Les saints du jour
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Les saints du jour
Rappel du premier message :
1er décembre
Bienheureux Charles de Foucauld
Ermite, prêtre, missionnaire et martyr
Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa sœur Marie, par son grand-père, dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.
Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ».
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. « Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ».
Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation : suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des clarisses de Nazareth.
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, « les plus délaissés, les plus abandonnés ».
Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, le frère universel. Il voulait « crier l'Évangile par toute sa vie » dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. « Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ? ».
Le soir du 1 décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres : après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette vie de Nazareth pouvait être vécue partout et par tous.
Charles de Foucauld a été béatifié à Rome le 13 novembre 2005.
1er décembre
Bienheureux Charles de Foucauld
Ermite, prêtre, missionnaire et martyr
Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa sœur Marie, par son grand-père, dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.
Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ».
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. « Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ».
Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation : suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des clarisses de Nazareth.
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, « les plus délaissés, les plus abandonnés ».
Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, le frère universel. Il voulait « crier l'Évangile par toute sa vie » dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. « Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ? ».
Le soir du 1 décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres : après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette vie de Nazareth pouvait être vécue partout et par tous.
Charles de Foucauld a été béatifié à Rome le 13 novembre 2005.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Dimanche 15 novembre
Saint Albert Le Grand
Évêque et docteur de l'Église
(1193-1280)
Albert le Grand naît aux environs d'Augsbourg de parents riches. Dès son enfance, il montra dans ses études une rare perspicacité ; le goût des sciences lui fit abandonner les traditions chevaleresques de sa famille et le conduisit à l'université de Padoue où il sut tempérer son ardeur pour l'étude par une vive piété.
À l'âge de trente ans, encore incertain de son avenir, mais inspiré par la grâce, il alla se jeter aux pieds de la très Sainte Vierge, et crut entendre la céleste Mère lui dire : « Quitte le monde et entre dans l'ordre de Saint Dominique. » Dès lors, Albert n'hésita plus, et malgré les résistances de sa famille, il entra au noviciat des Dominicains. Tels furent bientôt ses progrès dans la science et la sainteté, qu'il dépassa ses maîtres eux-mêmes.
Muni du titre de docteur en théologie, il fut envoyé à Cologne, où sa réputation lui attira pendant longtemps de nombreux et illustres disciples. Mais un seul suffirait à sa gloire, c'est saint Thomas d'Aquin.
Ce jeuned religieux, déjà tout plongé dans les plus hautes études théologiques, était silencieux parmi les autres au point d'être appelé par ses condisciples : « le Bœuf muet de Sicile ». Mais Albert les fit taire en disant : « Les mugissements de ce bœuf retentiront dans le monde entier. »
De Cologne, Albert fut appelé à l'Université de Paris avec son cher disciple. C'est là que son génie parut dans tout son éclat et qu'il composa un grand nombre de ses ouvrages. Plus tard l'obéissance le ramène en Allemagne comme provincial de son Ordre ; il dit adieu, à sa cellule, à ses livres, à ses nombreux disciples, et voyage sans argent, toujours à pied, à travers un immense territoire pour visiter les nombreux monastères soumis à sa juridiction. Il était âgé de soixante-sept ans quand il dut se soumettre à l'ordre formel du pape et accepter, en des circonstances difficiles, le siège épiscopal de Ratisbonne ; là, son zèle infatigable ne fut récompensé que par de dures épreuves où se perfectionna sa vertu.
Rendu à la paix dans un couvent de son Ordre, il lui fallut bientôt, à l'âge de soixante-dix ans, reprendre ses courses apostoliques. Enfin il put rentrer définitivement dans la retraite pour se préparer à la mort. On s'étonne que, parmi tant de travaux, de voyages et d'œuvres de zèle, Albert ait pu trouver le temps d'écrire sur les sciences, la philosophie et la théologie des ouvrages qui ne forment pas moins de vingt et un volumes in-folio, et on peut se demander ce qui a le plus excellé en lui du savant, du saint ou de l'apôtre.
Il mourut âgé de quatre-vingt-sept ans, le 15 novembre 1280 ; son corps fut enterré à Cologne dans l'église des dominicains. Il lui a fallu attendre jusqu'au 16 décembre 1931 les honneurs de la canonisation et l'extension de son culte à l'Église universelle. En proclamant sa sainteté, le pape Pie XI y ajouta le titre si glorieux et si bien mérité de docteur de l'Église.
Bse Maddalena Caterina Morano ( 1847-1908)
Religieuse de l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice
Dans le Martyrologe Romain la date de la mémoire est celle de la naissance au ciel (dies natalis) : le 26 mars. Pour la Congrégation, et au niveau local, le jour de la mémoire est celui de sa naissance sur terre : le 15 novembre.
Maddalena Caterina Morano naît le 15 novembre 1847 dans une famille nombreuse de Chieri, près de Turin. Lorsqu'elle est âgée de huit ans, son père et sa sœur aînée décèdent, obligeant Maddalena à travailler. Toutefois, elle s'applique à étudier, et en 1866 elle reçoit son diplôme d'enseignant de l'école primaire. Ses études augmentent sa connaissance de la doctrine chrétienne et son désir ardent d'être une sainte. Elle désire entrer en religion, mais les difficultés de sa famille nécessitent qu'elle attende.
Pendant douze ans elle travaille comme enseignante dans une école rurale de Montaldo et enseigne le catéchisme dans la paroisse locale.
En 1878, ayant mis de côté assez d'économies pour les besoins futurs de sa mère, Maddalena entre chez les Filles de Marie Auxiliatrice (Salésiennes), une congrégation fondée six ans plus tôt par Don Bosco. Elle est une religieuse modèle, et après un bref mais intense noviciat elle prononce ses premiers vœux.
En 1881, avec la bénédiction de Don Bosco, elle est envoyée à Trecastagni (diocèse de Catane), en Sicile, chargée d'un établissement pour femmes, auquel elle donne une nouvelle orientation, inspirée par les principes Salésiens. La Sicile devient sa seconde maison, où elle effectue un apostolat divers et fructueux. Elle ouvre de nouvelles maisons, fonde des classes d'activités et forme des enseignants.
Son véritable amour, cependant, sont les cours de catéchisme, depuis qu'elle est convaincue que la formation de la conscience chrétienne est le fondement de la maturité personnelle et de toute amélioration sociale. Elle coordonne l'instruction catéchétique dans dix-huit églises de Catane et forme les catéchistes laïcs et religieux à apporter le message chrétien aux garçons et filles indigents.
Elle passe vingt-cinq années en Sicile et tient la place de supérieure provinciale et locale de sa communauté. Mère attentive et soignante pour de nombreuses vocations locales, elle vit fidèlement le charisme de Mère Maria Mazzarello (canonisée en 1951), co-fondatrice de l'Institut.
Minée par une tumeur, elle meurt à Catane à l'âge de soixante et un ans le 26 mars 1908 ; une vie de pleine cohérence, vécue toujours avec l'intention de « ne jamais mettre d’obstacle à l'action de la Grâce en cédant à l'égoïsme personnel ».
Maddalena Caterina Morano a été béatifiée le 5 novembre 1994, à Catane, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Saint Albert Le Grand
Évêque et docteur de l'Église
(1193-1280)
Albert le Grand naît aux environs d'Augsbourg de parents riches. Dès son enfance, il montra dans ses études une rare perspicacité ; le goût des sciences lui fit abandonner les traditions chevaleresques de sa famille et le conduisit à l'université de Padoue où il sut tempérer son ardeur pour l'étude par une vive piété.
À l'âge de trente ans, encore incertain de son avenir, mais inspiré par la grâce, il alla se jeter aux pieds de la très Sainte Vierge, et crut entendre la céleste Mère lui dire : « Quitte le monde et entre dans l'ordre de Saint Dominique. » Dès lors, Albert n'hésita plus, et malgré les résistances de sa famille, il entra au noviciat des Dominicains. Tels furent bientôt ses progrès dans la science et la sainteté, qu'il dépassa ses maîtres eux-mêmes.
Muni du titre de docteur en théologie, il fut envoyé à Cologne, où sa réputation lui attira pendant longtemps de nombreux et illustres disciples. Mais un seul suffirait à sa gloire, c'est saint Thomas d'Aquin.
Ce jeuned religieux, déjà tout plongé dans les plus hautes études théologiques, était silencieux parmi les autres au point d'être appelé par ses condisciples : « le Bœuf muet de Sicile ». Mais Albert les fit taire en disant : « Les mugissements de ce bœuf retentiront dans le monde entier. »
De Cologne, Albert fut appelé à l'Université de Paris avec son cher disciple. C'est là que son génie parut dans tout son éclat et qu'il composa un grand nombre de ses ouvrages. Plus tard l'obéissance le ramène en Allemagne comme provincial de son Ordre ; il dit adieu, à sa cellule, à ses livres, à ses nombreux disciples, et voyage sans argent, toujours à pied, à travers un immense territoire pour visiter les nombreux monastères soumis à sa juridiction. Il était âgé de soixante-sept ans quand il dut se soumettre à l'ordre formel du pape et accepter, en des circonstances difficiles, le siège épiscopal de Ratisbonne ; là, son zèle infatigable ne fut récompensé que par de dures épreuves où se perfectionna sa vertu.
Rendu à la paix dans un couvent de son Ordre, il lui fallut bientôt, à l'âge de soixante-dix ans, reprendre ses courses apostoliques. Enfin il put rentrer définitivement dans la retraite pour se préparer à la mort. On s'étonne que, parmi tant de travaux, de voyages et d'œuvres de zèle, Albert ait pu trouver le temps d'écrire sur les sciences, la philosophie et la théologie des ouvrages qui ne forment pas moins de vingt et un volumes in-folio, et on peut se demander ce qui a le plus excellé en lui du savant, du saint ou de l'apôtre.
Il mourut âgé de quatre-vingt-sept ans, le 15 novembre 1280 ; son corps fut enterré à Cologne dans l'église des dominicains. Il lui a fallu attendre jusqu'au 16 décembre 1931 les honneurs de la canonisation et l'extension de son culte à l'Église universelle. En proclamant sa sainteté, le pape Pie XI y ajouta le titre si glorieux et si bien mérité de docteur de l'Église.
Bse Maddalena Caterina Morano ( 1847-1908)
Religieuse de l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice
Dans le Martyrologe Romain la date de la mémoire est celle de la naissance au ciel (dies natalis) : le 26 mars. Pour la Congrégation, et au niveau local, le jour de la mémoire est celui de sa naissance sur terre : le 15 novembre.
Maddalena Caterina Morano naît le 15 novembre 1847 dans une famille nombreuse de Chieri, près de Turin. Lorsqu'elle est âgée de huit ans, son père et sa sœur aînée décèdent, obligeant Maddalena à travailler. Toutefois, elle s'applique à étudier, et en 1866 elle reçoit son diplôme d'enseignant de l'école primaire. Ses études augmentent sa connaissance de la doctrine chrétienne et son désir ardent d'être une sainte. Elle désire entrer en religion, mais les difficultés de sa famille nécessitent qu'elle attende.
Pendant douze ans elle travaille comme enseignante dans une école rurale de Montaldo et enseigne le catéchisme dans la paroisse locale.
En 1878, ayant mis de côté assez d'économies pour les besoins futurs de sa mère, Maddalena entre chez les Filles de Marie Auxiliatrice (Salésiennes), une congrégation fondée six ans plus tôt par Don Bosco. Elle est une religieuse modèle, et après un bref mais intense noviciat elle prononce ses premiers vœux.
En 1881, avec la bénédiction de Don Bosco, elle est envoyée à Trecastagni (diocèse de Catane), en Sicile, chargée d'un établissement pour femmes, auquel elle donne une nouvelle orientation, inspirée par les principes Salésiens. La Sicile devient sa seconde maison, où elle effectue un apostolat divers et fructueux. Elle ouvre de nouvelles maisons, fonde des classes d'activités et forme des enseignants.
Son véritable amour, cependant, sont les cours de catéchisme, depuis qu'elle est convaincue que la formation de la conscience chrétienne est le fondement de la maturité personnelle et de toute amélioration sociale. Elle coordonne l'instruction catéchétique dans dix-huit églises de Catane et forme les catéchistes laïcs et religieux à apporter le message chrétien aux garçons et filles indigents.
Elle passe vingt-cinq années en Sicile et tient la place de supérieure provinciale et locale de sa communauté. Mère attentive et soignante pour de nombreuses vocations locales, elle vit fidèlement le charisme de Mère Maria Mazzarello (canonisée en 1951), co-fondatrice de l'Institut.
Minée par une tumeur, elle meurt à Catane à l'âge de soixante et un ans le 26 mars 1908 ; une vie de pleine cohérence, vécue toujours avec l'intention de « ne jamais mettre d’obstacle à l'action de la Grâce en cédant à l'égoïsme personnel ».
Maddalena Caterina Morano a été béatifiée le 5 novembre 1994, à Catane, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Lundi le 16 novembre
Saint Giuseppe Moscati ( 1880-1927)
Médecin napolitain
La fête liturgique, pour l'Église universelle est le 12 avril (dies natalis). Mais, à la demande des Jésuites de Naples, elle a été déplacée au 16 novembre (date de la translation des restes du saint) pour éviter que celle-ci ne tombe pendant la Semaine Sainte, ou une semaine proche de Pâques.
Celle-ci est donc le 16 novembre, date du transfert des restes de Giuseppe Moscati dans l'église du Gesù Nuovo, trois ans après sa mort.
Elle figure toujours à la date du 12 avril au Martyrologe romain.
G
iuseppe Moscati naît à Bénévent (en Campanie), le 25 juillet 1880, du magistrat Francesco Moscati et Rosa De Luca, des marquis de Roseto. Il fut baptisé six jours après la naissance, le 31 juillet 1880. En 1884, la famille s’installa à Naples car Francesco Moscati fut nommé Président de la Cour d’Appel de cette ville.
Giuseppe fit sa première communion le 8 décembre 1888 et reçut le sacrement de confirmation, par Monseigneur Pasquale De Siena, le 3 mars 1890.
En 1889 entre au lycée classique Vittorio Emanuele de Naples où, en 1897, il obtient son baccalauréat avec mention.
Ému par l'accident d'un de ses frères, il décide de se mettre au service des malades et s'inscrit à la faculté de médecine. Il soutient une thèse sur l'uréogenèse hépatique, le 4 août 1903, et obtient son doctorat en médecine avec les félicitations du jury.
Giuseppe Moscati réussit le concours de Collaborateur extraordinaire auprès de l'hôpital des Incurables en 1903, puis celui d'Assistant à l'Institut de Chimie physiologique en 1908.
Il se distingua pour son travail et son dévouement pendant l'éruption du Vésuve du 8 avril 1906. Les Hôpitaux Réunis de Naples avaient une succursale à Torre del Greco, une petite ville près de Naples, à six kilomètres du cratère, où vivaient beaucoup de malades paralytiques et vieux. Moscati, en pressentant le danger, fit évacuer 1'hôpital juste avant l'écroulement du toit et sauva tous les hospitalisés. Deux jours plus tard il envoya une lettre au directeur général des Hôpitaux Réunis de Naples, proposant de gratifier les personnes qui l'avaient aidé, mais insista surtout pour qu'on ne citât pas son nom.
Suite à l'épidémie de cholera de 1911, il fut appelé par le Ministère au Laboratoire de l'Inspection de la Santé publique, pour faire des recherches sur l'origine du mal et les moyens les plus efficaces pour le vaincre. Il termina son étude rapidement, et présenta une relation sur les interventions nécessaires pour assainir la ville ; à sa grande satisfaction, il vit la réalisation de beaucoup de ses propositions.
Toujours en 1911, à 31 ans, le docteur Moscati fut reçu au concours de Collaborateur ordinaire aux Hôpitaux Réunis et cette même année, sur l'initiative d'Antonio Cardarelli, l'Académie royale de Médecine chirurgicale le nomma Membre agrégé tandis que le ministère de l'Instruction publique lui attribuait le doctorat en chimie physiologique.
Outre son intense travail entre l'université et l'hôpital, le professeur Moscati assurait aussi la direction de l'Institut d'Anatomo-pathologie. Dans la salle d'autopsie, Le professeur Moscati avait eu une idée de faire accrocher un crucifix avec une inscription qui mentionnait : « Ero mors tua, o mors » (Osée 13,14: « Ô mort, je serai ta mort » - Vulgate).
Sa mère mourut le 25 novembre 1914 du diabète ; quelques années plus tard, il fut un des premiers médecins à Naples, à expérimenter l'insuline et à enseigner à un groupe de médecins les modalités du traitement du diabète. L'insuline fut expérimentée sur les humains pour la première fois en janvier 1922.
Pendant la Première Guerre mondiale, il fit une demande d'enrôlement volontaire, qui ne fut pas acceptée. Les autorités militaires préférant lui confier les soins aux blessés. L'hôpital des Incurables fut militarisé. Il visita et soigna environ 3.000 militaires.
Le Conseil d'administration de l'hôpital des Incurables le nomma officiellement, en 1919, Directeur de la IIIe Salle Masculine, tandis qu'il continuait à enseigner à un grand nombre d'étudiants.
Le 14 octobre 1922 le ministère de l'Instruction publique lui attribua la libera docenza (titre académique italien permettant d'enseigner à titre privé dans les universités et les autres instituts supérieurs) en médecine clinique.
Trois jours après Moscati écrivit: « Aime la vérité, montre la personne que tu es, sans feinte et sans peur, sans aucun ménagement. Et si la Vérité te vaut la persécution, toi, accepte-la, si elle t'apporte le tourment, toi, supporte-le. Et si pour la Vérité, il te fallait sacrifier toi-même et ta vie, sois fort dans le sacrifice ».
Le 12 avril 1927, un mardi saint, le professeur Moscati, après avoir participé à la messe, comme chaque jour, et reçu la communion, passa la matinée à l'hôpital, puis il rentra chez lui et après le repas, il s'occupa, gratuitement comme d'habitude, des patients qui venaient le consulter à son domicile. Vers 15 h, il eut un malaise et s'assit dans son fauteuil, où il s'éteignit sereinement. Il avait 46 ans et 8 mois.
Son corps fut enseveli au cimetière de Poggioreale. Mais trois ans plus tard, le 16 novembre 1930, sur l'insistance de plusieurs personnalités du clergé et du laïcat, l'archevêque de Naples, le cardinal Alessio Ascalesi, permet la translation du corps du cimetière à l'église du Gesù Nuovo, au milieu d'une double haie de personnes. Le corps fut déposé dans une salle derrière l'autel de saint François Xavier et aujourd'hui une pierre en marbre, à droite de cet autel, le rappelle encore.
Le 25 octobre 1987, à 10 h du matin, place Saint-Pierre, à Rome, Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), en présence de plus de 100.000 personnes, proclama et admit officiellement Giuseppe Moscati au nombre des Saints (60 ans après sa mort).
Sainte Marguerite
Reine d'Écosse
(1046-1093)
Marguerite était la nièce de saint Étienne de Hongrie. Elle naît en 1046, et montra bientôt de merveilleuses dispositions pour la vertu qui lui mérita dans la suite le nom de mère des orphelins et de trésorière des pauvres de Jésus-Christ.
Forcée de chercher un asile en Écosse, elle donna l'exemple d'une sainteté courageuse dans les épreuves, si bien que le roi Malcolm III, plein d'estime pour elle et épris des charmes de sa beauté, lui offrit sa main et son trône. Marguerite y consentit, moins par inclination que dans l'espoir de servir à propager le règne de Jésus-Christ. Elle avait alors environ vingt-trois ans.
Son premier apostolat s'exerça envers son mari, dont elle adoucit les mœurs par ses attentions délicates, par sa patience et sa douceur. Convertir un roi, c'est convertir un royaume : aussi l'Écosse entière se ressentit de la conversion de son roi : la cour, le clergé, le peuple furent bientôt transformés.
Marguerite, apôtre de son mari, fut aussi l'apôtre de sa famille. Dieu lui donna huit enfants, qui firent tous honneur à la vertu de leur pieuse mère et à la valeur de leur père. Dès le berceau elle leur inspirait l'amour de Dieu, le mépris des vanités terrestres et l'horreur du péché.
L'amour des pauvres, qui avait brillé dans Marguerite enfant, ne fit que s'accroître dans le cœur de la reine. Pour les soulager, elle n'employait pas seulement ses richesses, elle se dépensait tout entière : « La main des pauvres, aimait-elle à dire, est la garantie des trésors royaux : c'est un coffre-fort que les voleurs les plus habiles ne sauraient forcer. » Aussi se fit-elle plus pauvre que les pauvres eux-mêmes qui lui tendaient la main ; car elle ne se privait pas seulement du superflu, mais du nécessaire, pour leur éviter des privations.
Quand elle sortait de son palais, elle était toujours environnée de pauvres, de veuves et d'orphelins, qui se pressaient sur ses pas. Avant de se mettre à table, elle servait toujours de ses mains neuf petites orphelines et vingt-quatre vieillards ; l'on vit même parfois entrer ensemble dans le palais jusqu'à trois cents pauvres. Malcolm se faisait un plaisir de s'associer à sa sainte épouse pour servir les pauvres à genoux, par respect pour Notre-Seigneur, dont ils sont les membres souffrants.
Marguerite meurt à Édimbourg le 16 novembre 1093 ; sa mort jeta le deuil dans tout le royaume.
Saint Giuseppe Moscati ( 1880-1927)
Médecin napolitain
La fête liturgique, pour l'Église universelle est le 12 avril (dies natalis). Mais, à la demande des Jésuites de Naples, elle a été déplacée au 16 novembre (date de la translation des restes du saint) pour éviter que celle-ci ne tombe pendant la Semaine Sainte, ou une semaine proche de Pâques.
Celle-ci est donc le 16 novembre, date du transfert des restes de Giuseppe Moscati dans l'église du Gesù Nuovo, trois ans après sa mort.
Elle figure toujours à la date du 12 avril au Martyrologe romain.
G
iuseppe Moscati naît à Bénévent (en Campanie), le 25 juillet 1880, du magistrat Francesco Moscati et Rosa De Luca, des marquis de Roseto. Il fut baptisé six jours après la naissance, le 31 juillet 1880. En 1884, la famille s’installa à Naples car Francesco Moscati fut nommé Président de la Cour d’Appel de cette ville.
Giuseppe fit sa première communion le 8 décembre 1888 et reçut le sacrement de confirmation, par Monseigneur Pasquale De Siena, le 3 mars 1890.
En 1889 entre au lycée classique Vittorio Emanuele de Naples où, en 1897, il obtient son baccalauréat avec mention.
Ému par l'accident d'un de ses frères, il décide de se mettre au service des malades et s'inscrit à la faculté de médecine. Il soutient une thèse sur l'uréogenèse hépatique, le 4 août 1903, et obtient son doctorat en médecine avec les félicitations du jury.
Giuseppe Moscati réussit le concours de Collaborateur extraordinaire auprès de l'hôpital des Incurables en 1903, puis celui d'Assistant à l'Institut de Chimie physiologique en 1908.
Il se distingua pour son travail et son dévouement pendant l'éruption du Vésuve du 8 avril 1906. Les Hôpitaux Réunis de Naples avaient une succursale à Torre del Greco, une petite ville près de Naples, à six kilomètres du cratère, où vivaient beaucoup de malades paralytiques et vieux. Moscati, en pressentant le danger, fit évacuer 1'hôpital juste avant l'écroulement du toit et sauva tous les hospitalisés. Deux jours plus tard il envoya une lettre au directeur général des Hôpitaux Réunis de Naples, proposant de gratifier les personnes qui l'avaient aidé, mais insista surtout pour qu'on ne citât pas son nom.
Suite à l'épidémie de cholera de 1911, il fut appelé par le Ministère au Laboratoire de l'Inspection de la Santé publique, pour faire des recherches sur l'origine du mal et les moyens les plus efficaces pour le vaincre. Il termina son étude rapidement, et présenta une relation sur les interventions nécessaires pour assainir la ville ; à sa grande satisfaction, il vit la réalisation de beaucoup de ses propositions.
Toujours en 1911, à 31 ans, le docteur Moscati fut reçu au concours de Collaborateur ordinaire aux Hôpitaux Réunis et cette même année, sur l'initiative d'Antonio Cardarelli, l'Académie royale de Médecine chirurgicale le nomma Membre agrégé tandis que le ministère de l'Instruction publique lui attribuait le doctorat en chimie physiologique.
Outre son intense travail entre l'université et l'hôpital, le professeur Moscati assurait aussi la direction de l'Institut d'Anatomo-pathologie. Dans la salle d'autopsie, Le professeur Moscati avait eu une idée de faire accrocher un crucifix avec une inscription qui mentionnait : « Ero mors tua, o mors » (Osée 13,14: « Ô mort, je serai ta mort » - Vulgate).
Sa mère mourut le 25 novembre 1914 du diabète ; quelques années plus tard, il fut un des premiers médecins à Naples, à expérimenter l'insuline et à enseigner à un groupe de médecins les modalités du traitement du diabète. L'insuline fut expérimentée sur les humains pour la première fois en janvier 1922.
Pendant la Première Guerre mondiale, il fit une demande d'enrôlement volontaire, qui ne fut pas acceptée. Les autorités militaires préférant lui confier les soins aux blessés. L'hôpital des Incurables fut militarisé. Il visita et soigna environ 3.000 militaires.
Le Conseil d'administration de l'hôpital des Incurables le nomma officiellement, en 1919, Directeur de la IIIe Salle Masculine, tandis qu'il continuait à enseigner à un grand nombre d'étudiants.
Le 14 octobre 1922 le ministère de l'Instruction publique lui attribua la libera docenza (titre académique italien permettant d'enseigner à titre privé dans les universités et les autres instituts supérieurs) en médecine clinique.
Trois jours après Moscati écrivit: « Aime la vérité, montre la personne que tu es, sans feinte et sans peur, sans aucun ménagement. Et si la Vérité te vaut la persécution, toi, accepte-la, si elle t'apporte le tourment, toi, supporte-le. Et si pour la Vérité, il te fallait sacrifier toi-même et ta vie, sois fort dans le sacrifice ».
Le 12 avril 1927, un mardi saint, le professeur Moscati, après avoir participé à la messe, comme chaque jour, et reçu la communion, passa la matinée à l'hôpital, puis il rentra chez lui et après le repas, il s'occupa, gratuitement comme d'habitude, des patients qui venaient le consulter à son domicile. Vers 15 h, il eut un malaise et s'assit dans son fauteuil, où il s'éteignit sereinement. Il avait 46 ans et 8 mois.
Son corps fut enseveli au cimetière de Poggioreale. Mais trois ans plus tard, le 16 novembre 1930, sur l'insistance de plusieurs personnalités du clergé et du laïcat, l'archevêque de Naples, le cardinal Alessio Ascalesi, permet la translation du corps du cimetière à l'église du Gesù Nuovo, au milieu d'une double haie de personnes. Le corps fut déposé dans une salle derrière l'autel de saint François Xavier et aujourd'hui une pierre en marbre, à droite de cet autel, le rappelle encore.
Le 25 octobre 1987, à 10 h du matin, place Saint-Pierre, à Rome, Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), en présence de plus de 100.000 personnes, proclama et admit officiellement Giuseppe Moscati au nombre des Saints (60 ans après sa mort).
Sainte Marguerite
Reine d'Écosse
(1046-1093)
Marguerite était la nièce de saint Étienne de Hongrie. Elle naît en 1046, et montra bientôt de merveilleuses dispositions pour la vertu qui lui mérita dans la suite le nom de mère des orphelins et de trésorière des pauvres de Jésus-Christ.
Forcée de chercher un asile en Écosse, elle donna l'exemple d'une sainteté courageuse dans les épreuves, si bien que le roi Malcolm III, plein d'estime pour elle et épris des charmes de sa beauté, lui offrit sa main et son trône. Marguerite y consentit, moins par inclination que dans l'espoir de servir à propager le règne de Jésus-Christ. Elle avait alors environ vingt-trois ans.
Son premier apostolat s'exerça envers son mari, dont elle adoucit les mœurs par ses attentions délicates, par sa patience et sa douceur. Convertir un roi, c'est convertir un royaume : aussi l'Écosse entière se ressentit de la conversion de son roi : la cour, le clergé, le peuple furent bientôt transformés.
Marguerite, apôtre de son mari, fut aussi l'apôtre de sa famille. Dieu lui donna huit enfants, qui firent tous honneur à la vertu de leur pieuse mère et à la valeur de leur père. Dès le berceau elle leur inspirait l'amour de Dieu, le mépris des vanités terrestres et l'horreur du péché.
L'amour des pauvres, qui avait brillé dans Marguerite enfant, ne fit que s'accroître dans le cœur de la reine. Pour les soulager, elle n'employait pas seulement ses richesses, elle se dépensait tout entière : « La main des pauvres, aimait-elle à dire, est la garantie des trésors royaux : c'est un coffre-fort que les voleurs les plus habiles ne sauraient forcer. » Aussi se fit-elle plus pauvre que les pauvres eux-mêmes qui lui tendaient la main ; car elle ne se privait pas seulement du superflu, mais du nécessaire, pour leur éviter des privations.
Quand elle sortait de son palais, elle était toujours environnée de pauvres, de veuves et d'orphelins, qui se pressaient sur ses pas. Avant de se mettre à table, elle servait toujours de ses mains neuf petites orphelines et vingt-quatre vieillards ; l'on vit même parfois entrer ensemble dans le palais jusqu'à trois cents pauvres. Malcolm se faisait un plaisir de s'associer à sa sainte épouse pour servir les pauvres à genoux, par respect pour Notre-Seigneur, dont ils sont les membres souffrants.
Marguerite meurt à Édimbourg le 16 novembre 1093 ; sa mort jeta le deuil dans tout le royaume.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mardi le 17 novembre
Sainte Élisabeth de Hongrie
Veuve, tertiaire de saint François
(1207-1231)
Élisabeth, fille d'André II, roi de Hongrie, connut toutes les joies et toutes les grandeurs, mais aussi toutes les épreuves de la vie, et Dieu a donné en elle un modèle accompli aux enfants, aux jeunes filles, aux épouses, aux mères, aux veuves et aux religieuses, aux riches et aux pauvres. Après une enfance tout angélique, elle fut fiancée au jeune prince Louis de Thuringe. Dès lors Élisabeth donnait tout ce qu'elle avait aux pauvres. Sa piété, son amour de Dieu la poussait au sacrifice.
Les deux jeunes époux, unis par la foi encore plus que par la tendresse, eurent toujours Dieu comme lien de leur affection. Louis était un prince éminent par ses vertus et sa sagesse. La dévotion d'Élisabeth n'était ni triste, ni exagérée ; on ne la voyait jamais qu'avec un visage doux et aimable.
Elle aimait à porter aux pauvres de l'argent et des provisions. Un jour qu'elle portait dans son manteau du pain, de la viande, des œufs et autres mets destinés aux malheureux, elle se trouva tout à coup en face de son mari : « Voyons ce que vous portez » dit-il ; et en même temps il ouvre le manteau ; mais il n'y avait plus que des roses blanches et rouges, bien qu'on ne fût pas à la saison des fleurs.
Quelle douleur pour Élisabeth, quand son mari partit pour la croisade ! Elle souffrit avec courage cette séparation qui devait être définitive. Élisabeth restait veuve avec trois enfants. Alors commença sa vie d'épreuves. Chassée du château, réduite à la pauvreté la plus entière, méprisée, elle sut se complaire en ses souffrances.
Elle meurt à Marbourg le 17 novembre 1231, à l'âge de 24 ans, sous l'habit du tiers ordre de saint François.
Élisabeth de Hongrie a été canonisée à Péruse le 27 mai 1235 par le pape Gregorio IX (Ugolino dei Conti di Segni, 1227-1241) ; la mémoire liturgique, fixée, à l'origine, au 19 novembre, fut déplacée, en 1969, au 17 novembre, son “dies natalis”. Mais en Hongrie sa fête est toujours célébrée le 19 novembre.
Catéchèse du Pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, je voudrais vous parler de l’une des femmes du Moyen Age ayant suscité le plus d’admiration; il s’agit de sainte Elisabeth de Hongrie, appelée également Elisabeth de Thuringe.
Elle naquit en 1207; les historiens débattent sur son lieu de naissance. Son père était André II, riche et puissant roi de Hongrie qui, pour renforcer les liens politiques, avait épousé la comtesse allemande Gertrude d’Andechs-Merania, sœur de sainte Edwige, elle-même épouse du duc de Silésie. Elisabeth vécut à la cour de Hongrie les quatre premières années de son enfance uniquement, avec sa sœur et ses trois frères. Elle aimait le jeu, la musique et la danse; elle récitait fidèlement ses prières, et manifestait déjà une attention particulière pour les pauvres, qu’elle aidait au moyen d’une bonne parole ou d’un geste affectueux.
Son enfance heureuse fut brusquement interrompue lorsque, de la lointaine Thuringe, arrivèrent des chevaliers pour la conduire à son nouveau domicile, en Allemagne centrale. Selon la coutume de l’époque, en effet, son père avait établi qu’Elisabeth devienne princesse de Thuringe. Le Landgrave ou comte de cette région était l’un des souverains les plus riches et influents d’Europe au début du XIIIe siècle, et son château était un centre de splendeur et de culture. Mais derrière les fêtes et la gloire apparente se cachaient les ambitions des princes féodaux, souvent en guerre entre eux, et en conflit avec les autorités royales et impériales. Dans ce contexte, le Landgrave Herman accueillit bien volontiers les fiançailles entre son fils Ludovic et la princesse hongroise. Elisabeth quitta sa patrie pourvue d’une riche dot et d’une importante suite, composée notamment de ses demoiselles de compagnie personnelles, dont deux demeureront ses amies fidèles jusqu’à la fin. Ce sont elles qui nous ont laissé de précieuses informations sur l’enfance et la vie de la sainte.
Après un long voyage, ils arrivèrent à Eisenach, pour monter ensuite vers la forteresse de Wartburg, l’imposant château dominant la ville. C’est là que furent célébrées les fiançailles de Ludovic et Elisabeth. Au cours des années qui suivirent, tandis que Ludovic apprenait le métier de chevalier, Elisabeth et ses compagnes étudiaient l’allemand, le français, le latin, la musique, la littérature et la broderie. Bien que les fiançailles aient été décidées pour des raisons politiques, entre les deux jeunes gens naquit un amour sincère, animé par la foi et le désir d’accomplir la volonté de Dieu. A l’âge de 18 ans, Ludovic, après la mort de son père, commença à régner sur la Thuringe. Mais Elisabeth devint l’objet de critiques voilées, car sa façon de se comporter ne correspondait pas à la vie de la cour. Ainsi, la célébration du mariage se déroula elle aussi sans faste, et les dépenses pour le banquet furent en partie dévolues aux pauvres. Dans sa profonde sensibilité, Elisabeth voyait les contradictions entre la foi professée et la pratique chrétienne. Elle ne supportait pas les compromis. Un jour, en entrant dans l’église en la fête de l’Assomption, elle enleva sa couronne, la déposa devant la croix et demeura prostrée au sol, le visage couvert. Lorsque sa belle-mère lui reprocha son geste, elle répondit: «Comment moi, misérable créature, puis-je continuer de porter une couronne de dignité terrestre, lorsque je vois mon Roi Jésus Christ couronné d’épines?». Elle se comportait devant Dieu comme envers ses sujets. Dans les Dépositions des quatre demoiselles de compagnie, nous trouvons ce témoignage: «Elle ne consommait aucune nourriture sans s’assurer auparavant qu’elle provenait des propriétés et des biens légitimes de son époux. Tout en s’abstenant des biens procurés de façon illicite, elle se prodiguait pour dédommager ceux qui avaient subi une violence» (nn. 25 et 37). Un véritable exemple pour tous ceux qui occupent des rôles de guide: l’exercice de l’autorité, à tous les niveaux, doit être vécu comme un service à la justice et à la charité, dans la recherche constante du bien commun.
Elisabeth pratiquait assidûment les œuvres de miséricorde: elle donnait à boire et à manger à ceux qui frappaient à sa porte, elle procurait des vêtements, elle payait les dettes, elle prenait soin des malades et enterrait les morts. En descendant de son château, elle se rendait souvent avec ses servantes dans les maisons des pauvres, apportant du pain, de la viande, de la farine et d’autres aliments. Elle remettait la nourriture personnellement et contrôlait avec attention les vêtements et les lits des pauvres. Ce comportement fut rapporté à son mari, qui non seulement n’en fut pas ennuyé, mais qui répondit aux accusateurs: «Tant qu’elle ne vend pas le château, j’en suis content!». C’est dans ce contexte que se situe le miracle du pain transformé en roses: alors qu’Elisabeth marchait sur la route avec son tablier rempli de pain pour les pauvres, elle rencontra son mari qui lui demanda ce qu’elle portait. Elle ouvrit son tablier et, au lieu du pain, apparurent des roses magnifiques. Ce symbole de charité est présent de nombreuses fois dans les représentations de sainte Elisabeth.
Son mariage fut profondément heureux: Elisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel, et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses. Toujours plus admiratif en raison de la foi profonde de son épouse, Ludovic, se référant à son attention envers les pauvres, lui dit: «Chère Elisabeth, c’est le Christ que tu as lavé, nourri et dont tu as pris soin». Un témoignage clair de la façon dont la foi et l’amour envers Dieu et envers le prochain renforcent la vie familiale et rendent l’union matrimoniale encore plus profonde.
Le jeune couple trouva un soutien spirituel chez les frères mineurs, qui, à partir de 1222, se diffusèrent en Thuringe. Parmi eux, Elisabeth choisit le frère Roger (Rüdiger) comme directeur spirituel. Lorsqu’il lui raconta l’épisode de la conversion du jeune et riche marchand François d’Assise, Elisabeth s’enthousiasma encore plus sur son chemin de vie chrétienne. A partir de ce moment-là, elle fut encore davantage décidée à suivre le Christ pauvre et crucifié, présent chez les pauvres. Même lorsque son premier fils naquit, suivi de deux autres, notre sainte ne négligea jamais ses œuvres de charité. En outre, elle aida les frères mineurs à construire à Halberstadt un couvent, dont frère Roger devint le supérieur. La direction spirituelle d’Elisabeth passa, ainsi, à Conrad de Marbourg.
Une dure épreuve fut l’adieu à son mari, à la fin de juin 1227, lorsque Ludovic iv s’associa à la croisade de l’empereur Frédéric II, rappelant à sa femme qu’il s’agissait d’une tradition pour les souverains de Thuringe. Elisabeth répondit: «Je ne te retiendrai pas. Je me suis entièrement donnée à Dieu et à présent je dois aussi te donner». Mais la fièvre décima les troupes et Ludovic tomba malade et mourut à Otrante, avant même d’embarquer, en septembre 1227, à l’âge de vingt-sept ans. Elisabeth, ayant appris la nouvelle, ressentit une telle souffrance qu’elle se retira dans la solitude, mais ensuite, fortifiée par la prière et réconfortée par l’espérance de le revoir au Ciel, elle recommença à s’intéresser aux affaires du royaume. Mais une autre épreuve l’attendait: son beau-frère usurpa le gouvernement de la Thuringe, se déclarant le véritable héritier de Ludovic et accusant Elisabeth d’être une femme pieuse incompétente pour gouverner. La jeune veuve, avec ses trois enfants, fut chassée du château de Wartburg et se mit à la recherche d'un lieu où trouver refuge. Seules deux de ses servantes demeurèrent à ses côtés, l'accompagnèrent et confièrent les trois enfants aux soins des amis de Ludovic. En voyageant de village en village, Elisabeth travaillait là où elle était accueillie, elle assistait les malades, elle filait et elle cousait. Au cours de ce calvaire supporté avec beaucoup de foi, avec patience et dévouement à Dieu, certains parents qui lui étaient restés fidèles et considéraient comme illégitimes le gouvernement de son beau-frère, réhabilitèrent son nom. Ainsi Elisabeth, au début de l'année 1228, put recevoir un revenu approprié pour se retirer dans le château de famille à Marbourg, où habitait aussi son directeur spirituel Conrad. C'est lui qui rapporta au Pape Grégoire IX le fait suivant: «Le Vendredi saint de 1228, les mains posées sur l'autel dans la chapelle de sa ville de Eisenach, où elle avait accueilli les frères mineurs, en présence de plusieurs frères et de parents, Elisabeth renonça à sa propre volonté et à toutes les vanités du monde. Elle voulait renoncer aussi à toutes ses possessions, mais je l'en dissuadais par amour des pauvres. Peu après, elle construisit un hôpital, elle recueillit les malades et les invalides et elle servit à sa table les plus misérables et les plus abandonnés. L’ayant moi-même réprimandée à ce propos, Elisabeth répondit qu'elle recevait des pauvres une grâce spéciale et l’humilité» (Epistula magistri Conradi, 14-17).
Nous pouvons percevoir dans cette affirmation une certaine expérience mystique semblable à celle vécue par saint François: le Poverello d'Assise déclara en effet dans son testament, qu'en servant les lépreux, ce qui auparavant lui était amer fut transmué en douceur de l'âme et du corps (Testamentum, 1-3). Elisabeth passa les trois dernières années de sa vie dans l'hôpital qu'elle avait fondé, servant les malades, veillant avec les mourants. Elle essayait toujours d'accomplir les services les plus humbles et les travaux répugnants. Elle devint ce que nous pourrions appeler aujourd'hui une femme consacrée dans le monde (soror in saeculo) et forma, avec d'autres amies, vêtues de gris, une communauté religieuse. Ce n'est pas par hasard qu'elle est la patronne du Tiers Ordre régulier de saint François et de l'Ordre franciscain séculier.
En novembre 1231, elle fut frappée par de fortes fièvres. Lorsque la nouvelle de sa maladie se propagea, une foule de gens accourut lui rendre visite. Après une dizaine de jours, elle demanda que les portes fussent fermées, pour demeurer seule avec Dieu. Dans la nuit du 17 novembre, elle s'endormit doucement dans le Seigneur. Les témoignages sur sa sainteté furent si nombreux qu’à peine quatre ans plus tard, le Pape Grégoire IX la proclama sainte et, la même année, fut consacrée la belle église construite en son honneur à Marbourg.
Chers frères et sœurs, dans la figure de sainte Elisabeth, nous voyons que la foi et l'amitié avec le Christ créent le sens de la justice, de l'égalité entre tous, des droits des autres et créent l'amour, la charité. Et de cette charité naît aussi l'espérance, la certitude que nous sommes aimés par le Christ et que l'amour du Christ nous attend et ainsi nous rend capables d'imiter le Christ et de voir le Christ dans les autres. Sainte Elisabeth nous invite à redécouvrir le Christ, à l'aimer, à avoir la foi et trouver ainsi la vraie justice et l'amour, ainsi que la joie d'être un jour plongés dans l'amour divin, dans la joie de l'éternité avec Dieu, Merci.
Saint Grégoire le Thaumaturge
Évêque
(† 270)q
Grégoire opéra tant de prodiges, que, de son vivant, il fut appelé le Thaumaturge, c'est-à-dire faiseur de miracles.
Né de parents nobles et riches, mais païens, dès son enfance il eut le sentiment de la vérité du christianisme. L'enseignement du grand Origène le confirma dans cette pensée ; il reçut le baptême : « Servez-vous, lui écrivit son Maître, des talents que Dieu vous a donnés pour la défense de la religion du Christ, et pour cela, ayez surtout soin de joindre la prière à l'étude. »
Grégoire eût pu occuper les plus hautes places ; il préféra vendre tous ses biens, en donner le prix aux pauvres et se retirer dans la solitude pour y converser seul à seul avec Dieu. Il dut bientôt accepter le fardeau de l'épiscopat ; sa science et ses miracles lui donnèrent une influence étonnante sur les peuples. Grégoire était un homme doué de l'esprit des apôtres et des prophètes.
Toute sa conduite, dit saint Basile, portait l'empreinte de la perfection évangélique. Jamais il ne priait que la tête découverte ; il parlait avec simplicité et modestie ; il avait en horreur le mensonge, l'habileté et tous les détours qui ne s'accordent point avec l'exacte vérité. Il ne pouvait supporter ce qui blesse la douceur et la charité. Il mourut ne laissant que dix-sept idolâtres là où il n'avait trouvé que dix-sept chrétiens.
Sainte Élisabeth de Hongrie
Veuve, tertiaire de saint François
(1207-1231)
Élisabeth, fille d'André II, roi de Hongrie, connut toutes les joies et toutes les grandeurs, mais aussi toutes les épreuves de la vie, et Dieu a donné en elle un modèle accompli aux enfants, aux jeunes filles, aux épouses, aux mères, aux veuves et aux religieuses, aux riches et aux pauvres. Après une enfance tout angélique, elle fut fiancée au jeune prince Louis de Thuringe. Dès lors Élisabeth donnait tout ce qu'elle avait aux pauvres. Sa piété, son amour de Dieu la poussait au sacrifice.
Les deux jeunes époux, unis par la foi encore plus que par la tendresse, eurent toujours Dieu comme lien de leur affection. Louis était un prince éminent par ses vertus et sa sagesse. La dévotion d'Élisabeth n'était ni triste, ni exagérée ; on ne la voyait jamais qu'avec un visage doux et aimable.
Elle aimait à porter aux pauvres de l'argent et des provisions. Un jour qu'elle portait dans son manteau du pain, de la viande, des œufs et autres mets destinés aux malheureux, elle se trouva tout à coup en face de son mari : « Voyons ce que vous portez » dit-il ; et en même temps il ouvre le manteau ; mais il n'y avait plus que des roses blanches et rouges, bien qu'on ne fût pas à la saison des fleurs.
Quelle douleur pour Élisabeth, quand son mari partit pour la croisade ! Elle souffrit avec courage cette séparation qui devait être définitive. Élisabeth restait veuve avec trois enfants. Alors commença sa vie d'épreuves. Chassée du château, réduite à la pauvreté la plus entière, méprisée, elle sut se complaire en ses souffrances.
Elle meurt à Marbourg le 17 novembre 1231, à l'âge de 24 ans, sous l'habit du tiers ordre de saint François.
Élisabeth de Hongrie a été canonisée à Péruse le 27 mai 1235 par le pape Gregorio IX (Ugolino dei Conti di Segni, 1227-1241) ; la mémoire liturgique, fixée, à l'origine, au 19 novembre, fut déplacée, en 1969, au 17 novembre, son “dies natalis”. Mais en Hongrie sa fête est toujours célébrée le 19 novembre.
Catéchèse du Pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, je voudrais vous parler de l’une des femmes du Moyen Age ayant suscité le plus d’admiration; il s’agit de sainte Elisabeth de Hongrie, appelée également Elisabeth de Thuringe.
Elle naquit en 1207; les historiens débattent sur son lieu de naissance. Son père était André II, riche et puissant roi de Hongrie qui, pour renforcer les liens politiques, avait épousé la comtesse allemande Gertrude d’Andechs-Merania, sœur de sainte Edwige, elle-même épouse du duc de Silésie. Elisabeth vécut à la cour de Hongrie les quatre premières années de son enfance uniquement, avec sa sœur et ses trois frères. Elle aimait le jeu, la musique et la danse; elle récitait fidèlement ses prières, et manifestait déjà une attention particulière pour les pauvres, qu’elle aidait au moyen d’une bonne parole ou d’un geste affectueux.
Son enfance heureuse fut brusquement interrompue lorsque, de la lointaine Thuringe, arrivèrent des chevaliers pour la conduire à son nouveau domicile, en Allemagne centrale. Selon la coutume de l’époque, en effet, son père avait établi qu’Elisabeth devienne princesse de Thuringe. Le Landgrave ou comte de cette région était l’un des souverains les plus riches et influents d’Europe au début du XIIIe siècle, et son château était un centre de splendeur et de culture. Mais derrière les fêtes et la gloire apparente se cachaient les ambitions des princes féodaux, souvent en guerre entre eux, et en conflit avec les autorités royales et impériales. Dans ce contexte, le Landgrave Herman accueillit bien volontiers les fiançailles entre son fils Ludovic et la princesse hongroise. Elisabeth quitta sa patrie pourvue d’une riche dot et d’une importante suite, composée notamment de ses demoiselles de compagnie personnelles, dont deux demeureront ses amies fidèles jusqu’à la fin. Ce sont elles qui nous ont laissé de précieuses informations sur l’enfance et la vie de la sainte.
Après un long voyage, ils arrivèrent à Eisenach, pour monter ensuite vers la forteresse de Wartburg, l’imposant château dominant la ville. C’est là que furent célébrées les fiançailles de Ludovic et Elisabeth. Au cours des années qui suivirent, tandis que Ludovic apprenait le métier de chevalier, Elisabeth et ses compagnes étudiaient l’allemand, le français, le latin, la musique, la littérature et la broderie. Bien que les fiançailles aient été décidées pour des raisons politiques, entre les deux jeunes gens naquit un amour sincère, animé par la foi et le désir d’accomplir la volonté de Dieu. A l’âge de 18 ans, Ludovic, après la mort de son père, commença à régner sur la Thuringe. Mais Elisabeth devint l’objet de critiques voilées, car sa façon de se comporter ne correspondait pas à la vie de la cour. Ainsi, la célébration du mariage se déroula elle aussi sans faste, et les dépenses pour le banquet furent en partie dévolues aux pauvres. Dans sa profonde sensibilité, Elisabeth voyait les contradictions entre la foi professée et la pratique chrétienne. Elle ne supportait pas les compromis. Un jour, en entrant dans l’église en la fête de l’Assomption, elle enleva sa couronne, la déposa devant la croix et demeura prostrée au sol, le visage couvert. Lorsque sa belle-mère lui reprocha son geste, elle répondit: «Comment moi, misérable créature, puis-je continuer de porter une couronne de dignité terrestre, lorsque je vois mon Roi Jésus Christ couronné d’épines?». Elle se comportait devant Dieu comme envers ses sujets. Dans les Dépositions des quatre demoiselles de compagnie, nous trouvons ce témoignage: «Elle ne consommait aucune nourriture sans s’assurer auparavant qu’elle provenait des propriétés et des biens légitimes de son époux. Tout en s’abstenant des biens procurés de façon illicite, elle se prodiguait pour dédommager ceux qui avaient subi une violence» (nn. 25 et 37). Un véritable exemple pour tous ceux qui occupent des rôles de guide: l’exercice de l’autorité, à tous les niveaux, doit être vécu comme un service à la justice et à la charité, dans la recherche constante du bien commun.
Elisabeth pratiquait assidûment les œuvres de miséricorde: elle donnait à boire et à manger à ceux qui frappaient à sa porte, elle procurait des vêtements, elle payait les dettes, elle prenait soin des malades et enterrait les morts. En descendant de son château, elle se rendait souvent avec ses servantes dans les maisons des pauvres, apportant du pain, de la viande, de la farine et d’autres aliments. Elle remettait la nourriture personnellement et contrôlait avec attention les vêtements et les lits des pauvres. Ce comportement fut rapporté à son mari, qui non seulement n’en fut pas ennuyé, mais qui répondit aux accusateurs: «Tant qu’elle ne vend pas le château, j’en suis content!». C’est dans ce contexte que se situe le miracle du pain transformé en roses: alors qu’Elisabeth marchait sur la route avec son tablier rempli de pain pour les pauvres, elle rencontra son mari qui lui demanda ce qu’elle portait. Elle ouvrit son tablier et, au lieu du pain, apparurent des roses magnifiques. Ce symbole de charité est présent de nombreuses fois dans les représentations de sainte Elisabeth.
Son mariage fut profondément heureux: Elisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel, et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses. Toujours plus admiratif en raison de la foi profonde de son épouse, Ludovic, se référant à son attention envers les pauvres, lui dit: «Chère Elisabeth, c’est le Christ que tu as lavé, nourri et dont tu as pris soin». Un témoignage clair de la façon dont la foi et l’amour envers Dieu et envers le prochain renforcent la vie familiale et rendent l’union matrimoniale encore plus profonde.
Le jeune couple trouva un soutien spirituel chez les frères mineurs, qui, à partir de 1222, se diffusèrent en Thuringe. Parmi eux, Elisabeth choisit le frère Roger (Rüdiger) comme directeur spirituel. Lorsqu’il lui raconta l’épisode de la conversion du jeune et riche marchand François d’Assise, Elisabeth s’enthousiasma encore plus sur son chemin de vie chrétienne. A partir de ce moment-là, elle fut encore davantage décidée à suivre le Christ pauvre et crucifié, présent chez les pauvres. Même lorsque son premier fils naquit, suivi de deux autres, notre sainte ne négligea jamais ses œuvres de charité. En outre, elle aida les frères mineurs à construire à Halberstadt un couvent, dont frère Roger devint le supérieur. La direction spirituelle d’Elisabeth passa, ainsi, à Conrad de Marbourg.
Une dure épreuve fut l’adieu à son mari, à la fin de juin 1227, lorsque Ludovic iv s’associa à la croisade de l’empereur Frédéric II, rappelant à sa femme qu’il s’agissait d’une tradition pour les souverains de Thuringe. Elisabeth répondit: «Je ne te retiendrai pas. Je me suis entièrement donnée à Dieu et à présent je dois aussi te donner». Mais la fièvre décima les troupes et Ludovic tomba malade et mourut à Otrante, avant même d’embarquer, en septembre 1227, à l’âge de vingt-sept ans. Elisabeth, ayant appris la nouvelle, ressentit une telle souffrance qu’elle se retira dans la solitude, mais ensuite, fortifiée par la prière et réconfortée par l’espérance de le revoir au Ciel, elle recommença à s’intéresser aux affaires du royaume. Mais une autre épreuve l’attendait: son beau-frère usurpa le gouvernement de la Thuringe, se déclarant le véritable héritier de Ludovic et accusant Elisabeth d’être une femme pieuse incompétente pour gouverner. La jeune veuve, avec ses trois enfants, fut chassée du château de Wartburg et se mit à la recherche d'un lieu où trouver refuge. Seules deux de ses servantes demeurèrent à ses côtés, l'accompagnèrent et confièrent les trois enfants aux soins des amis de Ludovic. En voyageant de village en village, Elisabeth travaillait là où elle était accueillie, elle assistait les malades, elle filait et elle cousait. Au cours de ce calvaire supporté avec beaucoup de foi, avec patience et dévouement à Dieu, certains parents qui lui étaient restés fidèles et considéraient comme illégitimes le gouvernement de son beau-frère, réhabilitèrent son nom. Ainsi Elisabeth, au début de l'année 1228, put recevoir un revenu approprié pour se retirer dans le château de famille à Marbourg, où habitait aussi son directeur spirituel Conrad. C'est lui qui rapporta au Pape Grégoire IX le fait suivant: «Le Vendredi saint de 1228, les mains posées sur l'autel dans la chapelle de sa ville de Eisenach, où elle avait accueilli les frères mineurs, en présence de plusieurs frères et de parents, Elisabeth renonça à sa propre volonté et à toutes les vanités du monde. Elle voulait renoncer aussi à toutes ses possessions, mais je l'en dissuadais par amour des pauvres. Peu après, elle construisit un hôpital, elle recueillit les malades et les invalides et elle servit à sa table les plus misérables et les plus abandonnés. L’ayant moi-même réprimandée à ce propos, Elisabeth répondit qu'elle recevait des pauvres une grâce spéciale et l’humilité» (Epistula magistri Conradi, 14-17).
Nous pouvons percevoir dans cette affirmation une certaine expérience mystique semblable à celle vécue par saint François: le Poverello d'Assise déclara en effet dans son testament, qu'en servant les lépreux, ce qui auparavant lui était amer fut transmué en douceur de l'âme et du corps (Testamentum, 1-3). Elisabeth passa les trois dernières années de sa vie dans l'hôpital qu'elle avait fondé, servant les malades, veillant avec les mourants. Elle essayait toujours d'accomplir les services les plus humbles et les travaux répugnants. Elle devint ce que nous pourrions appeler aujourd'hui une femme consacrée dans le monde (soror in saeculo) et forma, avec d'autres amies, vêtues de gris, une communauté religieuse. Ce n'est pas par hasard qu'elle est la patronne du Tiers Ordre régulier de saint François et de l'Ordre franciscain séculier.
En novembre 1231, elle fut frappée par de fortes fièvres. Lorsque la nouvelle de sa maladie se propagea, une foule de gens accourut lui rendre visite. Après une dizaine de jours, elle demanda que les portes fussent fermées, pour demeurer seule avec Dieu. Dans la nuit du 17 novembre, elle s'endormit doucement dans le Seigneur. Les témoignages sur sa sainteté furent si nombreux qu’à peine quatre ans plus tard, le Pape Grégoire IX la proclama sainte et, la même année, fut consacrée la belle église construite en son honneur à Marbourg.
Chers frères et sœurs, dans la figure de sainte Elisabeth, nous voyons que la foi et l'amitié avec le Christ créent le sens de la justice, de l'égalité entre tous, des droits des autres et créent l'amour, la charité. Et de cette charité naît aussi l'espérance, la certitude que nous sommes aimés par le Christ et que l'amour du Christ nous attend et ainsi nous rend capables d'imiter le Christ et de voir le Christ dans les autres. Sainte Elisabeth nous invite à redécouvrir le Christ, à l'aimer, à avoir la foi et trouver ainsi la vraie justice et l'amour, ainsi que la joie d'être un jour plongés dans l'amour divin, dans la joie de l'éternité avec Dieu, Merci.
Saint Grégoire le Thaumaturge
Évêque
(† 270)q
Grégoire opéra tant de prodiges, que, de son vivant, il fut appelé le Thaumaturge, c'est-à-dire faiseur de miracles.
Né de parents nobles et riches, mais païens, dès son enfance il eut le sentiment de la vérité du christianisme. L'enseignement du grand Origène le confirma dans cette pensée ; il reçut le baptême : « Servez-vous, lui écrivit son Maître, des talents que Dieu vous a donnés pour la défense de la religion du Christ, et pour cela, ayez surtout soin de joindre la prière à l'étude. »
Grégoire eût pu occuper les plus hautes places ; il préféra vendre tous ses biens, en donner le prix aux pauvres et se retirer dans la solitude pour y converser seul à seul avec Dieu. Il dut bientôt accepter le fardeau de l'épiscopat ; sa science et ses miracles lui donnèrent une influence étonnante sur les peuples. Grégoire était un homme doué de l'esprit des apôtres et des prophètes.
Toute sa conduite, dit saint Basile, portait l'empreinte de la perfection évangélique. Jamais il ne priait que la tête découverte ; il parlait avec simplicité et modestie ; il avait en horreur le mensonge, l'habileté et tous les détours qui ne s'accordent point avec l'exacte vérité. Il ne pouvait supporter ce qui blesse la douceur et la charité. Il mourut ne laissant que dix-sept idolâtres là où il n'avait trouvé que dix-sept chrétiens.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Mercredi le 18 novembre
Sainte Rose-Philippine Duchesne
Religieuse de la Société du Sacré-Cœur
(1769-1852)
Rose-Philippine Duchesne naît à Grenoble (France) le 29 août 1769. Baptisée en l'église Saint-Louis elle reçoit comme en présage, les noms de l'apôtre Philippe et de Rose de Lima, première sainte du Nouveau Continent. Son éducation commence au couvent de la Visitation de Sainte-Marie-d'en-Haut ; attirée par la vie contemplative des religieuses, elle entre comme novice au monastère à dix-huit ans.
À l'époque de la Révolution française la communauté est dispersée ; et Philippine retourne dans sa famille ; elle se dévoue alors à soulager les prisonniers, les malades et les pauvres. Après le Concordat de 1801, elle tente avec quelques compagnes de faire revivre le monastère de la Visitation, mais en vain.
En 1804 Philippine apprend la fondation d'une nouvelle Congrégation : la Société du Sacré-Cœur de Jésus et elle offre son monastère à la fondatrice, Madeleine-Sophie Barat ; elle est prête à entrer dans la Congrégation. Peu après Mère Barat arrive à Sainte-Marie et accueille Philippine et ses compagnes comme novices dans la Société.
Après sa profession religieuse, en même temps que son désir de vie contemplative, un appel pour les missions, entendu dès l'adolescence, devient plus pressant. Dans une lettre à Mère Barat elle confie l'expérience spirituelle qu'elle vient de vivre au cours de la nuit d'adoration du Jeudi saint devant l'Eucharistie : « Toute la nuit j'ai été dans le nouveau continent [...] je portais partout mon trésor (le St Sacrement)... J'avais bien à faire aussi avec tous mes sacrifices à offrir : une mère, des sœurs, des parents, une montagne ... Quand vous me direz 'Voici que je vous envoie, je répondrai vite : je pars' ». Elle attendra encore douze ans.
En 1818 son rêve se réalise : elle part pour répondre à la demande de l'évêque de la Louisiane qui cherchait une congrégation éducatrice pour l'aider à annoncer l'Évangile aux Indiens et aux jeunes français de son diocèse. À Saint-Charles, près de Saint-Louis (Missouri) elle fonde la première maison de la Société hors d'Europe. Ce n'est qu'une cabane en bois. Là elle rencontre toutes les austérités d'une vie de pionnier : l'extrême froid, la dureté du travail, le manque d'argent. Elle a aussi beaucoup de difficulté à apprendre l'anglais ; le courrier est lent, les lettres de sa chère France souvent n'arrivent pas ; mais elle s'efforce d'être fidèle en demeurant très unie à la Société en France.
Philippine et ses quatre compagnes religieuses vont de l'avant. En 1820 elle ouvre la première école gratuite à l'ouest du Mississipi. Dès 1828 six maisons sont ouvertes qui accueillent les jeunes élèves du Missouri et de la Louisiane. Elle les aime et leur rend bien des services, mais dans son cœur elle aspire toujours à travailler auprès des Indiens. À soixante-douze ans Philippine est déchargée de toute responsabilité ; une école pour les Potawatomis va s'ouvrir à Sugar Creek dans le Kansas.
Beaucoup de personnes pensent que sa santé est trop délabrée pour qu'elle y parte, mais le jésuite qui dirige cette mission insiste : « Elle doit venir ; elle n'est pas capable de beaucoup de travail mais elle assurera le succès de la mission par sa prière. Sa présence attirera toutes sortes de faveurs divines sur nos travaux ».
Elle reste seulement un an avec les Potawatomis ; cependant son courage n'a pas diminué et ses longues heures de prière contemplative amènent les Indiens à la nommer : « La femme qui prie toujours ». Mais sa santé ne résiste pas au régime du village. Dès juillet 1842 elle regagne Saint-Charles bien que son désir pour les missions soit toujours vivant dans son cœur : « J'éprouve le même désir ardent pour la mission des Rocky montagnes ou tout autre semblable, que j'éprouvais en France pour venir en Amérique... ».
Philippine Duchesne meurt à Saint-Charles le 18 novembre 1852 à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Rose-Philippine Duchesne à été canonisée, le 3 juillet 1988, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Saint Odon
Abbé de Cluny
(857-942)
Odon était fils d'un noble seigneur, et, fut, dès le berceau, consacré à saint Martin. Il montra, jeune encore, un grand amour pour la prière. À l'âge de dix-neuf ans, il reçut la tonsure et fut nommé à un canonicat de l'Église de Tours.
Après de brillantes et solides études, où il montra, une vertu extraordinaire, couchant sur une natte et ne prenant qu'un peu de nourriture, il fut séduit par la lecture de la Règle de saint Benoît et se décida dès lors à embrasser la vie monastique.
Il fut plus tard élu abbé de Cluny, où il fit fleurir toutes les vertus religieuses : le silence, l'obéissance, l'humilité et le renoncement à soi-même. Ses exemples allaient de pair avec ses conseils ou ses ordres. Il donnait tout aux pauvres, sans s'inquiéter du lendemain. Les enfants étaient surtout l'objet de sa prédilection ; il veillait avec un soin paternel, une douceur de mère, sur les mœurs, les études, le sommeil de tous ceux qui lui avaient été confiés.
À Cluny, la Règle de saint Benoît était suivie avec zèle ; les jeûnes, les abstinences, les chants, les offices, le silence presque absolu, le travail, remplissaient les journées des religieux. Les restes des repas étaient distribués aux pauvres et aux pèlerins. On y nourrissait, de plus, dix-huit pauvres par jour, et la charité y était si abondante, surtout dans le Carême, qu'à l'une de ces époques de l'année on fit des distributions de vivres à plus de sept mille indigents.
Dans les voyages si difficiles auxquels son zèle et ses fonctions l'obligèrent plus d'une fois, Odon ne pensait qu'à secourir le prochain. Il descendait de son cheval pour faire monter à sa place les indigents et les vieillards ; on le vit même porter le sac d'une pauvre femme. Pourtant malgré tant de fatigues, à son dernier voyage de Rome, il lassait ses jeunes compagnons par la rapidité de sa marche, et ils s'étonnaient qu'il eût, à soixante-sept ans, après une vie si austère, conservé tant d'agilité et de vigueur.
Un jour, Dieu le récompensa de sa ponctualité. La Règle de Saint-Benoît demande qu'au son de la cloche on laisse même une lettre à demi formée. Odon, corrigeant un livre avec un de ses religieux, laissa dehors, au son de la cloche, le livre ouvert. Il plut toute la nuit abondamment ; le lendemain, le livre, malgré les flots de pluie, se trouva intact. Il en rapporta toute la gloire au glorieux saint Martin, dont la vie était écrite en ce volume.
Catéchèse du Pape Benoît XVI :
Chers frères et sœurs,
Après une longue pause, je voudrais reprendre la présentation des grands écrivains de l'Eglise d'Orient et d'Occident à l'époque médiévale, car, comme dans un miroir, nous voyons dans leur vie et dans leurs écrits ce que signifie être chrétiens. Je vous propose aujourd'hui la figure lumineuse de saint Odon, abbé de Cluny: celle-ci se situe dans le Moyen-Age monastique qui vit la surprenante diffusion en Europe de la vie et de la spiritualité inspirées par la Règle de saint Benoît. Il y eut au cours de ces siècles une prodigieuse apparition et multiplication de cloîtres qui, se ramifiant sur le continent, y diffusèrent largement la sensibilité et l'esprit chrétiens. Saint Odon nous reconduit, en particulier, à un monastère, Cluny qui, au Moyen-Age, compta parmi les plus illustres et célébrés et qui, aujourd'hui encore, révèle à travers ses ruines majestueuses les signes d'un passé glorieux en raison de l'intense attachement à l'ascèse, à l'étude, et, de façon particulière, au culte divin, entouré de dignité et de beauté.
Odon fut le deuxième abbé de Cluny. Il était né aux environs de 880, à la frontière entre le Maine et la Touraine, en France. Il fut consacré par son père au saint évêque Martin de Tours, à l'ombre bénéfique et dans la mémoire duquel Odon vécut ensuite toute sa vie, la concluant à la fin auprès de son tombeau. Le choix de la consécration religieuse fut précédé chez lui par l'expérience d'un moment spécial de grâce, dont il parla lui-même à un autre moine, Jean l'Italien, qui fut par la suite son biographe. Odon était encore adolescent, âgé environ de 16 ans, lorsque, au cours d'une veillée de Noël, il sentit s'élever spontanément de ses lèvres cette prière à la Vierge: "Notre Dame, Mère de miséricorde qui en cette nuit as donné à la lumière le Sauveur, prie pour moi. Que ton enfantement glorieux et singulier soit, ô Très pieuse, mon refuge" (Vita sancti Odonis, I, 9: PL 133, 747). L'appellation "Mère de miséricorde", avec laquelle le jeune Odon invoqua alors la Vierge, sera celle avec laquelle il aimera ensuite s'adresser à Marie, l'appelant également "unique espérance du monde,... grâce à laquelle nous ont été ouvertes les portes du paradis" (In veneratione S. Mariae Magdalenae: PL 133, 721). Il lui arriva à cette époque de lire la Règle de saint Benoît et de commencer à en observer certaines indications, "portant, pas encore moine, le joug léger des moines" (ibid., I, 14: PL 133, 50). Dans l'un de ses sermons, Odon célébrera Benoît comme "une lampe qui brille dans le stade ténébreux de cette vie" (De sancto Benedicto abbate: PL 133, 725), et le qualifiera de "maître de discipline spirituelle" (ibid., PL 133, 727). Il soulignera avec affection que la piété chrétienne "fait mémoire avec une plus grande douceur" de lui, dans la conscience que Dieu l'a élevé "parmi les Pères suprêmes et élus de la Sainte Eglise" (ibid., PL 133, 722).
Fasciné par l'idéal bénédictin, Odon quitta Tours et entra en tant que moine dans l'abbaye bénédictine de Baume, pour ensuite passer à celle de Cluny, dont il devint abbé en 927. De ce centre de vie spirituelle, il put exercer une vaste influence sur les monastères du continent. En Italie également, différents ermitages bénéficièrent de sa direction et de sa réforme, parmi lesquels celui de Saint-Paul-hors-les-Murs. Odon se rendit plus d'une fois à Rome, allant jusqu'à Subiaco, le Mont Cassin et Salerne. Ce fut précisément à Rome que, pendant l'été 942, il tomba malade. Se sentant proche de la fin, il voulut à tout prix revenir auprès de saint Martin à Tours, où il mourut pendant l'octavaire du saint, le 18 novembre 942. Son biographe, en soulignant chez Odon la "vertu de la patience", offre une longue liste de ses autres vertus, telles que le mépris du monde, le zèle pour les âmes, l'engagement pour la paix des Eglises. Les grandes aspirations de l'abbé Odon étaient la concorde entre les rois et les princes, l'observance des commandements, l'attention envers les pauvres, l'amendement des jeunes, le respect des personnes âgées (cf. Vita sancti Odonis, I, 17: PL 133, 49). Il aimait la petite cellule dans laquelle il résidait, "loin des yeux de tous, attentif à ne plaire qu'à Dieu" (ibid., I, 14: PL 133, 49). Il ne manquait cependant pas d'exercer également, comme "source surabondante", le ministère de la parole et de l'exemple, "en pleurant ce monde comme étant immensément misérable" (ibid., i,17: PL 133, 51). Chez un seul moine, commente son biographe, se trouvaient réunies les différentes vertus existant de manière dispersée dans les autres monastères: "Jésus, dans sa bonté, puisant aux différents jardins des moines, formait dans un petit lieu un paradis, pour irriguer par sa source le cœur des fidèles" (ibid., I, 14: PL 133, 49).
Dans un passage d'un sermon en l'honneur de Marie de Magdala, l'abbé de Cluny nous révèle comment il concevait la vie monastique: "Marie qui, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole avec l'esprit attentif, est le symbole de la douceur de la vie contemplative, dont la saveur, plus on la goûte, pousse l'âme à se détacher encore davantage des choses visibles et des tumultes des préoccupations du monde" (In ven. S. Mariae Magd., PL 133, 717). C'est une conception qu'Odon confirme et développe dans ses autres écrits, desquels transparaissent l'amour de l'intériorité, une vision du monde comme étant une réalité fragile et précaire dont il faut se détacher, une inclination constante au détachement des choses ressenties, comme étant source d'inquiétude, une sensibilité aiguë pour la présence du mal chez les différentes catégories d'hommes, une profonde aspiration eschatologique. Cette vision du monde peut apparaître assez éloignée de la nôtre, toutefois celle d'Odon est une conception qui, voyant la fragilité du monde, valorise la vie intérieure ouverte à l'autre, à l'amour du prochain, et précisément ainsi transforme l'existence et ouvre le monde à la lumière de Dieu.
Une attention particulière doit être portée à la "dévotion" au Corps et au Sang du Christ qu'Odon, face à une négligence répandue qu'il déplorait vivement, cultiva toujours avec conviction. Il était en effet fermement convaincu de la présence réelle, sous les espèces eucharistiques, du Corps et du Sang du Seigneur, en vertu de la transformation "substantielle" du pain et du vin. Il écrivait: "Dieu, le Créateur de tout, a pris le pain, en disant qu'il était son Corps et qu'il l'aurait offert pour le monde et il a distribué le vin, en l'appelant son sang"; or, "c'est une loi de nature que la transformation ait lieu selon le commandement du Créateur", et voilà donc qu'"immédiatement, la nature change sa condition habituelle: sans retard, le pain devient chair, et le vin devient sang"; à l'ordre du Seigneur "la substance se transforme" (Odonis Abb. Cluniac. occupatio, ed. A. Swoboda, Lipsia 1900, p. 121). Malheureusement, remarque notre abbé, ce "sacro-saint mystère du Corps du Seigneur, qui constitue tout le salut du monde" (Collationes, XXVIII: PL 133, 572) est célébré avec négligence. "Les prêtres, avertit-il, qui accèdent à l'autel de manière indigne, entachent le pain, c'est-à-dire le Corps du Christ" (ibid., PL 133, 572-573). Seul celui qui est uni spirituellement au Christ peut participer dignement à son Corps eucharistique: dans le cas contraire, manger sa chair et boire son sang ne serait pas un bienfait, mais une condamnation (cf. ibid. XXX, PL 133, 575). Tout cela nous invite à croire avec une force et une profondeur nouvelles à la vérité de la présence du Seigneur. La présence du Créateur parmi nous, qui se remet entre nos mains et nous transforme comme il transforme le pain et le vin, transforme ainsi le monde.
Saint Odon a été un véritable guide spirituel tant pour les moines que pour les fidèles de son temps. Devant "le grand nombre des vices" répandus dans la société, le remède qu'il proposait avec fermeté était celui d'un changement de vie radical, fondé sur l'humilité, l'austérité, le détachement des choses éphémères et l'adhésion aux choses éternelles (cf. Collationes, XXX, PL 133, 613). Malgré le réalisme de son diagnostic sur la situation de son temps, Odon n'est pas tenté par le pessimisme: "Nous ne disons pas cela - précise-t-il - pour précipiter dans le désespoir ceux qui voudront se convertir. La miséricorde divine est toujours disponible; elle attend l'heure de notre conversion" (ibid.: PL 133, 563). Et il s'exclame: "O ineffables entrailles de la piété divine! Dieu poursuit les fautes et protège toutefois les pécheurs" (ibid., PL 133, 592). Soutenu par cette conviction, l'abbé de Cluny aimait s'arrêter en contemplation devant la miséricorde du Christ, le Sauveur, qu'il qualifiait de manière suggestive d'"amant des hommes": "amator hominum Christus" (ibid., LIII: PL 133, 637). Jésus a pris sur lui les fléaux qui auraient dû nous être réservés - observe-t-il - pour sauver ainsi la créature qui est son œuvre et qu'il aime (cf. ibid.: PL 133, 638).
Ici apparaît un trait du saint abbé presque caché à première vue sous la rigueur de son austérité de réformateur: la profonde bonté de son âme. Il était austère, mais surtout il était bon, un homme d'une grande bonté, une bonté qui provient du contact avec la bonté divine. Odon, comme nous le disent ses contemporains, diffusait autour de lui la joie dont il était empli. Son biographe atteste n'avoir jamais entendu sortir de bouche d'homme "tant de douceur en paroles" (ibid., I, 17: PL 133, 31). Il avait l'habitude, rappelle son biographe, d'inviter au chant les jeunes enfants qu'il rencontrait sur la route pour ensuite leur faire quelque petit don, et il ajoute: "ses paroles étaient pleines de joie..., son hilarité communiquait à notre cœur un joie intime" (ibid., ii; 5: PL 133, 63). De cette manière, le vigoureux et aimable abbé médiéval, passionné de réforme, à travers une action incisive alimentait chez les moines, comme aussi chez les fidèles laïcs de son temps, l'intention de progresser d'un pas vif sur le chemin de la perfection chrétienne.
Nous voulons espérer que sa bonté, la joie qui provient de la foi, unies à l'austérité et à l'opposition aux vices du monde, toucheront aussi notre cœur, afin que nous aussi puissions trouver la source de la joie qui jaillit de la bonté de Dieu.
D
Sainte Rose-Philippine Duchesne
Religieuse de la Société du Sacré-Cœur
(1769-1852)
Rose-Philippine Duchesne naît à Grenoble (France) le 29 août 1769. Baptisée en l'église Saint-Louis elle reçoit comme en présage, les noms de l'apôtre Philippe et de Rose de Lima, première sainte du Nouveau Continent. Son éducation commence au couvent de la Visitation de Sainte-Marie-d'en-Haut ; attirée par la vie contemplative des religieuses, elle entre comme novice au monastère à dix-huit ans.
À l'époque de la Révolution française la communauté est dispersée ; et Philippine retourne dans sa famille ; elle se dévoue alors à soulager les prisonniers, les malades et les pauvres. Après le Concordat de 1801, elle tente avec quelques compagnes de faire revivre le monastère de la Visitation, mais en vain.
En 1804 Philippine apprend la fondation d'une nouvelle Congrégation : la Société du Sacré-Cœur de Jésus et elle offre son monastère à la fondatrice, Madeleine-Sophie Barat ; elle est prête à entrer dans la Congrégation. Peu après Mère Barat arrive à Sainte-Marie et accueille Philippine et ses compagnes comme novices dans la Société.
Après sa profession religieuse, en même temps que son désir de vie contemplative, un appel pour les missions, entendu dès l'adolescence, devient plus pressant. Dans une lettre à Mère Barat elle confie l'expérience spirituelle qu'elle vient de vivre au cours de la nuit d'adoration du Jeudi saint devant l'Eucharistie : « Toute la nuit j'ai été dans le nouveau continent [...] je portais partout mon trésor (le St Sacrement)... J'avais bien à faire aussi avec tous mes sacrifices à offrir : une mère, des sœurs, des parents, une montagne ... Quand vous me direz 'Voici que je vous envoie, je répondrai vite : je pars' ». Elle attendra encore douze ans.
En 1818 son rêve se réalise : elle part pour répondre à la demande de l'évêque de la Louisiane qui cherchait une congrégation éducatrice pour l'aider à annoncer l'Évangile aux Indiens et aux jeunes français de son diocèse. À Saint-Charles, près de Saint-Louis (Missouri) elle fonde la première maison de la Société hors d'Europe. Ce n'est qu'une cabane en bois. Là elle rencontre toutes les austérités d'une vie de pionnier : l'extrême froid, la dureté du travail, le manque d'argent. Elle a aussi beaucoup de difficulté à apprendre l'anglais ; le courrier est lent, les lettres de sa chère France souvent n'arrivent pas ; mais elle s'efforce d'être fidèle en demeurant très unie à la Société en France.
Philippine et ses quatre compagnes religieuses vont de l'avant. En 1820 elle ouvre la première école gratuite à l'ouest du Mississipi. Dès 1828 six maisons sont ouvertes qui accueillent les jeunes élèves du Missouri et de la Louisiane. Elle les aime et leur rend bien des services, mais dans son cœur elle aspire toujours à travailler auprès des Indiens. À soixante-douze ans Philippine est déchargée de toute responsabilité ; une école pour les Potawatomis va s'ouvrir à Sugar Creek dans le Kansas.
Beaucoup de personnes pensent que sa santé est trop délabrée pour qu'elle y parte, mais le jésuite qui dirige cette mission insiste : « Elle doit venir ; elle n'est pas capable de beaucoup de travail mais elle assurera le succès de la mission par sa prière. Sa présence attirera toutes sortes de faveurs divines sur nos travaux ».
Elle reste seulement un an avec les Potawatomis ; cependant son courage n'a pas diminué et ses longues heures de prière contemplative amènent les Indiens à la nommer : « La femme qui prie toujours ». Mais sa santé ne résiste pas au régime du village. Dès juillet 1842 elle regagne Saint-Charles bien que son désir pour les missions soit toujours vivant dans son cœur : « J'éprouve le même désir ardent pour la mission des Rocky montagnes ou tout autre semblable, que j'éprouvais en France pour venir en Amérique... ».
Philippine Duchesne meurt à Saint-Charles le 18 novembre 1852 à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Rose-Philippine Duchesne à été canonisée, le 3 juillet 1988, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Saint Odon
Abbé de Cluny
(857-942)
Odon était fils d'un noble seigneur, et, fut, dès le berceau, consacré à saint Martin. Il montra, jeune encore, un grand amour pour la prière. À l'âge de dix-neuf ans, il reçut la tonsure et fut nommé à un canonicat de l'Église de Tours.
Après de brillantes et solides études, où il montra, une vertu extraordinaire, couchant sur une natte et ne prenant qu'un peu de nourriture, il fut séduit par la lecture de la Règle de saint Benoît et se décida dès lors à embrasser la vie monastique.
Il fut plus tard élu abbé de Cluny, où il fit fleurir toutes les vertus religieuses : le silence, l'obéissance, l'humilité et le renoncement à soi-même. Ses exemples allaient de pair avec ses conseils ou ses ordres. Il donnait tout aux pauvres, sans s'inquiéter du lendemain. Les enfants étaient surtout l'objet de sa prédilection ; il veillait avec un soin paternel, une douceur de mère, sur les mœurs, les études, le sommeil de tous ceux qui lui avaient été confiés.
À Cluny, la Règle de saint Benoît était suivie avec zèle ; les jeûnes, les abstinences, les chants, les offices, le silence presque absolu, le travail, remplissaient les journées des religieux. Les restes des repas étaient distribués aux pauvres et aux pèlerins. On y nourrissait, de plus, dix-huit pauvres par jour, et la charité y était si abondante, surtout dans le Carême, qu'à l'une de ces époques de l'année on fit des distributions de vivres à plus de sept mille indigents.
Dans les voyages si difficiles auxquels son zèle et ses fonctions l'obligèrent plus d'une fois, Odon ne pensait qu'à secourir le prochain. Il descendait de son cheval pour faire monter à sa place les indigents et les vieillards ; on le vit même porter le sac d'une pauvre femme. Pourtant malgré tant de fatigues, à son dernier voyage de Rome, il lassait ses jeunes compagnons par la rapidité de sa marche, et ils s'étonnaient qu'il eût, à soixante-sept ans, après une vie si austère, conservé tant d'agilité et de vigueur.
Un jour, Dieu le récompensa de sa ponctualité. La Règle de Saint-Benoît demande qu'au son de la cloche on laisse même une lettre à demi formée. Odon, corrigeant un livre avec un de ses religieux, laissa dehors, au son de la cloche, le livre ouvert. Il plut toute la nuit abondamment ; le lendemain, le livre, malgré les flots de pluie, se trouva intact. Il en rapporta toute la gloire au glorieux saint Martin, dont la vie était écrite en ce volume.
Catéchèse du Pape Benoît XVI :
Chers frères et sœurs,
Après une longue pause, je voudrais reprendre la présentation des grands écrivains de l'Eglise d'Orient et d'Occident à l'époque médiévale, car, comme dans un miroir, nous voyons dans leur vie et dans leurs écrits ce que signifie être chrétiens. Je vous propose aujourd'hui la figure lumineuse de saint Odon, abbé de Cluny: celle-ci se situe dans le Moyen-Age monastique qui vit la surprenante diffusion en Europe de la vie et de la spiritualité inspirées par la Règle de saint Benoît. Il y eut au cours de ces siècles une prodigieuse apparition et multiplication de cloîtres qui, se ramifiant sur le continent, y diffusèrent largement la sensibilité et l'esprit chrétiens. Saint Odon nous reconduit, en particulier, à un monastère, Cluny qui, au Moyen-Age, compta parmi les plus illustres et célébrés et qui, aujourd'hui encore, révèle à travers ses ruines majestueuses les signes d'un passé glorieux en raison de l'intense attachement à l'ascèse, à l'étude, et, de façon particulière, au culte divin, entouré de dignité et de beauté.
Odon fut le deuxième abbé de Cluny. Il était né aux environs de 880, à la frontière entre le Maine et la Touraine, en France. Il fut consacré par son père au saint évêque Martin de Tours, à l'ombre bénéfique et dans la mémoire duquel Odon vécut ensuite toute sa vie, la concluant à la fin auprès de son tombeau. Le choix de la consécration religieuse fut précédé chez lui par l'expérience d'un moment spécial de grâce, dont il parla lui-même à un autre moine, Jean l'Italien, qui fut par la suite son biographe. Odon était encore adolescent, âgé environ de 16 ans, lorsque, au cours d'une veillée de Noël, il sentit s'élever spontanément de ses lèvres cette prière à la Vierge: "Notre Dame, Mère de miséricorde qui en cette nuit as donné à la lumière le Sauveur, prie pour moi. Que ton enfantement glorieux et singulier soit, ô Très pieuse, mon refuge" (Vita sancti Odonis, I, 9: PL 133, 747). L'appellation "Mère de miséricorde", avec laquelle le jeune Odon invoqua alors la Vierge, sera celle avec laquelle il aimera ensuite s'adresser à Marie, l'appelant également "unique espérance du monde,... grâce à laquelle nous ont été ouvertes les portes du paradis" (In veneratione S. Mariae Magdalenae: PL 133, 721). Il lui arriva à cette époque de lire la Règle de saint Benoît et de commencer à en observer certaines indications, "portant, pas encore moine, le joug léger des moines" (ibid., I, 14: PL 133, 50). Dans l'un de ses sermons, Odon célébrera Benoît comme "une lampe qui brille dans le stade ténébreux de cette vie" (De sancto Benedicto abbate: PL 133, 725), et le qualifiera de "maître de discipline spirituelle" (ibid., PL 133, 727). Il soulignera avec affection que la piété chrétienne "fait mémoire avec une plus grande douceur" de lui, dans la conscience que Dieu l'a élevé "parmi les Pères suprêmes et élus de la Sainte Eglise" (ibid., PL 133, 722).
Fasciné par l'idéal bénédictin, Odon quitta Tours et entra en tant que moine dans l'abbaye bénédictine de Baume, pour ensuite passer à celle de Cluny, dont il devint abbé en 927. De ce centre de vie spirituelle, il put exercer une vaste influence sur les monastères du continent. En Italie également, différents ermitages bénéficièrent de sa direction et de sa réforme, parmi lesquels celui de Saint-Paul-hors-les-Murs. Odon se rendit plus d'une fois à Rome, allant jusqu'à Subiaco, le Mont Cassin et Salerne. Ce fut précisément à Rome que, pendant l'été 942, il tomba malade. Se sentant proche de la fin, il voulut à tout prix revenir auprès de saint Martin à Tours, où il mourut pendant l'octavaire du saint, le 18 novembre 942. Son biographe, en soulignant chez Odon la "vertu de la patience", offre une longue liste de ses autres vertus, telles que le mépris du monde, le zèle pour les âmes, l'engagement pour la paix des Eglises. Les grandes aspirations de l'abbé Odon étaient la concorde entre les rois et les princes, l'observance des commandements, l'attention envers les pauvres, l'amendement des jeunes, le respect des personnes âgées (cf. Vita sancti Odonis, I, 17: PL 133, 49). Il aimait la petite cellule dans laquelle il résidait, "loin des yeux de tous, attentif à ne plaire qu'à Dieu" (ibid., I, 14: PL 133, 49). Il ne manquait cependant pas d'exercer également, comme "source surabondante", le ministère de la parole et de l'exemple, "en pleurant ce monde comme étant immensément misérable" (ibid., i,17: PL 133, 51). Chez un seul moine, commente son biographe, se trouvaient réunies les différentes vertus existant de manière dispersée dans les autres monastères: "Jésus, dans sa bonté, puisant aux différents jardins des moines, formait dans un petit lieu un paradis, pour irriguer par sa source le cœur des fidèles" (ibid., I, 14: PL 133, 49).
Dans un passage d'un sermon en l'honneur de Marie de Magdala, l'abbé de Cluny nous révèle comment il concevait la vie monastique: "Marie qui, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole avec l'esprit attentif, est le symbole de la douceur de la vie contemplative, dont la saveur, plus on la goûte, pousse l'âme à se détacher encore davantage des choses visibles et des tumultes des préoccupations du monde" (In ven. S. Mariae Magd., PL 133, 717). C'est une conception qu'Odon confirme et développe dans ses autres écrits, desquels transparaissent l'amour de l'intériorité, une vision du monde comme étant une réalité fragile et précaire dont il faut se détacher, une inclination constante au détachement des choses ressenties, comme étant source d'inquiétude, une sensibilité aiguë pour la présence du mal chez les différentes catégories d'hommes, une profonde aspiration eschatologique. Cette vision du monde peut apparaître assez éloignée de la nôtre, toutefois celle d'Odon est une conception qui, voyant la fragilité du monde, valorise la vie intérieure ouverte à l'autre, à l'amour du prochain, et précisément ainsi transforme l'existence et ouvre le monde à la lumière de Dieu.
Une attention particulière doit être portée à la "dévotion" au Corps et au Sang du Christ qu'Odon, face à une négligence répandue qu'il déplorait vivement, cultiva toujours avec conviction. Il était en effet fermement convaincu de la présence réelle, sous les espèces eucharistiques, du Corps et du Sang du Seigneur, en vertu de la transformation "substantielle" du pain et du vin. Il écrivait: "Dieu, le Créateur de tout, a pris le pain, en disant qu'il était son Corps et qu'il l'aurait offert pour le monde et il a distribué le vin, en l'appelant son sang"; or, "c'est une loi de nature que la transformation ait lieu selon le commandement du Créateur", et voilà donc qu'"immédiatement, la nature change sa condition habituelle: sans retard, le pain devient chair, et le vin devient sang"; à l'ordre du Seigneur "la substance se transforme" (Odonis Abb. Cluniac. occupatio, ed. A. Swoboda, Lipsia 1900, p. 121). Malheureusement, remarque notre abbé, ce "sacro-saint mystère du Corps du Seigneur, qui constitue tout le salut du monde" (Collationes, XXVIII: PL 133, 572) est célébré avec négligence. "Les prêtres, avertit-il, qui accèdent à l'autel de manière indigne, entachent le pain, c'est-à-dire le Corps du Christ" (ibid., PL 133, 572-573). Seul celui qui est uni spirituellement au Christ peut participer dignement à son Corps eucharistique: dans le cas contraire, manger sa chair et boire son sang ne serait pas un bienfait, mais une condamnation (cf. ibid. XXX, PL 133, 575). Tout cela nous invite à croire avec une force et une profondeur nouvelles à la vérité de la présence du Seigneur. La présence du Créateur parmi nous, qui se remet entre nos mains et nous transforme comme il transforme le pain et le vin, transforme ainsi le monde.
Saint Odon a été un véritable guide spirituel tant pour les moines que pour les fidèles de son temps. Devant "le grand nombre des vices" répandus dans la société, le remède qu'il proposait avec fermeté était celui d'un changement de vie radical, fondé sur l'humilité, l'austérité, le détachement des choses éphémères et l'adhésion aux choses éternelles (cf. Collationes, XXX, PL 133, 613). Malgré le réalisme de son diagnostic sur la situation de son temps, Odon n'est pas tenté par le pessimisme: "Nous ne disons pas cela - précise-t-il - pour précipiter dans le désespoir ceux qui voudront se convertir. La miséricorde divine est toujours disponible; elle attend l'heure de notre conversion" (ibid.: PL 133, 563). Et il s'exclame: "O ineffables entrailles de la piété divine! Dieu poursuit les fautes et protège toutefois les pécheurs" (ibid., PL 133, 592). Soutenu par cette conviction, l'abbé de Cluny aimait s'arrêter en contemplation devant la miséricorde du Christ, le Sauveur, qu'il qualifiait de manière suggestive d'"amant des hommes": "amator hominum Christus" (ibid., LIII: PL 133, 637). Jésus a pris sur lui les fléaux qui auraient dû nous être réservés - observe-t-il - pour sauver ainsi la créature qui est son œuvre et qu'il aime (cf. ibid.: PL 133, 638).
Ici apparaît un trait du saint abbé presque caché à première vue sous la rigueur de son austérité de réformateur: la profonde bonté de son âme. Il était austère, mais surtout il était bon, un homme d'une grande bonté, une bonté qui provient du contact avec la bonté divine. Odon, comme nous le disent ses contemporains, diffusait autour de lui la joie dont il était empli. Son biographe atteste n'avoir jamais entendu sortir de bouche d'homme "tant de douceur en paroles" (ibid., I, 17: PL 133, 31). Il avait l'habitude, rappelle son biographe, d'inviter au chant les jeunes enfants qu'il rencontrait sur la route pour ensuite leur faire quelque petit don, et il ajoute: "ses paroles étaient pleines de joie..., son hilarité communiquait à notre cœur un joie intime" (ibid., ii; 5: PL 133, 63). De cette manière, le vigoureux et aimable abbé médiéval, passionné de réforme, à travers une action incisive alimentait chez les moines, comme aussi chez les fidèles laïcs de son temps, l'intention de progresser d'un pas vif sur le chemin de la perfection chrétienne.
Nous voulons espérer que sa bonté, la joie qui provient de la foi, unies à l'austérité et à l'opposition aux vices du monde, toucheront aussi notre cœur, afin que nous aussi puissions trouver la source de la joie qui jaillit de la bonté de Dieu.
D
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Jeudi le 18 novembre
Saint Rafał (Józef) Kalinowski ( 1835-1907)
Carme polonais
Saint Raphaël Kalinowski est inscrit au calendrier des saints en date du 19 novembre car son « dies natalis » (15 novembre) tombait le jour de la commémoraison de tous les défunts de l'Ordre du Carmel.
J
oseph Kalinowski naît à Vilna en Lituanie le 1er septembre 1835 dans une famille catholique. Deuxième fils d'André Kalinowski et de Joséphine Polonska ; sa maman meurt quelques semaines après la naissance de Joseph. Le père de Joseph se marie en secondes noces avec la sœur de sa première épouse qui lui donne trois enfants. Après neuf ans de mariage, André Kalinowski perd sa seconde épouse. Il contractera un troisième mariage avec Sophie Puttkamer de qui naîtront quatre autres enfants. Cette troisième mère eut sur Joseph une grande influence lorsque celui-ci fut éprouvé par une crise religieuse lors de ses études à l'Académie militaire de Saint Pétersbourg. Il faut préciser ici que la Pologne et la Lituanie étaient liées entre elles par une union fédérale signée à Krewno en 1385. Opprimées par la Russie depuis 1772, les tsars firent fermer les universités de Pologne et de Lituanie et les étudiants étaient contraints d'étudier dans les universités de Russie. C'est ainsi que Joseph s'orienta dans les sciences exactes à l'Ecole de Génie militaire à Saint-Pétersbourg. Ses études terminées en 1857, il reçoit le grade d'ingénieur-lieutenant ; il exerce pendant quelques temps sa profession d'ingénieur dans une région solitaire de Russie, à Kursk. Par la profonde solitude du lieu, par la lecture du livre des Confessions de Saint Augustin et d'un petit livre de piété mariale, s'amorce chez lui une profonde conversion. Il dira: « Je regarde la vie maintenant avec plus de calme, et ses plaisirs ont perdu pour moi beaucoup de leurs charmes .»
Par la suite, il sera assigné à Brest en Pologne où il découvrira la persécution que les tsars russes infligeaient aux catholiques de Pologne et de Lituanie. Il fallait à tout prix « russifier ces peuples ». C'est ainsi que Joseph quitte l'armée russe à laquelle il appartenait pour se consacrer à la défense de sa nation. Il participe à l'Insurrection polonaise de janvier 1863 contre la puissance militaire russe sachant d'emblée que cette insurrection ne pouvait qu'échouer.
Le 24 mars 1864, Joseph est arrêté par le gouvernement russe et condamné à mort mais sa peine est commuée à dix ans de travaux forcés en Sibérie. Le 29 juin 1864, avec plusieurs compatriotes, il quitte Vilna pour la Sibérie. La déportation dure dix mois et est empreinte de grandes souffrances. Joseph se comporte envers ses compagnons de misère avec une très grande charité. Il puise la force de supporter les souffrances dans la prière. Il écrira lui-même: « Le monde peut me priver de tout, mais il me restera toujours un lieu caché qui lui est inaccessible: la prière! En elle, on peut recueillir le passé, le présent et l'avenir et les placer sous le signe de l'espérance. Oh Dieu, quel grand trésor tu accordes à ceux qui espèrent en toi. »
C'est durant cette longue période d'exil en Sibérie qu'il se sent appelé au sacerdoce. Après dix ans d'exil, Joseph est libéré le 2 février 1874. Il pouvait s'établir en Pologne mais n'avait pas le droit de retourner en Lituanie, sa terre natale.
A son retour d'exil, Joseph Kalinowski, reconnu pour ses qualités d'éducateur à la foi profonde, est sollicité pour devenir précepteur du jeune prince Auguste Czartoryski, âgé de 16 ans. C'est à Cracovie en Pologne à l'automne 1874 qu'il rencontre pour la première fois le prince Auguste mais aussi sa tante, jadis princesse, devenue religieuse carmélite déchaussée du nom de Marie-Xavière de Jésus. Or cette religieuse carmélite, après avoir sollicité pendant longtemps la prière dans d'autres monastères afin que le Seigneur envoie celui qui favoriserait le développement de l'Ordre du Carmel en Pologne, reconnaît en Joseph Kalinowski la personne toute désignée pour cette mission. Il fallait donc prier dorénavant pour la vocation au Carmel de Joseph K.
Pendant un peu plus de deux ans, Joseph s'occupe de l'éducation du prince Auguste à Paris. A l'automne 1876, il avoue dans une lettre adressée à sa famille, son désir profond de se consacrer au Seigneur dans l'Ordre du Carmel. L'été 1877, il prend congé du jeune prince Auguste et se rend en Autriche à Linz pour rencontrer le provincial des Carmes Déchaux de la province austro-hongroise à laquelle était rattaché l'unique couvent carmélitain de Pologne à Czerna près de Cracovie.
Le 15 juillet 1877, Joseph Kalinowski entre au noviciat des Carmes Déchaux à Grantz en Autriche; il est âgé de 42 ans. On lui donne le nom de Raphaël de Saint Joseph. Il prononce ses premiers vœux le 26 novembre 1878 et est envoyé au couvent de Raab en Hongrie pour y effectuer ses études de philosophie et de théologie.
Le 27 novembre 1881, il prononce ses vœux solennels et est envoyé en Pologne au couvent de Czerna. Il sera ordonné prêtre en 1882 à l'âge de 46 ans. Dès l'année 1883, il devient prieur de ce couvent. C'est de la communauté de Czerna que refleurira le Carmel masculin en Pologne.
Le ministère du père Raphaël de Saint Joseph sera des plus féconds. Vicaire provincial et visiteur des monastères de carmélites, il sera leur confesseur et leur directeur spirituel. De plus il est le promoteur de deux fondations de monastères de carmélites dont un en Ukraine. Encouragé par le père général de l'Ordre du Carmel, le père Gotti, il fonde un couvent masculin à Wadowice et un petit séminaire dont le but est de former des garçons qui ont un attrait vocationnel pour le Carmel. Son ministère rejoint aussi les fidèles laïcs en organisant le Tiers-Ordre séculier et la Confraternité du Carmel. Il aura aussi le souci de recouvrer les archives conventuelles du passé, dispersées lors des suppressions des monastères. De nombreux documents relatant l'histoire des anciens couvents seront retrouvés et publiés sous le titre: « Chroniques Carmélitaines ». Plusieurs ouvrages carmélitains seront aussi publiés grâce à son initiative.
Le père Raphaël de Saint Joseph sera le « restaurateur du Carmel polonais » non seulement par ses fondations et initiatives diverses contribuant à l'essor du Carmel en Pologne mais surtout par sa vie d'union à Dieu, soutenue par l'oraison, le recueillement, le silence et l'austérité de vie. Il dira lui-même: « Notre tâche principale au Carmel est de converser avec Dieu en toutes nos actions. »
Il meurt à l'âge de 72 ans au couvent de Wadowice le 15 novembre 1907, jour de la commémoraison de tous les défunts de l'Ordre du Carmel.
Rafał Kalinowski fut béatifié à Cracovie le 22 juin 1983 et canonisé à Rome le 17 novembre 1992 par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), pape originaire de la ville de Wadowice où mourut le père Rafał.
Sainte Mathilde de Hackeborn (1241-1299)
Moniale et mystique allemande
Mathilde ou Mechtilde naît en 1241, au château de Helfta, dans une famille noble et puissante. Sa sœur aînée étant abbesse au monastère des cisterciennes de Rodersdorf, la petite fille lui fut confiée, dès l'âge de sept ans, pour son éducation. Très vite Mathilde se distingua par son humilité, sa ferveur, son amabilité et l'intensité de sa foi.
Devenue religieuse, elle se verra confier la charge de chantre et de maîtresse des novices. Surnommée « le rossignol de Dieu », les sœurs se réunissaient autour d'elle pour entendre la Parole de Dieu, comme autour d'un prédicateur. De nombreuses personnes extérieures au monastère sollicitaient son aide et ses sages conseils.
Parmi ses élèves, une moniale particulièrement douée se signalera : sainte Gertrude la Grande (fêtée le 16 novembre). La vie spirituelle de Mathilde, d'une richesse rare, s'enracinera dans la Lectio Divina et la contemplation du Christ Glorieux.
Elle bénéficiera de nombreuses visions du Sacré-Cœur de Jésus comme amour victorieux et exercera une profonde influence sur la spiritualité catholique. Dans l'une de ses visions, Mathilde entendit le Seigneur Jésus lui dire : « Vois combien Mon Amour est grand : si tu veux bien le connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans l'Évangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci : Comme le Père M'a aimé, Moi aussi Je vous ai aimés ». (Saint Jean 15, 9). (Liber specialis gratiae VI, 1).
C'est à l'âge de 58 ans que Mathilde, dans le monastère d'Helfta, s'endormit dans la paix du Seigneur, le 18 novembre 1299.
Catéchèse du Pape Benoît XVI :
Chers frères et sœurs,
Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Mathilde de Hackeborn, l’une des grandes figures du monastère de Helfta, ayant vécu au XIIIe siècle. Sa consœur, sainte Gertrude la Grande, dans le vie livre de l’œuvre Liber specialis gratiae (le livre de la grâce spéciale), dans lequel sont relatées les grâces spéciales que Dieu a données à sainte Mathilde, affirme: «Ce que nous avons écrit est bien peu au regard de ce que nous avons omis. Nous publions ces choses uniquement pour la gloire de Dieu et au bénéfice de notre prochain, car il nous semblerait injuste de garder le silence sur les si nombreuses grâces que Mathilde reçut de Dieu, moins pour elle-même, à notre avis, que pour nous et pour ceux qui viendront après nous» (Mathilde de Hackeborn, Liber specialis gratiae, VI, 1).
Cette œuvre a été rédigée par sainte Gertrude et par une autre consœur de Helfta et possède une histoire singulière. A l’âge de cinquante ans, Mathilde traversait une grave crise spirituelle unie à des souffrances physiques. C’est dans cette situation qu’elle confia à deux consœurs amies les grâces spéciales à travers lesquelles Dieu l’avait guidée depuis son enfance, mais elle ne savait pas que celles-ci notaient tout. Lorsqu’elle l’apprit, elle en fut profondément angoissée et troublée. Toutefois, le Seigneur la rassura en lui faisant comprendre que ce qui était écrit l’était pour la gloire de Dieu et le bénéfice de son prochain (cf. ibid., II, 25, v. 20). Ainsi, cette œuvre est la source principale à laquelle nous pouvons puiser les informations sur la vie et la spiritualité de notre sainte.
A travers elle, nous sommes introduits dans la famille du baron de Hackeborn, l’une des plus nobles, riches et puissantes de Thuringe, apparentée à l’empereur Frédéric II, et nous entrons dans le monastère de Helfta à l’époque la plus glorieuse de son histoire. Le baron avait déjà donné au monastère une fille, Gertrude de Hackeborn (1231/1232-1291/1292), dotée d’une forte personnalité, abbesse pendant quarante ans, capable de conférer une empreinte particulière à la spiritualité du monastère, le conduisant à une floraison extraordinaire comme centre de mystique et de culture, école de formation scientifique et théologique. Gertrude offrit aux moniales une instruction intellectuelle de haut niveau, qui leur permettait de cultiver une spiritualité fondée sur l’Ecriture Sainte, sur la liturgie sur la tradition patristique, sur la Règle et la spiritualité cistercienne, avec une prédilection particulière pour saint Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Elle fut une véritable maîtresse, exemplaire en tout, dans la radicalité évangélique et dans le zèle apostolique. Dès son enfance, Mathilde accueillit et goûta le climat spirituel et culturel créé par sa sœur, en apportant ensuite sa marque personnelle.
Mathilde naquit en 1241 ou 1242 dans le château de Helfta; elle était la troisième fille du baron. A l’âge de sept ans, avec sa mère, elle rendit visite à sa sœur Gertrude dans le monastère de Rodersdorf. Elle fut si fascinée par ce milieu qu’elle désira ardemment en faire partie. Elle y entra comme écolière, et en 1258, devint religieuse dans le couvent, se transférant entre temps à Helfta, dans le domaine des Hackeborn. Elle se distinguait par son humilité, sa ferveur, son amabilité, la transparence et l’innocence de sa vie, la familiarité et l’intensité avec lesquelles elle vivait la relation avec Dieu, la Vierge et les saints. Dotée de qualités naturelles et spirituelles élevées, comme «la science, l’intelligence, la connaissance des lettres humaines, la voix d’une merveilleuse douceur: tout la rendait apte à être pour le monastère un véritable trésor sous tous les aspects» (ibid., préambule). Aussi, «le rossignol de Dieu» — comme elle était appelée — encore très jeune, devint directrice de l’école du monastère, directrice du chœur, et maître des novices, fonctions qu’elle accomplit avec talent et un zèle inlassable, non seulement au bénéfice des moniales, mais de quiconque désirait puiser à sa sagesse et sa bonté.
Illuminée par le don divin de la contemplation mystique, Mathilde composa de nombreuses prières. C’est une maîtresse de doctrine fidèle et de grande humilité, conseillère, consolatrice, guide dans le discernement: «Elle distribuait — lit-on — la doctrine avec une abondance telle que l’on n’avait jamais vue dans le monastère, et nous avons hélas! la grande crainte que l’on ne verra plus jamais rien de semblable. Les sœurs se réunissaient autour d’elle pour entendre la parole de Dieu, comme autour d’un prédicateur. Elle était le refuge et le réconfort de tous, et elle avait, par un don singulier de Dieu, la grâce de révéler librement les secrets du cœur de chacun. De nombreuses personnes, pas seulement dans le monastère, mais aussi des étrangers, des religieux et des laïcs, venus de loin, attestaient que cette sainte vierge les avait libérés de leur peine et qu’ils n’avaient jamais éprouvé autant de réconfort qu’auprès d’elle. En outre, elle composa et elle enseigna de nombreuses prières qui, si elles étaient réunies, dépasseraient le volume d’un psautier» (ibid., VI, 1).
En 1261, une petite fille de cinq ans du nom de Gertrude arrive au couvent: elle est confiée aux soins de Mathilde, qui a à peine vingt ans, qui l’éduque et la guide dans la vie spirituelle jusqu’à en faire non seulement une excellente disciple, mais sa confidente. En 1271 ou 1272, Mathilde de Megdeburg entre elle aussi au monastère. Le lieu accueille ainsi quatre grandes femmes — deux Gertrude et deux Mathilde —, gloire du monachisme germanique. Au cours de sa longue vie passée au monastère, Mathilde est frappée par d’incessantes et intenses souffrances auxquelles elle ajoute les très dures pénitences choisies pour la conversion des pécheurs. De cette manière, elle participe à la passion du Seigneur jusqu’à la fin de sa vie (cf. ibid., VI, 2). La prière et la contemplation sont l’humus vital de son existence: les révélations, ses enseignements, son service au prochain, son chemin dans la foi et dans l’amour ont ici leur racine et leur contexte. Dans le premier livre de l’œuvre Liber specialis gratiae, les rédactrices recueillent les confidences de Mathilde effectuées lors des fêtes du Seigneur, des saints et, de manière particulière, de la Bienheureuse Vierge Marie. La capacité que cette sainte possède de vivre la liturgie dans ses différents éléments, même les plus simples, en la portant dans la vie quotidienne monastique, est impressionnante. Certaines images, expressions, actions sont parfois éloignées de notre sensibilité, mais, si l’on considère la vie monastique et sa tâche de maîtresse et de directrice de chœur, on saisit sa capacité particulière d’éducatrice et de formatrice, qui aide ses consœurs à vivre intensément, en partant de la liturgie, chaque moment de la vie monastique.
Dans la prière liturgique, Mathilde accorde une importance particulière aux heures canoniques, à la célébration de la Messe, en particulier à la communion. Là, elle est souvent ravie en extase dans une profonde intimité avec le Seigneur dans son cœur très ardent et très doux, dans un dialogue merveilleux, où elle demande des lumières intérieures, alors qu’elle intercède de manière particulière pour sa communauté et ses consœurs. Au centre, se trouvent les mystères du Christ vers lesquels la Vierge Marie renvoie constamment pour marcher sur la voie de la sainteté: «Si tu désires la véritable sainteté, reste près de mon Fils; Il est la sainteté même qui sanctifie toute chose» (ibid., I, 40). Dans son intimité avec Dieu est présent le monde entier, l’Eglise, les bienfaiteurs, les pécheurs. Pour elle, le ciel et la terre s’unissent.
Ses visions, ses enseignements, les épisodes de son existence sont décrits avec des expressions qui évoquent le langage liturgique et biblique. On saisit ainsi sa profonde connaissance des Saintes Ecritures, qui étaient son pain quotidien. Elle y a constamment recours, que ce soit pour mettre en valeur les textes bibliques lus pendant la liturgie, ou en y puisant des symboles, des termes, des paysages, des images, des personnages. Sa préférence va à l'Evangile: «Les paroles de l'Evangile étaient pour elle une nourriture merveilleuse et suscitaient dans son cœur des sentiments d'une telle douceur que souvent, prise par son enthousiasme, elle ne pouvait en terminer la lecture... La manière dont elle lisait ces mots étaient si fervente qu'elle suscitait chez tous la dévotion. De même, lorsqu'elle chantait dans le chœur, elle était tout absorbée en Dieu, transportée par une telle ardeur qu'elle manifestait parfois ses sentiments avec des gestes... D'autres fois, comme ravie en extase, elle n'entendait pas ceux qui l'appelaient ou la secouaient et elle avait beaucoup de difficultés à reprendre conscience des choses extérieures» (ibid., VI, 1). Dans l'une de ses visions, c'est Jésus lui-même qui lui recommande l'Evangile; en lui ouvrant la plaie de son cœur très doux, il lui dit: «Vois combien mon amour est grand: si tu veux bien le connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans l'Evangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci: Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés (Jean XV, 9)» (ibid., I, 22).
Chers amis, la prière personnelle et liturgique, notamment la liturgie des Heures et la Messe sont à la racine de l'expérience spirituelle de sainte Mathilde de Hackeborn. En se laissant guider par les Saintes Ecritures et nourrir du Pain eucharistique. Elle a parcouru un chemin d'intime union avec le Seigneur, toujours dans la pleine fidélité à l'Eglise. Cela est également pour nous une puissante invitation à intensifier notre amitié avec le Seigneur, surtout à travers la prière quotidienne et la participation attentive, fidèle et active à la Messe. La liturgie est une grande école de spiritualité.
La disciple Gertrude décrit avec des expressions intenses les derniers moments de la vie de sainte Mathilde de Hackeborn, très difficiles, mais éclairés par la présence de la Bienheureuse Trinité, du Seigneur, de la Vierge Marie, de tous les saints, ainsi que de sa sœur de sang Gertrude. Lorsque arriva l'heure où le Seigneur voulut l'appeler à Lui, elle lui demanda de pouvoir encore vivre dans la souffrance pour le salut des âmes et Jésus se complut de cette marque d'amour supplémentaire.
Mathilde avait 58 ans. Elle parcourut la fin de sa route marquée par huit ans de graves maladies. Son œuvre et sa renommée de sainteté se répandirent rapidement. Lorsque son heure vint, «le Dieu de Majesté... unique douceur de l'âme qui l'aime.., lui chanta: Venite vos, benedicti Patris mei... Venez, ô vous qui êtes bénis par mon Père, venez recevoir le royaume... et il l'associa à sa gloire» (ibid., VI, 8).
Sainte Mathilde de Hackeborn nous confie au Sacré Cœur de Jésus et à la Vierge. Elle invite à louer le Fils avec le Cœur de la Mère et à louer Marie avec le Cœur du Fils: «Je vous salue, ô Vierge très vénérée, dans cette douce rosée qui, du Cœur de la Très sainte Trinité, se répand en vous; je vous salue dans la gloire et dans la joie avec laquelle vous vous réjouissez à présent dans l'éternité, vous qui la première d'entre toutes les créatures de la terre et du ciel, fûtes élue avant même la création du monde! Amen» (ibid., I, 45).
Saint Rafał (Józef) Kalinowski ( 1835-1907)
Carme polonais
Saint Raphaël Kalinowski est inscrit au calendrier des saints en date du 19 novembre car son « dies natalis » (15 novembre) tombait le jour de la commémoraison de tous les défunts de l'Ordre du Carmel.
J
oseph Kalinowski naît à Vilna en Lituanie le 1er septembre 1835 dans une famille catholique. Deuxième fils d'André Kalinowski et de Joséphine Polonska ; sa maman meurt quelques semaines après la naissance de Joseph. Le père de Joseph se marie en secondes noces avec la sœur de sa première épouse qui lui donne trois enfants. Après neuf ans de mariage, André Kalinowski perd sa seconde épouse. Il contractera un troisième mariage avec Sophie Puttkamer de qui naîtront quatre autres enfants. Cette troisième mère eut sur Joseph une grande influence lorsque celui-ci fut éprouvé par une crise religieuse lors de ses études à l'Académie militaire de Saint Pétersbourg. Il faut préciser ici que la Pologne et la Lituanie étaient liées entre elles par une union fédérale signée à Krewno en 1385. Opprimées par la Russie depuis 1772, les tsars firent fermer les universités de Pologne et de Lituanie et les étudiants étaient contraints d'étudier dans les universités de Russie. C'est ainsi que Joseph s'orienta dans les sciences exactes à l'Ecole de Génie militaire à Saint-Pétersbourg. Ses études terminées en 1857, il reçoit le grade d'ingénieur-lieutenant ; il exerce pendant quelques temps sa profession d'ingénieur dans une région solitaire de Russie, à Kursk. Par la profonde solitude du lieu, par la lecture du livre des Confessions de Saint Augustin et d'un petit livre de piété mariale, s'amorce chez lui une profonde conversion. Il dira: « Je regarde la vie maintenant avec plus de calme, et ses plaisirs ont perdu pour moi beaucoup de leurs charmes .»
Par la suite, il sera assigné à Brest en Pologne où il découvrira la persécution que les tsars russes infligeaient aux catholiques de Pologne et de Lituanie. Il fallait à tout prix « russifier ces peuples ». C'est ainsi que Joseph quitte l'armée russe à laquelle il appartenait pour se consacrer à la défense de sa nation. Il participe à l'Insurrection polonaise de janvier 1863 contre la puissance militaire russe sachant d'emblée que cette insurrection ne pouvait qu'échouer.
Le 24 mars 1864, Joseph est arrêté par le gouvernement russe et condamné à mort mais sa peine est commuée à dix ans de travaux forcés en Sibérie. Le 29 juin 1864, avec plusieurs compatriotes, il quitte Vilna pour la Sibérie. La déportation dure dix mois et est empreinte de grandes souffrances. Joseph se comporte envers ses compagnons de misère avec une très grande charité. Il puise la force de supporter les souffrances dans la prière. Il écrira lui-même: « Le monde peut me priver de tout, mais il me restera toujours un lieu caché qui lui est inaccessible: la prière! En elle, on peut recueillir le passé, le présent et l'avenir et les placer sous le signe de l'espérance. Oh Dieu, quel grand trésor tu accordes à ceux qui espèrent en toi. »
C'est durant cette longue période d'exil en Sibérie qu'il se sent appelé au sacerdoce. Après dix ans d'exil, Joseph est libéré le 2 février 1874. Il pouvait s'établir en Pologne mais n'avait pas le droit de retourner en Lituanie, sa terre natale.
A son retour d'exil, Joseph Kalinowski, reconnu pour ses qualités d'éducateur à la foi profonde, est sollicité pour devenir précepteur du jeune prince Auguste Czartoryski, âgé de 16 ans. C'est à Cracovie en Pologne à l'automne 1874 qu'il rencontre pour la première fois le prince Auguste mais aussi sa tante, jadis princesse, devenue religieuse carmélite déchaussée du nom de Marie-Xavière de Jésus. Or cette religieuse carmélite, après avoir sollicité pendant longtemps la prière dans d'autres monastères afin que le Seigneur envoie celui qui favoriserait le développement de l'Ordre du Carmel en Pologne, reconnaît en Joseph Kalinowski la personne toute désignée pour cette mission. Il fallait donc prier dorénavant pour la vocation au Carmel de Joseph K.
Pendant un peu plus de deux ans, Joseph s'occupe de l'éducation du prince Auguste à Paris. A l'automne 1876, il avoue dans une lettre adressée à sa famille, son désir profond de se consacrer au Seigneur dans l'Ordre du Carmel. L'été 1877, il prend congé du jeune prince Auguste et se rend en Autriche à Linz pour rencontrer le provincial des Carmes Déchaux de la province austro-hongroise à laquelle était rattaché l'unique couvent carmélitain de Pologne à Czerna près de Cracovie.
Le 15 juillet 1877, Joseph Kalinowski entre au noviciat des Carmes Déchaux à Grantz en Autriche; il est âgé de 42 ans. On lui donne le nom de Raphaël de Saint Joseph. Il prononce ses premiers vœux le 26 novembre 1878 et est envoyé au couvent de Raab en Hongrie pour y effectuer ses études de philosophie et de théologie.
Le 27 novembre 1881, il prononce ses vœux solennels et est envoyé en Pologne au couvent de Czerna. Il sera ordonné prêtre en 1882 à l'âge de 46 ans. Dès l'année 1883, il devient prieur de ce couvent. C'est de la communauté de Czerna que refleurira le Carmel masculin en Pologne.
Le ministère du père Raphaël de Saint Joseph sera des plus féconds. Vicaire provincial et visiteur des monastères de carmélites, il sera leur confesseur et leur directeur spirituel. De plus il est le promoteur de deux fondations de monastères de carmélites dont un en Ukraine. Encouragé par le père général de l'Ordre du Carmel, le père Gotti, il fonde un couvent masculin à Wadowice et un petit séminaire dont le but est de former des garçons qui ont un attrait vocationnel pour le Carmel. Son ministère rejoint aussi les fidèles laïcs en organisant le Tiers-Ordre séculier et la Confraternité du Carmel. Il aura aussi le souci de recouvrer les archives conventuelles du passé, dispersées lors des suppressions des monastères. De nombreux documents relatant l'histoire des anciens couvents seront retrouvés et publiés sous le titre: « Chroniques Carmélitaines ». Plusieurs ouvrages carmélitains seront aussi publiés grâce à son initiative.
Le père Raphaël de Saint Joseph sera le « restaurateur du Carmel polonais » non seulement par ses fondations et initiatives diverses contribuant à l'essor du Carmel en Pologne mais surtout par sa vie d'union à Dieu, soutenue par l'oraison, le recueillement, le silence et l'austérité de vie. Il dira lui-même: « Notre tâche principale au Carmel est de converser avec Dieu en toutes nos actions. »
Il meurt à l'âge de 72 ans au couvent de Wadowice le 15 novembre 1907, jour de la commémoraison de tous les défunts de l'Ordre du Carmel.
Rafał Kalinowski fut béatifié à Cracovie le 22 juin 1983 et canonisé à Rome le 17 novembre 1992 par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), pape originaire de la ville de Wadowice où mourut le père Rafał.
Sainte Mathilde de Hackeborn (1241-1299)
Moniale et mystique allemande
Mathilde ou Mechtilde naît en 1241, au château de Helfta, dans une famille noble et puissante. Sa sœur aînée étant abbesse au monastère des cisterciennes de Rodersdorf, la petite fille lui fut confiée, dès l'âge de sept ans, pour son éducation. Très vite Mathilde se distingua par son humilité, sa ferveur, son amabilité et l'intensité de sa foi.
Devenue religieuse, elle se verra confier la charge de chantre et de maîtresse des novices. Surnommée « le rossignol de Dieu », les sœurs se réunissaient autour d'elle pour entendre la Parole de Dieu, comme autour d'un prédicateur. De nombreuses personnes extérieures au monastère sollicitaient son aide et ses sages conseils.
Parmi ses élèves, une moniale particulièrement douée se signalera : sainte Gertrude la Grande (fêtée le 16 novembre). La vie spirituelle de Mathilde, d'une richesse rare, s'enracinera dans la Lectio Divina et la contemplation du Christ Glorieux.
Elle bénéficiera de nombreuses visions du Sacré-Cœur de Jésus comme amour victorieux et exercera une profonde influence sur la spiritualité catholique. Dans l'une de ses visions, Mathilde entendit le Seigneur Jésus lui dire : « Vois combien Mon Amour est grand : si tu veux bien le connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans l'Évangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci : Comme le Père M'a aimé, Moi aussi Je vous ai aimés ». (Saint Jean 15, 9). (Liber specialis gratiae VI, 1).
C'est à l'âge de 58 ans que Mathilde, dans le monastère d'Helfta, s'endormit dans la paix du Seigneur, le 18 novembre 1299.
Catéchèse du Pape Benoît XVI :
Chers frères et sœurs,
Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Mathilde de Hackeborn, l’une des grandes figures du monastère de Helfta, ayant vécu au XIIIe siècle. Sa consœur, sainte Gertrude la Grande, dans le vie livre de l’œuvre Liber specialis gratiae (le livre de la grâce spéciale), dans lequel sont relatées les grâces spéciales que Dieu a données à sainte Mathilde, affirme: «Ce que nous avons écrit est bien peu au regard de ce que nous avons omis. Nous publions ces choses uniquement pour la gloire de Dieu et au bénéfice de notre prochain, car il nous semblerait injuste de garder le silence sur les si nombreuses grâces que Mathilde reçut de Dieu, moins pour elle-même, à notre avis, que pour nous et pour ceux qui viendront après nous» (Mathilde de Hackeborn, Liber specialis gratiae, VI, 1).
Cette œuvre a été rédigée par sainte Gertrude et par une autre consœur de Helfta et possède une histoire singulière. A l’âge de cinquante ans, Mathilde traversait une grave crise spirituelle unie à des souffrances physiques. C’est dans cette situation qu’elle confia à deux consœurs amies les grâces spéciales à travers lesquelles Dieu l’avait guidée depuis son enfance, mais elle ne savait pas que celles-ci notaient tout. Lorsqu’elle l’apprit, elle en fut profondément angoissée et troublée. Toutefois, le Seigneur la rassura en lui faisant comprendre que ce qui était écrit l’était pour la gloire de Dieu et le bénéfice de son prochain (cf. ibid., II, 25, v. 20). Ainsi, cette œuvre est la source principale à laquelle nous pouvons puiser les informations sur la vie et la spiritualité de notre sainte.
A travers elle, nous sommes introduits dans la famille du baron de Hackeborn, l’une des plus nobles, riches et puissantes de Thuringe, apparentée à l’empereur Frédéric II, et nous entrons dans le monastère de Helfta à l’époque la plus glorieuse de son histoire. Le baron avait déjà donné au monastère une fille, Gertrude de Hackeborn (1231/1232-1291/1292), dotée d’une forte personnalité, abbesse pendant quarante ans, capable de conférer une empreinte particulière à la spiritualité du monastère, le conduisant à une floraison extraordinaire comme centre de mystique et de culture, école de formation scientifique et théologique. Gertrude offrit aux moniales une instruction intellectuelle de haut niveau, qui leur permettait de cultiver une spiritualité fondée sur l’Ecriture Sainte, sur la liturgie sur la tradition patristique, sur la Règle et la spiritualité cistercienne, avec une prédilection particulière pour saint Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Elle fut une véritable maîtresse, exemplaire en tout, dans la radicalité évangélique et dans le zèle apostolique. Dès son enfance, Mathilde accueillit et goûta le climat spirituel et culturel créé par sa sœur, en apportant ensuite sa marque personnelle.
Mathilde naquit en 1241 ou 1242 dans le château de Helfta; elle était la troisième fille du baron. A l’âge de sept ans, avec sa mère, elle rendit visite à sa sœur Gertrude dans le monastère de Rodersdorf. Elle fut si fascinée par ce milieu qu’elle désira ardemment en faire partie. Elle y entra comme écolière, et en 1258, devint religieuse dans le couvent, se transférant entre temps à Helfta, dans le domaine des Hackeborn. Elle se distinguait par son humilité, sa ferveur, son amabilité, la transparence et l’innocence de sa vie, la familiarité et l’intensité avec lesquelles elle vivait la relation avec Dieu, la Vierge et les saints. Dotée de qualités naturelles et spirituelles élevées, comme «la science, l’intelligence, la connaissance des lettres humaines, la voix d’une merveilleuse douceur: tout la rendait apte à être pour le monastère un véritable trésor sous tous les aspects» (ibid., préambule). Aussi, «le rossignol de Dieu» — comme elle était appelée — encore très jeune, devint directrice de l’école du monastère, directrice du chœur, et maître des novices, fonctions qu’elle accomplit avec talent et un zèle inlassable, non seulement au bénéfice des moniales, mais de quiconque désirait puiser à sa sagesse et sa bonté.
Illuminée par le don divin de la contemplation mystique, Mathilde composa de nombreuses prières. C’est une maîtresse de doctrine fidèle et de grande humilité, conseillère, consolatrice, guide dans le discernement: «Elle distribuait — lit-on — la doctrine avec une abondance telle que l’on n’avait jamais vue dans le monastère, et nous avons hélas! la grande crainte que l’on ne verra plus jamais rien de semblable. Les sœurs se réunissaient autour d’elle pour entendre la parole de Dieu, comme autour d’un prédicateur. Elle était le refuge et le réconfort de tous, et elle avait, par un don singulier de Dieu, la grâce de révéler librement les secrets du cœur de chacun. De nombreuses personnes, pas seulement dans le monastère, mais aussi des étrangers, des religieux et des laïcs, venus de loin, attestaient que cette sainte vierge les avait libérés de leur peine et qu’ils n’avaient jamais éprouvé autant de réconfort qu’auprès d’elle. En outre, elle composa et elle enseigna de nombreuses prières qui, si elles étaient réunies, dépasseraient le volume d’un psautier» (ibid., VI, 1).
En 1261, une petite fille de cinq ans du nom de Gertrude arrive au couvent: elle est confiée aux soins de Mathilde, qui a à peine vingt ans, qui l’éduque et la guide dans la vie spirituelle jusqu’à en faire non seulement une excellente disciple, mais sa confidente. En 1271 ou 1272, Mathilde de Megdeburg entre elle aussi au monastère. Le lieu accueille ainsi quatre grandes femmes — deux Gertrude et deux Mathilde —, gloire du monachisme germanique. Au cours de sa longue vie passée au monastère, Mathilde est frappée par d’incessantes et intenses souffrances auxquelles elle ajoute les très dures pénitences choisies pour la conversion des pécheurs. De cette manière, elle participe à la passion du Seigneur jusqu’à la fin de sa vie (cf. ibid., VI, 2). La prière et la contemplation sont l’humus vital de son existence: les révélations, ses enseignements, son service au prochain, son chemin dans la foi et dans l’amour ont ici leur racine et leur contexte. Dans le premier livre de l’œuvre Liber specialis gratiae, les rédactrices recueillent les confidences de Mathilde effectuées lors des fêtes du Seigneur, des saints et, de manière particulière, de la Bienheureuse Vierge Marie. La capacité que cette sainte possède de vivre la liturgie dans ses différents éléments, même les plus simples, en la portant dans la vie quotidienne monastique, est impressionnante. Certaines images, expressions, actions sont parfois éloignées de notre sensibilité, mais, si l’on considère la vie monastique et sa tâche de maîtresse et de directrice de chœur, on saisit sa capacité particulière d’éducatrice et de formatrice, qui aide ses consœurs à vivre intensément, en partant de la liturgie, chaque moment de la vie monastique.
Dans la prière liturgique, Mathilde accorde une importance particulière aux heures canoniques, à la célébration de la Messe, en particulier à la communion. Là, elle est souvent ravie en extase dans une profonde intimité avec le Seigneur dans son cœur très ardent et très doux, dans un dialogue merveilleux, où elle demande des lumières intérieures, alors qu’elle intercède de manière particulière pour sa communauté et ses consœurs. Au centre, se trouvent les mystères du Christ vers lesquels la Vierge Marie renvoie constamment pour marcher sur la voie de la sainteté: «Si tu désires la véritable sainteté, reste près de mon Fils; Il est la sainteté même qui sanctifie toute chose» (ibid., I, 40). Dans son intimité avec Dieu est présent le monde entier, l’Eglise, les bienfaiteurs, les pécheurs. Pour elle, le ciel et la terre s’unissent.
Ses visions, ses enseignements, les épisodes de son existence sont décrits avec des expressions qui évoquent le langage liturgique et biblique. On saisit ainsi sa profonde connaissance des Saintes Ecritures, qui étaient son pain quotidien. Elle y a constamment recours, que ce soit pour mettre en valeur les textes bibliques lus pendant la liturgie, ou en y puisant des symboles, des termes, des paysages, des images, des personnages. Sa préférence va à l'Evangile: «Les paroles de l'Evangile étaient pour elle une nourriture merveilleuse et suscitaient dans son cœur des sentiments d'une telle douceur que souvent, prise par son enthousiasme, elle ne pouvait en terminer la lecture... La manière dont elle lisait ces mots étaient si fervente qu'elle suscitait chez tous la dévotion. De même, lorsqu'elle chantait dans le chœur, elle était tout absorbée en Dieu, transportée par une telle ardeur qu'elle manifestait parfois ses sentiments avec des gestes... D'autres fois, comme ravie en extase, elle n'entendait pas ceux qui l'appelaient ou la secouaient et elle avait beaucoup de difficultés à reprendre conscience des choses extérieures» (ibid., VI, 1). Dans l'une de ses visions, c'est Jésus lui-même qui lui recommande l'Evangile; en lui ouvrant la plaie de son cœur très doux, il lui dit: «Vois combien mon amour est grand: si tu veux bien le connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans l'Evangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci: Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés (Jean XV, 9)» (ibid., I, 22).
Chers amis, la prière personnelle et liturgique, notamment la liturgie des Heures et la Messe sont à la racine de l'expérience spirituelle de sainte Mathilde de Hackeborn. En se laissant guider par les Saintes Ecritures et nourrir du Pain eucharistique. Elle a parcouru un chemin d'intime union avec le Seigneur, toujours dans la pleine fidélité à l'Eglise. Cela est également pour nous une puissante invitation à intensifier notre amitié avec le Seigneur, surtout à travers la prière quotidienne et la participation attentive, fidèle et active à la Messe. La liturgie est une grande école de spiritualité.
La disciple Gertrude décrit avec des expressions intenses les derniers moments de la vie de sainte Mathilde de Hackeborn, très difficiles, mais éclairés par la présence de la Bienheureuse Trinité, du Seigneur, de la Vierge Marie, de tous les saints, ainsi que de sa sœur de sang Gertrude. Lorsque arriva l'heure où le Seigneur voulut l'appeler à Lui, elle lui demanda de pouvoir encore vivre dans la souffrance pour le salut des âmes et Jésus se complut de cette marque d'amour supplémentaire.
Mathilde avait 58 ans. Elle parcourut la fin de sa route marquée par huit ans de graves maladies. Son œuvre et sa renommée de sainteté se répandirent rapidement. Lorsque son heure vint, «le Dieu de Majesté... unique douceur de l'âme qui l'aime.., lui chanta: Venite vos, benedicti Patris mei... Venez, ô vous qui êtes bénis par mon Père, venez recevoir le royaume... et il l'associa à sa gloire» (ibid., VI, 8).
Sainte Mathilde de Hackeborn nous confie au Sacré Cœur de Jésus et à la Vierge. Elle invite à louer le Fils avec le Cœur de la Mère et à louer Marie avec le Cœur du Fils: «Je vous salue, ô Vierge très vénérée, dans cette douce rosée qui, du Cœur de la Très sainte Trinité, se répand en vous; je vous salue dans la gloire et dans la joie avec laquelle vous vous réjouissez à présent dans l'éternité, vous qui la première d'entre toutes les créatures de la terre et du ciel, fûtes élue avant même la création du monde! Amen» (ibid., I, 45).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Vendredi le 20 novembre
Saint Edmond
Roi d'Est-Anglie et martyr
(841-870)
Edmond était le roi d'Est-Anglie, un petit royaume de l'est de l'Angleterre. Il fut capturé lors d'une bataille dans le Suffolk qu'il livra contre les Danois qui ne cessaient d'envahir son pays. Ceux-ci lui proposèrent la liberté et la vie contre un pacte dont les conditions étaient contraires au bien-être et à la religion chrétienne de son pays. Il refusa.
Les Danois l'attachèrent alors à un arbre et le criblèrent de flèches avant de lui trancher la tête et de la jeter dans un fossé. Elle fut retrouvée intacte, entre les pattes d'un loup qui l'avait défendue contre les rapaces. De nombreuses églises anglaises sont dédiées à ce jeune martyr.
BBses Ángeles de San José Lloret Martí
et ses compagnes martyres
Ángeles de San José, au siècle Francisca Lloret Martí, naît à Villajoyosa, diocèse de Orihuela-Alicante, le 16 janvier 1875.
Le 20 avril 1903 Francisca entra dans la Congrégation des Sœurs de la Doctrine Chrétienne ; en 1905 émit les vœux temporelles et prit comme nom de religion celui Ángeles de San José.
Elle fut ensuite secrétaire générale, supérieure locale et enfin, du 16 février 1936 Supérieure Générale.
Mère Angèle de Saint-Joseph et ses seize compagnes, religieuses espagnoles de la Congrégation de la Doctrine chrétienne, durent abandonner leur maison de la Calle Maestro Chapí nº 7, le 19 juillet 1936, lorsqu'éclata la Guerre civile.
Certaines d'entre elles étaient très âgées. Elles rejoignirent d'autres consœurs qui n'avaient pas de famille pouvant les accueillir. La Mère Angèle emménagea avec quatorze religieuses, dont une novice, dans un entresol que Maria Ortells, veuve d'un commerçant aisé, M. Davalos, avait mis à leur disposition, à la périphérie de Valence.
La prière continuelle fut leur règle, ainsi que la charité : elles allèrent jusqu'à tricoter des lainages pour les miliciens républicains.
Mère Angèle et ses autres compagnes furent, toutefois, arrêtées et passèrent devant le peloton d'exécution, le 20 novembre 1936, à Picadero de Paterna, à six kilomètres de la ville, en pardonnant à leurs bourreaux. La dernière mourut en lançant : « Vive le Christ Roi! ».
Ángeles de San José Lloret Martí et ses compagnes (voir la liste ci après) ont été béatifiées, à Rome, le 1er octobre 1995, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
LISTE DES MARTYRES :
Ángeles de San José Lloret Martí (Madre General), Villajoyosa (Alicante) 1875; María del Sufragio Orts Baldó (Vicaria General y Maestra de novicias), Altea (Alicante) 1888; María de Montserrat Llimona Planas (ex Superiora General), Molins de Rei (Barcelona) 1860; Teresa de San José Duart Roig, Benifayó de Espioca (Valencia) 1876; Isabel Ferrer Sabriá, Vilanova i la Geltrú (Barcelona) 1852; María de la Asunción Mongoche Homs, Ulldecona (Tarragona) 1859; María de la Concepción Martí Lacal, Carlet (Valencia) 1861; María Gracia de San Antonio, Valencia 1869; Corazón de Jesús Gómez Vives, Valencia 1881; María del Socorro Jiménez Baldoví, Sant Martí de Provençals (Barcelona) 1885; María de los Dolores Surís Brusola, Barcelona 1899; Ignacia del Santísimo Sacramento Pascual Pallardó, Valencia 1892; María del Rosario Calpe Ibáñez, Sueca (Valencia) 1855; María de la Paz López García, Turís (Valencia) 1885; y Marcela de Santo Tomás Navarro, provincia de Albacete.
Saint Edmond
Roi d'Est-Anglie et martyr
(841-870)
Edmond était le roi d'Est-Anglie, un petit royaume de l'est de l'Angleterre. Il fut capturé lors d'une bataille dans le Suffolk qu'il livra contre les Danois qui ne cessaient d'envahir son pays. Ceux-ci lui proposèrent la liberté et la vie contre un pacte dont les conditions étaient contraires au bien-être et à la religion chrétienne de son pays. Il refusa.
Les Danois l'attachèrent alors à un arbre et le criblèrent de flèches avant de lui trancher la tête et de la jeter dans un fossé. Elle fut retrouvée intacte, entre les pattes d'un loup qui l'avait défendue contre les rapaces. De nombreuses églises anglaises sont dédiées à ce jeune martyr.
BBses Ángeles de San José Lloret Martí
et ses compagnes martyres
Ángeles de San José, au siècle Francisca Lloret Martí, naît à Villajoyosa, diocèse de Orihuela-Alicante, le 16 janvier 1875.
Le 20 avril 1903 Francisca entra dans la Congrégation des Sœurs de la Doctrine Chrétienne ; en 1905 émit les vœux temporelles et prit comme nom de religion celui Ángeles de San José.
Elle fut ensuite secrétaire générale, supérieure locale et enfin, du 16 février 1936 Supérieure Générale.
Mère Angèle de Saint-Joseph et ses seize compagnes, religieuses espagnoles de la Congrégation de la Doctrine chrétienne, durent abandonner leur maison de la Calle Maestro Chapí nº 7, le 19 juillet 1936, lorsqu'éclata la Guerre civile.
Certaines d'entre elles étaient très âgées. Elles rejoignirent d'autres consœurs qui n'avaient pas de famille pouvant les accueillir. La Mère Angèle emménagea avec quatorze religieuses, dont une novice, dans un entresol que Maria Ortells, veuve d'un commerçant aisé, M. Davalos, avait mis à leur disposition, à la périphérie de Valence.
La prière continuelle fut leur règle, ainsi que la charité : elles allèrent jusqu'à tricoter des lainages pour les miliciens républicains.
Mère Angèle et ses autres compagnes furent, toutefois, arrêtées et passèrent devant le peloton d'exécution, le 20 novembre 1936, à Picadero de Paterna, à six kilomètres de la ville, en pardonnant à leurs bourreaux. La dernière mourut en lançant : « Vive le Christ Roi! ».
Ángeles de San José Lloret Martí et ses compagnes (voir la liste ci après) ont été béatifiées, à Rome, le 1er octobre 1995, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
LISTE DES MARTYRES :
Ángeles de San José Lloret Martí (Madre General), Villajoyosa (Alicante) 1875; María del Sufragio Orts Baldó (Vicaria General y Maestra de novicias), Altea (Alicante) 1888; María de Montserrat Llimona Planas (ex Superiora General), Molins de Rei (Barcelona) 1860; Teresa de San José Duart Roig, Benifayó de Espioca (Valencia) 1876; Isabel Ferrer Sabriá, Vilanova i la Geltrú (Barcelona) 1852; María de la Asunción Mongoche Homs, Ulldecona (Tarragona) 1859; María de la Concepción Martí Lacal, Carlet (Valencia) 1861; María Gracia de San Antonio, Valencia 1869; Corazón de Jesús Gómez Vives, Valencia 1881; María del Socorro Jiménez Baldoví, Sant Martí de Provençals (Barcelona) 1885; María de los Dolores Surís Brusola, Barcelona 1899; Ignacia del Santísimo Sacramento Pascual Pallardó, Valencia 1892; María del Rosario Calpe Ibáñez, Sueca (Valencia) 1855; María de la Paz López García, Turís (Valencia) 1885; y Marcela de Santo Tomás Navarro, provincia de Albacete.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Lundi le 23 novembre
Saint Clément I
Pape (4ème) de 88 à 97 et martyr († 100)
Clément était né à Rome. Riche, instruit, ardent à chercher la vérité, il trouva dans la religion chrétienne la satisfaction entière des exigences de sa raison et des aspirations de son âme. Non seulement il se fit chrétien, mais il seconda les apôtres dans la prédication de l'Évangile ; et saint Paul, dans son épître aux Philippiens, rappelant les travaux de Clément, assure que son nom est écrit au Livre de vie. Cet attachement de Clément aux apôtres, ce zèle qu'il montra pour la foi, l'ont fait appeler par les Pères homme apostolique.
Élevé à l'épiscopat par saint Pierre, il devait être son troisième successeur, vers l'an 91. Il vit la chute et la mort de Néron, ainsi que la prise et la ruine de Jérusalem. Sous l'empereur Vespasien, Clément fut conduit au tribunal du préfet, qui demeura émerveillé de la sagesse de ses réponses ; mais la volonté de l'empereur était nette : « Que Clément sacrifie aux dieux ou soit exilé en Chersonèse ! » Quelle ne fut pas la joie du saint exilé, de trouver dans ce lointain pays deux mille chrétiens ! La consolation de ces chrétiens fut indicible : « Dieu, leur dit l'humble pontife, m'a fait une grâce dont je n'étais pas digne, en m'envoyant au milieu de vous partager vos couronnes. »
Les généreux confesseurs de la foi, au milieu de leurs rudes travaux, étaient souvent privés d'eau et devaient aller la chercher à une très forte distance. Plein de confiance en Dieu, Clément dit aux chrétiens : « Prions le Seigneur, qui a fait jaillir l'eau d'un rocher du désert ; il nous viendra en aide. » Il se mit donc en prière, et bientôt, levant les yeux, il aperçut sur la colline un agneau blanc comme la neige, qui de son pied droit indiquait une source d'eau vive jaillissant soudain. À partir de ce jour, les martyrs eurent de l'eau en abondance. La nouvelle de ce miracle fit une grande impression dans tout le pays, les conversions se multiplièrent, des églises se bâtirent, et quelques années plus tard le paganisme était complètement détruit.
Saint Clément nous a laissé dans ses lettres le plus charmant tableau de ses missions apostoliques. Ce fut seulement sous Trajan, après plus de vingt ans d'exil, que le saint Pape, devenu très suspect à cause de son zèle et de ses succès, fut jeté à la mer, une ancre au cou. Les chrétiens priaient sur la plage. La mer se retira, chose inouïe, d'une lieue et demi, et le corps du martyr parut à découvert, dans une chapelle de marbre construite par les anges. Les marins ont pris saint Clément pour patron.
Catéchèse du Pape Benoît XVI:
Chers frères et soeurs,
A présent, nous consacrons notre attention aux Pères apostoliques, c'est-à-dire à la première et à la deuxième génération dans l'Eglise après les Apôtres. Et nous pouvons ainsi voir comment débute le chemin de l'Eglise dans l'histoire.
Saint Clément, Evêque de Rome au cours des dernières années du premier siècle, est le troisième Successeur de Pierre, après Lin et Anaclet. Sur sa vie, le témoignage le plus important est celui de saint Irénée, Evêque de Lyon jusqu'en 202. Il atteste que Clément "avait vu les Apôtres", "les avait rencontrés", et avait "encore dans les oreilles leur prédication, et devant les yeux leur tradition" (Adv. haer. 3, 3, 3). Des témoignages tardifs, entre le quatrième et le sixième siècle, attribuent à Clément le titre de martyr.
L'autorité et le prestige de cet Evêque de Rome étaient tels que divers écrits lui furent attribués, mais son unique œuvre certaine est la Lettre aux Corinthiens. Eusèbe de Césarée, le grand "archiviste" des origines chrétiennes, la présente en ces termes: "Une lettre de Clément reconnue comme authentique, grande et admirable nous a été transmise. Elle fut écrite par lui, de la part de l'Eglise de Rome, à l'Eglise de Corinthe... Nous savons que depuis longtemps, et encore de nos jours, celle-ci est lue publiquement au cours de la réunion des fidèles" (Hist. Eccl. 3, 16). On attribuait à cette lettre un caractère presque canonique. Au début de ce texte - écrit en grec - Clément regrette que "les adversités imprévues, qui ont eu lieu l'une après l'autre" (1, 1), ne lui aient pas permis une intervention plus prompte. Ces "adversités" doivent être comprises comme la persécution de Domitien: c'est pourquoi la date de la rédaction de la lettre doit remonter à l'époque qui suivit immédiatement la mort de l'empereur et la fin de la persécution, c'est-à-dire tout de suite après 96.
L'intervention de Clément - nous sommes encore au I siècle - était rendue nécessaire par les graves problèmes que traversait l'Eglise de Corinthe: en effet, les prêtres des communautés avaient été déposés par plusieurs jeunes contestataires. Cet événement douloureux est rappelé, encore une fois, par saint Irénée, qui écrit: "Sous Clément, un conflit important étant apparu parmi les frères de Corinthe, l'Eglise de Rome envoya aux Corinthiens une lettre très importante pour qu'ils se réconcilient dans la paix, qu'ils renouvellent leur foi et annoncent la tradition, qu'ils avaient reçue des Apôtres depuis peu de temps" (Adv. haer. 3, 3, 3). Nous pourrions donc dire que cette lettre constitue un premier exercice du Primat romain après la mort de saint Pierre. La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l'indicatif du salut et l'impératif de l'engagement moral. Il y a avant tout l'heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d'être chrétiens, ses frères et soeurs. C'est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l'assurance à notre action: le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l'annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une "grande prière" qui conclut pratiquement la lettre.
L'occasion immédiate de la lettre donne à l'Evêque de Rome la possibilité d'une ample intervention sur l'identité de l'Eglise et sur sa mission. S'il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l'affaiblissement de la charité et d'autres vertus chrétiennes indispensables. C'est pourquoi il rappelle les fidèles à l'humilité et à l'amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l'existence dans l'Eglise: "Nous sommes une portion sainte", avertit-il, "nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige" (30, 1). En particulier, l'Evêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même "a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté... En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L'homme laïc est lié à l'organisation laïque" (40, 1-5: notons qu'ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature chrétienne le terme grec "laikós" qui signifie "membre du laos", c'est-à-dire "du peuple de Dieu").
De cette façon, en se référant à la liturgie de l'antique Israël, Clément dévoile son idéal d'Eglise. Celle-ci est rassemblée par l'"unique Esprit de grâce répandu sur nous" qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont "membres les uns des autres" (46, 6-7). La nette distinction entre le "laïc" et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d'un corps, d'un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l'Eglise n'est pas un lieu de confusion, ni d'anarchie, où chacun peut faire ce qu'il veut à tout instant: dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d'autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc "de façon ordonnée de la volonté de Dieu" (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l'Eglise possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L'action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L'Eglise est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c'est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l'organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.
Finalement, la "grande prière" confère un souffle universel aux argumentations précédentes. Clément loue et rend grâce à Dieu pour sa merveilleuse providence d'amour, qui a créé le monde et continue à le sauver et à le sanctifier. L'invocation adressée aux gouvernants revêt une importance particulière. Après les textes du Nouveau Testament, celle-ci représente la prière la plus antique pour les institutions politiques. Ainsi, au lendemain de la persécution, les chrétiens, bien conscients que les persécutions allaient se poursuivre, ne cessent de prier pour les autorités mêmes qui les avaient condamnés injustement. Le motif est avant tout d'ordre christologique: il faut prier pour les persécuteurs, comme le fit Jésus sur la Croix. Mais cette prière contient également un enseignement qui guide, au fil des siècles, l'attitude des chrétiens à l'égard de la politique et de l'Etat. En priant pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des Institutions politiques dans l'ordre établi par Dieu; dans le même temps, il manifeste la préoccupation que les autorités soient dociles à Dieu et "exercent le pouvoir que Dieu leur a donné dans la paix et la mansuétude avec piété" (61, 2). César n'est pas tout. Une autre souveraineté apparaît, dont l'origine et l'essence ne sont pas de ce monde, mais "d'en haut": c'est celle de la Vérité, à laquelle revient également le droit d'être écoutée par l'Etat.
Ainsi, la lettre de Clément affronte de nombreux thèmes d'une actualité permanente. Celle-ci est d'autant plus significative, qu'elle représente, depuis le premier siècle, la sollicitude de l'Eglise de Rome qui préside à toutes les autres Eglise dans la charité. Avec le même Esprit, nous faisons nôtres les invocations de la "grande prière", là où l'Evêque de Rome se fait la voix du monde entier: "Oui, ô Seigneur, fais resplendir sur nous ton visage dans le bien de la paix; protège-nous de ta main puissante... Nous te rendons grâces, à travers le Prêtre suprême et guide de nos âmes, Jésus Christ, au moyen duquel nous te rendons gloire et louange, à présent et de génération en génération, pour les siècles des siècles. Amen" (60-61).
Saint Colomban
Abbé (v. 543-615)
Formé à Bangor (Irlande) par le rude saint Gomball, Colomban emmena une douzaine de moines à sa suite pour aller évangéliser la Meuse et les bords du Rhin.
Il se fixa ensuite à Luxeuil (Franche-Comté) et y fonda une abbaye qui compta bientôt plus de trois cents moines. Il fonda aussi un autre monastère à Fontaines, à 6 km de Luxeuil. Dans ces deux monastères, la règle était très rude : silence, jeûne, abstinence et obéissance absolue.
Aujourd'hui, je voudrais parler du saint abbé Colomban, l'Irlandais le plus célèbre du bas Moyen-Age: il peut à juste titre être appelé un saint "européen", parce que comme moine, missionnaire et écrivain, il a travaillé dans divers pays de l'Europe occidentale. Avec les Irlandais de son époque, il été conscient de l'unité culturelle de l'Europe. Dans une de ses lettres, écrite vers l'an 600 et adressée au Pape Grégoire le Grand, on trouve pour la première fois l'expression "totius Europae - de toute l'Europe", avec une référence à la présence de l'Eglise sur le continent (cf. Epistula I, 1).
Colomban était né vers 543 dans la province de Leinster, dans le sud-est de l'Irlande. Eduqué chez lui par d'excellents maîtres qui l'orientèrent vers l'étude des arts libéraux, il s'en remit ensuite à la conduite de l'abbé Sinell de la communauté de Cluain-Inis, dans le nord de l'Irlande, où il put approfondir l'étude des Saintes Ecritures. A l'âge de vingt ans environ, il entra dans le monastère de Bangor dans le nord-est de l'île, où se trouvait l'abbé Comgall, un moine très célèbre pour sa vertu et sa rigueur ascétique. En pleine harmonie avec son abbé, Colomban pratiqua avec zèle la discipline sévère du monastère, en menant une vie de prière, d'ascèse et d'études. Il y fut également ordonné prêtre. La vie à Bangor et l'exemple de l'abbé influèrent sur la conception du monachisme que Colomban mûrit avec le temps et diffusa ensuite au cours de sa vie.
A l'âge d'environ cinquante ans, suivant l'idéal ascétique typiquement irlandais de la "peregrinatio pro Christo", c'est-à-dire de se faire pèlerin pour le Christ, Colomban quitta l'île pour entreprendre avec douze compagnons une œuvre missionnaire sur le continent européen. En effet, nous devons avoir à l'esprit que la migration de peuples du nord et de l'est avait fait retomber dans le paganisme des régions entières déjà christianisées. Autour de l'an 590, le petit groupe de missionnaires accosta sur la côte bretonne. Accueillis avec bienveillance par le roi des Francs d'Austrasie (la France actuelle), ils demandèrent uniquement une parcelle de terre non-cultivée. Ils obtinrent l'antique forteresse romaine d'Annegray, en ruine et abandonnée, désormais recouverte par la forêt. Habitués à une vie de privation extrême, les moines réussirent en quelques mois à construire sur les ruines le premier monastère. Ainsi, leur réévangélisation commença a avoir lieu tout d'abord à travers le témoignage de leur vie. En même temps que la nouvelle culture de la terre, commença également une nouvelle culture des âmes. La renommée de ces religieux étrangers qui, en vivant de prière et dans une grande austérité, construisaient des maisons et défrichaient la terre, se répandit très rapidement en attirant des pèlerins et des pénitents. Beaucoup de jeunes demandaient à être accueillis dans la communauté monastique pour vivre, à leur manière, cette vie exemplaire qui renouvelle la culture de la terre et des âmes. Très vite la fondation d'un second monastère fut nécessaire. Il fut édifié à quelques kilomètres de distance, sur les ruines d'une antique ville thermale, Luxeuil. Le monastère allait ensuite devenir le centre du rayonnement monastique et missionnaire de tradition irlandaise sur le continent européen. Un troisième monastère fut érigé à Fontaine, à une heure de route plus au nord.
Colomban vécut pendant environ vingt ans à Luxeuil. C'est là que le saint écrivit pour ses disciples la Regula monachorum - qui fut pendant un certain temps plus répandue en Europe que celle de saint Benoît -, qui trace l'image idéale du moine. C'est la seule règle monastique irlandaise ancienne aujourd'hui en notre possession. Il la compléta avec la Regula coenobialis, une sorte de code pénal pour les infractions des moines, avec des punitions assez surprenantes pour la sensibilité moderne, et qui ne s'expliquent que par la mentalité de l'époque et du contexte. Avec une autre œuvre célèbre intitulée De poenitentiarum misura taxanda, écrite également à Luxeuil, Colomban introduisit sur le continent la confession et la pénitence privées et répétées; elle fut appelé la pénitence "tarifée" en raison de la proportion entre la gravité du péché et le type de pénitence imposée par le confesseur. Ces nouveautés éveillèrent le soupçon des évêques de la région, un soupçon qui se transforma en hostilité lorsque Colomban eut le courage de les critiquer ouvertement en raison des mœurs de certains d'entre eux. L'occasion saisie pour manifester ce différend fut la dispute sur la date de Pâques: l'Irlande suivait en effet la tradition orientale en opposition avec la tradition romaine. Le moine irlandais fut convoqué en 603 à Chalon-sur-Saône pour rendre compte devant un synode de ses habitudes relatives à la pénitence et à la Pâque. Au lieu de se présenter au synode, il envoya une lettre dans laquelle il minimisait la question en invitant les Pères synodaux à discuter non seulement du problème de la date de Pâques, un problème mineur selon lui, "mais également de toutes les règles canoniques nécessaires que beaucoup - chose plus grave - ne respectent pas" (cf. Epistula II, 1). Dans le même temps, il écrivit au Pape Boniface IV - comme quelques années plus tôt, il s'était adressé à Grégoire le Grand (cf. Epistula I) - pour défendre la tradition irlandaise (cf. Epistula III).
Intransigeant comme il l'était sur toute question morale, Colomban entra par la suite en conflit avec la maison royale, parce qu'il avait reproché avec dureté au roi Théodoric ses relations adultérines. Il en naquit un réseau d'intrigues et de manœuvres au niveau personnel, religieux et politique qui, en l'an 610, se traduisit par un décret d'expulsion de Luxeuil contre Colomban et tous les moines d'origine irlandaise, qui furent condamnés à un exil définitif. Ils furent escortés jusqu'à la mer et embarqués aux frais de la cour vers l'Irlande. Mais le navire s'échoua non loin de la plage et le capitaine, y voyant un signe du ciel, renonça à l'entreprise et, de peur d'être maudit par Dieu, ramena les moines sur la terre ferme. Ceux-ci au lieu de rentrer à Luxeuil, décidèrent d'entamer une nouvelle œuvre d'évangélisation. Ils s'embarquèrent sur le Rhin et remontèrent le fleuve. Après une première étape à Tuggen près du lac de Zurich, ils se rendirent dans la région de Bregenz près du lac de Constance pour évangéliser les Allemands.
Mais peu de temps après, Colomban, à cause d'événements politiques peu favorables à son œuvre, décida de traverser les Alpes avec la plupart de ses disciples. Seul un moine du nom de Gallus demeura; à partir de son monastère se développera ensuite la célèbre abbaye de Saint-Gall, en Suisse. Arrivé en Italie, Colomban trouva un accueil bienveillant auprès de la cour royale lombarde, mais il dut immédiatement affronter de grandes difficultés: la vie de l'Eglise était déchirée par l'hérésie arienne qui prévalait encore chez les Lombards et par un schisme qui avait éloigné la majeure partie des Eglises d'Italie du Nord de la communion avec l'Evêque de Rome. Colomban prit place avec autorité dans ce contexte, en écrivant un libelle contre l'arianisme et une lettre à Boniface IV pour le convaincre d'effectuer certains pas décisifs en vue d'un rétablissement de l'unité (cf. Epistula V). Lorsque le roi des Lombards, en 612 ou 613, lui assigna un terrain à Bobbio, dans la vallée de la Trebbia, Colomban fonda un nouveau monastère qui allait par la suite devenir un centre de culture comparable à celui très célèbre de Montecassino. C'est là qu'il finit ses jours: il mourut le 23 novembre 615 et c'est à cette date qu'il est fêté dans le rite romain jusqu'à nos jours.
Le message de saint Colomban se concentre en un ferme rappel à la conversion et au détachement des biens terrestres en vue de l'héritage éternel. Avec sa vie ascétique et son comportement sans compromis face à la corruption des puissants, il évoque la figure sévère de saint Jean Baptiste. Son austérité, toutefois, n'est jamais une fin en soi, mais ce n'est que le moyen de s'ouvrir librement à l'amour de Dieu et de répondre avec tout son être aux dons reçus de Lui, en reconstruisant ainsi en lui l'image de Dieu, en défrichant dans le même temps la terre et en renouvelant la société humaine. Je cite de ses Instructiones: "Si l'homme utilise correctement cette faculté que Dieu a accordée à son âme, alors il sera semblable à Dieu. Rappelons-nous que nous devons lui rendre tous les dons qu'il a déposés en nous lorsque nous étions dans la condition originelle. Il nous a enseigné la manière de le faire avec ses commandements. Le premier d'entre eux est celui d'aimer le Seigneur de tout notre cœur, parce qu'il nous a aimés lui le premier, depuis le commencement des temps, avant même que nous venions à la lumière de ce monde" (cf. Instr. XI). Ces paroles, le saint irlandais les incarna réellement dans sa propre vie. Homme de grande culture - il composa également des poésies en latin et un livre de grammaire -, il se révéla riche de dons de grâce. Il fut un inlassable bâtisseur de monastères ainsi qu'un prédicateur pénitentiel intransigeant, en dépensant toute son énergie pour nourrir les racines chrétiennes de l'Europe en train de naître. Avec son énergie spirituelle, avec sa foi, avec son amour pour Dieu et pour le prochain, il devint réellement un des Pères de l'Europe: il nous montre encore aujourd'hui où sont les racines desquelles peut renaître notre Europe.
Saint Clément I
Pape (4ème) de 88 à 97 et martyr († 100)
Clément était né à Rome. Riche, instruit, ardent à chercher la vérité, il trouva dans la religion chrétienne la satisfaction entière des exigences de sa raison et des aspirations de son âme. Non seulement il se fit chrétien, mais il seconda les apôtres dans la prédication de l'Évangile ; et saint Paul, dans son épître aux Philippiens, rappelant les travaux de Clément, assure que son nom est écrit au Livre de vie. Cet attachement de Clément aux apôtres, ce zèle qu'il montra pour la foi, l'ont fait appeler par les Pères homme apostolique.
Élevé à l'épiscopat par saint Pierre, il devait être son troisième successeur, vers l'an 91. Il vit la chute et la mort de Néron, ainsi que la prise et la ruine de Jérusalem. Sous l'empereur Vespasien, Clément fut conduit au tribunal du préfet, qui demeura émerveillé de la sagesse de ses réponses ; mais la volonté de l'empereur était nette : « Que Clément sacrifie aux dieux ou soit exilé en Chersonèse ! » Quelle ne fut pas la joie du saint exilé, de trouver dans ce lointain pays deux mille chrétiens ! La consolation de ces chrétiens fut indicible : « Dieu, leur dit l'humble pontife, m'a fait une grâce dont je n'étais pas digne, en m'envoyant au milieu de vous partager vos couronnes. »
Les généreux confesseurs de la foi, au milieu de leurs rudes travaux, étaient souvent privés d'eau et devaient aller la chercher à une très forte distance. Plein de confiance en Dieu, Clément dit aux chrétiens : « Prions le Seigneur, qui a fait jaillir l'eau d'un rocher du désert ; il nous viendra en aide. » Il se mit donc en prière, et bientôt, levant les yeux, il aperçut sur la colline un agneau blanc comme la neige, qui de son pied droit indiquait une source d'eau vive jaillissant soudain. À partir de ce jour, les martyrs eurent de l'eau en abondance. La nouvelle de ce miracle fit une grande impression dans tout le pays, les conversions se multiplièrent, des églises se bâtirent, et quelques années plus tard le paganisme était complètement détruit.
Saint Clément nous a laissé dans ses lettres le plus charmant tableau de ses missions apostoliques. Ce fut seulement sous Trajan, après plus de vingt ans d'exil, que le saint Pape, devenu très suspect à cause de son zèle et de ses succès, fut jeté à la mer, une ancre au cou. Les chrétiens priaient sur la plage. La mer se retira, chose inouïe, d'une lieue et demi, et le corps du martyr parut à découvert, dans une chapelle de marbre construite par les anges. Les marins ont pris saint Clément pour patron.
Catéchèse du Pape Benoît XVI:
Chers frères et soeurs,
A présent, nous consacrons notre attention aux Pères apostoliques, c'est-à-dire à la première et à la deuxième génération dans l'Eglise après les Apôtres. Et nous pouvons ainsi voir comment débute le chemin de l'Eglise dans l'histoire.
Saint Clément, Evêque de Rome au cours des dernières années du premier siècle, est le troisième Successeur de Pierre, après Lin et Anaclet. Sur sa vie, le témoignage le plus important est celui de saint Irénée, Evêque de Lyon jusqu'en 202. Il atteste que Clément "avait vu les Apôtres", "les avait rencontrés", et avait "encore dans les oreilles leur prédication, et devant les yeux leur tradition" (Adv. haer. 3, 3, 3). Des témoignages tardifs, entre le quatrième et le sixième siècle, attribuent à Clément le titre de martyr.
L'autorité et le prestige de cet Evêque de Rome étaient tels que divers écrits lui furent attribués, mais son unique œuvre certaine est la Lettre aux Corinthiens. Eusèbe de Césarée, le grand "archiviste" des origines chrétiennes, la présente en ces termes: "Une lettre de Clément reconnue comme authentique, grande et admirable nous a été transmise. Elle fut écrite par lui, de la part de l'Eglise de Rome, à l'Eglise de Corinthe... Nous savons que depuis longtemps, et encore de nos jours, celle-ci est lue publiquement au cours de la réunion des fidèles" (Hist. Eccl. 3, 16). On attribuait à cette lettre un caractère presque canonique. Au début de ce texte - écrit en grec - Clément regrette que "les adversités imprévues, qui ont eu lieu l'une après l'autre" (1, 1), ne lui aient pas permis une intervention plus prompte. Ces "adversités" doivent être comprises comme la persécution de Domitien: c'est pourquoi la date de la rédaction de la lettre doit remonter à l'époque qui suivit immédiatement la mort de l'empereur et la fin de la persécution, c'est-à-dire tout de suite après 96.
L'intervention de Clément - nous sommes encore au I siècle - était rendue nécessaire par les graves problèmes que traversait l'Eglise de Corinthe: en effet, les prêtres des communautés avaient été déposés par plusieurs jeunes contestataires. Cet événement douloureux est rappelé, encore une fois, par saint Irénée, qui écrit: "Sous Clément, un conflit important étant apparu parmi les frères de Corinthe, l'Eglise de Rome envoya aux Corinthiens une lettre très importante pour qu'ils se réconcilient dans la paix, qu'ils renouvellent leur foi et annoncent la tradition, qu'ils avaient reçue des Apôtres depuis peu de temps" (Adv. haer. 3, 3, 3). Nous pourrions donc dire que cette lettre constitue un premier exercice du Primat romain après la mort de saint Pierre. La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l'indicatif du salut et l'impératif de l'engagement moral. Il y a avant tout l'heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d'être chrétiens, ses frères et soeurs. C'est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l'assurance à notre action: le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l'annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une "grande prière" qui conclut pratiquement la lettre.
L'occasion immédiate de la lettre donne à l'Evêque de Rome la possibilité d'une ample intervention sur l'identité de l'Eglise et sur sa mission. S'il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l'affaiblissement de la charité et d'autres vertus chrétiennes indispensables. C'est pourquoi il rappelle les fidèles à l'humilité et à l'amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l'existence dans l'Eglise: "Nous sommes une portion sainte", avertit-il, "nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige" (30, 1). En particulier, l'Evêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même "a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté... En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L'homme laïc est lié à l'organisation laïque" (40, 1-5: notons qu'ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature chrétienne le terme grec "laikós" qui signifie "membre du laos", c'est-à-dire "du peuple de Dieu").
De cette façon, en se référant à la liturgie de l'antique Israël, Clément dévoile son idéal d'Eglise. Celle-ci est rassemblée par l'"unique Esprit de grâce répandu sur nous" qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont "membres les uns des autres" (46, 6-7). La nette distinction entre le "laïc" et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d'un corps, d'un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l'Eglise n'est pas un lieu de confusion, ni d'anarchie, où chacun peut faire ce qu'il veut à tout instant: dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d'autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc "de façon ordonnée de la volonté de Dieu" (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l'Eglise possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L'action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L'Eglise est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c'est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l'organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.
Finalement, la "grande prière" confère un souffle universel aux argumentations précédentes. Clément loue et rend grâce à Dieu pour sa merveilleuse providence d'amour, qui a créé le monde et continue à le sauver et à le sanctifier. L'invocation adressée aux gouvernants revêt une importance particulière. Après les textes du Nouveau Testament, celle-ci représente la prière la plus antique pour les institutions politiques. Ainsi, au lendemain de la persécution, les chrétiens, bien conscients que les persécutions allaient se poursuivre, ne cessent de prier pour les autorités mêmes qui les avaient condamnés injustement. Le motif est avant tout d'ordre christologique: il faut prier pour les persécuteurs, comme le fit Jésus sur la Croix. Mais cette prière contient également un enseignement qui guide, au fil des siècles, l'attitude des chrétiens à l'égard de la politique et de l'Etat. En priant pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des Institutions politiques dans l'ordre établi par Dieu; dans le même temps, il manifeste la préoccupation que les autorités soient dociles à Dieu et "exercent le pouvoir que Dieu leur a donné dans la paix et la mansuétude avec piété" (61, 2). César n'est pas tout. Une autre souveraineté apparaît, dont l'origine et l'essence ne sont pas de ce monde, mais "d'en haut": c'est celle de la Vérité, à laquelle revient également le droit d'être écoutée par l'Etat.
Ainsi, la lettre de Clément affronte de nombreux thèmes d'une actualité permanente. Celle-ci est d'autant plus significative, qu'elle représente, depuis le premier siècle, la sollicitude de l'Eglise de Rome qui préside à toutes les autres Eglise dans la charité. Avec le même Esprit, nous faisons nôtres les invocations de la "grande prière", là où l'Evêque de Rome se fait la voix du monde entier: "Oui, ô Seigneur, fais resplendir sur nous ton visage dans le bien de la paix; protège-nous de ta main puissante... Nous te rendons grâces, à travers le Prêtre suprême et guide de nos âmes, Jésus Christ, au moyen duquel nous te rendons gloire et louange, à présent et de génération en génération, pour les siècles des siècles. Amen" (60-61).
Saint Colomban
Abbé (v. 543-615)
Formé à Bangor (Irlande) par le rude saint Gomball, Colomban emmena une douzaine de moines à sa suite pour aller évangéliser la Meuse et les bords du Rhin.
Il se fixa ensuite à Luxeuil (Franche-Comté) et y fonda une abbaye qui compta bientôt plus de trois cents moines. Il fonda aussi un autre monastère à Fontaines, à 6 km de Luxeuil. Dans ces deux monastères, la règle était très rude : silence, jeûne, abstinence et obéissance absolue.
Aujourd'hui, je voudrais parler du saint abbé Colomban, l'Irlandais le plus célèbre du bas Moyen-Age: il peut à juste titre être appelé un saint "européen", parce que comme moine, missionnaire et écrivain, il a travaillé dans divers pays de l'Europe occidentale. Avec les Irlandais de son époque, il été conscient de l'unité culturelle de l'Europe. Dans une de ses lettres, écrite vers l'an 600 et adressée au Pape Grégoire le Grand, on trouve pour la première fois l'expression "totius Europae - de toute l'Europe", avec une référence à la présence de l'Eglise sur le continent (cf. Epistula I, 1).
Colomban était né vers 543 dans la province de Leinster, dans le sud-est de l'Irlande. Eduqué chez lui par d'excellents maîtres qui l'orientèrent vers l'étude des arts libéraux, il s'en remit ensuite à la conduite de l'abbé Sinell de la communauté de Cluain-Inis, dans le nord de l'Irlande, où il put approfondir l'étude des Saintes Ecritures. A l'âge de vingt ans environ, il entra dans le monastère de Bangor dans le nord-est de l'île, où se trouvait l'abbé Comgall, un moine très célèbre pour sa vertu et sa rigueur ascétique. En pleine harmonie avec son abbé, Colomban pratiqua avec zèle la discipline sévère du monastère, en menant une vie de prière, d'ascèse et d'études. Il y fut également ordonné prêtre. La vie à Bangor et l'exemple de l'abbé influèrent sur la conception du monachisme que Colomban mûrit avec le temps et diffusa ensuite au cours de sa vie.
A l'âge d'environ cinquante ans, suivant l'idéal ascétique typiquement irlandais de la "peregrinatio pro Christo", c'est-à-dire de se faire pèlerin pour le Christ, Colomban quitta l'île pour entreprendre avec douze compagnons une œuvre missionnaire sur le continent européen. En effet, nous devons avoir à l'esprit que la migration de peuples du nord et de l'est avait fait retomber dans le paganisme des régions entières déjà christianisées. Autour de l'an 590, le petit groupe de missionnaires accosta sur la côte bretonne. Accueillis avec bienveillance par le roi des Francs d'Austrasie (la France actuelle), ils demandèrent uniquement une parcelle de terre non-cultivée. Ils obtinrent l'antique forteresse romaine d'Annegray, en ruine et abandonnée, désormais recouverte par la forêt. Habitués à une vie de privation extrême, les moines réussirent en quelques mois à construire sur les ruines le premier monastère. Ainsi, leur réévangélisation commença a avoir lieu tout d'abord à travers le témoignage de leur vie. En même temps que la nouvelle culture de la terre, commença également une nouvelle culture des âmes. La renommée de ces religieux étrangers qui, en vivant de prière et dans une grande austérité, construisaient des maisons et défrichaient la terre, se répandit très rapidement en attirant des pèlerins et des pénitents. Beaucoup de jeunes demandaient à être accueillis dans la communauté monastique pour vivre, à leur manière, cette vie exemplaire qui renouvelle la culture de la terre et des âmes. Très vite la fondation d'un second monastère fut nécessaire. Il fut édifié à quelques kilomètres de distance, sur les ruines d'une antique ville thermale, Luxeuil. Le monastère allait ensuite devenir le centre du rayonnement monastique et missionnaire de tradition irlandaise sur le continent européen. Un troisième monastère fut érigé à Fontaine, à une heure de route plus au nord.
Colomban vécut pendant environ vingt ans à Luxeuil. C'est là que le saint écrivit pour ses disciples la Regula monachorum - qui fut pendant un certain temps plus répandue en Europe que celle de saint Benoît -, qui trace l'image idéale du moine. C'est la seule règle monastique irlandaise ancienne aujourd'hui en notre possession. Il la compléta avec la Regula coenobialis, une sorte de code pénal pour les infractions des moines, avec des punitions assez surprenantes pour la sensibilité moderne, et qui ne s'expliquent que par la mentalité de l'époque et du contexte. Avec une autre œuvre célèbre intitulée De poenitentiarum misura taxanda, écrite également à Luxeuil, Colomban introduisit sur le continent la confession et la pénitence privées et répétées; elle fut appelé la pénitence "tarifée" en raison de la proportion entre la gravité du péché et le type de pénitence imposée par le confesseur. Ces nouveautés éveillèrent le soupçon des évêques de la région, un soupçon qui se transforma en hostilité lorsque Colomban eut le courage de les critiquer ouvertement en raison des mœurs de certains d'entre eux. L'occasion saisie pour manifester ce différend fut la dispute sur la date de Pâques: l'Irlande suivait en effet la tradition orientale en opposition avec la tradition romaine. Le moine irlandais fut convoqué en 603 à Chalon-sur-Saône pour rendre compte devant un synode de ses habitudes relatives à la pénitence et à la Pâque. Au lieu de se présenter au synode, il envoya une lettre dans laquelle il minimisait la question en invitant les Pères synodaux à discuter non seulement du problème de la date de Pâques, un problème mineur selon lui, "mais également de toutes les règles canoniques nécessaires que beaucoup - chose plus grave - ne respectent pas" (cf. Epistula II, 1). Dans le même temps, il écrivit au Pape Boniface IV - comme quelques années plus tôt, il s'était adressé à Grégoire le Grand (cf. Epistula I) - pour défendre la tradition irlandaise (cf. Epistula III).
Intransigeant comme il l'était sur toute question morale, Colomban entra par la suite en conflit avec la maison royale, parce qu'il avait reproché avec dureté au roi Théodoric ses relations adultérines. Il en naquit un réseau d'intrigues et de manœuvres au niveau personnel, religieux et politique qui, en l'an 610, se traduisit par un décret d'expulsion de Luxeuil contre Colomban et tous les moines d'origine irlandaise, qui furent condamnés à un exil définitif. Ils furent escortés jusqu'à la mer et embarqués aux frais de la cour vers l'Irlande. Mais le navire s'échoua non loin de la plage et le capitaine, y voyant un signe du ciel, renonça à l'entreprise et, de peur d'être maudit par Dieu, ramena les moines sur la terre ferme. Ceux-ci au lieu de rentrer à Luxeuil, décidèrent d'entamer une nouvelle œuvre d'évangélisation. Ils s'embarquèrent sur le Rhin et remontèrent le fleuve. Après une première étape à Tuggen près du lac de Zurich, ils se rendirent dans la région de Bregenz près du lac de Constance pour évangéliser les Allemands.
Mais peu de temps après, Colomban, à cause d'événements politiques peu favorables à son œuvre, décida de traverser les Alpes avec la plupart de ses disciples. Seul un moine du nom de Gallus demeura; à partir de son monastère se développera ensuite la célèbre abbaye de Saint-Gall, en Suisse. Arrivé en Italie, Colomban trouva un accueil bienveillant auprès de la cour royale lombarde, mais il dut immédiatement affronter de grandes difficultés: la vie de l'Eglise était déchirée par l'hérésie arienne qui prévalait encore chez les Lombards et par un schisme qui avait éloigné la majeure partie des Eglises d'Italie du Nord de la communion avec l'Evêque de Rome. Colomban prit place avec autorité dans ce contexte, en écrivant un libelle contre l'arianisme et une lettre à Boniface IV pour le convaincre d'effectuer certains pas décisifs en vue d'un rétablissement de l'unité (cf. Epistula V). Lorsque le roi des Lombards, en 612 ou 613, lui assigna un terrain à Bobbio, dans la vallée de la Trebbia, Colomban fonda un nouveau monastère qui allait par la suite devenir un centre de culture comparable à celui très célèbre de Montecassino. C'est là qu'il finit ses jours: il mourut le 23 novembre 615 et c'est à cette date qu'il est fêté dans le rite romain jusqu'à nos jours.
Le message de saint Colomban se concentre en un ferme rappel à la conversion et au détachement des biens terrestres en vue de l'héritage éternel. Avec sa vie ascétique et son comportement sans compromis face à la corruption des puissants, il évoque la figure sévère de saint Jean Baptiste. Son austérité, toutefois, n'est jamais une fin en soi, mais ce n'est que le moyen de s'ouvrir librement à l'amour de Dieu et de répondre avec tout son être aux dons reçus de Lui, en reconstruisant ainsi en lui l'image de Dieu, en défrichant dans le même temps la terre et en renouvelant la société humaine. Je cite de ses Instructiones: "Si l'homme utilise correctement cette faculté que Dieu a accordée à son âme, alors il sera semblable à Dieu. Rappelons-nous que nous devons lui rendre tous les dons qu'il a déposés en nous lorsque nous étions dans la condition originelle. Il nous a enseigné la manière de le faire avec ses commandements. Le premier d'entre eux est celui d'aimer le Seigneur de tout notre cœur, parce qu'il nous a aimés lui le premier, depuis le commencement des temps, avant même que nous venions à la lumière de ce monde" (cf. Instr. XI). Ces paroles, le saint irlandais les incarna réellement dans sa propre vie. Homme de grande culture - il composa également des poésies en latin et un livre de grammaire -, il se révéla riche de dons de grâce. Il fut un inlassable bâtisseur de monastères ainsi qu'un prédicateur pénitentiel intransigeant, en dépensant toute son énergie pour nourrir les racines chrétiennes de l'Europe en train de naître. Avec son énergie spirituelle, avec sa foi, avec son amour pour Dieu et pour le prochain, il devint réellement un des Pères de l'Europe: il nous montre encore aujourd'hui où sont les racines desquelles peut renaître notre Europe.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mardi le 24 novembre
Saints Martyrs du Viêt-Nam
André Dung Lac, prêtre et ses compagnons martyrs entre 1745 et 1862
Martyrologe Romain : Mémoire des saints André Dung Lac, prêtre, et ses compagnons, martyrs. Une célébration commune honore cent-dix-sept martyrs mis à mort entre 1745 et 1862 dans diverses régions du Viêt-Nam : le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine. Parmi eux, huit évêques, un grand nombre de prêtres et une foule considérable de laïcs chrétiens des deux sexes, de toute condition, de tout âge, qui ont tous préféré souffrir l’exil, la prison, les tortures et enfin les derniers supplices plutôt que de fouler aux pieds la croix et faillir à la foi chrétienne.
L'église au Vietnam fécondée par le sang des Martyrs
L'œuvre de l'évangélisation, entreprise dès le début, du XVIème siècle, puis établie dans les deux premiers Vicariats Apostoliques du Nord (Dâng-Ngoâi) et du Sud (Dâng-Trong) en 1659, a connu au cours des siècles un admirable développement. À l'heure actuelle, les Diocèses sont au nombre de vingt-cinq (dix au Nord, six au Centre et neuf au Sud). Les catholiques sont environ six millions (presque 10% de la population).
Ce résultat est dû aussi au fait que, dès les premières années de l'évangélisation, la semence de la Foi a été mêlée sur la terre vietnamienne au sang abondamment versé des martyrs, tant du clergé missionnaire que du clergé local et du peuple chrétien du Viêt-Nam. Tous ont supporté ensemble les fatigues de l'œuvre apostolique et ont d'un même cœur affronté aussi la mort pour rendre témoignage à la vérité évangélique. L'histoire religieuse de l'Église du Viêt-Nam enregistre qu'il y a eu en tout cinquante-trois décrets, signés par les Seigneurs Trinh et Nguyen et par les Empereurs qui, du XVIIème au XIXème siècles, ont promulgué contre les chrétiens des persécutions plus violentes les unes que les autres. On compte environ 130.000 victimes tombées un peu partout sur le territoire du Viêt-Nam.
Au cours des siècles, ces martyrs de la Foi ont été ensevelis d'une manière anonyme, mais leur mémoire est restée vivante dans l'esprit de la communauté catholique. Dès le début du XX siècle, dans cette foule de héros, 117 personnes - dont les épreuves sont apparues les plus cruelles - ont été choisies et élevées aux honneurs des autels.
Ils furent tous canonisés en même temps par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 19 juin 1988, lors d'un de ses voyages en Asie, et déclarés Patrons du Viêt-Nam le 14 décembre 1990.
Ces Saints peuvent être classés comme suit :
11 Espagnols, tous de l'ordre des Frères prêcheurs (Dominicains) : 6 évêques et 5 prêtres.
10 Français, tous de la Société des Missions Étrangères de Paris : 2 évêques et 8 prêtres.
96 Vietnamiens : 37 prêtres (dont onze Dominicains), 59 laïcs (parmi eux un séminariste, seize catéchistes, dix du Tiers Ordre dominicain et une femme).
Leur martyre a eu lieu à différentes périodes:
Ø 2 ont subi le martyre au temps de TRINH-DOANH (1740-1767)
Ø 2 ont subi le martyre au temps de TRINH-SAM (1767-1782)
Ø 2 ont subi le martyre au temps de CANH-TRINH (1782-1802)
Ø 58 ont subi le martyre au temps de l'Empereur MINH-MANG (1820-1840)
Ø 3 ont subi le martyre au temps de l'Empereur THIEU-TRI (1840-1847)
Ø 50 ont subi le martyre au temps de l'Empereur TU-DUC (1847-1883)
Sur le lieu de supplice l'Édit royal, placé à coté de chaque martyr, a précisé le mode de sentence :
Ø 75 condamnés à la décapitation,
Ø 22 condamnés à l'étranglement,
Ø 6 condamnés à être brûlés vifs,
Ø 5 condamnés à être écartelés,
Ø 9 sont morts en prison des suites des tortures.
« Tous ceux-là viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau » (Ap 7, 13-14)
Bx Félix Alonso Muñiz
Prêtre dominicain et martyr
(1896-1936)
Le 28 octobre 2007, le card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, représentant le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013), a présidé, à Rome, la Messe de béatification de 498 martyrs des “persécutions religieuses” de la guerre civile espagnole. Ces catholiques ont été tués dans diverses circonstances en 1934, 1936 ou 1937 ; parmi eux il y avait deux évêques, vingt-quatre prêtres, quatre cent soixante-deux religieux, trois diacres ou séminaristes et sept laïcs qui « versèrent leur sang pour rendre témoignage de l'Évangile de Jésus Christ…soient dorénavant appelés du nom de bienheureux et que leur fête (commune) soit célébrée chaque année le 6 novembre dans les lieux et selon les modalités établies par le droit. » (>>> Lettre du Pape Benoît XVI).
Commémoration propre à l’Ordo Fratrum Praedicatorum :
Félix Alonso Muñiz naît le 2 mai 1896 à Oseja de Sajambre (León, Espagne).
Il entre à l’école apostolique de Corias (Asturies) où il fait profession le 9 septembre 1913; il va en 1916 faire sa théologie à Salamanque; il est ordonné le 16 mai 1920.
Il fut au collège de Vergara (Guipúzcoa), à celui d’Oviedo et finalement au couvent d’Atocha, Madrid. Apprécié pour sa droiture avec les élèves; il avait une inclination spéciale pour les études sociales; à Madrid il se spécialise en philosophie pour mieux pouvoir donner des bases solides à son apostolat social; ami et admirateur du P. José Gafo. Expansif, ouvert, très bon compagnon, tranquille, optimiste et joyeux; depuis l’enfance il est remarquablement studieux, intelligent, pieux ; à Salamanque il étudie la musique, pour laquelle il a une inclination marquée, et remplit la fonction d’organiste; il avait de l’humour, aimait la randonnée.
Au couvent d’Atocha il fut conseiller d’Action catholique, grand orateur, plein de bonté et se consacrant à attirer la classe ouvrière.
Le 18 août 1936 il alla à la direction générale de sécurité, craignant une agression, mais ils l’arrêtèrent et le mirent à la prison Porlier, où il put discrètement donner la communion à quelques compagnons de prison ; priait avec eux et leur lisait quelque livre pieux qu’il pouvait avoir avec lui.
Ayant donné l’absolution à un prisonnier blessé mortellement, on en déduisit officiellement qu’il était prêtre et fut inscrit sur la liste de ceux qui devaient être “mis en liberté”, c’est-à-dire conduits au peloton d’exécution.
On le conduisit effectivement au lieu-dit Paracuellos del Jarama, dans les environs de Madrid, où il fut fusillé le 24 novembre 1936 ; il avait 40 ans.
Saints Martyrs du Viêt-Nam
André Dung Lac, prêtre et ses compagnons martyrs entre 1745 et 1862
Martyrologe Romain : Mémoire des saints André Dung Lac, prêtre, et ses compagnons, martyrs. Une célébration commune honore cent-dix-sept martyrs mis à mort entre 1745 et 1862 dans diverses régions du Viêt-Nam : le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine. Parmi eux, huit évêques, un grand nombre de prêtres et une foule considérable de laïcs chrétiens des deux sexes, de toute condition, de tout âge, qui ont tous préféré souffrir l’exil, la prison, les tortures et enfin les derniers supplices plutôt que de fouler aux pieds la croix et faillir à la foi chrétienne.
L'église au Vietnam fécondée par le sang des Martyrs
L'œuvre de l'évangélisation, entreprise dès le début, du XVIème siècle, puis établie dans les deux premiers Vicariats Apostoliques du Nord (Dâng-Ngoâi) et du Sud (Dâng-Trong) en 1659, a connu au cours des siècles un admirable développement. À l'heure actuelle, les Diocèses sont au nombre de vingt-cinq (dix au Nord, six au Centre et neuf au Sud). Les catholiques sont environ six millions (presque 10% de la population).
Ce résultat est dû aussi au fait que, dès les premières années de l'évangélisation, la semence de la Foi a été mêlée sur la terre vietnamienne au sang abondamment versé des martyrs, tant du clergé missionnaire que du clergé local et du peuple chrétien du Viêt-Nam. Tous ont supporté ensemble les fatigues de l'œuvre apostolique et ont d'un même cœur affronté aussi la mort pour rendre témoignage à la vérité évangélique. L'histoire religieuse de l'Église du Viêt-Nam enregistre qu'il y a eu en tout cinquante-trois décrets, signés par les Seigneurs Trinh et Nguyen et par les Empereurs qui, du XVIIème au XIXème siècles, ont promulgué contre les chrétiens des persécutions plus violentes les unes que les autres. On compte environ 130.000 victimes tombées un peu partout sur le territoire du Viêt-Nam.
Au cours des siècles, ces martyrs de la Foi ont été ensevelis d'une manière anonyme, mais leur mémoire est restée vivante dans l'esprit de la communauté catholique. Dès le début du XX siècle, dans cette foule de héros, 117 personnes - dont les épreuves sont apparues les plus cruelles - ont été choisies et élevées aux honneurs des autels.
Ils furent tous canonisés en même temps par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 19 juin 1988, lors d'un de ses voyages en Asie, et déclarés Patrons du Viêt-Nam le 14 décembre 1990.
Ces Saints peuvent être classés comme suit :
11 Espagnols, tous de l'ordre des Frères prêcheurs (Dominicains) : 6 évêques et 5 prêtres.
10 Français, tous de la Société des Missions Étrangères de Paris : 2 évêques et 8 prêtres.
96 Vietnamiens : 37 prêtres (dont onze Dominicains), 59 laïcs (parmi eux un séminariste, seize catéchistes, dix du Tiers Ordre dominicain et une femme).
Leur martyre a eu lieu à différentes périodes:
Ø 2 ont subi le martyre au temps de TRINH-DOANH (1740-1767)
Ø 2 ont subi le martyre au temps de TRINH-SAM (1767-1782)
Ø 2 ont subi le martyre au temps de CANH-TRINH (1782-1802)
Ø 58 ont subi le martyre au temps de l'Empereur MINH-MANG (1820-1840)
Ø 3 ont subi le martyre au temps de l'Empereur THIEU-TRI (1840-1847)
Ø 50 ont subi le martyre au temps de l'Empereur TU-DUC (1847-1883)
Sur le lieu de supplice l'Édit royal, placé à coté de chaque martyr, a précisé le mode de sentence :
Ø 75 condamnés à la décapitation,
Ø 22 condamnés à l'étranglement,
Ø 6 condamnés à être brûlés vifs,
Ø 5 condamnés à être écartelés,
Ø 9 sont morts en prison des suites des tortures.
« Tous ceux-là viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau » (Ap 7, 13-14)
Bx Félix Alonso Muñiz
Prêtre dominicain et martyr
(1896-1936)
Le 28 octobre 2007, le card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, représentant le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013), a présidé, à Rome, la Messe de béatification de 498 martyrs des “persécutions religieuses” de la guerre civile espagnole. Ces catholiques ont été tués dans diverses circonstances en 1934, 1936 ou 1937 ; parmi eux il y avait deux évêques, vingt-quatre prêtres, quatre cent soixante-deux religieux, trois diacres ou séminaristes et sept laïcs qui « versèrent leur sang pour rendre témoignage de l'Évangile de Jésus Christ…soient dorénavant appelés du nom de bienheureux et que leur fête (commune) soit célébrée chaque année le 6 novembre dans les lieux et selon les modalités établies par le droit. » (>>> Lettre du Pape Benoît XVI).
Commémoration propre à l’Ordo Fratrum Praedicatorum :
Félix Alonso Muñiz naît le 2 mai 1896 à Oseja de Sajambre (León, Espagne).
Il entre à l’école apostolique de Corias (Asturies) où il fait profession le 9 septembre 1913; il va en 1916 faire sa théologie à Salamanque; il est ordonné le 16 mai 1920.
Il fut au collège de Vergara (Guipúzcoa), à celui d’Oviedo et finalement au couvent d’Atocha, Madrid. Apprécié pour sa droiture avec les élèves; il avait une inclination spéciale pour les études sociales; à Madrid il se spécialise en philosophie pour mieux pouvoir donner des bases solides à son apostolat social; ami et admirateur du P. José Gafo. Expansif, ouvert, très bon compagnon, tranquille, optimiste et joyeux; depuis l’enfance il est remarquablement studieux, intelligent, pieux ; à Salamanque il étudie la musique, pour laquelle il a une inclination marquée, et remplit la fonction d’organiste; il avait de l’humour, aimait la randonnée.
Au couvent d’Atocha il fut conseiller d’Action catholique, grand orateur, plein de bonté et se consacrant à attirer la classe ouvrière.
Le 18 août 1936 il alla à la direction générale de sécurité, craignant une agression, mais ils l’arrêtèrent et le mirent à la prison Porlier, où il put discrètement donner la communion à quelques compagnons de prison ; priait avec eux et leur lisait quelque livre pieux qu’il pouvait avoir avec lui.
Ayant donné l’absolution à un prisonnier blessé mortellement, on en déduisit officiellement qu’il était prêtre et fut inscrit sur la liste de ceux qui devaient être “mis en liberté”, c’est-à-dire conduits au peloton d’exécution.
On le conduisit effectivement au lieu-dit Paracuellos del Jarama, dans les environs de Madrid, où il fut fusillé le 24 novembre 1936 ; il avait 40 ans.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mercredi le 25 novembre
Sainte Catherine d'Alexandrie
Vierge et Martyre
(† v. 307)
Catherine naît à Alexandrie, d'une famille de première noblesse. Comme elle ne se hâtait pas de recevoir le baptême, Dieu lui envoya une vision où la Ste Vierge la présentait au divin enfant qui détournait les yeux avec tristesse, et disait : « Je ne veux point la voir, elle n'est pas encore régénérée. » À son réveil, elle résolut de recevoir promptement le baptême. Quand elle l'eut reçut, Jésus lui apparut, lui donna mille témoignages d'amour, la prit pour épouse en présence de Marie et de toute la cour céleste, et lui passa au doigt l'anneau de son alliance.
Catherine, douée d'une haute intelligence, suivit avec le plus grand succès les leçons des plus grands maîtres chrétiens de l'école d'Alexandrie, et acquit la science des docteurs. Dans une grande fête du paganisme, célébrée en présence de l'empereur Maximin, elle eut la sainte audace de se présenter devant lui, de lui montrer la vanité des idoles et la vérité de la religion chrétienne. La fête terminée, Maximin, étonné du courage et de l'éloquence de la jeune fille, réunit cinquante des plus savants docteurs du paganisme et leur ordonna de discuter avec Catherine. Préparée par la prière et le jeûne, elle commença la discussion et fit un discours si profond et si sublime sur la religion de Jésus-Christ comparée au culte des faux dieux, que les cinquante philosophes, éclairés par sa parole en même temps que touchés de la grâce, proclamèrent la vérité de la croyance de Catherine et reçurent, par l'ordre du cruel empereur, le baptême du sang, gage pour eux de l'immortelle couronne.
Cependant Maximin, malgré sa fureur, plein d'admiration pour la beauté et les hautes qualités de Catherine, espéra la vaincre par l'ambition en lui promettant sa main. Il essuya un refus plein de mépris. Pendant deux heures l'innocente vierge subit le supplice de la dislocation de ses membres sur un chevalet, et celui des fouets. Le lendemain, Maximin, surpris de la trouver plus belle et plus saine que jamais, essaya de triompher de sa résistance. Il la fit soumettre au terrible supplice des roues, mais les roues volèrent en éclats et tuèrent plusieurs personnes. Le tyran, confus de tous ces prodiges, ordonna de lui trancher la tête.
Avant de mourir, elle avait demandé et obtenu deux choses de son divin Époux : que son corps fût respecté après le supplice, et que l'ère des persécutions prît bientôt fin. Plus tard, son corps fut transporté par les anges sur le mont Sinaï.
Saint Pierre
Évêque d'Alexandrie et Martyr
(† 311)
Pierre d'Alexandrie nous est peu connu jusqu'à son élévation sur le siège épiscopal de cette ville. Son zèle pour la foi, à une époque de persécutions continuelles, l'obligea de fuir ; mais il consola et fortifia les chrétiens dans les différentes contrées qu'il parcourut, et il n'oublia pas son cher troupeau. Par d'éloquentes lettres pastorales, il rappelait à ses brebis les grands devoirs de la vie chrétienne et la nécessité de la persévérance.
La paix ayant reparu, Pierre revint dans son église, où il fut bientôt dénoncé par l'hérétique Arius et jeté dans les fers. Il ne cessait, dans sa prison, d'encourager les nombreuses victimes enfermées avec lui, de prier et de chanter les louanges de Dieu. Un jour qu'il priait avec plus de ferveur, Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d'un enfant tout éclatant de lumière, et vêtu d'une belle tunique blanche fendue de haut en bas, et il en tenait les bords comme pour cacher sa nudité. Pierre, saisi de frayeur, lui dit : « Seigneur, qui vous a mis dans cet état ? - C'est Arius, répondit Jésus, qui a divisé mon Église et m'a ravi une partie des âmes que j'ai rachetées de mon sang. »
L'évêque prémunit son clergé contre le traître et fut décapité peu de temps après.
Sainte Catherine d'Alexandrie
Vierge et Martyre
(† v. 307)
Catherine naît à Alexandrie, d'une famille de première noblesse. Comme elle ne se hâtait pas de recevoir le baptême, Dieu lui envoya une vision où la Ste Vierge la présentait au divin enfant qui détournait les yeux avec tristesse, et disait : « Je ne veux point la voir, elle n'est pas encore régénérée. » À son réveil, elle résolut de recevoir promptement le baptême. Quand elle l'eut reçut, Jésus lui apparut, lui donna mille témoignages d'amour, la prit pour épouse en présence de Marie et de toute la cour céleste, et lui passa au doigt l'anneau de son alliance.
Catherine, douée d'une haute intelligence, suivit avec le plus grand succès les leçons des plus grands maîtres chrétiens de l'école d'Alexandrie, et acquit la science des docteurs. Dans une grande fête du paganisme, célébrée en présence de l'empereur Maximin, elle eut la sainte audace de se présenter devant lui, de lui montrer la vanité des idoles et la vérité de la religion chrétienne. La fête terminée, Maximin, étonné du courage et de l'éloquence de la jeune fille, réunit cinquante des plus savants docteurs du paganisme et leur ordonna de discuter avec Catherine. Préparée par la prière et le jeûne, elle commença la discussion et fit un discours si profond et si sublime sur la religion de Jésus-Christ comparée au culte des faux dieux, que les cinquante philosophes, éclairés par sa parole en même temps que touchés de la grâce, proclamèrent la vérité de la croyance de Catherine et reçurent, par l'ordre du cruel empereur, le baptême du sang, gage pour eux de l'immortelle couronne.
Cependant Maximin, malgré sa fureur, plein d'admiration pour la beauté et les hautes qualités de Catherine, espéra la vaincre par l'ambition en lui promettant sa main. Il essuya un refus plein de mépris. Pendant deux heures l'innocente vierge subit le supplice de la dislocation de ses membres sur un chevalet, et celui des fouets. Le lendemain, Maximin, surpris de la trouver plus belle et plus saine que jamais, essaya de triompher de sa résistance. Il la fit soumettre au terrible supplice des roues, mais les roues volèrent en éclats et tuèrent plusieurs personnes. Le tyran, confus de tous ces prodiges, ordonna de lui trancher la tête.
Avant de mourir, elle avait demandé et obtenu deux choses de son divin Époux : que son corps fût respecté après le supplice, et que l'ère des persécutions prît bientôt fin. Plus tard, son corps fut transporté par les anges sur le mont Sinaï.
Saint Pierre
Évêque d'Alexandrie et Martyr
(† 311)
Pierre d'Alexandrie nous est peu connu jusqu'à son élévation sur le siège épiscopal de cette ville. Son zèle pour la foi, à une époque de persécutions continuelles, l'obligea de fuir ; mais il consola et fortifia les chrétiens dans les différentes contrées qu'il parcourut, et il n'oublia pas son cher troupeau. Par d'éloquentes lettres pastorales, il rappelait à ses brebis les grands devoirs de la vie chrétienne et la nécessité de la persévérance.
La paix ayant reparu, Pierre revint dans son église, où il fut bientôt dénoncé par l'hérétique Arius et jeté dans les fers. Il ne cessait, dans sa prison, d'encourager les nombreuses victimes enfermées avec lui, de prier et de chanter les louanges de Dieu. Un jour qu'il priait avec plus de ferveur, Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d'un enfant tout éclatant de lumière, et vêtu d'une belle tunique blanche fendue de haut en bas, et il en tenait les bords comme pour cacher sa nudité. Pierre, saisi de frayeur, lui dit : « Seigneur, qui vous a mis dans cet état ? - C'est Arius, répondit Jésus, qui a divisé mon Église et m'a ravi une partie des âmes que j'ai rachetées de mon sang. »
L'évêque prémunit son clergé contre le traître et fut décapité peu de temps après.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Jeudi le 26 novembre
Bienheureux Jacques (Giacomo) Alberione (1884-1971)
Prêtre et fondateur de la Famille paulinienne
Giacomo Alberione naît à San Lorenzo di Fossano (Cuneo, Piémont) le 4 avril 1884, cinquième enfant de Michel et Teresa Allocco.
En octobre 1900 il entre au séminaire diocésain d’Alba et le 29 juin 1907 il est ordonné prêtre.
Le 20 août 1914 il initie, à Alba, la Société Saint-Paul pour l’évangélisation avec les instruments de la communication sociale, suivie des autres fondations qui constituent la Famille paulinienne : Filles de Saint-Paul, Sœurs Disciples du Divin Maître, Sœurs de Jésus Bon Pasteur (les Pastourelles), Institut Regina Apostolorum pour les vocations (Sœurs apostolines) ; les Instituts agrégés : Saint-Gabriel-Archange, Marie-de-l’Annonciation, Sainte-Famille et Jésus-Prêtre ; l’Association des Coopérateurs et Coopératrices pauliniens.
Il fait plusieurs fois le tour du monde pour se rencontrer avec ses fils et filles répandus dans tous les continents de la terre et les encourager à une vie toujours plus contemplative et apostolique.
Le secret de sa vaste activité apostolique est à rechercher dans sa vie intérieure tendue dans un crescendo continuel à réaliser les paroles de l’Apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20)
Le père Alberione s’est éteint à l’âge de 87 ans, le 26 novembre 1971. Ses derniers moments ont été réconfortés par la visite et la bénédiction du Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) qui n’a jamais cessé de l’admirer et de le vénérer.
Les pauliniens et pauliniennes se rappellent avec émotion l’estime que le Bx Paul VI vouait à leur fondateur. Dans une mémorable audience accordée au père Alberione et à un groupe nombreux de ses fils et de ses filles, le 28 juin 1969, le pape s’exprimait ainsi :
« Le voilà : humble, silencieux, infatigable, toujours vigilant, toujours recueilli dans ses pensées, passant de la prière à l’action, toujours attentif à saisir les "signes des temps", c’est-à-dire les moyens les plus efficaces de communiquer avec les humains; notre cher père Alberione a donné à l’Église de nouveaux instruments pour s’exprimer, de nouveaux moyens pour donner vigueur et rayonnement à son apostolat, une nouvelle conscience de sa mission pour l’évangélisation au moyen des médias de masse. “Permettez, cher père Alberione, que le pape se réjouisse de votre long, fidèle et inlassable travail, et des fruits qu’il a produits pour la gloire de Dieu et le bien de l’Église.” »
Le Père Jacques Alberione, aura été l'un des plus créatifs apôtres du XXe siècle.
Le 25 juin 1996, Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005) signa le décret reconnaissant ses vertus héroïques et le béatifia le 27 avril 2003 à Rome.
Saint Umile (Humilis) de Bisignano (1582-1637)
Religieux de l’Ordo Fratrum Minorum
Humilis, fils de Giovanni Pirozzo et de Ginevra Giardino, naît le 26 août 1582 à Bisignano en Calabre. Il reçut le prénom de Luca Antonio au baptême.
Déjà enfant, il manifestait une très profonde piété, assistant tous les jours à la Messe, méditant la Passion, même quand il travaillait aux champs, communiant aussi souvent que possible.
Dès l'âge de dix-huit ans, il ressentit fortement sa vocation religieuse, mais dut patienter encore neuf ans avant de pouvoir y accéder, multipliant, pendant ce long délai, les privations et vivant une vie austère remplie de charité et du souci des autres.
Humilis avait vingt-sept ans quand il intégra le noviciat des Frères mineurs à Mesoraca, où il eut comme professeurs Antonio de Rossano et Cosimo de Bisignano. Il prononça ses vœux le 4 septembre 1610 et se mit sous la protection de la Vierge Marie.
À partir de là, il accomplit toutes ses tâches avec ardeur, simplicité et humilité, mendiant, s'occupant du jardin, effectuant tous les travaux manuels qui lui étaient demandés par ses supérieurs.
Déjà au temps de son noviciat, ses frères avaient remarqué sa maturité spirituelle, et sa ferveur dans l'observance de la Règle. Il priait sans cesse, quelles que soient ses occupations matérielles, il était humble, docile, tout le temps gai. Il pratiquait pénitence et mortifications, et sa charité envers les pauvres était immense.
Depuis sa jeunesse, il bénéficiait d'extases chaque fois qu'il priait intensément. Mais ces manifestations entraînèrent la suspicion de l'autorité ecclésiastique, méfiante devant l'origine de ces grâces.
Par ailleurs, bien que n'ayant pas fait d'études, frère Humilis pouvait répondre à n'importe quelle question concernant l'Écriture Sainte, stupéfiant les théologiens. Pour ces deux raisons, il fut longuement interrogé par l'archevêque de Reggio de Calabre, et par les inquisiteurs. Mais nul ne put le confondre, et tous furent surpris de l'authenticité de ses dons ; à tel point que le frère général de l'Ordre, Benigno Genova, l'emmena avec lui lors d'une visite aux autres frères de Calabre et que deux Papes, Grègoire XV (Alessandro Ludovisi, 1621-1623) et Urbain VIII (Maffeo Barberini, 1623-1644) en firent leur conseiller.
C'est ainsi qu'Humilis resta plusieurs années à Rome. Il vécut aussi à Naples, au couvent de la Sainte Croix, où il contribua à répandre le culte du Bx John Duns Scot, particulièrement vénéré dans le diocèse de Nola.
Après une vie toute remplie d'humilité, de joie divine, du souci des pauvres, Humilis s'éteignit le 26 novembre 1637 à Bisignano.
Umile de Bisignanoa été béatifié le 29 janvier 1882 par Léon XIII(Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) et canonisé le 19 mai 2002 par San Giovanni Paolo II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Bienheureux Jacques (Giacomo) Alberione (1884-1971)
Prêtre et fondateur de la Famille paulinienne
Giacomo Alberione naît à San Lorenzo di Fossano (Cuneo, Piémont) le 4 avril 1884, cinquième enfant de Michel et Teresa Allocco.
En octobre 1900 il entre au séminaire diocésain d’Alba et le 29 juin 1907 il est ordonné prêtre.
Le 20 août 1914 il initie, à Alba, la Société Saint-Paul pour l’évangélisation avec les instruments de la communication sociale, suivie des autres fondations qui constituent la Famille paulinienne : Filles de Saint-Paul, Sœurs Disciples du Divin Maître, Sœurs de Jésus Bon Pasteur (les Pastourelles), Institut Regina Apostolorum pour les vocations (Sœurs apostolines) ; les Instituts agrégés : Saint-Gabriel-Archange, Marie-de-l’Annonciation, Sainte-Famille et Jésus-Prêtre ; l’Association des Coopérateurs et Coopératrices pauliniens.
Il fait plusieurs fois le tour du monde pour se rencontrer avec ses fils et filles répandus dans tous les continents de la terre et les encourager à une vie toujours plus contemplative et apostolique.
Le secret de sa vaste activité apostolique est à rechercher dans sa vie intérieure tendue dans un crescendo continuel à réaliser les paroles de l’Apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20)
Le père Alberione s’est éteint à l’âge de 87 ans, le 26 novembre 1971. Ses derniers moments ont été réconfortés par la visite et la bénédiction du Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) qui n’a jamais cessé de l’admirer et de le vénérer.
Les pauliniens et pauliniennes se rappellent avec émotion l’estime que le Bx Paul VI vouait à leur fondateur. Dans une mémorable audience accordée au père Alberione et à un groupe nombreux de ses fils et de ses filles, le 28 juin 1969, le pape s’exprimait ainsi :
« Le voilà : humble, silencieux, infatigable, toujours vigilant, toujours recueilli dans ses pensées, passant de la prière à l’action, toujours attentif à saisir les "signes des temps", c’est-à-dire les moyens les plus efficaces de communiquer avec les humains; notre cher père Alberione a donné à l’Église de nouveaux instruments pour s’exprimer, de nouveaux moyens pour donner vigueur et rayonnement à son apostolat, une nouvelle conscience de sa mission pour l’évangélisation au moyen des médias de masse. “Permettez, cher père Alberione, que le pape se réjouisse de votre long, fidèle et inlassable travail, et des fruits qu’il a produits pour la gloire de Dieu et le bien de l’Église.” »
Le Père Jacques Alberione, aura été l'un des plus créatifs apôtres du XXe siècle.
Le 25 juin 1996, Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005) signa le décret reconnaissant ses vertus héroïques et le béatifia le 27 avril 2003 à Rome.
Saint Umile (Humilis) de Bisignano (1582-1637)
Religieux de l’Ordo Fratrum Minorum
Humilis, fils de Giovanni Pirozzo et de Ginevra Giardino, naît le 26 août 1582 à Bisignano en Calabre. Il reçut le prénom de Luca Antonio au baptême.
Déjà enfant, il manifestait une très profonde piété, assistant tous les jours à la Messe, méditant la Passion, même quand il travaillait aux champs, communiant aussi souvent que possible.
Dès l'âge de dix-huit ans, il ressentit fortement sa vocation religieuse, mais dut patienter encore neuf ans avant de pouvoir y accéder, multipliant, pendant ce long délai, les privations et vivant une vie austère remplie de charité et du souci des autres.
Humilis avait vingt-sept ans quand il intégra le noviciat des Frères mineurs à Mesoraca, où il eut comme professeurs Antonio de Rossano et Cosimo de Bisignano. Il prononça ses vœux le 4 septembre 1610 et se mit sous la protection de la Vierge Marie.
À partir de là, il accomplit toutes ses tâches avec ardeur, simplicité et humilité, mendiant, s'occupant du jardin, effectuant tous les travaux manuels qui lui étaient demandés par ses supérieurs.
Déjà au temps de son noviciat, ses frères avaient remarqué sa maturité spirituelle, et sa ferveur dans l'observance de la Règle. Il priait sans cesse, quelles que soient ses occupations matérielles, il était humble, docile, tout le temps gai. Il pratiquait pénitence et mortifications, et sa charité envers les pauvres était immense.
Depuis sa jeunesse, il bénéficiait d'extases chaque fois qu'il priait intensément. Mais ces manifestations entraînèrent la suspicion de l'autorité ecclésiastique, méfiante devant l'origine de ces grâces.
Par ailleurs, bien que n'ayant pas fait d'études, frère Humilis pouvait répondre à n'importe quelle question concernant l'Écriture Sainte, stupéfiant les théologiens. Pour ces deux raisons, il fut longuement interrogé par l'archevêque de Reggio de Calabre, et par les inquisiteurs. Mais nul ne put le confondre, et tous furent surpris de l'authenticité de ses dons ; à tel point que le frère général de l'Ordre, Benigno Genova, l'emmena avec lui lors d'une visite aux autres frères de Calabre et que deux Papes, Grègoire XV (Alessandro Ludovisi, 1621-1623) et Urbain VIII (Maffeo Barberini, 1623-1644) en firent leur conseiller.
C'est ainsi qu'Humilis resta plusieurs années à Rome. Il vécut aussi à Naples, au couvent de la Sainte Croix, où il contribua à répandre le culte du Bx John Duns Scot, particulièrement vénéré dans le diocèse de Nola.
Après une vie toute remplie d'humilité, de joie divine, du souci des pauvres, Humilis s'éteignit le 26 novembre 1637 à Bisignano.
Umile de Bisignanoa été béatifié le 29 janvier 1882 par Léon XIII(Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) et canonisé le 19 mai 2002 par San Giovanni Paolo II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Vendredi le 27 novembre
Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse (1830)
Entrée au noviciat depuis quelques jours seulement, sainte Catherine Labouré fut gratifiée de plusieurs faveurs célestes. La Très Sainte Vierge Marie daigna lui apparaître à six reprises. La seconde apparition eut pour objet la manifestation de la médaille miraculeuse. Voici en substance le rapport que la voyante en a fait à son confesseur, le Père Jean-Marie Aladel :
« Le 27 novembre 1830, un samedi avant le premier dimanche de l'Avent, à cinq heures et demie du soir, j'étais à la chapelle quand il m'a semblé entendre du bruit du côté de l'épître, comme le froufrou d'une robe de soie.
Ayant regardé de ce côté-là, j'aperçus la Sainte Vierge. Elle était debout, habillée de blanc, une robe en soie blanche aurore à manches plates, un voile blanc qui descendait jusqu'en bas. En-dessous du voile, j'ai aperçu Ses cheveux en bandeaux ; la figure était assez découverte et Ses pieds appuyés reposaient sur une boule.
Elle tenait aussi une boule dans Ses mains représentant le globe terrestre. Ses mains étaient élevées à la hauteur de l'estomac, d'une manière très aisée et les yeux élevés vers le ciel. Sa figure était de toute beauté ; je ne pourrais la dépeindre. Et puis, tout à coup, j'ai aperçu des anneaux à Ses doigts revêtus de pierreries plus belles les unes que les autres ; leur éclat couvrait tout le bas et je ne voyais plus Ses pieds.
À ce moment, il s'est formé un tableau un peu ovale autour de la Vierge Sainte, avec au haut, ces mots écrits en lettres d'or : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous ».
Une voix se fit alors entendre qui me dit : « Faites frapper une médaille sur ce modèle ; toutes les personnes qui la porteront au cou recevront de grandes grâces. Les grâces seront abondantes pour tous ceux qui la porteront avec confiance. »
Le tableau se retourna soudain et je pus contempler le revers de la médaille sur lequel était gravé le monogramme de la Sainte Vierge, composé de la lettre M, surmonté d'une croix, avec une barre à la base. Au-dessous de cette lettre M, côte à côte, les deux Saints Cœurs de Jésus et de Marie. »
L'approbation officielle de l'Église, les merveilles opérées en si grand nombre, et enfin la prodigieuse humilité de la voyante garantissent l'authenticité de l'origine céleste de la Médaille Miraculeuse.
Dans le courant de décembre, sainte Catherine Labouré a une nouvelle apparition très semblable à celle du 27 novembre, et au même moment, pendant l’oraison du soir : la messagère choisie par l’Immaculée reçoit de nouveau l’ordre de faire frapper la médaille par l’entremise de son confesseur, le prudent Père Aladel.
Ce sera quand même fait en 1832 avec la permission de l’archevêque de Paris, Monseigneur de Quélen.
Symbole suffisamment clair, cette médaille nous rappelle que nous sommes des chrétiens rachetés par un Dieu crucifié en face de sa mère douloureuse ; que nous sommes les enfants d’un Dieu qui nous aime, qui nous donne son cœur et qui demande en retour le nôtre pour étendre son royaume d’amour et de paix parmi les hommes, et en priorité parmi les plus souffrants, comme va le faire Sœur Catherine. Méditons ce langage convaincant de la médaille ! Elle est un saisissant raccourci de notre foi chrétienne.
Saint Maxime de Lerins (ou de Riez)
Évêque
(† v. 460)
Né dans le pays de Riez (Basses Alpes), il devint moine à l'abbaye de Lérins et succéda à son fondateur, saint Honorat, lorsque celui-ci devint évêque d'Arles.
Il refusa d'être l'évêque de Fréjus, mais il fut bien obligé, par l'enthousiasme des fidèles, à devenir évêque de Riez dans les Basses Alpes (Alpes-de-Haute-Provence).
Maxime mourut au milieu d’eux, après les avoir édifiés, pendant vingt-sept ans, par sa pénitence et sa charité.
Il fit triompher la vérité catholique dans plusieurs conciles provinciaux à Orange (441), Vaison-la-Romaine (442), Arles (451 et 453).
Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse (1830)
Entrée au noviciat depuis quelques jours seulement, sainte Catherine Labouré fut gratifiée de plusieurs faveurs célestes. La Très Sainte Vierge Marie daigna lui apparaître à six reprises. La seconde apparition eut pour objet la manifestation de la médaille miraculeuse. Voici en substance le rapport que la voyante en a fait à son confesseur, le Père Jean-Marie Aladel :
« Le 27 novembre 1830, un samedi avant le premier dimanche de l'Avent, à cinq heures et demie du soir, j'étais à la chapelle quand il m'a semblé entendre du bruit du côté de l'épître, comme le froufrou d'une robe de soie.
Ayant regardé de ce côté-là, j'aperçus la Sainte Vierge. Elle était debout, habillée de blanc, une robe en soie blanche aurore à manches plates, un voile blanc qui descendait jusqu'en bas. En-dessous du voile, j'ai aperçu Ses cheveux en bandeaux ; la figure était assez découverte et Ses pieds appuyés reposaient sur une boule.
Elle tenait aussi une boule dans Ses mains représentant le globe terrestre. Ses mains étaient élevées à la hauteur de l'estomac, d'une manière très aisée et les yeux élevés vers le ciel. Sa figure était de toute beauté ; je ne pourrais la dépeindre. Et puis, tout à coup, j'ai aperçu des anneaux à Ses doigts revêtus de pierreries plus belles les unes que les autres ; leur éclat couvrait tout le bas et je ne voyais plus Ses pieds.
À ce moment, il s'est formé un tableau un peu ovale autour de la Vierge Sainte, avec au haut, ces mots écrits en lettres d'or : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous ».
Une voix se fit alors entendre qui me dit : « Faites frapper une médaille sur ce modèle ; toutes les personnes qui la porteront au cou recevront de grandes grâces. Les grâces seront abondantes pour tous ceux qui la porteront avec confiance. »
Le tableau se retourna soudain et je pus contempler le revers de la médaille sur lequel était gravé le monogramme de la Sainte Vierge, composé de la lettre M, surmonté d'une croix, avec une barre à la base. Au-dessous de cette lettre M, côte à côte, les deux Saints Cœurs de Jésus et de Marie. »
L'approbation officielle de l'Église, les merveilles opérées en si grand nombre, et enfin la prodigieuse humilité de la voyante garantissent l'authenticité de l'origine céleste de la Médaille Miraculeuse.
Dans le courant de décembre, sainte Catherine Labouré a une nouvelle apparition très semblable à celle du 27 novembre, et au même moment, pendant l’oraison du soir : la messagère choisie par l’Immaculée reçoit de nouveau l’ordre de faire frapper la médaille par l’entremise de son confesseur, le prudent Père Aladel.
Ce sera quand même fait en 1832 avec la permission de l’archevêque de Paris, Monseigneur de Quélen.
Symbole suffisamment clair, cette médaille nous rappelle que nous sommes des chrétiens rachetés par un Dieu crucifié en face de sa mère douloureuse ; que nous sommes les enfants d’un Dieu qui nous aime, qui nous donne son cœur et qui demande en retour le nôtre pour étendre son royaume d’amour et de paix parmi les hommes, et en priorité parmi les plus souffrants, comme va le faire Sœur Catherine. Méditons ce langage convaincant de la médaille ! Elle est un saisissant raccourci de notre foi chrétienne.
Saint Maxime de Lerins (ou de Riez)
Évêque
(† v. 460)
Né dans le pays de Riez (Basses Alpes), il devint moine à l'abbaye de Lérins et succéda à son fondateur, saint Honorat, lorsque celui-ci devint évêque d'Arles.
Il refusa d'être l'évêque de Fréjus, mais il fut bien obligé, par l'enthousiasme des fidèles, à devenir évêque de Riez dans les Basses Alpes (Alpes-de-Haute-Provence).
Maxime mourut au milieu d’eux, après les avoir édifiés, pendant vingt-sept ans, par sa pénitence et sa charité.
Il fit triompher la vérité catholique dans plusieurs conciles provinciaux à Orange (441), Vaison-la-Romaine (442), Arles (451 et 453).
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Re: Les saints du jour
Samedi le 28 novembre
Sainte Catherine Zoé Labouré
Vierge, religieuse des Filles de la Charité
(1806-1876)
Fête liturgique : le 28 novembre pour la Famille Vincentienne ;
le 31 décembre (dies natalis) pour l’Église Universelle.
Catherine Zoé Labouré, neuvième enfant d'une famille de dix-sept, vint au monde le 2 mai 1806, à Fain-les-Moutiers, petit village de la Côte-d'Or. Enfant, elle était surtout connue par son deuxième prénom, Zoé.
À neuf ans, elle perdit sa mère. On la vit alors monter sur une chaise, saisir la statue de Notre-Dame, l'embrasser longuement et la presser sur son cœur en disant : « Je n'ai plus de maman ; soyez vous-même ma maman, bonne Sainte Vierge ! »
À onze ans, la fillette dut remplir l'office de mère au foyer domestique. Prenant la direction intérieure de la ferme paternelle, elle devenait responsable des travaux domestiques. Malgré son peu d'instruction, Catherine s'occupa de former à la piété sa petite sœur et son petit frère. Après son travail, elle se rendait souvent à l'église et priait devant l'autel de la Vierge.
En 1830, après un séjour de deux ans chez deux de ses frères qui demeuraient près de Paris, Catherine Labouré fit trois mois de postulat à Châtillon-sur-Seine et entra au Séminaire des Filles de la Charité, rue du Bac, toujours à Paris. Sœur Catherine fut favorisée de grâces exceptionnelles durant les six mois de son noviciat. Au moment de la messe, Notre-Seigneur se manifestait à sa petite servante. Dans sa ferveur, elle désirait voir la Très Sainte Vierge et demanda cette faveur par l'intermédiaire de son ange gardien.
Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, veille de la fête de saint Vincent de Paul, le cœur de ce Saint lui apparut dans la chapelle du couvent. La Ste Vierge lui apparut et lui prédit des souffrances à venir tout en l'assurant du soutien de ses grâces maternelles.
Lors de la deuxième apparition de la Reine du ciel, Catherine Labouré reçoit la mission de répandre la médaille miraculeuse par le monde et de faire éclore sur des milliers de lèvres l'invocation : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! » La prière fut le premier moyen qu'employa la voyante pour remplir sa mission.
Sœur Catherine Labouré disait le chapelet avec tant d'onction et de grâce que les anciennes religieuses se faisaient un plaisir d'aller le réciter en sa compagnie. « Aimez bien votre Mère du ciel, avait-elle coutume de dire, prenez-la pour modèle ; c'est la plus sûre garantie du ciel. » Son deuxième moyen pour accomplir infailliblement sa mission de faire glorifier Marie et de sauver les âmes fut la pénitence qu'elle accomplit tout bonnement dans les emplois manuels les plus modestes dans lesquels elle se plaisait : service de la cuisine, soin de la basse-cour, garde de la porte.
Son carnet de retraite de 1839 nous révèle son désir de souffrir : « Ô Cœur Immaculé de Marie, sollicitez pour moi la foi et l'amour qui vous attacha au pied de la croix de Jésus. Ô doux objet de mes affections, Jésus et Marie, que je souffre pour vous, que je meure pour vous, que je sois toute à vous, que je ne sois plus à moi ! »
En janvier 1831, Catherine Labouré fut transférée à l'hospice d'Enghien, au Faubourg St-Antoine, à Paris. Employée d'abord à la cuisine, puis à la lingerie, elle demeura ensuite affectée pendant près de quarante ans à la salle des vieillards, ajoutant le soin de la basse-cour à cet office.
C'est dans cet obscur et généreux dévouement que la mort trouva cette fidèle servante de Dieu, le 31 décembre 1876. Elle trépassa à l'âge de soixante-dix ans. Cinquante-six ans après son décès, lors de l'ouverture de son tombeau, son corps fut trouvé dans un état de parfaite conservation.
Saint Jacques de la Marche
Prêtre o.f.m.
(1391-1476)
Ce grand religieux était originaire de la Marche d'Ancône. Quand il fut en âge de choisir un état de vie, sa première pensée fut de se faire chartreux : mais quelques relations qu'il eut avec les Franciscains le décidèrent à entrer dans leur ordre. Il fut, dès son noviciat, le modèle des vertus héroïques. Il ne donnait que trois heures au sommeil et passait le reste de la nuit à prier au pied du crucifix.
Il eut d'immenses succès, en Allemagne, dans une seule ville, un grand nombre de jeunes gens, entraînés par ses exemples embrassèrent la vie religieuse. Une fois, des hérétiques tentèrent de l'empoisonner ; mais voyant le plat se briser, au seul signe de la croix fait par le saint, ils s'écrièrent : « Le doigt de Dieu est là », et ils se convertirent. En Norvège et au Danemark, il administra le baptême à un grand nombre. À Prague, des personnes lui promirent de se convertir s'il faisait un miracle. Après avoir invoqué Dieu et fait le signe de la croix, il avala un breuvage empoisonné sans n'en ressentir aucun mauvais effet.
De retour en Italie, ayant affaire à un batelier qui refusait de lui faire traverser le Pô, Jacques n'hésita pas, étendit son manteau sur le fleuve et vogua heureusement vers l'autre rive.
Sainte Catherine Zoé Labouré
Vierge, religieuse des Filles de la Charité
(1806-1876)
Fête liturgique : le 28 novembre pour la Famille Vincentienne ;
le 31 décembre (dies natalis) pour l’Église Universelle.
Catherine Zoé Labouré, neuvième enfant d'une famille de dix-sept, vint au monde le 2 mai 1806, à Fain-les-Moutiers, petit village de la Côte-d'Or. Enfant, elle était surtout connue par son deuxième prénom, Zoé.
À neuf ans, elle perdit sa mère. On la vit alors monter sur une chaise, saisir la statue de Notre-Dame, l'embrasser longuement et la presser sur son cœur en disant : « Je n'ai plus de maman ; soyez vous-même ma maman, bonne Sainte Vierge ! »
À onze ans, la fillette dut remplir l'office de mère au foyer domestique. Prenant la direction intérieure de la ferme paternelle, elle devenait responsable des travaux domestiques. Malgré son peu d'instruction, Catherine s'occupa de former à la piété sa petite sœur et son petit frère. Après son travail, elle se rendait souvent à l'église et priait devant l'autel de la Vierge.
En 1830, après un séjour de deux ans chez deux de ses frères qui demeuraient près de Paris, Catherine Labouré fit trois mois de postulat à Châtillon-sur-Seine et entra au Séminaire des Filles de la Charité, rue du Bac, toujours à Paris. Sœur Catherine fut favorisée de grâces exceptionnelles durant les six mois de son noviciat. Au moment de la messe, Notre-Seigneur se manifestait à sa petite servante. Dans sa ferveur, elle désirait voir la Très Sainte Vierge et demanda cette faveur par l'intermédiaire de son ange gardien.
Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, veille de la fête de saint Vincent de Paul, le cœur de ce Saint lui apparut dans la chapelle du couvent. La Ste Vierge lui apparut et lui prédit des souffrances à venir tout en l'assurant du soutien de ses grâces maternelles.
Lors de la deuxième apparition de la Reine du ciel, Catherine Labouré reçoit la mission de répandre la médaille miraculeuse par le monde et de faire éclore sur des milliers de lèvres l'invocation : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! » La prière fut le premier moyen qu'employa la voyante pour remplir sa mission.
Sœur Catherine Labouré disait le chapelet avec tant d'onction et de grâce que les anciennes religieuses se faisaient un plaisir d'aller le réciter en sa compagnie. « Aimez bien votre Mère du ciel, avait-elle coutume de dire, prenez-la pour modèle ; c'est la plus sûre garantie du ciel. » Son deuxième moyen pour accomplir infailliblement sa mission de faire glorifier Marie et de sauver les âmes fut la pénitence qu'elle accomplit tout bonnement dans les emplois manuels les plus modestes dans lesquels elle se plaisait : service de la cuisine, soin de la basse-cour, garde de la porte.
Son carnet de retraite de 1839 nous révèle son désir de souffrir : « Ô Cœur Immaculé de Marie, sollicitez pour moi la foi et l'amour qui vous attacha au pied de la croix de Jésus. Ô doux objet de mes affections, Jésus et Marie, que je souffre pour vous, que je meure pour vous, que je sois toute à vous, que je ne sois plus à moi ! »
En janvier 1831, Catherine Labouré fut transférée à l'hospice d'Enghien, au Faubourg St-Antoine, à Paris. Employée d'abord à la cuisine, puis à la lingerie, elle demeura ensuite affectée pendant près de quarante ans à la salle des vieillards, ajoutant le soin de la basse-cour à cet office.
C'est dans cet obscur et généreux dévouement que la mort trouva cette fidèle servante de Dieu, le 31 décembre 1876. Elle trépassa à l'âge de soixante-dix ans. Cinquante-six ans après son décès, lors de l'ouverture de son tombeau, son corps fut trouvé dans un état de parfaite conservation.
Saint Jacques de la Marche
Prêtre o.f.m.
(1391-1476)
Ce grand religieux était originaire de la Marche d'Ancône. Quand il fut en âge de choisir un état de vie, sa première pensée fut de se faire chartreux : mais quelques relations qu'il eut avec les Franciscains le décidèrent à entrer dans leur ordre. Il fut, dès son noviciat, le modèle des vertus héroïques. Il ne donnait que trois heures au sommeil et passait le reste de la nuit à prier au pied du crucifix.
Il eut d'immenses succès, en Allemagne, dans une seule ville, un grand nombre de jeunes gens, entraînés par ses exemples embrassèrent la vie religieuse. Une fois, des hérétiques tentèrent de l'empoisonner ; mais voyant le plat se briser, au seul signe de la croix fait par le saint, ils s'écrièrent : « Le doigt de Dieu est là », et ils se convertirent. En Norvège et au Danemark, il administra le baptême à un grand nombre. À Prague, des personnes lui promirent de se convertir s'il faisait un miracle. Après avoir invoqué Dieu et fait le signe de la croix, il avala un breuvage empoisonné sans n'en ressentir aucun mauvais effet.
De retour en Italie, ayant affaire à un batelier qui refusait de lui faire traverser le Pô, Jacques n'hésita pas, étendit son manteau sur le fleuve et vogua heureusement vers l'autre rive.
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Re: Les saints du jour
Dimanche 29 novembre
St François-Antoine (Francesco Antonio) Fasani (1681-1782)
Prêtre o.f.m.
‘Il Padre Maestro’ (le Père Maître)
François-Antoine (Francesco Antonio) Fasani naît le 6 août 1681 à Lucera, dans les Pouilles (sud-est de l’Italie). Ses parents sont d’humble condition mais riches de foi. Chaque soir, on récite le chapelet devant une image de Marie Immaculée, ce qui déterminera certains aspects de son apostolat plus tard.
L’enfant est confié pour son éducation aux frères mineurs conventuels. Et c’est dans cet ordre franciscain, au couvent du mont Saint-Ange (Monte Gargano), qu’il entre comme novice à l’âge de quatorze ans, en 1695. L’année suivante, il fait ses vœux sous le nom de François-Antoine.
Ordonné prêtre le 11 septembre 1705, il achève ses études de philosophie à Assise, puis, il obtient le grade de Maître en théologie. Désormais on l’appellera : ‘Il Padre Maestro’ (le Père Maître) et de nos jours encore, c’est le titre qu’on lui donne dans la région où s’est exercée son influence.
Il commence à prêcher lors du Carême de 1707. Contrairement au style fleuri et pompeux de l’époque, il parle avec simplicité en employant des exemples tirés de l’Écriture. Il émeut ses auditeurs et les invite sans ambages à la conversion. En ce siècle des Lumières, rationaliste et orgueilleux, il rencontre parfois de vives oppositions, surtout qu’il ne cache jamais la vérité et n’hésite pas à fustiger les vices ou les injustices sociales, mais souvent les gens réfléchissent après coup, et aboutissent à son confessionnal.
À ce ministère du pardon, il consacre de nombreuses heures, toujours accueillant et souriant. Il a un ministère très actif qui s’étend sur la région des Pouilles et de la Molise. Il inculque sa dévotion à l’Immaculée, distribuant à ses auditeurs, spécialement aux enfants, des images de la Vierge au dos de laquelle est inscrite telle ou telle phrase. (Ces images font souvent des miracles !) « Si la Mère de Dieu est immaculée, dit-il, c’est pour être le refuge des pécheurs. » Il répand l’habitude de mettre en valeur la fête de l’Immaculée-Conception par une neuvaine préparatoire.
Pendant 35 ans son ministère s’exerce partout où on l’appelle. Dans son couvent, il est successivement professeur de philosophie puis de théologie, maître des novices et ‘gardien’ (c'est-à-dire supérieur). En tant que supérieur religieux, « il est un vrai ‘ministre’ au sens franciscain du terme, a dit saint Jean Paul II, c'est-à-dire le serviteur de tous ses frères : charitable et compréhensif, mais saintement exigeant quant à l’observance de la Règle, particulièrement en ce qui concerne la pratique de la pauvreté, donnant lui-même un exemple irréprochable d’observance régulière et d’austérité de vie. »
En 1721, Clément XI (Giovanni Francesco Albani, 1700-1721) lui confie l’administration de la province franciscaine de Saint-Ange. « À une époque caractérisée par une si grande insensibilité des puissants à l’égard des problèmes sociaux, notre saint se dépense avec une charité inépuisable pour l’élévation spirituelle et matérielle de son peuple. Ses préférences vont aux couches sociales les plus méprisées et les plus exploitées, surtout les humbles travailleurs des champs, les malades, les prisonniers. Il fait preuve d’initiatives géniales, sollicitant la coopération des classes plus aisées, réalisant ainsi des formes d’assistance concrète et capillaire, qui ont paru anticiper et annoncer les formes modernes d’assistance sociale ». En effet, il crée une banque de crédit dont le but est de protéger les pauvres contre la spéculation des usuriers.
Il fait des miracles. Un jour, il est amené à défendre la vertu d’une jeune fille contre les visées d’un noble. Cela lui vaut la vindicte du gentilhomme qui le dénonce à Rome. Convoqué en présence du Pape, il ne dit mot pour se défendre, mais tandis que, selon la coutume, il baise les pieds du Pontife, celui-ci, qui souffre de la goutte, se sent immédiatement guéri !
Il meurt à Lucera le 29 novembre 1742.
Toute la ville participe à l’enterrement et crie : « Notre saint Père Maître est mort ! »
François-Antoine (Francesco Antonio) Fasani a été béatifié à Rome, le 15 avril 1951, par le vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et canonisé, toujours à Rome, le 13 avril 1986, par saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Saint Saturnin
Premier évêque de Toulouse et martyr
(† 250)
Saint Saturnin est le premier évêque de Toulouse. Son nom latin « Saturnius », a été transformé dans la langue d'oc en « Sarni » puis francisé en « Sernin ».
Saint Saturnin mourut martyrisé en 250 pour avoir refusé de se plier à l'obligation qui était faite à tous les citoyens par l'empereur romain Dèce, de sacrifier aux dieux païens.
Il aurait été jeté sur les marches du Capitole, le temple dédié à Jupiter qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle place Esquirol. Puis il fut attaché par les pieds à un taureau furieux que l'on devait immoler et traîné le long du cardo maximus (la rue Saint-Rome) jusqu'à la rue du Taur (taureau). Son corps aurait été lâché à l'endroit de l'actuelle église du Taur qui s'est appelée Notre-Dame-de-Saint-Sernin jusqu'au XVIe siècle. C'est là que le corps aurait été enterré en cachette.
À la fin du IVe et au tout début du Ve siècle l'évêque Exupère prit la décision de transférer les reliques de saint Sernin à l'emplacement de la basilique actuelle et d'y construire un édifice.
St François-Antoine (Francesco Antonio) Fasani (1681-1782)
Prêtre o.f.m.
‘Il Padre Maestro’ (le Père Maître)
François-Antoine (Francesco Antonio) Fasani naît le 6 août 1681 à Lucera, dans les Pouilles (sud-est de l’Italie). Ses parents sont d’humble condition mais riches de foi. Chaque soir, on récite le chapelet devant une image de Marie Immaculée, ce qui déterminera certains aspects de son apostolat plus tard.
L’enfant est confié pour son éducation aux frères mineurs conventuels. Et c’est dans cet ordre franciscain, au couvent du mont Saint-Ange (Monte Gargano), qu’il entre comme novice à l’âge de quatorze ans, en 1695. L’année suivante, il fait ses vœux sous le nom de François-Antoine.
Ordonné prêtre le 11 septembre 1705, il achève ses études de philosophie à Assise, puis, il obtient le grade de Maître en théologie. Désormais on l’appellera : ‘Il Padre Maestro’ (le Père Maître) et de nos jours encore, c’est le titre qu’on lui donne dans la région où s’est exercée son influence.
Il commence à prêcher lors du Carême de 1707. Contrairement au style fleuri et pompeux de l’époque, il parle avec simplicité en employant des exemples tirés de l’Écriture. Il émeut ses auditeurs et les invite sans ambages à la conversion. En ce siècle des Lumières, rationaliste et orgueilleux, il rencontre parfois de vives oppositions, surtout qu’il ne cache jamais la vérité et n’hésite pas à fustiger les vices ou les injustices sociales, mais souvent les gens réfléchissent après coup, et aboutissent à son confessionnal.
À ce ministère du pardon, il consacre de nombreuses heures, toujours accueillant et souriant. Il a un ministère très actif qui s’étend sur la région des Pouilles et de la Molise. Il inculque sa dévotion à l’Immaculée, distribuant à ses auditeurs, spécialement aux enfants, des images de la Vierge au dos de laquelle est inscrite telle ou telle phrase. (Ces images font souvent des miracles !) « Si la Mère de Dieu est immaculée, dit-il, c’est pour être le refuge des pécheurs. » Il répand l’habitude de mettre en valeur la fête de l’Immaculée-Conception par une neuvaine préparatoire.
Pendant 35 ans son ministère s’exerce partout où on l’appelle. Dans son couvent, il est successivement professeur de philosophie puis de théologie, maître des novices et ‘gardien’ (c'est-à-dire supérieur). En tant que supérieur religieux, « il est un vrai ‘ministre’ au sens franciscain du terme, a dit saint Jean Paul II, c'est-à-dire le serviteur de tous ses frères : charitable et compréhensif, mais saintement exigeant quant à l’observance de la Règle, particulièrement en ce qui concerne la pratique de la pauvreté, donnant lui-même un exemple irréprochable d’observance régulière et d’austérité de vie. »
En 1721, Clément XI (Giovanni Francesco Albani, 1700-1721) lui confie l’administration de la province franciscaine de Saint-Ange. « À une époque caractérisée par une si grande insensibilité des puissants à l’égard des problèmes sociaux, notre saint se dépense avec une charité inépuisable pour l’élévation spirituelle et matérielle de son peuple. Ses préférences vont aux couches sociales les plus méprisées et les plus exploitées, surtout les humbles travailleurs des champs, les malades, les prisonniers. Il fait preuve d’initiatives géniales, sollicitant la coopération des classes plus aisées, réalisant ainsi des formes d’assistance concrète et capillaire, qui ont paru anticiper et annoncer les formes modernes d’assistance sociale ». En effet, il crée une banque de crédit dont le but est de protéger les pauvres contre la spéculation des usuriers.
Il fait des miracles. Un jour, il est amené à défendre la vertu d’une jeune fille contre les visées d’un noble. Cela lui vaut la vindicte du gentilhomme qui le dénonce à Rome. Convoqué en présence du Pape, il ne dit mot pour se défendre, mais tandis que, selon la coutume, il baise les pieds du Pontife, celui-ci, qui souffre de la goutte, se sent immédiatement guéri !
Il meurt à Lucera le 29 novembre 1742.
Toute la ville participe à l’enterrement et crie : « Notre saint Père Maître est mort ! »
François-Antoine (Francesco Antonio) Fasani a été béatifié à Rome, le 15 avril 1951, par le vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et canonisé, toujours à Rome, le 13 avril 1986, par saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Saint Saturnin
Premier évêque de Toulouse et martyr
(† 250)
Saint Saturnin est le premier évêque de Toulouse. Son nom latin « Saturnius », a été transformé dans la langue d'oc en « Sarni » puis francisé en « Sernin ».
Saint Saturnin mourut martyrisé en 250 pour avoir refusé de se plier à l'obligation qui était faite à tous les citoyens par l'empereur romain Dèce, de sacrifier aux dieux païens.
Il aurait été jeté sur les marches du Capitole, le temple dédié à Jupiter qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle place Esquirol. Puis il fut attaché par les pieds à un taureau furieux que l'on devait immoler et traîné le long du cardo maximus (la rue Saint-Rome) jusqu'à la rue du Taur (taureau). Son corps aurait été lâché à l'endroit de l'actuelle église du Taur qui s'est appelée Notre-Dame-de-Saint-Sernin jusqu'au XVIe siècle. C'est là que le corps aurait été enterré en cachette.
À la fin du IVe et au tout début du Ve siècle l'évêque Exupère prit la décision de transférer les reliques de saint Sernin à l'emplacement de la basilique actuelle et d'y construire un édifice.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Lundi 30 novembre
Saint André
Apôtre et martyr
(† v. 62)
André, frère de saint Pierre, est le premier des apôtres qui ait connu Jésus-Christ, aussitôt après son baptême sur les bords du Jourdain. Toutefois son appel définitif ne date que du moment où Jésus le rencontra avec son frère Simon, jetant les filets pour pêcher, dans le lac de Tibériade, et leur dit à tous deux : « Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes. » (Mt 4,19)
Après la Pentecôte, André prêcha dans Jérusalem, la Judée, la Galilée, puis alla évangéliser les Scythes, les Éthiopiens, les Galates et divers autres peuples jusqu'au Pont-Euxin. Les prêtres de l'Achaïe prirent soin d'envoyer aux églises du monde entier la relation de son martyre, dont ils avaient été les témoins oculaires. Menacé du supplice de la croix : « Si je craignais ce supplice, dit-il, je ne prêcherais point la grandeur de la Croix. » Le peuple accourt en foule, de tous les coins de la province, à la défense de son apôtre et menace de mort le proconsul. Mais André se montre, calme la foule de chrétiens ameutés, les encourage à la résignation et leur recommande d'être prêts eux-mêmes au combat.
Le lendemain, menacé de nouveau : « Ce supplice, dit-il au juge, est l'objet de mes désirs ; mes souffrances dureront peu, les vôtres dureront éternellement, si vous ne croyez en Jésus-Christ. » Le juge irrité le fit conduire au lieu du supplice. Chemin faisant, l'apôtre consolait les fidèles, apaisait leur colère et leur faisait part de son bonheur. D'aussi loin qu'il aperçut la croix, il s'écria d'une voix forte :
« Je vous salue, ô Croix consacrée par le sacrifice du Sauveur ; vos perles précieuses sont les gouttes de son sang. Je viens à vous avec joie, recevez le disciple du Crucifié. Ô bonne Croix, si longtemps désirée, si ardemment aimée, rendez-moi à mon divin Maître. Que par vous je sois admis à la gloire de Celui qui par vous m'a sauvé. »
Il se dépouilla lui-même de ses vêtements, les distribua aux bourreaux, puis fut lié à une croix d'une forme particulière, appelée depuis croix de Saint-André.
Du haut de sa croix, il exhortait les fidèles et prêchait les païens, attendris eux-mêmes. Une demi-heure avant son dernier soupir, son corps fut inondé d'une lumière toute céleste, qui disparut au moment où il rendit l'âme.
Catéchèse du Pape Benoît XVI
Nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.
Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: "Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c'était des pêcheurs. Jésus leur dit: "Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'"agneau de Dieu" (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean "Agneau de Dieu". L'évangéliste rapporte: ils "virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là" (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: "André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ)". André amena son frère à Jésus" (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément "premier appelé". Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.
Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d'André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d'un enfant avec cinq pains d'orge et deux poissons, "bien peu de chose" - remarqua-t-il - pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d'André en cette occasion mérite d'être souligné: il remarqua l'enfant - il avait donc déjà posé la question: "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde!" (ibid.) -, et il se rendit compte de l'insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l'écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l'interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: "Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir" (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l'épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu'Il nous offre.
Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d'André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques - raconte Jean - quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d'Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d'interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît - comme souvent dans l'Evangile de Jean - énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: "L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit" (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d'un grain de blé, viendra l'heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le "grain de blé mort" - symbole de ma crucifixion - deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l'âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l'épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d'autres termes, Jésus prophétise l'Eglise des Grecs, l'Eglise des païens, l'Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.
Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l'interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l'apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu'au cours du reste de sa vie il fut l'annonciateur et l'interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l'Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort - une fraternité qui s'exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs.
Une tradition successive, comme nous l'avons mentionné, raconte la mort d'André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s'agit d'une croix décussée, c'est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée "croix de saint André". Voilà ce que l'Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d'André: "Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d'un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi... O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!... Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m'a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue!". Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d'une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l'éclat de sa lumière. Ce n'est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.
Que l'Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n'est qu'en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
[b]Saint Joseph Marchand (1835)
Missionnaire m.e.p. et martyr
Joseph Marchand naît à Passavant (Doubs) le 17 août 1803. Après avoir fait ses études à l'école ecclésiastique d'Orsans et au grand séminaire de Besançon, il entra sous-diacre au Séminaire des M.-E. le 25 décembre 1828.
Élevé au sacerdoce le 4 avril 1829, il partit le 24 du même mois pour la Cochinchine. Il apprit la langue annamite au collège de Lai-thieu, commença sa vie apostolique par un long voyage dans les chrétientés des provinces de Mi-tho, Vinh-long, Chau-doc, et remonta jusqu'à Phnom-penh, la capitale du Cambodge.
Revenu à Lai-thieu, il y instruisit quelques élèves, tout en administrant plusieurs chrétientés ; puis il fit un second voyage analogue au premier. On le chargea ensuite du district qui comprenait toute la province du Binh-thuan, d'où la persécution le chassa au commencement de l’année 1833.
Après s'être caché dans différentes localités de la Basse-Cochinchine, il se réfugia près de Mac-bac. Un chef des rebelles l'y découvrit et l'emmena avec lui à Cho-quan, puis l'interna dans la citadelle de Saïgon, et voulut l'obliger à pousser les chrétiens à la révolte contre le persécuteur Minh-mang. Marchand refusa absolument de se prêter à ce désir. Il resta dix-huit mois enfermé dans la citadelle, donnant ses soins à quelques fidèles qui se trouvaient près de lui.
Lorsque les troupes royales eurent pris Saïgon, le 8 septembre 1835, le père Joseph fut immédiatement arrêté et accusé d'avoir participé à la rébellion.
Conduit à Hué et incarcéré, on le soumit à la question et on lui fit endurer le cruel supplice des tenailles rougies au feu. Ne pouvant lui faire avouer qu'il avait aidé les rebelles, et ne trouvant aucun témoignage sérieux pour appuyer cette fausse accusation, les juges lui ordonnèrent de renoncer au catholicisme et de marcher sur la croix mais il repoussa cette proposition avec horreur.
Il fut condamné au cruel supplice des cent plaies. Il le subit avec un héroïque courage le 30 novembre 1835 à Tho-duc, près de Hué au Vietnam. Après sa mort, son corps coupé en quatre fut jeté à la mer, et sa tête, après plusieurs jours d'exposition, fut broyée dans un mortier et réduite en une poussière que l'on jeta également à la mer.
Joseph Marchand a été déclaré :
Vénérable, le 19 juin 1840, par le pape Grégoire XVI (Bartolomeo Cappellari, 1831-1846) ;
Bienheureux, le 27 mai 1900, par le pape Léon XIII, (Vincenzo Pecci, 1878-1903) ;
Saint, le 19 juin 1988, par le Souverain Pontife Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Saint André
Apôtre et martyr
(† v. 62)
André, frère de saint Pierre, est le premier des apôtres qui ait connu Jésus-Christ, aussitôt après son baptême sur les bords du Jourdain. Toutefois son appel définitif ne date que du moment où Jésus le rencontra avec son frère Simon, jetant les filets pour pêcher, dans le lac de Tibériade, et leur dit à tous deux : « Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes. » (Mt 4,19)
Après la Pentecôte, André prêcha dans Jérusalem, la Judée, la Galilée, puis alla évangéliser les Scythes, les Éthiopiens, les Galates et divers autres peuples jusqu'au Pont-Euxin. Les prêtres de l'Achaïe prirent soin d'envoyer aux églises du monde entier la relation de son martyre, dont ils avaient été les témoins oculaires. Menacé du supplice de la croix : « Si je craignais ce supplice, dit-il, je ne prêcherais point la grandeur de la Croix. » Le peuple accourt en foule, de tous les coins de la province, à la défense de son apôtre et menace de mort le proconsul. Mais André se montre, calme la foule de chrétiens ameutés, les encourage à la résignation et leur recommande d'être prêts eux-mêmes au combat.
Le lendemain, menacé de nouveau : « Ce supplice, dit-il au juge, est l'objet de mes désirs ; mes souffrances dureront peu, les vôtres dureront éternellement, si vous ne croyez en Jésus-Christ. » Le juge irrité le fit conduire au lieu du supplice. Chemin faisant, l'apôtre consolait les fidèles, apaisait leur colère et leur faisait part de son bonheur. D'aussi loin qu'il aperçut la croix, il s'écria d'une voix forte :
« Je vous salue, ô Croix consacrée par le sacrifice du Sauveur ; vos perles précieuses sont les gouttes de son sang. Je viens à vous avec joie, recevez le disciple du Crucifié. Ô bonne Croix, si longtemps désirée, si ardemment aimée, rendez-moi à mon divin Maître. Que par vous je sois admis à la gloire de Celui qui par vous m'a sauvé. »
Il se dépouilla lui-même de ses vêtements, les distribua aux bourreaux, puis fut lié à une croix d'une forme particulière, appelée depuis croix de Saint-André.
Du haut de sa croix, il exhortait les fidèles et prêchait les païens, attendris eux-mêmes. Une demi-heure avant son dernier soupir, son corps fut inondé d'une lumière toute céleste, qui disparut au moment où il rendit l'âme.
Catéchèse du Pape Benoît XVI
Nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.
Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: "Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c'était des pêcheurs. Jésus leur dit: "Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'"agneau de Dieu" (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean "Agneau de Dieu". L'évangéliste rapporte: ils "virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là" (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: "André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ)". André amena son frère à Jésus" (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément "premier appelé". Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.
Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d'André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d'un enfant avec cinq pains d'orge et deux poissons, "bien peu de chose" - remarqua-t-il - pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d'André en cette occasion mérite d'être souligné: il remarqua l'enfant - il avait donc déjà posé la question: "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde!" (ibid.) -, et il se rendit compte de l'insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l'écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l'interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: "Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir" (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l'épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu'Il nous offre.
Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d'André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques - raconte Jean - quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d'Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d'interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît - comme souvent dans l'Evangile de Jean - énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: "L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit" (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d'un grain de blé, viendra l'heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le "grain de blé mort" - symbole de ma crucifixion - deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l'âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l'épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d'autres termes, Jésus prophétise l'Eglise des Grecs, l'Eglise des païens, l'Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.
Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l'interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l'apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu'au cours du reste de sa vie il fut l'annonciateur et l'interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l'Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort - une fraternité qui s'exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs.
Une tradition successive, comme nous l'avons mentionné, raconte la mort d'André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s'agit d'une croix décussée, c'est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée "croix de saint André". Voilà ce que l'Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d'André: "Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d'un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi... O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!... Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m'a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue!". Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d'une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l'éclat de sa lumière. Ce n'est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.
Que l'Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n'est qu'en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
[b]Saint Joseph Marchand (1835)
Missionnaire m.e.p. et martyr
Joseph Marchand naît à Passavant (Doubs) le 17 août 1803. Après avoir fait ses études à l'école ecclésiastique d'Orsans et au grand séminaire de Besançon, il entra sous-diacre au Séminaire des M.-E. le 25 décembre 1828.
Élevé au sacerdoce le 4 avril 1829, il partit le 24 du même mois pour la Cochinchine. Il apprit la langue annamite au collège de Lai-thieu, commença sa vie apostolique par un long voyage dans les chrétientés des provinces de Mi-tho, Vinh-long, Chau-doc, et remonta jusqu'à Phnom-penh, la capitale du Cambodge.
Revenu à Lai-thieu, il y instruisit quelques élèves, tout en administrant plusieurs chrétientés ; puis il fit un second voyage analogue au premier. On le chargea ensuite du district qui comprenait toute la province du Binh-thuan, d'où la persécution le chassa au commencement de l’année 1833.
Après s'être caché dans différentes localités de la Basse-Cochinchine, il se réfugia près de Mac-bac. Un chef des rebelles l'y découvrit et l'emmena avec lui à Cho-quan, puis l'interna dans la citadelle de Saïgon, et voulut l'obliger à pousser les chrétiens à la révolte contre le persécuteur Minh-mang. Marchand refusa absolument de se prêter à ce désir. Il resta dix-huit mois enfermé dans la citadelle, donnant ses soins à quelques fidèles qui se trouvaient près de lui.
Lorsque les troupes royales eurent pris Saïgon, le 8 septembre 1835, le père Joseph fut immédiatement arrêté et accusé d'avoir participé à la rébellion.
Conduit à Hué et incarcéré, on le soumit à la question et on lui fit endurer le cruel supplice des tenailles rougies au feu. Ne pouvant lui faire avouer qu'il avait aidé les rebelles, et ne trouvant aucun témoignage sérieux pour appuyer cette fausse accusation, les juges lui ordonnèrent de renoncer au catholicisme et de marcher sur la croix mais il repoussa cette proposition avec horreur.
Il fut condamné au cruel supplice des cent plaies. Il le subit avec un héroïque courage le 30 novembre 1835 à Tho-duc, près de Hué au Vietnam. Après sa mort, son corps coupé en quatre fut jeté à la mer, et sa tête, après plusieurs jours d'exposition, fut broyée dans un mortier et réduite en une poussière que l'on jeta également à la mer.
Joseph Marchand a été déclaré :
Vénérable, le 19 juin 1840, par le pape Grégoire XVI (Bartolomeo Cappellari, 1831-1846) ;
Bienheureux, le 27 mai 1900, par le pape Léon XIII, (Vincenzo Pecci, 1878-1903) ;
Saint, le 19 juin 1988, par le Souverain Pontife Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mardi le 1er décembre
Saint Éloi
Évêque de Noyon
(590-660)
Éloi naît à Chaptelat, à deux lieues de Limoges. Dès son enfance, il se montra si habile aux travaux manuels, que son père le plaça comme apprenti chez le maître de la Monnaie de Limoges. Ses premières œuvres révélèrent son talent précoce, et, au bout de quelques années, Éloi n'avait pas de rival dans l'art de travailler les métaux. Ses sentiments religieux et ses vertus le rendirent plus recommandable encore que ses talents ; on ne se lassait pas d'admirer sa franchise, sa prudence, sa douceur, sa charité.
Le roi Clotaire II, ayant entendu parler de lui, le fit venir à la cour, lui commanda un trône d'or orné de pierreries, et à cet effet lui donna une quantité d'or. Le travail fini, Éloi se présenta devant le roi et lui montra le trône. Clotaire s'extasiait devant ce chef-d'œuvre ; mais quelle ne fut pas sa stupéfaction, quand Éloi fit apporter un autre trône aussi beau que le premier, fait aussi avec l'or qu'il avait reçu ! Sur-le-champ, Éloi fut nommé grand argentier du royaume, et le roi le garda près de lui.
Jusque là, notre saint avait aimé le luxe ; touché d'une grâce de choix, il se détacha des vanités du monde et vécut au milieu des richesses comme un pauvre de Jésus-Christ. Son plaisir était de faire de belles châsses pour les reliques des saints. Mais surtout il aimait les pauvres. On ne saurait se figurer tous les trésors qui passèrent par ses mains dans le sein des indigents. Aussi, quand des étrangers demandaient à le voir, on leur répondait : « Allez en telle rue, et arrêtez-vous à la maison où vous verrez une foule de mendiants : c'est là sa demeure ! » Éloi lavait les pieds des pauvres, les servait de ses propres mains, ne prenait que la dernière place et ne mangeait que leurs restes. Quand Éloi n'avait plus d'argent, il donnait ses meubles et jusqu'à sa ceinture, son manteau, ses souliers.
L'amitié d'Éloi avec le roi Dagobert, successeur de Clotaire II, est devenue légendaire. Un jour Éloi vint lui dire : « Mon prince, je viens vous demander une grâce ; donnez-moi la terre de Solignac, afin que je fasse une échelle par laquelle, vous et moi, nous méritions de monter au Ciel. » Le roi y consentit volontiers ; le saint y bâtit un monastère. Jamais il ne se fit moine ; mais il aimait à visiter les moines et à vivre, de temps en temps, quelques jours avec eux, pour s'édifier de leur régularité.
Éloi se vit obligé d'accepter l'évêché de Noyon-Tournai, un diocèse qui s'étendait jusqu'à Courtrai, Gand et la Frise néerlandaise. Sa vie épiscopale fut la continuation de ses bonnes œuvres.
Saint Éloi
Évêque de Noyon
(590-660)
Éloi naît à Chaptelat, à deux lieues de Limoges. Dès son enfance, il se montra si habile aux travaux manuels, que son père le plaça comme apprenti chez le maître de la Monnaie de Limoges. Ses premières œuvres révélèrent son talent précoce, et, au bout de quelques années, Éloi n'avait pas de rival dans l'art de travailler les métaux. Ses sentiments religieux et ses vertus le rendirent plus recommandable encore que ses talents ; on ne se lassait pas d'admirer sa franchise, sa prudence, sa douceur, sa charité.
Le roi Clotaire II, ayant entendu parler de lui, le fit venir à la cour, lui commanda un trône d'or orné de pierreries, et à cet effet lui donna une quantité d'or. Le travail fini, Éloi se présenta devant le roi et lui montra le trône. Clotaire s'extasiait devant ce chef-d'œuvre ; mais quelle ne fut pas sa stupéfaction, quand Éloi fit apporter un autre trône aussi beau que le premier, fait aussi avec l'or qu'il avait reçu ! Sur-le-champ, Éloi fut nommé grand argentier du royaume, et le roi le garda près de lui.
Jusque là, notre saint avait aimé le luxe ; touché d'une grâce de choix, il se détacha des vanités du monde et vécut au milieu des richesses comme un pauvre de Jésus-Christ. Son plaisir était de faire de belles châsses pour les reliques des saints. Mais surtout il aimait les pauvres. On ne saurait se figurer tous les trésors qui passèrent par ses mains dans le sein des indigents. Aussi, quand des étrangers demandaient à le voir, on leur répondait : « Allez en telle rue, et arrêtez-vous à la maison où vous verrez une foule de mendiants : c'est là sa demeure ! » Éloi lavait les pieds des pauvres, les servait de ses propres mains, ne prenait que la dernière place et ne mangeait que leurs restes. Quand Éloi n'avait plus d'argent, il donnait ses meubles et jusqu'à sa ceinture, son manteau, ses souliers.
L'amitié d'Éloi avec le roi Dagobert, successeur de Clotaire II, est devenue légendaire. Un jour Éloi vint lui dire : « Mon prince, je viens vous demander une grâce ; donnez-moi la terre de Solignac, afin que je fasse une échelle par laquelle, vous et moi, nous méritions de monter au Ciel. » Le roi y consentit volontiers ; le saint y bâtit un monastère. Jamais il ne se fit moine ; mais il aimait à visiter les moines et à vivre, de temps en temps, quelques jours avec eux, pour s'édifier de leur régularité.
Éloi se vit obligé d'accepter l'évêché de Noyon-Tournai, un diocèse qui s'étendait jusqu'à Courtrai, Gand et la Frise néerlandaise. Sa vie épiscopale fut la continuation de ses bonnes œuvres.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mercredi le 2 décembre
Sainte Bibiane
Vierge et martyre
(† 363)
Bibiane (ou Viviane) naît à Rome. Son père Flavien, préfet de Rome fut jeté en prison sous Julien l'Apostat. Flavien, s'étant déclaré contre ce prince, fut marqué au front d'un fer rouge ; il en mourut peu de temps après, en Toscane, où il avait été exilé.
Sa femme Dafrose, et ses filles Bibiane et Démétrie, restaient à Rome exposées aux coups du tyran. Il ne les oublia pas, et les enferma dans leur propre maison pour les y faire mourir de faim ; mais, ce supplice lui paraissant trop lent, il fit trancher la tête à la mère, confisqua tous les biens de la famille et continua sa persécution contre les deux vierges chrétiennes. Malgré une très longue privation de toute nourriture, elles parurent au tribunal plus fortes et plus belles que jamais : « Craignez, leur dit le juge, une mort honteuse et cruelle. » Les biens de ce monde, répondent-elles, ne peuvent plus avoir pour nous aucun attrait, nous n'aspirons qu'à posséder Jésus-Christ ; plutôt mille morts que la trahison de nos promesses ! »
À ces mots, Démétrie tombe morte aux pieds de sa sœur. Quant à Bibiane, le juge la livra aux mains d'une femme de mauvaise vie qui essaya de la pervertir ; elle employa d'abord les flatteries et les bons traitements et feignit de lui témoigner une amitié sincère ; puis bientôt elle eut recours aux menaces, aux injures et aux coups. Bibiane résista courageusement à toutes ses tentatives, elle demeura pure et digne du céleste Époux. La méchante femme dut avouer au juge qu'elle avait perdu son temps et sa peine. Celui-ci, furieux de son peu de succès, ordonna de frapper de verges la vierge chrétienne jusqu'à ce qu'elle eût rendu l'esprit.
Bibiane fut donc attachée à une colonne, et les bourreaux s'acharnèrent sur son corps innocent jusqu'au moment où elle s'affaissa mourante à leurs pieds. Elle expira au bout de quelques instants, le 2 décembre 363. Son corps fut jeté à la voirie pour y être dévoré par les chiens ; mais il est écrit que « Dieu veille sur les restes de ses saints ». Deux jours après, un prêtre courageux put s'emparer de cette dépouille et l'ensevelir à côté de Dafrose, sa mère, et de Démétrie, sa sœur.
Saint Silvère
Pape (58e) de 536 à 537
Martyr († 537)
Silvère succéda au pape Agapet, l'an 536, à une époque fort difficile, où l'Église était troublée par les intrigues et les hérésies. À voir la manière dont s'était faite l'élection de Silvère, favorisée, imposée même par Théodat, roi des Goths, on eût pu craindre que le nouvel élu ne répondît pas à la sainteté de la mission ; mais il en fut tout autrement. Dieu fit paraître en ce moment la puissance infinie de sa grâce et l'attention providentielle qu'il prête au choix des souverains pasteurs de son Église ; car Silvère fit éclater tant de vertus, il montra une vigueur si grande pour les intérêts de la religion, que ni l'exil, ni la perte des biens, ni les tourments les plus cruels, ni la mort même, ne furent capables d'abattre son courage et de lui arracher une décision contraire à son devoir.
L'impératrice de Constantinople, Théodora, ayant voulu obtenir de lui le rétablissement, sur le siège patriarcal de cette ville, d'un hérétique déposé par le Pape son prédécesseur, Silvère lui déclara qu'il ne le pouvait pas. Ce fut contre lui le signal de la persécution ; Théodora le fit saisir, dépouiller de ses ornements pontificaux et revêtir d'un habit monastique, et un antipape, nommé Vigile, fut proclamé à sa place.
Silvère, envoyé en exil à Patare, en Asie, fut sans doute attristé de la grave situation de l'Église ; mais, d'autre part, il eut une joie extrême de souffrir pour la défense de la foi, et il semblait personnellement aussi heureux dans les épreuves de l'exil que dans les gloires du pontificat. L'évêque de Patare le reçut d'une manière fort honorable et prit hardiment sa défense à la cour de Constantinople ; il menaça le faible empereur Justinien des jugements de Dieu, s'il ne réparait le scandale : « Il y a plusieurs rois dans le monde, lui dit-il, mais il n'y a qu'un Pape dans l'univers. » Ces paroles, dans la bouche d'un évêque d'Orient, montrent bien que la suprématie du siège de Rome était reconnue partout.
Justinien, trompé jusqu'alors, se rendit aux observations de l'évêque, et peu après, malgré l'impératrice, Silvère revint en Italie ; mais bientôt de nouvelles intrigues le conduisirent dans l'île déserte de Pontia, où il subit un second exil plus rigoureux que le premier.
Au bout d'un an environ, ce bon Pape mourut de faim et des autres misères de l'exil.
Sainte Bibiane
Vierge et martyre
(† 363)
Bibiane (ou Viviane) naît à Rome. Son père Flavien, préfet de Rome fut jeté en prison sous Julien l'Apostat. Flavien, s'étant déclaré contre ce prince, fut marqué au front d'un fer rouge ; il en mourut peu de temps après, en Toscane, où il avait été exilé.
Sa femme Dafrose, et ses filles Bibiane et Démétrie, restaient à Rome exposées aux coups du tyran. Il ne les oublia pas, et les enferma dans leur propre maison pour les y faire mourir de faim ; mais, ce supplice lui paraissant trop lent, il fit trancher la tête à la mère, confisqua tous les biens de la famille et continua sa persécution contre les deux vierges chrétiennes. Malgré une très longue privation de toute nourriture, elles parurent au tribunal plus fortes et plus belles que jamais : « Craignez, leur dit le juge, une mort honteuse et cruelle. » Les biens de ce monde, répondent-elles, ne peuvent plus avoir pour nous aucun attrait, nous n'aspirons qu'à posséder Jésus-Christ ; plutôt mille morts que la trahison de nos promesses ! »
À ces mots, Démétrie tombe morte aux pieds de sa sœur. Quant à Bibiane, le juge la livra aux mains d'une femme de mauvaise vie qui essaya de la pervertir ; elle employa d'abord les flatteries et les bons traitements et feignit de lui témoigner une amitié sincère ; puis bientôt elle eut recours aux menaces, aux injures et aux coups. Bibiane résista courageusement à toutes ses tentatives, elle demeura pure et digne du céleste Époux. La méchante femme dut avouer au juge qu'elle avait perdu son temps et sa peine. Celui-ci, furieux de son peu de succès, ordonna de frapper de verges la vierge chrétienne jusqu'à ce qu'elle eût rendu l'esprit.
Bibiane fut donc attachée à une colonne, et les bourreaux s'acharnèrent sur son corps innocent jusqu'au moment où elle s'affaissa mourante à leurs pieds. Elle expira au bout de quelques instants, le 2 décembre 363. Son corps fut jeté à la voirie pour y être dévoré par les chiens ; mais il est écrit que « Dieu veille sur les restes de ses saints ». Deux jours après, un prêtre courageux put s'emparer de cette dépouille et l'ensevelir à côté de Dafrose, sa mère, et de Démétrie, sa sœur.
Saint Silvère
Pape (58e) de 536 à 537
Martyr († 537)
Silvère succéda au pape Agapet, l'an 536, à une époque fort difficile, où l'Église était troublée par les intrigues et les hérésies. À voir la manière dont s'était faite l'élection de Silvère, favorisée, imposée même par Théodat, roi des Goths, on eût pu craindre que le nouvel élu ne répondît pas à la sainteté de la mission ; mais il en fut tout autrement. Dieu fit paraître en ce moment la puissance infinie de sa grâce et l'attention providentielle qu'il prête au choix des souverains pasteurs de son Église ; car Silvère fit éclater tant de vertus, il montra une vigueur si grande pour les intérêts de la religion, que ni l'exil, ni la perte des biens, ni les tourments les plus cruels, ni la mort même, ne furent capables d'abattre son courage et de lui arracher une décision contraire à son devoir.
L'impératrice de Constantinople, Théodora, ayant voulu obtenir de lui le rétablissement, sur le siège patriarcal de cette ville, d'un hérétique déposé par le Pape son prédécesseur, Silvère lui déclara qu'il ne le pouvait pas. Ce fut contre lui le signal de la persécution ; Théodora le fit saisir, dépouiller de ses ornements pontificaux et revêtir d'un habit monastique, et un antipape, nommé Vigile, fut proclamé à sa place.
Silvère, envoyé en exil à Patare, en Asie, fut sans doute attristé de la grave situation de l'Église ; mais, d'autre part, il eut une joie extrême de souffrir pour la défense de la foi, et il semblait personnellement aussi heureux dans les épreuves de l'exil que dans les gloires du pontificat. L'évêque de Patare le reçut d'une manière fort honorable et prit hardiment sa défense à la cour de Constantinople ; il menaça le faible empereur Justinien des jugements de Dieu, s'il ne réparait le scandale : « Il y a plusieurs rois dans le monde, lui dit-il, mais il n'y a qu'un Pape dans l'univers. » Ces paroles, dans la bouche d'un évêque d'Orient, montrent bien que la suprématie du siège de Rome était reconnue partout.
Justinien, trompé jusqu'alors, se rendit aux observations de l'évêque, et peu après, malgré l'impératrice, Silvère revint en Italie ; mais bientôt de nouvelles intrigues le conduisirent dans l'île déserte de Pontia, où il subit un second exil plus rigoureux que le premier.
Au bout d'un an environ, ce bon Pape mourut de faim et des autres misères de l'exil.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Jeudi le 3 décembre
Saint François Xavier Prêtre s.j. ( 1506-1552 )
Apôtre des Indes et du Japon
François Xavier, nom de naissance Francisco de Jasso y Azpilicueta, dernier de six enfants, naît à Javier, près de Pampelune en Navarre, le 7 avril 1506, dans une famille noble.
Après de brillantes études au collège Sainte-Barbe, à Paris, il enseigna la philosophie avec un succès qui, en lui attirant les applaudissements, développa l'orgueil dans son cœur. Ignace de Loyola, converti, étant venu à Paris pour perfectionner ses études et cherchant à recruter des compagnons pour jeter les bases de la Compagnie de Jésus, s'éprit d'amitié et d'admiration pour ce jeune homme.
Le 15 août 1534, sept jeunes gens, parmi lesquels Ignace et Xavier, prononcèrent leurs vœux dans une chapelle souterraine de l'église de Montmartre. La Compagnie de Jésus était fondée.
Quelques années plus tard (1537 à Venise), Xavier, devenu prêtre était prêt pour sa mission. Quelle fut sa joie quand Ignace le désigna pour la mission des Indes ! Xavier commença par la conversion de Goa, alors comptoir commercial portugais sur la côte occidentale de l'Inde. Une mission finie, une autre l'appelait ; le désir du salut des âmes était insatiable dans son cœur.
Il rencontra des difficultés incroyables, l'ignorance des langues, l'absence de livres en langues indigènes, les persécutions, la défiance et la rivalité des ministres païens.
Xavier, par son énergie et le secours de Dieu, triompha de tout ; Dieu lui donna le don des langues, le pouvoir d'opérer des miracles sans nombre. Il évangélisa, en onze années, cinquante-deux royaumes et baptisa une multitude incalculable. Sa plus belle et sa plus difficile mission fut l'évangélisation du Japon.
Il aspirait à convertir la Chine, pour rentrer en Europe par les pays du Nord, quand Dieu, le 3 décembre 1552, appela au repos, à l'âge de 46 ans et 8 mois, cet incomparable conquérant des âmes, qu'on a justement surnommé l'apôtre des Indes et du Japon.
François Xavier a été béatifié, le 21 octobre 1619, par le Pape Paul V (Camillo Borghese, 1605-1621) et canonisé, avec Ignace de Loyola, par le Pape Grégoire XV (Alessandro Ludovisi, 1621-1623), le 12 mars 1622.
Bx Johann Nepomuceno ( 1777-1860 )
Évêque de Trente
Jean Népomucène Tschiderer von Gleifheim naît le 15 avril 1777 à Bolzano (ou Bozen, ville autrichienne à l'époque) de Joseph Joachim, percepteur général du Tyrol, et de Catherine de Giovanelli. Il est le cinquième de sept frères.
Dans son enfance, il a des problèmes de prononciation et il lui restera à l'âge adulte un léger bégaiement. Après sa scolarité à Bolzano et à Innsbruck, il fait des études théologiques à Innsbruck de 1794 à 1798 et il est ordonné prêtre le 27 juillet 1800 à Bolzano.
Il exercera son apostolat dans sa région d'origine parmi les croyants de langue allemande (diocèses de Bolzano-Bressanone, Innsbruck et Feldkirch) ainsi que dans les parties de langue allemande du diocèse de Trente : il est d'abord vicaire puis, à partir de 1807, professeur de théologie au séminaire de Trente.
En 1810, il est curé d'une paroisse importante. (En cette époque napoléonienne, le Tyrol et le Trentin sont passés sous domination de la Bavière ; revenus dans le giron de l'Autriche en 1815, cette région sera attribuée à l'Italie après la Première guerre mondiale, faisant partie, avec Bolzano, de la Région du Trentin-Haut-Adige.) Zone frontalière donc, région disputée, et même encore troublée parfois de nos jours. Mais « l'évêque Jean Népomucène de Tschiderer est l'homme qui franchit des frontières » (saint Jean Paul II).
Le 24 février 1832, il est nommé auxiliaire de l'évêque de Bressanone, pour la province du Vorarlberg. Il reçoit la consécration épiscopale à Innsbruck le 20 mai suivant. En 1834 l’évêque de Trente est transféré à l'archevêché de Léopoli (Léopoli, ou Lviv, en Ukraine, faisait alors partie de l'empire autrichien). Il propose Mgr de Tschiderer pour le remplacer.
Le 15 juillet 1834 l'empereur François 1er le nomme évêque de Trente, nomination ratifiée par le pape Grégoire XVI (Bartolomeo Cappellari, 1831-1846) le 19 décembre suivant. Le nouvel archevêque arrive dans sa ville le 1er mai 1835. Dans cette région du cœur de l'Europe, il respecte la diversité de chacun (condition sociale, langue, mentalité); il conserve les identités, tout en favorisant l'unité. Il veille aussi aux vocations comme le rappelle encore le séminaire "Johanneum" qui porte son nom.
Il assume les lourdes responsabilités de ses ministères variés en fuyant les compromis et sans chercher les honneurs et le confort. Il vainc la peur des hommes pour se consacrer totalement à l'Evangile. Son courage ne peut venir que de l'humilité car, conscient de ses propres insuffisances, il jette ses filets en faisant confiance au Seigneur rencontré quotidiennement dans la prière. Il continue l'action charitable envers les pauvres qu'il a toujours menée jusque là. Il soutient l'Institut pour les sourds-muets de Trente.
Il fait de nombreuses visites pastorales dans ce diocèse montagneux et très étendu. Il meurt à Trente le 03 décembre 1860. Dans cette ville, Saint Jean-Paul II le béatifiera le 30 avril 1995 et déclarera dans son homélie: « L'Evêque Jean Népomucène reçut de Dieu, dans des proportions extraordinaires, le don de l'amour (...) Sur son acte de décès, il fut écrit :"Il aima Trente et fut l'amour des Trentains" ».
Saint François Xavier Prêtre s.j. ( 1506-1552 )
Apôtre des Indes et du Japon
François Xavier, nom de naissance Francisco de Jasso y Azpilicueta, dernier de six enfants, naît à Javier, près de Pampelune en Navarre, le 7 avril 1506, dans une famille noble.
Après de brillantes études au collège Sainte-Barbe, à Paris, il enseigna la philosophie avec un succès qui, en lui attirant les applaudissements, développa l'orgueil dans son cœur. Ignace de Loyola, converti, étant venu à Paris pour perfectionner ses études et cherchant à recruter des compagnons pour jeter les bases de la Compagnie de Jésus, s'éprit d'amitié et d'admiration pour ce jeune homme.
Le 15 août 1534, sept jeunes gens, parmi lesquels Ignace et Xavier, prononcèrent leurs vœux dans une chapelle souterraine de l'église de Montmartre. La Compagnie de Jésus était fondée.
Quelques années plus tard (1537 à Venise), Xavier, devenu prêtre était prêt pour sa mission. Quelle fut sa joie quand Ignace le désigna pour la mission des Indes ! Xavier commença par la conversion de Goa, alors comptoir commercial portugais sur la côte occidentale de l'Inde. Une mission finie, une autre l'appelait ; le désir du salut des âmes était insatiable dans son cœur.
Il rencontra des difficultés incroyables, l'ignorance des langues, l'absence de livres en langues indigènes, les persécutions, la défiance et la rivalité des ministres païens.
Xavier, par son énergie et le secours de Dieu, triompha de tout ; Dieu lui donna le don des langues, le pouvoir d'opérer des miracles sans nombre. Il évangélisa, en onze années, cinquante-deux royaumes et baptisa une multitude incalculable. Sa plus belle et sa plus difficile mission fut l'évangélisation du Japon.
Il aspirait à convertir la Chine, pour rentrer en Europe par les pays du Nord, quand Dieu, le 3 décembre 1552, appela au repos, à l'âge de 46 ans et 8 mois, cet incomparable conquérant des âmes, qu'on a justement surnommé l'apôtre des Indes et du Japon.
François Xavier a été béatifié, le 21 octobre 1619, par le Pape Paul V (Camillo Borghese, 1605-1621) et canonisé, avec Ignace de Loyola, par le Pape Grégoire XV (Alessandro Ludovisi, 1621-1623), le 12 mars 1622.
Bx Johann Nepomuceno ( 1777-1860 )
Évêque de Trente
Jean Népomucène Tschiderer von Gleifheim naît le 15 avril 1777 à Bolzano (ou Bozen, ville autrichienne à l'époque) de Joseph Joachim, percepteur général du Tyrol, et de Catherine de Giovanelli. Il est le cinquième de sept frères.
Dans son enfance, il a des problèmes de prononciation et il lui restera à l'âge adulte un léger bégaiement. Après sa scolarité à Bolzano et à Innsbruck, il fait des études théologiques à Innsbruck de 1794 à 1798 et il est ordonné prêtre le 27 juillet 1800 à Bolzano.
Il exercera son apostolat dans sa région d'origine parmi les croyants de langue allemande (diocèses de Bolzano-Bressanone, Innsbruck et Feldkirch) ainsi que dans les parties de langue allemande du diocèse de Trente : il est d'abord vicaire puis, à partir de 1807, professeur de théologie au séminaire de Trente.
En 1810, il est curé d'une paroisse importante. (En cette époque napoléonienne, le Tyrol et le Trentin sont passés sous domination de la Bavière ; revenus dans le giron de l'Autriche en 1815, cette région sera attribuée à l'Italie après la Première guerre mondiale, faisant partie, avec Bolzano, de la Région du Trentin-Haut-Adige.) Zone frontalière donc, région disputée, et même encore troublée parfois de nos jours. Mais « l'évêque Jean Népomucène de Tschiderer est l'homme qui franchit des frontières » (saint Jean Paul II).
Le 24 février 1832, il est nommé auxiliaire de l'évêque de Bressanone, pour la province du Vorarlberg. Il reçoit la consécration épiscopale à Innsbruck le 20 mai suivant. En 1834 l’évêque de Trente est transféré à l'archevêché de Léopoli (Léopoli, ou Lviv, en Ukraine, faisait alors partie de l'empire autrichien). Il propose Mgr de Tschiderer pour le remplacer.
Le 15 juillet 1834 l'empereur François 1er le nomme évêque de Trente, nomination ratifiée par le pape Grégoire XVI (Bartolomeo Cappellari, 1831-1846) le 19 décembre suivant. Le nouvel archevêque arrive dans sa ville le 1er mai 1835. Dans cette région du cœur de l'Europe, il respecte la diversité de chacun (condition sociale, langue, mentalité); il conserve les identités, tout en favorisant l'unité. Il veille aussi aux vocations comme le rappelle encore le séminaire "Johanneum" qui porte son nom.
Il assume les lourdes responsabilités de ses ministères variés en fuyant les compromis et sans chercher les honneurs et le confort. Il vainc la peur des hommes pour se consacrer totalement à l'Evangile. Son courage ne peut venir que de l'humilité car, conscient de ses propres insuffisances, il jette ses filets en faisant confiance au Seigneur rencontré quotidiennement dans la prière. Il continue l'action charitable envers les pauvres qu'il a toujours menée jusque là. Il soutient l'Institut pour les sourds-muets de Trente.
Il fait de nombreuses visites pastorales dans ce diocèse montagneux et très étendu. Il meurt à Trente le 03 décembre 1860. Dans cette ville, Saint Jean-Paul II le béatifiera le 30 avril 1995 et déclarera dans son homélie: « L'Evêque Jean Népomucène reçut de Dieu, dans des proportions extraordinaires, le don de l'amour (...) Sur son acte de décès, il fut écrit :"Il aima Trente et fut l'amour des Trentains" ».
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Vendredi le 4 décembre
Saint Clément d'Alexandrie (215)
Père de l'Église
Clément d'Alexandrie, surnommé le père de la théologie spéculative et qui avait formé Origène, enseignait à l'école d'Alexandrie en Égypte entre 193 et 200, il dut fuir ensuite à cause de la persécution et il est allé rejoindre le Seigneur vers 215.
L'école d'Alexandrie rejetait l'interprétation littérale des Écritures, et en particulier celle de la prophétie, et elle considérait la Bible toute entière comme une vaste allégorie dont la signification profonde était masquée par la formulation même du texte. Elle s'efforçait de marier idéalisme platonicien et textes bibliques, entreprise exigeant l'adoption d'un système d'interprétation non littéral.
W.H. Rutgers écrit au sujet de Clément d'Alexandrie : « Clément, charmé par les sirènes de la philosophie grecque, soumettait l'Écriture sainte à cette interprétation allégorique et erronée, à ce parti-pris outré contre tout ce qui était matériel, visible, tangible, tout ce qui se situait dans un contexte géographico-historique. La philosophie éthérée des platoniciens ne pouvait supporter la 'charnelle et sensuelle' vision eschatologique des prémillénaristes. »
Clément rapporte dans Quis dives salvetur 23:1, une citation de Jésus qu'on ne retrouve nulle part dans la Bible mais qui est en accord avec son enseignement :
« Je t'ai régénéré, toi que le monde avait enfanté dans le malheur et pour la mort. Je t'ai libéré, je t'ai guéri, je t'ai racheté. Je te donnerai la vie sans fin, éternelle, surnaturelle. Je te montrerai le visage de Dieu, le bon Père. »
Catéchèse du pape Benoît XVI:
Nous parlons aujourd'hui de Clément d'Alexandrie, un grand théologien qui naquit probablement à Athènes vers le milieu du deuxième siècle. Il hérita d'Athènes cet intérêt prononcé pour la philosophie, qui devait faire de lui l'un des hérauts du dialogue entre foi et raison dans la tradition chrétienne. Encore jeune, il rejoignit Alexandrie, la "ville symbole" de ce carrefour fécond entre différentes cultures qui caractérisa l'époque hellénistique. Il y fut le disciple de Pantène, jusqu'à lui succéder dans la direction de l'école catéchétique. De nombreuses sources attestent qu'il fut ordonné prêtre. Au cours de la persécution de 202-203, il quitta Alexandrie pour se réfugier à Césarée, en Cappadoce, où il mourut vers 215.
Les œuvres les plus importantes qui nous restent de lui sont au nombre de trois: le Protreptique, le Pédagogue et les Stromates. Même s'il ne semble pas que cela fût l'intention originelle de l'auteur, le fait est que ces écrits constituent une véritable trilogie, destinée à accompagner de manière efficace la maturation spirituelle du chrétien. Le Protreptique, comme le dit la parole elle-même, est une "exhortation" adressée à celui qui commence et cherche le chemin de la foi. Mieux encore, le Protreptique coïncide avec une Personne: le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui se fait l'"exhortateur" des hommes, afin qu'ils entreprennent de manière décidée le chemin vers la Vérité. Jésus Christ lui-même se fait ensuite Pédagogue, c'est-à-dire l'"éducateur" de ceux qui, en vertu du Baptême, sont désormais devenus des fils de Dieu. Enfin, Jésus Christ est aussi Didascalo, c'est-à-dire le "Maître" qui propose les enseignements les plus profonds. Ceux-ci sont rassemblés dans la troisième œuvre de Clément, les Stromates, parole grecque qui signifie "tapisseries": il s'agit, en effet, d'une composition non systématique de thèmes divers, fruit direct de l'enseignement habituel de Clément.
Dans son ensemble, la catéchèse clémentine accompagne pas à pas le chemin du catéchumène et du baptisé pour que, avec les deux "ailes" de la foi et de la raison, ils parviennent à une profonde connaissance de la Vérité, qui est Jésus Christ, le Verbe de Dieu. Seule cette connaissance de la personne, qui est la vérité, est la "véritable gnose", l'expression grecque qui signifie connaissance, intelligence. C'est l'édifice construit par la raison sous l'impulsion d'un principe surnaturel. La foi elle-même édifie la véritable philosophie, c'est-à-dire la véritable conversion dans le chemin à prendre dans la vie. Donc, la "gnose" authentique est un développement de la foi, suscité par Jésus Christ dans l'âme qui est unie à Lui. Clément distingue ensuite deux degrés de la vie chrétienne. Premier degré: les chrétiens croyants, qui vivent la foi de manière commune, mais toujours ouverte aux horizons de la sainteté. Et ensuite, le deuxième degré: les "gnostiques", c'est-à-dire ceux qui conduisent déjà une vie de perfection spirituelle; dans tous les cas, le chrétien doit partir de la base commune de la foi, à travers un chemin de recherche, il doit se laisser guider par le Christ, et ainsi parvenir à la connaissance de la Vérité et des vérités qui forment le contenu de la foi. Cette connaissance - nous dit Clément - devient dans l'âme une réalité vivante: ce n'est pas seulement une théorie, c'est une force de vie, c'est une union d'amour transformatrice. La connaissance du Christ n'est pas seulement pensée, mais elle est amour qui ouvre les yeux, transforme l'homme et crée la communion avec le Logos, avec le Verbe divin, qui est vérité et vie. Dans cette communion, qui est la parfaite connaissance et qui est amour, le chrétien parfait atteint la contemplation, l'unification avec Dieu.
Clément reprend en fin de compte la doctrine selon laquelle la fin ultime de l'homme est de devenir semblable à Dieu. Nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, mais cela est aussi un défi, un chemin; en effet, le but de la vie, la destination ultime, est vraiment de devenir semblable à Dieu. Cela est possible grâce à la connaturalité avec Lui, que l'homme a reçue au moment de la création, en vertu de laquelle il est déjà en lui-même - déjà en lui-même - l'image de Dieu. Cette connaturalité permet de connaître les réalités divines, auxquelles l'homme adhère tout d'abord par foi et qui, à travers la foi vécue, la pratique de la vertu, peut croître jusqu'à la contemplation de Dieu. Ainsi, dans le chemin de la perfection, Clément ajoute à l'exigence morale autant d'importance qu'il en attribue à l'exigence intellectuelle. Les deux vont de pair, car on ne peut pas connaître sans vivre et on ne peut pas vivre sans connaître. L'assimilation à Dieu et sa contemplation ne peuvent être atteintes à travers la seule connaissance rationnelle: dans ce but, une vie selon le Logos est nécessaire, une vie selon la vérité. Par conséquent, les bonnes œuvres doivent accompagner la connaissance intellectuelle comme l'ombre suit le corps.
Deux vertus enrichissent en particulier l'âme du "véritable gnostique". La première est la liberté vis-à-vis des passions (apátheia); l'autre est l'amour, la véritable passion, qui assure l'union intime avec Dieu. L'amour donne la paix parfaite, et met le "véritable gnostique" en mesure d'affronter les plus grands sacrifices, même le sacrifice suprême, à la suite du Christ, et le fait monter degré après degré jusqu'au sommet des vertus. Ainsi, l'idéal éthique de la philosophie antique, c'est-à-dire la libération vis-à-vis des passions, est redéfini et conjugué avec amour par Clément, dans le processus incessant d'assimilation à Dieu.
De cette façon, l'Alexandrin crée la deuxième grande occasion de dialogue entre l'annonce chrétienne et la philosophie grecque. Nous savons que saint Paul à l'Aréopage, à Athènes, où Clément est né, avait effectué la première tentative de dialogue avec la philosophie grecque - qui avait été en grande partie un échec -, mais ils lui avaient dit: "Nous t'écouterons une autre fois". A présent, Clément reprend ce dialogue et l'ennoblit au plus haut degré dans la tradition philosophique grecque. Comme l'a écrit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II dans l'Encyclique Fides et ratio, Clément d'Alexandrie parvient à interpréter la philosophie comme "une instruction propédeutique à la foi chrétienne" (n. 38). Et, de fait, Clément est arrivé au point de soutenir que Dieu aurait donné la philosophie aux Grecs "comme un Testament qui leur est propre". Pour lui, la tradition philosophique grecque, presque comme la Loi pour les Juifs, est un lieu de "révélation", ce sont deux courants qui, en définitive, vont vers le Logos lui-même. Ainsi, Clément continue à indiquer avec décision le chemin de celui qui entend "donner raison" de sa propre foi en Jésus Christ. Il peut servir d'exemple aux chrétiens, aux catéchistes, aux théologiens de notre époque, à qui Jean-Paul II, dans la même Encyclique, recommandait de "reprendre et mettre en valeur le mieux possible la dimension métaphysique de la vérité afin d'entrer ainsi dans un dialogue critique et exigeant avec la pensée philosophique contemporaine".
Nous concluons, en faisant nôtres quelques expressions de la célèbre "prière au Christ Logos", avec laquelle Clément conclut son Pédagogue. Il supplie ainsi: "Sois propice à tes fils"; "Accorde-nous de vivre dans ta paix, d'être transférés dans ta ville, de traverser sans en être submergés les flux du péché, d'être transportés au calme auprès de l'Esprit Saint et de la Sagesse ineffable: nous qui, nuit et jour, jusqu'au dernier jour, chantons un chant d'action de grâce à l'unique Père,... au Fils pédagogue et maître, avec l'Esprit Saint. Amen!".
Saint Jean de Damas
Prêtre et docteur de l'Église
(† v. 749)
Arabe chrétien, de haute bourgeoisie, saint Jean de Damas (ou saint Jean Damascène) eut de hautes fonctions dans le califat de Damas (Syrie) et se fit connaître comme écrivain poète.
À cinquante ans, il se retira du monde et se fit moine à Saint-Sabas, entre Jérusalem et la mer Morte. Ordonné prêtre, il laissa de nombreux écrits théologiques. Il développa le culte des saintes icônes et chanta les louanges de l'Assomption. Il est fait docteur de l'Église par Léon XIII en 1890.
Catéchèse du pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Je voudrais parler aujourd'hui de Jean Damascène, un personnage de premier plan dans l'histoire de la théologie byzantine, un grand docteur dans l'histoire de l'Église universelle. Il représente surtout un témoin oculaire du passage de la culture chrétienne grecque et syriaque, commune à la partie orientale de l'Empire byzantin, à la culture de l'islam, qui s'est imposée grâce à ses conquêtes militaires sur le territoire reconnu habituellement comme le Moyen ou le Proche Orient. Jean, né dans une riche famille chrétienne, assuma encore jeune la charge - remplie déjà sans doute par son père - de responsable économique du califat. Mais très vite, insatisfait de la vie de la cour, il choisit la vie monastique, en entrant dans le monastère de Saint-Saba, près de Jérusalem. C'était aux environs de l'an 700. Ne s'éloignant jamais du monastère, il consacra toutes ses forces à l'ascèse et à l'activité littéraire, ne dédaignant pas une certaine activité pastorale, dont témoignent avant tout ses nombreuses Homélies. Sa mémoire liturgique est célébrée le 4 décembre. Le Pape Léon XIII le proclama docteur de l'Église universelle en 1890.
En Orient, on se souvient surtout de ses trois Discours pour légitimer la vénération des images sacrées, qui furent condamnés, après sa mort, par le Concile iconoclaste de Hiéria (754). Mais ces discours furent également le motif fondamental de sa réhabilitation et de sa canonisation de la part des Pères orthodoxes convoqués par le second Concile de Nicée (787), septième Concile œcuménique. Dans ces textes, il est possible de retrouver les premières tentatives théologiques importantes de légitimer la vénération des images sacrées, en les reliant au mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie.
Jean Damascène fut, en outre, parmi les premiers à distinguer, dans le culte public et privé des chrétiens, l'adoration (latreia) de la vénération (proskynesis): la première ne peut être adressée qu'à Dieu, suprêmement spirituel, la deuxième au contraire peut utiliser une image pour s'adresser à celui qui est représenté dans l'image même. Bien sûr, le saint ne peut en aucun cas être identifié avec la matière qui compose l'icône. Cette distinction se révéla immédiatement très importante pour répondre de façon chrétienne à ceux qui prétendaient universel et éternel l'observance de l'interdit sévère de l'Ancien Testament d'utiliser des images dans le culte. Tel était le grand débat également dans le monde islamique, qui accepte cette tradition juive de l'exclusion totale d'images dans le culte. Les chrétiens, en revanche, dans ce contexte, ont débattu du problème et trouvé la justification pour la vénération des images. Damascène écrit: "En d'autres temps, Dieu n'avait jamais été représenté en image, étant sans corps et sans visage. Mais à présent que Dieu a été vu dans sa chair et a vécu parmi les hommes, je représente ce qui est visible en Dieu. Je ne vénère pas la matière, mais le créateur de la matière, qui s'est fait matière pour moi et a daigné habiter dans la matière et opérer mon salut à travers la matière. Je ne cesserai donc pas de vénérer la matière à travers laquelle m'a été assuré le salut. Mais je ne la vénère absolument pas comme Dieu! Comment pourrait être Dieu ce qui a reçu l'existence à partir du non-être?... Mais je vénère et respecte également tout le reste de la matière qui m'a procuré le salut, car pleine d'énergie et de grâces saintes. Le bois de la croix trois fois bénie n'est-il pas matière? L'encre et le très saint livre des Évangiles ne sont-ils pas matière? L'autel salvifique qui nous donne le pain de vie n'est-il pas matière?.... Et, avant tout autre chose, la chair et le sang de mon Seigneur ne sont-ils pas matière? Ou bien tu dois supprimer le caractère sacré de toutes ces choses, ou bien tu dois accorder à la tradition de l'Église la vénération des images de Dieu et celle des amis de Dieu qui sont sanctifiés par le nom qu'ils portent, et qui, pour cette raison, sont habités par la grâce de l'Esprit Saint. N'offense donc pas la matière: celle-ci n'est pas méprisable; car rien de ce que Dieu a fait n'est méprisable". Nous voyons que, à cause de l'incarnation, la matière apparaît comme divinisée, elle est vue comme la demeure de Dieu. Il s'agit d'une nouvelle vision du monde et des réalités matérielles. Dieu s'est fait chair et la chair est devenue réellement demeure de Dieu, dont la gloire resplendit sur le visage humain du Christ. C'est pourquoi, les sollicitations du Docteur oriental sont aujourd'hui encore d'une très grande actualité, étant donnée la très grande dignité que la matière a reçue dans l'Incarnation, pouvant devenir, dans la foi, le signe et le sacrement efficace de la rencontre de l'homme avec Dieu. Jean Damascène reste donc un témoin privilégié du culte des icônes, qui deviendra l'un des aspects les plus caractéristiques de la théologie et de la spiritualité orientale jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit toutefois d'une forme de culte qui appartient simplement à la foi chrétienne, à la foi dans ce Dieu qui s'est fait chair et s'est rendu visible. L'enseignement de saint Jean Damascène s'inscrit ainsi dans la tradition de l'Église universelle, dont la doctrine sacramentelle prévoit que les éléments matériels issus de la nature peuvent devenir un instrument de grâce en vertu de l'invocation (epiclesis) de l'Esprit Saint, accompagnée par la confession de la foi véritable.
Jean Damascène met également en relation avec ces idées de fond la vénération des reliques des saints, sur la base de la conviction que les saints chrétiens, ayant participé de la résurrection du Christ, ne peuvent pas être considérés simplement comme des "morts". En énumérant, par exemple, ceux dont les reliques ou les images sont dignes de vénération, Jean précise dans son troisième discours en défense des images: "Tout d'abord (nous vénérons) ceux parmi lesquels Dieu s'est reposé, lui le seul saint qui se repose parmi les saints (cf. Is 57, 15), comme la sainte Mère de Dieu et tous les saints. Ce sont eux qui, autant que cela est possible, se sont rendus semblables à Dieu par leur volonté et, par l'inhabitation et l'aide de Dieu, sont dits réellement dieux (cf. Ps 82, 6), non par nature, mais par contingence, de même que le fer incandescent est appelé feu, non par nature mais par contingence et par participation du feu. Il dit en effet: Vous serez saint parce que je suis saint (Lv 19, 2)". Après une série de références de ce type, Jean Damascène pouvait donc déduire avec sérénité: "Dieu, qui est bon et supérieur à toute bonté, ne se contenta pas de la contemplation de lui-même, mais il voulut qu'il y ait des êtres destinataires de ses bienfaits, qui puissent participer de sa bonté: c'est pourquoi il créa du néant toutes les choses, visibles et invisibles, y compris l'homme, réalité visible et invisible. Et il le créa en pensant et en le réalisant comme un être capable de pensée (ennoema ergon) enrichi par la parole (logo[i] sympleroumenon) et orienté vers l'esprit (pneumati teleioumenon)". Et pour éclaircir ultérieurement sa pensée, il ajoute: "Il faut se laisser remplir d'étonnement (thaumazein) par toutes les œuvres de la providence (tes pronoias erga), les louer toutes et les accepter toutes, en surmontant la tentation de trouver en celles-ci des aspects qui, a beaucoup de personnes, semblent injustes ou iniques (adika), et en admettant en revanche que le projet de Dieu (pronoia) va au-delà des capacités cognitives et de compréhension (agnoston kai akatalepton) de l'homme, alors qu'au contraire lui seul connaît nos pensées, nos actions et même notre avenir". Du reste, Platon disait déjà que toute la philosophie commence avec l'émerveillement: notre foi aussi commence avec l'émerveillement de la création, de la beauté de Dieu qui se fait visible.
L'optimisme de la contemplation naturelle (physikè theoria), de cette manière de voir dans la création visible ce qui est bon, beau et vrai, cet optimisme chrétien n'est pas un optimisme naïf: il tient compte de la blessure infligée à la nature humaine par une liberté de choix voulue par Dieu et utilisée de manière impropre par l'homme, avec toutes les conséquences d'un manque d'harmonie diffus qui en ont dérivées. D'où l'exigence, clairement perçue par le théologien de Damas, que la nature dans laquelle se reflète la bonté et la beauté de Dieu, blessées par notre faute, "soit renforcée et renouvelée" par la descente du Fils de Dieu dans la chair, après que de nombreuses manières et en diverses occasions Dieu lui-même ait cherché à démontrer qu'il avait créé l'homme pour qu'il soit non seulement dans l'"être", mais dans le "bien-être". Avec un enthousiasme passionné, Jean explique: "Il était nécessaire que la nature soit renforcée et renouvelée et que soit indiquée et enseignée concrètement la voie de la vertu (didachthenai aretes hodòn), qui éloigne de la corruption et conduit à la vie éternelle... C'est ainsi qu'apparut à l'horizon de l'histoire la grande mer de l'amour de Dieu pour l'homme (philanthropias pelagos)...". C'est une belle expression. Nous voyons, d'une part, la beauté de la création et, de l'autre, la destruction accomplie par la faute humaine. Mais nous voyons dans le Fils de Dieu, qui descend pour renouveler la nature, la mer de l'amour de Dieu pour l'homme. Jean Damascène poursuit: " Lui-même, le Créateur et le Seigneur, lutta pour sa créature en lui transmettant à travers l'exemple son enseignement... Et ainsi, le Fils de Dieu, bien que subsistant dans la forme de Dieu, abaissa les cieux et descendit... auprès de ses serviteurs... en accomplissant la chose la plus nouvelle de toutes, l'unique chose vraiment nouvelle sous le soleil, à travers laquelle se manifesta de fait la puissance infinie de Dieu".
Nous pouvons imaginer le réconfort et la joie que diffusaient dans le cœur des fidèles ces paroles riches d'images si fascinantes. Nous les écoutons nous aussi, aujourd'hui, en partageant les mêmes sentiments que les chrétiens de l'époque: Dieu veut reposer en nous, il veut renouveler la nature également par l'intermédiaire de notre conversion, il veut nous faire participer de sa divinité. Que le Seigneur nous aide à faire de ces mots la substance de notre vie.
Saint Clément d'Alexandrie (215)
Père de l'Église
Clément d'Alexandrie, surnommé le père de la théologie spéculative et qui avait formé Origène, enseignait à l'école d'Alexandrie en Égypte entre 193 et 200, il dut fuir ensuite à cause de la persécution et il est allé rejoindre le Seigneur vers 215.
L'école d'Alexandrie rejetait l'interprétation littérale des Écritures, et en particulier celle de la prophétie, et elle considérait la Bible toute entière comme une vaste allégorie dont la signification profonde était masquée par la formulation même du texte. Elle s'efforçait de marier idéalisme platonicien et textes bibliques, entreprise exigeant l'adoption d'un système d'interprétation non littéral.
W.H. Rutgers écrit au sujet de Clément d'Alexandrie : « Clément, charmé par les sirènes de la philosophie grecque, soumettait l'Écriture sainte à cette interprétation allégorique et erronée, à ce parti-pris outré contre tout ce qui était matériel, visible, tangible, tout ce qui se situait dans un contexte géographico-historique. La philosophie éthérée des platoniciens ne pouvait supporter la 'charnelle et sensuelle' vision eschatologique des prémillénaristes. »
Clément rapporte dans Quis dives salvetur 23:1, une citation de Jésus qu'on ne retrouve nulle part dans la Bible mais qui est en accord avec son enseignement :
« Je t'ai régénéré, toi que le monde avait enfanté dans le malheur et pour la mort. Je t'ai libéré, je t'ai guéri, je t'ai racheté. Je te donnerai la vie sans fin, éternelle, surnaturelle. Je te montrerai le visage de Dieu, le bon Père. »
Catéchèse du pape Benoît XVI:
Nous parlons aujourd'hui de Clément d'Alexandrie, un grand théologien qui naquit probablement à Athènes vers le milieu du deuxième siècle. Il hérita d'Athènes cet intérêt prononcé pour la philosophie, qui devait faire de lui l'un des hérauts du dialogue entre foi et raison dans la tradition chrétienne. Encore jeune, il rejoignit Alexandrie, la "ville symbole" de ce carrefour fécond entre différentes cultures qui caractérisa l'époque hellénistique. Il y fut le disciple de Pantène, jusqu'à lui succéder dans la direction de l'école catéchétique. De nombreuses sources attestent qu'il fut ordonné prêtre. Au cours de la persécution de 202-203, il quitta Alexandrie pour se réfugier à Césarée, en Cappadoce, où il mourut vers 215.
Les œuvres les plus importantes qui nous restent de lui sont au nombre de trois: le Protreptique, le Pédagogue et les Stromates. Même s'il ne semble pas que cela fût l'intention originelle de l'auteur, le fait est que ces écrits constituent une véritable trilogie, destinée à accompagner de manière efficace la maturation spirituelle du chrétien. Le Protreptique, comme le dit la parole elle-même, est une "exhortation" adressée à celui qui commence et cherche le chemin de la foi. Mieux encore, le Protreptique coïncide avec une Personne: le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui se fait l'"exhortateur" des hommes, afin qu'ils entreprennent de manière décidée le chemin vers la Vérité. Jésus Christ lui-même se fait ensuite Pédagogue, c'est-à-dire l'"éducateur" de ceux qui, en vertu du Baptême, sont désormais devenus des fils de Dieu. Enfin, Jésus Christ est aussi Didascalo, c'est-à-dire le "Maître" qui propose les enseignements les plus profonds. Ceux-ci sont rassemblés dans la troisième œuvre de Clément, les Stromates, parole grecque qui signifie "tapisseries": il s'agit, en effet, d'une composition non systématique de thèmes divers, fruit direct de l'enseignement habituel de Clément.
Dans son ensemble, la catéchèse clémentine accompagne pas à pas le chemin du catéchumène et du baptisé pour que, avec les deux "ailes" de la foi et de la raison, ils parviennent à une profonde connaissance de la Vérité, qui est Jésus Christ, le Verbe de Dieu. Seule cette connaissance de la personne, qui est la vérité, est la "véritable gnose", l'expression grecque qui signifie connaissance, intelligence. C'est l'édifice construit par la raison sous l'impulsion d'un principe surnaturel. La foi elle-même édifie la véritable philosophie, c'est-à-dire la véritable conversion dans le chemin à prendre dans la vie. Donc, la "gnose" authentique est un développement de la foi, suscité par Jésus Christ dans l'âme qui est unie à Lui. Clément distingue ensuite deux degrés de la vie chrétienne. Premier degré: les chrétiens croyants, qui vivent la foi de manière commune, mais toujours ouverte aux horizons de la sainteté. Et ensuite, le deuxième degré: les "gnostiques", c'est-à-dire ceux qui conduisent déjà une vie de perfection spirituelle; dans tous les cas, le chrétien doit partir de la base commune de la foi, à travers un chemin de recherche, il doit se laisser guider par le Christ, et ainsi parvenir à la connaissance de la Vérité et des vérités qui forment le contenu de la foi. Cette connaissance - nous dit Clément - devient dans l'âme une réalité vivante: ce n'est pas seulement une théorie, c'est une force de vie, c'est une union d'amour transformatrice. La connaissance du Christ n'est pas seulement pensée, mais elle est amour qui ouvre les yeux, transforme l'homme et crée la communion avec le Logos, avec le Verbe divin, qui est vérité et vie. Dans cette communion, qui est la parfaite connaissance et qui est amour, le chrétien parfait atteint la contemplation, l'unification avec Dieu.
Clément reprend en fin de compte la doctrine selon laquelle la fin ultime de l'homme est de devenir semblable à Dieu. Nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, mais cela est aussi un défi, un chemin; en effet, le but de la vie, la destination ultime, est vraiment de devenir semblable à Dieu. Cela est possible grâce à la connaturalité avec Lui, que l'homme a reçue au moment de la création, en vertu de laquelle il est déjà en lui-même - déjà en lui-même - l'image de Dieu. Cette connaturalité permet de connaître les réalités divines, auxquelles l'homme adhère tout d'abord par foi et qui, à travers la foi vécue, la pratique de la vertu, peut croître jusqu'à la contemplation de Dieu. Ainsi, dans le chemin de la perfection, Clément ajoute à l'exigence morale autant d'importance qu'il en attribue à l'exigence intellectuelle. Les deux vont de pair, car on ne peut pas connaître sans vivre et on ne peut pas vivre sans connaître. L'assimilation à Dieu et sa contemplation ne peuvent être atteintes à travers la seule connaissance rationnelle: dans ce but, une vie selon le Logos est nécessaire, une vie selon la vérité. Par conséquent, les bonnes œuvres doivent accompagner la connaissance intellectuelle comme l'ombre suit le corps.
Deux vertus enrichissent en particulier l'âme du "véritable gnostique". La première est la liberté vis-à-vis des passions (apátheia); l'autre est l'amour, la véritable passion, qui assure l'union intime avec Dieu. L'amour donne la paix parfaite, et met le "véritable gnostique" en mesure d'affronter les plus grands sacrifices, même le sacrifice suprême, à la suite du Christ, et le fait monter degré après degré jusqu'au sommet des vertus. Ainsi, l'idéal éthique de la philosophie antique, c'est-à-dire la libération vis-à-vis des passions, est redéfini et conjugué avec amour par Clément, dans le processus incessant d'assimilation à Dieu.
De cette façon, l'Alexandrin crée la deuxième grande occasion de dialogue entre l'annonce chrétienne et la philosophie grecque. Nous savons que saint Paul à l'Aréopage, à Athènes, où Clément est né, avait effectué la première tentative de dialogue avec la philosophie grecque - qui avait été en grande partie un échec -, mais ils lui avaient dit: "Nous t'écouterons une autre fois". A présent, Clément reprend ce dialogue et l'ennoblit au plus haut degré dans la tradition philosophique grecque. Comme l'a écrit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II dans l'Encyclique Fides et ratio, Clément d'Alexandrie parvient à interpréter la philosophie comme "une instruction propédeutique à la foi chrétienne" (n. 38). Et, de fait, Clément est arrivé au point de soutenir que Dieu aurait donné la philosophie aux Grecs "comme un Testament qui leur est propre". Pour lui, la tradition philosophique grecque, presque comme la Loi pour les Juifs, est un lieu de "révélation", ce sont deux courants qui, en définitive, vont vers le Logos lui-même. Ainsi, Clément continue à indiquer avec décision le chemin de celui qui entend "donner raison" de sa propre foi en Jésus Christ. Il peut servir d'exemple aux chrétiens, aux catéchistes, aux théologiens de notre époque, à qui Jean-Paul II, dans la même Encyclique, recommandait de "reprendre et mettre en valeur le mieux possible la dimension métaphysique de la vérité afin d'entrer ainsi dans un dialogue critique et exigeant avec la pensée philosophique contemporaine".
Nous concluons, en faisant nôtres quelques expressions de la célèbre "prière au Christ Logos", avec laquelle Clément conclut son Pédagogue. Il supplie ainsi: "Sois propice à tes fils"; "Accorde-nous de vivre dans ta paix, d'être transférés dans ta ville, de traverser sans en être submergés les flux du péché, d'être transportés au calme auprès de l'Esprit Saint et de la Sagesse ineffable: nous qui, nuit et jour, jusqu'au dernier jour, chantons un chant d'action de grâce à l'unique Père,... au Fils pédagogue et maître, avec l'Esprit Saint. Amen!".
Saint Jean de Damas
Prêtre et docteur de l'Église
(† v. 749)
Arabe chrétien, de haute bourgeoisie, saint Jean de Damas (ou saint Jean Damascène) eut de hautes fonctions dans le califat de Damas (Syrie) et se fit connaître comme écrivain poète.
À cinquante ans, il se retira du monde et se fit moine à Saint-Sabas, entre Jérusalem et la mer Morte. Ordonné prêtre, il laissa de nombreux écrits théologiques. Il développa le culte des saintes icônes et chanta les louanges de l'Assomption. Il est fait docteur de l'Église par Léon XIII en 1890.
Catéchèse du pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Je voudrais parler aujourd'hui de Jean Damascène, un personnage de premier plan dans l'histoire de la théologie byzantine, un grand docteur dans l'histoire de l'Église universelle. Il représente surtout un témoin oculaire du passage de la culture chrétienne grecque et syriaque, commune à la partie orientale de l'Empire byzantin, à la culture de l'islam, qui s'est imposée grâce à ses conquêtes militaires sur le territoire reconnu habituellement comme le Moyen ou le Proche Orient. Jean, né dans une riche famille chrétienne, assuma encore jeune la charge - remplie déjà sans doute par son père - de responsable économique du califat. Mais très vite, insatisfait de la vie de la cour, il choisit la vie monastique, en entrant dans le monastère de Saint-Saba, près de Jérusalem. C'était aux environs de l'an 700. Ne s'éloignant jamais du monastère, il consacra toutes ses forces à l'ascèse et à l'activité littéraire, ne dédaignant pas une certaine activité pastorale, dont témoignent avant tout ses nombreuses Homélies. Sa mémoire liturgique est célébrée le 4 décembre. Le Pape Léon XIII le proclama docteur de l'Église universelle en 1890.
En Orient, on se souvient surtout de ses trois Discours pour légitimer la vénération des images sacrées, qui furent condamnés, après sa mort, par le Concile iconoclaste de Hiéria (754). Mais ces discours furent également le motif fondamental de sa réhabilitation et de sa canonisation de la part des Pères orthodoxes convoqués par le second Concile de Nicée (787), septième Concile œcuménique. Dans ces textes, il est possible de retrouver les premières tentatives théologiques importantes de légitimer la vénération des images sacrées, en les reliant au mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie.
Jean Damascène fut, en outre, parmi les premiers à distinguer, dans le culte public et privé des chrétiens, l'adoration (latreia) de la vénération (proskynesis): la première ne peut être adressée qu'à Dieu, suprêmement spirituel, la deuxième au contraire peut utiliser une image pour s'adresser à celui qui est représenté dans l'image même. Bien sûr, le saint ne peut en aucun cas être identifié avec la matière qui compose l'icône. Cette distinction se révéla immédiatement très importante pour répondre de façon chrétienne à ceux qui prétendaient universel et éternel l'observance de l'interdit sévère de l'Ancien Testament d'utiliser des images dans le culte. Tel était le grand débat également dans le monde islamique, qui accepte cette tradition juive de l'exclusion totale d'images dans le culte. Les chrétiens, en revanche, dans ce contexte, ont débattu du problème et trouvé la justification pour la vénération des images. Damascène écrit: "En d'autres temps, Dieu n'avait jamais été représenté en image, étant sans corps et sans visage. Mais à présent que Dieu a été vu dans sa chair et a vécu parmi les hommes, je représente ce qui est visible en Dieu. Je ne vénère pas la matière, mais le créateur de la matière, qui s'est fait matière pour moi et a daigné habiter dans la matière et opérer mon salut à travers la matière. Je ne cesserai donc pas de vénérer la matière à travers laquelle m'a été assuré le salut. Mais je ne la vénère absolument pas comme Dieu! Comment pourrait être Dieu ce qui a reçu l'existence à partir du non-être?... Mais je vénère et respecte également tout le reste de la matière qui m'a procuré le salut, car pleine d'énergie et de grâces saintes. Le bois de la croix trois fois bénie n'est-il pas matière? L'encre et le très saint livre des Évangiles ne sont-ils pas matière? L'autel salvifique qui nous donne le pain de vie n'est-il pas matière?.... Et, avant tout autre chose, la chair et le sang de mon Seigneur ne sont-ils pas matière? Ou bien tu dois supprimer le caractère sacré de toutes ces choses, ou bien tu dois accorder à la tradition de l'Église la vénération des images de Dieu et celle des amis de Dieu qui sont sanctifiés par le nom qu'ils portent, et qui, pour cette raison, sont habités par la grâce de l'Esprit Saint. N'offense donc pas la matière: celle-ci n'est pas méprisable; car rien de ce que Dieu a fait n'est méprisable". Nous voyons que, à cause de l'incarnation, la matière apparaît comme divinisée, elle est vue comme la demeure de Dieu. Il s'agit d'une nouvelle vision du monde et des réalités matérielles. Dieu s'est fait chair et la chair est devenue réellement demeure de Dieu, dont la gloire resplendit sur le visage humain du Christ. C'est pourquoi, les sollicitations du Docteur oriental sont aujourd'hui encore d'une très grande actualité, étant donnée la très grande dignité que la matière a reçue dans l'Incarnation, pouvant devenir, dans la foi, le signe et le sacrement efficace de la rencontre de l'homme avec Dieu. Jean Damascène reste donc un témoin privilégié du culte des icônes, qui deviendra l'un des aspects les plus caractéristiques de la théologie et de la spiritualité orientale jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit toutefois d'une forme de culte qui appartient simplement à la foi chrétienne, à la foi dans ce Dieu qui s'est fait chair et s'est rendu visible. L'enseignement de saint Jean Damascène s'inscrit ainsi dans la tradition de l'Église universelle, dont la doctrine sacramentelle prévoit que les éléments matériels issus de la nature peuvent devenir un instrument de grâce en vertu de l'invocation (epiclesis) de l'Esprit Saint, accompagnée par la confession de la foi véritable.
Jean Damascène met également en relation avec ces idées de fond la vénération des reliques des saints, sur la base de la conviction que les saints chrétiens, ayant participé de la résurrection du Christ, ne peuvent pas être considérés simplement comme des "morts". En énumérant, par exemple, ceux dont les reliques ou les images sont dignes de vénération, Jean précise dans son troisième discours en défense des images: "Tout d'abord (nous vénérons) ceux parmi lesquels Dieu s'est reposé, lui le seul saint qui se repose parmi les saints (cf. Is 57, 15), comme la sainte Mère de Dieu et tous les saints. Ce sont eux qui, autant que cela est possible, se sont rendus semblables à Dieu par leur volonté et, par l'inhabitation et l'aide de Dieu, sont dits réellement dieux (cf. Ps 82, 6), non par nature, mais par contingence, de même que le fer incandescent est appelé feu, non par nature mais par contingence et par participation du feu. Il dit en effet: Vous serez saint parce que je suis saint (Lv 19, 2)". Après une série de références de ce type, Jean Damascène pouvait donc déduire avec sérénité: "Dieu, qui est bon et supérieur à toute bonté, ne se contenta pas de la contemplation de lui-même, mais il voulut qu'il y ait des êtres destinataires de ses bienfaits, qui puissent participer de sa bonté: c'est pourquoi il créa du néant toutes les choses, visibles et invisibles, y compris l'homme, réalité visible et invisible. Et il le créa en pensant et en le réalisant comme un être capable de pensée (ennoema ergon) enrichi par la parole (logo[i] sympleroumenon) et orienté vers l'esprit (pneumati teleioumenon)". Et pour éclaircir ultérieurement sa pensée, il ajoute: "Il faut se laisser remplir d'étonnement (thaumazein) par toutes les œuvres de la providence (tes pronoias erga), les louer toutes et les accepter toutes, en surmontant la tentation de trouver en celles-ci des aspects qui, a beaucoup de personnes, semblent injustes ou iniques (adika), et en admettant en revanche que le projet de Dieu (pronoia) va au-delà des capacités cognitives et de compréhension (agnoston kai akatalepton) de l'homme, alors qu'au contraire lui seul connaît nos pensées, nos actions et même notre avenir". Du reste, Platon disait déjà que toute la philosophie commence avec l'émerveillement: notre foi aussi commence avec l'émerveillement de la création, de la beauté de Dieu qui se fait visible.
L'optimisme de la contemplation naturelle (physikè theoria), de cette manière de voir dans la création visible ce qui est bon, beau et vrai, cet optimisme chrétien n'est pas un optimisme naïf: il tient compte de la blessure infligée à la nature humaine par une liberté de choix voulue par Dieu et utilisée de manière impropre par l'homme, avec toutes les conséquences d'un manque d'harmonie diffus qui en ont dérivées. D'où l'exigence, clairement perçue par le théologien de Damas, que la nature dans laquelle se reflète la bonté et la beauté de Dieu, blessées par notre faute, "soit renforcée et renouvelée" par la descente du Fils de Dieu dans la chair, après que de nombreuses manières et en diverses occasions Dieu lui-même ait cherché à démontrer qu'il avait créé l'homme pour qu'il soit non seulement dans l'"être", mais dans le "bien-être". Avec un enthousiasme passionné, Jean explique: "Il était nécessaire que la nature soit renforcée et renouvelée et que soit indiquée et enseignée concrètement la voie de la vertu (didachthenai aretes hodòn), qui éloigne de la corruption et conduit à la vie éternelle... C'est ainsi qu'apparut à l'horizon de l'histoire la grande mer de l'amour de Dieu pour l'homme (philanthropias pelagos)...". C'est une belle expression. Nous voyons, d'une part, la beauté de la création et, de l'autre, la destruction accomplie par la faute humaine. Mais nous voyons dans le Fils de Dieu, qui descend pour renouveler la nature, la mer de l'amour de Dieu pour l'homme. Jean Damascène poursuit: " Lui-même, le Créateur et le Seigneur, lutta pour sa créature en lui transmettant à travers l'exemple son enseignement... Et ainsi, le Fils de Dieu, bien que subsistant dans la forme de Dieu, abaissa les cieux et descendit... auprès de ses serviteurs... en accomplissant la chose la plus nouvelle de toutes, l'unique chose vraiment nouvelle sous le soleil, à travers laquelle se manifesta de fait la puissance infinie de Dieu".
Nous pouvons imaginer le réconfort et la joie que diffusaient dans le cœur des fidèles ces paroles riches d'images si fascinantes. Nous les écoutons nous aussi, aujourd'hui, en partageant les mêmes sentiments que les chrétiens de l'époque: Dieu veut reposer en nous, il veut renouveler la nature également par l'intermédiaire de notre conversion, il veut nous faire participer de sa divinité. Que le Seigneur nous aide à faire de ces mots la substance de notre vie.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Samedi 5 décembre
Saint Sabas
Abbé
(439-531)
Sabas, né près de Césarée, en Cappadoce, de parents nobles et pieux, fut mis, à l'âge de cinq ans, sous la tutelle d'un oncle fort méchant ; il s'enfuit et se réfugia dans un couvent. C'était la Providence qui avait conduit ses pas ; il embrassa généreusement toutes les saintes rigueurs de la vie monastique. Dix ans plus tard, le désir de visiter les lieux sanctifiés par la vie mortelle du Sauveur le conduisit à Jérusalem. Ayant fait son pèlerinage, il résolut de se fixer au milieu des célèbres anachorètes de la Palestine et vécut jusqu'à l'âge de trente ans sous la direction du saint solitaire Théoctiste. Mais il lui semblait que Dieu demandait de lui davantage, et, croyant n'avoir encore rien fait, il s'enfonça dans la solitude voisine pour y vivre avec Dieu seul.
Renfermé dans une petite grotte, il y passait cinq jours de la semaine sans prendre aucune nourriture, uniquement appliqué à la prière, au chant des psaumes et au travail manuel. Chaque samedi, il apportait au monastère qu'il avait habité tous les paniers qu'il avait tressés, passait le dimanche avec ses frères et revenait à son ermitage. Plus tard, il se retira sur les bords du Jourdain, où le démon le tourmenta par des spectres horribles, des hurlements affreux, des menaces, des coups, et surtout des apparitions séduisantes. Le saint, armé de la prière, remporta autant de victoires qu'il eut à livrer de combats, jusqu'à décourager son redoutable ennemi.
Sabas, toujours poussé par le désir d'une solitude de plus en plus profonde, se retira sur des rochers abrupts ; il y établit, pour monter et pour descendre, un gros câble à nœuds qui lui servait de rampe. Il lui fallait aller chercher de l'eau à deux lieues de là et la monter sur ses épaules. Sa nourriture consistait uniquement en racines sauvages ; mais, en revanche Dieu nourrissait son âme de l'abondance de ses consolations.
Sabas fut découvert par la vue de la corde qui pendait du rocher, et dès lors sa solitude se changea en affluence énorme de pèlerins qui venaient lui demander communication des biens célestes dont il était rempli. Beaucoup demeuraient ses disciples, et il groupa dans la vallée un grand nombre de petites cellules pour les recevoir. De grands saints, attirés par la renommée de ses vertus, vinrent eux-mêmes le visiter. Il s'arrachait parfois à sa solitude, quand la gloire de Dieu le demandait, et plusieurs fois la cour de Constantinople fut édifiée de ses vertus.
Bx Filippo Rinaldi (1856-1931)
Prêtre s.d.b. et 3ème successeur de don Bosco
Philippe Rinaldi, né le 28 mai 1856 à Lu Monferrato (Alessandria), fut conquis, à vingt et un an, par don Bosco.
Devenu prêtre, il reçut la charge de former aspirants et novices. Don Michele Rua l’envoya en 1889 comme Directeur à Sarriá en Espagne ; appelé ensuite à être Provincial, il contribua de façon décisive au développement de l’Espagne salésienne.
Nommé Vicaire Général de la Congrégation, il révéla encore davantage ses dons de père et la richesse de ses initiatives : soin des vocations ; formation de centres d’assistance spirituelle et sociale pour les jeunes ouvrières ; guide et soutien pour les Filles de Marie Auxiliatrice en un moment particulier de leur histoire.
Il donna une grande impulsion aux Coopérateurs ; il institua les Fédérations mondiales des anciens élèves hommes et femmes.
Travaillant avec les Zélatrices de Marie Auxiliatrice, il comprit et parcourut un chemin qui l’amena à créer une nouvelle forme de vie consacrée dans le monde, qui fleurirait ensuite dans l`Institut séculier des « Volontaires de Don Bosco ».
Élu Recteur majeur en 1922, il employa toutes ses énergies pour adapter l’esprit de Don Bosco aux temps nouveaux. « Au P. Rinaldi il ne manque que la voix de D. Bosco, il a tout le reste » disait le Père Francesia.
Versé en salésianité et maître de vie spirituelle, il ranima la vie intérieure des Salésiens, la confiance absolue en Dieu, la confiance en la Vierge Auxiliatrice ; il demanda à Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) l`indulgence du travail sanctifié ; il prit un grand soin des missions en envoyant de nombreux jeunes apprendre la langue et les coutumes en vue d’une évangélisation plus efficace.
Il est mort le 5 décembre 1931. Sa dépouille est vénérée dans la crypte de la Basilique de Marie Auxiliatrice. Sa mémoire se célèbre le 5 décembre.
Filippo Rinaldi a été béatifié, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 29 avril 1990, à Turin sur la place de la Basilique de Marie Auxiliatrice.
Saint Sabas
Abbé
(439-531)
Sabas, né près de Césarée, en Cappadoce, de parents nobles et pieux, fut mis, à l'âge de cinq ans, sous la tutelle d'un oncle fort méchant ; il s'enfuit et se réfugia dans un couvent. C'était la Providence qui avait conduit ses pas ; il embrassa généreusement toutes les saintes rigueurs de la vie monastique. Dix ans plus tard, le désir de visiter les lieux sanctifiés par la vie mortelle du Sauveur le conduisit à Jérusalem. Ayant fait son pèlerinage, il résolut de se fixer au milieu des célèbres anachorètes de la Palestine et vécut jusqu'à l'âge de trente ans sous la direction du saint solitaire Théoctiste. Mais il lui semblait que Dieu demandait de lui davantage, et, croyant n'avoir encore rien fait, il s'enfonça dans la solitude voisine pour y vivre avec Dieu seul.
Renfermé dans une petite grotte, il y passait cinq jours de la semaine sans prendre aucune nourriture, uniquement appliqué à la prière, au chant des psaumes et au travail manuel. Chaque samedi, il apportait au monastère qu'il avait habité tous les paniers qu'il avait tressés, passait le dimanche avec ses frères et revenait à son ermitage. Plus tard, il se retira sur les bords du Jourdain, où le démon le tourmenta par des spectres horribles, des hurlements affreux, des menaces, des coups, et surtout des apparitions séduisantes. Le saint, armé de la prière, remporta autant de victoires qu'il eut à livrer de combats, jusqu'à décourager son redoutable ennemi.
Sabas, toujours poussé par le désir d'une solitude de plus en plus profonde, se retira sur des rochers abrupts ; il y établit, pour monter et pour descendre, un gros câble à nœuds qui lui servait de rampe. Il lui fallait aller chercher de l'eau à deux lieues de là et la monter sur ses épaules. Sa nourriture consistait uniquement en racines sauvages ; mais, en revanche Dieu nourrissait son âme de l'abondance de ses consolations.
Sabas fut découvert par la vue de la corde qui pendait du rocher, et dès lors sa solitude se changea en affluence énorme de pèlerins qui venaient lui demander communication des biens célestes dont il était rempli. Beaucoup demeuraient ses disciples, et il groupa dans la vallée un grand nombre de petites cellules pour les recevoir. De grands saints, attirés par la renommée de ses vertus, vinrent eux-mêmes le visiter. Il s'arrachait parfois à sa solitude, quand la gloire de Dieu le demandait, et plusieurs fois la cour de Constantinople fut édifiée de ses vertus.
Bx Filippo Rinaldi (1856-1931)
Prêtre s.d.b. et 3ème successeur de don Bosco
Philippe Rinaldi, né le 28 mai 1856 à Lu Monferrato (Alessandria), fut conquis, à vingt et un an, par don Bosco.
Devenu prêtre, il reçut la charge de former aspirants et novices. Don Michele Rua l’envoya en 1889 comme Directeur à Sarriá en Espagne ; appelé ensuite à être Provincial, il contribua de façon décisive au développement de l’Espagne salésienne.
Nommé Vicaire Général de la Congrégation, il révéla encore davantage ses dons de père et la richesse de ses initiatives : soin des vocations ; formation de centres d’assistance spirituelle et sociale pour les jeunes ouvrières ; guide et soutien pour les Filles de Marie Auxiliatrice en un moment particulier de leur histoire.
Il donna une grande impulsion aux Coopérateurs ; il institua les Fédérations mondiales des anciens élèves hommes et femmes.
Travaillant avec les Zélatrices de Marie Auxiliatrice, il comprit et parcourut un chemin qui l’amena à créer une nouvelle forme de vie consacrée dans le monde, qui fleurirait ensuite dans l`Institut séculier des « Volontaires de Don Bosco ».
Élu Recteur majeur en 1922, il employa toutes ses énergies pour adapter l’esprit de Don Bosco aux temps nouveaux. « Au P. Rinaldi il ne manque que la voix de D. Bosco, il a tout le reste » disait le Père Francesia.
Versé en salésianité et maître de vie spirituelle, il ranima la vie intérieure des Salésiens, la confiance absolue en Dieu, la confiance en la Vierge Auxiliatrice ; il demanda à Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) l`indulgence du travail sanctifié ; il prit un grand soin des missions en envoyant de nombreux jeunes apprendre la langue et les coutumes en vue d’une évangélisation plus efficace.
Il est mort le 5 décembre 1931. Sa dépouille est vénérée dans la crypte de la Basilique de Marie Auxiliatrice. Sa mémoire se célèbre le 5 décembre.
Filippo Rinaldi a été béatifié, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 29 avril 1990, à Turin sur la place de la Basilique de Marie Auxiliatrice.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Dimanche le 6 décembre
Saint Nicolas
Archevêque de Myre
(† 324)
Nicolas, né probablement à Patare, en Lycie, en Asie mineure (actuelle Turquie) entre le 260 et 280, fut le fruit des prières de ses pieux parents.
Il eut l'esprit ouvert aux choses divines dès sa plus petite enfance ; à peine sut-il manger, qu'il sut jeûner. Il avait un oncle évêque, qui, voyant avec admiration les vertus de Nicolas, l'ordonna prêtre dès qu'il eut l'âge requis et fit de lui cette prédiction : « Il sera la consolation des affligés, le sauveur des âmes en péril, le bon pasteur qui rassemble ses brebis égarées au bercail de Jésus-Christ. »
Une de ses premières œuvres fut de sauver l'honneur de trois filles exposées à la perte de leur vertu ; il les dota toutes, l'une après l'autre, et il le fit si discrètement, que c'est à la fin seulement que le père, touché d'admiration, surprit la main du bienfaiteur.
Après un pèlerinage aux lieux saints, Nicolas se retira à Myre, espérant échapper aux honneurs qu'il voulait éviter avec tant de soin, et à la mort de l'évêque de Myre, qui arriva peu de temps après, il fut élu pour lui succéder. Dès lors il s'appliqua à devenir le modèle de son troupeau. Il ne mangea plus qu'une fois le jour, et jamais de viande ; il faisait toujours lire à sa table quelque livre de la Sainte Écriture ; ses nuits se passaient en oraison, et la terre dure était sa couche pour le peu de repos qu'il prenait. Levé avant le jour, il réveillait ses clercs pour chanter des hymnes et des psaumes ; aussitôt le soleil paru, il allait à l'église et employait le reste du jour à ses diverses fonctions pastorales.
Nicolas, sous la persécution de Dioclétien, fut jeté dans un cachot et mis à la torture ; mais on n'osa pas le faire mourir, par peur de la vengeance de son peuple.
Peu de saints ont opéré de plus nombreux et de plus éclatants miracles. Tantôt il apparaît à Constantin pendant la nuit, pour lui ordonner de mettre en liberté trois innocents qui doivent être exécutés le lendemain ; tantôt il se montre, en pleine tempête, à des matelots en danger qui l'ont appelé à leur secours. Il est surtout légendaire entre mille, le miracle de la résurrection de trois enfants tués par un boucher et hachés menu, pour être mêlés à la viande de son commerce.
On l'honore comme le patron des écoliers.
Bienheureux János Scheffler
Évêque roumain de Satu Mare
martyr du communisme
J
anos Scheffler naît en 1887 à Kalmand, alors situé en Hongrie, dans une famille de paysans pauvres. Après ses études de séminaire il fut ordonné en 1910 et envoyé à Rome pour se spécialiser dans le Droit Canon. En 1942, il fut nommé évêque de Satmar, dont le nom a été changé en Satu Mare à la fin de la Première Guerre Mondiale, lorsque la ville a été incluse dans le territoire Roumain.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, il a aidé de nombreux réfugiés à fuir les horreurs de la guerre ; il était connu pour porter assistance à la population juive du diocèse qui se trouvait le plus gravement en danger.
Lorsqu’à la fin de la guerre le régime communiste s’efforça d’instituer une église fidèle au régime et schismatique à l’égard de Rome, Mgr Scheffler s’y opposa ; il fut arrêté et traduit en justice. Condamné aux travaux forcés dans un camp de prisonniers, il meurt, le 6 décembre 1952, des tortures qu’on lui faisait endurer, en priant et en pardonnant à ses assassins.
Le 3 juillet 2011, une cérémonie de béatification a eu lieu à Satu Mare, Transylvanie, Roumanie. La messe solennelle était présidée par le Cardinal Peter Erdo, évêque de Hongrie, et par le Cardinal Angelo Amato, Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013).
Saint Nicolas
Archevêque de Myre
(† 324)
Nicolas, né probablement à Patare, en Lycie, en Asie mineure (actuelle Turquie) entre le 260 et 280, fut le fruit des prières de ses pieux parents.
Il eut l'esprit ouvert aux choses divines dès sa plus petite enfance ; à peine sut-il manger, qu'il sut jeûner. Il avait un oncle évêque, qui, voyant avec admiration les vertus de Nicolas, l'ordonna prêtre dès qu'il eut l'âge requis et fit de lui cette prédiction : « Il sera la consolation des affligés, le sauveur des âmes en péril, le bon pasteur qui rassemble ses brebis égarées au bercail de Jésus-Christ. »
Une de ses premières œuvres fut de sauver l'honneur de trois filles exposées à la perte de leur vertu ; il les dota toutes, l'une après l'autre, et il le fit si discrètement, que c'est à la fin seulement que le père, touché d'admiration, surprit la main du bienfaiteur.
Après un pèlerinage aux lieux saints, Nicolas se retira à Myre, espérant échapper aux honneurs qu'il voulait éviter avec tant de soin, et à la mort de l'évêque de Myre, qui arriva peu de temps après, il fut élu pour lui succéder. Dès lors il s'appliqua à devenir le modèle de son troupeau. Il ne mangea plus qu'une fois le jour, et jamais de viande ; il faisait toujours lire à sa table quelque livre de la Sainte Écriture ; ses nuits se passaient en oraison, et la terre dure était sa couche pour le peu de repos qu'il prenait. Levé avant le jour, il réveillait ses clercs pour chanter des hymnes et des psaumes ; aussitôt le soleil paru, il allait à l'église et employait le reste du jour à ses diverses fonctions pastorales.
Nicolas, sous la persécution de Dioclétien, fut jeté dans un cachot et mis à la torture ; mais on n'osa pas le faire mourir, par peur de la vengeance de son peuple.
Peu de saints ont opéré de plus nombreux et de plus éclatants miracles. Tantôt il apparaît à Constantin pendant la nuit, pour lui ordonner de mettre en liberté trois innocents qui doivent être exécutés le lendemain ; tantôt il se montre, en pleine tempête, à des matelots en danger qui l'ont appelé à leur secours. Il est surtout légendaire entre mille, le miracle de la résurrection de trois enfants tués par un boucher et hachés menu, pour être mêlés à la viande de son commerce.
On l'honore comme le patron des écoliers.
Bienheureux János Scheffler
Évêque roumain de Satu Mare
martyr du communisme
J
anos Scheffler naît en 1887 à Kalmand, alors situé en Hongrie, dans une famille de paysans pauvres. Après ses études de séminaire il fut ordonné en 1910 et envoyé à Rome pour se spécialiser dans le Droit Canon. En 1942, il fut nommé évêque de Satmar, dont le nom a été changé en Satu Mare à la fin de la Première Guerre Mondiale, lorsque la ville a été incluse dans le territoire Roumain.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, il a aidé de nombreux réfugiés à fuir les horreurs de la guerre ; il était connu pour porter assistance à la population juive du diocèse qui se trouvait le plus gravement en danger.
Lorsqu’à la fin de la guerre le régime communiste s’efforça d’instituer une église fidèle au régime et schismatique à l’égard de Rome, Mgr Scheffler s’y opposa ; il fut arrêté et traduit en justice. Condamné aux travaux forcés dans un camp de prisonniers, il meurt, le 6 décembre 1952, des tortures qu’on lui faisait endurer, en priant et en pardonnant à ses assassins.
Le 3 juillet 2011, une cérémonie de béatification a eu lieu à Satu Mare, Transylvanie, Roumanie. La messe solennelle était présidée par le Cardinal Peter Erdo, évêque de Hongrie, et par le Cardinal Angelo Amato, Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Lundi le 7 décembre
Saint Ambroise 397
Évêque de Milan et Docteur de l'Église
Ambroise naît vers 340 à Trèves (Allemagne) où son père était préfet du prétoire pour les Gaules.
A la mort de son père, sa mère, qui était une pieuse chrétienne, alla habiter Rome avec ses trois enfants. Après des études classiques et juridiques, Ambroise parcourut rapidement une brillante carrière administrative. Ses plaidoiries ayant attiré sur lui l’attention, le préfet du prétoire de Valentinien Ier le nomma gouverneur de l’Émilie et de Ligurie, en résidence à Milan, avec le titre consulaire (374).
L'évêque légitime de Milan, saint Denis, était mort en exil, et l'intrus arien Auxence, qui venait de mourir, avait, durant près de vingt ans, opprimé les catholiques.
Survenant, comme un pacificateur, dans une élection épiscopale que des divergences tumultueuses rendaient difficile, Ambroise, quoique simple catéchumène, sur le cri d’un enfant, fut acclamé évêque et malgré ses résistances, ne put se dérober à une charge aussi lourde qu’imprévue. Les évêques d’Italie et l’Empereur donnèrent leur approbation au choix du peuple de Milan. Ambroise fut baptisé et, huit jours plus tard, fut consacré évêque (7 décembre 374).
On sait comment le nouvel évêque comprit la mission qu'il avait reçue d'une manière si providentielle. Ambroise fut le fléau des ariens et le vaillant défenseur de la vraie foi. Parmi toutes ses vertus, l'énergie, une fermeté tout apostolique, semble avoir été la principale.
Un jour on vient lui apporter un ordre injuste signé par l'empereur Valentinien : « Allez dire à votre maître, répondit Ambroise, qu'un évêque ne livrera jamais le temple de Dieu. »
Bientôt il apprend que les hérétiques ariens, soutenus par l'autorité, vont s'emparer de deux basiliques : « Allez, s'écria Ambroise du haut de la chaire sacrée, dire aux violateurs des temples saints que l'évêque de Milan excommunie tous ceux qui prendront part au sacrilège.»
Le fait le plus célèbre, c'est le châtiment qu'il osa imposer à l'empereur Théodose. Ce prince, les mains encore souillées du sang versé au massacre de Thessalonique, se présente au seuil du temple. Ambroise est là : « Arrêtez, lui dit-il ; imitateur de David dans son crime, imitez-le dans sa pénitence. »
Saint Ambroise fut un grand évêque, un savant docteur, un orateur éloquent, un homme de haute sainteté. Il meurt à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397 ; c'était l'aube du Samedi Saint.
Catéchèse du Pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Le saint Evêque Ambroise - dont je vous parlerai aujourd'hui - mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397. C'était l'aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l'après-midi, il s'était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. "Nous voyions ses lèvres bouger", atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l'invitation d'Augustin, écrivit sa Vie, "mais nous n'entendions pas sa voix". Tout d'un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Evêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l'étage supérieur, fut réveillé par une voix qui lui disait: "Lève-toi, vite! Ambroise va mourir...". Honoré descendit en hâte - poursuit Paulin - "et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l'eut-il pris et avalé, Ambroise rendit l'âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges" (Vie 47). En ce Vendredi Saint de l'an 397, les bras ouverts d'Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C'était sa dernière catéchèse: dans le silence des mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie.
Ambroise n'était pas vieux lorsqu'il mourut. Il n'avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu'il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l'Emilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C'est précisément en ce lieu que faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l'Evêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son autorité fut telle que, bien que n'étant qu'un simple catéchumène, il fut acclamé Evêque de Milan par le peuple.
Jusqu'à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l'Empire dans l'Italie du Nord. Culturellement très préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l'approche des Ecritures, le nouvel Evêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d'Origène, le maître incontesté de l'"école alexandrine". De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d'Ambroise, qui naissent précisément de l'écoute orante de la Parole de Dieu. Un célèbre préambule d'une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Evêque appliquait l'Ancien Testament à la vie chrétienne: "Lorsque nous lisions les histoires des Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale - dit l'Evêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes - afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l'obéissance aux préceptes divins" (Les mystères, 1, 1). En d'autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon l'Evêque, après avoir appris l'art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d'Ambroise - qui représente le noyau fondamental de son immense œuvre littéraire - part de la lecture des Livres saints ("les Patriarches", c'est-à-dire les Livres historiques, et "les Proverbes", c'est-à-dire les Livres sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine.
Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d'exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l'efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique; il était sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n'était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu'il les appréciât) d'Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l'Evêque et de son Eglise milanaise, qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Eglise capable de résister aux violences de l'empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l'année 386, avaient recommencé à prétendre la réquisition d'un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l'édifice qui devait être réquisitionné - raconte Augustin - "le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Evêque". Ce témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d'Augustin, qui poursuit: "Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous participions à l'excitation du peuple tout entier" (Confessions 9, 7).
Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l'exemple de l'Evêque Ambroise. Nous pouvons nous référer à un célèbre sermon de l'Africain, qui mérita d'être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum: "C'est pourquoi - avertit en effet Dei Verbum au n. 25 - tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Ecritures, de peur que l'un d'eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui"". Il avait appris précisément d'Ambroise cette "écoute au-dedans", cette assiduité dans la lecture des Saintes Ecritures, dans une attitude priante, de façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l'assimiler.
Chers frères et sœurs, je voudrais vous proposer encore une sorte d'"icône patristique", qui, interprétée à la lumière de ce que nous avons dit, représente efficacement "le cœur" de la doctrine ambrosienne. Dans son sixième livre des Confessions, Augustin raconte sa rencontre avec Ambroise, une rencontre sans aucun doute d'une grande importance dans l'histoire de l'Eglise. Il écrit textuellement que, lorsqu'il se rendait chez l'Evêque de Milan, il le trouvait régulièrement occupé par des catervae de personnes chargées de problèmes, pour les nécessités desquelles il se prodiguait; il y avait toujours une longue file qui attendait de pouvoir parler avec Ambroise, pour chercher auprès de lui le réconfort et l'espérance. Lorsqu'Ambroise n'était pas avec eux, avec les personnes, (et cela ne se produisait que très rarement), il restaurait son corps avec la nourriture nécessaire, ou nourrissait son esprit avec des lectures. Ici, Augustin s'émerveille, car Ambroise lisait l'Ecriture en gardant la bouche close, uniquement avec les yeux (cf. Confess. 6, 3). De fait, au cours des premiers siècles chrétiens la lecture était strictement conçue dans le but de la proclamation, et lire à haute voix facilitait également la compréhension de celui qui lisait. Le fait qu'Ambroise puisse parcourir les pages uniquement avec les yeux, révèle à un Augustin admiratif une capacité singulière de lecture et de familiarité avec les Ecritures. Et bien, dans cette "lecture du bout des lèvres", où le cœur s'applique à parvenir à la compréhension de la Parole de Dieu - voici "l'icône" dont nous parlons -, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne: c'est l'Ecriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus à annoncer pour conduire à la conversion des cœurs.
Ainsi, selon le magistère d'Ambroise et d'Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que j'ai écrit dans l'Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d'apparaître comme une sorte de clown, qui récite un rôle "par profession". Il doit plutôt être - pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise - comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d'agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l'Evangile de la manière la plus crédible et efficace.
Comme l'Apôtre Jean, l'Evêque Ambroise - qui ne se lassait jamais de répéter: "Omnia Christus est nobis!; le Christ est tout pour nous!" - demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d'amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse: "Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l'iniquité, il est la justice; si tu as besoin d'aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière... Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon: bienheureux l'homme qui espère en lui!" (De virginitate, 16, 99). Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix.
Saint Charles Garnier (1606-1649)
Prêtre s.j. et martyr au Canada
Surnommé Ouracha par les Indiens
Charles Garnier naît à Paris en 1606 et baptisé à la paroisse Saint-Gervais le 25 mai.
Il était le second fils de Jean Garnier, sous-secrétaire du cabinet d’Henri III puis maître des comptes en Normandie, et d’Anne de Garault, issue d’une famille noble d’Orléans.
Après avoir fréquenté le collège de Clermont, à Paris, dirigé par les Jésuites, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1624.
Ordonné prêtre en 1635, il fut désigné pour les missions de la Nouvelle-France et débarqua à Québec en même temps que le gouverneur Huault de Montmagny, le 11 juin 1636. Dès le mois de juillet, accompagné du père Pierre Chastellain, il gagna le pays des Hurons. Arrivé dans la baie Georgienne, il est surnommé Ouracha par les Hurons, car sa venue coïncide avec la fin d'une longue période de sécheresse.
En 1639 et 1640, il passa l’hiver chez les Pétuns qu’il tenta vainement de convertir. De 1641 à 1646, Garnier fut employé à la mission de Saint-Joseph de Téanaostaiaé, auprès du clan de la Corde. Enfin, à l’automne de 1646, il fut de nouveau envoyé auprès des Pétuns, sur les bords de la baie Georgienne, et y fonda une mission florissante cette fois ; c’est là qu’il trouva la mort, lors de la destruction de la Huronie. Frappé par balles sur la poitrine et l'abdomen par les Iroquois dans l’assaut du village de Saint-Jean, le 7 décembre 1649, son dernier geste fut d'absoudre un Indien qui mourait auprès de lui, après quoi il reçut un coup de tomahawk sur la tête. On retrouva son corps à quelques pas des ruines de sa chapelle.
Il avait une grande dévotion pour la Vierge Immaculée et son martyre a lieu la veille de la fête de l'Immaculée Conception (8 décembre). Les lettres qu'il écrivit à son frère, un frère carme, révèlent sa sainteté.
Charles Garnier et 7 sept autres missionnaires jésuites, ont été béatifiés le 21 juin 1925 et canonisés le 29 juin 1930, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939).
Le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) a déclaré les saints martyrs canadiens, Patrons secondaires du Canada.
La célébration liturgique des 8 saints martyrs canadiens a lieu le 26 septembre au Canada (solennité) et le 19 octobre dans l'Église universelle.
Saint Ambroise 397
Évêque de Milan et Docteur de l'Église
Ambroise naît vers 340 à Trèves (Allemagne) où son père était préfet du prétoire pour les Gaules.
A la mort de son père, sa mère, qui était une pieuse chrétienne, alla habiter Rome avec ses trois enfants. Après des études classiques et juridiques, Ambroise parcourut rapidement une brillante carrière administrative. Ses plaidoiries ayant attiré sur lui l’attention, le préfet du prétoire de Valentinien Ier le nomma gouverneur de l’Émilie et de Ligurie, en résidence à Milan, avec le titre consulaire (374).
L'évêque légitime de Milan, saint Denis, était mort en exil, et l'intrus arien Auxence, qui venait de mourir, avait, durant près de vingt ans, opprimé les catholiques.
Survenant, comme un pacificateur, dans une élection épiscopale que des divergences tumultueuses rendaient difficile, Ambroise, quoique simple catéchumène, sur le cri d’un enfant, fut acclamé évêque et malgré ses résistances, ne put se dérober à une charge aussi lourde qu’imprévue. Les évêques d’Italie et l’Empereur donnèrent leur approbation au choix du peuple de Milan. Ambroise fut baptisé et, huit jours plus tard, fut consacré évêque (7 décembre 374).
On sait comment le nouvel évêque comprit la mission qu'il avait reçue d'une manière si providentielle. Ambroise fut le fléau des ariens et le vaillant défenseur de la vraie foi. Parmi toutes ses vertus, l'énergie, une fermeté tout apostolique, semble avoir été la principale.
Un jour on vient lui apporter un ordre injuste signé par l'empereur Valentinien : « Allez dire à votre maître, répondit Ambroise, qu'un évêque ne livrera jamais le temple de Dieu. »
Bientôt il apprend que les hérétiques ariens, soutenus par l'autorité, vont s'emparer de deux basiliques : « Allez, s'écria Ambroise du haut de la chaire sacrée, dire aux violateurs des temples saints que l'évêque de Milan excommunie tous ceux qui prendront part au sacrilège.»
Le fait le plus célèbre, c'est le châtiment qu'il osa imposer à l'empereur Théodose. Ce prince, les mains encore souillées du sang versé au massacre de Thessalonique, se présente au seuil du temple. Ambroise est là : « Arrêtez, lui dit-il ; imitateur de David dans son crime, imitez-le dans sa pénitence. »
Saint Ambroise fut un grand évêque, un savant docteur, un orateur éloquent, un homme de haute sainteté. Il meurt à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397 ; c'était l'aube du Samedi Saint.
Catéchèse du Pape Benoît XVI:
Chers frères et sœurs,
Le saint Evêque Ambroise - dont je vous parlerai aujourd'hui - mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397. C'était l'aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l'après-midi, il s'était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. "Nous voyions ses lèvres bouger", atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l'invitation d'Augustin, écrivit sa Vie, "mais nous n'entendions pas sa voix". Tout d'un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Evêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l'étage supérieur, fut réveillé par une voix qui lui disait: "Lève-toi, vite! Ambroise va mourir...". Honoré descendit en hâte - poursuit Paulin - "et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l'eut-il pris et avalé, Ambroise rendit l'âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges" (Vie 47). En ce Vendredi Saint de l'an 397, les bras ouverts d'Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C'était sa dernière catéchèse: dans le silence des mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie.
Ambroise n'était pas vieux lorsqu'il mourut. Il n'avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu'il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l'Emilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C'est précisément en ce lieu que faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l'Evêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son autorité fut telle que, bien que n'étant qu'un simple catéchumène, il fut acclamé Evêque de Milan par le peuple.
Jusqu'à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l'Empire dans l'Italie du Nord. Culturellement très préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l'approche des Ecritures, le nouvel Evêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d'Origène, le maître incontesté de l'"école alexandrine". De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d'Ambroise, qui naissent précisément de l'écoute orante de la Parole de Dieu. Un célèbre préambule d'une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Evêque appliquait l'Ancien Testament à la vie chrétienne: "Lorsque nous lisions les histoires des Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale - dit l'Evêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes - afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l'obéissance aux préceptes divins" (Les mystères, 1, 1). En d'autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon l'Evêque, après avoir appris l'art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d'Ambroise - qui représente le noyau fondamental de son immense œuvre littéraire - part de la lecture des Livres saints ("les Patriarches", c'est-à-dire les Livres historiques, et "les Proverbes", c'est-à-dire les Livres sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine.
Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d'exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l'efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique; il était sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n'était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu'il les appréciât) d'Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l'Evêque et de son Eglise milanaise, qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Eglise capable de résister aux violences de l'empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l'année 386, avaient recommencé à prétendre la réquisition d'un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l'édifice qui devait être réquisitionné - raconte Augustin - "le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Evêque". Ce témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d'Augustin, qui poursuit: "Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous participions à l'excitation du peuple tout entier" (Confessions 9, 7).
Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l'exemple de l'Evêque Ambroise. Nous pouvons nous référer à un célèbre sermon de l'Africain, qui mérita d'être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum: "C'est pourquoi - avertit en effet Dei Verbum au n. 25 - tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Ecritures, de peur que l'un d'eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui"". Il avait appris précisément d'Ambroise cette "écoute au-dedans", cette assiduité dans la lecture des Saintes Ecritures, dans une attitude priante, de façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l'assimiler.
Chers frères et sœurs, je voudrais vous proposer encore une sorte d'"icône patristique", qui, interprétée à la lumière de ce que nous avons dit, représente efficacement "le cœur" de la doctrine ambrosienne. Dans son sixième livre des Confessions, Augustin raconte sa rencontre avec Ambroise, une rencontre sans aucun doute d'une grande importance dans l'histoire de l'Eglise. Il écrit textuellement que, lorsqu'il se rendait chez l'Evêque de Milan, il le trouvait régulièrement occupé par des catervae de personnes chargées de problèmes, pour les nécessités desquelles il se prodiguait; il y avait toujours une longue file qui attendait de pouvoir parler avec Ambroise, pour chercher auprès de lui le réconfort et l'espérance. Lorsqu'Ambroise n'était pas avec eux, avec les personnes, (et cela ne se produisait que très rarement), il restaurait son corps avec la nourriture nécessaire, ou nourrissait son esprit avec des lectures. Ici, Augustin s'émerveille, car Ambroise lisait l'Ecriture en gardant la bouche close, uniquement avec les yeux (cf. Confess. 6, 3). De fait, au cours des premiers siècles chrétiens la lecture était strictement conçue dans le but de la proclamation, et lire à haute voix facilitait également la compréhension de celui qui lisait. Le fait qu'Ambroise puisse parcourir les pages uniquement avec les yeux, révèle à un Augustin admiratif une capacité singulière de lecture et de familiarité avec les Ecritures. Et bien, dans cette "lecture du bout des lèvres", où le cœur s'applique à parvenir à la compréhension de la Parole de Dieu - voici "l'icône" dont nous parlons -, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne: c'est l'Ecriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus à annoncer pour conduire à la conversion des cœurs.
Ainsi, selon le magistère d'Ambroise et d'Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que j'ai écrit dans l'Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d'apparaître comme une sorte de clown, qui récite un rôle "par profession". Il doit plutôt être - pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise - comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d'agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l'Evangile de la manière la plus crédible et efficace.
Comme l'Apôtre Jean, l'Evêque Ambroise - qui ne se lassait jamais de répéter: "Omnia Christus est nobis!; le Christ est tout pour nous!" - demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d'amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse: "Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l'iniquité, il est la justice; si tu as besoin d'aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière... Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon: bienheureux l'homme qui espère en lui!" (De virginitate, 16, 99). Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix.
Saint Charles Garnier (1606-1649)
Prêtre s.j. et martyr au Canada
Surnommé Ouracha par les Indiens
Charles Garnier naît à Paris en 1606 et baptisé à la paroisse Saint-Gervais le 25 mai.
Il était le second fils de Jean Garnier, sous-secrétaire du cabinet d’Henri III puis maître des comptes en Normandie, et d’Anne de Garault, issue d’une famille noble d’Orléans.
Après avoir fréquenté le collège de Clermont, à Paris, dirigé par les Jésuites, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1624.
Ordonné prêtre en 1635, il fut désigné pour les missions de la Nouvelle-France et débarqua à Québec en même temps que le gouverneur Huault de Montmagny, le 11 juin 1636. Dès le mois de juillet, accompagné du père Pierre Chastellain, il gagna le pays des Hurons. Arrivé dans la baie Georgienne, il est surnommé Ouracha par les Hurons, car sa venue coïncide avec la fin d'une longue période de sécheresse.
En 1639 et 1640, il passa l’hiver chez les Pétuns qu’il tenta vainement de convertir. De 1641 à 1646, Garnier fut employé à la mission de Saint-Joseph de Téanaostaiaé, auprès du clan de la Corde. Enfin, à l’automne de 1646, il fut de nouveau envoyé auprès des Pétuns, sur les bords de la baie Georgienne, et y fonda une mission florissante cette fois ; c’est là qu’il trouva la mort, lors de la destruction de la Huronie. Frappé par balles sur la poitrine et l'abdomen par les Iroquois dans l’assaut du village de Saint-Jean, le 7 décembre 1649, son dernier geste fut d'absoudre un Indien qui mourait auprès de lui, après quoi il reçut un coup de tomahawk sur la tête. On retrouva son corps à quelques pas des ruines de sa chapelle.
Il avait une grande dévotion pour la Vierge Immaculée et son martyre a lieu la veille de la fête de l'Immaculée Conception (8 décembre). Les lettres qu'il écrivit à son frère, un frère carme, révèlent sa sainteté.
Charles Garnier et 7 sept autres missionnaires jésuites, ont été béatifiés le 21 juin 1925 et canonisés le 29 juin 1930, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939).
Le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) a déclaré les saints martyrs canadiens, Patrons secondaires du Canada.
La célébration liturgique des 8 saints martyrs canadiens a lieu le 26 septembre au Canada (solennité) et le 19 octobre dans l'Église universelle.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Mardi le 8 décembre
Solennité de l'Immaculée Conception
Homélie de saint Jean-Paul II
(Mercredi 8 décembre 2004)
1. « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc 1, 28).
À travers ces paroles de l'Archange Gabriel, nous nous adressons à la Vierge Marie plusieurs fois par jour. Nous les répétons aujourd'hui avec une joie fervente, en la solennité de l'Immaculée Conception, en rappelant la date du 8 décembre 1854, lorsque le bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) proclama cet admirable dogme de la foi catholique précisément dans cette Basilique vaticane. [...]
2. Combien est grand le mystère de l'Immaculée Conception, que nous présente la liturgie d'aujourd'hui ! Un mystère qui ne cesse d'attirer la contemplation des croyants et qui inspire la réflexion des théologiens. Le thème du Congrès qui vient d'être rappelé -« Marie de Nazareth accueille le Fils de Dieu dans l'histoire »- a permis un approfondissement de la doctrine de la conception immaculée de Marie comme présupposé pour l'accueil en son sein virginal du Verbe de Dieu incarné, Sauveur du genre humain.
« Pleine de grâce », « κεχαριτωμενη » : c'est à travers cette appellation, selon l'original en grec de l'Évangile de Luc, que l'Ange s'adresse à Marie. Tel est le nom avec lequel Dieu, à travers son messager, a voulu qualifier la Vierge. C'est de cette façon qu'Il l'a pensée et vue depuis toujours, ab aeterno.
3. Dans l'hymne de la Lettre aux Éphésiens, qui vient d'être proclamé, l'Apôtre loue Dieu le Père car il « nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux, dans le Christ » (1, 3). Avec quelle bénédiction très spéciale Dieu s'est-il adressé à Marie depuis le début des temps ! Marie est véritablement bénie entre toutes les femmes (cf. Lc 1, 42) !
Le Père l'a choisie dans le Christ avant la création du monde, afin qu'elle soit sainte et immaculée en sa présence dans l'amour, la prédestinant d'avance à l'adoption filiale par Jésus Christ (cf. Ep 1, 4-5).
4. La prédestination de Marie, comme celle de chacun de nous, est relative à la prédestination du Fils. Le Christ est la souche qui devait écraser la tête de l'antique serpent, selon le Livre de la Genèse (cf. Gn 3, 15) ; c'est l'Agneau sans tache (cf. Ex 12, 5; 1 P 1, 19), immolé pour racheter l'humanité du péché.
En prévision de sa mort salvifique, Marie, sa Mère, a été préservée du péché originel et de tout autre péché. Dans la victoire du nouvel Adam, il y a également celle de la nouvelle Ève, mère des rachetés. L'Immaculée est ainsi un signe d'espérance pour tous les vivants, qui ont vaincu Satan par le sang de l'Agneau (cf. Ap 12, 11).
5. Nous contemplons aujourd'hui l'humble jeune fille de Nazareth sainte et immaculée en présence de Dieu dans la charité (cf. Ep 1, 4), cette charité qui, dans sa source originelle, est Dieu lui-même, un et trine.
Œuvre sublime de la Très Sainte Trinité que l'Immaculée Conception de la Mère du Rédempteur ! Pie IX, dans la Bulle Ineffabilis Deus, rappelle que le Tout-Puissant a établi « par un seul et même décret l'origine de Marie et l'incarnation de la Sagesse divine » (Pie IX Pontificis Maximi Acta, Pars prima, p. 559).
Le oui de la Vierge à l'annonce de l'Ange prend place dans la situation concrète de notre condition terrestre, en humble obéissance à la volonté divine de sauver l'humanité non pas de l'histoire, mais dans l'histoire. En effet, préservée de toute tache de péché originel, la « nouvelle Ève » a bénéficié de façon particulière de l'œuvre du Christ comme Médiateur et Rédempteur très parfait. Rachetée la première par son Fils, participant en plénitude à sa sainteté, Elle est déjà ce que toute l'Église désire et espère être. Elle est l'icône eschatologique de l'Église.
6. C'est pourquoi l'Immaculée, qui marque « le début de l'Église, épouse du Christ sans tache et sans ride, resplendissante de beauté » (Préface), précède toujours le Peuple de Dieu, dans le pèlerinage de la foi vers le Royaume des cieux (cf. Lumen gentium, n. 58 ; Enc. Redemptoris Mater, n. 2).
Dans la Conception immaculée de Marie, l'Église voit se projeter, anticipée à travers son membre le plus noble, la grâce salvifique de Pâques.
Dans l'événement de l'Incarnation, elle trouve le Fils et la Mère indissolublement associés : « Celui qui est son Seigneur et sa Tête et celle qui, en prononçant le premier fiat de la Nouvelle Alliance, préfigure sa condition d'épouse et de Mère » (Redemptoris Mater, n. 1).
7. À Toi, Vierge immaculée, prédestinée par Dieu par-dessus toute autre créature comme avocate de grâce et modèle de sainteté pour son peuple, je renouvelle aujourd'hui de façon particulière l'acte de consécration de toute l'Église.
Puisses-tu guider ses fils dans leur pèlerinage de foi, les faisant devenir toujours plus obéissants et fidèles à la Parole de Dieu.
Puisses-tu accompagner chaque chrétien sur le chemin de la conversion et de la sainteté, dans la lutte contre le péché et dans la recherche de la beauté véritable, qui constitue toujours la marque et le reflet de la Beauté divine.
Puisses-tu encore obtenir la paix et le salut pour tous les peuples. Que le Père éternel, qui t'a voulue Mère immaculée du Rédempteur, renouvelle également dans notre temps, à travers toi, les prodiges de son amour miséricordieux. Amen !
Saint Noël Chabanel (1613-1649)
Prêtre s.j. et martyr au Canada
Noël Chabanel naît à Saugues (Haute-Loire, France) le 2 février 1613.
Il entre au noviciat de Toulouse le 9 février 1630. Il enseigne au collège de cette même ville (1632–1639), y étudie la théologie (1639–1641), y fait sa troisième probation (1641–1642).
Après avoir été professeur de rhétorique au collège de Rodez, il arrive à Québec le 15 août 1643, y reste un an, puis monte en Huronie.
Des huit Martyrs canadiens, il est le seul qui n’eut pas de facilité pour l’étude des langues.
Brillant professeur de rhétorique en France, il éprouvait une indicible répugnance pour les us et coutumes des Amérindiens. « Jamais pour tout cela, écrit le père Ragueneau, il n’a voulu se détacher de la Croix où Dieu l’avait mis ; jamais il n’a demandé d’en sortir. Mais au contraire, pour s’y attacher plus inviolablement, il s’obligea par vœu d’y demeurer jusqu’à la mort, afin de mourir sur la Croix ». La Relation de 1650 nous a conservé le texte de ce vœu héroïque.
Au début de décembre 1649, il était à la mission Saint-Jean, chez les Pétuns, quand il reçut l’ordre de se rendre à la résidence centrale Sainte-Marie II de l’île Saint-Joseph. Parti le 7 décembre, il était le lendemain traîtreusement assassiné par un Huron apostat. La Relation de 1650 raconte la mort de Chabanel, mais ignore les motifs de l’assassinat. Dans le « Manuscrit de 1652 », le père Ragueneau est mieux renseigné : il fait état de l’aveu du meurtrier, Louis Honarreennha, qui a déclaré avoir tué Chabanel en haine de la foi.
Noël Chabanel et 7 sept autres missionnaires jésuites, ont été béatifiés le 21 juin 1925 et canonisés le 29 juin 1930, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939).
Le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) a déclaré les saints martyrs canadiens, Patrons secondaires du Canada. La célébration liturgique des 8 saints martyrs canadiens a lieu le 26 septembre au Canada (solennité) et le 19 octobre dans l'Église universelle.
BBx Paul Yun Ji-Chung († 8 déc. 1791)
et 123 Compagnons († entre 1791 et 1888)
Martyrs en Corée
C'est un cas unique dans l'histoire du catholicisme : l'Église n'y est pas née des efforts de missionnaires étrangers mais a été importée par les Coréens eux-mêmes. Et l'aventure commence dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
La Corée était alors vassale de la Chine. Ce sont des laïcs coréens, intellectuels et fonctionnaires qui découvrirent l'évangile et Jésus-Christ au XVIIe siècle (1610) dans les travaux en mandarin du père jésuite Matteo Ricci (1552-1610). Lettré de la Renaissance italienne, Matteo Ricci fut le premier européen à assimiler la culture chinoise et le précurseur de l’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe.
Ces "documents" bouleversèrent nos coréens. Ils les rapportèrent en Corée en 1601 par des membres de la mission chargée de porter le tribut annuel à l’empereur de Chine.
L’un d'eux, Lee Soung-hoon, se fit baptiser et prit le nom de Pierre. Il retourna en Corée la même année où il annonça la religion chrétienne à ses amis et à son entourage. La communauté comptait 4000 convertis 10 ans plus tard, aux dires d'un chinois qui la rencontra. Aucun prêtre ne pénétra en Corée avant 1794. Ce sont les laïcs qui pendant 2 siècles évangélisèrent la Corée.
Alors que le gouvernement coréen ferme hermétiquement toutes les portes sur l'extérieur, de jeunes intellectuels coréens, friands d'idées nouvelles, se passent secrètement des livres chrétiens. Le nombre des convertis continuait alors d’augmenter, bien que la propagation d’une religion étrangère en terre coréenne fût encore contraire à la loi, raison pour laquelle il y eut dès les premières années de cruelles persécutions, en 1791.
Le premier prêtre coréen, André Kim, formé à Shanghai, fut décapité en 1846 à l’âge de 25 ans. On estime qu'au total, entre 1791 et 1884, 8000 chrétiens furent exécutés en Corée, et 103 d’entre eux ont été canonisés par l’Église.
Malgré les persécutions, la communauté catholique de Corée se développa, et 23.000 témoins de la foi donnèrent leur vie au Christ en 1866, car le prince régent était xénophobe.
Les persécutions se firent de plus en plus dures et cela jusqu’en 1873.
Des milliers de martyrs catholiques anonymes sont enterrés au site sacré du martyre de Haemi, à Seosan. Leurs noms sont inconnus car il n'y avait pas de dossiers pour eux à Haemi. C'étaient des gens issus des classes inférieures.
Au XlXe siècle, des missionnaires vinrent enfin renforcer cette Église naissante, en particulier des missionnaires venus de France, en particulier les prêtres des Missions Étrangères de Paris qui eurent alors de très nombreux martyrs.
Paul Yun Ji-chung naît en 1759 dans une famille noble réputée. Baptisé en 1787 après avoir découvert la foi catholique au contact d'un de ses cousins, James Kwon Sang-Yeon, il enseigne ensuite le catéchisme à sa mère et à sa famille.
A la mort de sa mère, il refusa les rites traditionnels et la cérémonie funéraire se déroula suivant le rite catholique ce qui était conforme au vœu de celle-ci, et non suivant le rite confucéen.
Quand la nouvelle arriva au roi, il fut furieux. Paul et James se cachèrent mais un de leurs oncles fut emprisonné et ils se rendirent. Ils refusèrent de renier leur foi même sous la torture. Ils ont été décapités le 8 décembre 1791.
Paul Yun Ji-Chung, laïc coréen et ses 123 compagnons, tués en haine de la foi entre 1791 et 1888, ont été béatifiés le 16 août 2014 à Porte de Gwanghwamun (Seoul), par le Saint Père François (Jorge Mario Bergoglio), lors de son voyage Apostolique (JMJ d’Asie 14-18 Août 2014) en République de Corée.
Solennité de l'Immaculée Conception
Homélie de saint Jean-Paul II
(Mercredi 8 décembre 2004)
1. « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc 1, 28).
À travers ces paroles de l'Archange Gabriel, nous nous adressons à la Vierge Marie plusieurs fois par jour. Nous les répétons aujourd'hui avec une joie fervente, en la solennité de l'Immaculée Conception, en rappelant la date du 8 décembre 1854, lorsque le bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) proclama cet admirable dogme de la foi catholique précisément dans cette Basilique vaticane. [...]
2. Combien est grand le mystère de l'Immaculée Conception, que nous présente la liturgie d'aujourd'hui ! Un mystère qui ne cesse d'attirer la contemplation des croyants et qui inspire la réflexion des théologiens. Le thème du Congrès qui vient d'être rappelé -« Marie de Nazareth accueille le Fils de Dieu dans l'histoire »- a permis un approfondissement de la doctrine de la conception immaculée de Marie comme présupposé pour l'accueil en son sein virginal du Verbe de Dieu incarné, Sauveur du genre humain.
« Pleine de grâce », « κεχαριτωμενη » : c'est à travers cette appellation, selon l'original en grec de l'Évangile de Luc, que l'Ange s'adresse à Marie. Tel est le nom avec lequel Dieu, à travers son messager, a voulu qualifier la Vierge. C'est de cette façon qu'Il l'a pensée et vue depuis toujours, ab aeterno.
3. Dans l'hymne de la Lettre aux Éphésiens, qui vient d'être proclamé, l'Apôtre loue Dieu le Père car il « nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux, dans le Christ » (1, 3). Avec quelle bénédiction très spéciale Dieu s'est-il adressé à Marie depuis le début des temps ! Marie est véritablement bénie entre toutes les femmes (cf. Lc 1, 42) !
Le Père l'a choisie dans le Christ avant la création du monde, afin qu'elle soit sainte et immaculée en sa présence dans l'amour, la prédestinant d'avance à l'adoption filiale par Jésus Christ (cf. Ep 1, 4-5).
4. La prédestination de Marie, comme celle de chacun de nous, est relative à la prédestination du Fils. Le Christ est la souche qui devait écraser la tête de l'antique serpent, selon le Livre de la Genèse (cf. Gn 3, 15) ; c'est l'Agneau sans tache (cf. Ex 12, 5; 1 P 1, 19), immolé pour racheter l'humanité du péché.
En prévision de sa mort salvifique, Marie, sa Mère, a été préservée du péché originel et de tout autre péché. Dans la victoire du nouvel Adam, il y a également celle de la nouvelle Ève, mère des rachetés. L'Immaculée est ainsi un signe d'espérance pour tous les vivants, qui ont vaincu Satan par le sang de l'Agneau (cf. Ap 12, 11).
5. Nous contemplons aujourd'hui l'humble jeune fille de Nazareth sainte et immaculée en présence de Dieu dans la charité (cf. Ep 1, 4), cette charité qui, dans sa source originelle, est Dieu lui-même, un et trine.
Œuvre sublime de la Très Sainte Trinité que l'Immaculée Conception de la Mère du Rédempteur ! Pie IX, dans la Bulle Ineffabilis Deus, rappelle que le Tout-Puissant a établi « par un seul et même décret l'origine de Marie et l'incarnation de la Sagesse divine » (Pie IX Pontificis Maximi Acta, Pars prima, p. 559).
Le oui de la Vierge à l'annonce de l'Ange prend place dans la situation concrète de notre condition terrestre, en humble obéissance à la volonté divine de sauver l'humanité non pas de l'histoire, mais dans l'histoire. En effet, préservée de toute tache de péché originel, la « nouvelle Ève » a bénéficié de façon particulière de l'œuvre du Christ comme Médiateur et Rédempteur très parfait. Rachetée la première par son Fils, participant en plénitude à sa sainteté, Elle est déjà ce que toute l'Église désire et espère être. Elle est l'icône eschatologique de l'Église.
6. C'est pourquoi l'Immaculée, qui marque « le début de l'Église, épouse du Christ sans tache et sans ride, resplendissante de beauté » (Préface), précède toujours le Peuple de Dieu, dans le pèlerinage de la foi vers le Royaume des cieux (cf. Lumen gentium, n. 58 ; Enc. Redemptoris Mater, n. 2).
Dans la Conception immaculée de Marie, l'Église voit se projeter, anticipée à travers son membre le plus noble, la grâce salvifique de Pâques.
Dans l'événement de l'Incarnation, elle trouve le Fils et la Mère indissolublement associés : « Celui qui est son Seigneur et sa Tête et celle qui, en prononçant le premier fiat de la Nouvelle Alliance, préfigure sa condition d'épouse et de Mère » (Redemptoris Mater, n. 1).
7. À Toi, Vierge immaculée, prédestinée par Dieu par-dessus toute autre créature comme avocate de grâce et modèle de sainteté pour son peuple, je renouvelle aujourd'hui de façon particulière l'acte de consécration de toute l'Église.
Puisses-tu guider ses fils dans leur pèlerinage de foi, les faisant devenir toujours plus obéissants et fidèles à la Parole de Dieu.
Puisses-tu accompagner chaque chrétien sur le chemin de la conversion et de la sainteté, dans la lutte contre le péché et dans la recherche de la beauté véritable, qui constitue toujours la marque et le reflet de la Beauté divine.
Puisses-tu encore obtenir la paix et le salut pour tous les peuples. Que le Père éternel, qui t'a voulue Mère immaculée du Rédempteur, renouvelle également dans notre temps, à travers toi, les prodiges de son amour miséricordieux. Amen !
Saint Noël Chabanel (1613-1649)
Prêtre s.j. et martyr au Canada
Noël Chabanel naît à Saugues (Haute-Loire, France) le 2 février 1613.
Il entre au noviciat de Toulouse le 9 février 1630. Il enseigne au collège de cette même ville (1632–1639), y étudie la théologie (1639–1641), y fait sa troisième probation (1641–1642).
Après avoir été professeur de rhétorique au collège de Rodez, il arrive à Québec le 15 août 1643, y reste un an, puis monte en Huronie.
Des huit Martyrs canadiens, il est le seul qui n’eut pas de facilité pour l’étude des langues.
Brillant professeur de rhétorique en France, il éprouvait une indicible répugnance pour les us et coutumes des Amérindiens. « Jamais pour tout cela, écrit le père Ragueneau, il n’a voulu se détacher de la Croix où Dieu l’avait mis ; jamais il n’a demandé d’en sortir. Mais au contraire, pour s’y attacher plus inviolablement, il s’obligea par vœu d’y demeurer jusqu’à la mort, afin de mourir sur la Croix ». La Relation de 1650 nous a conservé le texte de ce vœu héroïque.
Au début de décembre 1649, il était à la mission Saint-Jean, chez les Pétuns, quand il reçut l’ordre de se rendre à la résidence centrale Sainte-Marie II de l’île Saint-Joseph. Parti le 7 décembre, il était le lendemain traîtreusement assassiné par un Huron apostat. La Relation de 1650 raconte la mort de Chabanel, mais ignore les motifs de l’assassinat. Dans le « Manuscrit de 1652 », le père Ragueneau est mieux renseigné : il fait état de l’aveu du meurtrier, Louis Honarreennha, qui a déclaré avoir tué Chabanel en haine de la foi.
Noël Chabanel et 7 sept autres missionnaires jésuites, ont été béatifiés le 21 juin 1925 et canonisés le 29 juin 1930, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939).
Le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) a déclaré les saints martyrs canadiens, Patrons secondaires du Canada. La célébration liturgique des 8 saints martyrs canadiens a lieu le 26 septembre au Canada (solennité) et le 19 octobre dans l'Église universelle.
BBx Paul Yun Ji-Chung († 8 déc. 1791)
et 123 Compagnons († entre 1791 et 1888)
Martyrs en Corée
C'est un cas unique dans l'histoire du catholicisme : l'Église n'y est pas née des efforts de missionnaires étrangers mais a été importée par les Coréens eux-mêmes. Et l'aventure commence dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
La Corée était alors vassale de la Chine. Ce sont des laïcs coréens, intellectuels et fonctionnaires qui découvrirent l'évangile et Jésus-Christ au XVIIe siècle (1610) dans les travaux en mandarin du père jésuite Matteo Ricci (1552-1610). Lettré de la Renaissance italienne, Matteo Ricci fut le premier européen à assimiler la culture chinoise et le précurseur de l’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe.
Ces "documents" bouleversèrent nos coréens. Ils les rapportèrent en Corée en 1601 par des membres de la mission chargée de porter le tribut annuel à l’empereur de Chine.
L’un d'eux, Lee Soung-hoon, se fit baptiser et prit le nom de Pierre. Il retourna en Corée la même année où il annonça la religion chrétienne à ses amis et à son entourage. La communauté comptait 4000 convertis 10 ans plus tard, aux dires d'un chinois qui la rencontra. Aucun prêtre ne pénétra en Corée avant 1794. Ce sont les laïcs qui pendant 2 siècles évangélisèrent la Corée.
Alors que le gouvernement coréen ferme hermétiquement toutes les portes sur l'extérieur, de jeunes intellectuels coréens, friands d'idées nouvelles, se passent secrètement des livres chrétiens. Le nombre des convertis continuait alors d’augmenter, bien que la propagation d’une religion étrangère en terre coréenne fût encore contraire à la loi, raison pour laquelle il y eut dès les premières années de cruelles persécutions, en 1791.
Le premier prêtre coréen, André Kim, formé à Shanghai, fut décapité en 1846 à l’âge de 25 ans. On estime qu'au total, entre 1791 et 1884, 8000 chrétiens furent exécutés en Corée, et 103 d’entre eux ont été canonisés par l’Église.
Malgré les persécutions, la communauté catholique de Corée se développa, et 23.000 témoins de la foi donnèrent leur vie au Christ en 1866, car le prince régent était xénophobe.
Les persécutions se firent de plus en plus dures et cela jusqu’en 1873.
Des milliers de martyrs catholiques anonymes sont enterrés au site sacré du martyre de Haemi, à Seosan. Leurs noms sont inconnus car il n'y avait pas de dossiers pour eux à Haemi. C'étaient des gens issus des classes inférieures.
Au XlXe siècle, des missionnaires vinrent enfin renforcer cette Église naissante, en particulier des missionnaires venus de France, en particulier les prêtres des Missions Étrangères de Paris qui eurent alors de très nombreux martyrs.
Paul Yun Ji-chung naît en 1759 dans une famille noble réputée. Baptisé en 1787 après avoir découvert la foi catholique au contact d'un de ses cousins, James Kwon Sang-Yeon, il enseigne ensuite le catéchisme à sa mère et à sa famille.
A la mort de sa mère, il refusa les rites traditionnels et la cérémonie funéraire se déroula suivant le rite catholique ce qui était conforme au vœu de celle-ci, et non suivant le rite confucéen.
Quand la nouvelle arriva au roi, il fut furieux. Paul et James se cachèrent mais un de leurs oncles fut emprisonné et ils se rendirent. Ils refusèrent de renier leur foi même sous la torture. Ils ont été décapités le 8 décembre 1791.
Paul Yun Ji-Chung, laïc coréen et ses 123 compagnons, tués en haine de la foi entre 1791 et 1888, ont été béatifiés le 16 août 2014 à Porte de Gwanghwamun (Seoul), par le Saint Père François (Jorge Mario Bergoglio), lors de son voyage Apostolique (JMJ d’Asie 14-18 Août 2014) en République de Corée.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Mercredi le 9 décembre
Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin 91474-1548)
Témoin des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe
Juan Diego Cuauhtlatoazin (l'aigle qui parle) naît en 1474 à Cuautlitlán, devenu aujourd’hui un quartier de Mexico.
On sait peu de choses de Juan Diego avant sa conversion. La tradition, diverses sources archéologiques et iconographiques, ainsi que le « Nican Mopohua », le document le plus important et le plus ancien au sujet des événements de Guadalupe (écrit en Náhuatl en caractères latins par l’auteur indigène Antonio Valeriano en 1556), rapportent certaines informations sur sa vie et les apparitions.
Membre du peuple de Chichimeca, un des peuples les plus avancés sur le plan culturel de la vallée d’Anáhuac, il se distinguait par son talent.
À 50 ans, il fut baptisé par un des premiers missionnaires franciscains, le P. Pierre da Gand.
Alors qu’il se rendait à la messe, le matin du 9 décembre 1531, la Sainte Vierge lui apparut sur la colline de Tepeyac, qui se situe dans la banlieue actuelle de Mexico. Elle le pria de demander à son évêque de faire construire en son nom un sanctuaire à Tepeyac. Elle fit la promesse que ceux qui y invoqueraient son nom recevraient de nombreuses grâces. L’évêque, qui ne croyait pas Juan Diego, réclama un signe prouvant la véracité de l’apparition.
Le 12 décembre, Juan Diego retourna à Tepeyac. Là, la Sainte Mère lui demanda de monter sur la colline et de ramasser les fleurs épanouies qu’il verrait. Il obéit, et bien que ce fût l’hiver, il trouva des roses florissantes. Ayant ramassé les fleurs, il les apporta à Notre-Dame qui les plaça dans son manteau avec délicatesse et lui dit de les donner à l’évêque comme preuve.
Quand il ouvrit son manteau devant l’évêque, les fleurs tombèrent à terre et une image de la Sainte Vierge et de l’apparition de Tepeyac resta imprégnée sur l'étoffe.
Avec la permission de l’évêque, Juan Diego vécut le reste de sa vie en ermite dans une cabane proche de la chapelle où l’image miraculeuse avait été placée pour être vénérée. Il s’occupa de la chapelle et des premiers pèlerins qui vinrent y prier la Mère de Jésus.
Juan Diego reçut une grâce bien plus profonde que celle extérieure d’avoir été choisi comme le messager de Notre Dame. Il reçut la grâce de l’illumination intérieure, et à partir de ce moment, il commença une vie de prière, de vertu et d’amour sans limite pour Dieu et son prochain.
Il meurt en 1548 et fut enterré dans la première chapelle dédiée à la Vierge de Guadalupe.
Juan Diego a été béatifié le 6 mai 1990 en la basilique Sainte Marie de Guadalupe à Mexico et canonisé le 31 juillet 2002, par saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), lors de sa 5ème visite pastorale au Mexique.
L’image miraculeuse, qui est gardée dans la basilique de Notre Dame de Guadalupe, décrit une femme revêtue de l’habit local et ayant les traits d'une indigène. Elle est portée par un ange dont les ailes rappellent l’un des plus grands dieux de la religion traditionnelle locale. La Lune est sous ses pieds et son manteau bleu est recouvert d’étoiles dorées. La ceinture noire à sa taille signifie qu´elle est enceinte.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe est, après la basilique Saint-Pierre du Vatican le lieu de culte catholique qui attire le plus de pèlerins. Les jours de plus grande affluence sont ceux qui précèdent et suivent la fête de la Vierge de Guadalupe le 12 décembre où près de 9 millions de fidèles et de touristes assistent aux festivités et viennent vénérer la relique de Juan Diego.
Sainte Léocadie de Tolède
Vierge et martyre
(† 303)
Léocadie était de Tolède, en Espagne. Dès son enfance, elle s'adonna avec tant de dévotion au service de Notre-Seigneur, qu'on la regardait comme un modèle d'innocence et de piété. Le persécuteur Dacien la fit comparaître à son tribunal, et, sachant qu'elle était de haute condition, il lui reprocha de s'être attachée à une religion vile et méprisable.
Léocadie lui répondit qu'elle s'estimait très heureuse et très honorée d'être la servante de Jésus-Christ, et que ni les supplices ni la mort ne pourraient la faire renoncer à sa religion.
Le tyran ordonna de la fouetter comme une esclave, et la fit reconduire dans une prison, en attendant de plus cruelles tortures. Sur le chemin, elle rencontra des chrétiens qui s'apitoyaient sur son sort : « Réjouissez-vous plutôt, leur dit-elle, car c'est une grande grâce d'endurer quelque chose pour Jésus-Christ. » Cependant Léocadie apprit, dans sa prison, toutes les cruautés que l'on exerçait en Espagne contre les chrétiens. Elle en fut tellement saisie de douleur, qu'elle pria son Époux céleste de la retirer du monde. Sa prière fut exaucée ; elle expira bientôt en baisant une croix qu'elle avait miraculeusement gravée sur la pierre avec son doigt.
Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin 91474-1548)
Témoin des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe
Juan Diego Cuauhtlatoazin (l'aigle qui parle) naît en 1474 à Cuautlitlán, devenu aujourd’hui un quartier de Mexico.
On sait peu de choses de Juan Diego avant sa conversion. La tradition, diverses sources archéologiques et iconographiques, ainsi que le « Nican Mopohua », le document le plus important et le plus ancien au sujet des événements de Guadalupe (écrit en Náhuatl en caractères latins par l’auteur indigène Antonio Valeriano en 1556), rapportent certaines informations sur sa vie et les apparitions.
Membre du peuple de Chichimeca, un des peuples les plus avancés sur le plan culturel de la vallée d’Anáhuac, il se distinguait par son talent.
À 50 ans, il fut baptisé par un des premiers missionnaires franciscains, le P. Pierre da Gand.
Alors qu’il se rendait à la messe, le matin du 9 décembre 1531, la Sainte Vierge lui apparut sur la colline de Tepeyac, qui se situe dans la banlieue actuelle de Mexico. Elle le pria de demander à son évêque de faire construire en son nom un sanctuaire à Tepeyac. Elle fit la promesse que ceux qui y invoqueraient son nom recevraient de nombreuses grâces. L’évêque, qui ne croyait pas Juan Diego, réclama un signe prouvant la véracité de l’apparition.
Le 12 décembre, Juan Diego retourna à Tepeyac. Là, la Sainte Mère lui demanda de monter sur la colline et de ramasser les fleurs épanouies qu’il verrait. Il obéit, et bien que ce fût l’hiver, il trouva des roses florissantes. Ayant ramassé les fleurs, il les apporta à Notre-Dame qui les plaça dans son manteau avec délicatesse et lui dit de les donner à l’évêque comme preuve.
Quand il ouvrit son manteau devant l’évêque, les fleurs tombèrent à terre et une image de la Sainte Vierge et de l’apparition de Tepeyac resta imprégnée sur l'étoffe.
Avec la permission de l’évêque, Juan Diego vécut le reste de sa vie en ermite dans une cabane proche de la chapelle où l’image miraculeuse avait été placée pour être vénérée. Il s’occupa de la chapelle et des premiers pèlerins qui vinrent y prier la Mère de Jésus.
Juan Diego reçut une grâce bien plus profonde que celle extérieure d’avoir été choisi comme le messager de Notre Dame. Il reçut la grâce de l’illumination intérieure, et à partir de ce moment, il commença une vie de prière, de vertu et d’amour sans limite pour Dieu et son prochain.
Il meurt en 1548 et fut enterré dans la première chapelle dédiée à la Vierge de Guadalupe.
Juan Diego a été béatifié le 6 mai 1990 en la basilique Sainte Marie de Guadalupe à Mexico et canonisé le 31 juillet 2002, par saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), lors de sa 5ème visite pastorale au Mexique.
L’image miraculeuse, qui est gardée dans la basilique de Notre Dame de Guadalupe, décrit une femme revêtue de l’habit local et ayant les traits d'une indigène. Elle est portée par un ange dont les ailes rappellent l’un des plus grands dieux de la religion traditionnelle locale. La Lune est sous ses pieds et son manteau bleu est recouvert d’étoiles dorées. La ceinture noire à sa taille signifie qu´elle est enceinte.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe est, après la basilique Saint-Pierre du Vatican le lieu de culte catholique qui attire le plus de pèlerins. Les jours de plus grande affluence sont ceux qui précèdent et suivent la fête de la Vierge de Guadalupe le 12 décembre où près de 9 millions de fidèles et de touristes assistent aux festivités et viennent vénérer la relique de Juan Diego.
Sainte Léocadie de Tolède
Vierge et martyre
(† 303)
Léocadie était de Tolède, en Espagne. Dès son enfance, elle s'adonna avec tant de dévotion au service de Notre-Seigneur, qu'on la regardait comme un modèle d'innocence et de piété. Le persécuteur Dacien la fit comparaître à son tribunal, et, sachant qu'elle était de haute condition, il lui reprocha de s'être attachée à une religion vile et méprisable.
Léocadie lui répondit qu'elle s'estimait très heureuse et très honorée d'être la servante de Jésus-Christ, et que ni les supplices ni la mort ne pourraient la faire renoncer à sa religion.
Le tyran ordonna de la fouetter comme une esclave, et la fit reconduire dans une prison, en attendant de plus cruelles tortures. Sur le chemin, elle rencontra des chrétiens qui s'apitoyaient sur son sort : « Réjouissez-vous plutôt, leur dit-elle, car c'est une grande grâce d'endurer quelque chose pour Jésus-Christ. » Cependant Léocadie apprit, dans sa prison, toutes les cruautés que l'on exerçait en Espagne contre les chrétiens. Elle en fut tellement saisie de douleur, qu'elle pria son Époux céleste de la retirer du monde. Sa prière fut exaucée ; elle expira bientôt en baisant une croix qu'elle avait miraculeusement gravée sur la pierre avec son doigt.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Jeudi le 10 décembre
Notre-Dame de Lorette
La légende dit que la Sainte Maison de Joseph, Marie et Jésus vola à travers les airs, portée par des anges, de Galilée jusqu'en Italie en traversant ce qui est aujourd’hui l’ex-Yougoslavie.
Notre-Dame de Lorette semblait donc tout indiquée pour devenir patronne de tous ceux qui travaillent dans l’aviation. Cette décision fut officiellement approuvée par un décret de la Congrégation Pontificale pour les Sacrements du 24 mars 1920.
Lorette est une ville de la côte adriatique italienne, au sud d’Ancône. Elle semble avoir été un lieu de culte de la Vierge Marie dès le 12ème siècle : on raconte que la statue de la Vierge qui s’y trouve a été apportée par les anges.
Vers la fin du 15ème siècle, ce lieu abritait la Sainte Maison dans laquelle Marie était venue au monde et dans laquelle avait eu lieu l’Annonciation. C’est cette maison qui, après un bref séjour en Dalmatie - sur l’autre rive de l’Adriatique - avait été emportée en Italie par des bras angéliques.
En 1294, si l'on en croit un document du 16ème siècle. De nombreux miracles furent attribués à cette châsse, petite construction rectangulaire aujourd'hui recouverte de marbre et enfermée dans une basilique à dôme. La construction est faite de matériaux introuvables dans la région de Lorette, et ne présente aucune fondation.
Et en dépit de ces particularités, peu de théologiens, même parmi les plus pieux, donnent foi à cette histoire, ce qui n’entame en rien l’importance du culte qui lui est voué. Une fête locale fut autorisée en 1632 et s’est étendue depuis à toute l’Italie, ainsi qu’à certaines autres régions du monde et à quelques ordres religieux.
En 1921, un incendie détruisit la statue originale de la Vierge, mais une autre fut rapidement fabriquée, couronnée par le pape Pie XI en 1924, et replacée dans la châsse.
On estime actuellement, en raison de la nature des matériaux, qu’un sanctuaire marial d’Éphèse fut démonté pour être reconstruit à Lorette.
Bx Anton Durcovici
Évêque de Iași (Moldavie)
Martyr de la foi († 10/12/1951)
Anton Durcovici naît le 17 mai 1888 en Autriche, orphelin de père très tôt, il a vécu en Roumanie à partir de l’âge de sept ans avec sa mère et son frère.
Après avoir commencé ses études à Iași, il les a poursuivies au petit séminaire de Bucarest. Envoyé à Rome en 1906, il y a obtenu deux doctorats (philosophie et théologie) et a été ordonné prêtre le 24 septembre 1910 à St Jean de Latran.
Revenu en Roumanie, il est nommé professeur au séminaire de Bucarest. Il en sera nommé recteur en 1924, fonction qu’il exercera pendant plus de vingt ans.
Le 30 octobre 1947, alors qu’un régime communiste se met en place sous le contrôle de l’Armée soviétique, il est nommé par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) à la tête du diocèse de Iași.
Le 19 juillet 1948, le concordat avec le Saint-Siège était dénoncé tandis qu’à l’initiative des autorités communistes se constituait une ‘Association de prêtres progressistes’. Les prêtres à l’origine de cette initiative furent excommuniés et les évêques catholiques roumains protestèrent auprès du gouvernement. Dans ces années, la plupart des évêques et des centaines de prêtres seront arrêtés.
Mgr Durcovici fut en butte à différentes pressions et vexations. Puis, le 26 juin 1949, alors qu’il devait conférer le sacrement de la confirmation à 650 jeunes gens d’une paroisse de la banlieue de Bucarest, il fut arrêté par la Securitate (la police d’État). Il connut d’abord, pendant près de deux ans, la prison de Jilava (en Roumanie non loin de Bucarest), où il fut interrogé et torturé à de très nombreuses reprises, puis en septembre 1951, déjà très affaibli, il fut envoyé au bagne de Sighet (dans le nord-ouest de la Roumanie), où périrent des dizaines de milliers de Roumains, dont de nombreux religieux.
D’après le témoignage de co-détenus qui ont pu survivre, Mgr Durcovici encourageait à la résistance morale et spirituelle : « Portez la croix du Christ qui se sacrifie pour nos péchés, parce que le jour de la Résurrection viendra aussi pour le peuple roumain si durement éprouvé. »
Mis à l’isolement, jeté nu dans sa cellule, « les traitements impitoyables, le manque d’eau et de nourriture le réduisirent à l’état de squelette » dira le cardinal Amato le jour de sa béatification. Dans les derniers jours de sa vie, il put échanger quelques mots avec un prêtre chargé du nettoyage du couloir. Il lui demanda en latin, pour n’être pas compris des surveillants : « Antonius episcopus fame moritur. Da mihi absolutionem » (L’évêque Anton meurt de faim. Donne-moi l’absolution). Il meurt le 10 décembre 1951, à l’âge de 63 ans.
Son procès en béatification a été ouvert en janvier 1997, peu après la chute du communisme.
Anton Durcovici a été proclamé bienheureux le 17 mai 2014, lors d’une messe célébrée à Iași, par le Card. Angelo Amato s.d.b., Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape François (Jorge Mario Bergoglio) qui, le lendemain, lors de l’Angélus, Place Saint-Pierre, a lui aussi rendu hommage à l’évêque martyr : « Pasteur plein de zèle et courageux, il a été persécuté par le régime communiste roumain et il est mort en prison – il est mort de faim et de soif – en 1951. Avec les fidèles de Iași et de toute la Roumanie, rendons grâce à Dieu pour cet exemple ! »
Bienheureux Marcantonio Durando
Prêtre lazariste et fondateur :
Institut des Filles de la Charité (1801-1880)
Compagnie de la Passion de Jésus de Nazareth
Marcantonio Durando naît le 22 mai 1801 à Mondovi, en Italie. A l'âge de 15 ans, il manifesta le désir de partir comme missionnaire en Chine.
Il entra dans la Congrégation de la Mission et fut ordonné prêtre le 12 juin 1824. Il demeura cinq ans à Casale Monferrato puis, de 1829 à sa mort, dans la maison de Turin, dont il devint le Supérieur deux ans plus tard.
Au lieu d'être envoyé en Chine, il fut destiné aux missions populaires dans lesquelles il transmit sa passion missionnaire de l'annonce du Christ.
Il soutint et diffusa l'œuvre de la Propagation de la Foi à Lyon en 1822, inaugura le collège de Brignole-Sale pour les missions étrangères dans le but de former des prêtres pour les missions "ad gentes".
Il prêchait la miséricorde de Dieu, encourageait les populations à la conversion et intervenait concrètement en faveur des pauvres. Sa préoccupation pour les pauvres fut un aspect important de son apostolat.
En 1833, il fonda l'Institut des Filles de la Charité dans le Piémont pour s'occuper de divers hôpitaux militaires et civils. Il diffusa également l'association mariale de la Médaille Miraculeuse, parmi les jeunes, qui donna naissance à de multiples vocations : en dix ans, vingt Instituts furent fondés comptant 260 sœurs.
Le Père Durando dota la ville de Turin de multiples centres de charité, appelés Miséricorde, dont les sœurs, des Dames de la Charité, offraient un service à domicile et s'occupaient des pauvres. Autour de la Miséricorde se formèrent de nombreuses œuvres, comme les premières écoles maternelles pour les enfants pauvres, des ateliers pour jeunes et des orphelinats. En vertu de leur œuvre d'assistance parmi les malades et les pauvres, les Filles de la Charité ont été de précieuses collaboratrices du développement du catholicisme social en Italie.
En 1837, il fut nommé Visiteur de la Province du nord de l'Italie des missionnaires de Saint-Vincent, fonction qu'il occupa pendant 43 ans, jusqu'à sa mort. On lui confia la direction des Sœurs de Saint-Joseph et il contribua à la rédaction des règles des Sœurs de Sainte-Anne. Il devint guide spirituel des Clarisses capucines du nouveau monastère de Sainte-Claire.
Mais son œuvre principale fut la fondation, en 1865, de la Compagnie de la Passion de Jésus de Nazareth, ayant pour but de servir les personnes souffrantes et d'accompagner les mourants. Les premières postulantes étaient des jeunes filles désireuses de se consacrer à Dieu mais ne remplissant pas certaines conditions nécessaires pour entrer dans les communautés religieuses. L'institut suscita de nombreuses conversions.
Le Père Durando mourut le 10 décembre 1880.
Marc-Antoine (Marcantonio) Durando à été béatifié, le 20 octobre 2002, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Notre-Dame de Lorette
La légende dit que la Sainte Maison de Joseph, Marie et Jésus vola à travers les airs, portée par des anges, de Galilée jusqu'en Italie en traversant ce qui est aujourd’hui l’ex-Yougoslavie.
Notre-Dame de Lorette semblait donc tout indiquée pour devenir patronne de tous ceux qui travaillent dans l’aviation. Cette décision fut officiellement approuvée par un décret de la Congrégation Pontificale pour les Sacrements du 24 mars 1920.
Lorette est une ville de la côte adriatique italienne, au sud d’Ancône. Elle semble avoir été un lieu de culte de la Vierge Marie dès le 12ème siècle : on raconte que la statue de la Vierge qui s’y trouve a été apportée par les anges.
Vers la fin du 15ème siècle, ce lieu abritait la Sainte Maison dans laquelle Marie était venue au monde et dans laquelle avait eu lieu l’Annonciation. C’est cette maison qui, après un bref séjour en Dalmatie - sur l’autre rive de l’Adriatique - avait été emportée en Italie par des bras angéliques.
En 1294, si l'on en croit un document du 16ème siècle. De nombreux miracles furent attribués à cette châsse, petite construction rectangulaire aujourd'hui recouverte de marbre et enfermée dans une basilique à dôme. La construction est faite de matériaux introuvables dans la région de Lorette, et ne présente aucune fondation.
Et en dépit de ces particularités, peu de théologiens, même parmi les plus pieux, donnent foi à cette histoire, ce qui n’entame en rien l’importance du culte qui lui est voué. Une fête locale fut autorisée en 1632 et s’est étendue depuis à toute l’Italie, ainsi qu’à certaines autres régions du monde et à quelques ordres religieux.
En 1921, un incendie détruisit la statue originale de la Vierge, mais une autre fut rapidement fabriquée, couronnée par le pape Pie XI en 1924, et replacée dans la châsse.
On estime actuellement, en raison de la nature des matériaux, qu’un sanctuaire marial d’Éphèse fut démonté pour être reconstruit à Lorette.
Bx Anton Durcovici
Évêque de Iași (Moldavie)
Martyr de la foi († 10/12/1951)
Anton Durcovici naît le 17 mai 1888 en Autriche, orphelin de père très tôt, il a vécu en Roumanie à partir de l’âge de sept ans avec sa mère et son frère.
Après avoir commencé ses études à Iași, il les a poursuivies au petit séminaire de Bucarest. Envoyé à Rome en 1906, il y a obtenu deux doctorats (philosophie et théologie) et a été ordonné prêtre le 24 septembre 1910 à St Jean de Latran.
Revenu en Roumanie, il est nommé professeur au séminaire de Bucarest. Il en sera nommé recteur en 1924, fonction qu’il exercera pendant plus de vingt ans.
Le 30 octobre 1947, alors qu’un régime communiste se met en place sous le contrôle de l’Armée soviétique, il est nommé par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) à la tête du diocèse de Iași.
Le 19 juillet 1948, le concordat avec le Saint-Siège était dénoncé tandis qu’à l’initiative des autorités communistes se constituait une ‘Association de prêtres progressistes’. Les prêtres à l’origine de cette initiative furent excommuniés et les évêques catholiques roumains protestèrent auprès du gouvernement. Dans ces années, la plupart des évêques et des centaines de prêtres seront arrêtés.
Mgr Durcovici fut en butte à différentes pressions et vexations. Puis, le 26 juin 1949, alors qu’il devait conférer le sacrement de la confirmation à 650 jeunes gens d’une paroisse de la banlieue de Bucarest, il fut arrêté par la Securitate (la police d’État). Il connut d’abord, pendant près de deux ans, la prison de Jilava (en Roumanie non loin de Bucarest), où il fut interrogé et torturé à de très nombreuses reprises, puis en septembre 1951, déjà très affaibli, il fut envoyé au bagne de Sighet (dans le nord-ouest de la Roumanie), où périrent des dizaines de milliers de Roumains, dont de nombreux religieux.
D’après le témoignage de co-détenus qui ont pu survivre, Mgr Durcovici encourageait à la résistance morale et spirituelle : « Portez la croix du Christ qui se sacrifie pour nos péchés, parce que le jour de la Résurrection viendra aussi pour le peuple roumain si durement éprouvé. »
Mis à l’isolement, jeté nu dans sa cellule, « les traitements impitoyables, le manque d’eau et de nourriture le réduisirent à l’état de squelette » dira le cardinal Amato le jour de sa béatification. Dans les derniers jours de sa vie, il put échanger quelques mots avec un prêtre chargé du nettoyage du couloir. Il lui demanda en latin, pour n’être pas compris des surveillants : « Antonius episcopus fame moritur. Da mihi absolutionem » (L’évêque Anton meurt de faim. Donne-moi l’absolution). Il meurt le 10 décembre 1951, à l’âge de 63 ans.
Son procès en béatification a été ouvert en janvier 1997, peu après la chute du communisme.
Anton Durcovici a été proclamé bienheureux le 17 mai 2014, lors d’une messe célébrée à Iași, par le Card. Angelo Amato s.d.b., Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape François (Jorge Mario Bergoglio) qui, le lendemain, lors de l’Angélus, Place Saint-Pierre, a lui aussi rendu hommage à l’évêque martyr : « Pasteur plein de zèle et courageux, il a été persécuté par le régime communiste roumain et il est mort en prison – il est mort de faim et de soif – en 1951. Avec les fidèles de Iași et de toute la Roumanie, rendons grâce à Dieu pour cet exemple ! »
Bienheureux Marcantonio Durando
Prêtre lazariste et fondateur :
Institut des Filles de la Charité (1801-1880)
Compagnie de la Passion de Jésus de Nazareth
Marcantonio Durando naît le 22 mai 1801 à Mondovi, en Italie. A l'âge de 15 ans, il manifesta le désir de partir comme missionnaire en Chine.
Il entra dans la Congrégation de la Mission et fut ordonné prêtre le 12 juin 1824. Il demeura cinq ans à Casale Monferrato puis, de 1829 à sa mort, dans la maison de Turin, dont il devint le Supérieur deux ans plus tard.
Au lieu d'être envoyé en Chine, il fut destiné aux missions populaires dans lesquelles il transmit sa passion missionnaire de l'annonce du Christ.
Il soutint et diffusa l'œuvre de la Propagation de la Foi à Lyon en 1822, inaugura le collège de Brignole-Sale pour les missions étrangères dans le but de former des prêtres pour les missions "ad gentes".
Il prêchait la miséricorde de Dieu, encourageait les populations à la conversion et intervenait concrètement en faveur des pauvres. Sa préoccupation pour les pauvres fut un aspect important de son apostolat.
En 1833, il fonda l'Institut des Filles de la Charité dans le Piémont pour s'occuper de divers hôpitaux militaires et civils. Il diffusa également l'association mariale de la Médaille Miraculeuse, parmi les jeunes, qui donna naissance à de multiples vocations : en dix ans, vingt Instituts furent fondés comptant 260 sœurs.
Le Père Durando dota la ville de Turin de multiples centres de charité, appelés Miséricorde, dont les sœurs, des Dames de la Charité, offraient un service à domicile et s'occupaient des pauvres. Autour de la Miséricorde se formèrent de nombreuses œuvres, comme les premières écoles maternelles pour les enfants pauvres, des ateliers pour jeunes et des orphelinats. En vertu de leur œuvre d'assistance parmi les malades et les pauvres, les Filles de la Charité ont été de précieuses collaboratrices du développement du catholicisme social en Italie.
En 1837, il fut nommé Visiteur de la Province du nord de l'Italie des missionnaires de Saint-Vincent, fonction qu'il occupa pendant 43 ans, jusqu'à sa mort. On lui confia la direction des Sœurs de Saint-Joseph et il contribua à la rédaction des règles des Sœurs de Sainte-Anne. Il devint guide spirituel des Clarisses capucines du nouveau monastère de Sainte-Claire.
Mais son œuvre principale fut la fondation, en 1865, de la Compagnie de la Passion de Jésus de Nazareth, ayant pour but de servir les personnes souffrantes et d'accompagner les mourants. Les premières postulantes étaient des jeunes filles désireuses de se consacrer à Dieu mais ne remplissant pas certaines conditions nécessaires pour entrer dans les communautés religieuses. L'institut suscita de nombreuses conversions.
Le Père Durando mourut le 10 décembre 1880.
Marc-Antoine (Marcantonio) Durando à été béatifié, le 20 octobre 2002, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Vendredi le 11 décembre
Saint Damase
Pape (37e) de 366 à 384
On convient que Damase était d'origine espagnole, quoiqu'on ne sache pas précisément en quelle ville ni en quelle province il naquit, vers l'an 305. Étant venu à Rome avec sa famille, il entra dans les Ordres sacrés et devint par ses mérites un des membres les plus considérables du clergé. Le pape saint Libère en fit son archidiacre ou vicaire général et lui confia la charge de nonce apostolique auprès des empereurs Valens et Valentinien.
En 355, Libère, gardien de la foi de Nicée et défenseur de saint Athanase, fut enlevé de son siège par ordre de l'empereur Constance. Ne se contentant pas de témoigner de sa fidélité au souverain pontife, Damase voulut l'accompagner quelque temps jusqu'en Thrace où il souffrit l'exil et la mort. Après le décès du Saint-Père, saint Damase, alors âgé de soixante-deux ans, fut élu pour lui succéder (en 366).
Ursin ou Ursicin, diacre ambitieux qui convoitait la haute dignité de souverain pontife, se fit élire antipape. Jaloux de l'ascendant moral dont jouissait saint Damase, Ursin le fit accuser d'adultère. Le saint pontife ne se troubla point de cette noire calomnie, mais pour le bien de l'Église, il assembla à Rome un synode de quarante-quatre évêques où il se justifia pleinement. Ses accusateurs furent excommuniés et chassés de la ville éternelle.
Malgré ces difficultés, Damase donna tout son éclat à la papauté au IVe siècle. En 369, sur le conseil de St Athanase, il convoqua un concile à Rome où il condamna les décrets du faux concile de Rimini dans lequel la profession de foi du concile de Nicée avait été rejetée, et déposa Auxence, évêque arien de Milan.
En 373, dans un deuxième concile toujours tenu à Rome, il condamna les nombreuses hérésies qui infectaient alors l'Église d'Orient, surtout celle d'Apollinaire qui prétendait que le corps de Jésus-Christ n'avait pas été formé dans le sein de Marie, et qu'en la personne du Christ, le Verbe tenait lieu de l'entendement humain. Durant ce même concile, Damase promulgua la liste des Livres de l'Ancien et du Nouveau Testament reconnus comme divinement inspirés. Ce saint pape régla aussi la psalmodie et introduisit l'usage de terminer tous les psaumes par le Gloria Patri.
Le saint pape Damase mourut en 384, après avoir gouverné pendant dix-huit ans l'Église de Jésus-Christ avec un dévouement inlassable et une sagesse éprouvée.
Sainte María de las Maravillas de Jesús (1891-1974)
Carmélite déchaussée et fondatrice
María de las Maravillas de Jesús Pidal y Chico de Guzman naît à Madrid le 4 novembre 1891. Elle désira dès l'enfance se consacrer à Dieu et commença très jeune à aider avec beaucoup d'ardeur les plus pauvres. Attirée par la spiritualité de sainte Térèse de Jésus et de saint Jean de la Croix et animée par son amour pour la Vierge Marie, elle entra au Carmel de l'Escurial le 12 octobre 1919.
En 1924, elle fonda un monastère de Carmélites déchaussées à Cerro de los Angeles, centre géographique de l'Espagne, à côté du monument consacré au Cœur de Jésus, qui devait être un lieu de prière et d'immolation pour l'Église et pour l'Espagne.
Au cours de la persécution religieuse, Mère Maravillas brilla par son esprit de réparation, par sa force, sa sérénité et sa confiance dans le Seigneur. Elle fonda par la suite dix autres Carmels, dans des lieux appartenant à la tradition de Ste Thérèse et de St Jean.
Prieure pendant de nombreuses années, elle forma ses consœurs par le témoignage de ses vertus et se distingua par sa vie mystique, son ardeur apostolique et la bonté unie à la fermeté envers celles qui la considéraient comme une véritable mère.
Elle mourut au Carmel de La Aldehuela, le 11 décembre 1974.
María de las Maravillas de Jesús a été béatifié, le 11 mai 1998 à Rome, et puis canonisée, le 4 mai 2003 à Madrid, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005) qui, au cours de l'homélie dit :
« Sainte Maravillas de Jesús vécut animée par une foi héroïque, formée à travers une vocation austère, plaçant Dieu au centre de son existence. Une fois surmontées les tristes circonstances de la guerre civile espagnole, elle fut à l'origine de nouvelles fondations dans l'ordre du Carmel façonnées par l'esprit caractéristique de la réforme thérésienne. Sa vie contemplative et la clôture du monastère ne l'empêchèrent pas de répondre aux besoins des personnes qu'elle fréquentait et de promouvoir des œuvres sociales et caritatives autour d'elle. »
Saint Damase
Pape (37e) de 366 à 384
On convient que Damase était d'origine espagnole, quoiqu'on ne sache pas précisément en quelle ville ni en quelle province il naquit, vers l'an 305. Étant venu à Rome avec sa famille, il entra dans les Ordres sacrés et devint par ses mérites un des membres les plus considérables du clergé. Le pape saint Libère en fit son archidiacre ou vicaire général et lui confia la charge de nonce apostolique auprès des empereurs Valens et Valentinien.
En 355, Libère, gardien de la foi de Nicée et défenseur de saint Athanase, fut enlevé de son siège par ordre de l'empereur Constance. Ne se contentant pas de témoigner de sa fidélité au souverain pontife, Damase voulut l'accompagner quelque temps jusqu'en Thrace où il souffrit l'exil et la mort. Après le décès du Saint-Père, saint Damase, alors âgé de soixante-deux ans, fut élu pour lui succéder (en 366).
Ursin ou Ursicin, diacre ambitieux qui convoitait la haute dignité de souverain pontife, se fit élire antipape. Jaloux de l'ascendant moral dont jouissait saint Damase, Ursin le fit accuser d'adultère. Le saint pontife ne se troubla point de cette noire calomnie, mais pour le bien de l'Église, il assembla à Rome un synode de quarante-quatre évêques où il se justifia pleinement. Ses accusateurs furent excommuniés et chassés de la ville éternelle.
Malgré ces difficultés, Damase donna tout son éclat à la papauté au IVe siècle. En 369, sur le conseil de St Athanase, il convoqua un concile à Rome où il condamna les décrets du faux concile de Rimini dans lequel la profession de foi du concile de Nicée avait été rejetée, et déposa Auxence, évêque arien de Milan.
En 373, dans un deuxième concile toujours tenu à Rome, il condamna les nombreuses hérésies qui infectaient alors l'Église d'Orient, surtout celle d'Apollinaire qui prétendait que le corps de Jésus-Christ n'avait pas été formé dans le sein de Marie, et qu'en la personne du Christ, le Verbe tenait lieu de l'entendement humain. Durant ce même concile, Damase promulgua la liste des Livres de l'Ancien et du Nouveau Testament reconnus comme divinement inspirés. Ce saint pape régla aussi la psalmodie et introduisit l'usage de terminer tous les psaumes par le Gloria Patri.
Le saint pape Damase mourut en 384, après avoir gouverné pendant dix-huit ans l'Église de Jésus-Christ avec un dévouement inlassable et une sagesse éprouvée.
Sainte María de las Maravillas de Jesús (1891-1974)
Carmélite déchaussée et fondatrice
María de las Maravillas de Jesús Pidal y Chico de Guzman naît à Madrid le 4 novembre 1891. Elle désira dès l'enfance se consacrer à Dieu et commença très jeune à aider avec beaucoup d'ardeur les plus pauvres. Attirée par la spiritualité de sainte Térèse de Jésus et de saint Jean de la Croix et animée par son amour pour la Vierge Marie, elle entra au Carmel de l'Escurial le 12 octobre 1919.
En 1924, elle fonda un monastère de Carmélites déchaussées à Cerro de los Angeles, centre géographique de l'Espagne, à côté du monument consacré au Cœur de Jésus, qui devait être un lieu de prière et d'immolation pour l'Église et pour l'Espagne.
Au cours de la persécution religieuse, Mère Maravillas brilla par son esprit de réparation, par sa force, sa sérénité et sa confiance dans le Seigneur. Elle fonda par la suite dix autres Carmels, dans des lieux appartenant à la tradition de Ste Thérèse et de St Jean.
Prieure pendant de nombreuses années, elle forma ses consœurs par le témoignage de ses vertus et se distingua par sa vie mystique, son ardeur apostolique et la bonté unie à la fermeté envers celles qui la considéraient comme une véritable mère.
Elle mourut au Carmel de La Aldehuela, le 11 décembre 1974.
María de las Maravillas de Jesús a été béatifié, le 11 mai 1998 à Rome, et puis canonisée, le 4 mai 2003 à Madrid, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005) qui, au cours de l'homélie dit :
« Sainte Maravillas de Jesús vécut animée par une foi héroïque, formée à travers une vocation austère, plaçant Dieu au centre de son existence. Une fois surmontées les tristes circonstances de la guerre civile espagnole, elle fut à l'origine de nouvelles fondations dans l'ordre du Carmel façonnées par l'esprit caractéristique de la réforme thérésienne. Sa vie contemplative et la clôture du monastère ne l'empêchèrent pas de répondre aux besoins des personnes qu'elle fréquentait et de promouvoir des œuvres sociales et caritatives autour d'elle. »
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Samedi le 12 décembre
Notre-Dame de Guadalupe
Patronne de l'Amérique Latine
Un samedi, 9 décembre 1531, un pieux Indien du nom de Juan Diego se rendait de son village à Mexico pour y satisfaire sa dévotion. Comme il passait au pied du Tepeyac, la plus haute des collines qui entourent la ville, il entendit tout à coup une musique céleste descendre jusqu'à lui.
Irrésistiblement attiré vers le sommet de la colline, il en fait l'ascension et dans une lumière resplendissante bordée d'un iris aux plus vives couleurs, il aperçoit une Dame incomparablement belle, souriante et radieuse de bonté :
- Juan, Mon fils bien-aimé, dit l'Apparition, où vas-tu ?
- Madame, je vais à Mexico entendre la messe en l'honneur de la Vierge.
- Ta dévotion m'est agréable, reprit l'Inconnue ; Je suis cette Vierge, Mère de Dieu. Je désire que l'on me bâtisse ici un temple magnifique d'où je répandrai mes faveurs et ferai voir ma compassion envers tous ceux qui m'invoqueront avec confiance. Va trouver l'évêque de Mexico pour l'instruire de ma volonté.
Juan Diego se hâte de transmettre le message, mais le prélat le prend pour un illuminé et le congédie. Diego retourne au Tepeyac, y retrouve la Vierge qui le renvoie une seconde fois auprès de l'évêque. Cette fois, on lui ménage meilleur accueil, mais l'ecclésiastique exige quelque témoignage certain de la volonté du ciel.
Le 10 décembre, Juan Diego revoit la Vierge qui promet le signe demandé pour le lendemain, mais Diego passe toute cette journée-là auprès de son oncle gravement malade.
Le 12 décembre, pressé de trouver un prêtre à Mexico pour administrer les derniers sacrements au moribond, Diego passe rapidement devant la colline, mais au détour de la route, il se trouve subitement en présence de l'Apparition. « Ton oncle est guéri, dit la Très Sainte Vierge, va au haut de la colline cueillir des roses que tu donneras à l'évêque de Mexico. »
Ce n'était point la saison des fleurs et jamais la roche nue du Tepeyac n'avait produit de roses. L'humble paysan obéit néanmoins sans hésiter et trouva un merveilleux parterre de roses fraîches au sommet du monticule. Il en cueillit une brassée, et les tenant cachées sous son manteau, il s'achemina vers l'évêché. Lorsque Juan Diego fut introduit devant le prélat, deux miracles au lieu d'un frappèrent les yeux de l'évêque stupéfait : la gerbe de roses vermeilles et l'image de l'Apparition peinte à l'insu de Diego sur l'envers de son paletot.
Aussitôt que leurs yeux rencontrèrent l'image bénie de la Sainte Vierge, tous les témoins du prodige tombèrent à genoux, muets de joie, sans pouvoir faire autre chose que d'admirer la beauté surhumaine de leur Mère du ciel. Se relevant, l'évêque enlève le manteau des épaules du pieux Mexicain et l'expose dans sa chapelle en attendant d'élever un sanctuaire qui puisse renfermer cette relique sacrée. Tous les habitants de la ville se rassemblèrent à l'évêché pour honorer l'image miraculeuse que Marie elle-même venait de léguer si gracieusement à ses enfants de la terre.
Le jour suivant, 13 décembre, l'évêque de Mexico se rendit sur la colline de l'Apparition suivi d'un grand concours de peuple. Il voulait voir l'endroit exact où la Très Sainte Vierge s'était montrée à son fils privilégié, Juan Diego. Ce dernier ne crut pas pouvoir le déterminer avec précision. Marie vint le tirer d'embarras par un nouveau miracle : une source jaillit soudainement, désignant le lieu précis de l'Apparition. Depuis, cette source n'a cessé de couler et d'opérer des guérisons miraculeuses.
La Reine du Ciel se montra une cinquième fois à son humble serviteur et lui révéla le titre sous lequel elle désirait être invoquée. « On m'appellera, dit-elle : Notre-Dame de Guadalupe ». Ce mot venu d'Espagne, mais d'origine arabe, signifie : Fleuve de Lumière. Conformément à la demande de la Mère de Dieu, on éleva une grandiose basilique sur la colline du Tepeyac où l'on vénéra la sainte image de Marie imprimée dans le manteau du voyant. Tout au cours des âges, d'innombrables et éclatants miracles témoignèrent de l'inépuisable bonté de Notre-Dame de Guadalupe.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe est, après la Basilique Saint-pierre du Vatican le lieu de culte catholique qui attire le plus de pèlerins. Les jours de plus grande affluence sont ceux qui précèdent et suivent la fête de la Vierge de Guadalupe le 12 décembre où près de 9 millions de fidèles et de touristes assistent aux festivités et viennent vénérer la relique de Juan Diego.
Saint Jacques de Viterbe Célèbre théologien, évêque de Bénévent (1302) et de Naples (1303)
Jacques (Giacomo) Capocci naît à Viterbe, en Italie, entre 1255 et 1256. Certains historiens du dix-huitième siècle l'ont considéré comme appartenant à la famille noble Capocci, mais il y a beaucoup de doutes à cet égard.
Il étudie certainement au couvent de la Ste Trinité de Viterbe, qui appartient aux Ermites de St Augustin, ordre dans lequel il entre vers 1272, dans ce même monastère.
Il est envoyé à l'université de Paris où il aurait eu pour maître St Thomas d'Aquin et pour condisciple, Gilles de Rome (théologien et philosophe italien, surnommé Docteur très fondé et Prince des théologiens).
De retour en Italie, il assume à plusieurs reprises entre 1281 et 1286 et sur les conseils de Gilles, les postes de conseiller et de visiteur dans la province romaine de son ordre.
Il retourne à Paris pour achever ses études, et obtient le premier degré du baccalauréat (1288), puis, en 1293, un doctorat en théologie. Au cours de ces années, il montre de grandes compétences littéraires et philosophiques, si bien qu'il en vient à succéder à Gilles de Rome, (qui avait entre-temps été élu prieur général de l'Ordre), à l'Université de Paris et il obtient le titre de "doctor speculativus" (docteur spéculatif).
En 1300, il reçoit la charge de Premier Lecteur (directeur de l'enseignement) à l'université fondée à Naples à par les Augustins.
Il écrit son œuvre la plus connue, le traité "De regimine christiano" (Du Gouvernement chrétien), dans les années les plus graves de la confrontation entre le pape Boniface VIII (Benedetto Caetani, 1294-1303) et le roi de France Philippe IV le Bel (le roi de fer), entre 1296 et 1303. Ce travail réitère l'argument de la bulle papale "Unam Sanctam", défendant l'idée hiérocratique (système politique basé sur le sacré), ou théocratique (mode de gouvernement dans lequel l'autorité est exercée par les prêtres), et le droit de la papauté d'exercer le pouvoir temporel.
Boniface VIII lui montre son estime en le nommant premier archevêque de Bénévent, le 3 septembre 1302, puis le 12 décembre de la même année, après seulement trois mois, archevêque du prestigieux siège de Naples. Là, grâce à l'appui du roi Charles II d'Anjou et de son fils Robert, avec qui il a d'excellentes relations, il donne une impulsion considérable aux travaux de la construction d'une nouvelle cathédrale.
Son rôle est également important lors de la canonisation du Pp Celestin V (Pietro Angeleri) dont la cause lui est confiée par le Pp Clement V (Bertrand de Gouth, 1305-1314) : pour enquêter, en 1306, il entend pas moins de trois cents témoins, venant de Campanie et des Abruzzes.
Il meurt vers 1308. On en ignore la date précise ainsi que le lieu de son inhumation.
Il est béatifié par St Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914) en 1911 ; son culte est confirmé ab immemorabili, le 14 juin 1914, par le même Pape.
Saint Corentin
1er évêque de Quimper
Corentin n’est pas venu d’Angleterre en Bretagne, comme la plupart des premiers Saints de cette province de Cornouailles. On met sa naissance au commencement du IVe siècle, époque où la Foi de Jésus-Christ, étant devenue maîtresse de l’empire romain, avait déjà pénétré dans les pays les plus barbares de l’Occident et du Nord.
Ayant été élevé dans la piété, il embrassa l’état ecclésiastique et fut promu aux Ordres Sacrés. Puis il se retira dans un ermitage, en la paroisse de Plouvodien, où Dieu fit de grands miracles pour sa nourriture. Il contracta une étroite amitié avec saint Primel, qui était aussi un solitaire d’une très grande piété ; et il fit sourdre une fontaine à son ermitage, pour l’exempter d’aller chercher de l’eau en un endroit fort éloigné.
Souvent il nourrit des hôtes, venus le voir, par des multiplications surnaturelles, trouvant même du poisson où il n’y en avait point auparavant. Entre autres, il fit un festin à un prince nommé Grallon et à des chasseurs de sa compagnie, avec un morceau de poisson qui n’aurait pas suffi pour rassasier un de ces hommes affamés. Ce prince, en reconnaissance, lui donna un grand espace de terre, où il fit bâtir un monastère qui fut bientôt rempli de très saints religieux. Les enfants nobles y étaient aussi reçus, pour être formés aux sciences humaines et à la piété : de sorte qu’il servit extrêmement à la bonne éducation de la jeune noblesse de Cornouailles et de toute la Bretagne.
Les seigneurs du pays, charmés de la prudence et de la sainteté de Corentin, prièrent le prince de procurer un nouvel évêché à Quimper-Odets et d’en faire nommer saint Corentin premier évêque. Grallon y consentit ; et, ayant fait venir ce saint Abbé, il l’envoya vers saint Martin, archevêque de Tours, dont la juridiction s’étendait sur toute la Bretagne, afin de recevoir de lui la consécration épiscopale.
Saint Corentin mena avec lui à Tours deux excellents religieux, Vennolé et Tudin, pour être bénis abbés de deux nouveaux monastères que le prince voulait fonder. Mais saint Martin, l’ayant sacré, lui dit que, pour la bénédiction des abbés de son diocèse, c’était à lui à la faire ; et il l’envoya ainsi gouverner le peuple que la divine Providence lui avait commis. On lui fit une entrée magnifique dans Quimper ; et on lui donna de quoi fonder un Chapitre de chanoines, pour sa nouvelle cathédrale.
Comme il n’oublia point dans l’Épiscopat qu’il était religieux, de même les exercices de la vie solitaire, qu’il continua toujours de pratiquer, ne lui firent point oublier qu’il était Évêque. Il visita tout son diocèse ; il ordonna de bons ecclésiastiques pour les distribuer dans les paroisses ; il corrigea les abus qui s’étaient glissés parmi les fidèles ; il combattit les restes du paganisme et il s’acquitta de toutes les autres obligations d’un bon pasteur. Enfin, Dieu le retira de ce monde pour lui donner la couronne de l’immortalité.
Son corps fut enseveli avec beaucoup d’honneur dans son église cathédrale, devant le grand autel ; et son convoi fut illustré par plusieurs miracles signalés. Il s’en est fait depuis quantité à son tombeau. Une femme avait promis de présenter de la cire à son église, en reconnaissance d’un insigne bienfait qu’elle avait reçu de son intercession. Elle en apporta en effet ; mais comme elle était prête à l’offrir, elle retira sa main par avarice et ne l’offrit point. Alors cette même main se ferma si fort, qu’il lui fut impossible de l’ouvrir, jusqu’à ce que le Saint, ayant égard à ses larmes, lui apparut par deux fois et la guérit de ce mal qu’elle s’était attiré par sa cupidité. Il apparut aussi à un pauvre homme, que des scélérats avaient enfermé dans un coffre pour le faire mourir de faim et le délivra de cette horrible prison en levant la serrure qui la tenait fermée.
Ses reliques sont maintenant au monastère de Marmoutier-lez-Tours, après avoir été à Saint-Martin de la même ville, où la crainte des Normands les avait fait transporter. La vie de notre Saint est dans Benoît Gonon et dans le P. Alexandre Legrand, de Morlaix. Sa ville épiscopale a pris son nom et ne s’appelle plus Quimper-Odets, mais Quimper-Corentin… jusqu’à ce que la révolution intervienne.
Notre-Dame de Guadalupe
Patronne de l'Amérique Latine
Un samedi, 9 décembre 1531, un pieux Indien du nom de Juan Diego se rendait de son village à Mexico pour y satisfaire sa dévotion. Comme il passait au pied du Tepeyac, la plus haute des collines qui entourent la ville, il entendit tout à coup une musique céleste descendre jusqu'à lui.
Irrésistiblement attiré vers le sommet de la colline, il en fait l'ascension et dans une lumière resplendissante bordée d'un iris aux plus vives couleurs, il aperçoit une Dame incomparablement belle, souriante et radieuse de bonté :
- Juan, Mon fils bien-aimé, dit l'Apparition, où vas-tu ?
- Madame, je vais à Mexico entendre la messe en l'honneur de la Vierge.
- Ta dévotion m'est agréable, reprit l'Inconnue ; Je suis cette Vierge, Mère de Dieu. Je désire que l'on me bâtisse ici un temple magnifique d'où je répandrai mes faveurs et ferai voir ma compassion envers tous ceux qui m'invoqueront avec confiance. Va trouver l'évêque de Mexico pour l'instruire de ma volonté.
Juan Diego se hâte de transmettre le message, mais le prélat le prend pour un illuminé et le congédie. Diego retourne au Tepeyac, y retrouve la Vierge qui le renvoie une seconde fois auprès de l'évêque. Cette fois, on lui ménage meilleur accueil, mais l'ecclésiastique exige quelque témoignage certain de la volonté du ciel.
Le 10 décembre, Juan Diego revoit la Vierge qui promet le signe demandé pour le lendemain, mais Diego passe toute cette journée-là auprès de son oncle gravement malade.
Le 12 décembre, pressé de trouver un prêtre à Mexico pour administrer les derniers sacrements au moribond, Diego passe rapidement devant la colline, mais au détour de la route, il se trouve subitement en présence de l'Apparition. « Ton oncle est guéri, dit la Très Sainte Vierge, va au haut de la colline cueillir des roses que tu donneras à l'évêque de Mexico. »
Ce n'était point la saison des fleurs et jamais la roche nue du Tepeyac n'avait produit de roses. L'humble paysan obéit néanmoins sans hésiter et trouva un merveilleux parterre de roses fraîches au sommet du monticule. Il en cueillit une brassée, et les tenant cachées sous son manteau, il s'achemina vers l'évêché. Lorsque Juan Diego fut introduit devant le prélat, deux miracles au lieu d'un frappèrent les yeux de l'évêque stupéfait : la gerbe de roses vermeilles et l'image de l'Apparition peinte à l'insu de Diego sur l'envers de son paletot.
Aussitôt que leurs yeux rencontrèrent l'image bénie de la Sainte Vierge, tous les témoins du prodige tombèrent à genoux, muets de joie, sans pouvoir faire autre chose que d'admirer la beauté surhumaine de leur Mère du ciel. Se relevant, l'évêque enlève le manteau des épaules du pieux Mexicain et l'expose dans sa chapelle en attendant d'élever un sanctuaire qui puisse renfermer cette relique sacrée. Tous les habitants de la ville se rassemblèrent à l'évêché pour honorer l'image miraculeuse que Marie elle-même venait de léguer si gracieusement à ses enfants de la terre.
Le jour suivant, 13 décembre, l'évêque de Mexico se rendit sur la colline de l'Apparition suivi d'un grand concours de peuple. Il voulait voir l'endroit exact où la Très Sainte Vierge s'était montrée à son fils privilégié, Juan Diego. Ce dernier ne crut pas pouvoir le déterminer avec précision. Marie vint le tirer d'embarras par un nouveau miracle : une source jaillit soudainement, désignant le lieu précis de l'Apparition. Depuis, cette source n'a cessé de couler et d'opérer des guérisons miraculeuses.
La Reine du Ciel se montra une cinquième fois à son humble serviteur et lui révéla le titre sous lequel elle désirait être invoquée. « On m'appellera, dit-elle : Notre-Dame de Guadalupe ». Ce mot venu d'Espagne, mais d'origine arabe, signifie : Fleuve de Lumière. Conformément à la demande de la Mère de Dieu, on éleva une grandiose basilique sur la colline du Tepeyac où l'on vénéra la sainte image de Marie imprimée dans le manteau du voyant. Tout au cours des âges, d'innombrables et éclatants miracles témoignèrent de l'inépuisable bonté de Notre-Dame de Guadalupe.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe est, après la Basilique Saint-pierre du Vatican le lieu de culte catholique qui attire le plus de pèlerins. Les jours de plus grande affluence sont ceux qui précèdent et suivent la fête de la Vierge de Guadalupe le 12 décembre où près de 9 millions de fidèles et de touristes assistent aux festivités et viennent vénérer la relique de Juan Diego.
Saint Jacques de Viterbe Célèbre théologien, évêque de Bénévent (1302) et de Naples (1303)
Jacques (Giacomo) Capocci naît à Viterbe, en Italie, entre 1255 et 1256. Certains historiens du dix-huitième siècle l'ont considéré comme appartenant à la famille noble Capocci, mais il y a beaucoup de doutes à cet égard.
Il étudie certainement au couvent de la Ste Trinité de Viterbe, qui appartient aux Ermites de St Augustin, ordre dans lequel il entre vers 1272, dans ce même monastère.
Il est envoyé à l'université de Paris où il aurait eu pour maître St Thomas d'Aquin et pour condisciple, Gilles de Rome (théologien et philosophe italien, surnommé Docteur très fondé et Prince des théologiens).
De retour en Italie, il assume à plusieurs reprises entre 1281 et 1286 et sur les conseils de Gilles, les postes de conseiller et de visiteur dans la province romaine de son ordre.
Il retourne à Paris pour achever ses études, et obtient le premier degré du baccalauréat (1288), puis, en 1293, un doctorat en théologie. Au cours de ces années, il montre de grandes compétences littéraires et philosophiques, si bien qu'il en vient à succéder à Gilles de Rome, (qui avait entre-temps été élu prieur général de l'Ordre), à l'Université de Paris et il obtient le titre de "doctor speculativus" (docteur spéculatif).
En 1300, il reçoit la charge de Premier Lecteur (directeur de l'enseignement) à l'université fondée à Naples à par les Augustins.
Il écrit son œuvre la plus connue, le traité "De regimine christiano" (Du Gouvernement chrétien), dans les années les plus graves de la confrontation entre le pape Boniface VIII (Benedetto Caetani, 1294-1303) et le roi de France Philippe IV le Bel (le roi de fer), entre 1296 et 1303. Ce travail réitère l'argument de la bulle papale "Unam Sanctam", défendant l'idée hiérocratique (système politique basé sur le sacré), ou théocratique (mode de gouvernement dans lequel l'autorité est exercée par les prêtres), et le droit de la papauté d'exercer le pouvoir temporel.
Boniface VIII lui montre son estime en le nommant premier archevêque de Bénévent, le 3 septembre 1302, puis le 12 décembre de la même année, après seulement trois mois, archevêque du prestigieux siège de Naples. Là, grâce à l'appui du roi Charles II d'Anjou et de son fils Robert, avec qui il a d'excellentes relations, il donne une impulsion considérable aux travaux de la construction d'une nouvelle cathédrale.
Son rôle est également important lors de la canonisation du Pp Celestin V (Pietro Angeleri) dont la cause lui est confiée par le Pp Clement V (Bertrand de Gouth, 1305-1314) : pour enquêter, en 1306, il entend pas moins de trois cents témoins, venant de Campanie et des Abruzzes.
Il meurt vers 1308. On en ignore la date précise ainsi que le lieu de son inhumation.
Il est béatifié par St Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914) en 1911 ; son culte est confirmé ab immemorabili, le 14 juin 1914, par le même Pape.
Saint Corentin
1er évêque de Quimper
Corentin n’est pas venu d’Angleterre en Bretagne, comme la plupart des premiers Saints de cette province de Cornouailles. On met sa naissance au commencement du IVe siècle, époque où la Foi de Jésus-Christ, étant devenue maîtresse de l’empire romain, avait déjà pénétré dans les pays les plus barbares de l’Occident et du Nord.
Ayant été élevé dans la piété, il embrassa l’état ecclésiastique et fut promu aux Ordres Sacrés. Puis il se retira dans un ermitage, en la paroisse de Plouvodien, où Dieu fit de grands miracles pour sa nourriture. Il contracta une étroite amitié avec saint Primel, qui était aussi un solitaire d’une très grande piété ; et il fit sourdre une fontaine à son ermitage, pour l’exempter d’aller chercher de l’eau en un endroit fort éloigné.
Souvent il nourrit des hôtes, venus le voir, par des multiplications surnaturelles, trouvant même du poisson où il n’y en avait point auparavant. Entre autres, il fit un festin à un prince nommé Grallon et à des chasseurs de sa compagnie, avec un morceau de poisson qui n’aurait pas suffi pour rassasier un de ces hommes affamés. Ce prince, en reconnaissance, lui donna un grand espace de terre, où il fit bâtir un monastère qui fut bientôt rempli de très saints religieux. Les enfants nobles y étaient aussi reçus, pour être formés aux sciences humaines et à la piété : de sorte qu’il servit extrêmement à la bonne éducation de la jeune noblesse de Cornouailles et de toute la Bretagne.
Les seigneurs du pays, charmés de la prudence et de la sainteté de Corentin, prièrent le prince de procurer un nouvel évêché à Quimper-Odets et d’en faire nommer saint Corentin premier évêque. Grallon y consentit ; et, ayant fait venir ce saint Abbé, il l’envoya vers saint Martin, archevêque de Tours, dont la juridiction s’étendait sur toute la Bretagne, afin de recevoir de lui la consécration épiscopale.
Saint Corentin mena avec lui à Tours deux excellents religieux, Vennolé et Tudin, pour être bénis abbés de deux nouveaux monastères que le prince voulait fonder. Mais saint Martin, l’ayant sacré, lui dit que, pour la bénédiction des abbés de son diocèse, c’était à lui à la faire ; et il l’envoya ainsi gouverner le peuple que la divine Providence lui avait commis. On lui fit une entrée magnifique dans Quimper ; et on lui donna de quoi fonder un Chapitre de chanoines, pour sa nouvelle cathédrale.
Comme il n’oublia point dans l’Épiscopat qu’il était religieux, de même les exercices de la vie solitaire, qu’il continua toujours de pratiquer, ne lui firent point oublier qu’il était Évêque. Il visita tout son diocèse ; il ordonna de bons ecclésiastiques pour les distribuer dans les paroisses ; il corrigea les abus qui s’étaient glissés parmi les fidèles ; il combattit les restes du paganisme et il s’acquitta de toutes les autres obligations d’un bon pasteur. Enfin, Dieu le retira de ce monde pour lui donner la couronne de l’immortalité.
Son corps fut enseveli avec beaucoup d’honneur dans son église cathédrale, devant le grand autel ; et son convoi fut illustré par plusieurs miracles signalés. Il s’en est fait depuis quantité à son tombeau. Une femme avait promis de présenter de la cire à son église, en reconnaissance d’un insigne bienfait qu’elle avait reçu de son intercession. Elle en apporta en effet ; mais comme elle était prête à l’offrir, elle retira sa main par avarice et ne l’offrit point. Alors cette même main se ferma si fort, qu’il lui fut impossible de l’ouvrir, jusqu’à ce que le Saint, ayant égard à ses larmes, lui apparut par deux fois et la guérit de ce mal qu’elle s’était attiré par sa cupidité. Il apparut aussi à un pauvre homme, que des scélérats avaient enfermé dans un coffre pour le faire mourir de faim et le délivra de cette horrible prison en levant la serrure qui la tenait fermée.
Ses reliques sont maintenant au monastère de Marmoutier-lez-Tours, après avoir été à Saint-Martin de la même ville, où la crainte des Normands les avait fait transporter. La vie de notre Saint est dans Benoît Gonon et dans le P. Alexandre Legrand, de Morlaix. Sa ville épiscopale a pris son nom et ne s’appelle plus Quimper-Odets, mais Quimper-Corentin… jusqu’à ce que la révolution intervienne.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Dimanche le 13 décembre
Sainte Lucie
Vierge et Martyre
(† 305)
Lucie, jeune fille de Syracuse, vint à Catane, au tombeau de sainte Agathe, avec sa mère qui souffrait d'un flux de sang incurable. Après avoir prié un instant, Lucie s'endormit et vit en songe sainte Agathe qui lui dit : « Lucie, ma sœur, pourquoi me demander ce que ta foi a pu obtenir par elle-même ? Ta mère est guérie. Tu seras bientôt la gloire de Syracuse comme je suis la gloire de Catane. »
Lucie en échange de la guérison de sa mère, lui demanda et obtint la grâce de garder sa virginité. De retour à Syracuse, elle se défit de ses bijoux, vendit tous ses biens, et ne tarda pas à être dénoncée comme chrétienne par son propre fiancé.
Le gouverneur fait venir Lucie à son tribunal et lui ordonne de sacrifier aux dieux ; Lucie demeure invincible devant toutes les menaces. Les bourreaux la saisissent pour l'entraîner en un mauvais lieu ; mais, malgré leurs efforts, elle reste inébranlable comme un rocher.
On la tire avec des cordes attachées à ses pieds et à ses mains sans plus de succès. On attelle plusieurs paires de bœufs pour l'ébranler ; mais toute la vigueur de ces robustes animaux ne produit aucun effet.
« Quels maléfices emploies-tu donc ? dit à Lucie le préfet exaspéré.
– Je ne recours point aux maléfices, dit-elle, mais la puissance de Dieu est avec moi.
– Comment peux-tu, femme de rien, triompher d'un millier d'hommes ?
– Fais-en venir dix mille, et ils ne pourront lutter contre Dieu. »
Lucie est alors couverte d'huile, de poix et de résine, et on y met le feu ; mais la flamme respecte la vierge. Enfin elle meurt d'un coup d'épée en prédisant la paix dans l'Église.
Beato Antonio Grassi (1671)
Prêtre de l’Oratoire
Antoine Grassi naît le 13 novembre 1592 à Fermo, dans les Marches (Italie). Enfant il était déjà pieux, appréciant le solitude et fabriquant de petits autels, pour y honorer Jésus et Marie et certains saints. Il fut éduqué par les Oratoriens, fondés par saint Philippe Néri (1564).
Le 11 octobre 1609, malgré l’opposition de sa mère, il entra dans la Congrégation de l'Oratoire ; il fut ordonné prêtre le 17 décembre 1617. Le P. Grassi se distingua par l'amour des enfants qu'il préparait au catéchisme, des malades et des prisonniers dont il s'occupait. Il affirmait que la vocation du prêtre était de compatir, de consoler et de porter assistance.
Il avait une grande dévotion à la Vierge Marie et faisait à pied, chaque année, le pèlerinage de Notre Dame de Lorette.
En 1625, Année Sainte, il fit le pèlerinage à Rome et ce fut pour lui l'occasion de grâces mystiques. À 43 ans, il fut élu supérieur de l’Oratoire de Fermo, charge qu'il assuma jusqu'à sa mort.
Le père Antoine Grassi se voulait très proche de l’esprit de saint Philippe Néri, gardant en toute chose un véritable esprit humaniste et agissant avec mesure. Il fut un remarquable confesseur, lisant dans les cœurs.
Ayant eu connaissance des bienfaits qu'il prodiguait (assistance aux pauvres, réconciliations, confessions et direction spirituelle), les papes le tenaient en grande estime. D’autres maisons de l'Oratoire ouvrirent dans la région et la réputation de sainteté se répandit en vertu des nombreuses grâces qui lui furent attribuées.
On rapporte qu’il prédit même le jour de sa mort qui advint le 13 décembre 1671.
Antonio Grassi a été proclamé Bienheureux par le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) le 30 septembre 1900, Année Sainte.
Il repose dans l'église de Notre Dame du Mont-Carmel à Fermo.
Sainte Lucie
Vierge et Martyre
(† 305)
Lucie, jeune fille de Syracuse, vint à Catane, au tombeau de sainte Agathe, avec sa mère qui souffrait d'un flux de sang incurable. Après avoir prié un instant, Lucie s'endormit et vit en songe sainte Agathe qui lui dit : « Lucie, ma sœur, pourquoi me demander ce que ta foi a pu obtenir par elle-même ? Ta mère est guérie. Tu seras bientôt la gloire de Syracuse comme je suis la gloire de Catane. »
Lucie en échange de la guérison de sa mère, lui demanda et obtint la grâce de garder sa virginité. De retour à Syracuse, elle se défit de ses bijoux, vendit tous ses biens, et ne tarda pas à être dénoncée comme chrétienne par son propre fiancé.
Le gouverneur fait venir Lucie à son tribunal et lui ordonne de sacrifier aux dieux ; Lucie demeure invincible devant toutes les menaces. Les bourreaux la saisissent pour l'entraîner en un mauvais lieu ; mais, malgré leurs efforts, elle reste inébranlable comme un rocher.
On la tire avec des cordes attachées à ses pieds et à ses mains sans plus de succès. On attelle plusieurs paires de bœufs pour l'ébranler ; mais toute la vigueur de ces robustes animaux ne produit aucun effet.
« Quels maléfices emploies-tu donc ? dit à Lucie le préfet exaspéré.
– Je ne recours point aux maléfices, dit-elle, mais la puissance de Dieu est avec moi.
– Comment peux-tu, femme de rien, triompher d'un millier d'hommes ?
– Fais-en venir dix mille, et ils ne pourront lutter contre Dieu. »
Lucie est alors couverte d'huile, de poix et de résine, et on y met le feu ; mais la flamme respecte la vierge. Enfin elle meurt d'un coup d'épée en prédisant la paix dans l'Église.
Beato Antonio Grassi (1671)
Prêtre de l’Oratoire
Antoine Grassi naît le 13 novembre 1592 à Fermo, dans les Marches (Italie). Enfant il était déjà pieux, appréciant le solitude et fabriquant de petits autels, pour y honorer Jésus et Marie et certains saints. Il fut éduqué par les Oratoriens, fondés par saint Philippe Néri (1564).
Le 11 octobre 1609, malgré l’opposition de sa mère, il entra dans la Congrégation de l'Oratoire ; il fut ordonné prêtre le 17 décembre 1617. Le P. Grassi se distingua par l'amour des enfants qu'il préparait au catéchisme, des malades et des prisonniers dont il s'occupait. Il affirmait que la vocation du prêtre était de compatir, de consoler et de porter assistance.
Il avait une grande dévotion à la Vierge Marie et faisait à pied, chaque année, le pèlerinage de Notre Dame de Lorette.
En 1625, Année Sainte, il fit le pèlerinage à Rome et ce fut pour lui l'occasion de grâces mystiques. À 43 ans, il fut élu supérieur de l’Oratoire de Fermo, charge qu'il assuma jusqu'à sa mort.
Le père Antoine Grassi se voulait très proche de l’esprit de saint Philippe Néri, gardant en toute chose un véritable esprit humaniste et agissant avec mesure. Il fut un remarquable confesseur, lisant dans les cœurs.
Ayant eu connaissance des bienfaits qu'il prodiguait (assistance aux pauvres, réconciliations, confessions et direction spirituelle), les papes le tenaient en grande estime. D’autres maisons de l'Oratoire ouvrirent dans la région et la réputation de sainteté se répandit en vertu des nombreuses grâces qui lui furent attribuées.
On rapporte qu’il prédit même le jour de sa mort qui advint le 13 décembre 1671.
Antonio Grassi a été proclamé Bienheureux par le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) le 30 septembre 1900, Année Sainte.
Il repose dans l'église de Notre Dame du Mont-Carmel à Fermo.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Lundi le 14 décembre
Saint Jean de la Croix
Carme, Docteur de l'Église
Jean de la Croix (Juan de Yepes Álvarez) naît en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d'Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Álvarez.
Jouant un jour au bord d'un étang, il glissa au fond de l'eau ; une grande et belle dame vint lui offrir la main pour le sauver : « Non, dit l'enfant, vous êtes trop belle, ma main salirait la vôtre. » Alors un vieillard se présenta, marchant aussi dans l'eau, tendit son bâton à l'enfant et le ramena sur le bord. Une autre fois il tomba dans un puits ; on croyait l'y retrouver mort ; il était assis paisiblement : « Une belle dame, dit-il, m'a reçu dans son manteau et m'a gardé. » Ainsi Jean croissait sous le regard de Marie.
Un jour qu'il priait Notre-Seigneur de lui faire connaître sa vocation, une voix intérieure lui dit : « Tu entreras dans un ordre religieux, dont tu relèveras la ferveur primitive. »
Il avait vingt et un ans quand il entra au Carmel, et dépassa de beaucoup tous ses frères, tout en cachant ses œuvres extraordinaires. Il habitait un réduit obscur, mais dont la fenêtre donnait dans la chapelle, en face du Très Saint-Sacrement. Il portait autour du corps une chaîne de fer hérissée de pointes, et par-dessus cette chaîne un vêtement étroit et serré, composé de joncs enlacés par de gros nœuds. Ses disciplines étaient si cruelles, que le sang jaillissait en abondance.
Le sacerdoce ne fit que redoubler son désir de la perfection. Il songeait à s'ensevelir à la Chartreuse, quand sainte Thérèse, éclairée de Dieu sur son mérite, lui confia ses projets de réforme du Carmel et l'engagea à se faire son auxiliaire. Jean se retira dans une maison étroite, pauvre, et commença seul un nouveau genre de vie, conforme aux règles primitives de l'Ordre du Carmel. Peu de jours après, il avait deux compagnons : la réforme était fondée.
Ce ne fut pas sans tempêtes qu'elle se développa, car l'enfer sembla s'acharner contre elle, et tandis que le peuple vénérait Jean comme un saint, il eut à souffrir, de la part de ceux qui auraient dû le seconder, d'incroyables persécutions, les injures, les calomnies, jusqu'à la prison. Pour le consoler, Marie lui apparut et lui annonça sa délivrance prochaine ; en effet, quelques jours après, il se trouva, sans savoir comment, au milieu de la ville de Tolède. Dieu le récompensa de ses épreuves par des extases fréquentes ; sainte Thérèse l'appelait un homme tout divin. Il écrivit des ouvrages spirituels d'une élévation sublime. Une colombe le suivait partout, et une odeur suave s'exhalait de son corps.
Au moment de sa mort, la nuit entre le 13 et le 14 décembre 1591, à Úbeda, en Espagne, un globe de feu brillant comme un soleil entoura son corps.
Jean de la Croix a été béatifié en 1675 par le Pp Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676) ; canonisé par le pape Benoît XIII (Pietro Francesco Orsini, 1724-1730), le 27 décembre 1726 ; déclaré docteur de l'Église par le pape Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) le 24 août 1926.
Catéchèse du pape Benoît XVI:
Je voudrais aujourd'hui parler d'un saint important, ami spirituel de sainte Thérèse, réformateur, avec elle, de la famille religieuse carmélitaine: saint Jean de la Croix, proclamé Docteur de l'Eglise par le Pape Pie XI, en 1926, et surnommé dans la tradition Doctor mysticus, «Docteur mystique».
Jean de la Croix naquit en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d'Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Alvarez. Sa famille était très pauvre, car son père, issu d’une famille noble de Tolède, avait été chassé de chez lui et déshérité pour avoir épousé Catalina, une humble tisseuse de soie. Orphelin de père dans son jeune âge, Jean, à neuf ans, partit avec sa mère et son frère Francisco pour Medina del Campo, non loin de Valladolid, un pôle commercial et culturel. Il y fréquenta le Colegio de los Doctrinos, en assurant également d'humbles travaux pour les sœurs de l'église-couvent de la Madeleine. Par la suite, vues ses qualités humaines et ses résultats dans les études, il fut admis d'abord comme infirmier dans l'Hôpital de la Conception, puis au Collège des jésuites, qui venait d'être fondé à Medina del Campo: Jean y entra à dix-huit ans et étudia pendant trois ans les sciences humaines, la rhétorique et les langues classiques. A la fin de sa formation, sa vocation lui était très claire: la vie religieuse et, parmi tous les ordres présents à Medina, il se sentit appelé au carmel.
Au cours de l'été 1563, il débuta le noviciat chez les carmes de la ville, en prenant le nom religieux de Mattia. L'année suivante, il fut destiné à la prestigieuse université de Salamanque, où il étudia pendant un triennat les arts et la philosophie. En 1567, il fut ordonné prêtre et retourna à Medina del Campo pour célébrer sa première Messe entouré de l'affection de sa famille. C'est là qu'eut lieu la première rencontre entre Jean et Thérèse de Jésus. La rencontre fut décisive pour tous les deux: Thérèse lui exposa son programme de réforme du carmel, l’appliquant également à la branche masculine de l'ordre et proposa à Jean d'y adhérer «pour la plus grande gloire de Dieu»; le jeune prêtre fut fasciné par les idées de Thérèse, au point de devenir un grand défenseur du projet. Ils travaillèrent ensemble quelques mois, partageant les idéaux et les propositions pour inaugurer le plus rapidement possible la première maison des carmes déchaux: l'ouverture eut lieu le 28 décembre 1568 à Duruelo, un lieu isolé de la province d'Avila. Avec Jean, trois autres compagnons formaient cette première communauté masculine réformée. En renouvelant leur profession de foi selon la Règle primitive, tous les quatre adoptèrent un nouveau nom: Jean s'appela dès lors «de la Croix», nom sous lequel il sera universellement connu. A la fin de 1572, à la demande de sainte Thérèse, il devint confesseur et vicaire du monastère de l’Incarnation d'Avila, où la sainte était prieure. Ce furent des années d'étroite collaboration et d'amitié spirituelle, qui les enrichit tous deux. C'est à cette période que remontent aussi les plus importantes œuvres de Thérèse et les premiers écrits de Jean.
L’adhésion à la réforme du carmel ne fut pas facile et coûta également de graves souffrances à Jean. L’épisode le plus traumatisant fut, en 1577, son enlèvement et son incarcération dans le couvent des carmes de l’antique observance de Tolède, à la suite d’une accusation injuste. Le saint fut emprisonné pendant des mois, soumis à des privations et des contraintes physiques et morales. En ce lieu, il composa, avec d’autres poésies, le célèbre Cantique spirituel. Finalement, dans la nuit du 16 au 17 août 1578, il réussit à fuir de façon aventureuse, se réfugiant dans le monastère des carmélites déchaussées de la ville. Sainte Thérèse et ses compagnons réformés célébrèrent avec une immense joie sa libération et, après une brève période pour retrouver ses forces, Jean fut destiné à l’Andalousie, où il passa dix ans dans divers couvents, en particulier à Grenade. Il assuma des charges toujours plus importantes dans l’ordre, jusqu’à devenir vicaire provincial, et il compléta la rédaction de ses traités spirituels. Il revint ensuite dans sa terre natale, comme membre du gouvernement général de la famille religieuse thérésienne, qui jouissait désormais d’une pleine autonomie juridique. Il habita au carmel de Ségovie, exerçant la charge de supérieur de cette communauté. En 1591, il fut relevé de toute responsabilité et destiné à la nouvelle province religieuse du Mexique. Alors qu’il se préparait pour ce long voyage avec dix autres compagnons, il se retira dans un couvent solitaire près de Jaén, où il tomba gravement malade. Jean affronta avec une sérénité et une patience exemplaires d’immenses souffrances. Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, alors que ses confrères récitaient l’office de mâtines. Il les quitta en disant: «Aujourd’hui je vais chanter l’Office au ciel». Sa dépouille mortelle fut transférée à Ségovie. Il fut béatifié par Clément X en 1675 et canonisé par Benoît XIII en 1726.
Jean est considéré comme l’un des plus importants poètes lyriques de la littérature espagnole. Ses plus grandes œuvres sont au nombre de quatre: «La montée du Mont Carmel», «La nuit obscure», «Les cantiques spirituels» et «La vive flamme d’amour».
Dans les Cantiques spirituels, saint Jean présente le chemin de purification de l’âme, c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime. La vive flamme d’amour poursuit dans cette perspective, en décrivant plus en détail l’état de l’union transformante avec Dieu. Le parallèle utilisé par Jean est toujours celui du feu: de même que le feu, plus il brûle et consume le bois, plus il devient incandescent jusqu’à devenir flamme, ainsi l’Esprit Saint, qui au cours de la nuit obscure purifie et «nettoie» l’âme, avec le temps l’illumine et la réchauffe comme si elle était une flamme. La vie de l’âme est une incessante fête de l’Esprit Saint, qui laisse entrevoir la gloire de l’union avec Dieu dans l’éternité.
La montée du Mont Carmel présente l’itinéraire spirituel du point de vue de la purification progressive de l’âme, nécessaire pour gravir le sommet de la perfection chrétienne, symbolisée par le sommet du Mont Carmel. Cette purification est proposée comme un chemin que l’homme entreprend, en collaborant avec l’action divine, pour libérer l’âme de tout attachement ou lien d’affection contraire à la volonté de Dieu. La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on obtient au moyen des trois vertus théologales: foi, espérance et charité, qui purifient l’intention, la mémoire et la volonté. La nuit obscure décrit l’aspect «passif», c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de «purification» de l’âme. L’effort humain, en effet, est incapable tout seul d’arriver jusqu’aux racines profondes des inclinations et des mauvaises habitudes de la personne: il peut seulement les freiner, mais non les déraciner complètement. Pour cela, l’action spéciale de Dieu est nécessaire, qui purifie radicalement l’esprit et le dispose à l’union d’amour avec Lui. Saint Jean qualifie de «passive» cette purification, précisément parce que, bien qu’acceptée par l’âme, elle est réalisée par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui, comme la flamme du feu, consume toute impureté. Dans cet état, l’âme est soumise à tous types d’épreuves, comme si elle se trouvait dans une nuit obscure.
Ces indications sur les œuvres principales du saint nous aident à nous familiariser avec les points principaux de sa vaste et profonde doctrine mystique, dont l’objectif est de décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel Dieu nous appelle tous. Selon Jean de la Croix, tout ce qui existe, créé par Dieu, est bon. A travers les créatures, nous pouvons parvenir à la découverte de Celui qui a laissé en elles une trace de lui. La foi, quoi qu’il en soit, est l’unique source donnée à l’homme pour connaître Dieu tel qu’il est en soi, comme Dieu Un et Trine. Tout ce que Dieu voulait communiquer à l’homme, il l’a dit en Jésus Christ, sa Parole faite chair. Jésus Christ est le chemin unique et définitif vers le Père (cf. Jn 14, 6). Toute chose créée n’est rien par rapport à Dieu et ne vaut rien en dehors de Lui: par conséquent, pour atteindre l’amour parfait de Dieu, tout autre amour doit se conformer dans le Christ à l’amour divin. C’est de là que découle l’insistance de saint Jean de la Croix sur la nécessité de la purification et de la libération intérieure pour se transformer en Dieu, qui est l’objectif unique de la perfection. Cette «purification» ne consiste pas dans la simple absence physique des choses ou de leur utilisation; ce qui rend l’âme pure et libre, en revanche, est d’éliminer toute dépendance désordonnée aux choses. Tout doit être placé en Dieu comme centre et fin de la vie. Le processus long et fatigant de purification exige certainement un effort personnel, mais le véritable protagoniste est Dieu: tout ce que l’homme peut faire est d’«être disposé», être ouvert à l’action divine et ne pas lui opposer d’obstacle. En vivant les vertus théologales, l’homme s’élève et donne une valeur à son engagement. Le rythme de croissance de la foi, de l’espérance et de la charité va de pair avec l’œuvre de purification et avec l’union progressive avec Dieu jusqu’à se transformer en Lui. Lorsque l’on parvient à cet objectif, l’âme est plongée dans la vie trinitaire elle-même, de sorte que saint Jean affirme qu’elle parvient à aimer Dieu avec le même amour que celui avec lequel il l’aime, car il l’aime dans l’Esprit Saint. Voilà pourquoi le Docteur mystique soutient qu’il n’existe pas de véritable union d’amour avec Dieu si elle ne culmine pas dans l’union trinitaire. Dans cet état suprême, l’âme sainte connaît tout en Dieu et ne doit plus passer à travers les créatures pour arriver à Lui. L’âme se sent désormais inondée par l’amour divin et se réjouit entièrement en lui.
Chers frères et sœurs, à la fin demeure la question: ce saint, avec sa mystique élevée, avec ce chemin difficile vers le sommet de la perfection, a-t-il quelque chose à nous dire à nous également, au chrétien normal qui vit dans les circonstances de cette vie actuelle, ou est-il un exemple, un modèle uniquement pour quelques âmes élues, qui peuvent réellement entreprendre ce chemin de la purification, de l’ascèse mystique? Pour trouver la réponse, nous devons avant tout tenir compte du fait que la vie de saint Jean de la Croix n’a pas été un «envol sur les nuages mystiques», mais a été une vie très dure, très pratique et concrète, tant comme réformateur de l’ordre, où il rencontra de nombreuses oppositions, que comme supérieur provincial, ou dans les prisons de ses confrères, où il était exposé à des insultes incroyables et à de mauvais traitements physiques. Cela a été une vie dure, mais précisément au cours des mois passés en prison, il a écrit l’une de ses œuvres les plus belles. Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, «le Chemin», n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau. Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière; telle est la foi: être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à porter le fardeau de chaque jour. Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très difficile, mais elle est précisément cette «ouverture»: ouvrir les fenêtres de notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté, à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous et la véritable rédemption. Merci.
Sainte Odile (Odilia)
Vierge, première abbesse du monastère d’Hohenbourg
Patronne de l'Alsace
La fête de sainte Odile a longtemps été célébrée le 13 décembre, qui était aussi la fête de sainte Lucie, elle aussi invoquée par les fidèles pour guérir les maladies oculaires ; par conséquent, on a préféré reporter la fête d'Odile au 14 décembre, pour distinguer les deux fêtes.
Le plus ancien document sur la vie de sainte Odile est un parchemin du Xe siècle où un moine a noté ce que la tradition orale transmettait depuis près de deux cents ans, au mont Sainte-Odile qui domine la plaine d'Alsace.
Au temps du roi mérovingien Childéric II, Aldaric, troisième duc d'Alsace, père de sainte Odile, tenait sous son empire toute la vallée du Rhin, de Strasbourg à Bâle. Aldaric était un chrétien sincère, mais il s'arrachait avec peine aux coutumes barbares ; ses réactions étaient impulsives et même dangereuses : pas de pardon pour qui l'offense. En 660, alors qu’il attendait avec impatience la naissance de son fils premier-né, lui naquit une petite fille aveugle. Son premier réflexe fut de vouloir la tuer, mais devant les pleurs de sa femme, Béreswinde, il accepta de lui laisser la vie à condition que le bébé disparût aussitôt. Béreswinde, bouleversée, se mit en quête d'une nourrice. Odile fut emmenée à Scherwiller, à une trentaine de kilomètres d'Obernai. Devant le beau linge du bébé et les soins particuliers dont il était entouré, les langues allaient bon train. Bientôt Odile ne fut plus en sécurité chez la nourrice et, à un an, dut reprendre la route pour Baume-les-Dames, près de Besançon, où elle franchit les portes d'un monastère.
Pendant toute son enfance, Odile était entourée du silence et de la paix des moniales qui essayaient de lui faire oublier sa cécité : elle apprit à se diriger seule dans le cloître, à reconnaître les appels de la cloche, à chanter par cœur les offices, faisant la joie de ses mères adoptives.
L'évêque Ehrhardt de Ratisbonne arriva un jour au monastère pour, dit-il, baptiser la petite aveugle. Devant la communauté, Ehrhardt prononça les paroles sacramentelles : « Odilia Je te baptise au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Odilia veut dire : soleil de Dieu. Au moment où l'eau coula sur son front, Odile ouvrit les paupières... elle voyait ! Après la guérison, l’évêque fit avertir Aldaric qui n'eut aucun geste de repentir. Il avait maintenant quatre fils et une fille, sa fille aînée était oubliée. Odile demeura donc à Palma chez les religieuses qui lui apprirent aussitôt à écrire et à lire dans les livres saints. La souffrance et la cécité l'avaient mûrie : elle faisait preuve d'une force d'âme et d'un détachement extraordinaires. Au fur et à mesure que les mois passaient, Odile sentait grandir en elle le désir de connaître sa famille. Certains voyageurs, qui s'arrêtaient au monastère, lui avaient déjà parlé de son frère Hugon qu’ils disaient aimable et généreux. Par l'intermédiaire d'un pèlerin, Odile lui fit parvenir une lettre qui émut Hugon au point qu’il osa affronter son père.
L'heure du pardon n'avait pas encore sonné, Aldaric ne voulait pas revoir sa fille mais Hugon écrivit cependant à sa sœur de venir au château, pensant que la vue d'Odile ferait tomber la colère de son père. Hélas, à l'arrivée de sa fille aînée la colère d’Aldaric redoubla : il frappa Hugon qui mourut des suites des blessures. Ce fut le dernier accès de colère du terrible barbare qui, désespéré par la mort de son fils préféré, installa sa fille à Hohenbourg et assura sa subsistance. Odile eut la patience de vivre ignorée des siens et se contenta de ce que lui donnait son père qu'elle n'osait plus affronter. Elle ne vivait que pour les pauvres avec qui elle partageait ses maigres ressources. Peu à peu Aldaric se transforma et offrit à Odile le Hohenbourg et toutes ses dépendances à condition qu'elle priât pour lui.
La jeune fille humiliée va devenir la célèbre Abbesse représentée par les statues et les tapisseries. Son cœur profond, son austère vertu, sa grande charité attirèrent plus de cent trente moniales et la plupart des membres de sa famille. Les travaux commencèrent rapidement pour transformer le Hohenbourg en un monastère. Odile qui était une âme d'oraison, couvrit de chapelles tout le sommet de la colline dont la première fut dédiée à Notre-Dame, puis une autre à saint Jean-Baptiste qu'Odile vénérait particulièrement depuis son baptême. Un soir, la moniale chargée d'appeler ses compagnes pour l'office fut éblouie par une violente clarté : Odile conversait avec saint Jean-Baptiste. De jour, de nuit, par petits groupes qui se succédaient, les moniales chantaient sans cesse la louange de Dieu. L'Abbesse était la plus ardente à la prière ; elle aimait la mortification, mais elle était sage et prudente pour ses filles.
Peu de temps après la construction du monastère, Aldaric mourut. Avertie par une vision, Odile le sut en Purgatoire et se mit en prière jusqu'à ce que Notre-Seigneur lui apparût pour lui apprendre l'entrée de son père en Paradis. Une chapelle, dite des larmes, se dresse encore aujourd'hui sur la terrasse du couvent ; la tradition assure qu'une pierre creusée par les genoux de la sainte existe encore devant le maître-autel.
Le Hohenbourg était le refuge des pauvres, des malheureux, des malchanceux et des pèlerins qui savaient y trouver bon accueil. Un vieillard tomba en montant vers le monastère. Odile le rencontra un moment plus tard et, comme pour le soulager, il fallait de l'eau, Odile implora le secours de Dieu, frappa le rocher et une source jaillit qui ne tarira jamais. Mais la preuve était faite que tous ceux qui désiraient du secours ne pouvaient parvenir au sommet de la colline. Aussi un autre monastère fut construit en bas. Aucun des deux couvents ne voulait se passer de la présence d'Odile qui allait donc du cloître du haut à celui du bas. En chemin elle aidait les éclopés et les infirmes. De toutes parts on venait la voir car on savait que ses mains étaient bénies. Parfois lorsqu'elle pansait des blessés ou des lépreux, les plaies se fermaient et les douleurs s'apaisaient. Sa préférence allait aux aveugles en souvenir de son infirmité. Elle présidait tout, elle prévoyait tout et s'intéressait à chacun en particulier.
Mais ses compagnes la voyaient de plus en plus lasse. Sentant la faiblesse la gagner, Odile se rendit à la chapelle Saint-Jean-Baptiste ; une dernière fois elle s'adressa à ses filles puis, à l'heure de l'office elle les envoya à l'église. Quand les moniales revinrent de l'office, Odile les avait quittées. Leur peine était grande d'autant plus que leur mère était partie sans avoir communié. Elles se mirent en prière et Odile revint à elle. Après les avoir réprimandées, l'Abbesse réclama le ciboire, se communia et quitta définitivement la terre, le 13 décembre 720.
Saint Jean de la Croix
Carme, Docteur de l'Église
Jean de la Croix (Juan de Yepes Álvarez) naît en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d'Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Álvarez.
Jouant un jour au bord d'un étang, il glissa au fond de l'eau ; une grande et belle dame vint lui offrir la main pour le sauver : « Non, dit l'enfant, vous êtes trop belle, ma main salirait la vôtre. » Alors un vieillard se présenta, marchant aussi dans l'eau, tendit son bâton à l'enfant et le ramena sur le bord. Une autre fois il tomba dans un puits ; on croyait l'y retrouver mort ; il était assis paisiblement : « Une belle dame, dit-il, m'a reçu dans son manteau et m'a gardé. » Ainsi Jean croissait sous le regard de Marie.
Un jour qu'il priait Notre-Seigneur de lui faire connaître sa vocation, une voix intérieure lui dit : « Tu entreras dans un ordre religieux, dont tu relèveras la ferveur primitive. »
Il avait vingt et un ans quand il entra au Carmel, et dépassa de beaucoup tous ses frères, tout en cachant ses œuvres extraordinaires. Il habitait un réduit obscur, mais dont la fenêtre donnait dans la chapelle, en face du Très Saint-Sacrement. Il portait autour du corps une chaîne de fer hérissée de pointes, et par-dessus cette chaîne un vêtement étroit et serré, composé de joncs enlacés par de gros nœuds. Ses disciplines étaient si cruelles, que le sang jaillissait en abondance.
Le sacerdoce ne fit que redoubler son désir de la perfection. Il songeait à s'ensevelir à la Chartreuse, quand sainte Thérèse, éclairée de Dieu sur son mérite, lui confia ses projets de réforme du Carmel et l'engagea à se faire son auxiliaire. Jean se retira dans une maison étroite, pauvre, et commença seul un nouveau genre de vie, conforme aux règles primitives de l'Ordre du Carmel. Peu de jours après, il avait deux compagnons : la réforme était fondée.
Ce ne fut pas sans tempêtes qu'elle se développa, car l'enfer sembla s'acharner contre elle, et tandis que le peuple vénérait Jean comme un saint, il eut à souffrir, de la part de ceux qui auraient dû le seconder, d'incroyables persécutions, les injures, les calomnies, jusqu'à la prison. Pour le consoler, Marie lui apparut et lui annonça sa délivrance prochaine ; en effet, quelques jours après, il se trouva, sans savoir comment, au milieu de la ville de Tolède. Dieu le récompensa de ses épreuves par des extases fréquentes ; sainte Thérèse l'appelait un homme tout divin. Il écrivit des ouvrages spirituels d'une élévation sublime. Une colombe le suivait partout, et une odeur suave s'exhalait de son corps.
Au moment de sa mort, la nuit entre le 13 et le 14 décembre 1591, à Úbeda, en Espagne, un globe de feu brillant comme un soleil entoura son corps.
Jean de la Croix a été béatifié en 1675 par le Pp Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676) ; canonisé par le pape Benoît XIII (Pietro Francesco Orsini, 1724-1730), le 27 décembre 1726 ; déclaré docteur de l'Église par le pape Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) le 24 août 1926.
Catéchèse du pape Benoît XVI:
Je voudrais aujourd'hui parler d'un saint important, ami spirituel de sainte Thérèse, réformateur, avec elle, de la famille religieuse carmélitaine: saint Jean de la Croix, proclamé Docteur de l'Eglise par le Pape Pie XI, en 1926, et surnommé dans la tradition Doctor mysticus, «Docteur mystique».
Jean de la Croix naquit en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d'Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Alvarez. Sa famille était très pauvre, car son père, issu d’une famille noble de Tolède, avait été chassé de chez lui et déshérité pour avoir épousé Catalina, une humble tisseuse de soie. Orphelin de père dans son jeune âge, Jean, à neuf ans, partit avec sa mère et son frère Francisco pour Medina del Campo, non loin de Valladolid, un pôle commercial et culturel. Il y fréquenta le Colegio de los Doctrinos, en assurant également d'humbles travaux pour les sœurs de l'église-couvent de la Madeleine. Par la suite, vues ses qualités humaines et ses résultats dans les études, il fut admis d'abord comme infirmier dans l'Hôpital de la Conception, puis au Collège des jésuites, qui venait d'être fondé à Medina del Campo: Jean y entra à dix-huit ans et étudia pendant trois ans les sciences humaines, la rhétorique et les langues classiques. A la fin de sa formation, sa vocation lui était très claire: la vie religieuse et, parmi tous les ordres présents à Medina, il se sentit appelé au carmel.
Au cours de l'été 1563, il débuta le noviciat chez les carmes de la ville, en prenant le nom religieux de Mattia. L'année suivante, il fut destiné à la prestigieuse université de Salamanque, où il étudia pendant un triennat les arts et la philosophie. En 1567, il fut ordonné prêtre et retourna à Medina del Campo pour célébrer sa première Messe entouré de l'affection de sa famille. C'est là qu'eut lieu la première rencontre entre Jean et Thérèse de Jésus. La rencontre fut décisive pour tous les deux: Thérèse lui exposa son programme de réforme du carmel, l’appliquant également à la branche masculine de l'ordre et proposa à Jean d'y adhérer «pour la plus grande gloire de Dieu»; le jeune prêtre fut fasciné par les idées de Thérèse, au point de devenir un grand défenseur du projet. Ils travaillèrent ensemble quelques mois, partageant les idéaux et les propositions pour inaugurer le plus rapidement possible la première maison des carmes déchaux: l'ouverture eut lieu le 28 décembre 1568 à Duruelo, un lieu isolé de la province d'Avila. Avec Jean, trois autres compagnons formaient cette première communauté masculine réformée. En renouvelant leur profession de foi selon la Règle primitive, tous les quatre adoptèrent un nouveau nom: Jean s'appela dès lors «de la Croix», nom sous lequel il sera universellement connu. A la fin de 1572, à la demande de sainte Thérèse, il devint confesseur et vicaire du monastère de l’Incarnation d'Avila, où la sainte était prieure. Ce furent des années d'étroite collaboration et d'amitié spirituelle, qui les enrichit tous deux. C'est à cette période que remontent aussi les plus importantes œuvres de Thérèse et les premiers écrits de Jean.
L’adhésion à la réforme du carmel ne fut pas facile et coûta également de graves souffrances à Jean. L’épisode le plus traumatisant fut, en 1577, son enlèvement et son incarcération dans le couvent des carmes de l’antique observance de Tolède, à la suite d’une accusation injuste. Le saint fut emprisonné pendant des mois, soumis à des privations et des contraintes physiques et morales. En ce lieu, il composa, avec d’autres poésies, le célèbre Cantique spirituel. Finalement, dans la nuit du 16 au 17 août 1578, il réussit à fuir de façon aventureuse, se réfugiant dans le monastère des carmélites déchaussées de la ville. Sainte Thérèse et ses compagnons réformés célébrèrent avec une immense joie sa libération et, après une brève période pour retrouver ses forces, Jean fut destiné à l’Andalousie, où il passa dix ans dans divers couvents, en particulier à Grenade. Il assuma des charges toujours plus importantes dans l’ordre, jusqu’à devenir vicaire provincial, et il compléta la rédaction de ses traités spirituels. Il revint ensuite dans sa terre natale, comme membre du gouvernement général de la famille religieuse thérésienne, qui jouissait désormais d’une pleine autonomie juridique. Il habita au carmel de Ségovie, exerçant la charge de supérieur de cette communauté. En 1591, il fut relevé de toute responsabilité et destiné à la nouvelle province religieuse du Mexique. Alors qu’il se préparait pour ce long voyage avec dix autres compagnons, il se retira dans un couvent solitaire près de Jaén, où il tomba gravement malade. Jean affronta avec une sérénité et une patience exemplaires d’immenses souffrances. Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, alors que ses confrères récitaient l’office de mâtines. Il les quitta en disant: «Aujourd’hui je vais chanter l’Office au ciel». Sa dépouille mortelle fut transférée à Ségovie. Il fut béatifié par Clément X en 1675 et canonisé par Benoît XIII en 1726.
Jean est considéré comme l’un des plus importants poètes lyriques de la littérature espagnole. Ses plus grandes œuvres sont au nombre de quatre: «La montée du Mont Carmel», «La nuit obscure», «Les cantiques spirituels» et «La vive flamme d’amour».
Dans les Cantiques spirituels, saint Jean présente le chemin de purification de l’âme, c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime. La vive flamme d’amour poursuit dans cette perspective, en décrivant plus en détail l’état de l’union transformante avec Dieu. Le parallèle utilisé par Jean est toujours celui du feu: de même que le feu, plus il brûle et consume le bois, plus il devient incandescent jusqu’à devenir flamme, ainsi l’Esprit Saint, qui au cours de la nuit obscure purifie et «nettoie» l’âme, avec le temps l’illumine et la réchauffe comme si elle était une flamme. La vie de l’âme est une incessante fête de l’Esprit Saint, qui laisse entrevoir la gloire de l’union avec Dieu dans l’éternité.
La montée du Mont Carmel présente l’itinéraire spirituel du point de vue de la purification progressive de l’âme, nécessaire pour gravir le sommet de la perfection chrétienne, symbolisée par le sommet du Mont Carmel. Cette purification est proposée comme un chemin que l’homme entreprend, en collaborant avec l’action divine, pour libérer l’âme de tout attachement ou lien d’affection contraire à la volonté de Dieu. La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on obtient au moyen des trois vertus théologales: foi, espérance et charité, qui purifient l’intention, la mémoire et la volonté. La nuit obscure décrit l’aspect «passif», c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de «purification» de l’âme. L’effort humain, en effet, est incapable tout seul d’arriver jusqu’aux racines profondes des inclinations et des mauvaises habitudes de la personne: il peut seulement les freiner, mais non les déraciner complètement. Pour cela, l’action spéciale de Dieu est nécessaire, qui purifie radicalement l’esprit et le dispose à l’union d’amour avec Lui. Saint Jean qualifie de «passive» cette purification, précisément parce que, bien qu’acceptée par l’âme, elle est réalisée par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui, comme la flamme du feu, consume toute impureté. Dans cet état, l’âme est soumise à tous types d’épreuves, comme si elle se trouvait dans une nuit obscure.
Ces indications sur les œuvres principales du saint nous aident à nous familiariser avec les points principaux de sa vaste et profonde doctrine mystique, dont l’objectif est de décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel Dieu nous appelle tous. Selon Jean de la Croix, tout ce qui existe, créé par Dieu, est bon. A travers les créatures, nous pouvons parvenir à la découverte de Celui qui a laissé en elles une trace de lui. La foi, quoi qu’il en soit, est l’unique source donnée à l’homme pour connaître Dieu tel qu’il est en soi, comme Dieu Un et Trine. Tout ce que Dieu voulait communiquer à l’homme, il l’a dit en Jésus Christ, sa Parole faite chair. Jésus Christ est le chemin unique et définitif vers le Père (cf. Jn 14, 6). Toute chose créée n’est rien par rapport à Dieu et ne vaut rien en dehors de Lui: par conséquent, pour atteindre l’amour parfait de Dieu, tout autre amour doit se conformer dans le Christ à l’amour divin. C’est de là que découle l’insistance de saint Jean de la Croix sur la nécessité de la purification et de la libération intérieure pour se transformer en Dieu, qui est l’objectif unique de la perfection. Cette «purification» ne consiste pas dans la simple absence physique des choses ou de leur utilisation; ce qui rend l’âme pure et libre, en revanche, est d’éliminer toute dépendance désordonnée aux choses. Tout doit être placé en Dieu comme centre et fin de la vie. Le processus long et fatigant de purification exige certainement un effort personnel, mais le véritable protagoniste est Dieu: tout ce que l’homme peut faire est d’«être disposé», être ouvert à l’action divine et ne pas lui opposer d’obstacle. En vivant les vertus théologales, l’homme s’élève et donne une valeur à son engagement. Le rythme de croissance de la foi, de l’espérance et de la charité va de pair avec l’œuvre de purification et avec l’union progressive avec Dieu jusqu’à se transformer en Lui. Lorsque l’on parvient à cet objectif, l’âme est plongée dans la vie trinitaire elle-même, de sorte que saint Jean affirme qu’elle parvient à aimer Dieu avec le même amour que celui avec lequel il l’aime, car il l’aime dans l’Esprit Saint. Voilà pourquoi le Docteur mystique soutient qu’il n’existe pas de véritable union d’amour avec Dieu si elle ne culmine pas dans l’union trinitaire. Dans cet état suprême, l’âme sainte connaît tout en Dieu et ne doit plus passer à travers les créatures pour arriver à Lui. L’âme se sent désormais inondée par l’amour divin et se réjouit entièrement en lui.
Chers frères et sœurs, à la fin demeure la question: ce saint, avec sa mystique élevée, avec ce chemin difficile vers le sommet de la perfection, a-t-il quelque chose à nous dire à nous également, au chrétien normal qui vit dans les circonstances de cette vie actuelle, ou est-il un exemple, un modèle uniquement pour quelques âmes élues, qui peuvent réellement entreprendre ce chemin de la purification, de l’ascèse mystique? Pour trouver la réponse, nous devons avant tout tenir compte du fait que la vie de saint Jean de la Croix n’a pas été un «envol sur les nuages mystiques», mais a été une vie très dure, très pratique et concrète, tant comme réformateur de l’ordre, où il rencontra de nombreuses oppositions, que comme supérieur provincial, ou dans les prisons de ses confrères, où il était exposé à des insultes incroyables et à de mauvais traitements physiques. Cela a été une vie dure, mais précisément au cours des mois passés en prison, il a écrit l’une de ses œuvres les plus belles. Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, «le Chemin», n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau. Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière; telle est la foi: être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à porter le fardeau de chaque jour. Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très difficile, mais elle est précisément cette «ouverture»: ouvrir les fenêtres de notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté, à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous et la véritable rédemption. Merci.
Sainte Odile (Odilia)
Vierge, première abbesse du monastère d’Hohenbourg
Patronne de l'Alsace
La fête de sainte Odile a longtemps été célébrée le 13 décembre, qui était aussi la fête de sainte Lucie, elle aussi invoquée par les fidèles pour guérir les maladies oculaires ; par conséquent, on a préféré reporter la fête d'Odile au 14 décembre, pour distinguer les deux fêtes.
Le plus ancien document sur la vie de sainte Odile est un parchemin du Xe siècle où un moine a noté ce que la tradition orale transmettait depuis près de deux cents ans, au mont Sainte-Odile qui domine la plaine d'Alsace.
Au temps du roi mérovingien Childéric II, Aldaric, troisième duc d'Alsace, père de sainte Odile, tenait sous son empire toute la vallée du Rhin, de Strasbourg à Bâle. Aldaric était un chrétien sincère, mais il s'arrachait avec peine aux coutumes barbares ; ses réactions étaient impulsives et même dangereuses : pas de pardon pour qui l'offense. En 660, alors qu’il attendait avec impatience la naissance de son fils premier-né, lui naquit une petite fille aveugle. Son premier réflexe fut de vouloir la tuer, mais devant les pleurs de sa femme, Béreswinde, il accepta de lui laisser la vie à condition que le bébé disparût aussitôt. Béreswinde, bouleversée, se mit en quête d'une nourrice. Odile fut emmenée à Scherwiller, à une trentaine de kilomètres d'Obernai. Devant le beau linge du bébé et les soins particuliers dont il était entouré, les langues allaient bon train. Bientôt Odile ne fut plus en sécurité chez la nourrice et, à un an, dut reprendre la route pour Baume-les-Dames, près de Besançon, où elle franchit les portes d'un monastère.
Pendant toute son enfance, Odile était entourée du silence et de la paix des moniales qui essayaient de lui faire oublier sa cécité : elle apprit à se diriger seule dans le cloître, à reconnaître les appels de la cloche, à chanter par cœur les offices, faisant la joie de ses mères adoptives.
L'évêque Ehrhardt de Ratisbonne arriva un jour au monastère pour, dit-il, baptiser la petite aveugle. Devant la communauté, Ehrhardt prononça les paroles sacramentelles : « Odilia Je te baptise au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Odilia veut dire : soleil de Dieu. Au moment où l'eau coula sur son front, Odile ouvrit les paupières... elle voyait ! Après la guérison, l’évêque fit avertir Aldaric qui n'eut aucun geste de repentir. Il avait maintenant quatre fils et une fille, sa fille aînée était oubliée. Odile demeura donc à Palma chez les religieuses qui lui apprirent aussitôt à écrire et à lire dans les livres saints. La souffrance et la cécité l'avaient mûrie : elle faisait preuve d'une force d'âme et d'un détachement extraordinaires. Au fur et à mesure que les mois passaient, Odile sentait grandir en elle le désir de connaître sa famille. Certains voyageurs, qui s'arrêtaient au monastère, lui avaient déjà parlé de son frère Hugon qu’ils disaient aimable et généreux. Par l'intermédiaire d'un pèlerin, Odile lui fit parvenir une lettre qui émut Hugon au point qu’il osa affronter son père.
L'heure du pardon n'avait pas encore sonné, Aldaric ne voulait pas revoir sa fille mais Hugon écrivit cependant à sa sœur de venir au château, pensant que la vue d'Odile ferait tomber la colère de son père. Hélas, à l'arrivée de sa fille aînée la colère d’Aldaric redoubla : il frappa Hugon qui mourut des suites des blessures. Ce fut le dernier accès de colère du terrible barbare qui, désespéré par la mort de son fils préféré, installa sa fille à Hohenbourg et assura sa subsistance. Odile eut la patience de vivre ignorée des siens et se contenta de ce que lui donnait son père qu'elle n'osait plus affronter. Elle ne vivait que pour les pauvres avec qui elle partageait ses maigres ressources. Peu à peu Aldaric se transforma et offrit à Odile le Hohenbourg et toutes ses dépendances à condition qu'elle priât pour lui.
La jeune fille humiliée va devenir la célèbre Abbesse représentée par les statues et les tapisseries. Son cœur profond, son austère vertu, sa grande charité attirèrent plus de cent trente moniales et la plupart des membres de sa famille. Les travaux commencèrent rapidement pour transformer le Hohenbourg en un monastère. Odile qui était une âme d'oraison, couvrit de chapelles tout le sommet de la colline dont la première fut dédiée à Notre-Dame, puis une autre à saint Jean-Baptiste qu'Odile vénérait particulièrement depuis son baptême. Un soir, la moniale chargée d'appeler ses compagnes pour l'office fut éblouie par une violente clarté : Odile conversait avec saint Jean-Baptiste. De jour, de nuit, par petits groupes qui se succédaient, les moniales chantaient sans cesse la louange de Dieu. L'Abbesse était la plus ardente à la prière ; elle aimait la mortification, mais elle était sage et prudente pour ses filles.
Peu de temps après la construction du monastère, Aldaric mourut. Avertie par une vision, Odile le sut en Purgatoire et se mit en prière jusqu'à ce que Notre-Seigneur lui apparût pour lui apprendre l'entrée de son père en Paradis. Une chapelle, dite des larmes, se dresse encore aujourd'hui sur la terrasse du couvent ; la tradition assure qu'une pierre creusée par les genoux de la sainte existe encore devant le maître-autel.
Le Hohenbourg était le refuge des pauvres, des malheureux, des malchanceux et des pèlerins qui savaient y trouver bon accueil. Un vieillard tomba en montant vers le monastère. Odile le rencontra un moment plus tard et, comme pour le soulager, il fallait de l'eau, Odile implora le secours de Dieu, frappa le rocher et une source jaillit qui ne tarira jamais. Mais la preuve était faite que tous ceux qui désiraient du secours ne pouvaient parvenir au sommet de la colline. Aussi un autre monastère fut construit en bas. Aucun des deux couvents ne voulait se passer de la présence d'Odile qui allait donc du cloître du haut à celui du bas. En chemin elle aidait les éclopés et les infirmes. De toutes parts on venait la voir car on savait que ses mains étaient bénies. Parfois lorsqu'elle pansait des blessés ou des lépreux, les plaies se fermaient et les douleurs s'apaisaient. Sa préférence allait aux aveugles en souvenir de son infirmité. Elle présidait tout, elle prévoyait tout et s'intéressait à chacun en particulier.
Mais ses compagnes la voyaient de plus en plus lasse. Sentant la faiblesse la gagner, Odile se rendit à la chapelle Saint-Jean-Baptiste ; une dernière fois elle s'adressa à ses filles puis, à l'heure de l'office elle les envoya à l'église. Quand les moniales revinrent de l'office, Odile les avait quittées. Leur peine était grande d'autant plus que leur mère était partie sans avoir communié. Elles se mirent en prière et Odile revint à elle. Après les avoir réprimandées, l'Abbesse réclama le ciboire, se communia et quitta définitivement la terre, le 13 décembre 720.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Mardi le 15 décembre
Sainte Virginie Centurione Bracelli (1587-1651)
Veuve et fondatrice :
« Soeurs de Notre-Dame du Refuge du Mont-Calvaire »
« Soeurs Filles de Notre-Dame au Mont Calvaire »
Virginie (Virginia) naît le 2 avril 1587 à Gênes (Italie).
Son père fut Doge de la République au cours des années 1621-1622, sa mère étant également issue d'une famille d'antique noblesse.
Elle reçut sa première formation religieuse et littéraire en famille. Malgré son inclination pour la vie religieuse, son père la maria en 1602 à Gaspare Grimaldi Bracelli, d'une illustre famille, mais qui menait une vie extrêmement dissolue. De cette union naquirent deux filles.
En 1607, son mari mourut alors qu'elle avait 20 ans. Elle fit vœu de chasteté, refusant de se remarier, et mena une vie retirée chez sa belle-mère avec ses deux filles.
En 1610, elle sentit plus clairement la vocation à « servir Dieu à travers ses pauvres » et elle participa activement à des œuvres de charité.
Après avoir marié ses filles, elle se consacra entièrement au soin des enfants abandonnés, des personnes âgées, des malades et à la promotion des laissés-pour-compte.
Pendant la guerre entre la République ligure et le Duc de Savoie, au cours de l'hiver 1624-1625, elle accueillit chez elle une quinzaine de jeunes orphelins, puis de nombreuses femmes pauvres aux besoins desquelles elle subvenait. Pour faire face à la misère croissante, elle institua les « Cent Dames de la Miséricorde protectrices des Pauvres de Jésus Christ », qui avaient pour tâche de constater, lors de visites à domicile, les besoins des plus démunis.
En 1631, elle s'installa dans le couvent vide de Montecalvario, qu'elle avait loué, avec ses assistées. Après trois ans, l'œuvre comptait déjà trois maisons avec environ 300 pensionnaires. Elle demanda donc la reconnaissance du Sénat de la République, qui lui fut accordée en décembre 1635. Elle acheta alors deux maisons et fit construire une église consacrée à Notre-Dame du Refuge, qui devint la Maison-mère de son œuvre.
Avec le temps, l'œuvre se développera en deux Congrégations religieuses : les « Soeurs de Notre-Dame du Refuge du Mont Calvaire » et les « Soeurs Filles de Notre-Dame au Mont Calvaire ». Au sein de son œuvre, elle fit preuve d'une grande humilité, abandonnant le gouvernement de ses maisons aux Protecteurs de l'Œuvre, et vivant comme la plus humble de ses sœurs. Sa santé déclina rapidement, mais elle resta un point de référence pour les plus démunis et demeura toujours disponible pour ceux qui lui demandaient de l'aide. Elle meurt le 15 décembre 1651 à l'âge de 64 ans.
Virginia Centurione Bracelli a été béatifiée, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), à l'occasion de son voyage apostolique à Gênes, le 22 septembre 1985, et canonisée à Rome, par ce même pape, le 18 mai 2003.
Sainte Marie-Crucifiée Di Rosa (1813-1855)
Vierge et fondatrice :
« Ancelles de la Charité »
Marie-Crucifiée (nom de baptême : Paola Francesca) Di Rosa naît, sixième de neuf enfants, le 6 novembre 1813, à Brescia.
Son père était un entrepreneur très fortuné et sa mère, issue de la noblesse de Bergame, mourut lorsque la petite fille était dans sa onzième année. Elle fit ses études chez les Visitandines.
Lorsqu' elle eut dix-sept ans, son père songea à de bons partis pour sa fille ; mais celle-ci préféra demeurer fidèle à la promesse de virginité qu'elle avait faite au couvent. Pour l'éprouver, son père décida de lui faire diriger le pensionnat - on dirait foyer aujourd'hui - des ouvrières d'une filature de tissus de soie qui lui appartenait. Les vertus familiales étaient fondées sur l'honnêteté, l'amour du travail et l'entreprenariat. Il était hors de question que sa fille se complaise dans l'oisiveté. Et c'est ainsi que, dans le petit bourg d'Acquafredda, à côté de Brescia, la jeune fille se retrouva à la tête de plus d'une soixantaine d'ouvrières.
Paola appartenait à une génération et à un milieu de jeunes Catholiques qui s'ouvrirent en Europe à la question du paupérisme, vue sous un angle chrétien. Confrontée à la situation de ses ouvrières, elle ouvrit une infirmerie, assista les malades, fit donner une instruction aux enfants, etc... Elle fit tout cela de sa propre initiative sans soutien quelconque.
En 1836, une épidémie de choléra frappa la Lombardie et fit 32.000 morts ! Aidée de quelques jeunes femmes, et sur les conseils de Mgr Pinzoni, Paola s'occupa des malades et des orphelins; plus tard, elle ouvrit deux écoles pour sourds-muets.
Elle réunit ses compagnes en une Union pieuse dont la règle sera approuvée par Mgr Pinzoni. L'adoration au Saint-Sacrement était au centre de leur journée, bien sûr après la Messe, et ensuite les exercices spirituels. La visite aux malades était qualifiée de pèlerinage.
Elle s'engageait sous tous les fronts à la fois ; mais petit-à-petit son esprit d'entreprise, sa disponibilité et son expérience furent mis au service de desseins plus importants. Elle était alors déjà entourée d'une trentaine de volontaires. Elle avait déjà plusieurs maisons, lorsque la seconde épidémie de 1848 éclata.
En 1849, au moment des troubles contre les autorités autrichiennes, et alors que l'Europe s'enflammait de nouvelles idées, pas toujours chrétiennes, elle répondit toujours de la même façon avec ses compagnes : secours, assistance, charité...
En 1850, elle fut reçue en audience par le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) et, en 1851, elle obtint l'approbation ecclésiastique pour sa communauté qui prit le nom de « Servantes de la Charité ». Plusieurs hôpitaux firent appel aux Servantes de la Charité.
En 1852, Paola prononça ses vœux et devint désormais Mère Marie-Crucifiée (qui était le nom de religion - Crocifissa en italien - de sa sœur aînée, religieuse Visitandine décédée en 1839).
Les religieuses connurent une rapide expansion en Lombardie, appartenant désormais au roi de Sardaigne, et en Vénétie.
De retour de Mantoue, où elle avait ouvert une maison, elle meurt à Brescia, à l'âge de 42 ans, le 15 décembre 1855.
Maria Crocifissa Di Rosa a été béatifiée, le 26 mai 1940, et canonisée, le 12 juin 1954, par le même Pape, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
La Congrégation compte aujourd'hui près de 1200 religieuses dans 102 maisons. Elles sont regroupées en quatre Provinces (trois en Italie, une en Croatie) et deux Délégations (à Rome et au Brésil). Elles dirigent surtout des écoles (primaires, secondaires et techniques) et des œuvres hospitalières.
Sainte Virginie Centurione Bracelli (1587-1651)
Veuve et fondatrice :
« Soeurs de Notre-Dame du Refuge du Mont-Calvaire »
« Soeurs Filles de Notre-Dame au Mont Calvaire »
Virginie (Virginia) naît le 2 avril 1587 à Gênes (Italie).
Son père fut Doge de la République au cours des années 1621-1622, sa mère étant également issue d'une famille d'antique noblesse.
Elle reçut sa première formation religieuse et littéraire en famille. Malgré son inclination pour la vie religieuse, son père la maria en 1602 à Gaspare Grimaldi Bracelli, d'une illustre famille, mais qui menait une vie extrêmement dissolue. De cette union naquirent deux filles.
En 1607, son mari mourut alors qu'elle avait 20 ans. Elle fit vœu de chasteté, refusant de se remarier, et mena une vie retirée chez sa belle-mère avec ses deux filles.
En 1610, elle sentit plus clairement la vocation à « servir Dieu à travers ses pauvres » et elle participa activement à des œuvres de charité.
Après avoir marié ses filles, elle se consacra entièrement au soin des enfants abandonnés, des personnes âgées, des malades et à la promotion des laissés-pour-compte.
Pendant la guerre entre la République ligure et le Duc de Savoie, au cours de l'hiver 1624-1625, elle accueillit chez elle une quinzaine de jeunes orphelins, puis de nombreuses femmes pauvres aux besoins desquelles elle subvenait. Pour faire face à la misère croissante, elle institua les « Cent Dames de la Miséricorde protectrices des Pauvres de Jésus Christ », qui avaient pour tâche de constater, lors de visites à domicile, les besoins des plus démunis.
En 1631, elle s'installa dans le couvent vide de Montecalvario, qu'elle avait loué, avec ses assistées. Après trois ans, l'œuvre comptait déjà trois maisons avec environ 300 pensionnaires. Elle demanda donc la reconnaissance du Sénat de la République, qui lui fut accordée en décembre 1635. Elle acheta alors deux maisons et fit construire une église consacrée à Notre-Dame du Refuge, qui devint la Maison-mère de son œuvre.
Avec le temps, l'œuvre se développera en deux Congrégations religieuses : les « Soeurs de Notre-Dame du Refuge du Mont Calvaire » et les « Soeurs Filles de Notre-Dame au Mont Calvaire ». Au sein de son œuvre, elle fit preuve d'une grande humilité, abandonnant le gouvernement de ses maisons aux Protecteurs de l'Œuvre, et vivant comme la plus humble de ses sœurs. Sa santé déclina rapidement, mais elle resta un point de référence pour les plus démunis et demeura toujours disponible pour ceux qui lui demandaient de l'aide. Elle meurt le 15 décembre 1651 à l'âge de 64 ans.
Virginia Centurione Bracelli a été béatifiée, par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), à l'occasion de son voyage apostolique à Gênes, le 22 septembre 1985, et canonisée à Rome, par ce même pape, le 18 mai 2003.
Sainte Marie-Crucifiée Di Rosa (1813-1855)
Vierge et fondatrice :
« Ancelles de la Charité »
Marie-Crucifiée (nom de baptême : Paola Francesca) Di Rosa naît, sixième de neuf enfants, le 6 novembre 1813, à Brescia.
Son père était un entrepreneur très fortuné et sa mère, issue de la noblesse de Bergame, mourut lorsque la petite fille était dans sa onzième année. Elle fit ses études chez les Visitandines.
Lorsqu' elle eut dix-sept ans, son père songea à de bons partis pour sa fille ; mais celle-ci préféra demeurer fidèle à la promesse de virginité qu'elle avait faite au couvent. Pour l'éprouver, son père décida de lui faire diriger le pensionnat - on dirait foyer aujourd'hui - des ouvrières d'une filature de tissus de soie qui lui appartenait. Les vertus familiales étaient fondées sur l'honnêteté, l'amour du travail et l'entreprenariat. Il était hors de question que sa fille se complaise dans l'oisiveté. Et c'est ainsi que, dans le petit bourg d'Acquafredda, à côté de Brescia, la jeune fille se retrouva à la tête de plus d'une soixantaine d'ouvrières.
Paola appartenait à une génération et à un milieu de jeunes Catholiques qui s'ouvrirent en Europe à la question du paupérisme, vue sous un angle chrétien. Confrontée à la situation de ses ouvrières, elle ouvrit une infirmerie, assista les malades, fit donner une instruction aux enfants, etc... Elle fit tout cela de sa propre initiative sans soutien quelconque.
En 1836, une épidémie de choléra frappa la Lombardie et fit 32.000 morts ! Aidée de quelques jeunes femmes, et sur les conseils de Mgr Pinzoni, Paola s'occupa des malades et des orphelins; plus tard, elle ouvrit deux écoles pour sourds-muets.
Elle réunit ses compagnes en une Union pieuse dont la règle sera approuvée par Mgr Pinzoni. L'adoration au Saint-Sacrement était au centre de leur journée, bien sûr après la Messe, et ensuite les exercices spirituels. La visite aux malades était qualifiée de pèlerinage.
Elle s'engageait sous tous les fronts à la fois ; mais petit-à-petit son esprit d'entreprise, sa disponibilité et son expérience furent mis au service de desseins plus importants. Elle était alors déjà entourée d'une trentaine de volontaires. Elle avait déjà plusieurs maisons, lorsque la seconde épidémie de 1848 éclata.
En 1849, au moment des troubles contre les autorités autrichiennes, et alors que l'Europe s'enflammait de nouvelles idées, pas toujours chrétiennes, elle répondit toujours de la même façon avec ses compagnes : secours, assistance, charité...
En 1850, elle fut reçue en audience par le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) et, en 1851, elle obtint l'approbation ecclésiastique pour sa communauté qui prit le nom de « Servantes de la Charité ». Plusieurs hôpitaux firent appel aux Servantes de la Charité.
En 1852, Paola prononça ses vœux et devint désormais Mère Marie-Crucifiée (qui était le nom de religion - Crocifissa en italien - de sa sœur aînée, religieuse Visitandine décédée en 1839).
Les religieuses connurent une rapide expansion en Lombardie, appartenant désormais au roi de Sardaigne, et en Vénétie.
De retour de Mantoue, où elle avait ouvert une maison, elle meurt à Brescia, à l'âge de 42 ans, le 15 décembre 1855.
Maria Crocifissa Di Rosa a été béatifiée, le 26 mai 1940, et canonisée, le 12 juin 1954, par le même Pape, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
La Congrégation compte aujourd'hui près de 1200 religieuses dans 102 maisons. Elles sont regroupées en quatre Provinces (trois en Italie, une en Croatie) et deux Délégations (à Rome et au Brésil). Elles dirigent surtout des écoles (primaires, secondaires et techniques) et des œuvres hospitalières.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Mercredi le 16 décembre
Sainte Adélaïde
Impératrice du Saint Empire
(† 999)
Elle était à la fois reine d'Italie, reine d'Allemagne et elle sera la première en date des impératrices du Saint Empire-Romain Germanique à la suite de son mariage avec Othon Ier, lorsqu'elle fut veuve du roi d'Italie.
À la mort d'Othon Ier, elle exerça la régence pendant cinq ans, durant l'enfance d'Othon II. Puis à nouveau pendant la minorité d'Othon III. Ce fut pour elle, des périodes difficiles, pleines de souffrances et d'épreuves. Mais sa force de caractère et sa bonté, puisées dans sa foi, surmontèrent tous les obstacles. Elle montra toutes les qualités d'un chef d'État dans la justice de sa charge et toutes les vertus chrétiennes dans sa charité attentive aux pauvres.
Elle consacra les trois dernières années de sa vie à promouvoir le bien de l'Église et des pauvres. Elle se montra le ferme appui de la culture occidentale en favorisant le monachisme clunisien. Elle mourut à Seltz, près de Strasbourg, lors d'un voyage qu'elle effectuait dans l'un des nombreux monastères qu'elle avait fondés.
Bienheureuse Marie des Anges
Vierge moniale du Carmel
Marie des Anges (Marianna) Fontanella, née à Turin, le 07 janvier 1661 et cousine de St Louis de Gonzague, fut, par son enfance si pure et si vertueuse, la digne émule de l'héroïque patron de la jeunesse.
A quatre ans, elle gémissait de ne pouvoir communier ; à six ans, elle voulait s'enfuir en la solitude pour vivre dans la pénitence jusqu'à sa mort. Elle tomba gravement malade de chagrin, à la suite des obstacles qui s'opposèrent à ses desseins, et guérit soudain après avoir reçu la douce apparition de Marie tenant Jésus dans ses bras.
Après sa Première Communion, vers l'âge de onze ans et demi, son confesseur l'autorisa à communier trois fois par semaine.
Elle vécut quelques temps dans le monde comme une vraie carmélite, et entra à quinze ans, le 19 novembre 1676, au Carmel de Turin, où rien ne l'étonna dans la vie austère qu'on y mène. Dieu la purifia par de longues maladies, par des peines de conscience, par la permission qu'il donna au démon de la tenter quelques fois même visiblement. Elle sortit de l'épreuve comme l'or de la fournaise et Dieu la gratifia dès lors des faveurs les plus extraordinaires : don d'oraison, don de prophétie, don de pénétrer les cœurs, don d'extase, don de miracles. Elle était apôtre dans le cloître et pensait à tous les besoins divers des âmes rachetées par le sang du Sauveur.
Sa charité était sans bornes. On raconte qu'ayant fait demander sans succès à son souverain la grâce d'un soldat condamné à mort pour crime de désertion, elle se jeta aux pieds d'une image de Jésus agonisant et s'écria : « O mon doux Sauveur, si je m'étais adressée à Vous, Vous n'auriez pas manqué d'exaucer ma prière ! » A peine achevait-elle ses mots qu'on vint lui annoncer que sa prière avait été écoutée et que le condamné serait rendu à la liberté. Elle s'employait très efficacement pour la délivrance des âmes du purgatoire. Elle meurt le 16 décembre 1717.
Maria degli Angeli a été béatifiée le 25 avril 1865 par le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878).
Sainte Adélaïde
Impératrice du Saint Empire
(† 999)
Elle était à la fois reine d'Italie, reine d'Allemagne et elle sera la première en date des impératrices du Saint Empire-Romain Germanique à la suite de son mariage avec Othon Ier, lorsqu'elle fut veuve du roi d'Italie.
À la mort d'Othon Ier, elle exerça la régence pendant cinq ans, durant l'enfance d'Othon II. Puis à nouveau pendant la minorité d'Othon III. Ce fut pour elle, des périodes difficiles, pleines de souffrances et d'épreuves. Mais sa force de caractère et sa bonté, puisées dans sa foi, surmontèrent tous les obstacles. Elle montra toutes les qualités d'un chef d'État dans la justice de sa charge et toutes les vertus chrétiennes dans sa charité attentive aux pauvres.
Elle consacra les trois dernières années de sa vie à promouvoir le bien de l'Église et des pauvres. Elle se montra le ferme appui de la culture occidentale en favorisant le monachisme clunisien. Elle mourut à Seltz, près de Strasbourg, lors d'un voyage qu'elle effectuait dans l'un des nombreux monastères qu'elle avait fondés.
Bienheureuse Marie des Anges
Vierge moniale du Carmel
Marie des Anges (Marianna) Fontanella, née à Turin, le 07 janvier 1661 et cousine de St Louis de Gonzague, fut, par son enfance si pure et si vertueuse, la digne émule de l'héroïque patron de la jeunesse.
A quatre ans, elle gémissait de ne pouvoir communier ; à six ans, elle voulait s'enfuir en la solitude pour vivre dans la pénitence jusqu'à sa mort. Elle tomba gravement malade de chagrin, à la suite des obstacles qui s'opposèrent à ses desseins, et guérit soudain après avoir reçu la douce apparition de Marie tenant Jésus dans ses bras.
Après sa Première Communion, vers l'âge de onze ans et demi, son confesseur l'autorisa à communier trois fois par semaine.
Elle vécut quelques temps dans le monde comme une vraie carmélite, et entra à quinze ans, le 19 novembre 1676, au Carmel de Turin, où rien ne l'étonna dans la vie austère qu'on y mène. Dieu la purifia par de longues maladies, par des peines de conscience, par la permission qu'il donna au démon de la tenter quelques fois même visiblement. Elle sortit de l'épreuve comme l'or de la fournaise et Dieu la gratifia dès lors des faveurs les plus extraordinaires : don d'oraison, don de prophétie, don de pénétrer les cœurs, don d'extase, don de miracles. Elle était apôtre dans le cloître et pensait à tous les besoins divers des âmes rachetées par le sang du Sauveur.
Sa charité était sans bornes. On raconte qu'ayant fait demander sans succès à son souverain la grâce d'un soldat condamné à mort pour crime de désertion, elle se jeta aux pieds d'une image de Jésus agonisant et s'écria : « O mon doux Sauveur, si je m'étais adressée à Vous, Vous n'auriez pas manqué d'exaucer ma prière ! » A peine achevait-elle ses mots qu'on vint lui annoncer que sa prière avait été écoutée et que le condamné serait rendu à la liberté. Elle s'employait très efficacement pour la délivrance des âmes du purgatoire. Elle meurt le 16 décembre 1717.
Maria degli Angeli a été béatifiée le 25 avril 1865 par le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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