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« La communauté Saint-Martin s’implantera bien au Mont Saint-Michel »

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Message par Lumen Dim 29 Mai 2022 - 18:42

« La communauté Saint-Martin s’implantera bien au Mont Saint-Michel »

Don Paul Préaux, modérateur général de la Communauté Saint-Martin, présente à Famille Chrétienne les principaux défis qui attendent ses prêtres dans deux nouveaux lieux d’implantation désormais officiels : le Mont Saint-Michel, mais aussi Garges-Lès-Gonesse.

 « La communauté Saint-Martin s’implantera bien au Mont Saint-Michel » Mont_saint_michel_communaute_saint-martin
La communauté Saint-Martin confirme qu'elle s'installera au Mont Saint-Michel mais aussi à Garges-Lès-Gonesse pour une durée indéterminée.  - Cyril BADET/CIRIC


La nouvelle était attendue de longue date, elle est désormais officielle. Après une mission de repérage d’un an au Mont Saint-Michel, la communauté Saint-Martin confirme qu’elle s’y installera pour une durée indéterminée dès l’an prochain à la demande de Mgr Le Boulc’h. Elle a également accepté de s’implanter à Garges-Lès-Gonesse en banlieue parisienne, appelée par Mgr Lalanne. Le modérateur général de la Communauté, Don Paul Préaux, développe les principaux enjeux de ces deux missions de natures bien différentes.

Quand ont été entérinées les installations de la communauté au Mont Saint-Michel et à Garges-Lès-Gonesse ?
Pour le Mont Saint-Michel, j’ai donné l’accord de la communauté à Mgr Laurent Le Boulc’h en février dernier, soit plusieurs mois après l’arrivée de Don Maurice Franc, envoyé en éclaireur. Pour Garges-Lès-Gonesse, Mgr Stanislas Lalanne avait déjà évoqué il y a deux ans lors de l’ouverture de notre mission à Sarcelles, la possibilité de nous appeler également à Garges-Lès-Gonesse. J’avais souhaité que nous puissions avoir le temps de mûrir, et deux ans plus tard, nous y sommes.

Combien de prêtres seront envoyés dans chacun de ces deux lieux ?
Nous respecterons la règle chère à la communauté d’envoyer ses membres toujours au moins par trois. Au Mont Saint-Michel, Don Maurice Franc va rester pendant un an pour assurer l’installation. Il sera rejoint par un autre prêtre à mi-temps qui terminera sa licence en liturgie, ainsi qu’un roulement de séminaristes en fonction des besoins dans l’année. Pour Garges-Lès-Gonesse il y aura un curé à temps plein, deux prêtres à mi-temps et un diacre.

Comment avez-vous choisi ceux que vous alliez envoyer ?
J’ai été attentif aux spécificités et défis du lieu, pour choisir des profils qui soient les plus appropriés. Si j’envoie à Garges-lès-Gonesse quelqu’un qui n’y connait rien au monde de l’islam ou aux univers cosmopolites et aux défis de la pauvreté, il risque d’être déboussolé ! Le choix se fait d’abord en discussion avec l’évêque et son Conseil épiscopal, et en interne je m’appuie sur le conseil de la communauté composé de neuf membres, qui mûrit l’appel épiscopal et ajuste les ressources humaines aux caractéristiques de la mission.

Quelles sont les motivations des évêques qui vous ont appelés au Mont Saint-Michel et à Garges-Lès-Gonesse ?
La motivation première, il faut bien le dire, c’est le manque de prêtres. Aujourd’hui, les évêques ne savent plus trop vers qui se tourner… Il y a aussi en partie la réputation de collaboration plutôt saine et paisible que nous entretenons avec les évêques des diocèses où nous sommes présents. Nous nous en réjouissons, et cela demeure aussi un défi à cultiver chaque jour.

Le Mont Saint-Michel et Garges-lès-Gonesse sont deux lieux symboliques, presque antagonistes. Quels sont leurs défis particuliers aux yeux de la communauté ?
Au Mont Saint-Michel, sanctuaire dédié à l’archange Michel, la question qui nous guide est ‘‘Qu’est ce que l’archange peut dire à nos contemporains ?’’ Nous gardons en tête son message qui est d’abord celui du combat contre les forces du mal. D’autre-part, ce lieu étant à la fois un lieu de pèlerinage et de tourisme, l’enjeu est de trouver comment répondre à ces deux populations n’ayant pas forcément les mêmes attentes. Le potentiel d’évangélisation est extraordinaire, et nous voulons être là-bas une terre d’accueil mais aussi de pastorale, d’annonce de la foi, du kérygme. Cette annonce se fait à échelle très courte car les gens passent généralement au Mont Saint-Michel de manière éphémère.

A Garges-Lès-Gonesse la mission est de nature très différente. Garges est une ville très pauvre, avec une présence très forte de l’islam. Il y aura tout un travail de rencontre avec les différentes communautés et notamment la communauté musulmane. Nous l’expérimentons déjà dans d’autres lieux de mission comme à Arles, à Bézieux, mais il est vrai que Garges est assez symbolique de cette réalité. Dans la Communauté chrétienne il y a aussi beaucoup de nationalités différentes, ce qui implique le défi de l’unité. Enfin, la dimension de la pauvreté de cette ville ne peut que résonner avec force dans le cœur d’un Saint-Martin, et sera sans doute au cœur de notre mission.

Quels seront les projets concrets déployés sur place ?
Pour l’instant je ne peux vous le dire, car ce sera surtout la responsabilité des équipes sur place. Ce qui est sûr c’est qu’il faudra de la créativité, une forte coopération avec les diocèses et être en communion avec les communautés sur place. On ne vient pas avec des idées toutes faites, il faut d’abord écouter et appréhender le réel. Par exemple lorsque l’on monte des patronages, ils n’ont pas du tout la même physionomie en fonction des environnements, qui sont plus ou moins populaires, urbains, religieux...

Il semble que la dimension missionnaire ait une place centrale dans vos projets pour ces deux lieux…
Tout à fait, c’est précisément cet enjeu qui nous intéresse, même s’il s’incarnera de manière très différente aux deux endroits. Nous voulons le vivre en lien avec l’Eglise locale, et notamment au Mont Saint-Michel avec les Fraternités monastiques de Jérusalem. Il est très beau que nous puissions travailler ensemble dans l’Eglise pour annoncer Jésus et l’Evangile. Les frères de Sarcelles participent activement à la réflexion menée par l’Eglise d’ Île-de-France sur la manière d’évangéliser dans les cités. Il y a une vraie collaboration sur ce terrain.

La communauté Saint-Martin suscite à la fois un fort enthousiasme mais aussi parfois une animosité chez certains qui lui reprochent son côté trop « conservateur ». Craignez-vous d’être mal accueillis ?
Il y a toujours des personnes pour qui l’accueil est difficile. Cela n’est pas forcément de leur faute mais parfois de la nôtre aussi, parce qu’on est maladroit, qu’on veut aller trop vite, qu’on n’écoute pas… Nous restons des humains, imparfaits. Mais les personnes qui seront moins heureuses de nous voir arriver n’en sont pas moins des personnes qui seront confiées à notre sollicitude par l’Eglise qui nous envoie. Nous devrons les aimer et les écouter comme les autres. Un prêtre ne doit pas faire de sélection affective ou idéologique dans sa paroisse. Malgré tout, je crois qu’enfermer la communauté Saint-Martin dans le latin et une pastorale rétro n’est pas une image fidèle. Nous sommes les premiers à être au Congrès Mission et il me semble que nous vivons une certaine ouverture sur le monde et ses enjeux. Certes nous portons l’habit, mais à Garges-Lès-Gonesse par exemple cela ne devrait pas poser de problème. Juste à côté à Sarcelles, cela est même reçu de manière plutôt positive, dans un environnement où toutes les religions sont visibles.

Comment Saint-Martin s’y prend-elle pour favoriser une installation paisible ?
L’un des points essentiels est le travail de préparation en amont. C’est ce qu’a fait Don Maurice au Mont Saint-Michel, en rencontrant plusieurs associations et instances sur place ainsi que les commerçants avec lesquels les relations se passent très bien. C’est de bon augure pour la suite, même s’il y a sans doute eu un petit choc des cultures au début. Les Fraternités monastiques de Jérusalem nous ont accueillis avec beaucoup d’hospitalité et de bienveillance ; cela m’a touché chaque fois que je suis allé leur rendre visite ces derniers mois.

Quelque soit le lieu, le secret est d’apprendre à se rencontrer et à dialoguer. Cela permet de faire tomber les jugements hâtifs. Au-delà de la communauté Saint-Martin, lorsqu’une paroisse change de curé, il y a toujours la tentation de la comparaison. L’apprivoisement s’inscrit dans la durée.  

Ces deux missions ont-elles une durée déterminée ?
Non, la communauté s’installera au Mont Saint-Michel et à Garges-Lès-Gonesse pour une durée indéterminée. Nous sommes liés au diocèse par une convention, mais celle-ci peut être dénoncée de part et d’autre.

Le Mont Saint-Michel et Garges-lès-Gonesse feront-ils partie de ceux qui accueilleront la visite pastorale à venir ?
Pour l’instant je ne sais pas. Je rencontre lundi Mgr Benoît Bertrand qui a la responsabilité de cette visite pastorale pour échanger sur les modalités concrètes. Mais il me semble qu’ils souhaitent visiter tous les lieux d’implantation.




Camille Lecuit
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