoyé par le Christ après sa Résurrection et son Ascension auprès du Père; il illumine, vivifie, protège et conduit l’Église; il en purifie les membres s’ils ne se dérobent pas à Sa grâce. Son action qui pénètre au plus intime de l’âme, rend l’homme capable de répondre à l’appel de Jésus: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait»10.
Nous croyons que Marie est la Mère demeurée toujours vierge du Verbe incarné, notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ11, et qu’en raison de cette élection singulière elle a été, en considération des mérites de son Fils, rachetée d’une manière plus éminente12, préservée de toute souillure du péché originel13 et comblée du don de la grâce plus que toutes les autres créatures14.
Associée par un lien étroit et indissoluble15 aux mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, la Très Sainte Vierge, l’Immaculée, a été, au terme de sa vie terrestre, élevée en corps et en âme à la gloire céleste16 et configurée à son Fils ressuscité en anticipation du sort futur de tous les justes; et Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Ève, mère de l’Église17, continue au ciel son rôle maternel à l’égard des membres du Christ, en coopérant à la naissance et au développement de la vie divine dans les âmes des rachetés18.
Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute originelle commise par lui a fait tomber la nature humaine, commune à tous les hommes, dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et qui n’est pas celui où elle se trouvait d’abord dans nos premiers parents, constitués dans la sainteté et la justice, et où l’homme ne connaissait ni le mal ni la mort. C’est la nature humaine ainsi tombée, dépouillée de la grâce qui la revêtait, blessée dans ses propres forces naturelles et soumise à l’empire de la mort, qui est transmise à tous les hommes et c’est en ce sens que chaque homme naît dans le péché. Nous professons donc, avec le Concile de Trente, que le péché originel est transmis avec la nature humaine, «non par imitation, mais par propagation», et qu’il est ainsi «propre à chacun»19.
Nous croyons que Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le sacrifice de la croix, nous a rachetés du péché originel et de tous les péchés personnels commis par chacun de nous, en sorte que, selon la parole de l’Apôtre, «là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé»20.
Nous croyons à un seul baptême institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la rémission des péchés. Le baptême doit être administré même aux petits enfants qui n’ont pu encore se rendre coupables d’aucun péché personnel, afin que, nés privés de la grâce surnaturelle, ils renaissent «de l’eau et de l’Esprit-Saint» à la vie divine dans le Christ Jésus21.
Nous croyons à l’Église une, sainte, catholique et apostolique, édifiée par Jésus-Christ sur cette pierre qui est Pierre. Elle est le corps mystique du Christ, à la fois société visible constituée par des organes hiérarchiques et communauté spirituelle; elle est l’Église terrestre, le peuple de Dieu pérégrinant ici-bas et l’Église comblée des biens célestes; elle est le germe et les prémices du Royaume de Dieu, par lequel se continuent, au long de l’histoire humaine, l’œuvre et les douleurs de la Rédemption et qui aspire à son accomplissement parfait au-delà du temps dans la gloire22. Au cours du temps, le Seigneur Jésus forme son Église par les sacrements qui émanent de sa plénitude23. C’est par eux qu’elle rend ses membres participants au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, dans la grâce du Saint-Esprit qui lui donne vie et action24. Elle est donc sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce: c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ses fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit-Saint.
Héritière des divines promesses et fille d’Abraham selon l’Esprit, par cet Israël dont elle garde avec amour les Écritures et dont elle vénère les patriarches et les prophètes; fondée sur les apôtres et transmettant de siècle en siècle leur parole toujours vivante et leurs pouvoirs de pasteurs dans le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui; perpétuellement assistée par le Saint-Esprit, elle a pour mission de garder, d’enseigner, d’expliquer et de répandre la vérité que Dieu a révélée d’une manière encore voilée par les prophètes et pleinement par le Seigneur Jésus.
Nous croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou transmise, et que l’Église propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel25. Nous croyons à l’infaillibilité dont jouit le successeur de Pierre quand il enseigne ex cathedra comme pasteur et docteur de tous les fidèles26, et dont est assuré aussi le Collège des évêques lorsqu’il exerce avec lui le magistère suprême27.
Nous croyons que l’Église, fondée par Jésus-Christ et pour laquelle il a prié, est indéfectiblement une dans la foi, le culte et le lien de la communion hiérarchique. Au sein de cette Église, la riche variété des rites liturgiques et la légitime diversité des patrimoines théologiques et spirituels et des disciplines particulières, loin de nuire à son unité, la manifestent davantage28.
Reconnaissant aussi l’existence, en dehors de l’organisme de l’Église du Christ, de nombreux éléments de vérité et de sanctification qui lui appartiennent en propre et tendent à l’unité catholique29, et croyant à l’action du Saint-Esprit qui suscite au cœur des disciples du Christ l’amour de cette unité30, Nous avons l’espérance que les chrétiens qui ne sont pas encore dans la pleine communion avec l’unique Église se réuniront un jour en un seul troupeau avec un seul pasteur.
Nous croyons que l’Église est nécessaire au salut, car le Christ qui est seul médiateur et voie de salut se rend présent pour nous dans son Corps qui est l’Église31. Mais le dessein divin du salut embrasse tous les hommes; et ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église mais cherchent Dieu sincèrement et, sous l’influence de Sa grâce, s’efforcent d’accomplir sa volonté reconnue par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi, en un nombre que Dieu seul connaît, peuvent obtenir le salut32.
Nous croyons que la Messe célébrée par le prêtre représentant la personne du Christ en vertu du pouvoir reçu par le sacrement de l’ordre, et offerte par lui au nom du Christ et des membres de son Corps mystique, est le sacrifice du calvaire rendu sacramentellement présent sur nos autels. Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la Sainte Cène ont été changés en son Corps et son Sang qui allaient être offerts pour nous sur la croix, de même le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés au corps et au sang du Christ glorieux siégeant au ciel, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous ce qui continue d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est une présence vraie, réelle et substantielle33.
Le Christ ne peut être ainsi présent en ce sacrement autrement que par le changement en son corps de la réalité elle-même du pain et par le changement en son sang de la réalité elle-même du vin, seules demeurant inchangées les propriétés du pain et du vin que nos sens perçoivent. Ce changement mystérieux, l’Église l’appelle d’une manière très appropriée transsubstantiation. Toute explication théologique, cherchant quelque intelligence de ce mystère, doit pour être en accord avec la foi catholique, maintenir que, dans la réalité elle-même, indépendante de notre esprit, le pain et le vin ont cessé d’exister après la consécration, en sorte que c’est le corps et le sang adorables du Seigneur Jésus qui dès lors sont réellement devant nous sous les espèces sacramentelles du pain et du vin34, exactementcomme le Seigneur l’a voulu, pour se donner à nous en nourriture et pour nous associer à l’unité de son Corps mystique35.
L’unique et indivisible existence du Seigneur glorieux au ciel n’est pas multipliée, elle est rendue présente par le sacrement dans les multiples lieux de la terre où la messe est célébrée. Et elle demeure présente, après le sacrifice, dans le Saint Sacrement, qui est, au tabernacle, le cœur vivant de chacune de nos églises. Et c’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous.
Nous confessons que le royaume de Dieu commencé ici-bas en l’Église du Christ n’est pas de ce monde, dont la figure passe, et que sa croissance propre ne peut se confondre avec le progrès de la civilisation, de la science ou de la technique humaines, mais qu’elle consiste à connaître toujours plus profondément les insondables richesses du Christ, à espérer toujours plus fortement les biens éternels, à répondre toujours plus ardemment à l’amour de Dieu, à dispenser toujours plus largement la grâce et la sainteté parmi les hommes. Mais c’est ce même amour qui porte l’Église à se soucier constamment du vrai bien temporel des hommes. Ne cessant de rappeler à ses enfants qu’ils n’ont pas ici-bas de demeure permanente, elle les presse aussi de contribuer, chacun selon sa vocation et ses moyens, au bien de leur cité terrestre, de promouvoir la justice, la paix et la fraternité entre les hommes, de prodiguer leur aide à leurs frères, surtout aux plus pauvres et aux plus malheureux. L’intense sollicitude de l’Église, épouse du Christ, pour les nécessités des hommes, leurs joies et leurs espoirs, leurs peines et leurs efforts, n’est donc rien d’autre que son grand désir de leur être présente pour les illuminer de la lumière du Christ et les rassembler tous en lui, leur unique Sauveur. Elle ne peut jamais signifier que l’Église se conforme elle-même aux choses de ce monde, ni que diminue l’ardeur de l’attente de son Seigneur et du royaume éternel.
Nous croyons à la vie éternelle. Nous croyons que les âmes de tous ceux qui meurent dans la grâce du Christ, soit qu’elles aient encore à être purifiées au purgatoire, soit que dès l’instant où elles quittent leur corps, Jésus les prenne au paradis comme il a fait pour le bon larron, sont le peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort, laquelle sera définitivement vaincue le jour de la résurrection où ces âmes seront réunies à leur corps.
Nous croyons que la multitude des âmes qui sont rassemblées autour de Jésus et de Marie au paradis forme l’Église du ciel, où dans l’éternelle béatitude elles voient Dieu tel qu’il est36 et où elles sont aussi, à des degrés divers, associées avec les saints anges au gouvernement divin exercé par le Christ en gloire, en intercédant pour nous et en aidant notre faiblesse par leur sollicitude fraternelle37.
Nous croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Église, et Nous croyons que dans cette communion l’amour miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à l’écoute de nos prières, comme Jésus nous l’a dit: Demandez et vous recevrez38. Aussi est-ce avec foi et dans l’espérance que Nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir.
Béni soit le Dieu trois fois saint. Amen.
Notes
1 Cfr. Denzinger 3002.
2 Cfr. Ez 3, 14.
3 Cfr. 1Jn 4, 8.
4 Cfr. 1Tm 6, 16.
5 Cfr. Denzinger 804.
6 Cfr. ibid. 75.
7 Cfr. ibid.
8 Cfr. ibid. 150.
9 Cfr. ibid. 76.
10 Cfr. Mt 5, 48.
11 Cfr. Denzinger 251-252.
12 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 53.
13 Cfr. Denzinger 2803.
14 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 53.
15 Cfr. ibid., nn. 53. 58. 61.
16 Cfr. Denzinger 3903.
17 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, nn. 53. 56. 61. 63; cfr. Paul VI, Allocutio in conclusione III sessionis Concilii Vaticani II, in Acta Apostolicae Sedis 56, 1964, p. 1016; exhortation apostolique Signum magnum, Introduction.
18 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 62; Paolo VI, exhortation apostolique Signum magnum, p.1,n. 1.
19 Cfr. Denzinger 1513.
20 Cfr. Rm 5, 20.
21 Cfr. Denzinger 1514.
22 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, nn. 8 e 50.
23 Cfr. ibid., nn. 7. 11.
24 Cfr. Concile Vatican II, constitution Sacrosanctum Concilium, nn. 5. 6; Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, nn. 7. 12. 50.
25 Cfr. Denzinger 3011.
26 Cfr. Denzinger 3074.
27 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 25.
28 Cfr. ibid., n. 23; cfr. Concile Vatican II, décret Orientalium Ecclesiarum, nn. 2. 3. 5. 6.
29 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 8.
30 Cfr. ibid., n.15.
31 Cfr. ibid., n.14.
32 Cfr. ibid., n.16.
33 Cfr. Denzinger 1651.
34 Cfr. ibid. 1642. 1651-1654; Paul VI, encyclique Mysterium fidei.
35 Cfr. Thomas d’Aquin, Summa theologiae III, q. 73, a. 3.
36 Cfr. 1Jn 3, 2; Denzinger 1000.
37 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 49.
38 Cfr. Lc 11, 9 -10; Jn 16, 24.
La clôture de l'Année de la Foi
Le 30 juin dernier(1968) dans la soirée, une messe fut célébrée sur l'esplanade de
Saint-Pierre en conclusion de l'Année de la Foi qu'avait promulguée le Souverain
Pontife pour commémorer le XIXe centenaire du martyre des saints Apôtres
Pierre et Paul. Au cours de cette liturgie, S.S. Paul VI a prononcé au nom
du Peuple de Dieu une solennelle profession de foi, remplissant ainsi le mandat
confié par le Christ à Pierre et à ses successeurs de confirmer leurs frères
dans la foi.
Nous reproduisons ci-dessous ce texte important, invitant nos lecteurs à
méditer ce « ferme témoignage rendu à la vérité divine confiée à l'Église
pour qu'elle l'annonce à toutes les nations ».
Il est sans doute significatif que le Pape, à la fin de la messe, ait confié à
douze prêtres, symbolisant leurs confrères du monde entier, un message qu'il
voulait adresser à tous les prêtres, afin de les aider dans leur fidélité au Christ
et à l'Église, parfois si difficile et laborieuse dans le monde d'aujourd'hui, auquel
ils ont mission de transmettre l'intégrité de la foi catholique. C'est pourquoi
nous le publions ici à la suite de profession de foi1.
Profession de foi de S.S. Paul VI, prononcée le 30 Juin 1968.
— (Texte français publié par la Typographie Vaticane et reproduit
dans La Doc. Cath., 1968, c. 1251-1258).
INTRODUCTION
Frères vénérés et chers fils,
Nous terminons par cette liturgie solennelle la célébration du 19° centenaire
du martyre des saints apôtres Pierre et Paul et nous donnons ainsi sa conclusion
à l'« Année de la foi » : nous l'avions dédiée à la commémoration des saints
apôtres pour témoigner de notre volonté inébranlable de fidélité au < dépôt de
la foi » (cfr 1 Tm 6, 20) qu'ils nous ont transmis et pour fortifier notre désir
d'en vivre dans la conjoncture historique où se trouve l'Église pérégrinant au
milieu du monde.
1. Nous sommes heureux de signaler à nos lecteurs que le Centre Diocésain
de Documentation, 51 rue du Chambge, Tournai (-Belgique) a publié une brochure
qui réunit le texte de la profession de foi et du message aux prêtres. Cette initiative
ne peut que favoriser une très large diffusion de ces documents importants.
Nous le souhaitons vivement
Nous sentons le devoir de remercier publiquement tous ceux qui ont répondu
à notre invitation, en conférant à l'Année de la foi une magnifique plénitude,
par l'approfondissement de l'adhésion personnelle à la parole de Dieu, par le
renouvellement dans les diverses communautés de la profession de foi et par
le témoignage d'une vie chrétienne, À nos frères dans l'épiscopat, tout spécialement,
et à tous les fidèles de la sainte Église catholique, nous exprimons notre reconnaissance
et nous donnons notre bénédiction.
Il nous semble également que nous devons remplir le mandat confié par le
Christ à Pierre, dont nous sommes le successeur, le dernier par le mérite, à
savoir de confirmer dans la foi nos frères (cfr Le 22, 32). Avec la conscience,
certes, de notre faiblesse humaine, mais avec toute la force qu'un tel mandat
imprime à notre esprit, nous allons donc faire une profession de foi, prononcer
un Credo qui, sans être une définition dogmatique proprement dite, reprend en
substance, avec quelques développements réclamés par les conditions spirituelles
de notre temps, le Credo de Nicée, le Credo de l'immortelle tradition de la
sainte Église de Dieu.
En le faisant, nous sommes conscient de l'inquiétude qui agite certains milieux
modernes par rapport à la foi. Ils n'échappent pas à l'influence d'un monde en
profonde mutation, dans lequel tant de certitudes sont mises en contestation
ou en discussion. Nous voyons même des catholiques se laisser prendre par une
sorte de passion du changement et de la nouveauté. L'Église, certes, a toujours
le devoir de poursuivre son effort pour approfondir et présenter d'une manière
toujours mieux adaptée aux générations qui se suivent les insondables mystères
de Dieu, riches pour tous de fruits de salut. Mais il faut en même temps prendre
le plus grand soin, tout en accomplissant le devoir indispensable de recherche,
de ne pas porter atteinte aux enseignements de la doctrine chrétienne. Car ce
serait alors engendrer, comme on le voit malheureusement aujourd'hui, le trouble
et la perplexité en beaucoup d'âmes fidèles.
Il importe, à ce propos, de rappeler qu'au-delà de l'observable scientifiquement
vérifié, l'intelligence que Dieu nous a donnée atteint ce qui est, et non seulement
l'expression subjective des structures et de l'évolution de la conscience ; et,
d'autre part, que la tâche de l'interprétation, de l'herméneutique, est de chercher
à comprendre et dégager, dans le respect de la parole prononcée, le sens dont
un texte est porteur, et non pas de recréer en quelque sorte ce sens au
gré d'hypothèses arbitraires.
Mais, par-dessus tout, nous mettons notre inébranlable confiance dans le
Saint-Esprit, âme de l'Église, et dans la foi théologale sur laquelle repose la
vie du Corps mystique. Nous savons que les âmes attendent la parole du Vicaire
du Christ et nous répondons à cette attente par les instructions que nous donnons
régulièrement. Mais aujourd'hui, l'occasion nous est donnée de prononcer
une parole plus solennelle.
En ce Jour choisi pour clore l'Année de la foi, en cette fête des bienheureux
apôtres Pierre et Paul, nous avons voulu offrir au Dieu vivant l'hommage d'une
profession de foi. Et comme jadis à Césarée de Philippe l'apôtre Pierre a pris
la parole au nom des Douze pour confesser véritablement, au-delà des opinions
humaines, le Christ Fils du Dieu vivant, ainsi aujourd'hui son humble successeur,
pasteur de l'Église universelle, élève sa voix pour rendre, au nom de tout
le peuple de Dieu, un ferme témoignage à la vérité divine confiée à l'Église
pour qu'elle l'annonce à toutes les nations.
Nous avons voulu que notre profession de foi fût assez complète et explicite
pour répondre d'une manière appropriée au besoin de lumière ressenti par tant
d'âmes fidèles et par tous ceux dans le monde, qui, à quelque famille spirituelle
qu'ils appartiennent, sont en quête de la vérité.
Le Credo du peuple de Dieu par Paul VI
PROFESSION DE FOI
A la gloire du Dieu très saint et de notre Seigneur Jésus Christ, confiant en
l'aide de la très sainte Vierge Marie et des bienheureux apôtres Pierre et Paul,
pour l'utilité et l'édification de l'Église, au nom de tous les pasteurs, et de tous
les fidèles, nous prononçons maintenant cette profession de foi, dans la pleine
communion spirituelle avec vous tous, chers frères et fils.
Nous croyons en un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur des choses visibles comme ce monde où s’écoule notre vie passagère, des choses invisibles comme les purs esprits qu’on nomme aussi les anges1, et Créateur en chaque homme de son âme spirituelle et immortelle.
Nous croyons que ce Dieu unique est absolument un dans son essence infiniment sainte comme dans toutes ses perfections, dans sa toute-puissance, dans sa science infinie, dans sa providence, dans sa volonté et dans son amour. Il est Celui qui est, comme il l’a révélé lui-même à Moïse2; et il est Amour, comme l’apôtre Jean nous l’enseigne3: en sorte que ces deux noms, Être et Amour, expriment ineffablement la même divine réalité de Celui qui a voulu se faire connaître à nous, et qui, «habitant une lumière inaccessible»4, est en lui-même au-dessus de tout nom, de toutes choses et de toute intelligence créée. Dieu seul peut nous en donner la connaissance juste et plénière en se révélant comme Père, Fils et Esprit Saint, dont nous sommes par grâce appelés à partager, ici-bas dans l’obscurité de la foi et au-delà de la mort dans la lumière éternelle, l’éternelle vie.
Les liens mutuels constituant éternellement les trois personnes, qui sont chacune le seul et même Être divin, sont la bienheureuse vie intime du Dieu trois fois saint, infiniment au-delà de ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine5.
Nous rendons grâce cependant à la bonté divine du fait que de très nombreux croyants puissent attester avec Nous devant les hommes l’unité de Dieu, bien qu’ils ne connaissent pas le mystère de la Très Sainte Trinité.
Nous croyons donc au Père qui engendre éternellement le Fils, au Fils, Verbe de Dieu, qui est éternellement engendré, au Saint-Esprit, personne incréée qui procède du Père et du Fils comme leur éternel amour. Ainsi en les trois personnes divines, coaeternae sibi et coaequales6, surabondent et se consomment, dans la surexcellence et la gloire propres à l’être incréé, la vie et la béatitude de Dieu parfaitement un, et toujours «doit être vénérée l’unité dans la trinité et la trinité dans l’unité»7.
Nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est le Fils de Dieu. Il est le Verbe éternel, né du Père avant tous les siècles et consubstantiel au Père, homoousios to Patri8, et par lui tout a été fait. Il s’est incarné par l’œuvre du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie et s’est fait homme: égal donc au Père selon la divinité, et inférieur au Père selon l’humanité et un lui-même, non par quelque impossible confusion des natures mais par l’unité de la personne9.
Il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité. Il a annoncé et instauré le Royaume de Dieu et nous a fait en lui connaître le Père. Il nous a donné son commandement nouveau de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Il nous a enseigné la voie des béatitudes de l’Évangile: pauvreté en esprit, douceur, douleur supportée dans la patience, soif de la justice, miséricorde, pureté du cœur, volonté de paix, persécution endurée pour la justice. Il a souffert sous Ponce Pilate, Agneau de Dieu portant sur lui les péchés du monde, et il est mort pour nous sur la croix, nous sauvant par son sang rédempteur. Il a été enseveli et, de son propre pouvoir, il est ressuscité le troisième jour, nous élevant par sa résurrection à ce partage de la vie divine qu’est la vie de la grâce. Il est monté au ciel et il viendra de nouveau, en gloire cette fois, pour juger les vivants et les morts, chacun selon ses mérites; ceux qui ont répondu à l’amour et à la miséricorde de Dieu allant à la vie éternelle, ceux qui les ont refusés jusqu’au bout allant au feu qui ne s’éteint pas.
Et son règne n’aura pas de fin.
Nous croyons en l’Esprit-Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils. Il nous a parlé par les Prophètes, il nous a été envoyé par le Christ après sa Résurrection et son Ascension auprès du Père; il illumine, vivifie, protège et conduit l’Église; il en purifie les membres s’ils ne se dérobent pas à Sa grâce. Son action qui pénètre au plus intime de l’âme, rend l’homme capable de répondre à l’appel de Jésus: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait»10.
Nous croyons que Marie est la Mère demeurée toujours vierge du Verbe incarné, notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ11, et qu’en raison de cette élection singulière elle a été, en considération des mérites de son Fils, rachetée d’une manière plus éminente12, préservée de toute souillure du péché originel13 et comblée du don de la grâce plus que toutes les autres créatures14.
Associée par un lien étroit et indissoluble15 aux mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, la Très Sainte Vierge, l’Immaculée, a été, au terme de sa vie terrestre, élevée en corps et en âme à la gloire céleste16 et configurée à son Fils ressuscité en anticipation du sort futur de tous les justes; et Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Ève, mère de l’Église17, continue au ciel son rôle maternel à l’égard des membres du Christ, en coopérant à la naissance et au développement de la vie divine dans les âmes des rachetés18.
Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute originelle commise par lui a fait tomber la nature humaine, commune à tous les hommes, dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et qui n’est pas celui où elle se trouvait d’abord dans nos premiers parents, constitués dans la sainteté et la justice, et où l’homme ne connaissait ni le mal ni la mort. C’est la nature humaine ainsi tombée, dépouillée de la grâce qui la revêtait, blessée dans ses propres forces naturelles et soumise à l’empire de la mort, qui est transmise à tous les hommes et c’est en ce sens que chaque homme naît dans le péché. Nous professons donc, avec le Concile de Trente, que le péché originel est transmis avec la nature humaine, «non par imitation, mais par propagation», et qu’il est ainsi «propre à chacun»19.
Nous croyons que Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le sacrifice de la croix, nous a rachetés du péché originel et de tous les péchés personnels commis par chacun de nous, en sorte que, selon la parole de l’Apôtre, «là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé»20.
Nous croyons à un seul baptême institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la rémission des péchés. Le baptême doit être administré même aux petits enfants qui n’ont pu encore se rendre coupables d’aucun péché personnel, afin que, nés privés de la grâce surnaturelle, ils renaissent «de l’eau et de l’Esprit-Saint» à la vie divine dans le Christ Jésus21.
Nous croyons à l’Église une, sainte, catholique et apostolique, édifiée par Jésus-Christ sur cette pierre qui est Pierre. Elle est le corps mystique du Christ, à la fois société visible constituée par des organes hiérarchiques et communauté spirituelle; elle est l’Église terrestre, le peuple de Dieu pérégrinant ici-bas et l’Église comblée des biens célestes; elle est le germe et les prémices du Royaume de Dieu, par lequel se continuent, au long de l’histoire humaine, l’œuvre et les douleurs de la Rédemption et qui aspire à son accomplissement parfait au-delà du temps dans la gloire22. Au cours du temps, le Seigneur Jésus forme son Église par les sacrements qui émanent de sa plénitude23. C’est par eux qu’elle rend ses membres participants au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, dans la grâce du Saint-Esprit qui lui donne vie et action24. Elle est donc sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce: c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ses fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit-Saint.
Héritière des divines promesses et fille d’Abraham selon l’Esprit, par cet Israël dont elle garde avec amour les Écritures et dont elle vénère les patriarches et les prophètes; fondée sur les apôtres et transmettant de siècle en siècle leur parole toujours vivante et leurs pouvoirs de pasteurs dans le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui; perpétuellement assistée par le Saint-Esprit, elle a pour mission de garder, d’enseigner, d’expliquer et de répandre la vérité que Dieu a révélée d’une manière encore voilée par les prophètes et pleinement par le Seigneur Jésus.
Nous croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou transmise, et que l’Église propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel25. Nous croyons à l’infaillibilité dont jouit le successeur de Pierre quand il enseigne ex cathedra comme pasteur et docteur de tous les fidèles26, et dont est assuré aussi le Collège des évêques lorsqu’il exerce avec lui le magistère suprême27.
Nous croyons que l’Église, fondée par Jésus-Christ et pour laquelle il a prié, est indéfectiblement une dans la foi, le culte et le lien de la communion hiérarchique. Au sein de cette Église, la riche variété des rites liturgiques et la légitime diversité des patrimoines théologiques et spirituels et des disciplines particulières, loin de nuire à son unité, la manifestent davantage28.
Reconnaissant aussi l’existence, en dehors de l’organisme de l’Église du Christ, de nombreux éléments de vérité et de sanctification qui lui appartiennent en propre et tendent à l’unité catholique29, et croyant à l’action du Saint-Esprit qui suscite au cœur des disciples du Christ l’amour de cette unité30, Nous avons l’espérance que les chrétiens qui ne sont pas encore dans la pleine communion avec l’unique Église se réuniront un jour en un seul troupeau avec un seul pasteur.
Nous croyons que l’Église est nécessaire au salut, car le Christ qui est seul médiateur et voie de salut se rend présent pour nous dans son Corps qui est l’Église31. Mais le dessein divin du salut embrasse tous les hommes; et ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église mais cherchent Dieu sincèrement et, sous l’influence de Sa grâce, s’efforcent d’accomplir sa volonté reconnue par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi, en un nombre que Dieu seul connaît, peuvent obtenir le salut32.
Nous croyons que la Messe célébrée par le prêtre représentant la personne du Christ en vertu du pouvoir reçu par le sacrement de l’ordre, et offerte par lui au nom du Christ et des membres de son Corps mystique, est le sacrifice du calvaire rendu sacramentellement présent sur nos autels. Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la Sainte Cène ont été changés en son Corps et son Sang qui allaient être offerts pour nous sur la croix, de même le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés au corps et au sang du Christ glorieux siégeant au ciel, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous ce qui continue d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est une présence vraie, réelle et substantielle33.
Le Christ ne peut être ainsi présent en ce sacrement autrement que par le changement en son corps de la réalité elle-même du pain et par le changement en son sang de la réalité elle-même du vin, seules demeurant inchangées les propriétés du pain et du vin que nos sens perçoivent. Ce changement mystérieux, l’Église l’appelle d’une manière très appropriée transsubstantiation. Toute explication théologique, cherchant quelque intelligence de ce mystère, doit pour être en accord avec la foi catholique, maintenir que, dans la réalité elle-même, indépendante de notre esprit, le pain et le vin ont cessé d’exister après la consécration, en sorte que c’est le corps et le sang adorables du Seigneur Jésus qui dès lors sont réellement devant nous sous les espèces sacramentelles du pain et du vin34, exactementcomme le Seigneur l’a voulu, pour se donner à nous en nourriture et pour nous associer à l’unité de son Corps mystique35.
L’unique et indivisible existence du Seigneur glorieux au ciel n’est pas multipliée, elle est rendue présente par le sacrement dans les multiples lieux de la terre où la messe est célébrée. Et elle demeure présente, après le sacrifice, dans le Saint Sacrement, qui est, au tabernacle, le cœur vivant de chacune de nos églises. Et c’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous.
Nous confessons que le royaume de Dieu commencé ici-bas en l’Église du Christ n’est pas de ce monde, dont la figure passe, et que sa croissance propre ne peut se confondre avec le progrès de la civilisation, de la science ou de la technique humaines, mais qu’elle consiste à connaître toujours plus profondément les insondables richesses du Christ, à espérer toujours plus fortement les biens éternels, à répondre toujours plus ardemment à l’amour de Dieu, à dispenser toujours plus largement la grâce et la sainteté parmi les hommes. Mais c’est ce même amour qui porte l’Église à se soucier constamment du vrai bien temporel des hommes. Ne cessant de rappeler à ses enfants qu’ils n’ont pas ici-bas de demeure permanente, elle les presse aussi de contribuer, chacun selon sa vocation et ses moyens, au bien de leur cité terrestre, de promouvoir la justice, la paix et la fraternité entre les hommes, de prodiguer leur aide à leurs frères, surtout aux plus pauvres et aux plus malheureux. L’intense sollicitude de l’Église, épouse du Christ, pour les nécessités des hommes, leurs joies et leurs espoirs, leurs peines et leurs efforts, n’est donc rien d’autre que son grand désir de leur être présente pour les illuminer de la lumière du Christ et les rassembler tous en lui, leur unique Sauveur. Elle ne peut jamais signifier que l’Église se conforme elle-même aux choses de ce monde, ni que diminue l’ardeur de l’attente de son Seigneur et du royaume éternel.
Nous croyons à la vie éternelle. Nous croyons que les âmes de tous ceux qui meurent dans la grâce du Christ, soit qu’elles aient encore à être purifiées au purgatoire, soit que dès l’instant où elles quittent leur corps, Jésus les prenne au paradis comme il a fait pour le bon larron, sont le peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort, laquelle sera définitivement vaincue le jour de la résurrection où ces âmes seront réunies à leur corps.
Nous croyons que la multitude des âmes qui sont rassemblées autour de Jésus et de Marie au paradis forme l’Église du ciel, où dans l’éternelle béatitude elles voient Dieu tel qu’il est36 et où elles sont aussi, à des degrés divers, associées avec les saints anges au gouvernement divin exercé par le Christ en gloire, en intercédant pour nous et en aidant notre faiblesse par leur sollicitude fraternelle37.
Nous croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Église, et Nous croyons que dans cette communion l’amour miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à l’écoute de nos prières, comme Jésus nous l’a dit: Demandez et vous recevrez38. Aussi est-ce avec foi et dans l’espérance que Nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir.
Béni soit le Dieu trois fois saint. Amen.
Notes
1 Cfr. Denzinger 3002.
2 Cfr. Ez 3, 14.
3 Cfr. 1Jn 4, 8.
4 Cfr. 1Tm 6, 16.
5 Cfr. Denzinger 804.
6 Cfr. ibid. 75.
7 Cfr. ibid.
8 Cfr. ibid. 150.
9 Cfr. ibid. 76.
10 Cfr. Mt 5, 48.
11 Cfr. Denzinger 251-252.
12 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 53.
13 Cfr. Denzinger 2803.
14 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 53.
15 Cfr. ibid., nn. 53. 58. 61.
16 Cfr. Denzinger 3903.
17 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, nn. 53. 56. 61. 63; cfr. Paul VI, Allocutio in conclusione III sessionis Concilii Vaticani II, in Acta Apostolicae Sedis 56, 1964, p. 1016; exhortation apostolique Signum magnum, Introduction.
18 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 62; Paolo VI, exhortation apostolique Signum magnum, p.1,n. 1.
19 Cfr. Denzinger 1513.
20 Cfr. Rm 5, 20.
21 Cfr. Denzinger 1514.
22 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, nn. 8 e 50.
23 Cfr. ibid., nn. 7. 11.
24 Cfr. Concile Vatican II, constitution Sacrosanctum Concilium, nn. 5. 6; Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, nn. 7. 12. 50.
25 Cfr. Denzinger 3011.
26 Cfr. Denzinger 3074.
27 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 25.
28 Cfr. ibid., n. 23; cfr. Concile Vatican II, décret Orientalium Ecclesiarum, nn. 2. 3. 5. 6.
29 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 8.
30 Cfr. ibid., n.15.
31 Cfr. ibid., n.14.
32 Cfr. ibid., n.16.
33 Cfr. Denzinger 1651.
34 Cfr. ibid. 1642. 1651-1654; Paul VI, encyclique Mysterium fidei.
35 Cfr. Thomas d’Aquin, Summa theologiae III, q. 73, a. 3.
36 Cfr. 1Jn 3, 2; Denzinger 1000.
37 Cfr. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n. 49.
38 Cfr. Lc 11, 9 -10; Jn 16, 24.
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