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Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire

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Message par Lumen Sam 26 Fév 2022 - 18:08

Rappel du premier message :

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Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire

Première partie

Introduction


La charité bien comprise demande qu’on porte un prompt secours aux âmes du purgatoire. Ordinavit in me charitatem : Dieu m’a placé sous l’étendard de la charité (Cant. 2, 4)

Il n'entre pas dans ma pensée de traiter, en quelques lignes, des perfections de la charité envers les
âmes du purgatoire, je me contenterai d'en indiquer quelques-unes.

La charité la plus parfaite est celle qui s’applique à soulager les plus grandes misères, et l’obligation de secourir les nécessiteux est d’autant plus rigoureuse que leur détresse est extrême. Or, quelle plus douloureuse nécessité que celle des âmes plongées dans un océan de douleurs, vouées aux souffrances les plus atroces, aux supplices les plus intolérables ? Les commentateurs appliquent au purgatoire ces paroles du prophète Malachie : « Le messie sera comme un homme qui s’assied pour faire fondre et pour épurer l’argent ; il purifiera les enfants de Lévi, et il les rendra nets comme l’or qui a passé par le feu. » De même que le chimiste distille de diverses substances les sucs les plus purs pour en composer un seul extrait, de même Dieu, dans le laboratoire de sa miséricordieuse Justice compose comme la quintessence de tous les maux qu’on peut souffrir ici-bas, tels que les supplices violents, les tourments des martyrs, les angoisses du coeur et les maladies naturelles. Le prophète Isaïe semble y faire allusion par ces paroles : « Le Seigneur purifiera les souillures de la fille de Sion dans l’ardeur du feu. »

Le feu du purgatoire est doué d’une puissance surnaturelle, d’une activité et d’une violence incomparables parce qu’il est l’instrument de la divine Justice. Tertullien appelle le purgatoire un enfer transitoire, parce que, dit-il, on y souffre comme dans l’enfer, la peine du dam et la peine du sens. Le feu du purgatoire est le même que celui de l’enfer, suivant Saint Augustin ; la seule différence est dans la durée : « Le même feu, dit-il, purifie le juste et tourmente le réprouvé. »

Oh ! Combien elle est admirable, cette charité qui s’applique à délivrer les défunts ! Car il ne s’agit pas seulement de procurer aux pauvres la nourriture et le vêtement, de soigner et de guérir les malades, mais de retirer des âmes infortunées de l’abîme immense où sont réunis tous les maux.

Cette charité paraîtra plus précieuse encore, si l’on considère les biens inestimables qu’on procure à ces âmes. Tous les siècles ont regardé comme un prodige de bonté, l’action du grand Théodose qui tira de sa misérable condition la jeune fille Athénaïs pour l’élever sur le trône impérial. David a rendu au Seigneur mille et mille louanges de ce qu’il avait daigné changer sa houlette de berger contre le sceptre d’Israël. Oh ! Quelle est plus excellente, cette charité qui élève une âme à la gloire éternelle !

Ne pourrait-on pas dire, en quelque sorte, que cette charité est aussi grande que le bien qu’elle assure ? Les âmes du purgatoire l’apprécient bien mieux que nous, elles qui comprennent ce que c’est que de contempler Dieu sans voile, Dieu, le premier principe et la dernière fin ! Elles pénètrent la signification de ces mots : s’unir à Dieu, à cet aimable objet qu’elles aiment d’un ardent amour, et vers lequel se portent tous leurs désirs. Cet amour, qui ne peut se satisfaire, les tourmente beaucoup plus que le feu qui les consume. Tertullien explique admirablement cette vérité par l’exemple de Job, image sensible de l’âme dans le purgatoire, ainsi que l’Église le fait entendre elle-même en appliquant ses leçons à l’office des morts. Tout le corps de ce saint homme, modèle de patience, était couvert d’ulcères qui le tourmentaient de la tête aux pieds, et, parmi toutes ces douleurs, il en était une plus intolérable qui lui arrachait des plaintes amères, c’était que ses yeux n’apercevaient plus le bien suprême : « Mon œil est plongé dans l’amertume ; oh ! Pourquoi me cachez-vous votre visage ? » comme s’il disait : Ne pas vous voir, ô mon Dieu ! C’est la douleur des douleurs ! » on plaint l’oeil qui est tout entier dans les tourments, » dit encore Tertullien. Ainsi, l’âme du purgatoire n’a point de souffrance qui l’éprouve autant que la privation de Dieu, les autres peines ne lui semblent rien en comparaison de celle-là. Or, que fait la charité à l’égard des âmes ? Elle hâte le terme de l’épreuve et les met en possession de ce souverain bien, vers lequel elles aspirent avec toute la violence de leur ardent amour.

Travailler à leur délivrance, est non-seulement un acte de charité envers le prochain, mais encore un acte direct d’amour de Dieu, car il tarde à cette tendresse infinie de recevoir ces âmes bien-aimées dans son sein, et de leur communiquer sa béatitude et sa gloire : « Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes, », dit-il, au livre des proverbes, comme si la compagnie de ses créatures pouvait ajouter quelque chose à sa félicité, et qu’il ne fût parfaitement heureux qu’en les faisant participer à ces biens infinis dont il est la source. Ces âmes sont ces chères filles et les épouses bien-aimées du Sauveur, rachetées au prix de son sang. Considérez quel bonheur éprouverait un roi, si un ami fidèle lui ramenait un fils bien-aimé, retenu longtemps captif chez un peuple barbare. Quel accueil ne ferait pas un époux au médecin qui lui rendrait son épouse bien-aimée guérie d’une longue et cruelle maladie ? Ah ! Dieu chérit bien autrement ces âmes saintes ; c’est avec une joie sans mesure qu’il les introduit dans sa gloire. Et quelle ne sera pas sa reconnaissance pour les bienfaiteurs de ces âmes, pour ceux qui les délivrent et les font entrer, selon l’expression de Saint Pierre, dans la parfaite liberté des enfants de Dieu, et qui les amènent du fond des ténèbres à son admirable lumière.

En outre, en délivrant ces âmes, nous envoyons au ciel de parfaites adoratrices de la divine Majesté. Nous, dans les ténèbres et dans les misères de cette vie, nous ne pouvons ni connaître ni aimer convenablement cette divine Bonté ; c’est au sortir de la prison du corps, en se trouvant face à face avec Dieu, que l’âme obtient une parfaite connaissance de la Beauté divine, et se répand en actes séraphiques de charité plus élevées que ceux de Marie-Madeleine dont le Seigneur a dit qu’elle avait tant aimé, plus ardents que ceux de Saint Pierre assurant par trois qu’il aime Jésus, et le prenant lui-même pour témoin de la vérité de son amour : « Vous savez, Seigneur, que je vous aime. »

Qu’ils doivent être touchants les premiers actes de reconnaissance des âmes délivrées, quand, pour la première fois, elles se trouvent en présence de la Miséricorde céleste ! Quelle adoration profonde des célestes perfections ! Avec quelle ardeur elles doivent redire cette hymne de l’Apocalypse : « Bénédiction, honneur, gloire, actions de grâce à notre Dieu dans les siècles des siècles ! » Or, nous participons à ces actes parfaits d’amour, de gratitude et de louange envers la divine Majesté, toutes les fois que nos suffrages introduisent une âme dans la céleste Patrie.

Enfin, pour conclusion, je citerai, selon le récit de Denis-le-Chartreux, les paroles que le Sauveur adressa à Sainte Gertrude dans une révélation : « Toutes les fois que vous délivrez une âme, cela m’est aussi agréable que si vous me rachetiez moi-même de la captivité. »

Donc, lorsque vous aurez délivré une âme, vous aurez fait au Sauveur autant de bien que si vous l’aviez racheté lui-même de la servitude. Oh ! De quelles ineffables faveurs Dieu récompensera votre charité au jour de la Rémunération ! Mais je me réserve de revenir sur ce sujet dans l’introduction de la seconde partie.



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Dernière édition par Lumen le Lun 14 Mar 2022 - 13:48, édité 1 fois
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Message par Lumen Mer 1 Juin 2022 - 18:23

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XXXVIII MERVEILLE


Dieu rend au centuple l’aumône faite en faveur des morts.

Eleemosyna farit invenire misericordiam : L’aumône fait trouver miséricorde. (Tobie, XII, 9.)

Il n’est pas donné à tous d’imiter la magnifique générosité de Judas Machabée qui envoya à Jérusalem douze mille drachmes d’argent pour être offertes en faveur des morts. Mais quel est celui, si pauvre qu’il soit, qui ne peut pas donner les deux oboles de la veuve de l’évangile, laquelle mérita d’être louée par le Sauveur du monde.

Cette aumône d’une si petite valeur matérielle fut incomparablement plus agréable à Dieu que les sommes d’or ou d’argent que venaient d’offrir les riches : car ceux-ci avaient donné de leur superflu, tandis que cette pauvre et généreuse femme avait offert tout ce qu’elle possédait.

Cet admirable exemple fut suivi par une femme napolitaine qui pouvait à peine subvenir aux nécessités de sa misérable famille. Son unique ressource consistait dans le modique salaire qui lui apportait son mari, pauvre journalier.

Mais cet état de misère devint plus grand encore ; à tel point, que le malheureux père de famille fut mis en prison pour dettes. Toute la charge restait donc à cette mère désolée qui n’avait hélas ! D’autres ressources que le travail de ses mains et sa confiance en Dieu ; elle conjurait la divine Providence de ne pas l’abandonner dans sa détresse : « Seigneur, disait-elle, délivrez mon pauvre mari, car moi-même jamais je ne pourrai venir à bout de payer les dettes qui le retiennent prisonnier. »

Un jour, on lui apprit qu’il y avait dans la ville un seigneur très charitable qui employait sa fortune à secourir les pauvres. Aussitôt cette digne femme ranimant son courage, lui adresse une humble supplique où sa misère était peinte dans les termes les plus attendrissants.

Elle espérait que ce seigneur lui enverrait la somme nécessaire pour délivrer son mari. Mais hélas ! Elle ne reçut de ce riche si vanté pour sa charité, qu’un carlin (monnaie italienne de la valeur de quarante centimes).

Déçue de son espérance, l’infortunée accablée de tristesse, entra dans une église pour supplier le Dieu qui se glorifie d’être le Père des pauvres, de vouloir bien la secourir. Pendant qu’elle répandait devant le Seigneur ses prières et ses larmes, il lui vint l’heureuse inspiration (celle de son bon ange sans doute) d’intéresser à son sort les âmes du purgatoire ; se souvenant combien ces pauvres captives sont reconnaissants envers ceux qui les soulagent ou les délivrent.

Encouragée par cette pensée, elle va offrir à un prêtre sa petite pièce de monnaie en le suppliant d’avoir la charité de dire une messe des morts. Le prêtre accueillit sa demande, et cette pauvre femme assista au saint sacrifice avec une grande dévotion, puis sortit de l’église le cœur bien affligé, cependant avec une secrète espérance d’être secourue.

Comme elle regagnait sa demeure, elle vit venir à elle un vénérable vieillard ; il lui demanda la cause de la profonde tristesse qui paraissait empreinte sur son visage. Alors elle lui raconta d’une manière touchante sa pénible situation.

Le bon vieillard après l’avoir écoutée avec attendrissement, lui remit un billet avec ordre de le porter de sa part à une personne qu’il lui désigna ; puis il prit congé d’elle sans ajouter une seule parole.

La digne femme se rend en toute hâte chez le personnage désigné et lui fait la commission elle-même. Celui-ci ouvre le billet et paraît frappé de stupeur : il avait reconnu l’écriture de son père, mort depuis quelque temps… - « Qui vous a remis cette lettre ? S’écria-t-il ? » - Un vénérable vieillard plein de bonté et de compassion. »

Et elle se mit à lui dépeindre ses traits. Lorsque par hasard, levant les yeux sur un tableau qui était en face d’elle : « Ah ! S’écria-t-elle, le voilà ! » C’était le portrait du père du chevalier. Celui-ci, hors de lui-même, reprend le billet et le lit tout haut : « Mon fils, votre père a quitté le purgatoire, déjà il jouit de la gloire du ciel, grâce à une messe que cette pieuse femme qui vous a remis cette écriture, a fait célébrer ce matin. Aussi je la recommande instamment à votre gratitude, car elle se trouve dans une grande nécessité. »

Le chevalier lut et relut plusieurs fois ces caractères tracés par une main chérie, et il versait de douces larmes en songeant que son père était sauvé. Enfin, se tournant vers la timide messagère qui gardait le silence, tout interdite : « Pauvre femme, lui dit-il, votre petite aumône a assuré pour jamais le bonheur de mon père, et moi, à mon tour, je veux assurer le vôtre. A partir de ce moment, je me charge de vous et de votre famille, et jamais plus rien ne vous manquera. »

Inutile de vous dire de quelle reconnaissance et de quelle joie cette pieuse mère et sa famille furent pénétrées. Cette histoire nous montre combien les âmes du purgatoire sont reconnaissantes.

Cette pauvre femme, ouvre le ciel à une âme en appliquant au purgatoire le denier qu’elle possédait, si cette âme, en échange, délivre son mari et met toute la famille pour jamais à l’abri de la misère.

Puisse cette touchante histoire ranimer notre dévotion envers les âmes souffrantes : offrons pour elles beaucoup de bonnes œuvres avec la ferme confiance d’être libéralement récompensés. C’est ce que nous enseigne le vénérable cardinal Hugues : « Si vous portez secours à ces âmes du purgatoire qui n’ont point de rafraîchissement, de paix, ni de lumière, Dieu vous comblera dans le présent et dans l’avenir de ses plus abondantes bénédictions. »

(V. Carfora, Fortuna hominis, livre I, ch. 9.)




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Message par Lumen Jeu 2 Juin 2022 - 19:16

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XXXIX MERVEILLE


Les défunts demandent aux vivants des suffrages pour apaiser la justice de Dieu.

Orate pro nobis ad Dominum, quia peccavimus Domino, et non est aversus furor ejus à nobis : Priez pour nous le Seigneur, parce que nous avons péché contre lui et que sa colère dure encore sur nous. (Baruch, I, 13.)

Un saint interprète assure que les âmes du purgatoire subissent dans leur expiation, un traitement semblable à celui qu’endura le saint homme Job ; des plaies affreuses recouvraient tout son corps, de telle sorte, qu’il n’avait plus l’usage de ses membres ; ses lèvres seules lui furent laissées pour pouvoir implorer la miséricorde d’autrui : « Ayez pitié de moi vous du moins qui fûtes mes amis ! »

Telle est à peu près la situation de ces âmes bénies : en proie aux plus amères souffrances, elle se voient dans l’impossibilité de se procurer par elles-mêmes le moindre soulagement ; tout ce qu’elles peuvent faire, c’est d’implorer la pitié des vivants, au moyen d’apparitions, surtout aux personnes consacrées à Dieu, ainsi que nous l’avons lu dans les histoires précédentes.

Sur les confins du pays de Worms, pendant plusieurs nuits, on vit des légions de cavaliers et de fantassins sortir d’un antre profond et se répandre dans la campagne comme pour une bataille.

C’était ordinairement après l’heure de minuit que commençaient ces apparitions ; mais lorsque le jour approchait toute cette multitude se retirait dans la cavité de la montagne pour en sortir de nouveau la nuit suivante. Non loin de là, était le monastère de Limbourg dont le repos était troublé par ces bruits mystérieux. C’est pourquoi un saint religieux résolut avec plusieurs de ses confrères d’aller, au milieu de la nuit, à la rencontre de ces soldats étranges.

Après avoir imploré la protection du ciel, ils se rendirent au pied du mont, à l’entrée de la caverne. C’était l’heure où les nocturnes combattants sortaient en foule de la montagne. Dès qu’ils apparurent, le religieux le plus résolu s’arma du signe de la croix, s’avança vers eux et leur dit : « Je vous adjure, au nom de la Très Sainte Trinité, de nous dire qui vous êtes, et dans quel but vous vous livrez à des excursions guerrières qui viennent troubler le silence de la nuit.

« L’un de ces guerriers répondit : « Nous sommes les âmes d’une quantité de soldats morts en ce lieu en combattant sous les enseignes de nos souverains. Nos corps sont enterrés ici et nos âmes y font leur purgatoire. Ces habits, ces armes et ces chevaux qui furent pour nous des occasions de fautes, sont maintenant les signes de nos peines. Tout ce que vous voyez autour de nous, n’est que du feu, mais ce feu est invisible à vos regards. »

Le religieux s’armant d’un nouveau courage, ajouta encore : « Ne pourriez-vous pas, ô défunts, être secours par nos suffrages ? » - Oui, répondit le spectre, et c’est pour implorer votre secours que nous apparaissons. Ah ! Ayez pitié de nous ! Procurez-nous rafraîchissement, lumière et délivrance par vos oraisons, vos pénitences et surtout par l’oblation du sang du Rédempteur. Religieux compatissants, hâtez-vous de nous secourir ; hélas ! Nous ne pouvons rien pour nous-mêmes ! »

Puis, toute cette multitude s’écria par trois fois d’une voix lamentable : « Priez pour nous. » Après ces paroles, les religieux ne virent plus qu’un immense globe de feu qui disparut dans la caverne, et toute la montagne brilla d’une vive clarté. Les religieux, saisis de crainte, se retirèrent dans leur cloître, et s’appliquèrent aussitôt à la délivrance de ces âmes. Dès lors ces bruits de guerre ne se firent plus entendre, et tout devint comme auparavant silence et repos.

A ce prodigieux évènement, nous en ajouterons un autre non moins admirable, dont fut témoin un religieux qui avait pour habitude de ne jamais passer devant un cimetière sans faire une courte prière pour ceux qui y reposaient. Un jour, cependant, qu’il était absorbé par quelque autre pensée, il passa devant ce champ du repos sans s’acquitter de sa charitable pratique, tout-à-coup, il vit plusieurs morts sortir de leurs tombes et s’avancer vers lui en prononçant distinctement ces paroles du psaume 128 : « Et ceux qui passaient n’ont point dit : Que la bénédiction de Dieu soit sur vous. »

Profondément ému par cette scène lugubre qui lui reprochait son oubli, il répondit aussitôt : « Nous vous bénissons au nom du Seigneur. » A ces paroles, les âmes soulagées et rafraîchies comme si elles avaient reçu la bénédiction de Dieu, se retirèrent l’une après l’autre dans leurs sépulcres, et le bon religieux n’oublia jamais plus sa pieuse pratique si utile au soulagement des défunts.

(Trithemius, Chronic.. ann. 1058 ; Dauroult, Catech. Histor. Part. III, ch. 8, tit. 20 ; Philippe Doutreman, jésuite, Pedagogus christianus, t. I, 2° part. ch. 19, § 2.)




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Message par Lumen Ven 3 Juin 2022 - 12:19

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XL MERVEILLE


La prière offerte pour les parents défunts est très agréable à Dieu.

Mutuam vicem reddere parentibus acceptum est corâm Deo : Rendre à ses parents ce qu’on a reçu d’eux, est une chose agréable à Dieu. (I Timoth. V, 4.)

Pour nous exciter à la compassion envers les âmes souffrantes et nous porter à offrir en leur faveur de nombreux suffrages, il suffirait de savoir qu’elles sont de la même nature que nous ; qu’elles ont vécu sous la même loi ; que Dieu les a créées à son image et qu’à cette considération, si nous aimons Dieu, nous devons les aimer aussi ; enfin qu’elles furent comme nous régénérées au baptême et rachetées par les souffrances et la mort de Jésus-Christ ; ce qui les rend véritablement nos sœurs, et doit nous les faire chérir comme telles.

Or, si le titre seul de chrétien doit réveiller en nous les sentiments de l’affection et de la charité, que ne devra-t-il pas résulter de cette union sainte qui existe entre les membres d’une même famille ? Ici, la loi de la charité devient plus rigoureuse, et lorsque nous avons quelques raisons de penser que quelques uns des nôtres souffrent dans le purgatoire, nous devons mettre tout en œuvre pour les secourir.

Le Père Jean Baptiste Manni, dans son Trigesimo sacro, rapporte plusieurs exemples de gratitude et de charité envers les parents ; nous en citerons deux seulement.

Sainte Elisabeth, fille d’André, roi de Hongrie et de la reine Gertrude son épouse, était animée d’une tendre compassion pour les défunts. Lorsque parmi ses nombreux vassaux, il en mourait dans l’indigence, elle préparait de ses mains les suaires pour les ensevelir, pourvoyait à leurs funérailles, et les accompagnait à leur dernière demeure, offrant en même temps de ferventes prières pour leurs âmes.

Si pour de simples sujets elle déployait tant de charité, on peut présumer facilement de quelle ardeur elle était animée lorsqu’il s’agissait de ses proches. Lorsque Gertrude, sa mère, vint à mourir, Elisabeth s’empressa de secourir son âme par de nombreux suffrages d’austérités, d’aumônes et de prières.

Une nuit, après de longues oraisons, la sainte princesse s’était retirée pour prendre un peu de repos ; comme elle allait se livrer au sommeil, la reine défunte lui apparut vêtue de deuil, et ses traits portaient l’empreinte d’une profonde tristesse ; s’étant mise à genoux elle lui dit : « Ma fille, vous avez à vos pieds votre mère affligée qui vous supplie de multiplier vos suffrages. Oh ! Délivrez-moi des tourments épouvantables que j’endure en expiation de mes négligences dans le service de Dieu et dans le gouvernement de mes sujets. De grâce, par les douleurs que je souffris en vous donnant le jour, et par les fatigues que je supportai pour vous élever, ma fille, redoublez vos prières à la divine Miséricorde, afin que je voie bientôt finir mes intolérables tortures.

A ces paroles si attendrissantes, sainte Elisabeth, émue au plus profond du cœur, se jette à genoux et conjure le divin Sauveur, en versant un torrent de larmes, de faire grâce à sa pauvre mère. Enfin, accablée par sa longue veille, ses macérations et sa tristesse, elle se jeta une seconde fois sur son lit ; et voici que sa mère lui apparut encore, mais revêtue de blanc et rayonnante d’une joie immortelle. Elle rendit à sa chère fille mille actions de grâces, car ces derniers suffrages l’avaient délivrée, et elle montait au séjour des éternelles félicités.

Sainte Elisabeth de Portugal nous offre un exemple non moins édifiant de charité envers la reine Constance sa fille. Cette jeune reine de Castille venait d’être enlevée de ce monde par une mort imprévue. Dans ce moment même, la reine Elisabeth se rendait avec le roi son époux dans la ville de Santarem.

Soudain, on vit un ermite courir après le cortège royal, en criant qu’il avait un mot à dire à la Reine. Les gardes le repoussèrent, mais la sainte voyant son insistance, ordonna qu’on le laissa s’approcher. L’ermite lui raconta que la reine Constance lui était apparue en songe plusieurs fois, et l’avait conjuré d’apprendre à sa mère qu’elle était dans le purgatoire et de la prier de sa part de faire célébrer pour elle le saint sacrifice pendant un an.

Cette mission remplie, l’ermite se retira et ne parut plus. Les courtisans rirent beaucoup de ce message, traitant l’ermite de visionnaire ; mais Elisabeth qui ne partageait point leur opinion, demanda au roi ce qu’il pensait de cette aventure. Le monarque répondit qu’on devait agir selon la révélation de l’ermite ; et sans délai, la célébration des messes fut confiée à un saint prêtre nommé Ferdinand Mendez.

Au bout d’un an, Constance apparut à sa sainte mère ; elle était vêtue de blanc et environnée d’une céleste lumière : « Maintenant, ô ma mère, lui dit-elle, je suis délivrée par la divine Clémence des tourments du purgatoire, et je m’envole vers les demeures éternelles. »

Cette gracieuse apparition remplit le cœur d’Elisabeth de la plus douce joie. Dans ce moment, elle ne se souvenait plus des trois cent soixante-cinq messes qu’elle avait fait dire, et elle se rendit aussitôt à l’église pour offrir par les mains du prêtre la sainte Victime en action de grâces.

Elle y trouva le prêtre Mendez qui lui apprit que toutes ses intentions étaient remplies, et il lui demanda s’il fallait célébrer d’autres messes pour la reine défunte. Sainte Elisabeth se souvint alors des paroles de l’ermite, ce qui lui donna une nouvelle assurance de la vérité de sa vision, et pénétrée de la plus vive reconnaissance envers la Bonté infinie, elle fit célébrer une messe très solennelle en actions de grâces et distribua à un grand nombre de pauvres une somme considérable.

Nous laissons au lecteur le soin de décider quelle fut la plus grande charité des deux reines ; nous ajouterons seulement une pensée d’un poète d’Italie dont voici le sens : « Ô prodige de piété ! Une auguste fille devient mère de sa mère, lui donnant dans le ciel une vie immortelle. Et merveille non moins admirable, il y eut une fille royale à qui il fut donné d’avoir eu deux vies d’une même mère. »

(V. Laur. Surius, Vies des saints, 19 novembre ; Jacques Fuligati, sec. Jés. Vita S. Elisabethae p. 35).




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Message par Lumen Sam 4 Juin 2022 - 14:22

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XLI MERVEILLE


Les peines du purgatoire prolongées jusqu’à l’acquittement des dettes.

Tradidit eum tortoribus, quoadusque rederet debitum : Il le livra aux exécuteurs jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’il devait. (Math. XVIII, 34.)

Ordinairement, Dieu retient dans le purgatoire les âmes de ceux que sa miséricorde a retirés de la mauvaise voie, mais qu’une mort imprévue a frappés avant qu’ils eussent acquitté leurs dettes, et réparé tout le tort qu’ils ont fait au prochain. Sans doute, ce Dieu de toute justice ne veut point que des débiteurs entrent dans le séjour des félicités tandis que leurs créanciers sont en souffrance. Et l’on peut présumer qu’il n’accepte pas volontiers des suffrages offerts en faveur de ceux qui n’ont causé aux autres que du dommage.

Nous citerons à l’appui de cela, plusieurs apparitions de débiteurs, suppliant avec instance qu’on acquitte leurs dettes.

Le R. P. Augustin d’Espinosa, de la Compagnie de Jésus, professait un zèle extraordinaire pour la délivrance des âmes. Il ne se contentait pas d’offrir pour elles la victime de propitiation, de leur consacrer ses oraisons, de prêcher en leur faveur ; il s’imposait encore de très rigoureuses austérités. Aussi Dieu permettait souvent aux âmes d’apparaître à son pieux serviteur, soit pour lui rendre grâce, soit pour se recommander à ses prières.

Un jour, il vit apparaître devant lui un homme qui avait été possesseur d’une grande fortune : « Me reconnaissez-vous ? Lui dit le défunt. » - Oui, répondit le Père, je me souviens parfaitement de vous avoir administré le sacrement de pénitence, peu de jours avant que vous fussiez appelé à l’autre vie. » - C’est bien cela, reprit l’apparition, et je viens par la permission du Ciel, vous conjurer d’offrir pour moi vos prières à la divine Miséricorde, et de mettre en exécution, certaines œuvres nécessaires à ma délivrance. Pour mieux vous renseigner, veuillez, je vous en supplie, m’accompagner à quelque distance. » - Je ne peux pas vous suivre, répondit le religieux, sans la permission de mon supérieur ; mais je vais la chercher, attendez-moi dans ma cellule. »

Le religieux se rendit en toute hâte chez le Père recteur, lui raconta l’apparition, et lui demanda la permission de suivre le défunt. Le supérieur hésita beaucoup en présence d’une pareille demande ; cependant il se rendit aux instances du bon Père, mais dans la crainte qu’il ne lui arrivât quelque chose de fâcheux, il fit appeler plusieurs Pères du collège et leur ordonna de se rendre à l’église et d’y faire oraison afin que Dieu accordât aide et protection à son fidèle serviteur.

Augustin retourne vite à sa cellule, il y trouve le défunt qui le prend par la main, et le conduit sans proférer une parole sur un pont peu distant de la ville. Là, le fantôme lui dit : « Attendez-moi un instant. » En effet il disparut, mais revint presque aussitôt, portant une grande bourse pleine d’argent, il l’ouvrit, y puisa une grosse somme et dit au religieux : « Père, mettez, je vous prie, dans un pli de votre manteau, cette somme d’argent, je porterai le reste jusqu’à votre cellule. »

Dès qu’ils furent entrés, le mort remit au Père le reste de l’argent avec un billet, et lui dit : « Au moyen de cet écrit, vous connaîtrez, mon Père, à qui je dois et ce que je dois, soit comme paiement, soit comme restitution ; en outre, vous trouverez ci-inclus, le détail des bonnes œuvres que je voudrais voir accomplies en faveur de mon âme ; quant à ce qui restera de la somme, vous en disposerez, mon Père, comme il vous plaira, j’abandonne ce soin à votre prudence et à votre charité.

Après ces paroles, le défunt disparut, et le bon Père s’empressa d’aller trouver son supérieur qui était encore en oraison. Le Père recteur après avoir écouté attentivement le récit de cette aventure, ordonna de convoquer les créanciers. Ils ne se firent pas attendre.

Tous reçurent intégralement ce qui leur était dû. Ces pauvres gens qui ne comptaient pas recevoir un seul denier, demeurèrent tous ébahis : chacun disait en recevant son argent : « C’est le Ciel qui me l’envoie. »

Ce qui restait de la somme fut employé en œuvres de piété et de charité, au bénéfice de cette âme. Huit s’étaient à peine écoulés, que le défunt se montra de nouveau au Père Augustin pendant une fervente oraison. Il lui rendit mille actions de grâces pour le soin et la promptitude qu’il avait apportés à cette affaire, il le remercia surtout des messes qu’il avait fait dire en sa faveur et qui avait hâté sa délivrance ; puis il lui promit d’être son intercesseur auprès de Dieu, et de demander pour lui plénitude des dons célestes.

Cette magnifique promesse reçut son accomplissement, car le P. Augustin d’Espinosa fut un vivant exemplaire de toutes les vertus.

Il ne sera pas utile de rapporter ici le sage avertissement, ajouté à la fin de cette histoire, pour l’instruction de ceux qui diffèrent jusqu’à l’extrémité de la vie, les paiements, les restitutions, les aumônes, et abandonnent à leurs exécuteurs testamentaires l’accomplissement d’un devoir aussi rigoureux.

On peut dire de ceux-ci qu’ils sont semblables à la vipère qui n’est de quelque utilité qu’après sa mort. Ces âmes connaîtront un jour toute l’indignité de leur conduite, alors que plongées dans un océan de feu, elles s’y verront enchaînées par leurs propres injustices.

Nous ajouterons aussi que les œuvres de charité faites après la mort, sont de peu de valeur pour le ciel, comme l’enseigne un pieux évêque par ces paroles : « Ce que vous donnez vivant et en pleine santé, c’est de l’or ; ce que vous donnez en mourant , c’est de l’argent ; mais ce que vous laissez à distribuer après votre mort, ce n’est plus que du plomb.

(V. Jos. Nadasi, Ann. Dier. Memorab., 4 fév. ; Jacq. Hautin, Patroc. Defunct., liv. III, chap. 2 , art. 3.)




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Message par Lumen Dim 5 Juin 2022 - 14:48

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XLII MERVEILLE


Les âmes délivrées viennent au devant de leurs bienfaiteurs pour les remercier.

Venientes in occursum ejus, adoraverunt : Et venant au-devant de lui, ils se prosternèrent. (IV Reg. II, 15.)

Lorsque l’empereur Charles-Quint s’empara de la ville de Tunis, il accorda la liberté à vingt mille esclaves chrétiens qui étaient réduits avant son arrivée à la plus affreuse servitude. Dans l’effusion de leur joie et de leur reconnaissance, ils accoururent vers leur auguste libérateur et ils se pressaient autour de lui, en lui donnant mille bénédictions et mille louanges.

Il en est de même des âmes du purgatoire envers leurs bienfaiteurs, elles qui ont gémi dans le plus triste et le plus cruel des esclavages, et à qui il fut donné ensuite de jouir de la liberté la plus heureuse, la plus illimitée qui fut jamais ! Ces âmes reconnaissantes ne sauraient oublier un seul instant leurs libérateurs ; elles viennent à leur rencontre au sortir de la vie, elles les accompagnent et les introduisent dans la céleste patrie. Une célèbre pénitente, sainte Marguerite de Cortone, en a fait l’expérience.

Parmi les vertus admirables qu’elle pratiqua après sa conversion, on signale sa tendre compassion envers les âmes du purgatoire dont un grand nombre furent délivrées par ses ferventes oraisons, ses austérités et ses larmes qui devenaient même quelquefois sanglantes, tant la douleur déchirait son âme.

Aussi elle mérita que dans son heureux passage de ce monde à l’autre, une troupe nombreuse des âmes qu’elle avait délivrées, vinssent à sa rencontre pour l’emmener au ciel.

Il fut donné à une grande servante de Dieu, ravie en extase dans ce moment même, de contempler ce glorieux cortège.

Ce qui mérita surtout à sainte Marguerite une telle faveur, ce fut sa charité envers les siens. Après la mort de ses parents, elle offrit en leur faveur ses oraisons, ses austérités, les mérites du divin sacrifice, ses ferventes communions, et ne cessa que le jour où le Sauveur lui-même vint lui révéler leur sortie du purgatoire et leur entrée au ciel, bien que leurs fautes eussent mérité de longs tourments ; mais Marguerite avait expié pour eux.

Une de ses servantes, nommée Gillia, vint à mourir ; aussitôt sainte Marguerite se mit à prier de tout son cœur pour la délivrer. Bientôt un ange du Seigneur se montra à ses yeux et lui annonça que Gillia devait rester un mois au purgatoire, mais dans des peines légères, attendu que ses vertus l’avaient emporté de beaucoup sur ses défauts ; que de plus, en considération des prières de Marguerite, quatre anges, le jour de la Chandeleur, viendraient chercher la défunte pour l’emmener triomphalement au ciel.

La charité de Marguerite ne se bornait point à secourir les siens ; les âmes inconnues avaient également part à ses suffrages ; aussi un grand nombre de défunts, connaissant l’efficacité de sa charité, sont venus plusieurs fois lui faire de suppliantes instances. En voici un exemple.

Deux marchands, traversant un pays infesté de voleurs, tombèrent entre les mains des assassins qui les tuèrent. Bientôt ils apparurent à la sainte et lui dirent : « Priez pour nous, servante de Dieu, nous venons de succomber sous les coups des assassins ; nous n’avons pu confesser nos péchés avant de mourir, mais grâce à la divine Miséricorde, et à la Vierge sainte, animés d’un sincère repentir, nous avons accepté la mort avec une entière résignation, ce qui nous a valu d’échapper aux supplices éternels ; néanmoins, nous sommes condamnés à de longs et atroces supplices dans le purgatoire, à cause de nos injustices dans nos relations commerciales.

Ainsi, ô servante de Dieu, nous vous supplions, vous qui êtes si compatissante, d’informer nos parents de notre mort, de leur dire de restituer ce que nous avons mal acquis, et de distribuer des aumônes pour notre délivrance. Amie du Seigneur, au nom de votre amour pour lui, et par ce zèle ardent qui vous anime pour les âmes, venez à notre aide, priez pour nous ! »

Sainte Marguerite ne se contentait pas de secourir les âmes par ses oraisons et ses austérités, elle mettait tout en œuvre pour leur procurer les suffrages des plus fervents monastères. Et le Sauveur, pour seconder sa charité, l’employait quelquefois comme ambassadrice auprès des religieux de l’Ordre séraphique, afin qu’ils conservassent un vif souvenir des âmes du purgatoire, et parmi elles, il en était une quantité innombrable auxquelles nul ne songeait.

En outre le Sauveur enjoignit à la sainte d’avertir les Frères Mineurs de prendre bien garde de s’ingérer dans les affaires du monde, sans quoi ils auraient à subir un rigoureux purgatoire où les peines seraient proportionnées à la part qu’ils auraient prise à ces choses si vaines et si peu en harmonie avec la sublimité de leur Institut.

De même, ajouta-t-il, que les cellules et les emplois des frères sont distincts, de même il y aura divers lieux et divers supplices dans le purgatoire.

Sainte Marguerite s’acquitta fidèlement de sa divine mission, et son zèle pour les âmes ne se ralentit jamais. Cette esquisse de sa charité suffit pour nous démontrer combien elle a mérité qu’une innombrable légion d’âmes glorieuses vinssent à sa rencontre pour l’emmener au ciel.

(V. Acta Sanctorum des Bollandistes, 22 fév. Vie de S. Marg. De Cortone.)




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Message par Lumen Lun 6 Juin 2022 - 13:22

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XLIII MERVEILLE


Protection signalée des âmes du purgatoire et conversion de deux pécheurs.

Qui praedaris et ipse praedaberis : Vous qui dérobez, vous serez dérobé vous-même. (Isaïe, XXXIII, 1.)

Il n’est pas facile de décider dans l’évènement suivant, si les âmes du purgatoire sont plus admirables dans le soin qu’elles prennent de leurs bienfaiteurs, que dans le zèle qu’elles déploient pour la conversion de deux larrons. Ici, elles protègent une vie temporaire ; là, elles procurent la vie éternelle à deux misérables pécheurs.

Il paraîtrait toutefois que cette dernière action procura à Dieu une grande gloire, puisqu’il s’est plu à la bénir par des grâces extraordinaires.

Le Père Louis Monaci, religieux des Clercs-Mineurs, très dévot aux âmes du purgatoire, voyageait un jour sans autre compagnie que son ange gardien. Etant arrivé dans un lieu très solitaire, à l’heure où le soleil est sur son déclin, il éprouva quelque inquiétude et pressa le pas afin d’arriver avant la nuit dans une hôtellerie.

Au milieu de sa course précipitée, le bon Père ne voulut point omettre une pieuse pratique, celle de mettre à profit le temps du voyage en le consacrant à la prière, et il se mit à réciter le chapelet en faveur des défunts, afin qu’en retour, ils le gardassent de tout péril.

Il ne tarda pas à éprouver les heureux effets de sa dévotion envers les morts. Monaci n’avait que peu de chemin à faire pour être arrivé aux premières maisons, lorsqu’il fut aperçu par deux hommes de ceux qui se séparent de la vie sociale pour vivre au sein des bois, du fruit de leurs rapines et de leurs homicides.

Fondre sur le pauvre voyageur, le lier, le dépouiller et même le tuer, s’il faisait la moindre résistance, fut la résolution instantanée de ces scélérats. Ils étaient déjà en embuscade, encore quelques secondes et le Père était perdu. Mais voici que soudain une trompette retentit, et les malfaiteurs aperçoivent un officier en compagnie du religieux avec une escorte de soldats armés. A cette vue, les brigands prirent la fuite au plus vite, dans la crainte qu’au lieu de faire une proie, ils ne fussent pris eux-mêmes.

Le Père arrive sans obstacle à l’hôtellerie et se dispose à y passer la nuit, ne se doutant pas le moins du monde de la scène étrange qui venait de se passer. Au bout de quelques instants, les voleurs y entrèrent aussi, non toutefois, sans s’être bien informés et bien assurés qu’il n’y avait point d’officiers de justice.

Trouvant le Père tout seul, ils s’avisèrent de lui demander qui il était, et s’il savait la direction qu’avait prise l’officier et les soldats qui l’avaient escorté. Le Père, étonné d’une telle demande, répondit qu’il était venu tout seul. Les brigands, à leur tour, bien plus étonnés encore, lui posent questions sur questions, et lorsque le Père leur eut parlé de sa dévotion envers les âmes du purgatoire, ainsi que de sa confiance en elles dans les périls, ils reconnurent que l’évènement qui venait de se passer était un miracle du ciel, et se confiant dans la miséricordieuse charité du Père, ils lui firent l’aveu de tout ce qui était arrivé.

Le Dieu de bonté infinie voulut qu’un second miracle vint couronner le premier. Les larrons touchés tout-à-coup d’un profond repentir, résolurent de changer de vie à l’instant, et prièrent le religieux d’entendre leur confession dans l’hôtellerie même.

Là, retirés dans la chambre du bon Père, à genoux à ses pieds, ils lui confessent toute leur vie criminelle avec une vive contrition. Dès ce jour, ils devinrent des hommes nouveaux tout appliqués à la pénitence et pleins de zèle pour la délivrance des âmes toujours si promptes à secourir dans les périls, et si pleines de charité envers les pauvres pécheurs.

L’historien tire de cet évènement de sages réflexions. Sur cette route de la vie que l’homme voyageur traverse pour arriver à la céleste patrie ; les esprits infernaux, comme dit saint Grégoire, s’y tiennent en embuscade comme des brigands afin de nous dépouiller et de nous faire périr. Nous devons donc nous assurer la protection des âmes contre les périls qui nous attendent.

(V. Greg. Carfora, Fortuna Hominis, livre I, chap. 10.)




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Message par Lumen Mar 7 Juin 2022 - 16:21

Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire - Page 4 Marie11

XLIV MERVEILLE


Dieu condamne à une dure expiation ceux qui résistent à sa parole, et il fait grâce à ceux qui l’écoutent avec docilité..

Dominus mortificat et vivificat, humiliat et sublerat : Le Seigneur ôte la vie et la donne, c’est lui qui humilie et qui exalte. (I Reg. II, 6.)

La divine Bonté qui ne voudrait pas la mort des pécheurs mais leur conversion, leur envoie fréquemment de paternels avertissements pour les retirer de la voie de la perdition. S’ils résistent avec opiniâtreté à ses amoureuses remontrances, elle emploie de sévères châtiments pour les contraindre à rentrer en eux-mêmes, et s’ils se soumettent avec un sincère repentir, oh ! Alors, ce Père miséricordieux leur pardonne toutes leurs iniquités et leur rend toute sa tendresse.

Pour accomplir sur les pécheurs les desseins de sa miséricorde, Dieu choisit en général des hommes pleins de bonté et de commisération ; ainsi pour reprendre l’obstiné Saül, il se servit du prophète Samuel ; pour appeler David au repentir et à la pénitence, il lui envoya le prophète Nathan.

Voici deux exemples qui démontrent avec quel respect et quelle docilité, on doit recevoir les exhortations que Dieu nous adresse par l’intermédiaire des personnes saintes.

Le Père Nicolas Zucchi de la Compagnie de Jésus, religieux d’une grande perfection, avait gagné à Dieu trois jeunes filles romaines d’une très noble famille, sœurs toutes trois, et les avait déterminées à embrasser la vie religieuse. Quoique novices encore, elles étaient déjà l’exemple du monastère.

La plus jeune avant de quitter le monde, avait été recherchée par un riche seigneur ; mais elle ne daigna jamais lui accorder un regard, ayant déjà donné son cœur et son amour à Jésus. Lorsque cette jeune vierge se fut retirée dans le cloître, le chevalier qu’animait un fol espoir, fit toutes sortes de tentatives pour l’en faire sortir ; ne pouvant lui parler, il ne cessait de lui adresser des lettres où il s’efforçait de lui peindre sous les couleurs de la réalités, les plus flatteuses illusions de la vie, et il la conjurait de ne pas s’ensevelir dans la tristesse du cloître. Mais la jeune fille qui avait déjà goûté dans sa sainte retraite, la paix et la joie du ciel, méprisa toutes les tentatives.

Cependant, le Père Zucchi, instruit par la novice elle-même de toutes les menées du jeune homme, en fut très affligé, et dans la crainte que tant de sollicitations ne finissent par ébranler cette pieuse vierge, il la recommanda à Dieu de toute son âme.

Un jour comme il se rendait à Rome, où l’appelait son ministère, la Providence permit qu’il rencontrât justement celui qui lui causait tant d’appréhensions. Aussitôt le Père s’avance vers le jeune homme et le saluant avec courtoisie, il lui dit avec une noble franchise : « Seigneur, cessez d’affliger par vos sollicitations, une âme qui est toute à Dieu, et ne vous faites pas le rival du Roi du ciel. Que votre soin désormais ne soit plus la perte d’autrui, mais le salut de votre âme, car dans peu de jours vous comparaîtrez devant le Juge éternel. »

Le jeune seigneur qui était rempli d’estime pour le Père, n’allégua aucune raison pour se justifier ; il lui fit même des excuses et l’ayant salué respectueusement, il s’éloigna. Quinze jours après cette entrevue, ce jeune homme qui commençait seulement à revenir à Dieu, fut surpris par la mort. Or, un soir que les trois novices étaient en oraison, la plus jeune sentit par trois fois qu’un être mystérieux la tirait par son vêtement et elle entendit distinctement ces paroles : « Venez au parloir. »

La jeune vierge rassurée contre toute crainte par une grâce du ciel, prend un flambeau et se rend au parloir. Là, elle vit un homme qui se promenait à grands pas : « Qui êtes-vous ? Lui dit-elle, que faites-vous ici à cette heure ? Que demandez-vous ? » L’étranger s’arrête alors devant elle, sans proférer un seul mot ; la religieuse tremblante reconnaît le chevalier… lui, toujours dans le plus profond silence, écarte son manteau. O justice de Dieu ! D’horribles chaînes de feu entouraient son cou, lui liaient les poignets, les genoux et les pieds, supplice bien mérité par celui qui avait voulu enchaîner une épouse du Christ.

Enfin rompant le silence, il lui dit d’une voix lugubre : « Priez pour moi, » puis il disparut. Cette courte et plaintive prière fit comprendre à la jeune fille que cette âme avait eu quelques bons sentiments au moment de la mort ; mais qu’elle était condamnée à d’atroces supplices dans le purgatoire, pour n’avoir pas exactement obéi à Dieu qui lui avait exprimé sa volonté par l’entremise du bon religieux.

Le même Père dans son oraison funèbre du P. Caraffa, général de la compagnie de Jésus, nous démontre combien l’obéissance prompte à la voix de Dieu est efficace pour nous affranchir du purgatoire. Cet éminent religieux, dit-il, fut appelé un jour auprès d’un personnage de grande distinction, condamné à la fleur de ses ans à être décapité.

L’infortuné n’avait point mérité la mort. Le Père plein de zèle et de charité lui parla des jugements de Dieu d’une manière si touchante ; il lui dit avec des termes pleins de force et de conviction que ce supplice passager qu’il allait subir expierait toutes les fautes de sa vie et lui ouvrirait les cieux, que le jeune homme entièrement fortifié fit à Dieu le sacrifice de sa vie avec une admirable résignation.

Son abandon à la volonté de Dieu fut si parfait qu’il ne ressentit plus aucune tristesse ; il dit même n’avoir jamais éprouvé tant de joie au milieu des brillantes illusions de la vie, qu’il en éprouvait à cette heure même où il allait mourir. Le Père Vincent qui ne quitta ce jeune homme qu’à la mort, affirme qu’au moment où il eut la tête tranchée, son âme s’envola au ciel couronnée de gloire.

Le bon religieux tout enflammé de charité, se rendit en toute hâte chez la mère du supplicié et lui raconta sa consolante vision. Ce saint religieux en était tellement impressionné, qu’à chaque instant on l’entendait s’écrier : « Heureux ! Mille fois heureux ! » Un prêtre lui ayant demandé s’il fallait offrir pour le défunt quelques suffrages de messes ou de prières, il lui dit : « Non, et je vous déclare que cette âme n’a pas même passé par les flammes du purgatoire. »

Un autre jour qu’il était tout occupé à une œuvre de charité, on le vit subitement changer d’aspect ; son visage devint tout enflammé, et les yeux fixés vers le ciel il s’écria : « Oh ! Quel heureux sort ! » C’est l’âme du décapité qui vient de m’apparaître rayonnante de gloire. »

On voit par cet exemple, combien il est profitable d’écouter avec soumission les avertissements de Dieu, et de se soumettre sans réserve à sa sainte volonté ; ce que nous enseigne le Sauveur lui-même : « Celui qui entend ma parole, a la vie éternelle, et il ne tombe point dans la condamnation ; mais il est déjà passé de la mort à la vie. »

(V. Daniel Bartholus, Vita P. Nicolaï Zucchi L. I, ch. 9 ; Vita P. Vincentii Caraffa, I, II, ch. 7.)




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Message par Lumen Mer 8 Juin 2022 - 15:11

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XLV MERVEILLE


Zèle ardent pour la délivrance des âmes du purgatoire.

Accendetur velut ignis zelus tuus : Votre zèle s’allumera comme un feu. (Ps. LXXVIII, 5.)

L’Église loue avec raison le zèle dont fut embrasé saint Bertrand pour la conversion des pécheurs, zèle qui lui inspira mille ingénieuses industries et qui lui fit plusieurs fois mépriser la mort ; sa tendre charité envers les âmes du purgatoire ne mérite pas moins notre admiration.

Etant maître des novices, il exigeait d’eux la plus parfaite observance des règles et en punissait sévèrement la moindre transgression. Le vendredi, après matines, il tenait le chapitre appelé de la coulpe, si redoutable au démon parce que les religieux y obtiennent le pardon de leurs fautes.

Là, le saint punissait avec rigueur tout manquement, disant que la vraie charité l’engageait à préserver ses disciples des cruels supplices de l’autre vie, en leur imposant les pénitences si légères de ce monde.

Cependant, quelque sévère qu’il fût vis-à-vis de ses frères, il réservait pour lui-même les plus grandes austérités, et le chapitre fini il se retirait dans sa cellule où par de sanglantes disciplines, il achevait d’expier les fautes de ses novices.

Les suffrages que Bertrand offrait pour les âmes du purgatoire étaient nombreux et efficaces ; aussi plusieurs fois, des âmes lui apparurent, soit pour lui demander des prières, soit pour le remercier de leur délivrance, et de même que le saint éprouvait une grande consolation en voyant ces âmes sortir de leur prison, de même sa douleur était extrême lorsqu’elles continuaient à souffrir.

Il était prieur du couvent de Valence en Espagne quand la mort vint frapper inopinément un religieux de cette maison, le Père Pierre Glioret. Louis en fut d’autant plus affligé qu’il craignait que ce religieux, n’étant pas muni des derniers sacrements et n’ayant pas reçu les indulgences qu’on applique aux moribonds, n’eût à subir un long et cruel purgatoire.

Pendant un mois entier, il livra son corps à des macérations extraordinaires, et sur son visage exténué par la pénitence, était peinte la plus profonde tristesse ; mais un matin il parut au chœur le front serein et la joie resplendissait sur toute sa personne.

Ses frères étonnés lui en demandèrent la raison. « Ma douleur, répondit-il, occasionnée par la mort prompte du père Glioret, s’est changée en consolation à cause du bonheur dont il jouit. » Il n’en dit pas davantage, mais un de ses confidents l’ayant prié de lui parler plus ouvertement, le saint lui avoua que Dieu l’avait d’abord rendu témoin des peines que cette âme souffrait dans le purgatoire, et qu’ensuite il lui avait révélé la gloire dont elle jouissait dans le ciel.

Bertrand accompagna son récit de bénédictions et d’actions de grâces envers la Bonté divine qui avait accepté les suffrages que pendant un mois entier, il avait offert pour la délivrance de ce religieux.

Si les prières de Louis étaient assez efficaces pour obtenir de telles grâces, quelle puissance ne devait pas avoir la Victime sainte offerte par lui en faveur des âmes du purgatoire ? C’était principalement au jour de la commémoration des fidèles défunts, que ces âmes bénies en éprouvaient les heureux fruits, car ce jour-là, en Espagne, il était permis à tout prêtre de monter trois fois au saint autel. Aussi accouraient-elles vers lui, pour le supplier de dire la messe pour leur délivrance.

Une nuit, après Matines, étant resté au chœur pour faire monter vers Dieu de ferventes prières, l’âme d’un de ses religieux lui apparut tout environnée de flammes. Elle se prosterna à ses pieds et lui demanda humblement pardon d’une parole injurieuse qu’elle lui avait dite depuis longtemps, assurant le saint que c’était la cause principale de son exil.

Puis elle le pria de célébrer pour elle une messe de Requiem qui devait suffire pour sa délivrance. Bertrand lui pardonna de grand cœur cette injure dont il n’avait pas même gardé le souvenir ; et le matin, vers l’aube du jour, il offrit avec beaucoup de ferveur l’Hostie propitiatoire pour le soulagement de cette chère âme. La nuit suivante, elle lui apparut de nouveau mais resplendissante de gloire, et après lui avoir rendu grâces, elle s’envola vers les demeures éternelles.

(Diario Dominicano, 10 octobre, Vie de S. L. Bertrand.)




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Dernière édition par Lumen le Lun 13 Juin 2022 - 15:51, édité 1 fois
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Message par Lumen Jeu 9 Juin 2022 - 11:36

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XLVI MERVEILLE


Les défunts secourent les vivants pour en être secourus à leur tour.

Per charitatem spiritûs servite invicem : Soyez par la charité, les serviteurs les uns des autres. (Gatat. V, 13.)

Les âmes du purgatoire sont sorties plusieurs fois de leurs douloureuses prisons pour protéger leurs bienfaiteurs ; tantôt, pour les sauver d’un péril imminent ou pour les ramener dans la bonne voie, lorsqu’ils s’en éloignent ; tantôt pour les défendre contre les méchants, les consoler dans leurs afflictions ou les guérir de quelque maladie mortelle.

Le Père Théophile Raynand rapporte l’histoire suivante arrivée de son temps.

A Dôle en France-Comté, l’an 1629, Huguette Boy, femme de simple condition, était atteinte d’une fluxion de poitrine qui faisait craindre pour ses jours. Le médecin ayant ordonné une saignée, on fit appeler le chirurgien qui eut la maladresse de lui couper l’artère du bras gauche, et la malade fut instantanément à deux doigts de la mort.

Le lendemain, à l’aube du jour, la moribonde voit entrer dans sa chambre, une jeune fille vêtue de blanc, au maintien plein de modestie. Cette inconnue lui demande si elle veut agréer ses services. Huguette accepte avec joie cette offre gracieuse ; aussitôt la jeune fille allume un bon feu, revêt la malade d’un manteau, l’approche du foyer, fait son lit, puis l’y replace avec précaution.

Chose admirable ! Lorsque la jeune inconnue eut pris la main d’Huguette, celle-ci se sentit guérie, son bras n’avait plus aucun mal. Etonnée, ravie d’un tel prodige, Huguette regarde fixement l’étrangère, mais celle-ci s’échappe en assurant qu’elle reviendra la visiter et la servir.

La convalescente et tous les gens de sa maison étaient dans l’étonnement le plus complet, on se demandait quelle était cette merveilleuse garde malade dont le seul contact guérissait ? Le bruit de cet évènement fut bientôt répandu dans toute la ville, et chacun faisait ses commentaires.

Au déclin du jour, la jeune inconnue reparut, toujours modeste, souriante et vêtue de blanc. Après un salut charmant, elle dit à Huguette : « Je suis votre tante Léonarde Collin, morte depuis dix-sept ans, qui vous ai laissé le peu que je possédais. Je suis en état de salut, grâce à la divine Miséricorde et à l’intercession de la Vierge Marie pour laquelle j’ai eu pendant la vie une tendre dévotion.

J’étais en état de péché lorsque la mort vint me surprendre ; aussi, j’eusse été condamnée à la peine éternelle sans cette divine Mère ; elle m’a obtenu de son divin fils la grâce insigne d’une sincère contrition. Mais je n’ai point été exempte du purgatoire ; voilà dix-sept ans que j’y souffre les tourments les plus cruels.

Maintenant, il a plu au Seigneur, qu’escortée de mon ange gardien, je vinsse vous servir pendant quarante jours. En récompense de mes soins, je vous prie de faire pour ma délivrance trois pèlerinages à trois sanctuaires de Notre-Dame (elle les lui désigna). Lorsque vous les aurez accomplis, je verrai s’ouvrir devant moi les portes éternelles et j’entrerai dans mon divin repos.

Huguette, craignant d’être le jouet de quelque illusion, consulta son confesseur, le Père Antoine Rolland, Jésuite, qui l’engagea à menacer l’apparition des exorcismes de l’Église, l’assurant que ce serait le moyen de reconnaître s’il y avait là une opération du malin esprit.

Huguette, fidèle à l’instruction qui lui a été donnée, menace sa garde mystérieuse, des conjurations de la sainte Eglise. « Je ne crains nullement les exorcismes, répondit l’apparition, ils ne sont redoutables qu’aux démons et aux damnés. »

Huguette, non encore convaincue, repartit : « Comment se peut-il faire que vous soyez ma tante Léonarde qui était une vieille toute ridée et fort laide, tandis que vous êtes, vous une très belle jeune fille, aux yeux charmants et pleins de douceur ; de plus, elle était bizarre, colère, prenant feu à la moindre contrariété, et vous, vous me paraissez polie, gracieuse, pleine de douceur et de charité. »

« Vous devez savoir, ma chère amie, reprit l’âme, que le corps que j’avais pendant la vie, gît dans le sépulcre en attendant la résurrection ; celui que vous voyez maintenant, est un corps formé d’air ; Dieu m’en a revêtu pour que je vinsse vous servir et réclamer vos suffrages. Quant à ma nature bilieuse, impatiente, colère, je puis vous dire que dix-sept années de purgatoire sont bien propres à enseigner la patience et la douceur. Outre cela, ne savez-vous pas que toutes les âmes détenues dans le purgatoire, sont impeccables et confirmées en grâce.

Huguette, alors n’eut plus de doute, et reçut avec une joie extrême les services de cette âme prédestinée. Dans l’espace des quarante jours, Léonarde révéla à sa protégée plusieurs choses concernant l’autre vie ; mais Huguette fut la seule confidente de ses secrets, et le seul témoin de sa miraculeuse présence.

Dès que la convalescente eut recouvré ses forces, elle entreprit les pèlerinages demandés par Léonarde, et s’en acquitta avec une grande dévotion. Lorsqu’ils furent accomplis, la défunte fut délivrée du purgatoire, et pour la dernière fois, elle apparut à sa protégée. La joie du ciel brillait dans son regard ; elle était si belle et si radieuse que les étoiles du firmament eussent pâli à côté d’elle.

Cette glorieuse prédestinée rendit d’affectueuses actions de grâces à Huguette, ainsi qu’à toutes les personnes qui avaient prié pour elles, et promit d’intercéder en leur faveur auprès de Dieu. Après cette promesse, l’âme prit son essor vers les collines éternelles.

(V. Théph. Raynaud, Heterocl, Spir., 2 p. sect. III, 5e point.)




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Message par Lumen Ven 10 Juin 2022 - 14:56

Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire - Page 4 ALMAS%2B1

XLVII MERVEILLE


Notre charité envers ceux que nous aimons ne doit pas finir avec leur vie.

Charitas nunquâm excidit : La charité ne meurt point. (I Cor. XIII, 8.)

Le véritable amour est une flamme qui loin de s’éteindre par la mort de la personne aimée, lui survit et l’accompagne jusque dans le tombeau. La vénérable Catherine Paluzzi dominicaine nous en donne un exemple touchant.

Cette sainte religieuse était liée d’une étroite amitié avec une autre épouse du Christ non moins vertueuse qu’elle, nommée Bernardine. Leurs cœurs étaient semblables à deux lyres qui célébraient à l’unisson les miséricordes divines ou plutôt c’étaient deux tisons embrasés qui se communiquaient réciproquement leur chaleur.

Une union si étroite ne devait pas se terminer à la mort ; aussi se promirent-elles, que si Dieu le permettait la première qui mourrait, viendrait visiter son amie.

Peu de temps après cette convention, Bernardine fut frappée d’une maladie mortelle ; sa compagne désolée lui rappela la promesse mutuelle, et l’assura qu’elle s’adonnerait avec ardeur à toutes les œuvres de la pénitence pour délivrer son âme, si elle était détenue dans le lieu de l’expiation : « Je vous demande encore une chose, ajouta-t-elle, c’est de me dire si le genre de vie que je mène, est agréable au Seigneur. »

« Je vous le promets, répondit la moribonde, si tel est le bon plaisir de Dieu, et en prononçant ces paroles, elle expira dans les sentiments de la plus tendre dévotion. Catherine espérait recevoir bientôt une consolante visite de cette âme bien-aimée pour laquelle elle offrait de nombreux suffrages, et elle priait l’Epoux céleste de permettre à Bernardine de lui apparaître.

Mais de longs mois s’écoulèrent et Catherine avait déjà perdu sa douce espérance ; lorsqu’un jour, précisément celui de l’anniversaire de leur douloureuse séparation, comme elle était dans une fervente oraison, elle fut conduite en esprit dans une rue qui menait à l’église des Pères réformés de saint François.

A l’un des angles, elle aperçut un puits profond d’où sortirent d’abord des globes de fumée et ensuite une personne enveloppée de ténèbres, mais qui peu à peu se débarrassa du nuage qui l’entourait, et devint resplendissante et d’une beauté extraordinaire ; en même temps un chœur d’anges descendait du ciel pour la recevoir.

Catherine la regardant plus attentivement, reconnut bientôt sa compagne et se sentit ravie de joie : « D’où venez-vous ? » lui dit-elle. « Je sors du purgatoire, répondit Bernardine, d’un ton joyeux, et je vais au ciel. » « Dieu soit béni ! Pour la grâce qu’il vous accorde ; mais, ajouta-t-elle, tenez votre seconde promesse en me faisant connaître si je suis agréable à mon divin époux et si je dois espérer d’aller bientôt jouir de votre compagnie dans le ciel. »

Réjouissez-vous, ma sœur, reprit la défunte, parce que vous êtes la bien-aimée du Seigneur ; il fera par vous de grandes choses, et votre vie sera longue. Puis l’âme s’envola vers les régions éternelles laissant Catherine le cœur inondé de consolation.

Cette même servante de Dieu nous donne encore l’exemple du zèle que nous devons avoir pour secourir nos parents défunts. Son père étant mort, elle ne cessa pendant huit jours de livrer son corps à toutes sortes d’austérités, suppliant le Dieu de clémence d’user de miséricorde envers lui ; sans cesse elle offrait à la très Sainte Trinité les mérites du sang et de la Passion du Rédempteur pour acquitter les dettes de cette âme si chère ; elle priait Marie, au nom de la douleur qui transperça son âme au pied de la croix de vouloir prendre sa cause en main et d’obtenir de son divin Fils, la délivrance du défunt.

Le huitième jour, elle fit chanter l’office des morts et célébrer plusieurs messes de Requiem auxquelles elle assista avec une ferveur extraordinaire. Pendant qu’elle était en prière, le Sauveur lui apparut ; il était accompagné de sainte Catherine de Sienne, sa patronne. Tous deux la conduisirent en esprit dans le purgatoire ; là, elle entendit les gémissements de son père qui la conjurait de continuer ses suffrages afin d’être bientôt délivré de ses tourments intolérables.

A ce spectacle, Catherine sentit son cœur se briser et ses yeux se remplir de larmes ; se tournant vers son divin Epoux qui s’était un peu éloigné d’elle, elle le supplia autant par ses sanglots que par ses paroles, d’user de clémence envers cette âme souffrante ; puis s’adressant à sa sainte protectrice, elle la pria d’intercéder en sa faveur et de lui obtenir la grâce tant désirée.

Mais sachant bien que la divine Justice exige l’entière satisfaction de nos dettes, elle s’offrit en même temps à Dieu pour expier dans son corps la peine due aux fautes de son père. Le Sauveur, ému de compassion, ne put résister à sa servante, et jetant sur l’âme prisonnière un de ces regards puissants auxquels tout obéit, il l’attira à soi et la conduisit lui-même au séjour de la gloire. A ce moment, Catherine revint à elle, et ses larmes de tristesse se changèrent en larmes de consolation.

(V. Diario Dominicano, 16 octobre.)




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Message par Lumen Sam 11 Juin 2022 - 13:24

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XLVIII MERVEILLE


C’est manquer de sagesse que de compter sur les suffrages d’autrui, sans satisfaire à la Justice de Dieu.

Super quem habes fiduciam ? Ecce confidis super baculum arundineum : En qui mettez-vous votre confiance ? Voilà que vous vous appuyez sur un roseau ! (Isaïe, XXXVI, 6.)

Sainte Catherine de Gènes répétait souvent cette mémorable phrase : « Celui qui se purifie de ses fautes dans la vie présente, satisfait avec un sou à une dette de mille ducats, et celui qui attend d’être au purgatoire pour s’acquitter, peut s’attendre à donner mille ducats pour un sou. »

Cela veut dire qu’ici-bas, avec une légère pénitence, nous pouvons satisfaire à Dieu pour de nombreuses fautes, tandis que dans l’autre monde, pour une faute légère il faut endurer de nombreux et cruels supplices.

Les suffrages d’autrui seront pour nous une bien faible ressource si nous n’accomplissons pas nous-mêmes des œuvres satisfactoires. Souvenons-nous qu’il vaut mieux dire une seule fois pendant la vie : « Seigneur, ayez pitié de moi, que de répéter cent fois après la mort : Ayez pitié de moi ! Vous du moins qui êtes mes amis.

Le roi David disait souvent pendant la vie le Miserere et il en recueillit les fruits. Le mauvais riche de l’Evangile répéta bien des fois après sa mort le cri du Roi pénitent, mais il lui fut inutile.

Le vénérable Denis-le-Chartreux, illustre par sa science et sa sainteté, assistait une fois dans la Chartreuse de Ruremonde un jeune novice qui se mourait. Ce jeune homme, averti de sa fin prochaine, éprouva une grande terreur du purgatoire parce qu’il n’avait pas accompli l’obligation contractée par lui volontairement, de réciter deux fois le psautier.

Denis, pour le rassurer, lui promit de s’acquitter de ce vœu à sa place. Le bon novice passa paisiblement de ce monde à l’autre. Denis accablé par une multitude d’affaires que lui suscitait un zèle ardent pour le salut des âmes, oublia sa promesse.

L’âme du défunt vint alors à lui triste et désolée : « Ayez pitié de moi ! S’écria-t-elle, puis elle se répandit en gémissements sur son manque de parole. » Le pauvre supérieur chercha à s’excuser alléguant de graves obstacles. Mais l’âme répliqua en gémissant : Ah ! Si vous souffriez la plus petite des peines que j’endure vous ne trouveriez point d’excuses. »

Voici un fait plus remarquable encore. Cet éminent religieux ayant appris la mort de son père, en ressentit une affliction profonde à cause du grand amour qu’il lui portait, et de la reconnaissance qu’il lui avait vouée pour l’excellente éducation qu’il en avait reçue, comme mœurs et comme science.

Inquiet sur son sort éternel, il résolut de supplier le ciel de le lui faire connaître. Un soir après l’office des vêpres, il alla s’enfermer dans son oratoire pour y prier dans cette intention. Comme il était dans toute la ferveur de son oraison, soudain il entendit distinctement ces paroles : « Que te sert-il de tant t’affliger ? Et pourquoi cette vaine curiosité ? Tu ferais mieux d’employer tes oraisons, non plus pour découvrir en quel état se trouve ton père ; mais à le délivrer, s’il est en purgatoire ; tes prières alors lui seraient utiles ainsi qu’à toi. »

Docile à cet avertissement du ciel, il s’appliqua de toute son âme à délivrer son père, et ne tarda pas à expérimenter combien ce dernier parti était préférable, car la nuit suivante il vit en songe cette âme bien-aimée plongée dans une fournaise ardente.

Ce père infortuné se retourna vers son fils et lui cria d’une voix gémissante : « Pitié, pitié, mon cher fils, ayez compassion de mon état et par vos suffrages, retirez-moi de ces supplices épouvantables. Denis, ému au plus profonde de l’âme, se porta tout de suite à le secourir par une foule de bonnes œuvres, et ne cessa que lorsqu’il eut acquis la certitude que son père était au ciel.

Ces apparitions enflammèrent le zèle de Denis pour la délivrance des âmes, et le portèrent à communiquer aux religieux de son Ordre cette charitable et précieuse dévotion.

Lorsque le célèbre Jean de Louvain vint à mourir, les Chartreux s’empressèrent de prier pour lui ; cependant, ils savaient tous que la vie de ce prélat avait été exemplaire, qu’il s’était toujours fait le défenseur de la justice, le propagateur zélé de l’Evangile, l’annonçant autant par ses œuvres que par ses paroles.

Nul n’ignorait qu’il avait fait des dons considérables aux monastères, qu’il en avait fondé et doté plusieurs, en particulier celui de Ruremonde où il avait voulu être enterré afin de jouir encore en quelque sorte de la compagnie des Chartreux après sa mort.

Ces saints religieux firent preuve d’une grande sagesse en ne laissant pas de prier pour le défunt, malgré tous les glorieux témoignages qu’il avait donné de son mérite et de ses vertus. Jean de Louvain, en effet, ne fut pas exempt du purgatoire. Peut-être, faut-il chercher la cause de cette expiation dans les immenses bénéfices ecclésiastiques qu’il avait possédés, et aux obligations desquelles il n’avait pas sans doute toujours parfaitement satisfait.

Ce qui est certain, c’est qu’il manifesta par deux fois bien distinctes qu’il avait besoin de suffrages.

La première fois ce fut pendant l’office des funérailles ; on vit une nuée épaisse, enflammée, d’une odeur sulfureuse, environner tout-à-coup le catafalque. Denis, à cette vue, resta altéré, il ne savait si c’était le feu de l’enfer ou celui du purgatoire.

Le démon augmentait encore son anxiété, car il eût voulu lui persuader que cette âme était damnée afin qu’on ne priât point pour elle. Mais Denis persévéra toute l’année dans sa prière. Au jour de l’anniversaire, voilà qu’au même point de l’office de Requiem, la nuée de feu apparut, mais petite, plus claire et d’une odeur moins fétide ; le religieux en conclut que l’âme du défunt était dans un état meilleur, et il continua ses suffrages.

Au deuxième anniversaire, une lumière radieuse parut sur la pierre de son tombeau et toute l’église en resplendit. Le ciel annonçait par ce signe que l’âme du prélat était entrée dans la suprême béatitude.

(V Acta sanctorum des Bollandistes, 2 mars, Vie de Denys-le-Chartreux.)




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Message par Lumen Dim 12 Juin 2022 - 13:40

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XLIX MERVEILLE


Orgueil et mondanité expiés dans le purgatoire par d’horribles tortures.

Erit pro suavi odore faetor, et pro sona funiculus et pro crispante crine calvituum et pro fascia pectorali cilicium : Leur parfum sera changé en puanteur, leur ceinture d’or en une corde, leurs cheveux frisés en une tête chauve et leur riche corsage en un cilice. (Isaïe, III, 24.)

Parmi les nombreuses révélations dont le Sauveur et la Vierge Marie favorisèrent sainte Brigitte, il en est de terribles concernant l’enfer et le purgatoire. En voici une propre à nous inspirer le dégoût des vanités et des plaisirs du monde.

Une jeune femme éprise de toutes les illusions de la vie et adonnée aux folles joies du siècle, fut surprise par la mort peu de temps après son mariage.

Sainte Brigitte la vit comparaître devant le Souverain Juge dont le trône était environné d’une multitude d’esprits célestes. Un chevalier armé et bardé de fer, dont l’extérieur annonçait la douceur, la modestie et la sagesse, se tenait à la droite de la défunte ; mais on voyait à sa gauche, un personnage noir comme un Ethiopien, d’une figure effrayante. Cet Ethiopien était le démon lui-même, et ce noble chevalier était l’ange gardien de la défunte.

Ecoutons la sainte, elle-même, faire le récit de ce jugement.

Cette âme était dans une grande affliction ; cependant elle semblait ignorer le sort qui lui était réservé. Le livre de la Justice divine était ouvert devant elle, et il en sortait comme une voix qui répondait à tout ce qu’elle disait.

L’ange commença à parler ainsi devant le juge : « Il n’est pas juste de reprocher à une âme et de lui imputer comme un opprobre les péchés qu’elle a confessés. » Je compris qu’il parlait ainsi pour me faire comprendre l’état de cette âme.

Une voix se fit entendre du livre de justice, et répondit à l’ange en ces termes : « Cette âme a confessé ses péchés, mais elle n’a pas eu, en les confessant, une contrition proportionnée aux grands péchés qu’elle a commis, et elle n’a pas non plus satisfait dignement à la Justice divine pour tant d’offenses. C’est pourquoi elle doit en gémir maintenant, puisqu’elle ne l’a pas fait quand elle le pouvait. »

L’âme commença alors à se lamenter avec une telle violence qu’il semblait qu’on l’eût entièrement brisée. Je n’entendis pas de cris, mais je vis ses larmes couler abondamment.

Le Juge lui dit : « Votre conscience doit déclarer maintenant les péchés pour lesquels vous n’avez pas satisfait dignement à la Justice divine. »

L’âme s’écria aussitôt d’une voix si élevée qu’il me semblait qu’on aurait pu l’entendre par toute la terre : « Malheur à moi ! Parce que je n’ai pas observé les commandements du Seigneur dont on m’a instruite, et que j’ai bien connus ! Je n’ai pas craint les jugements de Dieu. »

La Justice divine lui répondit : « C’est pourquoi vous devez maintenant craindre le démon. »

Alors je la vis trembler et frissonner comme si toutes les parties de son corps allaient se dissoudre, et elle dit : « Je n’ai presque pas eu d’amour pour Dieu, aussi n’ai-je fait que peu de bonnes œuvres. »

La Justice divine : « C’est pourquoi il est juste que vous soyez maintenant éloignée de Dieu et proche de Satan, puisqu’il vous a attirée et entraînée vers lui.

L’âme : « A présent, je comprends que j’ai en effet toujours agi d’après les suggestions du démon. »

La Justice divine : « Il est donc juste que le démon use maintenant du droit qu’il s’est acquis de vous châtier et de vous tourmenter selon vos mérites. »

L’âme : « Il n’y a aucune partie de mon corps, depuis la tête jusqu’aux pieds, que je n’aie ornée et embellie par orgueil. Je me suis fait toujours une loi de suivre exactement les modes, et j’en ai même inventé de nouvelles, en mettant en vogue de certains ajustements propres à contenter la vanité et la superbe. Je me lavais la figure et les mains, non seulement pour les nettoyer, mais encore afin que les hommes en admirassent la beauté. »

La Justice divine : « Puisque, en ornant ainsi votre corps, vous avez suivi les suggestions du démon, il est juste qu’il vous récompense à sa manière de votre fidélité à lui obéir. »

L’âme : « Pour me rendre agréable en société, j’étais dans l’habitude de plaisanter les autres. Je désirais au fond de mon cœur, des plaisirs que la pudeur et le respect humain ne me permettaient pas d’avouer. »

La Justice divine : « C’est pourquoi votre langue et vos dents doivent être cruellement tourmentées. Vous serez contrainte d’endurer des choses dont vous aurez horreur, et rien de ce que vous pourrez désirer ne vous sera donné. »

L’âme : « J’éprouvais une grande joie à voir un grand nombre de personnes suivre mon exemple et imiter ma conduite. »

La Justice divine : « Il est donc juste que celui qui commet les péchés dont vous lui avez donné l’exemple, soit puni comme vous allez l’être ; et quiconque aura partagé vos désordres, vous sera présenté après sa mort pour augmenter votre supplices. »

Alors je vis comme une sorte de lien qui couronnait la tête de cette personne, et la serra avec tant de violence que le front et le derrière de la tête semblaient être réunis ensemble. Ses yeux sortaient de leurs orbites et pendaient le long des joues. Ses cheveux paraissaient avoir été consumés par le feu. Sa cervelle, fortement comprimée, coulait par les narines et par les oreilles ; sa langue sortait presque entière de sa bouche ; ses bras, dont les os étaient brisés, étaient comme tordus en forme de cordes.

Je vis ses mains écorchées attachées à son cou ; la poitrine et le ventre tellement pressés contre le dos que toutes les côtes se brisèrent, que le cœur et toutes les entrailles crevèrent ; tous les os des parties inférieures étaient comme brisés en mille morceaux.

Ensuite le démon dit au Juge : « Maintenant que cette âme est châtiée comme elle l’a mérité, pour les péchés qu’elle a commis, ordonnez que nous soyons désormais étroitement unis ensemble, et que nous ne puissions jamais être séparés. »

Mais l’ange s’y opposa, et parla ainsi au Juge : « O vous, à qui rien n’est caché, et qui savez tout ce qui s’est passé dans cette âme, daignez m’écouter. » Voici ce qu’elle se disait au dernier instant de sa vie : « Oh ! S’il plaisait à Dieu de me laisser vivre encore quelque temps, je ferais bien volontiers pénitence de mes péchés ; je voudrais le servir fidèlement tout le reste de ma vie, et ne plus l’offenser davantage, car j’ai un grand regret d’avoir été si ingrate envers lui. »

Telle fut, vous le savez, Seigneur, sa dernière volonté. Considérez aussi, ô souverain Juge, que cette personne n’a pas vécu assez longtemps pour avoir une parfaite connaissance de toute l’étendue de ses devoirs ; car elle était bien jeune lorsqu’elle quitta le monde ; et faites-lui miséricorde.

Il fut répondu du livre de la Justice : « Quiconque a une telle volonté au dernier moment de sa vie, ne peut être condamné à subir les peines de l’enfer. »

Alors le Juge prononça cette dernière sentence : « Cette âme obtiendra le ciel, en vertu des mérites de ma passion, après qu’elle aura expié ses péchés autant de temps que ma justice l’exige, à moins qu’il ne soit abrégé par les bonnes œuvres de ses amis. »

Qui ne sera saisi de crainte à la lecture de ce jugement ? Ah ! Si la folle jeunesse réfléchissait à ses fins dernières, elle ne sacrifierait pas à la vanité et aux plaisirs dangereux les quelques instants d’une vie dont il lui faudra rendre un compte si terrible.

(Tirés des révélations de Sainte Brigitte.)




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Message par Lumen Lun 13 Juin 2022 - 15:48

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L MERVEILLE


Dévouement admirable envers les âmes du purgatoire.

Ut liberentur dilecti tui, exaudi me : Afin que vos bien-aimés soient délivrés, exaucez-moi. (Ps. LIX, 7.)

Nous avons vu par de nombreux exemples que Dieu dans sa miséricorde infinie, choisit des âmes généreuses pour être des libératrices des défunts qui gémissent dans le purgatoire.

Parmi ces âmes élues, le 17ème siècle nous offre deux admirables héroïnes : l’une fut une religieuse de la Visitation, nommée Marie-Denise de Martignat, et l’autre fut connue dans le monde sous le nom de mère Antée.

Mademoiselle de Martignat, d’une antique et noble famille de la Bresse, réunissait aux qualités du coeur, tous les charmes de l’esprit et de la beauté. Aussi avait-elle été recherchée en mariage dès sa plus tendre jeunesse, et avant l’âge de 16 ans, elle avait été fiancée à un jeune gentilhomme digne de sa main.

Le jour des noces de Marie-Denise était fixé, lorsqu’une lettre de son frère, qui était religieux, lui révélé la sublimité de l’état des vierges. Dès lors, elle résolut de rompre avec le monde et fit vœu de chasteté ; son fiancé, touché de ses discours et plus encore de son exemple, prit l’habit de Récollet et devint un fervent religieux.

Mademoiselle de Martignat eût bien voulu, elle aussi, dire adieu au siècle, et s’enfermer dans le cloître, mais l’heure n’était pas venue ; les circonstances allaient l’engager de plus en plus dans le monde. Devenue fille d’honneur de la reine Marie de Médicis, elle parut à la cour avec éclat, mais sans rien sacrifier à la vanité et sans rien retrancher à la ferveur.

Du haut des sommités sociales, mademoiselle de Martignat vit se dérouler devant elle le tableau de la vicissitude des grandeurs humaines ; elle vit les fins tragiques du maréchal et de la maréchale d’Ancre, et faisait partie de la suite d’Henri IV dans le moment même où il fut assassiné.

Plus que jamais dégoûtée du monde, elle songeait à tout quitter, lorsqu’un nouveau flot de la fortune la jeta à la cour de Savoie dans de nouvelles fêtes et de nouvelles faveurs. Elle y parut telle qu’on l’avait vue à la cour de France, brillante, pleine d’esprit, toujours sainte et pratiquant d’étonnantes austérités.

Enfin arriva le moment, où Marie-Denise fut libre de suivre l’attrait qui l’appelait au cloître. Le coeur plein de joie, elle vint à Annecy demander l’habit religieux à sainte Chantal.

Lorsqu’elle était encore dans le monde, mademoiselle de Martignat avait connu à Turin une mendiante, nommée la mère Antée, nom supposé sous lequel se cachait un des plus beaux noms de la noblesse ; car cette femme admirable appartenant à une antique famille de Turin, avait distribué tous ses biens aux pauvres, et s’était faite mendiante pour Jésus-Christ.

Or, cette mère Antée avait une dévotion extraordinaire aux âmes du purgatoire. Elle ne pensait qu’à elles ; elle mendiait pour leur faire dire des messes. Avec les aumônes qu’on lui donnait, elle bâtissait et dotait des chapelles, afin qu’on priât jour et nuit pour ces pauvres âmes souffrantes.

En quêtant à la cour, elle vit mademoiselle de Martignat. La jeune fille et la vieille mendiante se comprirent et nouèrent ensemble une sainte et profonde amitié qui ne cessa plus. La mère Antée demanda à Dieu que Marie-Denise lui succédât dans ses saintes fonctions ; grâce à ses prières, mademoiselle de Martignat avait reçu tandis qu’elle était en oraison devant le Saint Suaire de Turin, une puissante et mystérieuse grâce, en vertu de laquelle elle fut douée d’un pouvoir presque illimité sur les âmes du purgatoire.

La première de ces âmes qu’elle vit monter au ciel, fut celle de sa pieuse amie. La défunte lui apparut avec un visage joyeux : « Marie, lui dit-elle, il y a cinq heures que je suis sortie de cette vie ; j’ai dû souffrir en purgatoire durant ces cinq heures pour avoir omis quelques bonnes œuvres inspirées de Dieu, et pour n’avoir pas réprimé assez tôt quelques manquements d’impatience.

Sachez, ajouta l’âme, que je devais y rester cinq jours entiers ; mais ces cinq jours ont été changés en cinq heures, en considération des cinq plaies de Jésus crucifié que vous avez saluées pour moi en récitant cinq Pater et cinq Ave les bras en croix.

Grâces infinies soient rendues à votre charité ! Maintenant je suis délivrée de toute peine ; je m’envole au ciel où la Miséricorde divine m’a déjà assigné une demeure splendide près de sainte Monique, à qui je fus particulièrement dévote pendant ma vie, et à l’intercession de laquelle je dois la grâce de ma conversion. »

Merveilleusement encouragée par cette apparition, Marie-Denise se dévoua avec une ferveur nouvelle au soulagement et à la délivrance des pauvres âmes.

Au cloître, cette dévotion augmenta encore. Ce n’était pas assez de prier pour les morts ; elle commença à s’offrir à Dieu pour être immolée à leur place, afin de diminuer leurs peines par voie de solidarité. Une fois, en particulier, pressée des vives douleurs de sa sciatique, elle se traita si durement, que la grandeur du mal fit sortir l’os de la hanche droite avec un craquement si fort que les sœurs qui priaient à côté d’elle l’entendirent.

Quand elle voulut marcher, elle trouva sa jambe raccourcie d’un grand demi-pied, et se fut pour la vie. « Mes pauvres âmes du purgatoire, dit-elle alors, ont besoin d’œuvres pénales ; je n’avais rien à souffrir, le bon Dieu m’a envoyé ceci. »

Souvent elle passait des mois entiers dans d’horribles douleurs. Après quoi elle se sentait tout-à-coup inondée de joie. Elle voyait des âmes lui apparaître, brillantes de gloire, et la remercier de les voir délivrées par ses souffrances.

Nous avons déjà raconté comment le gentilhomme qui l’avait demandé en mariage, avait renoncé au monde et embrassé la règle des Récollets. Après plusieurs années d’une vie toute de vertus et de grâces célestes, il s’endormit dans le Seigneur. Mais on peut citer à ce sujet, cette parole du livre de Job : « Dieu découvre des taches dans ses anges. » (XV, 15.)

Un matin, pendant que la sœur de Martignat accomplissait ses louables pratiques de piété, une ombre en forme de croix, s’offrit à ses regards et lui dit d’une voix distincte qu’elle reconnut subitement : « Ma sœur fidèle, assistez-moi, je suis en purgatoire. Cela dit, l’ombre disparut. La bonne sœur demanda aussitôt la permission de prier et d’offrir à Dieu des mortifications en faveur du défunt.

Trois mois après, en plein jour, pendant qu’elle était en oraison dans sa cellule, elle entendit de nouveau la même voix qui lui adressa ces seules paroles : « O Dieu ! Ma sœur, combien je vous rends grâces ! » Au même instant, un parfum suave et céleste se répandit dans la cellule, mais Marie-Denise ne vit rien.

Les âmes l’accompagnaient en tout lieu ; elle avoua à la supérieure que loin d’en être effrayée, elle se trouvait aussi à l’aise au milieu d’elles qu’au milieu de ses sœurs, et qu’elle retirait plus de fruits de ses conversations avec les morts que de celles qu’elle entretenait avec les vivants.

Sa supérieure lui témoigna, un jour, le désir de recevoir, elle-même, la visite d’une âme du purgatoire, si une telle apparition pouvait contribuer, à la rendre plus humble et plus agréable à Dieu. Marie-Denise répliqua : « En vérité, ma bonne mère, si tels sont votre courage et votre désir, prions Dieu, Notre Seigneur, afin qu’il vous exauce. »

La supérieure y ayant consenti, fut étonnée de recevoir le soir même un signe mystérieux de la part d’une âme souffrante, qui, dès ce moment, commença à lui faire de fréquentes visites. Plusieurs religieuses qui couchaient dans la chambre de la supérieure, furent témoins de ces apparitions, qui continuèrent à se produire pendant sept mois entiers.

La supérieure était étonnée qu’une âme pour laquelle on avait offert à Dieu beaucoup de suffrages, fut détenue si longtemps en purgatoire.

Marie-Denise lui dit que la plupart des âmes sont retenues en purgatoire pour quatre raisons : la première est l’inconcevable pureté dont une âme doit être ornée avant de paraître devant Celui qui est la sainteté et la pureté par essence, et qui ne reçoit personne dans sa glorieuse Jérusalem, si l’on n’est pur comme la cité elle-même.

En deuxième lieu, à cause de la multitude des fautes vénielles qui nous commettons en cette vie, et du peu de pénitence que nous faisons pour les péchés mortels dont nous nous sommes accusés en confession.

En troisième lieu, à cause de l’impuissance où se trouvent ces âmes de s’aider elles-mêmes, et enfin à cause du peu de soin que la plupart des chrétiens mettent à prier et à mériter pour elles ; car les morts semblent s’évanouir dans la mémoire des vivants aussi vite qu’ils disparaissent à leurs yeux, tandis que la véritable charité accompagne ceux qu’elle aime, à travers les flammes du purgatoire jusqu’au ciel.


A suivre...




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Message par Lumen Mar 14 Juin 2022 - 15:24

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L MERVEILLE - Suite


Mais la cause des prières les plus ardentes, des larmes continuelles, des plus sanglantes expiations de la Mère de Martignat, ce fut la mort du duc de Nemours, Charles-Amédée, qu’elle avait connu à la cour de Savoie.

Il s’était battu en duel avec son beau-frère, le duc de Beaufort, et il avait été tué raide. Mais au moment où l’épée le toucha, dans cet éclair, il eut le temps d’élever son âme à Dieu et d’obtenir son pardon. La Mère de Martignat en eut la révélation, et courut le dire à la supérieure en lui demandant la permission de s’offrir en sacrifice pour cette pauvre âme.

« Oui, ma mère, j’ai vu cette âme en purgatoire, mais si bas, si profond et pour si longtemps que je suis restée éperdue. Hélas ! Qui l’en tirera ? Peut-être pas avant le grand jour du jugement. » Et comme la supérieure hésitait à croire au salut de cette âme : « Ah ! Disait la sœur de Martignat, un million d’âmes se seraient perdues dans une telle occasion.

Il n’a eu qu’un moment pour coopérer à la lumière de Dieu, et il l’a fait. Il n’avait pas perdu la foi, il était comme une mèche prête à prendre feu. L’étincelle divine l’a touché. Jamais peut-être depuis que le démon est démon, il n’a été plus trompé dans son attente, quand il a vu cette proie lui échapper. »

Avec la permission de la supérieure, cette vénérable sœur s’offrit donc à Dieu pour souffrir et diminuer par là les douleurs du prince, et il fut bientôt évident à tous que Dieu avait accepté cette offrande. Des douleurs plus grandes que toutes celles qu’elle avait connues, jusque là, tombèrent sur elle ; sa gaieté ordinaire disparut ; on ne lui vit plus qu’un visage défait, des yeux toujours inondés de larmes, une âme agitée de perpétuelles frayeurs.

Quelquefois elle s’échappait de sa cellule, tout éperdue, se recommandant aux prières des sœurs. Le plus souvent on la voyait immobile, les deux mains jointes, appuyée sur le bâton que les douleurs de sa sciatique l’avaient contrainte de prendre : « Chères sœurs, disait-elle, priez le bon Dieu pour mon pauvre prince. »

Sa santé acheva de se perdre. Il lui prit des oppressions de poitrine si violentes, qu’elle était à chaque instant sur le point d’étouffer. Ses poumons étaient en feu, et pendant ce temps ses jambes enflées et froides ne la pouvaient plus porter.

La supérieure pleurant un jour en la voyant dans cet état : « Ne vous tourmentez pas, ma chère mère, lui dit-elle, il me fallait ces jambes de marbre pour courir après mon pauvre prince dans les flammes du purgatoire. »

Après un long martyre de cette sorte, il plut à Dieu de lui faire voir dans une vision l’âme du prince légèrement élevée au-dessus du fond de cet abîme de feu ; elle reçut en même temps l’assurance qu’il serait délivré un peu avant le jour du jugement.

Elle continua sa vie de pénitence et de prières ; à quelque moment qu’on descendit à la chapelle, on y trouvait la sœur de Martignat, à genoux ou debout, appuyée sur son bâton, priant, non seulement, pour son pauvre prince, mais pour toutes les âmes du purgatoire, ainsi que pour ceux, or le nombre en était grand, qui se recommandaient à elle. Elle y épuisa son coeur, elle y usa sa vie. Son dernier soupir fut encore une prière.

(Tirée de la traduction française de Tout Pour Jésus du Père Faber et de la vie de sainte Chantal par l’Abbé Bougaud.)




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Message par Lumen Mer 15 Juin 2022 - 15:38

Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire - Page 4 F7e40f44a4aaac918b420ec201f7a3ee

CONCLUSION


Plaise à Dieu que les exemples que nous venons de rapporter, excitent dans tous les coeurs une tendre compassion envers les âmes du purgatoire. Nous espérons que des motifs si puissants porteront tout coeur chrétien à embrasser avec ardeur cette dévotion. Si le plus haut degré de la perfection chrétienne consiste dans l’amour de Dieu et du prochain, et si ces deux amours sont comme les pôles sur lesquels tourne le ciel de la vertu parfaite, on comprend facilement de quelle valeur sont les suffrages que nous offrons en faveur des défunts.

En premier lieu, c’est le plus grand acte d’amour envers Dieu : en soulageant ces âmes souffrantes, nous imitons la divinité dans son attribut le plus admirable : la miséricorde. Le Sauveur a dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. » (Luc, VI, 36.)

Saint Grégoire, au sujet de ce texte, a dit : « Soyez la Providence de celui qui souffre, imitez Dieu dans sa miséricorde. » Et envers qui pourrons-nous mieux exercer cette miséricorde qu’envers des âmes qui ne peuvent rien pour elles-mêmes et qui sont cependant les filles bien-aimées de Dieu, les épouses de Jésus-Christ et les cohéritières de son royaume ?

L’angélique saint Thomas prouve par des raisons claires et évidentes que les œuvres de miséricorde spirituelles sont de beaucoup plus excellentes que les œuvres de miséricorde corporelles.

Donc, si donner à manger à ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus, visiter les prisonniers, sont des actes si agréables à Dieu, combien plus estimera-t-il la charité qui soulage les âmes dans leurs souffrances, qui éteint la soif ardente qu’elles ont de voir Dieu, et qui, leur ouvrant la porte de leur prison ténébreuse, les conduit au séjour de l’éternelle liberté.

En second lieu, c’est un grand acte de charité envers le prochain. Le beau titre d’ami de ses frères, donné d’abord à Jérémie et ensuite à saint Pierre Nolasque qui consacra ses richesses à la délivrance des chrétiens captifs, peut être appliqué à tout fidèle qui par ses prières, ses aumônes et ses bonnes œuvres, délivrera ces âmes saintes d’un esclavage bien plus douloureux.

Sans doute, c’est une grande charité que de soulager dans leurs peines les personnes qui nous entourent, mais, secourir les défunts me paraît un acte plus grand et mieux ordonné. L’épouse des sacrés cantiques dit que son céleste Epoux demandait que sa charité fut ordonnée : Il a ordonné en moi la charité. (cant. 24.)

Et comme l’explique le Maître de la Théologie, notre charité doit procéder avec ordre, c’est-à-dire que nous devons examiner où se trouve la plus grande obligation, la plus pressante nécessité et le plus grand mérite des personnes qui réclament nos secours.

Or, quelle plus grande obligation que de pourvoir aux nécessités de ces âmes enchaînées dans une prison de feu ? Qui les surpasse en mérite, elles que le Très-Haut a confirmées en grâces, et qui bientôt jouiront dans le ciel de la gloire des bienheureux ? Quel acte plus généreux que d’employer nos oraisons, nos prières et toutes nos bonnes œuvres, à leur obtenir le seul bien véritable, la possession de Dieu ?

Enfin, en ne considérant que notre propre intérêt, nous verrons qu’il n’y a peut-être pas d’œuvre plus efficace pour attirer sur nous les grâces du ciel. Dieu, toujours libéral dans ses récompenses, n’accordera pas seulement aux miséricordieux envers les morts, des grâces spirituelles, mais encore il les soulagera dans leurs peines, les guérira de leurs maladies et les protégera dans les dangers, ainsi que nous le montrent clairement les exemples renfermés dans ce volume.

Qu’on se souvienne du vaillant et pieux Judas Macchabée que Dieu combla des grâces les plus signalées, en récompense des 12000 drachmes d’argent qu’il avait envoyées à Jérusalem afin qu’on offrît des sacrifices pour les âmes des soldats restés sur le champ de bataille.


Peu après cet acte de miséricorde, le Seigneur lui envoya une épée, l’assurant que cette arme le rendrait victorieux des ennemis du peuple de Dieu. Et pour qu’il ne doutât point que ce fut le prix de sa charité envers les défunts, Dieu la lui fit représenter par deux morts : le grand prêtre Onias et le prophète Jérémie.

Ce dernier lui dit : Acceptez cette épée sainte, comme un présent que Dieu vous fait, et avec lequel vous renverserez les ennemis de mon peuple d’Israël. (II March. XV, 16.)

Judas éprouva bientôt la vérité de ces paroles, car l’ennemi l’ayant attaqué, il tua 35000 des leurs avec une poignée de fidèles soldats. En imitant ce religieux capitaine, nous serons, comme lui, favorisés de grâces spéciales qui nous donneront une pleine victoire sur nos ennemis intérieurs et extérieurs.

Pour terminer, citons les pieuses paroles de saint Bernard : « Levez-vous donc au secours des âmes, appelez par vos gémissements, implorez par vos soupirs, intercédez par vos oraisons, satisfaites par le redoutable sacrifice des autels. »

Consacrez donc vos prières, vos jeûnes, vos aumônes, la sainte Messe entendue avec dévotion, à soulager ces âmes bénies ; vous vous ferez ainsi des amis et à leur tour elles vous assisteront dans vos travaux, vous encourageront au moment de la mort, seront à vos côtés pour le redoutable passage de l’éternité, et vous conduiront en triomphe au séjour de la gloire.

Douteriez-vous de leur reconnaissance, de leur fidélité, de leur pouvoir ? Secourez-les, et vous verrez que l’Ecclésiastique a raison de vous assurer : Faites donc du bien au juste, et vous en recevrez une grande récompense. (Eccli. 12, 2.)




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Message par Lumen Ven 17 Juin 2022 - 11:19

Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire - Page 4 2cb464fae60c5633913cf410149db7d0

ACTE DE CHARITÉ EN FAVEUR DES ÂMES DU PURGATOIRE


On recommande à la piété des fidèles l’Acte de charité par lequel on fait à Dieu l’offrande volontaire de ses œuvres satisfactoires, et de tous les suffrages dont on pourrait recevoir l’application après la mort ; œuvres et suffrages qu’on remet entre les mains de la sainte Vierge, en faveur des âmes du purgatoire qu’elle tient à assister de préférence.

Cet acte de donation, autorisé et enrichi d’indulgences par plusieurs Souverains Pontifes, a été confirmé par un décret de N. S. P. le Pape Pie IX, émané le 3 septembre 1852, dans lequel il renouvelle les indulgences accordées par ses prédécesseurs, en déclarant ce qui suit :

Les prêtres qui auront fait cette offrande ou donation, pourront jouir de l’autel privilégié tous les jours de l’année, pourvu qu’on dise la messe en noir, et que les jours où il y aura obligation de la dire d’une fête, elle soit appliquée à une âme du purgatoire.

Les simples fidèles pourront gagner l’indulgence plénière, applicable seulement aux âmes du purgatoire, toutes les fois qu’ils feront la sainte communion, et tous les lundis de l’année, en entendant la messe pour le soulagement de ces mêmes âmes, pourvu que dans l’un et l’autre cas, ils visitent une église ou un oratoire public, et qu’ils y prient selon l’intention de Sa Sainteté.

Il leur est permis d’appliquer aux défunts toutes les indulgences accordées ou devant l’être, qu’ils pourront gagner.

De plus, Sa Sainteté Pie IX a daigné déclarer, dans un décret de la Sacrée-Congrégation des indulgences du 20 novembre 1854 : 1° que les infirmes, les vieillards, gens de campagne, voyageurs, prisonniers et autres personnes qui ne peuvent pas entendre la sainte messe le lundi, jouiront de l’indulgence qui y est attachée, en offrant à cette fin celle du dimanche ; 2° que les évêques peuvent autoriser les confesseurs à commuer la communion en quelque autre œuvre de piété, en faveur des enfants qui n’ont pas encore été admis à la table sainte, et des autres fidèles qui seraient empêchés de communier.

EXPLICATION DE L’ACTE DE CHARITÉ EN FAVEUR DES ÂMES DU PURGATOIRE, QUI NOUS PRESSENT DE LE FAIRE AU PLUS TÔT.

Certaines personnes pieuses hésiteront peut-être à faire cet Acte de charité, craignant de se porter préjudice à elles-mêmes, comme si elles se dépouillaient de leurs propres mérites ; ou même de ne pouvoir rien faire spécialement pour telles et telles âmes qui leur sont plus chères.

Qu’elles se rassurent. On distingue, dans les actes sanctifiés par la grâce, quatre sortes de fruits : le méritoire, le propitiatoire, l’impétratoire et le satisfactoire. Les trois premiers nous demeurent ; car nos mérites doivent être pour nous le prix du ciel autant qu’il dépend de nous de l’acquérir, et personne ne saurait les aliéner.

Il en est de même du propitiatoire et de l’impétratoire, c’est-à-dire, que nous pouvons les faire servir à nos propres besoins, comme à ceux des âmes pour qui nous nous intéressons plus particulièrement. Reste le fruit satisfactoire par lequel l’on satisfait à la justice divine pour les dettes qu’on a pu contracter envers elle.

Or, ce fruit satisfactoire est le seul dont il s’agit de se dépouiller par l’Acte de charité en faveur des âmes du purgatoire.

Soyons, on ne dira pas assez généreux, mais assez intéressés pour le faire au plus tôt, considérant qu’on n’aura rien à perdre, mais beaucoup à gagner, tout en soulageant à tous les instants de la vie les pauvres âmes retenues dans les flammes expiatoires.

Et ne craignant pas qu’il en soit autrement, car nous avons affaire à un Dieu non seulement bon et miséricordieux, mais encore, infiniment juste ; et, à ces titres, il ne peut permettre que nous soyons un jour victimes de notre charité.

Oui, nous devons avoir cette confiance, qu’en faisant cette donation, nous abrégerons pour nous le temps que nous pourrions avoir à passer en purgatoire, et cette confiance est fondée :

1° sur la promesse de Jésus-Christ lui-même qui nous assure que nous serons traités comme nous aurons traité le prochain de sorte que nous pouvons et devons même croire, qu’après notre mort, bien des suffrages que nous devons estimer plus que ce que nous pourrions avoir de satisfactoire de nous-mêmes, si nous l’avions gardé pour nous, nous seront appliqués à notre tour ;

2° sur le secours de Marie qui ne saurait être insensible à nos besoins, alors que nous lui aurons abandonné par charité les moyens d’y pourvoir ;

3° sur l’intercession des âmes du purgatoire, soulagées ou délivrées par notre secours.

« Lorsque par nos suffrages, dit sainte Brigitte, nous délivrons une âme du purgatoire, nous faisons une chose aussi agréable à Jésus-Christ son Époux, que s’il était racheté lui-même ; et quand le temps sera venu, il nous rendra entièrement le bien que nous lui aurons fait, et le fera tourner à notre profit. »

Benoît XIII, mort en odeur de sainteté, se rendant à ces paroles, fut porté, comme il l’avoue lui-même, à faire en public, du haut de la chaire, dans un des sermons qu’il prêcha sur le sujet, l’offrande de ses œuvres satisfactoires en faveur des âmes du purgatoire.

En même temps, sur la demande du Père Ohden, religieux théatin, qui fut, sinon l’auteur, du moins le zélé propagateur de cet Acte de charité, il accorda des grâces spirituelles à ceux qui feraient la même donation.

Cet Acte de charité a été pratiqué par des communautés tout entières et par un très grand nombre de personnes dont plusieurs furent illustres en dignité, en doctrine et en sainteté. Des écrivains et des théologiens insignes l’ont défendu contre toute attaque, parmi lesquels on compte les deux célèbres jésuites, les PP. Moncada et Ribadeneira, ainsi que le docteur Jacques Baron dans le tome II de l’INCENDIE UNIVERSEL, où il prouve au long, par les exemples de sainte Gertrude, de sainte Lidivine, de sainte Catherine de Sienne, de sainte Thérèse et du vénérable Ximénès, qui fit cette donation d’après le conseil de la sainte Vierge, que par cet Acte, non seulement on ne perd rien, mais qu’on a, au contraire, beaucoup à gagner.

Sainte Brigitte, citée par Benoît XIII dans son sermon, témoigne qu’elle entendit cette exclamation sortir des cavernes embrasées du purgatoire : « Qu’il soit récompensé et payé, quiconque nous rafraîchit dans nos peines ! »

La même sainte rapporte qu’elle entendit un ange qui disait : « Béni soit dans le monde quiconque vient au secours des âmes pénitentes, par ses prières, ses bonnes œuvres et ses peines corporelles. »

Saint Ambroise dit que tout ce que nous avons donné par charité aux âmes des trépassés, se change en grâces pour nous, et qu’après notre mort, nous en recueillerons le fruit au centuple. Le P. Baron, cité plus haut, rapporte que sainte Gertrude ayant fait la donation de ses œuvres satisfactoires à ces saintes âmes, le démon lui apparut à ses derniers moments, et lui dit en se moquant d’elle : « Que tu as été orgueilleuse et cruelle envers toi-même ! Quel plus grand orgueil, en effet, que celui de vouloir payer les dettes des autres, au lieu d’éteindre les siennes propres ! Maintenant, nous allons voir le jour de ta mort… ; tu paieras ta superbe en brûlant dans le feu du purgatoire, et je rirai de ta sottise, pendant que tu la pleureras toi-même. »

Alors Jésus son divin Epoux, se rendant visible à ses yeux, la consola ainsi : « Pour te faire comprendre combien m’a été agréable la charité dont tu as usé envers les âmes du purgatoire, dès ce moment je te fais grâce de tout ce que tu aurais à endurer dans ce lieu d’expiation, et de plus j’augmenterai libéralement ta gloire pour reconnaître ton dévouement en leur faveur. »

C’est ainsi que Dieu récompense les fidèles qui consacrent leurs œuvres à la délivrance de ces âmes souffrantes. Aussi le démon, leur implacable ennemi et le nôtre, fait-il tous ses efforts pour nous détourner de cet Acte de charité.


FORMULE DE L’ACTE D’OFFRANDE

Vierge sainte, notre bonne et tendre mère, et qui l’êtes aussi des pauvres âmes du purgatoire, me proposant de coopérer, autant qu’il peut dépendre de moi, à leur soulagement et à leur délivrance, je vous fais l’offrande de toutes les œuvres satisfactoires de ma vie, pour en disposer vous-même en faveur de celles auxquelles il vous plaira de les appliquer. J’ai la confiance, ô Marie, que vous daignerez les agréer dans votre bonté, et que cette donation sera pour moi un nouveau moyen de salut et de sanctification. Ainsi soit-il.


Vu et approuvé :

à Bordeaux, le 27 avril 1869.
Ferdinand cardinal Donnet,
Archevêque de Bordeaux.




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Message par Lumen Sam 18 Juin 2022 - 12:44

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ACTE HEROIQUE DE CHARITE ENVERS LES ÂMES DU PURGATOIRE


Cet acte consiste en une offrande, toute volontaire, que font les fidèles, pour les appliquer aux âmes du purgatoire, de toutes leurs œuvres satisfactoires et même de tous les suffrages qu’on pourra faire pour eux-mêmes après leur mort. Ils les déposent entre les mains de la très sainte Vierge, afin qu’elle les distribue à celles de ces saintes âmes qu’elle veut délivrer des flammes expiatrices.

Par cette offrande ils ne cèdent à ces âmes que le fruit spécial et personnel de ces dites œuvres, et nullement leurs propres mérites.

Cette donation ne saurait effrayer qui que ce soit, elle devrait plutôt avoir un puissant attrait pour chacun des fidèles à cause des grâces abondantes et des singuliers privilèges dont sont enrichis ceux que la charité porte à se dévouer de la sorte, et qui seront exposés plus loin.

Les prêtres ne sont point empêchés par cet acte de faire l’application de leurs messes selon les intentions des personnes qui ont donné l’honoraire, ainsi que l’a déclaré Benoît XIII par son bref du 23 août 1728.

Ce fut le P. Gaspar Oliden, Théatin, qui établit cette admirable pratique de charité. Car, quoiqu’elle n’ait pas été inconnue aux siècles précédents, puisque des personnes d’une piété et d’une doctrine insignes avaient dès lors témoigné de cette manière leur charité envers les défunts, néanmoins ce père fut le promoteur spécial et le propagateur de cette dévotion ; et sur ses instances, le pape Benoît XIII l’enrichit de nombreuses indulgences, plus tard, confirmées et augmentées par Pie VI et par Pie IX.

Cet acte héroïque de charité, auquel certaines feuilles imprimées donnent le nom de vœu, n’oblige cependant point sous peine de péché, et il est toujours révocable.

Il n’est pas nécessaire de prononcer aucune formule pour émettre cette offrande, il suffit d’un acte intérieur de la volonté qui parte du cœur, pour avoir part aux indulgences qui y sont annexées. Nous donnons néanmoins la formule qui suit, laquelle a été rédigée par le P. Oliden et se trouve mentionnée dans le décret de Pie IX en date du 30 septembre 1852.


FORMULE DE L’ACTE D’OFFRANDE

« Pour votre plus grande gloire, ô mon Dieu, un en essence et trin en personnes, et afin d’imiter de plus près le très doux Rédempteur mon Seigneur Jésus-Christ, et me déclarer un vrai serviteur de la mère de miséricorde, Marie très sainte, qui est aussi la mère des pauvres âmes du purgatoire, moi, N. N , je me propose de coopérer au rachat et au soulagement de ces âmes captives qui sont encore redevables à la divine justice des peines dues à leurs péchés ; et en la manière que je le puis licitement, sans m’obliger toutefois sous peine d’aucun péché, je vous fais de bon cœur et vous offre librement et spontanément mon vœu de vouloir délivrer du purgatoire toutes les âmes que la très sainte Vierge désire délivrer.

En conséquence, c’est entre les mains de cette tendre mère que je dépose toutes mes œuvres satisfactoires, et même celles que d’autres m’appliqueraient soit pendant ma vie, soit au moment de ma mort, ou même après que je serai entré dans l’éternité. Je vous prie, ô mon Dieu, de vouloir bien accepter et ratifier cette offrande et cette donation, comme je la renouvelle et la confirme pour votre gloire et pour le salut de mon âme.

Que si, comme j’ai lieu de le craindre, mes œuvres satisfactoires n’étaient pas suffisantes pour acquitter toutes les dettes des âmes que la très sainte Vierge désire délivrer et les miennes propres que j’ai contractées par mes péchés, que je hais et déteste d’un cœur sincère, je m’offre, Seigneur, pour payer à votre justice dans les flammes du purgatoire, si cela vous plaît ainsi, tout ce qui peut manquer à ce complet acquittement, m’abandonnant pour le reste entre les bras de votre miséricorde et dans ceux de ma très douce mère Marie.

Je prends à témoin de cette mienne offrande tous les bienheureux du paradis, et l’Église militante sur la terre et souffrante dans le purgatoire. Ainsi soit-il.
Le du mois d l’an 18 . »




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Message par Lumen Dim 19 Juin 2022 - 16:32

Les merveilles divines dans les âmes du purgatoire - Page 4 09a05bb8a9be9e546068da79abd30703

FORMULE PLUS COURTE


« Moi N. N. je cède et résigne au profit des saintes âmes du purgatoire la partie satisfactoire de toutes les bonnes œuvres que je ferai dorénavant, et je renonce en leur faveur à tous les suffrages qu’on pourra faire pour moi après ma mort, les abandonnant entre les mains de la très sainte Vierge, afin qu’elle les applique aux âmes des fidèles trépassés. »

Bien qu’il ne soit pas absolument nécessaire de prononcer de bouche aucune de ces formules et encore moins de les répéter plusieurs fois, il est cependant fort utile de les lire de temps en temps, afin de ranimer la ferveur de la charité et d’augmenter ainsi les biens spirituels pour le soulagement des âmes bénies du purgatoire, qui par là seront plus tôt mises en possession de la gloire céleste.

MOTIFS DE FAIRE CET ACTE HÉROÏQUE DE CHARITÉ

1. Ce vœu ou offrande n’est nullement opposé à la charité qui nous oblige à prier avant tout pour nos parents défunts, pour les confrères de l’ordre ou congrégation dont nous sommes membres, pour nos bienfaiteurs, etc. ; la très sainte Vierge, qui connaît nos devoirs à cet égard, saura bien faire en sorte que nos prières et nos bonnes œuvres profitent d’abord à nos parents, à nos confrères, à nos amis, et ensuite aux autres selon qu’il plaira à Dieu.

Ainsi nous pouvons, nous devons continuer de pratiquer toutes nos dévotions dans le but d’obtenir du Seigneur quelque grâce par l’intercession de la sainte Vierge et des autres saints : car ceci n’est point opposé au vœu par lequel nous appliquons aux trépassés le seul fruit satisfactoire de nos œuvres, réservant toujours pour nous le méritoire, le propitiatoire et l’impétratoire, fruits que nous ne saurions communiquer à personne.

2. Celui qui par ses suffrages désire procurer aux défunts quelque soulagement et abréger la durée de leurs souffrances, fait une chose très agréable à Dieu. « Lorsque par nos suffrages, » dit sainte Brigitte, « nous délivrons quelque âme du purgatoire, nous faisons à Jésus-Christ son époux une chose qui lui est aussi agréable et aussi précieuse que s’il était lui-même racheté ; et dans son temps il nous restituera intégralement le bien que nous lui avons fait et dont nous recueillerons alors les avantages. »

Ces paroles frappèrent tellement le pape Benoît XIII, mort en odeur de sainteté, que, comme il le confesse lui-même dans un de ses sermons, il fut sur le point de faire publiquement en chaire la donation totale de ses biens spirituels aux saintes âmes du purgatoire.

3. Cet acte si noble de charité fut pratiqué par des personnes innombrables, parmi lesquelles il s’en trouve de très illustres en dignité, en doctrine et en sainteté. On a vu des communautés entières faire ce vœu charitable. D’insignes théologiens en ont pris la défense, entre autres deux célèbres jésuites, le P. Moniada et le P. Ribadeneira, comme aussi le père maître Fr. Jacques Baron, au n° volume de son « Incendie universel », où il cite les exemples de sainte Gertrude, de sainte Lidwine, de sainte Catherine de Sienne, de sainte Thérèse et du vénérable Ximenès, qui fit cette donation par le conseil de la très sainte Vierge, et par ces exemples et beaucoup d’autres il démontre que par cet acte, loin de rien perdre, on gagne beaucoup, selon cette parole de l’Esprit-Saint : « D’autres distribuent leurs biens propres et en deviennent très riches. » (Prov. XI, 24.)

Et c’est ce que prouvent encore l’approbation du Saint-Siège et les singuliers privilèges dont il a enrichi cet acte héroïque.

4. Sainte Brigitte assure dans le livre de ses Révélations, et Benoît XIII cite son témoignage dans son 4° sermon sur le purgatoire, qu’elle entendit sortir de ces cavernes embrasées une voix qui disait : « Qu’il soit amplement récompensé celui qui nous procure du rafraîchissement dans nos peines. »

Une autre fois elle ouït pareillement une voix sonore s’écriant : « Ô seigneur Dieu, usez de votre incompréhensible puissance, et récompensez ceux qui secourent par leurs suffrages et nous élèvent jusqu’à la vision de votre Divinité. »

La même sainte atteste avoir encore entendu un ange qui disait : « Béni soit quiconque sur la terre, par ses prières, ses bonnes œuvres et ses souffrances corporelles secourt les pauvres âmes du purgatoire. »

Saint Ambroise disait que « tout ce que nous donnons par charité aux âmes des défunts se change pour nous en grâces, et qu’après la mort nous en trouverons le mérite multiplié au centuple. »

Le P. Baron rapporte, au n° volume de son Incendie, (I, ?, c. 28,) que sainte Gertrude ayant fait cette donation aux âmes du purgatoire, le démon lui apparut au moment de la mort et l’en raillait, lui disant : « Combien tu es orgueilleuse ! Et comme tu as été cruelle envers toi-même ! Où peut-on, en effet, trouver un plus grand orgueil que de vouloir payer les dettes des autres sans acquitter les siennes propres ? Maintenant, maintenant, nous allons voir ce qui t’arrivera quand tu vas mourir. Tu paieras pour toi en brûlant dans les feux du purgatoire, et moi je rirai de ta sottise, tandis que tu te lamenteras pour ton orgueil. »

Alors elle vit venir vers elle son divin époux Jésus-Christ, qui la consola par ces paroles : « Pour te faire comprendre combien m’a été agréable la charité dont tu as usé envers les âmes des défunts, en ce moment je te fais la remise de toutes les peines que tu devrais subir dans le purgatoire ; et parce que je t’ai promis de te rendre cent pour un, en outre de cette remise, je veux augmenter libéralement ta gloire céleste, en te donnant une récompense particulière pour la charité que tu as exercée envers mes âmes bien-aimées du purgatoire, en renonçant en leur faveur à tes œuvres satisfactoires. »

5. En offrant ainsi nos satisfactions personnelles pour les âmes du purgatoire, nous faisons une chose très agréable à Dieu, à Marie, aux anges et aux saints qui désirent si ardemment de voir ces âmes bénies associées à leur bonheur, et nous en retirons nous-mêmes des avantages inappréciables pour la vie présente et pour la vie future.

Le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité : plus on fait pour lui, plus il répand largement ses grâces, et souvent des grâces de choix. Or, Notre Seigneur a déclaré que « tout ce qu’on fait pour le moindre des siens, il le regarde comme fait à lui-même. »

« La dévotion aux âmes du purgatoire, dit le célèbre P. W. Faber, plus que toutes les autres, nous permet de nous acquitter de nos devoirs envers Dieu, parce que c’est une dévotion toute d’amour et d’amour désintéressé.

Elle offre un caractère qui lui est propre : elle ne se borne pas à des paroles, à des sentiments, c’est une action par elle-même ; et c’est ainsi qu’elle est une dévotion substantielle. Une parole, et l’acte est accompli ; un mouvement d’amour, et une douleur est diminuée ; un sacrifice, et une âme s’envole au ciel.

C’est une œuvre cachée depuis le commencement jusqu’à la fin : nous n’en voyons pas les résultats ; de sorte qu’elle ne saurait entretenir la vanité ; ce n’est point non plus une dévotion qui attire l’attention des autres.

De plus, elle nous excite à faire une abnégation de nous-mêmes ; elle nous inspire une salutaire crainte de Dieu, en nous mettant devant les yeux toutes les rigueurs de sa justice. » Tout pour Jésus, ch. IX.

6. Ceux qui font cet acte héroïque de charité, et qui s’efforcent de vivre saintement selon leur état, ont sujet d’espérer qu’ils n’iront point en purgatoire, ou que leurs souffrances y seront légères et de courte durée. Qu’ils aient donc pleine confiance dans la miséricorde de Dieu, dans les mérites et les promesses de Jésus-Christ, dans la puissante et maternelle intercession de Marie, dans la protection et l’intervention des saints, et spécialement des âmes qu’ils auront soulagées ou délivrées, et qui sont incapables d’ingratitude.




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Message par Lumen Jeu 31 Oct 2024 - 17:30

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ACTE HEROIQUE DE CHARITE ENVERS LES ÂMES DU PURGATOIRE


Cet acte consiste en une offrande, toute volontaire, que font les fidèles, pour les appliquer aux âmes du purgatoire, de toutes leurs œuvres satisfactoires et même de tous les suffrages qu’on pourra faire pour eux-mêmes après leur mort. Ils les déposent entre les mains de la très sainte Vierge, afin qu’elle les distribue à celles de ces saintes âmes qu’elle veut délivrer des flammes expiatrices.

Par cette offrande ils ne cèdent à ces âmes que le fruit spécial et personnel de ces dites œuvres, et nullement leurs propres mérites.

Cette donation ne saurait effrayer qui que ce soit, elle devrait plutôt avoir un puissant attrait pour chacun des fidèles à cause des grâces abondantes et des singuliers privilèges dont sont enrichis ceux que la charité porte à se dévouer de la sorte, et qui seront exposés plus loin.

Les prêtres ne sont point empêchés par cet acte de faire l’application de leurs messes selon les intentions des personnes qui ont donné l’honoraire, ainsi que l’a déclaré Benoît XIII par son bref du 23 août 1728.

Ce fut le P. Gaspar Oliden, Théatin, qui établit cette admirable pratique de charité. Car, quoiqu’elle n’ait pas été inconnue aux siècles précédents, puisque des personnes d’une piété et d’une doctrine insignes avaient dès lors témoigné de cette manière leur charité envers les défunts, néanmoins ce père fut le promoteur spécial et le propagateur de cette dévotion ; et sur ses instances, le pape Benoît XIII l’enrichit de nombreuses indulgences, plus tard, confirmées et augmentées par Pie VI et par Pie IX.

Cet acte héroïque de charité, auquel certaines feuilles imprimées donnent le nom de vœu, n’oblige cependant point sous peine de péché, et il est toujours révocable.

Il n’est pas nécessaire de prononcer aucune formule pour émettre cette offrande, il suffit d’un acte intérieur de la volonté qui parte du cœur, pour avoir part aux indulgences qui y sont annexées. Nous donnons néanmoins la formule qui suit, laquelle a été rédigée par le P. Oliden et se trouve mentionnée dans le décret de Pie IX en date du 30 septembre 1852.


FORMULE DE L’ACTE D’OFFRANDE

« Pour votre plus grande gloire, ô mon Dieu, un en essence et trin en personnes, et afin d’imiter de plus près le très doux Rédempteur mon Seigneur Jésus-Christ, et me déclarer un vrai serviteur de la mère de miséricorde, Marie très sainte, qui est aussi la mère des pauvres âmes du purgatoire, moi, N. N , je me propose de coopérer au rachat et au soulagement de ces âmes captives qui sont encore redevables à la divine justice des peines dues à leurs péchés ; et en la manière que je le puis licitement, sans m’obliger toutefois sous peine d’aucun péché, je vous fais de bon cœur et vous offre librement et spontanément mon vœu de vouloir délivrer du purgatoire toutes les âmes que la très sainte Vierge désire délivrer.

En conséquence, c’est entre les mains de cette tendre mère que je dépose toutes mes œuvres satisfactoires, et même celles que d’autres m’appliqueraient soit pendant ma vie, soit au moment de ma mort, ou même après que je serai entré dans l’éternité. Je vous prie, ô mon Dieu, de vouloir bien accepter et ratifier cette offrande et cette donation, comme je la renouvelle et la confirme pour votre gloire et pour le salut de mon âme.

Que si, comme j’ai lieu de le craindre, mes œuvres satisfactoires n’étaient pas suffisantes pour acquitter toutes les dettes des âmes que la très sainte Vierge désire délivrer et les miennes propres que j’ai contractées par mes péchés, que je hais et déteste d’un cœur sincère, je m’offre, Seigneur, pour payer à votre justice dans les flammes du purgatoire, si cela vous plaît ainsi, tout ce qui peut manquer à ce complet acquittement, m’abandonnant pour le reste entre les bras de votre miséricorde et dans ceux de ma très douce mère Marie.

Je prends à témoin de cette mienne offrande tous les bienheureux du paradis, et l’Église militante sur la terre et souffrante dans le purgatoire. Ainsi soit-il.
Le du mois d l’an 18 .
»



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Celui-ci aussi est bon : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
https: // catholiquedefrance . fr/wp-content/uploads/2021/11/Ame_du_Purgatoire.pdf
Quoique différent ! Soyez bénis !

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