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Une des Merveilles du christianisme - Le roman sacré de La Pieta (2/2)

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Une des Merveilles du christianisme  - Le roman sacré de La Pieta (2/2) Empty Une des Merveilles du christianisme - Le roman sacré de La Pieta (2/2)

Message par Lumen Mer 1 Juin 2022 - 21:23

Une des Merveilles du christianisme  - Le roman sacré de La Pieta (2/2)

Nous croyons tout connaître du chef-d’uvre de Michel-Ange. Et pourtant le visage de marbre de la Vierge se dérobe sans cesse et déjoue les certitudes. Quel est ce mystère qui ne se livre qu’à un regard contemplatif ? Bienvenue dans le roman sacré de la Pietà, premier numéro de notre série d’été sur les merveilles du christianisme.

Une des Merveilles du christianisme  - Le roman sacré de La Pieta (2/2) The-pieta-det-by-michelangelo-st-peter-s-basilica-rome_orig


Un décret papal pour protéger la Pietà de toutes les convoitises

La statue est installée le 16 avril et, très rapidement, l’incroyable se produit. Prévue à l’origine pour être simplement l’ornement central du pavillon du Vatican, la sculpture attire une fréquentation telle qu’elle surpasse de très loin les autres attractions. 27 millions de visiteurs affluent et ­défilent (en silence !) devant une scénographie ­hollywoodienne. La Pietà est au centre d’une salle entièrement revêtue de bleu. Derrière elle, une immense croix drapée. Devant, trois tapis ­roulants font défiler les visiteurs¦ En fond ­musical, des chants grégoriens enregistrés sous la direction de Dom Gajard, venu spécialement de Solesmes.

Parmi les visiteurs, un homme, Robert Hupka, est bouleversé. Proche de l’archevêque Spellman, cet Autrichien a l’autorisation de photographier la statue. Une fois la foule partie, il se fait enfermer avec elle. Il la contemple des nuits et des nuits, seul avec elle : « Plus je la regardais et plus je l’aimais ». Il réalise des centaines de clichés, qui ­composeront des années plus tard une exposition saisissante (lire les témoignages).

En attendant, le triomphe new-yorkais est tel que les demandes affluent à Rome : tout le monde s’arrache la Pietà. Au point qu’en septembre 1965, Paul VI est contraint de prendre un décret inter­disant tout transfert ultérieur de l’œuvre.

Le 21 mai 1972, à 11 h 30, la basilique Saint-Pierre est remplie de fidèles qui assistent à la messe de la Pentecôte. À l’entrée, les touristes se pressent devant la chapelle de la Pietà. Soudain, un jeune homme barbu enjambe la balustrade, s’élance sur l’autel, sort un marteau de géologue de son imperméable. Il a le temps de ­porter une douzaine de coups sauvages à la Vierge Marie, « avec l’intention évidente de la décapiter », raconte L’Osservatore Romano. Il est rapidement arrêté par un carabinier et un jeune pompier, mais les dégâts sont considérables : « Fracture du nez au niveau des narines, abrasion de la paupière gauche, brisure de trois pans du voile de la Madone, multiples éraflures à la tête, fracture du bras gauche » qui gît en morceaux sur le sol.

L’homme est un Australien d’origine hongroise. Il s’appelle Laszlo Toth. En commettant son forfait, il s’est écrié : « Je suis le Christ ressuscité ». Dans le bureau du Vatican où on l’a emmené, il donne, visiblement content de son geste, une explication confuse où reviennent des citations bibliques torturées, l’ange exterminateur de l’Apocalypse et la mission de « rétablir la vérité sur Marie qui n’est pas la Mère de Dieu ». L’homme est un ­déséquilibré, mais son acte a une dimension anticatholique manifeste. Il restera deux ans en prison en Italie, avant d’être expulsé vers l’Australie (où il vit d’ailleurs toujours, dans l’État de New South Wales).

Dès la fin de la récitation du Regina Coeli, Paul VI rejoint la basilique. Il est visiblement bouleversé. Il s’agenouille dans la chapelle de la Pietà, se plonge dans une prière silencieuse et dépose un bouquet de fleurs blanches aux pieds de la statue mutilée. Le soir, après les vêpres, les chanoines de Saint-Pierre se rendent en procession devant la statue en chantant le psaume Miserere, sans l’accompagnement des orgues qui se taisent en signe de deuil. Le lendemain, la foule des touristes et des pèlerins afflue, encore plus dense et avec une gravité inhabituelle.

L’éditorial de L’Osservatore Romano du 23 mai, intitulé « Perchè ? » (« Pourquoi ? »), traduit bien dans sa sobriété toute vaticane cette impression d’obscure folie venue frapper : « Un fou, certes, mais tellement représentatif de la choquante succession d’actes déraisonnables et criminels qui semble caractériser notre temps ».

Il est bien sûr délicat d’essayer de reconstituer la manière dont le souverain pontife a été affecté par ce sacrilège, commis dans une chapelle de « sa » basilique. Ce que l’on peut constater cependant, c’est que, de manière étonnante, un mois après le sacrilège, Paul VI évoquera un thème qu’il n’aborde que très rarement : le mystère du mal. L’homélie qu’il prononce pour la Saint-Pierre-et-Paul, le 29 juin 1972, est titrée par le quotidien du Vatican : « Soyez forts dans la foi pour contrer le pouvoir des ténèbres ».

Bien sûr, le pape n’y mentionne jamais le pauvre fou qui a commis l’acte sacrilège. Cette homélie improvisée comporte la phrase célèbre où il avoue avoir « le sentiment que, par quelque ­fissure, la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu ». Et il démasque avec vigueur et netteté l’auteur ultime des attaques contre l’Église : « Un être vivant, ­spirituel, pervers et pervertissant. ­Terrible réalité. Mystérieuse et effrayante à Satan, l’adver­saire, l’ennemi », qui peut « exercer son influence sur les individus, les communautés, des sociétés entières ». Comme pour enfoncer le clou, il y reviendra en audience générale, le 15 novembre de cette même année 1972.


Le martyre de la Pietà, témoignage des « attaques contre l’Église »

Pour le Pr Maria-Antonia Nocco, il y a bien un parallèle entre la Pietà martyrisée et l’Église : « Ce visage défiguré a certainement ­marqué Paul VI, comme beaucoup de fidèles. En ces années incertaines de l’après-Concile, il était tourmenté. Et l’attaque de la Pietà qu’on voulait réduire au geste d’un déséquilibré était comme le symbole des attaques plus diffuses de la société contre l’Église où, sous couvert de philosophie du doute, la foi était remise en cause ».

Pendant ce temps, chez les experts du Vatican, le débat sur la manière de rendre à l’œuvre sa splendeur bat son plein. Certains veulent laisser exposer la sculpture mutilée « comme le témoignage d’une époque dominée par la violence », selon les mots du Pr Pietro Zander, conservateur à la Fabbrica di San Pietro. D’autres souhaitent une restauration « scientifique », avec les éléments modernes sculptés dans un marbre de couleur différente. Finalement, sous la houlette du Pr Deoclecio Redig de Campos, directeur des Musées du Vatican, le choix d’une restauration « invisible » l’emporte.

Cinquante éclats de marbre sont récupérés au plumeau sur le site même. Trois fragments sont restitués par des touristes qui les avaient emportés comme souvenirs. Pour le nez de la Vierge, totalement pulvérisé, on taille un petit morceau dans le socle à l’arrière de la statue. Ultime surprise, la restauration révèle une signature de Michel-Ange, restée secrète pendant cinq siècles : un grand « M » gravé dans la paume de la main de la Sainte Vierge. Enfin, en janvier 1973, la statue rénovée est remise en place, derrière de grandes vitres blindées.

Depuis, le monde entier défile toujours à Saint-Pierre en foule compacte. Des millions de téléphones portables et d’iPads brandis à bout de bras essaient chaque jour de capturer, à six mètres de distance, le secret de la paix et de la douleur de la Mère de Dieu. Un secret qu’a perçu le photographe Robert Hupka, interviewé il y a dix ans par Lourdes Magazine : « La Vierge Marie, plus jeune que le péché, porte dans ses bras le secret de l’éternité et nous l’offre ».



La Pietà en trois dates

1498-1499 Pendant deux ans, Michel-Ange sculpte la Pietà, commandée par le cardinal français Villiers de la Groslaye.

1964-1965 Unique voyage de la Pietà hors de Saint-Pierre de Rome, à l’Exposition universelle de New York. 27 millions de visiteurs viennent la contempler.

1972 Le jour de la Pentecôte, un Australien d’origine hongroise lui assène quinze coups de ­marteau. Restaurée à l’identique, la Pietà est à nouveau exposée dans la basilique Saint-Pierre de Rome.


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Jean-Claude Bésida
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