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La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle

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La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  Empty La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle

Message par MichelT Dim 3 Juin 2018 - 1:00

La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle


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L'œuvre de la foi est avant tout une œuvre de réparation. Son action s'étend du ciel à la terre, du trône embrasé des séraphins ( premier cœur des Anges) jusqu'à l'humble ouvrier condamné à gagner à la sueur de son front le pain de chaque jour, jusqu'au pauvre esclave abreuvé d'amertumes quotidiennes, et partout son action est une action réparatrice.

Au ciel elle a comblé les vides causés par la révolte de Lucifer, sur la terre elle a ennobli la nature humaine et montré à l'ouvrier et à l'esclave qu'ils avaient dans la splendeur céleste un Père commun avec le riche et le puissant de ce monde, des droits à l'héritage éternel et des espérances plus grandes. Mais il est une réparation que je ne puis passer sous silence, une réparation dont les effets se sont fait sentir dans la famille et ont influé d'une façon immense sur la société, depuis Jésus- Christ. Je veux parler de la réparation de la femme.


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Adam et Ève désobéissant aux ordres de Dieu ( Genèse 3)

Coupable la première aux jours de la désobéissance, la femme avait ressenti plus profondément que l'homme le poids de la malédiction divine; plus entièrement elle s'était effacée et était tombée dans l'abaissement et l'abjection. Cependant dès le premier temps, le Seigneur, en maudissant la terre, en frappant de sa réprobation la désobéissance d’Ève, avait donné une espérance à la femme.

Il l'avait relevée dans la personne de Sara, de Rébecca et de plusieurs héroïnes de l`Ancien Testament; il avait laissé entrevoir ses vues miséricordieuses en faisant monter au rang des ancêtres du Christ Rahab et Bethsabée; l'Écriture contient des pages magnifiques en l'honneur de la femme vertueuse; les livres d'Esther et de Judith sont consacrés à célébrer les actions illustres et les vertus des deux saintes femmes.


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Le patriarche Abraham et sa femme Sara vers 2,000 av J.C. ( Genèse 12)


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Rebecca, la femme d`Isaac ( Genèse 24,15)


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Rahab aidant les Hébreux vers 1100 Av J.C. ( Josué 2,4)


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Bethsabée avec son fils le Roi Salomon. ( roi d`Israël vers 950 Av J.C.)  ( 1 Rois 1,11)


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La reine Esther en Perse lors de l`exil du peuple juif vers le 6 eme siècle Av J.C.  ( Esther 20)


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Judith ayant vaincu par ruse le général Assyrien Holopherne qui persécutait sa nation vers le 7 eme siècle avant J.C.  (Judith 13,11)


Nous avons raconté l'histoire de Suzanne et nous avons mentionné celle de la mère à jamais glorieuse des sept martyrs de Jérusalem sous Antiochus . Mais jusqu'à l'Évangile, ce sont des faits partiels; et puis Dieu était connu uniquement dans la Judée; les autres peuples n'en avaient qu'une science imparfaite, une science incapable d'influer sur la morale des nations, incapable de relever aucun des abaissements du péché.


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Suzanne agressée par les deux vieillards (Daniel 13)


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Le martyre des sept frères Maccabées sous le règne du tyran grec Antiochus (2 Maccabées 7)


Aussi chez les païens la condition de la femme était-elle humiliante et abjecte. Mais quand la plénitude du temps fut accomplie, quand Dieu eut arrêté d'envoyer son Fils à la terre, une grande réparation eut lieu. L'Éternel choisit pour mère du Sauveur une créature ornée de plus de grâces que jamais Ève n'en posséda. Pour elle il suspendit la loi de la tache originelle; il lui donna une âme Immaculée, il mit en son cœur un torrent d'amour, et pénétra son esprit de lumières si divines que ni les patriarches, ni les prophètes, ni les apôtres, ni aucun des justes du Testament, ni aucun des saints de la loi nouvelle n'approchèrent de la perfection de cette créature, de cette femme bénie et privilégiée.

Cette femme s'appelait Marie. Mais ce n'était point assez de lui donner des vertus et des lumières; comme son ancêtre Abraham, il la destinait à devenir la mère d'une génération nouvelle inconnue jusqu'alors au monde; il l'appelait à essuyer les larmes de toutes les mères, à consoler toutes les afflictions de son sexe, à en être la gloire et l'espérance. Il inspira à son âme le désir de la virginité, il la rendit étrangère aux pensées de la terre; puis quand l'heure eut sonné dans les siècles éternels où le Fils du Très-Haut devait s'unir à la nature humaine, un messager céleste alla trouver Marie pour lui faire part des desseins du Ciel, pour lui annoncer que Dieu avait arrêté ses regards sur elle, qu'il suspendait les lois de la nature encore une fois en son honneur.

Choisie pour donner le jour au Rédempteur du monde, elle gardera sa virginité intacte, elle sera mère, elle sera vierge à la fois; car rien n'est impossible à Dieu. Seul, il engendre son Fils durant l'éternité; seule, Marie lui donnera la vie dans le temps; et ainsi la femme, si humiliée depuis quatre mille ans, s'asseoit sur le plus glorieux des trônes, elle s'élève à une prérogative sans exemple, à une prérogative unique; elle s'approche de Dieu d'une façon inconnue aux séraphins ( Anges) et à aucune des puissances du ciel; elle est mère, en quelque sorte comme Dieu lui-même est père.

Qui jamais a rien vu, qui jamais eût rien imaginé de semblable? Une vierge devient mère par un prodige sans exemple, et son fils est le Dieu Très-Haut, le maître des anges, le Seigneur des dominations des trônes et des chérubins. 0 Eve, pauvre mère trop longtemps abreuvée d'amertume, essuie maintenant tes larmes. L'auréole dont tu fus dépouillée au jour où tu oublias le précepte sacré du Seigneur, l'auréole brillante de grâce a été rendue à ton front, ta race n'est plus une race maudite; loin d'elle la malédiction! Un ordre nouveau a commencé sur la terre : la mère des hommes sera désormais la mère des vivants, la mère des fils du Très-Haut.

Mais sur la terre aucune réhabilitation n'a lieu que par le sacrifice, aucune gloire véritable ne surgira sans naître de l'épreuve et de l'affliction, aucune vertu ne sera digne de respect sans avoir été battue par la tempête, aucune grandeur ne s'asseoira sur le trône sans avoir pour piédestal l'humiliation. Telle est la loi de la justice, la loi de la réparation.  Le Fils de Dieu commencera par être le fils de l'homme avant de voir les nations inclinées devant lui; il boira au torrent de toutes les amertumes et de toutes les confusions avant d'être environné de gloire et de félicité. De même sa mère devra participer avec plus d'abondance que toutes les créatures au calice de l'expiation.

Elle sera la reine des martyrs, mais auparavant elle s'abreuvera de toutes les tristesses, de toutes les angoisses, de toutes les souffrances, de tous les tourments de son fils. Elle
sera la reine des anges, mais elle passera par les abaissements de la terre, et la mort exercera sur elle son empire; elle sera la reine des vierges, mais durant la vie rien ne la distinguera du rang des mères ordinaires; elle deviendra la gloire et l'honneur de son sexe, mais les regards de ses contemporains ne découvriront en elle qu'une femme commune. Le Christ a marché par les anéantissements ; Marie n'aura point d'autre partage.

Mais attendez. Au temps a succédé l'éternité, aux jours mortels les jours de récompense, et voici comment le Seigneur prodigue ses dons. Nous ne parlerons pas de la félicité inénarrable des cieux : Dieu seul a pu en sonder les abîmes; nous disons un mot seulement de ce qui s'est passé sous nos yeux.

L'Évangile est prêché par tout l'univers, et chacune des contrées du monde compte des vierges empressées à renoncer aux espérances de la vie. Jérusalem, Corinthe, Rome, et toutes les villes où les apôtres annoncent le divin Crucifié, voient une génération céleste se vouer au culte, à la vie de Marie. Les persécutions surgissent, et les vierges donnent leur vie pour conserver leur virginité; les fastes de l'Église inscrivent des dévouements inouïs jusqu'alors; les noms d'Agnès, de Cécile, d'Agathe, de Catherine d'Alexandrie et d'une foule innombrable d'autres également illustres traverseront les siècles sans jamais rien perdre de leur éclat, sans jamais souffrir l'altération la plus légère.

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St-Agnès, vierge et martyre à Rome en l`an 303 alors qu`elle n`avait que 13 ans. ( Agnos en grec signifie – chaste et pure)


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Sainte-Cécile, vierge martyre a Rome (Italie) vers l`an 230


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Sainte Agathe, vierge et martyre à Catane (Sicile) en Italie en l`an 251


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Sainte Catherine d`Alexandrie ( Égypte), vierge et martyre vers l`an 307


Les persécutions ont cessé, et les enfants privilégiées de Marie, les vierges, dédaignent d'habiter au milieu du monde; elles embrassent un nouveau martyre, celui de la pénitence; elles se réunissent en communauté, et des hommes comme St-Jérôme, St-Ambroise , St-Augustin , St- Chrysostôme, considèrent comme une des occupations les plus utiles de leur génie de donner des règles et des enseignements à ces saintes communautés, sanctuaires de vertu et d'innocence, où la vie rappelle le ciel et fait oublier la terre.

Chaque siècle voit ces maisons bénies se multiplier; les filles des rois deviennent les filles de Marie et vont passer leurs jours à côté de la fille pauvre et inconnue au monde, mais connue et aimée de la Reine des cieux, parce qu'elle a sacrifié les faibles espérances que la terre pouvait lui offrir.


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Louise-Adelaïde d`Orléans Bourbon-Orleans de la famille royale de France (1698 - 1743)


Et puis quand les temps deviendront mauvais, quand la charité se sera refroidie, quand les dévouements auront diminué, les timides colombes qui n'avaient pas cru pouvoir trouver où poser leur pied, les timides colombes sortiront de l'arche et viendront établir leur demeure en face de toutes les misères humaines, de tous les abaissements, de
tous les vices, de toutes les souffrances et de toutes les angoisses.

Elles se trouveront fortes comme Marie au pied de la croix. Elles s'appelleront sœurs de la Charité, sœurs du bon Pasteur, sœurs de la Croix, sœurs des Pauvres... Mais qu'importent les noms! La charité est le lien commun, Marie la mère et la reine commune. Le malade les verra s'approcher de sa couche de douleur; la prostituée sentira leur main charitable s'abaisser jusqu'à elle pour la tirer de ses malheurs ; l'indigent mangera le pain donné par elles au milieu des rebuts et des confusions ; la pauvre enfant de la campagne et de l'ouvrier recevra de leur tendresse la science de la vertu, du devoir et de l'honneur ; la mère de famille puisera en elles ses consolations; le vieillard apprendra à mourir en bénissant Dieu, et le bon père, penché tout le jour sur un travail accablant, trouvera moins rude le morceau de pain presque insuffisant à réparer ses forces, en voyant les Sœurs partager ses sollicitudes pour sa famille.


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Les Sœurs de la Charité au Nouveau-Brunswick vers 1900


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Les Petites Sœurs des Pauvres


Ah! si maintenant vous me demandez quelle est la source de tous ces dévouements, je vous répondrai : c'est l'amour de Marie, l'amour de cette femme unique entre les femmes. Parmi cette foule de vierges héroïques, à peine eussiez-vous rencontré un dévouement sans le culte voué à Marie dès leur enfance, sans l'amour dont leur cœur s'est embrasé pour elle. Nous les avons vues sur nos champs de bataille, dans nos hôpitaux, au milieu des cholériques et des pestiférés ; nous les avons rencontrées dans nos prisons, dans nos asiles d'aliénés ; nous les avons trouvées sous le chaume de nos paysans et dans nos hôtels somptueux, et nulle part elles n'étaient déplacées.

La misère ne leur inspirait aucun dégoût, les plaies horribles aucune répugnance, la peste aucune terreur, et la vue des grandeurs humaines aucun regret. Ah! c'est qu'en effet elles étaient au-dessus de nos grandeurs comme au-dessus de ce qui fait l'objet de nos craintes et de nos frayeurs. L'amour est fort comme la mort, rien ne résiste à ses ardeurs, rien n'échappe à ses étreintes.

Mais les vierges sacrées ne constituent pas seules l'empire de Marie. Comme à son fils, les nations lui ont été données en héritage et sa tendresse a rayonné en tous lieux. Tous les cœurs catholiques ont levé vers elle un regard d'espérance, tous lui ont adressé des prières, tous ont réclamé sa puissance et ses grandeurs. Dès le commencement des siècles chrétiens, ses privilèges ont été vénérés en tous lieux ; à peine une voix téméraire et impie a-t-elle osé contester le plus glorieux, celui de la maternité divine, que la ville entière de Constantinople proteste par des cris de réprobation contre l'indigne successeur de Chrysostôme ; le monde s'émeut, les évêques s'assemblent, et, dans la ville d'Éphèse, la ville initiée par Jean l'Évangéliste au culte et à l'amour de Marie, le patriarche d'Alexandrie, saint Cyrille, fait entendre ces belles paroles acclamées par l'univers, parce qu'elles expriment la pensée de l'univers : « Nous vous saluons, ô Mère de Dieu !»

«o Marie! trésor auguste du monde entier, lampe toujours ardente, lumière de l'Église, couronne de la virginité, sceptre de l'orthodoxie, temple indissoluble, Mère et Vierge par qui est béni, dans les saints Évangiles, Celui qui vient au nom du Seigneur ! Nous vous saluons, ô vous qui, dans votre sein virginal, avez enfermé celui qui est immense et incompréhensible ! vous par qui la sainte Trinité est glorifiée et adorée, la croix célébrée et adorée dans tout l'univers ; vous, par qui le ciel triomphe, les anges et les archanges se réjouissent, les démons ( anges déchus) sont mis en fuite; vous, par qui la créature déchue est élevée au ciel ; vous, par qui la créature entière, asservie aux idoles, parvient à la connaissance de la vérité ; vous, par qui le saint baptême et l'onction de l'allégresse sont accordés aux fidèles ; vous, par qui les Églises ont été fondées dans tout l'univers, et par qui les nations sont amenées à la pénitence !  En un mot, vous, par qui le Fils unique de Dieu s'est levé à l'Orient, comme la lumière de ceux qui étaient assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort; vous, par qui les prophètes ont prédit et les apôtres annoncé le salut aux nations, vous, par qui les morts ressuscitent, et par qui les rois règnent au nom de la Trinité sainte ! »

Tous les siècles ont redit avec enthousiasme les paroles de l'archevêque d'Alexandrie, et d'année en année les témoignages d'amour à Marie se sont multipliés. Des églises sans nombre se sont élevées en son honneur, des cathédrales aux proportions grandioses et gigantesques lui furent dédiées. Qui ne connaît Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Paris, et tant d'autres qu'il serait trop long d'énumérer?


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Notre-Dame de Chartres


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Notre-Dame de Paris


Quelle église de village n'a un autel consacré à Marie, comme si le culte du Sauveur était incomplet quand celui de sa mère n'y est pas réuni? Quelle bouche chrétienne ne répète plusieurs fois le soir cette belle et touchante Salutation angélique ? Quels enivrants concerts se font entendre d'un bout de l'univers à l'autre pour célébrer la Vierge ! Sous toutes les formes, sur tous les tons Marie est exaltée, bénie et invoquée.

Les graves théologiens établissent dans leurs savants traités les droits incontestables de ses privilèges; les docteurs et les prédicateurs consacrent leur génie à les faire connaître au monde; les écrivains mystiques nous introduisent dans le sanctuaire de ses vertus et les proposent à notre imitation ; les poètes chantent sa gloire, sa miséricorde, sa puissance et ses miracles. Après le nom sacré et adorable de Jésus, nul autre nom n'a inspiré autant d'écrits que le nom à jamais vénéré de Marie.  

Chercher à les énumérer, c'est tenter de dire le nombre des étoiles dont scintille la voûte du firmament; et cependant la vie de Marie s'est passée dans l'obscurité; elle a aimé la solitude, le silence, mais elle est la mère de Jésus ! Les rois lui ont soumis leurs royaumes; ils n'ont pas connu, dans leur confiance, de mains plus puissantes; ils n'ont point imaginé de remparts plus solides que sa protection. Les rois ont déposé leur couronne à ses pieds et n'ont jamais été plus assurés de ne pas la voir tomber de leur tête que quand ils en avaient fait hommage à leur reine souveraine; ils lui ont remis leur sceptre, et jamais ils n'ont moins redouté de le sentir se briser entre leurs mains qu'après lui en avoir confié la garde.

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Le roi de France Louis XIII, confiant son trône et le Royaume de France à la St-Vierge Marie au 17 eme siècle


Et ces rois, il faut en convenir, étaient d'habiles et puissants politiques ; ils avaient jugé sainement de la valeur des institutions humaines, de la stabilité des empires, du dévouement et de la capacité des hommes quand ils estimaient nécessaire l'intervention du Ciel à la conservation de leur dignité, quand ils intéressaient la mère de Jésus au maintien de leur dynastie.

Ils appartenaient à cette race de rois héroïques dont un d'eux a écrit : «Si le Seigneur ne garde lui-même la cité, en vain se consument en veilles les hommes chargés de sa défense.» Depuis, une autre politique a remplacé la politique des rois chrétiens. Les monarques se sont crus assez puissants pour soutenir leurs trônes par eux-mêmes, les nations assez fortes pour n'avoir plus besoin de chercher un appui au Ciel, ou du moins, peuples et rois ont voulu avoir le principal honneur de leur propre défense.

Nous avons vu tomber tant de trônes, passer tant de rois, se bouleverser tant de peuples, que nous sommes devenu encore plus admirateur de la piété de nos ancêtres et de leur pieuse confiance dans la Reine des cieux. Ce que les rois faisaient autrefois pour leurs royaumes, les villes le faisaient pour leur territoire, les familles pour tous leurs membres. Quand un fléau menaçait une contrée, les regards effrayés se tournaient d'abord vers Marie ; on recourait à elle, on se portait avec empressement vers ses sanctuaires les plus vénérés, et avant d'entreprendre ces saints pèlerinages, on purifiait sa conscience, on se réconciliait avec le Ciel.

Comme autrefois le peuple choisi, on renouvelait l'alliance avec le Seigneur, puis on ne craignait plus de dire à la Vierge : Montrez que vous êtes notre mère ; que par vous il reçoive nos prières, Celui qui, naissant pour notre amour, a bien voulu se rendre dépendant de vous. Et la pieuse confiance des populations n'était jamais trompée. Dieu commandait à l'ange de ne pas exterminer jusqu'à extinction, la miséricorde l'emportait sur la justice, la mère n'invoquait pas inutilement son fils.

Les monuments de la reconnaissance attestent encore de nos jours la vérité de cette assertion. Hélas! les villes comme les royaumes cherchent maintenant ailleurs les remèdes à leurs maux. Nous avons des médecins contre les épidémies, des instruments aratoires contre les disettes et les famines, nous avons des assurances contre la grêle et tous les fléaux du ciel, et nous avons jugé nos ressources assez grandes pour nous passer de l'intervention de Marie.  Aujourd'hui les villes ne font plus de vœux à la Reine des anges; elles n'élèvent plus de temples ni d'autels en son honneur; elles n'offrent plus tous les ans les dons qui témoignent des bien faits et de la reconnaissance.

Nous ne prétendons pas non plus que la dévotion à Marie se soit anéantie au milieu de nous; ce que nous déplorons, c'est que cette dévotion ne soit plus l'œuvre de la société, mais des individus seulement; ce que nous déplorons, c'est que les royaumes, les peuples et les cités aient cru pouvoir se passer de Dieu. Le culte de Marie est vivant dans les cœurs catholiques comme il l'était autrefois, mais ce culte a subi le sort de l'Église. Les États ont répudié l'Église, et, par une conséquence nécessaire, ils ont répudié le culte de la Vierge; ils l'ont dédaignée et méconnue.

Mais les familles où la foi ne s'est pas encore éteinte, connaissent Marie.  Elles l'aiment, elles la vénèrent et mettent en elle leur confiance. Là on voit la pieuse mère l'invoquer tous les jours et enseigner à son enfant à la prier avec ferveur ; la jeune fille lui confie la garde de sa jeunesse, le jeune homme la prend pour sa protectrice dans la vie, le père lui remet tout le soin de sa maison, le vieillard lui redit plusieurs fois le jour : Sainte Marie, priez pour nous à l'heure de notre mort.

La vie ne se passe pas sans de graves et poignantes sollicitudes pour un père et une mère. Il y a dans les familles des heures d'angoisses, comme il y en a dans les royaumes. C'est alors que le recours à Marie devient plus, ardent et plus vif, alors qu'il y a comme une lutte entre les pauvres enfants qui sont sur la terre et la mère puissante qui est dans les cieux; et cette lutte est plus violente de nos jours qu'aux temps où la foi exerçait davantage son empire, parce que l'impiété a rendu plus probables les châtiments du ciel.

Mais aussi que de victoires cette lutte a produites! Que de merveilles elle a enfantées ! Aujourd'hui plus que jamais Marie aime à montrer qu'elle est mère. Allez à Notre-Dame-des-Victoires, et dites, si vous le pouvez, combien de familles ont trouvé l'espérance et la paix devant cet autel qui n'a rien de remarquable au regard terrestre ! Dites pourquoi toutes les églises du monde, pourquoi toutes les familles de la terre, pourquoi tous les cœurs attristés se tournent vers ce sanctuaire naguère ignoré? Pourquoi tant de témoignages de reconnaissance entourent cette pieuse statue de la Mère de Dieu?

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Église Notre-Dame des Victoires de Paris

Ah! c'est que le cœur de Marie s'est ouvert avec plus d'amour là où l'ingratitude et l'iniquité avaient le plus surabondé. Mais, dans ces ex-voto, en vain chercherez-vous l'hommage d'une cité ou d'un royaume ; les cités et les royaumes ne se confient plus à Marie!! Allez dans une autre église de cette ville de Paris, où les saints gémissent au milieu de scandales et de crimes sans nombre, à l'église des sœurs de la Charité de la rue du Bac, église presque inconnue du monde entier.


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Chapelle de la rue du Bac à Paris


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Apparition de la rue du Bac a Paris en 1830

Là, vous apprendrez comment la Vierge elle-même donna à l'une de ses enfants la médaille miraculeuse. Les impies en ont fait l'objet de leurs dérisions, mais l'univers catholique l'a acceptée avec respect et amour. Les malades s'en sont armés contre la douleur, les justes contre la tentation, les pécheurs contre le désespoir, nos soldats l'ont placée sur leur poitrine devant les murs de Sébastopol, et le chef suprême de l'Église a déclaré dogme de notre sainte foi ces paroles de la médaille : Marie a été conçue sans péché.


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La médaille miraculeuse de 1830: O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours a vous


Jamais le monde ne soupçonnera les faveurs obtenues par cette dévotion à Marie Immaculée. Dieu seul en sait l'étendue, comme lui seul connaît l'immensité des mérites de la Vierge. Mais ce que les peuples connaissent, ce que les générations se sont transmis d'âge en âge, c'est cette multitude de bienfaits dont la chaîne remonte jusqu'au berceau du catholicisme, bienfaits dus à la dévotion à Marie, bienfaits inspirés par l'amour dont les hommes furent dans tous les temps embrasés pour elle.

L'amour de l'homme, comme sa dévotion, a pour principe les bienfaits reçus ou espérés: l'homme est trop égoïste et trop infortuné pour donner son cœur là où il n'attend rien, là où son espérance a été déçue.

Il a aimé Dieu par-dessus tout, parce que les bienfaits divins l'environnent et le pénètrent de toutes parts ; après Dieu, il a donné la première place à Marie dans ses affections, parce qu'elle a été sa plus insigne bienfaitrice, parce qu'entre tous les amis du Seigneur aucun ne l'a égalée en miséricorde. L'homme s'est moins occupé de la sainteté et des perfections de la Mère du Sauveur que de sa charité sans limites.  Il l'aime avant tout parce qu'elle est avant tout sa mère, sa consolatrice, son secours, son refuge, sa protection, sa défense. Elle est pour lui tout cela avant d'être sa reine ; l'homme le sait, il le sent comme l'enfant sent que sa mère est bonne pour lui avant de sentir qu'elle mérite ses hommages et ses respects. Nous ne raconterons pas les bontés de Marie, nous ne chercherons même pas à les mentionner ; il faudrait un livre immense pour cela. Nous aurions à parcourir les royaumes, les cités, les recoins les plus ignorés du globe. Nous la trouverions partout où il y a une souffrance consolée, un noble projet mis à exécution, un repentir salutaire dans le cœur coupable, une résolution généreuse arrêtée pour le Ciel.

Les rayons du soleil n'ont jamais autant échauffé la terre, que Marie le cœur des hommes; jamais la rosée des nuits n'a apporté autant de douce fraîcheur à nos campagnes, que le nom de Marie de baume ineffable à nos peines.

Je devais ces quelques lignes à la Mère de mon Dieu dans un livre consacré à louer les œuvres de la foi. Je sens tout ce qu'elles ont d'imparfait, mais je me console en pensant combien d'illustres génies se consacrent à célébrer ses merveilles, combien de cœurs purs se consument à l'aimer. Comme à son fils, je lui ai offert l'obole de mon respect et de ma pauvreté, et je sais que son regard s'étend avec tendresse jusqu'au dernier de ses enfants.

La foi ne s'est pas bornée à offrir à notre admiration et à notre tendresse cette belle et noble figure de la Vierge, elle lui a donné un cortège digne de sa grandeur et de son amour; elle nous l'a montrée entourée des saints et des anges, et ces saints, ces anges ne sont pas seulement destinés à lui former une cour brillante et nombreuse, mais encore à l'assister, à la seconder dans son ministère de consolation auprès des hommes.

Quand je considère la vie de Marie, j'y vois quelque chose de grandiose et de divin. L'humanité se trouve transportée dans une région fortunée, dans une atmosphère éblouissante ; si quelques infirmités me rappellent encore la terre, l'action céleste me la fait bien vite oublier : là un amour toujours intense, un cœur toujours incliné au bien, une pensée toujours noble et pure, un désir toujours sublime. Là jamais le souffle des tentations, jamais les orages intérieurs de la lutte entre la chair et l'esprit; c'est le sacrifice d'Elie qui s'accomplit par l'action du feu du ciel sans mélange d'aucune flamme étrangère. Je suis dans l'admiration, je bénis Dieu dont les œuvres sont au-dessus des pensées de l'homme, je prends confiance, et une confiance sans bornes; mais en voyant ma nature si ennoblie, en voyant tant de grandeur et de magnificence, je ne me dis pas jusqu'à quel degré il peut m'être donné de m'élever.

Je sens les bienfaits du Ciel incomplets pour moi, il faut que j'arrive jusqu'aux amis de Marie pour comprendre toute la richesse et l'ineffable immensité de son amour. Les saints ont été comme nous soumis à toutes les épreuves et les tribulations de la vie ; nous les trouvons dans tous les rangs, tous les âges, toutes les conditions de la société ; partout ils nous disent ce que nous sommes appelés à devenir. Ils ont été, comme le reste des hommes, conçus dans le péché. Ils sont nés enfants de colère, ils sont entrés en grâce avec Dieu, comme j'y suis entré moi-même. Aucun privilège de naissance, aucune distinction de race ni de famille. Le saint baptême les a introduits dans l'Église comme il m'y a introduit moi-même.

Parmi les hommes, les uns grandissent sous la tutelle de pieux parents, ils se développent comme une fleur douce et suave, ils exhalent de bonne heure le doux parfum des vertus; de bonne heure, ils apparaissent comme des arbres couronnés de fruits abondants ; d'autres, au contraire, entrent dans la vie ballottés par les tempêtes ; ils font de fréquents naufrages, le monde seul semble leur sourire, et puis, quand ils en ont épuisé les amertumes, quand ils ont senti le vice et l'angoisse cachés sous ses brillantes tentures, ils se tournent vers le Ciel, et commencent une vie nouvelle.

Ainsi en fut-il des saints. Les uns, comblés de plus de bienfaits, ont vu leur berceau abrité sous les ailes des anges. Louis de Gonzague, Stanislas Kotska, Bernardin de Sienne, Louis IX de France, ont pu à leur mort offrir au Seigneur, pure et sans tache, la blanche robe de leur baptême.

La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  Louis-de-Gonzague-3
Saint Louis de Gonzague est un étudiant jésuite mort au service des pestiférés à Rome en 1591


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St-Stanislas de Kostka- novice jésuite polonais, 16 eme siècle


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St-Bernardin de Sienne – en Italie au 15 eme siècle


La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  Emile_Signol%2C_Louis_IX%2C_dit_Saint_Louis%2C_Roi_de_France_%281215-1270%29
Louis IX, le roi St-Louis de France au 13 eme siecle


D'autres ont secoué avec effort la poussière amassée sur leurs vêtements. St-Paul, l'apôtre, St-Augustin, le docteur, St-Madeleine, la pénitente, ont méconnu pendant de longues années les droits du ciel sur leur cœur et sur leur esprit; mais quand ils eurent ouvert les yeux à la lumière, quand la rosée divine du pardon les eut purifiés, ils sont devenus des géants, ils ont brillé comme des astres, et les justes, longtemps scandalisés par leur vie, n'ont pu les suivre que de loin dans les sentiers de la sainteté.

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L`apôtre St-Paul



La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  58ece793dab19_1
St-Marie Madeleine la pénitente


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Saint-Augustin, docteur de l`Église

Le père de famille vient à toutes les heures du jour inviter les hommes à s'enrôler sous sa bannière; hélas ! combien de fois sa voix se perd dans le néant de nos pensées !
Les saints ont été en proie aux tentations pénibles et humiliantes; la conquête du ciel leur a demandé un combat de chaque jour ; la conservation de leur innocence a exigé une vigilance de tous les instants. Les embûches, les dangers de toutes sortes les ont environnés ; ils ont marché sur une terre semée de ronces et d'épines; ils en ont ressenti
toutes les aspérités, et s'ils sont demeurés debout, s'ils ont parcouru la voie ouverte en leur présence, c'est que d'un côté ils s'appuyaient sur la croix du Sauveur, et de l'autre, sur l'humble sentiment de leur indignité. Ainsi en sera-t-il de tous ceux qui tenteront de parcourir la route des vertus.

Quelle gloire, humainement parlant, pourra être comparée à la gloire des saints ? Quels mérites approcheront jamais de leurs mérites ? Le paganisme nous présente ses sages, et je les vois couverts de honte et de confusion ; je les vois esclaves des passions comme le reste des hommes; je cherche des vainqueurs du vice, et je n'en découvre aucun. Ils sont impurs, orgueilleux, querelleurs, avares, envieux; et si je consulte leurs écrits, je les trouve sans charité, sans intelligence de la terre, sans connaissance du cœur humain ; je les trouve aussi impuissants à enseigner le monde qu'à dominer ses instincts pervers. La philosophie moderne ne saurait nous donner plus que le paganisme; là où Dieu a disparu, il n'y a plus que l'homme, et là où l'homme est seul, il y a toujours l'ignorance, presque toujours la corruption.

Les saints ont existé dans tous les rangs de la société. Le savant tient parmi eux un rang distingué, mais il n'est pas seul, ni toujours le plus élevé ; au-dessus de lui sont les humbles pêcheurs de la Galilée, les apôtres; le riche y a trouvé une place, mais à côté et avec autant d'éclat brille le pauvre, dont la vie s'est passée sans aucun des biens de ce monde, ou plutôt tous les deux sont arrivés à la sainteté par une voie unique, le mépris des richesses terrestres.

De faibles enfants, de jeunes vierges, des mères de famille, des vieillards, des infirmes, des personnages pleins de timidité, et des héros que la vue du danger n'a jamais fait pâlir ; tous les rangs, toutes les natures se rencontrent dans l'assemblée des saints, et tous ont conquis le royaume à force de sacrifices, à force de combats; tous ont vaincu les inclinations perverses de l'humanité, méprisé les voluptés de la terre; tous ont traversé la vie sans prêter l'oreille aux vains bruits du monde, sans s'étonner de ses clameurs, sans lui prodiguer autre chose que le dédain et la compassion.

Quand nous abaissons sur nous-mêmes un regard découragé, quand la lutte devient vive et ardente, et que le poids du jour se fait sentir dans sa pesanteur, le souvenir des saints suffit à affermir nos résolutions ébranlées, et à nous inspirer de douces espérances. Nos frères ont triomphé, ils ont cueilli la palme; les tempêtes auxquelles ils furent soumis étaient terribles comme les nôtres, leurs amertumes aussi pleines d'angoisses, leurs dégoûts aussi navrants, leur nature aussi perverse, leurs inclinations aussi humiliantes ! Ils ont cueilli la palme, et nous, frères dégénérés, enfants sans vertu, nous oublierions nos titres de noblesse !

Nous méconnaîtrions le sang qui coule dans nos veines ! Nous inclinerions la tête devant les ennemis du Christ ! Non, les fils du Calvaire ne seront pas les vaincus des fils de Bélial; l'héritage de la croix n'ouvrira pas ses barrières aux bêtes de la forêt; Non, la maison du Seigneur ne deviendra pas le cloaque immonde de Satan !

Mais ce n'est pas assez de nous ranimer par d'illustres exemples, les saints nous ont été donnés comme des protecteurs. Victorieux sur la terre, ils ont gardé leur puissance de vaincre encore après leur mort. Leur prière est toujours puissante et leur charité pour nos misères toujours intense. Invoqués, ils nous écoutent; appelés, ils accourent, et quand ils se mettent de la partie, soyez en sûrs, nos ennemis ne sauraient rien contre nous. Voilà donc une armée toujours au service de l'homme, des héros toujours prêts à le défendre, des protecteurs toujours vigilants et attentifs à ses besoins; voilà les fils de la foi continuant dans le ciel leur œuvre glorieuse, et, après avoir surmonté les dangers de la terre, continuant dans les siècles éternels à édifier les remparts de Sion.

La foi seule offre de pareils spectacles, la foi seule enchaîne le ciel à la terre, l'éternité aux temps, et la félicité à la misère ; la foi seule a pu établir une grande famille en des
lieux si divers et l'unir par des liens si intimes. Les vrais soldats, les héros de la foi, sont les saints ; leur dévouement, leur courage, leur a valu de grands honneurs sur la terre et dans le ciel ; ici-bas, leurs noms sont donnés à la plupart de nos villages et de nos gros bourgs, aux petites églises et à nos vieilles cathédrales. Les populations rustiques savent l'histoire de leurs patrons, et souvent le saint qu'on y honore et que l'on y prie, a scellé de son sang la foi catholique. Les noms des plus grands conquérants ont été effacés de la mémoire populaire, et celui d'un pauvre paysan mort pour Jésus-Christ restera vénéré jusqu'à la fin des âges !

A mesure que l'Église s'étendait sur le monde et y établissait le culte consolant de l'intercession des saints auprès du souverain Maître de toutes choses, la plupart des nations choisissaient pour patron un martyr. A la foi naïve des peuples naissants, il avait semblé que le saint qui avait le plus souffert pour la cause du Dieu crucifié, serait plus écouté du puissant monarque de la terre et des cieux, que tout autre intercesseur; aussi voyons nous, sur les étendards et les bannières des différents royaumes et empires, briller les noms de saint Denis, de saint Édouard, de saint Georges, de saint Jacques, de saint Janvier tous héros chrétiens, bien dignes par leur courage et leur sainteté, de conduire les plus vaillantes nations à la défense de leurs patries respectives.


La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  Oriflamme_saint_denis_gr
Étendard de St-Denis en France



La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  Sticker-ecusson-saint-jacques-de-compostelle
Blason de St-Jacques de Compostelle en Espagne



La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  S-l300
Drapeau de l`Angleterre avec St-Georges


Parmi les martyrs, patrons de nos villes de France, il y en a peu qui aient laissé un nom plus éclatant de courage et de sainteté que saint Symphorien, mis à mort à Autun, alors qu'il n'était qu'adolescent.

La Sainte Vierge Marie - La Foi et les Œuvres volume 3 – Vicomte Walsh 19 eme siècle  Symphorianus_von_Autun2
Saint-Symphorien d`Autun martyr en Gaule romaine vers l`an 178


Le juge romain avait épuisé sur le corps du jeune chrétien tout ce que l'enfer a pu inventer pour torturer les serviteurs du Christ. Impassible, les yeux élevés vers le ciel, Symphorien pensait au Dieu qu'il allait voir dans le séjour des bienheureux, et à sa mère qu'il laissait sur cette terre profanée par l'idolâtrie et encore sous le joug des adorateurs de Jupiter. Enfin, la sentence du chrétien fut prononcée, et le martyr fut conduit au supplice. Comme il sortait de la ville, voilà que sa vénérable mère, du haut des murs l'exhortait à la mort et lui criait : « —Mon fils, mon fils, Symphorien! ne perds pas de vue le Dieu vivant courage, mon fils, mon Symphorien! comment craindre une mort qui engendre la vie? Élève en haut ton cœur, pense à Celui qui règne dans le ciel. Ce n'est pas la vie qu'on va t'ôter, c'est un échange que tu vas faire de la vie mortelle contre le ciel et son éternité!»

En voyant mourir ce jeune homme, plus d'un mondain prit en pitié sa foi et ses espérances. Aujourd'hui quel nom a surnagé dans cette foule témoin des combats de Symphorien? Un nom seul est demeuré grand et béni comme le nom de tous nos saints patrons, un nom seul est resté comme un signe de ralliement au milieu des épreuves de la vie : c'est le nom de Symphorien. Le nom des saints nous est transmis par la foi ; le parfum brûlé devant l'autel du Seigneur n'a pas une suavité plus douce que la mémoire vénérée du serviteur de Dieu.

A côté des saints, nos protecteurs, à côté de la Vierge, notre mère, il y a encore d'autres amis, d'autres combattants ; il y a les anges à qui Dieu a donné également une mission glorieuse et consolante pour nos infirmités. Créés pour habiter les cieux, ces purs esprits ont reçu de l'éternel ordonnateur du monde la mission de nous assister, de veiller à notre garde, de diriger nos pas à travers les dangers, de nous rappeler au devoir par de salutaires pensées, de nous inspirer l'horreur du mal, et de nous prémunir contre la défaillance de chaque jour. Noble et touchante mission! Les anges la remplissent à notre berceau et ils la continuent jusqu'à notre lit de mort, jusqu'au jour où ils ont conduit notre âme victorieuse aux félicités suprêmes.

Le chrétien dans la solitude a toujours un témoin et un conseiller, dans la tempête un pilote, dans le péril un soutien, dans tous les besoins de la vie un ami sincère et véritable. Dieu l'a tellement aimé qu'il s'est abaissé jusqu'à lui, qu'il lui a donné pour mère, la Reine de l'empire céleste, pour frères, les saints, pour amis, les anges.  Voilà les enseignements de la foi. Le monde peut exalter ses grandeurs, faire sonner ses titres de noblesse : le chrétien sera toujours à mes yeux plus grand et plus noble, parce que son Dieu s'est fait homme, parce que Marie est sa mère, parce qu'il est appelé à l'héritage des saints et à la béatitude inénarrable des anges.

Fin

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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