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Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ ou la Science du Crucifix. Père Pierre Marie Jésuite

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Message par Lumen Sam 2 Avr 2022 - 11:00

Rappel du premier message :

Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ
ou la Science du Crucifix


R. Père Pierre Marie, de la Compagnie de Jésus

« Je me suis fait gloire parmi vous de ne savoir autre chose que Jésus-Christ
et Jésus-Christ crucifié » (Saint Paul 1. Cor. 2)


Editions Saint Jean, Librairie Chrétienne La Croix de Coujouls
19220 Auriac
2006


Reimprimatur Liège – 5 juillet 1853
(Belgique) H. Neven, Vic. Gen


Avis au lecteur


Je vous présente, mon cher lecteur, ces méditations de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme ce que vous pourrez lire ou entendre lire de plus important, lorsqu’il plaira à Dieu de vous appeler à Lui.

N’attendez pas la mort pour vous armer contre ses attaques, et pour méditer les vérités chrétiennes qui sont propres à animer votre Foi et soutenir votre courage, lorsqu’elle viendra vous surprendre et vous arracher à ce monde. Alors nos sens seront si abattus, notre esprit si tellement affaibli, qu’il nous sera difficile de réfléchir sur le passage important de cette vie mortelle à l’éternité. Cependant de ce passage dépend notre éternelle destinée ; c’est, pour ainsi dire, le dernier adieu de la vie qui met le sceau du salut ou de la réprobation à toutes nos années. Alors il n’y a guère de manquements qui ne soient d’une conséquence éternelle et infinie ; c’est alors que nous sommes attaqués avec plus de violence et de danger, et c’est alors que nous sommes plus faibles à résister.

La prudence politique exige que pendant la paix on se prépare à la guerre : ainsi la prudence chrétienne veut que pendant la vie nous fassions provision d’armes pour soutenir les combats de la mort. Comme dans ce temps d’affaiblissement nous ne seront pas capables d’en porter de pesantes, il nous en faudra que l’usage nous ait rendues familières et aisées à manier. C’est pour cela que je dispose ici des considérations faciles et pleines de consolations, propres à relever notre courage et soutenir nos espérances.

La Justice infinie de Dieu et la crainte de ses jugements doivent nous soutenir pendant notre vie contre les tentations qui mettent notre Salut en danger : nous ne devons à la mort nous occuper que de la considération de son infinie Miséricorde. Au contraire, l’ennemi de notre salut, tandis que nous vivons, nous fait abuser de la Miséricorde Divine, pour nous tranquilliser dans le péché et nous perdre par une funeste présomption ; et, à la mort, il ne nous représente que la rigueur de sa justice, et la sévérité de ses jugements pour nous perdre par un affreux désespoir. Je ne vous parlerai donc ici que ce que qui doit vous consoler à la mort, animer votre confiance, et vous encourager à remettre paisiblement votre âme dans les mains de votre Créateur. Lisez ceci, méditez-le, tandis que vous êtes en santé ; l’intelligence vous en sera plus facile, que lorsque votre esprit, abattu aux approches de la mort, sera moins capable de réflexion.



Discours préliminaire


Le Verbe éternel s’est uni à la nature humaine aux dépens même de sa gloire ; Il s’est en quelque sorte anéanti, en s’unissant si intimement à une créature qui tient toujours quelque chose du néant d’où elle a été tirée. Il s’est anéanti, dit Saint Paul, en prenant la forme d’un esclave, en se montrant semblable aux autres hommes.

Réciproquement la nature humaine a été unie au Verbe Divin avec tout l’excès de gloire et de grandeur où une créature raisonnable pouvait monter. Elle ne pouvait pas être si étroitement unie avec Dieu, qu’elle ne fut tout embrasée de la Divinité, que dans l’Homme-Dieu elle ne fût, pour ainsi dire, divinisée.

Voilà le grand mystère caché en Dieu de toute éternité, que les chrétiens adorent, et dans lequel ils mettent leur confiance et toute l’espérance de leur salut. Mystère qui, comme dit Saint Paul, a été manifesté au monde dans la chair de Jésus-Christ par l’éclat de ses miracles, qui a été justifié par l’Esprit-Saint dans la prédication des Apôtres, qui a été découvert aux Anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire.

Par ce mystère adorable, Dieu a voulu élever l’homme à une dignité qui fût proportionnée à sa grandeur infinie. Il a voulu que Son Fils, égal à Lui, en se faisant homme, formât un corps de fidèles adorateurs dont Il fut le chef. De là l’homme pécheur, racheté, réconcilié, sanctifié, est au-dessus de lui-même, et son Sauveur a formé entre le Ciel et la terre une alliance plus sublime et plus sacrée que celle de la nature. Il a établi un nouveau commerce de religion, qui tirant son prix de la dignité de ses mérites infinis, égale par sa perfection l’infinie Majesté de Dieu. L’homme chrétien, engendré dans le Sang de l’Homme-Dieu et régénéré par sa mort, ne forme avec Lui qu’un seul et même Christ, comme les membres ne forment avec leur chef qu’un seul et même corps. Élevé à la gloire de l’adoption divine Il est devenu l’Enfant et l’Héritier de Dieu, le frère et co-héritier de Jésus-Christ. Il n’est plus l’homme terrestre, il est revêtu de Jésus-Christ ; il ne vit plus, mais Jésus-Christ vit en lui, sanctifiant ses œuvres par la communication de son esprit, et par l’imputation de ses mérites le rendant digne de l’infinie majesté de Dieu et de ses récompenses éternelles.

De là, l’Homme-Dieu non content de racheter les hommes, a voulu former entre eux des adorateurs dignes de Dieu, et dans ce dessein, il a renfermé tout le trésor de leur religion dans le prix même de leur rédemption. En qualité de Chef, de Pontife, de Victime du genre humain, Il a offert à Dieu sur l’Autel de la Croix un sacrifice, qui seul peut rendre à Dieu les hommages qui Lui sont dus, et glorifier sa Souveraine Majesté autant et de la manière qu’elle mérite de l’être ; un sacrifice d’un prix infini et par la dignité de Celui qui l’a offert (c’est le Fils unique de Dieu dans un état d’anéantissement, victime d’obéissance et de Charité) ; un sacrifice qui, étant la source unique du Salut et la sanctification des hommes doit se renouveler et se perpétuer dans tous les temps et tous les lieux du monde, un sacrifice auquel l’homme chrétien doit prendre part, et pour, y puiser les grâces de sanctification dont Il est la source, et pour offrir à Dieu le prix de Sa rédemption, la seule victime qui puisse l’honorer dignement et lui être agréable, et pour s’unir à son chef, s’offrir avec Lui et sous ses auspices à la Souveraine Majesté de Dieu, s’immoler, se sacrifier spirituellement avec Lui dans les mêmes sentiments que Lui.

Le dessein de Dieu dans l’Incarnation de Son Fils n’a pas été seulement de racheter l’homme pécheur et de l’élever à la gloire de l’adoption divine : Il a voulu encore que, régénéré dans le Sang de Son Fils, il menât une vie nouvelle, qu’il fût saint comme Il est Lui-même et que toute sa conduite répondit à la noblesse de sa nouvelle origine. Il lui fallait donc un Maître pour l’éclairer et l’instruire, un législateur qui lui donnât une Loi plus parfaite et plus sublime que celle de la nature. C’est ce que Jésus-Christ a exécuté en établissant une Loi nouvelle qu’Il a scellée de Son Sang, et en donnant dans l’Evangile de merveilleuses leçons de sainteté. Pourrions-nous ne pas l’écouter comme notre Maître et notre Législateur ? Après que Dieu Lui-même à dit de Lui : « C’est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances, écoutez-le ».

Pour sanctifier l’homme par la pratique de l’Evangile, il lui fallait encore un modèle des vertus qu’il doit pratiquer, et de la perfection sublime à laquelle il est appelé. Dieu a voulu qu’il le trouvât dans son Sauveur et son Maître. Jésus-Christ depuis sa naissance dans une crèche, jusqu’à sa mort sur la croix, à donné au monde l’exemple de toutes les vertus ; et c’est un décret immuable, que Dieu ne recevra dans le Ciel, au nombre de ses enfants, que ceux qui seront devenus sur la terre semblables à Son Fils Unique.

Voilà les grandes vérités que je me propose de développer dans les méditations qui vont suivre. La contemplation de Jésus-Christ attaché à la Croix nous fera connaître qu’Il est le Chemin, la Vérité et la Vie ; le Chemin que nous devons suivre en imitant ses exemples, la Vérité qui nous éclairera en méditant les maximes de Son Evangile, la Vie qui nous sanctifiera par la participation de ses mérites infinis. Nous méditerons au pied de la Croix ces précieuses vérités, et pour le temps que nous devons passer en ce monde, et pour celui où la mort nous en séparera ; et, à l’exemple de Saint Paul, nous ferons consister, et durant notre vie, et à l’heure de la mort, tout notre bonheur et nos mérites à ne connaître que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.

Chrétiens, à qui l’on propose ici des vérités propres à vous sanctifier, considérez combien vous seriez insensés de ne pas travailler à l’affaire de votre Salut où il ne s’agit de rien moins que d’un bonheur ou d’un malheur éternel. Que vous servira à l’heure de la mort d’avoir été comblés de tous les biens du monde, d’avoir vécu dans l’abondance et les plaisirs, de vous être élevés, d’avoir régné sur les autres, si vous venez à perdre votre âme, et à être condamnés à un éternel et affreux esclavage ? Ah ! Je vous en conjure par le Sang que Jésus-Christ à répandu pour vous, pensez aux prix de votre âme, au bonheur qui lui est préparé, et au malheur dont elle est menacée. Vous êtes chrétiens ; vous êtes donc convaincus de l’alternative nécessaire d’un bonheur ou d’un malheur éternel ; vous ne doutez pas qu’à cette courte vie succédera un jugement rigoureux et l’arrêt irrévocable de votre éternelle destinée. Vivez donc selon votre Foi ; que la considération de ces vérités chrétiennes vous ouvre les yeux sur le danger de votre âme, vous convertisse à Dieu par une sincère pénitence, et vous affermisse dans la pratique de la vertu. Les morts étrangères qui vous environnent, qui vous frappent continuellement les yeux et les oreilles vous annoncent que rien n’est plus fragile que la vie des hommes ; que la vôtre ne tient qu’à un fil qui sera bientôt rompu. Cependant que n’avez-vous pas fait jusqu’ici pour en assurer le bonheur ?

Que de Soins ! Que de peines ! Que de tourments ? Et que ne faites-vous pas encore tous les jours en vue d’une vieillesse dont vous n’êtes pas assurés ! Que ne devriez-vous donc pas faire pour le bonheur d’une vie qui n’aura pas de fin ! Le temps s’enfuit, la mort approche, vous touchez peut-être à votre dernier jour, et dans un instant vous allez être séparés, de ce qui vous est le plus cher au monde. Ne vous séduisez pas vous- mêmes, en disant que Dieu est Miséricordieux ; Il est également Juste, et la même Foi qui vous apprend qu’Il prépare dans Sa Miséricorde un bonheur infinis aux justes et aux pécheurs pénitents, vous apprend aussi qu’Il destine aux pécheurs impénitents un malheur également infini. Veillez donc et soyez sur vos gardes. Si la mort vient à vous surprendre sans pénitence, sans bonnes œuvres, coupables d’un seul péché mortel, vous êtes perdus sans ressource, et malheureux durant l’éternité.

Ô mort, que tu es amère à ceux qui ont mis leur repos et leur félicité dans les biens de la terre ! Tu renverses tous leurs desseins, tu confonds toutes leurs espérances, tu aiguises trois dards pour leur percer le coeur : celui du regret de se voir arracher à ce qu’ils aiment tant ; celui de l’attente des jugements de Dieu ; celui de la crainte affreuse de ses vengeances éternelles : ils vivent en paix dans le crime, ou, pour s’y tranquilliser, ils outragent la Miséricorde Divine par une confiance présomptueuse ; ils remettent leur conversion au dernier jour de leur vie et au moment qu’ils y pensent le moins, tu les enlèves et tu les ensevelis dans l’Enfer.

Pensez à vous dernières fins, dit l’Esprit-Saint et vous ne pécherez jamais : mais l’ennemi de notre Salut emploie toute sorte d’artifices pour nous distraire de cette pensée salutaire. Comment se préparer à la mort, si l’on n’y pense pas ? Et si l’on ne s’y prépare pas, comment mourra-t-on ? On mourra dans le péché, comme on aura vécu dans le péché.

Quand votre dernière heure sera venue, si la mort vous épargne ces surprises qui sont si communes, si vous pouvez alors vous dire à vous-même, hélas ! Dans un instant mon éternelle destinée sera irrévocablement décidée, mon partage sera ou dans le Ciel avec les Anges, ou dans l’Enfer avec les démons : ah ! Quelles seront les angoisses de votre conscience, si elle est souillée de crimes ! De quelle frayeurs votre coeur ne sera-t-il pas agité, de quelle douleur ne sera-t-il pas déchiré, si nous avez vécu dans le péché et sans pénitence ? Si vous êtes sage, préparez-vous à ce redoutable passage. Rendez-vous familières des vérités qui seules peuvent vous fortifier et vous consoler au moment de la mort.



Acte d’adoration à Jésus Crucifié


Ô Jésus, qui avez souffert pour moi une infinité d’opprobres et d’humiliations, qui avez répandu Votre Sang précieux pour mon Salut, je me sens accablé devant Vous et de mes offenses et de vos bienfaits. Dans ma bassesse et mon indignité, je n’ai rien qui puisse m’acquitter ni des unes, ni des autres. Mais Votre Sang adorable suppléera à mon indigence, je l’adore. Ô mon Sauveur afin qu’il efface mes péchés. Je l’adore, et Vous en offre le prix, pour m’acquitter de vos bienfaits. Je l’adore, pour réparer tant que sacrilèges qui ont été commis à Votre égard. Jadis les Juifs l’ont répandu, les hérétiques l’ont foulé aux pieds, les mauvais chrétiens l’ont profané ; moi-même, j’en ai méconnu le prix, je l’ai souillé en livrant au péché une âme qu’il avait lavée dans le Baptême. Agréez, ô mon Sauveur, qu’au nom de tous ces pécheurs, et au mien, je Vous fasse amende honorable de toutes les profanation, de tous les sacrilèges dont nous nous sommes rendus coupables. Hélas ! Que sont mes larmes, que serait tout mon sang pour réparer tant d’outrages et vous témoigner la reconnaissance que je Vous dois ? Pénétré de mon indignité, j’ai recours à Votre Sainte Mère. C’est sous ses auspices, c’est avec Elle que nous Vous adorons, et que nous osons dire à Dieu Votre Père : Père éternel, nous Vous offrons Votre Fils étendu sur la Croix, percé d’épines et de clous, tout sanglant, languissant et mourant : je Vous l’offre en expiation de mes péchés, comme une victime digne de Vous. Recevez Son Divin Sacrifice. C’est ma rançon, c’est le Sang d’un Dieu, c’est la mort d’une Dieu même que je Vous offre pour l’acquit de mes dettes et votre plus grande gloire.


Notre Père, Je Vous salue Marie, je crois en Dieu, Je confesse à Dieu.


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Message par Lumen Ven 29 Avr 2022 - 14:15

Vingt-neuvième jour

Combien notre rédemption est abondante;
mais c’est le plus grand des malheurs d’en abuser


I. Pour connaître la fécondité de la rédemption de Jésus-Christ, considérons ce qui se passe dans une âme pécheresse qui retrouve la vie dans la mort de son Sauveur. Elle est tombée dans le péché, elle est coupable et ennemie de Dieu : il faut donc ou qu’elle périsse et soit condamnée à la mort éternelle, ou que Jésus-Christ meure pour elle et la régénère dans Son Sang. Car, comme disait Saint Pierre, il n’y a de salut qu’en Jésus- Christ; il n’y a que Son Sang qui ait la vertu de nous laver de nos péchés. Que fera cette âme malheureuse entre l’espérance et la crainte ? Elle embrasse la Croix de Jésus-Christ; Il s’offre à la mort pour elle ; Il meurt, Il offre de nouveau le sacrifice de Son Sang et cette âme est arrachée à l’enfer, qui menaçait de l’engloutir, et ses péchés sont effacés, et Dieu lui rend sa grâce et son amour.

II. Si elle est fidèle à conserver le trésor que Jésus-Christ lui a acquis au prix de Son Sang, il semble que ce Divin Sauveur peut se consoler de l’avoir rachetée aux dépens de sa vie, et qu’il lui est glorieux de jouir de sa conquête. Mais si, inconstante et volage, elle abandonne encore son Dieu, et se replonge dans ses premiers désordres, il semble alors qu’elle est sans ressource, et que son salut est désespéré. Jésus-Christ avait donné la vie pour sa réconciliation : ses nouveaux péchés ont éteint la vertu de sa mort, ils ont rendu ses mérites inutiles, ils ont anéanti le fruit de sa rédemption. Cette âme infidèle est à la veille de périr éternellement : quel parti prendra-t-elle ? Si accablée sous le poids de son iniquité, elle se prosterne devant Dieu, quel langage lui tiendra-t-elle ?

Ah ! Mon Dieu, j’ai perdu mon Sauveur : que ferai-je, si Vous ne me le donnez encore ? j’ai foulé Son Sang aux pieds : que ferai-je si Vous ne me le rendez, pour me laver et me purifier de nouveau ? Ah ! Si le sang d’Abel a demandé vengeance et s’il a été exaucé, Dieu sera-t-il sourd aux cris du Sang de Son Fils, dont le pécheur abuse indignement, et qu’il foule aux pieds toutes les fois qu’il s’abandonne au péché ?

III. Cependant, au lieu d’une éternelle malédiction, si le pécheur se reconnaît encore et fait pénitence, la mort de Jésus-Christ se ranime encore pour lui rendre la vie; ce divin Sauveur, dont la Miséricorde est inépuisable, et dont les satisfactions sont assez abondantes pour l’expiation d’une infinité de péchés, ouvre encore ses plaies pour, y recevoir le coeur du pécheur contrit et humilié, et le laver dans Son Sang. Saint Paul parlait de nos rechutes réitérées et des conversions qui leur succèdent, lorsqu’il disait : « Il y en a qui crucifient de nouveau Jésus-Christ ». Nous le crucifions lorsque nous retombons dans le péché, parce qu’il a été attaché à la Croix en punition du péché : nous le crucifions encore, lorsque la pénitence nous fait recourir à sa croix, parce que, pour nous réconcilier avec Dieu, Il doit rouvrir Ses Plaies, Il doit encore faire couler Son Sang, et mourir, pour ainsi dire, de nouveau. C’est de quoi Il se plaint amèrement, en disant des pécheurs : « Ils ont ajouté de nouvelles douleurs à Mes douleurs ».

IV. Ainsi Jésus-Christ, à la conversion d’un pécheur auquel Il avait si souvent appliqué les mérites de Son Sang, est obligé de reprendre la qualité de Sauveur, et d’acquitter encore par l’effusion de Son Sang, les nouvelles dettes qu’il a contractées. Ô mon Jésus ! Doit s’écrier un pécheur que Dieu reçoit en grâce après tant d’infidélités, ô mon Sauveur ! Car Vous l’avez été tant de fois et Vous l’êtes encore aujourd’hui ! Sauveur ancien, Sauveur nouveau ! Ah ! Bonté ancienne, bonté nouvelle ! Vous serez toujours nouvelle à ma pensée; votre dernier bienfait ne s’effacera jamais de ma mémoire et j’aimerais mieux mourir mille fois que de perdre par une nouvelle infidélité le fruit précieux de ma rédemption.

V. Que doit penser, que doit dire une âme à la vue des objets funestes qui ont corrompu son innocence ? Ah ! Mon Dieu, des beautés mortelles qui m’ont séduites et empoisonnées, ce vain éclat des richesses, ces faux honneurs du monde, ne sont que des fantômes propres à me séduire; ce sont des appâts empoisonnés dont le démon et le monde se servent pour me corrompre et me perdre. Non, jamais je ne m’y laisserai prendre; je ne serai jamais assez ingrat pour crucifier Jésus-Christ de nouveau et le contraindre à répandre encore Son Sang pour effacer mes nouvelles iniquités.

VI. Mais enfin que le pécheur d’habitude n’ait pas la présomption sacrilège de croire que plus il commettra de péchés, plus le Sang de Jésus-Christ en effacera. s’il est assez ingrat pour abuser des miséricordes divines, qu’il ne soit pas assez insensé pour croire qu’Il peut accumuler péchés sur péchés, crimes sur crimes, parce que Dieu est infiniment bon, parce que les satisfactions de Jésus-Christ sont infinies. Jésus-Christ ne sauvera pas tous ceux pour lesquels Il est mort; Il ne sauvera que les pécheurs véritablement pénitents, et Son Sang criera vengeance contre tous ceux qui l’auront profané dans le péché et l’impénitence; Il tombera sur eux comme Il est tombé sur les juifs impénitents et endurcis. Le Sauveur du monde ne peut être indifférent pour les hommes; Il est établi où pour les sauver de leurs péchés, où pour les perdre dans leur impénitence. Il sauvera tous ceux qui invoqueront Son Saint Nom, qui mêleront les larmes de la pénitence au Sang Précieux qu’Il a répandu pour effacer leurs péchés, et qui auront profané dans l’habitude du péché et de l’impénitence le Sang qui devait les purifier et les sauver. Ô mon âme, n’abuse pas du Sang de Jésus-Christ ; il se répand sur toi dans les Sacrements; n’en approche qu’avec le plus profond respect, avec un coeur vraiment pénitent et sincèrement converti. Alors ne mets pas de bornes à ta confiance et ne te désespère pas, ni pour le nombre, ni pour l’énormité de tes péchés.
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Message par Lumen Sam 30 Avr 2022 - 15:47

Trentième jour

Des motifs contre le désespoir à l’heure de la mort


I. Durant la vie humaine, l’ennemi de notre salut s’attache à nous perdre en nous inspirant une confiance présomptueuse dans la Miséricorde de Dieu : à l’heure de la mort il nous attaque par la tentation du désespoir, en nous représentant le nombre et l’énormité de nos péchés. Répondons-lui avec confiance, que nos péchés, quel qu’en soit le nombre, quelle qu’en soit l’énormité, sont propres à faire éclater en nous les richesses de la Miséricorde Divine et la vertu de la Croix du Sauveur. Cette vertu brille avec bien plus d’éclat dans la sanctification des pécheurs pénitents, que dans celle de ceux qui n’auraient pas péché. Jésus-Christ, comme il l’a dit lui-même, n’est pas venu sur la terre pour appeler les justes, mais les pécheurs; Son Sang est le Sang de l’Agneau qui efface les péchés du monde. Quelques énormes que soient mes péchés, ce Sang précieux a encore plus de vertus pour les effacer et me sanctifier.

II. L’excellence de la Passion de Jésus-Christ serait comme obscurcie, le prix de Son Sang et la vertu de Sa Croix seraient comme éteints, s’il n’y avait eu ni pécheur à convertir, ni péché à expier. Les plus grands pécheurs, quand il se convertissent sont ceux qui contribuent le plus à sa gloire. La célébrité d’un médecin ne dépend pas du régime de santé qu’il prescrit à ceux qui se portent bien, mais de la guérison des maladies les plus compliquées et les plus désespérées. Jésus-Christ est le médecin de nos âmes ; plus je suis malade, plus Il apportera de soin à ma guérison, plus Il me prodiguera le baume de Son Sang précieux. Ah ! Avec un tel médecin, je ne puis périr, à moins que je n’aie pas recours à Lui, que je ne lui découvre pas mes plaies honteuses, ou que je ne mette pas toute ma confiance en Lui.

III. À qui le Sauveur du monde montra-t-il de la préférence, durant le cours de sa vie mortelle ? Aux pécheurs, et aux plus grands pécheurs. Il les prévenait, Il les recherchait, Il mangeait avec eux, Il en usait à leur égard avec tant d’indulgence et de bonté que ce fut un sujet de scandale pour les Pharisiens et les faux zélés. Il se représentait Lui-même sous l’image d’un bon pasteur qui abandonne son troupeau pour courir après une brebis égarée; d’un bon père qui reçoit avec bonté un fils indigne qui revient à lui après les égarements les plus douteux; d’un médecin zélé qui se consacre tout entier au soin des malades. Non content de recevoir les pécheurs avec bonté Il les invitait, Il les pressait de venir à Lui. « Venez à Moi, vous tous qui gémissez sous le poids de vos iniquités, et Je vous soulagerai ». Ô mon âme, le Coeur de Jésus n’a pas changé. C’est encore la même compassion pour les pécheurs, la même Miséricorde, le même zèle pour leur salut et Son Sang qui efface les péchés du monde, n’a rien perdu de ses mérites ni de sa vertu.

IV. Quand on présenta au Sauveur une femme adultère, n’aurait-on pas dit qu’Il allait la condamner à subir toute la rigueur de la Loi de Moïse ? Au contraire, Il la délivre de ses accusateurs, Il la console et comme personne ne l’a condamnée, Il ne veut pas être le premier à la condamner, Il la renvoie avec bonté, en lui recommandant de ne plus pêcher. Il vit avec plaisir à ses pieds une pécheresse publique les parfumer et les baigner de larmes. Il devint son défenseur contre ses censeurs indiscrets, et prédit que l’Evangile rendrait sa pénitence célèbre dans tous les siècles. Pleurons et aimons, à l’exemple de cette pécheresse scandaleuse; et nos péchés, comme les siens, fussent-ils encore plus énormes, nous seront pardonnés.

V. Puis-je douter de la facilité de Jésus-Christ à pardonner les péchés, tous les péchés, et les péchés les plus énormes, lorsque je considère qu’Il a donné à Saint Pierre et à tous les ministres de Son Eglise le pouvoir de remettre tous les péchés sans en excepter un seul ? Ô Miséricorde inconcevable ! Dieu, pour obtenir ma grâce, me renvoie à Son Fils, et Son Fils me renvoie à des hommes faibles et pécheurs comme moi. Ô mon Dieu ! Pouviez-vous me rendre ma réconciliation plus facile ? Et si je me damne, ne sera-t-il pas vrai de dire que ma perte ne vient que de moi seul ? En vain dans l’enfer les réprouvés souffrent les plus affreux tourments, en vain ils poussent des cris et des hurlements; jamais le feu qui les dévore ne consumera la tache de leurs péchés; et sur la terre, si nous sommes pénitents, la seule parole d’un homme peut effacer tous nos péchés et éteindre tous les feux de l’enfer, en nous appliquant les mérites du Sauveur, en nous lavant dans son Sang Précieux. Ô mon Jésus ! Si de la conversion des pécheurs dépend Votre gloire, Vous avez de quoi Vous glorifier en moi. Je mets au pied de Votre Croix une vie souillée de mille et mille péchés. Puisque vous n’êtes que le Sauveur des pécheurs, soyez le mien, et que le salut de mon âme pécheresse ajoute à Votre gloire et au triomphe de Votre Croix, qui n’est enrichie que des dépouilles enlevées à l’enfer.
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Message par Lumen Dim 1 Mai 2022 - 14:43

Conclusion

Pratiques de piété qui doivent être le fruit des méditations du Mois de la Passion


I. Dans tout le cours de ma vie j’imiterai l’exemple de Saint Paul; et comme cet apôtre zélé de la Croix de Jésus-Christ, je me ferai gloire de ne connaître en toutes choses que Jésus, et Jésus crucifié. Je graverai Sa croix divine dans mon cœur; je l’imprimerai dans mon âme; je la porterai sur mon corps; je ne penserai qu’à elle ; je ne verrai qu’elle ; je ne parlerai que d’elle. Elle éteindra le feu de mes passions impures ; elle sera la garde de mes yeux, de ma langue et de mes oreilles; elle me consolera dans mes afflictions; elle me sanctifiera dans mes tentations ; elle me défendra des ennemis de mon salut ; elle soutiendra mes afflictions; elle me rendra chaste et pur, doux et humble de cœur, elle imprimera à toutes mes actions le sacré caractère de la sainteté de Jésus-Christ.

II. Je n’adorerai pas seulement dans moi-même la croix de mon Sauveur, je l’adorerai dans tout ce qui m’environne ; je prendrai part et au bonheur de ceux qu’elle sanctifie par une vie sainte, et au malheur de ceux qui l’outragent par une vie criminelle. Quand je verrai se multiplier les enfants de Dieu par la vertu du baptême, ou les pécheurs convertis se purifier dans les eaux salutaires de la pénitence, je dirai : « Voici ceux qui ont lavé leur robe dans le Sang de l’Agneau »; car on ne devient enfant de Dieu que par la vertu de la Croix : on ne peut être purifié de ses péchés que par le Sang précieux qui a coulé sur la Croix. Je m’efforcerai d’honorer la Croix de mon Sauveur en m’opposant au cours du péché, soit en moi-même par une vie conforme à son Saint Evangile, soit chez les autres, par mes exemples, par mes conseils, par tous les moyens qui seront en mon pouvoir; et rien ne m’affligera plus que de voir le Seigneur renié, trahi, insulté, crucifié de nouveau par tant de péchés.

III. Dans les pauvres, dans les personnes souffrantes et affligées, j’honorerai mon Sauveur souffrant et crucifié; je les regarderai comme ses membres et ses images vivantes : dans cette vue, je compatirai à leurs peines; je les consolerai; je les soulagerai, selon mon pouvoir; me rappelant que Jésus-Christ nous a dit, qu’il regarderait comme fait à Lui-même ce qui serait au moindre des siens.

IV. Je regarderai toutes mes peines et mes afflictions comme une participation de la croix de mon Sauveur, sur laquelle je veux vivre et mourir; je ne m’estimerai heureux qu’autant que je souffrirai avec Lui et pour Lui; et pour que mon cœur ne cesse d’être attaché à Sa croix, j’aurai toujours dans l’esprit ces paroles divines : « Si quelqu’un veut marcher à Ma suite, il faut qu’il se renonce lui-même, que tous les jours il porte sa croix et Me suive ». Pour animer ma foi et soutenir mon courage, dans le plus fort de mes peines, je méditerai souvent ces paroles de Saint Paul : « Jetez les yeux sur Jésus, l’auteur et le consommateur de notre Foi, qui, au lieu de la joie qu’Il pouvait goûter, a souffert la croix, méprisant l’ignominie, et est maintenant assis à la droite de Dieu ». Représentez-vous donc celui qui a souffert une si grande contradiction de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez pas et ne manquiez pas de courage. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’à répandre votre sang en combattant contre le péché.

V. Le plus grand soin, la plus douce consolation de ma vie sera de participer souvent et le plus dignement qu’il me sera possible aux Sacrements dans lesquels Jésus-Christ a enfermé le trésor de ses mérites, pour en faire part à ses membres; j’y recueillerai fidèlement, et avec le respect le plus profond et le plus ardent amour, le Sang précieux qu’Il a répandu pour moi sur la croix. Chaque jour je m’unirai à Lui, comme un membre doit être uni à son chef, pour m’immoler avec Lui dans le Saint Sacrifice de l’Autel. Souvent, avec un cœur contrit et humilié, j’irai me plonger dans la piscine de la pénitence, où Son Sang qu’Il a répandu sur la croix pour effacer les péchés du monde, effacera de plus en plus les taches des mes iniquités. Souvent j’irai me présenter, avec une humble confiance à la table où Il nourrit les enfants de Dieu de Sa Chair et de Son Sang; je le recevrai comme mon médecin qui me guérira de mes infirmités, comme mon Sauveur, comme l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, et dont le Sang imprimera dans mon âme le sceau du salut. Ma mission ne sera pas une raison de m’éloigner de Lui; elle en sera une de recourir à Lui, puisque je ne puis cesser d’être misérable que par Lui. En lui disant comme Saint Pierre : « Seigneur, éloignez-Vous de moi qui suis un pécheur »; je ne cesserai de le tenir embrassé et de m’unir à Lui; afin qu’Il me transforme en Lui et que je ne vive plus mais que Lui-même vive en moi comme un chef vit dans les membres qu’Il anime.
Lumen
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Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ ou la Science du Crucifix. Père Pierre Marie Jésuite - Page 2 Empty Re: Le Mois de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ ou la Science du Crucifix. Père Pierre Marie Jésuite

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