Le passage par l'islamisme est incontournable dans le monde arabe»
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Le passage par l'islamisme est incontournable dans le monde arabe»
«Le passage par l'islamisme est incontournable dans le monde arabe»
Mots clés : islamisme
Par Jean-Marie Guénois
30/06/2011 | Mise à jour : 18:29 Réactions (11) INTERVIEW - Henri Boulad est directeur du Centre culturel jésuite d'Alexandrie. Il ne voit pas comment le printemps arabe échapperait à des gouvernements à majorité islamiste. Une transition inévitable, selon lui, avant la démocratisation, car les jeunes révolutionnaires n'aspirent pas à ce modèle de société fondé sur la religion.
LE FIGARO. - Vous êtes né à Alexandrie il y a quatre-vingts ans et connaissez particulièrement l'Égypte. Comment analysez-vous la situation de votre pays ?
Henri Boulad - Cette révolution a été déclenchée par des jeunes de tendance libérale, ouverte et laïque, mais elle a été récupérée dès le quatrième jour par les islamistes. Ils ont écarté les jeunes promoteurs pour les empêcher de parler. Ils ont mis à leur place le cheich al-Qaradawi qu'ils ont fait venir d'Arabie saoudite pour prendre les affaires en main. Cet Égyptien est non seulement un promoteur mais une grande figure de l'islamisme. La situation actuelle est donc celle d'un bras de fer entre deux courants : les Frères musulmans et les jeunes. Les Frères musulmans ont la force, l'organisation, les racines, le financement ; les jeunes sont fragiles mais déterminés.
Les troubles viennent de reprendre, qui va l'emporter ?
Analyser les forces en présence porte au pessimisme. Mais voir les jeunes, dans la rue, continuer la révolution redonne l'espérance. J'essaie de lire cette révolution sur un plan spirituel et théologique. Et je pense au combat entre David et Goliath. Toutes les chances sont du côté de Goliath mais c'est David qui triomphe car l'affrontement entre force et faiblesse n'est pas toujours du côté de la force. Cela dit, on aura probablement un gouvernement Frères musulmans dans un avenir proche avec un programme qui ira dans le sens de la charia. Mais la démocratisation s'imposera dans un second temps même si elle sera difficile à acquérir car les islamistes ne vont pas démordre.
Vous n'évoquez pas l'armée égyptienne : n'est-elle pas dans un rôle d'arbitre ?
C'est la troisième force et elle permet la transition. Sans elle, l'anarchie régnerait. Ce serait la guerre civile. Il faut donc se réjouir de sa présence mais elle joue un rôle ambigu. Elle était neutre au début mais j'ai l'impression qu'une partie de l'armée est passée du côté des Frères musulmans. Pourtant, elle a toujours été connue pour sa tendance laïque et anti-Frères musulmans.
La perspective de l'arrivée au pouvoir d'islamistes en Égypte est donc très sérieuse à vos yeux ?
Le risque est très sérieux en Égypte et dans l'ensemble du monde arabe. À ce titre, j'ai l'impression que l'Arabie saoudite joue un jeu souterrain, subtil. Elle soutient à milliards les Frères musulmans et les salafistes qui sont encore pire… Elle cherche ainsi à enfourcher le mouvement de ces révolutions et à les islamiser. C'est une opportunité en or pour s'emparer de ce souffle et placer des gouvernements islamistes dans tous ces pays. Il faut dire que ces États avaient jusqu'à présent résisté à cette idéologie car tous les islamistes étaient en prison !
Mais sur quoi vous fondez-vous pour penser que l'islamisme ne serait qu'un passage ?
Le passage par l'islamisme est actuellement incontournable dans le monde arabe. Et il faut admettre cette période où l'islamisme va prendre le pouvoir. Pour combien de temps ? Je ne le sais pas. Sans doute jusqu'à ce que les islamistes démontrent qu'ils sont incapables de gérer les vrais problèmes des pays concernés. Car la charia n'a pas de réponses à apporter aux questions sociales et économiques telles qu'elles se posent aux gens de la rue. Nous n'avons pas besoin de réponses religieuses à des questions aussi pragmatiques et concrètes ! Ensuite, je ne vois pas qu'Israël laisse faire les choses sans intervenir d'une manière ou d'une autre. Pour ce pays, il va falloir limiter les dégâts car une relative stabilité va être remise en question si ces États tombent dans la mouvance islamiste. Et, de ce point de vue, il ne faut pas, non plus, oublier l'Iran… Israël a toujours montré sa détermination et on connaît les faucons israéliens. Je pense même qu'il va y avoir une attaque préventive contre l'Iran. Enfin, et surtout, les jeunes, la modernité sont un mouvement irrésistible ! Tôt ou tard, l'esprit l'emportera. On peut retarder le réveil des peuples. On ne peut pas les bloquer définitivement.
Mais comment pouvez-vous concilier ce pessimisme et cet optimisme ?
Je suis pessimiste à court terme mais optimiste à long terme. En ce moment, tout le monde cherche à placer ses pions: l'Amérique, Israël, l'Arabie saoudite, l'ancien régime toujours aux aguets, l'armée qui ne veut pas perdre ses privilèges, les Frères musulmans. Chacun essaye de tirer la couverture à lui. Mais je crois à la force de l'esprit. Napoléon écrivait: «Il y a deux forces qui mènent le monde : l'esprit et le glaive. La plus forte des deux, c'est l'esprit.» Quand un être humain est déterminé à aller jusqu'au bout, il peut renverser des barrières insurmontables. Une idée peut déstabiliser un empire. Ce qui se joue n'est pas une guerre de religion mais une guerre de civilisation. Il suffit pourtant d'analyser l'histoire. L'islamisme va vers un échec mais cela ne signifie pas qu'il va baisser les armes. En d'autres termes, la faiblesse de l'islamisme est de n'avoir d'autres réponses que celle de la violence. Je reconnais dans l'islam certaines valeurs, le sens de Dieu, le sens de la prière, la soumission, foi profonde, sens de communauté, mais face à ce qui se passe, je vois ce côté religieux de l'islam malheureusement piégé par le côté totalitaire fasciste de l'islam politique.
Mais vous dites pourtant que l'islam politique ne peut avoir de longévité électorale…
L'islam est en conflit avec lui-même. Les deux tendances sont là. Les intellectuels et les jeunes incarnent la tendance d'ouverture de l'islam mais ils se heurtent au mur de l'islam radical. Si l'islam radical se réforme, il se dénature. Et comme le mouvement islamiste est fidèle à ses origines, il va vers l'affrontement. C'est donc une alternative tragique.
Le Maroc veut pourtant démontrer le contraire. Et semble y parvenir ?
Le Maroc ? C'est la seule solution mais ce n'est pas l'islam. Et ce n'est pas moi qui l'affirme, ce sont les salafistes. Pour eux, si l'on ne va pas dans cette ligne, les révolutions seront dans l'impasse.
Vous êtes un chrétien, comment voyez-vous l'avenir de cette communauté au Proche-Orient ?
Les chrétiens étaient 20% au Proche-Orient il y a un siècle. Ils sont 2% aujourd'hui. Il semble que l'islam ait pour objectif de vider la région de toute présence chrétienne. Aujourd'hui, les chrétiens vivent dans l'inquiétude, l'angoisse et la peur d'être attaqués. Beaucoup émigrent ou ne sortent plus, surtout dans les quartiers dangereux, populaires. Mais je ne plaide pas la cause d'une minorité qui est la mienne. Mon combat est pour les chrétiens et pour les musulmans. Il est pour la justice, pour l'égalité et la citoyenneté. C'est là un terrain solide. Je veux que tout être humain ait le droit de choisir en conscience ce qu'il veut croire ou ne pas croire. En ce sens, les chrétiens doivent aujourd'hui prendre fait et cause pour ces révolutions qui vont dans le sens d'un État laïc. Qui ouvrent la porte à un choix libre. Mettons un point final à l'emprise du religieux sur la société. Le problème est que si les révolutions vont dans ce sens, ces pays ne seront plus musulmans, ils seront modernes. Or, un pays moderne en supprimant le religieux de sa Constitution cesse d'être un pays musulman. C'est tout le conflit entre les Frères musulmans et le reste du monde.
* Également ancien vice-président de Caritas Internationalis pour le monde arabe
souce: Le Figaro
Mots clés : islamisme
Par Jean-Marie Guénois
30/06/2011 | Mise à jour : 18:29 Réactions (11) INTERVIEW - Henri Boulad est directeur du Centre culturel jésuite d'Alexandrie. Il ne voit pas comment le printemps arabe échapperait à des gouvernements à majorité islamiste. Une transition inévitable, selon lui, avant la démocratisation, car les jeunes révolutionnaires n'aspirent pas à ce modèle de société fondé sur la religion.
LE FIGARO. - Vous êtes né à Alexandrie il y a quatre-vingts ans et connaissez particulièrement l'Égypte. Comment analysez-vous la situation de votre pays ?
Henri Boulad - Cette révolution a été déclenchée par des jeunes de tendance libérale, ouverte et laïque, mais elle a été récupérée dès le quatrième jour par les islamistes. Ils ont écarté les jeunes promoteurs pour les empêcher de parler. Ils ont mis à leur place le cheich al-Qaradawi qu'ils ont fait venir d'Arabie saoudite pour prendre les affaires en main. Cet Égyptien est non seulement un promoteur mais une grande figure de l'islamisme. La situation actuelle est donc celle d'un bras de fer entre deux courants : les Frères musulmans et les jeunes. Les Frères musulmans ont la force, l'organisation, les racines, le financement ; les jeunes sont fragiles mais déterminés.
Les troubles viennent de reprendre, qui va l'emporter ?
Analyser les forces en présence porte au pessimisme. Mais voir les jeunes, dans la rue, continuer la révolution redonne l'espérance. J'essaie de lire cette révolution sur un plan spirituel et théologique. Et je pense au combat entre David et Goliath. Toutes les chances sont du côté de Goliath mais c'est David qui triomphe car l'affrontement entre force et faiblesse n'est pas toujours du côté de la force. Cela dit, on aura probablement un gouvernement Frères musulmans dans un avenir proche avec un programme qui ira dans le sens de la charia. Mais la démocratisation s'imposera dans un second temps même si elle sera difficile à acquérir car les islamistes ne vont pas démordre.
Vous n'évoquez pas l'armée égyptienne : n'est-elle pas dans un rôle d'arbitre ?
C'est la troisième force et elle permet la transition. Sans elle, l'anarchie régnerait. Ce serait la guerre civile. Il faut donc se réjouir de sa présence mais elle joue un rôle ambigu. Elle était neutre au début mais j'ai l'impression qu'une partie de l'armée est passée du côté des Frères musulmans. Pourtant, elle a toujours été connue pour sa tendance laïque et anti-Frères musulmans.
La perspective de l'arrivée au pouvoir d'islamistes en Égypte est donc très sérieuse à vos yeux ?
Le risque est très sérieux en Égypte et dans l'ensemble du monde arabe. À ce titre, j'ai l'impression que l'Arabie saoudite joue un jeu souterrain, subtil. Elle soutient à milliards les Frères musulmans et les salafistes qui sont encore pire… Elle cherche ainsi à enfourcher le mouvement de ces révolutions et à les islamiser. C'est une opportunité en or pour s'emparer de ce souffle et placer des gouvernements islamistes dans tous ces pays. Il faut dire que ces États avaient jusqu'à présent résisté à cette idéologie car tous les islamistes étaient en prison !
Mais sur quoi vous fondez-vous pour penser que l'islamisme ne serait qu'un passage ?
Le passage par l'islamisme est actuellement incontournable dans le monde arabe. Et il faut admettre cette période où l'islamisme va prendre le pouvoir. Pour combien de temps ? Je ne le sais pas. Sans doute jusqu'à ce que les islamistes démontrent qu'ils sont incapables de gérer les vrais problèmes des pays concernés. Car la charia n'a pas de réponses à apporter aux questions sociales et économiques telles qu'elles se posent aux gens de la rue. Nous n'avons pas besoin de réponses religieuses à des questions aussi pragmatiques et concrètes ! Ensuite, je ne vois pas qu'Israël laisse faire les choses sans intervenir d'une manière ou d'une autre. Pour ce pays, il va falloir limiter les dégâts car une relative stabilité va être remise en question si ces États tombent dans la mouvance islamiste. Et, de ce point de vue, il ne faut pas, non plus, oublier l'Iran… Israël a toujours montré sa détermination et on connaît les faucons israéliens. Je pense même qu'il va y avoir une attaque préventive contre l'Iran. Enfin, et surtout, les jeunes, la modernité sont un mouvement irrésistible ! Tôt ou tard, l'esprit l'emportera. On peut retarder le réveil des peuples. On ne peut pas les bloquer définitivement.
Mais comment pouvez-vous concilier ce pessimisme et cet optimisme ?
Je suis pessimiste à court terme mais optimiste à long terme. En ce moment, tout le monde cherche à placer ses pions: l'Amérique, Israël, l'Arabie saoudite, l'ancien régime toujours aux aguets, l'armée qui ne veut pas perdre ses privilèges, les Frères musulmans. Chacun essaye de tirer la couverture à lui. Mais je crois à la force de l'esprit. Napoléon écrivait: «Il y a deux forces qui mènent le monde : l'esprit et le glaive. La plus forte des deux, c'est l'esprit.» Quand un être humain est déterminé à aller jusqu'au bout, il peut renverser des barrières insurmontables. Une idée peut déstabiliser un empire. Ce qui se joue n'est pas une guerre de religion mais une guerre de civilisation. Il suffit pourtant d'analyser l'histoire. L'islamisme va vers un échec mais cela ne signifie pas qu'il va baisser les armes. En d'autres termes, la faiblesse de l'islamisme est de n'avoir d'autres réponses que celle de la violence. Je reconnais dans l'islam certaines valeurs, le sens de Dieu, le sens de la prière, la soumission, foi profonde, sens de communauté, mais face à ce qui se passe, je vois ce côté religieux de l'islam malheureusement piégé par le côté totalitaire fasciste de l'islam politique.
Mais vous dites pourtant que l'islam politique ne peut avoir de longévité électorale…
L'islam est en conflit avec lui-même. Les deux tendances sont là. Les intellectuels et les jeunes incarnent la tendance d'ouverture de l'islam mais ils se heurtent au mur de l'islam radical. Si l'islam radical se réforme, il se dénature. Et comme le mouvement islamiste est fidèle à ses origines, il va vers l'affrontement. C'est donc une alternative tragique.
Le Maroc veut pourtant démontrer le contraire. Et semble y parvenir ?
Le Maroc ? C'est la seule solution mais ce n'est pas l'islam. Et ce n'est pas moi qui l'affirme, ce sont les salafistes. Pour eux, si l'on ne va pas dans cette ligne, les révolutions seront dans l'impasse.
Vous êtes un chrétien, comment voyez-vous l'avenir de cette communauté au Proche-Orient ?
Les chrétiens étaient 20% au Proche-Orient il y a un siècle. Ils sont 2% aujourd'hui. Il semble que l'islam ait pour objectif de vider la région de toute présence chrétienne. Aujourd'hui, les chrétiens vivent dans l'inquiétude, l'angoisse et la peur d'être attaqués. Beaucoup émigrent ou ne sortent plus, surtout dans les quartiers dangereux, populaires. Mais je ne plaide pas la cause d'une minorité qui est la mienne. Mon combat est pour les chrétiens et pour les musulmans. Il est pour la justice, pour l'égalité et la citoyenneté. C'est là un terrain solide. Je veux que tout être humain ait le droit de choisir en conscience ce qu'il veut croire ou ne pas croire. En ce sens, les chrétiens doivent aujourd'hui prendre fait et cause pour ces révolutions qui vont dans le sens d'un État laïc. Qui ouvrent la porte à un choix libre. Mettons un point final à l'emprise du religieux sur la société. Le problème est que si les révolutions vont dans ce sens, ces pays ne seront plus musulmans, ils seront modernes. Or, un pays moderne en supprimant le religieux de sa Constitution cesse d'être un pays musulman. C'est tout le conflit entre les Frères musulmans et le reste du monde.
* Également ancien vice-président de Caritas Internationalis pour le monde arabe
souce: Le Figaro
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le passage par l'islamisme est incontournable dans le monde arabe»
Vision assez juste ne trouvez pas.L'islamisme va vers un échec mais cela ne signifie pas qu'il va baisser les armes. En d'autres termes, la faiblesse de l'islamisme est de n'avoir d'autres réponses que celle de la violence. Je reconnais dans l'islam certaines valeurs, le sens de Dieu, le sens de la prière, la soumission, foi profonde, sens de communauté, mais face à ce qui se passe, je vois ce côté religieux de l'islam malheureusement piégé par le côté totalitaire fasciste de l'islam politique.
C'est tres triste car ca montre que l'Islam est peu tolérant envers les autres....D'ou l'importance pour les pays occidentaux de bien protéger leur culture;voir de llimiter l'immigration.....Les chrétiens étaient 20% au Proche-Orient il y a un siècle. Ils sont 2% aujourd'hui. Il semble que l'islam ait pour objectif de vider la région de toute présence chrétienne. Aujourd'hui, les chrétiens vivent dans l'inquiétude, l'angoisse et la peur d'être attaqués. Beaucoup émigrent ou ne sortent plus, surtout dans les quartiers dangereux, populaires.
Les freres musulmans est un mouvement politico-religieux islamiste intégriste...En ce sens, les chrétiens doivent aujourd'hui prendre fait et cause pour ces révolutions qui vont dans le sens d'un État laïc. Qui ouvrent la porte à un choix libre. Mettons un point final à l'emprise du religieux sur la société. Le problème est que si les révolutions vont dans ce sens, ces pays ne seront plus musulmans, ils seront modernes. Or, un pays moderne en supprimant le religieux de sa Constitution cesse d'être un pays musulman. C'est tout le conflit entre les Frères musulmans et le reste du monde.
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: Le passage par l'islamisme est incontournable dans le monde arabe»
Ma crainte :Que les Freres Musulmans prennent le pouvoir ds la grande majorité des pays musulmans qui vivent une révolution actuellement.....
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
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