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Vénérable Léon Papin-Dupont naît à la Martinique, le 24 janvier 1797 et s'éteint le 18 mars 1876 à Tours (France)

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Vénérable Léon Papin-Dupont naît à la Martinique, le 24 janvier 1797 et s'éteint le 18 mars 1876 à Tours (France) Empty Vénérable Léon Papin-Dupont naît à la Martinique, le 24 janvier 1797 et s'éteint le 18 mars 1876 à Tours (France)

Message par Lumen Ven 24 Mar 2023 - 19:08

Vénérable Léon Papin-Dupont naît à la Martinique, le 24 janvier 1797
et s'éteint le 18 mars 1876 à Tours


Vénérable Léon Papin-Dupont naît à la Martinique, le 24 janvier 1797 et s'éteint le 18 mars 1876 à Tours (France) Leon%2BPapin%2BDupont

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Bien cher Ami de l'Abbaye Saint-Joseph,

« Si nous voulons vraiment connaître le visage de Dieu, nous n'avons  qu'à contempler le visage de Jésus ! Dans son visage, nous voyons  réellement qui est Dieu et comment est Dieu ! » (Benoît XVI, le 7 septembre 2006). L'image de la Sainte Face de Notre-Seigneur a été honorée par de nombreux chrétiens tout au long de l'histoire de l'Église. Parmi eux, on compte, au XIXe siècle, un pieux laïc, M. Dupont, surnommé de son vivant le « saint homme de Tours ». En 1851, il a instauré le culte de la Sainte Face qui a transformé sa maison en un lieu de pèlerinage où les grâces ont abondé.

« Le Marquis des égards »

Léon Papin-Dupont naît à la Martinique, le 24 janvier  1797. Il connaît peu son père, un officier d'origine bretonne, mort en 1803, qui laisse à sa jeune femme la responsabilité d'une grande propriété et de l'éducation de ses deux enfants. Dès son enfance, Léon se distingue par la franchise de son caractère et la candeur de son âme. De 1811 à 1815, avec son frère Théobald, il fait ses études secondaires en France au collège de Pontlevoy, en Touraine. Un oncle prend soin d'eux comme des fils et les reçoit dans son château de Chissay, près de Blois. En 1818, Léon est à Paris pour des études de droit. Le séjour dans la capitale n'est pas sans péril pour ce jeune créole très distingué, que ses camarades surnomment « le Marquis des égards »; il jouit d'une belle fortune, mène une vie large sans toutefois abandonner la pratique religieuse. Léon aime passionnément s'amuser, danser, faire du cheval, mais il est extrêmement généreux. La Providence lui fait découvrir l'Œuvre des Petits-Savoyards, dirigée par de jeunes laïcs de son rang, qui appartiennent à la Congrégation de la Sainte Vierge. Cette Œuvre, fondée à Paris en 1666 dans le but de catéchiser de jeunes ramoneurs, le bouleverse : il y a donc des hommes qui pratiquent à fond cette religion dont il ne connaît guère que la surface, des hommes qui sacrifient leur liberté au salut des pauvres petits ? En comparaison, sa vie lui apparaît vide et misérable. Il écrit à un ami : « Tout d'un coup la lumière se fit bien grande à mes yeux. Ce rayon de lumière me faisait voir l'importance de la vie chrétienne, l'indispensable affaire du Salut. Mais il fallait que la grâce intervînt ! » Elle intervient forte et triomphante : Léon rompt avec ses habitudes de mondanité et se donne tout entier à une vie de piété et de bonnes œuvres.
Conquis par l'Œuvre des Petits-Savoyards, il décide de s'y joindre. Des instructions complètent sa formation religieuse. Il est admis à prononcer sa consécration au sein de la Congrégation mariale le 12 novembre 1820, et se fait un devoir d'en accomplir toutes les règles. Ainsi un dimanche, étant en voyage, il entre dans une église et, s'adressant à un vicaire, il lui demande de l'entendre en confession avec l'intention de communier. L'abbé, dans le contexte de son époque, n'est point accoutumé à voir un jeune homme braver le respect humain et demander publiquement la sainte communion un dimanche ordinaire ! Il hésite, croit à une plaisanterie. Alors l'étudiant lui explique qu'il est congréganiste et qu'il s'est fait une règle de s'approcher des sacrements tous les huit jours. Déjà sa générosité se manifeste en sacrifices héroïques : le voici chez un papetier pauvre et chargé de famille; les créanciers sont là pour la déclaration de faillite. Léon s'informe, puis faisant un geste vers la rue : « Prenez mon cheval et mon tilbury, dit-il, vendez et payez ». Le marchand peut ainsi se remettre à flot. L'année suivante, en possession de ses diplômes, il retourne en Martinique et devient conseiller-auditeur à la cour royale de Saint-Pierre, chef-lieu de l'île.

Léon hésite sur son orientation future : sacerdoce ou vie séculière ? La mort de son frère, en 1826, et le désir de sa mère le déterminent à fonder un foyer. Le 9 mai 1827, il épouse Caroline d'Audiffredy, une jeune créole qu'il a connue au château de Chissay, alors qu'elle faisait ses études chez les Ursulines de Tours. En 1832, Léon est père d'une petite fille, Henriette; mais sa femme meurt huit mois plus tard, minée par la tuberculose; c'est un coup très rude et un immense chagrin pour le jeune mari. Par la suite, Léon et sa mère décident de partir pour la France, avec l'intention de s'établir à Tours où Henriette pourra recevoir une bonne éducation à Sainte-Ursule. Là, dès 1835, M. Dupont – c'est ainsi qu'il se fait appeler par simplicité – noue deux amitiés importantes avec le curé de la cathédrale et la Supérieure des Ursulines. Avec eux, il étudie à nouveau sa vocation; les deux conseillers, après avoir réfléchi et prié, l'engagent à rester célibataire, pensant qu'il aura ainsi plus d'influence sur la société. Son attitude fait sensation dans la ville. Sans respect humain, il ne craint pas de montrer partout ce qu'il est et ce qu'il veut être : un chrétien sincère et fervent allant à la Messe chaque jour, n'hésitant pas à la servir en l'absence de servant, se confessant et communiant régulièrement. Cependant, il fait remonter ce qu'il appelle sa « conversion » à une grâce reçue le 22 juillet 1837, fête de sainte Marie-Madeleine, dans la chapelle de Chissay. Il s'agit d'une expérience de Dieu, qui transforme intérieurement son existence; il devient l'homme de l'absolu, le pénitent; ayant entrevu quelque chose de la Majesté infinie de Dieu, il conçoit une extrême horreur du péché. À partir de cette date, il se décide à ne plus vivre que pour Dieu; il a encore la politesse, l'urbanité des hommes bien élevés, mais il s'affranchit de toutes les mondanités.


Le bonheur d'une vie

Léon entretient en son coeur l'amour de Dieu par une  lecture et une méditation assidues de la Sainte Écriture. Au milieu de sa chambre, sur un large pupitre, se trouvent deux grosses bibles, l'une latine, l'autre française. Sans « ce livre qui a fait mon bonheur pendant un grand nombre d'années et qui chaque jour me donnait une lumière sur les choses du Ciel, que serais-je devenu sous le poids de mes passions et de mes ignorances ? » écrira-t-il à la fin de sa vie. Bientôt, les expressions bibliques jaillissent spontanément sur ses lèvres ou sous sa plume.
« Celui qui connaît la Parole divine connaît aussi pleinement la signification de toute créature, affirme le Pape Benoît XVI... La Parole de Dieu nous pousse à changer notre idée du réalisme : la personne réaliste est celle qui reconnaît dans le Verbe de Dieu le fondement de tout. Nous en avons particulièrement besoin à notre époque, où de nombreuses choses sur lesquelles nous nous appuyons pour construire notre vie, sur lesquelles nous sommes tentés de mettre notre espérance, se révèlent éphémères. L'avoir, le plaisir et le pouvoir se manifestent tôt ou tard incapables de réaliser les aspirations les plus profondes du coeur de l'homme... En réalité, puisque pour toujours, ta parole, Seigneur, se dresse dans les cieux et que la fidélité du Seigneur dure d'âge en âge (cf. Ps 118, 89-90), celui qui bâtit sur cette Parole construit la maison de sa vie sur le roc » (Exhortation apostolique Verbum Domini, 30 septembre 2010, n. 10).

Au cours de ses méditations de la Sainte Écriture, M. Dupont découvre la voie de l'enfance spirituelle. Il formule plusieurs fois le principe de cette spiritualité, quarante ans avant sainte Thérèse de Lisieux qui devait si bien la pratiquer. Il écrit : « Notre principale affaire, en toutes circonstances, c'est de nous avancer dans le saint amour de Dieu et de tendre de toutes nos forces à acquérir la simplicité de l'enfance chrétienne. Regardons l'enfant: il ne fait rien... il ne sait même pas qu'il ne fait rien, et cependant il vit dans une action continuelle dans les bras de sa mère. Ainsi devons-nous être tout perdus dans les bras de Dieu. » Léon goûte tous les signes extérieurs de la dévotion : scapulaires, cordons, médailles, mais il a une dévotion spéciale à la médaille de saint Benoît dont il se fait le grand propagateur, pour la conversion des pécheurs et la délivrance de toutes sortes de tracas. Son zèle et sa foi se manifestent aussi par de fréquents pèlerinages, antique dévotion alors tombée en désuétude. On voit « le pèlerin », comme il aime s'appeler, aller prier sur les emplacements ou les ruines des anciens sanctuaires que la Révolution a profanés ou détruits, notamment sur les restes de la basilique Saint-Martin à Tours, et aux sanctuaires voués à la Vierge Marie. À la nouvelle des apparitions de La Salette (19 septembre 1846), il est l'un des premiers à gravir la sainte montagne. Il en rapporte de l'eau miraculeuse et garde de ses entretiens avec les petits bergers un souvenir ineffaçable.

À la suite de son voyage à Saint-Jacques de Compostelle, le 6 novembre 2010, le Pape Benoît XVI se demandait ce « qui pousse tant de personnes à quitter leurs occupations quotidiennes et à entreprendre un chemin de pénitence, un chemin parfois long et fatigant : c'est le désir de parvenir à la lumière du Christ, à laquelle ils aspirent au plus profond de leur coeur... Dans les moments d'égarement, de recherche, de difficulté, ainsi que dans l'aspiration à renforcer la foi et à vivre de façon plus cohérente, les pèlerins entreprennent un profond itinéraire de conversion au Christ, qui a pris sur lui la faiblesse, le péché de l'humanité, les pauvretés du monde, en les portant là où le mal n'a plus de pouvoir, là où la lumière du bien illumine toute chose. Il s'agit d'un peuple de marcheurs silencieux... qui redécouvrent l'antique tradition médiévale et chrétienne du pèlerinage. »


« Tu ne me quitteras pas »

En 1847, Léon connaît la plus grande épreuve de sa  vie. Henriette, belle et grande jeune fille de quinze ans, vivant portrait de sa mère, révélait des dons exceptionnels : une vive intelligence, beaucoup d'imagination et de sensibilité, une grande foi; mais, un peu trop gâtée par son père et sa grand-mère, elle montrait une volonté moins ferme qu'il n'aurait convenu. L'œil vigilant du père s'inquiète d'un certain attrait pour le monde et ses plaisirs. « Mon Dieu, dit-il, si vous prévoyez qu'elle doive s'écarter de la voie droite, je consens à ce que vous me l'enleviez, plutôt que de la voir se livrer aux vanités du siècle. » Dieu, semble-t-il, exauce cette prière héroïque : Henriette est atteinte par une fièvre typhoïde foudroyante. Quand tout espoir est perdu, M. Dupont prépare lui-même sa fille à bien mourir, lui parle du Ciel avec un pieux enthousiasme. Après l'administration des derniers sacrements, il lui demande : « Maintenant, ma fille, que tu as reçu tant de grâces, es-tu contente ? – Oui, papa ! – Regrettes-tu quelque chose sur la terre ? – Oui, papa ! – Quoi donc? – De te quitter ! – Non, tu ne me quitteras pas : nous ne serons point séparés. Dieu est partout, tu seras avec Lui dans le Ciel et tu Le verras; moi, je prierai ici, et par Lui je serai avec toi. » Lorsque l'enfant exhale le dernier soupir, le père s'adresse au médecin : « Docteur, ma fille vient de voir Dieu ! » et il récite le Magnificat.
Vivant au contact de nombreuses misères morales et matérielles, Léon ne peut se dispenser d'agir, car toute détresse l'émeut. Il seconde discrètement les jeunes qui se sont unis en une Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Il finance une fondation des Petites Sœurs des Pauvres qu'il fait venir à Tours et se prend d'une grande affection pour cette maison où, chaque dimanche, il passe ses soirées avec les vieillards, aidant les Sœurs dans les tâches les plus humbles. En Touraine vit toute une colonie d'anglais; il a de nombreux contacts avec certains d'entre eux et ramène plusieurs anglicans à la pleine communion de l'Église catholique. Par ailleurs, il s'emploie en faveur des missions de l'Amérique du Nord (Indiana) et de la Polynésie. Mais trois œuvres lui tiennent particulièrement à coeur : l'Adoration nocturne du Saint-Sacrement, la renaissance du pèlerinage de Saint-Martin et le culte de réparation à la Sainte Face de Jésus.


Aux pieds de Notre-Seigneur

L'Adoration nocturne du Saint-Sacrement est née  d'une initiative parisienne prise durant les émeutes de 1848 : quelques jeunes filles et femmes se réunissent pour des veillées de prières devant l'image de la Sainte Face, puis devant le Saint-Sacrement dans la chapelle du Carmel de la rue d'Enfer. L'intention est d'offrir à Dieu offensé une réparation pour les péchés des hommes et d'obtenir pour eux des grâces de conversion. Stimulé par cet exemple, un groupe masculin se forme également avec pour initiateur un juif converti, Herman Cohen. L'Adoration nocturne des hommes est inaugurée à Notre-Dame-des-Victoires le 6 décembre 1848; deux mois plus tard, le 2 février 1849, M. Dupont obtient de son archevêque, Mgr Morlot, la permission de la commencer à Tours; il anime les premiers volontaires par le souffle de sa foi, et veille sur les moindres détails matériels pour le bon déroulement des adorations. Son zèle s'étend au loin, dans de nombreuses villes. Toutefois, il dissimule le plus possible son action personnelle, mettant en avant des amis et des connaissances. « La meilleure manière de prier, dit-il, c'est de se réunir la nuit dans une même pensée aux pieds de Notre-Seigneur, de l'adorer, de lui faire réparation d'honneur et de lui montrer nos besoins. Oh ! quel bonheur pour la génération présente, si pareille pensée trouvait sa réalisation dans la France entière ! »
La basilique Saint-Martin ayant été détruite pendant la Révolution, un quartier avait été édifié sur l'emplacement de l'ancien monastère. L'épidémie de choléra de 1849 provoque cependant un réveil de la dévotion, avec la procession des reliques du Saint dans les rues de la ville. M. Dupont fonde l'année suivante à Tours, une œuvre en l'honneur de saint Martin, grand évangélisateur de la Gaule au IVe siècle. Il s'agit de collecter des vêtements et de les remettre en état avant de les distribuer aux pauvres : ainsi naît le « Vestiaire de Saint-Martin ». Cette association prend en mains le projet de reconstruction de la Basilique. Le tombeau de saint Martin est découvert, le 14 décembre 1860, dans une atmosphère de joie et d'intense ferveur. Un oratoire provisoire est aménagé en attendant une nouvelle basilique, que M. Dupont ne connaîtra pas.


La Sainte Face

Au Carmel de Tours, une jeune religieuse, soeur Marie  de Saint-Pierre (1816-1848) reçoit, à partir de 1843, des messages du Ciel l'invitant à réparer les outrages faits à Notre-Seigneur : elle doit encourager la dévotion au Saint Nom de Dieu, à l'Enfance de Jésus et à sa Sainte Face défigurée et outragée lors de la Passion. Après la mort de sœur Marie de Saint-Pierre, M. Dupont continue sa mission en propageant ses demandes et son désir de réparation. Mais ce n'est qu'à la Semaine Sainte de 1851 que cet apostolat commence réellement. Le dimanche des Rameaux, la Mère Prieure du Carmel lui fait remettre une gravure de la Sainte Face, un fac-similé de la « Véronique » (la véritable image) vénérée alors à Saint-Pierre de Rome. Il l'expose dans son salon et allume une petite veilleuse. Il souhaite que cette lampe allumée suscite des questions et lui donne l'occasion de parler de Dieu, des péchés et du devoir de réparation qui s'impose aux âmes ferventes. Le Samedi Saint, M. Dupont reçoit la visite d'une demoiselle souffrant très intensément des yeux. Il se joint à elle pour prier devant la Sainte Face, et lui suggère de mettre sur ses yeux un peu d'huile de la lampe. « Mes yeux ne me font plus mal ! » s'écrie-t-elle. Bientôt les miracles se multiplient de façon incroyable au bénéfice des pèlerins venus chez le « saint homme de Tours » pour prier en esprit de réparation et d'amour. Certains jours, quelque trois cents personnes passent dans son salon et terminent leur pèlerinage en allant se confesser et communier. La renommée du salon de la rue Saint-Étienne se répand alors en France et dans le monde; elle devient le lieu de pèlerinage le plus fréquenté de France après Ars. M. Dupont fait front comme il peut à la correspondance qui s'enfle démesurément, réduisant toutes ses autres occupations, sauf l'Adoration nocturne. On lui réclame des gouttes d'huile de la lampe qui brûle jour et nuit devant la Sainte Face. En 1854, il a déjà donné ou expédié plus de soixante mille fioles. Cette même année, il distribue vingt-cinq mille images de la Sainte Face. Il inscrit les grâces obtenues, les conversions et les prodiges opérés, afin de garder le souvenir de la bonté divine.
Pour Monsieur Dupont, le culte de la Sainte Face n'est pas une dévotion parmi d'autres, mais la dévotion à la personne même du Verbe Incarné en son humanité humiliée dans la Passion, et il s'engage lui-même dans le sillage de Celui à qui il apporte ainsi sa tendresse. Dans la même pensée, le Pape Jean-Paul II dira devant le Saint-Suaire de Turin : « Le Saint-Suaire est l'image de l'amour de Dieu, tout comme celle du péché de l'homme. Il invite à redécouvrir la cause ultime de la mort rédemptrice de Jésus... Faisant écho à la Parole de Dieu et aux siècles de conscience chrétienne, le Saint-Suaire murmure : crois en l'amour de Dieu, le plus grand trésor qui ait été donné à l'humanité, et fuis le péché, le plus grand malheur de l'histoire » (24 mai 1998).

À l'imitation du Christ souffrant, le « saint homme de Tours » avance sur le chemin de l'humilité et de la pauvreté spirituelle. Avec la guerre de 1870, le nombre des pèlerins diminue. Mais bientôt, M. Dupont ne peut plus les recevoir lui-même car la paralysie gagne progressivement tout son corps. Puis, n'ayant même plus la liberté d'écrire ni de lire, condamné à l'isolement et parfois à d'atroces douleurs, il prie sans cesse, jour et nuit, sans se plaindre. Il répète sa belle invocation : « Que j'expire altéré de la soif ardente de voir la Face tant désirée de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Sa dernière parole est pour réclamer le Dieu de l'Eucharistie, puis il entre dans une agonie qui se prolonge huit jours. Enfin, le samedi matin 18 mars 1876, il s'éteint paisiblement à l'âge de 79 ans. À ses obsèques, la ville entière lui fait cortège jusqu'au cimetière. Le 29 juin suivant, l'archevêque de Tours, Mgr Collet, convertit en chapelle la maison de la rue Saint-Étienne (actuellement rue Bernard Palissy). Un tabernacle prend place dans le salon. La foule renoue avec la dévotion à la Sainte Face. Pour accueillir les pèlerins, une société de prêtres auxiliaires est chargée de desservir la chapelle. Mgr Collet y érige la Confrérie réparatrice des blasphèmes et de la profanation du dimanche. Celle-ci a pour mission la propagation du culte de la Sainte Face selon l'esprit de sœur Marie de Saint-Pierre. L'œuvre se développe rapidement.


« Là, tu verras comme Il nous aime »

À Lisieux, par exemple, les carmélites travaillent à l'érection de la Confrérie dans leur ville. Le 26 avril 1885, M. Martin, père de sainte Thérèse de Lisieux, s'y inscrit avec ses filles. L'image de la Sainte Face marquera profondément la vie spirituelle de Thérèse Martin. La fondatrice du Carmel de Lisieux, Mère Geneviève, avait inculqué à ses novices une profonde dévotion envers la Sainte Face. Une de leurs premières lectures était la vie de sœur Marie de Saint-Pierre. Dès son entrée au Carmel, la Sainte Face devient l'image préférée de Thérèse. Elle lui rappelle que, pour nous sauver, Jésus n'a pas hésité à se laisser insulter et défigurer: «Regarde Jésus dans sa Face, écrit-elle à Céline le 4 avril 1889. Là tu verras comme Il nous aime.» À force de la regarder, Thérèse désire être à son tour oubliée et comptée pour rien. Un mois après la prise d'habit de sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face, son père est interné à l'hôpital du Bon Sauveur de Caen, où il restera plus de trois ans. M. Martin, en effet, est affligé de poussées d'artériosclérose qui l'affectent dans ses facultés mentales. Cette maladie de M. Martin donne une impulsion nouvelle à la dévotion de soeur Thérèse envers la Sainte Face. À la lumière du chapitre 53 d'Isaïe, elle écrira : «Comme la Face adorable de Jésus qui fut voilée durant sa Passion, ainsi la face de son fidèle serviteur [M. Martin] devait être voilée aux jours de ses douleurs, afin de pouvoir rayonner dans la céleste patrie auprès de son Seigneur, le Verbe Éternel» (Manuscrit A, 20 v°). Le 6 août 1896, sœur Thérèse se consacre à la Sainte Face avec deux de ses novices. Lorsqu'en raison de sa maladie, on l'installera à l'infirmerie, le 8 juillet 1897, elle fera accrocher au rideau de son lit l'image de la Sainte Face propagée par M. Dupont et dira : « Que cette Sainte Face-là m'a fait du bien dans ma vie ! »

Soeur Thérèse était encore jeune professe, lorsqu'en 1891 s'est ouvert le procès de béatification de Léon Papin-Dupont. Le 21 mars 1983, le Pape Jean-Paul II a promulgué le décret attestant l'héroïcité des vertus du « saint homme de Tours ».

Que le vénérable M. Dupont nous apprenne à vivre sous le regard du Père des miséricordes qui nous a révélé son Visage en la Sainte Face de son Fils Jésus-Christ.

Dom Antoine Marie osb, abbé

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* Neuvaine de la Sainte Face de Jésus *

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