Majorité relative, absolue... Trois scénarios pour l’après-7 juillet
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Majorité relative, absolue... Trois scénarios pour l’après-7 juillet
Majorité relative, absolue... Trois scénarios pour l’après-7 juillet
Les électeurs devraient envoyer à l’Assemblée une Chambre divisée en trois pôles. Plusieurs spécialistes évoquent les hypothèses les plus probables.
Il est probable qu’aucun bloc n’ait la majorité absolue dans l’Assemblée qui sortira du scrutin
des 30 juin et 7 juillet. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT-AFP
Les électeurs devraient envoyer à l’Assemblée une Chambre divisée en trois pôles. Plusieurs spécialistes évoquent les hypothèses les plus probables.
Il est probable qu’aucun bloc n’ait la majorité absolue dans l’Assemblée qui sortira du scrutin
des 30 juin et 7 juillet. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT-AFP
Trois blocs. C’est désormais ce qui structure la vie politique française au lendemain du choc de la dissolution. Voici les trois scénarios qui pourraient se dessiner à partir du 7 juillet.
1. Une nouvelle majorité présidentielle
Le camp présidentiel l’emporte le 7 juillet au soir, obtenant une majorité relative comparable à l’actuelle. Ce n’est pas l’hypothèse la plus probable: depuis 2022, le socle de cette majorité s’effrite sérieusement. C’est pourtant en espérant une victoire du «bloc progressiste, démocratique et républicain», qu’Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Avec comme stratégie « Moi ou les extrêmes ». Or, ladite stratégie ne fonctionne plus, comme l’indiquent les études d’opinion, qui voient le Rassemblement national (RN) poursuivre sur sa lancée et la majorité présidentielle stagner sur son score du 9 juin. « Attention toutefois à ne pas décalquer les Européennes sur les Législatives, prévient Christophe Boutin, professeur de droit public à l’université de Caen. Ce n’est pas le même mode de scrutin [proportionnel pour les Européennes, majoritaire pour les Législatives, Ndlr], et il y a une élection d’un côté, 577 élections de l’autre. »
2. Le RN obtient une majorité relative
À l’heure de notre bouclage, aucune étude ne voit ce parti remporter une majorité absolue, même si l’hypothèse ne peut être totalement écartée. Le RN bénéficie certes d’une dynamique très porteuse, mais il manque d’alliés, et, excepté Éric Ciotti, Les Républicains (LR) lui ont claqué la porte au nez. Ce qui n’empêchera pas les reports de voix LR-RN au second tour. Dans quelle mesure ? C’est toute la question. Dans le cas d’une victoire du RN, le président Macron peut nommer Jordan Bardella Premier ministre. Rappelons que rien dans la Constitution ne l’y oblige; seule la logique politique l’exige. C’est là que, pour le Premier ministre et pour la majorité RN, les ennuis pourraient commencer. « Le président Macron dispose de puissants moyens de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement, rappelle Frédéric Rouvillois, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris-Descartes : domaine réservé (défense, affaires étrangères), pouvoir d’organiser un référendum, refus de signer les ordonnances, les décrets, notamment les décrets de nomination… Auxquels il faut ajouter l’opposition des juges constitutionnels et administratifs, et celle de l’Europe! »
Les juges constitutionnels ? Depuis plusieurs années, le Conseil constitutionnel interprète la Constitution dans un sens inédit, jugé politique par certains observateurs. « C’est l’affaire Herrou en 2018, cite Frédéric Rouvillois. Le Conseil invoque le principe de fraternité pour censurer la loi qui punit les Français qui aident les migrants irréguliers. Idem en mai avec l’affaire Diabe : le Conseil a invalidé une loi qui réserve aux étrangers en situation régulière le bénéfice de l’aide juridictionnelle. » Le Conseil d’État, depuis plusieurs années, a suivi la même tendance. D’où la réflexion de Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel : « C’est désormais le pouvoir juridictionnel qui “formate” des politiques publiques. » Sans oublier l’étage européen, avec les juges de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour de Justice européenne, et la possibilité, pour la Commission, de décider que la France ne respecte pas les critères de l’État de droit et de le lui faire payer, au sens strict. Aucune alternative véritable ne serait donc possible avec le RN ? Si, estime Frédéric Rouvillois, mais pour lui, seul un référendum pourrait mettre fin au «gouvernement des juges».
3. Gauche et extrême gauche devant
Le Nouveau Front populaire (Parti socialiste, La France insoumise, Europe Écologie-Les Verts et Parti communiste) obtient la majorité relative. La gauche et l’extrême gauche ayant en effet réussi à s’unir, passant sur l’antisémitisme de cette dernière, dont on avait pourtant cru comprendre qu’il était inacceptable… Ce bloc, arrivé aux elections en ordre de bataille, l’emporte. Dans ce cas, ce serait François Ruffin, député de la Somme et rival de Jean-Luc Mélenchon, qui pourrait être nommé à Matignon. Cependant, pour l’heure, les dernières enquêtes donnent cette alliance deuxième groupe de la future Assemblée. Allons-nous vers une Assemblée ingouvernable ? « Aucune assemblée n’est ingouvernable!, rétorque Christophe Boutin. Texte par texte, on peut toujours trouver des majorités. Le gouvernement, quel qu’il soit, devra chercher à élargir sa base électorale. En France, nous sommes habitués aux majorités “godillots”, qui votent le petit doigt sur la couture du pantalon… Dans d’autre pays, les alliances se font et se défont au gré des projets de loi, et cela ne fonctionne pas si mal que ça ! »
Ce que disent les sondages
Si les élections législatives avaient eu lieu la semaine dernière, le Rassemblement national aurait obtenu entre 33% et 35 % des voix, le Nouveau Front populaire entre 25% et 26 %, et la «majorité» Renaissance entre 19% et 20 % (sondages Ifop et Opinion way). Les Républicains, quant à eux, sont crédités de 7 % des suffrages et Reconquête de 3 %. « C’est la confirmation de ce que l’on a vu pour les élections européennes : la domination du Rassemblement national sur l’ensemble du spectre politique, analyse Bruno Jeanbart, vice-président d’Opinion Way, cité par Les Échos. Le phénomène qu’a sans doute espéré Emmanuel Macron, à savoir que les gens qui ont voté RN aux Européennes n’oseraient pas voter pour ce parti aux Législatives, n’est pas là. » (C.-H. A.)
Charles-Henri d'Andigné
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Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
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