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Message par Francesco Mer 23 Fév 2011 - 3:03

Rappel du premier message :

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Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
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Message par Francesco Ven 3 Juin 2011 - 2:09

À vrai dire, cette compénétration de la cité terrestre et de la cité céleste ne peut être perçue que par la foi ; bien plus, elle demeure le mystère de l’histoire humaine
Voila pourquoi les athés ne peuvent comprendre notre pensée car ils sont aveugles...


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Message par Francesco Mar 7 Juin 2011 - 3:15

Deuxième partie :
De quelques problèmes plus urgents



46. Introduction

1. Après avoir montré quelle est la dignité de la personne humaine et quel rôle individuel et social elle est appelée à remplir dans l’univers, le Concile, fort de la lumière de l’Évangile et de l’expérience humaine, attire maintenant l’attention de tous sur quelques questions particulièrement urgentes de ce temps qui affectent au plus haut point le genre humain.

2. Parmi les nombreux sujets qui suscitent aujourd’hui l’intérêt général, il faut notamment retenir ceux-ci : le mariage et la famille, la culture, la vie économico-sociale, la vie politique, la solidarité des peuples et la paix. Sur chacun d’eux, il convient de projeter la lumière des principes qui nous viennent du Christ ; ainsi les chrétiens seront-ils guidés et tous les hommes éclairés dans la recherche des solutions que réclament des problèmes si nombreux et si complexes.



CHAPITRE PREMIER :
Dignité du mariage et de la famille

47. Le mariage et la famille dans le monde d’aujourd’hui

1. La santé de la personne et de la société tant humaine que chrétienne est étroitement liée à la prospérité de la communauté conjugale et familiale. Aussi les chrétiens, en union avec tous ceux qui font grand cas de cette communauté, se réjouissent-ils sincèrement des soutiens divers qui font grandir aujourd’hui parmi les hommes l’estime de cette communauté d’amour et le respect de la vie, et qui aident les époux et les parents dans leur éminente mission. Ils en attendent en outre de meilleurs résultats et s’appliquent à les étendre.

2. La dignité de cette institution ne brille pourtant pas partout du même éclat puisqu’elle est ternie par la polygamie, l’épidémie du divorce, l’amour soi-disant libre, ou d’autres déformations. De plus, l’amour conjugal est trop souvent profané par l’égoïsme, l’hédonisme et par des pratiques illicites entravant la génération. Les conditions économiques, socio-psychologiques et civiles d’aujourd’hui introduisent aussi dans la famille de graves perturbations. Enfin, en certaines régions de l’univers, ce n’est pas sans inquiétude qu’on observe les problèmes posés par l’accroissement démographique. Tout cela angoisse les consciences. Et pourtant, un fait montre bien la vigueur et la solidité de l’institution matrimoniale et familiale : les transformations profondes de la société contemporaine, malgré les difficultés qu’elle provoquent, font très souvent apparaître, et de diverses façons, la nature véritable de cette institution.

3. C’est pourquoi le Concile, en mettant en meilleure lumière certains points de la doctrine de l’Église, se propose d’éclairer et d’encourager les chrétiens, ainsi que tous ceux qui s’efforcent de sauvegarder et de promouvoir la dignité originelle et la valeur privilégiée et sacrée de l’état de mariage.

48. Sainteté du mariage et de la famille

1. La communauté profonde de vie et d’amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur ; elle est établie sur l’alliance des conjoints, c’est-à-dire sur leur consentement personnel irrévocable. Une institution, que la loi divine confirme, naît ainsi, au regard même de la société, de l’acte humain par lequel les époux se donnent et se reçoivent mutuellement. En vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l’homme. Car Dieu lui-même est l’auteur du mariage qui possède en propre des valeurs et des fins diverses [105] ; tout cela est d’une extrême importance pour la continuité du genre humain, pour le progrès personnel et le sort éternel de chacun des membres de la famille, pour la dignité, la stabilité, la paix et la prospérité de la famille et de la société humaine tout entière. Et c’est par sa nature même que l’institution du mariage et l’amour conjugal sont ordonnés à la procréation et à l’éducation qui, tel un sommet, en constituent le couronnement. Aussi l’homme et la femme qui, par l’alliance conjugale « ne sont plus deux, mais une seule chair » (Mt 19, 6), s’aident et se soutiennent mutuellement par l’union intime de leurs personnes et de leurs activités ; ils prennent ainsi conscience de leur unité et l’approfondissent sans cesse davantage. Cette union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le bien des enfants, exigent l’entière fidélité des époux et requièrent leur indissoluble unité [106].

2. Le Christ Seigneur a comblé de bénédictions cet amour aux multiples aspects, issu de la source divine de la charité, et constitué à l’image de son union avec l’Église. De même en effet que Dieu prit autrefois l’initiative d’une alliance d’amour et de fidélité avec son peuple [107], ainsi, maintenant, le Sauveur des hommes, Époux de l’Église [108], vient à la rencontre des époux chrétiens par le sacrement de mariage. Il continue de demeurer avec eux pour que les époux, par leur don mutuel, puissent s’aimer dans une fidélité perpétuelle, comme lui-même a aimé l’Église et s’est livré pour elle [109]. L’authentique amour conjugal est assumé dans l’amour divin et il est dirigé et enrichi par la puissance rédemptrice du Christ et l’action salvifique de l’Église, afin de conduire efficacement à Dieu les époux, de les aider et de les affermir dans leur mission sublime de père et de mère [110]. C’est pourquoi les époux chrétiens, pour accomplir dignement les devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés par un sacrement spécial [111]. En accomplissant leur mission conjugale et familiale avec la force de ce sacrement, pénétrés de l’Esprit du Christ qui imprègne toute leur vie de foi, d’espérance et de charité, ils parviennent de plus en plus à leur perfection personnelle et à leur sanctification mutuelle ; c’est ainsi qu’ensemble ils contribuent à la glorification de Dieu.

3. Précédés par l’exemple et la prière commune de leurs parents, les enfants, et même tous ceux qui vivent dans le cercle familial, s’ouvriront ainsi plus facilement à des sentiments d’humanité et trouveront plus aisément le chemin du salut et de la sainteté. Quant aux époux, grandis par la dignité de leur rôle de père et de mère, ils accompliront avec conscience le devoir d’éducation qui leur revient au premier chef, notamment au plan religieux.

4. Membres vivants de la famille, les enfants concourent, à leur manière, à la sanctification des parents. Par leur reconnaissance, leur piété filiale et leur confiance, ils répondront assurément aux bienfaits de leurs parents et, en bons fils, ils les assisteront dans les difficultés de l’existence et dans la solitude de la vieillesse. Le veuvage, assumé avec courage dans le sillage de la vocation conjugale, sera honoré de tous [112]. Les familles se communiqueront aussi avec générosité leurs richesses spirituelles. Alors, la famille chrétienne, parce qu’elle est issue d’un mariage, sera image et participation de l’alliance d’amour qui unit le Christ et l’Église [113], manifestera à tous les hommes la présence vivante du Sauveur dans le monde et la véritable nature de l’Église, tant par l’amour des époux, leur fécondité généreuse, l’unité et la fidélité du foyer, que par la coopération amicale de tous ses membres.

49. L’amour conjugal

1. À plusieurs reprises, la Parole de Dieu a invité les fiancés à entretenir et soutenir leurs fiançailles par une affection chaste, et les époux leur union par un amour sans faille [114]. Beaucoup de nos contemporains exaltent aussi l’amour authentique entre mari et femme, manifesté de différentes manières, selon les saines coutumes des peuples et des âges. Éminemment humain puisqu’il va d’une personne vers une autre personne en vertu d’un sentiment volontaire, cet amour enveloppe le bien de la personne tout entière ; il peut donc enrichir d’une dignité particulière les expressions du corps et de la vie psychique et les valoriser comme les éléments et les signes spécifiques de l’amitié conjugale. Cet amour, par un don spécial de sa grâce et de sa charité, le Seigneur a daigné le guérir, le parfaire et l’élever. Associant l’humain et le divin, un tel amour conduit les époux à un don libre et mutuel d’eux-mêmes qui se manifeste par des sentiments et des gestes de tendresse et il imprègne toute leur vie [115] ; bien plus, il s’achève lui-même et grandit par son généreux exercice. Il dépasse donc de loin l’inclination simplement érotique qui, cultivée pour elle-même, s’évanouit vite et d’une façon pitoyable.

2. Cette affection a sa manière particulière de s’exprimer et de s’accomplir par l’œuvre propre du mariage. En conséquence, les actes qui réalisent l’union intime et chaste des époux sont des actes honnêtes et dignes. Vécus d’une manière vraiment humaine, ils signifient et favorisent le don réciproque par lequel les époux s’enrichissent tous les deux dans la joie et la reconnaissance. Cet amour, ratifié par un engagement mutuel, et par-dessus tout consacré par le sacrement du Christ, demeure indissolublement fidèle, de corps et de pensée, pour le meilleur et pour le pire ; il exclut donc tout adultère et tout divorce. De même, l’égale dignité personnelle qu’il faut reconnaître à la femme et à l’homme dans l’amour plénier qu’ils se portent l’un à l’autre fait clairement apparaître l’unité du mariage, confirmée par le Seigneur. Pour faire face avec persévérance aux obligations de cette vocation chrétienne, une vertu peu commune est requise : c’est pourquoi les époux, rendus capables par la grâce de mener une vie sainte, ne cesseront d’entretenir en eux un amour fort, magnanime, prompt au sacrifice, et ils le demanderont dans leur prière.

3. Mais le véritable amour conjugal sera tenu en plus haute estime, et une saine opinion publique se formera à son égard, si les époux chrétiens donnent ici un témoignage éminent de fidélité et d’harmonie, comme le dévouement dans l’éducation de leurs enfants, et s’ils prennent leurs responsabilités dans le nécessaire renouveau culturel, psychologique et social en faveur du mariage et de la famille. Il faut instruire à temps les jeunes, et de manière appropriée, de préférence au sein de la famille, sur la dignité de l’amour conjugal, sa fonction, son exercice : ainsi formés à la chasteté, ils pourront le moment venu, s’engager dans le mariage après des fiançailles vécues dans la dignité.

50. Fécondité du mariage

1. Le mariage et l’amour conjugal sont d’eux-mêmes ordonnés à la procréation et à l’éducation. D’ailleurs, les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes. Dieu lui-même qui a dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (Gn 2, 18) et qui dès l’origine a fait l’être humain homme et femme (Mt 19, 4), a voulu lui donner une participation spéciale dans son œuvre créatrice ; aussi a-t-il béni l’homme et la femme, disant : « Soyez féconds et multipliez-vous » (Gn 1, 28). Dès lors, un amour conjugal vrai et bien compris, comme toute la structure de la vie familiale qui en découle, tendent, sans sous-estimer pour autant les autres fins du mariage, à rendre les époux disponibles pour coopérer courageusement à l’amour du Créateur et du Sauveur qui, par eux, veut sans cesse agrandir et enrichir sa propre famille.

2. Dans le devoir qui leur incombe de transmettre la vie et d’être des éducateurs (ce qu’il faut considérer comme leur mission propre), les époux savent qu’ils sont les coopérateurs de l’amour du Dieu Créateur et comme ses interprètes. Ils s’acquitteront donc de leur charge en toute responsabilité humaine et chrétienne, et, dans un respect plein de docilité à l’égard de Dieu, d’un commun accord et d’un commun effort, ils se formeront un jugement droit : ils prendront en considération à la fois et leur bien et celui des enfants déjà nés ou à naître ; ils discerneront les conditions aussi bien matérielles que spirituelles de leur époque et de leur situation ; ils tiendront compte enfin du bien de la communauté familiale, des besoins de la société temporelle et de l’Église elle-même. Ce jugement, ce sont en dernier ressort les époux eux-mêmes qui doivent l’arrêter devant Dieu. Dans leur manière d’agir, que les époux chrétiens sachent bien qu’ils ne peuvent pas se conduire à leur guise, mais qu’ils ont l’obligation de toujours suivre leur conscience, une conscience qui doit se conformer à la loi divine ; et qu’ils demeurent dociles au Magistère de l’Église, interprète autorisé de cette loi à la lumière de l’Évangile. Cette loi divine manifeste la pleine signification de l’amour conjugal, elle le protège et le conduit à son achèvement vraiment humain. Ainsi, lorsque les époux chrétiens, se fiant à la Providence de Dieu et nourrissant en eux l’esprit de sacrifice [116] , assument leur rôle procréateur et prennent généreusement leurs responsabilités humaines et chrétiennes, ils rendent gloire au Créateur, et ils tendent, dans le Christ, à la perfection. Parmi ceux qui remplissent ainsi la tâche que Dieu leur a confiée, il faut accorder une mention spéciale à ceux qui, d’un commun accord et d’une manière réfléchie, acceptent de grand cœur d’élever dignement même un plus grand nombre d’enfants [117].

3. Le mariage cependant n’est pas institué en vue de la seule procréation. Mais c’est le caractère même de l’alliance indissoluble qu’il établit entre les personnes, comme le bien des enfants, qui requiert que l’amour mutuel des époux s’exprime lui aussi dans sa rectitude, progresse et s’épanouisse. C’est pourquoi, même si, contrairement au vœu souvent très vif des époux, il n’y a pas d’enfant, le mariage, comme communauté et communion de toute la vie, demeure, et il garde sa valeur et son indissolubilité.

51. L’amour conjugal et le respect de la vie humaine

1. Le Concile ne l’ignore pas, les époux qui veulent conduire harmonieusement leur vie conjugale se heurtent souvent de nos jours à certaines conditions de vie et peuvent se trouver dans une situation où il ne leur est pas possible, au moins pour un temps, d’accroître le nombre de leurs enfants ; ce n’est point alors sans difficulté que sont maintenues la pratique d’un amour fidèle et la pleine communauté de vie. Là où l’intimité conjugale est interrompue, la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis : car en ce cas sont mis en péril et l’éducation des enfants et le courage nécessaire pour en accepter d’autres ultérieurement.

2. Il en est qui osent apporter des solutions malhonnêtes à ces problèmes et même qui ne reculent pas devant le meurtre. Mais l’Église rappelle qu’il ne peut y avoir de véritable contradiction entre les lois divines qui régissent la transmission de la vie et celles qui favorisent l’amour conjugal authentique.

3. En effet, Dieu, maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie, et l’homme doit s’en acquitter d’une manière digne de lui. La vie doit donc être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables. La sexualité propre à l’homme, comme le pouvoir humain d’engendrer, l’emportent merveilleusement sur ce qui existe aux degrés inférieurs de la vie ; il s’ensuit que les actes spécifiques de la vie conjugale, accomplis selon l’authentique dignité humaine, doivent être eux-mêmes entourés d’un grand respect. Lorsqu’il s’agit de mettre en accord l’amour conjugal avec la transmission responsable de la vie, la moralité du comportement ne dépend donc pas de la seule sincérité de l’intention et de la seule appréciation des motifs ; mais elle doit être déterminée selon des critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte d’amour véritable, la signification totale d’une donation réciproque et d’une procréation à la mesure de l’homme ; chose impossible si la vertu de chasteté conjugale n’est pas pratiquée d’un cœur loyal. En ce qui concerne la régulation des naissances, il n’est pas permis aux enfants de l’Église, fidèles à ces principes, d’emprunter des voies que le Magistère, dans l’explication de la loi divine, désapprouve [118].

4. Par ailleurs, que tous sachent bien que la vie humaine et la charge de la transmettre ne se limitent pas aux horizons de ce monde et n’y trouvent ni leur pleine dimension, ni leur plein sens, mais qu’elles sont toujours à mettre en référence avec la destinée éternelle des hommes.

52. La promotion du mariage et de la famille est le fait de tous

1. La famille est en quelque sorte une école d’enrichissement humain. Mais, pour qu’elle puisse atteindre la plénitude de sa vie et de sa mission, elle exige une communion des âmes empreinte d’affection, une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans l’éducation des enfants. La présence agissante du père importe grandement à leur formation ; mais il faut aussi permettre à la mère, dont les enfants, surtout les plus jeunes, ont tant besoin, de prendre soin de son foyer sans toutefois négliger la légitime promotion sociale de la femme. Que les enfants soient éduqués de telle manière qu’une fois adultes, avec une entière conscience de leur responsabilité, ils puissent suivre leur vocation, y compris une vocation religieuse, et choisir leur état de vie, et que, s’ils se marient, ils puissent fonder leur propre famille dans des conditions morales, sociales et économiques favorables. Il appartient aux parents ou aux tuteurs de guider les jeunes par des avis prudents, dans la fondation d’un foyer ; volontiers écoutés des jeunes, ils veilleront toutefois à n’exercer aucune contrainte, directe ou indirecte, sur eux, soit pour les pousser au mariage, soit pour choisir leur conjoint.

2. Ainsi la famille, lieu de rencontre de plusieurs générations qui s’aident mutuellement à acquérir une sagesse plus étendue et à harmoniser les droits des personnes avec les autres exigences de la vie sociale, constitue-t-elle le fondement de la société. Voilà pourquoi tous ceux qui exercent une influence sur les communautés et les groupes sociaux doivent s’appliquer efficacement à promouvoir le mariage et la famille. Que le pouvoir civil considère comme un devoir sacré de reconnaître leur véritable nature, de les protéger et de les faire progresser, de défendre la moralité publique et de favoriser la prospérité des foyers. Il faut garantir le droit de procréation des parents et le droit d’élever leurs enfants au sein de la famille. Une législation prévoyante et des initiatives variées doivent également défendre et procurer l’aide qui convient à ceux qui, par malheur, sont privés d’une famille.

3. Les chrétiens, tirant parti du temps présent [119], et discernant bien ce qui est éternel de ce qui change, devront activement promouvoir les valeurs du mariage et de la famille ; ils le feront et par le témoignage de leur vie personnelle et par une action concertée avec tous les hommes de bonne volonté. Ainsi, les difficultés écartées, ils pourvoiront aux besoins de la famille et lui assureront les avantages qui conviennent aux temps nouveaux. Pour y parvenir, le sens chrétien des fidèles, la droite conscience morale des hommes, comme la sagesse et la compétence de ceux qui s’appliquent aux sciences sacrées, seront d’un grand secours.

4. Les spécialistes des sciences, notamment biologiques, médicales, sociales et psychologiques, peuvent beaucoup pour la cause du mariage et de la famille et la paix des consciences si, par l’apport convergent de leurs études, ils s’appliquent à tirer davantage au clair les diverses conditions favorisant une saine régulation de la procréation humaine.

5. Il appartient aux prêtres, dûment informés en matière familiale, de soutenir la vocation des époux dans leur vie conjugale et familiale par les divers moyens de la pastorale, par la prédication de la parole divine, par le culte liturgique ou les autres secours spirituels, de les fortifier avec bonté et patience au milieu de leurs difficultés et de les réconforter avec charité pour qu’ils forment des familles vraiment rayonnantes.

6. Des œuvres variées, notamment les associations familiales, s’efforceront par la doctrine et par l’action d’affermir les jeunes gens et les époux, surtout ceux qui sont récemment mariés, et de les former à la vie familiale, sociale et apostolique.

7. Enfin, que les époux eux-mêmes créés à l’image d’un Dieu vivant et établis dans un ordre authentique de personnes, soient unis dans une même affection, dans une même pensée et dans une mutuelle sainteté [120], en sorte que, à la suite du Christ, principe de vie [121], ils deviennent, à travers les joies et les sacrifices de ce mystère de charité que le Seigneur a révélé au monde par sa mort et sa résurrection [122].






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Message par Francesco Mar 7 Juin 2011 - 3:21

48. Sainteté du mariage et de la famille

1. La communauté profonde de vie et d’amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur ; elle est établie sur l’alliance des conjoints, c’est-à-dire sur leur consentement personnel irrévocable. Une institution, que la loi divine confirme, naît ainsi, au regard même de la société, de l’acte humain par lequel les époux se donnent et se reçoivent mutuellement. En vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l’homme. Car Dieu lui-même est l’auteur du mariage qui possède en propre des valeurs et des fins diverses [105] ; tout cela est d’une extrême importance pour la continuité du genre humain, pour le progrès personnel et le sort éternel de chacun des membres de la famille, pour la dignité, la stabilité, la paix et la prospérité de la famille et de la société humaine tout entière. Et c’est par sa nature même que l’institution du mariage et l’amour conjugal sont ordonnés à la procréation et à l’éducation qui, tel un sommet, en constituent le couronnement. Aussi l’homme et la femme qui, par l’alliance conjugale « ne sont plus deux, mais une seule chair » (Mt 19, 6), s’aident et se soutiennent mutuellement par l’union intime de leurs personnes et de leurs activités ; ils prennent ainsi conscience de leur unité et l’approfondissent sans cesse davantage. Cette union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le bien des enfants, exigent l’entière fidélité des époux et requièrent leur indissoluble unité [106].



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Message par Francesco Mer 8 Juin 2011 - 2:45

CHAPITRE II :
L’essor de la culture

53. Introduction

1. C’est le propre de la personne humaine de n’accéder vraiment et pleinement à l’humanité que par la culture, c’est-à-dire en cultivant les biens et les valeurs de la nature. Toutes les fois qu’il est question de vie humaine, nature et culture sont aussi étroitement liées que possible.

2. Au sens large, le mot « culture » désigne tout ce par quoi l’homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps ; s’efforce de soumettre l’univers par la connaissance et le travail ; humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l’ensemble de la vie civile, grâce au progrès des mœurs et des institutions ; traduit, communique et conserve enfin dans ses œuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l’homme, afin qu’elles servent au progrès d’un grand nombre et même de tout le genre humain.

3. Il en résulte que la culture humaine comporte nécessairement un aspect historique et social et que le mot « culture » prend souvent un sens sociologique et même ethnologique. En ce sens, on parlera de la pluralité des cultures. Car des styles de vie divers et des échelles de valeurs différentes trouvent leur source dans la façon particulière que l’on a de se servir des choses, de travailler, de s’exprimer, de pratiquer sa religion, de se conduire, de légiférer, d’établir des institutions juridiques, d’enrichir les sciences et les arts et de cultiver le beau. Ainsi, à partir des usages hérités, se forme un patrimoine propre à chaque communauté humaine. De même, par là se constitue un milieu déterminé et historique dans lequel tout homme est inséré, quels que soient sa nation ou son siècle, et d’où il tire les valeurs qui lui permettront de promouvoir la civilisation.



Section 1. Situation de la culture dans le monde actuel

54. Nouveaux styles de vie

Les conditions de vie de l’homme moderne, au point de vue social et culturel, ont été profondément transformées, si bien que l’on peut parler d’un nouvel âge de l’histoire humaine [123]. Dès lors, des voies nouvelles s’ouvrent pour parfaire et étendre la culture. Elles ont été préparées par une poussée considérable des sciences naturelles, humaines et aussi sociales, par le développement des techniques et par l’essor et une meilleure organisation des moyens qui permettent aux hommes de communiquer entre eux. La culture moderne peut donc se caractériser ainsi : les sciences dites « exactes » développent au maximum le sens critique ; les recherches les plus récentes de la psychologie expliquent en profondeur l’activité humaine ; les disciplines historiques poussent fortement à envisager les choses sous leur aspect changeant et évolutif ; coutumes et manières de vivre tendent à s’uniformiser de plus en plus ; l’industrialisation, l’urbanisation et les autres causes qui favorisent la vie collective, créent de nouvelles formes de culture (culture de masse), d’où résultent des façons nouvelles de sentir, d’agir et d’utiliser ses loisirs. En même temps, l’accroissement des échanges entre les différentes nations et les groupes sociaux découvre plus largement à tous et à chacun les richesses des diverses cultures, et ainsi se prépare peu à peu un type de civilisation plus universel qui fait avancer l’unité du genre humain et l’exprime, dans la mesure même où il respecte mieux les particularités de chaque culture.

55. L’homme, promoteur de la culture

À quelque groupe ou nation qu’ils appartiennent, le nombre des hommes et des femmes qui prennent conscience d’être les artisans et les promoteurs de la culture de leur communauté croît sans cesse. Dans le monde entier progresse de plus en plus le sens de l’autonomie comme de la responsabilité ; ce qui, sans aucun doute, est de la plus haute importance pour la maturité spirituelle et morale du genre humain. On s’en aperçoit mieux encore si on ne perd pas de vue l’unification de l’univers et la mission qui nous est impartie de construire un monde meilleur dans la vérité et la justice. Nous sommes donc les témoins de la naissance d’un nouvel humanisme ; l’homme s’y définit avant tout par la responsabilité qu’il assume envers ses frères et devant l’histoire.

56. Difficultés et devoirs

1. Dans de telles conditions, il n’est pas étonnant que l’homme, se sentant responsable du progrès culturel, soit animé d’un plus grand espoir, mais envisage aussi avec quelque anxiété les nombreuses antinomies qu’il lui faut résoudre.

2. Que faut-il faire pour que la multiplication des échanges culturels, qui devraient aboutir à un dialogue vrai et fructueux entre les divers groupes et nations, ne bouleverse pas la vie des communautés, ne fasse pas échec à la sagesse ancestrale et ne mette pas en péril le génie propre de chaque peuple ?

3. Comment favoriser le dynamisme et l’expansion d’une culture nouvelle sans que disparaisse la fidélité vivante à l’héritage des traditions ? Cette question se pose avec une acuité particulière lorsqu’il s’agit d’harmoniser la culture, fruit du développement considérable des sciences et des techniques, avec la culture qui se nourrit d’études classiques, conformes aux différentes traditions.

4. Comment l’émiettement si rapide et croissant des disciplines spécialisées peut-il se concilier avec la nécessité d’en faire la synthèse et avec le devoir de sauvegarder dans l’humanité les puissances de contemplation et d’admiration qui conduisent à la sagesse ?

5. Que faire pour permettre aux multitudes de participer aux bienfaits de la culture, alors que la culture des élites ne cesse de s’élever et de se compliquer toujours ?

6. Comment, enfin, reconnaître comme légitime l’autonomie que la culture réclame pour elle-même, sans pour autant en venir à un humanisme purement terrestre et même hostile à la religion ?

7. C’est au cœur même de ces antinomies que la culture doit aujourd’hui progresser, de façon à épanouir intégralement et harmonieusement la personne humaine, de façon aussi à aider les hommes à accomplir les charges auxquelles tous sont appelés, et particulièrement les chrétiens, fraternellement unis au sein de l’unique famille humaine.



Section 2. Quelques principes relatifs à la promotion culturelle

57. Foi et culture

1. Les chrétiens, en marche vers la cité céleste, doivent rechercher et goûter les choses d’en haut [124], mais cela pourtant, loin de la diminuer, accroît plutôt la gravité de l’obligation qui est la leur de travailler avec tous les hommes à la construction d’un monde plus humain. Et, de fait, le mystère de la foi chrétienne leur fournit des stimulants et des soutiens inappréciables : ils leur permettent de s’adonner avec plus d’élan à cette tâche et surtout de découvrir l’entière signification des activités capables de donner à la culture sa place éminente dans la vocation intégrale de l’homme.

2. En effet, lorsqu’il cultive la terre de ses mains ou avec l’aide de moyens techniques, pour qu’elle produise des fruits et devienne une demeure digne de toute la famille humaine, et lorsqu’il prend part consciemment à la vie des groupes sociaux, l’homme réalise le plan de Dieu, manifesté au commencement des temps, de dominer la terre [125] et d’achever la création, et il se cultive lui-même. En même temps, il obéit au grand commandement du Christ de se dépenser au service de ses frères.

3. En outre, en s’appliquant aux diverses disciplines, philosophie, histoire, mathématiques, sciences naturelles, et en cultivant les arts, l’homme peut grandement contribuer à ouvrir la famille humaine aux plus nobles valeurs du vrai, du bien et du beau, et à une vue des choses ayant valeur universelle : il reçoit ainsi des clartés nouvelles de cette admirable Sagesse qui depuis toujours était auprès de Dieu, disposant toutes choses avec lui, jouant sur le globe de la terre et trouvant ses délices parmi les enfants des hommes [126].

4. Par le fait même, l’esprit humain, moins esclave des choses, peut plus facilement s’élever à l’adoration et à la contemplation du Créateur. Bien plus, il est préparé à reconnaître, sous l’impulsion de la grâce, le Verbe de Dieu qui, avant de se faire chair pour tout sauver et récapituler en lui, « était déjà dans le monde » comme la « vraie lumière qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9-10) [127].

5. Certes, le progrès actuel des sciences et des techniques qui, en vertu de leur méthode, ne sauraient parvenir jusqu’aux profondeurs de la réalité, peut avantager un certain phénoménisme et un certain agnosticisme, lorsque les méthodes de recherche propres à ces disciplines sont prises, à tort, comme règle suprême pour la découverte de toute vérité. Et même on peut craindre que l’homme se fiant trop aux découvertes actuelles, en vienne à penser qu’il se suffit à lui-même et qu’il n’a plus à chercher de valeurs plus hautes.

6. Cependant ces conséquences fâcheuses ne découlent pas nécessairement de la culture moderne et de doivent pas nous exposer à la tentation de méconnaître ses valeurs positives. Parmi celles-ci, il convient de signaler : le goût des sciences et la fidélité sans défaillance à la vérité dans les recherches scientifiques, la nécessité de travailler en équipe dans des groupes spécialisés, le sens de la solidarité internationale, la conscience de plus en plus nette de la responsabilité que les savants ont d’aider et même de protéger les hommes, la volonté de procurer à tous des conditions de vie plus favorables, à ceux-là surtout qui sont privés de responsabilité ou qui souffrent d’indigence culturelle. Dans toutes ces valeurs, l’accueil du message évangélique pourra trouver une sorte de préparation, et la charité divine de celui qui est venu pour sauver le monde la fera aboutir.

58. Nombreux rapports entre la Bonne Nouvelle du Christ et la culture

1. Entre le message de salut et la culture, il y a de multiples liens. Car Dieu, en se révélant à son peuple jusqu’à sa pleine manifestation dans son Fils incarné, a parlé selon des types de culture propres à chaque époque.

2. De la même façon, l’Église, qui a connu au cours des temps des conditions d’existence variées, a utilisé les ressources des diverses cultures pour répandre et exposer par sa prédication le message du Christ à toutes les nations, pour mieux le découvrir et mieux l’approfondir, pour l’exprimer plus parfaitement dans la célébration liturgique comme dans la vie multiforme de la communauté des fidèles.

3. Mais en même temps, l’Église, envoyée à tous les peuples de tous les temps et de tous les lieux, n’est liée d’une manière exclusive et indissoluble à aucune race ou nation, à aucun genre de vie particulier, à aucune coutume ancienne ou récente. Constamment fidèle à sa propre tradition et tout à la fois consciente de l’universalité de sa mission, elle peut entrer en communion avec les diverses civilisations : d’où l’enrichissement qui en résulte pour elle-même et pour les différentes cultures.

4. La Bonne Nouvelle du Christ rénove constamment la vie et la culture de l’homme déchu ; elle combat et écarte les erreurs et les maux qui proviennent de la séduction permanente du péché. Elle ne cesse de purifier et d’élever la moralité des peuples. Par les richesses d’en haut, elle féconde comme de l’intérieur les qualités spirituelles et les dons propres à chaque peuple et à chaque âge, elle les fortifie, les parfait et les restaure dans le Christ [128]. Ainsi l’Église, en remplissant sa propre mission [129], concourt déjà, par là même, à l’œuvre civilisatrice et elle y pousse ; son action, même liturgique, contribue à former la liberté intérieure de l’homme.

59. Réaliser l’harmonie des différentes valeurs au sein des cultures

1. Pour les raisons que l’on vient de dire, l’Église rappelle à tous que la culture doit être subordonnée au développement intégral de la personne, au bien de la communauté et à celui du genre humain tout entier. Aussi convient-il de cultiver l’esprit en vue de développer les puissances d’admiration, de contemplation, d’aboutir à la formation d’un jugement personnel et d’élever le sens religieux, moral et social.

2. La culture, en effet, puisqu’elle découle immédiatement du caractère raisonnable et social de l’homme, a sans cesse besoin d’une juste liberté pour s’épanouir et d’une légitime autonomie d’action, en conformité avec ses propres principes. Elle a donc droit au respect et jouit d’une certaine inviolabilité, à condition, évidemment, de sauvegarder les droits de la personne et de la société, particulière ou universelle, dans les limites du bien commun.

3. Ce saint Synode, reprenant à son compte l’enseignement du premier Concile du Vatican, déclare qu’il existe « deux ordres de savoir » distincts, celui de la foi et celui de la raison, et que l’Église ne s’oppose certes pas à ce que « les arts et les disciplines humaines jouissent de leurs propres principes et de leur méthode en leurs domaines respectifs » ; c’est pourquoi, « reconnaissant cette juste liberté», l’Église affirme l’autonomie légitime de la culture et particulièrement celle des sciences [130].

4. Tout ceci exige que, l’ordre moral et l’intérêt commun étant saufs, l’homme puisse librement chercher la vérité, faire connaître et divulguer ses opinions et s’adonner aux arts de son choix. Cela demande enfin qu’il soit informé impartialement des événements de la vie publique [131].

5. Quant aux pouvoirs publics, il leur revient, non pas de déterminer le caractère propre de la civilisation, mais d’établir les conditions et de prendre les moyens susceptibles de favoriser la vie culturelle au bénéfice de tous, sans oublier les éléments minoritaires présents dans une nation [132]. Voilà pourquoi il faut éviter à tout prix que la culture, détournée de sa propre fin, soit asservie aux pouvoirs politiques et économiques.



Section 3. Quelques devoirs plus urgents des chrétiens par rapport à la culture

60. La reconnaissance du droit de tous à la culture et sa réalisation pratique

1. Puisqu’on a maintenant la possibilité de délivrer la plupart des hommes du fléau de l’ignorance, il est un devoir qui convient au plus haut point à notre temps, surtout pour les chrétiens : celui de travailler avec acharnement à ce que, tant en matière économique qu’en matière politique, tant au plan national qu’au plan international, des décisions fondamentales soient prises de nature à faire reconnaître partout et pour tous, en harmonie avec la dignité de la personne humaine, sans distinction de race, de sexe, de nation, de religion ou de condition sociale, le droit à la culture et d’assurer sa réalisation. Il faut donc procurer à chacun une quantité suffisante de biens culturels, surtout de ceux qui constituent la culture dite « de base», pour qu’un très grand nombre ne soient pas empêchés, par l’analphabétisme et le manque d’initiative, de coopérer de manière vraiment humaine au bien commun.

2. En conséquence, il faut tendre à donner à ceux qui en sont capables la possibilité de poursuivre des études supérieures ; et de telle façon que, dans la mesure du possible, ils occupent des fonctions, jouent un rôle et rendent des services dans la vie sociale qui correspondent soit à leurs aptitudes, soit à la compétence qu’ils auront acquise [133]. Ainsi tout homme comme les groupes sociaux de chaque peuple pourront atteindre leur plein épanouissement culturel, conformément à leurs dons et à leurs traditions.

3. Il faut en outre tout faire pour que chacun prenne conscience et du droit et du devoir qu’il a de se cultiver, non moins que de l’obligation qui lui incombe d’aider les autres à le faire. Il existe en effet, ici ou là, des conditions de vie et de travail qui contrarient les efforts des hommes vers la culture et qui en détruisent chez eux le goût. Ceci vaut à un titre spécial pour les agriculteurs et les ouvriers, auxquels il faut assurer des conditions de travail telles qu’elles ne les empêchent pas de se cultiver, mais bien plutôt les y poussent. Les femmes travaillent à présent dans presque tous les secteurs d’activité ; il convient cependant qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle selon leurs aptitudes propres. Ce sera le devoir de tous de reconnaître la participation spécifique et nécessaire des femmes à la vie culturelle et de la promouvoir.

61. Formation à une culture intégrale

1. De nos jours, plus que par le passé, la difficulté est grande d’opérer la synthèse entre les différentes disciplines et branches du savoir. En effet, tandis que s’accroissent la masse et la diversité des éléments culturels, dans le même temps s’amenuise la faculté pour chaque homme de les percevoir et de les harmoniser entre eux, si bien que l’image de « l’homme universel » s’évanouit de plus en plus. Cependant continue de s’imposer à chaque homme le devoir de sauvegarder l’intégralité de sa personnalité, en qui prédominent les valeurs d’intelligence, de volonté, de conscience et de fraternité, valeurs qui ont toutes leur fondement en Dieu Créateur et qui ont été guéries et élevées d’une manière admirable dans le Christ.

2. La famille est au premier chef comme la mère nourricière de cette éducation : en elle, les enfants, enveloppés d’amour, découvrent plus aisément la hiérarchie des valeurs, tandis que des éléments d’une culture éprouvée s’impriment d’une manière presque inconsciente dans l’esprit des adolescents, au fur et à mesure qu’ils grandissent.

3. Pour cette même éducation, les sociétés actuelles disposent, en particulier grâce à la diffusion croissante des livres et aux nouveaux moyens de communication culturelle et sociale, de ressources opportunes qui peuvent faciliter l’universalité de la culture. En effet, avec la diminution plus ou moins généralisée du temps de travail, les occasions de se cultiver se multiplient pour la plupart des hommes. Que les loisirs soient bien employés, pour se détendre et pour fortifier la santé de l’esprit et du corps : en se livrant à des activités libres et à des études désintéressées ; à l’occasion de voyages en d’autres régions (tourisme) qui affinent l’intelligence et qui, de surcroît, enrichissent chacun par la connaissance de l’autre ; également par des exercices physiques et des activités sportives qui aident à conserver un bon équilibre psychique, individuellement et aussi collectivement, et à établir des relations fraternelles entre les hommes de toutes conditions, de toutes nations ou de races différentes. Que les chrétiens collaborent donc aux manifestations et aux actions culturelles collectives qui sont de leur temps, qu’ils les humanisent et les imprègnent d’esprit chrétien.

4. Cependant tous ces avantages ne sauraient parvenir à réaliser l’éducation culturelle intégrale de l’homme si, en même temps, on néglige de s’interroger sur la signification profonde de la culture et de la science pour la personne humaine.

62. Harmonie entre culture et christianisme

1. Bien que l’Église ait largement contribué au progrès de la culture, l’expérience montre toutefois que, pour des raisons contingentes, il n’est pas toujours facile de réaliser l’harmonie entre la culture et le christianisme.

2. Ces difficultés ne portent pas nécessairement préjudice à la vitalité de la foi, et même elles peuvent inciter à une plus exacte et plus profonde intelligence de celle-ci. En effet, les plus récentes recherches et découvertes des sciences, ainsi que celles de l’histoire et de la philosophie, soulèvent de nouvelles questions qui comportent des conséquences pour la vie même, et exigent de nouvelles recherches de la part des théologiens eux-mêmes. Dès lors, tout en respectant les méthodes et les règles propres aux sciences théologiques, ils sont invités à chercher sans cesse la manière la plus apte de communiquer la doctrine aux hommes de leur temps : car autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose la façon selon laquelle ces vérités sont exprimées à condition toutefois d’en sauvegarder le sens et la signification [134]. Que, dans la pastorale, on ait une connaissance suffisante non seulement des principes de la théologie, mais aussi des découvertes scientifiques profanes, notamment de la psychologie et de la sociologie, et qu’on en fasse usage : de la sorte, les fidèles à leur tour seront amenés à une plus grande pureté et maturité dans leur vie de foi.

3. À leur manière aussi, la littérature et les arts ont une grande importance pour la vie de l’Église. Ils s’efforcent en effet d’exprimer la nature propre de l’homme, ses problèmes, ses tentatives pour se connaître et se perfectionner lui-même ainsi que le monde. Ils s’appliquent à découvrir sa place dans l’histoire et dans l’univers, à mettre en lumière les misères et les joies, les besoins et les énergies des hommes et à présenter l’ébauche d’une destinée humaine plus heureuse. Ainsi sont-ils capables d’élever la vie humaine qu’ils expriment sous des formes multiples, selon les temps et les lieux.

4. Il faut donc faire en sorte que ceux qui s’adonnent à ces arts se sentent compris par l’Église au sein même de leurs activités, et que, jouissant d’une liberté normale, ils établissent des échanges plus faciles avec la communauté chrétienne. Que les nouvelles formes d’art qui conviennent à nos contemporains, selon le génie des diverses nations et régions, soient aussi reconnues par l’Église. Et qu’on les accueille dans le sanctuaire lorsque, par des modes d’expression adaptés et conformes aux exigences de la liturgie, elles élèvent l’esprit vers Dieu [135].

5. Ainsi la gloire de Dieu éclate davantage ; la prédication de l’Évangile devient plus transparente à l’intelligence des hommes et apparaît comme connaturelle à leurs conditions d’existence.

6. Que les croyants vivent donc en très étroite union avec les autres hommes de leur temps et qu’ils s’efforcent de comprendre à fond leurs façons de penser et de sentir, telles qu’elles s’expriment par la culture. Qu’ils marient la connaissance des sciences et des théories nouvelles, comme des découvertes les plus récentes, avec les mœurs et l’enseignement de la doctrine chrétienne, pour que le sens religieux et la rectitude morale marchent de pair chez eux avec la connaissance scientifique et les incessants progrès techniques ; ils pourront ainsi apprécier et interpréter toutes choses avec une sensibilité authentiquement chrétienne.

7. Ceux qui s’appliquent aux sciences théologiques dans les séminaires et les universités aimeront collaborer avec les hommes versés dans les autres sciences, en mettant en commun leurs énergies et leurs points de vue. La recherche théologique, en même temps qu’elle approfondit la vérité révélée, ne doit pas perdre contact avec son temps, afin de faciliter une meilleure connaissance de la foi aux hommes cultivés dans les différentes branches du savoir. Cette bonne entente rendra les plus grands services à la formation des ministres sacrés : ils pourront présenter la doctrine de l’Église sur Dieu, l’homme et le monde d’une manière mieux adaptée à nos contemporains, qui accueilleront d’autant plus volontiers leur parole [136]. Bien plus, il faut souhaiter que de nombreux laïcs reçoivent une formation suffisante dans les sciences sacrées, et que plusieurs parmi eux se livrent à ces études ex professo et les approfondissent. Mais, pour qu’ils puissent mener leur tâche à bien, qu’on reconnaisse aux fidèles, aux clercs comme aux laïcs, une juste liberté de recherche et de pensée, comme une juste liberté de faire connaître humblement et courageusement leur manière de voir, dans le domaine de leur compétence [137].



Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
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Message par Francesco Lun 20 Juin 2011 - 23:25

CHAPITRE III :
La vie économico-sociale

63. Quelques traits de la vie économique

1. Dans la vie économico-sociale aussi, il faut honorer et promouvoir la dignité de la personne humaine, sa vocation intégrale et le bien de toute la société. C’est l’homme en effet qui est l’auteur, le centre et le but de toute la vie économico-sociale.

2. Comme tout autre domaine de la vie sociale, l’économie moderne se caractérise par une emprise croissante de l’homme sur la nature, la multiplication et l’intensification des relations et des interdépendances entre individus, groupes et peuples, et la fréquence accrue des interventions du pouvoir politique. En même temps, le progrès dans les modes de production et dans l’organisation des échanges de biens et de services a fait de l’économie un instrument apte à mieux satisfaire les besoins accrus de la famille humaine.

3. Pourtant les sujets d’inquiétude ne manquent pas. Beaucoup d’hommes, surtout dans les régions du monde économiquement développées, apparaissent comme dominés par l’économique : presque toute leur existence personnelle et sociale est imbue d’un certain « économisme», et cela aussi bien dans les pays favorables à l’économie collectiviste que dans les autres. À un moment où le développement de l’économie, orienté et coordonné d’une manière rationnelle et humaine, permettrait d’atténuer les inégalités sociales, il conduit trop souvent à leur aggravation et même, ici ou là, à une régression de la condition sociale des faibles et au mépris des pauvres. Alors que des foules immenses manquent encore du strict nécessaire, certains, même dans les régions moins développées, vivent dans l’opulence ou gaspillent sans compter. Le luxe côtoie la misère. Tandis qu’un petit nombre d’hommes disposent d’un très ample pouvoir de décision, beaucoup sont privés de presque toute possibilité d’initiative personnelle et de responsabilité ; souvent même, ils sont placés dans des conditions de vie et de travail indignes de la personne humaine.

4. De semblables déséquilibres économiques et sociaux se produisent entre le secteur agricole, le secteur industriel et les services, comme aussi entre les diverses régions d’un seul et même pays. Entre les nations économiquement plus développées et les autres nations, une opposition de plus en plus aiguë se manifeste, capable de mettre en péril jusqu’à la paix du monde.

5. Les hommes de notre temps prennent une conscience de plus en plus vive de ces disparités : ils sont profondément persuadés que les techniques nouvelles et les ressources économiques accrues dont dispose le monde pourraient et devraient corriger ce funeste état de choses. Mais pour cela de nombreuses réformes sont nécessaires dans la vie économico-sociale ; il y faut aussi, de la part de tous, une conversion des mentalités et des attitudes. Dans ce but, l’Église, au cours des siècles, a explicité à la lumière de l’Évangile des principes de justice et d’équité, demandés par la droite raison, tant pour la vie individuelle et sociale que pour la vie internationale ; et elle les a proclamés surtout ces derniers temps. Compte tenu de la situation présente, le Concile entend les confirmer et indiquer quelques orientations en prenant particulièrement en considération les exigences du développement économique [138].



Section 1. Le développement économique

64. Le développement économique au service de l’homme

Aujourd’hui plus que jamais, pour faire face à l’accroissement de la population et pour répondre aux aspirations plus vastes du genre humain, on s’efforce à bon droit d’élever le niveau de la production agricole et industrielle, ainsi que le volume des services offerts. C’est pourquoi il faut encourager le progrès technique, l’esprit d’innovation, la création et l’extension d’entreprises, l’adaptation des méthodes, les efforts soutenus de tous ceux qui participent à la production, en un mot tout ce qui peut contribuer à cet essor. Mais le but fondamental d’une telle production n’est pas la seule multiplication des biens produits, ni le profit ou la puissance ; c’est le service de l’homme : de l’homme tout entier, selon la hiérarchie de ses besoins matériels comme des exigences de sa vie intellectuelle, morale, spirituelle et religieuse ; de tout homme, disons-nous, de tout groupe d’hommes, sans distinction de race ou de continent. C’est pourquoi l’activité économique, conduite selon ses méthodes et ses lois propres, doit s’exercer dans les limites de l’ordre moral [139], afin de répondre au dessein de Dieu sur l’homme [140].

65. Contrôle de l’homme sur le développement économique

1. Le développement doit demeurer sous le contrôle de l’homme. Il ne doit pas être abandonné à la discrétion d’un petit nombre d’hommes ou de groupes jouissant d’une trop grande puissance économique, ni à celle de la communauté politique où à celle de quelques nations plus puissantes. Il convient au contraire que le plus grand nombre possible d’hommes, à tous les niveaux, et au plan international l’ensemble des nations, puissent prendre une part active à son orientation. Il faut de même que les initiatives spontanées des individus et de leurs libres associations soient coordonnées avec l’action des pouvoirs publics, et qu’elles soient ajustées et harmonisées entre elles.

2. Le développement ne peut être laissé ni au seul jeu quasi automatique de l’activité économique des individus, ni à la seule puissance publique. Il faut donc dénoncer les erreurs aussi bien des doctrines qui s’opposent aux réformes indispensables au nom d’une fausse conception de la liberté, que des doctrines qui sacrifient les droits fondamentaux des personnes et des groupes à l’organisation collective de la production [141].

3. Par ailleurs, les citoyens doivent se rappeler que c’est leur droit et leur devoir (et le pouvoir civil doit lui aussi le reconnaître) de contribuer selon leurs moyens au progrès véritable de la communauté à laquelle ils appartiennent. Dans les pays en voie de développement surtout, où l’emploi de toutes les disponibilités s’impose avec un caractère d’urgence, ceux qui gardent leurs ressources inemployées mettent gravement en péril le bien commun ; il en va de même de ceux qui privent leur communauté des moyens matériels et spirituels dont elle a besoin, le droit personnel de migration étant sauf.

66. Il faut mettre un terme aux immenses disparités économico-sociales

1. Pour répondre aux exigences de la justice et de l’équité, il faut s’efforcer vigoureusement, dans le respect des droits personnels et du génie propre de chaque peuple, de faire disparaître le plus rapidement possible les énormes inégalités économiques qui s’accompagnent de discrimination individuelle et sociale ; de nos jours elles existent et souvent elles s’aggravent. De même, en bien des régions, étant donné les difficultés particulières de la production et de la commercialisation dans le secteur agricole, il faut aider les agriculteurs à accroître cette production et à la vendre, à réaliser les transformations et les innovations nécessaires, à obtenir enfin un revenu équitable ; sinon ils demeureront, comme il arrive trop souvent, des citoyens de seconde zone. De leur côté, les agriculteurs, les jeunes surtout, doivent s’appliquer avec énergie à améliorer leur compétence professionnelle, sans laquelle l’agriculture ne saurait progresser [142].

2. De même, la justice et l’équité exigent que la mobilité, nécessaire à des économies en progrès, soit aménagée de façon à éviter aux individus et à leurs familles des conditions de vie instables et précaires. À l’égard des travailleurs en provenance d’autres pays ou d’autres régions qui apportent leur concours à la croissance économique d’un peuple ou d’une province, on se gardera soigneusement de toute espèce de discrimination en matière de rémunération ou de conditions de travail. De plus, tous les membres de la société, en particulier les pouvoirs publics, doivent les traiter comme des personnes et non comme de simples instruments de production : faciliter la présence auprès d’eux de leur famille, les aider à se procurer un logement décent et favoriser leur insertion dans la vie sociale du pays ou de la région d’accueil. On doit cependant, dans la mesure du possible, créer des emplois dans leurs régions d’origine elles-mêmes.

3. Dans les économies actuellement en transition comme dans les formes nouvelles de la société industrielle, marquées par exemple par le progrès de l’automation, il faut se préoccuper d’assurer à chacun un emploi suffisant et adapté, et la possibilité d’une formation technique et professionnelle adéquate. On doit aussi garantir les moyens d’existence et la dignité humaine de ceux qui, surtout en raison de la maladie ou de l’âge, se trouvent dans une situation plus difficile.



Section 2. Principes directeurs de l’ensemble de la vie économico-sociale

67. Travail, conditions de travail, loisirs

1. Le travail des hommes, celui qui s’exerce dans la production et l’échange de biens ou dans la prestation de services économiques, passe avant les autres éléments de la vie économique, qui n’ont valeur que d’instruments.

2. Ce travail, en effet, qu’il soit entrepris de manière indépendante ou par contrat avec un employeur, procède immédiatement de la personne : celle-ci marque en quelque sorte la nature de son empreinte et la soumet à ses desseins. Par son travail, l’homme assure habituellement sa subsistance et celle de sa famille, s’associe à ses frères et leur rend service, peut pratiquer une vraie charité et coopérer à l’achèvement de la création divine. Bien plus, par l’hommage de son travail à Dieu, nous tenons que l’homme est associé à l’œuvre rédemptrice de Jésus Christ qui a donné au travail une dignité éminente en œuvrant de ses propres mains à Nazareth. De là découlent pour tout homme le devoir de travailler loyalement aussi bien que le droit au travail. En fonction des circonstances concrètes, la société doit, pour sa part, aider les citoyens en leur permettant de se procurer un emploi suffisant. Enfin, compte tenu des fonctions et de la productivité de chacun, de la situation de l’entreprise et du bien commun, la rémunération du travail doit assurer à l’homme des ressources qui lui permettent, à lui et à sa famille, une vie digne sur le plan matériel, social, culturel et spirituel [143].

3. Comme l’activité économique est le plus souvent le fruit du travail associé des hommes, il est injuste et inhumain de l’organiser et de l’ordonner au détriment de quelque travailleur que ce soit. Or il est trop courant, même de nos jours, que ceux qui travaillent soient en quelque sorte asservis à leurs propres œuvres ; ce que de soi-disant lois économiques ne justifient en aucun façon. Il importe donc d’adapter tout le processus du travail productif aux besoins de la personne et aux modalités de son existence, en particulier de la vie du foyer (surtout en ce qui concerne les mères de famille), en tenant toujours compte du sexe et de l’âge. Les travailleurs doivent aussi avoir la possibilité de développer leurs qualités et leur personnalité dans l’exercice même de leur travail. Tout en y appliquant leur temps et leurs forces d’une manière consciencieuse, que tous jouissent par ailleurs d’un temps de repos et de loisir suffisant qui leur permette aussi d’entretenir une vie familiale, culturelle, sociale et religieuse. Bien plus, ils doivent avoir la possibilité de déployer librement des facultés et des capacités qu’ils ont peut-être peu l’occasion d’exercer dans leur travail professionnel.

68. Participation dans l’entreprise et dans l’organisation économique globale. Conflits du travail

1. Dans les entreprises économiques, ce sont des personnes qui sont associées entre elles, c’est-à-dire des êtres libres et autonomes, créés à l’image de Dieu. Aussi, en prenant en considération les fonctions des uns et des autres, propriétaires, employeurs, cadres, ouvriers, et en sauvegardant la nécessaire unité de direction, il faut promouvoir, selon des modalités à déterminer au mieux, la participation active de tous à la gestion des entreprises [144]. Et comme, bien souvent, ce n’est déjà plus au niveau de l’entreprise, mais à des instances supérieures, que se prennent les décisions économiques et sociales dont dépend l’avenir des travailleurs et de leurs enfants, ceux-ci doivent également participer à ces décisions, soit par eux-mêmes, soit par leurs représentants librement choisis.

2. Il faut mettre au rang des droits fondamentaux de la personne le droit des travailleurs de fonder librement des associations capables de les représenter d’une façon valable et de collaborer à la bonne organisation de la vie économique, ainsi que le droit de prendre librement part aux activités de ces associations, sans courir le risque de représailles. Grâce à cette participation organisée, jointe à un progrès de la formation économique et sociale, le sens des responsabilités grandira de plus en plus chez tous : ils seront ainsi amenés à se sentir associés, selon leurs moyens et leurs aptitudes personnels, à l’ensemble du développement économique et social ainsi qu’à la réalisation du bien commun universel.

3. En cas de conflits économico-sociaux, on doit s’efforcer de parvenir à une solution pacifique. Mais, s’il faut toujours recourir d’abord au dialogue sincère entre les parties, la grève peut cependant, même dans les circonstances actuelles, demeurer un moyen nécessaire, bien qu’ultime, pour la défense des droits propres et la réalisation des justes aspirations des travailleurs. Que les voies de la négociation et du dialogue soient toutefois reprises, dès que possible, en vue d’un accord.

69. Les biens de la terre sont destinés à tous les hommes

1. Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elles contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité [145]. Quelles que soient les formes de la propriété, adaptées aux légitimes institutions des peuples, selon des circonstances diverses et changeantes, on doit toujours tenir compte de cette destination universelle des biens. C’est pourquoi l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres [146]. D’ailleurs, tous les hommes ont le droit d’avoir une part suffisante de biens pour eux-mêmes et leur famille. C’est ce qu’on pensé les Pères et les docteurs de l’Église qui enseignaient que l’on est tenu d’aider les pauvres, et pas seulement au moyen de son superflu [147]. Quant à celui qui se trouve dans l’extrême nécessité, il a le droit de se procurer l’indispensable à partir des richesses d’autrui [148]. Devant un si grand nombre d’affamés de par le monde, le Concile insiste auprès de tous et auprès des autorités pour qu’ils se souviennent de ce mot des Pères : « Donne à manger à celui qui meurt de faim car, si tu ne lui as pas donné à manger, tu l’as tué [149] » ; et pour que, selon les possibilités de chacun, ils partagent et emploient vraiment leurs biens en procurant avant tout aux individus et aux peuples les moyens qui leur permettront de s’aider eux-mêmes et de se développer.

2. Fréquemment, dans des sociétés économiquement moins développées, la destination commune des biens est partiellement réalisée par des coutumes et des traditions communautaires, garantissant à chaque membre les biens les plus nécessaires. Certes, il faut éviter de considérer certaines coutumes comme tout à fait immuables, si elles ne répondent plus aux nouvelles exigences de ce temps ; mais, à l’inverse, il ne faut pas attenter imprudemment à ces coutumes honnêtes qui, sous réserve d’une saine modernisation, peuvent encore rendre de grands services. De même, dans les pays économiquement très développés, un réseau d’institutions sociales, d’assurance et de sécurité, peut réaliser en partie la destination commune des biens. Il importe de poursuivre le développement des services familiaux et sociaux, principalement de ceux qui contribuent à la culture et à l’éducation. Mais, dans l’aménagement de toutes ces institutions, il faut veiller à ce que le citoyen ne soit pas conduit à adopter vis-à-vis de la société une attitude de passivité, d’irresponsabilité ou de refus de service.

70. Investissements et question monétaire

Les investissements, de leur côté, doivent tendre à assurer des emplois et des revenus suffisants tant à la population active d’aujourd’hui qu’à celle de demain. Tous ceux qui décident de ces investissements, comme de l’organisation de la vie économique (individus, groupes, pouvoirs publics) doivent avoir ces buts à cœur et se montrer conscients de leurs graves obligations ; d’une part, prendre des dispositions pour faire face aux nécessités d’une vie décente, tant pour les individus que pour la communauté tout entière ; d’autre part, prévoir l’avenir et assurer un juste équilibre entre les besoins de la consommation actuelle, individuelle et collective, et les exigences d’investissement pour la génération qui vient. On doit également avoir toujours en vue les besoins pressants des nations et des régions économiquement moins avancées. Par ailleurs, en matière monétaire, il faut se garder d’attenter au bien de son propre pays ou à celui des autres nations. On doit s’assurer en outre que ceux qui sont économiquement faibles ne soient pas injustement lésés par des changements dans la valeur de la monnaie.

71. Accès à la propriété et au pouvoir privé sur les biens. Problème des latifundia

1. La propriété et les autres formes de pouvoir privé sur les biens extérieurs contribuent à l’expression de la personne et lui donnent l’occasion d’exercer sa responsabilité dans la société et l’économie. Il est donc très important de favoriser l’accession des individus et des groupes à un certain pouvoir sur les biens extérieurs.

2. La propriété privée ou un certain pouvoir sur les biens extérieurs assurent à chacun une zone indispensable d’autonomie personnelle et familiale ; il faut les regarder comme un prolongement de la liberté humaine. Enfin, en stimulant l’exercice de la responsabilité, ils constituent l’une des conditions des libertés civiles [150].

3. Les formes d’un tel pouvoir ou propriété sont aujourd’hui variées ; et leur diversité ne cesse de s’amplifier. Toutes cependant demeurent, à côté des fonds sociaux, des droits et des services garantis par la société, une source de sécurité non négligeable. Et ceci n’est pas vrai des seules propriétés matérielles, mais aussi des biens immatériels, comme les capacités professionnelles.

4. La légitimité de la propriété privée ne fait toutefois pas obstacle à celle des divers modes de propriétés publiques, à condition que le transfert des biens au domaine public soit effectué par la seule autorité compétente, selon les exigences du bien commun, dans les limites de celui-ci et au prix d’une indemnisation équitable. L’État a, par ailleurs, compétence pour empêcher qu’on abuse de la propriété privée contrairement au bien commun [151].

5. De par sa nature même, la propriété privée a aussi un caractère social, fondé dans la loi de commune destination des biens [152]. Là où ce caractère social n’est pas respecté, la propriété peut devenir une occasion fréquente de convoitises et de graves désordres : prétexte est ainsi donné à ceux qui contestent le droit même de propriété.

6. Dans plusieurs régions économiquement moins développées, il existe des domaines ruraux étendus et même immenses, médiocrement cultivés ou mis en réserve à des fins de spéculation, alors que la majorité de la population est dépourvue de terres ou n’en détient qu’une quantité dérisoire et que, d’autre part, l’accroissement de la production agricole présente un caractère d’urgence évident. Souvent, ceux qui sont employés par les propriétaires de ces grands domaines, ou en cultivent des parcelles louées, ne reçoivent que des salaires ou des revenus indignes de l’homme ; ils ne disposent pas de logement décent et sont exploités par des intermédiaires. Dépourvus de toute sécurité, ils vivent dans une dépendance personnelle telle qu’elle leur interdit presque toute possibilité d’initiative et de responsabilité, toute promotion culturelle, toute participation à la vie sociale et politique. Des réformes s’imposent donc, visant, selon les cas, à accroître les revenus, à améliorer les conditions de travail et la sécurité de l’emploi, à favoriser l’initiative, et même à répartir les propriétés insuffisamment cultivées au bénéfice d’hommes capables de les faire valoir. En l’occurrence, les ressources et les instruments indispensables doivent leur être assurés, en particulier les moyens d’éducation et la possibilité d’une juste organisation de type coopératif. Chaque fois que le bien commun exigera l’expropriation, l’indemnisation devra s’apprécier selon l’équité, compte tenu de toutes les circonstances.

72. L’activité économico-sociale et le Royaume du Christ

1. Les chrétiens actifs dans le développement économico-social et dans la lutte pour le progrès de la justice et de la charité doivent être persuadés qu’ils peuvent ainsi beaucoup pour la prospérité de l’humanité et la paix du monde. Dans ces diverses activités, qu’ils brillent par leur exemple, individuel et collectif. Tout en s’assurant la compétence et l’expérience absolument indispensables, qu’ils maintiennent, au milieu des activités terrestres, une juste hiérarchie des valeurs, fidèles au Christ et à son Évangile, pour que toute leur vie, tant individuelle que sociale, soit pénétrée de l’esprit des Béatitudes, et en particulier de l’esprit de pauvreté.

2. Quiconque, suivant le Christ, cherche d’abord le Royaume de Dieu, y trouve un amour plus fort et plus pur pour aider tous ses frères et pour accomplir une œuvre de justice, sous l’impulsion de l’amour [153].





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Message par Francesco Ven 24 Juin 2011 - 1:50

CHAPITRE IV :
La vie de la communauté économique

73. La vie publique aujourd’hui

1. De profondes transformations se remarquent aussi de nos jours dans les structures et dans les institutions des peuples ; elles accompagnent leur évolution culturelle, économique et sociale. Ces changements exercent une grande influence sur la vie de la communauté politique, notamment en ce qui concerne les droits et les devoirs de chacun dans l’exercice de la liberté civique et dans la poursuite du bien commun, comme pour ce qui regarde l’organisation des relations des citoyens entre eux et avec les pouvoirs publics.

2. La conscience de la dignité humaine est devenue plus vive. D’où, en diverses régions du monde, l’effort pour instaurer un ordre politico-juridique dans lequel les droits de la personne au sein de la vie publique soient mieux protégés : par exemple, les droits de libre réunion et d’association, le droit d’exprimer ses opinions personnelles et de professer sa religion en privé et en public. La garantie des droits de la personne est en effet une condition indispensable pour que les citoyens, individuellement ou en groupe, puissent participer activement à la vie et à la gestion des affaires publiques.

3. En étroite liaison avec le progrès culturel, économique et social, le désir s’affirme chez un grand nombre d’hommes de prendre davantage part à l’organisation de la communauté politique. Dans la conscience de beaucoup s’intensifie le souci de préserver les droits des minorités à l’intérieur d’une nation, sans négliger pour autant leurs obligations à l’égard de la communauté politique. De plus, le respect de ceux qui professent une opinion ou une religion différentes grandit de jour en jour. En même temps, une plus large collaboration s’établit, capable d’assurer à tous les citoyens, et non seulement à quelques privilégiés, la jouissance effective des droits attachés à la personne.

4. On rejette au contraire toutes les formes politiques, telles qu’elles existent en certaines régions, qui font obstacle à la liberté civile ou religieuse, multiplient les victimes des passions et des crimes politiques et détournent au profit de quelque faction ou des gouvernants eux-mêmes l’action de l’autorité au lieu de la faire servir au bien commun.

5. Pour instaurer une vie politique vraiment humaine, rien n’est plus important que de développer le sens intérieur de la justice, de la bonté, le dévouement au bien commun, et de renforcer les convictions fondamentales sur la nature véritable de la communauté politique, comme sur la fin, le bon exercice et les limites de l’autorité publique.

74. Nature et fin de la communauté politique

1. Individus, familles, groupements divers, tous ceux qui constituent la communauté civile, ont conscience de leur impuissance à réaliser seuls une vie pleinement humaine et perçoivent la nécessité d’une communauté plus vaste à l’intérieur de laquelle tous conjuguent quotidiennement leurs forces en vue d’une réalisation toujours plus parfaite du bien commun [154]. C’est pourquoi ils forment une communauté politique selon des types institutionnels variés. Celle-ci existe donc pour le bien commun ; elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification et c’est de lui qu’elle tire l’origine de son droit propre. Quant au bien commun, il comprend l’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’accomplir plus complètement et plus facilement [155].

2. Mais les hommes qui se retrouvent dans la communauté politique sont nombreux, différents, et ils peuvent à bon droit incliner vers des opinions diverses. Aussi, pour empêcher que, chacun opinant dans son sens, la communauté politique ne se disloque, une autorité s’impose qui soit capable d’orienter vers le bien commun les énergies de tous, non d’une manière mécanique ou despotique, mais en agissant avant tout comme une force morale qui prend appui sur la liberté et le sens de la responsabilité.

3. De toute évidence, la communauté politique et l’autorité publique trouvent donc leur fondement dans la nature humaine et relèvent par là d’un ordre fixé par Dieu, encore que la détermination des régimes politiques, comme la désignation des dirigeants, soient laissées à la libre volonté des citoyens [156].

4. Il s’ensuit également que l’exercice de l’autorité politique, soit à l’intérieur de la communauté comme telle, soit dans les organismes qui représentent l’État, doit toujours se déployer dans les limites de l’ordre moral, en vue du bien commun (mais conçu d’une manière dynamique), conformément à un ordre juridique légitimement établi ou à établir. Alors les citoyens sont en conscience tenus à l’obéissance [157]. D’où, assurément, la responsabilité, la dignité et l’importance du rôle de ceux qui gouvernent.

5. Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement requis par le bien commun ; mais qu’il leur soit cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la loi évangélique.

6. Quant aux modalités concrètes par lesquelles une communauté politique se donne sa structure et organise le bon équilibre des pouvoirs publics, elles peuvent être diverses, selon le génie propre de chaque peuple et la marche de l’histoire. Mais elles doivent toujours servir à la formation d’un homme cultivé, pacifique, bienveillant à l’égard de tous, pour l’avantage de toute la famille humaine.

75. Collaboration de tous à la vie publique

1. Il est pleinement conforme à la nature de l’homme que l’on trouve des structures politico-juridiques qui offrent sans cesse davantage à tous les citoyens, sans aucune discrimination, la possibilité effective de prendre librement et activement part tant à l’établissement des fondements juridiques de la communauté politique qu’à la gestion des affaires publiques, à la détermination du champ d’action et des buts des différents organes, et à l’élection des gouvernants [158]. Que tous les citoyens se souviennent donc à la fois du droit et du devoir qu’ils ont d’user de leur libre suffrage, en vue du bien commun. L’Église tient en grande considération et estime l’activité de ceux qui se consacrent au bien de la chose publique et en assurent les charges pour le service de tous.

2. Pour que la coopération de citoyens responsables aboutisse à d’heureux résultats dans la vie politique de tous les jours, un statut de droit positif est nécessaire, qui organise une répartition convenable des fonctions et des organes du pouvoir ainsi qu’une protection efficace des droits, indépendante de quiconque. Que les droits de toutes les personnes, des familles et des groupes, ainsi que leur exercice, soient reconnus, respectés et valorisés [159], non moins que les devoirs civiques auxquels sont astreints tous les citoyens. Parmi ces derniers, il faut rappeler l’obligation de rendre à l’État les services matériels et personnels requis par le bien commun. Les gouvernants se garderont de faire obstacle aux associations familiales, sociales et culturelles, aux corps et institutions intermédiaires, ou d’empêcher leurs activités légitimes et efficaces ; qu’ils aiment plutôt les favoriser, dans l’ordre. Quant aux citoyens, individuellement ou en groupe, qu’ils évitent de conférer aux pouvoirs publics une trop grande puissance ; qu’ils ne s’adressent pas à eux d’une manière intempestive pour réclamer des secours et des avantages excessifs, au risque d’amoindrir la responsabilité des personnes, des familles et des groupes sociaux.

3. À notre époque, la complexité croissante des circonstances oblige les pouvoirs publics à intervenir plus fréquemment, en matière sociale, économique et culturelle, pour préparer des conditions plus favorables qui permettent aux citoyens et aux groupes de poursuivre d’une manière plus efficace la réalisation du bien complet de l’homme, dans la liberté. Assurément, selon les régions et selon l’évolution des peuples, les relations entre la socialisation [160] et l’autonomie ou de développement de la personne peuvent être comprises de divers façons. Mais si, en vue du bien commun, on restreint pour un temps l’exercice des droits, que l’on rétablisse au plus tôt la liberté quand les circonstances auront changé. Il est en tout cas inhumain que le gouvernement en vienne à des formes totalitaires ou à des formes dictatoriales qui lèsent gravement le droit des personnes ou des groupes sociaux.

4. Que les citoyens cultivent avec magnanimité et loyauté l’amour de la patrie, mais sans étroitesse d’esprit, c’est-à-dire de telle façon qu’en même temps ils prennent toujours en considération le bien de toute la famille humaine qui rassemble races, peuples et nations, unis par toutes sortes de liens.

5. Tous les chrétiens doivent prendre conscience du rôle particulier et propre qui leur échoit dans la communauté politique : ils sont tenus à donner l’exemple en développant en eux le sens des responsabilités et du dévouement au bien commun ; ils montreront ainsi par les faits comment on peut harmoniser l’autorité avec la liberté, l’initiative personnelle avec la solidarité et les exigences de tout le corps social, les avantages de l’unité avec les diversités fécondes. En ce qui concerne l’organisation des choses terrestres, qu’ils reconnaissent comme légitimes des manières de voir par ailleurs opposées entre elles et qu’ils respectent les citoyens qui, en groupe aussi, défendent honnêtement leur opinion. Quant aux partis politiques, ils ont le devoir de promouvoir ce qui, à leur jugement, est exigé par le bien commun ; mais il ne leur est jamais permis de préférer à celui-ci leur intérêt propre.

6. Pour que tous les citoyens soient en mesure de jouer leur rôle dans la vie de la communauté politique, on doit avoir un grand souci de l’éducation civique et politique ; elle est particulièrement nécessaire aujourd’hui, soit pour l’ensemble des peuples, soit, et surtout, pour les jeunes. Ceux qui sont, ou peuvent devenir, capables d’exercer l’art très difficile, mais aussi très noble [161] de la politique, doivent s’y préparer ; qu’ils s’y livrent avec zèle, sans se soucier de leur intérêt personnel ni des avantages matériels. Ils lutteront avec intégrité et prudence contre l’injustice et l’oppression, contre l’absolutisme et l’intolérance, qu’elles soient le fait d’un homme ou d’un parti politique ; et ils se dévoueront au bien de tous avec sincérité et droiture, bien plus, avec l’amour et le courage requis par la vie politique.

76. La communauté politique et l’Église

1. Surtout là où existe une société de type pluraliste, il est d’une haute importance que l’on ait une vue juste des rapports entre la communauté politique et l’Église ; et que l’on distingue nettement entre les actions que les fidèles, isolément ou en groupe, posent en leur nom propre comme citoyens, guidés par leur conscience chrétienne, et les actions qu’ils mènent au nom de l’Église, en union avec leurs pasteurs.

2. L’Église qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique, est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine.

3. Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes. Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération, en tenant également compte des circonstances de temps et de lieu. L’homme, en effet, n’est pas limité aux seuls horizons terrestres, mais, vivant dans l’histoire humaine, il conserve intégralement sa vocation éternelle. Quant à l’Église, fondée dans l’amour du Rédempteur, elle contribue à étendre le règne de la justice et de la charité à l’intérieur de chaque nation et entre les nations. En prêchant la vérité de l’Évangile, en éclairant tous les secteurs de l’activité humaine par sa doctrine et par le témoignage que rendent des chrétiens, l’Église respecte et promeut aussi la liberté politique et la responsabilité des citoyens.

4. Lorsque les Apôtres, leurs successeurs et les coopérateurs de ceux-ci, sont envoyés pour annoncer aux hommes le Christ Sauveur du monde, leur apostolat prend appui sur la puissance de Dieu qui, très souvent, manifeste la force de l’Évangile dans la faiblesse des témoins. Il faut en effet que tous ceux qui se vouent au ministère de la parole divine utilisent les voies et les moyens propres à l’Évangile qui, sur bien des points, sont autres que ceux de la cité terrestre.

5. Certes, les choses d’ici-bas et celles qui, dans la condition humaine, dépassent ce monde, sont étroitement liées, et l’Église elle-même se sert d’instruments temporels dans la mesure où sa propre mission le demande. Mais elle ne place pas son espoir dans les privilèges offerts par le pouvoir civil. Bien plus, elle renoncera à l’exercice de certains droits légitimement acquis, s’il est reconnu que leur usage peut faire douter de la pureté de son témoignage ou si des circonstances nouvelles exigent d’autres dispositions. Mais il'est juste qu’elle puisse partout et toujours prêcher la foi avec une authentique liberté, enseigner sa doctrine sociale, accomplir sans entraves sa mission parmi les hommes, porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent, en utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l’Évangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et des situations.

6. Par son attachement et sa fidélité à l’Évangile, par l’accomplissement de sa mission dans le monde, l’Église, à qui il appartient de favoriser et d’élever tout ce qui se trouve de vrai, de bon, de beau dans la communauté humaine [162], renforce la paix entre les hommes pour la gloire de Dieu [163].





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Message par Francesco Ven 8 Juil 2011 - 20:13

CHAPITRE V :
La sauvegarde de la paix et la construction de la communauté des nations

77. Introduction

1. En ces années mêmes, où les douleurs et les angoisses de guerres tantôt dévastatrices et tantôt menaçantes pèsent encore si lourdement sur nous, la famille humaine tout entière parvient à un moment décisif de son évolution. Peu à peu rassemblée, partout déjà plus consciente de son unité, elle doit entreprendre une œuvre qui ne peut être menée à bien que par la conversion renouvelée de tous à une paix véritable : édifier un monde qui soit vraiment plus humain pour tous et en tout lieu. Alors, le message de l’Évangile, rejoignant les aspirations et l’idéal le plus élevé de l’humanité, s’illuminera de nos jours d’une clarté nouvelle, lui qui proclame bienheureux les artisans de la paix, « car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9).

2. C’est pourquoi le Concile, après avoir mis en lumière la conception authentique et très noble de la paix et condamné la barbarie de la guerre, se propose de lancer un appel ardent aux chrétiens pour qu’avec l’aide du Christ, auteur de la paix, ils travaillent avec tous les hommes à consolider cette paix entre eux, dans la justice et l’amour, et à en préparer les moyens.

78. La nature de la paix

1. La paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses ; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique, mais c’est en toute vérité qu’on la définit « œuvre de justice » (Is 32, 17). Elle est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine par son divin fondateur, et qui doit être réalisé par des hommes qui ne cessent d’aspirer à une justice plus parfaite. En effet, encore que le bien commun du genre humain soit assurément régi dans sa réalité fondamentale par la loi éternelle, dans ses exigences concrètes il est pourtant soumis à d’incessants changements avec la marche du temps : la paix n’est jamais chose acquise une fois pour toutes, mais sans cesse à construire. Comme de plus la volonté humaine est fragile et qu’elle est blessée par le péché, l’avènement de la paix exige de chacun le constant contrôle de ses passions et la vigilance de l’autorité légitime.

2. Mais ceci est encore insuffisant. La paix dont nous parlons ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde du bien des personnes, ni sans la libre et confiante communication entre les hommes des richesses de leur esprit et de leurs facultés créatrices. La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité, la pratique assidue de la fraternité sont absolument indispensables à la construction de la paix. Ainsi la paix est-elle aussi le fruit de l’amour qui va bien au-delà de ce que la justice peut apporter.

3. La paix terrestre qui naît de l’amour du prochain est elle-même image et effet de la paix du Christ qui vient de Dieu le Père. Car le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. Il a tué la haine dans sa propre chair [164] et, après le triomphe de sa résurrection, il a répandu l’Esprit de charité dans le cœur des hommes.

4. C’est pourquoi, accomplissant la vérité dans la charité (Ep 4, 15), tous les chrétiens sont appelés avec insistance à se joindre aux hommes véritablement pacifiques pour implorer et instaurer la paix.

5. Poussés par le même esprit, nous ne pouvons pas ne pas louer ceux qui, renonçant à l’action violente pour la sauvegarde des droits, recourent à des moyens de défense qui, par ailleurs, sont à la portée même des plus faibles, pourvu que cela puisse se faire sans nuire aux droits et aux devoirs des autres ou de la communauté.

6. Dans la mesure où les hommes sont pécheurs, le danger de guerre menace, et il en sera ainsi jusqu’au retour du Christ. Mais dans la mesure où, unis dans l’amour, les hommes surmontent le péché, ils surmontent aussi la violence, jusqu’à l’accomplissement de cette parole : « De leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des faucilles. Les nations ne tireront plus l’épée l’une contre l’autre et ne s’exerceront plus au combat » (Is 2, 4).



Section 1. Éviter la guerre

79. Mettre un frein à l’inhumanité des guerres

1. Bien que les dernières guerres aient apporté à notre monde de terribles maux d’ordre matériel comme d’ordre moral, chaque jour encore la guerre poursuit ses ravages en quelque point du globe. Bien plus, étant donné qu’on emploie des armes scientifiques de tout genre pour faire la guerre, sa sauvagerie menace d’amener les combattants à une barbarie bien pire que celle d’autrefois. En outre, la complexité de la situation actuelle et l’enchevêtrement des relations internationales permettent que, par de nouvelles méthodes insidieuses et subversives, des guerres larvées traînent en longueur. Dans bien des cas, le recours aux procédés du terrorisme est regardé comme une nouvelle forme de guerre.

2. Considérant cet état lamentable de l’humanité, le Concile, avant tout, entend rappeler la valeur permanente du droit des gens et de ses principes universels. Ces principes, la conscience même du genre humain les proclame fermement et avec une vigueur croissante. Les actions qui leur sont délibérément contraires sont donc des crimes, comme les ordres qui commandent de telles actions ; et l’obéissance aveugle ne suffit pas à excuser ceux qui s’y soumettent. Parmi ces actions, il faut compter en tout premier lieu celles par lesquelles, pour quelque motif et par quelque moyen que ce soit, on extermine tout un peuple, une nation ou une minorité ethnique : ces actions doivent être condamnées comme des crimes affreux, et avec la dernière énergie. Et l’on ne saurait trop louer le courage de ceux qui ne craignent point de résister ouvertement aux individus qui ordonnent de tels forfaits.

3. Il existe, pour tout ce qui concerne la guerre, diverses conventions internationales, qu’un assez grand nombre de pays ont signées en vue de rendre moins inhumaines les actions militaires et leurs conséquences. Telles sont les conventions relatives au sort des soldats blessés, à celui des prisonniers, et divers engagements de ce genre. Ces accords doivent être observés ; bien plus, tous, particulièrement les autorités publiques ainsi que les personnalités compétentes, doivent s’efforcer autant qu’ils le peuvent de les améliorer et de leur permettre ainsi de mieux contenir, et de façon plus efficace, l’inhumanité des guerres. Il semble en outre équitable que les lois pourvoient avec humanité au cas de ceux qui, pour des motifs de conscience, refusent l’emploi des armes, pourvu qu’ils acceptent cependant de servir sous une autre forme la communauté humaine.

4. La guerre, assurément, n’a pas disparu de l’horizon humain. Et aussi longtemps que le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifique, le droit de légitime défense. Les chefs d’État et ceux qui partagent les responsabilités des affaires publiques ont donc le devoir d’assurer la sauvegarde des peuples dont ils ont la charge, en ne traitant pas à la légère des questions aussi sérieuses. Mais faire la guerre pour la juste défense des peuples est une chose, vouloir imposer son empire à d’autres nations en est une autre. La puissance des armes ne légitime pas tout usage de cette force à des fins politiques ou militaires. Et ce n’est pas parce que la guerre est malheureusement engagée que tout devient, par le fait même, licite entre parties adverses.

5. Quant à ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire, qu’ils se considèrent eux aussi comme les serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples ; s’ils s’acquittent correctement de cette tâche, ils concourent vraiment au maintien de la paix.

80. La guerre totale

1. Le progrès de l’armement scientifique accroît démesurément l’horreur et la perversion de la guerre. Les actes belliqueux, lorsqu’on emploie de telles armes, peuvent en effet causer d’énormes destructions, faites sans discrimination, qui du coup vont très au-delà des limites d’une légitime défense. Qui plus est, si l’on utilisait complètement les moyens déjà stockés dans les arsenaux des grandes puissances, il n’en résulterait rien de moins que l’extermination presque totale et parfaitement réciproque de chacun des adversaires par l’autre, sans parler des nombreuses dévastations qui s’ensuivraient dans le monde et des effets funestes découlant de l’usage de ses armes.

2. Tout cela nous force à reconsidérer la guerre dans un esprit entièrement nouveau [165]. Que les hommes d’aujourd’hui sachent qu’ils auront de lourds comptes à rendre de leurs actes de guerre. Car le cours des âges à venir dépendra pour beaucoup de leurs décisions d’aujourd’hui.

3. Dans une telle conjoncture, faisant siennes les condamnations de la guerre totale déjà prononcées par les derniers papes [166], ce saint Synode déclare :

4. Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation.

5. Le risque particulier de la guerre moderne consiste en ce qu’elle fournit pour ainsi dire l’occasion à ceux qui possèdent des armes scientifiques plus récentes de commettre de tels crimes ; et, par un enchaînement en quelque sorte inexorable, elle peut pousser la volonté humaine aux plus atroces décisions. Pour que jamais plus ceci ne se produise, les évêques du monde entier, rassemblés et ne faisant qu’un, adjurent tous les hommes, tout particulièrement les chefs d’État et les autorités militaires, de peser à tout instant une responsabilité aussi immense devant Dieu et devant toute l’humanité.

81. La course aux armements

Les armes scientifiques, il est vrai, n’ont pas été accumulées dans la seule intention d’être employées en temps de guerre. En effet, comme on estime que la puissance défensive de chaque camp dépend de la capacité foudroyante d’exercer des représailles, cette accumulation d’armes, qui s’aggrave d’année en année, sert d’une manière paradoxale à détourner des adversaires éventuels. Beaucoup pensent que c’est là le plus efficace des moyens susceptibles d’assurer aujourd’hui une certaine paix entre les nations.

Quoi qu’il en soit de ce procédé de dissuasion, on doit néanmoins se convaincre que la course aux armements, à laquelle d’assez nombreuses nations s’en remettent, ne constitue pas une voie sûre pour le ferme maintien de la paix et que le soi-disant équilibre qui en résulte n’est ni une paix stable, ni une paix véritable. Bien loin d’éliminer ainsi les causes de guerre, on risque au contraire de les aggraver peu à peu. Tandis qu’on dépense des richesses fabuleuses dans la préparation d’armes toujours nouvelles, il devient impossible de porter suffisamment remède à tant de misères présentes de l’univers. Au lieu d’apaiser véritablement et radicalement les conflits entre nations, on en répand plutôt la contagion à d’autres parties du monde. Il faudra choisir des voies nouvelles en partant de la réforme des esprits pour en finir avec ce scandale et pour pouvoir ainsi libérer le monde de l’anxiété qui l’opprime et lui rendre une paix véritable.

C’est pourquoi il faut derechef déclarer : la course aux armements est une plaie extrêmement grave de l’humanité et lèse les pauvres d’une manière intolérable. Et il est bien à craindre que, si elle persiste, elle n’enfante un jour les désastres mortels dont elle préparer déjà les moyens.

Avertis des catastrophes que le genre humain a rendues possibles, mettons à profit le délai dont nous jouissons et qui nous est concédé d’en haut pour que, plus conscients de nos responsabilités personnelles, nous trouvions les méthodes qui nous permettront dérégler nos différents d’une manière plus digne de l’homme. La Providence divine requiert instamment de nous que nous nous libérions de l’antique servitude de la guerre. Où nous conduit la voie funeste sur laquelle nous nous sommes engagés si nous nous refusons à faire cet effort, nous l’ignorons.

82. Vers l’absolue proscription de la guerre. L’action internationale pour éviter la guerre

1. Il est donc clair que nous devons tendre à préparer de toutes nos forces ce moment où, de l’assentiment général des nations, toute guerre pourra être absolument interdite. Ce qui assurément, requiert l’institution d’une autorité publique universelle, reconnue par tous, qui jouisse d’une puissance efficace, susceptible d’assurer à tous la sécurité, le respect de la justice et la garantie des droits. Mais, avant que cette autorité souhaitable puisse se constituer, il faut que les instances internationales suprêmes d’aujourd’hui s’appliquent avec énergie à l’étude des moyens les plus capables de procurer la sécurité commune. Comme la paix doit naître de la confiance mutuelle entre peuples au lieu d’être imposée aux nations par la terreur des armes, tous doivent travailler à mettre enfin un terme à la course aux armements. Pour que la réduction des armements commence à devenir une réalité, elle ne doit certes pas se faire d’une manière unilatérale, mais à la même cadence, en vertu d’accords, et être assortie de garanties véritables et efficaces [167].

2. En attendant, il ne faut pas sous-estimer les efforts qui ont déjà été faits et qui continuent de l’être en vue d’écarter le danger de la guerre. Il faut plutôt soutenir la bonne volonté de ceux qui, très nombreux, accablés par les soucis considérables de leurs hautes charges, mais poussés par la conscience de leurs très lourdes responsabilités, s’efforcent d’éliminer la guerre dont ils ont horreur, tout en ne pouvant cependant pas faire abstraction de la complexité des choses telles qu’elles sont. D’autre part, il faut instamment prier Dieu de leur donner l’énergie d’entreprendre avec persévérance et de poursuivre avec force cette œuvre d’immense amour des hommes qu’est la construction courageuse de la paix. De nos jours, ceci exige très certainement d’eux qu’ils ouvrent leur intelligence et leur cœur au-delà des frontières de leur propre pays, qu’ils renoncent à l’égoïsme national et au désir de dominer les autres nations, et qu’ils entretiennent un profond respect envers toute l’humanité, qui s’avance avec tant de difficultés vers une plus grande unité.

3. En ce qui regarde les problèmes de la paix et du désarmement, il faut tenir compte des études approfondies, courageuses et inlassables déjà effectuées et des congrès internationaux qui ont traité de ce sujet, et les regarder comme un premier pas vers la solution de si graves questions ; à l’avenir, il faut les poursuivre de façon encore plus vigoureuse si l’on veut obtenir des résultats pratiques. Que l’on prenne garde cependant de ne point s’en remettre aux seuls efforts de quelques-uns, sans se soucier de son état d’esprit personnel. Car les chefs d’État, qui sont les répondants du bien commun de leur propre nation et en même temps les promoteurs du bien universel, sont très dépendants des opinions et des sentiments de la multitude. Il leur est inutile de chercher à faire la paix tant que les sentiments d’hostilité, de mépris et de défiance, tant que les haines raciales et les partis pris idéologiques divisent les hommes et les opposent. D’où l’urgence et l’extrême nécessité d’un renouveau dans la formation des mentalités et d’un changement de ton dans l’opinion publique. Que ceux qui se consacrent à une œuvre d’éducation, en particulier auprès des jeunes, ou qui forment l’opinion publique, considèrent comme leur plus grave devoir celui d’inculquer à tous les esprits de nouveaux sentiments générateurs de paix. Nous avons tous assurément à changer notre cœur et à ouvrir les yeux sur le monde, comme sur les tâches que nous pouvons entreprendre tous ensemble pour le progrès du genre humain.

4. Ne nous leurrons pas de fausses espérances. En effet, si, inimitiés et haines écartées, nous ne concluons pas des pactes solides et honnêtes assurant pour l’avenir une paix universelle, l’humanité, déjà en grand péril, risque d’en venir, malgré la possession d’une science admirable, à cette heure funeste où elle ne pourra plus connaître d’autre paix que la paix redoutable de la mort. Mais au moment même où l’Église du Christ, partageant les angoisses de ce temps, prononce de telles paroles, elle n’abandonne pas pour autant une très ferme espérance. Ce qu’elle veut, c’est encore et encore, à temps et à contretemps, présenter à notre époque le message qui lui vient des Apôtres : « Le voici maintenant le temps favorable » de la conversion des cœurs « le voici maintenant le jour du salut [168] ».



Section 2. La construction de la communauté internationale

83. Les causes de discorde et leurs remèdes

Pour bâtir la paix, la toute première condition est l’élimination des causes de discorde entre les hommes : elles nourrissent les guerres, à commencer par les injustices. Nombre de celles-ci proviennent d’excessives inégalités d’ordre économique, ainsi que du retard à y apporter les remèdes nécessaires. D’autres naissent de l’esprit de domination, du mépris des personnes et, si nous allons aux causes plus profondes, de l’envie, de la méfiance, de l’orgueil et des autres passions égoïstes. Comme l’homme ne peut supporter tant de désordres, il s’ensuit que le monde, même lorsqu’il ne connaît pas les atrocités de la guerre, n’en est pas moins continuellement agité par des rivalités et des actes de violence. En outre, comme ces maux se retrouvent dans les rapports entre les nations elles-mêmes, il est absolument indispensable que, pour les vaincre ou les prévenir, et pour réprimer le déchaînement des violences, les institutions internationales développent et affermissent leur coopération et leur coordination ; et que l’on provoque sans se lasser la création d’organismes promoteurs de paix.

84. La communauté des nations et les institutions internationales

1. Au moment où se développent les liens d’une étroite dépendance entre tous les citoyens et tous les peuples de la terre, une recherche adéquate et une réalisation plus efficace du bien commun universel exigent dès maintenant que la communauté des nations s’organise selon un ordre qui corresponde aux tâches actuelles – principalement en ce qui concerne ces nombreuses régions souffrant encore d’une disette intolérable.

2. Pour atteindre ces fins, les institutions de la communauté internationale doivent, chacune pour sa part, pourvoir aux divers besoins des hommes aussi bien dans le domaine de la vie sociale (alimentation, santé, éducation, travail s’y rapportent), que pour faire face à maintes circonstances particulières qui peuvent surgir ici où là : par exemple, la nécessité d’aider la croissance générale des nations en voie de développement, celle de subvenir aux misères des réfugiés dispersés dans le monde entier, celle encore de fournir assistance aux émigrants et à leurs familles.

3. Les institutions internationales déjà existantes, tant mondiales que régionales, ont certes bien mérité du genre humain. Elles apparaissent comme les premières esquisses des bases internationales de la communauté humaine tout entière pour résoudre les questions les plus importantes de notre époque : promouvoir le progrès en tout lieu de la terre et prévenir la guerre sous toutes ses formes. Dans tous ces domaines, l’Église se réjouit de l’esprit de fraternité véritable qui est en train de s’épanouir entre chrétiens et non-chrétiens et tend à intensifier sans cesse leurs efforts en vue de soulager l’immense misère.

85. La coopération internationale dans le domaine économique

1. La solidarité actuelle du genre humain impose aussi l’établissement d’une coopération internationale plus poussée dans le domaine économique. En effet, bien que presque tous les peuples aient acquis leur indépendance politique, il s’en faut de beaucoup qu’ils soient déjà libérés d’excessives inégalités et de toute forme de dépendance abusive, et à l’abri de tout danger de graves difficultés intérieures.

2. La croissance d’un pays dépend de ses ressources en hommes et en argent. L’éducation et la formation professionnelle doivent préparer les citoyens de chaque nation à faire face aux diverses tâches de la vie économique et sociale. Ceci demande l’aide d’experts étrangers ; ceux qui l’apportent ne doivent pas se conduire en maîtres, mais en assistants et en collaborateurs. Quant à l’aide matérielle aux nations en voie de développement, on ne pourra la fournir sans de profondes modifications dans les coutumes actuelles du commerce mondial. D’autres ressources doivent en outre leur venir des nations évoluées, sous formes de dons, de prêts ou d’investissements financiers ; ces services doivent être rendus généreusement et sans cupidité d’un côté, reçus en toute honnêteté de l’autre.

3. Pour édifier un véritable ordre économique mondial, il faut en finir avec l’appétit de bénéfices excessifs, avec les ambitions nationales et les volontés de domination politique, avec les calculs des stratégies militaristes ainsi qu’avec les manœuvres dont le but est de propager ou d’imposer une idéologie. Une grande diversité des systèmes économiques et sociaux se présentent : il est à souhaiter que les hommes compétents puissent y trouver des bases communes pour un sain commerce mondial, ce qui sera bien facilité si chacun renonce à ses propres préjugés et se prête sans retard à un dialogue sincère.

86. Quelques règles opportunes

1. En vue de cette coopération, les règles suivantes paraissent opportunes :

2. a) Les nations en voie de développement auront très à cœur d’assigner pour fin au progrès le plein épanouissement humain de leurs propres citoyens, et cela d’une manière explicite et non équivoque. Elles se souviendront que le progrès prend sa source et son dynamisme avant tout dans le travail et le savoir-faire des pays eux-mêmes ; car il doit s’appuyer non pas sur les seuls secours étrangers, mais en tout premier lieu sur la pleine mise en œuvre des ressources de ces pays ainsi que sur leur culture et leurs traditions propres. En cette matière, ceux qui exercent la plus grande influence sur les autres doivent donner l’exemple.

3. b) Les nations développées ont le très pressant devoir d’aider les nations en voie de développement à accomplir ces tâches. Qu’elles procèdent donc aux révisions internes, spirituelles et matérielles, requises pour l’établissement de cette coopération universelle.

4. Ainsi, dans les négociations avec les nations plus faibles et plus pauvres, elles devront scrupuleusement tenir compte du bien de celles-ci ; en effet, les revenus qu’elles tirent de la vente de leurs produits sont nécessaires à leur propre subsistance.

5. c) C’est le rôle de la communauté internationale de coordonner et de stimuler le développement, en veillant cependant à distribuer les ressources prévues avec le maximum d’efficacité et d’équité. En tenant compte, assurément, du principe de subsidiarité, il lui revient aussi d’ordonner les rapports économiques mondiaux pour qu’ils s’effectuent selon les normes de la justice.

6. Que l’on fonde des institutions capables de promouvoir et de régler le commerce international – en particulier avec les nations moins développées – en vue de compenser les inconvénients qui découlent d’une excessive inégalité de puissance entre les nations. Une telle normalisation, accompagnée d’une aide technique, culturelle et financière, doit mettre à la disposition des nations en voie de développement les moyens nécessaires pour poursuivre l’essor harmonieux de leur économie.

7. d) Dans bien des cas il est urgent de procéder à une refonte des structures économiques et sociales. Mais il faut se garder des solutions techniques insuffisamment mûries, tout particulièrement de celles qui, tout en offrant à l’homme des avantages matériels, s’opposent à son caractère spirituel et à son épanouissement. Car « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). Et tout élément de la famille humaine porte, en lui-même et dans ses meilleures traditions, quelque élément de ce trésor spirituel que Dieu a confié à l’humanité, même si beaucoup en ignorent l’origine.

87. La coopération internationale et la croissance démographique

1. La coopération internationale devient tout à fait indispensable lorsqu’il s’agit des peuples qui, assez souvent aujourd’hui, en plus de tant d’autres difficultés, souffrent particulièrement de celles qui proviennent de la croissance rapide de la population. Il est urgent de rechercher comment, grâce à la collaboration entière et assidue de tous, surtout des nations riches, on peut préparer ce qui est nécessaire à la subsistance et à l’instruction convenable des hommes, et en faire bénéficier l’ensemble de la communauté humaine. Bon nombre de peuples pourraient sérieusement améliorer leur niveau de vie si, instruits comme il convient, ils passaient de méthodes archaïques d’exploitation agricole à des techniques modernes et les appliquaient avec la prudence nécessaire à leur situation, tout en instaurant aussi un meilleur ordre social et en procédant à un partage plus équitable de la propriété terrienne.

2. En ce qui concerne les problèmes de la population dans chaque nation, les gouvernements, dans les limites de leurs compétences propres, ont assurément des droits et des devoirs : par exemple pour tout ce qui regarde la législation sociale et familiale, l’exode des populations rurales vers les villes, l’information relative à la situation et aux besoins du pays. Comme aujourd’hui les esprits se préoccupent si fort de ce problème, il faut aussi souhaiter que des catholiques compétents en toutes ces matières, dans les universités en particulier, poursuivent assidûment les études entreprises et leur donnent encore plus d’ampleur.

3. Puisque beaucoup affirment que l’accroissement démographique mondial, en tout cas celui de certaines nations, doit être freiné d’une manière radicale par tous les moyens et par n’importe quelle mesure de l’autorité publique, le Concile exhorte tous les hommes à se garder de solutions, préconisées en public ou en privé, et parfois imposées, qui sont en contradiction avec la loi morale. Car en vertu du droit inaliénable de l’homme au mariage et à la procréation, la décision relative au nombre d’enfants à mettre au monde dépend du jugement droit des parents et ne peut en aucune façon être laissée à la discrétion de l’autorité publique. Mais, comme le jugement des parents suppose une conscience bien formée, il est très important de permettre à tous d’accéder à un niveau de responsabilité conforme à la morale et vraiment humain qui, sans négliger l’ensemble des circonstances, tienne compte de la loi divine. Cela suppose, un peu partout, une amélioration des moyens pédagogiques et des conditions sociales et, en tout premier lieu, la possibilité d’une formation religieuse ou, à tout le moins, d’une éducation morale sans faille. Il faut, en outre, que les populations soient judicieusement informées des progrès scientifiques réalisés dans la recherche de méthodes qui peuvent aider les époux en matière de régulation des naissances, lorsque la valeur de ces méthodes est bien établie et leur accord avec la morale chose certaine.

88. Le rôle des chrétiens dans l’entraide internationale

1. Les chrétiens collaboreront de bon gré et de grand cœur à la construction de l’ordre international qui doit se faire dans un respect sincère des libertés légitimes et dans l’amicale fraternité de tous. Ils le feront d’autant plus volontiers que la plus grande partie du globe souffre encore d’une telle misère que le Christ lui-même, dans la personne des pauvres, réclame comme à haute voix la charité de ses disciples. Qu’on évite donc ce scandale : alors que certaines nations, dont assez souvent la majeure partie des habitants se parent du nom de chrétiens, jouissent d’une grande abondance de biens, d’autres sont privées du nécessaire et sont tourmentées par la faim, la maladie et toutes sortes de misères. L’Esprit de pauvreté et de charité est, en effet, la gloire et le signe de l’Église du Christ.

2. Il faut donc louer et encourager ces chrétiens, les jeunes en particulier, qui s’offrent spontanément à secourir d’autres hommes et d’autres peuples. Bien plus, il appartient à tout le Peuple de Dieu, entraîné par la parole et l’exemple des évêques, de soulager, dans la mesure de ses moyens, les misères de ce temps ; et cela, comme c’était l’antique usage de l’Église, en prenant non seulement sur ce qui est superflu, mais aussi sur ce qui est nécessaire.

3. Sans être organisée d’une manière rigide et uniforme, la manière de collecter et de distribuer les secours doit être cependant bien conduite dans les diocèses, dans les nations et au plan mondial. Partout où la chose semble opportune, on conjuguera l’action des catholiques avec celle des autres frères chrétiens. En effet, l’esprit de charité, loin d’empêcher un exercice prévoyant et ordonné de l’action sociale et de l’action caritative, l’exige plutôt. C’est pourquoi il est nécessaire que ceux qui veulent s’engager au service des nations en voie de développement reçoivent une formation adéquate, et dans des instituts spécialisés.

89. Présence active de l’Église dans la communauté internationale

1. Lorsque l’Église, en vertu de sa mission divine, prêche l’Évangile à tous les hommes et leur dispense les trésors de la grâce, c’est partout qu’elle contribue à affermir la paix et à établir entre les hommes et les peuples le fondement solide d’une communauté fraternelle : à savoir la connaissance de la loi divine et naturelle. Pour encourager et stimuler la coopération entre tous, il est donc tout à fait nécessaire que l’Église soit présente dans la communauté des nations ; et cela tant par ses organes officiels que par l’entière et loyale collaboration de tous les chrétiens – collaboration inspirée par le seul désir d’être utile à tous.

2. Ce résultat sera plus sûrement atteint si, déjà dans leur propre milieu, les fidèles eux-mêmes, conscients de leur responsabilité humaine et chrétienne, travaillent à susciter le désir d’une généreuse coopération avec la communauté internationale. À cet égard, tant dans l’éducation religieuse que dans l’éducation civique, on sera particulièrement attentif à la formation des jeunes.

90. Rôle des chrétiens dans les institutions internationales

1. Pour les chrétiens, une excellente forme d’activité internationale est assurément le concours qu’ils apportent, individuellement ou en groupe, aux institutions qui visent à étendre la collaboration internationale, que ces institutions existent ou qu’elles soient à créer. Les diverses associations catholiques internationales peuvent, en outre, rendre de multiples services pour l’édification d’une communauté mondiale pacifique et fraternelle. Il faut les consolider, en les dotant d’un personnel plus nombreux et bien formé, en augmentant les moyens matériels dont elles ont besoin, et en coordonnant harmonieusement leurs forces. De nos jours, en effet, l’efficacité de l’action et les nécessités du dialogue réclament des initiatives collectives. De plus, de telles associations contribuent largement à accroître le sens de l’universel, qui convient sans nul doute aux catholiques, et à donner naissance à la conscience d’une solidarité et d’une responsabilité vraiment mondiales.

2. Enfin, il faut souhaiter que les catholiques, pour bien remplir leur rôle dans la communauté internationale, recherchent une collaboration active et positive, soit avec leurs frères séparés qui, unis à eux, professent l’amour évangélique, soit avec tous les hommes en quête d’une paix véritable.

3. Considérant l’immense misère qui accable, aujourd’hui encore, la majeure partie du genre humain, pour favoriser partout la justice et en même temps pour allumer en tout lieu l’amour du Christ à l’endroit des pauvres, le Concile, pour sa part, estime très souhaitable la création d’un organisme de l’Église universelle, chargé d’inciter la communauté catholique à promouvoir l’essor des régions pauvres et la justice sociale entre les nations.



Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
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Message par Francesco Mer 20 Juil 2011 - 1:45

CONCLUSION

91. Rôle de chaque fidèle et des Eglises particulières

1. Tirées des trésors de la doctrine de l’Église, les propositions que ce saint Synode vient de formuler ont pour but d’aider tous les hommes de notre temps, qu’ils croient en Dieu ou qu’ils ne le reconnaissent pas explicitement, à percevoir avec une plus grande clarté la plénitude de leur vocation, à rendre le monde plus conforme à l’éminente dignité de l’homme, à rechercher une fraternité universelle, appuyée sur des fondements plus profonds, et, sous l’impulsion de l’amour, à répondre généreusement et d’un commun effort aux appels les plus pressants de notre époque.

2. Certes, face à la variété extrême des situations et des civilisations, en de très nombreux points, et à dessein, cet exposé ne revêt qu’un caractère général. Bien plus, comme il s’agit assez souvent de questions sujettes à une incessante évolution, l’enseignement présenté ici – qui est en fait l’enseignement déjà reçu dans l’Église – devra encore être poursuivi et amplifié. Mais, nous en avons l’espoir, bien des choses que nous avons énoncées, en nous appuyant sur la Parole de Dieu et sur l’esprit de l’Évangile, pourront apporter à tous une aide valable ; surtout lorsque les fidèles, sous la conduite de leurs pasteurs, auront réalisé l’effort d’adaptation requis par la diversité des nations et des mentalités.

92. Le dialogue entre tous les hommes

1. En vertu de la mission qui est la sienne, d’éclairer l’univers entier par le message évangélique et de réunir en un seul Esprit tous les hommes, à quelque nation, race, ou culture qu’ils appartiennent, l’Église apparaît comme le signe de cette fraternité qui rend possible un dialogue loyal et le renforce.

2. Cela exige en premier lieu qu’au sein même de l’Église nous fassions progresser l’estime, le respect et la concorde mutuels, dans la reconnaissance de toutes les diversités légitimes, et en vue d’établir un dialogue sans cesse plus fécond entre tous ceux qui constituent l’unique Peuple de Dieu, qu’il s’agisse des pasteurs ou des autres chrétiens. Ce qui unit en effet les fidèles est plus fort que tout ce qui les divise : unité dans le nécessaire, liberté dans le doute, en toutes choses la charité [169].

3. En même temps, notre pensée embrasse nos frères et leurs communautés, qui ne vivent pas encore en totale communion avec nous, mais auxquels nous sommes cependant unis par la confession du Père, du Fils et de l’Esprit Saint et par le lien de la charité. Nous nous souvenons aussi que l’unité des chrétiens est aujourd’hui attendue et désirée, même par un grand nombre de ceux qui ne croient pas au Christ. Plus en effet cette unité grandira dans la vérité et dans l’amour, sous l’action puissante de l’Esprit Saint, et plus elle deviendra un présage d’unité et de paix pour le monde entier. Unissons donc nos énergies et, sous des formes toujours mieux adaptées à la poursuite actuelle et effective de ce but, dans une fidélité sans cesse accrue à l’Évangile, collaborons avec empressement et fraternellement au service de la famille humaine, appelée à devenir dans le Christ Jésus la famille des enfants de Dieu.

4. Nous tournons donc aussi notre pensée vers tous ceux qui reconnaissent Dieu et dont les traditions recèlent de précieux éléments religieux et humains, en souhaitant qu’un dialogue confiant puisse nous conduire tous ensemble à accepter franchement les appels de l’Esprit et à les suivre avec ardeur. 5. En ce qui nous concerne, le désir d’un tel dialogue, conduit par le seul amour de la vérité et aussi avec la prudence requise, n’exclut personne : ni ceux qui honorent de hautes valeurs humaines, sans en reconnaître encore l’auteur, ni ceux qui s’opposent à l’Église et la persécutent de différentes façons. Puisque Dieu le Père est le principe et la fin de tous les hommes, nous sommes tous appelés à être frères. Et puisque nous sommes destinés à une seule et même vocation divine, nous pouvons aussi et nous devons coopérer, sans violence et sans arrière-pensée, à la construction du monde dans une paix véritable.

93. Un monde à construire et à conduire à sa fin

1. Se souvenant de la parole du Seigneur : « En ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres » (Jn 13, 35) , les chrétiens ne peuvent pas former de souhait plus vif que celui de rendre service aux hommes de leur temps, avec une générosité toujours plus grande et plus efficace. Aussi, dociles à l’Évangile et bénéficiant de sa force, unis à tous ceux qui aiment et pratiquent la justice, ils ont à accomplir sur cette terre une tâche immense, dont ils devront rendre compte à celui qui jugera tous les hommes au dernier jour. Ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur, Seigneur! » qui entreront dans le Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté du Père [170] et qui, courageusement, agissent. Car la volonté du Père est qu’en tout homme nous reconnaissions le Christ notre frère et que nous nous aimions chacun pour de bon, en action et en parole, rendant ainsi témoignage à la vérité. Elle est aussi que nous partagions avec les autres le mystère d’amour du Père céleste. C’est de cette manière que les hommes répandus sur toute la terre seront provoqués à une ferme espérance, don de l’Esprit, afin d’être finalement admis dans la paix et le bonheur suprêmes, dans la patrie qui resplendit de la gloire du Seigneur.

2. « À celui qui, par la puissance qui agit en nous, est capable de tout faire, bien au-delà de ce que nous demandons et concevons, à lui la gloire dans l’Église et dans le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles. Amen » (Ep 3, 20-21) .

Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.

Rome, à Saint-Pierre, le 7 décembre 1965.

Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.

(Suivent les signatures des Pères)


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Signatures des Pères

Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus

† Ego EUGENIUS Episcopus Ostiensis ac Portuensis et S. Rufinae Cardinalis TISSERANT, Sacri Collegii Decanus.

† Ego IOSEPHUS Episcopus Albanensis Cardinalis PIZZARDO.

† Ego BENEDICTUS Episcopus Praenestinus Cardinalis ALOISI MASELLA.

† Ego FERDINANDUS Episcopus tit. Veliternus Cardinalis CENTO.

† Ego HAMLETUS IOANNES Episcopus tit. Tusculanus Cardinalis CICOGNANI.

† Ego IOSEPHUS Episcopus tit. Sabinensis et Mandelensis Cardinalis FERRETTO.

† Ego IGNATIUS GABRIEL Cardinalis TAPPOUNI, Patriarcha Antiochenus Syrorum.

† Ego MAXIMUS IV Cardinalis SAIGH, Patriarcha Antiochenus Melkitarum.

† Ego PAULUS PETRUS Cardinalis MEOUCHI, Patriarcha Antiochenus Maronitarum.

† Ego STEPHANUS I Cardinalis SIDAROUSS, Patriarcha Alexandrinus Coptorum.

† Ego EMMANUEL TIT. Ss. Marcellini et Petri Presbyter Cardinalis GONÇALVES CEREJEIRA, Patriarcha Lisbonensis.

† Ego ACHILLES titulo S. Sixti Presbyter Cardinalis LIÉNART, Episcopus Insulensis.

Ego IACOBUS ALOISIUS titulo S. Laurentii in Damaso Presbyter Cardinalis COPELLO, S. R. E. Cancellarius.

Ego GREGORIUS PETRUS titulo S. Bartholomaei in Insula Presbyter Cardinalis AGAGIANIAN.

† Ego VALERIANUS titulo S. Mariae in Via Lata Presbyter Cardinalis GRACIAS, Archiepiscopus Bombayensis.

† Ego IOANNES titulo S. Marci Presbyter Cardinalis URBANI, Patriarcha Venetiarum.

Ego PAULUS titulo S. Mariae in Vallicella Presbyter Cardinalis GIOBBE, S. R. E. Datarius.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Honuphrii in Ianiculo Presbyter Cardinalis GARIBI Y RIVERA, Archiepiscopus Guadalajarensis.

Ego CAROLUS titulo S. Agnetis extra moenia Presbyter Cardinalis CONFALONIERI.

† Ego PAULUS titulo Ss. Quirici et Iulittae Presbyter Cardinalis RICHAUD, Archiepiscopus Burdigalensis.

† Ego IOSEPHUS M. titulo Ss. Viti, Modesti et Crescentiae Presbyter Cardinalis BUENO Y MONREAL, Archiepiscopus Hispalensis.

† Ego FRANCISCUS titulo S. Eusebii Presbyter Cardinalis KÖNIG, Archiepiscopus Vindobonensis.

† Ego IULIUS titulo S. Mariae Scalaris Presbyter Cardinalis DÖPFNER, Archiepiscopus Monacensis et Frisingensis.

Ego PAULUS titulo S. Andreae Apostoli de Hortis Presbyter Cardinalis MARELLA.

Ego GUSTAVUS titulo S. Hieronymi Illyricorum Presbyter Cardinalis TESTA.

Ego ALOISIUS titulo S. Andreae de Valle Presbyter Cardinalis TRAGLIA.

† Ego PETRUS TATSUO titulo S. Antonii Patavini de Urbe Presbyter Cardinalis DOI, Archiepiscopus Tokiensis.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Ioannis Baptistae Florentinorum Presbyter Cardinalis LEFEBVRE, Archiepiscopus Bituricensis.

† Ego BERNARDUS titulo S. Ioachimi Presbyter Cardinalis ALFRINK, Archiepiscopus Ultraiectensis.

† Ego RUFINUS I. titulo S. Mariae ad Montes Presbyter Cardinalis SANTOS, Archiepiscopus Manilensis.

† Ego LAUREANUS titulo S. Francisci Assisiensis ad Ripam Maiorem Presbyter Cardinalis RUGAMBWA, Episcopus Bukobaënsis.

† Ego IOSEPHUS titulo Ssmi Redemptoris et S. Alfonsi in Exquiliis Presbyter Cardinalis RITTER, Archiepiscopus S. Ludovici.

† Ego IOANNES titulo S. Silvestri in Capite Presbyter Cardinalis HEENAN, Archiepiscopus Vestmonasteriensis, Primas Angliae.

† Ego IOANNES titulo Ssmae Trinitatis in Monte Pincio Presbyter Cardinalis VILLOT, Archiepiscopus Lugdunensis et Viennensis, Primas Galliae.

† Ego PAULUS titulo S. Camilli de Lellis ad Hortos Sallustianos Presbyter Cardinalis ZOUNGRANA, Archiepiscopus Uagaduguensis.

† Ego HENRICUS titulo S. Agathae in Urbe Presbyter Cardinalis DANTE.

Ego CAESAR titulo D.nae N.ae a Sacro Corde in Circo Agonali Presbyter Cardinalis ZERBA.

† Ego AGNELLUS titulo Praecelsae Dei Matris Presbyter Cardinalis ROSSI, Archiepiscopus S. Pauli in Brasilia.

† Ego IOANNES titulo S. Martini in Montibus Presbyter Cardinalis COLOMBO, Archiepiscopus Mediolanensis.

† Ego GUILLELMUS titulo S. Patricii ad Villam Ludovisi Presbyter Cardinalis CONWAY, Archiepiscopus Armachanus, totius Hiberniae Primas.

† Ego ANGELUS titulo Sacri Cordis Beatae Mariae Virginis ad forum Euclidis Presbyter Cardinalis HERRERA, Episcopus Malacitanus.

Ego ALAPHRIDUS S. Mariae in Domnica Protodiaconus Cardinalis OTTAVIANI.

Ego ALBERTUS S. Pudentianae Diaconus Cardinalis DI JORIO.

Ego FRANCISCUS S. Mariae in Cosmedin Diaconus Cardinalis ROBERTI.

Ego ARCADIUS SS. Blasii et Caroli ad Catinarios Diaconus Cardinalis LARRAONA.

Ego FRANCISCUS SS. Cosmae et Damiani Diaconus Cardinalis MORANO.

Ego GUILLELMUS THEODORUS S. Theodori in Palatio Cardinalis HEARD.

Ego AUGUSTINUS S. Sabae Diaconus Cardinalis BEA.

Ego ANTONIUS S. Eugenii Diaconus Cardinalis BACCI.

Ego FRATER MICHAEL S. Pauli in Arenula Diaconus Cardinalis BROWNE.

Ego FRIDERICUS S. Ioannis Bosco in via Tusculana Diaconus Cardinalis Callori DI VIGNALE




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[1] La Constitution pastorale « L’Église dans le monde de ce temps », si elle comprend deux parties, constitue cependant un tout. On l’appelle Constitution « pastorale » parce que, s’appuyant sur des principes doctrinaux, elle entend exprimer les rapports de l’Église et du monde, de l’Église et des hommes d’aujourd’hui. Aussi l’intention pastorale n’est pas absente de la première partie, ni l’intention doctrinale de la seconde. Dans la première partie, l’Église expose sa doctrine sur l’homme, sur le monde dans lequel l’homme est placé et sur sa manière d’être par rapport à eux. Dans la seconde, elle envisage plus précisément certains aspects de la vie et de la société contemporaines et en particulier les questions et les problèmes qui paraissent, à cet égard, revêtir aujourd’hui une spéciale urgence. Il s’ensuit que, dans cette dernière partie, les sujets traités, régis par des principes doctrinaux, ne comprennent pas seulement des éléments permanents, mais aussi des éléments contingents. On doit donc interpréter cette Constitution d’après les normes générales de l’interprétation théologique, en tenant bien compte, surtout dans la seconde partie, des circonstances mouvantes qui, par nature, sont inséparables des thèmes développés.

[2] Cf. Jn 3, 17 ; 18, 37 ; Mt 20, 28 ; Mc 10, 45.

[3] Cf. Rm 7, 14s.

[4] Cf. 2 Co 5, 15. 3.

[5] Cf. Ac 4, 12. 4.

[6] Cf. He 13, 8. 5.

[7] Cf. Col 1, 15

[8] Cf. Gn 1, 26 ; Sg 2, 23.

[9] Cf. Si 17, 3-10.

[10] Cf. Rm 1, 21-25.

[11] Cf. Jn 8, 34.

[12] Cf. Dn 3, 57-90.

[13] Cf. 1 Co 6, 13-20.

[14] Cf. 1 R 16, 7 ; Jr 17, 10.

[15] Cf. Si 17, 7-8.

[16] Cf. Rm 2, 14-16.

[17] Cf. Pie XII, Message radioph. De conscientia christiana in iuvenibus recte efformanda, 23 mars 1952 : AAS 44, p. 271.

[18] Cf. Mt 22, 37-40 ; Ga 5, 14.

[19] Cf. Si 15, 14.

[20] Cf. 2 Co 5, 10.

[21] Cf. Sg 1, 13 ; 2, 23-24 ; Rm 5, 21 ; 6, 23 ; Jc 1, 15.

[22] Cf. 1 Co 15, 56-57.

[23] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Redemptoris, 19 mars 1937 : AAS 29 (1937), p. 65-106. – Pie XII, Encycl. Ad Apostolorum Principis, 29 juin 1958 : AAS 50 (1958), p. 601-614. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961 : AAS 53 (1961), p. 451-453. – Paul VI, Encycl. Ecclesiam suam, 6 août 1954 : AAS 56 (1964), p. 651- 653.

[24] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 8.

[25] Cf. Ph 1, 27.

[26] Saint Augustin, Confessions I, 1 : PL 32, 661.

[27] Cf. Rm 5, 14. Cf. Tertullien, De carnis resurr. 6 : « Tout ce que le limon [dont est formé Adam] exprimait, présageait l’homme qui devait venir, le Christ » ; PL 2, 802 (848) ; csel, 47, p. 33, 1. 12-13.

[28] Cf. 2 Co 4, 4.

[29] Cf. Conc. de Constantinople II, can. 7 : « Sans que le Verbe soit transformé dans la nature de la chair, ni que la chair soit passée dans la nature du Verbe. » – Cf. aussi Conc. de Constantinople III : « Car de même que sa chair toute sainte, immaculée et animée, n’a pas été supprimée par la divinisation, mais qu’elle est demeurée dans son état et dans sa manière d’être. » – Cf. Conc. de Chalcédoine : « nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation » : Denz. 148 (302).

[30] Cf. Conc. de Constantinople III : « De même sa volonté humaine divinisée n’a pas été supprimée » : Denz. 291 (556).

[31] Cf. He 4, 15.

[32] Cf. 2 Co 5, 18-19 ; Col 1, 20-22.

[33] Cf. 1 P 2, 21 ; Mt 16, 24 ; Lc 14, 27.

[34] Cf. Rm 8, 29 ; Col 1, 18.

[35] Cf. Rm 8, 1-11.

[36] Cf. Co 4, 14.

[37] Cf. Ph 3, 10 ; Rm 8, 17.

[38] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 16.

[39] Cf. Rm 8, 32.

[40] Cf. Liturgie pascale byzantine.

[41] Cf. Rm 8, 15 et Ga 4, 6 ; cf. aussi Jn 1, 12 et 1 Jn 3, 1-2.

[42] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961 : AAS 53 (1961), p. 401-464 ; et Encycl. Pacem in terris, 11 avril 1963 : AAS 55 (1963), p. 257-304. – Paul VI, Encycl. Ecclesiam suam, 6 août 1964 : AAS 56 (1964), p. 609-659.

[43] Cf. Lc 17, 33.

[44] Cf. Saint Thomas, 1 Ethic., lect. 1.

[45] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 418. – Cf. aussi Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno, 15 mai 1931 : AAS 23 (1931), p. 222s.

[46] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 417.

[47] Cf. Mc 2, 27.

[48] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 266.

[49] Cf. Jc 2, 15-16.

[50] Cf. Lc 16, 19-31.

[51] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 299 et 300.

[52] Cf. Lc 6, 37-38 ; Mt 7, 1-2 ; Rm 2, 1-11 ; 14, 10-12.

[53] Cf. Mt 5, 43-47.

[54] Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 9.

[55] Cf. Ex 24, 1-8.

[56] Cf. Gn 1, 26-27 ; 9, 2-3 ; Sg 9, 2-3.

[57] Cf. Ps 8, 7 et 10.

[58] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 297.

[59] Cf. Nuntius ad universos homines a Patribus missus ineunte Concilio Vaticano II, octobre 1962 : AAS 54 (1962), p. 823.

[60] Cf. Paul VI, Alloc. au Corps diplomatique, 7 janvier 1965 : AAS 57 (1965), p. 232.

[61] Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. De fide cath., chap. III : Denz. 1785-1786 (3004-3005).

[62] Cf. Pie Paschini, Vita e opere di Galileo Galilei, 2 vol., Vatican, 1964.

[63] Cf. Mt 24, 13 ; 13, 24-30.36-43.

[64] Cf. 2 Co 6, 10.

[65] Cf. Jn 1, 3 et 14.

[66] Cf. Ep 1, 10.

[67] Cf. Jn 3, 16 ; Rm 5, 8-10.

[68] Cf. Ac 2, 36 ; Mt 28, 18.

[69] Cf. Rm 15, 16.

[70] Cf. Ac 1, 7.

[71] Cf. 1 Co 7, 31. – Saint Irénée, Adv. Haer. V, 36, 1 : PG 7, 1222.

[72] Cf. 2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13.

[73] Cf. 1 Co 2, 9 ; Ap 21, 4-5.

[74] Cf. 1 Co 15, 42.53.

[75] Cf. 1 Co 13, 8 ; 3, 14.

[76] Cf. Rm 8, 19-21.

[77] Cf. Lc 9, 25.

[78] Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 207.

[79] Préface pour la fête du Christ Roi.

[80] Cf. Paul VI, Encycl. Ecclesiam suam, III : AAS 56 (1964), p. 637-659.

[81] Cf. Tt 3, 4 : Philanthropia.

[82] Cf. Ep 1, 3.5-6. 13-14.23.

[83] Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 8.

[84] Ibid., n. 9 ; cf. n. 8.

[85] Ibid., n. 8.

[86] Ibid., n. 38, et note 9.

[87] Cf. Rm 8, 14-17.

[88] Cf. Mt 22, 39.

[89] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 9.

[90] Cf. Pie XII, Alloc. ad cultores historiae et artis, 9 mars 1956 : AAS 48 (1956), p. 212 : « Son divin fondateur, Jésus Christ, ne lui a donné aucun mandat ni fixé aucune fin d’ordre culturel. Le but que le Christ lui assigne est strictement religieux (...). L’Église doit conduire les hommes à Dieu, afin qu’ils se livrent à lui sans réserve (...). L’Église ne peut jamais perdre de vue ce but strictement religieux, surnaturel. Le sens de toutes ses activités, jusqu’au dernier canon de son Code, ne peut être que d’y concourir directement ou indirectement. »

[91] Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1.

[92] Cf. He 13, 14.

[93] Cf. 2 Th 3, 6-13 ; Ep 4, 28.

[94] Cf. Is 58, 1-12.

[95] Cf. Mt 23, 3-33 ; Mc 7, 10-13.

[96] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra, IV : AAS 53 (1961), p. 456-457 ; cf. I : AAS, l. c., p. 407, 410-411.

[97] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 28.

[98] Ibid., n. 28.

[99] Cf. Saint Ambroise, De virginitate, VIII, 48 : PL 16, 278.

[100] Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 15.

[101] Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 13.

[102] Cf. Justin, Dialogue avec Tryphon, 110 : PG 6, 729 ; éd. Otto, 1897, p. 391-393 : « ... au contraire, plus nous sommes persécutés, plus s’accroît le nombre de ceux que le nom du Christ amène à la foi et à la religion». – Cf. Tertullien, Apologeticus, chap. L, 13 : « Nous devenons même plus nombreux, chaque fois que vous nous moissonnez (= persécutez) : c’est une semence que le sang des chrétiens! » – Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 9.

[103] Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 48.

[104] Cf. Paul VI, Alloc. 3 février 1965.

[105] Cf. Saint Augustin, De bono coniug. : PL 40, 375-376 et 394. – Saint Thomas, Somme théologique, suppl. q. 49, a. 3 à 1. – Decretum pro Armenis : Denz. 702 (1327). – Pie XI, Encycl., Casti Connubii : AAS 22 (1930), p. 543-555 ; Denz. 2227-2238 (3703-3714).

[106] Cf. Pie XI, Encycl. Casti Connubii : AAS 22 (1930), p. 546-547 ; Denz. 2231 (3706).

[107] Cf. Os 2 ; Jr 3, 6-13 ; Ez 16 et 23 ; Is 54.

[108] Cf. Mt 9, 15 ; Mc 2, 19-20 ; Lc 5, 34-35 ; Jn 3, 29 ; 2 Co 11, 2 ; Ep 5, 27 ; Ap 19, 7-8 ; 21, 2.9.

[109] Cf. Ep 5, 25.

[110] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium n. 11, 35, 41.

[111] Cf. Pie XI, Encycl. Casti Connubii : AAS 22 (1930), p. 583.

[112] Cf. 1 Tm 5, 3.

[113] Cf. Ep 5, 32.

[114] Cf. Gn 2, 22-24 : Pr 5, 18-20 ; 31, 10-31 ; To 8, 4-8 ; Ct 1, 1-3 ; 2, 16 ; 7, 8-11 ; 1 Co 7, 3-6 ; Ep 5, 25-33.

[115] Cf. Pie XI, Encycl. Casti Connubii : AAS 22 (1930), p. 547-548 ; Denz 2232 (3707).

[116] Cf. 1 Co 7, 5.

[117] Cf. Pie XII, Alloc. Tra le visite, 20 janvier 1958 : AAS 50 (1958), p. 91.

[118] Cf. Pie XI, Encycl. Casti Connubii : AAS 22 (1930), p. 559-561 ; Denz. 2239-2241 (3716-3718). – Pie XII, Alloc. Conventui Unionis Italicae inter Obstetrices, 29 octobre 1951 : AAS 43 (1951), p. 835-854. – Paul VI, Alloc. ad Em.mos Patres Purpuratos, 23 juin 1964 : AAS 56 (1964), p. 581-589. Par ordre du Souverain Pontife, certaines questions qui supposent d’autres recherches plus approfondies ont été confiées à une Commission pour les problèmes de la population, de la famille et de la natalité pour que, son rôle achevé, le Pape puisse se prononcer. L’enseignement du Magistère demeurant ainsi ce qu’il est, le Concile n’entend pas proposer immédiatement de solutions concrètes.

[119] Cf. Ep 5, 16 ; Col 4, 5.

[120] Cf. Sacramentarium Gregorianum : PL 78, 262.

[121] Cf. Rm 5, 15 et 18 ; 6, 5-11 ; Ga 2, 20.

[122] Cf. Ep 5, 25-27.

[123] Cf. Exposé préliminaire de la présente Constitution, n. 4-10.

[124] Cf. Col 3, 1-2.

[125] Cf. Gn 1, 28.

[126] Cf. Pr 8, 30-31.

[127] Cf. Saint Irénée, Adv. Haer. III, 11, 8 : Sagnard, Sources chr., p. 200 ; cf. ibid., 16, 6 : p. 290-292 ; 21, 10- 22 : p. 370-372 ; 22, 3 : p. 378, etc.

[128] Cf. Ep 1, 10.

[129] Cf. Paroles de Pie XI au père M.-D. Roland-Gosselin : Semaines sociales de France, Versailles, 1936, p. 461-462.

[130] Conc. Vat. I, Const. dogm. De fide cath. chap. IV : Denz. 1795, 1799 (3015, 3019).– Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 190.

[131] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 260.

[132] Cf. Jean XXIII, Encycl. 169]169]169]63_pacem_fr.html">Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 283. – Pie XII, Message radioph. du 24 décembre 1941 : AAS 34 (1942), p. 16-17.

[133] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 260.

[134] Cf. Jean XXIII, discours du 11 octobre 1962 (discours tenu à l’ouverture du Concile) : AAS 54 (1962), p. 792.

[135] Cf. Const. de Sacrosanctum concilium n. 123. – Paul VI, discours aux artistes romains 7 mai 1964 : AAS 56 (1964), p. 439-442.

[136] Cf. Conc. Vat. II, Décrets De institutione sacerdotali et De educatione christiana.

[137] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 37.

[138] Cf. Pie XII, message du 23 mars 1952 : AAS 44 (1952), p. 273. – Jean XXIII, Alloc. à A.C.L.I., 1er mai 1959 : AAS 51 (1959), p. 358.

[139] Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 190s. – Pie XII, message du 23 mars 1952 : AAS 44 (1952), p. 276 s. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 450. – Conc. Vat. II, décret De Instrumentis communicationis socialis, n. 6.

[140] Cf. Mt 16, 26 ; Lc 16, 1-31 ; Col 3, 17.

[141] Cf. Léon XIII, Encycl. Libertas praestantissimum, 20 juin 1888 : AAS 20 (1887-1888), p. 597 s. – Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 191s. – Id., Divini Redemptoris : AAS 29 (1937), p. 65 s. – Pie XII, message de Noël 1941 : AAS 34 (1942), p. 10 s. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 401-464.

[142] Sur le problème de l’agriculture, voir en particulier Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 341 s.

[143] Cf. Léon XIII, Encycl. Rerum Novarum : AAS 23 (1890-1891), p. 649, 662. – Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 200-201. – Id., Encycl. Divini Redemptoris AAS 29 (1937), p. 92. – Pie XII, Message radioph. de Noël 1942 : AAS 35 (1943), p. 20. – Id., Alloc. 13 juin 1943 : AAS 35 (1943), p. 172. – Id., Message radioph. oper. Hispaniae datus, 11 mars 1951 : AAS 43 (1951), p. 215. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 419.

[144] Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 408, 424, 427 ; le terme «curatio » a été pris du texte latin de l’encyclique Quadragesino anno : AAS 23 (1931), p. 199. – Sur l’évolution de cette question, voir aussi Pie XII, Alloc. du 3 juin 1950 : AAS 42 (1950), p. 485-488. – Paul VI, Alloc. du 8 juin 1964 : AAS (1964), p. 574-579.

[145] Cf. Pie XII, Encycl. Sertum laetitiae : AAS 31 (1939), p. 642. – Jean XXIII, Alloc. consist. AAS 52 (1960), p. 5-11. – Id., Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 411.

[146] Cf. Saint Thomas, Somme théologique IIe IIae, q. 32, a. 5 à 2. – Id. q. 66, a. 2 : cf. explic. de Léon XIII, Rerum Novarum : AAS 23 (1890-1891) p. 651.– Cf. aussi Pie XII, Alloc. du 1er juin 1941 : AAS 33 (1941), p. 199. – Id., Message radioph. de Noël 1954 : AAS 47 (1955), p. 27.

[147] Cf. Saint Basile, hom. in illud Lucae « Destruam horrea mea », n. 2 : PG 31, 263. – Lactance, Divinarum instit., liv. V, sur la justice : PL 6, 565 B. – Saint Augustin, In Io., tr.50, n. 6 : PL 35, 1760. – Id., Enarratio in Ps. CXLVII, 12 : PL 37, 1922. – Saint Grégoire le Grand, Hom. in Ev., Hom. 20 : PL 76, 1165. – Id., Regulae pastoralis liber, pars III, c. 21 : PL 77, 87s. – Saint Bonaventure, In III Sent., d. 33, dub. 1 : Quaracchi III, 728. – Id., In IV Sent., d. 15, p. II, a. 2, q. 1 : ed. cit.IV, 371 b. ; q. de superfluo : ms. Assisi, Bibl. comun. 186, ff. 112a-113a. – Saint Albert le Grand, In III Sent., d. 33, a. 3, sol. 1 : ed. Borgnet XXVIII, 611. – Id., In IV Sent., d. 15, a. 16 : ed. cit. XXIX, 494-497. En ce qui concerne la détermination du superflu de nos jours, cf. Jean XXIII, message radiotélév. du 11 septembre 1962 (AAS 54, p. 682) : « C’est le devoir de tout homme, le devoir impérieux du chrétien, d’apprécier le superflu à l’aune de la nécessité d’autrui, et de bien veiller à ce que l’administration et la distribution des biens créés se fasse au bénéfice de tous. »

[148] Ici vaut l’ancien principe : « In extrema necessitate omnia sunt communia, id est communicanda. » D’autre part, en ce qui concerne l’étendue et les modalités selon lesquelles ce principe s’applique dans le texte, outre les auteurs modernes connus, cf. Saint Thomas, Somme théologique IIe IIae, q. 66, art. 7. Il est clair que, pour une application exacte de ce principe, toutes les conditions moralement requises doivent être remplies.

[149] Cf. Décret de Gratien, c. 21, dist. LXXXVI : Friedberg I, 302. Déjà dit dans PL 54, 591A et PL 56, 1132B : cf. Antonianum 27 (1952), p. 349-366.

[150] Cf. Léon XIII, Encycl. Rerum Novarum : AAS 23 (1890-1891), p. 643-646. – Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 191. –Pie XII, Message radioph. du 1er juin 1941 : AAS 35 (1943), p. 17. – Id., Message radioph. du 1er septembre 1944 : AAS 36 (1944), p.253. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 428-429.

[151] Cf. Pie XI, encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), p. 214. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 429.

[152] Cf. Pie XII, Message radioph. pour la Pentecôte 1941 : AAS 44 (1941), p. 199. – Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 430.

[153] Sur le bon usage des biens suivant la doctrine du Nouveau Testament, cf. Lc 3, 11 ; 10, 30 s. ; 11, 41 ; 1 P 5, 3 ; Mc 8, 36 ; 12, 29-31 ; Jc 5, 1-6 ; 1 Tm 6, 8 ; Ep 4, 28 ; 2 Co 8, 13s. 1 Jn 3, 17-18.

[154] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 417.

[155] Cf. Id., ibid.

[156] Cf. Rm 13, 1-5.

[157] Cf. Rm 13, 5.

[158] Cf. Pie XII, Message radioph. du 24 décembre 1942 : AAS 35 (1943), p. 9-24 ; 24 décembre 1944 : AAS 37 (1945), p. 11-17. – Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 263, 271, 277 et 278.

[159] Cf. Pie XII, Message radioph. du 1er juin 1941 : AAS 33 (1941), p. 200. – Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris : loc. cit., p. 273 et 274.

[160] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra : AAS 53 (1961), p. 415-418.

[161] Cf. Pie XI, Alloc. « Aux dirigeants de la Fédération universitaire catholique » : Discours de Pie XI : éd. Bertetto, Turin, vol. 1 (1960), p. 743.

[162] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 13.

[163] Cf. Lc 2, 14.

[164] Cf. Ep 2, 16 ; Col 1, 20-22.

[165] Cf. Jean XXIII, Pacem in terris, 11 avril 1963 : AAS 55 (1963), p. 291. « C’est pourquoi, en cette époque, la nôtre, qui se glorifie de la force atomique, il est déraisonnable de penser que la guerre est encore un moyen adapté pour obtenir justice de la violation des droits. »

[166] Cf. Pie XII, Alloc. du 30 septembre 1954 : AAS 46 (1954), p. 589 ; Message radioph. du 24 décembre 1954 : AAS 47 (1955), p.15 s. – Jean XXIII, Pacem in terris : AAS 55 (1963), p. 286-291. – Paul VI, Alloc. au Conseil des Nations unies, 4 octobre 1965 : AAS 57 (1965), p. 877-885.

[167] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris (où il est question de la réduction des armements) : AAS 55 (1963), p. 287.

[168] Cf. 2 Co 6, 2.

[169] Cf. Jean XXIII, Encycl. Ad Petri Cathedram, 29 juin 1959 : AAS 55 (1959), p. 513.

[170] Cf. Mt 7, 21.



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Message par Francesco Lun 25 Juil 2011 - 4:33

PAUL, ÉVÊQUE,
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,
AVEC LES PÈRES DU SAINT CONCILE,
POUR QUE LE SOUVENIR S'EN MAINTIENNE À JAMAIS.

DÉCLARATION SUR L'ÉDUCATION CHRÉTIENNE
GRAVISSIMUM EDUCATIONIS



PRÉAMBULE

L’extrême importance de l’éducation dans la vie de l’homme et son influence toujours croissante sur le développement de la société moderne sont pour le Concile œcuménique l’objet d’une réflexion attentive [1]. En vérité, les conditions d’existence d’aujourd’hui rendent à la fois plus aisées et plus urgentes la formation des jeunes ainsi que l’éducation permanente des adultes. Les hommes, en effet, dans une conscience plus aiguë de leur dignité et de leur responsabilité, souhaitent participer chaque jour plus activement à la vie sociale, surtout à la vie économique et politique [2]. Les merveilleux progrès de la technique et de la recherche scientifique, les nouveaux moyens de communication sociale, leur donnent la possibilité dans le moment où ils jouissent de loisirs accrus, d’accéder plus aisément au patrimoine culturel et spirituel de l’humanité, et de s’enrichir mutuellement grâce aux relations plus étroites qui existent entre les groupes et entre les peuples eux-mêmes.

Aussi s’efforce-t-on partout de favoriser toujours plus l’éducation ; les droits primordiaux de l’homme à l’éducation, spécialement ceux des enfants et des parents, sont reconnus et les documents officiels en font état [3]. Devant la croissance rapide du nombre des élèves, on multiplie de toute part et on perfectionne les écoles, on crée d’autres institutions éducatives. Des expériences nouvelles développent les méthodes d’éducation et d’enseignement. Des efforts de grande valeur sont accomplis pour procurer ces biens à tous les hommes, quoiqu’un grand nombre d’enfants et de jeunes ne reçoivent même pas encore une instruction élémentaire et que tant d’autres soient privés de l’éducation véritable qui développe à la fois la vérité et la charité.

Mais, pour s’acquitter de la mission que lui a confiée le Seigneur qui l’a fondée, d’annoncer à tous les hommes le mystère du salut et de tout édifier dans le Christ, notre sainte Mère l’Église doit prendre soin de la totalité de la vie de l’homme y compris de ses préoccupations terrestres, dans la mesure où elles sont liées à sa vocation surnaturelle [4]. Elle a donc un rôle à jouer dans le progrès et le développement de l’éducation. C’est pourquoi le Concile proclame certains principes fondamentaux de l’éducation chrétienne, spécialement en ce qui touche la vie scolaire. Une commission spéciale devra, après le Concile, les développer plus en détail. Les Conférences épiscopales auront à en faire l’application en tenant compte des circonstances locales.

1. Droit universel à l’éducation

Tous les hommes de n’importe quelle race, âge ou condition, possèdent, en tant qu’ils jouissent de la dignité de personne, un droit inaliénable à une éducation [5] qui réponde à leur vocation propre [6], soit conforme à leur tempérament, à la différence des sexes, à la culture et aux traditions nationales, en même temps qu’ouverte aux échanges fraternels avec les autres peuples pour favoriser l’unité véritable et la paix dans le monde. Le but que poursuit la véritable éducation est de former la personne humaine dans la perspective de sa fin la plus haute et du bien des groupes dont l’homme est membre et au service desquels s’exercera son activité d’adulte.

Il faut donc, en tenant compte du progrès des sciences psychologique, pédagogique et didactique, aider les enfants et les jeunes gens à développer harmonieusement leurs aptitudes physiques, morales, intellectuelles, à acquérir graduellement un sens plus aigu de leur responsabilité, dans l’effort soutenu pour bien conduire leur vie personnelle et la conquête de la vraie liberté, en surmontant courageusement et généreusement tous les obstacles. Qu’ils bénéficient d’une éducation sexuelle à la fois positive et prudente au fur et à mesure qu’ils grandissent. De plus, qu’ils soient formés à la vie sociale de telle sorte que, convenablement initiés aux techniques appropriées et indispensables, ils deviennent capables de s’insérer activement dans les groupes qui constituent la communauté humaine, de s’ouvrir au dialogue avec l’autre et d’apporter de bon cœur leur contribution à la réalisation du bien commun.

De même, le Concile proclame le droit pour les enfants et les jeunes gens d’être incités à apprécier sainement les valeurs morales avec une conscience droite et à les embrasser dans une adhésion personnelle, et, tout autant, à connaître et aimer Dieu plus parfaitement. Aussi, demande-t-il instamment à tous ceux qui gouvernent les peuples ou dirigent l’éducation de faire en sorte que jamais la jeunesse ne soit privée de ce droit sacré. Il exhorte les fils de l’Église à travailler généreusement dans tous les secteurs de l’éducation, spécialement pour hâter la diffusion des bienfaits d’une éducation et d’une instruction convenables, pour tous, dans le monde entier [7].

2. L’éducation chrétienne

Devenus créatures nouvelles, en renaissant de l’eau et de l’Esprit Saint [8], appelés enfants de Dieu et l’étant en vérité, tous les chrétiens ont droit à une éducation chrétienne. Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la maturité ci-dessus décrite de la personne humaine, mais principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients de ce don de la foi qu’ils ont reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23) avant tout dans l’action liturgique, soient transformés de façon à mener leur vie personnelle selon l’homme nouveau dans la justice et la sainteté de la vérité (Ep 4, 22- 24) et qu’ainsi constituant cet homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ (cf. Ep 4, 13), ils apportent leur contribution à la croissance du Corps mystique. Qu’en outre, conscients de leur vocation, ils prennent l’habitude aussi bien de rendre témoignage à l’espérance qui est en eux (cf. 1 P 3, 15) que d’aider à la transformation chrétienne du monde, par quoi les valeurs naturelles, reprises et intégrées dans la perspective totale de l’homme racheté par le Christ, contribuent au bien de toute la société [9]. C’est pourquoi, le Concile rappelle aux pasteurs des âmes le grave devoir qui est le leur de tout faire pour que tous les fidèles bénéficient de cette éducation chrétienne, surtout les jeunes qui sont l’espérance de l’Église [10].

3. Les responsables de l’éducation

Les parents, parce qu’ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux éducateurs [11]. Le rôle éducatif des parents est d’une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C’est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l’amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu’elle favorise l’éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales nécessaires à toute société. Mais c’est surtout dans la famille chrétienne, riche des grâces et des exigences du sacrement de mariage, que dès leur plus jeune âge les enfants doivent, conformément à la foi reçue au baptême, apprendre à découvrir Dieu et à l’honorer ainsi qu’à aimer le prochain ; c’est là qu’ils font la première expérience de l’Église et de l’authentique vie humaine en société ; c’est par la famille qu’ils sont peu à peu introduits dans la communauté des hommes et dans le Peuple de Dieu. Que les parents mesurent donc bien l’importance d’une famille vraiment chrétienne dans la vie et le progrès du Peuple de Dieu lui-même [12].

La tâche de dispenser l’éducation qui revient en premier lieu à la famille requiert l’aide de toute la société. Outre les droits des parents et de ceux des éducateurs à qui ils confient une partie de leur tâche, des responsabilités et des droits précis reviennent à la société civile en tant qu’il lui appartient d’organiser ce qui est nécessaire au bien commun temporel. Elle a, entre autres tâches, à promouvoir l’éducation de la jeunesse de multiples manières. Elle garantit les devoirs et les droits des parents et des autres personnes qui jouent un rôle dans l’éducation ; elle leur fournit son aide dans ce but. Selon le principe de subsidiarité, en cas de défaillance des parents ou à défaut d’initiatives d’autres groupements, c’est à la société civile, compte tenu cependant des désirs des parents, d’assurer l’éducation. En outre, dans la mesure où le bien commun le demande, elle fonde ses écoles et institutions éducatives propres [13].

Les tâches éducatives concernent enfin, à un titre tout particulier, l’Église : non seulement parce que, déjà, en tant que société également humaine, il faut lui reconnaître une compétence dans le domaine de l’éducation, mais surtout parce qu’elle a pour fonction d’annoncer aux hommes la voie du salut, de communiquer aux croyants la vie du Christ et de les aider par une attention constante à atteindre le plein épanouissement de cette vie du Christ [14]. À ses enfants, l’Église est donc tenue, comme Mère, d’assurer l’éducation qui inspirera toute leur vie de l’esprit du Christ ; en même temps, elle s’offre à travailler avec tous les hommes pour promouvoir la personne humaine dans sa perfection, ainsi que pour assurer le bien de la société terrestre et la construction d’un monde toujours plus humain [15].

4. Moyens variés au service de l’éducation chrétienne

Dans l’accomplissement de sa mission éducative, l’Église, soucieuse d’utiliser tous les moyens appropriés, se préoccupe en particulier de ceux qui lui sont propres. Le premier est la formation catéchétique [16] qui éclaire et fortifie la foi, nourrit la vie selon l’esprit du Christ, achemine à la participation active et consciente au mystère liturgique [17] et incite à l’action apostolique. Mais l’Église fait grand cas des autres moyens éducatifs qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité et peuvent beaucoup pour cultiver les esprits et former les hommes ; elle s’efforce de les pénétrer de son esprit et de les porter à un niveau supérieur. Ce sont notamment les moyens de communication sociale [18], les multiples organismes qui ont pour objet le développement du corps et de l’esprit, les mouvements de jeunesse et surtout les écoles.

5. Importance de l’école

Entre tous les moyens d’éducation, l’école revêt une importance particulière [19] ; elle est spécialement, en vertu de sa mission, le lieu de développement assidu des facultés intellectuelles ; en même temps elle exerce le jugement, elle introduit au patrimoine culturel hérité des générations passées, elle promeut le sens des valeurs, elle prépare à la vie professionnelle, elle fait naître entre les élèves de caractère et d’origine sociale différents un esprit de camaraderie qui forme à la compréhension mutuelle. De plus, elle constitue comme un centre où se rencontrent pour partager les responsabilités de son fonctionnement et de son progrès, familles, maîtres, groupements de tous genres créés pour le développement de la vie culturelle, civique et religieuse, la société civile et enfin, toute la communauté humaine.

C’est une belle mais lourde vocation, celle de tous ceux qui, pour aider les parents dans l’accomplissement de leur devoir et représenter la communauté humaine, assument la charge de l’éducation dans les écoles. Cette vocation requiert des qualités toutes spéciales d’esprit et de cœur, la préparation la plus soignée et une aptitude continuelle à se renouveler et à s’adapter.

6. Devoirs et droits des parents

Les droit et devoir, premiers et inaliénables, d’éduquer leurs enfants reviennent aux parents. Ils doivent donc jouir d’une liberté véritable dans le choix de l’école. Les pouvoirs publics, dont le rôle est de protéger et de défendre les libertés des citoyens, doivent veiller à la justice distributive en répartissant l’aide des fonds publics de telle sorte que les parents puissent jouir d’une authentique liberté dans le choix de l’école de leurs enfants selon leur conscience [20].

C’est encore le rôle de l’État de veiller à ce que tous les citoyens parviennent à participer véritablement à la culture et soient préparés comme il se doit à l’exercice des devoirs et des droits du citoyen. L’État doit donc garantir le droit des enfants à une éducation scolaire adéquate, veiller à la capacité des maîtres au niveau des études, ainsi qu’à la santé des élèves, et d’une façon générale développer l’ensemble du système scolaire sans perdre de vue le principe de subsidiarité, donc, en excluant n’importe quel monopole scolaire. Tout monopole de ce genre est, en effet, opposé aux droits innés de la personne humaine, au progrès et à la diffusion de la culture elle-même, à la concorde entre les citoyens, enfin au pluralisme qui est aujourd’hui la règle dans un grand nombre de sociétés [21].

Le Concile exhorte donc les chrétiens, qu’il s’agisse de découvrir des méthodes pédagogiques et une meilleure organisation des études, ou bien de former des maîtres capables d’éduquer convenablement les jeunes, à offrir spontanément leur concours et, surtout par les associations de parents, à suivre et à soutenir tout le travail de l’école, en particulier, l’éducation morale qui doit y être donnée [22].

7. Éducation morale et religieuse à l’école

En outre, dans la conscience qu’elle a du très grave devoir de veiller assidûment à l’éducation morale et religieuse de tous ses enfants, l’Église se doit d’être présente, avec une affection et une aide toute particulière, aux très nombreux enfants qui ne sont pas élevés dans les écoles catholiques. Elle assure cette présence à la fois par le témoignage de vie de leurs professeurs et directeurs, l’action apostolique de leurs camarades [23] et surtout par le ministère des prêtres et des laïcs qui leur transmettent la doctrine du salut avec des méthodes adaptées à leur âge et aux circonstances, et les aident spirituellement par toutes sortes d’initiatives, suivant les circonstances de temps et de lieu.

Mais aux parents, elle rappelle le grave devoir qui leur incombe de faire en sorte, au besoin d’exiger, que leurs enfants puissent bénéficier de ces secours et progresser dans leur formation chrétienne au rythme de leur formation profane. Aussi, l’Église félicite-t-elle les autorités et les sociétés civiles qui, compte tenu du caractère pluraliste de la société moderne, soucieuses du droit à la liberté religieuse, aident les familles à assurer à leurs enfants dans toutes les écoles une éducation conforme à leurs propres principes moraux et religieux [24].


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Message par Francesco Ven 12 Aoû 2011 - 0:37

8. Les écoles catholiques

La présence de l’Église dans le domaine scolaire se manifeste à un titre particulier par l’école catholique. Tout autant que les autres écoles, celle-ci poursuit des fins culturelles et la formation humaine des jeunes. Ce qui lui appartient en propre, c’est de créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit évangélique de liberté et de charité, d’aider les adolescents à développer leur personnalité en faisant en même temps croître cette créature nouvelle qu’ils sont devenus par le baptême, et finalement d’ordonner toute la culture humaine à l’annonce du salut de telle sorte que la connaissance graduelle que les élèves acquièrent du monde, de la vie et de l’homme, soit illuminée par la foi [25]. C’est ainsi que l’école catholique, en s’ouvrant comme il convient au progrès du monde moderne, forme les élèves à travailler efficacement au bien de la cité terrestre. En même temps, elle les prépare à travailler à l’extension du Royaume de Dieu de sorte qu’en s’exerçant à une vie exemplaire et apostolique, ils deviennent comme un ferment de salut pour l’humanité. L’école catholique revêt une importance considérable dans les circonstances où nous sommes, puisqu’elle peut être tellement utile à l’accomplissement de la mission du Peuple de Dieu et servir au dialogue entre l’Église et la communauté des hommes, à l’avantage de l’une et de l’autre. Aussi, le Concile proclame-t-il à nouveau le droit de l’Église, déjà affirmé dans maint document du Magistère [26], de fonder et de diriger des écoles de tous ordres et de tous degrés. Il rappelle que l’exercice de ce droit importe au premier chef à la liberté de conscience, à la garantie des droits des parents ainsi qu’au progrès de la culture elle-même.

Mais que les maîtres ne l’oublient pas : c’est d’eux avant tout qu’il dépend que l’école catholique soit en mesure de réaliser ses buts et ses desseins [27]. Qu’on les prépare donc avec une sollicitude toute particulière à acquérir les connaissances tant profanes que religieuses qui soient sanctionnées par des diplômes appropriés ainsi qu’un savoir-faire pédagogique en accord avec les découvertes modernes. Que la charité les unisse entre eux et avec leurs élèves, qu’ils soient tout pénétrés d’esprit apostolique pour rendre témoignage, par leur vie autant que par leur enseignement, au Maître unique, le Christ. Qu’ils travaillent en collaboration, surtout avec les parents ; qu’en union avec ceux-ci, ils sachent tenir compte dans toute l’éducation de la différence des sexes et de la vocation particulière attribuée à l’homme et à la femme, par la Providence divine, dans la famille et la société. Qu’ils s’appliquent à éveiller l’agir personnel des élèves et, après que ceux-ci auront terminé leurs études, qu’ils continuent à rester proches d’eux par leurs conseils et leur amitié, ainsi que par des associations spécialisées, toutes pénétrées du véritable esprit de l’Église. La fonction enseignante ainsi conçue, le Concile le déclare, est un apostolat au sens propre du mot, tout à fait adapté en même temps que nécessaire à notre époque ; c’est aussi un authentique service rendu à la société. Le Concile rappelle aux parents catholiques le devoir de confier leurs enfants, où et quand ils le peuvent, à des écoles catholiques, le devoir de soutenir celles-ci selon leurs ressources et de collaborer avec elles pour le bien de leurs enfants [28].

9. Les différentes sortes d’écoles catholiques

Que toutes les écoles qui, d’une façon ou d’une autre, dépendent de l’Église, se rapprochent de leur mieux de cet état bien que, en fonction des circonstances locales, elles puissent revêtir des formes diverses [29]. Les écoles qui, spécialement dans les territoires des jeunes églises, accueillent même les élèves non catholiques, sont assurément très chères à l’Église.

Dans la fondation et l’organisation des écoles catholiques, il faut d’ailleurs avoir égard aux nécessités de l’évolution de notre temps. Aussi, tout en continuant à s’intéresser aux écoles primaires et aux collèges d’enseignement secondaire, qui constituent la base de l’éducation, on doit se préoccuper de celles que réclament à un titre particulier les circonstances actuelles. Telles sont les écoles techniques et professionnelles [30], les instituts pour l’alphabétisation des adultes ainsi que, avec l’accroissement de l’aide sociale, les établissements spécialisés pour l’enfance inadaptée, les écoles normales qui préparent les maîtres à donner l’instruction religieuse ou d’autres formes d’éducation.

Ce Concile invite avec force les pasteurs et tous les fidèles à n’épargner aucun sacrifice pour aider les écoles catholiques à remplir chaque jour plus fidèlement leur tâche et d’abord à répondre aux besoins de ceux qui sont dépourvus de ressources financières ou privés de l’affection et du soutien d’une famille ou encore de ceux qui sont étrangers à la foi.

10. Facultés et universités catholiques

Quant aux écoles supérieures et surtout aux universités et facultés, l’Église les entoure d’un soin vigilant. Bien plus, dans celles qui dépendent de son autorité, elle entend que, par une organisation rationnelle, on travaille dans chaque discipline selon les principes et la méthode particuliers à celle-ci et avec la liberté propre à la recherche scientifique, de manière à en acquérir progressivement une plus profonde maîtrise. Les problèmes nouveaux et les recherches suscitées par le progrès du monde moderne seront étudiés très soigneusement. On saisira plus profondément comment la foi et la raison s’unissent pour atteindre l’unique vérité. Ce faisant, on ne fera que suivre la voie ouverte par les docteurs de l’Église et spécialement par Saint Thomas [31]. De la sorte se réalisera comme une présence publique, durable et universelle, de la pensée chrétienne dans tout l’effort intellectuel vers la plus haute culture ; et les étudiants de ces instituts seront formés à devenir des hommes éminents par leur science, prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, en même temps que témoins de la foi dans le monde [32].

Dans les universités catholiques qui sont dépourvues de faculté de théologie, il y aura un institut ou une chaire de théologie où l’on dispensera un enseignement adapté également aux étudiants laïcs. Comme les sciences progressent surtout grâce à des recherches spécialisées d’une plus grande portée scientifique, que les universités et facultés catholiques entretiennent très largement des instituts dont le but premier soit de promouvoir la recherche scientifique.

Le Concile recommande instamment de développer des universités et facultés catholiques opportunément réparties dans les différentes parties du monde ; qu’elles brillent moins par leur nombre que par la valeur de leur enseignement ; et que l’accès en soit facilité aux étudiants qui donnent davantage d’espérances, même s’ils sont de condition modeste, surtout s’ils sont originaires des jeunes nations.

Puisque le sort de la société et de l’Église elle-même est étroitement lié aux progrès des jeunes qui poursuivent des études supérieures [33], les pasteurs de l’Église ne doivent pas seulement prendre soin sans réserves de la vie spirituelle des étudiants des universités catholiques, mais, soucieux de la formation spirituelle de tous leurs fils, ils se préoccuperont, toutes consultations prises entre évêques, de fonder aussi auprès des universités non catholiques, des foyers et des centres universitaires catholiques où des prêtres, des religieux et des laïcs, spécialement choisis et préparés, offrent en permanence à la jeunesse universitaire une assistance spirituelle et intellectuelle. Les jeunes gens les plus doués des universités catholiques ou des autres universités, s’ils montrent des aptitudes pour l’enseignement et la recherche, seront aidés avec une attention spéciale. On les incitera à devenir professeurs.

11. Les facultés de théologie

L’Église attend énormément de l’activité des facultés de sciences sacrées [34]. C’est à elles, en effet, qu’elle confie la charge de préparer leurs propres élèves, non seulement au ministère sacerdotal, mais surtout à l’enseignement dans les chaires d’études supérieures ecclésiastiques ou encore au travail personnel de la recherche scientifique ou enfin aux tâches les plus exigeantes de l’apostolat intellectuel. C’est également le rôle de ces facultés d’étudier plus profondément les domaines des différentes sciences sacrées afin d’acquérir une intelligence chaque jour plus pénétrante de la révélation sacrée, d’ouvrir plus largement l’accès au patrimoine de sagesse chrétienne légué par nos aînés, de promouvoir le dialogue avec nos frères séparés et avec les non-chrétiens, et de fournir enfin une réponse adéquate aux questions posées par le progrès des sciences [35].

C’est pourquoi les facultés ecclésiastiques réviseront opportunément leurs constitutions et développeront intensément les sciences sacrées et celles qui leurs sont connexes ; en utilisant les méthodes et les moyens les plus modernes, elles formeront leurs étudiants aux recherches plus poussées.

12. La coordination dans le domaine scolaire

La coopération, chaque jour plus nécessaire et plus effective au plan des diocèses, des nations et entre les nations, ne s’impose pas moins dans le domaine scolaire. Aussi doit-on mettre tous ses soins à établir au mieux cette coordination entre les écoles catholiques et à développer entre elles et les autres écoles la collaboration que requiert le bien commun de l’humanité tout entière [36].

Cette coordination plus poussée et cette mise en commun des efforts procureront, surtout au niveau des instituts supérieurs, des fruits plus abondants. Que, dans toutes les universités, les diverses facultés s’entraident donc autant que le permet leur spécialité ; bien plus que les universités elles-mêmes s’entendent mutuellement pour unir leurs activités en organisant ensemble des congrès internationaux, en se répartissant les secteurs de la recherche scientifique, en se communiquant leurs découvertes, en échangeant pour quelque temps leurs professeurs, en développant enfin tout ce qui peut favoriser une collaboration accrue.

CONCLUSION

Le Concile exhorte instamment les jeunes à prendre conscience de la valeur éminente de la fonction enseignante et à être prêts à l’assumer avec courage et générosité surtout dans les régions où le manque de maîtres met en péril l’éducation de la jeunesse.

Le Concile exprime sa profonde gratitude envers les prêtres, religieux, religieuses et laïcs qui, en esprit de renoncement évangélique, s’adonnent à l’œuvre excellente entre toutes de l’éducation et de l’enseignement dans les écoles de tous les genres et de tous les niveaux ; il les encourage à persévérer généreusement dans la tâche entreprise et à s’efforcer d’exceller par leur souci d’inspirer aux élèves l’esprit du Christ, par leur valeur pédagogique et par l’étude des sciences, de sorte qu’ils aident non seulement l’Église à se renouveler de l’intérieur mais qu’ils accroissent et servent sa présence bienfaisante au monde d’aujourd’hui, plus spécialement dans le domaine de la culture.

Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans ce décret ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.

Rome, à Saint-Pierre, le 28 octobre 1965

Moi, Paul, évêque de l’Église catholique



(Suivent les signatures des Pères)


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Signatures des Pères

Moi, PAUL, évêque de l’Église catholique

† Ego ANTONIUS titulo S. Laurentii in Panisperna Presbyter Cardinalis GAGGIANO, Archiepiscopus Bonaërensis.

Ego PETRUS titulo S. Laurentii in Lucina Presbyter Cardinalis CIRIACI.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Mariae de Victoria Presbyter Cardinalis SIRI, Archiepiscopus Ianuensis.

† Ego IACOBUS titulo S. Mariae in Transpontina Presbyter Cardinalis LERCARO, Archiepiscopus Bononiensis.

† Ego STEPHANUS titulo S. Mariae Trans Tiberim Presbyter Cardinalis WYSZYNSKI, Archiepiscopus Gnesnensis et Varsaviensis, Primas Poloniae.

† Ego BENIAMINUS titulo S. Vitalis Presbyter Cardinalis DE ARRIBA Y CASTRO, Archiepiscopus Tarraconensis.

† Ego FERDINANDUS titulo S. Augustini Presbyter Cardinalis QUIROGA Y PALACIOS, Archiepiscopus Compostellanus.

† Ego PAULUS AEMILIUS titulo S. Mariae Angelorum in Thermis Presbyter Cardinalis LEGER, Archiepiscopus Marianopolitanus.

† Ego VALERIANUS titulo S. Mariae in Via Lata Presbyter Cardinalis GRACIAS, Archiepiscopus Bombayensis.

† Ego IOANNES titulo S. Marci Presbyter Cardinalis URBANI, Patriarcha Venetiarum.

Ego PAULUS titulo S. Mariae in Vallicella Presbyter Cardinalis GIOBBE, S. R. E. Datarius.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Honuphrii in Ianiculo Presbyter Cardinalis GARIBI Y RIVERA, Archiepiscopus Guadalajarensis.

† Ego ANTONIUS MARIA titulo S Chrysogoni Presbyter Cardinalis BARBIERI, Archiepiscopus Montisvidei.

Ego CAROLUS titulo S. Agnetis extra moenia Presbyter Cardinalis CONFALONIERI.

† Ego PAULUS titulo Ss. Quirici et Iulittae Presbyter Cardinalis RICHAUD, Archiepiscopus Burdigalensis.

† Ego IOSEPHUS M. titulo Ss. Viti, Modesti et Crescentiae Presbyter Cardinalis BUENO Y MONREAL, Archiepiscopus Hispalensis.

† Ego FRANCISCUS titulo S. Eusebii Presbyter Cardinalis KÖNIG, Archiepiscopus Vindobonensis.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Athanasii Presbyter Cardinalis SLIPYI, Archiepiscopus Maior Ucrainorum.

† Ego LAURENTIUS titulo S. Leonis I Presbyter Cardinalis JAEGER, Archiepiscopus Paderbornensis.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Crucis in via Flaminia Presbyter Cardinalis BERAN, Archiepiscopus Pragensis.

† Ego MAURITIUS titulo D.nae N.ae de SS. Sacramento et Martyrum Canadensium Presbyter Cardinalis ROY, Archiepiscopus Quebecensis, Primas Canadiae.

† Ego IOSEPHUS titulo S. Teresiae Presbyter Cardinalis MARTIN, Archiepiscopus Rothomagensis.

† Ego AUDOËNUS titulo S. Praxedis Presbyter Cardinalis MCCANN, Archiepiscopus Civitatis Capitis.

† Ego LEO STEPHANUS titulo S. Balbinae Presbyter Cardinalis DUVAL, Archiepiscopus Algeriensis.

† Ego ERMENEGILDUS titulo Reginae Apostolorum Presbyter Cardinalis FLORIT, Archiepiscopus Florentinus.

† Ego FRANCISCUS titulo Ss. Petri et Pauli in Via Ostiensi Presbyter Cardinalis ŠEPER, Archiepiscopus Zagrabiensis.

† Ego IOANNES titulo S. Silvestri in Capite Presbyter Cardinalis HEENAN, Archiepiscopus Vestmonasteriensis, Primas Angliae.

† Ego IOANNES titulo Ssmae Trinitatis in Monte Pincio Presbyter Cardinalis VILLOT, Archiepiscopus Lugdunensis et Viennensis, Primas Galliae.

† Ego PAULUS titulo S. Camilli de Lellis ad Hortos Sallustianos Presbyter Cardinalis ZOUNGRANA, Archiepiscopus Uagaduguensis.

† Ego LAURENTIUS I. titulo S. Clementis Presbyter Cardinalis SHEHAN, Archiepiscopus Baltimorensis.

† Ego HENRICUS titulo S. Agathae in Urbe Presbyter Cardinalis DANTE.

Ego CAESAR titulo D.nae N.ae a Sacro Corde in Circo Agonali Presbyter Cardinalis ZERBA.

† Ego AGNELLUS titulo Praecelsae Dei Matris Presbyter Cardinalis ROSSI, Archiepiscopus S. Pauli in Brasilia.

† Ego IOANNES titulo S. Martini in Montibus Presbyter Cardinalis COLOMBO, Archiepiscopus Mediolanensis.

† Ego GUILLELMUS titulo S. Patricii ad Villam Ludovisi Presbyter Cardinalis CONWAY, Archiepiscopus Armachanus, totius Hiberniae Primas.

† Ego MICHAEL DARIUS MIRANDA, Archiepiscopus Mexicanus, Primas Mexici.

† Ego FRANCISCUS MARIA DA SILVA, Archiepiscopus Bracharensis, Primas Hispaniarum.

† Ego PAULUS GOUYON, Archiepiscopus Rhedonensis, Primas Britanniae.

† Ego HUMBERTUS MALCHIODI, Archiepiscopus Episcopus Placentinus.

Sequuntur ceterae subsignationes.

Ita est.

† Ego PERICLES FELICI
Archiepiscopus tit. Samosatensis
Ss. Concilii Secretarius Generalis
† Ego IOSEPHUS ROSSI
Episcopus tit. Palmyrenus
Ss. Concilii Notarius
† Ego FRANCISCUS HANNIBAL FERRETTI
Ss. Concilii Notarius


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[1] Parmi les nombreux documents illustrant le temps de l’éducation, cf. : Benoît XV, Épître apost. Communes Litteras, 10 avril 1919 : AAS 11 (1919), p. 172. – Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, 31 décembre 1929 : AAS 22 (1930), p. 49-86. – Pie XII, Alloc. ad Juvenes, aci, 20 avril 1946 : Discours et messages radioph. 8, p. 53-57. – Idem, Alloc. ad Patres familias Galliae, 18 septembre 1951 : Discours et messages radioph. 13, p. 241-245. – Jean XXIII, nuntius tricesimo exacto anno ex quo Encycl. Divini Illius Magistri editae sunt, 30 décembre 1959 : AAS 52 (1960), p. 57-59. – Paul VI, Alloc. ad sodales fidae, 30 décembre 1963 : Encycliques et Discours de Paul VI, I, Rome, 1964, p. 601-603. – Insuper conferantur Acta et Docum. Concilio Oecumenico Vaticano II apparando, series I, Antepraepar., vol. III, p. 363-364, 370-371, 373-374.

[2] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961 : AAS 53 (1961), p. 413, 415-417, 424. – Id. Encycl. Pacem in terris, 11 avril 1963 : AAS 55 (1963), p. 278 s.

[3] Cf. Déclaration des droits de l’enfant, 20 novembre 1959. – Protocole additionnel à la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, Paris, 20 mars 1952. À propos de cette Déclaration des droits de l’homme, cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris, voir supra note 2.

[4] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961 : AAS 53 (1961), p. 402. – Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 7.

[5] Pie XII, Message radioph. du 24 décembre 1942 : AAS 35 (1943), p. 12, 19. – Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris 11 avril 1963 : AAS 55 (1963), p. 259 s. Et cf. Déclaration des droits de l’homme, citée note 3.

[6] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, 31 décembre 1929 : AAS 22 (1930) p. 50 s.

[7] Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961 : AAS 53 (1961), p. 441 s.

[8] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, 1, c. p. 83.

[9] Cf. Conc. Vat. II, décret Christus Dominus, n. 36.

[10] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 12-14.

[11] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, l. c., p. 59 s. – Id., Encycl. Mit brennender Sorge, 14 mars 1937 : AAS 29 (1937), p. 164 s. – Pie XII, Alloc. au premier congrès de l’AIMC, 8 septembre 1946 : Discours et messages radioph. 8, p. 218.

[12] Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 11 et 35.

[13] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, l. c., p. 63 s. – Pie XII, Message radioph. du 1er juin 1941 : AAS 33 (1941), p. 200. – Id., Alloc. au premier congrès de l’AIMC, 8 septembre 1946 : Discours et messages radioph. 8, p. 218. – Circa principium subsidiaritatis, cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris, 11 avril 1963 : AAS 55 (1963), p. 294.

[14] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, l. c., p. 53 s.-56 s. – Id., Encycl. Non abbiamo bisogno, 29 juin 1931 : AAS 23 (1931), p. 311 s. – Pie XII, lettre du Secrétariat d’État aux XXVIIIes semaines sociales d’Italie, 20 septembre 1955 : L’Osservatore Romano, 22 septembre 1955.

[15] « L’Église loue les autorités civiles, locales, nationales et internationales qui, conscientes des urgentes nécessités actuelles, font tout ce qu’elles peuvent pour que tous les peuples puissent participer plus pleinement à l’éducation et à la culture », cf. Paul VI, Alloc. devant l’ONU, 4 octobre 1965 : L’Osservatore Romano, 6 octobre 1965.

[16] Cf. Pie XI, motu proprio Orbem catholicum, 29 juin 1923 : AAS 15 (1923), p. 327-329. – Décret Provide sane, 12 janvier 1935 : AAS 27 (1935), p. 145-152. – Conc. Vat. II, décret Christus Dominus, n. 13 et 14.

[17] Cf. Conc. Vat. II, Const. Sacrosanctum concilium, n. 14.

[18] Cf. Conc. Vat. II, Décr. De Instrumentis communicationis socialis, n. 13 et 14.

[19] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, p. 76. – Pie XII, Alloc. Ad Associationem Magistrorum Catholicorum Bavariae, 31 décembre 1956 : Discours et messages radioph., 18, p. 746.

[20] Cf. Conc. Prov. de Cincinnati III, a. 1861 : Collatio Lacensis, III, col. 1240. – Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, p. 60,63 s.

[21] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, l. c., p. 63. – Id. Encycl. Non abbiamo bisogno, 29 juin 1931 : AAS 23 (1911), p. 305. – Pie XII, l. c., lettre du Secrétariat d’État aux XXVIIIes semaines sociales d’Italie, 20 septembre 1955 : L’Osservatore Romano, 29 septembre 1955. – Paul VI, Alloc. à ACII, 6 octobre 1963 : Encycliques et Discours de Paul VI, Rome, 1964, p. 230.

[22] Jean XXIII, message pour le trentième anniversaire de l’Encycl. Divini Illius Magistri, 30 décembre 1959 : AAS 52 (1960), p. 57.

[23] L’Église apprécie beaucoup l’action apostolique que peuvent exercer, également dans ces écoles, les maîtres et les élèves catholiques.

[24] Cf. Pie XII, Alloc. Ad Associationem Magistrorum cathol. Bavariae, 31 décembre 1956 : Discours et messages radioph., 18, p. 745 s.

[25] Cf. Conc. prov. de Westminster, 1852 : Collatio Lacensis III, col. 1334 a/b. – Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, l. c., p. 77 s. – Pie XII, Alloc. Ad Assoc. Magistror. Cathol. Bavariae, 31 décembre 1956 : Discours et messages radioph., 18, p. 746. – Paul VI, Alloc. Ad sodales FIDAE, 30 décembre 1963, Encycliques et Discours de Paul VI, Rome, 1964, p. 602.

[26] De plus, ce droit de l’Église a été proclamé par de nombreux conciles provinciaux et également dans les plus récentes déclarations de nombreuses conférences épiscopales.

[27] Cf. Pie XI, Encycl. Divini Illius Magistri, l. c., p. 80 s. – Pie XII, Alloc. à l’UCIIM, 5 janvier 1954, Discours et messages radioph., 15, p. 551-556. – Jean XXIII, Alloc. à l’AIMC, 5 septembre 1559 : Discours, messages, colloques, I, Rome, 1960, p. 427-431.

[28] Cf. Pie XII, Alloc. à l’UCIIM, 5 janvier 1954, l. c., p. 555.

[29] Cf. Paul VI, Alloc. aux OIIC ab hodiernis condicionibus peculiari ratione requiruntur, ut sunt scholae, 25 février 1964 : Encycliques et Discours de Paul VI, Rome, 1964, p. 232.

[30]Cf. Paul VI, Alloc. aux ACLI, 6 octobre 1963 : Encycliques et Discours de Paul VI, Rome, 1964, p. 229.

[31] Cf. Paul VI, Alloc. Coram VI Congressu Thomistico Internali, 10 septembre 1965 : L’Osservatore Romano, 13-14 septembre 1965.

[32] Cf. Pie XII, Alloc. Ad magistros et alumnos Institutorum Superiorum Cathol. Galliae, 21 septembre 1950 : Discours et messages radioph., 18, p. 219-221. – Id., litt. au XXIIIème Congrès « Pax Romana », 12 août 1952 : Discours et messages radioph., 14, p. 567-569. – Jean XXIII, Alloc. à la Fédération des Universités Cathol., 1er avril 1959. – Discours, messages, colloques I, Rome, 1960, p. 226-229. – Paul VI, Alloc. au Sénat Académ. Univers. Cathol. Mediolanensis, 5 avril 1964 : Encycliques et Discours de Paul VI, II, Rome, 1964, p. 438-443.

[33] Cf. Pie XII, Alloc. Ad Senatum Academicum et alumnos Universitatis Romanae, 15 juin 1952 : Discours et messages radioph., 14, p. 208 : « La direction de la société de demain repose principalement dans l’esprit et le cœur des universitaires d’aujourd’hui. »

[34] Cf. Pie XI, Const. apost. Deus scientiarum Dominus, 24 mai 1931 : AAS 23 (1931), p. 245-247.

[35] Cf. Pie XII, Encycl. Humani generis, 12 août 1950 : AAS 42 (1950), p. 568, 578. – Paul VI, Encycl. Ecclesiam suam, pars III, 6 août 1964 : AAS 56 (1964), p. 637-659. – Conc. Vat. II, décret Unitatis redintegratio.

[36] Cf. Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris, 11 avril 1963 : AAS 55 (1963), p. 284.




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