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De la crainte de Dieu

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De la crainte de Dieu Empty De la crainte de Dieu

Message par MichelT Dim 17 Nov 2013 - 19:00

De la crainte de Dieu

Écrit par le père jésuite français Jean-Nicolas Grou au 18 eme siècle. Ce père a fini sa vie au service d`une famille catholique en Angleterre suite aux persécutions anticatholiques de la révolution française.

«La parfaite charité bannit la crainte.»

Dieu veut être craint sans doute; et ce n`est pas en vain que l`Écriture déclare en mille endroits qu`il est terrible en ses jugements (Tb 3,2-5; Ps 65,5; 75,8-10; 88,8; Sap 17, 1-2; M 1,24; Ap 16,17; 19,2) et que Saint-Paul dit que «Il est horrible de tomber dans les mains du Dieu vivant» (He 10,31).
Aussi «la crainte du Seigneur est-elle le commencement de la Sagesse» (Ps 110,10), mais elle n`en est que le commencement, l`amour en est le progrès et la consommation. La crainte est un don du St-Esprit, mais un don par lequel il veut nous préparer à d`autres dons plus excellents. Il est donc utile et même nécessaire d`avoir ce sentiment de crainte et d`en être pénétré, non seulement dans l`âme, mais jusque dans notre chair. Mais il n`en faut pas demeurer là. Il faut aspirer à cette charité parfaite qui bannit la crainte, ou plutôt qui l`éprouve, qui l`ennoblit, qui la change en autre crainte, fille de l`amour.

Si nous avons à sortir de l`état du péché, livrons nous a toute la terreur des jugements de Dieu, craignons sa justice inexorable, craignons ses vengeances éternelles. Laissons agir ce sentiment dans toute sa force et gardons-nous bien de chercher à l`affaiblir, c`est l`Esprit-Saint qui le met lui-même dans nos cœurs pour nous disposer a une sincère conversion.

Après la conversion, que la crainte nous soutienne encore dans la pratique de la pénitence; que la pensée du feu de l`enfer, que nous avons si souvent mérité, et dont la pénitence, selon la pensée de Tertullien, n`est qu`une compensation, anime notre courage.
Craignons encore dans les occasions continuelles ou nous sommes de pécher, dans la vue de notre extrême faiblesse et de l`empire de l`habitude. Opposons à l`attrait du plaisir, aux suggestions du démon, a la violente impulsion de la concupiscence, la crainte de la justice divine et de ses menaces formidables contre les pécheurs qui retombent dans le crime après en avoir obtenu le pardon.

La crainte est un contrepoids dont les âmes innocentes, aussi bien que les pécheurs réconciliés, ont besoin en mille rencontres pour se préserver du péché.
Mais, après tout, le motif de la crainte n`est pas celui qui doit dominer dans la vie du chrétien, ce n`est pas l`intention de Dieu, il mérite d`être servi par des motifs plus relevés et le cœur humain est fait pour être conduit par l`amour.
L`amour est le seul sentiment vraiment digne de Dieu. Il en a fait «le premier et le plus grand de ses commandements» (Mt 22,38). Il mérite de notre part ce sentiment, par ses perfections infinies, par les bienfaits dont il nous a comblés dans l`ordre de la nature et dans celui de la grâce, et par les biens éternels qu`il nous promet et qui seront la récompense de l`amour.

Ce sentiment est aussi le seul qui change véritablement le cœur, qui le tourne vers Dieu, et le dégoute des créatures, qui l`amollit, qui l`élargit, qui l`élève, qui le rend capable de tout faire et de tout souffrir pour Dieu.

Deux choses sont commandées aux chrétiens : d`éviter le mal et de faire le bien. ( Ps 36,27)
La crainte peut bien nous faire éviter le mal, mais elle ne nous portera jamais à la pratique du bien. L`amour au contraire produit excellemment l`un et l`autre effet. Il nous détourne efficacement du mal et nous porte au bien le plus parfait, nonobstant toutes les difficultés et tous les sacrifices qu`il en peut couter à la nature. La crainte qui n`envisage que notre intérêt n`est pas généreuse. Elle s`en tient à ce qui est de pure obligation et croit encore beaucoup faire en l`accomplissant. Il n`en est pas ainsi de l`amour. Il est toujours au-dessus de ce qu`il donne, et il compte pour rien tout ce qu`il a fait, lorsqu`il peut faire quelque chose au-delà.
Les délicatesses, les attentions, les prévenances de l`amour ne sont connues que de lui; la crainte n`en donne même pas l`idée. Lors donc que Dieu a commencé à répandre dans nos cœur sa charité, lorsque nous sentons que nous l`aimons et que tout notre désir est de lui en donner des témoignages, il faut nous livrer tout entier à ce sentiment, le nourrir avec le plus grand soin et éloigner tout ce qui pourrait l`affaiblir.

Dieu lui-même prend alors plaisir à se montrer à l`âme avec tous ses charmes; il lui donne de si vives impressions de sa bonté que elle s`étonne en quelque sorte qu`on puisse le craindre. Elle s`approche de lui avec confiance. Elle lui parle avec une sainte familiarité. Elle ne lui parle que d`amour, les vérités terribles ne l`affectent plus, à peine y pense-t-elle. La crainte fait place à un sentiment plus doux et elle éprouve avec transport la vérité de ce qu`a dit St-Jean : « La parfaite charité chasse la crainte.»
Elle craint pourtant encore, mais d`une crainte chaste, d`une crainte qui n`appartient qu`aux enfants. Ce n`est plus parce que Dieu est terrible en ses vengeances qu`elle craint de l`offenser, mais parce que il est son père, parce qu`elle l`aime, parce qu` il est infiniment parfait et que le péché lui déplait souverainement.
Elle a horreur non seulement du péché mortel, mais du péché véniel, mais de la moindre faute, et elle ne voudrait pas en commettre une seule de propos délibéré. Elle sait que le péché est le mal de Dieu et le plus petit mal de Dieu, qu`elle aime uniquement, lui parait plus grand que tous les autres maux.
Quelle force cette crainte filiale ne lui donne-t-elle pas pour se combattre, pour résister aux tentations! Quelle attention, quelle vigilance continuelle sur elle-même ne lui inspire-t-elle pas!

Quelle précautions elle lui suggère pour éviter tout ce qui peut déplaire à celui qu`elle aime! Avec quelle facilité ne force-t-elle pas tous les obstacles, ne brise-t-elle pas tous les liens, ne triomphe-t-elle pas du monde et de tous ses plaisirs, de la chair et de la sensualité, du démon et de ses tentations! Quelles joies pour elle de se trouver affranchies de tout ce qui la captivait, de pouvoir aimer dans toute l`étendue de son affection celui qui seul mérite d`être aimé.
La crainte des esclaves, cette crainte qui glace, qui rétrécit le cœur, peut-elle produire de semblables effets?
Si la crainte de déplaire à l`objet aimé détourne l`âme de tout mal, le désir de lui plaire excite de tout le bien que Dieu peut désirer d`elle. Elle va au-devant des occasions, sans empressement pourtant. Elle saisit avec joie toutes celles qui se présentent. Les travaux, les souffrances, les sacrifices ne lui coutent rien. Pourvu qu`elle parvienne à contenter Dieu, elle est contente et sa plus grande douleur serait d`avoir à se reprocher quelque négligence, quelque lâcheté a cet égard.

Voilà ce que fait la parfaite charité, lorsque elle s`est emparé d`un cœur. La crainte l`y a introduite, mais une fois que elle est entrée, elle chasse cette crainte et veut régner seule. En effet, ces deux sentiments sont incompatibles. La charité qui n`envisage que Dieu renonce à tout propre intérêt et l`intérêt propre est au contraire l`unique chose que la crainte consulte, l`unique mobile de ses démarches. La charité ne sert pas Dieu parce qu`il est terrible, mais parce que il est bon.
Elle ne le craint pas comme maitre, elle l`aime comme père. Elle ne fait pas attention ni aux châtiments, ni même a la récompense, mais elle s`arrête à Dieu qu`elle aime pour lui-même sans aucun retour pour lui-même.

Quand donc une âme, qui s`est donnée à Dieu et qui l`aime de tous son cœur est vivement frappée de la terreur de ses jugements, si ce sentiment vient de Dieu, c`est une épreuve, et elle doit la porter avec amour. Si c`est un effet de l`imagination, il ne faut pas qu`elle s`y arrête et elle doit éviter tout ce qui pourrait l`entretenir. S`il vient du démon, qui tache de la porter au désespoir, elle doit ranimer sa confiance en Dieu, se jeter entre ses bras, s`abandonner à lui et le prier de tirer sa gloire de cette tentation en la faisant servir au triomphe de son pur amour, car Dieu ne le permet que pour porter l`âme a l`aimer avec plus de pureté, pour le détacher d`un reste d`intérêt propre, pour l`obliger à se renoncer en ce que elle a de plus intime.

Quand elle a fait généreusement ce sacrifice, elle est tranquille. Le démon disparait et perd tout pouvoir sur elle. Le règne de l`amour s`établit et s`affermit en elle. C`est ainsi que la crainte, même celle qui vient d`épreuve et de tentation doit aboutir dans les desseins de Dieu, a la charité parfaite. Tâchons avec le secours de la grâce d`en faire usage.





MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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