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TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL. Vicomte Walsh – 1852

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Message par MichelT Dim 15 Juil 2018 - 18:13

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.

Vicomte Walsh – année 1852                  



Dieu a créé l'homme pour des destinées immortelles; et si Adam n'avait pas mal usé du libre arbitre que le Créateur lui avait laissé, lui et sa race auraient pu parvenir à l'éternelle félicité, sans avoir à souffrir et à pleurer dans notre vallée de larmes. Depuis la coupable et funeste désobéissance de nos premiers parents, l'empire de l'homme a bien changé de face, et tous les chemins qui s'allongent devant lui et qui vont aboutir à l'éternité, ne ressemblent en rien aux sentiers fleuris du Paradis terrestre.


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Le jardin d`Éden avant le péché (Genèse 2,22)


Pour que les fils d'Adam, devenus pèlerins et voyageurs, gagnant leur pain à la sueur de leur front, ne perdent pas courage devant les difficultés, les périls, les ronces et les épines qui hérissent cette terre flétrie par le péché, le Christianisme y a fait surgir des sources d'eaux vives, auxquelles ils peuvent se désaltérer, se purifier et se fortifier.


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Les ronces et les épines sont les périls et les difficultés de la vie


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Les Sacrements sont comme des sources d'eaux vives qui fortifient l`âme et le corps


Là ils puisent, avec la grâce, la foi, l'espérance et la charité.

Ces sources sont au nombre de sept. (Baptême, Confirmation, Eucharistie, Confession, Mariage, Ordination, Sacrement des malades) Ces sources, fécondées par les communications du ciel, sont les sacrements d'institution divine, que l'Église catholique, apostolique et romaine administre et confère aux fidèles.

Cette Église, fille de la Vérité et épouse de Jésus-Christ, sait que l'homme ne peut vivre sans communication avec Dieu ; car elle se souvient que dès leurs premiers jours Adam et Ève ont entendu la voix du Créateur les appeler par leurs noms, et qu'ils ont répondu, comme des enfants à leur père : « Seigneur, nous voici. »

Entre l'éternel Dieu du ciel et les deux pures et belles créatures qu'il venait d'établir un peu au-dessous des anges, de couronner d'honneur et de gloire, et de préposer dans le jardin des délices à tous les ouvrages de ses mains, il y avait de fréquents rapports. ( Psaumes 6 et 7)

Elle existait déjà, cette merveilleuse échelle que Jacob, endormi sur la pierre de Bethel, a vue plus tard, et par laquelle les esprits célestes descendaient et remontaient incessamment pour visiter ici-bas les êtres aimés de l'éternel Seigneur, et pour retourner ensuite là-haut, par-delà les astres, chanter sur leurs harpes d'or les louanges de Dieu!

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Jacob
L`échelle de Jacob ( Genèse 28, 11)

Sous quelle figure sensible Dieu daignait-il se montrer à Adam et à Ève? La Genèse ne nous le dit pas d'une manière précise; la tradition nous fait croire que le Roi des siècles, que «Celui qui a été de toute éternité et avant toutes choses», leur apparaissait parfois sous la forme d'un vénérable et majestueux vieillard ( Bossuet, Élévations à Dieu sur les Mystères); et il était juste, l'homme étant composé d'un corps et d'une âme, que Dieu se fit connaître à lui selon l'un et l'autre, selon les sens comme selon l'esprit. Il en était de même des anges qui conversaient avec l'homme. La Bible nous les représente, dans plusieurs passages, comme de beaux et jeunes voyageurs venant demander aux patriarches l'hospitalité sous leurs tentes, et s'asseyant comme des amis à la table d'Abraham, d'Isaac et de Jacob!


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Les trois anges chez le patriarche Abraham ( Genèse 18,2)


D'autres fois, les messagers célestes ne faisaient que replier leurs ailes et apparaissaient aux habitants de la terre tout rayonnants de la splendeur des cieux. Quelques formes qu'ils aient prises dans le passé, il est certain, il est de foi, que Dieu et les esprits qui le servent ont conversé avec nos premiers parents.

Le péché a rendu ces communications moins fréquentes, mais elles n'ont jamais été entièrement rompues. Alors même que le Seigneur nous frappe, on reconnaît la main d'un père; et le Chérubin qui a été chargé de conduire Adam et Ève hors du Paradis terrestre, et qui s'est arrêté à ses limites pour en défendre l'entrée, n'est pas le dernier ange qui soit venu près d'eux; après leur disgrâce, quand, pour accomplir la terrible sentence portée contre eux, les deux coupables ont été contraints à se courber durement sur la terre et à l'arroser de leurs sueurs ; quand les maux et les chagrins enfantés par leur péché seront venus après les délices d'Eden les saisir et les torturer,... ah! soyons-en convaincus, quelque ange consolateur leur aura été bientôt dépêché par le souverain Juge ; le Dieu qui laisse si souvent sa miséricorde désarmer sa justice, se sera bien vite souvenu , en entendant leurs premiers gémissements, qu'il était leur Créateur et leur père !

Que serait le monde? et que serions-nous, Seigneur, si vous ne vous regardiez plus en pitié vous ne vous penchiez plus vers nous pour écouter nos plaintes et nos prières?



Kyrie Eleison ( Seigneur prend pitié - en Grec) - Graduel dit d'Aliénor de Bretagne - France 13 eme siècle - par l`Ensemble Organum


Les plantes, les arbres et les fleurs dont vous parez la terre, ne pourraient vivre si vous ne leur versiez plus la rosée qui les rafraîchit et les féconde. L'homme est comme les fleurs, les arbres et les plantes : il périt si la rosée de la grâce ne tombe plus sur lui. Il faut qu'entre le fils et le père il y ait échange de parole et d'amour, il ne faut pas que l'herbe puisse croître sur le sentier qui s'étend entre la demeure du père et celle de ses enfants; aussi, quand nous lisons les saintes Écritures, nous voyons que l'homme a beau être déchu de sa pureté première, et porter au front la marque du péché originel, le Créateur ne s'est point dépouillé de son amour pour lui ; dans toutes les pages de l'Ancien Testament, cette paternité divine lutte avec l'ingratitude du peuple hébreu, partout nous y retrouvons des miséricordes et des pardons recouvrant sans cesse des inconstances et des parjures.

Pour le maintenir dans les voies de la fidélité, pour l'éloigner de l'amour des faux dieux, les prodiges et les miracles se succèdent ; toute puissance semble donnée à ses chefs, qui deviennent comme les lieutenants de l'Éternel Seigneur, Sabaoth. A la voix de Moïse, la mer sépare, retient et consolide ses flots, pour ouvrir dans l'abîme un passage aux enfants d'Israël.


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La traversée de la mer rouge par les Hébreux ( Exode 14,29)


Dans la sécheresse aride et dévorante du désert, la baguette du même homme fait jaillir d'un rocher une source d'eau vive, qui abreuvera et désaltérera toute une armée.


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Moise faisant jaillir l`eau du rocher dans le désert ( Exode 17,6)

Josué aura besoin de quelques heures de plus de lumière pour achever de vaincre les Amalécites et les Philistins, et, à son ordre, le soleil s'arrêtera et ne baissera pas pour se coucher à l'horizon. Pour que le peuple puisse arriver à cette terre qui lui est promise, la nuit perdra son obscurité, et une colonne de feu, dissipant les ténèbres, guidera l'immense multitude à travers des océans de sable. Pendant l'ardeur du jour, un long voile de nuées s'étendra au-dessus de l'armée et marchera avec elle, pour abriter et défendre ses innombrables soldats des rayons qui brûlent et qui tuent.


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L`Ange du Seigneur marchant avec Moise et les Hébreux dans le désert du Sinaï (Exode 14,19)


Là où la terre est stérile, là où toute nourriture manque à Israël, la manne tombera du ciel et nourrira toute la nation.

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Les hébreux récoltent la manne dans le désert ( Exode 16,15)


Auprès de ces prodiges de bonté, de temps à autre le Très-Haut ressaisira bien ses foudres, et commandera à l'Ange exterminateur de tirer son glaive du fourreau; mais dès qu'Israël se prosterne dans la poussière, dès qu'il se couvre de cendres et se frappe la poitrine; dès que ses gémissements de repentir et ses cris de pardon montent vers le ciel, Dieu revient à sa mansuétude, et comme une mère qui aime ses enfants, pardonne de nouveau.

Tous ces miracles, manifestations éclatantes de puissance et de bonté, entretenaient dans la mémoire des hommes le souvenir d'une providence vigilante et protectrice. Sans tous ces prodiges, sans la voix des prophètes, les adorateurs du vrai Dieu, entourés d'idolâtres, auraient fini par perdre leur foi, et eux aussi, dans le vague et les incertitudes de leur esprit, seraient allés s'asseoir avec les nations païennes à l'ombre de la mort. Pour les en empêcher, notre Père qui est au ciel, et qui nous a donné, à nous chrétiens, les sacrements de son Église, afin de nous maintenir en continuel rapport avec lui, avait aussi prodigué à son peuple les preuves visibles de sa divine protection, et dans la loi judaïque nous trouvons des sacrements.

En effet, une religion se concevrait difficilement sans institutions stables et sacrées où l'homme pût puiser la grâce, la résignation et la force nécessaires pour le mettre à même de supporter les amertumes, les douleurs et les angoisses de la vie, qui, hélas ! ne datent pas de nos jours, mais du moment même où le péché est entré dans le monde.

L'Agneau pascal, la Consécration des prêtres, les Purifications du peuple et de ses ministres étaient des sacrements de la loi donnée par Moïse. Ces sacrements de l'ancienne loi, comparés à ceux de la loi nouvelle, ne peuvent être regardés que comme des emblèmes et des figures.  Aussi saint Paul les appelle de pauvres et faibles commencements; tandis qu'il considère ceux institués par Jésus-Christ comme des fontaines intarissables de pureté et de sanctification, sources abondantes qui rejaillissent jusqu'à la vie éternelle.

Autant donc la réalité l'emporte sur l'ombre, autant le ciel s'élève au-dessus de la terre, autant nos divins sacrements l'emportent sur ceux des Hébreux. Avec ses sacrements le peuple juif pouvait entrevoir à distance la magnificence des dons réservés à sa postérité. Quand la nuit va finir, quand les étoiles pâlissent, on peut deviner l'éclat du jour qui va sortir de l'Orient.

Les sacrements de la loi ancienne ne rappelaient pas seulement aux Israélites les bienfaits que le Seigneur s'était plu à répandre sur eux, depuis son antique alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, mais leur donnaient encore la grâce pour bien suivre les préceptes et les commandements contenus dans les livres sacrés, et comprendre l'importance et la sainteté de la religion.

A ces lueurs descendues d'en haut, l'homme, enfonçant ses regards dans l'avenir, entrevoyait parfois des jours meilleurs que ceux qu'il lui avait été imposé de traverser, et il sentait alors le besoin de se rendre digne des célestes bienfaits que le divin Messie, l'envoyé du Très-Haut, le Désiré des nations, devait apporter à la terre. Ces bienfaits, il les saluait de loin, comme la vague lumière qui précède le jour.

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La naissance du Désiré des nations – Jésus-Christ (Luc 2,6)


Le malheureux qui serait né dans un cachot et qui y aurait grandi sans avoir vu autre chose entre les barreaux d'une étroite lucarne, qu'un tout petit espace du ciel, ne pourrait, certes, avoir aucune idée juste des merveilles de la création ;... mais si un jour un paysagiste habile vient lui montrer un de ses chefs-d’œuvre... il surgit tout de suite dans l'âme du captif un redoublement de désir de liberté, il brûle de voir la réalité de ce dont il n'a fait qu'entrevoir l'image.

Sous l'ancienne loi, avant l'ère de la grande et large liberté chrétienne, il y avait de ces aperçus, de ces illuminations soudaines, de ces éclairs d'en haut qui faisaient pressentir les bienfaits des temps futurs. Et comment n'en aurait-il pas été ainsi ? Dès le jour où le malheur fit son premier pas dans ce monde, une prophétie s'éleva pour faire surgir l'espérance!

Le mal venait de naître, le péché l'avait enfanté; Dieu voulut qu'en dépit de Satan, l'homme ne désespérât pas. Ce fut donc le jour même de la chute d'Adam et d’Ève, que le Seigneur dit au serpent (a l`Ange déchu): « Je mettrai une inimitié éternelle entre toi et la femme, entre ta race et la sienne; elle brisera ta tête. »

C'est là la première de toutes les prophéties; c'est elle qui ouvre ce grand livre d'espérances offert à l'humanité déchue, souffrante, et incessamment altérée d'un bonheur qui la fuit toujours.

Tout le genre humain se corrompait : Dieu laissa aller toutes les nations dans leurs voies. Comme dit saint Paul, ( Actes des Apôtres 2,6) chacun voulait avoir son Dieu et le faire à sa fantaisie. Le vrai Dieu qui avait tout fait était devenu le Dieu inconnu, et quoiqu'il fût si près de nous par son opération et par ses dons, c'était le plus éloigné de notre pensée! Un si grand mal gagnait et allait devenir universel ; mais, pour l'empêcher, Dieu suscita Abraham, en qui il voulait faire un nouveau peuple et rappeler à la fin tous les peuples du monde pour être en Dieu un seul peuple; c'est le sens de ces paroles : Sors de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père, et viens à la terre que je te montrerai; et je ferai sortir de toi un grand peuple, en toi seront bénies toutes les nations de la terre.


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Abraham quittant son pays ( la Chaldée- en Irak actuel) selon l`ordre de Dieu vers 2,100 Av J.C.  (Genèse 12,1)

La même promesse a été réitérée à Isaac et à Jacob. Plus on avance dans les livres saints, plus on s'affermit dans la foi; car tout ce que nous avons, tout ce que nous possédons de plus sacré, de plus consolant, de plus efficace à notre sanctification dans notre religion catholique, apostolique et romaine, est annoncé et, pour ainsi dire, montré au doigt par les prophètes.

Moïse lui-même (sans le savoir) est une figure de ce Christ que les rois et toutes les puissances de la terre imploreront, comme Pharaon implorait, au milieu des plaies de l'Égypte, le chef inspiré des Juifs. Lorsque le petit enfant sauvé des eaux est devenu grand et le premier de son peuple, il délivre Israël de la tyrannie des Égyptiens, au moment où l'ange exterminateur va frapper tous les premiers-nés, depuis celui du roi qui était assis sur le trône, jusqu'à celui de l'esclave enfermé dans une prison.

Voici ce que le Seigneur ordonne : « Prenez un agneau qui soit sans tache (en figure de la justice parfaite de Jésus-Christ ; il faut, comme le divin Sauveur, que cet agneau soit immolé, soit mangé) ; trempez un bouquet d'hysope dans le sang de cet agneau immolé, frottez-en les poteaux, les chapiteaux et le seuil de vos portes ; le Seigneur passera la nuit pour exterminer les Égyptiens; mais il passera outre, quand il verra à la porte des maisons les marques du sang de l'agneau. » ( Exode 12, 5)

« Dieu n'avait pas besoin de cette marque sensible pour discerner les victimes de sa colère : elle n'était pas pour lui, mais pour nous ; et il voulait nous marquer que le sang du véritable agneau sans tache serait le caractère sacré qui ferait la séparation entre les enfants de l'Égypte, à qui Dieu devait donner la mort, et les enfants d'Israël à qui il devait sauver la vie. » (Bossuet, Élévations sur les Mystères.)

A chaque page, le livre des anciens jours nous fait, pour ainsi dire, voir dans le passé nos jours présents ; on dirait que les siècles qui nous séparent de ces époques reculées étaient percés à jour, et que l'œil de l'écrivain sacré a vu et a touché du doigt à travers des milliers de siècles tous les dons, tous les bienfaits que nous a assurés la loi nouvelle.

Voici venir un des plus étonnants voyants de l'avenir, l'aïeul du Christ, le Roi-Prophète ( le Roi David vers 950 Av J.C) ; il a vu le Rédempteur dans le sein de son Père engendré avant l'aurore, avant tous les temps; il a vu qu'il serait en même temps son fils et son sauveur. Il l'a vu Roi souverain, régnant par sa beauté, sa bonne grâce, par sa douceur et par sa justice ; il l'a adoré sur son trône comme un Dieu, que son Dieu a sacré par une divine onction.

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Le prophète Samuel donnant l`onction divine au berger David, futur roi d`Israël sur l`ordre du Tout-Puissant. ( 1 Samuel 16,13)

Il a vu toutes les merveilles de sa vie, toutes les circonstances de sa mort, toutes les angoisses de son agonie ! Il a vu ses pieds et ses mains percés de clous; il a goûté le fiel et le vinaigre que les bourreaux ont donné à boire au divin supplicié ; et il raconte comment les habits du Christ ont été divisés, et sa robe jetée au sort!

Le Roi-Prophète ne s'arrête pas là; après avoir pleuré sur les douleurs de la Passion du Fils de l'homme, il se réjouit en esprit de lui voir, après sa mort, annoncer la vérité aux Gentils, dans la grande Église ( Psaume 21,32) où tous les peuples de l'univers doivent se réunir, où les pauvres comme les riches doivent être assis à sa table. Enfin, il a suivi le triomphateur au plus haut des cieux, avec des captifs attachés à son char victorieux, et il l'a adoré assis à la droite du Seigneur.

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David, roi d`Israël, qui a écrit les Psaumes vers 950 Av J.C.

L'Écriture Sainte nous le dit: David a été l'homme selon le cœur de Dieu. Aussi jamais, dans aucune âme humaine, l'esprit divin, l'esprit qui embrasse en même temps le passé, le présent, l'avenir, et l'éternité, n'a répandu autant de lumière que dans celle du prophète couronné! Si tant de dons célestes sont tombés sur David, s'il a su inspirer tant de confiance au Dieu qui lit dans le cœur de l'homme comme dans un livre ouvert, disons tout de suite que le ciel n'a pas été seul à honorer le Berger de Juda, le vainqueur de Goliath; la terre aussi lui rend un éclatant hommage. Les sujets du Roi d'Israël n'ont pas été seuls à redire et à chanter ses sublimes cantiques.

Depuis près de deux mille ans, les chrétiens se sont emparés de ses Psaumes inspirés; dans leurs douleurs, ils pleurent avec ses paroles, et c'est encore avec elles qu'ils chantent dans leurs joies! Jamais aucun écrit, aucune composition de main d'homme n'aurait pu obtenir pareil succès, succès qui durera plus que notre monde; car les anges ont emporté au ciel, pour les répéter dans leurs harmonieux concerts, plus d'un hymne chanté dans le Temple de Salomon !


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Le temple de l`Éternel construit à Jérusalem sous le roi Salomon vers l`an 900 Av J.C.

Le génie de l'homme vit quelques jours de plus que l'être qui en a été doué, mais finit aussi par s'éteindre dans l'oubli. Les œuvres de Dieu ne périssent pas; les paroles du Très-Haut traversent tous les siècles, et les Psaumes de David ne dureront éternellement que parce qu'ils sont d'inspiration directe et divine.

Aussi, pas une de nos journées ne se passe, pas une de nos solennités ne se célèbre, aucune de nos prières n'est dite, sans que quelques versets ou quelques Psaumes du Roi inspiré ne viennent s'y mêler. Dans les magnifiques cathédrales des villes, dans l'humble église du hameau, dans les palais des plus puissants monarques, dans la misérable chaumière du pauvre, au milieu de nos prospérités, au milieu de nos douleurs, dans nos victoires, dans nos revers, sur le vaisseau qui sillonne les mers, où la tempête assaillit le matelot, dans les profondeurs de la terre où travaille le mineur, dans les universités les plus célèbres, dans les plus petites écoles de village, sous la tente du soldat, dans la cellule du religieux, pas une prière n'est dite, pas un vœu ne sort du cœur pas un cri du pardon ou de gratitude ne monte vers Dieu, sans que quelques invocations de David ne soient répétées. Ce qu'il a dit au Seigneur est devenu le langage de tous.

Semblable honneur, si éclatant hommage n'est pas rendu à l'esprit de l'homme, mais à l'esprit de Dieu. Il n'y a pas une position dans la vie pour laquelle on ne puisse rencontrer dans les Psaumes un verset qui ne soit dicté tout exprès. On nous persuaderait difficilement que tous les événements possibles, heureux ou malheureux, aient été prévus, avec toutes leurs conséquences, dans un livre écrit de la main des hommes. » Or, il est certain que cette prescience règne d'un bout à l'autre des Psaumes du Prophète-Roi.

La venue de Jésus-Christ étant préparée dès l'origine du monde ; tous les prophètes d'Israël, à mesure que les temps approchent, voient poindre l'aurore du règne du Messie, règne glorieux, annoncé aux patriarches; le prophète Daniel compte les années où devaient s'accomplir son sacre, ses souffrances, sa mort, suivie d'une juste vengeance et de l'éternelle désolation de l'ancien peuple qui a méprisé le Saint des saints.


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Le prophète Daniel exilé avec le peuple Juif a Babylone ( Irak actuel) vers le 6 eme siècle av J.C.

Il voit en esprit le Fils de l'homme, à qui est donné un empire, l'empire des saints du Très-Haut. Avec le prophète Isaïe la scène change; lui voit le Christ courbé sous le poids de nos péchés et mis au rang des scélérats, crucifié entre deux larrons : c'est le dernier des hommes et tout ensemble le plus grand ! Ce n'est point par force qu'il souffre la mort, il s'y est offert parce qu'il l'a voulu. Il n'a point ouvert la bouche pour se défendre, il est muet comme l'agneau sous la main qui le tond. C`est pour nous qu`il souffre, et nous sommes guéris par ses blessures. Une longue postérité sortira de lui, et son sépulcre sera glorieux ( Isaïe 11,10)

« Ce seul passage, si précis et si étendu, où les souffrances du Sauveur futur sont inculquées en tant de manières, suffisait pour animer tous les sacrifices et le culte de l'ancienne loi, remettant continuelle ment dans l'esprit des vrais Israélites cette pensée, que leur loi donnée par Moïse contenait, sous ses ombres et ses figures, les grâces réelles que la loi nouvelle devait un jour apporter à leur postérité, la rémission des péchés par une mort volontaire, un sang salutaire qui les expiait; des plaies qui rétablissaient la santé des hommes ; et couronnant toutes ces miséricordes, un Sauveur aussi juste que souffrant, qui nous guérissait par ses blessures. » ( Bossuet)


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Le prophète Isaïe


Les remèdes à ces blessures que les passions font à l'âme, les eaux vives qui lavent nos souillures, la force qui nous relève de nos défaillances, le baume qui cicatrise les plaies de notre cœur, la consolation qui allège nos chagrins, tous ces bienfaits découlent DES SACREMENTS DE LA LOI NOUVELLE.

Ces sacrements sont comme des réservoirs où le Seigneur fait pleuvoir sa grâce et auxquels nous devons aller puiser. La vertu de ces eaux soutient nos âmes contre les dangers du monde et les rend dignes de la vie éternelle, but de notre pèlerinage ici-bas. De ces fontaines régénératrices la grâce découle avec abondance sur le cœur qui n'oppose aucun obstacle à leur efficacité divine, y porte la fécondité, y fait germer des fruits d'immortalité, et adoucit par la résignation ce que les labeurs de l’homme ont de trop dur et de trop accablant.


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Les Sacrements sont comme des fontaines régénératrices


Dans les sables brûlants et arides de la vie, les sacrements sont comme ces verdoyantes oasis que le voyageur trouve dans le désert; lieux privilégiés, ombragés de palmiers et de cèdres, et d'où la fraîcheur n'a point été bannie.



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Les Sacrements sont comme ces verdoyantes oasis que le voyageur trouve dans le désert


Là, près de la source que le soleil n'a pu tarir à cause de l'épais ombrage qui l'abrite, le pèlerin s'est reposé, et quand il se relève, quand il a repris son bâton pour se remettre en route, il bénit Dieu, car il sent au dedans de lui reconnaissance, force, espérance et courage.

Lorsque Dieu, planant au-dessus du monde nouvellement sorti de ses mains, dit, dans les conseils de sa sainte et immuable Trinité : Faisons l'homme à notre image, il donna à l'être qu'il voulait établir roi de la nature une part de ses divins attributs : ainsi à son premier jour Adam fut doué de force, car la force a sa source dans la suprême puissance qui règle l'univers ; et puisque le Seigneur avait voulu que l'homme lui ressemblât par quelque chose, il l'avait fait beau et fort, majestueux comme un dominateur.

Malgré sa déchéance, l'homme a gardé un reflet de sa force primitive, et vraiment il en a besoin dans le rude et dur pèlerinage qu'il lui faut accomplir ; sur cette voie il a des ennemis acharnés à combattre, ses passions, incessamment mutinées. Contre de telles attaques, Dieu, qui l'aime toujours comme sa créature de prédilection, lui donne un efficace secours, celui des sacrements.


Le père n'a pas voulu laisser son enfant marcher seul au milieu des écueils sans lui tendre la main ; il lui a préparé, sur la route étroite et raboteuse, du repos pour son corps et des consolations pour son âme.

A ces fontaines de grâces tous les fils d'Adam peuvent venir boire, et le monarque courbé sous le poids de la pourpre et de la couronne, et le laboureur dont la main déchire la terre et creuse les sillons, et le soldat qui combat, et le solitaire qui prie, et le vieillard qui penche vers sa fosse, et le jeune enfant qui fait ses premiers pas dans la vie, et la mère de famille qui rompt le pain à ses fils, et la jeune et pudique fille qui s'est vouée à Dieu, à la sainte Vierge et aux anges!

La religion tend la même coupe au juste et au pécheur ; dans son immense charité, elle n'a d'exclusion pour aucun, car elle a fait le repentir frère de l'innocence. Résumons-nous. J'ai voulu démontrer que l'homme ne peut pas vivre sans communiquer avec Dieu. Sous l'ancienne loi ( Ancien Testament), Israël se rattachait au Seigneur législateur du mont Sinaï, par son culte, ses sacrements incomplets et les prédictions des voyants de l'avenir.

Sous la nouvelle loi ( L`Évangile), l'ordre surnaturel de communication avec le Très-Haut est dans nos divins sacrements. Et ici, pour bien définir ce que c'est qu'un sacrement de la loi nouvelle (sans craindre la longueur de la citation), je vais emprunter à un de nos plus illustres orateurs la définition du moyen sur naturel que la religion catholique nous donne de communiquer avec Dieu.

« Le sacrement est un instrument qui contient une force que la terre n'a point à donner. L'idée de la prophétie, c'est la vérité fondamentale, et les Hébreux l'ont eue ; l'idée du sacrement, c'est, la force, et nous la possédons.» La prophétie est une lumière qui éclaire, le sacrement est une force qui agit et qui crée une force nouvelle.» Qu'est-ce que la force ? C'est une activité, une énergie, une action qui se manifeste extérieurement par des effets : dans le firmament, les astres, depuis que la puissante main du Créateur les a lancés dans l'espace, avec une force qui n'appartient qu'à un Dieu, ces globes étincelants parcourent leur orbite, emportés par une force d'attraction et une force de projection, lesquelles, par la combinaison de leur activité, créent le mouvement elliptique des corps célestes.» Qu'est-ce donc en soi que la force ? C'est l'énergie de l'être, retenant, condensant en soi l'existence, et la répandant autour de soi par dilatation ; de là une double force : celle de concentration et celle d'expansion; or, l'extrême de la force de concentration, c'est l'éternité. Celui-là seul possède la force qui rassemble tout l'être en lui-même : Ego sum qui sum ; personne ne me touchera, ne me ravira, ne me donnera. C'est l'existence ramassée sur un point absolu.


Le summum de la force d'expansion, c'est la création par laquelle Dieu tire de son être propre l'existence à pleins flots, monde sur monde ! satellites sur satellites!

Il y a une immense différence entre Dieu et nous : c'est que Dieu a la force dans son essence, et produit par dilatation, par un acte simple de sa volonté ; tandis que nous, au contraire, nous avons besoin d'agents secondaires, d'intermédiaires, d'instruments. Quand il est question pour nous d'agir en dehors, par la force d'expansion, notre énergie propre est insuffisante, et il faut qu'elle soit secondée par des appareils, par des machines ; nous ne pouvons mettre deux pierres l'une sur l'autre sans le secours d'un agent secondaire, d'un instrument.

Eh bien ! l'idée d'instrument destiné à communiquer «une force», c'est l'idée même du sacrement ; et cependant quel est le petit esprit, l'écolier de seize ou dix-huit ans (élevé dans une école voltairienne), que le mot de sacrement n'ait fait sourire ? A chaque minute de leur vie, ils ont recours dans chacune des opérations de leurs études à des moyens étrangers, ils pâlissent sur des plans, sur des cartes, armés de ces instruments que la science prête à leur faiblesse; mais parce que dans leur dictionnaire, sacrement
n'est pas inscrit comme synonyme d'instrument, ils ne passent pas une fois devant nos églises sans sourire de pitié, à la pensée qu'il y a des gens qui viennent là user de ce que l'on appelle les «sacrements ! »

Oh ! voyez-vous, c'est grande pitié ! Quand le ver a ainsi piqué au cœur le fruit de nos vergers, le soleil aura beau lui venir, ni la chaleur du jour ni la rosée des nuits ne pourront lui donner de saveur, il l'a perdue pour toujours !

Qu'est-ce qu'un sacrement surnaturel? Si l'homme n'avait été créé que pour le temps et l'espace, les forces naturelles lui suffiraient pour accomplir sa destinée. Dieu, libre et heureux, n'a pas voulu que ses créatures pussent parvenir en ce monde à un certain degré de bonheur par des opérations de l'intelligence et de la volonté; mais, en outre, il les destine à partager, dans l'éternité, sa perfection et sa béatitude propre. Il veut que nous devenions semblables à lui; il veut, en un mot, nous déifier, ainsi que le dit saint
Thomas d'Aquin dans son Commentaire des paroles de saint Paul.

C'est bien véritablement pour cette destination finale que nous avons été créés. Or, il nous est impossible, par les seules forces naturelles, d'atteindre ce but final de la création. Les forces puisées dans notre nature sont donc insuffisantes pour nous faire répondre à notre destinée. D'ailleurs, ne portons-nous pas en nous-mêmes le secret et mystérieux pressentiment de notre avenir?

Oui, tant que nous sommes, tous, excepté l'athée, et encore peut-être toute espérance n'est-elle pas desséchée dans son cœur! — tous, croyants ou incrédules, nous sentons au dedans de nous que cette vie n'est qu'une préparation à une vie future, et comme le vestibule de l'initiation finale. Croyants ou incrédules, je dis plus, chrétiens ou infidèles, mahométans ou idolâtres, tous, nous aspirons à l'infini; tous, nous voyons poindre dans l'obscurité de l'avenir l'œuvre de la divinité, et nous la saluons de nos vœux.

Or, quiconque ne vit pas exclusivement dans la matière, doit se créer des forces intérieures par lesquelles il puisse réaliser ses destinées ; il doit recourir au sacrement surnaturel. Mais ici l'orgueil humain objecte que dans l'ordre naturel tout se comprend, et il dit : Je saisis un levier, et je produis une force que j'ai calculée ; il y a proportion entre la cause et l'effet. Dans l'ordre surnaturel, au contraire, tout est incompréhensible; quelle proportion peut-il y avoir, en effet, entre quelques gouttes d'eau répandues sur la tête du catéchumène et la régénération spirituelle d'une âme? O hommes aveuglés par les sens ! croyez-vous donc que rien ne soit obscur dans ce que vous appelez l'ordre naturel, et que Dieu n'ait réservé ses nuages et ses mystères que pour la religion?

Détrompez-vous, car ce qui vous paraît si simple dans le fait du levier et du mouvement qu'il produit, est au contraire très-mystérieux, très obscur, très-incompréhensible. La science, il est vrai, calcule la force du levier; mais cette force, est-ce le levier lui-même qui l'a créée? Non, il n'est qu'un bâton inerte, et il a besoin d'être soulevé et mis en mouvement par mon bras; et quant à mon bras lui-même, se meut-il par sa propre force? Non, il n'agit qu'en vertu d'une impulsion intérieure, d'un acte formel de ma volonté.

Qu'est-ce donc que cette force du levier, sinon la volonté elle-même, qui met enjeu les nerfs, qui, à leur tour, font agir les muscles, lesquels, de leur côté, donnent l'impulsion aux organes ? En définitive, la matière ne fait donc autre chose qu'obéir à un commandement de mon âme. Or, de grâce, quelle proportion y a-t-il entre la cause et l'effet? entre mon âme qui veut, qui commande, et la masse inerte que je soulève avec un levier? D'un côté l'esprit, de l'autre la matière; entre eux deux l'organisme, puis des instruments adaptés à cet organisme ; mais toujours entre l'esprit et le corps un abîme incommensurable, qui ne peut être franchi que par la puissance de Dieu!

Ainsi, toute force découle de Dieu. Ce sacrement, qui fait sourire dédaigneusement le voltairien, est l'instrument de la grâce, comme le levier est l'instrument de la mise en mouvement de la matière. Le sacrement tire son efficacité divine, agissante et sensible, et produit des effets spirituels, de même que votre âme, substance spirituelle, agit sur le corps par la volonté. Dans un ordre inverse, les rapports sont les mêmes, et les deux forces ne sont au fond ni plus ni moins incompréhensible l'une que l'autre.

Quel est celui d'entre vous, Messieurs les sceptiques, qui, malgré ses erreurs, n'a pas gardé en lui la trace ineffaçable de la vertu sacramentelle? Faibles et coupables tant que vous voudrez, mais je vous défie d'aller jusqu'aux infamies du paganisme; malgré que vous en ayez, vous restez chrétiens alors même que vous niez ! Votre origine se trahit et se révèle jusque dans vos désordres, de même que l'enfer, où il fut précipité, n'a pu faire oublier à l'ange rebelle sa patrie primitive. Vous avez beau faire, une goutte d'eau a scellé votre âme à Dieu pour l'éternité.

La force du sacrement est la force de Dieu.

Dieu aidant mon insuffisance, je vais tenter de redire quelle est la grâce, quelle est la vertu, quelle est la consolation que chacun des sacrements de l'Église de Jésus-Christ offre et apporte à chacun de nous, quand nous en approchons dignement. O vous, Esprit saint, créateur, source de lumière, des hauteurs des cieux où vous résidez avec le Père et le Fils dans votre immuable éternité, daignez laisser tomber sur moi un de ces divins rayons qui éclairent l'intelligence, réchauffent le cœur et bannissent de l'âme les ombres dont le péché l'avait enveloppée!

Que votre lumière se fasse en moi, ô Esprit saint, et que votre grâce me pénètre et m'anime ! car l'homme ne peut rien par lui-même, et si vous ne lui venez en aide, son travail sera stérile et vain. En commençant ce livre des Sacrements de l'Église, à qui demanderai-je de purifier et de guider la main qui va l'écrire, si ce n'est à vous, qui lavez ce qui a été souillé et qui réunissez tous les dons célestes; à vous, source de clarté, de pureté et d'onction; à vous, qui êtes le père des pauvres et qui prenez pitié de ceux qui souffrent et qui pleurent dans les ennuis et les chagrins de l'exil ; à vous, hôte aimable de l'âme ; à vous qui êtes notre repos dans le travail, notre consolateur dans nos peines et notre espérance ici-bas!


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 SPIRIT


C'est donc de vous, divin Paraclet, que je viens humblement implorer la lumière qui me manque pour bien redire les bienfaits de Dieu. Éclairez-moi, purifiez-moi, afin que je sois moins indigne du labeur imposé à mes vieux ans. J'ai marché longtemps dans les ténèbres et les tourmentes que nos passions soulèvent comme d'épais nuages entre le ciel et nous ; faites-moi revoir vos célestes clartés, et je consacrerai les jours que Dieu m'accordera encore à raconter les grâces, les consolations jaillissant des sept sources d'eaux vives que notre sainte religion nous a ouvertes entre le berceau et la tombe, sur le chemin qui nous conduit à l'éternité.


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MichelT

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Message par MichelT Mer 18 Juil 2018 - 2:53

LE BAPTÊME.

Ce premier des sacrements, dans l'ordre du catéchisme et de la vie, est la porte de l'Église et du ciel.

C'est par cette porte sainte que le chrétien entre dans le monde. Cette frêle créature, qui a poussé son premier cri de douleur en sortant du sein maternel et que l'on va présenter au prêtre de Jésus-Christ, est encore enveloppée dans la malédiction commune à tous les fils d'Adam; les parents, les amis, les frères, les sœurs du nouveau-né, arrivent avec joie à l'église et parés de leurs habits de fête; et cependant l'enfant qu'ils apportent aux fonts baptismaux est encore assujetti au dur esclavage de l`ange déchu (démon) d'où vient donc leur allégresse?


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Le-Bapt%C3%AAme


Ah ! c'est qu'ils savent que l'eau régénératrice, qui va tout à l'heure couler sur la tête de ce petit être qui n'a encore que quelques heures d'existence, opérera soudainement un miracle de miséricorde. L'enfant des ténèbres va-tout à coup devenir un enfant de lumière.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Catechumenes325_2531-300x200


La loi de grâce, scellée du sang de l'Agneau, produit ce soudain changement. Par l'effusion des eaux salutaires, le vassal de Satan est délivré du joug infernal et devient fils de l'Église et héritier du ciel. Consacré au nom de la très-sainte Trinité, l'enfant chrétien a Dieu pour père, l'Église pour mère et Jésus-Christ pour frère et rédempteur.

C'est la pensée de cette grande et miraculeuse délivrance qui a fait du sacrement de Baptême une solennité de pieuse joie... joie qui advient à chaque famille et que nous avons presque tous ressentie... Dieu nous la devait peut-être ; car, dans la vie, ce ne sera pas toujours pour pleurer de joie que nous nous rendrons à l'Église. Le sacrement de Baptême ouvre la porte d'entrée ; un autre sacrement ouvre celle de sortie; porte que l'on drape de deuil, et par laquelle, en attendant que notre tour arrive, nous verrons emporter notre père et notre mère et tout ce que nous aimons le plus !

Mais pourquoi donc ces pensées de mort me viennent-elles quand je veux redire les saintes allégresses du Baptême ? Ah! c'est que la vie de l'homme est si courte, que l'œil, d'un seul regard, en embrasse toute l'étendue et en aperçoit à la fois le début et la fin!...

Cette piscine de pierre, placée dans la chapelle des Fonts, en face d'un tableau représentant le baptême du Fils de Dieu dans les eaux du Jourdain, par Jean le Précurseur, est comme la première borne milliaire du chemin, bon ou mauvais, qui s'allongera devant l'homme qui vient de naître... : c'est là que l'on nous apporta tous : c'est pour être amenés là que nous faisons notre première absence d'auprès de notre mère; c'est pour venir là que la garde ou la nourrice nous a enlevés de notre berceau, avec toutes ces dentelles dont l'orgueil maternel nous a déjà couverts... : c'est pour venir là que notre parrain et notre marraine ont pris leurs habits de fête.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Ribera-le-bapteme-du-christ-1643
St-Jean le Baptiste baptisant Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le Jourdain ( Luc 3,21)


Que l'enfant qui vient d'entrer en ce monde soit fils de roi ou d'empereur, que sa mère l'ait enfanté sur un lit de pourpre et d'or, que ce nouveau-né soit destiné à ceindre un jour la couronne, qu'il soit apporté à l'église dans un carrosse d'apparat, escorté de soldats et de grands dignitaires de la cour de son père, le nouveau-né et son brillant cortège seront contraints de s'arrêter à la porte de l'antique et somptueuse cathédrale, comme l'enfant du pauvre artisan à celle de l'humble église du hameau.

Ici commence l'égalité devant Dieu; le fils du monarque, sous ses langes brodés et enrichis de dentelles, comme le fils du mendiant sous ses haillons troués et déguenillés, portent la même souillure et sont assujettis aux mêmes humiliations, au même cérémonial.

Mais avant d'entrer dans les détails des cérémonies baptismales, que nous copierons dans le Rituel, fait pour tous, pour les grands comme pour les petits, pour les pauvres comme pour les riches, établissons l'origine toute divine du premier de nos sacrements. Les fils de l'Évangile doivent connaître la noblesse, la sainteté du titre de Chrétien.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Ndtravail023a
Baptême des premiers chrétiens romains et grecs dans les premiers siècles de l`Église


Un jour un homme vint trouver Jésus. La haute position qu'il occupait parmi ses compatriotes ne lui suffisait pas, et de vagues désirs agitaient incessamment son âme. Ses longues études de la loi et des prophètes lui avaient appris que le dernier mot n'était pas encore prononcé sur le genre humain. La société au milieu de laquelle il avait vu une grande partie de sa vie s'écouler, se dissolvait; le monde lui semblait chanceler comme un homme ivre. Les désordres, les vices se multipliaient, s'étendaient, montaient comme une mer livrée à tous les vents, et dont aucune main ne pouvait plus arrêter les flots.

Jésus commençait alors ses courses évangéliques, allant et faisant le bien dans tout Israël. Jamais homme n'avait parlé comme lui, jamais prophète n'avait opéré de miracles semblables aux siens, jamais aucun personnage de la loi n'avait offert un modèle aussi accompli de toutes les vertus, et ne s'était aussi bien emparé des cœurs de la multitude.

Ne serait-ce point là le fondateur de cette société depuis tant de siècles attendus de tout le peuple, et dont l'univers entier éprouve le besoin? Le docte juif va donc trouver Jésus, et entre eux s'établit ce dialogue, gros de l'avenir du monde :

— Maître, dit le Juif, nous savons que vous êtes un docteur venu de la part de Dieu, car il n'est donné à aucun homme de faire les miracles que vous faites, si Dieu n'était avec lui.
— En vérité, en vérité, je vous le dis, répond Jésus, personne ne peut avoir part au royaume de Dieu s'il ne renaît de nouveau.
— Comment un homme déjà vieux peut-il naître encore? Rentrera-t-il une seconde fois dans le sein de sa mère pour naître de nouveau?
— En vérité, en vérité, je vous le dis, si un homme ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume du ciel.
Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'esprit est esprit. Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit, qu'il faut que vous naissiez une seconde fois. L'esprit souffle où il veut, et vous entendez sa voix; mais vous ne savez ni d'où il vient, ni où il va; il en est de même de tout homme qui est né de l'esprit.
— Comment cela peut-il se faire? dit le Juif encore plus étonné.
Et Jésus reprit : — Quoi ! vous êtes maître en Israël et vous ignorez ces choses?
« En vérité, en vérité, je vous le dis, que nous ne disons que ce que nous savons bien, et que nous ne rendons témoignage qu'à ce que nous avons vu, et cependant vous ne recevez pas notre témoignage. Et si vous ne me croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment me croirez- vous lorsque je vous parlerai des choses du ciel?» Car personne n'est monté au ciel que celui qui en est descendu, le Fils de l'homme qui est dans le ciel.»


«Et comme Moïse dans le désert éleva en haut le serpent, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé en haut, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Car Dieu n'a point envoyé son fils dans le monde, afin que le monde fût condamné, mais afin que le monde fût sauvé par lui. »


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Moise fit un serpent d`airain et le plaça sur une perche afin que ceux qui avaient été mordu par les serpents conserve la vie. (Nombres 21,9) - Un symbole du serpent antique (de l`ange déchu et de la morsure empoisonnée du péché) qui trompant Adam et Ève a fait entrer le péché dans le monde et fermait a l`homme l`accès au paradis et a la vie éternelle


On sent dans tout ce discours la divinité qui parle. Il n'appartenait, en effet, qu'au fils bien-aimé de l'Éternel de fixer, d'établir ainsi les conditions au moyen desquelles désormais l'homme acquerrait le bonheur suprême; il n'y avait qu'un Dieu qui pût se poser comme principe de salut. Celui qui croit en lui ne périra point, et cette confiance, quelle en est la base? L'ignominie de la croix. « Et comme Moïse dans le désert éleva en haut le serpent, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé en haut sur le Golgotha!»


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« Et comme Moïse dans le désert éleva en haut le serpent, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé en haut sur le Golgotha!»

C'est là que tout aboutit. Le baptême ne peut laver la tache originelle que parce que la grâce du sacrement découle du pied de la croix, source de miséricorde et de salut. En lisant ces premières confidences du Christ à la terre, on oublie le Juif qui était venu s'instruire, on se trouve à sa place, on écoute le maître qui enseigne; aucune de ces paroles ne tombe inutile, elles vont toutes à l'âme pour y germer : c'est qu'en effet ces paroles de vie ne sont pas adressées à un seul homme, mais elles sont sorties de la bouche de Dieu pour aller à toutes les générations qui se succéderont jusqu'à la fin des temps.

Dans ce discours se trouve le plan de la société nouvelle que le divin législateur va former. Pour en faire partie, il faudra croire en lui; mais ce ne sera pas assez, il faudra renaître de l'eau et du Saint-Esprit. Le baptême est donc le moyen de régénération adopté pour le genre humain. En vain chercherait-on d'une autre manière à entrer dans la société établie par le Sauveur du monde ; personne ne peut avoir part au royaume céleste, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit saint.

L'humilité est si indispensable au salut des hommes, que le Fils immaculé de l'Éternel a voulu courber son divin front sous la main de Jean le Baptiste, pour recevoir le Baptême de Pénitence. Lui, le Saint des saints; lui, source de toute pureté, a voulu descendre dans ces mêmes eaux du Jourdain, où les Juifs venaient à la voix du fils de Zacharie et d'Élisabeth laver leurs souillures.

Et quand cet acte sublime d'humilité s'accomplit, ce baptême de Jésus, cet abaissement auguste de la seconde personne de la très-sainte Trinité est si agréable au Seigneur souverain maître des anges et des hommes, que le ciel s'entr'ouvre, que le Saint-Esprit en descend, et, sous la forme d'une colombe, plane au-dessus de la tête du Rédempteur, pendant que la voix même de Dieu proclame aux cieux et à la terre « que c'est là son Fils bien-aimé, en qui il a mis toutes ses complaisances ! »

Cette éclatante manifestation des trois personnes divines au baptême de Jésus, nous révèle l'importance et la grandeur du premier de nos sacrements, dont le baptême de saint Jean n'était encore qu'une figure. Le Baptême chrétien est la porte du grand édifice élevé par le Rédempteur; le sceau de l'adoption des enfants de Dieu, le titre conférant le droit au ciel, à l'homme condamné à arroser la terre de ses sueurs; le lien qui unit ce qui est faible au Dieu de toute force ; celui qui est languissant, à l'auteur de la vie ; celui qui est dans l'amertume du cœur, au monarque des cieux, d'où découlent toutes joies pures.

Voici encore un autre passage de l'Évangile qui établit d'une manière précise et positive l'origine, la divinité et la nécessité du baptême : « En ce temps-là Jésus dit à ses disciples : Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit; et leur apprenant à observer toutes les choses que je leur ai commandées; et assurez-vous que je suis moi-même avec vous jusqu'à la fin du monde. »


Dernière édition par MichelT le Sam 21 Juil 2018 - 23:04, édité 3 fois

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TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Empty Re: TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL. Vicomte Walsh – 1852

Message par MichelT Jeu 19 Juil 2018 - 17:27

Résumé de la signification du Cérémonial du baptême

( C`est une explication du rituel au 19 eme siècle - mais la signification de change pas - utile a tous ceux qui vont faire baptiser leurs enfants)


La cloche de la paroisse annonce par de joyeux carillons l'approche d'une famille, apportant aux fonts baptismaux un enfant qui vient de naître; le curé revêt un surplis et passe à son cou une étole violette. Accompagné d'un clerc et d'un acolyte tenant à la main un cierge allumé, il va au-devant du nouveau-né.

Pour l'homme qui réfléchit, il y a là une grande leçon ! Quelle idée ne doit-il pas se faire en effet de la société chrétienne, où ceux-là sont seulement admis, que le baptême a purifiés et revêtus d'innocence ; où depuis dix-huit siècles nul ne peut entrer sans avoir été lavé de l'eau sainte? société où le fils d'un roi, comme le fils d'un esclave, sont reçus aux mêmes conditions, sans que jamais il puisse être fait aucune concession au rang ou à la grandeur.

Cette société est vraiment la société des enfants de Dieu, devant lequel les rangs disparaissent, devant cet éternel Seigneur qui donne des lois au riche comme au pauvre et sauve tous les hommes par l'humiliation de la croix.

Arrivé sous le porche, près de la porte du saint lieu, le ministre de Jésus-Christ demande à l'homme et à la femme qui ont apporté le petit néophyte :
— Que demandez-vous à l'Église de Dieu?
—- La foi.
— Quelles sont les promesses de la foi?
— La vie éternelle.
Dieu est charité, a dit son apôtre bien-aimé ; aussi celui qui n'a point la charité ne connaît pas Dieu et ne peut pas avoir part aux espérances qu'il nous donne.

Le parrain, la marraine et la femme, le présentent au prêtre ; alors le ministre du sacrement souffle trois fois sur la face de l'enfant, en adjurant en ces termes l'esprit de ténèbres ( l`ange déchu):

« Sors de cette créature, esprit immonde, et laisse au saint Esprit consolateur la place que tu occupes.»

Dans la cérémonie baptismale, ce n'est pas le seul passage où le ministre de Jésus-Christ commande avec autorité à l'archange tombé ; la parole de l'Église est puissante contre ce qui s'oppose au règne de Jésus-Christ; les cèdres du Liban inclinent leur tête à sa voix, et l'enfer ne saurait résister à son commandement. C'est que son divin fondateur a placé en elle son autorité, et que nul ne saurait impunément résister à tant de puissance.

« Recevez, dit le prêtre, en traçant le sceau auguste de la rédemption sur le front et sur la poitrine de l'enfant, recevez le signe de la croix et sur le front et sur votre cœur; ayez une foi vive aux préceptes du ciel, et soyez tel par votre conduite, que dès ce moment vous puissiez être le temple de Dieu. »

Le signe de la croix sur le front, parce que le chrétien doit toujours paraître chrétien et ne jamais rougir de son glorieux titre. Le signe de la croix sur le cœur, parce que la croix doit être chère au chrétien, faire ses délices et sa félicité. Hélas ! cette croix ne manque à aucune des conditions de la vie ; elle est bien lourde pour plusieurs ! Quoi que l'homme fasse, il n'est pas en son pouvoir de ne pas souffrir.

Heureux donc celui qui s'attache à la croix de Jésus ! La croix, c'est la pensée fixe du Christianisme. Aussi ce qui la rappelle est souvent répété dans l'administration des sacrements, pour faire souvenir que leur grâce découle du calvaire et du grand et sanglant sacrifice qui a été offert pour le rachat et le salut des hommes.

Continuant à prier pour l'enfant qui va devenir chrétien, le prêtre ajoute : « O Seigneur, exaucez dans votre clémence les prières que nous vous adressons, et par votre vertu gardez perpétuellement cet élu, marqué du sceau de la croix du Sauveur, afin que, conservant les enseignements divins, il soit digne de parvenir, par l'observance de vos commandements, à la grâce de la régénération.»

« Dieu tout-puissant, éternel. Père de Jésus-Christ Notre-Seigneur, daignez abaisser vos regards sur ce serviteur que vous avez bien voulu appeler aux bienfaits de la foi ; éloignez de lui tout aveuglement du coeur; brisez, nous vous en supplions, tous les liens dont le démon ( l`ange déchu et le péché) l'avait enchaîné ! Ouvrez-lui, Seigneur, la porte de vos miséricordes, afin que, marque ineffaçablement du signe de votre sagesse, les passions impures n'exhalent plus en lui leur fétidité, et que marchant à l'odeur si suave de vos commandements, il soit dans votre Église un de vos fidèles serviteurs, et que de jour en jour il prenne un accroissement nouveau ! »

En mettant du sel dans la bouche du nouveau-né, l'officiant lui adresse ces mots : « Reçois le sel de la sagesse; qu'il te soit propice pour la vie éternelle. « Dieu de nos pères, Dieu auteur de toute vérité, nous vous supplions humblement de daigner abaisser un regard favorable sur votre serviteur. Ne permettez pas qu'après avoir goûté cette première nourriture du sel sacré il éprouve plus longtemps cette faim que l'aliment céleste peut seul apaiser. Que son esprit soit toujours fervent, son cœur plein de la joie que donne l'espérance, et toujours soumis à votre nom; conduisez-le, nous vous prions, Seigneur, au bain de la régénération nouvelle ; afin qu'avec vos fidèles il soit digne d'entrer en partage des récompenses célestes que vous avez promises ! »

Tout à l'heure la voix du ministre de Jésus-Christ était implorante ; voici qu'elle devient tout à coup impérative; d'une humble et pieuse prière, il passe à un ordre rude et formel au démon : « Va'-t'en, lui dit-il, va-t'en, archange maudit, abandonne cette âme délivrée de tes liens et marquée du sceau de la croix. Reconnais la sentence portée contre toi ; rends honneur au Dieu vivant, rends honneur à Jésus-Christ son fils et au Saint-Esprit; je te le commande au nom de Celui qui a fait marcher Pierre sur les vagues de la mer, et qui lui a tendu la main lorsqu'il enfonçait dans les flots. Ne viens plus essayer de soumettre à ton empire le serviteur de Dieu, que nous avons marqué au front et au cœur du signe de la croix; qu'il n'y ait plus rien de commun entre lui et toi.  L'Esprit saint, des hauteurs du ciel, est descendu dans son âme lavée à la source divine; cette âme est ainsi devenue l'habitacle et le temple du Dieu trois fois saint ; damné maudit, ne viens plus violer cet asile. »

Après avoir ainsi parlé avec autorité au démon, que Noire-Seigneur chassait du corps des possédés, le prêtre, toujours préoccupé du salut de l'âme qu'il va rendre chrétienne, revient à prier Dieu, et lui dit ;  « Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, Seigneur qui avez apparu à votre serviteur Moïse sur le mont Sinaï, vous qui avez tiré les Israélites de la servitude de l'Égypte, vous qui leur avez envoyé un ange pour les guider le jour et la nuit à travers des terres inconnues vers la terre promise, je vous supplie, Seigneur, qu'il vous plaise d'ordonner à un de vos anges de descendre en ce jour auprès du nouveau fils de votre Église, pour le garder sur cette terre et le conduire au ciel, où vous régnez avec votre Fils et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. »

Alors, imposant la main sur la tête de la petite créature, comme pour en prendre possession au nom du Tout-Puissant, le ministre des autels reprend le langage de la prière, et conjure le Dieu de lumière et de vérité de vouloir bien illuminer cette âme, purifier et sanctifier ce cœur, lui donner une science véritable, afin que l'espérance de ce chrétien soit ferme, sa foi à la doctrine chrétienne toujours inaltérable, sa conduite toujours en harmonie avec les enseignements divins.

Ce n'est qu'après cette oraison, que le néophyte est introduit dans l'église. Tous ces préambules peuvent sembler longs à l'homme qui ne soulève pas le voile des misères humaines; mais pour celui qui mesure la profondeur de l'abîme où le péché nous a précipités, il y a là de grandes et salutaires leçons ; tout jusqu'ici proclame la domination de Jésus-Christ sur l'enfer, sa charité pour sa créature déchue, la connaissance des besoins de notre âme ; tout ainsi concourt à remplir de confiance le nouvel élu.

Pour attirer les bénédictions de Dieu sur le nouveau chrétien, la parole de l'Église est vive et efficace. Or, l'Église a prié pour les besoins du fils qu'elle adopte ; qui donc, désormais, pourrait empêcher la rosée céleste de descendre jusqu'à lui?

Alors le prêtre, unissant sa voix à celle du parrain et de la marraine, récite le symbole de notre foi. Il est bien juste que le nouveau-né, s'approchant du sanctuaire de son Dieu, embrasse les vérités que le divin Sauveur a révélées à la terre : sans la foi il est impossible de plaire à Dieu; ces vérités, les saints apôtres les ont renfermées en un abrégé de douze articles, et en ont formé le Credo catholique. Depuis que cet abrégé a été donné au monde, les persécution ont sévi, l'hérésie s'est agitée, la science s'est insurgée; mais les persécuteurs sont tombés, les hérésies se sont dissipées, la science a été confondue, et la parole de vérité est demeurée inébranlable. Les dogmes du Christianisme se tiennent comme un faisceau, qu'aucun effort ne saurait désunir, qu'aucune tempête ne pourrait briser.

Écoutons plutôt ce que nous dit, sur ce point, un grand docteur de l'Église, St-Ambroise, la gloire de Milan et du monde chrétien, un des hommes qui honorent le plus la sainte Église : « Le Symbole est comme l'étendard qui réunit le peuple des chrétiens : c'est comme le signal qui doit nous rassembler au même point de créance : c'est un sceau vénérable que nous portons sur nos cœurs, et qui nous caractérise et nous distingue ; nous devons donc, tous les jours, le réciter dès que l'aube blanchit dans le ciel, et nous en revêtir comme d'une armure défensive contre les ennemis de notre foi. Jamais un soldat ne doit marcher au combat, ni même rester sous sa tente, sans avoir dans le cœur et devant les yeux le signal et le serment militaire faits pour diriger ses pas.

«Nous sommes les hommes et femmes de Jésus-Christ; nous avons incessamment à combattre pour la vérité et la vertu. Notre symbole est notre étendard, notre signe de ralliement, notre armure, portons-le donc avec nous dans toutes les batailles ; récitons-le toujours avec foi et dévotion. A la maison, aux champs, au travail, en voyage, dans la paix du cloître, dans le bruit du monde, dans nos chagrins, nos tribulations, nos tentations, nos succès, notre allégresse, au milieu des biens et des maux qui nous arrivent, que les sentiments de foi, d'espérance, de crainte, d'amour qu'il nous rappelle nous dirigent dans toutes nos actions, nos agitations, nos désirs ; employons cette armure céleste, le jour comme la nuit, pour combattre, pour vaincre, pour terrasser à droite et à gauche le démon ( l`ange déchu), les passions et les ennemis qui nous attaquent de toutes parts. »

Après le Credo, c'est l'Oraison dominicale que le prêtre, le parrain et la marraine adressent ensemble au Très-Haut, en se rendant à la piscine sacrée. Le voilà donc introduit dans la maison du Seigneur, cet enfant de la terre. Par la bouche de l'homme et de la femme qui sont venus le tenir sur les fonts baptismaux, il a prié son Père qui est dans les cieux, comme si l'eau de la régénération avait déjà coulé sur son front.

Cependant il n'est pas encore membre de la sainte et glorieuse famille; il est toujours sous la puissance de l'ennemi de l'homme ; Satan s'obstine à demeurer dans cette âme, comme un guerrier résolu à combattre jusqu'à la dernière extrémité pour défendre un poste dont il a la garde ; on le somme encore une fois avant que l'eau vivifiante l'ait chassé définitivement. Et le chrétien ne doit pas s'étonner de la vertu toute divine que l'eau a reçue le jour où le Sauveur Jésus a été baptisé dans celles du Jourdain.

Et ensuite, avec un peu de salive, l'officiant touche les oreilles du nouveau-né, en disant : Epheta ; ce qui signifie, ouvrez-vous ;... puis les narines, en répétant le même mot : Ouvrez-vous

pour respirer l'odeur de suavité de notre Seigneur Jésus; et toi, Satan, prends la fuite, car le jugement de Dieu approche.

C'est par une onction semblable qu'autrefois le divin Sauveur guérit un sourd et muet de naissance ; l'Église se souvient des actions comme des paroles de son auguste fondateur, elle sait qu'une grâce céleste et efficace y demeure attachée. C'est parce qu'elle désire la voir se répandre sur ses enfants, qu'elle en rappelle la mémoire dans ses cérémonies.

Alors commence un dialogue entre le ministre du Seigneur et ceux qui ont charge de répondre au nom de l'enfant, dont la voix n'a pas encore de parole; dialogue imposant, écrit dans le ciel au livre de vie et dans le cœur de tout chrétien en caractères
ineffaçables :
— Renoncez-vous à Satan ?
— Oui, j'y renonce.
— Renoncez-vous à ses œuvres?
— Oui, j'y renonce.
— Renoncez-vous à ses pompes?
— J'y renonce.
Alors l'enfant est oint de l'huile du salut en Jésus- Christ, Notre-Seigneur, afin qu`il ait la vie éternelle; et le prêtre, quittant l'étole violette (étole de deuil), en prend une blanche, symbole de joie et d'innocence. En effet, chaque fois qu'un esclave de Satan est délivré du joug infernal, il y a grande joie au ciel... Le dialogue continue :
— Croyez-vous en Dieu le Père tout-; Puissant, créateur du ciel et de la terre?
— J'y crois.
— Croyez-vous en Jésus-Christ, son Fils unique,
Notre -Seigneur, qui est né et qui a souffert?
— J'y crois.
— Croyez-vous au Saint-Esprit, à la sainte
Église catholique, à la communion des Saints, à la
résurrection do la chair et à la vie éternelle?
— J'y crois.
— Voulez- vous être baptisé?
— Je le veux.

Ce n'est qu'après avoir pris toutes ces précautions, que l'Église confère le Baptême solennel.

Avant  de faire couler l'eau sainte sur le front du petit néophyte, vous l'avez entendu; il a demandé à ceux qui ont moyen et mission de répondre :
Renoncez-vous à Satan? Croyez-vous en Dieu?
Voulez-vous être baptisé?

Ce n'est qu'après les assurances de désir et de croyance, répétées par le parrain et la marraine, que le ministre de Jésus-Christ prononce les paroles qui, avec l'eau répandue au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, ouvrent la porte de l'Église et du ciel à l'être que le péché originel avait rendu vassal de Satan.

Le parrain et la marraine tenant l'enfant incliné sur la piscine, le prêtre prend de l'eau des fonts dans une petite coupe destinée à cet usage, et en verse trois fois sur la tête du nouveau-né, en forme de croix, en disant en même temps, une seule fois, distinctement et dévotement :

Je te baptise au nom du Père, et du Fils , et du Saint-Esprit

Ces mois, dits avec l'intention, la volonté de baptiser, ainsi que l'entend et l'ordonne l'Église catholique ; cette eau répandue , qui a touché , mouillé la tête nue de l'enfant, opèrent ce grand, cet heureux mystère de grâce et de régénération ; et, chose qui révèle bien toute la miséricordieuse bonté de Dieu, le prêtre qui aurait versé l'eau, qui aurait prononcé sérieusement les paroles sacramentelles, fût-il un prêtre indigne et sacrilège, s'il a eu la volonté de baptiser ainsi que le commande l'Église, malgré l'indignité du ministre, ce baptême est bon et valide ! Des mains impures ont touché le vase, mais la grâce qu'il contenait en a découlé efficace et pure.

Il n'est pas essentiel, pour baptiser, que l'eau soit bénite, et, dans la nécessité, si l'on ne peut en avoir, dit le catéchisme, il faut prendre de l'eau commune; mais, quand on administre le sacrement de Baptême solennellement, on ne doit point se servir d'autre eau que de celle qui a été bénite la même année, le samedi saint, veille de Pâques, ou le samedi veille de la Pentecôte.

Oh ! il n'y a rien de futile, rien qui ne doive faire méditer dans les cérémonies du catholicisme; cette eau qui se trouve à la porte de nos églises , ou dans des coupes de marbre, ou dans de vastes coquilles, ou dans des piscines de pierre, est destinée aux berceaux et aux tombes, aux vivants et aux morts.

L'eau et les paroles du prêtre ont fait tomber les fers de l'esclave ; le condamné est réhabilité , l'enfant est lavé du péché de nos premiers pères. Mais le nouveau chrétien qui va grandir, et qui trouvera à lutter en ce monde, aura besoin de force.

Aussi le ministre de Jésus-Christ ajoute , immédiatement après les paroles sacramentelles du baptême, cette courte oraison : Que le Dieu tout-puissant, père de Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui t'a régénéré dans l'eau et dans l'esprit, et qui t'a accordé le pardon du péché, te marque par ma main du chrême du salut, dans le même Jésus-Christ Notre-Seigneur, pour la vie éternelle

Par le baptême , la religion nous donne une croix à porter; par le saint chrême dont elle oint nos fronts, elle nous fait voir que le joug du Seigneur est doux et léger à celui qui sait s'y soumettre. Ce saint chrême dont on se sert à tous les baptêmes, à celui du pauvre comme à celui du riche , l'Église le mêle aux pompes du sacre des Pontifes et des Rois.

N'y a-t-il pas dans ce droit commun aux trésors du sanctuaire une sainte fraternité, une vraie égalité devant Dieu? Il ne reste plus, pour clore la cérémonie baptismale, que le voile blanc que le prêtre va étendre sur l'enfant, en prononçant ces mots :

« Reçois ce vêtement d'innocence, et veille à le rapporter sans tache au tribunal de Jésus-Christ, afin que tu aies la vie éternelle. »

L'innocence figurée par la blancheur de cette tunique, le chrétien devra la conserver avec une scrupuleuse vigilance ; autrement sa candeur serait bientôt flétrie, et de tout son éclat il ne resterait plus qu'un souvenir amer!

En remettant le cierge allumé au parrain et à la marraine, l'officiant dit à l'enfant :
« Reçois ce flambeau lumineux, et conserve ton baptême dans sa pureté; garde les commandements de Dieu, afin qu'au jour où le Seigneur associera ses créatures à sa joie, tu puisses aller à sa rencontre avec tous les Saints, jouir de la vie éternelle et vivre dans tous les siècles des siècles ! »

Ce souhait de la vie éternelle est à chaque instant répété dans la cérémonie sainte , qui est le début de la vie d'ici-bas. L'homme né de la femme vit peu de jours, et souvent dans l'amertume du cœur; la religion, qui sait toutes nos misères et la brièveté de nos jours, fait donc des vœux pour que nous ayons mieux que les rapides instants qui nous sont accordés sur cette terre ; prenant en pitié nos années de trois cent soixante-cinq jours, elle en veut pour nous d'ÉTERNELLES , et dès notre première journée , elle nous parle bien plus de celles-là que de celles qu'il nous sera donné de passer loin de la patrie céleste!

S'il n'y a pas dans ce premier acte de la vie chrétienne un mélange divin de théologie et de morale, de mystères et de simplicité, rien ne sera jamais divin en religion. Mais, considéré dans une sphère plus élevée et comme figure du mystère de notre Rédemption , le baptême est un bain qui rend à l'âme sa vigueur première. On ne peut se rappeler sans regret la beauté des anciens jours , alors que les forêts n'avaient pas assez de silence , les grottes pas assez de profondeur pour les fidèles qui y venaient méditer les mystères.

Ces chrétiens primitifs, témoins de la rénovation du monde , étaient occupés de pensées bien différentes de celles qui nous courbent aujourd'hui vers la terre, nous tous chrétiens vieillis dans le siècle et non dans la foi. En ce temps-là la foi était sur les rochers, dans les antres avec les lions; et les rois allaient consulter le solitaire de la montagne.

Jours trop tôt évanouis I II n'y a plus de saint Jean au désert, et l'heureux catéchumène ne sentira plus couler sur lui ces flots du Jourdain qui emportaient aux mers toutes ses souillures.

Rien ne prépare aussi bien aux douces et salutaires joies de famille que l'accomplissement d'un devoir religieux; rien ne dilate et n'agrandit autant notre âme, que les saintes cérémonies, que les belles prières du catholicisme. Dieu qui en est l'auteur y a répandu, avec ses divins sacrements, une merveilleuse et sublime poésie.

Jamais la maison paternelle ne nous paraît aussi bonne, aussi délectable à habiter que lorsque nous y arrivons de l'église : là, en priant devant le Père commun de tous les hommes, nous nous sommes imprégnés d'amour; n'en doutons pas, il découle des tabernacles sacrés de nos autels une céleste rosée qui imbibe et reverdit nos cœurs ;
jamais nous n'aimons autant tous les nôtres, jamais nous ne sommes si près des généreux dévouements, jamais si préparés aux douces et pures affections, qu'en sortant de prier Jésus-Christ...

Eh! n'est-ce pas de lui que provient toute paix et tout amour? Regardez le cortège de famille et d'amis qui a accompagné l'enfant nouveau-né au baptistère. La cérémonie terminée , l'acte de naissance clos et signé sur les registres de la paroisse, tous sont empressés de retourner auprès de la mère du petit chrétien, entrant dans la vie entouré de leurs vœux, et sous le haut patronage de quelque grand saint du ciel! La joie et l'espérance sont au cœur de tous; car l'enfant vient de bonne souche : son père et sa mère feront pour lui comme on a fait pour eux, et l'élèveront dans la crainte et l'amour de Dieu. Ce sera, pour le hameau ou la ville où il vient de naître, un honnête homme de plus.

Le parrain et la marraine viennent après le vénérable ancêtre ; car, si l'on comprend bien le devoir qu'ils viennent de remplir dans la maison de Dieu en se portant sur les fonts baptismaux cautions et garants de l'enfant présenté au baptême, ils sont spirituellement, et selon la grâce, après le père et la mère, selon la nature, les deux êtres les plus étroitement liés à l'enfant. Pour être selon l'esprit, leur paternité, leur maternité, n'en sont pas moins vraies.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Empty Re: TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL. Vicomte Walsh – 1852

Message par MichelT Sam 21 Juil 2018 - 14:15

LA CONFIRMATION

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Les Apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que ceux de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant venus, firent des prières pour eux, afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit, car il n'était encore descendu sur aucun d'eux; mais ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors ils reçurent le Saint- Esprit. ( Actes des Apôtres 8, 14 et suivant)


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Ce texte sacré prouve l'origine et la haute antiquité du sacrement de Confirmation, sacrement qui suit le baptême et qui en complète la grâce. D'autres passages de l'Évangile se rapportent à la Confirmation, et démontrent qu'elle est d'institution divine. Jésus dit à ses Apôtres : « Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure avec vous pour toujours ; c'est l'esprit de vérité. » (St-Jean chap 14,16)

Ailleurs, il dit à son Père, en parlant des Apôtres : « Je prie non-seulement pour eux, mais encore pour tous ceux qui croiront en moi par leur parole. » (Saint Jean, chap. 17,20)

Dans les Actes, saint Pierre dit à ceux qui l'écoutaient: « Que chacun de vous reçoive le Baptême, et vous recevrez le don du Saint-Esprit; car la promesse vous regarde, vous et vos enfants, et tous ceux qui sont encore éloignés, mais que le Seigneur notre Dieu appellera. »

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L`Esprit-Saint descend sur les Apôtres le jour de la Pentecôte

Au chapitre dix-neuvième, l'écrivain sacré raconte que Paul étant venu à Éphèse, il y trouva quelques disciples qui n'avaient reçu d'autre baptême que celui de Jean, et qui, après les instructions de l'Apôtre, reçurent le baptême de Jésus-Christ. Après avoir entendu ces choses, dit le texte saint, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus ; et Paul leur ayant imposé les mains, l'Esprit saint descendit sur eux; ils parlaient diverses langues et prophétisaient.

Certes, voilà bien un signe sensible et pratique de la grâce; voilà bien un vrai sacrement de la loi nouvelle; il y a là matière et paroles, imposition des mains et prière ; il y a des ministres ce sont les Apôtres et leurs successeurs; il y a un effet du sacrement qui est la grâce sanctifiante ou le Saint-Esprit.


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L`Esprit-Saint en Colombe

Les anciens Pères désignent le sacrement de Confirmation sous un grand nombre de noms différents, et ils semblent se complaire à en relever l'excellence. Les noms les plus fréquemment employés par eux pour les désigner sont ceux d'imposition des mains, de chrême du salut, de sacrement du chrême, du sceau de la vie éternelle, du sceau royal, de l'onction spirituelle. Les Grecs et les Latins l'appellent encore du nom de perfection. Enfin, saint Ambroise serait le premier qui aurait employé le mot de confirmation, parce que le principal effet de ce sacrement est qu'il fortifie et confirme notre cœur contre toutes les attaques et les séductions du monde.

Saint Prudence a renfermé dans deux vers latins plusieurs des noms qu'on donnait jadis à ce sacrement :

L'huile a marqué ton front du signe salutaire ;
Et du chrême immortel, au flot pur et doré,
La royale onction à Dieu t'a consacré.



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St-Prudence de Troyes - Originaire d'Espagne, il quitta le territoire des Sarrasins musulmans en Espagne pour l'Empire carolingien.  Il est évêque de Troyes vers l`an 843.


Saint Cyprien, qui a suivi de si près les Apôtres, dit au sujet de la Confirmation : « Pierre et Jean, en se rendant à Samarie auprès de ceux que Philippe avait convertis, ont suppléé à ce qui manquait en priant et en leur imposant les mains, pour invoquer et répandre sur eux les dons du Saint Esprit ; ce qui se pratique encore à présent parmi nous, où ceux qui sont baptisés dans l'Église sont présentés aux évêques, afin que par notre prière ils reçoivent le Saint-Esprit et soient perfectionnés par le sceau du Seigneur»


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Les sept dons du St-Esprit


Tertullien, avant saint Cyprien, avait parlé très clairement de la Confirmation et de l'imposition des mains, avec laquelle elle est administrée; car, après avoir discouru du Baptême et de ses effets, il la désigne par les rites qui lui sont propres : « Étant sorti du bain sacré, nous sommes oints de l'huile bénite... Cette onction se fait sur le corps, mais elle produit son effet sur l'âme ; ensuite on nous impose les mains par la bénédiction, en invoquant et invitant le Saint-Esprit.»


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Tertullien, docteur de l`Église  (160 à 220 ap J.C.) – Il vivait a Carthage sous l`empire romain ( Tunisie actuelle)


La Confirmation suppose nécessairement le Baptême, et, pendant plusieurs siècles, c'était au sortir de la piscine sacrée que les fidèles recevaient les dons du Saint-Esprit.

Nous lisons dans l` Histoire des Sacrements de l'Église : Les néophytes étaient admis à la Confirmation qu'ils recevaient en remontant des fonts, et, après l'avoir reçue, ils participaient à l'hostie vivifiante avec le reste des fidèles : ainsi ils étaient mis en même temps en possession de tous les biens et de tous les avantages de l'Église.

Ailleurs : « La pratique de communier les enfants nouveau-nés était encore en vigueur, non-seulement aux douzième et treizième siècles, mais elle s'observait à Beauvais il n'y a pas trois cents ans, comme on le voit par les Ordinaires de cette Église qui sont de ce temps-là ; et de là est venue la coutume de porter encore aujourd'hui au grand autel un enfant nouveau baptisé, ce qui se pratique dans tout le diocèse de Rouen.»

Je me laisse peut-être trop séduire par le charme, qu'il y a dans les vieux usages; mais on me le pardonnera, j'espère, parce que les cérémonies de notre religion sont saintes et vénérables , surtout celles qui font partie de l'administration des sacrements; en même temps elles sont mystérieuses et remplies de piété : ce sont des prédications muettes par lesquelles les Apôtres et les premiers fondateurs des Églises nous parlent tous les jours, et, en nous faisant connaître nos devoirs, nous portent et nous excitent à les accomplir.

La première disposition que l'on doit apporter au sacrement de Confirmation, c'est d'être instruit des principaux mystères de la foi et d'en renouveler la profession. Il y a trois principaux mystères que le chrétien ne doit jamais perdre de vue, et qu'il doit toujours et partout confesser : le mystère de la très sainte Trinité, le mystère de l'Incarnation et le mystère de la Rédemption.

Il faut encore que l'aspirant aux dons du Saint- Esprit sache la doctrine des sacrements, surtout du Baptême, de la Confirmation et de la Pénitence; l'Oraison dominicale, le Symbole des Apôtres, la Salutation angélique et les Commandements de Dieu et de l'Église.

Pour être admis dans les académies scientifiques et littéraires, pour être rangé parmi les savants et les doctes du monde, il faut faire preuve d'une infinité de connaissances acquises par de longues études ; pour nous mettre sur la voie du ciel, pour nous faire partager les bienfaits de ses sacrements, Dieu ne nous demande pas tant : il fait passer la pureté avant le savoir. La science qu'il exige de nous, nous pouvons tous facilement l'acquérir : c'est celle de l'humble et pauvre chrétien.

Le curé du hameau l'enseigne aux petits enfants des hommes de la charrue. Cette science, indispensable au salut, est contenue tout entière dans un tout petit livre..., dans le catéchisme!

A ce mot je vois les voltairiens, les sceptiques et les rationalistes du jour, sourire de pitié et hausser les épaules; eh bien! malgré leur mépris, je garde toute mon admiration, toute ma vénération pour ce livre honoré de leur dédain.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Blanche-de-Castille
La reine de France, Blanche de Castille, enseignant la doctrine Chrétienne au futur roi St-Louis (1188-1252)

Ce petit livre que nous voyons à la main des enfants, et qu'enseigne dans sa pauvre église le curé de campagne, la reine Blanche de Castille, sous les lambris dorés des châteaux de Poissy, de Compiègne, de Fontainebleau et du Louvre, l'avait enseigné elle-même à tous ses enfants; et si le roi Louis IX a toujours été homme de cœur, justicier et aumônier, c'est qu'il n'a jamais oublié les préceptes et les commandements du catéchisme.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Compiegne-v01
Château de Compiègne

Le catéchisme a été fait avec l'Évangile, et n'est-ce pas dans ce livre divin que l'on trouve mieux que partout ailleurs des leçons d'humilité, de douceur, de justice, de charité et de tolérance? N'est-ce pas l'Évangile qui a émancipé le monde? N'est-ce pas lui qui, en nous proclamant tous frères, tous enfants d'un Père commun, a établi une sainte et véritable égalité? N'est-ce pas dans ses pages que nous apprenons à être charitables et tolérants les uns envers les autres, à secourir le pauvre, et à redouter le sort réservé au mauvais riche?

N'est-ce pas là qu'il est écrit : Que le royaume des cieux ne s'ouvrira jamais ni à l'orgueilleux, ni à l'oppresseur de la veuve et de l'orphelin, ni à celui qui possède le bien d'autrui, ni à l'homme qui aura été sans pitié pour ceux qui ont faim et soif, sans pitié pour les affligés et les prisonniers ?

Le catéchisme est le livre de tous; les petits et les grands, les faibles et les forts, l'homme du peuple et le peuple y trouvent leur devoir tout tracé par la main de Dieu.

Ce manuel du chrétien nous apprend que « quoi que la Confirmation ne soit pas aussi nécessaire que le Baptême, c'est cependant un grand péché de négliger ce sacrement; c'est désobéir à Jésus-Christ, qui l'a institué pour fortifier en nous la grâce du Baptême, et qui nous ordonne d'y avoir recours pour croître dans la vie spirituelle.» Le chrétien qui reçoit dignement, dans le sanctuaire de son âme, la troisième personne de la sainte Trinité, possède en lui la source de toutes les perfections. Les dons qui découlent de la Confirmation se révéleront par la suave odeur des bonnes œuvres. C'est ainsi que le parfum renfermé dans un vase d'argile se trahit au dehors par sa douce senteur.

Quoique le Saint-Esprit ne descende pas visiblement sur ceux à qui « les successeurs des apôtres, nos évêques, administrent le sacrement de Confirmation, ils le reçoivent d'une manière aussi réelle que le reçurent les Apôtres. Les merveilles extérieures, le vent impétueux ébranlant le cénacle des disciples du Dieu crucifié et ressuscité, les langues de feu qui signalèrent la descente du Paraclet sur les Apôtres étaient nécessaires pour frapper et convertir les Juifs et les Gentils; mais ces prodiges ne le sont plus, à présent que la religion de Jésus-Christ, comme un immense bienfait s'est étendue sur le monde.»

Écoutons Saint-Augustin : « Les miracles étaient à propos à cette époque ; il fallait que le Saint-Esprit fût proclamé dans toutes les langues, parce que l'Évangile avait besoin de recourir à toutes les langues pour se répandre dans tout l'univers. Dieu a fait comprendre cela par ses prodiges ; puis les prodiges ont cessé. Est-ce que vous vous attendez encore à ce que ceux à qui on impose les mains pour qu'ils reçoivent le Saint-Esprit, parlent différentes langues? »

Aujourd'hui, c'est par le fait même du sacrement administré par un évêque que l'Esprit saint descend dans notre âme. Quand il y est descendu il nous donne une joie pure et solide que le monde n'a point à donner : douce paix, que rien ne peut troubler, parce qu'elle nous élève bien haut au-dessus des agitations de la société.



Vidi Aquam de Louis-Lazare Perruchot - Schola Sainte Cécile


Avec cette paix céleste sont venues en nous une patience qu'aucun obstacle n'irrite, qu'aucune lenteur ne fatigue; une complaisance sage et éclairée allant au-devant des désirs de notre frère; une bonté tout aimable, qui non-seulement nous détourne de contrister notre prochain, mais qui nous porte encore à lui vouloir faire autant de bien qu'à nous-même.

Dans le rite grec, il est encore d'usage de confirmer les enfants dès qu'ils sont baptisés, et pendant douze siècles telle a été la constante discipline de l'Église. « Lorsque dans les petites villes, dit saint Jérôme, le Baptême était conféré par les prêtres et les diacres, l'évêque, après la Pâque, faisait des excursions pour l'imposition des mains, en invoquant le Saint-Esprit. » D'où il suit qu'aujourd'hui encore, ce sacrement pourrait être administré aux enfants, et qu'un évêque qui le conférerait à des enfants sur le point de mourir, non-seulement ne mériterait pas le blâme, mais devrait être loué. « Ce sacrement, dit saint Thomas, doit être donné même à ceux qui vont mourir, afin qu'ils apparaissent parfaits chrétiens à la résurrection, » selon cette parole de l'Épître aux Éphésiens : «jusqu'à ce que nous soyons arrivés à former des hommes parfaits. »

Dieu a dit à Noé : « Les sens et les pensées de l'homme sont portés au mal dès son adolescence. » (Genèse 8,21)

Il faut donc aux enfants, dès que la raison commence à poindre dans leur jeune intelligence, un redoublement de secours et de protection céleste; car, à mesure qu'ils se sont éloignés de la piscine où ils ont été faits chrétiens, ils ont avancé dans les sentiers de la vie. Ces sentiers, à leur début, sont tout parés de fleurs ; mais bientôt les ronces et les épines y succèdent aux riants bouquets et aux fraîches guirlandes. A mesure que l'enfant allonge la distance entre lui et sa mère, il faut que son ange gardien redouble de vigilance, à cause des précipices et des abîmes, des séductions et des périls qui bordent le chemin.

La Religion, qui sait toutes les choses d'ici-bas comme toutes les choses du ciel, a voulu prémunir l'enfance contre tant d'écueils! Le lis qui croît dans la fraîche vallée sur le bord des eaux, n'a pas encore ses blanches fleurs épanouies, que bien souvent le ver qui ronge, qui flétrit et qui tue, s'est introduit sous la verte enveloppe du bouton pour le piquer au cœur. Il en est fréquemment de même de l'adolescence ; aujourd'hui sa robe baptismale a des souillures dans ses replis, quand l'œil la croit encore pure et candide!

Le catholicisme fait donc bien d'administrer le sacrement de Confirmation à cette époque où l'enfance finit, où la jeunesse commence. Age de transition, qui exerce presque toujours une puissante influence sur le reste de notre vie. «C'est le moment où le cœur ne tardera pas à s'enflammer du feu des passions, le moment où il peut concevoir la divinité. Dieu devient l'immense génie qui saisit, qui tourmente tout à coup l'adolescent, et qui remplit les facultés de son âme agrandie. Mais le danger augmente, il faut de nouveaux secours à cet étranger sans expérience, exposé sur le chemin du monde ; la Religion ne l'oubliera point, elle tient en réserve un appui.

La Confirmation vient soutenir ses pas incertains et tremblants, comme le bâton dans les mains du voyageur. Observons que la morale entière de la vie est renfermée dans le sacrement de Confirmation. Quiconque a la force de confesser Dieu, pratiquera nécessairement la vertu, puisque commettre le crime, c'est renier le Créateur.» (Chateaubriand, Génie du Christianisme.)

Le Baptême nous a faits enfants de l'Église, la Confirmation doit nous faire enfants du ciel ; c'est elle qui doit confirmer en nous la foi et les vertus nécessaires à la sanctification de notre âme. La grâce propre de ce sacrement, c'est qu'il nous donne la force et le courage de confesser hautement, énergiquement l'Évangile, et de souffrir les plus cruels tourments pour le nom de Jésus-Christ.

Cela se démontre par l'exemple des Apôtres, à qui le glorieux ressuscité, sur le point de monter au ciel, a dit: « Restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut. » (Luc 24,49)

L'excellence de ce sacrement est encore admirablement révélée par saint Cyrille de Jérusalem. Écoutons-le s'adressant aux néophytes des contrées qu'il évangélisait : « Vous êtes devenus, leur disait-il, des Christs ayant reçu le symbole du Saint-Esprit... Après que vous êtes sortis du bain sacré, on vous a marqués du Chrême , qui est le symbole du Chrême dont Jésus-Christ a été oint, c'est-à-dire du Saint-Esprit... On vous a fait l'onction, premièrement sur le front, afin de vous délivrer de la honte que le premier homme avait méritée par sa prévarication et qu'il portait partout... On vous l'a faite sur la poitrine, afin qu'étant couverts de la cuirasse de la justice, vous vous souteniez contre les pièges du démon ; car, de même que le divin Sauveur, après son Baptême et la descente du Saint-Esprit sur lui, a vaincu Satan, de même, après le Baptême et l'onction mystique , étant revêtus des armes de l'Esprit saint, vous combattez contre les puissances ennemies , et vous les terrassez , en criant : « Je puis tout en celui qui me donne la force. »


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 St_cyril+jerusalem
St-Cyrille de Jérusalem (313 à 386) – Docteur de l`Église et évêque de Jérusalem de l`an 350 à 386.


Saint Eucher de Lyon ne développe pas cette matière avec moins de clarté, et insiste principalement sur la vertu qu'a ce sacrement de fortifier les âmes. Il est bon de l'écouter lui-même parler : « Quelqu'un dit peut-être en lui-même : Que me sert après le mystère du Baptême le ministère de celui qui me confirme? C'est ce qu'exige l'ordre de la milice ; car alors qu'un général reçoit quelqu'un au nombre de ses soldats, non-seulement il lui imprime une marque, mais lui fournit encore les armes convenables. Il en est de même à notre égard ; cette bénédiction que l'on donne aux baptisés est pour eux une défense. Le Saint-Esprit, qui est descendu dans les eaux du baptême pour leur procurer les moyens du salut, donne abondamment dans les fonts sacrés la grâce de l'innocence, et dans la Confirmation une augmentation de grâce. »

Et comment n'y aurait-il pas augmentation de grâce, puisque c'est de ce sacrement que découlent, sur celui qui le reçoit dignement, les sept dons du Saint-Esprit? Nommons ici ces trésors célestes?

1 - Le don de sagesse , qui nous fait juger sainement de tout ce qui est relatif à notre fin dernière, et qui nous fait voir, d'un coup d'œil juste et appréciateur, toutes les misères du monde. C'est elle qui tient la balance servant à peser les intérêts de la terre et ceux du ciel ; c'est cette sagesse d'en haut qui nous défend et nous garantit des emportements, des vertiges et du délire que les passions font surgir dans notre âme; elle tempère la fougue du jeune âge, elle maintient la raison de l'homme fait, elle ranime la défaillance de la vieillesse. Avec elle, nous voyons tout sous son véritable aspect; avec elle, point de mirage décevant, point de folles illusions.


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Le Don de Sagesse

Sœur de la vérité, la sagesse qui provient du Saint-Esprit ne trompe jamais et console toujours. Quand la prospérité nous arrive , la sagesse nous répète : « Ne vous enflez pas de votre bonheur, car, avant peu, il n'en restera pas plus de vertige que d'un songe évanoui, et il passera comme la vision d'une nuit. » ( Livre de Job – Ancien Testament) Pendant que vous êtes heureux, faites du bien, pour que l'adversité vous soit moins lourde et moins cruelle quand elle vous viendra. Oui, elle vous viendra, comme un voleur, au moment où vous l'attendrez le moins. La vraie sagesse est de craindre Dieu, et la vraie intelligence est de s'éloigner du mal. ( Livre de Job – Ancien Testament)


Elle nous dit, cette divine sagesse : « Ne rejetez point la correction du Seigneur, et ne vous découragez pas lorsqu'il vous châtie; car il châtie celui qu'il aime, et se plaît en lui, comme un père dans son fils obéissant.»

«Ne dites point à votre ami :Allez et revenez, je vous donnerai demain, si vous pouvez lui donner à l'heure même.»

«Ne portez point envie à l'injuste, et n'imitez pas ses voies.»

«Appliquez-vous, avant tout, à la garde de votre cœur, parce qu'il est la source de la vie.»

«La charité couvre les fautes.»

«L'orgueil est toujours accompagné de confusion, et l'humilité de sagesse.»

«La simplicité des justes les conduira heureusement, et les tromperies des méchants seront leur ruine.»

«Les richesses ne serviront à rien au jour de la vengeance de Dieu, mais la justice délivrera de la mort.»

«L'homme charitable fait du bien à son âme.»

«Celui qui vit avec les sages, deviendra sage, et l'ami des insensés leur ressemblera.»

L'esprit de sagesse a bien d'autres salutaires enseignements; aussi, si l'homme s'égare, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même, car le Sauveur a pour lui la préoccupation qu'une mère a pour son enfant.

Sans doute, le chemin de la vie est difficile, mais Dieu y a placé des anges pour nous en signaler les dangers et les écueils.

Saint Paul nous dit: « Jésus-Christ nous a été donné pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption, afin que celui qui se glorifie ne se glorifie que dans le Seigneur.» (Saint Paul, épître aux Corinthiens.) «Ce n'est pas l'esprit du monde que nous avons reçu, mais l'esprit de Dieu, afin que nous connaissions les dons que Dieu nous a faits.»  «Nous n'annonçons pas les grâces de Dieu avec les discours qu'enseigne la sagesse humaine , mais avec ceux qu'enseigne le Saint-Esprit traitant spirituellement les choses spirituelles. »

Il y a une autre sagesse que celle de l'Esprit saint.

Les hommes se vantent d'en avoir une à leur usage, et nous avons vu, de nos jours, les puissants du siècle ne vouloir gouverner qu'avec celle-là. Dans leur orgueil , les empereurs et les rois ( les chefs politiques, économiques et autres) ont dit :

« Nous pouvons nous passer de celui qui s'est appelé le Très -Haut et le Maître suprême des nations ; pour faire régner la justice, la paix et l'abondance, nous n'avons qu'à étendre notre sceptre sur nos peuples, ils seront heureux, et nos noms seront exaltés dans les siècles à venir ! »

C'est ainsi qu'ils ont parlé; et, maintenant, regardons le monde entier, et cherchons-y la vraie sagesse; regardons autour de nous et loin de nous, cherchons, nous ne la trouverons nulle part; on dirait qu'elle a eu peur du bruit que font les hommes, et qu'elle s'est enfuie au ciel. La sagesse n'est plus ni dans nos maisons, ni dans les palais des monarques, ni dans les assemblées des législateurs, ni dans les camps des soldats; comme les vents qui soufflent du septentrion au midi, et du couchant à l'aurore, les passions déchaînées hurlent de tous côtés; le trouble, la peur et la perturbation sont partout.

Les habiles eux-mêmes ont beau faire, ceux qui voudraient ressaisir l'ordre, la vérité, la paix, s'épuisent en vains efforts, et semblent n'étreindre dans leurs bras que des fantômes qui leur échappent; ils marchent, ils viennent, ils vont, ils suent; et puis, quand ils se rencontrent, ils se demandent : Pour nous sauver, avez-vous trouvé quelque chose?

— Non, rien. — Et vous? — Pas davantage, - Que faire? — Marchons, marchons toujours, — Mais où allons-nous ?

Et voilà la marche du monde, le train des affaires et le triomphe de la sagesse humaine !

Pour notre bonheur ici-bas et là-haut, chrétiens, il nous faut une autre sagesse que celle-là ; demandons donc celle que le Saint-Esprit peut seul nous accorder, celle qui commence la liste de ses dons.

2 - Le don d'intelligence ou d'entendement nous fait comprendre, autant qu'un esprit fini en est capable, les vérités révélées;ces vérités éternelles sont autant au-dessus de l'intelligence de l'homme, que le ciel est élevé au-dessus de la profondeur de l'abîme des mers. Aussi, le savant qui a consacré toute une longue vie de patriarche à étudier, jour et nuit, les mystères de notre divine religion à l'aide de la simple raison humaine, en sait moins que le simple chrétien qui a reçu les dons du Saint-Esprit.


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Le don d`entendement


Dieu se révèle bien plus au cœur candide et pur qu'à l'intelligence nourrie et saturée de science. Avec le don d’intelligence descendu du ciel, le pâtre en sait assez pour faire son salut. La profondeur des sacrés mystères n'effraie point sa foi ; et il arrivera aux régions bienheureuses plus facilement que les grands génies du monde, qui, trop souvent, se bouffissent d'orgueil. Simples chrétiens, avec l'entendement que le Seigneur nous départit, nous avons de pieuses, de douces émotions que les habiles de la science ne peuvent éprouver.

Sans doute notre faiblesse, notre infirmité ne peut que s'incliner devant le grand mystère de la sainte Trinité, et adorer un seul Dieu en trois personnes ; le fini ne peut comprendre l'infini. Mais, dans sa profonde adoration, notre intelligence ne répugne point à croire à la puissance qui crée, à l'amour qui rachète, à l'esprit qui éclaire.

Pour l'homme déchu par le péché, la réhabilitation ne découle-t-elle pas du mystère d'un Dieu incarné dans le sein d'une vierge? Depuis dix-huit cents ans, les plus douces, les meilleures consolations accordées au malheur ne proviennent-elles pas de la crèche de Bethléem ? Et quand, après une longue vie souillée de péchés, d'inconstances et de rechutes, le coupable s'est enfin purifié par la pénitence et le repentir, n'est-ce pas vers le Dieu crucifié qu'il élève ses regards et ses prières? et n'est-ce pas du Calvaire que lui viennent l'espérance et la paix? Avec le don d'intelligence, le chrétien ne scrute pas les mystères, mais il en comprend les bienfaits.

3 - Le don de conseil est une lumière surnaturelle qui éclaire notre entendement, et qui nous fait connaître les moyens les plus sûrs pour arriver au ciel, notre vraie et grande patrie. Le don ou l'esprit de conseil, selon saint Bernard, « règle ce que nous devons faire, et nous porte à réfléchir sur ce que nous avons fait. »

Saint Jean Chrysostome définit ainsi le même don : « L'esprit de conseil est pour l'âme ce que l'œil est pour le corps. » C'est à cette lueur d'en haut que nous pouvons marcher d'un pas ferme et assuré dans le sentier de la vertu.

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Le don de Conseil

L'homme ne tarde pas à ressentir le besoin d'être éclairé de Dieu. Pour nous tous arrive le moment difficile et solennel où il nous faut choisir un état de vie. Si alors nous n'avons pas en nous le don de conseil, quels risques ne courons-nous pas de nous égarer et d'avoir, pendant tous les jours qui nous sont accordés sur la terre, à nous repentir d'une vocation manquée !

Ici-bas, dans notre vallée de larmes, bien des chemins se croisent et se contrarient; et le discernement humain n'est pas suffisant pour nous faire prendre celui qui doit nous conduire à notre contentement en cette vie et à notre éternel bonheur dans l'autre. L'homme a deux grands devoirs auxquels se rattachent tous les autres :glorifier Dieu et sauver son âme.

Pour atteindre ce double but, ne suivez pas croyez-en la sainte Écriture, les sentiers fleuris du monde ; ils mènent à trop de bruit et de dissipation ; et l'homme qui veut sérieusement chercher ou donner un bon conseil, doit s'éloigner de tout ce qui pourrait le distraire ou l'étourdir : c'est dans le calme, le recueillement et le silence que viennent les bonnes et salutaires inspirations.

Où trouverons-nous la paix de l'âme aussi bien qu'au pied de la croix? Les passions ne se taisent-elles pas là mieux que partout ailleurs? C'est là qu'il faut aller pour bien entendre l'esprit de bon conseil. Près de l'arbre du salut, on apprend mieux qu'aux écoles des savants à sauver son âme et à diriger celles qui s'adressent à nous pour que nous les mettions sur le chemin du ciel. C'est là, près de la croix, que nous trouverons le refuge contre nos ennemis, la douceur de la grâce, la force de l'âme, la joie de l'esprit, la perfection des vertus, et le plus haut comble de sainteté.

«Il n'y a pas d'autre voie pour aller à la vie et pour acquérir une paix intérieure et véritable que celle de la croix. Allez où vous voudrez, cherchez tant que vous voudrez, vous ne trouverez point de voie ni plus excellente pour vous élever en haut, ni plus sûre pour vous tenir en bas hors du péril de tomber, que celle de la croix de Jésus-Christ. » ( L`Imitation de Jésus chapitre XII)

Il faut ranger au nombre des plus grandes grâces le don de conseil. C'est un flambeau lumineux, c'est un éclatant soleil pour dissiper les brouillards et les nuages qu'élèvent nos passions sur les sentiers que nous avons tous à suivre ici-bas. N'allez point demander au monde comment on échappe à ses dangers. Le monde est un vieil enfant aveugle, qui vous mènerait à votre perte. Quand vous voulez que votre barque ne chavire pas, n'en confiez pas le gouvernail à un pilote ivre; or, le monde est toujours enivré de ses plaisirs, étourdi de ses folles joies, et incapable de bien conseiller.

Si vous voulez être conduit sûrement au port, adressez-vous à celui qui a étudié les écueils pour les éviter. Le bon pilote regarde souvent le ciel, pour que les étoiles le guident; l'homme du monde ne tourne point ses regards de ce côté, il les attache tous à la terre. Se fier à lui c'est vouloir périr!

Souhaitons donc que l'esprit de conseil descende sur chacun de nous, sur chacune de nos familles ; car, sans lui, l'individu se perd, la famille se désorganise, et l'État court à sa ruine.

Depuis trop longtemps l'esprit du siècle s'est mis en flagrante opposition avec l'Esprit de Dieu. Le philosophisme est allé s'asseoir sur les hauteurs de la société, et, depuis son avènement au pouvoir, on dirait que le don de conseil s'est retiré de cette France, jadis si chrétienne, si aimée, si protégée du ciel!

Voyez où elle en est aujourd'hui. Ce n'est plus seulement le désordre politique, c'est une désorganisation morale d'une profondeur inouïe, qui se révèle à tous les degrés de la société humaine d'un bout de l'Europe à l'autre. L'autorité et le respect, ces deux grandes et saintes choses, ces deux liens providentiels de l'harmonie sociale, ne sont plus aujourd'hui que des liens brisés. Qui sait, qui peut aujourd'hui commander? qui sait, qui veut obéir ?

L'autorité digne, l'autorité grande, l'autorité forte, l'autorité bienfaisante, l'autorité qui vient d'en haut, l'autorité qui protège et qui sauve, où est-elle? Et le respect! le respect de soi et des autres; le respect de Dieu ; le respect de son père, de sa mère ; le respect des magistrats et des représentants de la puissance publique ; le respect même des enfants; le respect profond, religieux, immuable, divin; le respect qui élève, qui ennoblit encore plus celui qui le rend que celui qui le reçoit, où est-il ?

Depuis tant d'années que déjà la foi et la charité chrétienne ont cessé d'éclairer, d'échauffer, de fortifier et d'unir les âmes, l'égoïsme, l'individualisme est devenu le fond de la société à laquelle est attachée notre vie... Aussi, toutes les fois que le vent des révolutions se lève sur elle, c'est comme un désert : il ne trouve pas de résistance. Tout est faible, tout est seul, tout est sable, tout est poussière, tout est emporté à l'aventure ; en un jour, en une heure, les vallées sont à la place des montagnes, les montagnes à la place des vallées!

Alors que l'on est témoin de semblables jours, ne peut-on pas, comme saint Augustin, s'écrier : « Quand je jette mes regards d'un bout de la terre à l'autre, je ne découvre pas un homme qui puisse sauver l'empire? »

Maintenant, j'en appelle à tout homme de sens, de loyauté et de foi, à tout homme qui, ayant vécu un demi-siècle, se souvient de ce qu'il a vu dans sa jeunesse et de ce qu'il voit aujourd'hui; je lui demande, je l'adjure de me dire, du fond de sa conscience, la main levée sur le crucifix, s'il n'a pas la conviction intime et formelle que l'état de perturbation, de désordre, de délire, dans lequel nous voyons la France et l'Europe s'agiter et chanceler aujourd'hui, ne provient pas de l'enivrement des doctrines impies?

Toujours d'après la voix de sa conscience, je conjure cet homme de sens et d'honnêteté de répondre à cette dernière question : Si la France était restée la France de saint Louis; si les Commandements de Dieu et de l'Église n'y avaient pas été mis en oubli; si la foi y était restée vive, la croix en honneur, les autels respectés ; si le dimanche était demeuré pour nous ce qu'il avait été pour nos pères, le jour du Seigneur et celui du repos sanctifié, le jour de réunion pour la famille, et à la paroisse et au logis héréditaire ; si la sécheresse de l'égoïsme n'était pas venue remplacer, dans la société et parmi les masses populaires, l'ardente charité et la généreuse et chrétienne doctrine des dévouements et des sacrifices ; enfin, si le parjure, à l'instigation de l'intérêt personnel, n'avait pas surgi tout à coup, comme une plante empoisonnée sur la terre des lis et de la franchise, pour y faire prendre en mépris la sainteté du serment, notre malheureuse patrie en serait-elle où nous la voyons de nos jours?...

Non, pour nous sauver de nos hontes, de nos misères et de nos terreurs de l'avenir, il ne fallait qu'une chose : se souvenir des préceptes du Catéchisme, les suivre et obéir à ses Commandements.

4 - L'esprit de force donne au chrétien un courage surnaturel qui le met à même de confesser sans faiblesse la foi de Jésus-Christ ; c'est cet esprit qui animait les premiers fidèles quand ils refusaient de sacrifier aux faux dieux, et quand, sur les chevalets, les roues et les croix, dans l'huile bouillante et dans les fournaises, ils proclamaient pour vrai Dieu le Dieu crucifié.

C'est ce même don de force qui nous remet des armes trempées dans le ciel et à l'épreuve des traits de Satan Avec la grâce de ce don du Saint-Esprit, nous pouvons lutter contre les ennemis de Dieu et de la foi, et surmonter les tentations du démon ( de l`ange déchu) et les séductions du monde. Depuis bien des siècles, l'enfer a dressé, au milieu de la société, une idole devant laquelle presque tous les hommes, presque tous les peuples s'inclinent en passant. Les grands et les petits, les forts et les faibles encensent ce faux dieu! et l'on a vu, et nous voyons encore, de grands hommes, de puissants monarques, sacrifier à cette divinité des lâches ! . . . AU RESPECT HUMAIN !


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Le Don de Force


Oh! certes, depuis que le péché originel a dégradé notre nature, depuis que le découragement, l'inertie et la lâcheté ont remplacé la force dont le Créateur avait doué notre premier père, les secours d'en haut ont toujours été indispensables à l'humanité; mais, je le dis en toute vérité, si Dieu n'avait pas encore donné à son Église le sacrement de Confirmation, il faudrait qu'il nous le donnât aujourd'hui? Jamais, non, jamais, la fortitude chrétienne n'avait autant manqué au monde.

Les orgueils s'abaissent, les grandeurs se dégradent, les puissances, s'énervent, les renommées pâlissent sous l'influence d’une incompréhensible et misérable honte, et cette honte, on ne l'a ni de ses défauts, ni de ses vices, (ce qui, cependant, serait dans l'ordre) ; mais ce dont on rougit, c'est de marcher sous l'étendard de la croix, c'est de servir Dieu comme il veut être servi.

Toutes les classes de la société se ressentent de l'infernale malice de Satan ( prince des anges déchus); une crainte coupable, une indicible lâcheté s'est glissée dans des cœurs
d'hommes qui se targuent de courage et d'honneur! La peur de déplaire au monde retient dans la servitude des passions un nombre infini d'âmes d'élite dont on devait mieux espérer!

Quelle honte, cependant, que de rougir d'adorer le Dieu de son père et de sa mère, le Dieu de ses ancêtres, le Dieu de son pays, à cause du sourire ou du haussement d'épaules des impies!... Quoi! parce que les incrédules se riraient de notre Foi, de notre espérance au Seigneur, nous affecterions de le méconnaître! de le renier devant des gens que nous n'estimons pas! Le Très-Haut, le souverain Créateur de toutes choses, celui qui nous a permis, qui nous a commandé de l'appeler notre Père, ne serait plus pour nous que notre divinité secrète, tandis que le monde aurait nos hommages et notre culte déclaré ... Le Dieu du ciel et de la terre ne serait plus pour nous qu'un Dieu domestique, et, le confondant avec les idoles renfermées autrefois dans le foyer et dans l'enceinte de chaque famille, nous nous contenterions, comme Rachel, de l'adorer à l'insu de nos frères

Oh! non, ne soyons pas si lâches, ne descendons pas si bas dans l'abjection! On condamne à mort le soldat qui déserte son drapeau, et nous pourrions estimer le chrétien qui rougirait de Jésus-Christ! Ne pas flétrir la lâcheté, c'est presque insulter l'honneur. Nous venons de révéler notre grande misère, nous venons de mettre à nu notre hideuse plaie. Pour la guérir il nous faut recourir au médecin des âmes, car les hommes n'y peuvent plus rien ; ils n'ont en partage que la faiblesse; et pour nous tirer de nos défaillances, c'est la force d'en haut, celle que donne l'Esprit saint, que nous devons demander.

Dans les premiers siècles de l'Église, ce don de fortitude peuplait le ciel de martyrs; l'héroïsme chrétien donnait aux fidèles une noble et sainte ambition, celle de sceller de leur sang leur foi et leur espérance dans le Seigneur Jésus. Aujourd'hui, nous n'avons plus en face de nous les bourreaux, les tortures et les supplices ; les licteurs des empereurs païens ne viennent plus nous arracher de nos foyers domestiques, pour nous traîner aux temples des faux dieux. Hélas ! par une pente riante et fleurie, nous nous y laissons aller de nous-mêmes !


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Nous ne trouvons plus debout des idoles de marbre et de bronze, d'argent et d'or; les dieux de l'Olympe s'en sont allés, leurs statues ont été fondues ou réduites en poussière; mais ce qui ne s'en est point allé, ce qui n'a pas été détruit et réduit en poudre, ce sont nos passions. C'est à elles que nous portons notre encens ; c'est elles que nous adorons dans une élégante et voluptueuse mollesse, sur des coussins et parmi des fleurs ! Ce culte est celui d'une foule immense, et se célèbre au milieu des plaisirs les plus séducteurs, au milieu des concerts les plus harmonieux!

Pour nous tirer de cette adoration de nous-même, qui sera assez puissant?... Ce sera l'Esprit de force qui nous vient du ciel. C'est à l'aide de ses lumières, que nous verrons combien ce culte est abject et honteux! C'est le divin Paraclet qui, de ces molles et flétrissantes délices, nous amènera au culte pur et sévère de la croix!

Cet Esprit de force n'a rien perdu de sa vertu primitive, et nous le recevons, dans le sacrement de Confirmation, tel que les premiers chrétiens l'ont reçu par l'imposition des mains des Apôtres. Ainsi donc, ne disons plus que nous ne pouvons nous dépouiller de nos vices et briser les chaînes de nos passions! Si nous le voulons bien, si nous recevons
clignement les dons du Saint-Esprit, nous serons aussi forts, aussi intrépides, aussi héroïques que les premiers martyrs. Nous avons le même sang, la même chair, le même corps que ceux qui avaient faim et soif de souffrir, de mourir pour Jésus-Christ; ayons la même foi, la même espérance, la même charité, nous aurons le même courage, et, comme eux, nous serons prêts à sacrifier jusqu'à la dernière goutte de notre sang à l'éternel Seigneur.

L'un des martyrs primitifs, qui désira le plus ardemment d'immoler sa vie au Dieu mort pour racheter les hommes, fut un vieillard, un évêque, Ignace d'Antioche pasteur qu'une douceur angélique, une piété expansive, une tendre et inaltérable charité avaient rendu le bien-aimé de son troupeau. Lorsque l`empereur romain Trajan le condamna à aller
servir de spectacle au peuple oisif de Rome, Ignace ne répondit qu'un mot : « Je vous rends grâces, mon Dieu, de ce que vous avez bien voulu m'honorer de ce témoignage de votre amour, en per mettant que je sois lié de chaînes comme Paul, votre apôtre ! »

Promené ainsi par les villes et les bourgades, de puis Antioche jusqu'à Séleucie et à Smyrne, partout le noble captif rencontrait des évêques, des diacres, des fidèles, députés des églises, pour lui donner des secours, s'unir à ses prières, et recevoir ses paternelles bénédictions. Il enseignait encore, le saint prêtre, il affermissait les faibles, consolait les affligés. Vous eussiez dit d'un bienheureux, insensible au mal pour lui-même, et qui reporterait toute sa compassion sur nos souffrances.

Lorsque les chrétiens de Rome le surent près des portes de leur ville, ils coururent à sa rencontre, et l'accueillirent avec cet empressement, cette joie de frères qui souffrent et espèrent ensemble. Il y en avait même beaucoup qui voulaient se répandre parmi le peuple pour chercher à l'attendrir et lui faire demander la grâce du saint vieillard.


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St-Ignace – Évêque d`Antioche (en Turquie actuelle) et martyr à Rome en l`an 108

Dans ces jours, où l'ange de la mort moissonnait, à coups redoublés, les fleurs de la terre pour en orner le ciel, deux femmes, deux autres mères, Symphorose, veuve d'un tribun, et ses sept fils, et Félicité, dame romaine, avec le même nombre d`enfants, moururent en confessant Jésus-Christ, ils avait étonné et lassé leurs bourreaux, par leur inaltérable sérénité au milieu des tortures.

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Symphorose de Tivoli et ses fils martyrisés sous le règne de l'empereur romain Hadrien vers 135 à Tibur (aujourd'hui Tivoli en Italie).

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Sainte Félicité de Rome est une veuve romaine, martyre avec ses sept fils au début du règne de l`empereur romain Marc Aurèle, entre 161 et 166.

Comme les dons du Saint-Esprit ne perdent rien de leur vertu, à mesure que les siècles se succèdent, l'Église et l'histoire ont eu leurs martyrs dans tous les temps.


Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 1:05, édité 5 fois

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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Message par MichelT Mer 25 Juil 2018 - 17:45

5 - Le Don de science.

La science qui vient du Saint- Esprit est celle qui fait les Saints. C'est une lumière surnaturelle qui nous met à même de connaître Dieu, nos devoirs et notre destination. Connaître Dieu, tel qu'il est, face à face dans le ciel, c'est la souveraine, l'éternelle félicité des élus.

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Le Don de Science ( la Science divine)

Le connaître autant qu'il daigne se révéler à nous ici-bas, c'est le plus grand bonheur dont l'homme puisse jouir sur la terre, et le moyen le plus efficace pour devenir un saint. Cette science du salut doit passer bien avant toutes les sciences des savants, et, comparées à elle, les connaissances les plus vastes, les plus élevées du génie de l'homme, ne sont que vanités?

Que le mot de vanité, que j'ai choisi exprès, ne vous fasse pas croire que notre sainte et divine religion prenne en dédain les sciences humaines; bien loin de là, elle les aime, elle les encourage, parce qu'elles tendent à démontrer la grandeur, la puissance et la bonté du souverain Créateur de toutes choses; mais, tout en accordant son puissant appui aux travaux de l'esprit, elle les met à leur place, bien au-dessous de cette science qui nous vient de l'Esprit saint; car l'Évangile nous apprend qu'une seule chose est nécessaire, c'est de sauver son âme.

Cet esprit de science ne se prend pas dans les écoles, il nous vient d'en haut, et nous le recevons dans le sacrement de Confirmation; aussi, cette connaissance du chemin qui conduit au ciel se trouve souvent au fond des campagnes, sous le chaume des cabanes, là où vit et travaille l'homme de la charrue. Oui, bien souvent, dans de pauvres hameaux on rencontre des femmes courbées sous le double poids du travail et des années, et des laboureurs en cheveux blancs, ne sachant guère que leur Pater et leur Ave, qui possèdent cette science. Et qui la leur a enseignée? Eh ! mon Dieu! le catéchisme de l'enfance, le prône de leur curé et la grâce du Saint-Esprit.

J'oubliais que les souffrances et parfois la misère, avaient été pour eux comme des maîtres rudes et sévères, dont les leçons n'avaient pas été vaines. Dans leurs épreuves ils avaient prié, et leurs prières au Dieu des souffrances avaient fait descendre dans leur âme la résignation, et la soumission à la volonté du Seigneur leur avait mérité cette science du salut.

Un exemple qui prouve que les esprits simples et les cœurs purs reçoivent, de préférence à bien d'autres, le don de science, c'est ce qui advint un jour au vénérable évêque de Perpignan, monseigneur Flammenville. Une pauvre jardinière était venue le trouver à la communauté de Saint-Sulpice ; là il s'engagea, entre le saint prêtre et la paysanne, une conversation religieuse, et, dans tout ce que disait la jardinière, il y avait une telle sublimité de pensée, que le prélat, étonné et rempli d'admiration, écrivit mot pour mot la paraphrase que cette bonne et pieuse femme venait de lui faire du Pater.

Elle nous a semblé si admirable, que nous en donnons quelques passages, quoiqu'elle se trouve dans quelques livres de prières :

I. Notre Père qui êtes aux cieux.

« Que je suis heureuse, mon Dieu d'avoir le bonheur de vous avoir pour père, et que j'ai de joie de songer que le ciel doit être un jour ma demeure! Faites-moi la grâce, O mon Dieu, de ne point dégénérer de la qualité de votre enfant; ne permettez pas que je fasse rien qui me prive d'un si grand bonheur. »

II. Que votre nom soit sanctifié !

«Mon Dieu, je ne suis qu'une pauvre femme, et par conséquent hors d'état par moi-même de pouvoir sanctifier voire saint nom ; mais je désire de tout mon cœur qu'il soit sanctifié par toute la terre. »

III. Que voire règne arrive !

« Je désire, ô mon Dieu, que vous régniez, dès à présent, dans mon cœur par votre grâce, afin que je puisse régner éternellement avec vous dans la gloire. »

IV. Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

« Mon Dieu, vous m'avez condamnée à gagner ma vie par le travail de mes mains ; j'accepte, Seigneur, cette heureuse condition, et ne voudrais pas la changer en une autre contre votre adorable volonté. »

V. Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien.

« Mon Dieu, je demande trois sortes de pain : celui de votre divine parole, pour m'apprendre ce que je dois faire; celui de la sainte Eucharistie, qui fortifie mon âme, et celui qui m'est nécessaire pour nourrir et sustenter mon corps, et je vous promets, mon Dieu, après avoir pris ce qui m'est nécessaire, d'assister du reste ceux qui pourront en avoir besoin. »

Nous le demandons, l'inspiration d'en haut ne se montre-t-elle pas toute rayonnante dans cette prière, et un savant docteur en théologie aurait-il pu, mieux que cette villageoise, nous montrer tout ce que contient la divine oraison que nous a laissée Notre-Seigneur Jésus-Christ?

Puisque j'en suis à citer des exemples de foi recueillis, comme des fleurs champêtres, loin de la corruption des villes, je ne serai point assez ingrat pour ne pas reporter mes souvenirs à ces populations catholiques et royalistes que j'ai louées et exaltées dans ma jeunesse. En temps de révolution, ce qui est le plus difficile, ce n'est pas de faire son
devoir, c'est, au milieu de la perturbation générale des esprits, de savoir quel est le devoir.


6 - Don de piété.

« Exercez-vous à la piété, car les exercices corporels servent à peu de chose ; mais la piété est utile à tous ; et c'est à elle que les biens de la vie présente et de la vie future ont été promis »


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Le_don11
Le Don de Piété


Nous lisons aussi, dans l'Ecclésiaste ( Bible): « La piété garde le cœur, le rend juste et lui donne la joie et un doux plaisir. » Le même écrivain inspiré appelle la piété la culture de Dieu, cultura Dei, et ajoute: « Faites toutes vos actions avec douceur, car la douceur est plus aimable que tout ce qu'il y a de plus glorieux parmi les hommes. Les paroles douces multiplient les amis et adoucissent les ennemis.»

«Le Seigneur a tout fait ; il donne la sagesse à ceux qui vivent dans la piété.»

Je pourrais beaucoup prolonger ces citations des Livres saints, qui abondent en éloges de ce précieux don de piété; mais je me prive de ce plaisir, parce que tout homme qui a vieilli dans le monde, livré à ses agitations, à ses soucis, à ses inquiétudes, ne sait que trop combien la société tient peu ce qu'elle promet à ceux qui se livrent corps et âme à ses séductions ; elle leur avait promis joies et plaisirs, elle ne leur donne que déceptions et mécomptes; contre tous ces mécomptes, ces déceptions et ces tromperies, contre ces inquiétudes et ces soucis, il a fallu que la pauvre âme agitée, ballottée, tourmentée par cet incessant flux et reflux d'une mer livrée à tous les vents des passions, il a fallu, dis-je, à cette âme timide, innocente et pure, un point de repos et un lieu de refuge...

Et c'est dans le calme et la quiétude qui se trouvent sous les bras étendus de Jésus- Christ, qu'elle a seulement pu jouir de la paix qu'elle cherchait C'est au pied de la croix que vit et prie, que croit et espère la douce et patiente piété. C'est de ce vrai lieu de refuge que montent, mieux que de partout ailleurs, ses élans, ses aspirations et ses prières. Là, l'âme fervente et chrétienne n'est plus troublée par les grands et vains bruits du monde ; et si, par moments, elle entend encore quelques lointaines rumeurs, ce n'est plus que comme le bruit affaibli des flots, entendu du port où l'on est en sûreté.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 La-Cath%C3%A9drale-de-Chartres


A d'autres qu'à moi de bien redire les ineffables délices et les joies célestes que l'âme pieuse savoure dans ses entretiens intimes avec Dieu. Hélas! Ce n'est point au coupable à peindre les joies pures de l'innocence; ce n'est point à l'élève du monde à décrire le bonheur des Anges; ce n'est point à l'aveugle à vanter l'éclat de la lumière ; ce n'est point au sourd à vouloir répéter les harmonieux concerts du ciel! mais des saints, que leur bon Ange a conduits à la source des eaux vives, et qui ont ainsi été à même d'éprouver le bien qu'elles font à l'âme et le repos qu'elles donnent à l'esprit, ont peint la piété, et c'est dans leurs écrits que je vais prendre les traits qui la feront mieux connaître et aimer.

Elle aime le recueillement et cherche le silence ; et quand elle s'est fait une solitude, elle en jouit, elle s'y repose et parle à Dieu, qui la voit, qui l'entend. Pour être bien écoutée, pour être exaucée, elle parle au nom de Jésus-Christ, et c'est sa parole qui est dans sa bouche. Elle ne se contente pas d'offrir à Dieu une foi stérile, elle y ajoute l'offrande de son cœur contrit et souffrant pour lui. Elle ne veut pas seulement suivre le divin Sauveur, elle ne veut parvenir à la gloire du ciel qu'après avoir traversé et partagé les opprobres et les douleurs du Fils de Marie.

Elle se range partout et toujours parmi les héritiers du Crucifié (St- Cyprien) parce que Jésus, en se laissant crucifier pour l'amour des hommes, n'a rien laissé en ce monde à ses véritables enfants, que la croix, c'est-à-dire souffrance et douleur !

La nuit comme le jour, l'âme pieuse répète à Dieu : Parlez, Seigneur, votre servante écoute. C'est vous qui avez, qui donnez la vie éternelle, parlez. Alors elle entend des paroles pleines de douceur, qui surpassent infiniment la science de tous les philosophes et de tous les sages du monde ; paroles qui pénètrent dans son cœur, comme les gouttes d'une ondée bienfaisante dans la terre que l'été a desséchée. Elle s'écrie avec amour, en s'adressant au Très-Haut : Vous êtes ma gloire et ma joie ! vous êtes mon espérance et mon refuge ! Oh ! qui me donnera des ailes pour m'envoler vers vous!

«La piété rend léger tout ce qu'il y a de pesant, et supporte avec égalité toutes les inégalités de la vie. Elle veut être dégagée de toutes les affections mondaines, pour qu'elles ne la retiennent pas loin des regards du Seigneur; elle sait que ceux qui repoussent les plaisirs de la terre, reçoivent les grâces du Saint-Esprit.» (L`Imitation de Jésus-Christ)


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Vetrata_decorata


La piété ne vit pas seulement de méditations et de prières; elle n'est pas toujours à genoux, car elle mêle les œuvres de charité à ses oraisons : aussi l'on voit ceux qui se sont voués à elle journellement dans les lieux où la souffrance et la misère font entendre leurs gémissements et leurs plaintes. Après Dieu, ce que la piété aime le plus, c'est le prochain ; et elle court au prochain, pauvre et dénué de tout, comme à Jésus-Christ lui-même. Quand elle va ainsi où le malheur l'appelle, elle le fait en secret, car elle se souvient de ces paroles de l'Évangile: « Prenez garde de faire vos bonnes œuvres devant les hommes, pour en être regardés; autrement, vous n'en recevrez point la récompense de votre Père qui est au ciel. » (Évangile selon St-Matthieu)

La piété ne donne pas seulement aux nécessiteux et aux malades qu'elle va visiter les aliments et les remèdes que le besoin et la maladie réclament; elle a, de plus, pour ceux que la misère et la douleur éprouvent, des paroles de foi et d'espérance qui soulagent les plus pauvres et les plus souffrants, et qui aident les moribonds à passer du temps à l'éternité. Elle aime la paix de son oratoire, mais elle n'y peut demeurer quand la souffrance et la misère l'appellent; car elle est sœur de la charité et ne l'oublie pas. Après ses bonnes œuvres, elle se repose, et alors la prière est son meilleur et son plus doux repos. La piété n'est austère que pour elle-même ; pour tout ce qui l'entoure, elle est sereine et pleine de bienveillance ; les plaisirs innocents ne l'effraient pas, elle y sourit et les encourage.

« Mon fils, est-il dit dans le livre des Proverbes, n'oubliez pas ma loi, et que votre cœur garde fidèlement mes préceptes ; car vous y trouverez la longueur des jours et la multiplication des années de votre vie. Que la justice et la miséricorde ne vous abandonnent pas ; que la confiance en Dieu remplisse votre cœur. Craignez le Seigneur et éloignez-vous du mal, et votre chair sera saine, et l'arrosement d'un suc salutaire pénétrera jusque dans vos os. Heureux celui qui a trouvé la piété, car le fruit qu'on en retire est plus excellent et plus précieux que l'or le plus pur et le plus fin !»

La piété est pour l'esprit une source de lumières. L'expérience démontre qu'elle est à l'intelligence ce que la clarté est à l'œil; elle dissipe les brouillards et les nuages. La joie, le calme qui accompagnent l'innocence, laissent à l'esprit toute son activité ; jamais il ne sait mieux s'élever que lorsqu'il est soutenu par le témoignage d'une bonne conscience ; et, s'il est des vues sublimes, des idées vraiment grandes, des sentiments nobles et généreux, c'est surtout à une âme pure, à une âme pieuse qu'il appartient de les concevoir, de les former, et de les mettre en action.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 30149180
Le Don de crainte de Dieu


7 - Esprit de crainte de Dieu Ce don de l'Esprit saint est le commencement de la sagesse. La crainte qu'il nous donne est celle d'offenser le Seigneur ; ce sentiment de respect et d'amour envers Dieu nous fait concevoir qu'il n'y a pas pour nous d'aussi grand malheur que celui d'outrager sa majesté suprême. Cette crainte, que tout chrétien doit demander, ne ressemble en rien à la peur, qui serre le cœur et fait courber la tête devant les puissances de la terre. Les martyrs avaient tous dans l'âme la crainte du Seigneur, et ne tremblaient ni devant les tyrans, ni devant les bourreaux.

Le roi David, dans ses immortels Psaumes , s'écrie: « Seigneur, que vous avez réservé de biens et de douceurs pour ceux qui vous craignent ! Vous les avez préparés pour ceux qui espèrent en vous , à la vue des enfants des hommes.  Vous les cacherez dans le secret de votre présence, contre les tribulations des hommes. Vous les protégerez dans votre tabernacle, contre toutes les langues envenimées. »

Ailleurs, le prophète-roi ajoute : « Craignez le Seigneur, vous tous qui êtes ses saints, car rien ne manque à ceux qui le craignent. »

«La crainte du Seigneur est accompagnée de gloire et de joie.» (Ecclésiastique – Ancien Testament)

«Celui qui craint le Seigneur, sera heureux à la fin de sa vie, et il sera béni au jour de sa mort.»


«La crainte du Seigneur sanctifie la science.»

«La crainte de Dieu est la plénitude de la sagesse qui porte ses fruits avec abondance.»

«La sagesse est en exécration au pécheur.»

«La crainte du Seigneur chasse le péché.»

«Celui qui est sans crainte ne peut devenir juste.»

«Celui qui craint le Seigneur honore son père et sa mère, et sert, comme ses maîtres, ceux qui lui ont donné la vie.»

«Ceux qui craignent le Seigneur, auront soin de lui préparer leurs cœurs et de sanctifier leurs âmes en sa présence.»

«Ceux qui craignent Dieu garderont ses Commandements, et attendront en patience jusqu'à ce qu'il jette les yeux sur eux, en disant : Si nous ne faisons pas pénitence, c'est dans les mains du Seigneur que nous tomberons, et non dans celles des hommes. »

« La sagesse et la science seront les richesses du salut, et la crainte du Seigneur en sera le trésor. » (Isaïe)

Ce don de la crainte de Dieu est si précieux, si indispensable au salut, que j'aurais pu étendre bien davantage mes citations; car l'Écriture sainte offre, en mainte de ses pages, des recommandations et des éloges qui y ont trait. Pour bien traiter les questions religieuses, il vaut mieux recourir aux livres sacrés que de chercher à arranger de grandes phrases et des mots sonores.

Les paroles du monde littéraire ont plus ou moins de mérite; mais elles ne sont pas, comme les versets des Psaumes et des Prophéties, humectées de la rosée céleste, ni imprégnées des grâces d'en haut. Sans doute elles charment souvent l'oreille, mais rarement elles pénètrent dans le cœur.

Alors que le tant beau pays de France était encore un royaume très-chrétien, j'ai visité, avec mon père et mes frères, d'antiques et nobles abbayes, et je me souviens que ce qui y faisait germer le plus de pensées sérieuses dans mon Âme d'enfant, c'était le cloître aux gothiques arcades, formant un immense carré, au milieu duquel s'élevait une croix ; au pied et autour de cette croix s'étendait un parterre aux plates-bandes contournées et encadrées de buis ; là croissaient et s'épanouissaient les fleurs les plus belles et les plus parfumées. Les religieux les cultivaient avec amour, et ne les arrosaient jamais qu'avec l'eau la plus limpide, tiédie au soleil ! Ces fleurs n'étaient jamais cueillies que pour aller parer l'autel et mêler leur senteur au parfum de l'encens.

Les paroles que je viens de prendre dans les saintes Écritures, pour exalter les dons du Saint-Esprit, sont comme ces fleurs du cloître; elles viennent de Dieu, et je les rends à Dieu.

En consacrant quelques pages à chacun des dons du Saint-Esprit, nous avons constaté tous les bienfaits du sacrement de Confirmation; ils sont encore, ils seront toujours ce qu'ils étaient au temps des Apôtres. Toutes les grâces invisibles qui se répandaient alors dans les âmes pures, par l'imposition des mains, y descendent encore aujourd'hui quand l'évêque prie sur nous et nous marque du chrême du salut.

« Quand les temps seront venus, dit le Seigneur, par la bouche du prophète Joël, je répandrai mon esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront ; vos jeunes hommes auront des visions, et vos vieillards auront des songes Je ferai paraître des prodiges dans le ciel et des signes extraordinaires sur la terre. »

Ces paroles du voyant d'Israël se sont réalisées, et les chrétiens de l'Église naissante ont vu et entendu l'esprit du Seigneur répandu sur toute chair...

Alors l'Esprit saint débordait de toutes parts, et le fleuve de la grâce, comme les fleuves de la terre, avait ses grandes eaux, qui montaient et s'étendaient partout.
« Il y avait alors, dans l'Église d'Antioche, dit saint Luc (Actes des Apôtres chapitre 13,1), des prophètes et des docteurs, savoir: Barnabé, et Simon, qu'on appelait le Noir; Lucius le Cyrénéen, Manahen, frère de lait d'Hérode le Tétrarque, et Saul. Or, tandis qu'ils glorifiaient le Seigneur en s'acquittant de leur saint ministère, et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit. « Séparez-moi Saul et Barnabé, pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. »




Veni Creator Spiritus - Viens Esprit Créateur - Chant au St-Esprit



Après avoir cité ce passage des Actes des Apôtres, dom Chardon, auteur de l'Histoire des Sacrements, ajoute : « Nous voyons ici cinq prophètes dans une même ville; encore n'étaient-ils pas les seuls, puis que l'Écriture en parle comme étant seulement du nombre de ceux qui se trouvaient pour lors à Antioche, au moins suivant notre Vulgate, qui porte : in quibus, etc. ; ce qui signifie : parmi lesquels était Barnabé. »

Ce n'était pas seulement à Antioche que l'on voyait des prophètes, il s'en trouvait ordinairement alors dans chaque église particulière. Saint Paul le témoigne assez. Parlant aux prêtres de l'Église d'Éphèse du voyage qu'il avait entrepris de faire à Jérusalem, il leur apprend que son dessein est de se rendre en cette ville, quoique, dans toutes celles où il passait, le Saint-Esprit lui fit connaître (par la bouche des frères qu'il inspirait) que des chaînes et des afflictions lui étaient préparées; c'est ce que l'on voit lui être arrivé à Tyr, où, ayant des disciples, dit l'historien sacré, nous y demeurâmes sept jours, et ils répétaient par l'Esprit, à Paul, qu'il n'allât point à Jérusalem.

L'Apôtre étant passé avec ses compagnons de Tyr à Césarée, y logea chez le diacre Philippe, qui avait quatre filles vierges qui prophétisaient. Là, un autre prophète, nommé Agabus, vint les trouver, et prédit clairement à Paul les mauvais traitements qu'il devait recevoir à Jérusalem.

Ce que nous venons de rapporter des Actes des Apôtres montre, évidemment, combien les dons surnaturels du Saint-Esprit étaient ordinaires dans ces heureux temps, et, pour ainsi dire, populaires, puisque Dieu les répandait si abondamment, non-seulement sur les simples fidèles, mais encore sur les femmes et les jeunes filles.

Aussi saint Paul parle-t-il, dans ses Épîtres, des dons miraculeux, comme de faits très-connus ; il les appelle les dons du Saint-Esprit, et quelquefois simplement le Saint-Esprit.
Dans la première Épître aux Corinthiens, vers l'an 57, vingt-quatre ans après la Passion du divin Sauveur, il leur dit : « Les dons du Saint-Esprit se font connaître au dehors et sont accordés à chacun pour l'utilité de l'Église. L'un reçoit du Saint-Esprit le don de parler de Dieu avec une haute sagesse; un autre, le don de parler aux hommes avec science.»

Le même Esprit fait le don de la foi. Un autre obtient du même Esprit la grâce de guérir les malades ; un autre, le don de prophétie; un autre, le don de discerner les esprits ; un autre, le don de parler di verses langues ; un autre, le don de les interpréter. »


Lors de cette grande et mémorable époque de rédemption, Dieu ne laissait plus la rosée de la grâce tomber goutte à goutte comme celle qui s'échappe des nuées pour féconder la terre; c'était, pour ainsi dire, à grands flots qu'il la répandait sur l'Église naissante.

« Dès le commencement du troisième siècle, ces grâces extérieures et surnaturelles devinrent plus rares, mais elles ne cessèrent pas ; si elles furent moins répandues sur la multitude, elles parurent avec plus d'éclat dans d'éminents et pieux personnages, qui, s'il m'est permis de me servir de cette expression, les honorèrent par la sainteté de leur vie et la gravité de leurs mœurs. »


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 BEwSvANCAAAkNV3
Martyre de St-Perpétue et Félicité à Carthage en 203 Ap J.C. ( Tunisie actuelle) sous l`empire romain

Pour premier exemple, je citerai sainte Perpétue, prophétesse et martyre, dont le sang a rougi le sable d'Afrique, deux cent trois ans après le grand martyre du Calvaire ; Saint Denis d'Alexandrie, qui apprenait l'avenir dans les visions que Dieu lui accordait pour le gouvernement de son Église.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 260px-Dionisii_alek
Denys d`Alexandrie en Égypte (190 à 264 ap J.C.)

Saint Cyprien vivait presque autant avec les anges qu'avec les hommes, et savait les choses futures comme celles du passé. Il fut averti, par un songe prophétique, du temps et du genre de sa mort glorieuse, un an avant qu'elle n'arrivât ; et, dans tout le troupeau de ce bon pasteur, on était si assuré que Dieu lui révélait les choses cachées, qu'on tenait sa mort pour certaine dès le milieu de l'année à la fin de laquelle il fut couronné.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Cyprien-de-Carthage
Saint Cyprien de Carthage ( Tunisie romaine), martyr en l`an 258 dans les persécution de l`empereur Valérien était un berbère converti a la foi chrétienne.

Pendant que les dons du Saint-Esprit débordaient ainsi, il n'y avait pas seulement que les vieillards chargés d'années et de vertus qui fussent initiés aux secrets de l'avenir; saint Grégoire Thaumaturge dit quelque part : « Le Seigneur ne cesse de nous faire sentir, jour et nuit, la rigueur de la censure divine; car, outre les visions qu'il nous envoie pendant les ténèbres, les enfants innocents vivant avec nous sont remplis de l'Esprit saint, et, dans leurs extases, voient, entendent et méditent ce dont il plaît à Dieu de m'instruire. »

Par leur pureté, les enfants sont frères des anges. Le divin Fils de Marie voulait qu'on les laissât venir à lui ; il y a dans l'innocence un parfum qui plaît au ciel comme à la terre, à Dieu comme à l'homme. Le don des miracles diminua à mesure que l'Église s'agrandit et s'affermit, ces grâces extraordinaires n'étant accordées de Dieu que pour parvenir à établir son règne ; ce but une fois atteint, vers la fin du troisième siècle, les dons miraculeux cessèrent d'être communs dans la communauté des fidèles, mais ils n'y ont point été abolis.

Par leur pureté, les enfants sont frères des anges. Le divin Fils de Marie voulait qu'on les laissât venir à lui ; il y a dans l'innocence un parfum qui plaît au ciel comme à la terre, à Dieu comme à l'homme. Le don des miracles diminua à mesure que l'Église s'agrandit et s'affermit, ces grâces extraordinaires n'étant accordées de Dieu que pour parvenir à établir son règne ; ce but une fois atteint, vers la fin du troisième siècle, les dons miraculeux cessèrent d'être communs dans la communauté des fidèles, mais ils n'y ont point été abolis.

Cette grâce surnaturelle, en se retirant des villes et des assemblées nombreuses, gagna et s'étendit dans le silence des déserts. Alors la Thébaïde se peupla d'anachorètes ; la solitude eut ses voix prophétiques et ses prodiges. C'était le temps où l'on voyait les grands, les puissants du monde, quitter leurs somptueuses demeures pour venir consulter un Paul, un Antoine ou un Jérôme, entrevoyant, du milieu de leurs austérités et de leurs macérations, les délices du ciel et souvent les secrets de l'avenir. Amants de la retraite et de la prière, qui conversaient avec les anges, depuis qu'ils s'étaient éloignés du bruit que font les hommes.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 220px-Albrecht_D%C3%BCrer_012
St-Jérôme de Stridon en anachorète au désert en terre sainte ( 347 à 420 ap J.C.)

Le bras de Dieu n'est pas raccourci ; sa puissance est restée la même ; et qui oserait dire, aujourd'hui, que les arsenaux du Seigneur sont épuisés ? Ne voyons-nous pas, chaque jour, passer sa justice? Et ses arrêts de condamnation ne sont-ils pas inscrits en assez gros caractères aux murs des palais, pour que tous puissent les lire et les commenter? Oui, l'époque où nous vivons est grave, et, pour n'y pas trébucher, pour n'y pas faire fausse route, le secours d'en haut nous est indispensable... Amenons donc aux évêques, successeurs des apôtres, nos enfants parés de leur innocence ; plaçons-les sous la main qui bénit et confirme, pour que la rosée divine descende sur leurs jeunes têtes.

Tous les pères, toutes les mères ont partout et toujours un constant, un ardent désir : c'est que leurs fils et leurs filles grandissent et s'élèvent en acquérant des mérites aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu. Eh bien ! tout ce qui rend pur et chaste, tout ce qui dilate le cœur, tout ce qui ennoblit l'âme, tout ce qui donne du charme à l'esprit, tout ce qui nous fait estimer et aimer de ceux avec qui nous sommes appelés à vivre, tout ce qui peut assurer notre bonheur en ce monde et notre éternelle félicité dans l'autre, se trouve dans les sept dons du Saint-Esprit.

Le sacrement de Confirmation, ne pouvant être administré que par un évêque a nécessairement, plus de pompe que le Baptême. Quand un nouveau-né est porté à l'église pour être fait chrétien, c'est une fête pour sa famille, un jour d'allégresse sous le toit paternel ; mais quand un prince du sanctuaire sort de sa ville épiscopale pour aller répandre dans les différentes paroisses de son diocèse les grâces et les dons du Saint-Esprit, cette solennelle tournée est annoncée par un mandement, et la joie s'étend, par avance, sur la route que le prélat a tracée dans son conseil.

Le petit hameau, comme le gros bourg, comme la grande ville, recevra la visite du successeur des apôtres; le ministre de Jésus-Christ, qui, à l'exemple de son divin Maître, parcourt le pays en faisant le bien, n'oubliera pas que les gardeurs de troupeaux ont été appelés avant les rois à l'étable de Bethléem ; et il se plaira à bénir les hommes qui arrosent de leurs sueurs les sillons qu'ils fertilisent. Oui, il se reposera avec complaisance parmi vous, braves et bons paysans, dont l'existence continue celle des patriarches; vous qui, ainsi que ces hommes primitifs, vous levez avant le jour, et glorifiez Dieu avec les premiers rayons du soleil ; vous qui vivez avec la nature, qui voyez à toute heure ses merveilles et étudiez ses secrets ; vous qui aidez, par vos travaux, les différentes saisons à doubler leurs bienfaits ; vous que le bruit des villes n'étourdit pas ; vous que leur corruption ne souille pas ; vous qui vivez directement sous les yeux du Créateur, au milieu des prodiges de la création, vous avez droit à l'amour, à l'intérêt du bon pasteur.

Vous lui amènerez vos enfants et vos petits-enfants, et vous lui demanderez qu'il veuille bien les bénir au nom du divin Fils de Marie; vous lui présenterez aussi vos vieux et vos jeunes serviteurs; car vous voudrez que les bénédictions du ciel descendent sur toute votre maison comme sur vous-même !  Pendant que le pasteur des âmes est chez vous, profitez de sa présence pour qu'il attire sur vous et sur tout ce qui vous entoure le véritable esprit chrétien : esprit de douceur et de justice dans les maîtres, esprit d'obéissance et de fidélité dans les domestiques.

Quand cet esprit est entré dans une famille, il en assure la paix, il en fait le charme et le bonheur; alors l'œil et l'oreille du maître peuvent s'ouvrir. L'oeil ne verra, l'oreille n'entendra que ce qui est dans l'ordre : la soumission, la charité et le respect; car devant le souffle du ministre du Dieu de l'Évangile, les jalousies, les rancunes que la différence des conditions fait trop souvent surgir dans la même demeure, auront disparu, comme les mauvais brouillards et les vapeurs délétères qui se fondent et se dissipent devant un pur et beau rayon de soleil.

Voilà bien des siècles que les évêques s'en vont visitant les contrées confiées à leur vigilance paternelle, et, dans ce que nous voyons aujourd'hui, nous retrouvons toutes les traditions du passé. Aux jours primitifs du Christianisme, les Cyprien, les Cyrille, les Eucher, étaient les meilleurs consolateurs des populations sur lesquelles tombaient les
divines lueurs de l'Évangile. De nos jours, il en est encore de même, et partout où passent nos évêques en tournée épiscopale, ils laissent des consolations, raniment le zèle des pasteurs, et répandent la paix parmi les brebis.

L'évêque, successeur immédiat des apôtres, visitait avec une simplicité antique la contrée soumise à sa paternité spirituelle ; c'était presque toujours un vieillard chargé d'années et de vertus, un athlète éprouvé, et portant sur son corps les traces des tortures qu'il avait endurées en confessant Jésus-Christ. Monté sur un âne, comme le divin Fils de Marie, il arrivait, plein de mansuétude, au milieu de son troupeau ; d'autres fois, c'était à pied, s'appuyant sur un bâton en forme de houlette, que l'homme de Dieu cheminait vers ses ouailles, un manteau blanc recouvrant en partie son habit de pasteur.

Partout où il passait, il était reçu avec les plus grandes marques de respect; grands et petits, riches et pauvres, se prosternaient devant lui, baisaient ses pieds sacrés, chantaient Hosanna, et le saluaient des noms de très-saint et de très-cher à Dieu !

Après plus de quinze siècles, nous retrouvons aujourd'hui, dans l'arrivée et dans la réception d'un évêque, beaucoup de cette antique et belle poésie; l'Hosanna est toujours chanté, et c'est encore à genoux que l'on reçoit l'envoyé du Seigneur. Le bâton en forme de houlette se retrouve dans la crosse d'or, comme l'emblème de leur fonction pastorale et du pèlerinage de l'homme ici-bas.

En lisant la vie de sainte Geneviève, nous voyons deux des premiers évêques de la France naissante, saint Germain d'Auxerre et saint Loup, cheminant ainsi à petites journées, à travers le pays pour aller combattre en Angleterre l'hérésie de Pélage. Partout où il y avait du bien à faire, des misères à secourir, des douleurs à consoler, des  à convertir, des démons à chasser, les deux augustes amis s'arrêtaient et ne se remettaient en route qu'après avoir pacifié, consolé et béni !

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L`Évêque St-Germain d`Auxerre bénit la future sainte-Geneviève lors d`un passage près de Paris vers l`an 426 Ap J.C.


Au moyen âge, plusieurs des princes de l'Église avaient trop pris du faste des princes de la terre ; alors ils n'étaient plus seulement puissants des pouvoirs d'en haut, tout leur appui ne venait plus du ciel; ils en avaient demandé au monde. Aussi, les tournées épiscopales qu'ils faisaient ne pouvaient plus rien offrir de comparable à la simplicité des premiers temps; parfois le prélat qui partait de son palais pour aller bénir et évangéliser, ressemblait, par son escorte, à un prince entrant en campagne pour guerroyer et conquérir; alors, autour de lui plus d'hommes d'armes que de clercs, plus de lances que de cierges!

Dans l'Église de Dieu, les abus ne peuvent pas durer longtemps; sur cette terre bénie, ce qui n'est pas bon ne peut croître et doit mourir. Aussi, de ces abus que je viens de signaler, il ne reste plus rien, et tout est devenu ce qu'il doit être, simple et noble, religieux et touchant. Les grâces du ciel nous sont distribuées par l'Église avec une sainte majesté qu'aucun autre culte ne possède. Aussi, dans la vie d'un catholique, le jour où il a reçu le sacrement de Confirmation a été une grande fête, et il a beau vieillir, il n'oublie pas avec quelle émotion et au milieu de quelles pompes il a senti l'Esprit saint descendre dans son âme, lorsque l'évêque a marqué son front du chrême mystique et sacré. Ce chrême, dont le prélat confirmateur a touché et marqué nos fronts, sert aussi au sacre des pontifes et des rois.

Je sais que certains répètent que l'antiquité d'une erreur ou d'une superstition ne la justifie pas, et que j'aurais beau leur démontrer que l'origine du sacrement de Confirmation remonte au temps des apôtres, ils persisteront à soutenir que c'est grossièrement abuser du bon sens des hommes que de vouloir leur faire croire que l'imposition des mains d'un évêque, une onction d'huile et de baume sur le front et quelques mots prononcés au nom du Père, du Fils et du Saint- Esprit, puissent jamais donner à une créature humaine des qualités, des vertus et une force que la nature et l'éducation ne lui avaient pas données.

Ces fiers athlètes ne veulent pas croire à nos sacrements, parce qu'ils ne les comprennent pas... Tout ce qui est incompréhensible, ils le rejettent bien Loin. Mais, esprit sceptique, veuillez un instant descendre des hauteurs où plane votre génie, et répondez-nous : Êtes-vous bien certain que l'incompréhensible vous a toujours été inutile? Vous êtes un esprit, une âme, un corps ; voyons ce que l'incompréhensible a fait pour votre corps, votre âme et votre esprit. Jetons un regard sur l'antiquité : nous y voyons en présence deux religions, le Polythéisme et le Christianisme; étudions leurs esprits différents.

Le Paganisme n'a rien en lui que l'homme ne puisse comprendre, ses doctrines sont toutes naturelles et en harmonie avec les passions. Pour le Christianisme, c'est tout autre chose : ce qui fait son esprit, ce sont les mystères - la Trinité - Incarnation, la Rédemption. Le Dieu du ciel et de la terre, le Créateur des mondes mourant sur une croix, comme un scélérat sur un gibet ! ! voilà l'incompréhensible d'où est sortie la religion chrétienne.

Les plus mauvais penchants de l'homme, qui concordaient si bien avec le culte des dieux de l'Olympe, s'arrangeront ils jamais, par instinct de nature, avec le culte du divin supplicié? Non, sans doute; car la vie chrétienne se compose de mortification, de pénitence et de sacrifices faits au pied de la croix.

Les divinités païennes étaient toutes couronnées de roses, et c'est une couronne d'épines qui ceint le front de notre Dieu.

Pour pulvériser, pour vaincre cette religion de riantes et voluptueuses fictions, un siècle de catacombes a suffi; les cendres des idoles se sont mêlées à celles de nos martyrs. Oui, un gibet planté au sein des générations a renversé et le Parthénon et le Capitole !  Voilà de l`incompréhensible, et c'est lui qui règne et qui régnera jusqu'à la fin des temps. Le Christianisme est né de lui et vit de lui, et le Christianisme a la parole depuis plus de dix-neuf siècles ; depuis la venue de son divin auteur, il a été constamment écouté du genre humain : donc sa parole est raisonnable. Croyons-y, et pour notre bonheur et pour la gloire de Dieu.


Dernière édition par MichelT le Jeu 6 Sep 2018 - 18:43, édité 3 fois

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Empty Re: TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL. Vicomte Walsh – 1852

Message par MichelT Jeu 2 Aoû 2018 - 19:57

L'EUCHARISTIE.


Cependant le jour des Azymes arriva, jour auquel il fallait immoler la Pâque. Jésus envoya donc Pierre et Jean, en leur disant : Allez nous préparer ce qu'il faut pour manger la Pâque.» Ils lui dirent : Où voulez-vous que nous le préparions ! « Il leur répondit : Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau ; suivez-le dans la maison où il entrera.» Et vous direz au maître de cette maison : Le Maître vous envoie dire : Où est le lieu où je dois manger la Pâque avec mes disciples ? (Évangile selon St-Luc 22,7)


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Et il vous montrera une grande chambre tapissée. Préparez-y ce qu'il faut. S'en étant donc allés, ils trouvèrent tout comme il leur avait été dit, et ils préparèrent ce qu'il fallait pour la Pâque.» Quand l'heure fut venue, il se mit à table, et les douze Apôtres avec lui.


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Et il leur dit : J'ai souhaité avec ardeur de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car je vous déclare que je ne la mangerai plus désormais, jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le royaume de Dieu. Et, après avoir pris la coupe, il rendit grâces, et leur dit : Prenez-la et distribuez-la entre vous. Car je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que le règne de Dieu soit arrivé.

Puis il prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit, et il le leur donna, en disant : Ceci est MON CORPS, QUI EST DONNÉ POUR VOUS ; FAITES CECI EN MÉMOIRE DE MOI.

Il prit de même la coupe après le souper, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance EN MON SANG QUI SERA RÉPANDU POUR VOUS.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Readings


Quand nous avons quelque grand événement à annoncer, nous avons recours à la pompe du style ; les voies de Dieu sont toutes différentes. Ainsi, voici le divin Rédempteur qui va s'immoler ; dans sa toute-puissance, il va opérer la plus grande des merveilles, afin de demeurer au milieu des hommes que son sang aura rachetés... Et voyez avec quelle simplicité sublime il nous prépare à l'institution du plus saint, du plus consolant, du plus adorable des sacrements !


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En vérité, en vérité, il n'y a que le Saint-Esprit qui puisse dicter des paroles si simples, pour raconter à la terre le prodige d'amour qui fait l'admiration du ciel ! Autant que nous le pourrons, nous ne puiserons donc que dans les livres sacrés ce que nous écrirons sur la divine Eucharistie. Ainsi, après avoir cité le passage où l'évangéliste saint Luc rend compte de la dernière Pâque que le Fils de Dieu a célébrée avec ses Apôtres, copions quelques versets du discours tout divin qui a suivi la Cène ; l'amour qui s'y révèle, qui y éclate à chaque ligne, explique mieux que tous les discours l'origine et l'institution du sacrement de nos autels.

Mes petits enfants, dit Jésus, je n'ai plus que peu de temps à être avec vous. Vous me chercherez, et, comme j'ai dit aux Juifs qu'ils ne pouvaient venir où je vais, je vous le dis aussi à vous présentement. Je vous fais un commandement nouveau, qui est que vous vous aimiez les uns les autres, et que vous vous entr'aimiez comme je vous ai aimés. C'est à cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.

«Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père; s'il en était autrement je vous l'aurais dit, car je vais vous y préparer une place. Et après que je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé des places, je reviendrai et vous retirerai à moi, afin que là où je serai vous y soyez aussi. Vous savez bien où je vais, et vous en savez la voie.»

Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où vous allez, dès lors comment pouvons-nous en connaître la voie?

Jésus lui dit : Je suis la voie, la vérité et la vie; personne ne vient au Père que par moi.

Philippe lui dit : Seigneur, montrez-nous votre Père, et cela nous suffit.

Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous et vous ne me connaissez pas encore? Philippe, celui qui me voit aussi mon Père; comment donc dites-vous : Montrez - nous votre Père? Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi? Ce que je vous dis, je ne vous le dis pas de moi-même; mais mon Père, qui demeure en moi, fait lui-même les œuvres que je fais.

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui-même les œuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que, je m'en vais à mon Père; Et tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure toujours en vous : L'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît point; mais, pour vous, vous le connaîtrez, parce qu'il demeurera avec vous et sera en vous.

Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais, pour vous, vous me verrez, parce que je vivrai et que vous vivrez aussi. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point et qu'il ne soit pas saisi de frayeur. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous me demanderez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j'ai moi-même gardé les commandements de mon Père et comme je demeure dans son amour.

Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit pleine et parfaite. Le commandement que je vous donne est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites tout ce que je vous commande. Je ne vous donnerai plus le nom de serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait savoir tout ce que j'ai appris de mon Père. »  ( Évangile selon St-Jean chap 13 et 14)

Lorsque l'on a, pour ainsi dire, prosterné son esprit et son cœur devant les pages où sont écrites les paroles de Jésus prêt à se livrer aux complices de Judas, on a peine à sortir de l'émotion sainte qu'ont fait naître ces touchants, ces sublimes adieux ! On en prolonge les citations pour ne pas avoir à revenir sitôt aux paroles dont se sert le monde; l'atmosphère dans laquelle on a respiré quelques instants était si pure, si suave, si imprégnée de grâce, que l'on ne redescend qu'à regret de ces hauteurs célestes aux choses d'ici-bas. Quand on y retombe, oh ! que le langage des hommes paraît pauvre et misérable auprès de celui de Dieu!

Voici quelque chose de grand qui s'apprête, et quelque chose de plus grand que la Pâque ordinaire, puisque le Seigneur envoie les deux plus considérables de ses apôtres : saint Pierre, qu'il avait mis à leur tête, et saint Jean, qu'il honorait de son amitié particulière.

«Les évangélistes ne marquent point que ce fût son ordinaire d'en user ainsi aux autres Pâques, ni aussi qu'il eût accoutumé de choisir un lieu où il y eût une grande salle tapissée. Aussi, les saints Pères ont-ils remarqué que cet appareil regardait l'institution de l'Eucharistie.  Jésus-Christ voulait nous faire voir avec quel soin il fallait que fussent décorés les lieux consacrés à la célébration de ce mystère. Il n'y a que dans cette circonstance où il semble n'avoir pas voulu paraître pauvre.» (Méditations sur l'Évangile, par Bossuet.)

Les chrétiens ont compris, par cet exemple, tout l'appareil qu'on voit paraître dans les premiers temps pour célébrer avec honneur l'Eucharistie, selon les facultés des églises. Mais ce qu'ils doivent apprendre principalement, c'est à se préparer eux-mêmes à la bien recevoir, c'est-à-dire à lui préparer, comme une grande salle, un cœur dilaté par l'amour de Dieu
, et capable des plus grandes choses, avec tous les ornements de la grâce et des vertus qui sont représentées par cette tapisserie dont la salle était parée.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Sainte-messe


Préparons tout à Jésus qui vient à nous; que tout soit digne de le recevoir. Le signe que donne Jésus dans ce porteur d'eau devait faire entendre à ses disciples que les actions les plus vulgaires sont dirigées spécialement par la divine Providence. Qu'y avait-il de plus ordinaire, et qui parût davantage se faire au hasard, que la rencontre d'un homme qui venait de puiser de l'eau à quelque fontaine hors de la ville? et qu'y avait-il qui parût dépendre davantage de la propre volonté, pour ne pas dire du pure caprice de cet homme, que de porter sa cruche d'eau dans cette maison au moment précis que les deux disciples devaient entrer dans la ville?

Et, néanmoins, cela était dirigé secrètement par la sagesse de Dieu ; les autres actions semblables le sont aussi à leur manière, et pour d'autres fins que Dieu conduit. De sorte que, s'il arrive souvent des événements remarquables par ces rencontres qu'on appelle fortuites, il faut croire que c'est Dieu qui ordonne tout, jusqu'à nos moindres mouvements, sans pourtant intéresser notre liberté, mais en dirigeant toute chose de manière à atteindre à ses fins cachées. Cependant il faut que je poursuive mon œuvre, et que ma main, malgré son indignité, essaie de retracer tous les bienfaits, tous les prodiges, tous les secours, toutes les consolations qui découlent du très saint, très-auguste, très-adorable sacrement de la divine Eucharistie.

L'Eucharistie, c'est l'abrégé de toute la religion chrétienne. Dans tous les siècles, les fidèles de tous les pays ont eu la plus haute, la plus profonde vénération pour ce prodige de charité. Toutes les ruses, toutes les haines de l'enfer se sont levées, se sont liguées contre le sacrement de nos tabernacles; les incrédules, les biblistes modernes et les rationalistes s'acharnent encore de nos jours contre lui, et, dans leur satanique cruauté, s'efforcent de nous arracher la sublime consolation qu'il nous apporte dans le pèlerinage de cette vie. En attaquant sans relâche les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption, ils cherchent en même temps à détruire l'Eucharistie, qui en est comme la continuation et l'extension... Vains efforts! Dieu veille sur son Église, et, dans son infinie bonté, il laissera jusqu'à la consommation des temps son divin fils au milieu des hommes pour les consoler, les secourir et les sanctifier.

Le mot Eucharistie vient du grec, et signifie bonne grâce ou action de grâces.

La vraie nature de l'Eucharistie consiste, comme l'enseigne le Catéchisme romain, dans le corps et le sang de Jésus-Christ sous les espèces du pain et du vin, pour être la nourriture céleste de nos âmes.

L'Eucharistie diffère, en effet, des autres sacrements :

1° en ce que les autres sacrements reçoivent leur raison d'être dans l'usage, tandis que l'Eucharistie la reçoit dans la consécration de la matière; c'est pourquoi elle dure tant que durent les espèces du pain et du vin;

2° Parce que, dans tous les autres sacrements, la substance de la matière n'éprouve aucun changement, tandis qu'elle en éprouve dans l'Eucharistie ;

3° Enfin, parce qu'elle a pour caractère particulier de n'être pas seulement un sacrement, mais encore un sacrifice : or, comme sacrement, elle tend, en premier lieu, à la sanctification de l'homme, et, comme sacrifice, à la gloire de Dieu, étant offerte pour reconnaître son domaine souverain sur toutes les choses créées : c'est la première des quatre grandes fins pour lesquelles elle a été instituée.



Pange lingua gloriosi sur l`Eucharistie- Écrit par St-Thomas d`Aquin en Italie au 13 eme siecle


Traduction du Pange Lingua Gloriosi ( Chante O ma langue - le mystère de ce corps très glorieux)

Chante, ô ma langue, le mystère
De ce corps très glorieux
Et de ce sang si précieux
Que le Roi de nations
Issu d’une noble lignée
Versa pour le prix de ce monde
Fils d’une mère toujours vierge
Né pour nous, à nous donné,
Et dans ce monde ayant vécu,
Verbe en semence semé,
Il conclut son temps d’ici-bas
Par une action incomparable :

La nuit de la dernière Cène,
A table avec ses amis,
Ayant pleinement observé
La Pâque selon la loi,
De ses propres mains il s’offrit
En nourriture aux douze Apôtres.

Le Verbe fait chair, par son verbe,
Fait de sa chair le vrai pain;
Le sang du Christ devient boisson;
Nos sens étant limités,
C’est la foi seule qui suffit
pour affermir les coeurs sincères.

Il est si grand, ce sacrement !
Adorons-le, prosternés.
Que s’effacent les anciens rites
Devant le culte nouveau !
Que la foi vienne suppléer
Aux faiblesses de nos sens !

Au Père et au Fils qu’il engendre
Louange et joie débordante,
Salut, honneur, toute-puissance
Et toujours bénédiction !
A l’Esprit qui des deux procède
soit rendue même louange. Amen.


Revenons au moment solennel de l'institution de cet adorable sacrement, et méditons quelques instants sur cette dernière Pâque célébrée par le Fils de Dieu avec ses apôtres. Pour cette célébration, Jésus déroge à l'humble simplicité de ses habitudes; il ordonne à deux de ses disciples d'aller d'avance préparer la salle du banquet de l'agneau; et quand il a pris place à table, au milieu des douze, dans chacune de ses paroles il épanche la tendresse et la mansuétude de son âme.


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Le Dernier repas et l`institution de la Sainte Eucharistie

Tout Dieu qu'il est, il ressent, en le divinisant, ce sentiment de tristesse qui nous vient à tous quand nous sommes sur le point de nous éloigner de ce que nous aimions; dans
cette nuit, qui sera la dernière qu'il passera sur la terre, en conversant avec ses apôtres, il répète plusieurs fois : « Mes enfants, je n'ai plus que peu de temps à être avec vous... Après que je m'en serai allé et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai et vous retirerai à moi, afin que là où je serai vous y soyez aussi. Je ne vous laisserai point orphelins, je viendrai à vous »

« Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m'en vais à mon Père. »

Dans ces versets que je transcris avec respect, ne voyez-vous pas à chaque mot un amour tout divin pour les hommes (j'allais presque dire l'amitié la plus tendre), afin de consoler ses disciples, qui vont être comme orphelins quand il sera remonté au ciel?

N'admirez vous pas combien souvent il leur redit ce mot consolateur : Je reviendrai à vous? Avec sa prescience de Dieu, il a vu la trahison et le suicide de Judas Iscariote; avec cette même connaissance de l'avenir, il voit que ces hommes simples et purs qu'il a enlevés à leurs barques, à leurs filets, à leurs travaux journaliers, vont bientôt être transformés en courageux athlètes, en éloquents missionnaires de la Loi nouvelle, et qu'ils auront à souffrir, à mourir pour confesser et proclamer son nom.

A cette pensée, le Dieu fait homme s'émeut en lui-même; il se promet de déverser sur eux la force, les consolations et les célestes espérances. Ces célestes espérances, ces saintes consolations ne seront pas seulement assurées aux hommes privilégiés qui ont vécu avec le Rédempteur, à ses apôtres, à ses disciples bien-aimés : non, non, la munificence divine en ouvre la source à tous les fils d'Adam, à toutes les filles d’Ève; source intarissable, où tout ce qui souffre, tout ce qui porte péniblement le poids du jour pourra venir se désaltérer et se fortifier!

Au moment de quitter notre vallée de larmes et d'aller s'asseoir à la droite de son Père, dans toute sa puissance et sa majesté, le fils de Marie, qui avait vécu de notre vie d'ici-bas, nous a tous pris dans une grande pitié; on dirait qu'alors il a eu peur qu'en s'élevant si haut au-dessus de nous, toutes nos plaintes, tous nos gémissements ne montassent
pas jusqu'à lui, et que quelque soupir, quelques pleurs de l'infortune et do la misère fussent perdus!

Dans cette préoccupation de bonté et d'amour, il s'est dit : J'irai auprès de mon Père, qui me rappelle à lui; j'irai recevoir les hommages des Anges et des Archanges, des Puissances et des Dominations; mais en même temps je me ferai une demeure parmi les hommes, et j'y resterai jusqu'à la fin des temps; moi, Roi de gloire, j'habiterai les humbles tabernacles qu'ils m'élèveront, et là mon oreille sera plus près d'eux pour les mieux entendre, ma main plus proche pour mieux essuyer leurs larmes!

C'est de cette pensée divine qu'est née l'institution de l'adorable Eucharistie : sacrement devenu le grand lien de la société chrétienne par la charité ; flambeau du monde par toutes les lumières divines de Jésus-Christ, réellement présent sur nos autels, et point de ralliement comme sacrifice. L'Eucharistie réunit tous les chrétiens en une grande famille, et invite tous les enfants d'Adam à un même banquet!

Pour que la société humaine puisse exister, il faut qu'elle communique avec le souverain Maître de toutes choses. Cette communication était établie aux premiers jours entre le Créateur et la créature; (Chateaubriand, Génie du, Christianisme, 1. 1.) mais cette alliance fut rompue par la désobéissance.


L'Être éternel ne pouvait plus communiquer avec la mort, la spiritualité avec la matière ; or, entre deux choses de propriétés différentes, il ne peut y avoir du contact que par un milieu.

Le premier effort que l'amour divin fit pour se rapprocher de nous fut l'établissement des sacrifices : figures qui annonçaient au monde l'avènement du Messie. Le Sauveur, en nous rétablissant dans nos fins, a dû nous rétablir dans nos privilèges, et le plus beau de ces privilèges était, sans doute, de communiquer avec le Créateur. Mais cette communication ne pouvait plus avoir lieu immédiatement, comme dans le paradis terrestre : premièrement, parce que notre origine est demeurée souillée; en second lieu, parce que notre corps, maintenant sujet au tombeau, est resté trop faible pour communiquer directement avec Dieu.

Il fallait donc un moyen médiat, et c'est le Fils qui l'a fourni. Il s'est donné à l'homme dans l'Eucharistie ; il est devenu la route sublime par laquelle nous nous réunissons de nouveau à Celui dont notre âme est émanée.


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Mais si le Fils fût resté dans son essence primitive, il est évident que la même séparation eût existé ici-bas entre Dieu et l'homme, puisqu'il ne peut y avoir d'union entre la pureté et le crime, entre une réalité éternelle et le songe de notre vie...

Or, le Verbe, en entrant dans le sein d'une femme, a daigné se faire semblable à nous : d'un côté, il touche à son Père par sa spiritualité ; de l'autre, il s'unit à la chair par son effigie humaine. Il devient donc le rapprochement cherché entre l'enfant coupable et le Père miséricordieux. En se cachant sous l'emblème du pain, il est pour l'œil du corps un objet sensible, tandis qu'il reste un objet intellectuel pour l'œil de l'âme.

S'il a choisi le pain pour se voiler, c'est que le froment est un emblème pur de la nourriture divine. L'éclat de sa divinité ainsi caché, l'homme peut approcher du Fils de l'Éternel Seigneur sans mourir.

« Ce Dieu fait homme ce Verbe incarné, qu'est-il venu faire en ce monde? Avec quel appareil nous est-il venu enseigner? Comme autrefois l'Éternel, s'est-il caché dans une nuée? A-t-il fait retentir ses foudres au milieu des éclairs? Sa voix a-t-elle tonné du haut d'une montagne toute fumante de sa majesté? A-t-il dit d'une voix terrible : Retirez-vous..., que mon serviteur Moïse approche tout seul, et les hommes et les animaux 2 qui aborderont près de la montagne mourront de mort? »
(Exode 19, 12 et 13.) et (Bossuet)

La loi mosaïque a été donnée avec ce redoutable appareil. Sous l'Évangile, Dieu change de langage: y a-t-il rien eu de plus accessible que Jésus-Christ? rien de plus affable, rien de plus doux? Il n'éloigne personne d'auprès de lui. Bien plus, non-seulement il y souffre, mais encore il y appelle les plus grands pécheurs, et lui-même il va au-devant : « Venez à moi, dit-il, et ne craignez pas; venez, venez à moi, oppressés, je vous aiderai à porter vos fardeaux; ( Matthieu 11,29) venez, malades, je vous guérirai; venez, affamés, je vous nourrirai; pécheurs, publicains, approchez; je suis votre libérateur. »

Il les souffre, il les invite. Que veut dire ce changement, chrétiens? D'où vient cette aimable condescendance d'un Dieu qui se familiarise avec nous? Qui ne voit qu'il veut éloigner la crainte servile, et qu'à quelque prix que ce soit, il est résolu de se faire aimer, même, si j'ose parler de la sorte, aux dépens de sa propre grandeur? Dites-moi, était-ce pour se faire craindre qu'il a voulu être pendu à la croix? N'est-ce pas plutôt pour nous tendre les bras et pour nous ouvrir autant de sources d'amour qu'il a de plaies ?

Pourquoi se donne-t-il à nous dans l'Eucharistie? N'est-ce pas- pour nous témoigner un amour extrême qu'il s'unit à nous de la sorte?
Ne diriez-vous pas, chrétiens, que, ne pouvant souffrir nos froideurs, nos indifférences, nos déloyautés, lui-même il veut sur nos cœurs des charbons ardents? Comment donc excuserons-nous notre négligence?  Mais où se cachera notre ingratitude? Après cela, n'est-il pas juste de s'écrier avec le grand apôtre saint Paul : « Si quelqu'un n'aime pas Notre-Seigneur Jésus- Christ, qu'il soit anathème » ( 1 Corinthiens 16,22)

Sentence aussi juste que formidable. Oui, certes, il doit être anathème, celui qui n'aime pas Jésus-Christ...

«Quand vous aimez quelqu'un sur la terre rompez-vous tous les jours avec lui pour des sujets de peu d'importance? Foulez-vous aux pieds ce qu'il vous donne? Manquez-vous aux paroles que vous lui donnez? Il n'y a aucun homme vivant que vous vous voulussiez traiter de la sorte : c'est ainsi pourtant que vous en usez souvent avec Jésus- Christ. Il a lié amitié avec vous, tous les jours vous y renoncez; il vous a donné son corps, vous le profané ; vous lui avez engagé votre foi, vous la violée; s'il vous prie pour vos ennemis, vous lui refusé ; il vous recommande ses pauvres, vous les méprisés; il n'y a aucune partie de son corps que vos blasphèmes ne déshonorent. » ( Sermons de Bossuet)

Notre âme est faite pour Dieu, il faut qu'elle prenne sa force en celui qui est l'auteur de son être; si elle va chercher sa nourriture ailleurs, comme l'enfant prodigue éloigné de chez son père, porter elle ne trouve plus rien pour la rassasier. Oh ! par le monde, que d'êtres languissants, découragés, qui ne peuvent plus avancer dans les voies du bien!

Prêts à défaillir, par qui seront-ils secourus, si ce n'est par le Dieu de nos tabernacles? Il est toujours là pour venir en aide à nos infirmités, toujours prêt à présenter ses épaules à la pauvre brebis égarée, défaillante, « parce qu'errant de ça de là, elle s'est extrêmement fatiguée. » ( Tertullien). Il l'a cherche quand il l'invite ; il l'invite par ses saintes inspirations ; il la trouve quand il la change par la vertu de sa grâce; il la porte sur ses épaules quand il lui donne la persévérance. Plus nous avançons dans la vie, et plus nous voyons que c'est avec grande raison que la sainte Écriture a nommé la terre, que le Seigneur nous a donnée pour accomplir notre pèlerinage, « une vallée de LARMES, » où tout trompe et trahit le cœur, tout, jusqu'à l'espérance même dont on s'est longtemps nourri.

Dès que, par la désobéissance du premier homme, le péché fut entré dans le monde, tous les maux qui nous assiègent , les inquiétudes qui nous agitent, les déceptions qui nous découragent, les trahisons qui nous affligent, les douleurs qui nous torturent, y firent irruption avec lui. A la vue de tant de traverses, d'afflictions, de dangers et d'écueils devenus le partage de ses créatures, Dieu s'émut encore dans sa bonté, et donna tout de suite des anges gardiens aux malheureux exilés du Paradis terrestre.

Hélas ! les anges ne furent point assez puissants; malgré leur vigilance, malgré leurs bonnes inspirations, ils ne peuvent empêcher les fils d'Adam de s'égarer, de se perdre de plus en plus dans leurs voies!

La désolation et l'abomination montaient, montaient toujours comme les grandes eaux de la mer Pour sauver le monde de ce déluge d'impiété, le Fils bien-aimé du Très-Haut se fit homme et mourut sur une croix pour racheter les coupables, et leur rouvrir la porte du ciel que le péché leur avait fermée. Après de pareils prodiges, la bonté et la miséricorde de Dieu sont-elles épuisées ? Oh! non, gardez-vous de le croire. Le sang de Jésus- Christ a coulé jusqu'à la dernière goutte sur le Calvaire ; l'auteur de la vie est resté trois jours couché dans la nuit du sépulcre ; le troisième, il est ressuscité...

Quarante jours après, le vainqueur de la mort, le Roi de gloire est monté au ciel, il est assis à la droite de son Père... Les hommes vont donc être abandonnés à eux-mêmes? Le Sauveur ne vivra plus au milieu d'eux?... Oh! Rassurez-vous;... rappelez- vous la dernière Pâque que Jésus-Christ a célébrée avec ses apôtres, le sacrement qu'il a institué alors; les paroles qu'il a prononcées en bénissant le pain et le vin l'ont fait demeurer depuis cette grande nuit de rédemption , et le feront demeurer parmi les hommes jusqu'à la consommation des temps.



TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Ostia


Oui, depuis plus de dix- neuf siècles, Jésus-Christ, malgré sa glorieuse ascension, habite parmi les fils des hommes, et ce n'est pas seulement en esprit, c'est au milieu de nous; son corps adorable y est aussi bien que son essence divine. Les anges et les justes jouissent de sa présence dans le ciel, ils voient rayonner sa gloire ; nous, nous le possédons ici-bas, et nous voyons son amour pour nous sous le pain et le vin de la trois fois sainte Eucharistie.

Là-haut, il récompense ; ici-bas, il console. Dieu, qui a créé le cœur de l'homme, en connaît toutes les faiblesses; il sait que l'absence ralentit les liaisons les plus vives ( Massillon sur la Communion). A la dernière Pâque, Jésus-Christ prévoyait bien que, lorsqu'il serait remonté au ciel, ses disciples, insensiblement oublieraient ses bienfaits et ses divines instructions. Hélas !

Moïse ne reste que quarante jours sur la montagne, et déjà les Israélites ne se souviennent plus des prodiges qu'il avait opérés pour les délivrer du joug des Égyptiens! Qu'est devenu ce Moïse? disaient-ils. Faisons-nous des dieux, qui nous précèdent et nous défendent contre nos ennemis. Jésus-Christ, pour parer à ces inconstances du cœur humain, voulut, en montant à la céleste Sion, nous laisser un gage de sa présence; c'est là qu'il veut que nous venions nous consoler de son absence sensible; c'est là que nous devons trouver l'abrégé de toutes ses merveilles et l'accomplissement du grand sacrifice du Calvaire.

Si jamais sujet sacré, si jamais chose divine a excité l'admiration, l'enthousiasme, les louanges et l'adoration des saints, c'est, certes, le sacrement de nos autels, dans lequel Notre-Seigneur se fait la nourriture de notre âme, et s'unit si étroitement à nous, qu'il a dit lui-même, en parlant de cette union : «Comme je vis de mon Père, celui qui me mange vivra de moi.» (Le Père Jean-Baptiste Saint-Jure.)

Saint Cyrille, pour donner une idée de cette union, se sert de la comparaison de deux cires qui, fondues et mêlées ensemble, s'unissent et se perdent tellement l'une dans l'autre, que de deux il ne s'en fait qu'une *. Il ajoute : « Le Fils de Dieu s'unit à nous corporellement, en tant qu'il est homme, par le moyen de l'Eucharistie; et spirituellement, en tant qu'il est Dieu, par l'énergie et la grâce de son esprit, ramenant le nôtre à une nouvelle vie, et le rendant participant de la nature divine. »

En matière si haute et si sacrée, ce n'est qu'avec crainte que je me sers des pensées et des paroles qui me viennent, à moi, homme du monde; et pour qu'il n'y ait pas un si grand désaccord entre la main qui écrit et le sujet divin que je traite, l'emprunte, autant que je le puis, à des saints les pages que, sur mes vieux jours, je dédie à Dieu et à la sainte Église.

Voici comme saint Cyrille, évêque de Jérusalem ( 313 à 386 ap J.C.), parle de notre union avec Jésus-Christ dans l'Eucharistie : « Le nœud de notre union avec Dieu le Père est son divin Fils, uni à nous comme homme, et à Dieu, son Père, comme Dieu; car, monter à l'immortalité n'est pas plus possible à la nature corruptible de l'homme, qu'à une nature immortelle de descendre à elle, et par la participation de soi-même de ne nous réformer et de ne nous élever de notre mortalité à sa perfection.  Nous sommes donc réduits et consommés à l'union de Dieu le Père, par l'entremise de notre Sauveur ; car prenant, comme nous venons de le dire, corporellement et substantiellement le Fils, qui est uni avec le Père par nature, nous sommes rendus glorieux et faits participants de la divinité ! »

Voici les paroles, ou plutôt les oracles de saint Cyrille, dignes d'être gravées sur tous les marbres avec les rayons du soleil.   Et voilà, non cette fameuse chaîne d'or d'Homère, tant chantée par les anciens auteurs profanes, avec laquelle leur fabuleux Jupiter se vantait de pouvoir attirer la terre au ciel, et les hommes à soi; mais cette sacrée et précieuse chaîne divine, qui va infiniment au-delà de toute estime et de toute valeur, avec laquelle Dieu le Père attire et conjoint substantiellement, dès cette vie, les corps et la nature des hommes mortels et terrestres à l'essence de la divinité.

Les trois chaînons dont saint Cyrille la compose sont : le premier, la résidence substantielle et essentielle de la divinité du Père en la personne du Fils, par le moyen de la génération éternelle; le second, la résidence substantielle et personnelle de la divinité du Fils en son humanité, par l'Incarnation; et le troisième est la résidence substantielle et corporelle du corps de Jésus-Christ dans le nôtre par le moyen de l'Eucharistie.

La pierre d'aimant a une force admirable pour attirer et unir à soi le fer, et par ce fer attirer et s'unir un autre fer, tellement que le second lui est conjoint, non pas immédiatement, mais par l'entremise du premier, sur qui il a premièrement exercé sa vertu et qu'il s'est immédiatement uni ; de même, le Fils de Dieu nous attire et unit à soi par le moyen de l'humanité, à laquelle il s'est premièrement et perpétuellement uni, et à laquelle nous nous unissons par le sacrement ; de sorte que par lui nous retournons au Père comme à notre premier principe, et que nous nous unissons à lui pour puiser en lui notre perfection dernière.

Non-seulement le sacrement de l'Eucharistie est la meilleure consolation de l'homme, puisqu'il le rapproche de Dieu et l'incorpore à la divinité même, mais il est encore le grand lien de la société chrétienne ; car recevoir en son âme Jésus-Christ, c'est s'abreuver de charité à sa source même !... Or, que serait le monde sans la charité chrétienne ? Pour se faire une idée juste de ce que deviendrait la société humaine, si cette vertu abandonnait la terre et remontait au ciel pour n'en plus redescendre, il suffit de reporter sa pensée en arrière de deux mille ans.

Ce qu'était le monde avant la venue de Jésus-Christ, il le redeviendrait encore. Sans la charité, fille de l'Évangile, le flambeau de la civilisation s'éteindrait, les ténèbres les plus épaisses s'élèveraient de l'enfer, et, dans cette obscurité, les hommes se livreraient aux passions haineuses, aux voluptés infâmes, et à tous ces désordres abominables qui ont déjà fait descendre les eaux du déluge sur la terre impie et souillée !

Parmi les hommes qui se sont élevés au-dessus de leurs frères, et qui se sont assis sur le siège du pouvoir, plusieurs se sont dit : « Le peuple est bien moins difficile à gouverner qu'on ne pense ; il a en lui un instinct de soumission et d'obéissance ; une volonté juste et ferme en obtient ce qu'elle veut, et le maintient aisément dans l'ordre. La multitude est riche en misères, et, cependant, elle reste résignée et ne s'irrite point contre les heureux du monde, à qui tout sourit, à qui rien ne manque, et qui font trop souvent parade de leur faste ; elle s'incline avec respect devant la puissance revêtue de pourpre et d'or; et quand le chef de l'État a besoin du peuple pour le défendre, le peuple se lève et lui offre ses mille bras. »

Les gouvernants qui auront ainsi parlé et trouvé le pouvoir facile, avaient commandé, n'en doutez pas, à des masses populaires imprégnées de la pensée chrétienne. Avec la doctrine évangélique on se révolte peu, on s'aime entre soi; le lien de charité retient et empêche qu'on se divise ; le Christianisme nous dit : « Tu aimeras Dieu par-dessus tout, et ton prochain comme toi-même, et tu lui feras ce que tu voudrais qui te fût fait à toi-même. »

Dans nos livres saints nous lisons : « Celui qui veut s'élever sera abaissé... Heureux les humbles de cœur, car ils seront glorifiés!... » Et dans l'Évangile : « Heureux ceux qui sont doux et pacifiques!... Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! »

Avec de pareils enseignements inculqués dans les esprits, et passés dans les cœurs, les mœurs et les habitudes, nous le concevons, il était possible de gouverner des hommes, de les guider, de les maintenir et de les contenter ; mais quand le livre où se trouvent toutes ces saintes et salutaires maximes n'est plus ouvert à l'enfance, à la jeunesse; quand l'attache qui unissait le faisceau de la société est dénoué, tout se divise, tout tombe , les difficultés naissent, et les impossibilités les suivent de près.

Nous en sommes là! Les habiles, les grands politiques, les hommes d'État de notre époque (1850), proclament que la France est ingouvernable, et répètent que les barbares sont à nos portes pour en finir avec la civilisation ! Hommes de peu de foi ! au lieu de répandre ainsi l'épouvante dans le peuple..., criez, criez au Sauveur du passé, au Sauveur du présent, au Sauveur de l'avenir! Criez à Jésus-Christ : Seigneur, levez vous, ou nous périssons !

Il se lèvera ; il nous sauvera. Rappelons-nous que le Fils de l'éternel Seigneur n'est pas seulement au ciel assis sur son trône de gloire, au-dessus des Archanges, des Séraphins, des Vertus et des Dominations, mais qu'il est en même temps, qu'il est encore dans nos tabernacles, tout près, tout à côté des créatures qui souffrent et qui pleurent ! Allons donc implorer son aide; sur nos autels sa miséricorde, sa mansuétude voilent sa majesté ; nous pouvons donc l'approcher, le voir, lui exposer nos peines, nos misères, et le prier de nous secourir, sans craindre, comme les Israélites, que l'éclat rayonnant de la face de l'Éternel ne nous fasse mourir.

L'Archange du grand conseil, le Juge suprême qui viendra sur les nuées, à la fin des temps, pour juger toutes les générations réveillées de leur sommeil de mort, ne tient ici-bas, devant ses tabernacles, que des assises de miséricorde et de pardon... Oh ! les belles et touchantes annales à lire et à étudier, que celles qui révéleraient toutes les grâces, toutes les réconciliations, toutes les réhabilitations, toutes les amnisties qui ont découlé du sacré cœur de Jésus, adorable et caché dans le sacrement de l'Eucharistie !

Hélas! nous le savons tous, le monde est fertile en misères, en inquiétudes, en douleurs, en angoisses, qui ne peuvent être secourues, calmées et guéries que par une main divine ; dans notre vallée de larmes, les hommes qui consolent sont rares ; et presque toutes nos grandes douleurs ne sont apaisées que par les amis célestes que le Créateur a donnés à chacun de nous, pour nous garder et nous conduire. Ces esprits bienheureux nous voient de près, ils entendent nos soupirs, nos gémissements, ils sont témoins de nos inquiètes journées, de nos longues insomnies, et ce sont eux qui nous inspirent la bonne pensée d'aller auprès de leur Dieu, qui est le nôtre, chercher et demander le calme, la paix et le repos que le monde n'a point à donner...

Quand nous obéissons à ces inspirations de nos anges gardiens : quand, nous sauvant du bruit que font les hommes, nous nous réfugions dans l'ombre et le silence de la maison de Dieu, quand nous nous sommes prosternés en face des saint autels, ne sentons-nous pas peu à peu s'apaiser l'agitation de notre cœur, et se calmer l'inquiétude de notre esprit?

Aucune voix n'a frappé notre oreille, et cependant, du fond du tabernacle, le Dieu qui y réside nous parle... Oh! écoutons-le bien ; il dira à chacun le mot qui console et qui guérit, le mot qui fortifie et qui relève, le mot qui purifie et qui sauve!

A l'homme qui porte le poids du jour, et qui mange un pain dur qu'il arrose de ses sueurs, il dira : Vous qui travaillez, venez à moi, et je vous soulagerai.

Au riche qui languit dans son opulence, et qui s'ennuie de la vie, parce qu'il n'y fait pas de bien, il dira : Quand vous ferez la moisson, vous ne couperez pas vos blés trop près de terre, et ne ramasserez pas les épis qui y sont restés. Vous ne recueillerez pas non plus, en vendangeant, les grappes et les grains qui sont tombés, mais vous les laisserez prendre aux pauvres qui n'ont ni vignes ni champs. Il ajoutera : Quand vous faites un festin, conviez-y les pauvres..., et vous' serez heureux de ce qu'ils n'auront pas le moyen de vous le rendre, car Dieu vous le rendra lui-même au jour de la résurrection des justes.

A celui qui pleure sur une tombe, il fera voir la gloire du juste ressuscité, et dira : Je suis la résurrection et la vie, et celui qui croit en moi vivra éternellement.

A la pauvre mère qui gémira comme Rachel, et qui ne voudra pas être consolée, parce que son fils n'est plus, il dira : Laissez, laissez les petits enfants venir jusqu'à moi ; le royaume du ciel n'appartient qu'à ceux qui leur ressemblent.

Au pécheur repentant qui se frappe la poitrine et qui crie vers Dieu, il dira : Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence.

Au juste éprouvé par l'adversité, il rappellera le souvenir de Job, et lui dira
: Si vous refusez de souffrir, vous refusez d'être couronné... Si vous désirez le bonheur du ciel, endurez les souffrances d'ici-bas, souffrez courageusement ; la victoire est la récompense du combat. (Imitation de Jésus-Christ)

A celui dont on a médit, ou qui a été calomnié, et qui se plaint de la méchanceté et de l'injustice du monde, le Seigneur dira : Mon fils, demeurez ferme en moi. Vous vous affligez de ce qui a été dit de vous... Pesez les paroles des hommes, elles volent dans l'air, et n'ébranlent point la terre ; si vous êtes coupable, soyez bien aise de ce que l'on a dit de vous, pour vous amender ; si vous n'avez pas failli, ayez de la joie de souffrir l'injure qui vous a été faite, et offrez-la à Dieu. Écoutez bien ma parole, et toutes les paroles des hommes ne vous toucheront point. Quand ils publieraient, pour vous noircir, tout ce que la calomnie la plus envenimée pourrait inventer, quel mal vous feraient toutes leurs injures si vous les laissiez passer comme un paille qui vole dans l'air? Auraient-elles la force, toutes ensemble, de faire tomber un cheveu de votre tête?

Au père de famille qui s'inquiète trop de l'avenir de ses enfants, et qui, par moments, manque de confiance dans le Seigneur, Jésus dira :
Considérez les oiseaux du ciel, ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, et ils n'amassent rien dans les greniers, et votre Père céleste les nourrit ; n'êtes-vous pas beaucoup plus qu'eux? Considérez comment croissent les lis des champs ; ils ne travaillent pas, ils ne filent pas ; et, cependant, je vous déclare que le roi Salomon même, dans sa gloire, n'a jamais été vêtu comme l'un d'eux !

Au chrétien qui se plaint de sa tiédeur et de sa sécheresse, le Sauveur dira : Vous ne pourrez pas vous conserver toujours dans la ferveur, et vous sentir élevé dans la contemplation ; il faut bien que vous ressentiez aussi le poids si lourd de la vie corruptible. Tant que vous serez revêtu d'un corps mortel, votre âme sera comme ennuyée et accablée sous un si grand fardeau. Prenez donc courage ; priez, priez toujours ; la prière qui part du cœur trouve toujours un ange pour la porter à Dieu.

Oh ! pour celui qui sait écouter avec foi, les paroles consolatrices qui sortent du tabernacle sont, pour ainsi dire, infinies; le monde ne les entend pas, mais les âmes pieuses les recueillent et les gardent; entre elles et Dieu, c'est un entretien sans fin , un incessant échange de prières d'une part , et de bienfaits de l'autre; le serviteur demande, et le souverain Maître accorde; l'enfant souffre et gémit, le Père guérit et console.

Sans doute , le Fils de l'Éternel , après sa glorieuse ascension, serait demeuré au céleste royaume de son Père ; son amour pour les hommes ne l'eût pas, pour ainsi dire, enchaîné sur nos autels, que nos gémissements, nos prières et nos vœux seraient toujours montés jusqu'à lui. Disons-le avec une profonde gratitude, la magnificence et la bonté divines auraient toujours été les mêmes. Mais sans l'institution de l'adorable Eucharistie, la confiance, l'intimité de l'homme avec Dieu auraient-elles été ce qu'elles sont?

Au ciel, Jésus-Christ est un roi rayonnant de majesté; dans le tabernacle, c'est un ami qui s'est fait presque aussi pauvre que nous. Aussi, voyez comme sa divinité ne fait peur à personne : le mendiant s'agenouille aussi près de lui que le monarque; l'enfant y bégaie sa petite prière auprès du vieillard chargé de jours, et la jeune vierge, à côté de sa mère, se met sous la protection du divin Fils de Marie.

Le sacrement d'Eucharistie n'apporte pas seulement des consolations et des forces à l'âme, il illumine encore l'entendement, échauffe et embrase la volonté. Saint Ephrem l'appelle : « Un feu du ciel qui purifie la terre. » D'après saint Jean Chrysostome, c'est une fontaine de lumière d'où jaillissent les rayons de vérité. « En effet, dit ce grand docteur , nous savons , par ce nous apprennent les histoires des saints, que les plus grandes connaissances et les communications les plus intimes que Notre-Seigneur leur a données de ses mystères et de ses secrets, leur sont venues après la communion, parce que le Soleil de justice étant en eux, et trouvant leurs âmes transparentes et comme de cristal à cause de leur pureté, il les éclaire sans obstacle et les remplit de ses splendeurs.»

De nos tabernacles s'échappe ce parfum, ce baume céleste qui nous ravive et nous fait marcher avec un saint transport dans le chemin dur et hérissé d'épines qui conduit au ciel, baume céleste, dis-je, c'est-à-dire suavité, chaste délectation, attrait immortel, plaisir céleste et sublime. L'Eucharistie en est la source, et ce Sacrement des sacrements nous les fait éprouver à mesure que nous nous unissons plus intimement à Jésus-Christ voilé sous ses espèces. C'est en se relevant de la Table sainte que l'on éprouve, que l'on sent le besoin de proclamer devant tout ce qui existe que rien n'est si doux, rien de si aimable que le règne du Sauveur !

On se dit alors, abîmé que l'on est dans le grand mystère : « J'ai monté jusqu'à la pointe de mon esprit, mais j'ai trouvé que le Verbe était infiniment au-dessus; je suis descendu dans le plus profond de mon âme pour sonder curieusement ce secret, mais j'ai connu qu'il était encore au-dessous. Jetant les yeux sur ce qui est hors de moi , j'ai vu qu'il était au delà de tout ce qui m'est extérieur ; et rappelant ma vue au dedans, j'ai aperçu qu'il était plus intime à mon cœur que mon cœur même »

La source de toutes ces célestes jouissances répand ses eaux vives, non-seulement sur les justes qui ont recours à elle , mais encore sur les pécheurs; la charité, toujours si ingénieuse, trouve le moyen de faire couler les ondes limpides et salutaires jusque sous les yeux des hommes enivrés du vin des passions; et, pour que les enfants du monde soient tentés de boire aussi à ce torrent de grâces, les âmes pieuses, nourries du pain eucharistique , prient nuit et jour, demandent à Dieu d'étendre son règne sur ceux qui ne le connais sent pas. Le monde va mal; mais il irait bien plus mal encore si les justes ne se plaçaient entre Dieu et lui. Nous n'hésitons à dire le fond de notre pensée, la société n'est sauvegardée de tous les périls qui la menacent que par l'Eucharistie.

« La prière du juste , dit un apôtre , est d'un grand poids auprès du Seigneur.» La miséricorde de Dieu serait moins grande, si tant de vœux ne s'élevaient pas chaque jour vers le ciel ; si cette échelle mystique, que Jacob a vue dans un, songe, était brisée ou renversée, n'en doutons pas, la terre serait plus souvent punie à cause des crimes qui la souillent. Oui, si l'Éternel jette encore des regards de bonté sur nous, s'il répand encore des faveurs sur le monde, ce sont les prières et les gémissements secrets des gens de bien, pieusement prosternés devant nos tabernacles, qui les attirent.

Ce sont eux qui composent cette partie pure de l'Église, qui n'a point d'autre voix pour demander que celle de Jésus-Christ, dont les clameurs ont toujours accès auprès du Père. C'est là cette colombe qui gémit sans cesse et qui ne gémit jamais en vain. C'est aux prières des vrais amis de Dieu que les siècles doivent les princes religieux, les pasteurs fidèles, la paix de l'Église, les victoires de la foi; ces hommes célèbres par leurs lumières, que Dieu suscite dans les besoins de son Église pour s'opposer aux entreprises de l'erreur, au relâchement des mœurs, aux affaiblissements de la discipline.

Que dirai-je, encore? c'est aux gens de bien que le monde doit ses ressources inespérées dans les calamités publiques; la tranquillité des peuples, le bonheur des siècles, tout vient de là; car tout se fait pour les élus. Nous en faisons honneur, nous qui ne jugeons que par les sens, à la sagesse des souverains, à la puissance ou à l'habileté de ceux qui nous gouvernent; mais si nous voyions les événements dans leurs causes, nous les trouverions dans les gémissements secrets des justes, dans les prières quelquefois d'une âme simple et obscure, qui, cachée aux yeux des hommes, décide bien plus au près de Dieu des événements publics, que les Césars et leurs ministres, qui paraissent à la tête des affaires, et qui semblent tenir entre leurs mains les destinées des peuples et des empires.

Ce que disait à nos pères l'éloquent évêque de Clermont n'a pas changé ; toujours des crimes, toujours des expiations; toujours des pécheurs insultant à Dieu, et toujours des justes implorant sa miséricorde. Et le monde, ce grand criminel, aussi ingrat qu'aveugle, a toujours des moqueries et des sarcasmes contre ces âmes dévotes, et demande ce qu'elles font si longtemps au pied des autels... Ce qu'elles font? Elles font violence au Seigneur; vos impiétés, vos dérèglements, vos blasphèmes sont montés jusqu'à son trône, ils ont allumé sa colère; sa justice s'est levée..., elle allait frapper..., et, si son bras a été arrêté, ce n'a été que par la prière, par les jeûnes, par les macérations et les mérites de ces justes, que, du haut de votre orgueil, vous regardez en pitié.

Je n'entre jamais dans une église, alors que les offices sont terminés, et que l'on n'aperçoit plus dans la maison de Dieu que quelques chrétiens restés à prier dans le silence et le recueillement, sans que cette pensée me vienne, et sans que je me dise en moi-même : « Parmi ces fidèles, il y a sans doute quelque âme bien pure, bien aimante, que la foi, l'espérance et la charité ont tellement rapprochée de Dieu, que sa voix est devenue toute-puissante auprès de lui. »

Ce vieux mendiant prosterné sur les dalles, les mains jointes, les regards attachés à la croix, dans son adoration extatique, obtient peut-être en ce moment le pardon d'un mauvais riche qui lui a rudement refusé l'aumône; et cette simple et pauvre femme à genoux devant la sainte image de la Mère du Sauveur, peut-être, à ce même instant, détourne-t- elle, par son ardente supplication, l'imminent péril qui menaçait une tête illustre et chère! Et que l'on ne dise pas qu'ici j'exagère le pouvoir de la prière.

Cette toute jeune fille qui gardait ses moutons aux environs de Nanterre, (St-Geneviève de Paris) et qui chantait les louanges et les miséricordes du Seigneur en filant sa quenouille, comment, avec sa houlette, a-t-elle fait rebrousser chemin au terrible Attila, l'exécuteur des vengeances divines? Toute la puissance de Geneviève était dans son rapprochement de Dieu. Et qui l'avait ainsi mise en rapport si intime avec le souverain Maître de toutes choses? La prière.


Dernière édition par MichelT le Mar 27 Aoû 2019 - 1:08, édité 5 fois

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Empty Re: TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL. Vicomte Walsh – 1852

Message par MichelT Sam 15 Sep 2018 - 2:36

Et cette autre vierge inspirée d'en haut, (St-Jeanne d`Arc) où a-t-elle puisé son courage? Dans la prière. Quand elle allait aux champs, quand elle y était seule pendant des journées entières, elle entendait des voix. Ces voix, ceux qui prient les entendent souvent ; souvent il y a comme un dialogue entre la créature qui prie et le Créateur qui écoute. Envers les âmes croyantes et ferventes, Dieu n'est pas toujours muet; du fond du tabernacle, il répond à celui qui l'implore.

Par-delà tous les cieux, le Dieu des cieux réside. Cette pensée a, dans sa majesté, quelque chose d'effrayant pour l'homme simple... Il a peur que sa prière, que son élan vers le Seigneur ne se perdent dans ces espaces infinis qui séparent le ciel de la terre.

Comme Jacob, il ne voit pas l'échelle merveilleuse reliant ensemble la vallée de larmes au séjour des bienheureux. S'il ignore comment s'établit cette communication, il sait le chemin de l'église où il a été baptisé, où il a fait sa première communion ; aussi c'est là qu'il court dès qu'une peine lui arrive, dès qu'une inquiétude le tourmente; sa foi lui a appris qu'il y trouvera un divin consolateur dans le tabernacle, et c'est au Dieu de l'Eucharistie qu'il va exposer sa misère, confier son chagrin et demander du secours.

Pour notre bonheur en ce monde, pour notre éternelle félicité dans l'autre. Notre Seigneur Jésus ne pouvait donc rien instituer d'aussi consolant, d'aussi adorable que le très-saint Sacrement de l'autel. Pour notre perfection, l'Eucharistie est, de toutes les choses célestes, la plus sainte, la plus efficace, et qui nous aide le plus à dépouiller la corruption du péché, et à revêtir la robe d'innocence qu'il nous faudra avoir sans tache pour être admis aux noces éternelles de l'Agneau.

Nos devanciers sur la terre, et qui sont aujourd'hui nos patrons et nos protecteurs dans le royaume de Dieu, nous apprennent que c'est le culte qu'ils ont toujours eu envers la très-sainte Eucharistie qui les a faits ce qu'ils sont maintenant ; c'est après avoir sincèrement, pieusement adoré le Dieu voilé sous les espèces du pain et du vin, qu'ils ont été admis à contempler, et pour toute l'éternité, le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois, le Tout-Puissant, le Très-Haut, le Créateur des mondes, Sabaoth, le Dieu des armées, dans tout l'éclat de sa majesté, dans tout l'appareil de son indestructible gloire.

Sainte Catherine de Sienne disait souvent aux pieuses femmes qui vivaient avec elle : « Quand j'ai reçu, quand j'ai dans ma poitrine le pain des anges, je sens en moi des flammes qui me purifient tellement, que je me crois revenue à l'innocence que j'avais à l'âge de quatre ans, et je me trouve alors embrasée d'un désir si ardent du salut des hommes, que je donnerais ma vie, non-seulement volontiers, mais encore joyeusement, pour chacun d'eux. »


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 280px-Catherine_of_Siena
St-Catherine de Sienne (1347 a 1380) en Italie, tertiaire dominicaine, mystique et docteur de l`Église


Saint Ignace écrivait aux Romains : « Je n'ai plus de goût pour la nourriture corruptible ; ce dont j'ai faim, c'est du pain de Dieu; ce dont j'ai soif, c'est du sang de Jésus-Christ, divin breuvage qui donne la vie éternelle. »

L'Eucharistie est une source où l'on boit, pour ainsi dire, le courage et la force. Elle était, dans les premiers temps, le prélude du martyre; du moment que la fureur du tyran s'était déclarée, et que la persécution commençait à s'élever, tous les fidèles couraient se munir de ce pain de vie ; ils emportaient ce cher dépôt dans leurs maisons ; la mort leur semblait moins terrible lorsqu'ils avaient devant les yeux le gage précieux de leur immortalité.

Nos tabernacles renferment donc une manne cachée, une vraie nourriture des forts, un gage sensible et permanent de l'amour de Jésus-Christ. De quels respects, de quelles adorations ne devons-nous pas les entourer! Dans les temps de foi, nos pères employaient tout ce qu'il y a de plus précieux sur la terre pour faire au Dieu du ciel sa demeure d'ici-bas; c'était le bois le plus odorant, le marbre le plus rare, l'argent le plus fin, l'or le plus pur, qu'ils offraient à Celui qui nous a tout donné ; comme Salomon, alors qu'il élevait un temple au vrai Dieu, nos devanciers demandaient à la nature entière ce qu'elle avait de plus beau pour le rendre au Créateur...

Oh! si l'on mesure notre foi sur le zèle que nous montrons aujourd'hui à orner la maison du Seigneur, que notre foi est faible et languissante ! Comme nous comptons, comme nous liardons quand il s'agit d'élever un autel à Jésus-Christ! et comme, pour excuser notre avarice à son égard, nous savons adroitement évoquer le souvenir de l'étable de Bethléem !

Comme nous avons hâte de faire souvenir que le divin Fils de Marie est le Dieu des pauvres, et s'est plu, pendant son passage sur terre, dans la pauvreté! Alors, nous ne lui donnons plus les autres titres qui lui appartiennent; nous ne le saluons plus des noms d'Emmanuel, de Fils bien-aimé du Très-Haut, de Roi des siècles et des cieux, du Maître souverain des Trônes et des Dominations, des Puissances et des Vertus, des Anges et des Archanges...

Non, nous cherchons des appellations moins magnifiques, comme pour nous engager moins envers lui; nous aimons mieux dire : le Fils adoptif du menuisier Joseph, que le descendant du roi David, tant nous avons peur d'être obligés à quelque luxe, à quelque somptuosité quand nous lui dressons un tabernacle !

Le luxe, nous le gardons pour nos demeures ; et nous répétons bien haut : « que pour les maisons de Dieu, il ne faut que propreté, simplicité et décence. » Ces trois mots, appliqués aux églises, ont été employés par la tiédeur et par une foi défaillante. La foi sincère, vive et agissante veut plus que cela. Point de foi en Dieu sans amour de Dieu, et point d'amour de Dieu avec tant de froideur.

Si vous croyez sincèrement et du fond de votre âme ; si, avec les yeux de votre foi, vous voyez Notre- Seigneur Jésus-Christ dans le Sacrement de l'autel, comme, avec les yeux de votre corps, vous voyez le soleil qui vous réchauffe et vous éclaire ; si vous êtes assez convaincu de cette réalité pour sceller votre croyance de votre sang ; si vous aimez le Dieu qui est venu comme frère et consolateur habiter tout près de vous, vous ne serez ni si froid, ni si parcimonieux envers lui! L'amour donne plus, et la foi calcule moins.

Si c'est de la sagesse que de compter ainsi avec Dieu, qui nous donne tout si libéralement, je me réjouis que nos pères aient été si peu sages, car leur folie, la folie de la croix, leur a fait doter le monde chrétien de merveilles que la sagesse d'aujourd'hui n'aurait jamais entrepris de créer. Allons donc nous prosterner sous les voûtes saintes qu'ils ont élevées et consacrées au Roi du ciel et de la terre, au Monarque des anges et des hommes, et à la Vierge consolatrice des affligés et refuge des pécheurs, agenouillons-nous sur les dalles qui recouvrent les ossements de nos pères, et que notre prière s'exhale en face des tabernacles, d'où leur sont venus, pendant leur pèlerinage, secours et consolations.

C'est toujours le même Dieu qui y réside, et les trésors de sa miséricorde ne s'épuisent jamais. L'homme oppressé de passions ne respirerait pas sans la prière. Qu'il vienne donc souvent près de la source des eaux vives ; son âme y trouvera de la fraîcheur et du soulagement; et là, son cœur, ens'ouvrant sans réserve à Celui qui l'a pétri et formé, obtiendra du divin Consolateur les grâces et le secours dont il a besoin pour vaincre ses mauvais penchants.

Pour ramener à la religion ceux qui en ont, pendant bien des années, négligé les pratiques et les devoirs, les pasteurs des âmes ont établi de pieux moyens, auxquels ils ont de temps en temps recours, les missions, les retraites, les jeûnes, les pénitences, les prières publiques, les pèlerinages, et les jubilés.

Sans doute, toutes ces choses saintes opèrent des conversions sincères et éclatantes; mais, soyez-en persuadés, rien n'aide autant à nous maintenir dans la voie de la perfection chrétienne, que les visites au Saint-Sacrement. Aussi, dans les pays de foi, quand vous parcourez les villes et les campagnes, que ce soit une pensée artistique ou chrétienne qui vous fasse franchir le seuil d'une église, vous y verrez presque toujours quelques âmes qui se reposent en priant.

Une adoration perpétuelle est établie en plusieurs paroisses, et ces paroisses-là sont plus bénies que les autres; la rosée y tombe mieux, les sillons y sont plus fertiles, les sueurs du paysan mieux payées la famille plus heureuse, la paix moins troublée, la jeunesse plus docile, l'enfance plus pure, et le curé mieux récompensé de sa vigilance et de son zèle.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Adoration
Adoration perpétuelle

Quand on y réfléchit, il ne peut en être autrement; car lorsque l'homme aspire vers Dieu, Dieu l'inspire ; et celui que l'Esprit saint éclaire, marche dans la bonne voie; les pervers deviennent moins mauvais en se rapprochant des justes; que sera-ce quand ils viendront se réfugier tout près de Dieu lui-même, et prier dans la délectable paix qui règne autour des saints tabernacles! Les flambeaux, les reliquaires, les vases d'or et d'argent servant aux mystères sacrés et appartenant aux autels, s'imprègnent du parfum de l'encens qu'on y brûle. Il en est de même de nos âmes, elles prennent l'odeur de sainteté dans le Saint des saints.

Oh ! que le sanctuaire soit donc toujours inspirant pour la piété ! que le prêtre qui le dessert ne se familiarise jamais assez avec le Dieu qui y règne pour manquer au respect, à l'adoration qui lui sont dus ! Quand l'argent et l'or n'y brillent pas, quand la magnificence en est absente, quand l'art n'est point venu l'embellir de ses merveilles, que l'ordre, le soin et la propreté, en y révélant la foi, y remplacent la pompe et l'éclat...

Le presbytère a beau être pauvre, il a des fleurs dans son jardin ; qu'elles soient cueillies et placées en bouquets sur l'autel du Dieu qui les a fait naître et éclore. Que la nappe de fin lin (ouvrage des fileuses de la paroisse) soit toujours blanche et sans tache comme la toison de l'Agneau. C'est le Dieu de toute pureté qui doit y être étendu comme victime de propitiation ; que l'oeil n'y rencontre donc jamais la moindre souillure; que la lueur des cierges soit vive et claire comme la foi qui n'est pas endormie; que la lampe appendue en face du Dieu de lumière reluise de soin et de propreté, et que sa flamme, qui ne doit pas plus s'éteindre que notre amour, brille le jour et la nuit comme l'étoile du sanctuaire, comme l'étoile qui montre ou est Dieu.

Oh ! que de fois je me suis pris à envier le sort de cette petite flamme qu'une main pure doit chaque jour alimenter d'huile fraîche et limpide ; flamme que les vents déchaînés dans le monde n'agitent pas; flamme qui brûle devant Dieu et qui s'éteint en sa présence, sans laisser après elle une tache au lieu où elle a brillé. Parmi les suaves délices d'un sanctuaire recueilli, il faut ranger le silence, qui repose en même temps l'oreille et l'esprit, et qui, par son calme, fait éclore l'élan et donne l'essor religieux. Dans la complète absence de tous bruits du dehors, l'âme est bien plus à l'aise ; alors, délivrée des distractions mondaines qui lui pèsent, elle se sent comme des ailes pour monter jusqu'à Dieu.

Fils de la nouvelle tribu de Lévi, vous qui avez juré votre foi à votre Église, comme à une épouse, éloignez donc de son sanctuaire tout ce qui est bruyant et criard ; que les jeunes garçons qui présentent à l'autel le vin du sacrifice et l'encens qui doit fumer pendant les saintes cérémonies, bien enseignés par vous, n'y apportent rien de la dissipation et du mouvement de leur âge ; que leur mise soit propre et décente, leur maintien tranquille et respectueux. Quand ils balancent devant l'autel l'urne flottante des parfums, veillez à ce que l'encensoir ne soit pas vide et froid, comme un cœur sans amour ; que le feu y brille pour recevoir et brûler l'encens que vous y verserez, afin que sa fumée et sa bonne odeur montent avec nos prières jusqu'au Dieu du tabernacle.

Les passions se sont emparées des beaux-arts. Il faut les ramener à leur véritable origine. Que les statues des anges et des saints, placées sous la voûte parsemée d'étoiles et tout près de l'autel, soient de nature à ne donner que de bonnes pensées. Elles sont là pour attacher notre esprit aux choses saintes ; faites en sorte qu'elles n'aient pas un effet tout contraire !


Dernière édition par MichelT le Jeu 27 Sep 2018 - 22:05, édité 1 fois

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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Message par MichelT Jeu 27 Sep 2018 - 22:03

LA CONFESSION ET LA PÉNITENCE.


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Confessar-com-um-sacerdote
La Confession


Sur le soir du même jour qui était le premier de la semaine, (Évangile de St Jean, 20, 19) les portes du lieu où les disciples étaient rassemblés, de peur des Juifs, étant fermées, Jésus vint et se tint au milieu d'eux, et leur dit : «Que la paix soit avec vous.» Ce qu'ayant dit, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples eurent donc une grande joie de voir le Seigneur.


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Le Christ apparaît aux disciples après la Résurrection :«Que la paix soit avec vous.» (Évangile de St Jean, 20, 19)

Et il leur dit une seconde fois : « La paix soit avec vous. Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie aussi de même. » Ayant dit ces mots, il souffla sur eux, et dit : « Recevez le Saint-Esprit. Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. »

Jamais paroles furent-elles plus précises, plus positives que celles-ci?

Aussi, le concile de Trente dit-il à leur sujet : Par cette action si remarquable et par ces paroles si claires, tous les Pères, d'un consentement unanime, ont toujours entendu que la puissance de remettre et de retenir les péchés avait été communiquée aux Apôtres et à leurs légitimes successeurs pour réconcilier les fidèles tombés en péchés depuis le baptême.

Et avant sa résurrection, le divin Législateur n'avait-il pas dit à saint Pierre : « Je vous donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel ! » (St-Matthieu 16,19)

Ces mêmes paroles, Jésus les répète dans une autre circonstance pour conférer à ses autres apôtres, comme à saint Pierre, le pouvoir de remettre les péchés (St Matthieu 18,18). Si les fidèles, dit le concile de Trente, conservaient inviolablement la grâce qu'ils ont reçue dans le Baptême, ce sacrement aurait suffi pour la rémission des péchés ; mais Dieu, qui est riche en miséricorde, et qui connaît notre faiblesse, a bien voulu laisser dans un autre sacrement une ressource à ceux même qui tombent après avoir été régénérés.

Cette ressource, c'est le sacrement de Pénitence, que les saints Pères appellent une seconde planche après le naufrage, un remède qui rend à notre âme la vie spirituelle que le péché lui avait ôtée.

La Pénitence, considérée comme vertu, c'est-à-dire comme une douleur sincère, une détestation des péchés commis contre Dieu, avec résolution de ne les plus commettre et de satisfaire à sa justice, a été de tout temps nécessaire à l'homme pour rentrer en grâce avec le Seigneur.


Mais cependant, ajoute ce concile, la Pénitence n'était point un sacrement avant la venue de Jésus-Christ, ni depuis elle ne l'est non plus pour personne avant d'avoir reçu le Baptême. La matière éloignée du sacrement de Pénitence, ce sont les péchés commis depuis le jour où l'eau sainte nous a régénérés sur les fonts, avec cette différence que les péchés mortels en sont la matière nécessaire, parce que le péché mortel commis après le Baptême ne peut être remis que par le sacrement de Pénitence.

C'est pourquoi le concile de Trente a dit : Qu'il est nécessaire, qu'il est de droit divin pour la rémission de ses péchés, de confesser, de dire et de déclarer tous les péchés mortels dont on peut se souvenir, après y avoir sérieusement pensé. Mais les péchés véniels sont la matière seulement suffisante du même sacrement, parce qu'ils ne sont pas incompatibles avec la grâce de Dieu, et qu'il y a plusieurs moyens de les effacer sans le ministère des prêtres. C'est, toutefois, une pratique très-utile de s'en confesser ; elle doit être recommandée par ceux qui ont soin des âmes. Les péchés mortels déjà pardonnés sont aussi matière suffisante du sacrement de Pénitence.

« Les trois actes du pénitent, savoir : la contrition, la confession, la satisfaction, sont comme la matière prochaine de ce sacrement, quasi materia, dit le concile de Trente ; et ces mêmes actes, en tant que, par institution divine, ils sont requis dans le pénitent pour l'intégrité du sacrement et pour la rémission pleine et parfaite des péchés, sont aussi, en ce sens, les parties de la Pénitence.»

Les trois actes du pénitent ne sont pas dans le même degré et de la même manière nécessaires pour la validité du sacrement de Pénitence.

La contrition est essentiellement requise; la confession virtuelle suffit. La satisfaction, dans l'exercice, n'est pas nécessairement exigée. La contrition, la confession, sont parties essentielles du sacrement; mais la satisfaction n'est que partie intégrante. Ainsi, sans la contrition et la confession, le sacrement ne subsiste pas; mais sans la satisfaction, il subsiste dans son essence, quoiqu'il ne soit pas parfait. »

Le besoin du repentir date de loin dans l'histoire des hommes : nos premiers parents n'ayant pas su conserver l'innocence dont le Créateur les avait doués, le regret d'avoir offensé Dieu et la pénitence durent naître et suivre de près l'offense. Eh bien ! de ce point de départ date l'origine de la confession.

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Adam et Ève cachés après avoir péché

Le Seigneur, après le péché d'Adam et d’Ève, était resté pour eux un Père compatissant; mais avant de leur faire entendre des paroles de miséricorde pour eux et leur race, il veut que les coupables reconnaissent leur crime. Lui, qui sait tout, interroge sa créature, et lui dit :

« Adam, où es-tu?» Je me suis caché, répond le premier homme, parce que j'ai eu peur.

—D'où t'est venue cette crainte, reprend le Seigneur, si ce n'est de ce que tu as mangé du fruit de l'arbre dont je t'avais défendu de manger? »

C'est ainsi que Dieu lui mit à la bouche la confession de sa désobéissance. Adam, reprenant aussitôt, répond :
« La femme que vous m'avez donnée m'a présenté de ce fruit, et j'en ai mangé. »

Ces trois mots composent la première confession que l'homme ait faite à l'Éternel..., le premier aveu qui soit sorti d'une conscience troublée.

Les annales de l'Ancien Testament sont remplies d'exemples de pénitence ; Israël, sans cesse, à la voix de ses prophètes, se frappe la poitrine, se couvre de cendres, revêt le cilice, et crie pardon et miséricorde au Seigneur !

Le vieux Tobie, après le départ de l'ange qui emmène son fils, s'écrie : «Seigneur, vous êtes grand dans toute l'éternité, et votre règne s'étend sur tous les siècles. Vous châtiez et vous sauvez ; vous nous sauvez, vous nous laissez descendre jusqu'aux abîmes et vous nous en retirez, et nul ne se peut soustraire à la puissance de votre main. Vous nous châtiez à cause de nos péchés , et vous nous sauvez à cause de votre miséricorde.» ( Le Livre de Tobie – Ancien Testament)

«Convertissez-vous, pécheurs, et menez une vie juste devant Dieu, dans la confiance que votre douleur de l'avoir offensé désarmera sa justice. »

L'Ecclésiaste nous dit : « Le Très-Haut a les pécheurs en horreur et fait miséricorde aux pénitents.» Dieu fait rentrer les pénitents dans les voies de la justice et affermit ceux qui manquent de force et de courage, et il leur destine le partage et la récompense de la vérité.

«Confessez vos péchés pendant que vous êtes en vie et en santé, et vous louerez et vous glorifierez Dieu à cause de la miséricorde qu'il vous aura faite. »


Écoutons la grande voix du prophète Isaïe :
« Je repasserai devant vous toutes les années de ma vie dans l'amertume de mon âme. Je trouverai la paix dans mon affliction la plus amère. Seigneur vous avez délivré mon âme, vous l'avez empêchée de périr ; à cause de la pénitence que j'ai faite, vous avez jeté derrière vous tous mes péchés. Parlez au cœur de Jérusalem et lui dites que ses maux sont finis, que ses iniquités lui sont pardonnées, et qu'elle a reçu une double grâce pour l'expiation de ses péchés.»  

«Pourquoi vous laissez-vous mourir, maison d'Israël ? car je ne veux point la mort du pécheur. Revenez à moi et vivez. (Prophète Ézéchiel). Si le juste vient à pécher, sa justice ne le pourra pas sauver ; et si le pécheur se convertit, son péché ne lui pourra nuire. »

Après toutes ces citations des prophètes de l'ancienne loi, que je pourrais prolonger bien davantage et qui démontrent l'utilité de la pénitence, je vais puiser quelques exemples dans la loi de grâce (Évangile).

« Jésus demeura quarante jours et quarante nuits dans le désert sans rien manger. Il était tenté par Satan, et il était parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient (St-Marc). »

« Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Faites pénitence et croyez à l'Évangile.  Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous (St-Luc). »

«Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix- neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence. »


Il appartenait au Dieu législateur des chrétiens de faire un sacrement de ce qui est indispensable au salut des hommes ; et, chose admirable et digne d'une éternelle gratitude! c'est que ce sacrement de Pénitence, qui assure, quand il est reçu avec les conditions requises, notre bonheur dans l'autre vie , commence par nous le donner dans celle-ci.


Le repentir de nos fautes peut seul nous tenir lieu d'innocence, et pour s'en bien repentir il faut les avouer. Plus cet aveu nous coûtera, et plus il nous sera salutaire. L'orgueil, comme nous l'assure l'Esprit saint, étant le principe de tout péché, il ne peut être réparé que par une humiliation volontaire et partant de nous-même.

Sans doute cette confession de nos fautes, cette révélation des turpitudes de notre esprit et des souillures de notre corps, doit révolter notre superbe et la froisser cruellement. Jusqu'au jour où l'on est venu tomber aux genoux du prêtre assis au confessionnal, on n'avait vécu qu'en trompant les regards des hommes. On marchait au milieu d'eux, estimé, honoré même quelquefois. On s'était paré d'un beau manteau d'emprunt; sous de riches vêtements on avait caché ses infirmités et ses plaies.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Cate078a

Et voilà maintenant qu'il faut soi-même détruire toutes les illusions, et dépouiller un à un tous ces habits pour se montrer à nu avec sa hideuse lèpre ! Oh ! certes, il y a là de quoi faire reculer l'orgueilleux, et pour qu'il puisse vaincre une si forte répulsion, il faut qu'il y ait eu bien des misères, bien des mécomptes, bien des humiliations dans la vie qu'il a menée! Avec le regard fier et hardi qu'il s'était fait, vous pouviez penser qu'il n'avait rien qui dût lui faire baisser le front; avec le sourire qu'il savait placer sur ses lèvres, vous vous imaginiez qu'il n'y avait que paix et tranquillité au fond de son âme.

Eh bien! quand vous croyiez à cette tranquillité, à cette paix, vous vous trompiez étrangement. Le crocodile était couché sous la surface unie des eaux, et rongeait silencieusement cette âme, qui vous semblait heureuse... Oh ! je sais bien que la grâce d'en haut tombant soudainement sur un pécheur, l'arrête sur le chemin du péché, comme Saul sur la route de Damas ; mais il y en a aussi grand nombre qui ne sont amenés à Dieu que par les angoisses et les tortures secrètes que leur a fait endurer le juge intérieur... L'exécuteur des hautes justices de Dieu, la conscience, avec tous ses pouvoirs, elle était là. Nous ne la voyions pas, nous ne l'entendions pas, mais elle faisait son devoir et commandait aux remords de se lever, d'aller entourer le pécheur, et de ne lui laisser trêve ni le jour ni la nuit...

Alors le malheureux, de guerre lasse et affamé de repos, finissait par sentir au de dans de lui quelque chose de semblable à ce qui arracha à l'Enfant prodigue ce cri de salut : Surgam et ibo ad Patrem ! Je me lèverai et j'irai vers mon Père ! Et lui aussi, abandonnant le troupeau immonde, retournait à la maison paternelle, où il y avait joie et festin.

Oui, dans la confession que tant de gens redoutent, il y a joie et bonheur pour l'homme qui, après de longs égarements mêlés de tortures morales, y a recours. Les paroles qui ont servi à faire l'aveu pénible sont suivies de si près des paroles de pardon et d'absolution, que l'on se sent bien heureux des révélations que l'on a eu le courage de faire. L'échange est si bon ! pour un moment de honte, un bonheur éternel assuré !

Quant à la liturgie du sacrement de Pénitence, elle est simple ainsi qu'elle doit l'être. A celui qui vient faire l'aveu de ses fautes, de ses crimes peut-être, il ne faut rien qui ressemble à de l'éclat. Voyez dans nos églises, c'est toujours dans la partie la plus retirée, la plus solitaire, que sont établis les confessionnaux. Ce n'est point à la face du soleil que l'on pleure le mieux ses péchés ; c'est loin de tout bruit, de toute distraction que l'on en fait bien l'examen.


Miserere d’Allegri (1582-1652), Psaume 50. ( Psaume pénitentiel) Splendeurs du chant sacré. Maîtrise de Dijon, dir. Alain Chobert. ADF Bayard Musique

Devant le pécheur, le tribunal de miséricorde est toujours ouvert, et, pour inviter à y entrer, dans beaucoup de pays il est d'usage de mettre sur les confessionnaux différentes devises qui engagent le coupable à y entrer (Catéchisme de Persévérance de l'abbé Gaume). Un protestant célèbre, connu par ses préjugés contre l'Église romaine, n'a pu s'empêcher d'admirer ces inscriptions. Il a pris la peine de recueillir celles qu'il a rencontrées sur les confessionnaux d'Italie.

Les voici telles qu'on les trouve dans ses œuvres : (Adisson's Remarks on Italy) : Allez, montrez-vous au prêtre. — J'irai à mon Père, et je lui dirai : Mon Père, j`ai péché. — Ils seront remis dans le ciel. — Retourne, ô mon âme, à ton repos. — Allez en paix et ne péchez plus. — Celui qui vous écoute, m'écoute. — Venez à moi, vous qui portez un fardeau, et je vous soulagerai. — Le juste me reprendra avec miséricorde. — Voyez, il est en moi une voie d'iniquité; détournez-m ‘en, et ramenez-moi dans le chemin du ciel.

Avant de venir jeter toutes ces iniquités aux pieds du prêtre, où en était le pécheur? Il se formait journellement en lui une succession si continuelle et si rapide de désirs, de jalousies, de craintes, d'espérance ces, de joies, de chagrins, de haines et d'amours, que, dans la confusion de tant de mouvements divers, il s'égarait, ne savait plus quel chemin suivre dans ce labyrinthe créé par ses passions !

Celui qui, pendant de longues années, avait bu l'iniquité comme l'eau, et qui avait dit aux vices et aux turpitudes du péché : Vous êtes mes frères et mes sœurs, faisons un pacte et vivons ensemble sentait bien que pour soulever de dessus sa poitrine l'oppression de sa conscience, il lui fallait faire un aveu général de toutes ses transgressions de la loi divine, de tous ses méfaits et offenses envers Dieu. Mais après avoir vécu si longtemps avec les hommes, il les connaissait, il savait toutes leurs exigences. Il savait qu'une larme de repentir sincère suffît auprès de Dieu ; mais qu'il faut des torrents de sang aux yeux du monde pour la réparation d'une injure...

A qui fera-t-il donc l'aveu qui peut seul soulager son âme et la faire respirer? Dans quel sein déchargera-t-il le poids de son cœur? Sera-ce dans celui d'un ami? Eh! qui peut compter sur l'amitié des hommes? Prendra-t-il les déserts pour confidents? Les déserts retentissent toujours pour le crime du bruit de ces trompettes que le parricide Néron croyait entendre autour du tombeau de sa mère. Quand la nature et les hommes sont impitoyables, il est bien consolant de trouver un Dieu prêt à pardonner. Il n'appartenait qu'à la religion chrétienne d'avoir fait deux sœurs de l'innocence et du repentir.

Le pécheur se décide enfin ; il a dit : « Je me lèverai et j'irai vers mon père ; » et il s'est levé, et il a couru se jeter aux pieds du prêtre de Jésus-Christ, qui est un père.

Sur le tribunal le juge est déjà assis et attend le coupable... Oh! ce juge ne ressemble en rien aux juges établis par le monde... Ceux-là ont des gardes, des licteurs ; tout un appareil de force les environne. Ici rien de semblable. La plupart du temps, c'est un vieillard en cheveux blancs, qui a vieilli sur cette terre, qui a souffert; or, qui a souffert sait compatir; qui compatit, sait pardonner... Vous qui arrivez tout courbé sous le poids de vos iniquités, avancez, n'ayez pas peur : c'est le ministre du Dieu qui a tout souffert et tout pardonné qui vous attend... avancez...

Le coupable est à genoux ; pour animer sa confiance, il a fait le signe de la croix, et déjà sa bouche a prononcé ces paroles : Mon père, bénissez-moi, parce que j'ai péché.

Dès ce début, ce ne sont plus les habitudes, les allures du monde : c'est un criminel qui vient de s'agenouiller près du prêtre; et cependant, plein d'une merveilleuse confiance, il dit : bénissez-moi. Est-ce donc sur la tête du coupable que doivent tomber les bénédictions?... Oui, parce qu'aux yeux de Dieu l'enfant prodigue qui est revenu vers la maison natale et qui s'est écrié : J'ai péché contre mon père ! est digne des bénédictions paternelles.

Dans toute sa confession, le pécheur ne donnera pas d'autre nom au prêtre que celui de père. Ce mot dit tout... Le ministre de Jésus-Christ a accepté ce titre ; car la grâce qui est descendue dans le cœur du pénitent ne fait pas défaut au confesseur. Une tendre et sainte paternité lui est venue, et ses entrailles se sont émues à la voix de l'enfant qui de
mande à être lavé de ses souillures. Aussi voici comment il lui parle en faisant sur lui le signe de la croix : Que le Seigneur soit dans votre coeur et sur vos lèvres, afin que vous fassiez une sincère et entière confession de tous vos péchés, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Qu'il en soit ainsi.

Alors commence la révélation pleine, entière et sincère de tous les péchés, de tous les crimes qui ont si longtemps oppressé, torturé la conscience du chrétien repentant.

Le prêtre, confident des misères de l'humanité, s'est ému de compassion : car de tous les malheurs, le plus grand, c'est d'avoir méconnu Dieu, c'est d'avoir transgressé ses commandements, c'est d'avoir souillé la blancheur de sa robe baptismale !


TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 A0d2076981579073782fb8715c52d041
La robe pure du baptême

Après avoir entendu le pécheur lui exposer toute une longue vie d'iniquité, le ministre de Jésus-Christ n'a pas d'autre nom à donner au pénitent que celui de : mon fils!.. . mon cher enfant! Car ce qu'il ressent pour l'homme prosterné, palpitant, abîmé à ses pieds, ce n'est ni de l'horreur ni de la haine, mais une ardente charité. Le prêtre n'est pas seulement un juge, un père; il est encore le médecin de l'âme qui vient de se révéler à lui. Il connaît toutes ses plaies, il saura les guérir.

En attendant, ses paroles sont douces comme l'huile et le vin versé sur des blessures... douces comme celles d'une mère qui a écouté son fils... Oh! alors le pénitent éprouve une satisfaction inconnue ; au dedans de lui la contrition d'avoir offensé Dieu, la détestation de ses péchés, y sont entrées... Tout son corps frissonne d'une honte salutaire, et des larmes de repentir mouillent ses yeux... Oh! alors, que le pécheur se réjouisse! le pardon du Seigneur est proche!

Pour éviter de nouvelles rechutes à son enfant le père lui impose une pénitence bien douce en comparaison des fautes. Mais ne l'oublions pas, la miséricorde du Seigneur désarme souvent sa justice ; et c'est ici un tribunal de miséricorde... Encore un instant, et l'enfant prodigue sera rétabli dans tous ses droits. Mon fils, lui dit le prêtre, repentez-vous, humiliez-vous, le sang expiateur va couler sur votre âme. Le pénitent s'incline, et il prononce dans toute l'amertume de son cœur l'acte de contrition, évoquant en lui tout ce que peut inspirer la haine de ses péchés et l'amour pur de Dieu.

De son côté, le confesseur, invoquant le Dieu de bonté et de clémence, dont il tient la place au tribunal sacré, lui dit : Que le Seigneur tout puissant et tout miséricordieux vous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous vos péchés. Qu'il soit fait ainsi. Et levant la main, il prononce les paroles toutes puissantes, toutes divines de la formule d'absolution, qui se termine ainsi :— Je t'absous de tous tes péchés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

La parole que le Créateur prononça quand il fit jaillir la lumière de l'obscurité du chaos n'eut pas un effet plus prompt, plus rapide que celles dites par le prêtre quand il nous donne l'absolution. Oui, dès que la sentence miséricordieuse a proclamé le pardon, nous avons cru sentir tomber sur nous une goutte du sang de Jésus-Christ pour nous racheter de nouveau. Oui, aussi vite que l'éclair déchire la nue, aussi vite notre robe baptismale, souillée par nos péchés, a repris toute sa blancheur première. Quel subit, quel merveilleux, quel délicieux changement! et comme nous éprouvons en nous-mêmes que le Dieu des miséricordes vient de jeter nos péchés derrière lui pour ne plus les voir ! A la paix toute céleste qui est descendue dans notre âme, et qui nous enveloppe comme un vêtement tissé par la main des anges, et tout éclatant de la blancheur de l'innocence.

Cette conversion nous semble une nouvelle naissance; notre coeur d'hier nous semble brisé, et c'est un nouveau coeur qui bat aujourd'hui au dedans de nous; l'autre appartenait à Satan, et celui-ci est tout à Dieu et pour Dieu. Alors, nous nous écrions : « O mon âme, bénis le Seigneur et que tout ce qui est au dedans de moi bénisse son saint nom !» «Mon âme, bénis le Seigneur, et n'oublie jamais la grâce qu'il vient de te faire !» «C'est lui qui t'a pardonné toutes tes offenses, c'est lui qui guérit toutes tes langueurs C'est lui qui a racheté ta vie de la mort, et qui t'environne de miséricorde et de grâces.» «C'est lui qui remplit tous tes désirs, c'est lui qui te renouvelle et qui te rajeunit comme l'aigle. »

Beaucoup d'ouvrages ont démontré la divinité de la confession contre les hérétiques, et l'utilité, contre les philosophes. Cette divinité n'a été attaquée que par ceux qui ne la connaissent pas ; mais les chrétiens qui y ont recours en connaissent bien les avantages : ils savent qu'elle est la sauvegarde de la vertu, un puissant remède contre les passions, une source de générosité et de dévouement, le gage de la foi conjugale, la gardienne de la paix dans les familles, l'antidote des troubles civils dans les États ; qu'elle est, en un mot, l'ennemie de tous les vices et la source de toutes les vertus.

O vous, jeunes gens, qui lirez les pages que j'écris pour vous, je ne sais quels succès, quelles joies, quels bonheurs vous sont réservés dans le monde. Je ne sais si votre savoir doit vous placer plus haut que tous vos émules. Je ne sais si les arts, la science où les génies vous gardent leurs couronnes; mais je sais une chose, c'est que si un de ces bonheurs, ou si tous ces bonheurs vous sont réservés, le jour où vous serez entouré d'hommages, tout étourdis de louanges, tout enivrés d'encens, tout palpitants de gloire ; ce jour-là, vous serez moins heureux que l'homme qui, après avoir été coupable et bourrelé de remords, se relève du confessionnal rajeuni et purifié par l'absolution... Oh! alors il trouverait des anges sur sa route, il pourrait leur dire : Anges, je suis votre frère.

Que l'homme fatigué du monde et courbé sous le poids de ses fautes, comme l'ouvrier sous un fardeau trop lourd; que celui qui vit dans l'amertume du coeur, et qui maudit la nuit où il a été conçu, parce qu'autour de lui il ne voit que froideur et abandon, aille chercher sous les voûtes d'une de nos églises un de ces tribunaux toujours ouverts au malheur et au repentir, et il sera bientôt convaincu que le ministre de Jésus-Christ, assis au confessionnal, est le meilleur et le plus compatissant des consolateurs ; il verra qu'un confesseur est le plus tendre des pères, le plus sûr des amis, le plus discret des confidents.

Si l'on est pécheur, il pardonne ; si l'on est déjà parmi les justes, il dirige; dans l'affliction, il console; dans l'abattement, il relève; dans le découragement il fortifie; dans l'infortune, il secourt; dans la tiédeur, il réchauffe ; et quand tout nous courbe vers la terre, il donne des ailes à notre âme pour l'élever vers Dieu.

C'est avec raison que des Pères ont appelé le tribunal de la Pénitence une sainte école de sagesse. Passons en revue les différents âges de la vie, et nous nous convaincrons bien vite que l'aveu de nos fautes, en tempérant notre orgueil, rendra plus facile et meilleure chacune des saisons de notre existence.

Commençons par l'enfant. La confession, dès que sa raison commence à poindre dans son intelligence, lui faisant un devoir de la vérité, aide grandement à lui conserver le parfum de l'innocence, trop fragile trésor, si on ne le met de bonne heure sous la garde des anges et sous l'oeil exercé et paternel d'un confesseur, habitué, comme son divin Maître, à laisser les petits venir jusqu'à lui. Cette primeur de la vie est préservée par la crainte du mal que lui inspire le prêtre, par les sages avis qu'il donne à l'enfant, par la fuite des mauvais compagnons qu'il recommande, par l'obéissance et le respect pour ses parents qu'il sait inculquer à cette jeune âme.

Le jeune homme trouve au confessionnal un préservatif contre l'entraînement si redoutable des passions. La voix qu'il y entend l'excite à la vigilance, en lui faisant éviter les lectures dangereuses et les compagnies suspectes ; elle lui redit tous les dangers d'une vie sans occupation, et lui montre les victimes de l'oisiveté peuplant les régions infernales.

A cette époque de sagesse, les époux puisent la confiance mutuelle qui fait le bonheur des unions chrétiennes. Là, il y a pour eux une garantie sainte, un gage de fidélité, un principe de bon accord et de paix, une source de vraie félicité conjugale. La confession, en assurant le ciel au pénitent sincère, lui rend encore d'éminents services ici-bas. C'est elle qui, dans le peuple surtout, prévient ces débauches funestes qui absorbent dans la folie d'un jour tout le fruit des travaux de la semaine, et jettent ainsi dans les familles la ruine, la misère, le crime, et le suicide du désespoir!

La confession, d'origine divine, est faite pour tous, est utile et salutaire a tous, et nul n'a plus que le vieillard besoin d'y recourir. C'est elle qui lui fait la paix de ses dernières années ; elle qui lui garde le calme de ses jours, le sommeil de ses nuits : en lui ôtant les remords, qui sont les épines de la conscience, elle lui a assuré le repos.

L'âge nous a apporté bien des infirmités, bien des douleurs ; le temps a fait bien des vides autour de nous ; beaucoup de nos amis sont tombés comme des feuilles séchées, et le vent de l'oubli en a fait disparaître jusqu'à la poussière. Les caprices de la fortune auront peut-être été pour nous des rigueurs. Qui nous consolera de la venue des infirmités, de la fuite de nos jeunes années, de l'absence de nos amis et des privations de l'adversité? Ce sera l'ami que Dieu nous a donné au confessionnal. Lui, mieux que tout autre, sait les paroles qui consolent et qui fortifient, qui soutiennent et qui relèvent.

Celui qui a regardé sous chaque repli de votre coeur, celui devant lequel vous avez étendu tout le passé de votre existence, celui qui a sondé la profondeur des plaies que vous a faites le péché, celui dont la main vous a absous, vous a blanchi et purifié, au nom du Seigneur, de toutes vos iniquités, est, sans contredit, l'homme qui vous aidera le mieux au rapide et redoutable passage du temps à l'éternité.


Sans doute, l'esprit de l'Église, qui est l'esprit de Dieu, est immuable comme la vérité; mais comme la vraie religion s'est imprégnée de la miséricorde divine; comme, après avoir établi la nécessité, l'indispensabilité de la pénitence, cette tendre mère a eu pitié de ses enfants condamnés à une longue et pénibles peines; tout en maintenant le principe elle a laissé agir sa charité. Et quand nous lisons dans les annales du Christianisme naissant, quand nous voyons que des pénitences, prononcées par les évêques, duraient trois et cinq années.... et quelquefois plus, et que, pendant tout cet interdit, le chrétien repentant ne pouvait être admis à la Table sainte; qu'ainsi que le lépreux, il avait sa place marquée à l'écart de l'église, relégué, avec d'autres coupables, en dehors de la communion des fidèles; combien ne devons-nous pas être pénétrés de reconnaissance de ce que le Dieu trois fois saint a laissé sa miséricorde désarmer sa justice, et daigné permettre que nous, qui ne sommes ni meilleurs ni plus purs que nos devanciers, soyons si promptement et avec tant de douceur réconciliés avec lui, par les ministres qu'il a établis parmi nous pour lier et délier nos péchés! Nos pères étaient traités par l'Église comme des hommes forts et robustes ; et nous, elle nous regarde comme des enfants gâtés, énervés et sans énergie. Tout en rougissant de notre faiblesse, remercions notre Mère de sa compatissance, de la pitié qu'elle a eue de nous.

Nous croyons avoir prouvé que la confession, non-seulement nous assure le bonheur éternel dans l'autre vie, mais qu'elle nous garantit encore le calme et la paix dans celle-ci. L'histoire est remplie d'exemples qui le démontrent. En dehors des voies de Dieu, point de chances de bonheur ; or, sans la confession, avec notre fragilité native, nous serions toujours sortis des bons sentiers, toujours en disgrâce avec le Roi des rois.

Point de doute que la confession des péchés est un des principaux devoirs que le Seigneur imposa à son peuple : « Lorsqu'un homme ou une femme, a-t-il dit au livre des Nombres, auront commis quelqu'un des péchés qui arrivent d'ordinaire aux hommes, et qu'ils auront violé par négligence le commandement du Seigneur et seront tombés en faute, ils confesseront leur péché, et ils rendront à celui contre qui ils ont péché le juste prix du tort qu'ils lui auront fait, en y ajoutant encore le cinquième par-dessus. »

C'était une maxime universellement reçue chez le peuple de Dieu, maxime de Dieu même : « Que celui qui cache ses crimes ne réussira point ; et que celui-là seul obtiendra miséricorde qui les confesse et s'en retire. » « Ne rougissez donc pas, dit l'Ecclésiaste, de confesser vos péchés. »

Nous avons dit comment le sacrement de Pénitence, en ramenant la paix dans l'âme de chacun de nous, contribue au bon accord, à la paix de la famille; nous pourrions ajouter que la confession aide grandement à maintenir l'ordre et la tranquillité dans les États. En effet, les avantages que la société retire de ce sacrement sont immenses; ils seraient encore plus grands, sans les mauvaises semences que le scepticisme voltairien a répandues sur le monde depuis un siècle. Une mauvaise honte, un malheureux respect humain, sont nés de ces funestes doctrines. Hélas! aujourd'hui l'homme se fait illusion sur le principe de son bonheur ; il va toujours le chercher dans ce qui peut le lui procurer, tandis qu'il dédaigne les croyances, les pratiques et les vertus chrétiennes qui lui assuraient ce qu'il désire sans cesse et le fuit toujours.

Dans toute grande ville, dans les capitales des empires, des royaumes ou des républiques, il existe un mélange de bien et de mal, de vertus et de vices, d'hommes d'ordre et de perturbateurs, de scélérats et d'honnêtes gens, de chrétiens de fait et d'autres qui ne le sont que de nom.

Eh bien ! au lieu de ce mélange incohérent, de cet amalgame qui trouble l'esprit et qui attriste le coeur, supposez qu'il se forme deux villes distinctes, l'une toute chrétienne, toute obéissante à Dieu; l'autre toute impie, toute obéissante à Satan ; en un mot, l'une composée de chrétiens qui se confessent, l'autre de ceux qui ne se confessent pas ; dans laquelle de ces deux villes aurez-vous chance de rencontrer la tranquillité, l'ordre, la paix et le bonheur?

Ce qui est pur et bon sera dans la cité gardée par le Seigneur; là régneront, sous les regards du Très-Haut, la justice, la générosité, la bonne foi, la tempérance, la chasteté, l'union et la vraie fraternité. Là se verront des maîtres justes et compatissants et des serviteurs fidèles et dévoués; là le riche aidera le pauvre, le pauvre respectera le riche; le père soignera sa jeune famille, et les enfants, dans l'âge mûr, seront tout dévoués à leurs vieux parents. Tous s'aimeront, chacun sera respecté, et les vrais pauvres seront secourus.


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MichelT

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TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Empty Re: TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL. Vicomte Walsh – 1852

Message par MichelT Mer 21 Nov 2018 - 19:47

L'EXTRÊME -ONCTION.

« Si quelqu'un parmi vous est malade, qu'il appelle les prêtres de l'Église, et qu'ils prient sur lui, l'oignant d'huile au nom du Seigneur, et la prière de la foi sauvera le malade , le Seigneur le soulagera, et s'il a commis des péchés, ils lui seront remis. »

Ce passage de l'apôtre explique clairement et le rit sensible et l'institution divine, et enfin la promesse de la grâce ; le rit extérieur est exprimé par l'onction de l'huile prescrite par saint Jacques, et à laquelle est jointe la prière du prêtre. L'institution divine et la promesse de la grâce sont unies à ce rit, et on le comprend par la nature même de l'objet dont il s'agit, puisqu'il n'appartient qu'à Dieu seul de conférer la grâce. Or, ces paroles : « et s'il est en état de péché, ses péchés lui seront remis, » démontrent clairement que l'Extrême-Onction confère la grâce ; et en effet, les péchés ne peuvent être remis sans le don de la grâce divine.

Saint Chrysostome, au chap. 3 de son livre sur le Sacerdoce, dit en termes positifs : « Non-seulement les prêtres nous régénèrent, mais encore, après nous avoir régénérés, ils peuvent nous remettre nos péchés ; car quelqu'un de vous est-il malade, a dit l'apôtre, qu'il appelle les prêtres.»

Possidonius et saint Cyrille d'Alexandrie s'appuient sur l'Extrême-Onction pour exhorter les fidèles à recouvrer ainsi la santé, et pour les détourner des superstitions païennes. Quant à la matière de ce sacrement, les paroles mêmes de saint Jacques prouvent que c'est l'huile extraite des olives. Le mot seul oleum suffit pour le faire comprendre et n'a pas besoin d'explication.

Par la tradition des apôtres, reçue de main en main, l'Église a compris que la matière de ce sacrement était l'huile bénite par l'évêque. Enfin, le concile de Trente nous démontre que l'effet de ce sacrement est la grâce du Saint-Esprit. « Cet effet réel, dit le saint concile, est la grâce du Saint-Esprit, dont l'onction nettoie les restes du péché et les péchés mêmes, s'il y en a encore quelques-uns à expier, soulage et rassure l'âme du malade, excitant en lui une grande confiance en la miséricorde de Dieu, par le moyen de laquelle il est soutenu et il supporte plus facilement les incommodités et les progrès de la maladie ; il résiste plus aisément aux tentations du démon ( des anges déchus), qui lui dresse des embûches en cette extrémité, et il obtient quelquefois la santé du corps lorsqu'elle est nécessaire au salut de l'âme. »

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Cate082a
Le sacrement d`Extrême Onction

Le Catéchisme romain donne de grands détails sur ces effets de l'Extrême-Onction. Jusqu'à ce sacrement, qui vient clore la vie chrétienne, nous avions marché dans la joie et les magnificences. Sur le sentier que la main divine a tracé entre la terre et le ciel, les miséricordes du Très- Haut se sont déroulées devant nous, apportant à nos âmes le pardon, la force et l'amour. Nous avons pris l'homme à son entrée dans le monde, soutenu par la main de son Dieu ; il est temps d'interrompre notre course.

C'est en proie à toutes les souffrances, en lutte avec la mort, que le fils d'Adam va nous apparaître ; mais là encore le spectacle sera plein de grandeur, imposant et digne de toute notre attention. Approchons sans crainte et sans terreur de ce lit d'angoisses. Les leçons de la mort sont sévères, il est vrai, mais elles sont empreintes d'une majestueuse et indélébile grandeur ! La mort, en nous montrant la terre dans laquelle nous devons dormir, élève notre âme vers le ciel, où elle doit monter, et nous dit, dans son muet langage : Nolite timere, ne craignez pas, l'immortalité est de l'autre côté de la tombe.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Pietro_Antonio_Novelli_Sakramente_Krankensalbung
Le sacrement d`Extrême Onction

La main de notre divine et maternelle religion a mêlé ses joies à nos pleurs, mais elle n'en a pas tari la source. Fille du ciel, elle ne devait donner à ses enfants un bonheur parfait que dans la patrie, que dans sa région natale, bien haut, bien haut au-dessus de nos misères !

« L'homme né de la femme vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de troubles; il est comme une ombre qui ne demeure jamais dans le même état.»  «La vie est lourde à porter ; la vie est pleine d'ennuis ; elle est pour l'homme comme une guerre continuelle, et ses jours sont comme ceux d'un mercenaire.»  «Comme un esclave soupire après l'ombre et comme un mercenaire attend la fin de son ouvrage, ainsi se passent en ma vie des mois vides et des nuits pleines de travail et de douleur.»  «Mes jours ont été tranchés plus vite que le fil de la toile n'est coupé par l'ouvrier ; ils se sont écoulés sans me laisser aucune espérance. » ( Le livre de Job – Ancien Testament)

Ainsi soupirait, ainsi se lamentait sur les malheurs de sa vie un homme (Job) qui en avait éprouvé les joies et les tristesses, les prospérités et les infortunes. Ainsi pourraient se lamenter et soupirer tous ceux qui l'ont parcourue.

Et l'homme cependant s'attache à cette vie ! A la seule pensée qu'un jour elle s'évanouira comme un rêve plein d'illusions, son âme se remplit d'amertume ; il se prend à toutes choses créées ; il voudrait ne point mourir, et recule épouvanté devant l'obscurité des régions de la mort.

Et d'où lui vient donc cette épouvante ? N'est-ce pas dans cette ombre qu'il trouvera le repos? Sa frayeur vient de ce qu'il se rappelle la noble origine des enfants de lumière ; les revers de l'homme n'ont point détruit en lui l'idée de sa grandeur première ; tout en son âme se révolte contre l'humiliante dégradation que la mort opère. C'est qu'en effet Adam avait été créé pour être glorieux et radieux de bonheur, et non pour être la proie d'humiliations étranges.

« Le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort. » Depuis lors, son empire s'est exercé sans relâche, les générations ont succédé aux générations, les empires ont croulé les uns sur les autres, les puissances ont passé comme les flots de la mer, les palais ont croulé, et dans la ruine générale les tombeaux seuls sont restés. Aucun monument n'est solennel comme celui de la mort. Placé sur la limite de deux mondes, l'homme voit devant lui l'éternité et ses siècles inénarrables, la vie humaine et ses années fugitives comme les eaux qui se précipitent dans l'abîme. Terrible transition que celle-là !

Cependant le Dieu qui est charité n'a pas laissé sans consolation ce jour remarquable entre tous les jours. L'homme qui l'a trouvé veillant à son berceau, fortifiant son adolescence, rendant par le pardon la paix à son cœur, le verra encore penché sur le chevet de son agonie, car les œuvres du Seigneur sont parfaites !

Aucun malheur, aucune peine n'a échappé à sa tendresse : il a pourvu à tout ; il sera là comme il a toujours été, le Dieu d'amour et de mansuétude, le Christ sauveur et consolateur. Comme la mère ne manque point au nouveau-né qu'elle allaite, Dieu ne manquera point à sa créature.

« Quelqu'un, parmi vous, est-il malade? qu'il appelle les prêtres de l'Église et qu'ils prient sur lui, l'oignant d'huile au nom du Sauveur, et la prière sauvera le malade. Le Seigneur le soulagera, et s'il a commis des péchés ils lui seront remis. » Ces paroles de l'apôtre saint Jacques, qui ont été les premières que j'aie écrites en tête des pages que je consacre au sacrement de l'Extrême-Onction démontrent toute la bonté de Dieu. Il a pensé en même temps aux souffrances de notre corps, à ce moment suprême où toute chair frémit et palpite d'épouvante.

En présence du fardeau écrasant de souffrances qui l'oppresse et des angoisses qui le rongent, qui allégera les peines consumantes du moribond, sinon celui qui s'est chargé des infirmités de tous ? En présence de ces jours passés dans l'oubli des devoirs les plus saints ; en présence de ces mois, de ces années vides de tout bien ; au pied de ce tribunal où la justice aura repris tous ses droits, comment l'âme, en proie à l'inquiétude et aux remords, recouvrera-t-elle la paix, sans une nouvelle assurance que ses péchés lui sont remis ?

Il se rencontre des chrétiens, et aujourd'hui ils sont bien nombreux, que la vue d'un prêtre fait trembler alors qu'ils sont pressés des étreintes glacées de la mort, et qui voudraient l'éloigner de leur lit de douleur. Ah I s'ils savaient quel remède suave et efficace a été confié au prêtre, dont la présence les fatigue ; s'ils savaient quelles paroles de vie sont en sa puissance, quelles consolations découlent de ses lèvres ; s'ils savaient combien la religion a guéri de plaies, calmé d'inquiétudes, dissipé d'alarmes combien elle fortifie contre ce qui trouble l'âme, victime de toutes les passions de la terre ! Jamais, pourtant, la religion ne fut plus tendre, plus consolante, plus sublime qu'au lit du mourant.

Là, elle pleure sur lui comme une mère sur son enfant; là, elle l'enlève au-dessus des misères et des douleurs d'ici-bas, comme ces anges qui emportent sur leurs ailes et qui ravissent les saints au troisième ciel ! « Si la plupart des cultes anciens, dit M. de Chateaubriand, ont consacré la cendre des morts, aucun n'a songé à préparer l'âme pour ces rivages inconnus, dont on ne revient jamais ! Avant Jésus-Christ, le monde avait surabondé de misères, et jamais une parole ou consolation n'était venue en tempérer l'excès ; la mort planait sur l'univers, et rien n'allégeait la rigueur de ses coups. C'est que la charité était ignorée du paganisme. »

Ainsi, à côté de cette victime dont la mort est prête à se saisir comme d'une proie, ce ministre du Très-Haut apparaît comme l'ange chargé d'introduire les habitants de la terre dans la patrie bienheureuse. En le voyant, on se rappelle cette parole si suave de l'Évangéliste bien-aimé : « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. »


la suite bientôt

MichelT

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Message par MichelT Mar 8 Jan 2019 - 22:21

LE MARIAGE.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Mariage

Au commencement des siècles, quand l'homme sorti des mains du Créateur reçut l'investiture d'un pouvoir sans limites sur toute chose créée, ce fut en présence de Dieu qu'il exerça le premier acte de sa souveraineté. Mais, dans cette revue solennelle des êtres soumis à sa domination, il se trouva que quelque chose manquait aux besoins de son cœur. Tout était parfait dans l'univers; sous un aspect seulement, cette harmonie, enfantée par la Sagesse éternelle, sembla en défaut : le Roi de la création était seul!

« Il est vrai que par sa position intermédiaire entre le monde supérieur et le monde inférieur, l'homme, corps et esprit, se trouvait en relation avec la nature et avec Dieu. Mais cette double relation ne le laissait pas moins seul de son espèce, seul dans le rang qu'il occupait, perdu entre la terre et le ciel. Encore que la nature eût suffi aux besoins de son corps, et Dieu aux besoins de son esprit, lui, privé de rapports avec des êtres de même forme et de même degré, n'eût pas suffi à la grandeur du poste qu'il était chargé de remplir ; son histoire eût été trop courte, ses périls trop bornés, ses vertus trop restreintes; comme il avait un monde au-dessus et au-dessous de lui, il fallait que lui-même fût un monde, et qu'ainsi toutes les parties de la création, bien qu'inégales entre elles par leur place et par leur essence, se répondissent dans une certaine proportion d'immensité

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Mariage-marie-joseph-1
La Sainte Famille

Le Seigneur dit alors : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; faisons-lui un aide semblable à lui. »

Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un sommeil profond, et, pendant qu'il dormait, il tira une de ses côtes et mit de la chair à sa place. Et le Seigneur Dieu, de la côte qu'il avait tirée d'Adam, forma une femme, et il l'amena à Adam. Et Adam dit : « Voilà maintenant l'os de mes os, et la chair de ma chair. Celle-ci s'appellera d'un nom qui marque qu'elle vient de l'homme, parce qu'elle a été prise de l'homme. » « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair. »

Et les bénissant, Dieu ajouta : « Croissez et multipliez-vous ; remplissez la terre, dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre. Je vous ai donné toutes les herbes qui portent leurs graines sur la terre, et tous les arbres qui renferment en eux-mêmes leur semence, chacun selon son espèce, afin qu'ils vous servent de nourriture. »

C'est ainsi que, dès l'origine des temps, Dieu institua le Mariage et créa la société humaine. La terre et tout ce qu'elle porte, et tout ce qui la revêt comme d'un riche et magnifique manteau, l'Océan avec ses flots et ses abîmes, le ciel et les globes lumineux que la main du Créateur y a semés, pour qu'ils accomplissent leur course à travers l'espace, en racontant sa puissance et sa gloire ; tout, jusqu'alors, n'a semblé qu'un jeu de sa volonté suprême; mais, arrivé à la création de l'homme, Dieu se contemple lui-même avant d'agir, et puis, quand l'homme est devenu une créature, quand le souffle divin l'a élevé au-dessus de tout ce qui existe en ce monde, l'Éternel semble de nouveau se renfermer en lui-même et consulter sa sagesse infinie; on dirait qu'à son œuvre, incomplète jusqu'alors , il veut imprimer un cachet de perfection inconnue dans toute créature. Il s'agissait de former la famille, de poser les bases des sociétés et des empires; jamais œuvre plus grande ne put occuper le Créateur.

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Les noces de Cana (Évangile selon St-Jean 2,1)

Sous le soleil s'étendent encore, presque inconnues des voyageurs, des contrées immenses où règne le vide dans tout ce qu'il a de plus effrayant ; on dirait, à la désolation qui s'y montre, que là le chaos n'a pas entendu la voix de l'Éternel. Là, tout effraye et rien ne rassure le regard de l'homme qui y a pénétré à travers mille dangers; et quand une fois on a été jeté sur ces plages que rien ne féconde, on est saisi d'inexprimables tristesses ; rien ne parle à l'âme, rien ne répond à la voix qui appelle.

Telle eût été la terre que nous habitons, si la famille, si la société n'y eussent été créées; sans elle, à qui l'homme eût-il communiqué sa pensée ? à qui eût-il pu ouvrir les joies de son âme? Qui eût entendu sa voix, répondu à sa parole? qui eût partagé son bonheur et son empire? Dieu dit donc: « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. »

Mais, comme nous venons de le dire en citant un grand orateur, l'homme n'est pas en ce monde comme les autres créatures : il participe de la terre et du ciel, il porte en lui des penchants terrestres et des inclinations célestes ; mais ces dernières forment le fond de son être, tendent invinciblement à dominer tout ce qui est terrestre, à le régulariser, à le rendre en quelque sorte céleste. Ce besoin de l'homme a son origine dans sa propre création. Formé à l'image de Dieu, l'homme est entraîné naturellement vers son modèle; tout ce qui peut l'en éloigner est imparfait et ne saurait véritablement lui convenir.

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Dieu donc, créant la société, devait chercher son prototype en lui-même; la créer semblable à lui; autrement le cœur de l'homme n'eût point trouvé son bonheur dans la société ; elle ne lui eût offert que le vide et l'ennui. Or, Dieu est essentiellement ordre et amour. La société sera donc basée sur l'amour et sur l'ordre ; la famille devra donc vivre par l'amour et par l'ordre. L'ordre demande que tous les membres de cette société soient liés et enchaînés l'un à l'autre, vivant d'une vie commune à tous, se perfectionnant, se complétant mutuellement. L'amour empêchera que ce lien ne se fasse sentir autrement que par sa douceur; tous se réjouiront d'un bonheur qui doit être la possession de tous, et si quelque malheur était à craindre là où l'amour est parfait, ce malheur cesserait d'être un malheur individuel ; il deviendrait celui de la société entière et ne serait plus si lourd à porter.

C'est pour réaliser un pareil dessein que le Seigneur ne crée pas la femme seulement semblable à l'homme, mais qu'il la lui donne formée à l'image de Dieu. Car, en Dieu, une seule et même substance appartient à ces trois personnes divines, que nous adorons le front dans la poussière, et à qui nous reconnaissons être dû toute gloire, tout hommage, tout respect, tout amour. La société de l'homme et de la femme, bien que supérieure, n'eût eu de similitude qu'avec la société animale, où Dieu nous montre deux êtres pareils, deux créatures de mêmes formes, créées pour se compléter, mais ne formant pas une seule et même chair, et n'étant liées, par là même, que d'une manière imparfaite. Ainsi créés, l'homme et la femme, et avec eux la société entière, se trouvent liés d'un lien indissoluble. Il ne dépend pas de l'un de se séparer de l'autre ; il n'est pas libre à l'un de ne pas aimer l'autre; personne ne saurait se séparer de soi-même; personne, dit l'Apôtre, ne peut avoir de haine pour sa propre chair.

A mesure que les siècles succéderont aux siècles, à mesure que les fils d'Adam se multiplieront et s'étendront sur la face de l'univers, ils s'établiront dans des pays divers, ils se formeront en différents peuples; leur langage, leurs mœurs ne seront plus semblables : ainsi le lien aura acquis une extension plus considérable, mais il ne sera pas rompu. L'amour n'aura rien perdu de ses droits ni de son intensité ; le dernier rejeton d'Adam sera toujours l'os de ses os, la chair de sa chair; le sang qui a coulé dans les veines du premier homme coulera encore dans celles du dernier de ses descendants, et celui qui aura de la haine contre son frère haïra sa propre chair; celui qui se révoltera contre un homme se révoltera contre soi-même. Il y aura des nations, des tribus, des peuples différents ; mais il n'y aura jamais qu'une grande famille, que des frères et qu'un père commun.

Telle est l'union que Dieu a formée dès le commencement, telle est la base qu'il a donnée à la société, aux empires : lui seul pouvait établir des liens aussi puissants.
L'univers, avec toutes ses merveilles, avait été donné à l'homme pour en jouir et y demeurer; la terre était le domaine d'une famille innombrable, et là devaient régner sans vicissitudes la paix et l'union Mais le péché est venu, et nous souffrons encore, des maux qu'il a amenés à sa suite.

Cependant le péché, père de la mort, n'a point anéanti, n'a point brisé les liens de la grande famille humaine. Les lois posées aux jours de la création de la femme sont les lois qui régissent la société. L'œuvre de Dieu subsiste inébranlable, au milieu des révolutions qui bouleversent et changent la face de toutes choses ; en dépit de tout, elle a résisté à l'inconstance des siècles. Ce que la volonté du Seigneur a établi n'est point ébranlé par les efforts de la pensée humaine, pas plus que le rocher s'élevant de l'abîme et que bat sans cesse la fureur des flots. Le Mariage a été attaqué, dans l'antiquité païenne, par les sages et les princes de la science. Platon surtout montra jusqu'où peut descendre l'esprit le plus sublime, quand il n'a pour guides que l'imagination et le génie. Malgré ces dons si enviés des hommes, et que le Créateur n'accorde qu'à des natures d'élite, Platon n'a rien compris à la mission de la femme dans la société humaine, ni à l'importance du Mariage.  En effet, il n'y a point de nation sans société, point de société sans la famille, point de famille sans le Mariage. Que l'homme se garde donc bien de séparer ce que Dieu a uni.

L'empire romain, ce grand colosse aux pieds d'argile, s'est affaissé quand le Mariage a cessé d'y être considéré, quand l'homme taré put gérer les fonctions publiques, comme l'homme honnête et respecté voué aux soins de sa famille. Auguste sentit toute la portée de ce désordre ; mais toute sa politique ne put y remédier.

Au contraire les nations ont été toujours généreuses, fortes et puissantes, là où le Mariage n'a jamais cessé d'être en vénération. C'est que les devoirs graves et sérieux y étaient compris, et que les nations, comme les individus, n'ont de force que dans l'intelligence et l'amour du devoir. Arrêtons-nous à ces considérations ; il est temps de nous élever à un ordre plus parfait. Le monde comptait quarante siècles d'existence, des nations avaient rompu avec Dieu et l'avaient renié; alors le monde avait besoin d'un maître, et il ne rencontrait que des philosophes en désaccord, que des sophistes vaniteux, des orateurs à belles paroles et des comédiens... Alors Dieu eut pitié de cette terre ; il envoya son Fils pour être le maître et le docteur des peuples, pour ramener toute chair dans les sentiers de la vérité. Dès ce moment, une lumière céleste et brillante jaillit en tous lieux, tout se renouvelle, tout revient à la vie.

C'est de ce point lumineux, sur lequel rayonne la foi chrétienne, que nous envisageons maintenant le Mariage. C'était une société nouvelle que le Fils de Dieu venait de fonder, une société plus parfaite que tout ce qui avait existé jusqu'alors ; mais en perfectionnant la nature humaine, en ajoutant à ses prérogatives, son dessein n'était pas de changer les lois fondamentales sur lesquelles elle reposait. Ce qu'il avait établi aux jours de la création était bon; lui-même l'avait jugé ainsi ; sa volonté était donc de remettre en honneur, d'élever à un plus haut degré l'œuvre de ses mains.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Mariage-Anjou

Le Mariage avait paru un complément à la création; dans la société nouvelle, il ne perdra rien de son importance. Loin de là, il va nous apparaître plus majestueux, plus saint que dans l'ancienne loi. Les grâces qui en découleront seront bien plus abondantes qu'elles n'avaient été jusqu'à ce jour. Le Mariage va prendre place dans la religion de Jésus !
Nous venons de dire que la société reposait sur le Mariage, et plus haut, au commencement de ce livre, nous avons exposé ce que nous entendions par un sacrement. On voit qu'il était digne de la miséricorde du Sauveur des hommes, aussi bien que de sa sagesse infinie, d'élever l'union de l'homme et de la femme à cette haute dignité.

L'homme par le Baptême naissait à la vie surnaturelle. Dans la Confirmation, dépouillant les faiblesses de l'enfance, il devenait homme parfait. L'Eucharistie nourrissait son âme d'un pain céleste, dont la manne du désert ne fut jamais qu'une vaine et faible image! La Pénitence le relevait de ses chûtes, hélas ! trop fréquentes. L'Extrême-Onction le remettait de plus en plus purifié entre les mains de son Rédempteur... Mais dans toutes ces institutions la société ne paraît pas d'une manière spéciale; je découvre les bienfaits dont l'individu me semble le but principal : l'œuvre de Dieu n'a donc pas encore atteint toute sa perfection.

L'Ordre vient ensuite : c'est là un sacrement qui se rapporte essentiellement à la société; j'y vois une hiérarchie puissante et capable de résister à toutes les tempêtes; mais cette société, comment pourra-t-elle se perpétuer ! Le Dieu qui a fondé la famille, et dont la parole, bénie dans tous les siècles, a formé la première union dans le Paradis terrestre, ne lui donnera-t-il aucune part dans cette organisation nouvelle? Non. Le Mariage ne saurait être mis en oubli. Il recevra les honneurs dus à son origine. Il sera le septième des sacrements de l'Église sur la terre, la clef de voûte qui terminera l'édifice sacré. Ce n'était pas seulement aux jours de la création que Dieu avait montré combien le Mariage était sacré et combien l'œil de sa providence veillerait à sa conservation ; d'âge en âge, il se montre à nous comme le protecteur de ce lien auguste et vénérable. Retournons aux temps bibliques, et rappelons-nous ce que nous avons lu dans ce livre sacré; livre divin, comparé par un Père de l'Église à un fleuve majestueux où l'hippopotame trouve assez d'eau pour nager, et que les petits enfants peuvent passer à gué.

Nous n'avons point oublié les pages où la grande catastrophe du déluge nous est racontée. Nous savons quels étaient les crimes qui avaient ainsi allumé la colère de Dieu, et pourquoi toutes les eaux des cataractes du ciel ne furent pas de trop pour laver la terre de ses souillures et de ses iniquités, parce que des unions monstrueuses s'étaient formées, que des monstres en avaient été le fruit, et qu'ainsi toute chair avait dépravé ses voies. Quand les vengeances de l'éternel Seigneur furent satisfaites, quand la terre eut repris sa verdure, ses fleurs et ses fruits ; quand la race de Noé, s'étendant sur sa surface, la repeupla d'habitants, nous voyons le mariage reparaître dans toute sa pureté. Où trouverons-nous de plus poétiques tableaux que ceux offerts par les alliances patriarcales? Souvenons-nous du serviteur d'Abraham qui va chercher une épouse pour le fils de son maître.

Plus tard, chez les Juifs, le mariage, en perdant son indissolubilité, amoindrit sa majesté ; Dieu lui-même avait relâché les lois de son institution à cause de la faiblesse imprimée au cœur de l'homme par le péché. Si donc son œuvre, abaissée par l'humiliation générale où se trouvait la terre, était encore chère à son cœur quand ce qui devait être parfait fut arrivé, quand le Christ, venant du ciel, eut résolu de tout rétablir suivant la forme céleste, il devint juste que cette œuvre divine, que le mariage participât à la régénération universelle.

Voici donc ce qui arriva : « Un jour, quelques hommes de la secte des Pharisiens s'approchèrent de Jésus pour le tenter et chercher à le surprendre dans ses paroles : « Est-il permis à un homme, lui dirent-ils, de renvoyer sa femme pour quelque cause que ce soit?» Et Jésus leur répondit : « N'avez -vous pas lu que celui qui créa l'homme au commencement le créa un seul homme et une seule femme, et qu'il dit: C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et il demeurera attaché à sa femme, et ils ne seront plus tous deux qu'une seule chair.» Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni.» Mais pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse at- il ordonné à celui qui voudrait quitter sa femme de lui donner un acte de répudiation et de la renvoyer? — » C'est à cause de la dureté de votre cœur, répondit Jésus, que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes, mais il n'en a pas été ainsi dès le commencement.» Et moi, je vous déclare que quiconque renvoie son épouse... et en prend une autre, commet un adultère; et que celui qui épouse celle qu'un autre aura renvoyée, commet aussi un adultère. »

Ainsi le mariage se trouve ramené à son unité ; il devient indissoluble, les concessions faites à la fragilité humaine sous la loi de Moïse sont révoquées. Un ordre nouveau paraît, la femme remonte au rang qui lui fut assigné le jour de son entrée dans le monde. Le Fils de Dieu venant sur la terre, y répand ses bénédictions, pour que l'homme puisse supporter et aimer celle qui est l'os de ses os et la chair de sa chair, pour que la paix et le calme affermissent une union cimentée par la parole même du Sauveur.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Matrimonio%2BArturo%2By%2BGinebra.

Des esprits pervers se sont bien élevés pour ôter aux paroles de Jésus leur sens et leur force; mais l'erreur sera toujours impuissante à séparer ce que Dieu a uni. Le jour où l'univers apprit que Luther, foulant aux pieds les pages sacrées de l'Évangile, avait brisé en faveur d'un prince libertin la sainte unité du Mariage, il y eut un grand étonnement et une honte profonde. La nature humaine rougit de se voir ainsi dégradée ; et aujourd'hui, que trois siècles ont passé sur ce fait lamentable, nous ne pouvons, en le relisant, nous défendre d'un sentiment de confusion, en voyant traîner dans la boue cette institution auguste, dont le respect est inné dans nos âmes.  Il n'y a que Jésus-Christ, le créateur de la société, qui en ait compris la dignité. Ceux qui se séparent de lui sont condamnés à suivre les errements et les instabilités de leur cœur; l'homme uni à Dieu s'élève, semblable à l'aigle, au-dessus de la terre; abandonné à ses propres pensées, il rampe et tombe dans l'avilissement.

Dès le commencement de sa mission évangélique, le divin Réparateur avait témoigné par un acte éclatant que le Mariage ne demeurerait pas étranger au renouvellement qu'il venait apporter à la terre. Jésus n'avait point encore manifesté sa puissance en commandant à la nature comme souverain; il avait avec lui Marie sa mère et quelques disciples, et allait par le pays de Galilée, faisant le bien comme partout et toujours. Arrivé à Cana, lui et ceux qui le suivaient furent invités à une noce. Les deux familles qui faisaient alliance en mariant leurs enfants, voulant qu'ils fussent bénis, avaient instamment demandé au Fils de Marie de venir sanctifier par sa présence l'union des deux époux.  Avec sa bonté et sa mansuétude ordinaires, il vint donc s'asseoir au banquet nuptial. L'Évangile ne nous dit pas si la famille qu'il honorait ainsi était riche ou pauvre.

Voici le texte même de l'Évangile : « En ce temps-là, on fit des noces à Cana, en Galilée, et la mère de Jésus y était; Jésus fut invité aux noces avec ses disciples. Le vin venant à manquer, la Mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin. » Jésus lui répondit : « Femme, qu'y a-t-il entre vous et moi? mon heure n'est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Faites tout ce qu'il vous dira. » Or, il y avait six grandes urnes de pierre pour servir aux purifications des Juifs, dont chacune tenait deux ou trois mesures. Jésus leur dit : « Emplissez ces urnes d'eau, » et ils les remplirent jusqu'au bord ; et il leur dit : « Puisez maintenant et portez au maître d'hôtel. » Et dès que le maître d'hôtel eut goûté l'eau changée en vin, ne sachant d'où venait ce vin, quoique les serviteurs le sussent bien, il appela l'époux et lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin, et après qu'on en a bien bu, il en sert de moindre. Mais vous, vous avez jusqu'à cette heure réservé le bon vin. »

Ce fut là le premier miracle que Jésus fit à Cana en Galilée, et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. Parmi tous les mariages qui ont précédé celui-là, parmi tous ceux qui l'ont suivi, il n'y en a jamais eu, il n'y en aura jamais qui puisse être comparé aux noces de Cana... Heureuse, en effet, l'union formée en présence de Jésus-Christ et de Marie !

Le Rédempteur éternel ouvrant en faveur du Mariage la longue série de ses miracles, il était évident qu'il lui préparait des grâces spéciales et des moyens de sanctification. Grâce aux bénédictions du Sacrement, l'homme aura l'intelligence de ses devoirs, la femme comprendra ses obligations. Humiliée jusqu'alors, elle relèvera majestueusement sa tête, comme une reine couronnée de gloire et environnée d'honneurs ; la crainte ne viendra plus l'assaillir ni la troubler; le caprice ne brisera plus son existence.

La maison qui l'a reçue au jour de son union sera sa demeure jusqu'au jour de sa mort; ses enfants grandiront à son ombre, entourés de son amour, pour être sa consolation quand les jours de douleur s'abaisseront sur elle. Si le bonheur règne dans cette demeure, ce sera le bonheur de tous ; et si la tristesse y étend un voile sombre, les larmes de l'épouse se mêleront aux pleurs de l'époux ; le cri de l'enfance s'y joindra comme une voix qui demande grâce au ciel Et ainsi tout y sera commun, les biens et les maux, la joie et les tribulations, l'angoisse et la béatitude. Il est dans la nature de l'homme de partager ses joies et de communiquer ses chagrins.

Les Apôtres, confidents des pensées et des intentions du Sauveur, se sont aussi occupés du Mariage, pour en rappeler aux chrétiens et la dignité et les devoirs. « Que les femmes, dit le grand Apôtre, soient soumises à leur mari comme au Seigneur, parce que le mari est le chef de la femme, comme Jésus-Christ est le chef de l'Église, qui est son corps, dont il est le sauveur. Comme donc l'Église est soumise à Jésus-Christ, les femmes doivent aussi être soumises en tout à leur mari. Et vous, maris, aimez vos femmes comme Jésus-Christ a aimé son Église et s'est livré lui-même à la mort pour elle.» Ainsi, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps; celui qui aime sa femme s'aime soi-même. Car nul ne hait sa propre chair, mais il la nourrit et l'entretient comme Jésus fait à l'égard de son Église. Parce que nous sommes les membres de ses membres, formés de sa chair et de ses os. C'est pourquoi l'homme abandonnera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et ils seront deux dans une même chair.

Ce sacrement est grand, dis-je, en Jésus-Christ et en son Église.  En lisant ces paroles, on sent qu'une ère nouvelle s'est levée sur le monde; qu'une immense réhabilitation a eu lieu, et que par le Sauveur l'amour a été rappelé à son véritable caractère, et la société replacée sur ses bases d'une manière immuable jusqu'à la fin des temps. Ce n'est pas seulement en lui-même que l'homme ira chercher la cause de son affection et de son dévouement. Hélas! même racheté par son Dieu, de quoi est-il capable, quand il s'appuie sur soi-même? Sa volonté ne chancelle-t-elle pas, flottante et incertaine au contact de ses passions, comme la poussière au souffle du vent? Dieu s'est abaissé des splendeurs des cieux pour élever l'homme à sa hauteur, le rendre participant de sa divinité, et être à ses yeux un flambeau permanent qui dirigerait ses pas à travers la vie.

C'est donc dans l'amour immense, manifesté sur la Croix par des flots de sang versés pour le salut de la terre, que l'homme trouvera la raison de son amour, de son dévouement, de sa vie de sacrifices, pour celle que Dieu lui aura choisie. C'est dans la soumission de l'Église à Jésus-Christ, dans son désir ardent de répondre à son indicible charité, que la femme découvrira les raisons de sa soumission, de son tendre attachement à celui dont le Christ n'a pas dédaigné d'être le modèle. Mais ce n'est pas seulement en cet endroit que l'Apôtre relève aux yeux des nations converties la sainte union du Mariage et en retrace les obligations. C'est toutes les fois que l'occasion s'en présente, qu'il aborde ce sujet et le traité de manière à ne laisser aucun doute sur sa gravité et son importance.

Le prince des Apôtres s'en occupe aussi avec non moins de sollicitude, et sa voix, solennelle comme la voix du Seigneur, fait entendre à toutes les générations qui doivent se succéder des instructions qui ne furent jamais dédaignées sans conséquences déplorables ! Ainsi glorifié par le Sauveur, ainsi célébré par les Apôtres, le Mariage devait s'élever dans l'Église comme un arbre majestueux, dont les rameaux porteraient des fruits pour la vie éternelle.

Les successeurs des Apôtres, chargés comme eux de veiller au maintien de la société chrétienne, ont marché sur les traces de leurs pères. Comme des héros que rien n'étonne, ils se sont voués, avec une invincible persévérance, à la conservation de la sainte doctrine. Sous de pareils jouteurs, l'erreur, de quelque côté qu'elle s'élevât, est venue expirer en présence de l'enseignement divin. Mais ce n'était pas assez pour l'Église de lutter contre les ennemis du dehors, d'empêcher l'erreur d'envahir son empire. Instruite du besoin de ses enfants, elle devait entourer ses sacrements de tout ce qui pouvait en faire apprécier la valeur et en inspirer la vénération à tous les cœurs.

C'est ce qu'elle a fait en réglant les conditions convenables à la dignité de chaque sacrement. Le Mariage n'étant pas seulement un acte passager, mais donnant à l'homme une position qui influe sur sa vie entière, il était convenable et même nécessaire que des conditions toutes particulières forçassent à réfléchir sur cette démarche décisive et ses hautes conséquences. De là, des empêchements qui le prohibent à certains degrés de parenté, dans certaines circonstances où les contractants pourraient se trouver. Tout homme sage comprendra la valeur morale de cette législation et son influence sur la société.

Au reste, les empêchements de Mariage de parents à parents, si multipliés par l'Église, outre leur raison morale et spirituelle, tendent politiquement à diviser les propriétés et à empêcher qu'à la longue tous les biens de l'État ne s'accumulent sur quelques têtes. Chez les nations dégénérées qui s'oublièrent jusqu'à permettre le Mariage entre des frères et sœurs, dit M. de Maistre, ces unions infâmes produisirent des monstres. La loi chrétienne, dont l'un des caractères les plus distinctifs est de s'emparer de toutes les idées générales pour les réunir et les perfectionner, étendit beaucoup les prohibitions. S'il y eut quelquefois de l'excès en ce genre, c'était l'excès du bien.

C'était dans le premier âge, aux temps héroïques de la foi, que ces prohibitions étaient le plus multipliées. Depuis, l'Église s'est relâchée sur quelques points de sa discipline; mais cependant il n'y en a pas qu'elle ait changés avec plus de peine que ceux qui concernaient le Mariage. Rien, à ses yeux, ne touche autant aux bases de l'édifice social, au bonheur même des individus.

C'est Dieu qui doit former l'union de l'homme et de la femme. Quand le cœur, pour nouer le lien de toute sa vie, ne suit qu'un penchant inconsidéré, n'écoute que la voix d'un fol amour, il bâtit l'édifice de son bonheur sur un sable mouvant, et de ce délire de quelques mois, combien naîtront de longues années toutes remplies d'amertume et de regrets !

En ce jour, que la jeunesse imprudente croit être le premier de son bonheur, de grandes afflictions se préparent ; et du milieu des fleurs qui parent cette journée-là la maison nuptiale, combien de vipères s'échapperont, grandiront pour torturer plus tard la vie de l'homme et de la femme qui n'ont voulu prêter l'oreille qu'aux paroles enivrantes et mensongères des passions !

Dans les premiers siècles de l'Église, les mariages se faisaient publiquement, en face de l'évêque, qui pendant le saint sacrifice recommandait à Dieu les futurs époux. Ceux-ci faisaient leur oblation avec les autres fidèles, et l'on récitait leurs noms en particulier. Ils regardaient la bénédiction nuptiale donnée par le vrai successeur dos apôtres, non comme une simple cérémonie, mais comme une source de grâces. A la bénédiction nuptiale était jointe celle de l'anneau que le chrétien passait au doigt de la femme qu'il prenait pour la compagne de ses jours de paix ou de persécution. Les futurs époux présentaient aussi quelques pièces de monnaie pour les pauvres ; les vrais serviteurs du Christ ne pouvaient oublier dans leurs fêtes ceux qui souffrent et qui pleurent, ceux qui mangent le pain dur de la misère.

TABLEAU POÉTIQUE DES SACREMENTS EN GÉNÉRAL.  Vicomte Walsh – 1852 Article-494

L'époux prenait la main de son épouse en témoignage de la foi qu'il lui promettait On étendait un voile sur leurs têtes, comme pour leur faire entendre que le bonheur de deux époux doit croître et fleurir à l'ombre, et non dans la dissipation du monde ; le voile est partout l'emblème de la modestie. Celui que l'on étendait au-dessus des nouveaux mariés était couleur de pourpre, pour mieux indiquer cette belle vertu de la pudeur, première beauté de la femme chrétienne. Pendant plusieurs siècles, l'époux et l'épouse étaient également couronnés; mais ils n'emportaient point sous le toit conjugal la couronne que le prêtre avait mise sur leur tête; elle restait dans la maison de Dieu, et y était gardée comme chose bénite; elle se composait d'ordinaire d'une branche tordue d'olivier, rattachée par une bandelette étroite et blanche.

Ce voile ou poêle est encore en usage dans une grande partie de la France; mais, comme jadis, ce ne sont plus les clercs des églises qui le tiennent au-dessus des mariés ; on prend pour cet office les plus jeunes garçons de la noce, et une vieille tradition raconte que cela porte bonheur. Dans les temps de piété, les deux époux communiaient à la messe de leur mariage ; depuis ces jours antiques, ce qui est frivole et profane a tellement empiété sur ce qui est grave et saint, que cet usage a presque entièrement disparu. Après la messe, pendant laquelle on a quêté pour les pauvres de la paroisse, on se rend à la sacristie, bien vite remplie par les familles et les amis des nouveaux mariés. Là, on écrit l'acte de mariage sur les registres : il en était de même chez les premiers chrétiens. Ces registres s'appelaient Tables matrimoniales. On y inscrivait non-seulement les conventions qui regardent les intérêts matériels, mais encore les devoirs des gens mariés; et les Pères de l'Église dans l'assemblée des fidèles, se servaient de ce qui était marqué sur ces tables pour rap peler aux époux la sainteté de leurs devoirs, en les faisant souvenir des engagements qu'ils avaient pris. Tous ceux qui avaient assisté au mariage signaient ces tables, et l'évêque, qui était le père commun des fidèles, les souscrivait aussi.

Lorsque Dieu règne ainsi dans une famille, on s'y sent sur le chemin du ciel, et l'on y marche allègrement. Le contentement est partout, le murmure et la plainte nulle part. La voix de la douceur est plus puissante que celle de l'emportement; comme la volonté des maîtres est soumise à celle de Dieu, les autres volontés sont soumises ! La bonté est comme l'huile, qui rend dans le mécanisme tous les mouvements des rouages faciles et réguliers. Comment, dans un monde désordonné tel que celui d'aujourd'hui, pouvoir obtenir semblable perfection ? Eh ! mon Dieu, par un moyen bien simple : tout doit remonter à Dieu et découler de lui.

Les familles chrétiennes de vieille roche, pour atteindre cette tranquillité domestique, ont adopté une règle dont elles ne se départent pas : c'est, lorsqu'elles ont besoin de remplir un vide dans leur maison, d'aller sérieusement aux informations ; c'est de s'enquérir, non-seulement de l'intelligence, de l'activité, de la probité du sujet qui se présente, mais d'aller plus loin, de poursuivre davantage les investigations, et d'acquérir, autant qu'il est possible de le faire, la certitude que l'homme qui désire entrer chez elles veut non-seulement bien faire le service dont il sera chargé par son maître, mais encore son salut éternel, en suivant chrétiennement les lois de Dieu et de l'Église. L'homme qui fait bon marché de son temps veut l'employer mal. Les demandes sérieuses, les renseignements religieux, c'est là tout le secret pour obtenir un bon et tranquille intérieur domestique ; sans cela, vous introduisez l'ennemi chez vous... : prenez garde!

Si la raison et le bon sens avaient encore de l'empire sur les hommes, cette question religieuse serait la première que l'on ferait à tout homme, à toute femme qui se présenterait chez vous pour vous servir ; aujourd'hui, c'est celle que l'on ne fait pas. Aussi l'on voit comment vont les choses Regardez bien, écoutez bien, et vous découvrirez bientôt que là où la religion ne règne pas, le communisme s'implante et grandit. Comme c'est le Mariage qui forme la famille, comme ce sont les grâces qui découlent de ce sacrement qui assurent le plus le bonheur et la tranquillité des maisons chrétiennes.

Fin

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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