Convention sur la fin de vie : des premiers débats à sens unique

par Lumen Lun 12 Déc 2022 - 21:54

Convention sur la fin de vie : des premiers débats à sens unique

La première session de la Convention citoyenne sur la fin de vie, qui s’est achevée le 11 décembre, a donné la parole à des organisations favorables à l’euthanasie. Sans aucun contradicteur…

Convention sur la fin de vie : des premiers débats à sens unique Convention_citoyenne_fin_de_vie

La Première ministre française Elisabeth Borne (R) prononce un discours pour le lancement de la Convention citoyenne sur la fin de vie au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 9 décembre 2022. - Alain JOCARD / POOL / AFP

Il fallait avoir l’estomac bien accroché, ce 11 décembre peu avant midi, dans l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Dans un silence de mort, les 180 personnes tirées au sort pour participer à la Convention citoyenne sur la fin de vie, qui se tient durant neuf week-ends du 9 décembre au 19 mars, ont écouté deux représentantes de l’association suisse Dignitas raconter comment elles « accompagnent » chaque année des personnes souhaitant se suicider (212 en 2021 pour cette association, dont 45 Français) : la préparation de l’estomac avec un premier médicament, la mise à disposition du barbiturique dosé pour tuer, l’accompagnement des proches, les relations avec la police et le médecin légiste après le décès.

Juste avant elles, un médecin venu de Belgique avait vanté les mérites de la législation de ce pays ayant autorisé en 2002 l’euthanasie et l’ayant ouverte en 2014 aux mineurs. Seule vraie question pour elle, le fait que la loi actuelle ne la permette pas pour des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. « C’est une difficulté majeure. On pousse à élargir la loi dans ce sens-là. Mais les médecins freinent, c’est clair », a-t-elle regretté.

« C’est l’intention du médecin qui est le critère pour la définition de l’euthanasie, a-t-elle par ailleurs justement souligné. Si le médecin donne un traitement et que le patient décède alors que son intention n’était pas de le tuer, ce n’est pas de l’euthanasie. »Pour qu’il y ait euthanasie, comme le définit la loi, le médecin doit avoir l’intention de tuer son patient.

Aucun contradicteur

D’où la remarque de bon sens d’un des citoyens lors du temps de questions-réponses nourri qui a suivi : « Le Larousse définit le mot « homicide » comme l’action de tuer un être humain... » Aucun problème pour le médecin belge qui assume la « transgression ». « Il faut progressivement que tout médecin, tout soignant, se confronte au fait que la mort fait partie de la vie. » Dans le sens où la mort est le terme de toute vie. Mais aussi dans le sens où donner la mort, tuer, fait selon elle partie de la vie, lorsqu’un patient le demande. « Cette philosophie de vie, qui considère que c’est chacun qui choisit comment il mène sa vie [et sa mort], implique les soignants. »

Aucun contradicteur, aucune voix divergente, aucun représentant de l’immense majorité des pays qui interdisent l’euthanasie et le suicide assisté n’avaient été invités à participer à cette « table ronde » pourtant intitulée « Regards internationaux sur la fin de vie ». « On voulait inviter un troisième pays qui n’a pas forcément légiféré [autorisé l’euthanasie ou le suicide assisté, Ndlr], mais on n’a pas réussi parce que le temps était un peu contraint », s’est platement justifiée Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance organisant la Convention. Des demandes en ce sens ayant été exprimées, elle a assuré que des échanges avec des représentants d’autres pays allaient être organisés.

Jean-Marie Dumont
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