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L'OCCASION MANQUEE DES ROYALISTES EN 1875 ET L'INSTALLATION DE LA REPUBLIQUE

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Message par Hervé J. VOLTO Lun 8 Juil 2019 - 14:00

On sait ce que fut la III° République : du provisoire durable.

Le 4 septembre 1870, à la suite du désastre de Sedan —« Les armées de l’Empereur sont battues ! »— l’émeute installa la République à Paris. La Commune fut tout de suite réprimée mais la République fut confirmée et dotée d’une Constitution en 1875.

Paradoxalement, l’institutionnalisation du régime devait être le fait d’une Assemblée Nationale réputée Monarchiste en sa grande majorité et élue en 1871.

Que s'est-il passé?

Le 4 septembre 1870, le Second Empire s'effondre après la défaite de Sedan. Les affres de la Commune, qui ont mis Paris à feux et à Sang, ont terrorisé les Français qui n'aspirent qu'auretour à la paix. Bismarck exigeant de négocier le futur traité de paix avec un gouvernement issu du suffrage des Français, des élections législatives sont organisées en février 1871. La nouvelle Assemblée compte 240 députés républicains contre 400 Monarchistes, divisés entre Royaliste Légitimistes et Royalistes Orléanistes. Celà ne faisait que 40 ans que Charles X était parti en exil et c'est tout naturellement vers son petit-fils que se tournent les Royalistes.

Le 8 mai 1871, le Comte de Chambord rend publique une lettre en réponse à un de ses partisans, Carayon-Latour, dans laquelle il condamne les intrigues politiciennes -Réunie à Bordeaux le 18 février, l'Assemblée nomme Adolphe Tiers « Chef du pouvoir exécutif de la République Française » : elle s'investit en même temps du pouvoir constituant, mais annonce qu'elle ne l'exercera qu'ultérieurement- et replace les événements dans le contexte de l'histoire de France, affirmant sa Foi en la France éternelle et appellant au rassemblement. La lettre accélère le processus d'union des Royalistes et les Princes d'Orléans enjoignent le Comte de Paris de s'effacer devant le Comte de Chambord. Néanmoins, Henri de Chambord, qui ne voit de destin Français que dans le cadre de la Chrétienté, de Mission Française que dans le dans la fidlité de la France à son Baptême et de Restauration que dans l'esprit de justice, refuse de renoncer au Drapeau Blanc : une question de principe, qui concerne l'idée même qu'il se fait de la Monarchie.

Dans une lettre du 24 mai 1871, le Comte de Chambord affirme qu'il ne veut pas abandonner le drapeau de ses pères qui pour lui veut dire «respect de la religion, protection de tout ce qui est juste, de tout ce qui est bien, de tout ce qui est droit, uni à tout ce que commande les exigences de notre temps, tandis que le drapeau tricolore représente le drapeau de la révolution sous toutes ses faces et qu'en outre il remplit les arsenaux de l'étranger son vainqueur» S'il transigeait avec l'héritage de la Révolution, il serait impuissant à faire le bien.

Mais les Royalistes pensent que la Royauté peut tout de même être restaurée. Le 18 septembre 1871, les députés discutent d'une proposition de loi visant à ce que l'ensemble des administrations centrales s'installent à Versailles qui est votée le 8 octobre, le Prince ayant annoncé à Lucien Brun, alors perçu comme son éventuel Premier Ministre, que la Restauration faite, il s'installerait à Versailles. En novembre 1871, le préfet de police nommé par Thiers, Léon Renault, déclare qu'avec cent mille francs, il couvrira Paris de Drapeaux Blancs. Depuis son exil de Froshdorff, le Comte de Chambord réussit même à obtenir le vote du Voeux National par le Parlement et de la construction de la Basilique du Sacré-Coeur à Montmarte, dont la première pierre est rapidement posée dans les jours qui suivent.

Alors, pourquoi le Comte de Chambord a-t-il renoncé au Trône de France ?

Le Comte Henri de Vansay, qui fut pendant trente ans le secrétaire du Comte Henri de Chambord, a laissé à sa famille les notes suivantes, dont le Marquis de la Franquerie en conservait une copie:

–Un jour que nous étions à Goritz, on me fait dire qu’un jeune paysan, venant des environs de Grenoble, avait une mission très importante à remplir au près du Comte de Chambord, et qu’il suppliait celui-ci de bien vouloir le recevoir. Le Prince, qui était excessivement bon, n’eut aucune hésitation et demanda qu’on introduise le jeune homme. C’était Maximin Giraud, le voyant de La Salette, auquel des âmes charitables avait payé le voyage pour qu’il puisse venir voir le Prince et lui révéler le secret que la Sainte Vierge lui avait confié. J’assistais de loin à la scène, le Prince refusant que je me retire. Il entraina Maximin dans l’embrasure d’une fenêtre et l’encouragea à parler. Je vis que le Comte de Chambord était émus et qu’il parla longuement et avec beaucoup de bonté au jeune voyant; celui-ci fut par la suite hébergé plusieurs jours avec honneur. Quand Maximin quitta la pièce tout ému, le Prince se tourna vers moi: “Maintenant je sais que mon oncle Louis XVII existe et qu’il est vivant: je ne monterai donc pas sur le Trône de France! Mais Dieu veut que nous gardions le secret: lui seul se réserve de restaurer la Royauté et la véritable descendance Royale!”.

C’est pour cela que le Comte de Chambord a été si intransigeant sur la question du Drapeau Blanc, car il savait que ce serait un obstacle infranchissable pour la Restauration.

Beaucoup de Royalistes, de nos jours encore, déplorent l’attitude du Prince, qu’ils estiment peu réaliste. Le Pape lui-même n’avait pas compris que l’on puisse refuser le trône « pour une serviette blanche », qui allait devenir le romantique linceul de la Monarchie Bourbonienne. Mais la vérité est autre.

La couleur du drapeau masquait l’option sur les principes.

La grande rupture de l’histoire de France ne se situe pas en 1789, mais en 1830. L’idée Royale, jusqu’alors bien commun de tous les Français, est devenue un parti parmi d’autres, puis un parti divisé et déclinant. La divison entre Royalistes Légitmistes et Royalistes Orlénaistes profitera à la République. Et, il y avait là tout un scénario, mis au point par les « habiles » —ainsi se nommaient modestement les chefs de la manœuvre Fusioniste— pour contourner l’obstacle du Comte de Chambord, dont Mrg Dupanloup souhaitait charitablement que Dieu veuille lui ouvrir les yeux, ou les lui fermer définitivement vite...

La personnalité plus souple de son successeur supposé, le Comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe, Orléans authentiquement Catholique, leur permettait d’espérer une Restauration différée mais « facile ». Et puis, les Orléanistes ont accepté de jouer le jeux référendaire, mandiant aux hommes un pouvoir qui est d'origine Divine. Le régime politique mis en place par Mac Mahon pouvait passer pour une sorte de Monarchie sans le Roi (et d’aucuns avaient même songé à une Régence d’un Orléans, Aumale ou Joinville, véhémentement récusés par le Comte de Chambord).

C’est au début de 1875 que sera voté le fameux amendement proposé par l’historien Henri Wallon. La République s’installera presque par prétention. C’est en parlant du mode d’élection d’un « Président de la République » que la forme du régime se voyait timidement précisée. Encore l’amendement en question ne sera-t-il acquis qu’à une petite voix de majorité -une voix qui séduira les imaginations et donnera naissance à toutes sortes d’anecdotes- ce qui fait qu'en réalité, l’amendement Wallon n’eut pas l’importance qu’on a bien voulu lui donner. C’était un épisode spectaculaire mais mineur des luttes politiques de l’époque. La preuve en est que les lois constitutionnelles, votées la même année, devaient obtenir une majorité confortable, essentiellement due à la conjonction des centres.

La Constitution de la III° République vit ainsi le jour, et se révéla d’une longévité remarquable puisqu’elle devait durer jusqu’en juillet 1940 ! et nous sommes encore en république au moment où votre serviteur écrit cet article. La IV° République a fait place à la III° Et aujourd'hui, nous en sommes à la V° !

La République dure, et les Français endurent...

Mais attention, aujourd’hui, aucune action politique Royaliste n’est envisageable si la querelle dynastique l’emporte sur l’adhésion commune au principe Royal ! Il demeure qu’on ne peut pas nier que, par nature, l’action politique Royaliste tourne autour de l’hypothèse d’une montée d’un Prince sur le Trône : il faudra bien s’en remettre à Dieu pour le choix du futur Roi…




Hervé J. VOLTO



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A lire: Emmanuel Beau de Loménie, La Restauration manquée, l'affaire du Drapeau Blanc (La Librairie Française).

Hervé J. VOLTO

Date d'inscription : 19/12/2016

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