Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
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Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
Rappel du premier message :
La charité bien comprise demande qu’on porte un prompt secours aux âmes du purgatoire. Ordinavit in me charitatem : Dieu m’a placé sous l’étendard de la charité (Cant. 2, 4)
Il n'entre pas dans ma pensée de traiter, en quelques lignes, des perfections de la charité envers les
âmes du purgatoire, je me contenterai d'en indiquer quelques-unes.
La charité la plus parfaite est celle qui s’applique à soulager les plus grandes misères, et l’obligation de secourir les nécessiteux est d’autant plus rigoureuse que leur détresse est extrême. Or, quelle plus douloureuse nécessité que celle des âmes plongées dans un océan de douleurs, vouées aux souffrances les plus atroces, aux supplices les plus intolérables ? Les commentateurs appliquent au purgatoire ces paroles du prophète Malachie : « Le messie sera comme un homme qui s’assied pour faire fondre et pour épurer l’argent ; il purifiera les enfants de Lévi, et il les rendra nets comme l’or qui a passé par le feu. » De même que le chimiste distille de diverses substances les sucs les plus purs pour en composer un seul extrait, de même Dieu, dans le laboratoire de sa miséricordieuse Justice compose comme la quintessence de tous les maux qu’on peut souffrir ici-bas, tels que les supplices violents, les tourments des martyrs, les angoisses du coeur et les maladies naturelles. Le prophète Isaïe semble y faire allusion par ces paroles : « Le Seigneur purifiera les souillures de la fille de Sion dans l’ardeur du feu. »
Le feu du purgatoire est doué d’une puissance surnaturelle, d’une activité et d’une violence incomparables parce qu’il est l’instrument de la divine Justice. Tertullien appelle le purgatoire un enfer transitoire, parce que, dit-il, on y souffre comme dans l’enfer, la peine du dam et la peine du sens. Le feu du purgatoire est le même que celui de l’enfer, suivant Saint Augustin ; la seule différence est dans la durée : « Le même feu, dit-il, purifie le juste et tourmente le réprouvé. »
Oh ! Combien elle est admirable, cette charité qui s’applique à délivrer les défunts ! Car il ne s’agit pas seulement de procurer aux pauvres la nourriture et le vêtement, de soigner et de guérir les malades, mais de retirer des âmes infortunées de l’abîme immense où sont réunis tous les maux.
Cette charité paraîtra plus précieuse encore, si l’on considère les biens inestimables qu’on procure à ces âmes. Tous les siècles ont regardé comme un prodige de bonté, l’action du grand Théodose qui tira de sa misérable condition la jeune fille Athénaïs pour l’élever sur le trône impérial. David a rendu au Seigneur mille et mille louanges de ce qu’il avait daigné changer sa houlette de berger contre le sceptre d’Israël. Oh ! Quelle est plus excellente, cette charité qui élève une âme à la gloire éternelle !
Ne pourrait-on pas dire, en quelque sorte, que cette charité est aussi grande que le bien qu’elle assure ? Les âmes du purgatoire l’apprécient bien mieux que nous, elles qui comprennent ce que c’est que de contempler Dieu sans voile, Dieu, le premier principe et la dernière fin ! Elles pénètrent la signification de ces mots : s’unir à Dieu, à cet aimable objet qu’elles aiment d’un ardent amour, et vers lequel se portent tous leurs désirs. Cet amour, qui ne peut se satisfaire, les tourmente beaucoup plus que le feu qui les consume. Tertullien explique admirablement cette vérité par l’exemple de Job, image sensible de l’âme dans le purgatoire, ainsi que l’Église le fait entendre elle-même en appliquant ses leçons à l’office des morts. Tout le corps de ce saint homme, modèle de patience, était couvert d’ulcères qui le tourmentaient de la tête aux pieds, et, parmi toutes ces douleurs, il en était une plus intolérable qui lui arrachait des plaintes amères, c’était que ses yeux n’apercevaient plus le bien suprême : « Mon œil est plongé dans l’amertume ; oh ! Pourquoi me cachez-vous votre visage ? » comme s’il disait : Ne pas vous voir, ô mon Dieu ! C’est la douleur des douleurs ! » on plaint l’oeil qui est tout entier dans les tourments, » dit encore Tertullien. Ainsi, l’âme du purgatoire n’a point de souffrance qui l’éprouve autant que la privation de Dieu, les autres peines ne lui semblent rien en comparaison de celle-là. Or, que fait la charité à l’égard des âmes ? Elle hâte le terme de l’épreuve et les met en possession de ce souverain bien, vers lequel elles aspirent avec toute la violence de leur ardent amour.
Travailler à leur délivrance, est non-seulement un acte de charité envers le prochain, mais encore un acte direct d’amour de Dieu, car il tarde à cette tendresse infinie de recevoir ces âmes bien-aimées dans son sein, et de leur communiquer sa béatitude et sa gloire : « Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes, », dit-il, au livre des proverbes, comme si la compagnie de ses créatures pouvait ajouter quelque chose à sa félicité, et qu’il ne fût parfaitement heureux qu’en les faisant participer à ces biens infinis dont il est la source. Ces âmes sont ces chères filles et les épouses bien-aimées du Sauveur, rachetées au prix de son sang. Considérez quel bonheur éprouverait un roi, si un ami fidèle lui ramenait un fils bien-aimé, retenu longtemps captif chez un peuple barbare. Quel accueil ne ferait pas un époux au médecin qui lui rendrait son épouse bien-aimée guérie d’une longue et cruelle maladie ? Ah ! Dieu chérit bien autrement ces âmes saintes ; c’est avec une joie sans mesure qu’il les introduit dans sa gloire. Et quelle ne sera pas sa reconnaissance pour les bienfaiteurs de ces âmes, pour ceux qui les délivrent et les font entrer, selon l’expression de Saint Pierre, dans la parfaite liberté des enfants de Dieu, et qui les amènent du fond des ténèbres à son admirable lumière.
En outre, en délivrant ces âmes, nous envoyons au ciel de parfaites adoratrices de la divine Majesté. Nous, dans les ténèbres et dans les misères de cette vie, nous ne pouvons ni connaître ni aimer convenablement cette divine Bonté ; c’est au sortir de la prison du corps, en se trouvant face à face avec Dieu, que l’âme obtient une parfaite connaissance de la Beauté divine, et se répand en actes séraphiques de charité plus élevées que ceux de Marie-Madeleine dont le Seigneur a dit qu’elle avait tant aimé, plus ardents que ceux de Saint Pierre assurant par trois qu’il aime Jésus, et le prenant lui-même pour témoin de la vérité de son amour : « Vous savez, Seigneur, que je vous aime. »
Qu’ils doivent être touchants les premiers actes de reconnaissance des âmes délivrées, quand, pour la première fois, elles se trouvent en présence de la Miséricorde céleste ! Quelle adoration profonde des célestes perfections ! Avec quelle ardeur elles doivent redire cette hymne de l’Apocalypse : « Bénédiction, honneur, gloire, actions de grâce à notre Dieu dans les siècles des siècles ! » Or, nous participons à ces actes parfaits d’amour, de gratitude et de louange envers la divine Majesté, toutes les fois que nos suffrages introduisent une âme dans la céleste Patrie.
Enfin, pour conclusion, je citerai, selon le récit de Denis-le-Chartreux, les paroles que le Sauveur adressa à Sainte Gertrude dans une révélation : « Toutes les fois que vous délivrez une âme, cela m’est aussi agréable que si vous me rachetiez moi-même de la captivité. »
Donc, lorsque vous aurez délivré une âme, vous aurez fait au Sauveur autant de bien que si vous l’aviez racheté lui-même de la servitude. Oh ! De quelles ineffables faveurs Dieu récompensera votre charité au jour de la Rémunération ! Mais je me réserve de revenir sur ce sujet dans l’introduction de la seconde partie.
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Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
Première partie
Introduction
Première partie
Introduction
La charité bien comprise demande qu’on porte un prompt secours aux âmes du purgatoire. Ordinavit in me charitatem : Dieu m’a placé sous l’étendard de la charité (Cant. 2, 4)
Il n'entre pas dans ma pensée de traiter, en quelques lignes, des perfections de la charité envers les
âmes du purgatoire, je me contenterai d'en indiquer quelques-unes.
La charité la plus parfaite est celle qui s’applique à soulager les plus grandes misères, et l’obligation de secourir les nécessiteux est d’autant plus rigoureuse que leur détresse est extrême. Or, quelle plus douloureuse nécessité que celle des âmes plongées dans un océan de douleurs, vouées aux souffrances les plus atroces, aux supplices les plus intolérables ? Les commentateurs appliquent au purgatoire ces paroles du prophète Malachie : « Le messie sera comme un homme qui s’assied pour faire fondre et pour épurer l’argent ; il purifiera les enfants de Lévi, et il les rendra nets comme l’or qui a passé par le feu. » De même que le chimiste distille de diverses substances les sucs les plus purs pour en composer un seul extrait, de même Dieu, dans le laboratoire de sa miséricordieuse Justice compose comme la quintessence de tous les maux qu’on peut souffrir ici-bas, tels que les supplices violents, les tourments des martyrs, les angoisses du coeur et les maladies naturelles. Le prophète Isaïe semble y faire allusion par ces paroles : « Le Seigneur purifiera les souillures de la fille de Sion dans l’ardeur du feu. »
Le feu du purgatoire est doué d’une puissance surnaturelle, d’une activité et d’une violence incomparables parce qu’il est l’instrument de la divine Justice. Tertullien appelle le purgatoire un enfer transitoire, parce que, dit-il, on y souffre comme dans l’enfer, la peine du dam et la peine du sens. Le feu du purgatoire est le même que celui de l’enfer, suivant Saint Augustin ; la seule différence est dans la durée : « Le même feu, dit-il, purifie le juste et tourmente le réprouvé. »
Oh ! Combien elle est admirable, cette charité qui s’applique à délivrer les défunts ! Car il ne s’agit pas seulement de procurer aux pauvres la nourriture et le vêtement, de soigner et de guérir les malades, mais de retirer des âmes infortunées de l’abîme immense où sont réunis tous les maux.
Cette charité paraîtra plus précieuse encore, si l’on considère les biens inestimables qu’on procure à ces âmes. Tous les siècles ont regardé comme un prodige de bonté, l’action du grand Théodose qui tira de sa misérable condition la jeune fille Athénaïs pour l’élever sur le trône impérial. David a rendu au Seigneur mille et mille louanges de ce qu’il avait daigné changer sa houlette de berger contre le sceptre d’Israël. Oh ! Quelle est plus excellente, cette charité qui élève une âme à la gloire éternelle !
Ne pourrait-on pas dire, en quelque sorte, que cette charité est aussi grande que le bien qu’elle assure ? Les âmes du purgatoire l’apprécient bien mieux que nous, elles qui comprennent ce que c’est que de contempler Dieu sans voile, Dieu, le premier principe et la dernière fin ! Elles pénètrent la signification de ces mots : s’unir à Dieu, à cet aimable objet qu’elles aiment d’un ardent amour, et vers lequel se portent tous leurs désirs. Cet amour, qui ne peut se satisfaire, les tourmente beaucoup plus que le feu qui les consume. Tertullien explique admirablement cette vérité par l’exemple de Job, image sensible de l’âme dans le purgatoire, ainsi que l’Église le fait entendre elle-même en appliquant ses leçons à l’office des morts. Tout le corps de ce saint homme, modèle de patience, était couvert d’ulcères qui le tourmentaient de la tête aux pieds, et, parmi toutes ces douleurs, il en était une plus intolérable qui lui arrachait des plaintes amères, c’était que ses yeux n’apercevaient plus le bien suprême : « Mon œil est plongé dans l’amertume ; oh ! Pourquoi me cachez-vous votre visage ? » comme s’il disait : Ne pas vous voir, ô mon Dieu ! C’est la douleur des douleurs ! » on plaint l’oeil qui est tout entier dans les tourments, » dit encore Tertullien. Ainsi, l’âme du purgatoire n’a point de souffrance qui l’éprouve autant que la privation de Dieu, les autres peines ne lui semblent rien en comparaison de celle-là. Or, que fait la charité à l’égard des âmes ? Elle hâte le terme de l’épreuve et les met en possession de ce souverain bien, vers lequel elles aspirent avec toute la violence de leur ardent amour.
Travailler à leur délivrance, est non-seulement un acte de charité envers le prochain, mais encore un acte direct d’amour de Dieu, car il tarde à cette tendresse infinie de recevoir ces âmes bien-aimées dans son sein, et de leur communiquer sa béatitude et sa gloire : « Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes, », dit-il, au livre des proverbes, comme si la compagnie de ses créatures pouvait ajouter quelque chose à sa félicité, et qu’il ne fût parfaitement heureux qu’en les faisant participer à ces biens infinis dont il est la source. Ces âmes sont ces chères filles et les épouses bien-aimées du Sauveur, rachetées au prix de son sang. Considérez quel bonheur éprouverait un roi, si un ami fidèle lui ramenait un fils bien-aimé, retenu longtemps captif chez un peuple barbare. Quel accueil ne ferait pas un époux au médecin qui lui rendrait son épouse bien-aimée guérie d’une longue et cruelle maladie ? Ah ! Dieu chérit bien autrement ces âmes saintes ; c’est avec une joie sans mesure qu’il les introduit dans sa gloire. Et quelle ne sera pas sa reconnaissance pour les bienfaiteurs de ces âmes, pour ceux qui les délivrent et les font entrer, selon l’expression de Saint Pierre, dans la parfaite liberté des enfants de Dieu, et qui les amènent du fond des ténèbres à son admirable lumière.
En outre, en délivrant ces âmes, nous envoyons au ciel de parfaites adoratrices de la divine Majesté. Nous, dans les ténèbres et dans les misères de cette vie, nous ne pouvons ni connaître ni aimer convenablement cette divine Bonté ; c’est au sortir de la prison du corps, en se trouvant face à face avec Dieu, que l’âme obtient une parfaite connaissance de la Beauté divine, et se répand en actes séraphiques de charité plus élevées que ceux de Marie-Madeleine dont le Seigneur a dit qu’elle avait tant aimé, plus ardents que ceux de Saint Pierre assurant par trois qu’il aime Jésus, et le prenant lui-même pour témoin de la vérité de son amour : « Vous savez, Seigneur, que je vous aime. »
Qu’ils doivent être touchants les premiers actes de reconnaissance des âmes délivrées, quand, pour la première fois, elles se trouvent en présence de la Miséricorde céleste ! Quelle adoration profonde des célestes perfections ! Avec quelle ardeur elles doivent redire cette hymne de l’Apocalypse : « Bénédiction, honneur, gloire, actions de grâce à notre Dieu dans les siècles des siècles ! » Or, nous participons à ces actes parfaits d’amour, de gratitude et de louange envers la divine Majesté, toutes les fois que nos suffrages introduisent une âme dans la céleste Patrie.
Enfin, pour conclusion, je citerai, selon le récit de Denis-le-Chartreux, les paroles que le Sauveur adressa à Sainte Gertrude dans une révélation : « Toutes les fois que vous délivrez une âme, cela m’est aussi agréable que si vous me rachetiez moi-même de la captivité. »
Donc, lorsque vous aurez délivré une âme, vous aurez fait au Sauveur autant de bien que si vous l’aviez racheté lui-même de la servitude. Oh ! De quelles ineffables faveurs Dieu récompensera votre charité au jour de la Rémunération ! Mais je me réserve de revenir sur ce sujet dans l’introduction de la seconde partie.
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Dernière édition par Lumen le Lun 14 Mar 2022 - 13:48, édité 1 fois
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
VIII MERVEILLE
L’obéissance abrège la durée de l’expiation.
Eris velutfiliusAltissimi, obediens, et miserebiturtui : Vous serez comme un enfant du Très-Haut, obéissant, et il aura pitié de vous. (Eccli. IV. 11.)
Parmi les grands avantages de l’obéissance si fortement recommandée par la sainte Ecriture et par les saints Pères, l’un des principaux est de délivrer des peines du purgatoire, ou du moins de les diminuer. Cela se comprend aisément : l’homme d’obéissance exécutant les ordres qui lui sont intimés par son supérieur, est en conformité parfaite avec la volonté divine.
C’est pourquoi, il ne peut être condamné aux peines expiatoires pour des actions accomplies selon les lois de l’infaillible sagesse. Saint Jean Climaque, dit de la sincère obéissance, qu’elle sera notre défense et notre sauvegarde au jour terrible du Jugement.
En voici un exemple :
La bienheureuse Emilie, dominicaine, prieure du monastère de Sainte-Marguerite de Verceil, encourageait et animait ses religieuses à la pratique de la sainte obéissance, en les assurant que cette vertu les préserverait du purgatoire ou en adoucirait sensiblement les peines.
Dans la communauté, il était de règle de ne jamais boire hors des repas sans une permission spéciale de la supérieure ; celle-ci, par une prévoyance toute charitable, avait l’habitude de la refuser ; cependant elle s’efforçait d’adoucir ce refus en exhortant les sœurs à unir leur soif à celle de Jésus en croix ; elle leur conseillait de réserver cette eau pour l’autre vie, et d’en rendre l’ange gardien dépositaire jusqu’à ce que vînt le moment de l’expiation.
Un jour, une des sœurs, Cécile Avogadra, pressée par une soif ardente, vint demander à la bienheureuse la permission de boire ; celle-ci inspirée de Dieu, s’y refusa, et encouragea sa fille spirituelle à offrir ces quelques gouttes d’eau à Jésus altéré.
Malgré toute la peine que sœur Cécile éprouva de ce refus, elle se soumit sans murmure et fit ce petit sacrifice à son divin Epoux qui ne tarda pas à l’en récompenser. La bonne sœur mourut peu de temps après, et le troisième jour, elle apparut toute joyeuse et toute resplendissante à la Mère prieure, et lui raconta qu’ayant mérité de rester quelque temps en purgatoire pour avoir porté à ses parents une affection trop humaine, elle avait cependant été délivrée à cause de ces quelques gouttes d’eau laissées par obéissance ; qu’au bout de trois jours de purgatoire, son ange gardien était descendu dans sa triste prison ; en avait éteint les flammes au moyen de cette eau, par lui recueillie, et qu’à l’instant, elle s’était envolée, libre et joyeuse, vers les demeures éternelles.
Il y avait dans le même monastère une autre religieuse appelée Marie Isabelle, qui préférait les amusements et les conversations, aux nombreuses prières que l’on récitait au chœur. Un psaume lui paraissait long comme le psautier ; aussi, à peine le dernier verset de l’office était-il terminé, qu’elle s’en allait. La prieure s’en étant aperçue, l’arrêta un jour sur la porte et lui demanda quelle affaire importante la pressait ainsi de sortir toujours avant les autres, même avant les plus anciennes.
La bonne sœur répondit franchement qu’après l’office déjà si long, elle trouvait fort ennuyeux d’être obligée d’attendre encore le lent défilé de toutes les sœurs. – « C’est très bien, reprit la Mère, mais dites-moi, s’il vous en coûte, quoique commodément assise, de demeurer au peu au chœur pour chanter les louanges divines, comment ferez-vous quand il vous faudra rester en purgatoire, peut-être bien longtemps ? Je juge nécessaire pour le bien de votre âme, que, dorénavant, vous sortiez toujours la dernière de l’église ; j’espère par ce moyen, abréger la durée de votre expiation dans l’autre vie. »
Sœur Isabelle se résigna avec une obéissance parfaite que Dieu ne manque jamais de bénir ; non seulement elle ne s’ennuya plus, mais elle éprouva des consolations extrêmes à prier bien longtemps ; elle eût même passé sa vie aux pieds des autels.
Ce ne fut pas la seule grâce : Dieu voulut bien, à cause de son humble soumission, et en considération des suffrages de la bienheureuse Emilie, la délivrer promptement du purgatoire, et il fut révélé que toutes les heures qu’elle avait employées à la prière par obéissance, avaient abrégé d’un temps égal, son séjour dans le lieu de l’expiation.
(DiarioDominicano, 3 mai.)
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Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
IX MERVEILLE
La charité s’offre à satisfaire par ses propres souffrances à toutes les peines d’autrui.
Debemus pro fratribusnostris animas ponere : Nous devons pour nos frères donner la vie. (I Jean. III, 16.)
Le nom du Père Niéremberg est célèbre non seulement pour ses ouvrages considérables en faveur de la religion et de la piété, mais encore pour sa tendre dévotion envers les âmes souffrantes auxquelles il consacrait ses prières et ses rigoureuse austérités.
Il y avait à la cour de Madrid, une grande dame que la sage et sainte direction du Père avait élevée à une rare perfection en sorte qu’elle était dans la maison royale un miroir vivant de toutes les vertus. Cette personne, d’une complexion délicate, fut atteinte d’une fièvre maligne, contre laquelle les médecins virent tous leurs efforts échouer. Avertie du danger où elle se trouvait, elle tomba dans une profonde tristesse non seulement à cause des grandes choses qu’elle avait entreprises et qu’il fallait abandonner, mais aussi dans la crainte des peines du purgatoire qu’elle prévoyait bien ne pouvoir éviter.
Le Père Niéremberg qui l’assistait, usait de toutes les industries de sa charité, de tous les raisonnements les plus persuasifs pour l’encourager à se soumettre au bon plaisir de Dieu, et il l’exhorta à recevoir les sacrements afin de se rendre forte dans les derniers combats.
Mais la malade différait toujours ; puis elle tomba dans une espèce de léthargie qui la tint durant plusieurs jours entre la vie et la mort. Le Père tout alarmé d’une telle situation, alla se renfermer dans une chapelle contiguë à la chambre de la mourante, et y célébra le saint sacrifice avec une grande ferveur, suppliant la divine Miséricorde de donner à la pauvre mourante autant de vie et de sentiment qu’il lui en fallait pour recevoir les derniers sacrements ; de plus, il s’offrit à Dieu pour souffrir lui-même en ce monde les peines qu’elle devait endurer au purgatoire afin que, délivrée des appréhensions de l’autre vie, elle acceptât la mort de bon cœur.
Dieu agréa ce généreux sacrifice. La messe était à peine achevée, que la dame reprit connaissance, et demanda aussitôt les sacrements qu’elle reçut avec une dévotion extraordinaire. Le saint religieux lui dit ensuite de ne plus appréhender le purgatoire, qu’il avait pris sur lui toutes les peines qu’elle aurait pu y souffrir.
Cette révélation rendit à la mourante la tranquillité la plus parfaite ; elle fit à Dieu le sacrifice de sa vie, et mourut comme une prédestinée.
On acquit bientôt la certitude que le bon Père avait été exaucé ; car à partir du jour où sa pénitente avait expiré, il fut pendant l’espace de quinze années, qu’il vécut encore, tellement affligé pour le corps et pour l’âme, que son existence était un véritable martyre ; aucun remède naturel ne pouvait soulager ses douleurs ; sa seule consolation était dans la pensée qu’il mourrait victime de sa charité.
Cet admirable religieux s’était fait une loi de réciter chaque jour le chapelet pour la délivrance des âmes, et de leur appliquer les nombreuses indulgences dont le chapelet qu’il possédait était enrichi. Mais un jour, il lui arriva de perdre ce précieux objet, et il fut obligé d’en emprunter un semblable (c’était permis alors).
Une fois, qu’il était très occupé pour des choses concernant la gloire de Dieu, il oublia de faire le pieux emprunt ; ce ne fut que bien plus tard dans la soirée, qu’il se souvint de son omission ; affligé de ne pouvoir payer son tribut habituel, il se mit à genoux pour demander pardon aux âmes, leur offrant son désir de gagner les indulgences qui leur étaient si précieuses.
Comme il priait ainsi, un bruit étrange se fit entendre au plafond ; il leva les yeux, ô prodige ! il vit tomber son chapelet avec toutes les médailles qui y étaient attachées. Il demeura persuadé que les âmes le lui avaient apporté afin de ne pas être privées du soulagement qu’elles en retiraient. Comblé de joie d’une grâce si merveilleuse, il se mit à réciter les cinq dizaines avec une dévotion extraordinaire, et n’abandonna pas un seul jour, une pratique si profitable aux âmes et si agréable à la Miséricorde divine ; il recommanda même aux fidèles cette dévotion dans un ouvrage spécial.
Voici un autre trait qui démontre combien ses suffrages étaient efficaces pour les défunts.
Une nuit, qu’il priait dans le chœur de l’église du collège impérial de Madrid, il vit tout-à-coup devant lui, un professeur de théologie, mort depuis quelques jours. Le défunt implora humblement ses suffrages, et lui révéla qu’il souffrait des peines très grandes dans le purgatoire, en punition d’un rapport peu charitable qu’il avait fait aux supérieurs ; il ajouta que pour cette faute, sa langue était tourmentée par un feu très violent, mais que Dieu dans sa bonté infinie, lui avait accordé par l’entremise de la très sainte Vierge la permission de venir implorer sa pitié, et dans le but aussi d’apprendre aux autres par son exemple à ne jamais blesser la charité.
Le défunt dit encore au bon religieux qu’il se confiait en lui, au nom de l’amitié qui les avait unis, et surtout au nom de cette compatissante tendresse qui l’animait pour la délivrance des âmes.
Le Père Niéremberg, profondément ému, lui promit de le secourir. Le lendemain matin, il s’empressa de monter pour lui à l’autel et offrit ses prières et ses austérités dans la même intention. Peu de jours après, à la même heure, cette âme lui apparut encore, c’était pour lui donner mille bénédictions et lui apprendre que Dieu venait de la recevoir dans le séjour des éternelles félicités.
(V. Alph. De Andrada. Vita P. Jos. Nierembergii, S. J., c. IX.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
X MERVEILLE
Les âmes recueillent des suffrages conformes aux bonnes œuvres qu’elles ont accomplies pendant leur vie terrestre.
Chacun recevra ce qui est dû aux bonnes ou aux mauvaises actions qu’il aura faites pendant qu’il était revêtu de son corps.
La Justice divine proportionne les châtiments aux fautes commises. Celui qui aura été dur envers les pauvres, ne trouvera ni compassion ni miséricorde après la mort. Celui qui aura été idolâtre de son corps et l’esclave des sens, sera condamné à des tourments épouvantables.
La divine Miséricorde proportionne de même les récompenses aux vertus pratiquées. Celui qui aura été charitable envers les pauvres sera secouru dans le purgatoire par le suffrage de l’aumône ; celui qui aura pratiqué la mortification, sera soulagé par des suffrages de pénitence, et ainsi du reste.
L’empereur d’Allemagne, Othon IV, avait été le généreux bienfaiteur des monastères, et s’était imposé pour Dieu de grandes austérités. Aussi après sa mort, il reçut beaucoup de soulagement dans ses peines par les œuvres de miséricorde et les pénitences des maisons religieuses.
Ce prince était mort dans une grande réputation de vertu et de piété ; cependant il revint de l’autre vie pour réclamer des suffrages à une de ses tantes, abbesse d’un fervent monastère. Or, il s’adressait bien, car cette religieuse était douée de vertus éminentes, et le ciel l’avait favorisée du don des miracles.
Cette sainte abbesse, se trouvait une fois à l’aube du jour, vers une fenêtre du parloir, lorsqu’elle entendit frapper légèrement à la porte. Tout-à-coup, cette porte s’ouvrit d’elle-même et la religieuse vit s’avancer l’empereur, son neveu, dans l’attitude d’un suppliant : « Je suis, lui dit-il, d’une voix plaintive, passé à l’autre vie, et je languis dans les tourments du purgatoire. Ah ! si vous avez pour moi quelque compassion, envoyez, je vous en supplie, des messagers dans plusieurs monastères afin qu’on récite en souvenir de mon âme, dix mille fois le psautier, et que la fin de chaque psaume soit accompagnée de dix coups de discipline, pendant lesquels on récitera un Pater et un Ave. Cet acte de miséricordieuse charité, exercé en ma faveur, par les monastères auxquels j’ai fait tant de bien pendant ma vie, me délivrera du purgatoire, j’en ai l’assurance. »
Ce prince pouvait bien parler ainsi, lui qui, l’année même de sa mort, avait dépensé des sommes immenses pour la subsistance des monastères, parce qu’une grande disette désolait alors la contrée.
Les couvents avertis par l’abbesse, se hâtèrent d’offrir à Dieu les suffrages demandés.
Peu de jours après, l’empereur apparut à sa pieuse tante dans le même lieu ; mais quelle différence ! il était resplendissant de gloire et environné d’une lumière si éclatante, que les yeux de la religieuse en étaient tout éblouis. Il lui adressa les plus tendres remerciements, et l’invita à bénir avec lui la divine Miséricorde. Les souffrances de cette âme étaient finies pour jamais, elle allait jouir de la félicité des cieux.
(V. Thom. De Catimpré, Apum, liv. II, c. 53, n°19 ; Théoph. Raynaud, Heter, Spirit., p. II, lect. 3, 6ème point, qu. 6ème.)
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Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XI MERVEILLE
Une faible étincelle du feu du purgatoire est propre à nous inspirer une grande compassion envers les âmes souffrantes.
Misitignem in ossibusmeis, et erudivit me : Il a mis le feu à mes os, et il m’a instruit… (Tkreni I, 13.)
La vie de la bienheureuse Catherine de Raconigi est pleine de visions admirables de la gloire du paradis, des supplices de l’enfer et des peines du purgatoire. Dieu se complut à donner à sa servante non seulement des visions du purgatoire, mais encore une preuve sensible de la violence du feu qui y règne. Ce Dieu de miséricorde voulait exciter dans le cœur de son épouse une ardente charité pour les âmes détenues dans ce lieu d’expiation.
Or une fois, dans une apparition, il sembla à la bienheureuse que le doux Sauveur lui tirait le cœur de la poitrine, et que le perçant d’un glaive, il le pressait de ses mains divines pour en extraire le sang dont une partie tombait sur la tête des pécheurs, et l’autre, sur les âmes du purgatoire.
Cela signifiait que par ses prières, ses exhortations et ses pénitences, elle devait convertir un grand nombre de pécheurs et délivrer une multitude d’âmes. Catherine se dévoua avec zèle à cette mission sainte, mais surtout à partir de l’évènement que nous allons raconter.
Un jour qu’elle était dans son lit, en proie à toutes les ardeurs d’une forte fièvre, elle se mit à réfléchir sur l’intensité des flammes du purgatoire. Bientôt elle fut ravie en extase, et le Seigneur, afin qu’elle compatît mieux aux souffrances des âmes, la conduisit dans le lieu de l’expiation.
Là, pendant qu’elle contemplait ce feu terrible, elle entendit une voix qui lui disait : « Afin que tu comprennes la violence de ces tourments, tu vas en ressentir un léger effet. » A l’instant même, une étincelle se détache et tombe sur la joue gauche de Catherine, à la vue de plusieurs de ses compagnes.
La douleur qu’elle en ressentit fut si grande que son visage en demeura tout enflé durant plusieurs jours. Elle disait que, en comparaison du tourment occasionné par cette étincelle, toutes les peines de cette vie n’étaient absolument rien. Dès lors, elle conçut un grand désir de secourir les âmes du purgatoire, et pour cela, elle s’offrit à Notre Seigneur, se soumettant à endurer pour elles toutes les souffrances de l’âme et du corps.
Dieu accepta son sacrifice, et aux austérités de sa vie, vinrent s’ajouter encore des afflictions de toutes sortes. Mais aussi, en récompense de sa charité, il lui fut donné de voir plusieurs fois une multitude d’âmes monter du purgatoire au ciel.
La première qu’elle vit ainsi, d’abord dans un noir cachot, ensuite dans les splendeurs célestes, fut celle d’un prieur de la Chartreuse. Ce religieux était tombé dans le schisme du conciliabule de Pise, et quoiqu’il eût été relevé des censures ecclésiastiques, néanmoins les religieux étaient inquiets de son sort éternel.
La bienheureuse Catherine les rassura en leur révélant qu’il était en lieu de salut, mais qu’il avait besoin de secours. En même temps elle offrit d’unir ses suffrages aux leurs, ce qu’elle fit jusqu’à ce qu’elle eut acquis la certitude de sa délivrance.
Voici un fait plus merveilleux encore.
Une mort inattendue venait d’enlever à la bienheureuse, une religieuse de son Tiers-Ordre. Inquiète sur son état, elle désirait vivement en avoir quelque connaissance. Or, pendant la cérémonie des funérailles, Catherine, agenouillée près du cercueil, priait humblement le Seigneur de lui révéler par quelque signe, la situation de la défunte, elle fut exaucée.
La morte qui était exposée à d’ ?ouvert, avait, selon l’usage, les mains croisées sur la poitrine. Tout-à-coup, de sa main droite, elle saisit celle de Catherine et la serra étroitement, comme pour la conjurer au nom de la tendre amitié qui les avait unies de la secourir par ses suffrages.
La servante de Dieu se mit tout de suite en devoir de délivrer son amie, offrant pour elle ses ferventes prières et ses œuvres satisfactoires. Bientôt la défunte lui apparut pour la remercier et lui annoncer qu’elle montait à la céleste patrie.
Les âmes reconnaissantes obtenaient à leur bienfaitrice des grâces sans nombre, spécialement des révélations de choses lointaines. Je n’en citerai qu’une.
Lorsque l’armée française descendit en Lombardie, en 1525, sous la conduite de François 1er, et mit le siège devant Pavie, la reine Claude, première femme de ce prince, apparut à Catherine ; elle lui annonça la captivité du monarque, la défaite désastreuse de nos armées ; elle la conjura de prier Dieu pour le roi et pour la France, et de secourir aussi par ses suffrages, les âmes des soldats morts sur le champ de bataille.
(V. DiarioDominicano. Vie de la bienh.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XII MERVEILLE
Marie, au jour de son Assomption, introduit au Ciel une multitude d’âmes.
Misitignem in ossibusmeis, et erudivit me : Il a mis le feu à mes os, et il m’a instruit… (Tkreni I, 13.)
Ascendens in altum, captivamduxitcaptivitatem : En montant au ciel, elle emmène la captivité captive. (Eph. IV, 8.)
L’apôtre exalte la gloire du Rédempteur, lorsqu’au jour de son ascension, il conduit triomphalement au ciel les âmes des justes retenues depuis si longtemps dans les limbes, et le célèbre Gerson exalte pareillement aussi la gloire de la Mère de Dieu au jour de son assomption : « Elle se présenta au ciel, dit-il, suivi d’une innombrable multitude d’âmes du purgatoire, et chaque année, à pareil jour, elle en délivre une foule nombreuse. » Saint Pierre Damien confirme cette pieuse croyance par le récit de la vision suivante.
A la fête de l’Assomption de la divine Vierge, c’était la coutume du peuple romain, la nuit qui précède la solennité, de visiter processionnellement, un cierge à la main, toutes les églises de la ville.
Or, une année, comme les nocturnes visiteurs se pressaient en foule dans la basilique d’Ara-Coeli, au Capitole, une dame d’une grande piété y aperçut une personne morte depuis près d’une année, sa surprise était extrême. Il lui vint un grand désir d’interroger la défunte sur sa situation dans l’autre vie ; mais il n’était pas facile de la rejoindre, tant la foule était compacte ; elle résolut de l’attendre vers la porte.
Dès qu’elle se fut approchée, elle lui prit la main, et lui dit : « N’êtes-vous pas ma marraine Marozie, ne m’avez-vous pas tenue sur les fronts du baptême ? » - Oui, dit l’apparition, c’est moi-même. – Comment donc vous rencontré-je aujourd’hui parmi les vivants, lorsque je sais que vous êtes du nombre des morts depuis près d’un an ? Racontez-moi comment vous vous trouvez dans l’autre monde. »
La défunte lui répondit : « Jusqu’à ce jour, je suis restée plongée dans un feu épouvantable en punition des fautes de ma jeunesse alors que je m’adonnais aux discours licencieux, aux parures immodestes et à de coupables affections. Je m’étais, à la vérité, confessée de toutes ces iniquités, mais en recevant la rémission de la coulpe, je ne reçus pas en même temps celle des peines temporelles que j’avais méritées ; aussi mes tourments dans le purgatoire ont été terribles et prolongés.
Mais en cette grande solennité, la Reine du ciel, émue de compassion envers les âmes souffrantes, s’est faite leur médiatrice auprès du Juge éternel, et a obtenu, pour moi et pour un grand nombre, la grâce de sortir de notre affreuse prison et de monter, en ce beau jour de l’Assomption, aux régions de l’éternelle vie.
Et le nombre des âmes que sa toute puissante intercession a délivrées aujourd’hui, surpasse celui de la population de Rome. A cause de cela, nous toutes (lors même que vous ne voyez que moi), nous allons ensemble dans les églises dédiées à notre Reine, lui témoigner notre reconnaissance pour le bienfait que nous reçu de sa miséricorde.
A ce récit, la dame toute stupéfaite, ne savait si elle devait ajouter foi à ce qu’elle entendait. Ce que voyant Marozie, elle ajouta : « Afin que vous ne doutiez point de la vérité de ce qui vous est révélé, sachez que vous-même, dans un an à pareille fête, vous mourrez. Si vous êtes de ce monde après le terme indiqué, tenez tout ceci pour une rêverie. »
Puis elle disparut. Cette dame pénétrée de crainte résolut de mener une vie entièrement séparée du monde. Dès lors, quittant toutes les vanités du siècle, elle se revêtit modestement, prit le cilice, et changea les réjouissances, les festins et les vaines conversations, en abstinence, oraisons et solitude, espérant satisfaire à la Justice divine et abréger son purgatoire.
L’avant-veille de l’Assomption elle tomba gravement malade, et annonça qu’elle allait mourir. En effet, le jour même de la solennité, elle rendit son âme à son Créateur et alla expérimenter les précieux effets de la bonté de Marie.
(V. Petri DamianiOpusc. 34, 2ème part. ch. 3.)
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XIII MERVEILLE
Le bien que l’on accomplit pendant la vie, est récompensé après la mort.
Ante mortem beacfacamicotuo : da et accipe et justipoariaumtuam : Avant la mort faites du bien à votre âme : donnez pour recevoir, et établissez la justice dans votre âme. (Eccli, XIV, 13.)
Le Souverain Pontife Benoît VIII était rempli d’affection et de bienveillance pour le monastère de Cluny : il aimait et vénérait d’une manière toute particulière saint Odilon, supérieur de cette abbaye, tant à cause de ses éminentes vertus que de son ardente charité envers les âmes du purgatoire. Pour elles, continuellement, le saint abbé offrait à faisait offrir de nombreux suffrages. Même, d’après certains auteurs, ce serait lui qui aurait introduit l’usage de prier spécialement pour les fidèles défunts le lendemain de la Toussaint.
L’amitié de Benoît VIII pour Odilon n’était pas stérile, car outre les bienfaits dont il comblait le monastère, il prenait lui-même un soin tout paternel du saint abbé. Chaque fois qu’Odilon se rendait à Rome, le pape se chargeait de tous les frais de route et d’entretien, tant que durait le séjour et le voyage.
Benoît recueillit après sa mort les frais de sa tendre charité. Quelques jours après la cérémonie des obsèques, il apparut à Jean, évêque de ?, et lui révéla qu’il était en proie à d’horribles tourments dans le purgatoire pour n’avoir pas parfaitement correspondu aux obligations de sa dignité suprême ; néanmoins, il avait l’espérance d’être délivré par les prières de saint Odilon, si on lui apprenait dans quelle triste nécessité il se trouvait réduit.
« Je vous conjure donc, dit-il, au prélat, si vous avez encore quelque affection pour moi, d’informer promptement Odilon de ma mort et des souffrances que j’endure. Pour plus de rapidité, priez mon successeur Jean d’expédier des messagers à Cluny afin que ce fervent monastère intercède pour moi. »
A peine la nouvelle est-elle apportée au saint abbé, que non content de ses propres suffrages, il convoque ses religieux au chapitre, et leur impose des prières quotidiennes, des austérités rigoureuses, d’abondantes aumônes ; mais surtout il leur recommande d’offrir chaque jour dans la même intention le divin sacrifice afin de délivrer promptement l’âme de Benoît VIII, leur insigne bienfaiteur.
Saint Odilon demanda de pareils suffrages à tous les monastères de son Ordre, et tous se portèrent avec une admirable charité à soulager et à délivrer cette âme si chère à leur mémoire.
Il y avait quelques jours que ces saints exercices se poursuivaient, lorsque Eldebert, procureur et aumônier du monastère, eut une vision. Cette faveur lui fut, sans doute accordée à cause des abondantes aumônes qu’il se plaisait à distribuer. Il lui sembla donc voir entrer d’abord dans le monastère ensuite au chapitre, un homme d’un aspect vénérable et plein de majesté : il était revêtu d’un manteau magnifique et son front était ceint d’un diadème étincelant. Des personnages vêtus de blanc l’accompagnaient.
Il se dirigea directement vers le siège abbatial, et inclina la tête jusqu’aux genoux de saint Odilon, comme pour lui rendre grâce ainsi qu’à toute la communauté de quelque bienfait signalé.
Eldebert, étonné et ravi d’un tel spectacle, désirait vivement savoir quel était cet auguste vieillard et pourquoi il se tenait ainsi prosterné devant Odilon. Tandis qu’il réfléchissait, il entendit distinctement ces paroles : « Celui-ci est le Souverain Pontife Benoît, délivré du purgatoire par les suffrages de votre saint abbé et de tous les religieux.
Avant d’entrer dans la gloire, il est venu en ce lieu payer un tribut de reconnaissance aux libérateurs, et les assurer que, du céleste séjour, il veillera sur eux et leur obtiendra des faveurs incomparablement plus précieuses que celles dont il se plaisait à les combler quand il était sur le trône pontifical. »
C’est ainsi que les plus hautes majestés du monde, ceux à qui ont été confiées les clefs du royaume des cieux, et qui distribuaient les indulgences à tous les fidèles, deviennent quelquefois après leur mort nécessiteux et suppliants, obligés d’avoir recours aux pauvres serviteurs de Dieu pour obtenir l’entrée du ciel.
(V. Vincent de Beauvais, Spacel. Hist. liv. 24, ch. 105.)
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XIV MERVEILLE
Les peines du purgatoire sont terribles.
Pondera pondus iquis : Pesez bien la rigueur de ce feu. (Esdr. IV, 5.)
Sénèque disait : « Les hommes devraient mépriser les peines de cette vie ; car si elles sont légères, elles ne méritent pas notre attention, et, si elles sont graves, elles sont ordinairement de courte durée. »
Il n’en est pas ainsi du purgatoire dont les peines réunissent souvent la durée à l’intensité. Là, les heures paraissent des jours, les jours des mois, les mois des années, et les années des siècles. « Oui, dit Thomas à Kempis, une seule heure passée en ce lieu, sera plus insupportable qu’ici-bas, cent années de la plus austère pénitence. »
Voici à ce sujet une histoire terrible tirée des annales des Pères Capucins.
Le père Hyppolyte de Scalvo, grand serviteur de Dieu, était animé d’un zèle ardent pour le salut du prochain, et son cœur brûlait du désir de secourir les âmes du purgatoire. Par ses oraisons et ses pénitences, il leur procurait de continuels suffrages ; et dans ses émouvantes prédications, il exaltait cette œuvre de suprême charité, si agréable à Dieu et si profitable aux vivants.
Il voulait que les prémices de ses actions fussent pour elles ; aussi, prévenant l’heure de matines, il se levait pour réciter l’office de Requiem ; c’était comme le prélude de ses œuvres quotidiennes, toutes consacrées aux morts. Cependant, il n’avait encore qu’une idée confuse des tourments du purgatoire ; il ne pouvait concevoir ni se persuader que des supplices atroces fussent infligés par la Justice divine à des âmes chéries de Dieu et destinées à la glorieuse béatitude. Mais il ne tarda pas à être éclairé.
Il avait été envoyé en Flandre pour fonder quelques maisons de Capucins dont la mission était de défendre la foi contre les invasions de l’hérésie. Lorsque sa tâche fut accomplie, on le fixa dans l’un de ces monastères, sous le titre de Père gardien et de Maître des novices.
Il s’appliquait avec soin à enseigner à ses élèves la perfection religieuse. Or, il arriva qu’un d’entre eux, très avancé dans la vie spirituelle, fut frappé par une mort imprévue. Malheureusement, le bon Père était absent dans ce moment-là ; aussi éprouva-t-il une douleur amère de n’avoir pu le bénir ni lui conférer la dernière absolution.
La nuit suivante, comme il était resté au chœur après matines pour y faire oraison selon sa coutume, il vit apparaître une ombre affreuse qu’enveloppaient des flammes livides. Le Père croyait reconnaître son défunt novice ; bientôt il n’eut plus de doute ; car le spectre vint s’humilier devant lui et s’accuser en gémissant d’une faute qu’il avait commise, fort légère sans doute, ce jeune homme ayant toujours été grand observateur de la règle.
« Donnez-moi, Père charitable, s’écria-t-il, donnez-moi votre bénédiction afin d’effacer cette souillure pour laquelle je satisfais à la Justice divine ; vous-même, imposez-moi la pénitence convenable, je m’empresserai de l’accomplir. Le Juge miséricordieux m’a permis de m’adresser à vous, secourez-moi !
Le gardien, à cette terrible apparition, demeure comme atterré ; un frisson d’horreur parcourt ses veines, et pour se délivrer promptement de la vue de ce spectre, il dit avec précipitation : « Autant qu’il est en mon pouvoir, mon fils, je vous absous, je vous bénis ; et pour pénitence de votre faute, je vous impose seulement de rester en purgatoire jusqu’à l’heure de prime. »
Le saint homme croyait qu’il venait de se comporter en père compatissant et non en juge sévère ; mais le pauvre défunt pensait bien autrement ; il courait par l’église en se débattant et en criant d’une voix lamentable : « Hélas ! Hélas ! ô cœur sans pitié ! ô Père sans compassion pour un fils affligé ! Quoi punir après ma mort, avec tant de rigueur, une faute que, pendant ma vie, vous eussiez jugé digne à peine d’une légère discipline ! Si vous saviez combien sont affreuses les peines que j’endure en purgatoire, certainement vous ne me condamneriez pas à y rester si longtemps. Oh ! pénitence rigoureuse ! s’écria-t-il encore, puis la vision s’évanouit.
Le bon religieux, pénétré de crainte, de confusion et de regret, ne savait comment réparer l’acte de rigueur qu’il venait de commettre, quoique bien involontairement ; mais la charité, toujours ingénieuse, lui suggéra de courir à la cloche du couvent et d’appeler tous les religieux au chœur pour chanter l’office de prime, aimant mieux priver la communauté de quelques heures de sommeil que de laisser plus longtemps son pauvre novice en purgatoire.
Lorsque les prières furent finies, le Père Gardien raconta en versant des larmes, la terrible vision dont le souvenir ne s’effaça jamais de sa mémoire. Pendant les vingt années qu’il vécut encore, il ne cessa de compatir aux souffrances des âmes et d’offrir pour elles de nombreux suffrages. Souvent, dans ses sermons, il répétait ces paroles de saint Anselme : « Après la mort, la moindre peine qui nous attend au purgatoire, est beaucoup plus grande que tous les tourments que l’esprit humain peut concevoir ici-bas. »
(V. Marcellin de Mâcon, Annal. Capuc. t. III an. 1618. n. 13.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XV MERVEILLE
La crainte du purgatoire détache le cœur des vains plaisirs du monde.
Qui in deliciis vixerunt longè stabunt, propter timorem tormentorum : Ceux qui ont vécu dans les délices s’en éloigneront, dans la crainte des tourments. (Apoc. XVIII, 10.)
La crainte du purgatoire est un frein puissant contre la passion du plaisir. Tout esprit judicieux devrait au moment de la tentation, répéter cette parole d’un saint religieux : « Un plaisir bien court, ensuite une douleur éternelle !... »
Quelle folie que de céder à l’attrait du plaisir, puisque la peine qui le suit est si terrible ! Tandis que par un combat de quelques instants, on échappe à des tourments inconcevables. Tel fut l’enseignement donné par un défunt au vénérable Stanislas Choscoca, l’une des plus grandes lumières de l’Ordre de Saint Dominique en Pologne.
Un soir que ce religieux récitait son rosaire en se promenant au jardin, il entendit des gémissements et des sanglots qui semblaient sortir du fond d’un puits, près duquel il passait dans ce moment. Le bon Père craignant qu’un malheur ne fût arrivé à quelqu’un, se penche aussitôt sur la margelle et crie : « Qui est-ce qui se lamente ici, a-t-on besoin de secours ? »
De nouveaux soupirs et de nouvelles plaintes furent la seule réponse. Stanislas suspecta quelque ruse du démon pour le troubler dans sa prière. S’armant donc du signe de la croix, il dit : « Je t’ordonne au nom de Jésus-Christ de me dire qui tu es et ce que tu demandes. » Il lui fut répondu : « Je suis une âme du purgatoire, condamnée par la Justice divine à faire pénitence en ce lieu. Ah ! Si je pouvais vous faire comprendre les peines que j’endure ! Mais elles sont inexplicables ; tout ce que je puis vous dire, c’est que s’il était donné à l’homme d’en avoir quelque connaissance, jamais les vaines jouissances ne séduiraient son cœur. Pour le bien de tous, révélez de la part de Dieu, que je souffre ici un intolérable martyre pour avoir préféré mes aises à l’observance régulière. »
L’historien rapporte que Stanislas vit une autre fois une âme (il ne dit pas si c’est la même) ; elle était environnée de flammes ardentes au milieu desquelles, elle se tordait dans d’épouvantables douleurs. Désirant connaître la nature de ce feu, il demanda à cette âme s’il était plus actif et plus pénétrant que le feu terrestre.
Elle lui répondit que le feu terrestre n’était en comparaison de celui du purgatoire, qu’un vent léger et rafraîchissant. Stanislas se demandait en lui-même, si cela était possible, et il dit à l’apparition : « Volontiers, j’en ferais l’expérience, si cela pouvait compter un peu dans l’expiation que méritent mes fautes. »
« Ah ! Répliqua le défunt, nul mortel ne pourrait supporter ces tourments ; cependant, si vous êtes résolu d’en faire quelque expérience, étendez la main vers moi ; cette épreuve légère et transitoire vous excitera à faire pénitence ici-bas de vos péchés, et vous portera à exhorter vos frères à se préserver de la terrible expiation de l’autre vie. »
Stanislas, loin de s’effrayer, étendit courageusement la main droite sur laquelle le défunt laissa tomber une très petite goutte de sa brûlante sueur. A l’instant même le patient jeta un grand cri et tomba sans connaissance.
A ce cri tous les religieux accoururent, et trouvèrent Stanislas dans un état voisin de la mort. Les soins les plus empressés lui furent prodigués ; mais l’on eut bien de la peine à le ranimer. Tous les religieux voulurent connaître la cause de ce mal subit. Le récit que leur fit le bienheureux, les pénétra d’une crainte salutaire. Il leur recommanda de publier ce fait, afin qu’un grand nombre de personnes pussent se prémunir contre la terrible expiation du purgatoire.
Notre saint religieux vécut encore un an dans l’exercice continuel des plus grandes vertus, et jusqu’à la fin, il fut en proie à sa terrible douleur. Au moment de mourir, voulant renouveler dans le cœur de ses frères, les bons sentiments qu’il leur avait inspirés, il leur raconta de nouveau le miraculeux évènement ; puis il partit pour le ciel, laissant tous les monastères de son Ordre, saisis de crainte à la pensée des châtiments de l’autre vie et pleins de sollicitude pour conserver devant le Seigneur une vie pure et innocente.
De ce qui précède, on peut conclure que la crainte du purgatoire est en quelque sorte plus profitable que celle de l’enfer, parce que la crainte des châtiments terribles réservés aux fautes légères, renferme nécessairement l’appréhension des châtiments éternels réservés au péché mortel.
Si l’on craint de commettre des péchés véniels, à plus forte raison craindra-t-on de commettre des fautes graves ; tandis que la crainte des peines de l’enfer ne fait pas toujours éviter les fautes vénielles : combien n’en est-il pas qui, mettant tous leurs soins à éviter les fautes mortelles, ne font, pour ainsi dire, nulle attention aux fautes vénielles et en commettent tous les jours une infinité, sans songer que la justice et la sainteté de Dieu punissent dans le feu terrible du purgatoire les moindres souillures contractées pendant la vie, comme le démontre du reste l’histoire que nous venons de rapporter, et au sujet de laquelle un poète a écrit de beaux vers latins dont voici le sens.
« A peine une petite goutte est-elle tombée sur cette main, qu’elle paraît un foyer consumant. Ah ! Quelle sera donc l’ardeur qui brûlera les victimes jetées dans l’Océan de feu, si une seule goutte produit de telles douleurs. »
Vix in subjectam sudoris guttula dextram
Decidit immensus guttula visa rogus.
Oenarum, proh ! Quantus erit dolor aequore mersis,
Si tantam poenam stilla vel una dedit !
(V. J. Haustin, patroc, animar., I. I, ch. 6 ; Bzovius, année 1590.)
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XVI MERVEILLE
Douloureuses plaintes des âmes du purgatoire.
Vox audita est lamentationis luctûs et fletus : On a entendu le cri du deuil, de la souffrance et des larmes. (Jérém., XXXI, 15.)
L’ingénieuse cruauté de Denis-le-Tyran avait fait creuser une prison souterraine que le peuple appelait l’oreille de Denis, parce qu’en un certain endroit de la voûte, était pratiquée une ouverture en forme d’oreille. Au moyen de ce stratagème, les pauvres prisonniers ne pouvaient proférer un mot, pousser un gémissement, un soupir sans être entendus de ce prince barbare.
Ah ! Si les prisons du purgatoire étaient faites ainsi par rapport aux vivants, quels douloureux gémissements, quelles plaintes amères, les morts ne feraient-ils pas entendre aux ingrats qui les oublient ?
Ce serait un père accusant ses enfants ; un frère, son frère ; une épouse, son époux. Combien d’infortunés testateurs plongés dans les flammes expiatoires, poussent de lamentables soupirs contre de coupables héritiers, qui, paisibles possesseurs de grandes richesses, oublient ceux qui les leur ont péniblement acquises, et ne feraient pas en leur faveur la moindre prière, la plus légère aumône.
Combien de pères, au fond de leur cachot obscur, accusent d’ingrats enfants ; cependant, ceux-ci avaient promis à leurs parents moribonds de nombreux suffrages, et voilà qu’après la mort, sont ensevelis dans le même tombeau la dépouille et le souvenir des auteurs de leurs jours et de leur bien-être ; le silence et l’oubli pèsent sur leurs cercueils.
L’illustre chancelier de l’Université de Paris, Jean Gerson, fait mention d’une supplique qu’une mère oubliée adresse à son fils par une permission divine : « Mon fils, lui dit-elle, mon fils bien-aimé, ah ! Pensez un peu à votre pauvre mère, écoutez mes gémissements et mes prières ; considérez les tourments auxquels je suis en proie dans ce lieu d’expiation. Au nom de cet amour que vous me portiez, secourez-moi dans ces supplices que l’esprit ne peut concevoir ni qu’aucune langue ne peut exprimer. Venez à mon aide, par de saintes pensées, par des aumônes aux pauvres et des mortifications personnelles.
Une seule larme d’un cœur contrit, versée à mon souvenir, suffirait peut-être pour éteindre les ardeurs qui me consument, ou du moins les mitigerait beaucoup. Comment jamais un fils pourrait-il refuser ou différer le soulagement à celle qui l’a conçu dans son sein, enfanté dans la douleur, allaité, nourri et élevé avec tant de dévouement.
Lorsque je vivais sur la terre, je vous trouvais toujours affectionné envers moi, obéissant au moindre de mes ordres, plein de gratitude pour mes tendres soins ; comment se fait-il qu’après mon trépas, je vous trouve oublieux, indifférent ? Vous, qui à mon lit de mort, me promîtes en pleurant un constant souvenir et de nombreux suffrages.
Vous qui me donniez tant de marques d’affection lorsque j’étais vivante, vous ne m’aimez donc plus, maintenant que je suis morte ? Ai-je cessé d’être votre mère ? Et vous, n’êtes-vous plus mon fils ?
Ah ! S’il vous reste une seule étincelle de l’amour que vous me portiez, entendez mes gémissements, compatissez aux peines que j’endure dans ma triste prison. Si un fils ne songe point à secourir sa mère, à qui pourra-t-elle recourir ? »
Aux plaintes d’une mère, ajoutons celles d’un fils envers sa mère. Thomas de Catimpré raconte de son aïeule, qu’ayant perdu par une mort prématurée, un fils de grande espérance, elle était restée inconsolable ; jour et nuit, elle versait tant de larmes, qu’elle faillit en perdre la vue.
Mais cette affliction était en pure perte, car cette mère inconséquente dans sa tendresse, n’avait jamais offert pour son fils un suffrage de messe, d’aumône ou de prière. Aussi le défunt gémissait amèrement dans le purgatoire sur cette affection toute humaine et si stérile, et il suppliait le Seigneur d’éclairer cette mère aveugle.
Dieu exauça sa prière, en envoyant à cette femme éplorée une miraculeuse vision. Un jour, qu’elle était tout absorbée dans sa douleur, elle eut comme un ravissement ; il lui sembla voir au milieu d’une route une procession de jeunes gens qui s’avançaient pleins de joie vers une magnifique cité.
Comme elle cherchait avec anxiété si par hasard, elle n’y découvrirait point son fils, elle l’aperçut en effet, mais bien en arrière de la troupe joyeuse ; son pas était lent et appesanti ; il portait avec peine le poids d’un long vêtement de deuil tout trempé d’eau.
Emue à cet aspect, elle s’écrie : « Pourquoi, ô mon cher fils, marchez-vous si tristement et si loin de vos compagnons ? « L’enfant répondit en soupirant : « Voyez, ô ma mère, je porte le poids de vos larmes stériles, elles me retardent dans ma route, et me forcent ainsi à rester en arrière. Ah ! Cessez donc de vous livrer à une aveugle et infructueuse douleur. Si vraiment vous m’aimez, si vous voulez me secourir, appliquez-moi le mérite de quelques prières, de quelques aumônes ; faites célébrer pour moi le saint sacrifice ; c’est ainsi que vous me prouverez votre amour maternel, et que, me délivrant de ce lieu de supplices, vous m’élèverez à la vie éternelle incomparablement plus heureuse que cette vie terrestre que vous m’aviez donnée. »
Après ces paroles la vision s’effaça ; mais elle avait produit un heureux changement. Cette pauvre mère comprenait enfin son devoir, et elle se consola en s’appliquant avec une ardeur extrême à la délivrance de son fils par toutes sortes de bonnes œuvres.
(V. J. Gerson. Querela defunctorum : Th. Catimpré. Apun II, c. 53, n. 17.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XVII MERVEILLE
Le désir de voir Dieu est la plus grande peine du purgatoire.
Sitivit anima mea ad Deum vivum : quande veniam et apparebo ante faciem Dei ? Mon âme a soif du Dieu vivant : quand pourrai-je venir et me présenter devant le visage de mon Dieu ? (Ps. IV, 1, 2.)
De célèbres docteurs pensent qu’il y a des âmes qui n’ont à souffrir dans le purgatoire que la seule peine du dam ; c’est-à-dire, la privation de la vue béatifique de Dieu. Ils apportent pour preuve une révélation de la Vierge Marie à sainte Brigitte.
Il lui fut montré un purgatoire spirituel, appelé le purgatoire du désir, et dans lequel Dieu tient exilées loin de lui, les âmes qui ne l’ont pas désiré avec ardeur sur la terre. Cette expiation n’est pas légère pour ces âmes, à cause de l’impétuosité de leur amour pour Dieu : leur désir semblable à un feu ardent et concentré, les porte avec violence vers ce bien suprême ; mais en même temps, une force invincible les retient enchaînées, et ce supplice n’a rien de pareil.
Plusieurs âmes ont révélé quelque chose de ce cruel tourment. Voici un fait arrivé dans le grand duché de Luxembourg, et déclaré authentique par le vicaire général de l’électeur-archevêque de Trèves.
Le jour de la Toussaint, une fille d’une piété et d’une modestie exemplaires vit paraître devant elle, l’âme d’une dame morte depuis peu, qui lui avoua que son plus grand purgatoire était d’être privée de la vision béatifique de Dieu.
La défunte était vêtue de blanc, un voile également blanc recouvrait sa tête ; elle tenait un rosaire à la main, en signe de la dévotion qu’elle avait toujours professée envers la Reine du ciel. Elle lui apparut plusieurs fois, particulièrement à l’église ; sans doute, cette âme sainte choisissait de préférence ce lieu saint parce que ne pouvait encore posséder Dieu dans le ciel, elle voulait au moins jouir de sa présence mystérieuse dans le tabernacle ; de plus, elle était assurée par ce moyen des suffrages immédiats de la jeune fille ; aussi avait-elle soin de se mettre à genoux à ses côtés ; elle l’accompagnait même jusqu’à la table sainte.
Oh ! Alors, le visage de la défunte resplendissait d’une ardeur si céleste que la jeune fille en était dans le ravissement. Dès la pieuse chrétienne apercevait cette âme amie, elle se mettait en prière pour sa délivrance. Souvent aussi, elle faisait célébrer et entendait pour elle une messe de Requiem à un autel privilégié de la sainte Vierge.
Un jour qu’elle s’occupait avec plusieurs de ses compagnes à parer une chapelle de Notre-Dame, il vint à ces jeunes filles la pieuse pensée de baiser les pieds de la statue ; quelques unes d’entre elles engagèrent leur amie à donner elle-même quelques baisers de plus pour le soulagement de l’âme qui lui apparaissait, ce qu’elle fit aussitôt et avec une grande dévotion.
Comme elle revenait à sa demeure, la défunte vint à sa rencontre avec un visage joyeux, la salua profondément comme pour lui rendre grâce, et lui dit qu’elle avait fait le vœu pendant sa vie, de faire célébrer trois messes à un autel de la sainte Vierge, mais qu’elle n’avait pu l’accomplir, et elle la supplia de la libérer de cette dette qui la retenait captive loin de Dieu.
La jeune fille s’empressa de la satisfaire, et le jour que la troisième messe venait de se célébrer, comme elle sortait de l’église, elle vit accourir la défunte toute rayonnante de joie.
Son exil touchait à son terme, et, dans l’effusion de sa reconnaissance, elle lui tendit les bras comme pour l’embrasser. A cette vue, la fervente chrétienne s’agenouilla et se mit à réciter, les bras en croix, cinq Pater et cinq Ave en l’honneur des cinq plaies de Notre Seigneur. Tout le temps que dura la prière, la défunte soutint les bras de sa libératrice.
Cette âme reconnaissante cherchait déjà à la récompenser par des avis et des conseils tels que ceux-ci : 1° De ne jamais faire des vœux qu’elle ne puisse facilement accomplir, parce que les promesses faites à Dieu sont rigoureusement exigées. 2° De ne jamais mentir, parce que le mensonge même le plus léger est sévèrement puni en purgatoire. 3° De professer une tendre dévotion envers la sainte Vierge, spécialement de se souvenir de ses douleurs, alors qu’au pied de la croix, elle contemplait les plaies sacrées de son adorable Fils.
« Ayez soin, lui dit-elle, toutes les fois que vous rencontrerez son image, de répéter ces trois invocations de ses litanies. Mater admirabilis, Consolatrix afflictorum Regina sanctorum omnium !
Plus vous aimerez et servirez fidèlement pendant la vie cette Mère de miséricorde, plus elle vous sera propice à l’heure de la mort, à ce moment terrible qui doit décider de votre sort éternel ! »
Elle lui conseillait aussi d’appliquer ses oraisons, ses pénitences, toutes ses œuvres pieuses aux âmes du purgatoire, qui reçoivent de tels suffrages un grand soulagement.
Comme elle finissait de lui donner ces salutaires conseils, la cloche de l’élévation se fit entendre, aussitôt l’âme accourut vers l’autel et s’agenouilla dans la plus profonde adoration. Chaque fois que la jeune fille prononçait les saints noms de Jésus et de Marie, la défunte s’inclinait avec respect.
Notre jeune privilégiée sachant à quel point sa défunte amie jouissait quand il lui était donné de s’approcher du divin Sacrement pour l’adorer, l’invita à venir à l’église des Pères Jésuites, le 3 décembre, fête de saint François-Xavier en l’honneur duquel elle devait communier.
L’âme fut fidèle au rendez-vous ; elle se tint tout le temps aux côté de son amie, et ne la quitta qu’après l’action de grâces, en lui annonçant qu’elle reviendrait le 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception.
Au terme fixé, elle apparut, mais si radieuse que la jeune fille ne pouvait la contempler. Après avoir assisté à la sainte messe, elle lui recommanda de nouveau la dévotion envers la très sainte Vierge, et lui promit d’être son avocate au ciel. Enfin, le 10, pendant la messe de l’octave, apparut pour la dernière fois cette âme bienheureuse que Dieu venait de revêtir d’une lumière plus resplendissante que le soleil.
Elle s’inclina profondément devant l’autel ; rendit une dernière action de grâces à sa pieuse bienfaitrice ; puis elle s’éleva vers le ciel, dans les bras de son ange tutélaire. Pendant ce rapide et divin voyage, ce gardien céleste prodiguait à cette âme toutes les tendresses d’une mère qui revoit son fils bien-aimé après une longue absence, et il l’emporta lui-même jusqu’au pied du trône de l’auguste Trinité.
Ce récit justifie bien cette parole de saint Chrysostome : « Supportez tous les tourments, vous n’en imaginerez point qui égalent la privation de la vue béatifique de Dieu : » Un poète a dit :
O quantum manes aspectum Numinis ardent !
O quanta est tanto carcere poena bono !
Inferni tormenta minus quam gaudia caeli
Excruniant ; igui saevus urit amor :
« Oh ! Avec quelle impatience les âmes soupirent après la vue de Dieu ; oh ! Qu’elle est dure pour le juste, cette captivité ! Les tourments de l’enfer sont moins douloureux que l’éloignement des joies du paradis ; l’amour y consume plus que le feu ! »
(V. Eusèbe Nieremberg, De pulchritudine Dei, livre II, c, 11.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XVIII MERVEILLE
On souffre dans le purgatoire des peines en rapport avec les fautes commises.
Filius Hominis reddit, unicuique secundum opera ejus : Le Fils de l’Homme rendra à chacun selon ses œuvres. (Math., xvi, 27.)
La seule lumière de la raison avait persuadé aux anciens que la Justice divine inflige dans l’autre vie des supplices correspondants au genre des fautes commises ; c’est cette croyance qui a inspiré à leurs poètes des fictions telles que celle de Tantale dans les profondeurs du Tartare.
Et nous, enfants de la vraie foi, nous savons d’une manière certaine que Dieu, dans sa souveraine équité, fait souffrir dans le lieu de l’expiation des peines conformes aux péchés commis. C’est le lieu de mentionner ici une révélation faite à saint Coprée, évêque en Irlande.
C’était après le chant des vêpres, le prélat était resté dans l’église pour faire oraison, lorsque soudain il vit devant lui un spectre pâle, ténébreux, épouvantable. Il portait au cou un collier de flammes et il était revêtu d’un haillon de tunique qui n’avait même qu’une manche.
Ce spectacle n’effraya point Coprée, tant était grande sa confiance en Dieu. Qui êtes-vous ? Dit-il, au fantôme. Je suis, répondit-il, une âme de l’autre vie. - Et qui vous a rendu si affreux ? - Les péchés que j’ai commis m’ont réduit à cette extrémité ; quoique vous me voyiez dans un si misérable état, sachez que je suis Malachie, roi d’Irlande.
Hélas, je n’ai pas fait le bien que ma position me permettait de faire et que le Seigneur demandait de moi. Le prélat étonné répliqua : Je croyais que vous aviez fait en cette vie une vraie pénitence de vos fautes. Hélas ! Avoua le spectre, je n’ai pas voulu obéir à mon confesseur, et pour le faire plier sous ma volonté, je lui ai offert un anneau d’or, et maintenant, à cause de cela, je porte au cou un cercle de feu qui me tourmente horriblement et qui me retient captif.
Le confesseur pour sa coupable complaisance, porte un collier semblable, mais son supplice est encore plus affreux que le mien.
Le saint évêque admirait cette égale répartition de la divine Justice ; il désirait savoir de plus ce que signifiait ce vêtement sale et incomplet. L’âme lui apprit que c’était un châtiment spécial. « Ce vêtement souillé et délabré est une punition d’un manque de charité. Un jour un mendiant demi-nu m’ayant demandé l’aumône, je le renvoyai à la reine qui peu compatissante, ne lui donna que ce haillon dont vous me voyez recouvert pour ma confusion. »
Le saint lui demanda alors pourquoi il lui apparaissait, et ce qu’il désirait de lui.
« Il n’y a qu’un instant, répondit-il, les démons me faisaient tournoyer dans les airs en me battant avec cruauté, lorsque soudain ils entendirent votre psalmodie ; ne pouvant supporter le chant des divines louanges, ils ont pris la fuite et m’ont laissé momentanément dans ce lieu. Je profite de cet instant pour implorer vos suffrages. »
Le défunt avait à peine achevé, qu’il s’écria : « Hélas ! Hélas ! Les voilà qui reviennent me prendre ! Mais avant de vous quitter, mon Père, je veux que vous vous souveniez de moi, vous indiquer le lieu où j’ai caché cent onces d’or et mille d’argent, pendant le siège de Dublin.
Vous disposerez de cette somme suivant votre volonté. » - « Non, non, dit Coprée, je ne veux point devenir riche sur la terre ; c’est dans le ciel que j’ai placé mon trésor. Mais pour cela je ne laisserai point de prier pour vous. »
Après ces paroles, l’âme disparut en faisant entendre cette triste plainte : « Malheur ! Malheur à celui qui ne fait pas le bien lorsque le temps lui en est donné ! »
Le saint évêque rassembla ses chanoines, leur raconta sa vision et leur demanda ce qu’il fallait faire pour soulager ces deux âmes. Il fut décidé que le prélat intercéderait pour le défunt roi, et que le chapitre s’emploierait à la délivrance du confesseur. Il s’imposèrent dans cette intention des jeûnes et diverses prières.
Il y avait déjà six mois qu’ils persévéraient dans leurs œuvres de charité, lorsque Malachie apparut de nouveau au saint évêque. Son aspect annonçait une sensible amélioration : il y avait en lui un mélange de joie et de tristesse, de lumière et d’obscurité. Interrogé par le saint, il répondit qu’il était mieux ; mais que néanmoins, il était encore en proie à de si cruelles souffrances, qu’il préférait être condamné à rester sur la cime d’un arbre agité des vents ; être exposé à l’intempérie des saisons, à la rigueur des froids les plus rigides, ou aux ardeurs d’un soleil dévorant, sans un seul moment de repos.
Pour accélérer sa délivrance, on persévéra dans de pieux suffrages pendant l’espace d’un an. Enfin, un jour que saint Coprée était resté seul dans l’église pour y faire oraison, Malachie apparut à ses yeux, dans tout l’éclat du triomphe céleste.
Il lui rendit de touchantes actions de grâces pour ses charitables secours ; puis il ajouta que son confesseur le rejoindrait au ciel le jour suivant, grâce aux ferventes prières du clergé. Saint Coprée lui demanda pour quelle raison ils ne montaient pas ensemble à la céleste patrie ; le défunt roi lui répondit que son intercession avait été plus agréable à la divine Miséricorde, et plus efficace que les prières de tout le chapitre. Touchante preuve de l’amour de prédilection que le Seigneur a pour les âmes saintes.
(Acta Sanctorum des Bollandistes, 6 mars.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
Les âmes du purgatoire sont très reconnaissantes.
Retribuemus vobis bona pro his quae fecistis nobiscum : Nous vous récompenserons de ce que vous avez fait pour nous (Matth. X, 27.)
Le glorieux saint Philippe de Néri était plein de charité envers les défunts ; il offrait pour eux de continuels suffrages, spécialement pour les âmes qu’il avait dirigées pendant la vie, se croyant plus obligé de secourir celles-là que les autres. Aussi plusieurs d’entre elles, lui apparurent en maintes circonstances, soit pour le remercier, soit pour le solliciter.
Saint Philippe offrait surtout pour les âmes suppliantes l’Hostie de propitiation, et son historien assure que c’était toujours avec une souveraine efficacité. Le saint le faisait d’autant plus volontiers, qu’il recevait lui-même par l’entremise de ces âmes reconnaissantes les grâces les plus signalées.
Entre plusieurs traits merveilleux, citons celui-ci : saint Philippe venait de mourir ; un Père Franciscain d’une éminente piété, faisait oraison dans la chapelle où était déposé le corps vénéré, lorsque le saint lui apparut dans tout l’éclat du triomphe.
Il était paré de gloire et de beauté au milieu d’un cortège céleste. Frappé de l’air de bonté et de douceur qu’il découvrait sur ce majestueux visage, le religieux s’enhardit à lui demander quelle était cette troupe brillante dont il était accompagné.
Le bienheureux répondit que toutes ces âmes avaient appartenu à son Ordre, ou avaient été dirigées par lui pendant leur vie, et que délivrées ensuite par ses supplications, elles étaient venues à sa rencontre pour le conduire à la gloire du paradis.
Ce zèle de saint Philippe pour les âmes, passa en héritage à l’Ordre des Oratoriens ; l’un d’entre eux, le Père Magnanti, si digne de mémoire, ne cessait d’offrir pour les défunts de ferventes prières. Le divin Sauveur se plaisait à les exaucer et plusieurs fois la glorieuse délivrance des âmes lui fut manifestée.
Il y avait dans la ville d’Aquila une demoiselle noble nommée Elisabeth, plus riche des grâces célestes que des biens de la terre, et qui gémissait de ne pouvoir se consacrer à l’Epoux divin parmi les vierges d’un monastère, faute d’une dot suffisante.
Le serviteur de Dieu la consolait en lui disant que Jésus lui préparait des noces éternelles, et qu’elle eût à s’y préparer sans retard. En effet, elle tomba bientôt malade, et au bout de quelques jours, elle mourut de la plus sainte des morts.
A peine venait-elle de rendre le dernier soupir, que le Père Magnanti eut l’assurance que cette âme serait bientôt couronné dans le ciel. Au lieu donc de s’affliger avec la famille, il la consolait, en la félicitant d’avoir une avocate auprès de Dieu.
La prédiction fut justifiée, car la défunte apparut rayonnante de joie et de splendeur à l’un de ses frères et lui dit : « Avertissez mon père que, grâce à l’intercession du Père Magnanti, je monte à la glorieuse Béatitude. »
Le saint religieux recueillait pour les âmes d’abondantes aumônes, et quoiqu’il fût grand amateur de la pauvreté, il avait dans sa chambre une bourse qu’il appelait le trésor des âmes, imitant en cela le divin Sauveur, dont le vénérable Bède dit qu’il conservait une bourse des dons des fidèles afin de les distribuer aux indigents. Ce bon Père y ajoutait encore l’aumône spirituelle de ses prières et de ses pénitences.
Son admirable charité pour les âmes le porta même à demander à Dieu d’exercer contre lui-même une partie des rigueurs qu’elles avaient méritées.
Sa prière fut exaucée ; il fut atteint de douleurs telles, qu’il ne pouvait changer de place sans éprouver des souffrances inconcevables ; ce qui ne l’empêcha pas toutefois d’entreprendre de longs voyages dans l’intérêt du prochain. De sorte qu’on pouvait lui appliquer ce mot de l’historien romain au sujet d’un guerrier qui était demeuré boiteux d’un coup reçu dans une victorieuse bataille : « Chacun de ses pas gravait les traces de son triomphe. »
Le Père Magnanti attribua toujours à ces âmes bénies les grâces extraordinaires dont il fut favorisé. Il savait lire dans l’intérieur des âmes, déjouer les ruses du démon ; même il fut animé plusieurs fois de l’esprit prophétique.
Mais comme le monde est plus soucieux des biens temporels que des dons purement célestes, je parlerai seulement d’un danger dont fut délivré le serviteur de Dieu par l’intermédiaire des âmes.
Magnanti revenait d’un pèlerinage à la Santa-Casa, et il était arrivé près de Norcia à une célèbre église de la sainte Vierge. Il voulut, malgré les avis de ses compagnons de voyage, s’y arrêter pour célébrer le divin sacrifice en faveur des âmes souffrantes.
Après son action de grâces, on se remit en route. Ils avaient à traverser un lieu fort dangereux, où plusieurs assassinats s’étaient commis. Or, à peine y furent-ils arrivés, qu’une troupe de bandits fondirent sur eux, les lièrent à des arbres, afin de les dépouiller et de leur faire endurer ensuite toutes sortes de tourments.
Car ces hommes barbares ne se contentaient pas de vivre du fruit de leurs rapines, ils assouvissaient encore leur férocité sur leurs malheureux prisonniers.
Au même instant, parurent sur la montagne deux enfants qui se mirent à crier avec force : « Aux voleurs ! Aux assassins ! » Les bandits qui étaient au nombre de douze, coururent au devant des enfants, déchargèrent sur eux leurs arquebuses, afin de les tuer ou de les contraindre à fuir ; mais les petits agresseurs, loin de se laisser intimider, avançaient toujours en criant plus fort : « Aux voleurs ! Aux assassins ! »
Cette audace inspira de la crainte aux bandits ; ils prirent la fuite en toute hâte ; les enfants délièrent les pauvres captifs et disparurent sans qu’on pût jamais savoir qui ils étaient ni d’où ils venaient. Magnanti et ses compagnons rendirent grâces au Ciel et demeurèrent persuadés que ces petits libérateurs étaient deux âmes du purgatoire à qui Dieu avait fait prendre cette forme enfantine pour signifier sans doute que les âmes avant de monter à la sainte patrie, devaient avoir recouvré leur première innocence selon cette parole du Christ : « Vous n’entrerez point dans le royaume du ciel, si vous ne devenez semblables à de petits enfants. »
(J. Marcien, Conyr. Oratorii, Tit. I, I. 2. ch. 29.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XX MERVEILLE
Supplications des âmes pour obtenir leur délivrance.
Clamastis ad me, et erui vos de manu apprimentium : Vous avez crié vers moi, et je vous ai tiré de la main de vos oppresseurs. (Juges, x, 12.)
Il n’y a point de parole plus douce à l’oreille de Dieu que celle qui implore sa miséricorde : « Il criera vers moi et je l’exaucerai, » a dit le Seigneur. Aussi dans sa bonté, il a permis plusieurs fois aux âmes du purgatoire de nous faire entendre leurs plaintives supplications. Voici quelques exemples empruntés à l’histoire de la Compagnie de Jésus.
Il y avait au collège d’Ingolstadt, un religieux d’une grande vertu, nommé Jacques Rem ; sa compassion pour les âmes était admirable ; jour et nuit il s’appliquait à les soulager par de ferventes prières et une foule d’autres bonnes œuvres.
Dieu rendait ses suffrages si efficaces, que les défunts lui faisaient de fréquentes visites ; il s’approchaient de son lit pendant la nuit, murmuraient à son oreille ou l’appelaient à haute voix, le suppliant de se mettre en oraison, et le bon Père se rendait aussitôt à leur désir.
Un grand nombre de personnes de toute condition ont déposé avec serment qu’elles avaient entendu plusieurs fois dans le cimetière voisin du collège des cris sortant du fond des tombes et des plaintes semblables à celles-ci: « O Père Jacques, ayez compassion de nous ! Nos souffrances sont épouvantables ; ah ! Par charité, veuillez nous secourir ! »
On peut conclure de là, quels prix les morts attachaient aux suffrages de ce grand serviteur de Dieu et de Marie. Il recevait de cette divine Mère des faveurs merveilleuses pour les âmes et pour lui-même. Parmi les apparitions dont il fut favorisé, nous citerons celle du P. François d’Asti.
Cette âme interrogée par son bienfaiteur en quel état elle se trouvait, répondit : « Dans une joie ineffable. » Cette réponse combla le bon Père d’une telle consolation qu’il ne pouvait parler de ce fait sans se sentir le coeur rempli d’une joie toute céleste.
Le P. Joseph Anchieta, surnommé l’Apôtre du Brésil, avait pour les défunts un zèle non moins admirable et non moins efficace. Pendant qu’il était au collège de Bahia, il fut appelé en toute hâte pour administrer un malade qui habitait un village assez distant de la ville : au retour, la nuit le surprit au milieu d’une forêt.
Après avoir cheminé longtemps, il arriva près d’un lac, où il fut d’abord assourdi par le coassement des grenouilles innombrables qui peuplaient ces bords ; cependant, au milieu de ces confuses clameurs, il distingua par intervalles, des gémissements de voix humaines qui semblaient révéler d’horribles souffrances.
Le compagnon d’Anchieta, saisi de frayeur, sentait un froid glacial parcourir tous ses membres ; mais lui, habitué à ces manifestations surnaturelles, le rassura, et le prenant par la main, il s’avança avec lui près du rivage ; là, se mettant à genoux et levant les yeux et les mains vers le ciel, il adora le souverain Maître de toutes choses, puis il dit à ses compagnons : « Récitons cinq Pater et cinq Ave pour le soulagement des âmes qui font leur purgatoire en ce lieu et qui implorent notre secours. »
Cette prière achevée, les gémissements cessèrent. Le compagnon du Père passa plusieurs fois dans cet endroit en prêtant une oreille attentive, mais nulle plainte ne se fit plus entendre. On demeura certain que, grâce aux ferventes prières du religieux, la divine Miséricorde avait délivré ces âmes souffrantes.
Si une simple prière d’Anchieta était si puissante auprès de Dieu, on doit juger de quelle efficacité étaient les messes qu’il offrait pour les défunts. Pendant l’octave de Noël, le jour de la fête de saint Jean l’évangéliste, le saint religieux revêtit les ornements noirs et dit une messe de Requiem au grand étonnement des fidèles, attendu que la couleur noire ne doit pas paraître à l’autel en ces solennités.
Le Père Nobréga, supérieur de la maison, bien que persuadé qu’un religieux de tant de science et de sainteté avait quelque grave motif d’agir ainsi, ne laissa pas de le surprendre de tous les religieux à cause de cette irrégularité extérieur qui avait pu mal édifier : « Père Joseph, lui dit-il, comment se peut-il qu’en une pareille fête, vous ayez refusé au disciple bien-aimé les honneurs que lui rend aujourd’hui toute l’Église ; avez-vous donc oublié les prescriptions des rubriques à ce sujet ? »
Le bon religieux, contrait par l’obéissance, répondit avec simplicité que Dieu lui avait fait connaître pendant la nuit qu’un de ses condisciple à l’université de Coïmbre, était passé de vie à trépas, et que pressé par un mouvement intérieur, il était monté tout de suite à l’autel pour la délivrance de cette âme : « Eh bien ! Répliqua le supérieur, savez-vous si ce sacrifice lui a été utile ? » Oui, mon Père, répondit modestement Anchieta, immédiatement après la commémoration des morts, cette âme a été délivrée de toutes ses peines et s’est envolée joyeuse vers la sainte patrie. »
(Jacques Hautin, Patroc. Anima, ch. II, art. 2.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXI MERVEILLE
Tout ce que vous ferez pour la délivrance des âmes, vous sera rendu par le Seigneur.
Eâdem mensurâ quâ mensi fucritis remetietur vobis : On vous remettra selon la mesure que vous aurez employée pour les autres. (Luc,, vi. 38.)
Chez les Hébreux, d’après une loi du Lévitique, les criminels étaient condamnés à la peine du talion. Cette peine consistait à leur faire souffrir tout le mal qu’ils avaient fait aux autres : « Voici comme on le traitera il rendra œil pour œil et dent pour dent. »
Un châtiment semblable sera infligé à tous ceux qui auront eu pour les défunts une coupable indifférence ; ils seront à leur tour ensevelis dans l’oubli. Nous citerons à ce sujet un fait intéressant tiré des chroniques des Carmes déchaussés.
Au bourg de Los-Angelos, dans la Nouvelle-Espagne, un vertueux religieux du monastère de Notre-Dame-du-Remède, passa à l’autre vie, et personne ne songea à prier pour lui. A cause de cela, il demeura au purgatoire plusieurs années ; tant il est vrai que la vie la plus vertueuse n’est pas sans reproche devant Dieu.
Cependant la divine Miséricorde lui permit d’apparaître à un pieux convers du même Ordre, nommé Pierre de Saint-Marie. Après lui avoir représenté l’horreur des tourments qu’il endurait, il le conjura d’aller en son nom supplier le Père prieur de faire célébrer pour lui plusieurs messes, ajoutant que sa délivrance en dépendait.
Le frère s’acquitta promptement du message ; mais le prieur, frère Dominique de la Mère de Dieu, n’eut guère foi en son récit ; soupçonnant là un effet de l’imagination plutôt qu’une vision, il ne fit point dire les messes, bien que malgré son doute, la charité eut exigé de lui ces suffrages.
Après quelques jours, l’âme apparut de nouveau à frère Pierre, et lui dépeignit d’une manière encore plus frappante toute l’horreur de la situation, le pressant de retourner encore vers le prieur afin d’obtenir les messes demandées.
Cette fois le Père Dominique accueillit favorablement la requête, et immédiatement, il donna l’ordre à plusieurs religieux d’offrir le divin sacrifice pour la délivrance du défunt. Bientôt on connut l’effet de cette charité. Une nuit, pendant l’office de matines, on vit briller un globe de lumière, et au milieu était cette âme bienheureuse qui s’élevait doucement vers le ciel.
Avant de disparaître, elle s’inclina joyeuse, d’abord vers le bon frère, ensuite vers le prieur, leur faisant à tous deux de touchantes démonstrations de reconnaissance pour la faveur insigne qu’elle venait de recevoir par leur méditation.
Toutefois le Père Dominique qui n’avait pas voulu consentir de prime abord à procurer les suffrages demandés, fut condamné à son tour à descendre dans le lieu de l’expiation. Sa vie avait été fort exemplaire, mais la faiblesse humaine lui avait fait contracter quelques souillures ; « car, dit saint Grégoire, la poussière de ce monde s’attache aux cœurs les plus purs. »
Après avoir gémi un certain temps dans son triste exil, il lui fut permis de venir implorer des suffrages. Il se montra au frère Joseph de Saint-Antoine, religieux convers d’une admirable simplicité ; il le pria d’avertir tout de suite le prieur que l’âme du Père Dominique se trouvait depuis longtemps dans des flammes ardentes, et qu’elle avait besoin pour être délivrée, qu’on célébrât pour elle un certain nombre de messes (il en marqua le chiffre).
Ce sont, poursuivit-il, des messes que j’ai différé d’acquitter, et la mort m’a surpris dans cette négligence.
Frère Joseph, qui était dans ce moment occupé à couper du bois dans la forêt, quitta à l’instant son travail pour courir avertir le prieur de ce qui venait de se passer. Celui-ci ne savait trop s’il devait considérer cet évènement comme une vision ou comme un vain songe.
Enfin par une permission spéciale de la Justice divine il négligea l’avertissement, et le Père Dominique fut traité comme il avait traité autrefois le pauvre religieux qui réclamait ses suffrages. Cependant il ne perdit point l’espoir d’obtenir l’effet de sa demande. Il apparut de nouveau au frère Antoine et lui dit d’aller se jeter pour lui aux pieds du prieur, de lui représenter les horribles tortures qu’il endurait et de le supplier de faire dire les messes désignées.
Le prieur se rendit cette fois, et ordonna à plusieurs Pères d’acquitter les intentions du défunt. A partir de ce moment toutes les apparitions cessèrent, et l’on demeura certain que cette âme était entrée dans son divin repos.
En terminant ce récit, nous dirons d’après l’enseignement de l’Ecriture sainte, que s’il est dangereux d’ajouter foi à toutes sortes de paroles, il est dangereux aussi de tomber dans l’excès contraire ; la première disposition est un signe de légèreté, et la seconde est la marque certaine d’un secret orgueil qui conduit à l’infidélité.
(J. Marcien, Congr. Oratorii, Tit. L, I. 2, ch. 29.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXII MERVEILLE
Touchante compassion d’un grand serviteur de Dieu envers les défunts.
Flexus ad misericodiam, lacrymas fudit, recordatus defuncti : Touché de compassion, il répandit des larmes au souvenir du défunt. (II March. IV, 37.)
Voici encore un mémorable exemple de la charité envers les morts.
Gratien Ponzoni, membre de la Congrégation des Oblats, et archiprêtre d’Arona, se signala par un zèle constant et infatigable pour la délivrance des âmes. Il serait trop long de redire en détail ses ferventes prières accompagnées de larmes, ses veilles, ses jeûnes, ses austérités de toutes sortes ; nous citerons seulement un fait particulier.
Semblable au jeune homme Tobie dont il est dit qu’il s’empressait de donner la sépulture à ceux qui venaient de mourir ou d’être tués, il ensevelissait les morts de ses propres mains ; les pauvres, les inconnus les plus délaissés, étaient l’objet de sa prédilection.
Or, il arriva une année, qu’Arona fut frappé d’un mal contagieux dont furent victimes un grand nombre de soldats napolitains, en garnison dans cette ville. Antonio Conturbio, le fossoyeur, dont le devoir était d’ensevelir ces infortunés, n’avait pas le courage de mettre la main à l’œuvre, tant il redoutait la contagion.
Le bon archiprêtre avait l’âme brisée de douleur à la vue de tant de cadavres privés de sépulture, et pour mettre fin à cet état de choses, il fait appeler Antonio, lui reproche sa faiblesse, et l’exhorte par les paroles les plus persuasives à accomplir sa mission ; puis, joignant l’exemple au conseil, il se rend avec lui au milieu de la nuit, dans le lieu où gisaient les corps, et l’aide à les enterrer.
Tant que dura l’épidémie, il continua cet exercice d’héroïque dévouement. C’est ainsi qu’il justifiait cette parole de l’Apôtre : « La charité détruit toute crainte. » Il méritait bien que ses oraisons fussent agréables à Dieu comme celles de Tobie, et qu’elles fussent portées par un ange du ciel au pied du trône divin.
Ces pestiférés auxquels le saint prêtre donnait la sépulture, avaient reçu au moment de la mort tous les soins que la charité la plus ardente peut inspirer. Après leur avoir aidé à franchir le seuil redoutable de l’éternité, il avait voulu que leurs corps fussent inhumés dans le cimetière situé près de son église de Sainte-Marie.
Un jour, après le chant des vêpres, comme il se promenait auprès de ce cimetière, en compagnie de don Alphonse Sanchez, gouverneur d’Arona, seigneur d’une admirable piété, il s’arrêta tout-à-coup, les yeux fixés vers les tombes, et comme frappé par quelque spectacle étrange. Le gouverneur regardait aussi du même côté, et l’effroi était peint sur son visage.
L’archiprêtre, se tournant vers lui, lui demanda : « Voyez-vous cette procession de morts ? Quelle marche lugubre! Ah! Ils pénètrent dans l’église, bien qu’elle soit fermée ! » Je vois la même chose que vous, dit Sanchez. »
Le bon prêtre était fort content d’avoir un témoin qui pût attester la vérité de ce merveilleux évènement. Dans la persuasion que ces âmes n’apparaissaient que pour demander des suffrages, il fit sonner les cloches ce soir même afin de réunir les fidèles. Il leur annonça pour le lendemain un service solennel en faveur des morts qui étaient apparus.
Ce vénérable archiprêtre demeura convaincu que c’étaient les âmes des soldats qu’il avait assistés, et qui, n’ayant dans l’autre vie de secours qu’en lui seul, étaient venus implorer ses suffrages.
Ce fidèle serviteur de Dieu s’efforçait par tous les moyens possibles d’inspirer à ses prêtres et aux fidèles le zèle ardent qui l’animait pour les âmes souffrantes. C’est dans cette intention qu’il fit construire une petite chapelle dans la partie du cimetière qui touchait à son église ; et afin que ceux qui passaient dans ce lieu, songeassent à prier pour les morts, il y exposa de manière à frapper les regards, un grand nombre de têtes et d’ossements.
Enfin, sa charité pour les âmes souffrantes animait toutes ses actions : les jeux mêmes qu’il offrait comme délassement aux familiers de sa maison, avaient encore pour but la délivrance des défunts. Il avait réglé que tout le gain serait employé à faire dire des messes de Requiem.
A cet effet, une boîte était déposée sur la table. Par ce moyen, quelle que fût la chance du jeu, il tournait toujours au bénéfice des défunts et à l’avantage des joueurs. Ingénieuse charité qui plaisait à Dieu, bel exemple à suivre dans les familles !
(V. P. Marc-Antoine S.J. Rossa. Vita venerabilis Graziani Punsoni, c. s.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXIII MERVEILLE
Une petite aumône faite de bon cœur apporte un grand soulagement aux âmes du purgatoire.
Si exiguum tibi fuerit, exiguum libenter impertiri stude : praemium enim bonum tibi thesaurizas : Si tu as peu de chose, donne peu, mais volontiers : tu amasses ainsi une récompense qui sera grande. (Tobie, IV, 9.)
L’ange Raphaël recommanda spécialement au jeune Tobie la vertu de l’aumône et le soin des morts, deux actes de compassion qui se donnent la main et se servent avec une admirable harmonie. Voici à ce sujet, une histoire consignée dans les annales des Pères Augustins Déchaussés.
Lors de la fondation du couvent de Sainte-Marie à Aversa, le directeur des travaux, le P. Hilarion de Saint-Antoine, religieux de grande vertu, avait choisi pour demeure un hospice peu éloigné de l’église de Saint-François où il célébrait la sainte messe tous les jours.
Or une fois, un bon laïc nommé Jean-Baptiste, employé dans la construction à titre d’économe, voulut le servir à l’autel et communier pour les âmes du purgatoire à l’intention desquelles le religieux célébrait ce matin.
Après l’action de grâces, le Père Hilarion se sentit inspiré d’inviter le pieux économe à partager avec lui son modeste repas. Celui-ci accepta de bon cœur, et après avoir terminé plusieurs affaires, il se rendit à l’hospice à l’heure indiquée. Comme il entrait dans la cour intérieure, il rencontra un beau jeune homme, richement vêtu, qui lui dit qu’il souhaitait entretenir le Père Hilarion sur un sujet important.
Celui-ci, qui trouvait le moment peu opportun, allégua quelque excuse afin d’éviter cette entrevue. Mais le jeune étranger fit des instances si pressantes, qu’Hilarion fut obligé de se rendre. Comme il demandait à cet inconnu le motif de sa visite, celui-ci, pour toute réponse, le supplia de vouloir bien lui donner à dîner ce jour-là même.
Une telle demande étonna le religieux, d’autant plus que celui qui la faisait ne paraissait pas avoir besoin d’un dîner ; toutefois il se rendit à son désir et le pria d’attendre un instant afin qu’il pût se pourvoir du peu qui se trouvait dans son pauvre logis.
Il courut au panier du pain, en tira un tout frais et fort blanc, sans l’avoir choisi. Il eut aussitôt la pensée de le changer contre un autre de qualité inférieure ; mais au fond du cœur, une secrète voix lui disait : « Pourquoi ne pas prendre le meilleur ? Qui sait si ce n’est point un ange du paradis ? Car sûrement, il est entré dans la cour, les portes closes.
Il prend donc ce pain, y ajoute la meilleure partie des mets servis sur sa table et lui envoie le tout, en le priant de vouloir bien l’agréer, que c’était tout ce qu’il pouvait lui offrir, étant pris à l’improviste. Ensuite Hilarion et Jean-Baptiste se mirent à table, mais ils ne pouvaient manger, tant ils étaient saisis de crainte ; ils se demandaient comment ce noble étranger avait pu s’introduire dans une enceinte soigneusement fermée.
« Ce pourrait bien être un ange du ciel, dit le Père. » Et pourquoi, ajouta l’économe, ne serait-ce pas aussi bien une des âmes du purgatoire en faveur desquelles nous avons prié ensemble ce matin ? » Quand on jugea que le jeune homme devait avoir fini, Jean-Baptiste descendit pour lui faire politesse.
L’étranger se leva à son approche et lui dit : « Mon frère, rendons grâce à Dieu et récitons un Pater et un Ave en faveur des âmes souffrantes. » Aussitôt, se mettant à genoux, il joignit les mains, leva les yeux au ciel, et proféra dévotement l’Oraison Dominicale et la Salutation Angélique ; puis il se dirigea vers la porte.
Prenant alors la main de Jean-Baptiste, il ajouta : « Allez dire au Père Hilarion de cesser désormais de prier pour l’âme de son père ; elle n’en a plus besoin, car elle monte au ciel à cette heure même. » Après ces paroles, il disparut soudain à ses regards.
Le brave homme saisi de terreur, se mit à crier : « Père Hilarion, Père Hilarion ! » Puis il ne put plus parler, et tomba la face contre le sol, comme il est dit de la famille de Tobie lorsque l’ange Raphaël se fut manifesté : « A ces paroles, ils furent troublés et tombèrent la face contre terre. »
Le Père s’était mis à une fenêtre d’où il essayait vainement de voir quelque chose. S’entendant parler, il descendit rapidement l’escalier. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver Jean-Baptiste sans connaissance, il eut mille peines à le faire revenir. Lorsqu’il fut instruit de tout ce qui venait de se passer, il demeura convaincu qu’une âme du purgatoire était apparue sous la forme de ce jeune étranger.
Etait-ce son père lui-même ? Il l’ignorait ; toutefois son âme était inondée d’une joie inexprimable par l’assurance que ce père bien-aimé jouissait de l’éternelle béatitude.
Hilarion et Jean-Baptiste bénirent ensemble le Dieu de miséricorde qui avait daigné faire en leur présence cette touchante merveille.
Cette révélation fut confirmée par un nouveau prodige. Tous les plats qui avaient servi à l’hôte mystérieux, étaient devenus diaphanes et d’une admirable blancheur ; aussi furent-ils conservés précieusement surtout après le miracle que nous allons rapporter.
La fondatrice du couvent avait un fils qui se mourait ; cette mère affligée avait perdu tout espoir de le sauver, déjà elle offrait à Dieu son douloureux sacrifice, lorsque les personnes qui soignaient le moribond, eurent l’heureuse pensée de lui faire prendre un léger aliment dans l’un de ces plats. A peine le malade en eut-il goûté qu’il fut guéri instantanément, à la grande admiration des assistants.
Ces derniers traits nous prouvent combien la charité envers nos frères est agréable à Dieu, puisqu’il daigna attacher une vertu miraculeuse à des plats dans lesquels s’était faite pour son amour une légère aumône.
(V. P. Epiphanius Chronic, EF. August. Discule. Cap. 28.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
La vertu la plus pure n’est pas sans tache devant Dieu.
Quis potest dicere : Mundum est ear meum ; purus sum à pecato ? Qui peut dire : Mon coeur est pur ; je suis exempt de péché ? (Prov., XX, 9).
Malheur à la vie la plus digne de louange, si Dieu la juge sans miséricorde, s’écrie saint Augustin.
En effet, est-il un homme sur la terre qui ne dût trembler si le juge éternel venait à scruter sa vie avec toute la rigueur de sa justice. L’œil perçant de Dieu découvre des tâches dans les âmes les plus favorisées de ses grâces. Le fait suivant paraîtrait incroyable s’il n’était rapporté et certifié par le cardinal de Vitry lui-même.
Dans un village de la province de Liège, vivait en 1208, une veuve de mœurs édifiantes ; sa grande vertu lui avait concilié l’estime et l’affection de la bienheureuse Marie d’Oignies, célèbre aussi par sa sainteté. Celle-ci avait élevé deux filles de la pieuse veuve, dans l’innocence et dans la perfection.
Déjà ces deux jeunes vierges s’étaient consacrées à l’Epoux céleste ; et les jeunes personnes trouvaient dans ces deux épouses du Christ le miroir vivant de toutes les vertus. Il plut à la divine Providence de frapper leur bonne mère d’une maladie mortelle ; bientôt elle fut à toute extrémité.
Dès que la bienheureuse en fut instruite, elle accourut au chevet de la malade pour lui prodiguer tous les soins que réclamait sa position et que lui inspirait la plus sainte et la plus ardente amitié. O prodige ! En entrant dans la chambre, elle voit la Reine du ciel, la Mère de Dieu, assise auprès de sa servante, et occupée avec un soin tout maternel à rafraîchir avec un éventail le visage de la moribonde, tout brûlant de fièvre.
Qu’elle était heureuse cette âme, d’avoir mérité dans cette lutte suprême d’être consolée et soulagée par celle que la douleur humaine invoque sous le nom de Consolatrice des affligés ! Et cependant une troupe de démons s’efforçaient d’entrer pour livrer à la mourante un dernier et terrible assaut.
Mais à l’instant même parut l’apôtre saint Pierre, l’étendard de la croix à la main. A cette vue, les démons s’enfuient précipitamment et comme frappés de la foudre.
Mais là ne se terminèrent point toutes les grâces du ciel. Lorsque la vertueuse dame fut morte, Marie d’Oignies vit pendant la célébration des funérailles, la Reine du ciel accompagnée d’une troupe de vierges divisée en deux choeurs, qui assistaient à la cérémonie, rangées autour de la défunte, et chantant d’une voix harmonieuse les psaumes des morts.
Il lui sembla même que le divin Sauveur présidait cette sainte assemblée et faisait lui-même la cérémonie des obsèques. C’est ainsi, dit l’historien, que l’Église triomphante du ciel s’unissait à l’Église militante pour honorer une fidèle servante du Seigneur et de la Vierge divine.
Sans doute, ô lecteur, vous croyez qu’une âme tant favorisée du ciel pendant la vie, et après la mort, favorisée à ce point qu’il n’existe peut-être pas un exemple semblable dans les annales religieuses, fut emportée immédiatement au ciel par les anges ? Hélas ! Que les jugements de Dieu sont redoutables dans l’examen des âmes ! Et quelle pureté parfaite il faut avoir acquise pour entrer immédiatement dans le royaume des cieux !
La bienheureuse Marie d’Oignies après avoir assisté aux funérailles et à la déposition du corps dans le sépulcre, se retira pour faire oraison, et elle fut ravie en extase. Elle vit l’âme de son amie portée en purgatoire, et plongée dans un abîme de douleurs afin d’y être purifiée de quelques légères imperfections contractées pendant la vie.
La sainte épouvantée d’une telle vision courut la raconter aux deux filles de la défunte, et toutes trois s’unirent pour satisfaire à la divine Justice par des prières, des aumônes, et diverses austérités. Elles ne cessèrent ces exercices de charité que lorsque cette âme, éclatante de gloire et de splendeurs célestes apparut à Marie d’Oignies.
Elle tenait un livre, celui des évangiles, sans doute, pour montrer qu’elle avait été une fidèle disciple de la Sagesse incarnée et qu’elle avait exactement observé ses préceptes et ses conseils.
Puisse le récit de cette histoire nous inspirer une crainte salutaire des jugements de Dieu, de ce Dieu si bon, si miséricordieux pour les âmes pendant la vie, et si sévère après la mort. Puisse-t-elle nous inspirer aussi plus de tendresse et plus de dévotion encore envers l’auguste Mère du Rédempteur, toujours si prompte à secourir ceux qui la servent avec fidélité.
(V. L. Surius, 23 juin, Maria Ognaciencis, l. 2, ch. 3.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXV MERVEILLE
Richesses de ce monde transformées en œuvres méritoires pour la vie éternelle.
Facite vobis amicos de mammonâ iniquitatis, ut, ciam defeceritis, recipiant vos in aeterna tabernacula : Faites-vous des amis avec l’argent de l’iniquité, afin que, au moment où vous manquerez, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. (Luc. XVI, 9.)
Cet enseignement du Sauveur de convertir la fange des biens mal acquis en or de mérite et de satisfaction, fut pleinement observé par Zachée ; car il rendit à ceux que sa cupidité avait dépouillés, une somme quatre fois plus forte, et les pauvres reçurent la moitié des biens qui lui restaient.
Son admirable exemple fut suivi par une infinité d’usuriers qui, touchés par la grâce, se sont volontairement appauvris de ces richesses dangereuses pour s’enrichir de tous les trésors du ciel.
Voici un trait du même genre qui a procuré à une âme du purgatoire son entière délivrance.
Dans une ville de Hongrie, dont l’historien ne dit pas le nom, un soldat de mœurs sauvages et cruelles, décoré par un singulier contraste, du nom de Clément, avait commis un homicide, simplement pour servir la haine d’un méchant concitoyen.
Il reçut pour le salaire de son forfait, la somme de deux cents florins. Des remords déchirants, conséquences ordinaires des grands crimes, s’emparèrent de son cœur. Bientôt il fut frappé d’une maladie mortelle. Touché par la grâce, il fait appeler un prêtre et lui confesse avec le plus profond repentir sa vie entière, et spécialement son lâche homicide.
Ensuite, il fit vœu de consacrer les deux cents florins à faire sculpter une Pitié, c’est-à-dire, une Vierge tenant dans ses bras le corps de son divin fils détaché de la croix ; de plus, de faire célébrer trois messes comme expiation, et d’offrir douze cierges au Saint-Sacrement.
Il eut le malheur de différer l’exécution de ses promesses, et la mort le surprit. Dieu le condamna à un terrible purgatoire ; mais en même temps, dans son infinie miséricorde, il lui permit d’apparaître à une sainte fille nommée Reine : « Servante de Jésus-Christ, lui dit le défunt, je vous supplie pour l’amour de Dieu, d’aller trouver mon épouse qui vous remettra deux cents florins ; c’est le prix du sang que j’ai répandu ; vous les emploierez à accomplir en mon nom un vœu que j’ai fait à Dieu et qui consiste à faire sculpter une statue de Notre-Dame des douleurs, à faire célébrer trois messes et à offrir douze cierges au Très-Saint-Sacrement ; ce qui restera de la somme sera distribué aux pauvres.
Si vous accomplissez cela, vous me délivrerez de mes peines cruelles. » La pieuse fille n’osa point s’acquitter d’une telle mission. L’âme souffrante revint une deuxième et une troisième fois, réitéra ses instances, la conjurant de ne point lui refuser cette grâce suprême, si elle avait quelque amour pour Dieu.
Cependant Reine ne voulut point encore se charger de cette mission, et supplia cette âme de la laisser en repos et de ne plus la chagriner pour cette affaire d’argent dont elle ne pouvait se charger, n’ayant pour cela aucun titre à produire. Mais l’apparition répondit : « Je ne cesserai de vous poursuivre tant que vous n’aurez pas exécuté ma demande ; fuyez où vous voudrez, je saurai bien vous trouver, car c’est à vous seule que j’ai la permission de m’adresser. »
Ces manifestations ne purent demeurer si secrètes qu’elles ne vinssent à la connaissance d’un des plus notables de la ville. Cet homme touché de compassion pour cette pauvre âme, se chargea de faire sculpter à ses frais la statue promise.
Il fait donc venir un sculpteur, lui expose son plan et lui enjoint de mettre immédiatement la main à l’œuvre et d’en hâter l’exécution. Celui-ci n’ayant point dans son atelier de bois convenable pour une telle statue, s’en alla dans une forêt pour en chercher.
Pendant qu’il examinait les arbres, il vit venir au-devant de lui un vieillard pâle, aux cheveux blancs ; il appuyait sur un bâton son corps débile ; quelque chose dans sa physionomie et dans son attitude rappelait le soldat défunt.
« Où allez-vous ainsi et que cherchez-vous ? » dit-il au statuaire. « Je cherche, répond celui-ci, un tilleul beau et dur pour en faire une statue de la Vierge des douleurs ; mais jusqu’à je n’ai rien trouvé. » Cessez vos recherches, ajouta l’étranger ; pénétrez plus avant par ce sentier à droite, et vous trouverez un tilleul coupé depuis quatre ans, bien sec, bien dur, tel que vous le souhaitez. »
L’artiste se rendit à l’endroit indiqué, trouva à sa grande joie l’arbre qu’il désirait. Il s’empressa de le faire transporter dans se demeure, et mit tant d’activité à son travail qu’en très peu de temps il fut achevé. Celui qui l’avait commandé vint le voir, le trouva parfaitement exécuté et dit au sculpteur de passer chez lui quand il lui plairait afin de recevoir le prix de son œuvre.
Cependant l’âme de Clément apparut de nouveau à Reine, et lui dit qu’il était nécessaire que la dépense fût faite avec les deux cent florins qu’il avait reçus pour le meurtre, afin que le salaire de l’iniquité fût converti en œuvres de piété, et que si une partie de cette argent était déjà dépensée, il fallait que sa famille vendit divers objets pour la recouvrer, sans quoi il serait retenu bien longtemps dans le terrible feu de l’expiation.
Enfin ses désirs furent accomplis, la statue fut apportée chez Reine et placée sur un petit autel, au bas duquel on déposa les deux cents florins. Alors l’âme apparut de nouveau, mais rayonnant de joie ; elle se répandit en actions de grâces, et commanda de prendre les deux cents florins, d’en donner une partie au sculpteur et d’en employer le reste selon les intentions énoncées.
Ces ordres données, l’âme disparut. A quelque temps de là, les prêtres préposés à la dédicace de la statue, racontèrent qu’ils avaient entendu distinctement pendant la cérémonie, une voix céleste qui chantait : « O mon Dieu et mon Seigneur, vous êtes ma consolation et mon refuge, vous êtes ma force et mon espérance, et maintenant, j’entre dans l’éternelle félicité que vous avez réservé à ceux qui vous aiment. »
(V. Ch. Casalicchio, Stim. Div. Timoris, ch. 58.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXVI MERVEILLE
L’amour du prochain ne doit point se borner à cette vie.
Omni tempore diligit qui amieus est : Celui qui est ami, aime en tout temps. (Prov. XVII, 17.)
Ce n’est point être animé d’un véritable zèle pour le prochain, que de se borner à lui être utile pendant les jours de sa vie mortelle. Nous devons le secourir, non seulement pendant sa vie, mais aussi après sa mort.
C’est ce que ne cessait de répéter aux enfants de saint Ignace, le Père Diégo Lainez, second général de la Compagnie de Jésus. Il leur faisait entendre que ce ne serait pas correspondre à l’excellence de leur institut, essentiellement organisé pour le bien du prochain, si l’on ne travaillait avec autant d’ardeur à la délivrance des défunts qu’au salut et au soulagement des vivants.
Et, joignant l’exemple au précepte, il appliquait aux âmes du purgatoire une bonne partie de ses oraisons, de ses pénitences, de ses études et de ses travaux pour la sainte Eglise. Les Pères de la Compagnie, animés par de si saints enseignements, se signalèrent par une charité admirable envers les âmes du purgatoire, comme on peut le voir dans le livre intitulé Heroes et victimae charitatis Societatis Jesu, duquel je ne citerai que deux traits seulement.
A Munster, en Westphalie, vers le milieu du XVIIème siècle, éclata une maladie contagieuse qui causa dans l’espace de quelques jours, une effroyable mortalité. La crainte de la contagion affaissait les courages, et il ne se trouvait presque personne qui voulut se dévouer au soin des malades et à la sépulture des morts.
Alors le Père Frabricius, de la Compagnie de Jésus, s’offrit avec cette magnanime charité qui exclut toute crainte. Sans cesse au chevet des moribonds, il leur prodiguait tous les secours de l’âme et du corps. Après leur mort il les ensevelissait de ses propres mains, puis offrait pour eux le saint sacrifice avec une compassion et une ferveur admirables.
Ce zèle infatigable ne se bornait pas seulement à ceux qu’il avait administrés ; ses suffrages étaient pour tous, et chaque jour, quand le rit le lui permettait, il célébrait une messe de Requiem. Il fit tant par ses exemples et ses conseils que tous les Pères Jésuites de Munster consacrèrent aux morts un jour chaque mois. Alors l’église était toute tendue de noir ; on célébrait pendant toute la matinée des messes de Requiem, et jusqu’au soir, les voûtes saintes retentissaient des chants funèbres.
Dieu permit plusieurs manifestations mystérieuses pour témoigner combien la charité de son serviteur, Fabricius, lui était agréable et combien aussi elle était avantageuse aux défunts. Quelquefois ce saint prêtre entendait à la porte de sa cellule des voix confuses. Il n’y avait pas un religieux dans la maison, qui ne fût persuadé que c’étaient les âmes du purgatoire qui venaient en foule implorer ses suffrages.
Le plus grand prodige de charité fut celui qu’il accomplit à la fin de sa vie. Avant d’expirer, il fit le sacrifice de tous les suffrages que la Compagnie a coutume d’appliquer à la délivrance de ses défunts ; il se dépouilla de ce riche trésor pour le répandre sur les âmes du purgatoire. Testament admirable qui lui a valu sans doute une grande gloire dans le ciel, et toutes les tendresses du Divin Maître.
Une charité toute semblable fut admirée dans la personne d’André Simoni, de la même compagnie. Il n’était pas prêtre, mais son ingénieuse compassion pour les âmes souffrantes lui fit trouver un moyen de leur appliquer les mérites du divin sacrifice.
Il entretenait à ses frais plusieurs prêtres pour offrir en son nom des messes de Requiem. Comme il était très pauvre, il n’avait d’autre ressource que de mendier dans cette intention, et la divine Providence, secondant sa sublime charité, portait beaucoup de riches à verser dans ses mains d’abondantes aumônes.
Afin de s’assurer l’assistance des prélats, des cardinaux, des étrangers et des grands seigneurs qui fréquentaient le noviciat de Saint-André à Rome dont il était portier, il cultivait un petit jardin rempli de jacinthes, de roses, de giroflées, de jasmins, d’anémones et d’une foule d’autres fleurs ; il en composait des bouquets délicats qu’il offrait aux visiteurs avec une charmante simplicité, et les suppliait en même temps, de se souvenir des âmes du purgatoire.
Il convertissait ainsi des fleurs éphémères en fruits d’éternelle vie. Aussi les âmes délivrées par ses suffrages vinrent en foule à son lit de mort pour l’assister pendant la dernière lutte et l’emmener en triomphe à la gloire éternelle.
A ce jardin si fructueux pour les âmes, on pouvait bien appliquer cette parole du prophète Isaïe : « C’est pour procurer leur gloire qu’il a ainsi cultivé la terre. »
On lit à ce sujet une stance italienne dont voici le sens : « Jardin charmant dont les bouquets offrent aux âmes, joie, repos et céleste lumière ; puisque tu procures un si grand bien, chacune de tes fleurs vaut un trésor. »
(V. P. Phil. ? ? et victimae charitatis ? ? ? ?.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXVII MERVEILLE
Dieu révèle quelquefois à ses serviteurs l’état des âmes ensevelies dans les ténébreux abîmes de la mort.
Revelat profunda de tenebris, et producit in lucem umbram mortis : Le Seigneur découvre ce qui était caché dans de profondes ténèbres, et il produit au jour l’ombre même de la mort. (Job xii, 22.)
L’Ordre vénérable des Théatins s’est toujours signalé par un zèle admirable envers les âmes du purgatoire ; leur tendre compassion pour les morts leur a fait créer en leur faveur une foule d’œuvres de charité, et composer aussi un grand nombre d’ouvrages de mérite. C’est Théatin, le Père Jérôme Méaza, qui a composé et publié l’excellent ouvrage intitulé : Exhortations quotidiennes à prier pour les morts.
Parmi le nombre de ces fervents religieux, je choisis le plus remarquable, saint André Avellin que Dieu favorisa par une grâce particulière. Pendant les longues et ferventes oraisons qu’il offrait au bénéfice des âmes, il lui arrivait parfois d’éprouver un sentiment de répulsion, il sentait comme un frisson d’horreur parcourir ses veines ; d’autres fois, c’était tout l’opposé, il éprouvait une consolation, une suavité intérieure qui le portait à prier avec une ferveur nouvelle.
Il reconnaissait à ces signes l’état de l’âme pour laquelle il s’était mis en prière ; le sentiment de répulsion lui indiquait une âme réprouvée, et le sentiment d’attrait intérieur lui révélait au contraire une âme du purgatoire. Il en était de même dans l’oblation du saint sacrifice, qu’il offrait presque toujours pour les morts : si en montant à l’autel, il se sentait attristé, et comme repoussé par une main invisible, c’était un indice que l’âme pour laquelle il avait eu l’intention de dire la messe, était perdue ; mais quand il se sentait animé d’une dévotion extraordinaire, c’était une marque certaine qu’il n’intercédait pas en vain.
Voici encore un trait qui montre combien Dieu se plaisait à révéler l’état des âmes à son fidèle serviteur. Un religieux du même Ordre, le Père Solaro, étant à l’agonie, on entendit dans sa cellule de grandes rumeurs, comme si plusieurs personnes combattaient l’une contre l’autre.
Les Pères qui assistaient le moribond, jugèrent qu’il avait à soutenir une lutte des plus terribles ; aussi redoublèrent-ils leurs prières, et une partie d’entre eux montèrent à l’autel pour offrir la précieuse Victime.
Dès qu’il fut mort, le bruit cessa, mais non les craintes des religieux, car ils tremblaient sur le salut de cette âme. Saint André s’empressa de les rassurer. Il venait de faire oraison, et pendant ce temps, l’âme de Solaro lui était apparue ; elle lui avait révélé qu’en effet, au moment de la mort, elle avait été assaillie par une troupe d’esprits infernaux.
Mais vainement ils s’étaient efforcés de l’entraîner dans les abîmes éternels : ne trouvant point en elle les péchés qu’ils y cherchaient, ils avaient été contraints à une fuite honteuse. Le Père André ajouta que cette âme n’était restée que quelques heures en purgatoire pour l’expiation de fautes légères, que les suffrages de ses confrères, joints à la miséricorde du Seigneur, l’avaient délivrée, et qu’elle s’était envolée vers les demeures éternelles. Ce récit du bon Père combla de joie tous les religieux, et redoubla leur dévotion pour les âmes souffrantes.
Le zèle de saint André Avellin pour les défunts ne s’éteignit point avec sa vie. Lorsqu’il eut rendu sa belle âme à son Créateur, une sainte religieuse, nommée Madeleine Barona, du couvent de sainte-Marie-de-la-Sapience, à Naples, se rendit au milieu de la nuit dans le choeur de l’église pour faire oraison devant le Très-Saint-Sacrement, et réciter ensuite l’office des morts en faveur du bon Père, dans le cas où son âme aurait besoin de quelques suffrages.
A peine avait-elle commencé les psaumes, qu’elle vit venir à elle une abeille qui se mit à voltiger autour de son visage avec des mouvements si légers, si vifs et si gracieux, que c’était un charme de la voir, elle faisait entendre en même temps, un murmure doux et suave, comme si elle eût voulu répondre à la psalmodie, puis elle se posa sur le bréviaire d’où elle ne s’envola qu’à la fin de l’office. Madeleine, pendant ce temps, avait ressenti dans son âme une joie et une ferveur extraordinaires.
Après avoir bien pesé dans son esprit toutes les circonstances de ce fait singulier, et pris conseil de personnes éclairées, cette sainte religieuse demeura persuadée que Dieu avait permis ce prodige pour lui faire comprendre combien il agréait sa piété envers les défunts, et pour lui annoncer en même temps que l’âme d’Avellin était au ciel.
(V. P. D. Chrysanthus Solarius cler. Regul. Pentateuchus mortuorum. Liv. IV, ch. 29, n. 6.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXVIII MERVEILLE
Combien les jugements de Dieu sont redoutables.
Non sunt condignae passiones hujus temporis ad futuram gloriam : Les souffrances de cette vie ne sont pas comparables à la gloire future. (Rom. Viii, 18.)
On ne se peut se défendre d’une sorte d’effroi en lisant dans les annales de l’Église les cruelles austérités que se sont imposées certains pénitents afin de satisfaire à la Justice divine pour des fautes même légères. Je ne rappellerai pas ici les admirables exemples des anciens et célèbres anachorètes mentionnés par saint Jean Climaque, mais un trait plus récent tiré des annales des P. P. capucins.
Le frère Antoine Corso est célèbre parmi eux, pour ses effrayantes austérités. Il ne se contenta point de la vie rigide que prescrit son Ordre ; mais il y ajouta des pénitences sans nombre, et si cruelles, qu’il n’aurait pu les supporter s’il n’eût été assisté d’une grâce surnaturelle.
Pendant de longues années, il porta jour et nuit un cilice de poils de cheval ; l’intérieur était hérissé de pointes de fer qui le mettaient tout en sang. Au milieu des rigueurs de l’hiver, il n’était revêtu que d’un mauvais manteau qui ne pouvait le défendre du froid.
Il ne dormait que trois heures sur des planches nues, et donnait tout le reste de la nuit à la contemplation. Il se contentait chaque jour d’un peu de pain et d’eau, et même pendant longtemps, cinq onces de figues sèches furent sa seule nourriture.
Quand il fut dans un âge plus avancé, il se réduisit à ne manger que trois fois la semaine, un peu de pain seulement, auquel il ajoutait quelques gouttes d’eau. Chaque nuit il se flagellait durement, en mémoire de la passion du Sauveur.
Une fois l’année, dans la semaine sainte, il passait cinq heures entières à prendre la discipline, pour se donner autant de coups qu’en reçut Notre Seigneur lors de sa flagellation, et que quelques saints ont cru être au nombre de 6.666.
Le démon s’efforça d’entraver Corso dans les exercices de ces terribles austérités ; mais le fervent religieux persévéra toujours, et l’on pouvait dire de lui comme de saint Pierre d’Aleantara : « Par de perpétuels jeûnes, veilles, flagellations, dénuement extrême, et austérités de toutes sortes, il réduisit son corps en servitude : il avait passé avec lui cet arrangement qu’ici-bas, il ne lui donnerait aucun repos. »
Après une vie si pénitente, vous croyez lecteurs, que l’âme de Corso fut portée aussitôt par les anges dans le royaume éternel ? Hélas ! Elle descendit dans le lieu de l’expiation. Mais, allèguerez-vous, ce pauvre religieux a eu le malheur, sans doute, de tomber dans quelque faute énorme. - Non certainement, car il a offert à Dieu dans sa consécration le passé d’une vie innocente et pure, et ses années de religion s’étaient écoulées tout entières dans la pratique d’une rare perfection.
Dieu même s’était plu à l’élever aux plus sublimes contemplations et même jusqu’à l’extase. - Hélas, dites-vous encore, comment se peut-il faire qu’une si belle vie qu’a terminée la plus sainte mort, ait été jugée d’une manière si rigoureuse ? - L’histoire va nous l’apprendre.
Antoine apparut après son trépas à l’infirmier du couvent qui lui demanda s’il ne jouissait pas déjà du bonheur éternel : « Grâce à la miséricorde divine et à la passion du Sauveur, mon salut est assuré, répondit le défunt, quoique pour une faute de ma vie, mon âme ait été en grand péril. Je suis condamné à me purifier en purgatoire. »
Hélas ! Dans le purgatoire ! Reprit l’infirmier, vous, mon frère ! Vous, qui avez mené une vie si parfaite et si mortifiée ? » Ma faute, reprit Antoine, a été un manquement à la sainte pauvreté si fortement recommandée par notre séraphique Père, Saint François.
Lors de la fondation du couvent de Saint-Joseph, je m’occupai à pourvoir le monastère de certaines provisions, avec un soin vraiment opposé à l’esprit de notre Institut. Je n’avais point la certitude de commettre une faute en faisant cette action ; cependant je ressentais au fond de l’âme un trouble, une certaine inquiétude.
J’aurais dû m’éclaircir à ce sujet auprès de mes supérieurs, et je ne l’ai point fait ; cette négligence a été justement et sévèrement punie par le souverain Juge, lui, dont le regard scrutateur découvre les fautes même les plus légères. »
L’infirmier voulut savoir quelle était l’intensité et la durée de la peine à laquelle il était condamné. Le défunt répondit que la peine du sens était légère, mais que celle du dam lui paraissait insupportable, parce que après la mort, la privation de la vue Dieu est le plus affreux de tous les supplices.
Puis il ajouta que ses souffrances seraient de courte durée, et que bientôt il serait en possession de l’éternel et souverain bien.
(V. Annales Patr. Caque, ; J.-B. Manni, Sacr. Trig dise. 6, n. 29. année 1818.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
La prière des justes est puissante sur le cœur de Dieu.
Orationes justorum exaudiet Dominus. Le Seigneur exaucera les prières des justes. (Prov. XV. 29.)
Lorsque la Justice divine voulut punir le peuple d’Israël, coupable d’idolâtrie, Moïse s’y opposa par la force de sa prière ; et Dieu lui dit : « Laisse-moi exercer contre eux ma colère : » comme si Moïse avait eu le pouvoir d’arrêter la divine vengeance. Et de fait, le Seigneur déposa les armes de sa justice devant les humbles et ardentes supplications de son serviteur.
Que de fois dans la loi nouvelle, les prières des justes ont obtenu aux morts comme aux vivants une abondante miséricorde, à la place des châtiments qui leur étaient réservés. Voici à ce sujet un trait rapporté par Thomas de Catimpré.
Simon Germain, d’abord grand seigneur, aussi illustre par sa science que par son origine, ensuite abbé dans l’Ordre des Cisterciens, fut un religieux de grande vertu, mais trop rigide pour ses inférieurs qu’il voulait à toute force rendre fervents comme lui.
Il imita le zèle d’Elie et non l’admirable mansuétude du Sauveur. Il se fut bien trouvé de suivre en cela les conseils d’une sainte religieuse nommée Lutgarde, avec laquelle il était en relations spirituelles et qui lui rendit de grands services pour ce monde et pour l’autre.
Germain mourut jeune encore, et fut condamné par la divine Justice à expier dans le purgatoire l’excessive rigidité de son gouvernement. Lutgarde en apprenant cette mort, ressentit une profonde douleur ; elle redoutait les jugements de Dieu à l’égard de Germain, et aussitôt elle s’imposa des jeûnes rigoureux, des austérités de toutes sortes et une oraison presque continuelle, suppliant son céleste Epoux de délivrer cette âme et de lui ouvrir le ciel.
Jésus touché de la charité de son Epouse, lui apparut et lui dit : « Aie courage, ma fille, car pour ton amour, j’userai d’une grande miséricorde envers cette âme. La pieuse vierge continua à implorer avec plus d’ardeur encore la clémence du divin Rédempteur et bientôt une voix intérieure lui dit : « Demeure en paix, avant peu, Simon sera délivré. »
Alors Lutgarde ajouta : « O très clément Sauveur, je vous supplie que toutes les faveurs que, dans l’excès de votre bonté, vous destinez à votre servante, soient départies à cette âme souffrante, je ne cesserai de gémir et de pleurer jusqu’à ce que j’ai acquis la certitude de sa délivrance. »
Le cœur de l’aimable Jésus ne put souffrir de voir sa servante si affligée, et retourna presque aussitôt vers Lutgarde, menant avec lui l’âme de l’abbé, et lui dit : « Soyez en paix, ma bien aimée, voici l’âme pour laquelle vous priez tant. »
A ces paroles, Lutgarde se jette aux pieds du Christ, le front contre terre, l’adorant et le bénissant d’un si grand bienfait. De son côté, l’âme délivrée rendait d’affectueuses actions de grâces à sa libératrice, ajoutant que sans elle, il lui aurait fallu rester encore onze ans dans le purgatoire, tandis qu’au contraire, délivrée par sa sublime charité, elle s’élevait radieuse vers l’éternelle patrie.
Peu de temps après cette apparition, Lutgarde en eut une autre plus étonnante encore. Le IV° concile de Latran venait d’être célébré par Innocent III, pape de vénérable mémoire. Ce devait être le dernier acte de son pontificat et comme la couronne de ses derniers jours, car il ne tarda pas à mourir.
Il apparut à la sainte environné de flammes ardentes. Lutgarde lui demanda qui il était. Lorsqu’elle s’entendit répondre que c’était l’âme d’Innocent III, elle s’écria : « Hélas ! Comment se peut-il faire qu’un Souverain Pontife si vénéré, si illustre par sa sagesse, soit en proie à de si horribles tortures ! - Trois fautes, répondit-il, ont causé mon supplice, elles m’auraient même privé de la vie éternelle si la Mère des miséricordes ne m’avait obtenu de son divin Fils un repentir profond qui a effacé mes offenses, qui n’a pu me préserver du purgatoire, et je suis condamné à y endurer des supplices atroces jusqu’au jugement dernier, si vous ne venez pas à mon secours par vos suffrages.
C’est encore à cette divine consolatrice des affligés que je dois la grâce de venir implorer votre pitié. Ah ! Par vos ferventes prières, suppliez la Miséricorde divine de me délivrer de si longs et de si terribles tourments.
Une révélation si terrible et si inattendue plongea l’âme de Lutgarde dans une douleur profonde. Elle rassembla aussitôt toutes ses religieuses, leur fit le récit de ce qui venait de se passer afin que par leurs pénitences et leurs oraisons, elles obtinssent la délivrance de ce Père de tous les fidèles.
De son côté cette sainte supérieure se livra pour lui avec une ardeur extrême à des jeûnes rigoureux, à de longues oraisons et à toutes sortes d’austérités. On croit qu’elles obtinrent de la Miséricorde infinie la délivrance des peines que le pape avaient méritées pour ces trois fautes que l’historien ne nomme pas.
Le célèbre Cardinal Bellarmin, dont le témoignage est irrécusable, raconte, lui-même, ce terrible évènement et ajoute : « Cet exemple me remplit de terreur et de crainte, car si un pontife si digne d’éloge, et que tous regardent comme un saint, fut près de tomber dans l’éternel abîme, et s’est vu condamné à souffrir dans le purgatoire jusqu’au jugement dernier, quel sera le prélat qui ne sera saisi de crainte ! Quel sera celui qui ne sondera en tremblant les derniers replis de sa conscience ?
(V Laur. Surius, 19 juin, Vie de sainte Lutgarde, liv. II, ch. IV, 7 et 9 ; Bellarmin, de Gem. Col. II, ch. 9.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXX MERVEILLE
Dans les ténèbres, resplendit quelquefois un rayon de la céleste lumière.
Lux in tenebris lucet : La lumière luit dans les ténèbres (Jean. I, 5.)
La divine Providence s’est complu parfois à nous montrer comment, dans le purgatoire, elle commence déjà à récompenser les bonnes actions, tout en punissant les mauvaises.
Sainte Madeleine de Pazzi vit un jour apparaître, toute resplendissante de lumière, une religieuse qui venait de passer à l’autre vie. Les mains seules n’étaient point lumineuses et paraissaient dans un état de souffrance. C’était en punition de quelques manquements à la sainte vertu de pauvreté dont elle avait fait vœu au Seigneur.
Une autre vierge lui apparut aussi. Elle était enveloppée d’un manteau de flammes ardentes ; mais sous ce vêtement douloureux, elle en portait un autre tout composé de lis. Le premier était une juste punition de sa trop grande recherche dans la parure ; le deuxième était une récompense de la pureté sans tache qu’elle avait toujours soigneusement conservée.
Dans la ville de Cologne, un prédicateur défunt, de l’Ordre de Saint-Dominique, apparut à l’un de ses confrères. Il était revêtu d’un manteau splendide, tout brillant de pierreries, et sa tête était ceinte d’une couronne d’or. Interrogé sur la signification de ces magnifiques ornements, il répondit que les précieux joyaux représentaient les âmes qu’il avait sauvées par ses prédications, et que la couronne d’or était la récompense de sa fidélité à ses saints engagements ainsi que de la pureté d’intention qui l’avait sans cesse animé.
Mais en même temps, il lui annonça qu’il souffrait beaucoup, et que sa langue était le siège de sa douleur, en punition des railleries et des plaisanteries burlesques où il s’était laissé aller quelquefois par excès de gaieté.
Voici un autre fais rapporté par le P. François de Gonzague, évêque de Mantoue, dans son livre de l’origine de l’Ordre séraphique.
Dans les Îles Canaries, au couvent de la Conception, placé sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Palme, il y avait un véritable serviteur de Dieu, connu sous le nom de frère Jean de Via. Après une vie toute de sainteté, il était tombé dangereusement malade.
Pour le servir, on lui donna un frère nommé Ascensio, novice dans l’Ordre, mais avancé en vertu ; aussi soigna-t-il son malade avec un admirable dévouement. Mais sa sollicitude ne put empêcher le progrès de la maladie. Jean de Via succomba, et sa mort, selon l’expression du prophète royal, fut précieuse devant Dieu.
Dès que le bon infirmier eut rendu les défunts les derniers devoirs, il se retira dans le silence et la retraite, et pendant plusieurs jours, il s’adonna à de ferventes prières pour la délivrance de cette âme. Un soir, pendant une oraison fervente, il vit apparaître un frère de son Ordre. Il rayonnait d’une lumière si étincelante que les yeux d’Ascensio en étaient éblouis, et la cellule tout illuminée.
Deux fois l’apparition eut lieu sans qu’un seul mot fut échangé, car le bon novice ne s’était pas senti le courage de faire une seule demande, tant il avait été saisi de crainte et d’admiration. La même âme revint une troisième fois. Alors le bon frère lui dit : « Qui êtes-vous ? Pourquoi venez-vous si souvent en ce lieu ? Je vous conjure au nom du Seigneur, de me répondre.
Cette âme lui dit : « Je suis Jean de Via, qui vous ai tant d’obligation pour la tendre charité dont vous avez usé envers moi. Je viens vous apprendre que, grâce à la Miséricorde divine, je suis dans le lieu du salut parmi les âmes destinées à l’éternelle gloire, dont les splendeurs m’environnent déjà.
Cependant je ne suis point digne de contempler Dieu face à face ; et cela, pour avoir négligé de réciter quelques offices de Requiem recommandés par la règle. Je vous supplie donc, au nom de votre charitable amitié, et plus encore au nom de votre amour pour Jésus-Christ, que sans délai, on récite ces offices à mon intention, afin que libéré de ma dette, je puisse entrer au ciel. Après ces paroles, cette âme bienheureuse étincela d’une lumière plus radieuse que les rayons du jour et disparut.
Frère Ascensio courut aussitôt raconter ses trois visions au Père gardien qui eut foi en sa parole. Sans délai il convoqua tous ses religieux et leur ordonna de réciter immédiatement les prières réclamées par le défunt. A peine avait-on terminé, que Jean de Via se montra de nouveau au pieux novice. La lumière dont resplendissait cette âme bienheureuse n’avait rien de comparable, c’était celles des régions éternelles.
Elle fit la promesse à frère Ascensio, qu’en souvenir de ses bienfaits, elle serait son avocate et sa protectrice ; puis lui montrant deux saints dont elle était accompagnée, elle lui dit : « L’un est notre séraphique fondateur saint François, et l’autre, saint Bernardin de Sienne. Tous deux, en récompense de ma fidélité à leur institut, sont venus à ma rencontre pour m’introduire eux-mêmes dans le royaume des célestes félicités.
(V. Fr. Gonzague, De orig. Seraph, relig. 4°. p. Prov. Canariae, n°7.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXI MERVEILLE
Combien il est important de ne pas négliger la réception des sacrements.
Nescierunt sacramenta Dei, neque mercedem speraverunt justitia : Ils ont ignoré les mystères divins, et ils n’ont point espéré la récompense de la justice (Sap. II, 22.)
Ce n’est pas le lieu d’exposer ici comment les sacrements sont les sources perpétuelles de la grâce, de la vertu, de la justice et des mérites, non plus que de démontrer combien sont coupables d’ingratitude et de négligence, ceux qui se contentent de désirer les vrais biens, sans se mettre en peine de puiser à leur source ; ce n’est pas le lieu non plus de discourir sur l’opiniâtreté de ces malades en danger de mort, qui repoussent les remèdes salutaires qu’on leur présente.
Nous nous contenterons seulement d’exposer des faits ; ils nous démontreront combien cette ingratitude, cette négligence et cette opiniâtreté sont punies après la mort.
L’an 1529, au monastère de Sainte-Marie-des-Anges à Florence, mourut une religieuse en odeur de vertu. Bientôt elle apparut à sainte Madeleine de Pazzi, pour implorer ses suffrages. La sainte était en oraison devant le Très Saint Sacrement, lorsqu’elle aperçut la défunte agenouillée, au milieu de l’église, dans une adoration profonde, mais sous un aspect effrayant.
Un manteau de flammes ardentes l’enveloppait entièrement à l’exception de la poitrine que préservait une sorte d’écharpe blanche, passée autour du cou. Sainte Madeleine étonnée, de voir une de ses sœurs dans un état si douloureux, désira en connaître la cause ; il lui fut répondu, que cette âme souffrait dans le purgatoire, en punition de son peu d’amour envers la sainte Eucharistie, ayant plusieurs fois, par négligence, laissé la sainte communion, contrairement aux prescriptions de son institut.
Aussi pour cette faute, la divine Justice, l’avait-elle condamnée à venir tous les jours, dans l’église du monastère pour y adorer le Saint des saints ; ces flammes brûlantes étaient une expiation de la froideur et de la négligence, qu’elle avait apportées à la sainte Table.
Madeleine connut aussi, que cette âme rendait de grandes actions de grâces au Seigneur, de lui avoir donné cette écharpe préservatrice, c’était une récompense de la pureté virginale, qu’elle avait toujours soigneusement gardée.
Cette révélation porta la sainte à offrir pour cette âme, de nombreux suffrages. Quelque temps après, elle la revit, mais glorieuse, ses flammes ardentes s’étaient changées en ineffables splendeurs. Elle s’élevait vers les cieux, pour se réunir à jamais, aux vierges du Christ.
Sainte Madeleine de Pazzi rappelait souvent cette intéressante histoire à ses filles spirituelles, afin de les exciter à une grande ardeur pour la sainte Communion.
Un châtiment plus sévère fut infligé à un vertueux chrétien, dont on ne dit pas le nom. Appelé à remplir, dans le monde, une mission très importante, il s’en était acquitté avec conscience. Une maladie mortelle vint arrêter cet homme au milieu de sa course. Son confesseur et ses amis l’avertirent du danger où il se trouvait, et l’exhortèrent à recevoir l’Extrême Onction, afin que muni de la force divine, il fut en état de résister aux assauts du démon.
Mais épouvanté à l’idée d’une mort prochaine, le malade fit des résistances : « De grâce, dit-il, ne me parlez pas de recevoir déjà l’Extrême Onction ; car je sais bien, que tous ceux qu’on administre, ne tardent pas à mourir.
Ce moribond ne parlait pas ainsi par mépris des secours religieux, car il était bon catholique, et vénérait tous les rits de la sainte Eglise ; mais cédant à un absurde préjugé, il s’imaginait que tous ceux qui reçoivent l’Extrême Onction, sont marqués par la mort.
Superstition étrange et fort déplorable dans un chrétien, qui devrait être bien persuadé que ce sacrement non seulement ne fait pas mourir, mais rend même quelquefois la santé quand, il y a utilité pour le salut, comme l’enseigne le saint concile de Trente.
La mort surprit le malade au milieu de ses délais. Pendant la cérémonie de ses funérailles, Dieu permit, qu’en présence des prêtres et des fidèles assemblés, le mort ouvrit les yeux et fit entendre ces paroles : « Parce que j’ai différé de recevoir l’Extrême Onction, malgré les exhortations d’amis sincères, et pour m’être volontairement privé de cette grâce de purification, la divine Justice m’a condamné à cent ans de purgatoire, à moins que les prières et les suffrages des fidèles ne me viennent en aide. Si je m’étais disposé, comme je le devais, à recevoir les sacrements des mourants, je serais aujourd’hui plein de vie et de santé, selon la vertu que communique souvent cette suprême onction. »
Après ces paroles, ses yeux se refermèrent, se tête s’affaissa ; déjà il était entré dans le silence et l’immobilité de la mort.
(Vincent Puccini, Vita S. Mariae Magdal. De Pazzis, 1ère p. ch. 29 ; Michel. Alix. Hortus Pastorum, tract. VI, lect. 2.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXII MERVEILLE
Les prières que les vierges consacrées adressent à Dieu pour la délivrance des âmes sont très efficaces.
Consolabor te virgo filia Sion : Je te consolerai, vierge fille de Sion. (Thren. II, 13)
Dieu s’est plu à exaucer par des grâces signalées les prières que la sainte veuve Brigitte lui adressait en faveur des âmes du purgatoire, ainsi que nous le lisons dans ses révélations, ouvrage recommandé par l’Église. Mais il paraît que des grâces plus signalées encore, ont été accordées à sa fille sainte Catherine qui, après avoir été unie à un prince de la terre, eut le bonheur inestimable de consacrer au Roi du ciel le lis de sa pureté virginale.
Cette princesse priait un jour à Rome dans la basilique de saint-Pierre, devant l’autel de saint Jean l’Evangéliste ; elle vit venir à elle une dame étrangère vêtue d’une tunique blanche dont les plis étaient retenus par une ceinture d’une autre couleur ; un voile d’une blancheur éclatante recouvrait sa tête ; mais un long manteau noir jeté sur cette candide parure formait un singulier contraste.
Cette étrangère s’approcha de la sainte, la salua par son nom, et l’exhorta à prier Dieu pour l’âme d’une de ses compatriotes. Catherine ayant demandé à l’étrangère qui elle était, et comment se nommait cette défunte. Elle lui répondit : « Je viens de la Suède, ma patrie ; j’ai pour mission de vous apprendre la mort de la princesse Gida votre belle sœur, et de vous conjurer en même temps de travailler à la délivrance de son âme.
Catherine alla supplier l’étrangère de venir avec elle chez sa mère sainte Brigitte afin de l’instruire de ce funeste évènement ; mais l’inconnue s’y refusa, disant qu’il ne lui était pas permis de faire cette visite, qu’elle devait repartir sans délai ; puis elle ajouta que la vérité de cette nouvelle serait confirmée par un messager de Suède qui lui apporterait une couronne d’or, legs d’amitié et de souvenir que lui avait laissé la défunte, afin qu’elle songeât à prier pour elle.
Catherine eût désirer la questionner encore ; mais cette femme s’éloigna et disparut à ses yeux comme par enchantement. Notre sainte sortit aussitôt de l’église pour demander aux demoiselles de sa suite qui l’attendaient tout près de là, si elles n’avaient pas aperçu une dame étrangère de tel et tel aspect.
Mais on n’avait vu personne. De plus en plus étonnée, Catherine courut chez sa mère pour lui apprendre ce qui venait de lui arriver. Sainte Brigitte écouta ce récit en souriant, puis elle dit à sa fille que c’était l’exacte vérité ; que le divin Sauveur pendant qu’elle était en oraison, lui avait révélé que Gida, épouse du prince Charles son fils, avait fait une sainte mort, et que c’était elle-même qui venait d’apparaître sous le forme d’une étrangère afin d’implorer des suffrages pour sa délivrance ; ensuite elle ajouta qu’en considération des liens d’affection et de parenté qui les unissait à Gida, et surtout en reconnaissance du legs de sa couronne d’or, elles devaient s’appliquer à la secourir par leurs prières et leurs bonnes œuvres.
Bientôt on vit arriver à Rome le messager de Suède. C’était Ingovald, officier du prince Charles. Il remit aux deux nobles dames une couronne d’or d’un très grand prix ; c’était celle dont Gida avait paré sa tête dans les grandes solennités, selon la coutume des princesses suédoises de cette époque. Ce magnifique don était vraiment providentiel car les deux saintes se trouvaient en ce moment dénuées de ressources.
Aussi la reconnaissance les porta à secourir promptement la défunte par de nombreux suffrages d’oraisons, de pénitences et de prières ; Catherine surtout s’y appliqua d’une manière toute spéciale ; car c’était à elle que la défunte s’était adressée, et l’on tient pour certain que l’âme vit bientôt s’ouvrir les portes du ciel, grâce à cette épouse du Sauveur, si puissante dans ses intercessions, et dont la vie entière, assurent les historiens, ne fut qu’un enchaînement de dons célestes et miraculeux.
(V. Laurent Surius ; les Acta Sanctorum, 24 mars, vie de sainte Catherine, ch. 4.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXIII MERVEILLE
Dieu se plaît parfois à révéler l’état des défunts pour l’instruction des vivants.
Dominus revelat profundo et abscondita, et novit in tenebris constituta : Le Seigneur découvre ce qui est profond et caché, et son œil voit dans les ténèbres. (Daniel, II, 22.)
Parmi les révélations que la divine Providence nous a faites de l’autre vie, l’une des plus instructives est celle qui se lit dans le procès de la canonisation de saint Bernardin de Sienne.
Au diocèse de Nocéra, en Italie, on célébrait les funérailles d’un enfant de onze ans, nommé Biago. Tout-à-coup, le défunt, en présence de tout le peuple, agite ses bras et ses mains, tremble de tout son corps, pousse un gémissement fort et douloureux, puis retombe dans l’immobilité de la mort. Grande fut la stupeur des assistants qui, tous se mirent en prières.
Il vint à la pensée de plusieurs que Biagio n’était que dans une sorte de léthargie, et aussitôt on lui appliqua des remèdes résolutifs pour le rappeler à la vie. Et voici que l’enfant s’agite de nouveau. Alors on fait appeler des médecins ; en même temps on le recommande à la Mère de miséricorde ; mais tout fut inutile.
Cinq jours s’étaient écoulés depuis cet évènement, et l’enfant n’avait pas donné dans cet intervalle le moindre signe de vie ; ses parents désolés recoururent alors à l’intercession de saint Bernardin de Sienne qui leur obtint la grâce désirée : Biagio sortant comme d’un profond sommeil, ouvrit les yeux et se mit à raconter aux assistants les secrets de l’autre vie.
Il demeura quatorze jours consécutifs, immobile comme la mort, n’ayant de libre que la parole dont il se servit pour révéler des choses merveilleuses. Il raconta qu’au moment même où il mourait, saint Bernardin de Sienne, auquel il avait eu une grande dévotion, lui était apparu et que l’ayant pris avec lui, il lui avait recommandé de ne rien craindre, d’observer attentivement toutes les choses qu’il verrait et de les graver fidèlement dans sa mémoire.
Alors plus rapide que l’éclair, le saint l’avait transporté dans le séjour des tourments éternels. Là, il lui avait montré une foule innombrable de damnés parmi lesquels il s’en trouvait plusieurs qu’il avait connus sur la terre. Le saint lui en désigna un certain nombre et lui donna en même temps l’explication des divers supplices auxquels ils étaient condamnés : les uns pour leur orgueil, leur avarice ; d’autres pour leur gourmandise, leurs mauvaises mœurs, leur déloyauté, etc.
Pendant qu’il contemplait ce spectacle épouvantable, il aperçut une troupe de démons qui entraînaient avec violence un homme de son pays, usurier inique, qui venait de mourir à l’instant même. Le malheureux fut précipité dans une fournaise ardente où régnaient d’affreuses ténèbres.
Le fils de cet homme était un de ceux qui entouraient et écoutaient le petit Biagio. Ce récit lui fit une telle impression qu’il distribua sur le champ toutes ses richesses aux pauvres et alla s’enfermer dans un couvent très austère.
La vue de ce séjour de malédiction pénétra l’âme de l’enfant d’une telle horreur que saint Bernardin pour le consoler, le transporta en paradis. Là, lui furent montrées les glorieuses armées des martyrs avec leurs palmes de victoire, le chœur des vierges couronnées de lis, les innombrables phalanges des esprits célestes divisées en neuf hiérarchies ; au dessus de cette immense et magnifique assemblée, il vit la Reine du ciel ; sa tête était couronnée de douze étoiles et l’astre du jour formait son manteau.
La splendeur de cette Vierge divine surpassait celle de tous les bienheureux ; mais la gloire dont resplendissait son divin Fils était bien plus grande, lui seul semblait former tout un paradis.
Saint Bernardin fit remarquer à son jeune protégé le séraphique saint François dont les stigmates étaient comme autant de foyers lumineux ; il avait autour de lui une couronne de ses religieux dont un grand nombre avaient été délivrés du purgatoire par ce glorieux patriarche, car il avait reçu de la Bonté divine, le privilège de descendre au jour de sa fête dans les prisons souterraines du purgatoire, et d’en retirer quelques âmes de celles qui avaient embrassé sa règle ou qui avaient protégé son Ordre.
Ensuite, Bernardin conduisit Biagio dans le purgatoire. Là, il reconnut plusieurs parents et amis ; celui-ci était plongé dans un étang de glace ; celui-là étendu sur des brasiers ardents, et tous subissaient le supplice spécial qu’avaient mérité leurs fautes comme le décrit saint Augustin dans sa Cité de Dieu (livre 21, ch. 13.)
Ergo exercentur paenis, veterumque malorum
Supplicia expendunt ; aliae tolluntur inanes
Suspense ad ventus ; aliis sub gurgite vasto
Infectum eluitur scelus, aut exuritur igni. (En. VI, 716.)
Dès que ces âmes aperçurent Biagio, elles le supplièrent de daigner, s’il retournait à la vie, représenter à leurs parents, à leurs amis et à leurs serviteurs, les supplices affreux qu’elles enduraient, et de les conjurer au nom de Dieu, de leur appliquer les suffrages de messes, d’aumônes, de prières et de pénitences pour apaiser la Justice divine et leur ouvrir les portes du ciel.
Le jeune enfant, après avoir assisté à ces trois grandes scènes de l’autre monde, fut rendu à la vie, le cinquième jour, à l’heure même où ses parents invoquaient saint Bernardin ainsi que nous l’avons déjà rapporté. Il raconta son voyage d’outre-tombe dans des termes si appropriés et si conformes aux saintes Ecritures qu’on aurait cru entendre, non un enfant mais un théologien consommé.
Aussi tous avaient foi en ses paroles. Il disait à l’un : « Ton père, mort à telle époque, souffre dans le purgatoire et se lamente de ce que tu n’as point exécuté son testament qui t’obligeait à faire telle aumône, à faire célébrer tant de messes. »
Il disait à un autre : « Ton frère, mort il y a deux mois, est tourmenté par le feu expiatoire ; il se plaint de ton infidélité, parce que toi, héritier de ses biens, tu lui promis au moment de sa mort de faire célébrer pour sa délivrance, un grand nombre de messes, et cependant il ne s’en est pas encore dit la moitié. »
La connaissance parfaite que cet enfant avait de l’état des défunts, lui faisait indiquer d’une manière précise pour quelle cause telle ou telle âme était en enfer, en purgatoire ou en paradis. Ce prodige opéra des conversions sincères et renouvela dans bien des cœurs l’esprit de charité, et la crainte salutaire des jugements de Dieu.
(Acta Sanctorum des Bollandistes, Append. Ad 20 mai, p. 823, n. 36.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXIV MERVEILLE
Une courte et fervente prière est plus utile aux âmes que tous les appareils d’une pompe funèbre.
Melior est enim fructus meus auro, et lapide pretioso ; et genimina mea, argento electo : Les fruits que je porte, sont plus estimables que l’or et les pierres précieuses ; et ce qui vient de moi, vaut mieux que l’argent le plus pur. (Prov. VIII, 19.)
L’illustre docteur saint Jérôme, après avoir décrit la sépulture que saint Antoine donna à saint Paul, premier ermite (sépulture qui consistait en une fosse recouverte de sable), blâme à bien juste titre l’orgueil qui porte un grand nombre de riches à faire à leurs défunts de superbes funérailles.
Souvent ils ne songent point à l’âme, mais ils mettent tous leurs soins à recouvrir le catafalque de précieux brocarts ; ils prodiguent les tentures, les ornements funèbres, de magnifiques mausolées, à un misérable cadavre, et font débiter de pompeux panégyriques à la mémoire de ceux qui n’ont peut-être jamais fait une action louable.
« Pourquoi dit-il, tant de riches draperies ? Pourquoi cette ambition, vivant encore au milieu du deuil et des larmes ? Est-ce que les cadavres des riches ne peuvent se décomposer que dans la soie et l’or ? »
Et cependant, voilà où en sont la plupart des grands du monde, ils n’offrent à leurs morts que la fumée de l’orgueil et de la vanité sans se mettre en peine de les soulager et de les délivrer par le saint sacrifice, l’aumône et autres œuvres satisfactoires. Ils ne songent point qu’une simple prière serait pour leurs défunts une plus grande marque d’affection que les plus pompeuses funérailles et les plus beaux mausolées. L’histoire suivante vient à l’appui de cette vérité.
Un des plus nobles seigneurs de Venise envoya une forte somme d’or au Père Paul Montorfano, une des gloires de l’Ordre des Théatins, afin qu’il fit célébrer dans son église un service funèbre pour les ancêtres de sa famille.
Ce vénérable religieux ne voulant point s’écarter de l’esprit de son Institut, fit célébrer ce service avec plus de dévotion que de somptuosité, sans toutefois, négliger les convenances. Ce seigneur qui recherchait le luxe et le faste, même parmi les insignes de la mort, ne fut point satisfait ; il envoya au Père un messager pour lui faire des plaintes de ce que le service n’avait pas été en rapport avec la somme qu’il lui avait envoyée.
Le Père vit avec peine que ce grand du monde avait bien plus cherché à se faire admirer des vivants qu’à délivrer les morts ; aussi ne fit-il pas un mot d’excuse ; il songeait en lui-même comment il pourrait le retirer de son aveuglement et le corriger de son fol orgueil.
Tout-à-coup, mû par une inspiration de Dieu, il prend le messager par la main et le conduit dans une salle voisine où il tire d’un coffre la somme intacte qu’il avait reçue pour la cérémonie, puis il écrit sur une feuille de papier le psaume De profundis et ordonne à l’un de ses religieux d’aller lui chercher des balances ; dès qu’elles sont apportées, il place l’argent dans l’un des plateaux, et dans l’autre, le psaume qu’il vient d’écrire : ô merveille ! Le De profundis devient plus pesant que l’or.
Deux fois on renouvelle l’épreuve et deux fois le plateau contenant la prière écrite, reste abaissé et immobile. Le messager frappé d’un tel prodige fait le signe de la croix et s’éloigne en toute hâte pour aller raconter à son maître ce miraculeux évènement.
Celui-ci bénit la divine Miséricorde de lui avoir dessillé les yeux ; il comprit alors combien une courte prière surpasse en valeur l’or employé aux vanités de la terre. Dès ce moment il eût en grande vénération le Père Montorfano ; il lui fit demander pardon de ses injustes plaintes et promit qu’à l’avenir, il attacherait plus de prix aux saintes prières faites en faveur des âmes qu’à toute la pompe et le faste qu’on pourrait déployer à un service funèbre.
Pour perpétuer le souvenir de cet évènement, on l’a représenté sur un tableau dans tous ses détails. Un poète latin nous a laissé aussi sur ce sujet une stance latine dont voici le sens :
L’un des plateaux reçoit l’or, l’autre le léger papier : le premier tout pesant qu’il est, s’élève, le papier sans poids l’emporte. C’est que la douce piété donne au billet la pesanteur qu’il a ôté à l’orgueil humain. »
« Aurum pars trutinae, schedulam pars caetera pensat :
Tollitur illa gravis, dum levis ista cadit.
Nimirum schedulae pietas dat candida pondus
Quod fallax auro detrahit ambitio :
D’après ce récit il ne faudrait cependant pas conclure que de courtes prières soient suffisantes pour délivrer les âmes du purgatoire. Les exemples que nous avons lus nous montrent assez que les personnes charitables qui s’appliquent à la délivrance des âmes ne se bornent pas à une simple prière, mais qu’elles offrent de nombreux suffrages de messes, d’aumônes, de jeûnes et de pénitences.
L’épouse bien-aimée du Sauveur, Ursule Bénincasa du même ordre des Théatins, va nous en fournir une nouvelle preuve. Christine, une de ses sœurs était dans une douloureuse et dernière agonie ; la sainte était émue d’une compassion profonde à la vue de tant de souffrance, et surtout par la considération des tourments bien autrement cruels qui attendaient la moribonde dans le purgatoire.
Dans ce moment même il lui vint à l’esprit que saint Catherineet plusieurs autres personnes avaient délivré des âmes en s’offrant à Dieu pour souffrir à leur place, aussitôt elle résolut d’imiter un si héroïque exemple, et conjura son divin Epoux de lui faire endurer ici-bas toutes les souffrances réservées à sa pauvre sœur dans l’autre vie.
Au moment où Catherine expirait, Ursule fut ravie en extase, et quand elle revint à elle, la joie surabondait dans son âme et elle s’écria : « Je vous rends grâces, ô mon Dieu, pour cette grande miséricorde que vous avez faites à ma sœur Christine de la délivrer en acceptant mon offrande. »
Puis avec le même sentiment de joie, elle invita toutes ses compagnes à chanter avec elle le Te Deum. A peine fut-il terminé qu’elle se senti assaillie par d’affreuses souffrances dont elle ne fut délivrée qu’à la mort. Voilà jusqu’où peut aller la charité chrétienne.
Après de tels exemples, nous espérons qu’on ne voudra point se contenter de dire seulement quelques mots de prières pour les défunts. N’oublions point que toutes ces pauvres âmes sont nos sœurs ; appliquons-nous à les secourir avec une charité toute fraternelle.
(D. Jos. Silos, Histor. Ord. Théatin., livre XV, année 1580 ; P. Bagata, Vita B. Ursule Benincasa, 2ème partie. ch. 6.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXV MERVEILLE
La prière des justes délivre les âmes du purgatoire.
Sustulisti mortuum ab inferis, in verbo Domini Dei : Vous avez, sur la parole du Seigneur Dieu, retiré les morts des lieux bas. (Eccli. XLVIII, 5.)
Le texte ci-dessus est tiré d’un passage de la sainte Ecriture ; il est à la louange du prophète Elie, alors que par la puissance de sa prière, appelée si justement par saint Augustin la clef du ciel, il ressuscita le fils de la veuve de Sarepta.
Les saints interprètes appliquent avec raison ces paroles aux chrétiens pleins de charité qui par leurs pieux suffrages retirent les âmes des flammes du purgatoire pour les introduire au ciel. De ce nombre, nous devons inscrire au premier rang, la séraphique Thérèse. Ses suffrages étaient si efficaces pour les âmes du purgatoire que l’ange des ténèbres tentait toutes les voies pour la troubler dans ses charitables exercices. Ecoutons-la raconter elle-même un artifice de l’esprit malin.
« Une fois sur le soir de la fête des morts, je me retirai dans mon oratoire pour réciter l’office de Requiem. Au même instant, le démon sous une forme épouvantable, vint se poser sur mon livre, en sorte qu’il ne me fut plus possible de lire mes prières. Je me défendis par des signes de croix, et l’esprit du mal se retira par trois fois.
Mais à peine avais-je commencé la récitation d’un psaume qu’il revenait m’apporter le même trouble et le même obstacle ; il ne me fut possible de l’éloigner complètement qu’en aspergeant le livre d’eau bénite, et en jetant quelques gouttes sur lui. Oh ! Alors il prit précipitamment la fuite, et je pus tranquillement poursuivre mon office.
Lorsqu’il fut terminé, je vis sortir du purgatoire un certain nombre d’âmes auxquelles il n’avait manqué pour être délivrées que ce petit suffrage, et c’est pour cela que le démon jaloux avait voulu l’empêcher.
Parmi le grand nombre d’âmes qui apparurent à notre séraphique sainte, trois seulement montèrent de la terre au paradis sans passer par les flammes du purgatoire.
Une de ses religieuses venait de mourir, or pendant qu’on récitait la première leçon de l’office des morts, elle vit l’âme de la défunte sortir de l’église et s’envoler directement au ciel. Une autre fois, comme elle assistait au saint sacrifice, offrant avec le prêtre l’Hostie de propitiation en faveur d’un religieux qui venait de mourir, elle vit apparaître le divin Sauveur. Il venait cet aimable Maître, si bon, si miséricordieux, chercher lui-même l’âme délivrée par Thérèse et l’emmener à la céleste patrie.
Voyant l’efficacité de ses prières, sainte Thérèse s’enflammait d’une ardeur nouvelle pour la délivrance des âmes ; et s’efforçait de communiquer son zèle à tous les monastères de son Ordre. Bientôt il s’y établit par ses soins une précieuse coutume. Chaque année, au 2 Novembre, jour de la Commémoration des Morts, après avoir chanté l’office de Requiem, toute la communauté rassemblée assistait à une exhortation sur les âmes du purgatoire et sur les moyens de les soulager ou délivrer ; ensuite chaque personne donnait par écrit la liste des bonnes œuvres qu’elle avait résolu de faire pour les défunts dans le cours de l’année nouvelle : les unes offraient des mortifications, les autres des oraisons nombreuses, celles-ci diverses œuvres de charité. Enfin, grâce au zèle ardent de sainte Thérèse, les âmes du purgatoire trouvaient à recueillir dans chaque monastère une riche moisson de suffrages.
Don Bernardin de Mendoza avait donné à Thérèse, par acte authentique, une maison avec un vaste et beau jardin qu’il possédait à Valladolid, afin qu’elle y fondât un couvent dédié à la Mère de Dieu. Il la pria avec instance d’en prendre possession et de mettre la main à l’œuvre immédiatement, comme s’il avait eu quelque secret pressentiment de sa mort prochaine, et du bénéfice que son âme retirerait de cette charité faite aux épouses du Christ.
Mais Thérèse, retenue ailleurs par d’autres fondations de monastères, ne put se rendre à Valladolid que quelques mois après. Dans cet intervalle, Bernardin de Mendoza fut surpris par une fièvre pernicieuse qui lui ôta l’usage de la parole et la possibilité de se confesser.
Heureusement, le malade avant que d’expirer, donna des signes évidents de contrition. Sainte Thérèse se trouvait à Alcata lorsqu’elle apprit la mort de son bienfaiteur. Cette triste nouvelle pénétra son cœur d’une douleur profonde ; la pensée qu’il était mort sans sacrement, la porta à supplier ardemment son divin Epoux en sa faveur.
Notre Seigneur lui fit connaître que ce bienfaiteur était mort dans de bons sentiments, et que la généreuse donation qu’il avait faite à sa divine Mère, avait été pour lui une source de grâces, et qu’il sortirait du purgatoire le jour même, où pour la première fois, on célébrerait la messe dans le nouveau monastère.
Cette révélation ne laissa plus de repos à la sainte, tant il lui tardait d’être à Valladolid pour y fonder l’église et délivrer ce bienfaiteur. Cependant, malgré sa pieuse impatience, il fallut, pour des affaires concernant la gloire de Dieu, qu’elle se rendit auparavant au monastère d’Avila. Elle y demeura quelques jours.
Un matin qu’elle était en oraison, le Sauveur daigna venir lui-même, la presser de terminer l’affaire de Valladolid, afin de délivrer la pauvre âme captive. On peut penser avec quelle ardeur et quelle activité sainte Thérèse correspondit au désir de son divin Maître.
Elle expédia tout de suite à Valladolid le Père Julien d’Avila, afin d’obtenir promptement de l’autorité ecclésiastique la permission de commencer la fondation. La sainte arriva peu de jours après et fit appeler des maçons pour construire l’église et les murailles de clôture.
Mais voyant que cet ouvrage ne serait fini que dans un terme assez éloigné, elle demanda l’autorisation de former une chapelle provisoire en faveur de quelques religieuses qui l’avaient accompagnée.
Lorsque la petite chapelle fut prête, le Père Julien monta au saint autel. Au moment de donner la sainte communion à Thérèse, il la trouva en extase, comme cela arrivait presque toujours quand elle s’approchait de son Dieu. Or voici ce qui lui était arrivé. Au moment où elle se dirigeait vers la sainte table, l’âme du donateur lui était apparue, rayonnante de joie et couronnée d’une gloire divine.
Après avoir rendu à la sainte d’affectueuses actions de grâces, cette âme bienheureuse prit son essor vers les cieux. Cette apparition cause à sainte Thérèse une joie indicible, car elle n’avait pas osé espérer que cette messe dite dans une chapelle provisoire, pût remplir la condition émise par Notre Seigneur ; elle n’avait compté obtenir cette grâce que lorsque la première messe aurait été célébrée dans l’église neuve.
Cette tendre sollicitude de Jésus pour les âmes souffrantes ravit le cœur de Thérèse, et excita dans tous les monastères du Carmel un zèle ardent pour la délivrance des défunts.
(V. Vie de sainte Thérèse par elle-même ; s. 31 et 38 ; P. Fr. Ribeira, Vita S. Ther. Liv. II, ch. 10 et 12.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXVI MERVEILLE
La reine du Ciel protège ceux qui l’invoquent en faveur des âmes.
Posui verba mea in ore tuo, in umbrâ manus meae protexi te : J’ai mis sur vos lèvres mes paroles, je vous ai couvert de l’ombre de ma main. (Isaïe, LI, 16.)
Vers le commencement du siècle dernier, un fervent serviteur de Marie obtient une grâce non moins signalée que celle qui fut accordée à saint Grégoire Thaumaturge. Il faut se rappeler que ce grand évêque, fuyant la persécution de l’empereur Décius, s’était retiré sur le sommet d’une montagne.
Mais sa retraite fut découverte par un espion qui y conduisit des hommes armés pour se saisir de lui. Le saint était en oraison lorsque les ennemis arrivèrent ; mais par une permission du ciel, il fut invisible à leurs yeux. Après de vaines et minutieuses recherches, les satellites se retirèrent déconcertés.
L’espion qui avait eu connaissance de ce prodige, se convertit à la foi catholique, tirant ainsi d’une miraculeuse cécité, la vraie lumière spirituelle. Mais revenons au serviteur de Marie.
Il joignait à une piété ardente envers la divine Marie, une tendre compassion pour les âmes du purgatoire. Ses bonnes qualités ne l’avaient cependant point mis à l’abri des inimitiés : des ennemis acharnés avaient juré sa perte et ne cessaient de lui dresser des embûches pour le faire mourir.
Or une nuit pendant que ce pieux chrétien repose paisiblement, des assassins pénètrent dans sa demeure ; déjà ils ont ouvert la porte de sa chambre ; les voilà qui s’avancent à tâtons jusque vers son lit ; une chaise où se trouvent déposés des vêtements, devient une preuve certaine que l’homme qu’ils cherchent est sous leurs mains ; ils lèvent leurs poignards…… O bonté de Dieu ! Ils trouvent le lit vide.
La divine Providence venait de dérober son fidèle serviteur aux coups des meurtriers. Ceux-ci étaient loin de penser que celui qu’ils avaient voulu frapper, dormait tranquillement dans son lit ; s’imaginant au contraire qu’il s’est caché dans quelque endroit de la maison, ils se mettent en perquisitions dans tous les coins et recoins. Enfin déçus dans leur projet, les ennemis se retirent fort mécontents d’avoir manqué leur coup.
Mais voici un prodige plus étonnant encore. Un soir à souper, notre bonhomme se laissa entraîner à boire un peu plus que ne le comportait son tempérament. Il n’avait cependant pas dépassé les bornes ; néanmoins, il éprouva un malaise qui le contraignit à prendre son repos plus tôt que de coutume.
Avant de s’endormir, il voulut réciter les litanies de la sainte Vierge, pieux tribut qu’il offrait chaque soir à la Mère des miséricordes, en faveur des âmes du purgatoire. Il n’était pas au milieu de ses litanies que le sommeil le surprend, et il s’endormit profondément.
Les mêmes ennemis avertis par un espion de l’état où il se trouvait, pénètrent dans sa chambre ; mais que voient-ils en s’avançant vers le lit ? Une moitié de corps, un cadavre partagé dans toute sa longueur, comme ces martyrs du temps de Dioclétien, dont les corps étaient sciés en deux.
Stupéfaits à cet horrible spectacle, les meurtriers s’enfuirent précipitamment, dans la persuasion que d’autres ennemis plus acharnés encore avaient exercé sur la victime cet acte d’atroce férocité.
Le divin rémunérateur de nos actions avait permis que la moitié seulement du corps de son serviteur fut invisible aux ennemis pour lui apprendre à ne pas s’acquitter à moitié de ses dévotions. Néanmoins, dans sa bonté infinie, il voulut le préserver de tout mal, vérifiant en lui cette divine promesse : « Le mal ne s’approchera pas de toi, et la verge ne te frappera pas. »
Le lendemain, ces cruels ennemis rencontrèrent celui qu’ils avaient vu si horriblement mutilé la veille. Ils le prirent pour un fantôme et demeurèrent atterrés ; mais s’étant rendu compte de la réalité, leur haine se changea en admiration ; ils ne pensèrent plus qu’à une sincère réconciliation.
Un sage pacificateur ménagea une entrevue dans laquelle ils avouèrent leurs odieuses tentatives et les deux prodiges qui en avaient empêché l’exécution. L’heureux serviteur de Marie, à de tels aveux, ne savait que penser.
« Je ne sais à quoi attribuer de pareils miracles, dit-il, c’est peut-être en récompense de ce que je récite chaque soir les litanies de la sainte Vierge, en faveur des âmes souffrantes. Ce qui me le ferait présumer, c’est que le soir où ne vites que la moitié de mon corps, je n’avais précisément récité que la moitié des litanies. »
A l’issue d’un tel entretien, les assassins ne pouvaient assez admirer la bonté infinie de Dieu, et en même temps, assez détester leur conduite passée. Déjà sincèrement convertis, ils s’unirent pour glorifier Dieu, à celui qui venait de leur accorder le plus sincère et le plus magnanime des pardons.
Tous ensemble, ils rendirent mille actions de grâces au Seigneur et à la Vierge Marie, et tout le reste de leur vie, ils s’appliquèrent avec un zèle admirable au soulagement des âmes du purgatoire.
Ce récit nous démontre combien la Miséricorde infinie a pour agréable les prières en faveur des morts, et quelle admirable protection la divine Vierge accorde à ceux qui la servent avec fidélité.
(V. Gr. Carfora, fortuna hom., livre Ve, chap. 10.)
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Re: Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire
XXXVII MERVEILLE
L’or et l’argent des vertus doivent souvent être purifiés par le feu.
Aurum et argenium igne purgabitu : L’or et l’argent seront purifiés par le feu. (Nom. XXXI, 22.)
Dieu ordonna à Moïse que l’or et l’argent qui devaient servir aux ornements du tabernacle fussent parfaitement purifiés de toute scorie. C’est au sentiment commun des interprètes, la figure de la pureté parfaite que Dieu exige des âmes qui doivent habiter les tabernacles éternels.
Et selon cette parole du prophète : elles doivent être purifiées par le feu, les âmes des justes, bien qu’elles possèdent l’or et l’argent des plus belles vertus, ont besoin d’être purifiées dans le purgatoire avant que d’être admises à contempler à jamais l’éternelle Perfection. Un grand nombre d’exemples nous ont prouvé cette vérité ; mais écoutons encore ce récit.
Cornélie Lampognana, dame de Milan, imitatrice parfaite de sainte Françoise Romaine dans les trois états de vierge, d’épouse et de veuve, s’était liée d’une étroite amitié avec une religieuse du Tiers-Ordre de saint Dominique.
Etant un jour ensemble dans une des chapelles latérales de l’église de la Rose, elles se mirent à discourir pieusement sur la brièveté de la vie et sur la nécessité de se bien disposer à la mort ; puis elles se promirent que, si Dieu le voulait, la première qui mourrait apparaîtrait à l’autre.
Cinq ans après, Cornélie avait quitté la terre ; son amie ne se souvenait déjà plus de la promesse faite dans l’église. Mais voici qu’au troisième jour après le décès, comme elle était en oraison devant son crucifix, elle s’entendit appeler par son nom.
Reconnaissant aussitôt la voix de sa chère Cornélie, elle sent dans son cœur une joie indicible et s’écrie : « O madame Cornélie, dites-moi, comment êtes-vous ; vous jouissez sans doute de la gloire éternelle ? » « Pas encore, répondit la défunte, je suis dans le lieu de l’exil, et j’y dois rester quelque temps en expiation de mes offenses contre la divine Majesté.
Cependant grâces en soient rendues à mon doux Sauveur, mon purgatoire sera bientôt fini. » Après qu’elle eut ainsi parlé, elle ajouta : « Venez avec moi et vous verrez des choses merveilleuses. » A peine eurent-elles fait quelques pas, qu’elles se trouvèrent dans un jardin couvert de vignes verdoyantes, et sur les feuilles étaient des caractères gravés.
« Lisez ces feuilles, » dit l’apparition. La religieuse regarde attentivement. Quelle ne fut point sa surprise ! Tous ses défauts se trouvaient écrits sur ces feuilles : « Ne soyez point étonnée, dit la défunte, ne savez-vous pas que le Sauveur a dit : Je suis la vigne et vous êtes les branches ? Les feuilles sont nos actions dans lesquelles restent comme imprimées les bonnes ou mauvaises intentions qui les ont dirigées.
Or, tout le mal que Dieu découvre en nous, doit être expié avant que d’aller au ciel. Mais réjouissez-vous, ma sœur, car il vous reste peu de choses à effacer ; vous avez persévéré dans le service de notre divin Maître et vous avez conservé pour son amour la pureté des anges. Vous vous êtes rendue coupable de quelques manquements, il est vrai, mais pas en si grand nombre que moi. Hélas ! J’ai suivi une carrière bien différente de la vôtre : de là, bien des sortes de fautes ; au reste vous allez en juger.
En un instant, elles furent transportées dans un autre jardin également couvert de vignes dont les feuilles portaient des deux côtés des caractères imprimés. La religieuse s’approche avec empressement pour lire ce qui y était écrit : « Arrêtez, lui dit l’âme, Notre Seigneur ne veut pas que vous découvriez toutes mes fautes ; il m’épargne cette confusion ; lisez seulement les feuilles les plus rapprochées de vous. »
Elle les lut et y trouva écrites des fautes concernant le saint lieu : des irrévérences, des paroles inutiles et d’autres imperfections de ce genre dont elle avait quelquefois repris Cornélie. - O bon Jésus, s’écria-t-elle, comment faire, ô Cornélie, pour effacer toutes ces fautes, pourquoi vous en reste-t-il tant à expier, vous qui avez reçu si souvent les sacrements de pénitence et d’eucharistie, vous qui avez gagné tant d’indulgences et pratiqué tant d’austérités ? »
« Hélas, reprit la défunte, je n’ai gagné qu’un très petit nombre d’indulgences à cause de mes distractions et de mon peu de ferveur ; aussi, il faut que je demeure encore dans ce triste exil pour me purifier entièrement. »
« Cependant, bientôt je serai délivrée par mon divin Sauveur ; déjà il me console par la vue de cette splendeur céleste que vous apercevez dans ce moment ; c’est une manifestation de mon ange gardien. Dieu dans sa bonté, m’envoie ce fidèle ami pour me fortifier dans mes peines et ranimer mon espérance. Je veux prier ce gardien tutélaire d’aller chez le prévôt du Saint-Sépulcre demander pour moi des offices de Requiem qui effaceront un grand nombre de ces feuilles écrites. Adieu, priez pour moi et que la paix soit avec vous. »
Après ces paroles, la vision disparut, et la religieuse doutait dans son cœur de la réalité de ce qu’elle venait de voir et d’entendre ; elle craignait d’avoir été le jouet d’une illusion. Mais voici que le jour suivant l’âme apparut de nouveau, l’appela par son nom et lui dit : « N’ayez nul doute sur ce que vous avez vu et entendu hier, je suis Cornélie, je reviens par la permission de Dieu, accomplir la promesse que je vous ai faite dans l’église de la Rose. Je viens aussi vous prier vous et toutes les sœurs de la maison, de dire trois fois le Salve Regina : l’un, en l’honneur de la pureté de Marie ; l’autre, en l’honneur de son obéissance ; le troisième, pour exalter l’humilité de cette Reine des vierges qui me visite chaque jour et me console en me montrant le terme prochain de mon exil.
Le jour de l’Assomption, elle apparut encore ; ses vêtements naguère si sombres et si lugubres, étaient remplacés par un vêtement blanc comme la neige, et tout brillant. Sur son visage rempli de majesté, rayonnait la joie du ciel ; déjà elle avait vu s’ouvrir devant elle les tabernacles éternels.
Oh ! Combien les chrétiens ordinaires doivent redouter le purgatoire, si des personnes si parfaites n’en sont pas exemptes ! C’est avec raison que saint Grégoire ne Nazianze appelle ce feu purifiant, un second baptême, car de même que la porte de l’Église militante est le baptême d’eau, de même aussi la porte de l’Église triomphante est le baptême de feu, et nul ne peut s’en préserver, si à la mort il lui reste quelques imperfections à expier.
(V. Hippol. Porrus, Vita Cornel. Lampugnanae chap. 18.)
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