UN VRAI FRANCAIS : HENRI DE BOURNAZEL !
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UN VRAI FRANCAIS : HENRI DE BOURNAZEL !
HENRI DE BOURNAZEL
Henri-Marie de Lespinasse, Comte de Bournazel, dit l'Homme Rouge, ou le Cavalier Rouge, militaire Français né à Limoges le 21 février 1898, mort le 28 février 1933 dans les montagnes du Djebel Saghro, région berbère du sud du Maroc, lors des guerres de pacification du Maroc, fit l'objet dans les années 1930 à 1950 d'un véritable culte patriotique, devenant pour certains le modèle du jeune officier Français, Catholique et Royaliste.
Né le 21 février 1898, à Limoges dans une famille de militaires Monarchistes et Catholiques, le jeune Henri de Bournazel est très vite séduit par le métier des armes, comme il se doit dans ce mileu. Il ressent également des désirs d'évasion, particulièrement auprès d'un oncle, officier d'infanterie coloniale qui lui ouvre des visions de pays exotiques.
La Première Guerre mondiale éclate alors qu'il n'a que seize ans : frustré de ne pouvoir s'engager à son âge, il bout d'impatience et se jette dans les études, préparant assidûment l'école militaire de Saint-Cyr. Lorsque son père, colonel, part avec son unité, le 1° Régiment de Chasseurs d'Afrique, vers le front d'Orient en janvier 1916, il lui arrache l'autorisation de s'engager pour le 4° Régiment de Hussards à Brissac-Quincé (près d'Angers).
La vie en casernement, à l'arrière, est loin de lui apporter toutes les joies qu'il attendait. Son âge lui interdit de monter au front, jusqu'en juin 1917, où son régiment emmène le jeune brigadier dans la région de Reims.
-En franchissant le parapet, j'ai un peu d'émotion ! écrira Henri de Bournazel dans son journal intime.
Une poignée de main aux camarades qui restent, une dernière prière, et en avant pour la reptation...
Dans sa famille, la prière était dite chaque soir, en commun. Au front, Henri ne cesse de prier.
-Dieu, la Patrie, la Famille, seront toujours ses forces de base, écrit sa veuve, Germaine de Bournazel.
Toujours volontaire pour les patrouilles de reconnaissance, il découvre enfin la « vie rêvée » du front, avant d'aller se ressourcer quelques jours au château de Bournazel, en Corrèze, lieu idyllique de son enfance, puis d'entrer enfin à Saint-Cyr. Malgré les attraits de la vie d'école, il n'a qu'un désir : aller au combat.
En mars 1918, promu au grade d’aspirant, il retrouve enfin la « vie rêvée » au 4° Hussards qui fait bientôt mouvement vers la zone de Château-Thierry. Le 20 Septembre 1919, il sort major de sa promotion :
-Avec les meilleures notes qu'on puisse donner à un officier ! suivant le mot exprimé par son commendant à Saint-Cyr.
Bientôt atteint de la grippe espagnole, il passe quelques semaines de convalescence au château familial, avant de rejoindre le front en septembre, restant jusqu'à l'armistice à l'extrême pointe du combat, obtenant brillamment la Croix de Guerre pour une action audacieuse le 10 novembre, et faisant encore trois prisonniers le matin du 11 novembre. Nul doute que Saint-Michel Archange l'accompAgne partout et le protège des embuches du démon.
La vie en garnison dans la zone allemande occupée fait retomber son enthousiasme. Puisqu'on se bat au Maroc, il parvient à obtenir, en même temps que le grade de Lieutenant, son affectation à la disposition du général en chef commandant les troupes Françaises au Maroc et il embarque le 20 juin 1921 sur le Volubilis.
-Je part tout à l'heure, écrit-il dans son journal. Mes affaires sont en règle, tant spirituelles que temporelles...
Depuis la mise en place du Protectorat en 1912, le Maréchal Lyautey y est résident général. Bien que l'armée Française soit très présente dans le pays, de nombreux mouvements de résistance se lèvent dans tout le Maroc et s'opposent à la « Pax Francesa », particulièrement dans les régions montagneuses du Rif, et de l’Atlas. Henri de Bournazel rencontre le Maréchal Lyautey à Casablanca et obtient en janvier 1922 une affectation au 8° Spahis Algériens à El Arba-Tahala, qu'il rejoint après avoir visité Rabat, Meknès et Fès. Il commence son acclimatation à la vie marocaine en assurant avec son escadron la protection des convois dans les défilés rocheux. C'est alors que le commandement décide de réduire la « poche de Taza » déjà entreprise l'année précédente, dans le Moyen Atlas autour du village de Skoura, fief de la rébellion.
Henri de Bournazel, muté au 22° Spahis Marocains, basé à Médiouna, près de Casablanca, va pouvoir enfin participer aux engagements, insistant pour prolonger son séjour au Maroc. Il est habillé de rouge, et se grise d'être une cible, sur de la protection du grand Archange. Il apprend l'arabe et commence à l'écrire.
Le repaire des tribus guerrières des Marmoucha et Aït Seghouchen se tient dans le massif du Tichchoukt qui culmine à 2 800 mètres, et la position de Skoura est verrouillée au sud par le village d'El Mers, qui commande l'accès par le col de Tigoulmamine.
Ses camarades le dépeignent d'une extrême simplicité mais pleine d'une authentique foi Chrétienne.
-Henri de Bournazel savait communiquer avec les individualités les "plus diverses", écrira sa veuve, plus soucieux de mériter l'estime et l'amitié de ses interlocuteurs, que d'obtenir impérieusment leur approbation déférente.
Au mois de mai 1923, sous le commandement du Général Poeymirau -« le père Poey »- l’encerclement du massif est entrepris, et de sévères accrochages se succèdent montrant l’opiniâtreté des guerriers tribals adverses.
À l’extrême pointe de l'avant garde, le peloton d’Henri de Bournazel va connaître le 20 mai le véritable contact avec l'ennemi : pour la conquête de l’éperon de Bou Arfa -au sud du massif du Tichchoukt- la bataille va durer toute la journée à travers des taillis épais. La confusion s’accroît avec un brouillard intense qui couvre bientôt la région. Les Berbères chargent au poignard, et les troupes Françaises se dégagent courageusment à la baïonnette. De cette journée,
-Henri de Bournazel a eu sa part de baroud. Déchaîné, grisé, riant d’un grand rire heureux, il a chargé à la tête de ses hommes en chantant - ce qui deviendra pour lui une sorte d’habitude (Henry Bordeaux, Henry de Bournazel, Le Cavalier Rouge ou L’Epopée marocaine, Henri de Bournazel, Paris, Plon, 1935 et 1941).
Les pertes ont été sévères de part et d'autre, et dès le 9 juin, une seconde phase se met en marche pour prendre pied sur le plateau de Bou-Khamouj qui domine et défend El Mers : nouvelle journée de combats très durs dans un terrain difficile et très boisé.
-Ici, encore Henri de Bournazel a été de la fête ! écrit henri Bordeaux. Pas un instant, il n'a quitté l'extrême pointe avancée ; il la mène à sa façon qui bientôt va devenir célèbre dans toute la troupe : avec un entrain débordant, exultant d'une joie puissante, gouaillant, riant, chantant, vêtu de pourpre, téméraire et élégant, impeccable et débridé tout ensemble. Adoré de ses hommes et admiré de ses compagnons, il est en train de créer chez eux la mystique du chic et de la bravoure de Bournazel (Henry Bordeaux, HENRY DE BOURNAZEL, LE CAVALIER ROUGE OU L'EPOPEE MAROCAINE,Paris, Plon, 1935 et 1941).
Enfin, troisième temps de la campagne, il faut emporter El Mers, où l'ennemi s'est replié en force. Dès l'aube du 24 juin, le groupement se met en marche avec à sa tête en éclairage l'escadron Bastien, dont l'élément le plus avancé est le peloton du lieutenant Henri de Bournazel ; à huit heures, le « père Poey », arrivé sur les lieux, donne l'ordre de poursuivre la progression. À peine remis en route, l'escadron Bastien est violemment pris à parti ; de toutes parts, les Berbères surgissent des champs d'orge ; engageant le combat à l'arme blanche. Bientôt, le lieutenant Berger est tué et le capitaine Bastien grièvement blessé.
Henri de Bournazel prend alors le commandement de l'escadron et la direction du combat, et malgré une blessure légère à la tête, qui lui couvre le visage de sang, il entraîne ses hommes derrière lui et, dans un assaut final, poursuit l'ennemi qui recule. Il atteint le premier le sommet qui domine El Mers en entonnant un air de fox-trot à la mode, The love need, rapporte son camarade, le lieutenant Durosoy, qui, arrivant sur la crête, le hurle en réplique. Et le soir, dans la ville conquise, sous la guitoune du Prince Aage du Danemark, commandant d’une des compagnies de Légion, les jeunes officiers encore enfiévrés par cette journée tumultueuse se réunissent autour d’un banjo, pour célébrer la victoire.
Déjà lors des combats précédents, l’adversaire remarquait ce cavalier en tunique rouge toujours en tête de ses troupes. Tunique rouge, stick dans la main gauche, montyé sur un cheval blanc, les balles ne semblent pas vopuloitr l'atteindre. A El Mers commence de se forger la légende de son invulnérabilité, de sa baraka qui écarte les projectiles et dans les années qui suivent, il va conserver, à la tête de ses goums, cette tenue rouge, qui aux yeux de tous le fera reconnaître comme : « Bou vesta hamra » , l'homme à la veste rouge.
Désormais Henri de Bournazel est définitivement conquis par le Maroc : après un séjour de six mois, il embarque à nouveau sur le Volubilis pour répondre à l’appel du « baroud », cette fois-ci dans la région du Riff, où le célèbre Abdelkrim El Khattabi rassemble les résistants.
Il écrits dans son journal :
-J'ai ici un aumônier avec lequel je suis très lié, le père de Béling...
C'est dans les goums qu'il va servir, en tenue d'officier spahi. Certains de ses compagnons affirment alors que « sa tunique est enchantée » en raison de sa chance au combat. Il connaît des heures exaltantes, mais aussi la trahison de certains partisans. Pourtant son expression favorite reste en toutes occasions :
-La vie est belle !
Après son mariage en octobre 1927 avec Germaine Lahens (1904-1987), il passe quelques années en France, est promu capitaine, devient père de deux fils et on l'apperçoit le journal d'ACTION FRANCAISE à la main. Des deuils familieux le frappent. Son père et sa jeune soeur Cricri meurent. désormais, il ne sera plus qu'Henri de Bournazel.
-La mort est vraiment peu de chose, écriti-il dans son journal. Et ce drame prouve une fois de plus que les honneurs d'ici-bas n'ont aucune valeuir. Je me rend compte que, pour être fort, il faut comme Yvonne (son autre soeur), avoir une résignation Chrétienne très pronocée.
Mais il ne résiste pas à l'appel du Maroc lorsque des opérations sont décidées dans la région du Tafilalet, repaire de dissidents, à la fin de l'année 1931.
Une fois le Tafilalet conquis et pacifié, Henri de Bournazel en est nommé administrateur, et se révèle aussi remarquable dans la gestion et l'aménagement que dans le combat. Les pistes se multiplient, les transports s'organisent, les murs s'élèvent.
-Travail très intéressenant, écri-til. parce que l'on taille dans du neuf.
Il creuse des puits, relève des barages... et n'oublie pas les courts de tennis, ni les tables de ping-pong.
Mais l'occupation du territoire par le Makhzen et les troupes Françaises n'est pas totale dans le Sud marocain et une dernière opération d'envergure se prépare pour prendre d'assaut le Djebel Saghro (dans l'Anti-Atlas). C'est là que résident les derniers groupes de résistants de la tribu Aït Atta menés par le cheikh Assou Oubasslam. Les opérations commencent le 13 février 1933. Le 21, Henri de Bournazel entraîne ses hommes à la conquête d'un piton rocheux « La Chapelle ». Le 28 février, obéissant à l'ordre du général Giraud de recouvrir d'une djellaba grise sa tunique rouge, il monte à l'assaut de Bou Gafer et tombe, blessé une première fois, rassemble ses hommes, repart à la charge, mais est atteint à nouveau. Il meurt de ses blessures, le 28 février 1933, en plein Djebel Sargho.
Le docteur Vial nous a raconté sa fin :
-Bournazel, blessé au flanc droit, s'est relevé et, dans un effort prodifgieux et meurtier, il a gravi lentement le glacis jusqu'au pied de la muraille, retenant les fuyrads de la canne et du révolver; une deuxième balle l'a atteint au bras droit. Bournazel se retorune. Son fidèle chaouch, Si Ahmed, est mortellement frappé, son maghzen est en fuitye ! Ses branès ? en fuite... De rage, il lance son révolver et s'écroule épuisé.
Il est ramené en arrière pour lui éviter les tortures, lEs mutilations.
-J'ai froid, dira-il au Docteur Vial. Que c'est long de mourir !
Il prie et demande au Dr Vial de prier ave lui :
-Mon Dieu ! que celà serve au moins à quelque chose...
Il expire en priant :
-Pour ma femme, mes enfants chéris, tous ceux que j'aime...
L'épopée d'Henri de Bounazel s'inscrit dans celles des Français qui se sont battus pour assurer la présence Française en Afrique du Nord.
UN GRAND TEMOIGNAGE DE FOI, DE DEVOTION ET DE PATRIOTISME !
Hervé J. VOLTO, CJA
________
A lire : Germaine de Bournazel, LE CAVALIER ROUGE, HENRI DE BOURNAZEL (édition France Empire 1971).
Henri-Marie de Lespinasse, Comte de Bournazel, dit l'Homme Rouge, ou le Cavalier Rouge, militaire Français né à Limoges le 21 février 1898, mort le 28 février 1933 dans les montagnes du Djebel Saghro, région berbère du sud du Maroc, lors des guerres de pacification du Maroc, fit l'objet dans les années 1930 à 1950 d'un véritable culte patriotique, devenant pour certains le modèle du jeune officier Français, Catholique et Royaliste.
Né le 21 février 1898, à Limoges dans une famille de militaires Monarchistes et Catholiques, le jeune Henri de Bournazel est très vite séduit par le métier des armes, comme il se doit dans ce mileu. Il ressent également des désirs d'évasion, particulièrement auprès d'un oncle, officier d'infanterie coloniale qui lui ouvre des visions de pays exotiques.
La Première Guerre mondiale éclate alors qu'il n'a que seize ans : frustré de ne pouvoir s'engager à son âge, il bout d'impatience et se jette dans les études, préparant assidûment l'école militaire de Saint-Cyr. Lorsque son père, colonel, part avec son unité, le 1° Régiment de Chasseurs d'Afrique, vers le front d'Orient en janvier 1916, il lui arrache l'autorisation de s'engager pour le 4° Régiment de Hussards à Brissac-Quincé (près d'Angers).
La vie en casernement, à l'arrière, est loin de lui apporter toutes les joies qu'il attendait. Son âge lui interdit de monter au front, jusqu'en juin 1917, où son régiment emmène le jeune brigadier dans la région de Reims.
-En franchissant le parapet, j'ai un peu d'émotion ! écrira Henri de Bournazel dans son journal intime.
Une poignée de main aux camarades qui restent, une dernière prière, et en avant pour la reptation...
Dans sa famille, la prière était dite chaque soir, en commun. Au front, Henri ne cesse de prier.
-Dieu, la Patrie, la Famille, seront toujours ses forces de base, écrit sa veuve, Germaine de Bournazel.
Toujours volontaire pour les patrouilles de reconnaissance, il découvre enfin la « vie rêvée » du front, avant d'aller se ressourcer quelques jours au château de Bournazel, en Corrèze, lieu idyllique de son enfance, puis d'entrer enfin à Saint-Cyr. Malgré les attraits de la vie d'école, il n'a qu'un désir : aller au combat.
En mars 1918, promu au grade d’aspirant, il retrouve enfin la « vie rêvée » au 4° Hussards qui fait bientôt mouvement vers la zone de Château-Thierry. Le 20 Septembre 1919, il sort major de sa promotion :
-Avec les meilleures notes qu'on puisse donner à un officier ! suivant le mot exprimé par son commendant à Saint-Cyr.
Bientôt atteint de la grippe espagnole, il passe quelques semaines de convalescence au château familial, avant de rejoindre le front en septembre, restant jusqu'à l'armistice à l'extrême pointe du combat, obtenant brillamment la Croix de Guerre pour une action audacieuse le 10 novembre, et faisant encore trois prisonniers le matin du 11 novembre. Nul doute que Saint-Michel Archange l'accompAgne partout et le protège des embuches du démon.
La vie en garnison dans la zone allemande occupée fait retomber son enthousiasme. Puisqu'on se bat au Maroc, il parvient à obtenir, en même temps que le grade de Lieutenant, son affectation à la disposition du général en chef commandant les troupes Françaises au Maroc et il embarque le 20 juin 1921 sur le Volubilis.
-Je part tout à l'heure, écrit-il dans son journal. Mes affaires sont en règle, tant spirituelles que temporelles...
Depuis la mise en place du Protectorat en 1912, le Maréchal Lyautey y est résident général. Bien que l'armée Française soit très présente dans le pays, de nombreux mouvements de résistance se lèvent dans tout le Maroc et s'opposent à la « Pax Francesa », particulièrement dans les régions montagneuses du Rif, et de l’Atlas. Henri de Bournazel rencontre le Maréchal Lyautey à Casablanca et obtient en janvier 1922 une affectation au 8° Spahis Algériens à El Arba-Tahala, qu'il rejoint après avoir visité Rabat, Meknès et Fès. Il commence son acclimatation à la vie marocaine en assurant avec son escadron la protection des convois dans les défilés rocheux. C'est alors que le commandement décide de réduire la « poche de Taza » déjà entreprise l'année précédente, dans le Moyen Atlas autour du village de Skoura, fief de la rébellion.
Henri de Bournazel, muté au 22° Spahis Marocains, basé à Médiouna, près de Casablanca, va pouvoir enfin participer aux engagements, insistant pour prolonger son séjour au Maroc. Il est habillé de rouge, et se grise d'être une cible, sur de la protection du grand Archange. Il apprend l'arabe et commence à l'écrire.
Le repaire des tribus guerrières des Marmoucha et Aït Seghouchen se tient dans le massif du Tichchoukt qui culmine à 2 800 mètres, et la position de Skoura est verrouillée au sud par le village d'El Mers, qui commande l'accès par le col de Tigoulmamine.
Ses camarades le dépeignent d'une extrême simplicité mais pleine d'une authentique foi Chrétienne.
-Henri de Bournazel savait communiquer avec les individualités les "plus diverses", écrira sa veuve, plus soucieux de mériter l'estime et l'amitié de ses interlocuteurs, que d'obtenir impérieusment leur approbation déférente.
Au mois de mai 1923, sous le commandement du Général Poeymirau -« le père Poey »- l’encerclement du massif est entrepris, et de sévères accrochages se succèdent montrant l’opiniâtreté des guerriers tribals adverses.
À l’extrême pointe de l'avant garde, le peloton d’Henri de Bournazel va connaître le 20 mai le véritable contact avec l'ennemi : pour la conquête de l’éperon de Bou Arfa -au sud du massif du Tichchoukt- la bataille va durer toute la journée à travers des taillis épais. La confusion s’accroît avec un brouillard intense qui couvre bientôt la région. Les Berbères chargent au poignard, et les troupes Françaises se dégagent courageusment à la baïonnette. De cette journée,
-Henri de Bournazel a eu sa part de baroud. Déchaîné, grisé, riant d’un grand rire heureux, il a chargé à la tête de ses hommes en chantant - ce qui deviendra pour lui une sorte d’habitude (Henry Bordeaux, Henry de Bournazel, Le Cavalier Rouge ou L’Epopée marocaine, Henri de Bournazel, Paris, Plon, 1935 et 1941).
Les pertes ont été sévères de part et d'autre, et dès le 9 juin, une seconde phase se met en marche pour prendre pied sur le plateau de Bou-Khamouj qui domine et défend El Mers : nouvelle journée de combats très durs dans un terrain difficile et très boisé.
-Ici, encore Henri de Bournazel a été de la fête ! écrit henri Bordeaux. Pas un instant, il n'a quitté l'extrême pointe avancée ; il la mène à sa façon qui bientôt va devenir célèbre dans toute la troupe : avec un entrain débordant, exultant d'une joie puissante, gouaillant, riant, chantant, vêtu de pourpre, téméraire et élégant, impeccable et débridé tout ensemble. Adoré de ses hommes et admiré de ses compagnons, il est en train de créer chez eux la mystique du chic et de la bravoure de Bournazel (Henry Bordeaux, HENRY DE BOURNAZEL, LE CAVALIER ROUGE OU L'EPOPEE MAROCAINE,Paris, Plon, 1935 et 1941).
Enfin, troisième temps de la campagne, il faut emporter El Mers, où l'ennemi s'est replié en force. Dès l'aube du 24 juin, le groupement se met en marche avec à sa tête en éclairage l'escadron Bastien, dont l'élément le plus avancé est le peloton du lieutenant Henri de Bournazel ; à huit heures, le « père Poey », arrivé sur les lieux, donne l'ordre de poursuivre la progression. À peine remis en route, l'escadron Bastien est violemment pris à parti ; de toutes parts, les Berbères surgissent des champs d'orge ; engageant le combat à l'arme blanche. Bientôt, le lieutenant Berger est tué et le capitaine Bastien grièvement blessé.
Henri de Bournazel prend alors le commandement de l'escadron et la direction du combat, et malgré une blessure légère à la tête, qui lui couvre le visage de sang, il entraîne ses hommes derrière lui et, dans un assaut final, poursuit l'ennemi qui recule. Il atteint le premier le sommet qui domine El Mers en entonnant un air de fox-trot à la mode, The love need, rapporte son camarade, le lieutenant Durosoy, qui, arrivant sur la crête, le hurle en réplique. Et le soir, dans la ville conquise, sous la guitoune du Prince Aage du Danemark, commandant d’une des compagnies de Légion, les jeunes officiers encore enfiévrés par cette journée tumultueuse se réunissent autour d’un banjo, pour célébrer la victoire.
Déjà lors des combats précédents, l’adversaire remarquait ce cavalier en tunique rouge toujours en tête de ses troupes. Tunique rouge, stick dans la main gauche, montyé sur un cheval blanc, les balles ne semblent pas vopuloitr l'atteindre. A El Mers commence de se forger la légende de son invulnérabilité, de sa baraka qui écarte les projectiles et dans les années qui suivent, il va conserver, à la tête de ses goums, cette tenue rouge, qui aux yeux de tous le fera reconnaître comme : « Bou vesta hamra » , l'homme à la veste rouge.
Désormais Henri de Bournazel est définitivement conquis par le Maroc : après un séjour de six mois, il embarque à nouveau sur le Volubilis pour répondre à l’appel du « baroud », cette fois-ci dans la région du Riff, où le célèbre Abdelkrim El Khattabi rassemble les résistants.
Il écrits dans son journal :
-J'ai ici un aumônier avec lequel je suis très lié, le père de Béling...
C'est dans les goums qu'il va servir, en tenue d'officier spahi. Certains de ses compagnons affirment alors que « sa tunique est enchantée » en raison de sa chance au combat. Il connaît des heures exaltantes, mais aussi la trahison de certains partisans. Pourtant son expression favorite reste en toutes occasions :
-La vie est belle !
Après son mariage en octobre 1927 avec Germaine Lahens (1904-1987), il passe quelques années en France, est promu capitaine, devient père de deux fils et on l'apperçoit le journal d'ACTION FRANCAISE à la main. Des deuils familieux le frappent. Son père et sa jeune soeur Cricri meurent. désormais, il ne sera plus qu'Henri de Bournazel.
-La mort est vraiment peu de chose, écriti-il dans son journal. Et ce drame prouve une fois de plus que les honneurs d'ici-bas n'ont aucune valeuir. Je me rend compte que, pour être fort, il faut comme Yvonne (son autre soeur), avoir une résignation Chrétienne très pronocée.
Mais il ne résiste pas à l'appel du Maroc lorsque des opérations sont décidées dans la région du Tafilalet, repaire de dissidents, à la fin de l'année 1931.
Une fois le Tafilalet conquis et pacifié, Henri de Bournazel en est nommé administrateur, et se révèle aussi remarquable dans la gestion et l'aménagement que dans le combat. Les pistes se multiplient, les transports s'organisent, les murs s'élèvent.
-Travail très intéressenant, écri-til. parce que l'on taille dans du neuf.
Il creuse des puits, relève des barages... et n'oublie pas les courts de tennis, ni les tables de ping-pong.
Mais l'occupation du territoire par le Makhzen et les troupes Françaises n'est pas totale dans le Sud marocain et une dernière opération d'envergure se prépare pour prendre d'assaut le Djebel Saghro (dans l'Anti-Atlas). C'est là que résident les derniers groupes de résistants de la tribu Aït Atta menés par le cheikh Assou Oubasslam. Les opérations commencent le 13 février 1933. Le 21, Henri de Bournazel entraîne ses hommes à la conquête d'un piton rocheux « La Chapelle ». Le 28 février, obéissant à l'ordre du général Giraud de recouvrir d'une djellaba grise sa tunique rouge, il monte à l'assaut de Bou Gafer et tombe, blessé une première fois, rassemble ses hommes, repart à la charge, mais est atteint à nouveau. Il meurt de ses blessures, le 28 février 1933, en plein Djebel Sargho.
Le docteur Vial nous a raconté sa fin :
-Bournazel, blessé au flanc droit, s'est relevé et, dans un effort prodifgieux et meurtier, il a gravi lentement le glacis jusqu'au pied de la muraille, retenant les fuyrads de la canne et du révolver; une deuxième balle l'a atteint au bras droit. Bournazel se retorune. Son fidèle chaouch, Si Ahmed, est mortellement frappé, son maghzen est en fuitye ! Ses branès ? en fuite... De rage, il lance son révolver et s'écroule épuisé.
Il est ramené en arrière pour lui éviter les tortures, lEs mutilations.
-J'ai froid, dira-il au Docteur Vial. Que c'est long de mourir !
Il prie et demande au Dr Vial de prier ave lui :
-Mon Dieu ! que celà serve au moins à quelque chose...
Il expire en priant :
-Pour ma femme, mes enfants chéris, tous ceux que j'aime...
L'épopée d'Henri de Bounazel s'inscrit dans celles des Français qui se sont battus pour assurer la présence Française en Afrique du Nord.
UN GRAND TEMOIGNAGE DE FOI, DE DEVOTION ET DE PATRIOTISME !
Hervé J. VOLTO, CJA
________
A lire : Germaine de Bournazel, LE CAVALIER ROUGE, HENRI DE BOURNAZEL (édition France Empire 1971).
Hervé J. VOLTO- Date d'inscription : 19/12/2016
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