Les personnes morales et la corruption des entreprises – article américain

Les personnes morales et la corruption des entreprises – article américain

April 23, 2021 Dr. Edward Feser

Source : Catholic World Report – USA – traduction automatique et extraits

Titre : Corporate persons and corporate corruption


Il ne peut y avoir qu'une seule réponse appropriée à l'imposition fanatique de l'erreur et de l'immoralité à laquelle nos institutions sont de plus en plus livrées.  Un aperçu négligé de la philosophie politique scolastique et du conservatisme traditionnel est que les institutions peuvent avoir une nature personnelle. L'Église, un gouvernement, une entreprise commerciale, une université, un club et des formations sociales similaires sont comme ça. On peut dire qu’ils prennent des décisions, qu’ils agissent et qu’ils sont moralement et légalement responsables des conséquences de ces actes, et qu’ils ont des droits et des devoirs. Ils peuvent être loués ou blâmés, aimés ou détestés, et loyalement soutenus ou trahis. Ils peuvent naître, grandir, s'épanouir, décliner et mourir. Ils peuvent présenter des vertus distinctives, des vices et d'autres traits de caractère. Ils peuvent être corrompus ou réformés. Puisqu'ils ont de tels attributs personnels (ou quelque chose d'analogue à eux, en tout cas), la tradition les désigne comme des personnes morales ou des  (corporate persons.)

L'importance de la notion de personne morale était au cœur de la pensée de Roger Scruton (philosophe britannique conservateur). Comme il le note dans un essai important sur le sujet, une personne morale peut survivre à la mort, comme dans le cas d'un trône qui est vacant pendant une période prolongée, de sorte que le gouvernement dont l'occupant était à la tête est en sommeil jusqu'à ce que quelqu'un s`assoit enfin dessus à nouveau. Il note également que si les personnes morales ne peuvent pas être considérées comme ayant quelque chose comme des expériences sensorielles, on peut dire qu'elles ont des croyances, des intentions, etc.

Les êtres humains en chair et en os qui composent les membres et la direction d'une corporation (corporate persons.)  seraient, par conséquent, analogues à son corps. Scruton note également que certaines personnes morales peuvent être tout à fait mauvaises, comme les dirigeants et responsables des partis nazi et communiste. Il peut aussi y avoir des personnes morales qui fluctuent entre le mal et le bien. L'Empire romain païen était une telle personne morale. En tant que persécuteur de l'Église, c'était le mal. L'empire post-constantinien, (l`empire romain devenu chrétien au 4 eme siecle)  puis le Saint Empire romain qui l'a relancé, était cette même personne morale convertie au christianisme et baptisée.

La plupart des personnes morales (corporate persons.) sont, bien entendu, loin d'être aussi colorées que ces exemples. Ce seraient les gouvernements, les entreprises, les clubs et autres avec lesquels nous traitons dans la vie de tous les jours. Et cela nous amène à ce à quoi nous pensons habituellement aujourd'hui quand nous entendons le mot «entreprise» - les entreprises au sens commercial. Les sociétés de ce type ne sont pas intrinsèquement mauvaises, mais elles ne sont pas non plus intrinsèquement bonnes. Comme les personnes humaines, elles peuvent devenir corrompues. En particulier, comme les personnes humaines, elles peuvent être corrompues par la teneur de la société qui les entoure. Et ils peuvent se corrompre en masse lorsque la société qui les entoure franchit un certain seuil de décadence. La différence est qu'ils exercent un pouvoir énorme, et peuvent donc faire beaucoup plus de mal qu'un individu corrompu ne le peut - par exemple, en accélérant massivement, par leur influence, la décadence sociale générale qui les a infectés.

Une partie de la corruption qui peut survenir est celle à laquelle vous vous attendez. Les sociétés commerciales existent pour gagner de l'argent, et comme les personnes humaines, elles peuvent être tentées de le faire de manière immorale. Par exemple, les personnes morales, comme les personnes au sens ordinaire, ont des devoirs patriotiques et des devoirs de solidarité envers les autres membres de la communauté au sein de laquelle ils opèrent. Et ils violent ces devoirs lorsqu'ils laissent des considérations de profit l'emporter sur leurs obligations envers leur pays et ses citoyens (en délocalisant inutilement des emplois, en s'efforçant d'assouplir les lois sur l'immigration afin d'obtenir une main-d'œuvre bon marché, etc.). Les conservateurs américains modernes sont devenus plus sensibles à ce problème ces dernières années, bien que le fondamentalisme du libre-marché en aveugle encore trop.

En même temps, c'est une grave erreur de penser que le profit est tout ce qui motive les entreprises, pas plus que tout ce qui motive les personnes humaines. Par conséquent, c'est une erreur de penser que la cupidité est la seule sorte de corruption à laquelle ils sont sujets. C'est quelque chose d'autre que les conservateurs américains modernes apprennent à la dure. Les corporations (compagnies commerciales et les multinationales) pourraient gagner d'énormes sommes d'argent pour répondre aux goûts et aux intérêts particuliers des croyants traditionnels et d'autres personnes ayant des attitudes conservatrices. Mais ils montrent peu d'intérêt à le faire. La raison en est qu'ils partagent maintenant en grande partie la même vision du monde libérale et laïque qui prévaut dans le monde universitaire, dans le monde du divertissement et le Parti démocrate, et sont prêts à renoncer aux profits qui seraient gagnés d'une manière qui pourrait promouvoir des valeurs contraires. De plus, ils semblent maintenant de plus en plus disposés à se faire des ennemis politiques de ceux qui ont des valeurs contraires et à promouvoir activement les intérêts de leur parti préféré et de son idéologie, même au détriment de l'aliénation de certains clients.

Dans son article, Scruton décrit comment, dans l’Union soviétique de Lénine, le Parti communiste a soit effacé toutes les personnes morales (corporate persons) autres que lui-même, soit les a si profondément infiltrées qu’elles ne sont plus que des masques. Rien n'a été laissé entre le Parti et les individus, et le Parti les a traités comme une matière première à modeler selon un plan totalitaire plutôt que comme des semblables dont les droits doivent être respectés et dont les préoccupations et les opinions doivent être rationnellement discutées. Le résultat, écrit Scruton, était:  une personne morale triomphante au milieu des ruines de la vie sociale: le Parti communiste lui-même. Mais c'était une personne monstrueuse, qui n'était plus capable de conduite morale; une personne qui ne peut assumer la responsabilité de ses actes, et qui ne peut avouer ses fautes que comme des `` erreurs '' qui lui sont imposées par des membres égarés, et jamais comme ses propres actions, pour lesquelles la repentance et l'expiation sont dues ... Comme son disciple éphémère, le Parti nazi, c'était un psychopathe d'entreprise, (corporate psychopath) respecté de personne et redouté de tous. (pp. 263-4)

Aux États-Unis, pour le moment, il n’existe pas de parti de la taille, de la puissance militaire ou de la brutalité violente du Parti communiste de Lénine. Ce que nous avons, dans le culte gnostique de la théorie critique de la race (critical race theory), c'est une ligne de parti à la recherche d'un parti, une idéologie aussi militante, intolérante et intimidante que celle de Lénine. Et sa propagation à travers la classe politique, le journalisme, le gouvernement fédéral, les écoles et les universités, les églises et les départements des ressources humaines des entreprises donne l`apparence d'un parti idéologique tentant de se constituer un corps politique. Pas par voie de prise de contrôle violente, mais par une sorte d'euthanasie volontaire des personnes morales indépendantes, alors qu'elles se font joyeusement les voix de cette nouvelle entité qui débarrassera le monde de la «blancheur», du «patriarcat», de «l'hétéronormativité» et autres objets de haine égalitaire, comme Lénine cherchait à débarrasser le monde des bourgeois.

Reste à savoir si ce nouveau «psychopathe corporatif» naîtra en fait, et quelle forme il prendra précisément s'il le fait. Mais à mesure que les personnes morales faillibles (corporate persons) , comme les personnes humaines, deviennent de plus en plus infectées par la folie et le mal, la personne morale (corporate persons) qu'est l'Église doit prendre ses repères afin de pouvoir leur résister plus efficacement. Car si elle ne peut pas mourir, elle peut tomber malade, dans la mesure où les êtres humains qui composent son corps (le corps de l`Église) sont sans Foi, incapables, lâches et confus. Il ne peut y avoir qu'une seule réponse appropriée à l'imposition fanatique de l'erreur et de l'immoralité à laquelle nos institutions et corporations sont de plus en plus livrées. Ce n’est pas un dialogue et ce n’est pas une fuite par crainte des loups, mais plutôt une sainte intransigeance pour la défense de l’orthodoxie et de la sainteté, née de la confiance fidèle en la divine Épouse de l’Église, qui ne la quittera ni ne l’abandonnera jamais.