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Une des Merveilles du christianisme : Le roman sacré de LA PIETA (1/2)

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Une des Merveilles du christianisme : Le roman sacré de LA PIETA (1/2) Empty Une des Merveilles du christianisme : Le roman sacré de LA PIETA (1/2)

Message par Lumen Mer 1 Juin 2022 - 20:58

Une des Merveilles du christianisme : Le roman sacré de LA PIETA (1/2)

Nous croyons tout connaître du chef-d’uvre de Michel-Ange. Et pourtant le visage de marbre de la Vierge se dérobe sans cesse et déjoue les certitudes. Quel est ce mystère qui ne se livre qu’à un regard contemplatif ? Bienvenue dans le roman sacré de la Pietà, premier numéro de notre série d’été sur les merveilles du christianisme.

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Rome, 26 août 1498. Le cardinal de la ­Groslaye est prêt. Cela fait maintenant plusieurs mois que l’ambassadeur à Rome du roi très chrétien cherche un sculpteur capable de réaliser une œuvre digne de la mémoire de Charles VIII, mort le 7 avril. Et il croit bien qu’il l’a trouvée, la perle rare qui va rehausser l’éclat de la chapelle Sainte-Pétronille, la « chapelle des rois de France » de la basilique ­Saint-Pierre, à Rome.

Jean III Villiers de la Groslaye n’est pas seulement un prince de l’Église et un diplomate de premier rang. Il est d’abord un moine, Abbé de Saint-Denis, à la vie personnelle irréprochable et à la foi sérieuse. Pour Sainte-Pétronille, il souhaite une représen­tation de la Vierge. Et pas n’importe laquelle.

Lors de ses voyages, il a souvent admiré ces ­statues de bois que l’on trouvait alors dans maintes églises françaises : des images de Notre-Dame de Pitié (en italien Madonna di Pietà ou, plus simplement, Pietà). Des sculptures douloureuses qui se sont répandues en France et dans les pays rhénans avec la grande peste (XIVe siècle). En Allemagne, on les appelle Vesperbilden, « les images du soir » (sous-entendu : du soir du Vendredi saint). Elles figurent un épisode non documenté par les Évangiles, situé entre la Descente de croix et la Mise au tombeau : le corps du Crucifié porté par sa Mère et, quelquefois, par Joseph d’Arimathie.


« Elle sera la plus belle sculpture en marbre existant à Rome »

Avant d’apposer son sceau sur le contrat, le vieux cardinal observe une fois encore le jeune sculpteur au regard de feu qui s’apprête à signer. Il sourit. Chez ce Florentin de 22 ans, il sent plus que du talent. Il sait que Michelangelo Buonarotti a perdu sa mère enfant, laissant en son âme une cicatrice essentielle. Et une indomptable soif de beauté. Il sait aussi que l’artiste a été formé par les meilleurs, et perçoit chez lui le ­mordant d’un jeune noble au père pauvre, travaillé par un irrésistible besoin d’ascension sociale.

Le cardinal de la Groslaye voit également avec quel soin le sculpteur sélectionne un immense bloc de marbre blanc dans les galeries de Carrare. Tyrannique avec des maîtres carriers faisant deux fois son âge, le jeune homme ne veut pas qu’un fil ou, pire, une veine minérale sombre gâtent une œuvre qu’il imagine déjà : resplendissante et sans défauts.

Le vieux cardinal confie intérieurement la tâche à Notre-Dame, puis, d’une main ferme, scelle le contrat. Il en est maintenant certain : malgré son allure sauvage, cet artiste encore peu connu a ce qu’il faut pour rehausser Sainte-Pétronille. Jacopo Galli, banquier et ami du cardinal, relit une ­dernière fois la feuille de route dictée par le prélat : « Une Pietà en marbre, savoir une Vierge Marie vêtue, tenant entre ses bras le Christ trépassé, et ce dans la taille naturelle d’un homme, pour le prix de 450 ducats d’or en monnaie pontificale ». Il ajoute même, ce qui relève d’un acte de foi rarissime dans les actes notariés, même au XVIe siècle : « Ledit Michel-Ange achèvera l’œuvre en l’espace d’un an et elle sera la plus belle sculpture en marbre existant aujourd’hui à Rome ».

Le jeune Florentin se met donc au travail, avec une indomptable énergie, dans son atelier proche du forum de Trajan. D’abord les croquis. Des esquisses de Juifs du Trastevere pour fixer les traits de Jésus, et pour Marie, quelque jeune fille romaine de bonne famille. Mais il ne veut pas faire de ­portrait. C’est une Vierge idéale, au visage pur, qu’il a en tête. Et il se lance. Un labeur acharné, incessant. Porté par un souci maniaque de la finition qu’on ne retrouvera dans aucune de ses autres sculptures. Il dort à peine, travaille à la ­bougie la nuit. Il n’est jamais content. Et au bout de deux ans, il livre un travail à l’originalité puissante. Mais le cardinal Villiers, mort le 6 août 1499, ne verra jamais l’œuvre finie.

À peine est-elle achevée que la statue suscite l’admiration. Un jour, Michel-Ange, s’approchant d’un groupe de visiteurs lombards qui admiraient sa Pietà, les entend dire : « Elle est de notre Bossu ! » Le « Bossu » (en italien : Il Gobbo), c’est Cristoforo Solari. Le sang toscan de Michel-Ange ne fait qu’un tour, et la nuit suivante, il se laisse enfermer dans la basilique « avec une petite lampe », précise son biographe, Giorgio Vasari, et grave au ciseau en lettres capitales : « Michael Angelvs Bonarotvs ­Florentinus Faciebat » sur le baudrier qui ceint la ­poitrine de la Vierge Marie. La Pietà est ainsi l’unique œuvre signée par Michel-Ange.

Ascanio Condivi, son disciple et biographe, insiste : en séparant nettement « Michael » et « ­Angelus », le génial sculpteur se référait au messager par excellence, l’archange saint Michel. Cette signature, loin d’être simple vanité d’artiste, attesterait ainsi de sa conscience d’être médiateur, transmettant avec cette sculpture un message ­d’inspiration céleste.

Mais la Pietà ne reste que quelques années dans la chapelle Sainte-Pétronille. En deux siècles, elle sera déplacée plusieurs fois dans la basilique Saint-Pierre, avant que Benoît XIV lui donne sa place définitive, le 3 décembre 1749, dans la première chapelle latérale, à droite en entrant. Offerte à la vénération des fidèles, elle ne bougera plus, opposant sa fragile sérénité aux armées de Napoléon, puis de Garibaldi, en attendant les tourmentes du XXe siècle. Elle fait partie de l’Église italienne, à tel point que les jeunes Romaines prennent l’habitude de déposer à ses pieds leur bouquet de mariée, des roses blanches ou des fleurs d’oranger.

New York, 5 avril 1964. Le cardinal Francis Spellman est un grand ami de Jean XXIII, et son archidiocèse de New York, un gros contributeur aux finances du Siège apostolique. Pour ces deux raisons, cette année-là, Paul VI, ­nouvellement élu, accomplit la promesse faite par son prédécesseur d’envoyer la Pietà à l’Exposition universelle de New York.

C’est ainsi qu’en ce dimanche matin d’avril, un container métallique estampillé « Pietà » est arrimé sur le pont supérieur du TN Cristoforo Colombo, le plus beau paquebot de ligne italien. Pendant la traversée de 4 500 nautiques, deux marins gardent en permanence le précieux coffre (peint en orange pour qu’on le repère mieux en cas de naufrage), auquel est fixée une balise de détresse « visible depuis tout bâtiment à 15 nautiques », précisent les journaux.



La Pietà en trois dates

1498-1499 Pendant deux ans, Michel-Ange sculpte la Pietà, commandée par le cardinal français Villiers de la Groslaye.

1964-1965 Unique voyage de la Pietà hors de Saint-Pierre de Rome, à l’Exposition universelle de New York. 27 millions de visiteurs viennent la contempler.

1972 Le jour de la Pentecôte, un Australien d’origine hongroise lui assène quinze coups de ­marteau. Restaurée à l’identique, la Pietà est à nouveau exposée dans la basilique Saint-Pierre de Rome.



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