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Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ ou la Science du Crucifix. Père Pierre Marie Jésuite

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Message par Lumen Sam 2 Avr 2022 - 11:00

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ
ou la Science du Crucifix


R. Père Pierre Marie, de la Compagnie de Jésus

« Je me suis fait gloire parmi vous de ne savoir autre chose que Jésus-Christ
et Jésus-Christ crucifié » (Saint Paul 1. Cor. 2)


Editions Saint Jean, Librairie Chrétienne La Croix de Coujouls
19220 Auriac
2006


Reimprimatur Liège – 5 juillet 1853
(Belgique) H. Neven, Vic. Gen


Avis au lecteur


Je vous présente, mon cher lecteur, ces méditations de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme ce que vous pourrez lire ou entendre lire de plus important, lorsqu’il plaira à Dieu de vous appeler à Lui.

N’attendez pas la mort pour vous armer contre ses attaques, et pour méditer les vérités chrétiennes qui sont propres à animer votre Foi et soutenir votre courage, lorsqu’elle viendra vous surprendre et vous arracher à ce monde. Alors nos sens seront si abattus, notre esprit si tellement affaibli, qu’il nous sera difficile de réfléchir sur le passage important de cette vie mortelle à l’éternité. Cependant de ce passage dépend notre éternelle destinée ; c’est, pour ainsi dire, le dernier adieu de la vie qui met le sceau du salut ou de la réprobation à toutes nos années. Alors il n’y a guère de manquements qui ne soient d’une conséquence éternelle et infinie ; c’est alors que nous sommes attaqués avec plus de violence et de danger, et c’est alors que nous sommes plus faibles à résister.

La prudence politique exige que pendant la paix on se prépare à la guerre : ainsi la prudence chrétienne veut que pendant la vie nous fassions provision d’armes pour soutenir les combats de la mort. Comme dans ce temps d’affaiblissement nous ne seront pas capables d’en porter de pesantes, il nous en faudra que l’usage nous ait rendues familières et aisées à manier. C’est pour cela que je dispose ici des considérations faciles et pleines de consolations, propres à relever notre courage et soutenir nos espérances.

La Justice infinie de Dieu et la crainte de ses jugements doivent nous soutenir pendant notre vie contre les tentations qui mettent notre Salut en danger : nous ne devons à la mort nous occuper que de la considération de son infinie Miséricorde. Au contraire, l’ennemi de notre salut, tandis que nous vivons, nous fait abuser de la Miséricorde Divine, pour nous tranquilliser dans le péché et nous perdre par une funeste présomption ; et, à la mort, il ne nous représente que la rigueur de sa justice, et la sévérité de ses jugements pour nous perdre par un affreux désespoir. Je ne vous parlerai donc ici que ce que qui doit vous consoler à la mort, animer votre confiance, et vous encourager à remettre paisiblement votre âme dans les mains de votre Créateur. Lisez ceci, méditez-le, tandis que vous êtes en santé ; l’intelligence vous en sera plus facile, que lorsque votre esprit, abattu aux approches de la mort, sera moins capable de réflexion.



Discours préliminaire


Le Verbe éternel s’est uni à la nature humaine aux dépens même de sa gloire ; Il s’est en quelque sorte anéanti, en s’unissant si intimement à une créature qui tient toujours quelque chose du néant d’où elle a été tirée. Il s’est anéanti, dit Saint Paul, en prenant la forme d’un esclave, en se montrant semblable aux autres hommes.

Réciproquement la nature humaine a été unie au Verbe Divin avec tout l’excès de gloire et de grandeur où une créature raisonnable pouvait monter. Elle ne pouvait pas être si étroitement unie avec Dieu, qu’elle ne fut tout embrasée de la Divinité, que dans l’Homme-Dieu elle ne fût, pour ainsi dire, divinisée.

Voilà le grand mystère caché en Dieu de toute éternité, que les chrétiens adorent, et dans lequel ils mettent leur confiance et toute l’espérance de leur salut. Mystère qui, comme dit Saint Paul, a été manifesté au monde dans la chair de Jésus-Christ par l’éclat de ses miracles, qui a été justifié par l’Esprit-Saint dans la prédication des Apôtres, qui a été découvert aux Anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire.

Par ce mystère adorable, Dieu a voulu élever l’homme à une dignité qui fût proportionnée à sa grandeur infinie. Il a voulu que Son Fils, égal à Lui, en se faisant homme, formât un corps de fidèles adorateurs dont Il fut le chef. De là l’homme pécheur, racheté, réconcilié, sanctifié, est au-dessus de lui-même, et son Sauveur a formé entre le Ciel et la terre une alliance plus sublime et plus sacrée que celle de la nature. Il a établi un nouveau commerce de religion, qui tirant son prix de la dignité de ses mérites infinis, égale par sa perfection l’infinie Majesté de Dieu. L’homme chrétien, engendré dans le Sang de l’Homme-Dieu et régénéré par sa mort, ne forme avec Lui qu’un seul et même Christ, comme les membres ne forment avec leur chef qu’un seul et même corps. Élevé à la gloire de l’adoption divine Il est devenu l’Enfant et l’Héritier de Dieu, le frère et co-héritier de Jésus-Christ. Il n’est plus l’homme terrestre, il est revêtu de Jésus-Christ ; il ne vit plus, mais Jésus-Christ vit en lui, sanctifiant ses œuvres par la communication de son esprit, et par l’imputation de ses mérites le rendant digne de l’infinie majesté de Dieu et de ses récompenses éternelles.

De là, l’Homme-Dieu non content de racheter les hommes, a voulu former entre eux des adorateurs dignes de Dieu, et dans ce dessein, il a renfermé tout le trésor de leur religion dans le prix même de leur rédemption. En qualité de Chef, de Pontife, de Victime du genre humain, Il a offert à Dieu sur l’Autel de la Croix un sacrifice, qui seul peut rendre à Dieu les hommages qui Lui sont dus, et glorifier sa Souveraine Majesté autant et de la manière qu’elle mérite de l’être ; un sacrifice d’un prix infini et par la dignité de Celui qui l’a offert (c’est le Fils unique de Dieu dans un état d’anéantissement, victime d’obéissance et de Charité) ; un sacrifice qui, étant la source unique du Salut et la sanctification des hommes doit se renouveler et se perpétuer dans tous les temps et tous les lieux du monde, un sacrifice auquel l’homme chrétien doit prendre part, et pour, y puiser les grâces de sanctification dont Il est la source, et pour offrir à Dieu le prix de Sa rédemption, la seule victime qui puisse l’honorer dignement et lui être agréable, et pour s’unir à son chef, s’offrir avec Lui et sous ses auspices à la Souveraine Majesté de Dieu, s’immoler, se sacrifier spirituellement avec Lui dans les mêmes sentiments que Lui.

Le dessein de Dieu dans l’Incarnation de Son Fils n’a pas été seulement de racheter l’homme pécheur et de l’élever à la gloire de l’adoption divine : Il a voulu encore que, régénéré dans le Sang de Son Fils, il menât une vie nouvelle, qu’il fût saint comme Il est Lui-même et que toute sa conduite répondit à la noblesse de sa nouvelle origine. Il lui fallait donc un Maître pour l’éclairer et l’instruire, un législateur qui lui donnât une Loi plus parfaite et plus sublime que celle de la nature. C’est ce que Jésus-Christ a exécuté en établissant une Loi nouvelle qu’Il a scellée de Son Sang, et en donnant dans l’Evangile de merveilleuses leçons de sainteté. Pourrions-nous ne pas l’écouter comme notre Maître et notre Législateur ? Après que Dieu Lui-même à dit de Lui : « C’est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances, écoutez-le ».

Pour sanctifier l’homme par la pratique de l’Evangile, il lui fallait encore un modèle des vertus qu’il doit pratiquer, et de la perfection sublime à laquelle il est appelé. Dieu a voulu qu’il le trouvât dans son Sauveur et son Maître. Jésus-Christ depuis sa naissance dans une crèche, jusqu’à sa mort sur la croix, à donné au monde l’exemple de toutes les vertus ; et c’est un décret immuable, que Dieu ne recevra dans le Ciel, au nombre de ses enfants, que ceux qui seront devenus sur la terre semblables à Son Fils Unique.

Voilà les grandes vérités que je me propose de développer dans les méditations qui vont suivre. La contemplation de Jésus-Christ attaché à la Croix nous fera connaître qu’Il est le Chemin, la Vérité et la Vie ; le Chemin que nous devons suivre en imitant ses exemples, la Vérité qui nous éclairera en méditant les maximes de Son Evangile, la Vie qui nous sanctifiera par la participation de ses mérites infinis. Nous méditerons au pied de la Croix ces précieuses vérités, et pour le temps que nous devons passer en ce monde, et pour celui où la mort nous en séparera ; et, à l’exemple de Saint Paul, nous ferons consister, et durant notre vie, et à l’heure de la mort, tout notre bonheur et nos mérites à ne connaître que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.

Chrétiens, à qui l’on propose ici des vérités propres à vous sanctifier, considérez combien vous seriez insensés de ne pas travailler à l’affaire de votre Salut où il ne s’agit de rien moins que d’un bonheur ou d’un malheur éternel. Que vous servira à l’heure de la mort d’avoir été comblés de tous les biens du monde, d’avoir vécu dans l’abondance et les plaisirs, de vous être élevés, d’avoir régné sur les autres, si vous venez à perdre votre âme, et à être condamnés à un éternel et affreux esclavage ? Ah ! Je vous en conjure par le Sang que Jésus-Christ à répandu pour vous, pensez aux prix de votre âme, au bonheur qui lui est préparé, et au malheur dont elle est menacée. Vous êtes chrétiens ; vous êtes donc convaincus de l’alternative nécessaire d’un bonheur ou d’un malheur éternel ; vous ne doutez pas qu’à cette courte vie succédera un jugement rigoureux et l’arrêt irrévocable de votre éternelle destinée. Vivez donc selon votre Foi ; que la considération de ces vérités chrétiennes vous ouvre les yeux sur le danger de votre âme, vous convertisse à Dieu par une sincère pénitence, et vous affermisse dans la pratique de la vertu. Les morts étrangères qui vous environnent, qui vous frappent continuellement les yeux et les oreilles vous annoncent que rien n’est plus fragile que la vie des hommes ; que la vôtre ne tient qu’à un fil qui sera bientôt rompu. Cependant que n’avez-vous pas fait jusqu’ici pour en assurer le bonheur ?

Que de Soins ! Que de peines ! Que de tourments ? Et que ne faites-vous pas encore tous les jours en vue d’une vieillesse dont vous n’êtes pas assurés ! Que ne devriez-vous donc pas faire pour le bonheur d’une vie qui n’aura pas de fin ! Le temps s’enfuit, la mort approche, vous touchez peut-être à votre dernier jour, et dans un instant vous allez être séparés, de ce qui vous est le plus cher au monde. Ne vous séduisez pas vous- mêmes, en disant que Dieu est Miséricordieux ; Il est également Juste, et la même Foi qui vous apprend qu’Il prépare dans Sa Miséricorde un bonheur infinis aux justes et aux pécheurs pénitents, vous apprend aussi qu’Il destine aux pécheurs impénitents un malheur également infini. Veillez donc et soyez sur vos gardes. Si la mort vient à vous surprendre sans pénitence, sans bonnes œuvres, coupables d’un seul péché mortel, vous êtes perdus sans ressource, et malheureux durant l’éternité.

Ô mort, que tu es amère à ceux qui ont mis leur repos et leur félicité dans les biens de la terre ! Tu renverses tous leurs desseins, tu confonds toutes leurs espérances, tu aiguises trois dards pour leur percer le coeur : celui du regret de se voir arracher à ce qu’ils aiment tant ; celui de l’attente des jugements de Dieu ; celui de la crainte affreuse de ses vengeances éternelles : ils vivent en paix dans le crime, ou, pour s’y tranquilliser, ils outragent la Miséricorde Divine par une confiance présomptueuse ; ils remettent leur conversion au dernier jour de leur vie et au moment qu’ils y pensent le moins, tu les enlèves et tu les ensevelis dans l’Enfer.

Pensez à vous dernières fins, dit l’Esprit-Saint et vous ne pécherez jamais : mais l’ennemi de notre Salut emploie toute sorte d’artifices pour nous distraire de cette pensée salutaire. Comment se préparer à la mort, si l’on n’y pense pas ? Et si l’on ne s’y prépare pas, comment mourra-t-on ? On mourra dans le péché, comme on aura vécu dans le péché.

Quand votre dernière heure sera venue, si la mort vous épargne ces surprises qui sont si communes, si vous pouvez alors vous dire à vous-même, hélas ! Dans un instant mon éternelle destinée sera irrévocablement décidée, mon partage sera ou dans le Ciel avec les Anges, ou dans l’Enfer avec les démons : ah ! Quelles seront les angoisses de votre conscience, si elle est souillée de crimes ! De quelle frayeurs votre coeur ne sera-t-il pas agité, de quelle douleur ne sera-t-il pas déchiré, si nous avez vécu dans le péché et sans pénitence ? Si vous êtes sage, préparez-vous à ce redoutable passage. Rendez-vous familières des vérités qui seules peuvent vous fortifier et vous consoler au moment de la mort.



Acte d’adoration à Jésus Crucifié


Ô Jésus, qui avez souffert pour moi une infinité d’opprobres et d’humiliations, qui avez répandu Votre Sang précieux pour mon Salut, je me sens accablé devant Vous et de mes offenses et de vos bienfaits. Dans ma bassesse et mon indignité, je n’ai rien qui puisse m’acquitter ni des unes, ni des autres. Mais Votre Sang adorable suppléera à mon indigence, je l’adore. Ô mon Sauveur afin qu’il efface mes péchés. Je l’adore, et Vous en offre le prix, pour m’acquitter de vos bienfaits. Je l’adore, pour réparer tant que sacrilèges qui ont été commis à Votre égard. Jadis les Juifs l’ont répandu, les hérétiques l’ont foulé aux pieds, les mauvais chrétiens l’ont profané ; moi-même, j’en ai méconnu le prix, je l’ai souillé en livrant au péché une âme qu’il avait lavée dans le Baptême. Agréez, ô mon Sauveur, qu’au nom de tous ces pécheurs, et au mien, je Vous fasse amende honorable de toutes les profanation, de tous les sacrilèges dont nous nous sommes rendus coupables. Hélas ! Que sont mes larmes, que serait tout mon sang pour réparer tant d’outrages et vous témoigner la reconnaissance que je Vous dois ? Pénétré de mon indignité, j’ai recours à Votre Sainte Mère. C’est sous ses auspices, c’est avec Elle que nous Vous adorons, et que nous osons dire à Dieu Votre Père : Père éternel, nous Vous offrons Votre Fils étendu sur la Croix, percé d’épines et de clous, tout sanglant, languissant et mourant : je Vous l’offre en expiation de mes péchés, comme une victime digne de Vous. Recevez Son Divin Sacrifice. C’est ma rançon, c’est le Sang d’un Dieu, c’est la mort d’une Dieu même que je Vous offre pour l’acquit de mes dettes et votre plus grande gloire.


Notre Père, Je Vous salue Marie, je crois en Dieu, Je confesse à Dieu.


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Message par Lumen Sam 2 Avr 2022 - 11:11

Le Mois de la Passion
ou la Science du Crucifix

Méditations quotidiennes pour le mois d’Avril ou en temps de Carême

Veille du Mois de la Passion

Combien il est juste de se soumettre à Dieu, à l’exemple de Jésus-Christ


I. Considère, ô mon âme, combien est grande la Majesté de Dieu, puisqu’il a fallu, pour lui rendre l’hommage qui lui est dû, qu’un Homme-Dieu, Son Fils unique, s’anéantit devant Lui, et se rendit obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la Croix.

Obéissance admirable, mais sanglante et terrible ! Dans la mort de Son Fils, Dieu a signalé son souverain pouvoir ; Il a fait éclater les droits de Son autorité, Il a été glorifié comme Il le mérite. Pour rendre un digne hommage à la souveraine grandeur de Dieu, il ne fallait rien moins que l’obéissance et l’anéantissement d’un Homme-Dieu.

II. Après un si grand exemple, qui osera résister à Dieu ? Des vers de terre, comme nous, oseront-ils secouer le joug de l’obéissance, sous lequel Jésus-Christ a plié et sous lequel il est mort ?

III. Considère, mon âme, ton Sauveur attaché à la Croix. Elle a été le terme de toute ses obéissances. Ce n’est qu’après avoir accompli dans le cours de sa vie toutes les Volontés de Son Père, qu’Il y est mort, et y a consommé Son Sacrifice. Pourrais-tu refuser à ton Dieu ta soumission et n’accomplir de ses Volontés que celles qui sont conformes à tes inclinations ?

IV. Considère surtout avec quel amour, avec quel zèle et quel respect Jésus-Christ s’est montré obéissant.
« Je ne fais rien, dit-Il Lui-même, que ce qui plaît à Mon Père ; Ma nourriture est d’accomplir Sa Volonté : Mon Père, que Votre Volonté s’accomplisse et non la Mienne ». La seule consolation qu’il paraît avoir sur la Croix, c’est quand, avant d’expirer, se rappelant qu’Il avait accompli toutes les Volontés de Son Père, Il dit, en s’écriant avec une force toute divine : « Tout est consommé ».

V. Que signifient, ô mon âme, ces paroles de Saint Paul : « Jésus-Christ s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la Croix » ? que signifient celles que prononça Jésus-Christ Lui-même dans un triste état de sanglante agonie : « O Mon Père, que Votre Volonté soit faite, et non la mienne » ?

Jésus-Christ comprenait la grandeur et la Majesté infinie de Dieu. Il savait que rien n’est plus juste et raisonnable que de se soumettre à Lui, et quoique, comme Son Fils unique Lui fut égal, Il a voulu ajuster à ses éminentes qualités celle de Son Serviteur, se faisant gloire et s’estimant heureux de mourir par Ses ordres.

Imitons ce glorieux exemple, nous qui, par notre nature, sommes les esclaves de Dieu, et ne sommes ses enfants que par Sa grâce. Nous Lui devons une soumission parfaite, parce qu’Il est notre Souverain Seigneur ; nous la Lui devons parce qu’Il est notre Père ; et en nous soumettant à Ses ordres, nous Lui faisons en même temps hommage de notre dépendance, et nous Lui témoignons notre amour.
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Message par Lumen Sam 2 Avr 2022 - 11:17

Premier jour

Le Crucifix nous apprend combien est terrible la vengeance que Dieu tire du péché


I. Ce sont les péchés des hommes qui ont attaché Jésus-Christ à la Croix. Les Juifs n’ont été que les instruments de la Justice Divine. Il s’était chargé des péchés du monde ; et Dieu, oubliant, pour ainsi dire, qu’Il était Son Fils bien-aimé, a épuisé en Lui toutes les rigueurs de Sa Justice. Il l’a livré à la mort. Il a été frappé, dit le Prophète, de la main de Dieu, à cause de nos péchés. Il a fallu qu’il les portât et qu’il les expiât sur la Croix.

Si Jésus-Christ, pour expier des péchés qu’Il n’avait pas commis, n’a trouvé dans son propre Père aucune miséricorde, que deviendront les pécheurs mêmes, si une mort impénitente les fait tomber entre les mains de Dieu ? Si, Comme l’a dit le Sauveur Lui-même, la plus affreuse rigueur s’est exercée sur l’arbre fertile et sur le bois vert, que fera-t-on du bois sec et de l’arbre stérile et infructueux ?

II. Le moindre sentiment de douleur, la plus légère humiliation aurait été dans le Fils de Dieu un mérite infini : cependant il a fallu, pour expier nos péchés, qu’il passât par tous les genres de douleurs et d’opprobres : il a fallu qu’il épuisât jusqu’à la lie le calice de la colère divine. Où donc une vile créature, coupable devant Dieu, trouvera-t-elle des douleurs et des tourments infinis, et des forces pour les porter, afin de satisfaire à l’infinie la gravité de ses offenses ?

III. Les satisfaction d’une créature coupable envers Dieu étant bornées et sans proportion avec sa grandeur infinie, la Justice divine prendra l’infinité de ses vengeances sur l’éternité qui n’aura pas de fin. Il en sera de cette redoutable Justice comme de la Miséricorde Divine : celle-ci est infinie parce que nous l’éprouvons dans les mérites infinis du Fils de Dieu, notre Sauveur : celle-là sera infinie parce que les rigueurs n’auront jamais de fin. C’est donc une chose horrible et effroyable de tomber entre les mains d’un Dieu vivant.

IV. Le Calvaire est pour nous un théâtre où éclatent ces grandes vérités. Nous y voyons la Justice infinie de Dieu dans la terrible vengeance qu’Il tire de Son propre Fils. Nous y voyons Sa Miséricorde infinie dans l’acceptation qu’Il fait du Sacrifice de Sa Vie pour l’expiation de nos péchés. Si, faute de nous laver dans le Sang précieux de Notre Seigneur, nous ne devenons pas les objets de Sa Miséricorde, attendons-nous à l’être de Sa Justice dont les rigueurs seront infinies, du moins dans leur durée.
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Message par Lumen Sam 2 Avr 2022 - 11:19

Deuxième jour

Sur le même sujet


I. Nous étions les ennemis de Dieu, dit Saint Paul ; nous étions menacés des derniers châtiments ; il nous a réconciliés avec Lui par la mort de Son Fils. Que signifient ces paroles ? Que l’injure faite à Dieu par le péché étant infinie, elle ne pouvait être réparée que par les mérites d’un Homme-Dieu ; qu’il a fallu que le Fils de Dieu fût humilié pour rendre à Dieu la gloire que le péché lui avait ravie ; qu’il a fallu qu’Il mourût dans les plus affreux tourments, pour racheter l’homme pécheur de la mort éternelle.

II. Hélas ! Nous ne savons pas ce que nous faisons, quand nous offensons l’infinie Majesté de Dieu. Sa Bonté est si grande, qu’elle ne souffrirait pas qu’il nous arrivât le moindre mal, si Sa Justice ne le lui arrachait des mains. Que Sa Justice est terrible, puisque pour l’accorder avec Sa Bonté, Il a voulu que Son Fils fût déchiré de plaies, et mourût en Croix pour nous réconcilier avec Lui !

III. Dieu n’a pas épargné Son propre Fils ; pour nous sauver tous, Il l’a livré à la mort. Le bois vert a été consommé par le feu de la colère divine : que deviendra le bois sec et aride ? Quand Dieu punit le péché, comme il le mérite, il n’y a rien qui puisse arrêter ou calmer son courroux. Il le fait éclater son Son propre Fils, parce qu’Il a voulu se charger des péchés des hommes. Que deviendront donc les pécheurs mêmes qui, par leur impénitence, n’auront aucune part aux expiations du Sauveur : ne pouvant jamais assez souffrir pour leurs péchés, ils souffriront éternellement. Ô péché, que tu es effrayant, quand on te considère dans tes suites !
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Message par Lumen Dim 3 Avr 2022 - 12:25

Troisième jour

Le Crucifix nous donne une idée de la gloire et du bonheur du Ciel


I. Quel est le bonheur que Dieu prépare à ses élus dans le Ciel ? C’est un bonheur, dit Saint Paul, que l’oeil n’a point vu, que l’oreille n’a point entendu, que l’esprit de l’homme ne peut concevoir. Jugeons-en parce qu’il en a coûté au Sauveur du monde pour nous l’assurer. Il s’est anéanti, Il a souffert la mort, Il a répandu tout Son Sang pour nous arracher à l’enfer et nous assurer le bonheur du Ciel. Quel bonheur que celui qui n’a de proportion qu’avec des mérites infinis !

II. Jugeons du bonheur du Ciel par la prière fervente que Jésus-Christ, avant d’accomplir son sacrifice sanglant, fit à Son Père pour nous obtenir. Ô mon Père, disait-il, sauvez pour la gloire de Votre Nom, les hommes que Vous m’avez chargé de racheter. Je ne Vous prie pas seulement pour les disciples que J’ai rassemblés, je Vous prie pour tous ceux qui croiront en Moi par leur ministère. Sauvez-les de la corruption du monde ; et accordez-leur le Salut et la vie éternelle. Vous Me les aviez confiés ; Je Vous les rends en mourant ; placez-les dans le Ciel à côté de Votre Fils, et qu’ils aient part à Son bonheur. C’est pour cela que Je me soumets aux rigueurs de Votre Justice ; c’est pour cela que Je vais mourir sur la Croix et consommer Mon Sacrifice. Ô bonheur du Ciel, que Tu dois être grand, ayant été racheté à un si grand prix !

III. Si nous prenions pour juge notre faible raison, il nous paraîtrait incroyable que le bonheur du Ciel, qui est la jouissance de Dieu même, la participation de sa gloire et se son infinie félicité, soit préparé à de viles créatures, à des pécheurs même souillés de tous les crimes. Je jette les yeux sur le crucifix, et j’y vois un mystère plus incroyable encore, le Fils unique de Dieu livré pour le Salut des pécheurs aux opprobres de la mort.

La Miséricorde et la Bonté de Dieu pour moi éclatent bien plus sur la Croix que dans le Ciel même. Si l’on me dit que c’est trop prétendre pour une vile créature et un misérable pécheur d’espérer que je verrais Dieu face à face, que je Lui serai uni par un amour éternel, que j’entrerai en participation de son bonheur et de sa gloire : je dirai que Dieu a fait en ma faveur quelque chose de plus étonnant, lorsqu’il a voulu que Son Fils se chargeât de mes péchés et les lavât dans Son Sang.

Qu’y-a-t-il de plus étonnant que Jésus-Christ ait reçu avec bonté le baiser du traître Judas, ou qu’il veuille me donner dans le Ciel le baiser d’une paix éternelle ? Qu’Il soit mort pour moi entre deux voleurs, ou qu’Il veuille me faire vivre éternellement avec Lui dans la société de Ses membres ?

Croix de mon Sauveur, vous confirmez ma Foi, vous fortifiez mon espérance, vous embrasez mon amour, vous m’êtes un gage assuré du bonheur céleste qui m’est préparé.

IV. Depuis la Rédemption du genre humain par Jésus-Christ, la libéralité de Dieu semble ne pas connaître de bornes. Il accorde le bonheur du Ciel à ceux qui ont visité les prisonniers, qui ont soulagé les affligés, qui ont assisté les pauvres ; il l’accorde à ceux mêmes qui ont donné un verre d’eau en Son Nom. Une légère tribulation, dit Saint Paul, produit un poids infini de gloire. C’est que Jésus-Christ en s’immolant pour nous, a mérité le Ciel et la vie éternelle : nous sommes ses membres, et si grâce nous unit à Lui, Il donne à nos moindres œuvres un mérite divin. Le Ciel sans doute est trop pour moi, mais il n’est pas trop pour Lui. Tout ce qu’il aura de moi, de grandeur et de délices, n’approche pas de ses mérites, pourquoi n’aurais-je point de part au bonheur céleste qu’Il a mérité pour en faire part à tous ses membres ?

V. Je vais, disait Jésus-Christ à ses apôtres, vous préparer une place. Je vous placerai auprès de moi dans le Ciel ; vous participerez à Ma Gloire et à Mon Bonheur. Étant devenus par l’adoption divine enfants de Dieu et frères de Jésus-Christ, nous sommes, dit Saint Paul, les héritiers de Dieu et les cohéritiers de Son Fils. Si comme premier né, il a pris possession du Ciel, n’avons-nous pas droit d’y être reçus nous-mêmes comme ses membres et ses cohéritiers. Chrétiens, que notre destinée est grande ! qu’elle est glorieuse, si vous vous tenez inséparablement uni à votre Chef !

VI. Que les infidèles sont à plaindre ! Ils sont étrangers à l’égard de Jésus-Christ, ils n’ont aucune part à ses mérites, et l’espérance d’une meilleure vie ne les console pas comme nous, des misères de celle-ci. Que sont tous les maux du monde pour un chrétien fidèle, dans l’attente du bonheur du Ciel ? Au milieu des privations il jouit des richesses de la grâce ; au milieu des traverses et des tribulations il goûte une paix délicieuse et l’espérance d’entrer bientôt dans la joie de son Dieu lui donne le lieu même de son exil, un avant-goût du bonheur ineffable que Dieu lui prépare. Je souffre, dit-il avec Job, mais ce n’est pas sans consolation. Dans cette chair même, ou mon âme est assujettie à tant d’infirmités et de misères, je verrai mon Seigneur et mon Dieu.

VII. Chrétiens insensés, plus à plaindre encore que les infidèles, pour des amusements frivoles, pour des biens misérables, pour des plaisirs honteux, pour assouvir des passions qui vous tiennent dans l’esclavage et vous déchirent le coeur vous perdez l’héritage des enfants de Dieu ! Hélas ! Il vous est acquis ; Jésus-Christ l’a acheté au prix de Son Sang. Il s’agit moins pour vous de le mériter que de ne pas vous en rendre indignes, et vous souffrez qu’il vous soit enlevé et donné à d’autres !
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Message par Lumen Lun 4 Avr 2022 - 13:18

Quatrième jour

Le Crucifix nous enseigne l’excellence et l’importance des vertus


Le Crucifix nous enseigne l’excellence et l’importance des vertus
Il y prêche la patience : un voleur crucifié à son côté est le premier qui en reçoit des leçons qui le convertissent et le sauvent. Il y prêche l’humilité, en se rassasiant Lui-même d’injures et d’opprobres; et tandis qu’Il expire comme le plus vil et le plus méchant des hommes, le soleil en perdant sa lumière, et la terre en tremblant rendent un illustre témoignage à sa grandeur et à son innocence. Il y prêche la douceur et la Charité; Il n’ouvre la bouche que pour prier en leur faveur, et ce spectacle attendrit et convertit ces barbares; ils reconnaissent, ils confessent hautement et en se frappant la poitrine, qu’Il est véritablement le Fils de Dieu.


I. Vois, ô mon âme, avec quelle force Jésus-Christ te prêche sur la Croix la pauvreté, le dénuement et la mortification. Il est dépouillé de tout ; il n’a pas même de vêtements pour couvrir sa nudité. Il n’a sous les yeux que des objets d’affliction, une mère dont le cœur est percé d’un glaive de douleur ; un seul de ses disciples dont la présence Lui rappelle la trahison et la fuite de tous les autres; des ennemis furieux qui le déchirent, qui se repaissent de ses tourments, qui ajoutent à la cruauté les insultes et les blasphèmes. Son Père paraît l’avoir abandonné. Il ne se montre sensible à la consolation que lorsqu’Il voit enfin sa destinée remplie et son Sacrifice consommé.

II. Jésus-Christ ne nous a pas donné des leçons stériles. En pratiquant Lui-même ce qu’Il nous a enseigné, Il nous a obtenu la grâce de le pratiquer, d’être humbles, patients, charitables à son exemple. Pour nous rendre capables de produire des actes qui sont au-dessus de nos forces naturelles ; il a fallu que Son Sang passât de ses veines dans notre cœur; il a fallu qu’Il nous communiquât son esprit et sa vie. Notre Sauveur et notre Maître est en même temps l’auteur de toute sainteté. Nos vertus relèvent de sa Croix, elles doivent à ses plaies un éternel hommage ; elles doivent retourner comme à leur source.
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Message par Lumen Mar 5 Avr 2022 - 13:28

Cinquième jour

Sur l’excellence des vertus et l’esprit du Christianisme


I. Dieu dispense avec une sorte de prodigalité les biens terrestres et périssables, la santé, les plaisirs, les richesses et les honneurs. Sa providence en accorde la jouissance aux plus indignes ; et les hommes qui n’entrent pas dans la profondeur de ses jugements, regardent ces sortes de biens comme les faveurs d’une fortune aveugle. Ils sont trop vils, et la Sagesse Divine en fait trop peu d’estime pour les faire acheter bien cher.

Il n’en est pas ainsi des biens de la grâce, de ces secours surnaturels, de ces lumières célestes, de ces vertus qui rendent l’homme semblable à Dieu. Dieu a voulu que le Sang de Son Fils en fut le prix, et, quelles ne fussent communiquées qu’à ceux qui Lui sont unis comme les membres à leur chef. Quelle est donc la grandeur et la dignité des œuvres chrétiennes qui reçoivent leur mérite de Jésus-Christ et sont pour ainsi dire, divinisées en Lui.

II. Jésus-Christ est le tronc d’un grand arbre, les chrétiens en sont les branches. La branche ne peut d’elle- même porter le fruit, si elle n’est incorporée au tronc ; ainsi nous ne pouvons faire aucune œuvre salutaire, aucune action qui soit digne des récompenses du Ciel, si nous ne sommes unis à notre chef divin. Je suis la vigne, disait Jésus-Christ à ses disciples, et vous êtes les branches. Celui qui demeure en Moi et en qui Je demeure, produira beaucoup de fruits. Qui n’y demeure pas, est un sarment inutile et une branche infructueuse; il sera jeté dehors comme une branche stérile; il deviendra sec et aride : on le ramassera, on le livrera en proie à un feu dévorant. Nous ne pouvons donc avoir aucune vertu ni mérite qui ne découle du Coeur de Jésus-Christ avec Son Sang précieux. Pour être doux, patients, mortifiés, nous devons être revêtus de Lui et transformés en Lui; et comme dans l’état de grâce nous ne vivons pas, c’est Lui qui vit en nous, les œuvres produite en cet état sont ses œuvres plus tôt que les nôtres.

III. Voilà ce qui fait dire à Saint Paul que nous sommes tous mort à l’égard des biens de ce monde, et que la vie que nous avons acquise est cachée en Dieu avec Jésus-Christ; c’est à dire que la vie que nous tenons de Jésus-Christ, cette vie surnaturelle, cette vie de Charité, de patience et d’humilité, est tout intérieure et voilée aux yeux des hommes. Elle est cachée en Dieu, parce qu’elle nous détache des créatures pour nous unir et nous attacher à Dieu seul. Elle est cachée avec Jésus-Christ, parce que la vie nous vient de Lui, que nous n’avons de force et de vigueur que celle qui nous vient de la Croix, et nous est inspirée par notre Chef qui opère secrètement en nous pour nous faire opérer comme Lui.

IV. Cette précieuse vérité se montre encore mieux dans le Sacrement adorable que Jésus-Christ a institué pour unir les membres à leur Chef. Je suis, dit-il, le Pain qui donne la vie au monde ; quiconque mangera de ce pain recevra le germe de l’immortalité et le gage d’une vie éternellement heureuse. Ce pain est Ma Chair qui sera immolée pour le Salut du monde. Celui qui mange Ma Chair et boit Mon Sang demeure en Moi, et Je demeure en lui. Nous demeurons l’un dans l’autre pour une société intime de sentiments, par une Charité mutuelle et par une affection réciproque. Comme Mon Père, qui est le Dieu vivant, m’a envoyé, et que Je vis pour Lui, celui qui mange Me mange vivra aussi pour moi ; nous ne serons qu’un sur la terre, et nous commencerons à nous unir pour l’éternité.

Jésus-Christ, dans le Sacrement de Son Amour est donc à nos âmes ce que la nourriture matérielle est à nos corps : avec cette différence que cette nourriture se transforme en nous, et que Jésus-Christ nous transforme en Lui. Il est moins la nourriture que la vie de nos âmes; Il est le principe de tout ce que nous faisons d’agréable à Dieu, et les actions produites dans une union si sainte sont moins nos actions que les siennes. Tout ce que nous faisons de bien est son ouvrage. Si nous sommes patients et charitables, si nous sommes chastes et patients, c’est Lui qui, comme notre Chef, est chaste, patient, humble et charitable en nous. Ô dignité du Christianisme, qui élève si haut de viles créatures, et donne un si grand prix à des œuvres que les sages du monde ne jugeraient pas dignes de leur estime !

V. Puisque toutes les actions des membres vivants de Jésus-Christ se rapportent à Lui comme à leur chef, et qu’elles tirent de Lui leur mérite, ne soyons pas étonnés que Dieu promette une récompense immortelle à celles qui sont en elles-mêmes les moins considérables. Qu’est-ce que donner un verre d’eau ? Si quelqu’un le donne comme membre vivant de Jésus-Christ, c’est Jésus-Christ Lui-même qui le donne; c’est Lui qui souffre, qui est humble et obéissant dans ses membres, et ses mérites seront la règle et la mesure de leur récompense. Serait-il étonnant que les Anges de Dieu eussent les yeux ouverts sur toutes les démarches et tous les mouvements d’un chrétien, comme on rapporte qu’un ange comptait les pas d’un ermite qui par mortification allait puiser de l’eau ? Saint Paul n’a-t-il pas raison de nous recommander de rapporter à la gloire de Dieu nos moindres actions ? Soit que vous buviez ? Soit que vous mangiez, soit que vous fassiez quelque autre action que ce puisse être, faites-le en vue de Dieu et pour Sa gloire. C’est que Jésus-Christ ennoblit nos moindres actions, et qu’elles participent aux mérites du Sang Précieux qu’Il a répandu pour nous.

VI. Que la Croix de Jésus-Christ d’où découle tout le mérite de nos œuvres, règle donc le jugement que nous devons en porter. Les hommes estiment les richesses et les biens que la terre produit; et ce n’est qu’un amas de pourriture qui rentre bientôt dans la poussière d’où il est sorti. Ils admirent les actions des héros du monde, les prodiges de la valeur, de la sagesse, de la grandeur humaine, et rien de tout cela n’a de suite au- delà de cette vie; et toutes ces belles actions, mortes, aux yeux de Dieu s’ensevelissent dans le tombeau de ceux qui les ont produites. Au lieu que les moindres actions que Jésus-Christ aura cultivées et arrosées de son Sang, les vertus chrétiennes les plus obscures, seront immortelles; elles triompheront du temps ; elles sortiront de la ruine des siècles, où on les croyait ensevelies, pour recevoir de Dieu une récompense éternelle. C’est alors que ces humbles chrétiens, qui se revêtissent de la mortification de leur Chef, ces chrétiens pauvres et sans aucune distinction aux yeux du monde, seront comblés de bonheur et de gloire, et entreront dans l’héritage des enfants de Dieu.

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Message par Lumen Mer 6 Avr 2022 - 12:48

Sixième jour

De la dignité du Christianisme


I. Hélas ! Que notre aveuglement est déplorable ! Nous nous glorifions des fragiles avantages que le monde nous procure, nous nous enorgueillissons des vains titres de noblesse dont la vanité a décoré notre naissance selon la chair, et nous ne connaissons pas la dignité à laquelle nous sommes élevés comme chrétiens et membres de Jésus-Christ. Par le bienfait de Sa Croix, nous sommes devenus, comme dit Saint Pierre, une race choisie, consacrée par un sacerdoce divin, une nation appelée à la sainteté, dont le chef est le Roi des rois, et dont tous les sujets sont héritiers d’un royaume; un peuple saint dont Jésus-Christ a fait la conquête au prix de Son Sang, pour le faire passer des ténèbres et la région de la mort dans les splendeurs de sa gloire ; et par une étrange stupidité nous aimons notre esclavage, nous préférons les ténèbres de la mort aux lumières de la vie, desquelles Jésus-Christ nous environne. Toutes nos œuvres, si nous étions animés de son esprit, seraient teintes de Son Sang et ennoblies de ses mérites, et nous étouffons les impressions de cet Esprit Divin pour nous livrer à l’esprit du monde ; et des œuvres que sa grâce devrait diviniser, n’ayant rien de commun avec Lui, deviendraient des œuvres de mort.

II. Nous ne sommes presque pas un moment sans recevoir quelque influence de la vie de Jésus-Christ. Si nous résistons aux tentations, c’est la force de Son Sang qui réside avec nous. Si nous nous purifions par la pénitence, ce sont Ses Plaies qui guérissent les nôtres. Si nous sommes éclairé des lumières célestes, c’est de Son Sang que sortent des rayons de lumière. Si nous réprimons la colère et la vengeance, si nous étouffons nos passions, c’est la mort qui nous fait mourir à nous-mêmes, et qui devient en nous le germe d’une vie céleste et divine. Ne devrions-nous pas nous attacher à Sa Croix, baiser Ses Plaies salutaires, nous y plonger comme dans la source unique de la vie ? Ne devrions-nous pas, à l’exemple de Saint Paul, faire consister notre bonheur à porter dans nos corps la mortification de Jésus-Christ, et nous glorifier de porter dans nos humiliations et nos peines les glorieux stigmates d’une mort qui nous fait triompher tous les jours de la mort du péché ?

III. Jésus-Christ ne s’est pas contenté de nous mériter les grâces qui nous sont nécessaires pour pratiquer les vertus chrétiennes, ni en devenant notre chef, de diviniser nos bonnes œuvres dans sa personne, Il a encore voulu être Lui-même notre modèle ; Il a voulu marcher le premier dans la voie difficile qui doit nous conduire au Ciel. Pour nous encourager à souffrir avec soumission, Il a souffert le premier. Il a été doux et humble de Coeur pour nous apprendre à le devenir. Il a vécu dans la pauvreté pour nous apprendre à mépriser les richesses. Les injures qu’Il a pardonnées, les outrages qu’Il a permis qu’on Lui fit, la mort sanglante qu’Il a bien voulu souffrir, ce sont, autant de leçons éloquentes qu’Il a confirmées par Ses exemples. Pour adoucir l’amertume du calice qu’Il nous présente, Il l’a bu le premier jusqu’à la lie ; le premier Il a pratiqué l’Evangile, afin d’animer Ses Disciples à suivre Ses traces. Ayant des secours si abondant dans Sa Croix et Son Sang, et des encouragements si puissants dans Ses exemples, quelles seront nos excuses, si nous manquons de courage pour imiter notre Divin Modèle et nous conformer à notre chef.

IV. Si quelqu’un veut être Mon disciple, à dit Jésus-Christ, marcher après Moi et Me suivre, il fait qu’il se renonce à lui-même, qu’ll soit prêt à sacrifier ses intérêts les plus chers ; il faut que tous les jours il porte sa croix et qu’il s’y laisse attacher après moi. Ce n’est qu’à ce prix qu’on M’appartient. On ne donne des maîtres illustres et des gouverneurs de grandes conditions qu’aux enfants des princes et des rois ; jugeons de la grandeur de notre conditions par la grandeur de Celui qui, étant de toute éternité dans le sein de Dieu, la splendeur de Sa Gloire et l’Image substantielle de Sa Divinité, a bien voulu se faire homme comme nous, pour être notre Maître et notre modèle.

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Message par Lumen Jeu 7 Avr 2022 - 12:13

Septième jour

Le crucifix nous apprend quelle est la grandeur et le prix d’une âme


I. Juge, mon âme, de ta dignité et de la grandeur de ta dignité par le prix dont tu as été rachetée. Jette les yeux sur la Croix où ton Sauveur a été attaché. C’est pour toi qu’Il s’est réduit à ce triste état. C’est pour ton salut que ses yeux se sont remplis de larmes, sa bouche de prières, son coeur de sanglots. C’est pour t’arracher à la mort éternelle et t’assurer le bonheur du Ciel qu’Il a satisfait à la Justice Divine. Sa vie et la tienne ont été mises sur la Croix comme dans une balance, et tu l’as emporté ; et par un jugement de la Sagesse divine, il a paru plus convenable qu’un Homme-Dieu perdit la vie que ton Salut et la vie éternelle.

II. Pour juger du prix d’une âme, il faudrait comprendre quel est le mérite de la vie d’un Homme-Dieu, laquelle a été le prix de notre rédemption. Ceux qui sont menacés d’un naufrage, jettent à la mer les marchandises les plus précieuses et s’estiment heureux de racheter leur vie à ce prix : Jésus-Christ, pour nous racheter à la vie, a été jeté dans les abîmes de la mort. Ô vie infiniment précieuse ! Tu seras désormais infiniment chère. Que tu dois être heureuse puisque tu es le prix du Sang d’un Dieu ! Je sacrifierai tout pour te conserver, et que me servirait de gagner le monde entier, si je venais à perdre mon âme, une âme que Dieu a jugée digne de Lui, une âme capable de le glorifier dans les siècles des siècles, une âme que le Fils de Dieu a rachetée de la mort éternelle, en livrant la sienne et en satisfaisant pour moi à la Justice Divine ?

III. Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, dit le Seigneur au commencement des choses ; et Il forma son corps de terre et de boue, et produisit son âme spirituelle et immortelle par le souffle de Son Esprit Divin. C’est notre âme qui est l’image de la divinité. En animant et vivifiant notre corps, elle y répand des traits frappants de cette ressemblance. Sa dignité éclate à travers ces masses terrestres et le voile de notre corps ; Sa Majesté se peint sur nos visages et inspire une sorte de crainte et de respect aux bêtes même les plus farouches. On voit, dit Saint Augustin, de faibles enfants mener et commander des troupeaux entiers de bêtes dont une seule suffirait pour les écraser : il faut donc que la dignité de leur âme se peigne sur leur front, et qu’il sorte de leurs yeux je ne sais quoi qui inspire le respect et la crainte. Ô homme ! Tu t’estimes trop, et trop peu. Tu te glorifies de ce qu’il y a en toi de vil et de périssable, des avantages d’un corps formé de terre et sujet à la corruption ; et ton âme, cette image vivante de la divinité, cette substance immortelle, sortie du sein de Dieu, tu la négliges,  tu n’en fais aucun cas.

IV. Jugeons de la différence de l’âme et du corps par les différents aliments que Dieu leur a préparés. Il nourrit nos corps des fruits de la terre et de la chair des animaux : Sa Parole, les lumières de Sa Sagesse, le Corps et le Sang de Son Fils servent de nourriture à nos âmes. Ô mon âme ! Que ta vie est précieuse ! Quelle est divine, si pour te nourrir tu as besoin d’aliments divins ! Que tu as peu de Foi ; que tu es misérable avec tant de grandeur, si tu préfères à cette vie céleste et divine la vie grossière de ton corps !

V. Si tu veux connaître, ô mon âme, quelle est l’estime que Dieu même fait de toi et de ton Salut, considère Jésus-Christ, Son Fils unique, attaché à la Croix. Nous étions devenus esclaves du démon ; nous avions été vendus à l’enchère, selon l’expression de Saint Paul, sous la malédiction du péché ; et le Fils de Dieu s’est offert à la mort pour nous sauver la vie ; pour racheter nos âmes, il a livré la sienne. Ô âme, d’un prix infini, puisqu’il a fallu que le Fils d’un Dieu devient ta rançon ! Ô vie de l’âme, le prix que le Fils de Dieu a payé pour toi t’a rendue, pour ainsi dire, une vie divine.

VI. On pourrait dire que le Fils de Dieu s’est estimé plus riche en gagnant une âme qu’en jouissant de la vie. Âme précieuse, illustre conquête, tu as été capable de combler les désirs d’un Homme-Dieu. Ton salut l’a dédommagé de la perte de sa vie. Ah ! Que ne peut-on te voir des yeux du corps ! Pourquoi faut-il que ta beauté soit cachée sous le voile d’une chair mortelle ? Tu es préférable à mille mondes, puisque le monde n’est fait que pour servir à ton bonheur, et pour être l’escabeau de tes pieds. Le Seigneur du Ciel et de la terre daigne te chercher ; ses délices sont d’être avec toi et de te communiquer sa gloire. Que la Croix de ton Sauveur t’a rendue précieuse ! Ce n’est pas au prix de l’or et de l’argent qu’il t’a rachetée, c’est au prix de son sang qu’il a répandu pour toi, comme un Agneau pur et sans tache.

VII. Si nous connaissons le prix de notre âme, avec quel soin conservions-nous en elle le don de Dieu, cette vie divine que Jésus-Christ lui a méritée par sa mort ! Exposerions-nous si facilement ce don précieux aux dangers et à la séduction du monde ? Ne le tiendrions-nous pas caché en Dieu avec Jésus-Christ, comme un trésor inestimable que nous voudrions dérober à l’avidité des voleurs qui nous environnent ? Ma mère, disait un pécheur nouvellement converti, qui s’est réfugié dans une solitude pour y mettre son salut en sécurité, je veux sauver mon âme : serez-vous sa caution, si cédant à vos sollicitations, je l’expose continuellement aux dangers du monder où elle avait déjà péri ?

VIII. Ah ! Que Saint Paul connaissait bien le prix d’une âme, lorsqu’il disait aux Corinthiens : « Quel est le Chrétien infirme dans la Foi, dont je ne partage l’infirmité ? Quel est le fidèle qui fait un faux pas, dont la chute ou le péril ne me pénètre de douleur ? » Ce grand apôtre connaissait le prix d’une âme rachetée par le Sang de Jésus-Christ. Il aurait consenti à devenir anathème pour en sauver une seule.

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Message par Lumen Ven 8 Avr 2022 - 13:28

Huitième jour

Sur l’importance du Salut


I. Sauvons notre âme à quelque prix que ce soit. Dans la guerre continuelle que nous avons à soutenir ici-bas, exposons nos biens au pillage; prodiguons notre santé, n’épargnons ni notre corps, ni nos vies, ni rien de ce qui est périssable : mais nos âmes, ces images vivantes de la divinité, sauvons-les en sacrifiant tout le reste. Notre Divin Maître nous a ordonné de ne pas craindre la rage de ceux qui ne peuvent nous ôter que la vie du corps, mais de craindre et de craindre uniquement celui qui veut précipiter le corps et l’âme dans l’enfer. Imitons Joseph : laissons à nos ennemis nos manteaux pour sauver notre innocence. Souffrons la privation des biens de la terre pour obtenir les biens du Ciel. Sacrifions, s’il le faut, une vie périssable pour mériter la jouissance d’une vie éternelle.

II. Ne jugeons pas de notre âme par la bassesse de notre corps où elle est renfermée, comme un prince chargé de fers et couvert de haillons dans un cachot ténébreux. La pauvreté, les afflictions, les maladies peuvent rendre le corps hideux sans que l’âme perde de sa noblesse. C’est un diamant d’un prix inestimable caché dans un amas de fumier. Le prince sortira du cachot où il languissait, et n’en paraîtra qu’avec plus de gloire. Le diamant sera tiré de l’ordure qui l’obscurcissait, en n’en brillera qu’avec plus d’éclat.

III. Jésus-Christ a vécut sur la terre dans l’état le plus pauvre et le plus humble. Il a paru parmi les hommes comme le dernier d’entre eux. Il est né dans une étable, il a vécu sous un humble toit du travail de ses mains ; son corps a été maltraité jusqu’à ne rien conserver de la figure humaine. Qui aurait dit, en ne jugeant de Lui que par le rapport des sens, que sous ces viles apparences était caché le Roi des Anges, le Sauveur des hommes et le Dieu de Majesté ? Qui dirait de même, sur le rapport trompeur de nos sens, que dans de faibles enfants, qui ont à peine le souffle de la vie ; que dans ces pauvres qui sont couverts de haillons et d’ordures ; que dans ces malades qui pourrissent dans la misère ; que sous ces images hideuses, et dans des corps si misérables, il y eût des âmes plus grandes que dans le Ciel et la terre, et qui ont été estimées aussi précieuses que la vie même de l’Homme-Dieu ? Est-il un malheur égal à celui de la perdre éternellement ?

IV. Cette considération réglera, l’estime que je dois faire de mon corps, qui est périssable et dois rentrer à la terre d’où il est sorti, et de mon âme qui est immortelle et doit retourner à Dieu, qui est son principe. Les richesses, les biens de la terre qui flattent les sens, la pompe des grands, l’éclat des honneurs, tout cela est pour le corps, et ne mérite pas plus d’estime que lui. La Charité, la patience, l’humilité, la parole de Dieu, les Sacrements qui sont la source de la vie, voilà les biens de l’âme; voilà ce que je rechercherai, ce que j’aimerai, au mépris de tout ce qui ne peut qu’éblouir nos yeux et flatter mes sens.

V. Si Jésus-Christ montre tant d’inquiétude pour le Salut de mon âme, ne dois-je pas m’en inquiéter moi- même ? Ne doit-elle pas m’être encore plus chère qu’à lui ?

Hélas ! Si je la perds, tout est perdu pour moi. Que dis-je, tout est perdu ? Je ne me prive pas seulement d’un bonheur éternel, je m’attire un malheur infini et dans sa rigueur et dans sa durée. Si j’avais deux âmes, le salut de l’une pourrait me dédommager de la perte de l’autre; mais je n’en ai qu’une, et il dépend de moi de la rendre heureuse ou éternellement malheureuse.

VI. Avons-nous jamais compris quel est le malheur d’une éternelle damnation ? Tâchons de le comprendre en méditant au pied de la Croix ces paroles de notre Divin Maître : « Que servira à l’homme de gagner le monde entier, s’il a le malheur de perdre son âme ? Que peut-il prétendre, s’il s’attire la mort éternelle ? Ou que donnera-t-il pour se racheter, qu’aura-t-il pour se dédommager quand il aura perdu son âme ? » Méditez cette vérité, vous qui connaissez si bien le prix des choses périssables et qui, de tout ce qui vous intéresse, ne négligez que le soin de votre âme.

VII. Quand nous voyons les heureux du siècle au comble des richesses et des honneurs nager dans les plaisirs et les délices, gardons-nous d’admirer ou d’envier leur prospérité. Ce n’est qu’un songe que la mort dissipera bientôt, et dans l’éternité ils seront dépouillés de tout, et plongés dans l’abîme du malheur. Si nous avons part à la pauvreté de Jésus-Christ ; si nous participons à ses souffrances et à ses opprobres, réjouissons-nous : nos maux seront bientôt passés, et la bienheureuse éternité qui nous attend ne passera pas.

VIII. Ô éternité ! Qui me donnera de pénétrer ta profondeur ? Qui me fera comprendre l’importance d’un bonheur ou d’un malheur éternel ? Je ne trouve rien ni dans ce monde ni dans tous les biens ni dans tous les maux du monde qui soit capable de m’en donner l’idée. Croix de mon Sauveur, vous seule pouvez me l’apprendre. Que le bonheur du Ciel est grand puisque pour l’acheter il a fallu tout le Sang de l’Homme-Dieu répandu sur la Croix ? Que la damnation est horrible, que l’enfer est affreux, puisqu’il a fallu que l’Homme- Dieu se chargeât de la malédiction de la terre et du Ciel pour en fermer l’entrée et nous sauver !

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Message par Lumen Sam 9 Avr 2022 - 13:43

Neuvième jour

Le Crucifix nous apprend à aimer notre prochain


I. « Mes enfants, disait le Disciple bien-aimé, aimons-nous les uns les autres ». La Charité fraternelle est le caractère qui distingue les enfants de Dieu. Comment connaissons-nous les excès de l’amour dont Dieu nous a prévenus ? C’est qu’Il a donné sa vie pour nous tous. Nous devons donc aimer nos frères et leur sacrifier dans le besoin jusqu’à notre vie. C’est dans le sein de Jésus-Christ, c’est dans Ses Plaies que Son Apôtre avait puisé cette céleste doctrine; écoutons Jésus-Christ attaché à la Croix pour le Salut de tous les hommes : la voix de Son Sang plus éloquente encore que celle des ses apôtres, nous annoncera les devoirs de la Charité fraternelle.

II. Nous étions tous frères dans l’ordre de la nature, et c’était une raison suffisante de nous aimer les uns les autres. Dans l’alliance que Jésus-Christ a scellée de Son Sang, notre fraternité est ennoblie. Nous ne sommes pas seulement enfants d’Adam; nous sommes enfants de Dieu, frères de Son Fils unique, héritiers de Son Royaume. Nous devons donc nous aimer comme les enfants du même père : et ce père étant Dieu Lui-même, quelle doit être la sincérité, le zèle et la pureté de notre amour ? Et Jésus-Christ, le premier-né d’une si grande famille, qui s’est immolé pour le Salut de tous, et même des plus grands pécheurs, étant notre modèle, est-il un de nos frères que nous ne devrions tendrement aimer, quelque méchant qu’il soit ? Est-il dans quelque ce soit de nos frères de misères auxquelles nous ne devrions compatir, des soins que nous ne devions soulager selon notre pouvoir, des injures que nous ne devions être disposés à pardonner ? La haine que nous porterions à nos semblables, se tournerait contre Dieu même et contre Jésus-Christ. Nous haïrions les enfants de Dieu, nous haïrions les frères de Jésus-Christ qu’Il a aimés jusqu’à répandre Son Sang pour eux.

III. Depuis qu’un excès de Charité a attaché Jésus-Christ à la Croix pour sauver tous les hommes, toute la Loi divine semble renfermée dans le précepte de la Charité fraternelle. C’est le seul qu’il dit être le sien, et qu’il annonce comme son précepte par excellence. Je vous fais, disait-il à ses disciples, un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres de la manière que Je vous aime Moi-même. Je vous aime comme mes frères, comme enfants de mon Père, comme membres d’un corps dont Je suis chef, et Je vous aime, jusqu’à Me sacrifier pour Votre Salut. C’est ainsi que vous devez vous aimer, et c’est en vous aimant ainsi que vous vous ferez reconnaître de tout le monde comme Mes véritables disciples. Le précepte qui M’est propre, le précepte distinctif de Mon alliance, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme Je vous ai aimés ; et je ne puis vous témoigner plus d’amour qu’en Me livrant à la mort pour vous.

IV. Que de raisons ne nous présente pas la Croix de Jésus-Christ, de nous aimer les uns les autres et de faire triompher la Charité des répugnances de la nature ? Par le bienfait de Sa rédemption nous ne sommes pas seulement appelés, nous sommes en effet les enfants de Dieu ; et les enfants du même père et d’un père tel que Dieu; ne doivent-ils pas s’aimer, se secourir, se souffrir les uns les autres et imiter l’indulgence de leur Père céleste, qui fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons ? Le Sang de Jésus-Christ a formé de tous les chrétiens un corps dont chacun d’eux est membre, et dont Il est chef, et tous les membres d’un même corps ne doivent-ils pas s’intéresser l’un à l’autre ? Ne voit-on pas la tête et la main s’abaisser vers le pied pour arracher l’épine qui le blesse. Chrétiens sans foi et indignes du nom que vous portez, réfléchissez et tremblez. Lorsque la haine vous divise, lorsque vous vous entre-déchirez, c’est le corps de Jésus-Christ Lui-même que vous déchirez. Pourquoi Jésus-Christ rassemble-t-il tous ses membres à la même table et les nourrit-il du même pain en leur donnant à tous Son Corps et Son Sang, qu’Il a répandu pour eux tous ? c’est pour les réunion à leur chef dans le même esprit, et entretenir dans leur coeur le feu de la Charité qu’Il est venu allumer sur la terre.

V. Jésus-Christ qui nous a ordonné de nous aimer comme Il nous a aimés Lui-même, est mort pour le Salut des plus grands pécheurs. Il a reçu avec bonté le baiser de Judas ; Il a jeté sur Pierre, au moment qu’il le reniait, un regard de compassion; Il a offert Son Sang pour les méchants qui le répandaient ; Il ne s’est vengé de leurs cruautés, Il n’a répondu à leurs injures et à leurs blasphèmes, qu’en demandant grâce pour eux et en les excusant. Voilà notre modèle. Nous excuserons-nous de ne pas aimer nos frères, parce que nous n’en sommes pas aimés, parce qu’ils nous haïssent et nous persécutent, parce que leurs défauts et leur mauvais caractère les rendent indignes de notre amour ?

VI. Que rendrons-nous à Jésus-Christ pour tous les biens que nous avons reçus ? Comment reconnaîtrons- nous le bienfait de notre rédemption; et le paierons-nous du Sang qu’Il a répandu pour nous ? Il nous en offre Lui-même un moyen facile. Aimons nos frères, comme Il nous a aimés; faisons pour eux ce qu’Il a fait pour nous. Ils sont ses membres et Il regardera comme fait à Lui-même tout ce que nous ferons pour eux.
« J’ai eu faim, dira-t-il à ses élus au Jugement dernier, et vous M’avez donné à manger; J’ai eu soif, et vous M’avez donné à boire; J’étais étranger, et vous M’avez accueilli; J’étais nu, et vous M’avez revêtu; J’étais infirme, et vous M’avez visité; J’étais en prison, et vous êtes venu Me soulager ». Si Jésus-Christ nous sait tant de gré de ces bons offices auxquels la seule humanité porte les infidèles mêmes, quel gré ne nous saura- t-il pas de notre indulgence a supporter les défauts de nos frères, de notre courage à souffrir leurs mauvais traitements et à pardonner leurs injures, de notre zèle à contribuer à leur sanctification, et des sacrifices que nous ferons pour leur Salut ?
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Message par Lumen Dim 10 Avr 2022 - 11:48

Dixième jour

Sur la Charité fraternelle


I. Quiconque aime le Père, qui a donné la vie, dit Saint Jean, aime aussi les enfants qui l’ont reçue. Il suit de là que quiconque aime Jésus-Christ qui donne la vie de la grâce à tous les chrétiens, aime aussi tous les chrétiens, qui doivent leur génération spirituelle au Sang Précieux de Jésus-Christ. Il suit encore que quiconque n’aime pas ses frères, qui sont enfants, de Dieu et membres de Jésus-Christ, n’aime pas Jésus- Christ Lui-même. Si quelqu’un me dit, ajoute le même Apôtre : j’aime Dieu, et que j’aperçoive qu’il hait son frère, je dis qu’il est un menteur; car s’il n’aime pas son frère qu’il voit, et dont les besoins viennent frapper ses yeux, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas, et dont les perfections infiniment aimables ne tombent pas sous les sens ?

II. Tout ce que je fais à mon prochain soit bien, soit mal, c’est à Jésus-Christ que je le fais. Saint Martin couvre de la moitié de sa cape la nudité d’un pauvre, et Jésus-Christ se montre à lui revêtu de cet habit. Saul poursuit les chrétiens pour les faire périr, et Jésus-Christ lui dit en le terrassant : « Saul, Saul, pourquoi Me persécute-tu ? » Toutes les fois dira Jésus-Christ au jugement dernier et à ses élus et aux réprouvés, toutes les fois que vous avez rendu un bon ou mauvais office à un seul de mes frères et même au plus petit d’entre eux, c’est à Moi que vous l’avez rendu. Je ne verrai donc que Jésus-Christ dans mes frères; je les aimerai, quoiqu’ils n’aient rien d’aimable en eux-mêmes ; je les aimerai, parce qu’ils sont les enfants de notre père commun, parce que Jésus-Christ est leur Sauveur et le mien, et que ma propre indignité ne l’empêche pas de me supporter et de m’aimer. Je les aimerai et mon amour sera un écoulement de celui que j’ai pour mon Dieu et mon Sauveur. Ainsi j’aimerai mon Sauveur de toutes les manières dont il peut et dont Il veut être aimé, et dans Lui-même, et hors de Lui-même; c’est-à-dire, dans ses images vivantes, et dans les membres de ce corps mystique dont Jésus-Christ est le chef.

III. Jésus-Christ n’a promis à son jugement dernier le bonheur du Ciel qu’aux âmes compatissantes et charitables ; il ne condamne aux tourments de l’enfer que les cœurs durs et sans compassion pour leurs frères. On dirait que la Charité est la seule vertu du Christianisme. C’est que la Charité toute seule renferme toutes les autres vertus et couvre la multitude des péchés. C’est que par les œuvres de Charité on est assuré de toucher et de gagner le cœur de Dieu et d’en obtenir le centuple de tout ce que nous faisons en faveur de nos frères, le centuple de nos aumônes et de tout ce qu’il nous en coûte pour les assister et les soulager, la récompense au centuple et des peines que nous prenons pour les instruire et les sanctifier, et de notre patience à supporter leurs défauts, et de notre générosité à pardonner leurs injures et à leur rendre le bien pour le mal. Donnez, dit notre Divin Maître, et l’on vous donnera. Montrez-vous patients, indulgents, bienfaisants et généreux envers vos frères et Dieu se montrera tel à votre égard et pour quelques bien temporels dont vous serez dépouillés, et quelques légers sacrifices que vous aurez faits à la Charité, il versera dans votre sein des trésors de biens spirituels dont la mesure sera pleine, comble, surabondante, et en quelque sorte excessive.

IV. Les Saints n’ont trouvé le secret d’amasser d’immenses trésors de mérites qu’en imitant la patience, le zèle et la Charité de leur Divin Maître. Les pécheurs n’en ont pas d’autres de se réconcilier avec Dieu qui renonce à ses droits en ferveur de nos frères. Qu’un pécheur pénitent, après des œuvres de Charité, après avoir étouffé un ressentiment, après avoir pardonné une injure en vue de Jésus-Christ, se jette aux pieds du Crucifix ; la grâce qui en découlera, répandra en son coeur la plus douce confiance dans la Miséricorde Divine. Le jeune Gualbert éprouva cette faveur. Touché d’un vif sentiment de religion, il pardonna à son ennemi qu’il était sur le point d’immoler, et qui implorait sa clémence en lui présentant les bras en forme de croix. Il entre ensuite dans une église et prie devant un crucifix qui incline la tête en signe d’approbation. Cette œuvre de Charité fut le principe de sa conversion et d’une sainte vie qui lui a mérité les honneurs de l’Église.

V. Que me dit la Foi, lorsque je suis aux pieds du Crucifix ? Elle me dit que j’étais un malheureux esclave, chargé de crimes et destiné à la mort éternelle, que comme je ne pouvais ni calmer la juste colère de mon Souverain, ni acquitter mes dettes, son Fils unique touché de compassion en ma faveur, a pris ma place : qu’il a satisfait pour moi; qu’il a donné sa vie pour me sauver de la mort éternelle et moi, je poursuivrais dans mes frères qu’il a rachetés comme moi, les plus légères offenses ! Et tandis que j’éprouve tant d’indulgence et de compassion, je n’aurai pour mes frères que dureté et insensibilité ! Ô Croix de Jésus, je me rends indigne de vous, je vous outrage toutes les fois que je livre mon cœur à l’animosité, et que je le ferme à la patience et à la compassion.

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Message par Lumen Lun 11 Avr 2022 - 13:25

Onzième jour

Le Crucifix nous apprends que nous ne sommes plus à nous, mais à Jésus qui est mort pour nous


I. Jésus-Christ est mort pour nous afin d’acquérir le droit de régner sur nous. Vous n’êtes point à vous dit Saint Paul ; c’est à Jésus-Christ que vous appartenez ; Il vous a acheté à un grand prix : et quelle conquête est plus justement à Lui que celle qu’Il a payée de tout Son Sang ! j’étais un esclave malheureux, et Jésus-Christ m’a rendu la liberté en se rendant esclave en ma place. j’étais condamné à la mort, et Jésus-Christ, pour me sauver, a sacrifié Sa propre vie. Pour me gagner à Lui, Il a répandu Son Sang, et a triomphé sur la Croix de toutes les puissances qui me tenaient dans l’esclavage. Je lui ai trop coûté pour ne pas lui faire hommage de la liberté qu’Il m’a procurée, de la vie qu’Il m’a rendue, et pour n’être pas à Lui sans réserve.

II. Par la création j’étais assujetti au souverain pouvoir de Dieu, j’étais l’esclave du Créateur. Par le péché j’ai été assujetti au pouvoir du démon ; je suis devenu son esclave. Par la rédemption je suis devenu l’esclave de Jésus-Christ. Glorieux esclavage, qui a détruit celui du démon et ennobli celui du Créateur ! j’appartiens à Jésus-Christ et comme son ouvrage et sa conquête. Sa toute-puissance qui m’a tiré du néant, et Sa Charité qui m’a tiré de l’esclavage du péché et de l’abîme de l’enfer, ont sur moi des droits inaliénables. Ô mon âme ! qu’il est doux, l’esclavage qui te soumet à ton Créateur et à ton Sauveur ! Qu’ils sont précieux, les liens qui, pour t’enchaîner, ont été formés par la puissance et la Miséricorde Divine ! Et que tu serais malheureuse, si tu osais les rompre et te soustraire au souverain empire de Jésus-Christ !

III. Les pécheurs, les plus grands ennemis de Jésus-Christ, ne peuvent se soustraire à son empire. Dieu l’a établi juge des vivants et des morts. Parce qu’Il s’est humilié, dit Saint Paul, en se rendant obéissant jusqu’à accepter la mort et la mort de la Croix, Dieu l’a exalté au dessus de tous les hommes, et Lui a donné un Nom qui est au-dessus de tout les noms créés, afin qu’au Nom de Jésus, toute créature fléchisse le genou dans le Ciel, sur la terre et dans les enfers. La Croix de Jésus-Christ lui a donc donné sur moi un droit inaliénable qu’Il exercera ou dans Sa Miséricorde ou dans Sa Justice. Si je refuse d’être l’esclave heureux de Son Amour, je deviendrais nécessairement l’esclave infortuné de Sa Justice. Dans le Ciel ou dans l’enfer, je serai soumis également à Son souverain pouvoir, et de Sa Croix découlera ou mon bonheur ou mon malheur éternel. Le Sang qu’Il a répandu pour moi, demandera à Dieu ou mon Salut, si je lui suis fidèle, ou si je ne m’attache pas à Lui, mon éternelle condamnation. Je ne puis ne pas lui appartenir : il est seulement à mon choix de vivre ou sous l’empire de Sa Miséricorde ou sous celui de Sa Justice.

IV. Je devrais appartenir à Jésus-Christ et m’attacher à Lui sans réserve par le seul titre de la reconnaissance. Il m’a sauvé de la mort et de la mort éternelle par le sacrifice de Sa propre vie. Que mon ingratitude serait monstrueuse, si je méprisais, si je trahissais, si j’outrageais un bienfaiteur si généreux. Mais je me dois à Lui un titre bien plus rigoureux : Il m’a acheté, Il a payé ma rançon de tout Son Sang ; je suis tout à Lui à titre de justice. Et comment pourrais-je me soustraire à son empire ? Où me cacherais-je pour me dérober à la justice de mon Sauveur, dont le pouvoir s’étend au Ciel et sur la terre, et entre les mains de qui Dieu a remis sa souveraine autorité sur les vivants.

V. Mon Père, disait Jésus-Christ, sur le point d’aller à la mort, Je Vous ai glorifié sur la terre, j’ai accompli l’oeuvre dont Vous M’aviez chargé, J’ai enseigné aux hommes ce que J’ai appris de Vous ; Je vais à la Croix pour les racheter et les réconcilier avec Vous au prix de Mon Sang : glorifiez-Moi à votre tour. Et quelle est la récompense que Jésus-Christ demandait à Son Père avec tant d’ardeur ? C’est que les hommes pour lesquels Il mourait puissent le connaître et le glorifier ; c’est qu’Il fût leur Roi comme Il est leur Sauveur, et que son empire sur toutes les créatures fût tellement étendu que personne ne pût obtenir la vie éternelle que par Lui. Dieu, dit Saint Paul, a exaucé les vœux de Son Fils unique à cause de sa piété respectueuse et de son obéissance parfaite à toutes ses volontés. Aussi Son Nom après avoir été le jouet des Gentils et le scandale des Juifs, est béni dans le Ciel, est adoré sur la terre, et est devenu redoutable à l’enfer, et il n’est pas sous le Ciel, comme l’a dit le Prince des Apôtres, d’autre nom donné aux hommes, par le pouvoir duquel ils puissent être sauvés. Il faut donc croire en Jésus-Christ, invoquer Son Nom, se soumettre et s’unir à Lui ou renoncer au Salut.

VI. Jésus-Christ a souffert ; Il a versé des larmes ; il a répandu Son Sang ; Il a sacrifié Sa vie pour que je puisse Lui appartenir, et que de l’empire du démon je puisse passer sous le Sien. Il est en mon pouvoir de le consoler dans ses douleurs, d’essuyer ses larmes, de Lui faire recueillir le fruit de Sa Passion, de le faire triompher de ses opprobres et de ses souffrances. Serais-je assez ingrat, assez ennemi de moi-même, pour ne pas me donner à Lui, pour préférer l’empire du monde et du démon à son empire ? Et comment serais-je assez insensé, pour ne pas me dévouer entièrement à Lui sachant que, quoi que je fasse, je ne puis me soustraire à son empire, que Sa Croix triomphera éternellement, ou dans le Ciel par la communication de son bonheur et de sa gloire, ou dans l’enfer par le rigueurs de Sa Justice ?

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Message par Lumen Mar 12 Avr 2022 - 14:13

Douzième jour

Comment nous appartenons à Jésus-Christ


I. Jésus-Christ a bien le droit de dire, en considérant nos âmes, qu’Il a rachetées par sa mort : Voilà Mon Sang et Ma vie. Elles lui tiennent lieu du Sang qu’Il a répandu, et de la vie qu’Il a sacrifiée, comme un héritage tient à un acquéreur lieu de l’argent qu’il a donné pour l’acquérir. Mon âme est donc à Jésus-Christ, de même que Son Sang et Sa vie qui en est le prix, et si pour mes péchés j’ai le malheur de la perdre, ce n’est pas mon bien que je perds, c’est celui de Jésus-Christ, c’est Son Sang et Sa Vie, et je deviens véritablement complice de la mort de l’Homme-Dieu. Ah ! Quels reproches n’ai-je pas à craindre de sa part, si je refuse de vivre soumis à Sa Loi ! Malheureux, me dira-t-il, rends-moi le Sang que J’ai répandu pour toi : rends-Moi la vie que j’ai sacrifié pour ton Salut.

II. Les mauvais chrétiens, dit Saint Paul, qui par leurs péchés crucifient de nouveau Jésus-Christ en eux- mêmes, n’ont rien à se promettre pour le terrible Jugement de Dieu, et le supplice d’un feu vengeur ; je dis d’un feu jaloux de la gloire de Jésus-Christ qui sans jamais anéantir ses ennemis, les brûlera toujours. Un prévaricateur de la Loi de Moïse, continue le même Apôtre, étais mis à mort sans pitié et sans rémission. Quels châtiments sont donc réservés à un prévaricateur de la Loi de Jésus-Christ, à un Chrétien sacrilège, qui aura foulé aux pieds le Sang du Fils de Dieu, ce Sang Précieux et Divin, dont l’effusion a consommé l’alliance de Dieu avec les hommes ?

III. Dans une âme fidèle, qui vit dans la dépendance et l’amour de son Sauveur, Jésus-Christ règne comme dans un empire qu’Il a acquis au prix de Son Sang. Il y trouve en quelque sorte l’équivalent de la vie qu’Il a sacrifiée pour s’en assurer la possession. En me donnant à Lui, je lui rends le Sang qu’Il a répandu, je Lui rends la vie qu’Il a perdue pour moi. La gloire que je puis Lui rendre le dédommagera de ses opprobres et de ses souffrances ; Sa grâce qui régnera dans mon coeur le ressuscitera, le fera revivre en moi. Ce n’est que dans mon coeur qu’Il peut être victorieux de la mort qu’Il a bien voulu souffrir pour s’en assurer la

possession. Il y vit, Il y règne avec toute la gloire qu’Il désire, s’il est à lui ; et s’il est asservi au péché, Jésus- Christ y est encore, mais dans un état de mort et d’humiliation, comme il était sur la Croix, puisque, selon la doctrine de Saint Paul, les Chrétiens qui pèchent, crucifient de nouveau le Fils de Dieu en eux-mêmes.

Ô mon âme, tandis qu’il t’est libre de servir Dieu ou le monde, tu as entre les mains la vie et la mort de ton Sauveur. Tu lui rends la vie qu’Il a donnée pour toi, si tu lui es fidèle ; si à son empire tu préfères l’empire du monde et du démon, tu deviens coupable de sa mort, et au dernier jour Il te redemandera le Sang qu’il aura inutilement répandu pour toi.

IV. Dépouillez-vous du vieil homme, dit Saint Paul, abandonnez en toutes choses sa manière de penser, d’agir, de parler, revêtez-vous de l’homme nouveau ; qu’il retrace en vous l’image de Dieu que le péché avait effacée. Le vieil homme, c’est Adam avec ses convoitises, c’est la chair avec ses concupiscences, c’est le monde avec son orgueil ; ce sont ces inclinations vicieuses que nous avons héritées d’un père criminel. L’homme nouveau, c’est le Fils de Dieu fait homme, la plus parfaite image de la Divinité ; c’est Jésus-Christ, qui s’étant chargé des iniquités du vieil homme, l’a attaché à sa croix pour l’y faire périr avec lui. Faisons- nous donc une idée de la vie chrétienne que nous professons d’après la doctrine de Saint Paul. Elle suppose la mort, le crucifiement et la sépulture du vieil homme, sur le modèle de la mort, du crucifiement et de la sépulture de Jésus-Christ, afin que le corps de péché soit détruit en nous, que nous ne soyons plus les membres du péché, mais les membres de Jésus-Christ qui est l’homme nouveau qui doit vivre en nous. Tandis que je respirerai, j’aurai à soutenir une guerre intestine entre le vieil homme et l’homme nouveau entre la chair et l’esprit, entre Jésus-Christ et le démon. C’est à moi de décider lequel des deux sera vainqueur et triomphant, mais je ne dois pas oublier qu’au triomphe de Jésus-Christ est attaché mon bonheur éternel, et mon malheur éternel au triomphe du démon.

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Message par Lumen Mer 13 Avr 2022 - 13:32

Treizième jour

Des avantages que nous procure la Croix de Jésus-Christ pour aimer Dieu et en être aimés


I. Dieu aime Jésus-Christ d’un amour infini, c’est le même amour dont Il s’aime lui-même. Il l’aime parce qu’Il est son Fils unique, de même nature que Lui ; Il l’aime parce que comme homme Il a toujours été son serviteur fidèle, toujours soumis à Sa Volonté, et que sur la croix, Il a offert à sa Souveraine Majesté un sacrifice digne de Lui. C’est pour cela qu’Il l’a élevé au-dessus de toute créature ; qu’Il l’a fait dépositaire de sa toute-puissance et de toutes ses richesses ; qu’Il n’accorde rien au Ciel et sur la terre qu’en son nom ; que nous n’avons d’accès au Trône de Sa Miséricorde que par Sa Croix, et qu’il n’est pas d’autre nom que celui de Jésus auquel nous puissions être sauvés. Si Dieu a tant d’amour pour Son Fils, Il ne peut pas aimer tout ce qui lui appartient. Nous sommes à Jésus-Christ plus qu’à nous-mêmes, nous sommes la conquête de Son Sang ; nous sommes ses membres et une portion de sa sainte humanité. Dieu nous aime donc à proportion que la Croix nous unit à Son Fils. Ô Croix adorable, source inépuisable de Salut et de vie, je veux m’attacher à vous pour m’unir à mon Sauveur, je veux me baigner dans Son Sang et puiser dans Ses Plaies et dans son Coeur la Miséricorde et l’Amour de mon Dieu.

II. La divinité habite une lumière inaccessible, qu’aucun des hommes n’a vue et qu’aucun des hommes ne peut voir. Avant Jésus-Christ, les hommes charnels ne pouvant atteindre ni des yeux, ni de l’esprit à une majesté qui est également invisible et incompréhensible, ils se firent des dieux semblables à eux pour les adorer. Dieu dans Sa Miséricorde a envoyé sur la terre Son Fils unique, revêtu d’une forme humaine. Il a voulu qu’Il devint l’ouvrage visible du Dieu invisible, et que la plénitude de la divinité habitât en Lui substantiellement, ô prodige admirable ! Ô merveilleuse invention de la Charité de Dieu pour les hommes ! Désormais je puis adorer la créature sans crainte d’être idolâtre. Dans la personne de Jésus-Christ, c’est Dieu lui-même que j’adore : c’est Lui-même que j’aime, c’est à Lui que je me consacre et me dévoue. c’est dans Jésus-Christ que je dois chercher mon Dieu, c’est dans Lui que je dois l’aimer. Je suis en Mon Père, a-t-il dit Lui-même, et Mon Père est en Moi. Je suis aussi dans ceux que j’ai rachetés par l’impression de mon esprit, et ils sont en moi par la communication de mes mérites. Ô mon âme, quels avantages te procure la Croix de ton sauveur ! Aime Jésus crucifié et tu aimeras ton Créateur : aime le Fils qui t’a rachetée, et selon sa promesse tu seras aimée du Père qui t’a donné l’être.

III. Le Christianisme ne consiste, pas précisément à adorer un seul Dieu. Les Juifs l’adorent ; les Disciples de Mahomet l’adorent, et ils ne sont pas chrétiens. Il consiste à connaître et à adorer l’Homme-Dieu. La vie éternelle, dit Jésus-Christ à son Père, est de Vous connaître, Vous qui êtes le seul vrai Dieu, et Votre Fils unique Jésus-Christ que Vous avez envoyé. Or, de même que plus un homme est raisonnable, plus il est homme ; ainsi plus on aime Jésus-Christ, plus on est chrétien. Et comment peut-on l’aimer plus tendrement, qu’en le considérant attaché à la Croix pour notre salut ? De quoi se glorifiait le plus l’Apôtre Saint Paul ? C’est de ne savoir autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié.

IV. Il ne suffit pas de connaître Jésus-Christ pour en obtenir la vie éternelle : les démons, les réprouvés le connaîtront éternellement, et n’en serons pas moins éternellement malheureux. Il ne suffit pas de l’aimer en paroles ; il faut l’aimer d’un amour qui nous rende semblables à Lui, qui nous transforme en Lui, qui imprime sur nos corps et ans nos âmes les sacrés caractères de Sa Croix. Il faut l’aimer comme les Apôtres qui étaient comblés de joie, lorsqu’ils avaient à souffrir pour la gloire de Son Nom, qui ne connaissaient de gloire que dans la part qu’ils avaient aux humiliations de Sa Croix. Il faut l’aimer comme Saint Paul, qui ne se glorifiait que du titre de serviteur de Jésus-Christ, et qui ne consolait de ses chaînes en se regardant comme son esclave.

V. L’Amour de Jésus-Christ est un moyen facile de devenir Saint en peu de temps. Il nous rend semblables à Lui. Par une vertu propre à l’amour il nous transforme en lui ; et la sainteté, comme la prédestination consiste à ressembler à Jésus-Christ. Aimons Jésus-Christ, et bientôt nous serons chastes, patients, charitables : car nos cœurs unis au Sien seront la source de toute sainteté. Ne demandons à Dieu que l’amour de Son Fils car avec Son Fils, dit Saint Paul, Il nous donnera infailliblement toutes choses. Que tout notre richesse soit notre crucifix ; durant la vie, pour en recevoir continuellement les influences du Précieux Sang et de l’amour de Jésus-Christ ; à la mort, pour exciter notre confiance, animer notre Foi, et nous faire remettre notre âme entre les mains de notre Sauveur.

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Message par Lumen Jeu 14 Avr 2022 - 14:42

Quatorzième jour

Le Crucifix nous apprend combien Jésus-Christ nous aime


I. Écoute, mon âme, la plus belle leçon que le Crucifix puisse te donner. Il n’est pas possible, te dit-il, d’aimer d’avantage que de se livrer à la mort pour ses amis, et pour des amis qui ne connaissent pas, pour des amis qui outragent leur bienfaiteur, et se rendent complices de sa mort. Voilà l’excès ou le Fils de Dieu a porté son amour ; lors même que nous étions les ennemis de son Père, Il a répandu Son Sang pour laver nos péchés, Il offre encore tous les jours le sacrifice de sa vie pour nous réconcilier et nous sauver. Nous nous révoltions contre le Dieu de majesté : pour gagner nos coeurs, Il s’est rendu le Dieu de Charité, Il s’est revêtu de la peau des brebis qu’Il voulait sauver, et à donné Sa Vie pour le salut de son troupeau. Ô Jésus, ô véritable Pasteur, ô Sauveur de mon âme ! Aurais-je le cœur assez insensible pour n’être pas touché de Votre bonté, pour ne pas Vous rendre amour pour amour, et anéantir en moi la gloire de Votre croix et les mérites de Votre Sacrifice ?

II. Lorsque Je serai élevé de terre, disait Jésus-Christ ; lorsque Je se serai attaché à la Croix J’attirerai tout à Moi. Qui pourra résister à tant d’amour ? Le cœur des hommes étant à Moi, Je me tiendrai dédommagé du sacrifice que Je fais pour eux. Leur amour Me tiendra lieu de Mon Sang et de Ma Vie. Il m’importe assez peu de mourir, pourvu qu’ils m’aiment ; et s’il faut souffrir pour leur prouver Mon amour, qu’ils considèrent et qu’il voient s’il est une douleur pareille à celle que Je souffre. Tel est le langage que le Crucifix semble me tenir toutes les fois que j’y contemple les souffrances de mon Sauveur. Serai-je assez malheureux pour tromper ses espérances ? Non, j’attacherai mon cœur à Sa Croix, afin qu’Il détruise en moi les inclinations qui m’attachent au monde et qu’il m’attire véritablement à Lui.

III. Jésus-Christ a été établi médiateur entre Dieu et les hommes. Il a fallu, pour remplir le devoir de cette admirable méditation, qu’Il fût Dieu et homme tout ensemble ; Dieu pour réconcilier son Père avec les hommes ; homme, pour gagner les hommes à Dieu. Il fallait qu’il fût homme pour être notre caution et satisfaire pour nous à la Justice Divine, et qu’Il fût Dieu pour donner à ses satisfactions un prix infini et pour faire mourir le péché dans l’homme par l’onction de la Divinité. Toute sa vie s’est passée dans l’exercice de cette glorieuse médiation. Son amour le partageait entre Dieu et les hommes il passait les nuits dans la prière et les jours à prêcher Son Evangile, à soulager les malheureux, à convertir les pécheurs. Il ne s’est pas contenté de ménager notre réconciliation durant sa vie, il a voulu l’assurer par Sa mort, et sceller de Son Sang le traité de paix qu’Il a fait entre le Ciel et la terre.

IV. Ô mystère incompréhensible d’amour et de miséricorde ! Dieu, qui a allumé le feu de l’enfer pour punir le péché, qui ne l’a pas même pardonné à ses anges rebelles, a bien voulu devenir Lui-même le Sauveur des hommes pécheurs. Au lieu de poursuivre la juste vengeance de nos iniquités, Il s’en est chargé Lui-même. Au lieu de punir des criminels, Il s’est rendu criminel en apparence; Il a pris nos péchés, et nous a donné Ses mérites. Pour délivrer son peuple de l’esclavage, Il s’est rendu esclave; pour expier nos péchés, Il a souffert tous les tourments qu’ils méritaient. Ô mon âme, si ton souverain Seigneur, si ton Dieu s’est rendu dans un corps mortel semblable à toi; s’Il a vécu, s’Il est mort pour toi que peux-tu faire de moins que de vivre et de mourir pour Lui ? Tu le devrais par gratitude, quand même tu lui serais égal en nature et en majesté. Jésus- Christ, dit Saint Paul, est mort pour tous les hommes afin que ceux à qui Il a donné la vie ne vivent pas à eux-mêmes, mais à Celui qui est mort pour les sauver.

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Message par Lumen Ven 15 Avr 2022 - 14:54

Quinzième jour

Sur les raisons qui engagent Jésus-Christ à aimer les hommes


I. Dieu voulant manifester sa Miséricorde dans les hommes pécheurs avec plus d’éclat encore qu’Il n’avait manifesté Sa Justice dans les ange rebelles, s’est fait homme dans Jésus-Christ, afin qu’un Homme-Dieu consacrant et fortifiant la nature humaine, rendit les hommes participants de la nature divine et enfants de Dieu. Par là Jésus-Christ est devenu le premier-né d’entre les hommes, notre chef, notre médiateur, le dépositaire de la Miséricorde de Dieu et de sa Providence sur tous les hommes. Si le Verbe s’est fait chair en notre faveur, nous ne devons pas nous étonner de l’amour infini de Jésus-Christ pour nous. Il était de sa glorieuse destinée d’unir les hommes à son Humanité pour les associer à Sa divinité; et pour consommer cette œuvre admirable, Il n’a rient fait de trop, en nous consacrant ses travaux et sa vie, en expiant nos péchés dans sa Chair innocente, en s’humiliant devant la Majesté de Dieu, et Lui offrant pour prix de notre réconciliation le Sacrifice de Sa vie.

II. Ô admirable invention de la Sagesse et de la Miséricorde Divine ! Si Jésus-Christ n’était qu’un homme comme nous, son amour pour nous serait borné, il ne serait d’aucun mérite ni d’aucun prix aux yeux de Dieu. Si le Verbe de Dieu ne s’était pas fait chair, il n’y aurait entre Lui et nous aucune proportion, Il ne pourrait nous aimer. Il s’est approché de nous en se faisant homme; Il s’est rendu semblable à nous pour avoir une raison d’avoir pitié de nous, de nous aimer et de nous sauver. Il s’est u ni à notre nature en Jésus-Christ, afin que l’amour de Jésus-Christ pour nous fût véritablement divin, et que le Sacrifice qu’Il a offert pour nous fût véritablement divin, et que le sacrifice qu’Il a offert pour nous fût d’une prix infini. Ô amour étonnant et inconcevable ! Mon Dieu s’est rendu semblable à moi en se faisant homme comme moi, en s’unissant à ma faiblesse et à mes misères, afin de me rendre semblable à Lui en m’élevant par sa grâce à la participation de sa nature. Ô que je serais malheureux, si je ne renonçais pas à moi et à mes misères pour m’unir à Lui, comme Il a bien voulu renoncer à Lui-même et à Sa souveraine grandeur pour s’unir à moi !

III. L’amour de Jésus-Christ pour tous les hommes, tout ce qu’Il a fait, tout ce qu’Il a souffert pour les sauver n’est plus un mystère pour moi, dès que je crois le mystère de l’Incarnation du Verbe. Sa Miséricorde et Son Amour pour nous ont dû être sans borne, puisque Dieu en était la source, puisque c’était l’Amour et la Miséricorde de Dieu même. Les moments éternels de l’enfer sont justifiés par la Justice infinie de Dieu : les richesses de Son Amour le sont par Sa Miséricorde infinie. Ô Jésus, Vous ne pouvez ne pas avoir pitié de moi, Vous ne pouvez ne pas m’aimer quelque indigne que j’en sois; puisque c’est pour avoir pitié de moi, pour me sauver et m’aimer que le Verbe de Dieu s’est si intimement uni à Votre Humanité. Voilà ce qui anime ma confiance, ce qui me soutient sous le poids de mes misères, et qui me fait espérer qu’en me faisant sentir Votre Amour pour moi, ce sentiment embrasera mon cœur d’un ardent amour pour Vous.

IV. Combien de raisons engagent Jésus-Christ à nous aimer ? Nous sommes son héritage, nous sommes son bien qu’Il a acquis au prix de sa vie ; et naturellement on chérit un bien a proportion de ce qu’Il a coûté. Nous étions un champ stérile, une vigne sauvage ; Il a acheté ce mauvais fonds, Il l’a défriché, Il l’a cultivé, Il l’a arrosé de ses sueurs et de son Sang. Avec quelle ardeur ne doit-Il pas désirer d’en recueillir des fruits. Nous sommes ses frères quoique élevés dans la gloire, Il ne put nous méconnaître dans notre misère. Comme Joseph, son amour le fait descendre de son trône pour nous embrasser. Nous sommes ses enfants, puisqu’Il a souffert la mort pour nous donner la vie : un père peut-il ne pas aimer ses enfants ? Peut-il oublier, peut-il négliger ceux à la faiblesse de l’âge ou les infirmités de la santé rendent ses soins plus nécessaires ? Nous sommes ses membres et Il a promis de nous garder comme la prunelle de son œil. Comment pourrais-je, ô mon Sauveur, douter de Votre Amour ? Mais si Vous m’aimez si tendrement, pourquoi Vous aimé-je si peu ?

V. Nous sommes pécheurs, il est vrai; mais nous avons dans nos péchés même un titre pour prétendre à la Miséricorde et à l’Amour de Jésus-Christ. Il n’a pas répandu Son Sang que pour effacer nos péchés; Il n’est notre Sauveur que parce que nous sommes pécheurs : c’est sur nos péchés, j’ose le dire, qu’est établie la gloire de Sa Croix. Il est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau; et ses plus vives inquiétudes sont en faveurs de ses brebis égarées. À qui, durant sa vie mortelle, témoigna-t-Il plus d’Amour qu’aux pécheurs et aux pécheurs les plus décriés ? Il les prévenait, Il les accueillait avec bonté, Il les attachait à sa suite. Semblable à un médecin charitable qui néglige ceux qui sont sains pour avoir soin des malades, il paraissait préférer les pécheurs aux plus justes. Ô mon Sauveur, Vous renouvelez tous les jours la Miséricorde dont Vous avez usé envers la pécheresse de Samarie, la femme adultère, Madeleine, plus célèbre par son tendre amour envers Vous que par les désordres de ses premières années. Il n’y a encore sur la terre des Zachée que Vous daignez convertir, des Matthieu que vous arrachez au service du monde pour les attacher au vôtre, des Pierre qu’un regard miséricordieux fait rentrer en eux-même. Hélas ! Il est encore plus perfide que Judas que Vous prévenez, a qui Vous présentez le baiser de la paix, et qui ne cessent d’être vos ennemis et d’affliger Votre Amour par leur impénitence. Non, mon Sauveur, mes péchés, quelque énormes qu’ils soient ne me feront jamais désespérer d’avoir part à Vos Miséricordes et à Votre Amour. Plus je suis pécheur, plus j’espère en vous. Je ne veux penser à mes péchés que pour m’en humilier, pour les détester, pour mêler mes larmes avec Votre Sang, afin de les effacer.

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Message par Lumen Sam 16 Avr 2022 - 12:47

Seizième jour

Le Crucifix nous enseigne à souffrir nos maux avec patience


I. Que disait Saint Paul aux chrétiens de son temps, pour adoucir leurs afflictions, et les animer à souffrir patiemment et constamment les persécutions ? c’est d’avoir toujours sous les yeux Jésus-Christ souffrant et mourant en croix, après n’avoir essuyé que des contradictions dans tout le cours de sa vie.

II. Jésus-Christ, chargé de nos misères et attaché à la croix, buvant le calice de Sa Passion, en a retenu pour Lui toute l’amertume. La pointe des clous et des épines dont Il a été percé, s’est émoussée, pour ainsi dire, en Lui; les souffrances y ont perdu ce qu’elles avaient de plus amer; et quand elles passent de Lui à nous, comme des eaux vives qui traversent une mine d’or, elles sont mêlées d’une onction secrète qui les nous les rend douces, consolantes et souvent même délicieuses.

III. Chrétiens qui souffrez, pour vous animer et vous consoler, jetez les yeux sur Jésus-Christ souffrant. Vous souffrez par nécessité, et Il a souffert par choix et par amour pour vous. Il a subi par ses souffrances la peine des péchés que vous avez commis; ne devez-vous pas la subir avec Lui ? Le coupable doit-il être traité plus doucement que son innocente caution ? Il a souffert comme votre chef pour vous animer par son exemple; Il a affronté volontairement les dangers et la mort, pour aplanir la rue carrière que tout homme est condamné à parcourir durant le cours de sa vie mortelle; unissez par une soumission volontaire vos souffrances nécessaires à celles dont votre Sauveur s’est chargé par amour pour vous : c’est le seul moyen d’en adoucir l’amertume, de les sanctifier, et de les changer en semences immortelles d’un éternel bonheur.

IV. Si nous sommes affligés, dans ce monde ou par des revers de fortune, ou par l’indigence, ou par les maladies ; si nous sommes en butte à la haine, à la calomnie, aux plus injustes persécutions ; si, en voulant faire le bien, nous n’essuyons que des contradictions, nous ne recueillons que des peines qui nous semblent stériles; qu’il nous est facile de trouver la consolation au pied de la Croix ! c’est ainsi, nous dit-elle, que votre Maître a été traité dans tout le cours de sa vie; il a ouvert la carrière des souffrances; pour l’aplanir et la sanctifier, il y a marché le premier et l’a arrosée de Son Sang; quelle gloire de marcher sur ses traces ! Quel bonheur de Lui ressembler dans les traits de sa vie qui l’ont rendu votre Sauveur, et l’ont élevé au- dessus de toutes les créatures dans un rang égal à la souveraine puissance de Dieu même !

V. En quoi consiste, selon la doctrine de Saint Paul, le mystère de la prédestination des chrétiens ? Dans leur ressemblance avec Jésus-Christ ; de même que pour la perfection d’un corps il doit régner un certain ordre de conformité entre le chef et ses membres. C’est pour cela que le même Apôtre nous assure que quiconque veut vivre dans la piété, sur le modèle de Jésus-Christ souffrira persécution; que si nous sommes ses frères et cohéritiers, c’est à condition que nous retracerons en nous l’image de sa vie crucifiée; et que nous ne serons glorifiés avec Lui dans le Ciel qu’autant que nous aurons part sur la terre à ses souffrances.

VI. Nous plaindrions-nous du prix auquel on met notre bonheur ? Quelques tribulations que nous avons à supporter, dit Saint Paul, j’estime que les peines de cette vie ne méritent pas d’être comptées parmi quelque chose, en comparaison de la gloire future qui se manifestera un jour dans nos personnes. Dans cette vallée de misères, les souffrances sont inévitables, en quelque condition qu’on se trouve; le plus grand nombre souffre sans consolation, sans mérite et sans espérance. Un chrétien fidèle ne soutient pas seulement ses peines et ses souffrances avec soumission, la croix de son Sauveur y répand une onction qui en adoucit l’amertume; il y trouve un trésor qui doit être le prix d’une gloire et d’un bonheur éternel. Animé de la même foi que Saint Paul, au milieu des plus grandes tribulations, il est comblé de consolation et de joie; et si cette joie, cette consolation ne sont pas toujours sensibles, la vertu de la Croix anime sa patience et soutient son courage.

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Message par Lumen Dim 17 Avr 2022 - 17:01

Dix-septième jour

De la bonté de Dieu en général pour nous exciter à la confiance


I. Pour accoutumer nos yeux à la lumière, et de crainte qu’ils ne soient éblouis en fixant tout à coup l’élégante Charité de Dieu qui a paru sur la Croix, tournons nos regards vers des objets qui soient plus à notre portée, et dont l’éclat soit plus tempéré ; considérons la Miséricorde et la bonté de Dieu en général : puis nous élèverons les yeux sur la Croix pour y contempler le soleil d’amour dans tout l’éclat de sa lumière dans l’excès de son ardeur.

II. Rentre en toi-même, ô mon âme, sonde les replis de ton cœur. Si tu te sentais coupable de quelque péché secret, ne les détesterais-tu pas ? N’en ferais-tu pas l’aveu sincère aux ministres que Jésus-Christ a établis pour t’absoudre ? Pour l’expier et l’effacer, épargnerais-tu tes regrets et tes larmes ? Non sans doute. Si ta conscience ne te reproche ni d’attache criminelle à laquelle tu n’aies renoncé en vue de ton salut, ni de haine secrète de ton prochain que tu n’aies étouffée, ni d’injustice que tu n’aies réparée; si elle répond que tu aimes ton Dieu, que tu aimes ton prochain; sois tranquille : ne redoute ni la mort, ni les jugements de Dieu; Il ne peut te juger que dans Sa Miséricorde; Il veut te sauver, puisqu’il t’inspire Lui-même des sentiments de pénitence et qu’Il t’accorde le secours de Ses Sacrements, qui sont les sources de Sa grâce. Les péchés sont moins la cause de damnation que la défiance qui fait mourir les pécheurs dans l’impénitence.

III. Quelques péchés que nous ayons eu le malheur de commettre dans le cours de notre vie, si, pour les effacer, nous avons mêlé nos larmes au Sang de l’Agneau, qui coule dans nos âmes par les Sacrements, ne nous figurons pas que nous allons paraître devant Dieu souillé de ces péchés : ils sont effacés, il n’en reste pas de vertige ; nous sommes revêtus de Jésus-Christ et enrichis de ses mérites. Mourir dans les Sacrements, c’est mourir dans le Sang de Jésus-Christ, et personne ne peut faire naufrage dans ce bain salutaire, à moins qu’il ne s’y plonge avec la perfidie de Judas ou l’impiété des hébreux déicides

IV. Ne crains pas, mon âme, d’être traînée devant le tribunal de la Justice Divine : ta pénitence sanctifiée par les mérites de ton Sauveur, ayant couvert la multitude de tes péchés, la Justice de Dieu s’est changée pour toi en Miséricorde. Dieu te regarde comme un esclave dont le sont Fils, aux dépens de sa vie, a acheté la liberté, comme une conquête qu’Il a arrachée à l’enfer : ton salut intéresse sa propre gloire. Ne crains rien, Il a répandu sa colère loin de toi sur des peuples rebelles et sur des âmes qu’Il n’a pas attendues à pénitence, ou qui s’obstinent à mourir dans leurs péchés.

V. Dieu est juste, Il n’est que bonté et Miséricorde. Pleurons les péchés où notre faiblesse, et peut-être notre malice nous a entraînés; renonçons au monde, qui nous est étranger, renonçons à tout ce qui déplaît à Dieu, nous n’aurons rien à craindre de la Justice Divine, qui n’exerce ses rigueurs que contre ceux qui sont obstinément rebelles à sa grâce; nous lèverons tous les obstacles qui arrêtaient le cours de son infinie bonté; et notre âme, que nous remettrons entre ses mains au sortir de la prison de son corps, passera dans le sein de Sa Miséricorde, et entrera dans la joie du Seigneur. Dieu n’est que Charité, que bonté et le propre de sa bonté est de se communiquer; par un effet de cette bonté, il nous a communiqué son être en quelque sorte, lorsqu’il nous a tirés du néant; par un effet de la même bonté, Il veut nous communiquer Son bonheur. Il est notre Père ; Il préfère que dans nos prières nous Lui donnions ce tendre nom redoutable de Souverain Seigneur; et que ne fait pas un bon père pour le Salut et le bonheur e ses enfants, de ceux qui l’ont affligé par leur mauvaise conduite ?

VI. Dieu est si bon lorsqu’il proteste que la punition des pécheurs est un œuvre qui lui est comme étrangère, à laquelle il ne se porte qu’à regret, et que ses plus chers délices sont de faire du bien à tous les hommes; Il imprime au cœur de ses saints la même inclination de bienfaisance et de Charité; et n’avoue pour ses enfants que ceux qu’une Charité bienfaisante rend semblables à Lui. Dieu ne serait-il pas pour nous, quelque misérables que nous rendent nos péchés, ce qu’il nous ordonne d’être les uns pour les autres, bienfaisant, compatissant à nos misères, patient à supporter nos injures, disposé à nous pardonner et à nous rendre le bien pour le mal ? Serait-il moins miséricordieux que nous ne devons l’être ? Non, l’immense Charité dont il pénètre le cœur de ses Saints, n’est qu’un ruisseau qui coule de l’océan de Sa Miséricorde infinie. Ne croirions-nous pas notre salut en sûreté, s’il dépendait de la Charité de ces hommes apostoliques que Dieu emploie à la conversion des pécheurs ? Qu’avons-nous donc à craindre, si, morts au monde que nous allons quitter, la Foi nous découvre que notre Salut est entre les mains de Dieu même ?

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Message par Lumen Lun 18 Avr 2022 - 15:28

Dix-huitième jour

Combien la Miséricorde de Dieu envers les pécheurs doit exciter notre confiance
au moment de la mort


I. Celui entre les mains de qui nous remettons, en mourant, notre esprit, est un Dieu dont la Miséricorde infinie a commencé son cours dès l’origine du monde, et ne l’a jamais interrompu. Dès lors le genre humain comblé de ses grâces et de ses faveurs l’a offensé, et il a eu pitié du genre humain : les hommes ont continué de l’outrager, et il n’a cessé de leur faire du bien; les attendant à pénitence avec une patience invincible, il conserve toute leur vie, il ordonne au soleil de se lever pour les éclairer, au Ciel et à la terre de les combler de biens, afin que, s’ils périssent, leur perte ne puisse être imputée qu’à eux-mêmes et à leur impénitence volontaire. Aussi est-il dit de Dieu qu’il est riche en Miséricorde et généreux à pardonner, non un péché, mais des péchés sans nombre; non les péchés d’un peuple, mais les péchés de toutes les nations ; non pour un tempos, mais pour tous les siècles. Ô mon âme, tu n’as à craindre que ton impénitence, et non pas la colère d’un Dieu qui est porté à te pardonner, et qui est infiniment plus miséricordieux que tu n’es pécheresse.

II. Telle est la bonté de Dieu pour les plus grands pécheurs, tandis qu’ils sont sur la terre, qu’il paraît négliger Sa souveraine Majesté, et oublier en faveur de Sa Miséricorde, les droits de Sa Justice; Il semble rechercher toutes les occasions de leur pardonner : attraits de la grâce, remords de la conscience, invitations, menaces, afflictions, il emploie tout pour les toucher et les convertir, et s’il parvient à gagner leur cœur, il s’en fait une sorte de triomphe. Je vous assure, dit le Sauveur du monde, que les Anges de Dieu se réjouiront lorsqu’un pécheur fera pénitence. Un pécheur est une brebis perdue, que Jésus-Christ, comme un bon Pasteur, recherche jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée, en faveur de laquelle il paraît négliger le soin de tout son troupeau. Un pécheur converti est un enfant prodigue, que Dieu, le meilleur de tous les pères, reçoit avec la plus grande bonté, qu’il comble de biens, sans conserver aucun souvenir de son ingratitude et de ses désordres.

III. Quand Dieu menace les pécheurs, ce n’est pas pour les perdre; c’est pour les convertir : le plus grand pécheur peut et doit espérer dans Ses Miséricordes, tandis qu’il a un souffle de vie. Jonas connaissait bien le cœur de Dieu, lorsqu’il refusa d’aller à Ninive lui annoncer sa ruine prochaine; il ne doutait pas que si cette ville abominable faisait pénitence, Dieu ne lui devint propice, et ne révoquât l’arrêt qui la condamnait à une ruine entière. Les menaces et la colère de Dieu sont toujours accompagnées de Miséricordes en faveur des pécheurs contrits et humiliés.

IV. Durant le cours de ma vie criminelle, mon Dieu que j’outrageais indignement me supportais avec patience; il attendait le retour de son enfant prodigue : loin de me rejeter, il m’a reçu avec bonté quand je suis revenu à lui; il m’a rétabli dans tous les droits de ses enfants; mille fois je l’ai offensé, mille fois il m’a pardonné; il a épargné l’ouvrage de ses mains ; il m’a gardé jusque dans mes désordres, comme la prunelle de ses yeux : ses bontés passées sont un gage assuré de celles que je dois espérer au moment de ma mort : mon plus grand crime en ce moment serait de ne pas espérer en Lui. Non, il ne veut pas que je périsse, ni qu’avec moi périsse le fruit de tant de Miséricordes dont il m’a comblé dans le cours de ma vie.

V. C’est Dieu qui inspire aux mères et aux nourrices tant d’amour et de tendresse pour les petits enfants qu’elles allaitent; c’est lui qui donne aux pères un cœur si bon pour leurs enfants, qu’on les voir sa sacrifier pour eux, et les aimer malgré les ingratitudes les plus noires et les plus honteux désordres. Que la source de tant de bonté doit être abondante ! qu’il doit être bon et miséricordieux, le cœur qui communique tant de bienfaisance à tant de millions de cœurs ! Celui que fait tous les yeux, sera-t-il aveugle ? Celui qui forme les oreilles, sera-t-il sourd ? Et celui qui forme le cœur des pères et des mères, n’aura-t-il pas l’amour de pères et de mères pour tout ce qu’il à mis au monde ?

VI. Pour le pas succomber sous le poids de nos iniquités, et pour exciter notre confiance dans les Miséricordes du Seigneur, considérons la multitude d’âmes pénitentes qui ont été dans tous les siècles d’illustres monuments de la Miséricorde Divine. La main de Dieu s’appesantissait sur le peuple des infidèles, qui, inconstant, quittait les voies de l’iniquité, pleurait et gémissait et Dieu lui faisait grâce; ils retombaient puis tendaient les bras et Dieu les relevait; il retombaient derechef, puis revenaient à eux et Dieu leur pardonnait après tant de rechutes et d’infidélité. Quelle bonté ! Quelle Miséricorde ! Quelle patience invincible ! l’arrêt de Ninive est prononcé; elle fait pénitence : il est révoqué. Qu’il est beau de voir David, ce roi adultère et homicide, avouer son péché, le détester et obtenir Miséricorde ! Qu’il est beau de voir le roi Manassès tremper ses chaînes de ses larmes, et ces majestés abattues aux pieds de Dieu, triompher hautement de sa justice, et lui lier les mains, pour ainsi dire, au moment de ses plus éclatantes vengeances ! Mais ces insignes pécheurs étaient-ils assurés du pardon de leurs crimes ? Dieu n’a-t-il pas souvent dit qu’au jour et au moment que le pécheur renoncera à ses péchés et retournera à lui, ses péchés seraient jetés dans la mer, et ensevelis dans un éternel oubli ? Le plus grand pécheur peut-il être en doute de la Miséricorde de son Dieu et de sa disposition à le recevoir avec bonté, s’il considère la force des paroles qu’il adressait à son peuple infidèle pour le convertir ? Un mari disait-il, ne reçoit jamais une femme adultère ; ces sortes de plaies ne se ferment point; et moi j’ai tout un autre cœur pour vous. Que vous m’ayez manqué de Foi, que vous ayez suivi des amants étrangers avec opprobre de mon nom, quelque jaloux que soit mon cœur, et il n’en est pas de plus jaloux ; si vous revenez à moi de bon cœur, je vous recevrai, et nous vivrons ensemble comme auparavant. Comment un pécheur, en méditant ces tendres promesses, ne se convertit-il pas ? Et comment un pécheur converti peut-il redouter la colère de son Dieu ?


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Message par Lumen Mar 19 Avr 2022 - 11:53

Dix-neuvième jour

Nos péchés mêmes contribuent à exciter notre confiance


I. Mon âme, déteste tes péchés, comme les plus grands maux du monde; mais n’en sois pas effrayée : ce sont des monstres qui n’ont plus de dents; la Miséricorde Divine les a désarmés : elle les fera servir à ton bonheur et à ton triomphe. s’il est glorieux à Dieu de pardonner et d’user de Miséricorde, les péchés tournent à sa gloire; ils sont pendant ta vie la source d’une sainte pénitence; à ta mort ils feront éclater la Miséricorde de ton Sauveur, comme les péchés d’un voleur pénitent la firent éclater sur la Croix.

II. Les larmes que versait Saint Pierre étaient aussi précieuse que le péché qui faisaient couler était affreux. Rien de plus honteux que les désordres de Madeleine, et rien de plus agréable à Jésus-Chris que la pénitence qu’ils excitèrent, que les larmes qu’ils firent répandre. Ô bonté admirable de Dieu ! Ce qui devrait nous perdre, ce qui nous attirait sa haine et sa malédiction, elle le fait servir à nous sauver, et à nous attirer à son amour et à ses grâces. Il n’appartient qu’aux grands médecins de changer le poison en bons remèdes; il n’appartient qu’à Dieu de tirer la gloire du milieu de la honte, d’extraire la douceur de l’amertume même, et de faire sortir la lumière du sein des ténèbres les plus épaisses.

III. Si notre premier père n’avait pas péché, le Fils de Dieu ne se serait pas fait homme pour sauver le genre humain. Heureuse faute qui a procuré tant de gloire à Dieu et aux hommes une si grande abondance de Miséricorde ! Heureux aussi tous les péchés, les péchés les plus détestables, quand ils sont amèrement pleurés et lavés dans le Sang de l’Agneau ! Un pécheur pénitent est plus cher et plus agréable à Dieu par son humble pénitence qu’il ne lui était odieux pour tous ses péchés. Ô mon âme, que tu dois d’amour à ton Dieu, que tu lui dois de confiance de vouloir tirer sa gloire des injures que tu lui as faites, et d’employer à ton Salut les péchés qui doivent d’attirer sa colère et t’entraîner dans l’enfer !

IV. Ah ! Que toutes les étoiles du firmament soient autant de langues, pour annoncer les Miséricordes de Dieu ans tous les siècles ; que les Anges se joignent à moi, et suppléent à ma faiblesse, pour m’aider à rendre grâce à Son infinie Bonté qui a désarmé Sa Justice, qui en mettant mes péchés sous mes pieds les fait servir à mon élévation.

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Message par Lumen Mer 20 Avr 2022 - 15:06

Vingtième jour

La dignité de notre âme doit nous exciter à la confiance


I. Considère, mon âme, la noblesse de ton origine, et conçois des sentiments qui en soient dignes. Tu es sortie du sein de Dieu ; il est ton Père et il veut que nous l’invoquions sous ce tendre nom : « Notre Père, qui êtes aux Cieux ». Or un père peut-il oublier son enfant ? Dieu nous porte dans ses entrailles, comme la plus tendre des mères; lui-même nous assurez que s’il y avait un monde une mère assez dénaturée pour désavouer et négliger le fruit de ses entrailles, il n’est pas capable de cette insensibilité à notre égard. Quelque misérable que mes péchés m’aient rendu, il me reconnaîtra toujours pour son ouvrage et son enfant; il découvrira toujours en moi l’image de sa divinité, et sera toujours porté à lui rendre sa beauté originelle, et à la rétablir dans les droits dont le péché l’a fait déchoir.

II. Quoique la pure bonté de Dieu soit le motif de l’amour qu’il nous porte, on peut dire qu’en nous aimant, il s’aime lui-même, que son amour pour nous n’est qu’un écoulement de l’amour qu’il a pour lui-même : nos âmes qu’il a faites à son image, sont pour ainsi dire, des portions de sa divinité : lui touchant de si près, comment ne nous aimerait-il pas ?

Le péché, il est vrai, défigure en nos âmes sa ressemblance; mais la pénitence, sanctifiée par le Sang de Jésus-Christ, en retrace les traits effacés. Nos âmes embellies par la grâce du Sauveur du monde, sont des temples où Dieu daigne établir sa demeure, où il dit lui-même qu’il fait ses délices de converser avec nous; ce sont de vénérables sanctuaires où habitent le Saint Esprit. Nos corps eux-mêmes sanctifiés par la sainte humanité de Jésus-Chris, et consacrés par la société qu’ils ont avec nos âmes sont des vases dédiés à la Majesté de Dieu; on ne peut les profaner que par d’horribles sacrilèges, et Dieu, dit Saint Paul, en perdra les profanateurs.

III. Oui, sans doute, quelque indignes que nous soyons, Dieu fait grande estime de nous. Ce fut dans un conseil ineffable de trois personnes divines que nous corps furent formés et animés par le souffle divin. Faisons l’homme, dit le Seigneur, à notre image : après avoir créé le monde matériel, il voulu renfermer dans l’homme un abrégé de toutes ses merveilles. Et ce Dieu si bon voulait-il détruire et perdre ce qu’il a paru créer avec tant de complaisance ? Voit-on des mères qui jettent leurs enfants au feu ou bien qui les déchirent ? Pourquoi te troubles-tu, mon âme, à la vue de tes péchés et dans l’attente du jugement de Dieu; quelque énormes, quelques nombreux qu’ils soient, rassure-toi, si tu les déteste sincèrement; tu n’as à craindre que de manquer de confiance dans la Miséricorde Divine ; ton Juge est ton Dieu, ton Créateur, ton Père ; il ne veut pas perdre son ouvrage, il ne veut pas jeter au feu son enfant ; il désire plus ton salut que tu ne le désires toi-même.

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Message par Lumen Jeu 21 Avr 2022 - 14:04

Vingt-et-unième jour

Quelle doit être notre confiance en Dieu si nous considérons le don qu’Il a fait au monde
de Son propre Fils


I. Dieu a tellement aimé le monde qu’il n’a pas fait difficulté de lui donner son propre Fils. Et quel monde ? Un monde ennemi de Dieu, un monde que ses péchés rendaient abominable à sa sainteté divine. Il a envoyé son propre Fils pour sauver ce monde rempli de pécheurs, pour se charger Lui-même de tant de péchés, et les expier, comme si tout seul Il les eût tout commis. qu’avons-nous à craindre de la colère de Dieu, après qu’il a voulu l’éteindre Lui-même dans le Sang de son propre Fils ? Si nous détestons nos péchés, si nous en faisons pénitence, qu’avons-nous à craindre d’eux, après que Jésus-Christ Lui-même a bien voulu les expier, et daigner au défaut de nos propres mérites, nous appliquer les mérites de Son Sang Précieux ?

II. Dieu a voulu que Son Fils se fit homme pour avoir une raison en lui d’aimer tous les hommes, qui en eux- mêmes n’ont rien d’aimable à ses yeux. Il aime Jésus-Christ son Fils unique; Il l’aime profondément, Il l’aime uniquement; et parce qu’Il est le chef du genre humain, et le premier-né d’entre les hommes, Il n’aime les hommes qu’en Lui et pour l’amour de Lui : ainsi Dieu nous aime du même amour dont Il aime son Fils, du même amour dont Il s’aime Lui-même. Tandis que nous serons unis à Jésus-Christ, comme de faibles membres sont unis à leur chef, Dieu aura pitié de nous, Il nous aimera, sinon pour nous mêmes, qui sommes si misérables, du moins en faveur de son Fils bien-aimé, qui nous fait part de ses mérites.

III. Dieu a voulu que son Fils unique devint le Sauveur du monde, pour avoir une raison de pardonner aux hommes et de les réconcilier avec Lui. Un pécheur pénitent est couvert du Sang de Jésus-Christ, il est environné de ses mérites, il est sous la sauvegarde de sa Croix. Dieu, voudra-t-il perdre ceux que Jésus-Christ a sauvés, et leur refuser une Miséricorde qui a coûté si cher à Son Fils bien-aimé ?

IV. Dieu a tellement aimé les hommes, que pour les retirer de l’abîme ou le péché les avait plongés, il a voulu que la plénitude de sa divinité en Jésus-Christ, Homme et Dieu tout ensemble; ce Dieu si jaloux de sa gloire l’a voulu ainsi, afin que les hommes pécheurs puissent avoir en Jésus-Christ un médiateur et un Sauveur digne de Lui, afin que ce Divin Sauveur devînt le principe du Salut de tous les hommes, la source de leur sainteté, et le fondement de toutes leurs espérances.

V. Dieu ayant donné son Fils au monde, a paru l’oublier, pour n’aimer en Lui que les hommes, et ne s’occuper que de l’intérêt de leur salut ; pour les sauver de la mort éternelle, Il a porté contre Lui, dès sa naissance, un arrêt de mort; Il a voulu que sa vie se passât à les instruire, à leur donner et les leçons et les exemples de toutes les vertus; Il a voulu que pour gagner les hommes, et les affranchir de l’esclavage du péché, Il fût dans tout le cours de sa vie, et leur maître, et leur modèle, et leur serviteur. Jette-toi, mon âme comme la pécheresse Madeleine, aux pieds de ton Sauveur; ne crains pas de te jeter entre ses bras, ni, à l’exemple de son Disciple bien-aimé, de te reposer sur son sein. Il n’a pas dans le séjour de sa gloire moins de Miséricorde et de bonté qu’Il n’en a montré sur la terre.

VI. Dieu ne s’est pas contenté de donner son Fils au monde, ni de lui ordonner d’employer toute sa vie à l’oeuvre de son salut ; Il l’a encore condamné à la mort pour procurer aux hommes la vie éternelle. Il l’a arrachée de son sein pour le livrer aux bourreaux; Il a voulu qu’Il consommât son sacrifice sur l’autel de la Croix, qu’Il devînt une victime d’expiation pour nos péchés. Son Fils réduit à une agonie mortelle, lui demanda grâce pour Lui-même, et Il ne l’obtint pas. Il semble que Dieu nous ait plus aimés que Lui. Et nous aimera-t-il moins au moment où il s’agit de recueillir les précieux fruits du Sacrifice qu’Il lui a offert pour notre salut ?

VII. Jésus-Christ ayant acquis par son obéissance jusqu’à la mort de la croix des mérites infinis, Dieu son Père, à qui Il a offert pour nous le sacrifice de sa vie, nous a incorporés en Lui; Il l’a rendu notre chef, afin qu’étant les membres de son Fils unique, nous puissions devenir en Lui et par Lui ses enfants. Par là nous sommes devenus les frères et les héritiers de Jésus-Christ. Nous avons part à ses mérites et à toutes ses richesses. Je suis misérable de mes fonds; mais je suis riche de Jésus-Christ. Ses larmes, ses prières, ses souffrances, tous ses mérites sont à moi. Ô admirable invention de la bonté divine ! Ne pouvant faire que nous fussions tous des Dieux, elle a fait un Homme-Dieu, pour nous rendre participants des richesses de la divinité; et Dieu, comme dit Saint Paul, en nous donnant son Fils, ne nous a-t-il pas donné toutes choses avec Lui ?

VIII. C’est le baptême et la Foi en Jésus-Christ qui nous unissent à Dieu et nous rendent ses enfants ; ce sont les Sacrement qui nous incorporent à Son Fils bien-aimé. Ô mon âme ! Puisque j’ai le bonheur d’avoir été appelé à la Foi, d’avoir été baptisé dans le Sang de Jésus-Christ; puisque je lui appartiens et que je suis associé à ses mérites, je puis dire avec confiance que tout est à moi, que malgré mon indignité je mérite tout, qu’en Jésus-Christ et par Jésus-Christ j’obtiendrais toutes choses. Ah ! Mon Dieu, qui me donnera un million de cœurs pour vous aimer comme Vous le méritez !

IX. Ô mon Dieu ! Ô Père très aimable et très miséricordieux ! Qui me donnera un million de cœurs pour Vous rendre une partie de l’amour que Vous m’avez porté en me donnant Votre Fils ? Vous avez voulu qu’Il consacrât toute sa vie au salut des hommes. Durant tout le cours de sa vie, Il s’est moins montré leur maître que leur serviteur. Il les recherchait, Il les prévenait, Il les guérissait de leurs maladies, Il multipliait les pains pour les nourrir, Il leur lavait les pieds, Il les instruisait, Il est mort pour eux, pour eux Il s’est ressuscité et s’est élevé dans les cieux pour y préparer leurs places. Il ne les oublie pas dans le lieu de leur exil, Il leur prodigue Son Sang et Ses mérites infinis qu’Il a mis comme en dépôt dans Ses Sacrements. Ô prodige de Miséricorde et d’amour ! Les paroles me manquent, mes pensées se confondent, mon esprit demeure interdit. Ô amour ! Ô bonté ! c’est tout ce que je puis dire : tant que je vivrai, je ne cesserai d’espérer en vous.

X. Oui j’espérerai dans la Miséricorde de mon Sauveur, quand même j’aurai déjà un pied dans l’enfer. Si Dieu avait voulu me perdre m’aurait-il incorporé à son Fils ? m’aurait-il ordonné l’usage des Sacrements dont la vertu est de me transformer en Son Fils ? En me réprouvant, il réprouverait Son propre Fils; en me perdant, Il anéantirait sa rédemption et le plus grand ouvrage de Sa Miséricorde. Non, je ne craindrai rien, tandis que je croirai en Lui, que je mettrai ma confiance en Lui, que je me tiendrai attaché à sa Croix. Non rien ne me séparera de la Charité de Jésus-Christ.

XI. Si Dieu ne nous sauve pas pour l’amour de nous qui ne méritons que les rigueurs de sa justice, Il nous sauvera pour l’amour de Son Fils qui a porté la peine de nos péchés; Il doit une récompense à l’obéissance qu’Il lui a rendue : or cette récompense est le salut de ceux qui croient en Lui : c’est tout ce qu’Il demandait, lorsqu’il Lui offrait Son Sang et Sa Vie. Dieu ne peut nous perdre sans ruiner l’héritage que Son Fils a acquis de Son Sang, sans affaiblir la vertu de Sa Croix, sans arracher de Son Corps adorable des membres qu’Il s’est incorporé. Non, notre divin Sauveur ne peut condamner les pécheurs sans faire violence à Sa Miséricorde; c’est un malheureux père contraint de souscrire la condamnation de son fils. Ô bonté qui m’avez donné un si bon sauveur, j’espère que Vous me le conserverez, et que vous ne permettez pas que j’en sois séparé.
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Message par Lumen Ven 22 Avr 2022 - 15:47

Vingt-deuxième jour

Considération des grandeurs de Jésus-Christ pour servir de fondement à nos espérances


I. Notre confiance en Jésus-Christ notre Sauveur et notre Chef, sera d’autant plus solide, que nous serons plus pénétrés de son excellence et de sa souveraine grandeur, et de la surabondance de ses satisfactions par où Il est devenu l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde.

II. Jésus-Christ, cet admirable composé, qui est Dieu et Homme tout ensemble, que Dieu avait promis au monde dans son origine, a été donné au monde dans la plénitude des temps. Tous les siècles ont été faits par Lui. Les précédents ont servi à préparer son premier avènement, les suivants à préparer la gloire de cet empire éternel qu’Il doit exercer sur toutes les créatures à son dernier avènement. Avant sa naissance, Il était l’objet des vœux des patriarches et des prophètes; à sa naissance Il a jeté dans Son Eglise des semences de salut pour se préparer un peuple de Saints; depuis sa mort Il est dans le Ciel, élevé au-dessus de toutes les puissances, chef d’un empire et d’un règne qui n’aura jamais de fin.

III. C’est pour Jésus-Christ que toutes les choses ont été faites . Dieu n’a créé les hommes que pour que Son Fils eût des sujets sur lesquels il exerçât un empire éternel. Ô mon âme ! Ton Seigneur qui est homme comme moi est véritablement ton Dieu, ce Dieu souverain que tu dois adorer, ce Dieu puissant de qui dépendent ton être et ton salut. Il n’a pas crut que ce fût une usurpation de se dire égal à Dieu son Père. Dieu n’a dit d’aucun ange ce qu’il dit de lui : « Asseyez-vous à ma droite; vous êtes mon Fils que j’ai engendré au jour de mon éternité ». Ô Jésus, si vous n’étiez que Dieu, je tremblerais et craindrais d’être accablé du poids de votre souveraine grandeur; mais Vous êtes Homme-Dieu, en même temps égal à Dieu et semblable à moi. Ah ! Cette adorable égalité et cette merveilleuse ressemblance m’engagent à mettre en vous une confiance sans bornes.

IV. Jésus-Christ, uni à la nature divine, a été revêtu comme Homme du souverain pouvoir de Dieu sur toutes les créatures, Il est devenu héritier de toutes ses richesses; le souverain des anges et des hommes, le juge des vivants et des morts. C’est par la main de Jésus-Christ que Dieu exerce sa toute-puissance, c’est par sa bouche qu’Il pardonne ce qu’Il condamne ; de Lui seul dépend notre éternelle destinée. Notre juge est notre Sauveur et notre Frère ; qu’il est facile aux plus grands pécheurs de le fléchir et d’en obtenir un arrêt de Miséricorde, puisque sa plus grande gloire consiste à pardonner, puisqu’il n’a répandu son Sang que pour effacer les péchés du monde.

V. Quoique Jésus-Christ soit égal à Dieu, Il n’en dépend pas moins de lui dans une partie de son être ; Il n’a pas été dispensé de la servitude commune : aussi lui a-t-il été obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la Croix. Obéissance véritablement glorieuse à Dieu, et infiniment plus glorieuse que ne le serait l’obéissance de toutes les créatures ensemble, puisque c’est l’obéissance d’un Homme-Dieu égal à Dieu; obéissance qui nous est infiniment précieuse, et dont il dépend de nous de recueillir les mérites, puisque c’est comme chef du genre humain et au nom de tous les hommes qu’Il à obéi à Dieu son Père; obéissance qui nous est imputée, si nous nous soumettons avec Jésus-Christ au souverain empire de Dieu et si nous mourons au péché, comme Il est mort pour expier nos péchés.

VI. Qu’il est étonnant, le mystère d’un Dieu fait homme ! Que les richesses qu’il procure à la nature sont merveilleuses ! l’homme y est parfaitement assujetti au souverain domaine d’un Dieu, et lui fait un digne sacrifice de lui-même, et Dieu élève l’homme jusqu’à Lui, en lui communiquant Sa Divinité même. Ô homme ! Apprends par la soumission et les anéantissements de Jésus-Christ, que le souverain domaine de Dieu est inaliénable; mais que si tu te soumets à Lui, Il t’élève jusqu’à Lui, et qu’étant membres d’un corps dont Jésus-Christ est le chef, tu deviens participant de la nature divine, et tu entres en société des mérites de son Fils. Mon âme, soumets-toi au Seigneur, Il te pardonnera tes péchés, Il te sauvera, Il te recevra dans le sein de Sa gloire, en vue des mérites de Son Fils qui t’appartiennent.

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Message par Lumen Sam 23 Avr 2022 - 13:20

Vingt-troisième jour

Considération des grandeurs de Jésus-Christ pour servir de fondement à nos espérances


I. Quand on approche d’un roi de la terre, on est frappé de sa majesté extérieure et de l’image de sa grandeur qui brille dans ses yeux et sur son visage; on ne voit pas son âme, on n’y pense pas, on est occupé que de l’appareil extérieur de sa souveraineté. Cependant c’est à sa personne sacrée que se rapportent les hommages qu’on lui rend. Ainsi Dieu pour se proportionner à notre faiblesse, et nous montrer sous des traits sensibles sa souveraine majesté qui habite une lumière inaccessible, a voulu se faire homme. Ainsi, en adorant Jésus- Christ, en adorant son corps et son âme, c’est en Dieu que nous espérons ; en l’aimant c’est Dieu que nous aimons. Ô mon âme sois inséparablement unie à Jésus-Christ. Il est ton Dieu, aussi véritablement qu’il est ton sauveur et ton frère. Si la pure majesté de Dieu est trop éclatante pour la faiblesse de tes yeux, tu peux le contempler, tu peux l’adorer et l’aimer dans l’humanité de ton sauveur à laquelle elle est unie personnellement.

II. Jetons les yeux sur l’âme de Jésus-Christ, nous y découvrirons des abîmes de lumière. Comme elle est sainte de la Sainteté de Dieu même, nous y découvrirons d’inépuisables sources de grâce, une Sagesse, une Bonté, une Miséricorde, une Charité infinies. Pourquoi Dieu a-t-il déposé tant de richesses dans l’âme de son Fils, si ce n’est pour en faire part à ses fidèles adorateurs ? Ce divin Sauveur nous appelle à Lui, Il nous invite à recevoir le soulagement qu’Il veut accorder à nos misères. Il dépend de nous de puiser dans Son Coeur la Miséricorde et le pardon de nos péchés, l’amour de Dieu, la sainteté, les plus précieux gages de notre prédestination.

III. Ce que nous devons le plus admirer en Jésus-Christ, ce qui doit le plus exciter notre confiance, c’est qu’ayant mérité par sa mort toutes les grâces qui se donneront jamais, Il en est le maître et le dispensateur. C’est Lui qui fait les Saints, qui soutient les faibles, qui convertir les pécheurs. Comme il ne peut y avoir de salut que par Lui, toute notre espérance doit être renfermée dans Lui. Il est la source de toutes les grâces que le Ciel communique à la terre, et ce qui doit me rassurer contre les frayeurs que peuvent m’inspirer mes péchés, Il est l’auteur du Salut de tous ceux qui croient en Lui, et des plus grands pécheurs qui invoquent son Nom et recourent à ses Plaies pour être lavés dans son Sang.

IV. Autrefois Dieu maudissait ceux qui mettaient leur confiance dans la puissance des hommes et se reposaient sur un appui de chair ; maintenant ceux-là seuls seront bénis qui se confieront en la Chair et au Sang de Jésus-Christ, et qui mettront toute leur espérance dans les Plaies de ce Divin Sauveur. L’ordre de la Providence divine est bien changé : Dieu n’est plus jaloux qu’un homme entre en partage de sa puissance et de sa gloire. Il ne lui a pas seulement communiqué sa Sagesse et sa Puissance, comme Il l’a fait à d’autres, non pas le canal, mais la source même de tout bien et de toute sainteté. Nous devons donc adorer Jésus- Christ, nous devons à sa Sainte Humanité les mêmes hommages qu’au Dieu souverain parce qu’elle est l’humanité de Dieu même. Puisque Dieu nous a assez aimés pour nous donner son propre Fils, pour vouloir qu’Il s’immolât pour nous et portât la peine de nos péchés, nous devons mettre en Lui toute notre confiance. Si nous recourons à Lui comme au médecin de nos âmes accablées sous le poids de nos péchés, si nous invoquons avec foi son Saint Nom, si nous nous jetons entre ses bras pour lui remettre notre esprit, n’en doutons pas, Il usera de Miséricorde envers nous, Il nous recevra dans le Ciel auprès de Lui, et nous ayant affranchis de l’esclavage de l’enfer, il nous fera servir éternellement à la gloire de son triomphe.
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Message par Lumen Dim 24 Avr 2022 - 15:57

Vingt-quatrième jour

Notre entretien devrait être avec Jésus-Christ


I. Dieu nous a donné en Jésus-Christ un accès facile auprès de son infinie majesté qui n’habite plus une lumière inaccessible. Il nous est aisé, si nous voulons, de nous occuper des grandeurs de Jésus, qui sont les grandeurs de Dieu même, cachées sous le voile de son humanité. C’est un objet proportionné à la faiblesse de notre imagination et où nos pensées peuvent atteindre, quoi qu’elles ne puissent le comprendre. C’est de notre Dieu que nous devons nous occuper : mais Il est homme comme nous. Nos yeux, dit Saint Jean, l’ont vu, nos mains l’ont touché, nos oreilles l’ont entendu. Il ne s’agit pas d’élever avec effort nos esprits vers une majesté invisible. En pensant à un homme nous pensons à notre Dieu; en parlant à un homme, nous parlons à notre Dieu et c’est en aimant, c’est en adorant sa sainte humanité que nous nous élevons jusqu’à l’amour et à l’adoration de sa divinité.

II. Ce qui nous rend cet accès et plus facile et plus doux, c’est que Jésus-Christ est notre frère, et qu’il ne l’est devenu que par amour pour nous. Ah ! Que cette fraternité tempère l’éclat de la redoutable majesté de Dieu ! Ah ! Que les hommes sont insensé de chercher leurs plaisirs dans les entretiens frivoles, les jeux et les vaines joies du monde ! qu’ils en trouveraient un bien plus solide et plus doux en s’entretenant avec Jésus- Christ, en méditant sur ses grandeurs et ses miséricordes, en s’élevant par lui jusqu’à la contemplation de la majesté divine qui lui est si intimement unie, et en commençant sur la terre la vie des Saints dans le Ciel.

III. Quelles consolations n’éprouverions-nous pas en nous entretenant avec Jésus-Christ, notre Sauveur et le médecin de nos âmes ! De quelle lumière ne serions-nous pas éclairés, si nous prêtions l’oreille aux instructions et aux paroles de vie qui sortent de sa bouche sacrée ! S’il trouve ses délices à être avec les enfants des hommes, quels délices ne doit-il pas faire goûter à ceux avec lesquels Il daigne s’entretenir ? Ô mon âme, si Jésus est la source de tout bien et de toute consolation; s’il se donne à toi dans le Sacrement de Son amour; s’Il te nourrit de Sa Chair et de Son Sang; s’Il t’aime jusqu’à vouloir te transformer en Lui, à quoi tient-il donc que tu ne sois inondée des douceurs de Son amour ? Donne-toi donc à Lui, comme Il se donne à toi et Il vivra en toi, et tous tes délices comme les siennes, seront d’être avec Lui.

IV. Qui ne devrait pas brûler d’amour en considérant que Jésus-Christ, pour ainsi dire, de nouveau pour nous, toutes les fois que nos péchés nous sont pardonnés, et que pour éteindre les feux de l’enfer, allumés pour nous punir, nous n’avons qu’à nous plonger dans Son Sang ? Ô bonté infinie ! Ô vertu incompréhensible du Sang de l’Agneau ! Pour m’en appliquer les mérites et effacer mes péchés, il me suffit d’avoir de la Foi, de la confiance et de l’amour : il me suffit de baiser ses plaies et de mêler mes larmes avec Son Sang. Hélas ! Étant héritiers des richesses de Jésus-Christ, comment pouvons-nous désirer des richesses périssables ? Ah ! Que tout est vil, que tout est bas et indigne d’un chrétien à qui Jésus-Christ veut bien faire part de toutes ses richesses, de tous ses mérites ! Malheureux que nous sommes ! Qui est-ce qui nous a corrompus ? Comment avons-nous si honteusement dégénéré de l’esprit des premiers chrétiens et qui estimaient tout le reste indigne d’eux ?

V. Que n’avez-vous pour Jésus-Christ le même amour que Madeleine qui aima d’autant plus son divin Maître et en fut d’autant plus aimée, qu’elle avait péché d’avantage ? Nos péchés, bien loin de nous désespérer, ne sont qu’une raison de plus d’aimer Jésus-Christ et de nous confier en Lui. Que n’aimons-nous le Sauveur Jésus, comme dit Saint Paul, qui ne pouvait vivre sans Lui, à qui cette vie mortelle, était à charge parce qu’il le tenait séparé de Lui, qu’il frappait d’anathème quiconque refusait de l’aimer ? Que ne l’aimons-nous comme Saint Ignace, qui se faisait gloire de porter son nom gravée dans son coeur, et qui animait les bêtes féroces à le moudre pour devenir le froment de Jésus-Christ ? Que ne l’aimons-nous comme tant de généreux martyrs qui ont versé leur sang pour la gloire de son Nom, comme tant de confesseurs, comme tant de vierges saintes qui n’ont vécu que pour Lui et qui durant leur vie mortelle, n’ont trouvé de délices qu’à converser avec lui ?

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Message par Lumen Lun 25 Avr 2022 - 14:13

Vingt-cinquième jour

De l’estime que nous devons faire des mérites de Jésus-Christ,
et ce que c’est que de prier en Son Nom


I. La première disposition pour bien prier est de désirer ardemment les grâces que nous demandons. Le désir étend le coeur et le rend capable de recevoir les dons célestes. Il faut encore avoir une grande idée de la toute-puissance de Dieu et croire qu’il peut infiniment plus que nous ne pouvons désirer ni lui demander. Il fait joindre à cette disposition la plus grande confiance en sa bonté et ses miséricordes infinies. Et tout cela ne suffit pas, depuis que le Fils de Dieu se faisant homme est devenu notre Sauveur et notre chef. Si dans nos prières nous nous bornons aux sentiments de confiance dans la toute-puissance et la Miséricorde de Dieu sans chercher un autre appui, nous ne serons pas exaucés. Que faut-il de plus ?

II. Voici le secret et le sûr moyen d’obtenir de Dieu tout ce que nous lui demandons. Ce n’est pas en notre nom, c’est au nom de Jésus-Christ que nous devons prier. Quand nous prions comme il faut, c’est Jésus- Christ qui prie en nous et pour nous, et ce n’est qu’en vue de ses miséricordes que nos prières peuvent être exaucées. Nous ne devons donc nous confier que dans les mérites de Jésus-Christ ; nous ne devons prier qu’en son nom, et nous tenir assurés, selon qu’Il l’a promis Lui-même, que tout ce que nous demanderons sera accordé.

III. Nous ne devons pas douter que Dieu ne soit disposé à nous exaucer si nous faisons nos prières avec un double sentiment de confiance, et dans la Miséricorde de Dieu, et dans les mérites infinis de Jésus-Christ qui ne les a acquis que pour nous en faire part. Dieu veut honorer son fils, dont l’obéissance lui a procuré tant de gloire; pour nous obliger à mettre en Lui toute notre confiance, Il ne veut rien accorder que par Lui et à cause de Lui ; les grâces qu’Il nous fait sont une justice qu’Il lui rend; Il veut que nous croyions qu’en nous comblant de faveurs, Il ne fit que donner à Son Fils ce qu’Il a mérité pour nous.

IV. Comme Dieu a tellement aimé le monde, qu’Il lui a donné Son Fils pour le sauver, Il aime tellement Son Fils qu’Il n’accorde rien au monde, qu’en Son Nom et en vue de Ses mérites. Il veut que nous les lui représentions sans cesse, non qu’Il puisse les oublier mais pour nous obliger à n’en perdre jamais la mémoire, et à reconnaître que notre Sauveur a payé de Son Sang toutes les grâces que nous Lui demanderons en Son Nom. Afin que, ces grâces divines, nous les estimions ce qu’elles valent. Il a voulu que Son Fils unique nous les mérite, et veut nous les accorder en proportion de ses mérites. qu’elles sont précieuses les grâces d’un Dieu, puisque le Sang d’un Homme-Dieu en est le prix ! Mais qu’elles nous sont assurées, si nous les demandons avec Foi, puisque Jésus-Christ les a payées d’avance, et que nous les demandons à Dieu autant à titre de justice que de Miséricorde.

V. Ne croyons pas qu’il nous suffise pour obtenir les grâces qui nous sont nécessaires, d’avoir été baptisés et de croire en Jésus-Christ ; il faut prier encore, et prier en Son Nom. Le baptême nous rend ses membres, la Foi nous tient unis à Lui, et la prière nous fait communiquer avec Lui et nous attire l’influence des mérites, qu’Il n’a acquis au prix de son Sang, que pour nous en faire part. Par la prière faite au nom de Jésus-Christ, nous nous unissons à Lui par de nouveaux liens, nous nous approchons de plus en plus de la source des grâces; et cette source étant infinie, plus nous y puisons, plus nous pouvons y puiser ; plus nous recevons, plus nous pouvons espérer de recevoir et d’être inondés de ces eaux salutaires qui découlent des Plaies de notre Sauveur.

VI. Ceux qui sont fidèles à s’unir à Jésus-Christ par la prière sont spécialement les héritiers de ses mérites, étant continuellement à la source qui est ouverte à tous ceux qui veulent y puiser. C’est par où se distinguent tous les saints. On remarque en eux une sainte émulation de s’unir plus intimement à Jésus-Christ par la prière et de s’incorporer davantage à leur divin Chef. Leur compagnie est la Croix de Jésus-Christ, qu’ils portent et dans leur coeur et sur toute leur personne. Ils ne parlent que de Jésus-Christ, ils ne pensent qu’à Lui; ils n’aiment que Lui. Il est l’objet de leur méditation pendant le jour et de leurs songes même pendant le nuit. Ils gémissent, ils s’ennuient partout où ils ne rencontrent pas quelque trace de Jésus-Christ crucifié, et quelque teinture de Son Sang. Cette parole de Jésus-Christ leur est toujours présente à l’esprit : « Priez, et ne cessez de prier; car de tout ce que vous demanderez en Mon Nom, rien ne vous sera refusé » ; et cette autre de Saint Paul : « Il n’y a pas de damnation pour ceux qui vivent et meurent en Jésus-Christ ».
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Message par Lumen Mar 26 Avr 2022 - 16:10

Vingt-sixième jour

La participation des mérites de Jésus-Christ n’est pas la même pour tous les Chrétiens


I. Dans l’ordre de la grâce, comme dans celui de la nature, il y a des pauvres et des riches, il y a des misérables et des heureux. Il est des âmes tellement unies à Jésus-Christ, si soigneuses de cultiver les grâces qu’elles en reçoivent continuellement, qu’elles sont riches et abondantes en bonnes œuvres. Elle ne vivent pas, c’est Jésus-Christ qui vit en elles. C’est ce que Saint Pierre entendait, lorsqu’il disait que nous avons un homme intérieur qui est riche devant Dieu. Ce sont les richesses de Jésus-Christ même; ce sont les mérites de Son Sang qu’Il verse dans leur sein. Aussi Saint Paul disait-il que la grâce de Jésus-Christ n’avait pas été vaine en lui, qu’il avait fait fructifier la précieuse semence de son sang. Ah ! Que nous serions riches, si, dans tout ce que nous faisons, nous n’étions animés que de l’esprit de Jésus-Christ !

II. Au contraire il y a des âmes pauvres, dénuées de tout bien, sans mérites, sans bonnes œuvres, des âmes dont l’indolence laisse enfouir les précieux talents de Jésus-Christ; des âmes qui perdent dans la dissipation ou la débauche le fruit de tous ses mérites; des âmes qui étouffent les inspirations ou dans les folies de la vanité ou dans l’embarras des affaires mondaines. Ces âmes sont comme la lie du peuple dans le royaume de Jésus-Christ; elle sont le rebus et l’opprobre du royaume de Jésus-Christ, en horreur à Dieu et à ses anges, d’autant plus malheureuses que ne l’étant que par leur faute et leur négligence, elles excitent plus d’indignation que de compassion.

III. Les grands embarras qui distraient le plus du service de Dieu, les désordres corrupteurs et les plus grands péchés se trouvent plus ordinairement dans les conditions élevées et parmi les richesses que dans la médiocrité. Aussi, qui sont ceux qui sont pauvres et misérables aux yeux de Dieu ? Ce sont ordinairement les grands du monde, les riches du monde ; et ceux que Jésus-Christ enrichir de sa grâce, sont ordinairement ceux qui vivent dans une condition pauvre ou du moins médiocre et qui ne sont d’aucune considération aux yeux du monde. Le Sauveur du monde a dit qu’Il n’est venu que pour prêcher aux pauvres au moins de coeur et d’esprit. Ah ! Quelle révolution ne verrions-nous pas, si dans cette vie Dieu nous rendait justice à chacun ? Ce que le monde admire nous le verrions dans l’opprobre, et dans la gloire ce qu’il méprise. Dieu permet ce désordre apparent pour la sanctification de ses élus. Un jour viendra que les mondains seront couverts de honte, et les pauvres de Jésus-Christ, les vrais enfants de Dieu, dans la gloire qu’ils méritent.

IV. Malheur à ceux qui se laissent conduire par un autre esprit que celui de Jésus-Christ et qui mettent leur confiance en tout autre chose que dans ses mérites et la vertu de Sa Croix ! Ils sont riches des biens extérieurs qui ne peuvent contribuer à leur bonheur, et leur âme dénuée des véritables biens. Les hommes applaudissent, et Dieu les regarde avec indignation comme les dissipateurs des mérites de Son Fils, comme les désolateurs de Sa Vigne, comme les ennemis de Sa Croix. En se livrant à l’esclavage de leurs passions honteuses, ils foulent aux pieds le Sang précieux que le Sauveur a répandu pour laver leurs iniquités; et ce qui, dans les desseins de Sa Miséricorde divine, devait assurer leur salut éternel, tourne à leur éternelle réprobation.

V. Comme les infirmités sont la suite ordinaire de la pauvreté et de l’indigence, qui verrait le fond de l’âme des mondains, ennemis de la Croix que Jésus-Christ, n’y découvrirait que plaies et ulcères, que maux invétérés, un esprit abruti, remplis de préjugés, ne faisant aucun cas de ce qui frappe les sens, et regardant comme une folie la Croix de Jésus-Christ, le service de Dieu, et le soin du salut éternel. Oh ! Que le Sage a eu raison de dire que le service de Dieu est en horreur aux impies : c’est un service d’humilité, et ils sont pétris d’orgueil; c’est un service de mortification, et ils sont esclaves des cupidités les plus honteuses; c’est un service de foi et de prières, et ils passent leurs jours dans la dissipation et les folles joies du monde.

VI. Cependant le Sang du Sauveur coule encore, et sollicite Miséricorde en faveur des plus grands pécheurs : qu’ils se convertissent, qu’ils fassent pénitence, et ils vivront. Les mérites de ce Sang précieux se communiquent à nous à proportion que nous avons de la Foi et de l’humilité; comme il enrichit de plus en plus ceux qu’il a sanctifiés, il délivre de l’esclavage les plus grands pécheurs qui retournent sincèrement à Dieu; il les purifie de toutes leurs iniquités il les sanctifie et leur assure le droit d’entrer en participation de l’héritage des enfants de Dieu. Que les pécheurs recourent donc aux plaies de Jésus-Christ, et que ceux qui ont le bonheur d’y trouver le salut, s’y attachent de plus en plus pour en être de plus en plus sanctifiés.

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Message par Lumen Mer 27 Avr 2022 - 13:09

Vingt-septième jour

Des effets que la grâce et l’esprit de Jésus-Christ doivent produire en nous


I. Pour juger de l’abondance des grâces que Dieu répand dans le monde en vue des mérites de Son Fils, pensons que les patriarches et les prophètes soupiraient sans cesse après le Messie, qu’ils le demandaient comme une rosée céleste et la plus précieuse production de la terre, qui devait y répandre le salut et la vie. Dès lors ces saints hommes par leurs désirs et la préparation de leur coeur devenaient participants des mérites du Sauveur. Pensons ensuite qu’à la naissance du Messie, les Anges, les hommes, des pauvres et des riches, des bergers et des rois, lui rendirent leurs hommages, et devinrent les prémices de l’Église qu’Il devait sanctifier par les mérites de Son Sang. Pensons enfin qu’après la mort du Sauveur, Dieu ouvrit le trésor de ses grâces, et les répandit en abondance sur tous ceux que Son Fils avait tirés de l’esclavage et rachetés au prix de Son Sang.

II. Jugeons de là que jamais Dieu n’a accordé de grâces au monde qu’en vue des mérites de Son Fils. À l’exemple des patriarches, élevons notre coeur à Jésus-Christ dès le matin, et disons-lui : « Ô mon Sauveur, répandez-vous dans mon cœur comme une douce rosée ; croissez dans mon âme comme un rejeton qui produise en elle des fruits de salut. Sans Vous mon âme est sèche et mon cœur stérile ».

III. Le soir pensons que tout ce que nous avons fait de bien durant la journée, tout ce que nous avons pratiqué des vertus, tout cela nous vient du Sang précieux répandu sur la croix. Ah ! Seigneur, devons-nous nous écrier, ce sont Vos faiblesses qui m’ont donné des forces ; ces sont Vos langueurs, c’est Votre Agonie qui l’a inspiré cette vigueur. Que les anges Vous en bénissent à jamais !

IV. Enfin, comme Jésus-Christ ne nous donne Ses grâces qu’afin que nous puissions nous vaincre nous- mêmes, que pour résister au péché et pratiquer les vertus dont Il nous a donné l’exemple; comme, selon Saint Paul, les Juifs qui ne vivaient que dans l’attente de la loi de grâce sous laquelle nous avons le bonheur e vivre, étaient pauvres et indignes en comparaison de nous, quelle fidélité ne devons-nous pas avoir à profiter des grâces que Jésus-Christ nous a prodigués, à seconder la force qui nous inspire, à produire des actions dignes des secours dont Il nous favorise, et à nous montrer en cette occasion les dignes enfants de Dieu, les frères et les cohéritiers de Jésus-Christ !

V. La plus douce et la plus importante considération que nous puissions faire, c’est que tout ce que nous obtenons de grâces et de lumières d’en-haut, nous est donné par Jésus-Christ et en vue de ses mérites; que ce sont les fruits précieux du Sang qu’Il a répandu pour nous; mais que toutes ces grâces ne nous sont données que pour devenir semblables à Jésus-Christ mourant pour nous ; qu’elles doivent par conséquent nous porter à la mort intérieure et à la mortification de nos passions. C’est ce qui a fait dire à Saint Paul : « Mes frères vous êtes morts et crucifiés avec Jésus-Christ ».

VI. De même que le vieil Adam nous ayant laissé l’héritage de sa corruption, notre vie naturelle ne peut être que corrompue et déréglée : ainsi Jésus-Christ le nouvel Adam, nous ayant transmis son esprit, notre vie doit être surnaturelle comme la sienne. À son exemple nous devons être doux et humbles de cœur, patients et mortifiés, pleins de zèle et de Charité. C’est ce que Saint Paul entendait, lorsqu’il a dit que comme la malignité qui nous est venue d’Adam nous a rendus méchants et dépravés comme lui, la bénédiction qui nous vient de Jésus-Christ doit nous réformer et nous rendre bons comme Jésus-Christ; Dieu veut que l’influence de sa grâce et la participation de son esprit produisent en nous cette divine ressemblance. Je travaille, dit Saint Paul, et ne cesse de travailler jusqu’à ce que j’ai formé Jésus-Christ en moi.

VII. La mortification est le principal trait de ressemblance avec Jésus-Christ, puisque c’est en mourant pour nous qu’Il nous a engendrés. C’est sa mort qui nous donne l’esprit et la vie. Notre vie, pour tenir de son principe, doit donc être une vie de mort et de mortification continuelle. Nous devons exprimer en nous le dépouillement et l’anéantissement du Dieu de majesté, qui, pour nous sauver et nous réformer, naît dan une étable et meurt sur une croix. Un vrai disciple de Jésus-Christ doit se renoncer soi-même et porter sa croix tous les jours. c’est ce qu’Il nous a recommandé Lui-même, avant de se laisser attacher à la Croix et d’y mourir pour nous. Ce n’est pas tant pour nous éteindre les feux de l’enfer que Jésus-Christ répandit Son Sang, que pour retracer dans nos âmes l’image de la divinité que le péché avait effacée. Ce n’est donc qu’en mourant au péché et en crucifiant les passions qui nous y entraînent, que nous pouvons être les vrais disciples de Jésus-Christ, ses frères, ses cohéritiers et ses images vivantes.

VIII. N’est-ce pas une folie digne de pitié, n’est pas une chose monstrueuse que tant de chrétiens que Jésus-Christ à régénérés dans Son Sang, étouffent son esprit divin dont Il les a remplis, et préfèrent les ténèbres à la lumière qui les environne de toute parts ? Ils sont chrétiens, et ne vivent pas mieux que des infidèles et des idolâtres. Où sont ceux dont la vie soit intérieure et spirituelle, qui mortifient leurs sens, qui attachent leurs passion déréglées à la Croix de Jésus-Christ, qui, pour ne vivre que de l’esprit de Jésus-Christ, étouffent en eux l’esprit du monde, cet esprit d’orgueil et d’impiété, de plaisir et de vanité, d’avarice et de concupiscence ?

Où sont ceux qui vivent cachés en Dieu avec Jésus-Christ et qui s’appliquent à imprimer en eux avec le Sang précieux du Sauveur l’image de la divinité ? Pécheurs, si vous avez eu le malheur de passer votre vie dans l’ensorcellement de la bagatelle, il est encore temps de rétablir en vous cette image divine que le monde et les passions ont effacée. Jésus-Christ attaché à la Croix vous tend encore les bras; jetez-vous y avec confiance, recevez Son Sang, dans un cœur contrit et humilié. Il vous fera entendre les paroles consolantes qu’Il dit avant de mourir à un voleur pénitent, dont peut-être la vie tout entière n’avait pas été plus réglée que la vôtre.
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Message par Lumen Jeu 28 Avr 2022 - 13:25

Vingt-huitième jour

Des satisfactions de Jésus-Christ et de l’excellence de notre rédemption


I. Ce fut un grand mystère qu’après la mort de Jésus-Christ il sortit de Son côté du Sang et de l’Eau. c’était pour nous apprendre que le Sang du Sauveur du monde demeurait dans Son Eglise après sa mort, et qu’Il le déposait dans Ses Sacrements comme dans des trésors inépuisables. Les causes des effets naturels n’agissent pas tandis qu’elles existent : la mort de Jésus-Christ qui est ressuscité pour ne plus mourir, opère comme s’Il mourait à chaque instant. Elle est devenue pour nous une vie toujours agissante. Son Sang, lorsqu’il le répandit sur la Croix, expia les péchés passés ; il a expié ceux qui se sont commis depuis; il expiera tous ceux qui se commettront jusqu’à la fin des siècles, si les pécheurs pénitents recourent à la Miséricorde Divine, et se plongent avec confiance dans le bain salutaire de ce Sang infiniment précieux.

II. L’Ecriture est remplie de témoignages qui prouvent que tous les péchés de tous les siècles se pardonnent par la seule vertu du Sang de Jésus-Christ. Vous tous qui avez été baptisés, dit Saint Paul, sachez que vous l’avez été dans la mort de Jésus-Christ, c’est-à-dire dans Son Sang. Il a fallu que l’Agneau sans tache fût égorgé et qu’il fit de Son Sang un bain salutaire pour effacer nos iniquités. C’est dans le Fils unique de Dieu, dit le même apôtre, que nous trouvons le prix de notre rédemption, car Il a versé pour nous tout Son Sang et c’est par le mérite de ce Sang Divin que nous recevons la rémission de nos péchés. Voilà l’Agneau de Dieu, dit Saint Jean, qui efface les péchés du monde. Il nous a aimés, et nous a lavés de Son Sang. Il n’y a pas d’autre nom, dit Saint Pierre, par lequel nous puissions être sauvés, que par le Nom de Jésus-Christ.

III. Ce serait faire outrage à la Passion de Jésus-Christ que de croire que Son Sang n’a été répandu que pour laver le péché originel, que sa vertu n’opère en nous que dans le Baptême, et que nous n’avons rien à espérer, si par de nouveaux péchés, nous avons le malheur de profaner le caractère de chrétien et d’enfants de Dieu. Non, cette vertu divine est inépuisable; Jésus-Christ, pontife éternel, ne cesse d’offrir à Dieu son Père le Sacrifice de Sa Croix pour la rémission de tous nos péchés. Il est en même temps et notre Prêtre et notre victime; Il ne cesse d’intercéder pour nous. Quelques pécheurs que nous ayons été ou que nous soyons encore, faisons pénitence, portons tous nos péchés au pied de la Croix ; Ses plaies nous sont toujours ouvertes et Son Sang est toujours prêt à couleur sur nous.

IV. La plus illustre preuve que Dieu est prêt à nous pardonner, en considération des mérites de Son Fils, tout nos péchés, quels qu’ils soient, c’est que Jésus-Christ a confié aux hommes même le pouvoir de les remettre, et qu’Il a établi sur la terre un tribunal de Miséricorde, sans mettre de bornes aux pouvoir qu’Il communique à ses ministres. Tout ce que vous délierez sur la terre, leur a-t-il dit, sera délié dans le Ciel ; tous les péchés que vous remettrez seront remis. Jésus-Christ a donné aux hommes une autorité divine; Il emploie avec des médiateurs aussi faibles et aussi pécheurs que nous avec l’ordre de nous absoudre, non pas seulement sept fois mais soixante dix fois sept fois, mais toutes les fois que nous détesteront nos péchés, que quittant sincèrement les voies de l’iniquité, nous recourrons à la Miséricorde Divine. Ô mon Dieu ! Quelle facilité vous nous donnez pour rentrer en grâce avec vous ? Quelque pécheur que je sois, je puis être absous par les paroles d’un homme ; je puis recevoir le pardon de mes péchés qu’une éternité de tourments ne pourrait expier dans l’enfer. Nous pouvons pardonner les injures qui nous sont faites ; mais qui peut pardonner les injures faites à autrui ? Dieu nous montre plus de bonté que les hommes ne peuvent en avoir les uns pour les autres ; Il donne aux hommes mêmes le pouvoir de remettre les injures que lui font continuellement les plus indignes pécheurs. Pouvait-il mieux nous prouver son estime infinie des mérites et des surabondantes satisfactions de Son Fils, notre Sauveur ?

V. Ce qui doit encore inspirer de la confiance aux plus grands pécheurs, c’est que la gloire de Jésus-Christ, notre divin Médiateur, n’est pas moins intéressée au pardon de nos péchés que notre salut même. Quand nous entrons dans les voies de la pénitence, nous mettons en valeur les mérites du Sauveur ; nous empêchons que Son sang précieux n’ait été inutilement répandu, nous lui procurons la victoire et le triomphe qu’Il a payé si cher en mourant pour nous. Les maladies désespérées font honneur au médecin qui en procure la guérison. Ainsi la pénitence fait que les péchés les plus énormes tournent le plus à la gloire du Sauveur et que l’enfant le plus prodigue devient le plus cher à son cœur.

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