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Convention citoyenne : unanimité des responsables religieux contre l’euthanasie et le suicide assisté

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Convention citoyenne : unanimité des responsables religieux contre l’euthanasie et le suicide assisté Empty Convention citoyenne : unanimité des responsables religieux contre l’euthanasie et le suicide assisté

Message par Lumen Mer 28 Déc 2022 - 18:50

Convention citoyenne : unanimité des responsables religieux contre l’euthanasie et le suicide assisté

Invités à prendre la parole le 16 décembre dans le cadre de la Convention citoyenne sur la fin de vie, les responsables des six principales religions présentes en France ont expliqué pourquoi la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté était inenvisageable.

Convention citoyenne : unanimité des responsables religieux contre l’euthanasie et le suicide assisté Soins_palliatifs
Infirmière prenant soin d'un patient dans un service gériatrique de soins palliatifs - Adobe Stock


L’euthanasie et le suicide assisté ne doivent en aucun cas être légalisés. C’est la position très ferme qu’ont clairement exprimée les représentants des six principaux courants religieux présents en France dans le cadre de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Invités à s’exprimer dans l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental devant les 185 citoyens tirés au sort qui poursuivent leurs travaux jusqu’en mars, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, le grand rabbin de France Raïm Korsia, Chems-eddine-Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, Mgr Marc Alric, évêque orthodoxe et Anthony Boussemart, président de l’Union bouddhiste de France, ont fait montre d’une véritable unanimité sur ce sujet.

L’interdit de tuer

L’un des points communs à leurs prises de position, différentes sur certains aspects de détail mais très complémentaires, a été l’interdit de tuer. « Cet interdit partagé par tant de sociétés et depuis tant de siècles est fait pour qu’on puisse vivre en paix les uns avec les autres, qu’on ne puisse pas regarder un autre, que l’on considère comme un frère, comme une menace pour notre vie », a affirmé Mgr Ulrich. « Nous croyons, avec beaucoup d’autres qui ne partagent pas notre foi, que l’interdit de tuer est un signe fort du désir humain d’aller vers cette vie pacifique. » « La décision de mettre fin à sa vie n’est pas possible. Le suicide est formellement prohibé, car c’est Dieu qui nous a donné la vie qui nous la reprend à un moment donné », a expliqué de son côté le recteur de la grande mosquée de Paris.

« En aucun cas on ne peut confier à quelqu’un d’autre le soin de mettre fin à une vie humaine. Pour nous c’est quelque chose d’inenvisageable », a lancé pour sa part l’évêque orthodoxe Mgr Marc Alric, le grand rabbin de France et le président de l’Union bouddhiste de France soulignant chacun à leur manière le caractère sacré de la vie. Le grand rabbin Raïm Korsia a aussi mis en exergue l’étrange contradiction qu’il y a, pour une société qui dépense à juste titre des millions pour lutter contre les suicides, à vouloir mettre en place une « aide au suicide ».

La dignité n’est pas évolutive, elle ne diminue pas en fonction de l’état de santé

Autre affirmation très claire des responsables religieux : la personne humaine est revêtue d’une dignité absolue de sa conception à sa mort naturelle, et cette dignité n’évolue pas et ne diminue pas en fonction de l’état de santé d’une personne. Une réponse directe aux partisans d’une légalisation de l’euthanasie qui semblent penser que des patients en état de santé dégradé perdraient leur dignité, que la dignité résulterait d’une appréciation subjective et qu’une prétendue « mort digne » (euthanasie ou suicide assisté) permettrait de répondre à cette prétendue perte de dignité. « La vie a une valeur imprenable, y compris en fin de vie », a ainsi affirmé Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, soulignant que le fait que « quelqu’un puisse avoir le sentiment que sa vie n’est plus digne » ne veut absolument pas dire qu’il a perdu sa dignité fondamentale d’être humain impliquant un respect absolu.

« De temps en temps, il y a des espèces d’éclipses, quelqu’un peut sentir qu’il n’a plus de dignité. Nous, nous croyons qu’il continue d’en avoir, même s’il est au fond de l’angoisse », a affirmé dans le même sens Mgr Ulrich, invitant à faire preuve de la plus grande compassion envers une personne qui se trouverait dans cette situation, à « vivre la fraternité qui redonne sens à la vie de la personne » pour « remettre en lumière sa dignité ». « La dignité est une chose sur laquelle on n’a pas la main, qui est inhérente à l’existence ». Le grand rabbin de France Raïm Korsia s’est lui aussi insurgé contre l’idée d’une dignité « qui irait decrescendo ». « La dignité humaine est la même du début à la fin de la vie ».

Une « rupture sociétale »

Réaffirmant le refus de l’acharnement thérapeutique, le devoir d’atténuer les souffrances des personnes malades ou proches de la mort et la nécessité de développer les soins palliatifs, les responsables religieux ont clairement dit qu’un changement à la loi Claeys-Léonetti de 2016 qui ne ferait ne serait-ce qu’entre-ouvrir la porte de l’euthanasie pour certains cas, ou du suicide assisté, constituerait une plongée dans l’abîme d’une société qui autoriserait certains de ses membres à en tuer d’autres. « Jusqu’à présent la loi permet d’accompagner le mourant. Si on la fait évoluer, on bouge vers le don de la mort. Cette évolution marquerait une rupture sociétale », a ainsi affirmé le grand rabbin Raïm Korsia.

Celui-ci s’est alarmé du passage d’une société répondant à la souffrance par le soin et l’accompagnement, à une société qui, face à la souffrance, voit le fait de donner la mort comme une solution. Recommandant aux 185 citoyens d’aller « voir » ce qui se passe dans les services de soins palliatifs, Mgr Ulrich, là aussi rejoint par les autres responsables religieux, a dans le même sens souligné l’urgence d’appliquer une loi adoptée il y a seulement six ans, plutôt que de chercher à la changer sur la base d’hypothèses aussi périlleuses pour l’humanité que l’introduction d’exceptions à l’interdit de tuer.




Jean-Marie Dumont
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Localisation : France

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