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Convention sur la fin de vie : la pression des francs-maçons pour faire légaliser l’euthanasie

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Message par Lumen Lun 16 Jan 2023 - 22:17

Convention sur la fin de vie : la pression des francs-maçons pour faire légaliser l’euthanasie

Une « rencontre » avec quatre dignitaires de la franc-maçonnerie a été organisée le 8 janvier par le Conseil économique, social et environnemental pour les 185 membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Ils leur ont martelé qu’il fallait légaliser l’euthanasie et le suicide assisté.

Convention sur la fin de vie : la pression des francs-maçons pour faire légaliser l’euthanasie Franc-macons
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Quatre dignitaires de la franc-maçonnerie : c’est la « rencontre » qui a été organisée, le 8 janvier dernier, pour les 185 citoyens participant jusqu’à fin mars à la Convention sur la fin de vie. Au cours de leurs interventions, suivies de celles de deux philosophes défendant des positions très proches, ils ont appelé chacun leur tour à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté, invoquant des arguments pratiquement identiques. Alors qu’un premier débat contradictoire de qualité avait été organisé la veille, les organisateurs de la Convention ont ainsi à nouveau donné prise au reproche qui leur a déjà été fait lors des précédentes sessions : l’organisation d’interventions réunissant des personnes défendant une position identique, et non de discussions entre positions différentes ou contradictoires afin de mettre en lumière les enjeux. Lors du premier week-end de la Convention, ses organisateurs avaient notamment déroulé une « table ronde » réunissant deux acteurs de l’euthanasie en Belgique et du suicide assisté en Suisse partageant une vision enthousiaste de leurs activités respectives sans aucune contradiction ni mise en débat.

Le meurtre, un « acte fraternel »

Il aurait pourtant été facile de trouver une ou deux voix pour interroger en profondeur les affirmations des dignitaires francs-maçons, et aider ainsi les citoyens à discerner le vrai du faux, le raisonnement des éléments de langage, la formulation de principes en apparence altruistes et la réalité se cachant derrière eux. Ainsi, comment le Conseil économique, social et environnemental peut-il prétendre éclairer les enjeux en présentant sans la moindre mise en débat des opinions affirmant que l’euthanasie, réprimée comme meurtre dans le droit pénal français, serait « un acte fraternel au plus haut degré » ? Qu’on pourrait « donner la mort avec amour comme on a donné la vie » ? Que l’euthanasie d’un patient par son médecin pourrait être un « dernier soin », « une expression concrète de la fraternité » et relever d’une « relation humaine empathique, bienveillante » ? De même, les quatre intervenants n’ont eu de cesse d’affirmer que la loi Clays-Leonetti de 2016 « n’est pas adaptée », alors que les soignants qui travaillent auprès des malades en fin de vie ne cessent dire le contraire. Ils ont aussi martelé l’idée qu’il ne fallait pas opposer euthanasie et soins palliatifs – élément de langage bien rôdé des militants de l’euthanasie que démontent périodiquement les professionnels des soins palliatifs -- et affirmé que « les craintes de dérives ne sont pas pertinentes » alors même que ces craintes n’ont jamais été aussi présentes, notamment chez les citoyens participant à la Convention citoyenne ! Un par un, les quatre dignitaires francs-maçons ont en fait égrené tous les éléments de langage des militants de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité et il aurait été honnête d’en informer leur auditoire.

« Tuer un être humain est quand même un acte très lourd… »

Autre point sur lequel apporter de la contradiction aurait permis aux citoyens de mieux s’approprier les enjeux du débat : la prétention à redéfinir les mots et jusqu’au réel auquel ceux-ci renvoient. Ainsi, tout en reconnaissant que l’euthanasie implique de « tuer un être humain », ses adeptes voudraient que les mots « euthanasie » et « tuer » cessent d’être employés. « On voudrait réformer le mot euthanasie, mal compris, mal accepté par la population », a ainsi affirmé le représentant du Grand Orient de France, proposant qu’il soit remplacé par « aide médicale à mourir » et suggérant que, dans le Code pénal et le Code de déontologie médicale, l’euthanasie soit traitée comme une « cause de mort naturelle. »

« Dans notre culture judéo-chrétienne, a regretté Catherine Lyautey, Grande maîtresse de la Grande Loge féminine de France, interrompre la vie reste encore un tabou et l’un des plus grands interdits de notre société », le philosophe André Comte Sponville, lui aussi « résolument » favorable à la légalisation de l’euthanasie, a appelé à la renommer « Interruption volontaire de vie » (IVV), en référence à l’expression « interruption volontaire de grossesse » (IVG) employée pour qualifier l’avortement. « Attention aux mots, a déclaré dans le même sens Marc Henry, ancien Grand maitre de la Grande loge nationale de France. Tuer quelqu’un, c’est puni par la loi, c’est un meurtre. Un assassinat, ça n’est pas rien. S’agit-il de tuer quelqu’un ou de l’accompagner dans son désir de mort ? Pour ma part, je n’emploierais pas le mot de tuer, je parlerais plutôt d’aide à celui ou à celle qui a ce désir ». « Tuer un être humain est quand même un acte très lourd », avait en effet déclaré peu avant André Comte Sponville, affirmant ainsi « comprendre » le fait que les médecins lui expriment leur opposition à l’euthanasie en lui disant qu’ils « n’ont pas fait médecine pour tuer des gens ».

La confusion entre franc-maçonnerie et philosophie

Interpellé par plusieurs journalistes sur cette « rencontre » et l’absence de tout avis divergent, le Conseil économique, social et environnemental a défendu ce choix au nom du… « pluralisme ». En effet, lors de la rencontre des responsables des religions présentes en France qui avait organisée pour la Convention citoyenne le 16 décembre, ceux-ci avaient tous – au nom des catholiques, des orthodoxes, des protestants, des juifs, des musulmans, des bouddhistes - exprimé leur opposition très ferme au projet de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. L’organisation de la rencontre avec les francs-maçons et les deux philosophes était censée « compenser » l’unanimité de fait qui s’en était dégagée (la même unanimité qui s’est dégagée ensuite lors de l’intervention des soignants) et présenter une « autre » approche. Celle-ci a été regroupée par le CESE sous l’intitulé de « spiritualité laïque », regroupant en fait quatre francs-maçons et deux philosophes. Un regroupement étonnant à plus d’un titre. La philosophie et la franc-maçonnerie sont en effet deux réalités totalement différentes : l’une est une organisation secrète née au XVIIe siècle, réunissant des adeptes qui partagent certaines idées, l’autre est une science humaine multi-millénaire enseignée partout en France qui se fonde sur l’usage de la raison humaine. Que penseront les 5000 professeurs de philosophie français lorsqu’ils sauront que sur une question aussi philosophique que la mort leur contribution a été réduite à la présence de deux d’entre eux et associée à la franc-maçonnerie ?

Pas d’espace pour la critique

Autre sujet d’étonnement : le nombre de francs-maçons invités. Lors de la rencontre du 16 décembre, un seul responsable religieux avait été invité à s’exprimer pour chaque courant religieux. Pour la franc-maçonnerie, les représentants de cette vision du monde n’étaient pas un mais quatre. Derrière la prétention au pluralisme et à l’égalité de traitement entre les convictions des uns et des autres, c’est donc plutôt une inégalité de traitement et une difficulté à répondre à la promesse de « débat contradictoire » formulée par Elisabeth Borne au premier jour de la Convention que cette deuxième rencontre a illustrée, alimentant les soupçons dont font l’objet ses organisateurs de chercher à faire pencher les citoyens dans un certain sens.

Par ailleurs, après la rencontre du 16 décembre, un temps de discussion et d’échange en petits groupes avait été proposé aux citoyens, ce qui leur avait donné tout le loisir de formuler leurs réserves, leurs compliments et leurs critiques. Après la rencontre avec les francs-maçons, rien de tel : aucune place pour un échange collectif ou une prise de distance critique n’avait été prévue. Une absence d’espace pour la critique comparable à celle qui avait été constatée, au 3e jour de la Convention, lors des interventions enthousiastes des acteurs de l’euthanasie et du suicide assisté venus de Belgique et de Suisse.




Jean-Marie Dumont

Lumen
Lumen

Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France

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