Enseignements de l'Église
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Enseignements de l'Église
Rappel du premier message :
N.B. Si une personne désire émettre un commentaire, une critique ou une suggestion, il serait préférable de la poster sous "Annonces et Suggestions" ou tout autre fil, et ce, afin d'éviter de "briser" la continuité des posts mis en ligne. Merci de votre compréhension et de votre collaboration.
Introduction aux enseignements de l'Église
Pour cette introduction, j'ai pensé qu'il serait utile présenter certaines définitions concernant la provenance de ceux-ci:
EXHORTATION APOSTOLIQUE
Une exhortation apostolique est un texte voisin de l'encyclique, par son esprit et ses destinataires. À la différence de l'encyclique, l'exhortation plaide toujours pour inciter à s'engager dans telle ou telle activité, ou pour prendre une voie particulière.
L'exhortation apostolique est qualifiée de exhortation apostolique post-synodale quand elle est publiée à la suite d'un synode épiscopal réunissant les évêques des différentes parties du monde. Dans ce cas, l'exhortation apostolique traduit la conclusion du pape sur le thème du synode et la vision commune qui s'en est dégagée.
S'ils n'ont pas la valeur juridique d'une encyclique, ces actes pontificaux sont rendus publics sur une base régulière.
ENCYCLIQUE
Une encyclique (en latin encyclia, de l'adjectif grec ἐγκύκλιος / enkuklios d'après κύκλος / kuklos, « cercle ») est une lettre adressée par le pape à tous les évêques, et parfois également à l'ensemble des fidèles. C'est une lettre « circulaire ».
Une encyclique se rattache à la mission d'enseignement du pape. Elle est destinée à exposer à ses destinataires la position officielle de l'Église catholique sur un thème précis. Le plus souvent, celui-ci se situe hors des questions d'actualité, ce qui donne à l'enseignement une portée générale et relativement permanente. Cependant, l'opportunité de traiter un thème particulier est souvent appréciée en fonction de l'état du monde ; et les encycliques comportent parfois des mises en garde plus précises, voire des condamnations spécifiques.
Tout en étant formellement destinée aux évêques, la lettre s'adresse en pratique à tous les fidèles, confiés à l'enseignement de leur évêque respectif, et présente un intérêt pour toute personne intéressée par la position de l'Église. Néanmoins, sauf mention contraire, l'encyclique n'engage pas l'infaillibilité pontificale : un fidèle reste libre de ne pas suivre cet enseignement si sa conscience le lui dicte, tout en restant dans l'Église.
LETTRE APOSTOLIQUE
Une lettre apostolique est une forme d'exhortation apostolique rédigée en s'adressant à un destinataire particulier et non à l'ensemble des évêques (comme le fait une exhortation apostolique ou une encyclique). Le pape publie ainsi une lettre ouverte d'intérêt général pour l'Église.
CONSTITUTION APOSTOLIQUE
En diplomatique vaticane, une constitution apostolique (du latin constitutio apostolica) est un acte émanant du pape. Le terme constitution correspond ici à un sens large, et désigne un texte équivalent à une loi dans le domaine civil. Le qualificatif apostolique signifie simplement qu'elle est issue du siège apostolique : une constitution apostolique est une loi que le pape promulgue au titre de son autorité de gouvernement général sur l'Église.
N.B. Si une personne désire émettre un commentaire, une critique ou une suggestion, il serait préférable de la poster sous "Annonces et Suggestions" ou tout autre fil, et ce, afin d'éviter de "briser" la continuité des posts mis en ligne. Merci de votre compréhension et de votre collaboration.
Introduction aux enseignements de l'Église
Pour cette introduction, j'ai pensé qu'il serait utile présenter certaines définitions concernant la provenance de ceux-ci:
EXHORTATION APOSTOLIQUE
Une exhortation apostolique est un texte voisin de l'encyclique, par son esprit et ses destinataires. À la différence de l'encyclique, l'exhortation plaide toujours pour inciter à s'engager dans telle ou telle activité, ou pour prendre une voie particulière.
L'exhortation apostolique est qualifiée de exhortation apostolique post-synodale quand elle est publiée à la suite d'un synode épiscopal réunissant les évêques des différentes parties du monde. Dans ce cas, l'exhortation apostolique traduit la conclusion du pape sur le thème du synode et la vision commune qui s'en est dégagée.
S'ils n'ont pas la valeur juridique d'une encyclique, ces actes pontificaux sont rendus publics sur une base régulière.
ENCYCLIQUE
Une encyclique (en latin encyclia, de l'adjectif grec ἐγκύκλιος / enkuklios d'après κύκλος / kuklos, « cercle ») est une lettre adressée par le pape à tous les évêques, et parfois également à l'ensemble des fidèles. C'est une lettre « circulaire ».
Une encyclique se rattache à la mission d'enseignement du pape. Elle est destinée à exposer à ses destinataires la position officielle de l'Église catholique sur un thème précis. Le plus souvent, celui-ci se situe hors des questions d'actualité, ce qui donne à l'enseignement une portée générale et relativement permanente. Cependant, l'opportunité de traiter un thème particulier est souvent appréciée en fonction de l'état du monde ; et les encycliques comportent parfois des mises en garde plus précises, voire des condamnations spécifiques.
Tout en étant formellement destinée aux évêques, la lettre s'adresse en pratique à tous les fidèles, confiés à l'enseignement de leur évêque respectif, et présente un intérêt pour toute personne intéressée par la position de l'Église. Néanmoins, sauf mention contraire, l'encyclique n'engage pas l'infaillibilité pontificale : un fidèle reste libre de ne pas suivre cet enseignement si sa conscience le lui dicte, tout en restant dans l'Église.
LETTRE APOSTOLIQUE
Une lettre apostolique est une forme d'exhortation apostolique rédigée en s'adressant à un destinataire particulier et non à l'ensemble des évêques (comme le fait une exhortation apostolique ou une encyclique). Le pape publie ainsi une lettre ouverte d'intérêt général pour l'Église.
CONSTITUTION APOSTOLIQUE
En diplomatique vaticane, une constitution apostolique (du latin constitutio apostolica) est un acte émanant du pape. Le terme constitution correspond ici à un sens large, et désigne un texte équivalent à une loi dans le domaine civil. Le qualificatif apostolique signifie simplement qu'elle est issue du siège apostolique : une constitution apostolique est une loi que le pape promulgue au titre de son autorité de gouvernement général sur l'Église.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Le Credo 11 : Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et lesmorts, et son règne n’aura pas de fin.
Peut-être à cause d’excès dans l’usage de ce thème,
l’opinion s’est largement répandue parmi les chrétiens que « l’on ne peut plus parler d’un Dieu qui juge », celui-ci devant faire place à un Dieu d’amour. Ce n’est pas le jugement lui-même qui est ainsi rejeté, c’est un jugement aboutissant à une condamnation définitive, c’est donc de l’enfer qu’il s’agit. Cette
opinion tellement commune qu’elle devient l’un des
dogmes de notre société n’est guère compatible avec le credo, ni avec les textes bibliques que présuppose le credo, et repose sur une opposition discutable entre aimer et juger.
Il faut tout d’abord relever que le jugement comme
tel peut être espéré par les victimes de l’injustice. Ceux qui vivent dans des sociétés totalitaires aimeraient pouvoir présenter leur cause devant un juste juge... Au moment même où, dans nos sociétés repues, on rejette le Dieu juge, celui-ci est un motif de devenir chrétien dans des sociétés moins favorisées. Le juge est un espoir pour le pauvre.
On imagine parfois le rapport de l’Ancien et du Nouveau Testaments en termes d’opposition : l’Ancien Testament nous présenterait un Dieu guerrier et vengeur, le Nouveau Testament un Dieu d’amour, « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Th 1, 10).
Cela revient à oublier que l’Ancien Testament est aussi celui d’un « Dieu de tendresse et de pitié,
lent à la colère, plein d'amour et de vérité »
(Ps 86 [87],15). En fait c’est le même Dieu, qui se
révèle à nous progressivement, en tenant compte de
nos rythmes, et c’est toujours un Dieu qui nous aime.
L’Ancien Testament annonce un jugement, et qui plus
est un jugement de toutes les nations. En effet, Dieu rassemble non seulement son peuple, mais toutes les nations : « Mais moi je viendrai rassembler toutes les nations et toutes les langues, et elles viendront voir ma gloire » (Is 66,18) Et le jugement qui suit peut aboutir à une condamnation : « De nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant ma face, dit Yahvé. Et on sortira pour voir les cadavres des hommes révoltés contre moi, car leur ver ne mourra pas et leur feu ne s'éteindra pas, ils seront en horreur à toute chair. » (Is 66,23-24)
Non seulement le Nouveau Testament n’apaise pas l’Ancien à ce propos, mais il le renforce considérablement. Qui plus est, c’est surtout Jésus qui le fait. Par exemple, le Nouveau Testament parle 12 fois de la géhenne, et dans 11 cas c’est Jésus qui en parle.
Et il radicalise explicitement l’Ancien Testament :
« Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres: Tu ne tueras point; et si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien! moi je vous dis: Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal; mais s’il dit à son frère: Crétin! il en répondra au Sanhédrin; et s’il lui dit: Renégat!, il en répondra dans la géhenne de feu. » (Mt 5,21-22)
Nous avons tous envie d’oublier un peu ces textes, mais un chrétien peut-il ne pas prendre Jésus au sérieux ? Ou alors le Christ nous aurait-il consciemment trompés pour nous stimuler moralement? Qui oserait soutenir que Jésus ait utilisé le mensonge pour favoriser notre moralité ?
La crainte du jugement peut favoriser la moralité,
c’est un fait. D’ailleurs un législateur d’Athènes au Ve siècle avant Jésus-Christ, Critias, estimait même que l’idée de la divinité avait été inventée pour favoriser l’ordre public : « Critias, un de ceux qui furent tyrans à Athènes, semble appartenir au groupe des athées: il
déclare que les anciens législateurs ont fabriqué la fiction de Dieu, défini comme une puissance qui porterait son regard sur les actions justes et les fautes des hommes, afin que personne ne portât tort en cachette à son prochain, ayant toujours à se garder du châtiment des dieux. »
On peut et on a utilisé l’arme de la peur du jugement éternel de manière en fait peu chrétienne, en oubliant l’amour. C’est pourquoi nombreux sont ceux qui opposent jugement et amour. Pourtant le jugement tel que le présente Jésus est en fait une marque d’amour. Comme l’a bien résumé S. Jean de la Croix : « Au soir [de cette vie], on te jugera sur l’amour. Apprends à aimer comme Dieu désire être aimé ».
C’est notre amour que le Christ jugera, et il peut le faire en connaissance de cause, car c’est Dieu qui peut juger les reins et les cœurs (cf. Jr 17.10). La scène du jugement dernier montre bien que c’est notre amour qui est discerné, bien au-delà de ce que nous en percevons nous-mêmes : « Les justes lui
répondront: Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir? Et le Roi leur fera cette réponse: En vérité je vous le dis, dans la mesure ou vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,37-40
Ce que le jugement nous montre, c’est avant tout que Dieu désire notre amour, et cet amour doit être libre (comme on le voit dans la célébration du mariage). Un amour forcé ne serait pas un amour. Si nous nous trouvions tout de suite face à Dieu, quelle serait notre marge de choix ? C’est difficile à dire, car dans la vision béatifique nous sommes plus libres
que maintenant, mais il reste que Dieu veut nous laisser une période durant laquelle nous pouvons montrer si nous aimons ou non, et nous le montrons aussi dans notre relation avec les autres créatures.
C’est ce que le Christ va discerner, de manière définitive quand il reviendra pour changer la face du monde et permettre à ceux qui ont choisi Dieu (à travers les multiples choix de ce monde) de vivre pour toujours avec lui. Mais si quelqu’un refuse
Dieu, sur la base de l’évidence qu’il peut en avoir, Dieu va-t-il l’obliger ? Nous ne savons vraiment si de tels cas de refus de Dieu existent, ni combien il y en a (le Nouveau Testament modère parfois notre optimisme), mais Dieu nous aime assez pour respecter même notre refus. La condamnation est un signe d’amour, alors que l’entrée forcée au paradis serait une négation de notre liberté et de notre responsabilité. Dieu respecte ce que nous sommes :
des êtres humains et non pas des marionnettes...
Peut-être à cause d’excès dans l’usage de ce thème,
l’opinion s’est largement répandue parmi les chrétiens que « l’on ne peut plus parler d’un Dieu qui juge », celui-ci devant faire place à un Dieu d’amour. Ce n’est pas le jugement lui-même qui est ainsi rejeté, c’est un jugement aboutissant à une condamnation définitive, c’est donc de l’enfer qu’il s’agit. Cette
opinion tellement commune qu’elle devient l’un des
dogmes de notre société n’est guère compatible avec le credo, ni avec les textes bibliques que présuppose le credo, et repose sur une opposition discutable entre aimer et juger.
Il faut tout d’abord relever que le jugement comme
tel peut être espéré par les victimes de l’injustice. Ceux qui vivent dans des sociétés totalitaires aimeraient pouvoir présenter leur cause devant un juste juge... Au moment même où, dans nos sociétés repues, on rejette le Dieu juge, celui-ci est un motif de devenir chrétien dans des sociétés moins favorisées. Le juge est un espoir pour le pauvre.
On imagine parfois le rapport de l’Ancien et du Nouveau Testaments en termes d’opposition : l’Ancien Testament nous présenterait un Dieu guerrier et vengeur, le Nouveau Testament un Dieu d’amour, « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Th 1, 10).
Cela revient à oublier que l’Ancien Testament est aussi celui d’un « Dieu de tendresse et de pitié,
lent à la colère, plein d'amour et de vérité »
(Ps 86 [87],15). En fait c’est le même Dieu, qui se
révèle à nous progressivement, en tenant compte de
nos rythmes, et c’est toujours un Dieu qui nous aime.
L’Ancien Testament annonce un jugement, et qui plus
est un jugement de toutes les nations. En effet, Dieu rassemble non seulement son peuple, mais toutes les nations : « Mais moi je viendrai rassembler toutes les nations et toutes les langues, et elles viendront voir ma gloire » (Is 66,18) Et le jugement qui suit peut aboutir à une condamnation : « De nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant ma face, dit Yahvé. Et on sortira pour voir les cadavres des hommes révoltés contre moi, car leur ver ne mourra pas et leur feu ne s'éteindra pas, ils seront en horreur à toute chair. » (Is 66,23-24)
Non seulement le Nouveau Testament n’apaise pas l’Ancien à ce propos, mais il le renforce considérablement. Qui plus est, c’est surtout Jésus qui le fait. Par exemple, le Nouveau Testament parle 12 fois de la géhenne, et dans 11 cas c’est Jésus qui en parle.
Et il radicalise explicitement l’Ancien Testament :
« Vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres: Tu ne tueras point; et si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien! moi je vous dis: Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal; mais s’il dit à son frère: Crétin! il en répondra au Sanhédrin; et s’il lui dit: Renégat!, il en répondra dans la géhenne de feu. » (Mt 5,21-22)
Nous avons tous envie d’oublier un peu ces textes, mais un chrétien peut-il ne pas prendre Jésus au sérieux ? Ou alors le Christ nous aurait-il consciemment trompés pour nous stimuler moralement? Qui oserait soutenir que Jésus ait utilisé le mensonge pour favoriser notre moralité ?
La crainte du jugement peut favoriser la moralité,
c’est un fait. D’ailleurs un législateur d’Athènes au Ve siècle avant Jésus-Christ, Critias, estimait même que l’idée de la divinité avait été inventée pour favoriser l’ordre public : « Critias, un de ceux qui furent tyrans à Athènes, semble appartenir au groupe des athées: il
déclare que les anciens législateurs ont fabriqué la fiction de Dieu, défini comme une puissance qui porterait son regard sur les actions justes et les fautes des hommes, afin que personne ne portât tort en cachette à son prochain, ayant toujours à se garder du châtiment des dieux. »
On peut et on a utilisé l’arme de la peur du jugement éternel de manière en fait peu chrétienne, en oubliant l’amour. C’est pourquoi nombreux sont ceux qui opposent jugement et amour. Pourtant le jugement tel que le présente Jésus est en fait une marque d’amour. Comme l’a bien résumé S. Jean de la Croix : « Au soir [de cette vie], on te jugera sur l’amour. Apprends à aimer comme Dieu désire être aimé ».
C’est notre amour que le Christ jugera, et il peut le faire en connaissance de cause, car c’est Dieu qui peut juger les reins et les cœurs (cf. Jr 17.10). La scène du jugement dernier montre bien que c’est notre amour qui est discerné, bien au-delà de ce que nous en percevons nous-mêmes : « Les justes lui
répondront: Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir? Et le Roi leur fera cette réponse: En vérité je vous le dis, dans la mesure ou vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,37-40
Ce que le jugement nous montre, c’est avant tout que Dieu désire notre amour, et cet amour doit être libre (comme on le voit dans la célébration du mariage). Un amour forcé ne serait pas un amour. Si nous nous trouvions tout de suite face à Dieu, quelle serait notre marge de choix ? C’est difficile à dire, car dans la vision béatifique nous sommes plus libres
que maintenant, mais il reste que Dieu veut nous laisser une période durant laquelle nous pouvons montrer si nous aimons ou non, et nous le montrons aussi dans notre relation avec les autres créatures.
C’est ce que le Christ va discerner, de manière définitive quand il reviendra pour changer la face du monde et permettre à ceux qui ont choisi Dieu (à travers les multiples choix de ce monde) de vivre pour toujours avec lui. Mais si quelqu’un refuse
Dieu, sur la base de l’évidence qu’il peut en avoir, Dieu va-t-il l’obliger ? Nous ne savons vraiment si de tels cas de refus de Dieu existent, ni combien il y en a (le Nouveau Testament modère parfois notre optimisme), mais Dieu nous aime assez pour respecter même notre refus. La condamnation est un signe d’amour, alors que l’entrée forcée au paradis serait une négation de notre liberté et de notre responsabilité. Dieu respecte ce que nous sommes :
des êtres humains et non pas des marionnettes...
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Le Credo 12 : Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même
adoration et même gloire.
Le Saint Esprit est Dieu, et cet article le dit de
plusieurs manières, tout d’abord en disant qu’il est
« Seigneur » (kurios, traduction grecque du nom de Dieu dans l’Ancien Testament) et en affirmant qu’il est adoré de la même manière que le Père et le Fils.
Depuis l’Église ancienne, cette foi est manifestée dans la liturgie: par les paroles du baptême, par la
bénédiction, par l’affirmation « Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ».
Nous entrons dans la troisième partie du Credo, qui est organisé selon la confession de foi dans les trois Personnes qui sont un seul Dieu. Tout ce qui suit dans le credo ne fait que développer les conséquences de la présence du Saint-Esprit (l’Église, le baptême, la vie éternelle).
Dire que le Saint-Esprit donne la vie (cf. Jn 6,63)
est aussi un moyen d’affirmer sa divinité, car Dieu est l’auteur de toute vie. Cela est non seulement vrai de la vie en général (d’où l’interdiction dans l’Ancien Testament de manger du sang, car le sang est la vie et n’appartient donc qu’à Dieu), mais surtout de la vie divine qui nous est donnée par l’Esprit Saint.
C’est par l’Esprit Saint que nous pouvons avoir part à la résurrection du Christ : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).
Il ne s’agit toutefois pas que de recevoir à nouveau la vie que nous avions avant de mourir (de renaître de la chair), mais de renaître dès maintenant de l’Esprit Saint. C’est ce que Jésus explique à Nicodème : « Nicodème lui dit: ‘Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître?’ Jésus répondit: ‘En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas, si je t’ai dit: Il vous faut naître d’en haut. » (Jn 3,4-7)
La différence entre la vie de la chair et la vie animée par l’Esprit Saint, c’est que la chair va à la mort alors que grâce à l’Esprit Saint nous sommes fils de Dieu : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez. En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier: Abba! Père!
L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. »
(Rm 8,13-16) Parce que le Saint-Esprit est Dieu, il peut nous donner part à la vie même de Dieu, c’est-à-dire que nous sommes nés à la nouvelle vie d’enfants de Dieu et pouvons par conséquent appeler Dieu : « notre Père » (ce que nous faisons dans la prière que nous a enseigné e le Sauveur). Dès lors, nous sommes des temples du Saint-Esprit
(cf. I Co 3,16) et devons respecter notre hôte divin.
Nous ne sommes pas seulement des demeures juxtaposées du Saint-Esprit. Nous sommes tous ensemble sa demeure, car l’Esprit distribue ses dons de manière à ce que nous soyons unis à Dieu et entre nous. Comme le dit le Concile Vatican II, Dieu
« nous fait part de son Esprit qui, unique et présent, identique à lui-même dans la tête et dans les membres, vivifie le corps entier, l’unifie et le meut, si bien que son action a pu être comparée par les saints
Pères à la fonction que remplit dans le corps humain, l’âme, principe de vie. »
Présent dans tous les membres de l’Église, à commencer par sa Tête qui est le Christ, l’Esprit Saint donne vie et unité à celle-ci. Un des effets de la présence en nous du Saint-Esprit, c’est que nous
sommes attentifs à sa présence dans les autres et savons la reconnaître.
Le Saint-Esprit édifie le Corps du Christ, l’Église. Cela signifie qu’il nous transmet le Christ, qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Jésus dit de l’Esprit : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage » (Jn 15,26), « Lui me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il recevra et il
vous le dévoilera » (Jn 16,14). Il ne vient pas nous apporter une autre révélation, qui serait plus complète ou plus spirituelle, mais il nous donne le Christ, lui qui est la plénitude de la révélation définitive. C’est pour la même raison – parce qu’il nous donne le Christ – que le Saint-Esprit rend possible la présence du Christ dans l’eucharistie.
Durant la messe, le prêtre dit en effet : « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit : qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de ton Fils Jésus, le Christ, notre Seigneur ». Parce que le Saint-Esprit nous est donné, nous pouvons appeler Dieu : « notre Père » et nous pouvons recevoir le Corps du Christ. Sans l’action de l’Esprit Saint, aucun sacrement ne serait possible.
L’action de Dieu dans l’histoire est continue. Elle
culmine avec la venue du Fils de Dieu dans notre chair. Comme nous le rappelle l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 10,27-30), le Christ veut être notre bon pasteur. Pourtant le fait même d’avoir notre humanité limitait les possibilités qu’avait ce bon pasteur de rejoindre certaines brebis : comme homme, il était situé dans le temps et l’espace, à savoir il y a deux millénaires en Palestine. Pour nous atteindre tous et nous changer de l’intérieur, il devait partir : « Je vous dis la vérité: c’est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7). Le Christ ne nous quitte pas, mais il peut désormais
nous atteindre tous grâce à l’Esprit. L’Esprit Saint, qui de toute éternité « procède du Père et du Fils », nous est envoyé en ce monde par le Père et le Fils pour que nous recevions la vie divine obtenue par le Fils de Dieu fait homme.
La continuité de l’histoire de notre Salut nous est
enfin rappelée par la continuité de l’Écriture Sainte, inspirée par le Saint-Esprit qui « a parlé par les prophètes ».
adoration et même gloire.
Le Saint Esprit est Dieu, et cet article le dit de
plusieurs manières, tout d’abord en disant qu’il est
« Seigneur » (kurios, traduction grecque du nom de Dieu dans l’Ancien Testament) et en affirmant qu’il est adoré de la même manière que le Père et le Fils.
Depuis l’Église ancienne, cette foi est manifestée dans la liturgie: par les paroles du baptême, par la
bénédiction, par l’affirmation « Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ».
Nous entrons dans la troisième partie du Credo, qui est organisé selon la confession de foi dans les trois Personnes qui sont un seul Dieu. Tout ce qui suit dans le credo ne fait que développer les conséquences de la présence du Saint-Esprit (l’Église, le baptême, la vie éternelle).
Dire que le Saint-Esprit donne la vie (cf. Jn 6,63)
est aussi un moyen d’affirmer sa divinité, car Dieu est l’auteur de toute vie. Cela est non seulement vrai de la vie en général (d’où l’interdiction dans l’Ancien Testament de manger du sang, car le sang est la vie et n’appartient donc qu’à Dieu), mais surtout de la vie divine qui nous est donnée par l’Esprit Saint.
C’est par l’Esprit Saint que nous pouvons avoir part à la résurrection du Christ : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).
Il ne s’agit toutefois pas que de recevoir à nouveau la vie que nous avions avant de mourir (de renaître de la chair), mais de renaître dès maintenant de l’Esprit Saint. C’est ce que Jésus explique à Nicodème : « Nicodème lui dit: ‘Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître?’ Jésus répondit: ‘En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas, si je t’ai dit: Il vous faut naître d’en haut. » (Jn 3,4-7)
La différence entre la vie de la chair et la vie animée par l’Esprit Saint, c’est que la chair va à la mort alors que grâce à l’Esprit Saint nous sommes fils de Dieu : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez. En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier: Abba! Père!
L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. »
(Rm 8,13-16) Parce que le Saint-Esprit est Dieu, il peut nous donner part à la vie même de Dieu, c’est-à-dire que nous sommes nés à la nouvelle vie d’enfants de Dieu et pouvons par conséquent appeler Dieu : « notre Père » (ce que nous faisons dans la prière que nous a enseigné e le Sauveur). Dès lors, nous sommes des temples du Saint-Esprit
(cf. I Co 3,16) et devons respecter notre hôte divin.
Nous ne sommes pas seulement des demeures juxtaposées du Saint-Esprit. Nous sommes tous ensemble sa demeure, car l’Esprit distribue ses dons de manière à ce que nous soyons unis à Dieu et entre nous. Comme le dit le Concile Vatican II, Dieu
« nous fait part de son Esprit qui, unique et présent, identique à lui-même dans la tête et dans les membres, vivifie le corps entier, l’unifie et le meut, si bien que son action a pu être comparée par les saints
Pères à la fonction que remplit dans le corps humain, l’âme, principe de vie. »
Présent dans tous les membres de l’Église, à commencer par sa Tête qui est le Christ, l’Esprit Saint donne vie et unité à celle-ci. Un des effets de la présence en nous du Saint-Esprit, c’est que nous
sommes attentifs à sa présence dans les autres et savons la reconnaître.
Le Saint-Esprit édifie le Corps du Christ, l’Église. Cela signifie qu’il nous transmet le Christ, qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Jésus dit de l’Esprit : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage » (Jn 15,26), « Lui me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il recevra et il
vous le dévoilera » (Jn 16,14). Il ne vient pas nous apporter une autre révélation, qui serait plus complète ou plus spirituelle, mais il nous donne le Christ, lui qui est la plénitude de la révélation définitive. C’est pour la même raison – parce qu’il nous donne le Christ – que le Saint-Esprit rend possible la présence du Christ dans l’eucharistie.
Durant la messe, le prêtre dit en effet : « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit : qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de ton Fils Jésus, le Christ, notre Seigneur ». Parce que le Saint-Esprit nous est donné, nous pouvons appeler Dieu : « notre Père » et nous pouvons recevoir le Corps du Christ. Sans l’action de l’Esprit Saint, aucun sacrement ne serait possible.
L’action de Dieu dans l’histoire est continue. Elle
culmine avec la venue du Fils de Dieu dans notre chair. Comme nous le rappelle l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 10,27-30), le Christ veut être notre bon pasteur. Pourtant le fait même d’avoir notre humanité limitait les possibilités qu’avait ce bon pasteur de rejoindre certaines brebis : comme homme, il était situé dans le temps et l’espace, à savoir il y a deux millénaires en Palestine. Pour nous atteindre tous et nous changer de l’intérieur, il devait partir : « Je vous dis la vérité: c’est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7). Le Christ ne nous quitte pas, mais il peut désormais
nous atteindre tous grâce à l’Esprit. L’Esprit Saint, qui de toute éternité « procède du Père et du Fils », nous est envoyé en ce monde par le Père et le Fils pour que nous recevions la vie divine obtenue par le Fils de Dieu fait homme.
La continuité de l’histoire de notre Salut nous est
enfin rappelée par la continuité de l’Écriture Sainte, inspirée par le Saint-Esprit qui « a parlé par les prophètes ».
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Le Credo 13 : Il a parlé par les prophètes.
Pour confesser la foi en la divinité du Saint-Esprit, le credo ajoute un dernier point : Il a parlé par les prophètes. En d’autres termes : c’est lui qui a inspiré l’Écriture Sainte, la Bible.
Comme le dit la deuxième lettre de S. Pierre :
« Avant tout, sachez-le: aucune prophétie d’Écriture n’est objet d’explication personnelle; ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » (II P 1,20-21)
Que signifie le fait que la Bible soit la Parole de Dieu, alors même qu’elle indique des auteurs humains (par exemple les auteurs des Évangiles, ou des lettres de S. Paul, S. Jean, S.Pierre, S. Jacques...) ?
Contrairement au Coran, la Bible ne se présente pas comme étant directement la Parole de Dieu, ou une dictée immédiate de Dieu à des auteurs humains. Elle
se présente comme à la fois parole de Dieu et parole humaine, mais en quel sens ?
Dieu peut agir à l’intérieur même de l’action de ses créatures. Par exemple, nous sommes à la fois des créatures de Dieu et les enfants de nos parents. Certes Dieu peut tout faire directement, mais il peut aussi agir par ses créatures. Il agit notamment par des intermédiaires humains. C’est pourquoi par exemple S. Paul peut dire : « Nous sommes en
ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. » (II Co 5,20). De bien des
manières, nous sommes appelés à être la présence agissante de Dieu pour aider notre prochain.
Lorsque Dieu agit en nous, il ne renonce pas à agir
lui-même : il s’agit d’une action commune dont les auteurs sont différents. On peut le comprendre à l’aide d’exemples.
Lorsque j’écris avec un stylo, le texte est totalement écrit par moi, mais il est aussi totalement écrit par le stylo, en tant qu’instrument. Il s’agit là d’un instrument important, mais totalement passif. Je peux aussi agir par une autre personne, par exemple en faisant porter un message : le messager dit alors ce que je veux transmettre, mais il peut aussi
choisir la manière de le dire ; ce n’est pas un instrument passif. Dans la rédaction de la Bible, Dieu agit par des auteurs humains. Ces auteurs sont des instruments actifs, comme le sont les êtres humains; il ne s’agit toutefois pas là de n’importe quel acte humain – puisqu’en chaque acte humain Dieu opère « à la fois le vouloir et l’opération même » (Ph 2,13).
Les auteurs des textes bibliques sont inspirés par le Saint-Esprit d’une manière unique : on reconnaît dans la Bible non seulement un texte qui parle correctement de Dieu, mais un texte où Dieu lui-même nous parle, la Parole de Dieu. Comme le dit le Concile Vatican II, ces textes « ont Dieu pour auteur et (...) ont été transmis comme tels à l’Église elle-même »
. Le Concile ajoute que ces textes ont aussi des auteurs humains, qui n’ont pas été des
marionnettes mais ont bien agi en mettant au service de leur mission divine leurs capacités humaines :
« Pour composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à
son désir, et cela seulement ».
Ce sont donc de vrais auteurs, avec leur style propre, pas des dictaphones ; mais Dieu veille à ce qu’ils n’écrivent rien qui aille contre ce qu’il désire nous communiquer.
Les questions ne manquent pas à propos de l’inspiration de la Bible, notamment en raison de certains problèmes posés par une lecture littérale : le monde a-t-il vraiment été créé en sept jours, ou devons-nous croire la vision des sciences contemporaines ? Cette question – mal posée – est utilisée comme un argument majeur contre la révélation biblique.
Si les auteurs humains sont respectés par Dieu comme de vrais auteurs, agissant selon leurs moyens humains et leur culture, devraient-ils avoir des connaissances acquises deux millénaires et demi plus tard ? Et alors, pourquoi auraient-ils eu seulement des
connaissances du XXe ou XXIe siècle et pas du XXVe
siècle ? S’ils avaient eu de telles connaissances, Dieu n’aurait pas respecté la culture des auteurs. Qui plus est, Dieu n’aurait pas non plus respecté la culture des auditeurs et lecteurs qui, ne comprenant pas un texte dépassant tellement leur état culturel, n’auraient pas non plus compris ce que Dieu voulait
transmettre. Le Concile Vatican II précise ce sur quoi porte la révélation : « Puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut ».
Le but de la révélation divine est de nous faire savoir qui est Dieu et comment il a agi de manière à ce que nous puissions être avec lui, donc de manière à ce que nous puissions être sauvés.
Pour confesser la foi en la divinité du Saint-Esprit, le credo ajoute un dernier point : Il a parlé par les prophètes. En d’autres termes : c’est lui qui a inspiré l’Écriture Sainte, la Bible.
Comme le dit la deuxième lettre de S. Pierre :
« Avant tout, sachez-le: aucune prophétie d’Écriture n’est objet d’explication personnelle; ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » (II P 1,20-21)
Que signifie le fait que la Bible soit la Parole de Dieu, alors même qu’elle indique des auteurs humains (par exemple les auteurs des Évangiles, ou des lettres de S. Paul, S. Jean, S.Pierre, S. Jacques...) ?
Contrairement au Coran, la Bible ne se présente pas comme étant directement la Parole de Dieu, ou une dictée immédiate de Dieu à des auteurs humains. Elle
se présente comme à la fois parole de Dieu et parole humaine, mais en quel sens ?
Dieu peut agir à l’intérieur même de l’action de ses créatures. Par exemple, nous sommes à la fois des créatures de Dieu et les enfants de nos parents. Certes Dieu peut tout faire directement, mais il peut aussi agir par ses créatures. Il agit notamment par des intermédiaires humains. C’est pourquoi par exemple S. Paul peut dire : « Nous sommes en
ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. » (II Co 5,20). De bien des
manières, nous sommes appelés à être la présence agissante de Dieu pour aider notre prochain.
Lorsque Dieu agit en nous, il ne renonce pas à agir
lui-même : il s’agit d’une action commune dont les auteurs sont différents. On peut le comprendre à l’aide d’exemples.
Lorsque j’écris avec un stylo, le texte est totalement écrit par moi, mais il est aussi totalement écrit par le stylo, en tant qu’instrument. Il s’agit là d’un instrument important, mais totalement passif. Je peux aussi agir par une autre personne, par exemple en faisant porter un message : le messager dit alors ce que je veux transmettre, mais il peut aussi
choisir la manière de le dire ; ce n’est pas un instrument passif. Dans la rédaction de la Bible, Dieu agit par des auteurs humains. Ces auteurs sont des instruments actifs, comme le sont les êtres humains; il ne s’agit toutefois pas là de n’importe quel acte humain – puisqu’en chaque acte humain Dieu opère « à la fois le vouloir et l’opération même » (Ph 2,13).
Les auteurs des textes bibliques sont inspirés par le Saint-Esprit d’une manière unique : on reconnaît dans la Bible non seulement un texte qui parle correctement de Dieu, mais un texte où Dieu lui-même nous parle, la Parole de Dieu. Comme le dit le Concile Vatican II, ces textes « ont Dieu pour auteur et (...) ont été transmis comme tels à l’Église elle-même »
. Le Concile ajoute que ces textes ont aussi des auteurs humains, qui n’ont pas été des
marionnettes mais ont bien agi en mettant au service de leur mission divine leurs capacités humaines :
« Pour composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à
son désir, et cela seulement ».
Ce sont donc de vrais auteurs, avec leur style propre, pas des dictaphones ; mais Dieu veille à ce qu’ils n’écrivent rien qui aille contre ce qu’il désire nous communiquer.
Les questions ne manquent pas à propos de l’inspiration de la Bible, notamment en raison de certains problèmes posés par une lecture littérale : le monde a-t-il vraiment été créé en sept jours, ou devons-nous croire la vision des sciences contemporaines ? Cette question – mal posée – est utilisée comme un argument majeur contre la révélation biblique.
Si les auteurs humains sont respectés par Dieu comme de vrais auteurs, agissant selon leurs moyens humains et leur culture, devraient-ils avoir des connaissances acquises deux millénaires et demi plus tard ? Et alors, pourquoi auraient-ils eu seulement des
connaissances du XXe ou XXIe siècle et pas du XXVe
siècle ? S’ils avaient eu de telles connaissances, Dieu n’aurait pas respecté la culture des auteurs. Qui plus est, Dieu n’aurait pas non plus respecté la culture des auditeurs et lecteurs qui, ne comprenant pas un texte dépassant tellement leur état culturel, n’auraient pas non plus compris ce que Dieu voulait
transmettre. Le Concile Vatican II précise ce sur quoi porte la révélation : « Puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut ».
Le but de la révélation divine est de nous faire savoir qui est Dieu et comment il a agi de manière à ce que nous puissions être avec lui, donc de manière à ce que nous puissions être sauvés.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Credo 13 (suite)
Par exemple, il est important que nous sachions que Dieu a créé tout ce qui existe, mais il n’est pas nécessaire que nous sachions exactement comment Dieu agit en créant.
Les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont expliqué à plusieurs reprises que la théorie de l’évolution – si on la comprend bien – et la foi en la création ne se contredisent pas. Ils se basent sur la conviction de l’Église que la vérité de la foi et la vérité obtenue par nos connaissances humaines ne peuvent pas se contredire, car toutes deux viennent de Dieu.
Jean-Paul II ajoute d’ailleurs que les nouvelles connaissances sur l’univers renforcent en fait
notre foi, car elles présupposent une organisation
intelligente du monde matériel :« L’évolution des êtres vivants, dont la science cherche à déterminer les étapes et à discerner le mécanisme, présente une finalité interne qui suscite l’admiration. Cette finalité
qui oriente les êtres dans une direction, dont ils ne sont ni les patrons ni les responsables, oblige à supposer l’existence d’un Esprit qui en est l’inventeur, le créateur. »
Dieu nous montre son amour en respectant comme de vrais auteurs les auteurs des textes de l’Écriture, et il peut à travers les imperfections d’une culture humaine se faire connaître à nous. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint inspirant l’Écriture. Des questions comme
celle que je viens de résumer ne doivent pas nous empêcher de partager l’admiration des Pères de l’Église devant l’unité de l’action de Dieu, que l’on reconnaît après coup dans les textes bibliques. C’est ce qu’exprimait S. Justin au milieu du IIe siècle : « Il y eut chez les Juifs des prophètes de Dieu, par lesquels l’Esprit prophétique annonça d’avance les événements futurs. Leurs prophéties furent gardées soigneusement, telles qu’elles avaient été
prononcées, par les rois successifs de Judée, dans
des livres écrits en hébreu de la main même des prophètes (...)
Nous lisons, annoncé dans les livres des prophètes, que Jésus, notre Christ, doit venir, qu’il naîtra d’une vierge, qu’il parviendra à l’âge d’homme, qu’il guérira toute maladie et toute infirmité, qu’il ressuscitera les morts, que, méconnu et persécuté, il sera crucifié, qu’il mourra, qu’il ressuscitera et montera au ciel, qu’il est et sera reconnu fils de Dieu, qu’il enverra certains annoncer ces choses dans le monde entier et que ce seront surtout les gentils qui croiront en lui.»
Si la lecture de l’Écriture reconnaît l’annonce de la vie et de l’œuvre du Christ dès l’Ancien Testament, c’est que le Saint-Esprit qui devait garder la présence du Christ après son Ascension l’avait déjà annoncée avant sa naissance.
Par exemple, il est important que nous sachions que Dieu a créé tout ce qui existe, mais il n’est pas nécessaire que nous sachions exactement comment Dieu agit en créant.
Les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont expliqué à plusieurs reprises que la théorie de l’évolution – si on la comprend bien – et la foi en la création ne se contredisent pas. Ils se basent sur la conviction de l’Église que la vérité de la foi et la vérité obtenue par nos connaissances humaines ne peuvent pas se contredire, car toutes deux viennent de Dieu.
Jean-Paul II ajoute d’ailleurs que les nouvelles connaissances sur l’univers renforcent en fait
notre foi, car elles présupposent une organisation
intelligente du monde matériel :« L’évolution des êtres vivants, dont la science cherche à déterminer les étapes et à discerner le mécanisme, présente une finalité interne qui suscite l’admiration. Cette finalité
qui oriente les êtres dans une direction, dont ils ne sont ni les patrons ni les responsables, oblige à supposer l’existence d’un Esprit qui en est l’inventeur, le créateur. »
Dieu nous montre son amour en respectant comme de vrais auteurs les auteurs des textes de l’Écriture, et il peut à travers les imperfections d’une culture humaine se faire connaître à nous. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint inspirant l’Écriture. Des questions comme
celle que je viens de résumer ne doivent pas nous empêcher de partager l’admiration des Pères de l’Église devant l’unité de l’action de Dieu, que l’on reconnaît après coup dans les textes bibliques. C’est ce qu’exprimait S. Justin au milieu du IIe siècle : « Il y eut chez les Juifs des prophètes de Dieu, par lesquels l’Esprit prophétique annonça d’avance les événements futurs. Leurs prophéties furent gardées soigneusement, telles qu’elles avaient été
prononcées, par les rois successifs de Judée, dans
des livres écrits en hébreu de la main même des prophètes (...)
Nous lisons, annoncé dans les livres des prophètes, que Jésus, notre Christ, doit venir, qu’il naîtra d’une vierge, qu’il parviendra à l’âge d’homme, qu’il guérira toute maladie et toute infirmité, qu’il ressuscitera les morts, que, méconnu et persécuté, il sera crucifié, qu’il mourra, qu’il ressuscitera et montera au ciel, qu’il est et sera reconnu fils de Dieu, qu’il enverra certains annoncer ces choses dans le monde entier et que ce seront surtout les gentils qui croiront en lui.»
Si la lecture de l’Écriture reconnaît l’annonce de la vie et de l’œuvre du Christ dès l’Ancien Testament, c’est que le Saint-Esprit qui devait garder la présence du Christ après son Ascension l’avait déjà annoncée avant sa naissance.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
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Re: Enseignements de l'Église
Le Credo 14 : Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.
La troisième partie du credo traite du Saint-Esprit, et l’Église peut exister grâce à l’envoi du Saint-Esprit qui édifie le Corps du Christ.
Nous pouvons lire dans les Évangiles qu'à un moment donné Jésus annonce son départ aux disciples. On peut imaginer l’inquiétude de ceux-ci, car ils voyaient en lui un maître qui « les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes et avec plus de sagesse que Salomon : « il y a ici plus que Salomon! » (Mt 12,4 2). C’est pourquoi ils aimaient être avec lui : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici » (Mc 9,5).
Et voilà qu’il part, alors que sa mission ne concernait pas que les habitants de la Palestine de son époque...
Justement parce que le salut que le Christ nous a obtenu concerne tous les temps et tous les pays, il ne part pas tout simplement : « Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit »
(Jn 14,25-26).
L’envoi de l’Esprit assure une continuité de la présence de Dieu parmi les hommes. L’Esprit
nous communique le Christ et édifie son Corps qui e
st l’Église, pour que le Christ demeure vivant et actif dans le monde.
Le Concile Vatican II explique que la Révélation due à la bonté divine – l’envoi du Fils de Dieu en notre chair – demandait une continuité de cette bonté pour qu’un tel don ne se perde pas. Dieu sait bien que nous avons tendance à casser ses cadeaux, et il veille sur eux...C’est pourquoi il a prévu une continuation de la mission du Christ par les Apôtres : « Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, a pris des dispositions pour qu’elle demeure toujours en son intégrité et qu’elle soit transmise à toutes les générations.
C’est pourquoi le Christ Seigneur (...), ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Évangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses Apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale, en leur communiquant les dons divins.
Ce qui fut fidèlement exécuté, soit par les Apôtres, qui, par la prédication orale, par leurs exemples et des institutions, transmirent ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec lui et en le voyant agir, ou ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit, soit par ces Apôtres et par des hommes de leur entourage, qui, sous l’inspiration du même Esprit Saint, consignèrent par écrit le message du salut. » Les Apôtres ont un rôle d’établissement de l’Église sur la base de la pierre d’angle qu’est le Christ
(cf. Ac 4,11).
L’Esprit Saint aide les Apôtres à déterminer les conséquences pour la jeune Église de la nouveauté du Christ : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d'autres obligations que celles-ci... » (Ac 15,28). Sans cette décision des Apôtres rendue possible par l’Esprit Saint, l’Église aurait dû continuer à observer
littéralement la Loi de Moïse. On voit là un signe à la fois du lien entre le Saint-Esprit et l’Église, et de l’identité apostolique de celle-ci: l’Église est bâtie sur la foi des Apôtres et sur leur action.
Dans le livre de l'Apocalypse, il est dit à propos de la Jérusalem céleste, que « la muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau » (Ap 21,14).
Il ne suffisait pas que l’Église continue et soit organisée durant la génération qui a suivi
l’Ascension de Jésus. Le Concile Vatican II décrit
la suite de l’histoire : « Mais pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Église, les Apôtres laissèrent pour successeurs des évêques, auxquels ils remirent leur propre fonction d’enseignement’. »
On voit ainsi que l’Apôtre Paul laisse des «coopérateurs », comme Tite ou Timothée
(cf. Rm 16,21, II Co 8,23), qui établissent l’Église après son passage : « Si je t’ai laissé en Crète, c’est
pour y achever l’organisation et pour établir dans
chaque ville des presbytres, conformément à mes instructions » (Tt 1,5). Les évêques continuent le ministère d’unité des Apôtres, sans toutefois leur mission unique de fondation.
L’Église est essentiellement apostolique, et depuis
ses débuts on a reconnu une présence particulière des Apôtres dans les Églises qu’ils ont fondées. C’est notamment le cas de l’Église de Rome, fondée par Pierre et Paul. L’Église est fondée sur le témoignage de foi des Apôtres, et ceux-ci nous soutiennent encore dans notre foi.
L’Église est une, car telle est la volonté de Dieu. Jésus a prié pour l’unité de l’Église : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17,20-21)
Pourtant il y a eu des divisions dès le début de l’Église, permettant d’ailleurs de vérifier la foi des croyants cf. I Co 11,18-19 ; II P 2,1). Les divisions ont continué, mais ne détruisent pas notre foi en l’unité de l’Église.
Comme le disait le pape Jean-Paul II dans son encyclique sur l’œcuménisme : « L’Eglise catholique affirme (...) que, au cours des deux mille ans de son histoire, elle a été gardée dans l’unité avec tous les biens dont Dieu veut doter son Église, et cela malgré les crises souvent graves qui l’ont ébranlée, les manques de fidélité de certains de ses ministres et les fautes auxquelles se heurtent quotidiennement ses membres.
L’Église catholique sait que, en vertu du soutien qui lui vient de l’Esprit, les faiblesses, les médiocrités, les péchés et parfois les trahisons de certains de ses fils ne peuvent pas détruire ce que Dieu a mis en elle
selon son dessein de grâce. »
Dire que l’Église est encore une signifie donc que
l’Église catholique n’a jamais perdu la foi, ni ces moyens de salut que sont les sacrements et
l’annonce de l’Évangile ; si elle les avait perdus, où irions-nous les chercher ? Mais nous ne craignons pas qu’elle les ait perdus : les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle (cf. Mt 16,18).
L’Église est sainte parce que le Saint-Esprit fait sans cesse du Peuple de Dieu le Corps du Christ, dans lequel nous participons à la vie même de Dieu. Il faut ici se rappeler de la distinction entre la sainteté de l’Eglise et les péchés toujours présents de ses membres. Nos péchés ne suffisent toutefois pas à chasser le Christ de son Corps, à disjoindre l’Epoux et
l’Épouse.
L’Église est catholique, c’est-à-dire exprime la totalité de la foi et est appelée à couvrir le monde. On traduit parfois « catholique » par « universel » : cette traduction ne rend qu’une partie du sens du terme kat’holon, qui signifie « selon la totalité ». Être catholique signifie en fait vouloir tout de Dieu, que Dieu envahisse toute notre vie dans son extension et sa profondeur : « Vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la
Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur,
vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,18-19). Et Dieu, qui ne fait pas les choses à moitié, nous propose un salut « selon la totalité » : c’est la catholicité.
La troisième partie du credo traite du Saint-Esprit, et l’Église peut exister grâce à l’envoi du Saint-Esprit qui édifie le Corps du Christ.
Nous pouvons lire dans les Évangiles qu'à un moment donné Jésus annonce son départ aux disciples. On peut imaginer l’inquiétude de ceux-ci, car ils voyaient en lui un maître qui « les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes et avec plus de sagesse que Salomon : « il y a ici plus que Salomon! » (Mt 12,4 2). C’est pourquoi ils aimaient être avec lui : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici » (Mc 9,5).
Et voilà qu’il part, alors que sa mission ne concernait pas que les habitants de la Palestine de son époque...
Justement parce que le salut que le Christ nous a obtenu concerne tous les temps et tous les pays, il ne part pas tout simplement : « Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit »
(Jn 14,25-26).
L’envoi de l’Esprit assure une continuité de la présence de Dieu parmi les hommes. L’Esprit
nous communique le Christ et édifie son Corps qui e
st l’Église, pour que le Christ demeure vivant et actif dans le monde.
Le Concile Vatican II explique que la Révélation due à la bonté divine – l’envoi du Fils de Dieu en notre chair – demandait une continuité de cette bonté pour qu’un tel don ne se perde pas. Dieu sait bien que nous avons tendance à casser ses cadeaux, et il veille sur eux...C’est pourquoi il a prévu une continuation de la mission du Christ par les Apôtres : « Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, a pris des dispositions pour qu’elle demeure toujours en son intégrité et qu’elle soit transmise à toutes les générations.
C’est pourquoi le Christ Seigneur (...), ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Évangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses Apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale, en leur communiquant les dons divins.
Ce qui fut fidèlement exécuté, soit par les Apôtres, qui, par la prédication orale, par leurs exemples et des institutions, transmirent ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec lui et en le voyant agir, ou ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit, soit par ces Apôtres et par des hommes de leur entourage, qui, sous l’inspiration du même Esprit Saint, consignèrent par écrit le message du salut. » Les Apôtres ont un rôle d’établissement de l’Église sur la base de la pierre d’angle qu’est le Christ
(cf. Ac 4,11).
L’Esprit Saint aide les Apôtres à déterminer les conséquences pour la jeune Église de la nouveauté du Christ : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d'autres obligations que celles-ci... » (Ac 15,28). Sans cette décision des Apôtres rendue possible par l’Esprit Saint, l’Église aurait dû continuer à observer
littéralement la Loi de Moïse. On voit là un signe à la fois du lien entre le Saint-Esprit et l’Église, et de l’identité apostolique de celle-ci: l’Église est bâtie sur la foi des Apôtres et sur leur action.
Dans le livre de l'Apocalypse, il est dit à propos de la Jérusalem céleste, que « la muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau » (Ap 21,14).
Il ne suffisait pas que l’Église continue et soit organisée durant la génération qui a suivi
l’Ascension de Jésus. Le Concile Vatican II décrit
la suite de l’histoire : « Mais pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Église, les Apôtres laissèrent pour successeurs des évêques, auxquels ils remirent leur propre fonction d’enseignement’. »
On voit ainsi que l’Apôtre Paul laisse des «coopérateurs », comme Tite ou Timothée
(cf. Rm 16,21, II Co 8,23), qui établissent l’Église après son passage : « Si je t’ai laissé en Crète, c’est
pour y achever l’organisation et pour établir dans
chaque ville des presbytres, conformément à mes instructions » (Tt 1,5). Les évêques continuent le ministère d’unité des Apôtres, sans toutefois leur mission unique de fondation.
L’Église est essentiellement apostolique, et depuis
ses débuts on a reconnu une présence particulière des Apôtres dans les Églises qu’ils ont fondées. C’est notamment le cas de l’Église de Rome, fondée par Pierre et Paul. L’Église est fondée sur le témoignage de foi des Apôtres, et ceux-ci nous soutiennent encore dans notre foi.
L’Église est une, car telle est la volonté de Dieu. Jésus a prié pour l’unité de l’Église : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17,20-21)
Pourtant il y a eu des divisions dès le début de l’Église, permettant d’ailleurs de vérifier la foi des croyants cf. I Co 11,18-19 ; II P 2,1). Les divisions ont continué, mais ne détruisent pas notre foi en l’unité de l’Église.
Comme le disait le pape Jean-Paul II dans son encyclique sur l’œcuménisme : « L’Eglise catholique affirme (...) que, au cours des deux mille ans de son histoire, elle a été gardée dans l’unité avec tous les biens dont Dieu veut doter son Église, et cela malgré les crises souvent graves qui l’ont ébranlée, les manques de fidélité de certains de ses ministres et les fautes auxquelles se heurtent quotidiennement ses membres.
L’Église catholique sait que, en vertu du soutien qui lui vient de l’Esprit, les faiblesses, les médiocrités, les péchés et parfois les trahisons de certains de ses fils ne peuvent pas détruire ce que Dieu a mis en elle
selon son dessein de grâce. »
Dire que l’Église est encore une signifie donc que
l’Église catholique n’a jamais perdu la foi, ni ces moyens de salut que sont les sacrements et
l’annonce de l’Évangile ; si elle les avait perdus, où irions-nous les chercher ? Mais nous ne craignons pas qu’elle les ait perdus : les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle (cf. Mt 16,18).
L’Église est sainte parce que le Saint-Esprit fait sans cesse du Peuple de Dieu le Corps du Christ, dans lequel nous participons à la vie même de Dieu. Il faut ici se rappeler de la distinction entre la sainteté de l’Eglise et les péchés toujours présents de ses membres. Nos péchés ne suffisent toutefois pas à chasser le Christ de son Corps, à disjoindre l’Epoux et
l’Épouse.
L’Église est catholique, c’est-à-dire exprime la totalité de la foi et est appelée à couvrir le monde. On traduit parfois « catholique » par « universel » : cette traduction ne rend qu’une partie du sens du terme kat’holon, qui signifie « selon la totalité ». Être catholique signifie en fait vouloir tout de Dieu, que Dieu envahisse toute notre vie dans son extension et sa profondeur : « Vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la
Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur,
vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,18-19). Et Dieu, qui ne fait pas les choses à moitié, nous propose un salut « selon la totalité » : c’est la catholicité.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Le Credo 15 : Je reconnais un seul baptême pour le
pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.
Le credo se conclut sur la double mention du baptême et de la résurrection, car notre résurrection est le but de l’action de Dieu vis-à-vis de nous, le but de notre salut. Si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est pour que nous partagions sa divinité. Dans l’Évangile Jésus dit : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée
parce que tu m’as aimé avant même la création du monde. » (Jn 17,24).
Baptême et résurrection sont directement liés. Lors de la célébration du baptême des enfants, le prêtre dit par exemple : « Ces enfants sont nés à une vie nouvelle. Ils sont appelés fils de Dieu et ils le sont vraiment ». Notre baptême est un passage à travers l’eau, mais non plus l’eau de la Mer Rouge en direction d’une Terre promise de ce monde. La Terre promise
annonçait la Terre promise éternelle : notre vie avec Dieu. Dans le bain de notre baptême, où nous sommes lavés de nos péchés, nous participons à la mort et à la résurrection du Christ. Nous passons ainsi à travers la mer de la mort pour aller vers la vie éternelle.
Ce passage s’opère par notre union à la mort et la résurrection du Christ. S. Paul nous l’explique :
« Ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable; comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui » (Rm 6,3-8).
Voyons les étapes de ce parcours que nous décrit
S.Paul. D’abord le Christ donne sa vie, il meurt et ressuscite pour nous. Le but est que nous ayons la vie éternelle, participation à la vie de Dieu, en d’autres termes que nous soyons fils adoptifs de Dieu et puissions l’appeler « Notre Père ». Cela se réalise par notre baptême et par les autres sacrements. Pourquoi les sacrements? Dieu a décidé de ne pas nous sauver sans mettre à contribution des moyens humains.
Certes il peut nous sauver sans nous, mais il préfère nous donner un rôle actif. Par le baptême, nous recevons donc une nouvelle vie, qui est la vie divine commencée. Cette vie est nourrie par l’eucharistie, elle est renouvelée par le sacrement de réconciliation etc.
Dans la vie de la foi et de l’espérance (l’espérance de la vie éternelle), nous commençons déjà à vivre de la vie divine qui suit notre nouvelle naissance.
Parfois nous en avons une perception plus claire. C’est le cas de S. Étienne, soutenu dans le don de sa vie par la vision de son but, « Étienne était en face de ses accusateurs. Rempli de l’Esprit Saint, il regardait vers le ciel ; il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : ‘Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite
de Dieu’. » (Ac 7,55-56).
Si ce premier martyr après Jésus peut donner sa vie, c’est d’une part parce qu’il aime son Sauveur, d’autre part parce qu’il voit son salut.
Après la résurrection, ce qui est offert à ceux qui
auront aimé Dieu en cette vie est appelé la « vision béatifique » : le fait de voir Dieu et d’en être pleinement heureux. Le Catéchisme de l’Église catholique (1028) décrit ainsi cette vision : « A cause de sa transcendance, » – c’est-à-dire parce qu’il est infiniment au-dessus de nous – « Dieu ne peut être vu tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la contemplation immédiate de l’homme et qu’Il
lui en donne la capacité. Cette contemplation de Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église ‘la vision béatifique’ : ‘Quelle ne sera pas ta gloire et ton bonheur : être admis à voir Dieu, avoir l’honneur de participer aux joies du salut et de la lumière éternelle dans la compagnie du Christ le Seigneur ton Dieu, (...) jouir au Royaume des cieux dans la compagnie
des justes et des amis de Dieu, les joies de l’immortalité acquise’ (S. Cyprien). »
En voyant Dieu nous trouverons en lui, mais à un degré infini et dans sa source, tout ce que nous avons pu voir et aimer de beau et de bon. Tel est le but de la vie chrétienne : le bonheur parfait.
Nous en avons un avant-goût ici, car Jésus nous a promis que si nous donnions notre vie à sa suite nous aurions le centuple dès ici-bas (cf. Mc10,30) : la vie chrétienne est une vie joyeuse car elle est déjà marquée du bonheur de Dieu. Certains craignent que la vie éternelle soit ennuyeuse, ou que nous y soyons purement passifs. Le Catéchisme de l’Église catholique (1029) continue sa présentation de la vie au ciel en nous montrant que nous y serons actifs, et bien davantage que maintenant, car les saints ne sont pas des esclaves mais règnent vraiment avec leur Seigneur: « Dans la gloire du ciel, les bienheureux continuent d’accomplir avec joie la volonté de Dieu par rapport aux autres hommes et à la création toute entière. Déjà ils règnent avec le Christ ; avec Lui ‘ils régneront pour les siècles des siècles’
(Ap 22, 5 ; cf. Mt 25, 21. 23). »
La crainte que la vie éternelle soit ennuyeuse ressemble à la crainte de l’enfant juste avant sa naissance : il se sent bien dans le ventre de sa mère et s’inquiète de cette sortie vers un monde inconnu dont il découvrira bientôt la beauté. S. Jean résume ce que signifie notre filiation adoptive, reçue de notre baptême et que nous vivons déjà, mais qui apparaîtra pleinement lorsque nous aurons pris connaissance de ce qui suit vraiment notre nouvelle naissance :
« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables,
parce que nous le verrons tel qu’il est ». (I Jn 3,2)
pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.
Le credo se conclut sur la double mention du baptême et de la résurrection, car notre résurrection est le but de l’action de Dieu vis-à-vis de nous, le but de notre salut. Si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est pour que nous partagions sa divinité. Dans l’Évangile Jésus dit : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée
parce que tu m’as aimé avant même la création du monde. » (Jn 17,24).
Baptême et résurrection sont directement liés. Lors de la célébration du baptême des enfants, le prêtre dit par exemple : « Ces enfants sont nés à une vie nouvelle. Ils sont appelés fils de Dieu et ils le sont vraiment ». Notre baptême est un passage à travers l’eau, mais non plus l’eau de la Mer Rouge en direction d’une Terre promise de ce monde. La Terre promise
annonçait la Terre promise éternelle : notre vie avec Dieu. Dans le bain de notre baptême, où nous sommes lavés de nos péchés, nous participons à la mort et à la résurrection du Christ. Nous passons ainsi à travers la mer de la mort pour aller vers la vie éternelle.
Ce passage s’opère par notre union à la mort et la résurrection du Christ. S. Paul nous l’explique :
« Ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable; comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui » (Rm 6,3-8).
Voyons les étapes de ce parcours que nous décrit
S.Paul. D’abord le Christ donne sa vie, il meurt et ressuscite pour nous. Le but est que nous ayons la vie éternelle, participation à la vie de Dieu, en d’autres termes que nous soyons fils adoptifs de Dieu et puissions l’appeler « Notre Père ». Cela se réalise par notre baptême et par les autres sacrements. Pourquoi les sacrements? Dieu a décidé de ne pas nous sauver sans mettre à contribution des moyens humains.
Certes il peut nous sauver sans nous, mais il préfère nous donner un rôle actif. Par le baptême, nous recevons donc une nouvelle vie, qui est la vie divine commencée. Cette vie est nourrie par l’eucharistie, elle est renouvelée par le sacrement de réconciliation etc.
Dans la vie de la foi et de l’espérance (l’espérance de la vie éternelle), nous commençons déjà à vivre de la vie divine qui suit notre nouvelle naissance.
Parfois nous en avons une perception plus claire. C’est le cas de S. Étienne, soutenu dans le don de sa vie par la vision de son but, « Étienne était en face de ses accusateurs. Rempli de l’Esprit Saint, il regardait vers le ciel ; il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : ‘Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite
de Dieu’. » (Ac 7,55-56).
Si ce premier martyr après Jésus peut donner sa vie, c’est d’une part parce qu’il aime son Sauveur, d’autre part parce qu’il voit son salut.
Après la résurrection, ce qui est offert à ceux qui
auront aimé Dieu en cette vie est appelé la « vision béatifique » : le fait de voir Dieu et d’en être pleinement heureux. Le Catéchisme de l’Église catholique (1028) décrit ainsi cette vision : « A cause de sa transcendance, » – c’est-à-dire parce qu’il est infiniment au-dessus de nous – « Dieu ne peut être vu tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la contemplation immédiate de l’homme et qu’Il
lui en donne la capacité. Cette contemplation de Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église ‘la vision béatifique’ : ‘Quelle ne sera pas ta gloire et ton bonheur : être admis à voir Dieu, avoir l’honneur de participer aux joies du salut et de la lumière éternelle dans la compagnie du Christ le Seigneur ton Dieu, (...) jouir au Royaume des cieux dans la compagnie
des justes et des amis de Dieu, les joies de l’immortalité acquise’ (S. Cyprien). »
En voyant Dieu nous trouverons en lui, mais à un degré infini et dans sa source, tout ce que nous avons pu voir et aimer de beau et de bon. Tel est le but de la vie chrétienne : le bonheur parfait.
Nous en avons un avant-goût ici, car Jésus nous a promis que si nous donnions notre vie à sa suite nous aurions le centuple dès ici-bas (cf. Mc10,30) : la vie chrétienne est une vie joyeuse car elle est déjà marquée du bonheur de Dieu. Certains craignent que la vie éternelle soit ennuyeuse, ou que nous y soyons purement passifs. Le Catéchisme de l’Église catholique (1029) continue sa présentation de la vie au ciel en nous montrant que nous y serons actifs, et bien davantage que maintenant, car les saints ne sont pas des esclaves mais règnent vraiment avec leur Seigneur: « Dans la gloire du ciel, les bienheureux continuent d’accomplir avec joie la volonté de Dieu par rapport aux autres hommes et à la création toute entière. Déjà ils règnent avec le Christ ; avec Lui ‘ils régneront pour les siècles des siècles’
(Ap 22, 5 ; cf. Mt 25, 21. 23). »
La crainte que la vie éternelle soit ennuyeuse ressemble à la crainte de l’enfant juste avant sa naissance : il se sent bien dans le ventre de sa mère et s’inquiète de cette sortie vers un monde inconnu dont il découvrira bientôt la beauté. S. Jean résume ce que signifie notre filiation adoptive, reçue de notre baptême et que nous vivons déjà, mais qui apparaîtra pleinement lorsque nous aurons pris connaissance de ce qui suit vraiment notre nouvelle naissance :
« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables,
parce que nous le verrons tel qu’il est ». (I Jn 3,2)
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
Explication de la parabole des dix vierges
Les Fins dernières
Site: Salve Regina (Fraternité Saint-Pierre)
Auteur : P. Emmanuel
Source : Itinéraires n°245
Remarque particulière : Ce texte a paru seulement dans le « Bulletin de Notre-Dame de la Sainte Espérance », deux ans avant la mort du P. Emmanuel. C’est une explication de la parabole des dix vierges, qui constitue un très beau traité des fins dernières, appuyé sur l’Écriture et les commentaires patristiques.
Sommaire:
1 La parabole des dix vierges - Traité des fins dernières
1.1 I
1.2 II
1.3 III
1.4 IV
1.5 V
1.6 VI
1.7 VII
1.8 VIII
I. « Le royaume des cieux est semblable à dix vierges, qui, ayant préparé leurs lampes, sortent pour aller au devant de l’épouse et de l’époux. »
Le royaume des cieux, c’est l’Église. Elle est ainsi appelée, parce que sa première origine doit se chercher dans la prédestination qui est cachée au sein de Dieu ; puis parce qu’elle a été fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’Adam nouveau, l’homme céleste, et qu’elle se compose d’hommes qu’à son image Notre-Seigneur rend célestes.
On peut donc affirmer qu’elle vient des cieux ; et un jour elle sera tout entière transportée dans les cieux, où règnent déjà ceux que saint Paul appelle « les premiers-nés de la gloire ». En réalité l’Église est étrangère ici-bas ; elle traverse ce monde, elle n’en est pas.
Le royaume des cieux est, comme le dit le divin maître en un autre passage du saint Évangile, semblable à des noces. L’Époux, c’est Notre-Seigneur ; l’Épouse est l’Église. Notre-Seigneur est tout à la fois la tête de son Église et son Époux ; l’Église est en même temps le corps de Jésus-Christ et son Épouse. Il n’y a pas d’antinomie entre ces similitudes.
Le mot d’Épouse nous fait voir que l’Église appartient à Jésus-Christ par un libre choix ; le mot de corps désigne la parfaite unité d’esprit qui la rattache à lui. Il s’agit ici d’un corps mystique, dans lequel les âmes ne sont qu’un même esprit avec la tête divine qui les surmonte, et par suite les unes avec les autres comme des membres étroitement unis.
Notre-Seigneur a fait ses noces avec notre nature par la sainte Incarnation ; il va, à travers les figes, se rattachant des membres par le baptême, et consomme avec chacun son union par l’Eucharistie ; un jour, au dernier jugement, il prendra son Épouse dans la plénitude de ses membres, et l’introduira dans les noces éternelles.
Les chrétiens sont-ils assez pénétrés de cette pensée, qu’ils appartiennent au royaume des Cieux ? Se considèrent-ils assez comme voyageurs et étrangers sur la terre ? Comprennent-ils assez le bonheur que Dieu leur prépare, et l’ineffable douceur des noces auxquelles ils sont conviés ?
Dès ici-bas, s’ils sont fidèles, Dieu leur en donne un avant-goût ; et il y a de quoi leur faire prendre en profonde pitié la vie mondaine, qui se répand sur les créatures, qui cherche en elles ce qu’elles sont impuissantes à donner. Ô lamentable aberration ! Perdre les pures et enivrantes délices de l’esprit pour les criminelles satisfactions de la chair ! Aventurer son éternité pour une joie éphémère qui ne laisse après elle que dégoût et remords !
Les Fins dernières
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Auteur : P. Emmanuel
Source : Itinéraires n°245
Remarque particulière : Ce texte a paru seulement dans le « Bulletin de Notre-Dame de la Sainte Espérance », deux ans avant la mort du P. Emmanuel. C’est une explication de la parabole des dix vierges, qui constitue un très beau traité des fins dernières, appuyé sur l’Écriture et les commentaires patristiques.
Sommaire:
1 La parabole des dix vierges - Traité des fins dernières
1.1 I
1.2 II
1.3 III
1.4 IV
1.5 V
1.6 VI
1.7 VII
1.8 VIII
I. « Le royaume des cieux est semblable à dix vierges, qui, ayant préparé leurs lampes, sortent pour aller au devant de l’épouse et de l’époux. »
Le royaume des cieux, c’est l’Église. Elle est ainsi appelée, parce que sa première origine doit se chercher dans la prédestination qui est cachée au sein de Dieu ; puis parce qu’elle a été fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’Adam nouveau, l’homme céleste, et qu’elle se compose d’hommes qu’à son image Notre-Seigneur rend célestes.
On peut donc affirmer qu’elle vient des cieux ; et un jour elle sera tout entière transportée dans les cieux, où règnent déjà ceux que saint Paul appelle « les premiers-nés de la gloire ». En réalité l’Église est étrangère ici-bas ; elle traverse ce monde, elle n’en est pas.
Le royaume des cieux est, comme le dit le divin maître en un autre passage du saint Évangile, semblable à des noces. L’Époux, c’est Notre-Seigneur ; l’Épouse est l’Église. Notre-Seigneur est tout à la fois la tête de son Église et son Époux ; l’Église est en même temps le corps de Jésus-Christ et son Épouse. Il n’y a pas d’antinomie entre ces similitudes.
Le mot d’Épouse nous fait voir que l’Église appartient à Jésus-Christ par un libre choix ; le mot de corps désigne la parfaite unité d’esprit qui la rattache à lui. Il s’agit ici d’un corps mystique, dans lequel les âmes ne sont qu’un même esprit avec la tête divine qui les surmonte, et par suite les unes avec les autres comme des membres étroitement unis.
Notre-Seigneur a fait ses noces avec notre nature par la sainte Incarnation ; il va, à travers les figes, se rattachant des membres par le baptême, et consomme avec chacun son union par l’Eucharistie ; un jour, au dernier jugement, il prendra son Épouse dans la plénitude de ses membres, et l’introduira dans les noces éternelles.
Les chrétiens sont-ils assez pénétrés de cette pensée, qu’ils appartiennent au royaume des Cieux ? Se considèrent-ils assez comme voyageurs et étrangers sur la terre ? Comprennent-ils assez le bonheur que Dieu leur prépare, et l’ineffable douceur des noces auxquelles ils sont conviés ?
Dès ici-bas, s’ils sont fidèles, Dieu leur en donne un avant-goût ; et il y a de quoi leur faire prendre en profonde pitié la vie mondaine, qui se répand sur les créatures, qui cherche en elles ce qu’elles sont impuissantes à donner. Ô lamentable aberration ! Perdre les pures et enivrantes délices de l’esprit pour les criminelles satisfactions de la chair ! Aventurer son éternité pour une joie éphémère qui ne laisse après elle que dégoût et remords !
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
II. « Le royaume des cieux est semblable à dix vierges. »
Que faut-il entendre par ces dix vierges ? Ce sont, dit saint Augustin, les âmes de tous les chrétiens. Il ne faut pas restreindre la comparaison à celles-là seulement qui font profession de virginité ; il ne faut pas non plus l’étendre à tous les hommes. Elle s’applique à tous les chrétiens. Car d’un côté elle a pour terme le royaume des cieux, où entrent les chrétiens mariés comme les vierges ; de l’autre, les vierges sont dites aller au-devant de l’Époux, ce qui ne saurait convenir aux non-chrétiens.
Dans un sens les chrétiens sont l’Épouse même ; dans un autre, considérés individuellement, ils sont compagnons et compagnes de l’Époux et de l’Épouse. S’ils sont fidèles, ils seront associés à leur éternelle félicité, et ne feront qu’une même chose avec eux ; s’ils sont infidèles ils en seront malheureusement et éternellement séparés. Il fallait de toute nécessité les considérer individuellement, pour faire voir en eux la distinction des mérites.
Pourquoi dix vierges ? Saint Augustin nous dit que le nombre cinq, avec son multiple, convient à l’homme qui a les cinq sens comme caractéristique de sa vie corporelle. On peut voir dans le nombre dix une allusion aux dix commandements de Dieu, dans l’observation desquels se résume la vie chrétienne prise en son sens le plus large. Peut-être enfin que c’était la coutume que dix vierges fussent déterminément le cortège de l’épouse dans les noces orientales.
Mais comment cette description des dix vierges s’applique-t-elle aux chrétiens ? Il y a trois caractères qui en ressortent : ce sont des vierges, elles tiennent en main des lampes, elles sortent pour aller au-devant de l’Époux et de l’Épouse.
Ce sont des vierges : comment les chrétiens peuvent-ils revendiquer le beau privilège d’être des vierges ? C’est qu’il y a une virginité qui leur convient à tous, à savoir l’intégrité de la foi et l’abstention des plaisirs illicites.
Ici citons saint Augustin : « L’Apôtre entend, non pas les seules personnes religieuses, mais toute l’Église quand il dit : « J’ai promis de vous présenter vierge chaste, à un homme unique qui est le Christ. » Et, comme il faut se méfier du diable qui est le corrupteur de cette virginité, il ajoute : « Je crains que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos sens ne soient corrompus et ne perdent la chasteté qui est dans le Christ. » Ainsi peu sont appelés à garder la virginité dans leur corps ; tous doivent l’avoir dans leur cœur. »
Celui qui se renferme dans le fidèle accomplissement du mariage et de ses devoirs de famille selon la volonté de Dieu, celui-là est vierge dans son cœur.
Les dix vierges tiennent dans leurs mains des lampes: ces lampes, dit saint Augustin, désignent les bonnes œuvres. C’est l’interprétation authentique du saint Évangile « Que vos œuvres, dit le Seigneur, luisent devant les hommes, afin que voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Pète qui est dans les cieux. » Ainsi la bonne vie est comme une lampe éclatante, qui, brillant dans les mains des chrétiens, indique à tous les hommes le droit chemin, et les porte à glorifier le Père céleste.
Notre-Seigneur dit de même à ses disciples : « Que vos reins soient ceints et vos lampes ardentes. » La ceinture passée aux reins et comprimant les désirs de la chair, c’est la virginité ; les lampes ardentes, ce sont les bonnes œuvres, ou du moins un extérieur correct de vie chrétienne dans lequel il n’y a rien à reprendre.
Les dix vierges sortent pour aller au-devant de l’Épouse et de l’Époux. Cette sortie suppose en elles le désir de faire leur salut ; cette sortie s’effectue par la foi et l’espérance. On ne sort pas ainsi, quand on ne croit pas aux vérités éternelles ; on ne sort pas ainsi, quand on n’est pas stimulé par l’espérance. Évidemment, dans nos dix vierges, il faut reconnaître ces deux vertus théologales.
En résumé, elles sont vierges, elles s’abstiennent des plaisirs défendus ; elles ont tout l’extérieur de la vie chrétienne, dont elles observent les commandements et suivent les pratiques ; elles ont la foi et l’espérance.
Ici se pose une question formidable : pourquoi parmi elles cinq sages et cinq folles ? Pourquoi cinq sont-elles admises aux noces, et cinq repoussées des noces ? Nous posons la question avec saint Augustin, il nous en donnera la solution.
III. « Il y avait parmi elles cinq folles et cinq sages. » « Les cinq folles, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles. » « Les cinq sages prirent de l’huile dans des vases avec leurs lampes. »
C’est la provision d’huile qui fait entre elles la différence.Les vierges sages ont cette provision : les vierges folles ne l’ont pas.
Que signifie cette huile ? Quelque chose de grand, dit saint Augustin ; et ce quelque chose de grand, c’est la charité.
La charité, sans laquelle rien ne sert pour le salut, même la foi, même l’espérance ;
La charité, qui nous fait agir pour Dieu seul, par l’unique et souverain désir de lui plaire ;
La charité, qui fait qu’on ne s’enfle pas de ses bonnes œuvres, et que pour les avoir fidèlement accomplies on ne se préfère pas au prochain.
Cette charité, sceau des élus, gage de l’éternelle vie, les vierges sages l’ont, les vierges folles ne l’ont pas. Extérieurement toutes ces vierges se présentent de même ; c’est dans l’intérieur du cœur, dans le fond de la conscience, que gît la différence entre elles. Car les vases dans lesquels l’huile est renfermée, c’est le cœur, c’est la conscience.
Remarquons-le, toutes leurs lampes brillent ; mais les sages ont avec elles de quoi entretenir cette lumière, les folles n’ont pas de quoi l’entretenir. Ici prêtons l’oreille à la très sagace observation de saint Augustin.
Les vierges sages agissent pour Dieu, dans la pure intention de lui plaire ; il y a là un motif supérieur qui ne saurait leur manquer. Les vierges folles au contraire agissent pour le monde, dans l’intention de s’attirer des louanges.
Ces louanges sont comme une huile empruntée, qui communique à leurs lampes un certain éclat : mais que ces louanges leur fassent défaut, aussitôt leurs lampes s’éteignent. En un mot, tandis que l’éclat des lampes des premières vierges est assuré, la lumière de leurs lampes à elles est factice et temporaire.
Malheureuses vierges folles ! se priver des plaisirs défendus ; s’assujettir au joug de la vie chrétienne, avoir la foi, avoir l’espérance ; et puis compromettre son salut en recherchant les louanges et l’approbation du monde ! Combien un tel spectacle ne doit-il pas nous stimuler à fuir la vanité, et à nous conduire en toutes choses par le pur désir de plaire à Dieu seul !
Que faut-il entendre par ces dix vierges ? Ce sont, dit saint Augustin, les âmes de tous les chrétiens. Il ne faut pas restreindre la comparaison à celles-là seulement qui font profession de virginité ; il ne faut pas non plus l’étendre à tous les hommes. Elle s’applique à tous les chrétiens. Car d’un côté elle a pour terme le royaume des cieux, où entrent les chrétiens mariés comme les vierges ; de l’autre, les vierges sont dites aller au-devant de l’Époux, ce qui ne saurait convenir aux non-chrétiens.
Dans un sens les chrétiens sont l’Épouse même ; dans un autre, considérés individuellement, ils sont compagnons et compagnes de l’Époux et de l’Épouse. S’ils sont fidèles, ils seront associés à leur éternelle félicité, et ne feront qu’une même chose avec eux ; s’ils sont infidèles ils en seront malheureusement et éternellement séparés. Il fallait de toute nécessité les considérer individuellement, pour faire voir en eux la distinction des mérites.
Pourquoi dix vierges ? Saint Augustin nous dit que le nombre cinq, avec son multiple, convient à l’homme qui a les cinq sens comme caractéristique de sa vie corporelle. On peut voir dans le nombre dix une allusion aux dix commandements de Dieu, dans l’observation desquels se résume la vie chrétienne prise en son sens le plus large. Peut-être enfin que c’était la coutume que dix vierges fussent déterminément le cortège de l’épouse dans les noces orientales.
Mais comment cette description des dix vierges s’applique-t-elle aux chrétiens ? Il y a trois caractères qui en ressortent : ce sont des vierges, elles tiennent en main des lampes, elles sortent pour aller au-devant de l’Époux et de l’Épouse.
Ce sont des vierges : comment les chrétiens peuvent-ils revendiquer le beau privilège d’être des vierges ? C’est qu’il y a une virginité qui leur convient à tous, à savoir l’intégrité de la foi et l’abstention des plaisirs illicites.
Ici citons saint Augustin : « L’Apôtre entend, non pas les seules personnes religieuses, mais toute l’Église quand il dit : « J’ai promis de vous présenter vierge chaste, à un homme unique qui est le Christ. » Et, comme il faut se méfier du diable qui est le corrupteur de cette virginité, il ajoute : « Je crains que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos sens ne soient corrompus et ne perdent la chasteté qui est dans le Christ. » Ainsi peu sont appelés à garder la virginité dans leur corps ; tous doivent l’avoir dans leur cœur. »
Celui qui se renferme dans le fidèle accomplissement du mariage et de ses devoirs de famille selon la volonté de Dieu, celui-là est vierge dans son cœur.
Les dix vierges tiennent dans leurs mains des lampes: ces lampes, dit saint Augustin, désignent les bonnes œuvres. C’est l’interprétation authentique du saint Évangile « Que vos œuvres, dit le Seigneur, luisent devant les hommes, afin que voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Pète qui est dans les cieux. » Ainsi la bonne vie est comme une lampe éclatante, qui, brillant dans les mains des chrétiens, indique à tous les hommes le droit chemin, et les porte à glorifier le Père céleste.
Notre-Seigneur dit de même à ses disciples : « Que vos reins soient ceints et vos lampes ardentes. » La ceinture passée aux reins et comprimant les désirs de la chair, c’est la virginité ; les lampes ardentes, ce sont les bonnes œuvres, ou du moins un extérieur correct de vie chrétienne dans lequel il n’y a rien à reprendre.
Les dix vierges sortent pour aller au-devant de l’Épouse et de l’Époux. Cette sortie suppose en elles le désir de faire leur salut ; cette sortie s’effectue par la foi et l’espérance. On ne sort pas ainsi, quand on ne croit pas aux vérités éternelles ; on ne sort pas ainsi, quand on n’est pas stimulé par l’espérance. Évidemment, dans nos dix vierges, il faut reconnaître ces deux vertus théologales.
En résumé, elles sont vierges, elles s’abstiennent des plaisirs défendus ; elles ont tout l’extérieur de la vie chrétienne, dont elles observent les commandements et suivent les pratiques ; elles ont la foi et l’espérance.
Ici se pose une question formidable : pourquoi parmi elles cinq sages et cinq folles ? Pourquoi cinq sont-elles admises aux noces, et cinq repoussées des noces ? Nous posons la question avec saint Augustin, il nous en donnera la solution.
III. « Il y avait parmi elles cinq folles et cinq sages. » « Les cinq folles, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles. » « Les cinq sages prirent de l’huile dans des vases avec leurs lampes. »
C’est la provision d’huile qui fait entre elles la différence.Les vierges sages ont cette provision : les vierges folles ne l’ont pas.
Que signifie cette huile ? Quelque chose de grand, dit saint Augustin ; et ce quelque chose de grand, c’est la charité.
La charité, sans laquelle rien ne sert pour le salut, même la foi, même l’espérance ;
La charité, qui nous fait agir pour Dieu seul, par l’unique et souverain désir de lui plaire ;
La charité, qui fait qu’on ne s’enfle pas de ses bonnes œuvres, et que pour les avoir fidèlement accomplies on ne se préfère pas au prochain.
Cette charité, sceau des élus, gage de l’éternelle vie, les vierges sages l’ont, les vierges folles ne l’ont pas. Extérieurement toutes ces vierges se présentent de même ; c’est dans l’intérieur du cœur, dans le fond de la conscience, que gît la différence entre elles. Car les vases dans lesquels l’huile est renfermée, c’est le cœur, c’est la conscience.
Remarquons-le, toutes leurs lampes brillent ; mais les sages ont avec elles de quoi entretenir cette lumière, les folles n’ont pas de quoi l’entretenir. Ici prêtons l’oreille à la très sagace observation de saint Augustin.
Les vierges sages agissent pour Dieu, dans la pure intention de lui plaire ; il y a là un motif supérieur qui ne saurait leur manquer. Les vierges folles au contraire agissent pour le monde, dans l’intention de s’attirer des louanges.
Ces louanges sont comme une huile empruntée, qui communique à leurs lampes un certain éclat : mais que ces louanges leur fassent défaut, aussitôt leurs lampes s’éteignent. En un mot, tandis que l’éclat des lampes des premières vierges est assuré, la lumière de leurs lampes à elles est factice et temporaire.
Malheureuses vierges folles ! se priver des plaisirs défendus ; s’assujettir au joug de la vie chrétienne, avoir la foi, avoir l’espérance ; et puis compromettre son salut en recherchant les louanges et l’approbation du monde ! Combien un tel spectacle ne doit-il pas nous stimuler à fuir la vanité, et à nous conduire en toutes choses par le pur désir de plaire à Dieu seul !
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
V. Elles sortent donc ces vierges, pour aller au-devant de l’Époux et de l’Épouse ; pour attendre cet Époux céleste qui est venu une première fois sur la terre chercher son Épouse, qui l’a quittée pour un peu de temps, qui reviendra la prendre définitivement avec lui dans un appareil de gloire.
Cependant l’Époux tarde à venir. Ah ! ces délais de Dieu, qui ne sont rien au regard de l’éternité, comme ils pèsent souvent à l’impatience humaine !
Il est nuit. La nuit désigne la vie présente, où nous sommes éclairés par le flambeau de la foi, en attendant le grand jour de l’éternité. Elle désigne aussi, selon saint Augustin, la profonde ignorance où nous sommes relativement à l’heure du jugement.
Et les vierges, toutes, s’assoupissent et s’endorment toutes, bonnes et mauvaises, sages et folles. Ici nous citerons saint Augustin :
« Pensez-vous, dit-il, qu’il s’agisse là d’un bon sommeil ? quel est ce sommeil ? Peut-être bien que, l’Époux tardant à venir, et l’iniquité se multipliant, la charité de beaucoup se refroidit ? Faut-il donc entendre ce sommeil du refroidissement de la charité ?
Je ne le crois pas, et je dirai pourquoi ; c’est que les sages subissent ce sommeil comme les folles. Il est vrai, le Seigneur a prédit que la charité de beaucoup se refroidirait par l’abondance de l’iniquité dans le monde. Mais il a tout aussitôt ajouté : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Or les vierges sages ne sont-elles pas précisément de ceux qui persévèrent jusqu’à la fin ? Sans doute, mes frères : et si elles sont admises aux noces, c’est en raison de leur persévérance. Le froid de l’iniquité ne s’est pas glissé dans leur âme, leur charité ne s’est pas refroidie, mais jusqu’à la fin elle est demeurée ardente. Parce qu’elle est demeurée ardente, les portes de l’Époux s’ouvrent pour elles : et comme au bon serviteur, il leur est dit : « Entrez dans la joie de votre Seigneur. » Que signifie donc cette parole, « toutes s’endormirent ? ». Il est un sommeil auquel personne n’échappe. Ne vous rappelez-vous pas l’Apôtre qui dit : « Je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment », c’est-à-dire au sujet de ceux qui sont morts. Pourquoi les morts sont-ils appelés des dormants, sinon parce que, à leur heure, ils ressusciteront ? Donc « toutes s’endormirent ». Une vierge a beau être sage, elle ne peut éviter la nécessité de la mort. Qu’elles soient folles, qu’elles soient sages, toutes s’endorment du sommeil de la mort.
« Souvent on entend les hommes dire : voici que vient le jour du jugement, il se fait tant de mal, les fléaux se multiplient de telle sorte, que c’est bien la réalisation de ce qu’ont dit les prophètes, et il ne saurait tarder désormais. Ceux qui parlent ainsi, le font en esprit de foi ; et par de telles pensées, ils vont au-devant de l’Époux. Mais voici guerre sur guerre, tribulation sur tribulation, tremblement de terre sur tremblement de terre, famine sur famine, nation soulevée sur nation soulevée, et l’Époux ne vient pas encore. Tandis qu’ils attendent sa venue, tandis qu’ils disent : « le voici il ne saurait tarder davantage », tous ceux qui parlent ainsi s’endorment les uns après les autres. Le tout est de s’endormir de la bonne manière en persévérant dans la charité jusqu’à la fin ; en un mot, que le sommeil de la mort nous trouve attendant fidèlement l’Époux ! Ce n’est qu’un sommeil, bientôt suivi de la résurrection. Mais ce sommeil, tous le subissent vierges sages et vierges folles ! »
Quelle peinture que celle de ces générations disparaissant de la surface de la terre les unes après les autres, tandis que l’Époux tarde à venir ! Du temps de saint Augustin, les barbares faisaient irruption de toutes parts dans l’empire romain, et portaient le ravage et la désolation en ses provinces florissantes ; en présence de ce déluge de calamités, plusieurs croyaient à la fin prochaine du monde, et saint Grégoire le Grand lui-même se fait l’écho de ces appréhensions. Saint Augustin, lui, ne céda pas à cette impression d’ailleurs bien explicable. Dans une lettre à un certain Hésychius, évêque de Salone, qui est un véritable traité, il explique très doctement les raisons qui l’empêchent d’ajouter foi à un avènement prochain du Juge des vivants et des morts. Son sentiment s’est trouvé juste : quinze siècles se sont écoulés depuis l’invasion des barbares, et le monde attend encore les redoutables assises du dernier jugement. C’est la vérification du mot de l’Évangile : « l’Époux tardant à venir ».
Revenons à nos vierges. Les vierges folles, ayant un extérieur compassé de vie chrétienne par lequel elles cherchent à s’attirer la faveur et l’applaudissement du monde, sont, en somme, des hypocrites. Or saint Grégoire le Grand distingue deux époques dans la vie terrestre de l’Église : l’une pendant laquelle la religion est honorée des grands et des princes, et protégée par les pouvoirs publics ; l’autre pendant laquelle la vraie foi est rejetée par le grand nombre et les bons chrétiens sont honnis et persécutés. Pendant la première période les hypocrites se dissimulent soigneusement sous le masque des pratiques religieuses, leurs lampes brillant d’un éclat factice. Durant la seconde, ils jettent le masque et se joignent aux ennemis de l’Église qui ont pris temporairement le dessus ; leurs lampes sont éteintes. N’est-ce pas ce que nous voyons de nos jours ? Ceux qui croyaient de bon ton de conserver quelques pratiques religieuses, les abandonnent, parce qu’ils voient que l’esprit public est hostile à la religion et à ses ministres.
Est-ce à dire qu’aujourd’hui l’hypocrisie ne soit plus à craindre, et que tous les chrétiens pratiquants soient de francs et vrais chrétiens. Hélas ! il faudrait connaître bien peu la nature humaine pour croire qu’elle n’ait pas toujours à se défier de la vanité, laquelle empoisonne les meilleures actions ! Il est, de nos jours, un certain christianisme tolérant et accommodant, que le monde même le plus irréligieux couvre de louanges.
C’est contre ce christianisme, qui n’ose pas affirmer les droits de Dieu, qu’il faut se mettre en garde. S’il insinue son poison jusqu’au fond de nos cœurs, nous sommes perdus. Ayant si peur de déplaire au monde, de heurter le monde, comment, selon ce que dit saint Paul, serions-nous encore des serviteurs de Jésus-Christ ? Ce désir de plaire au monde, n’est-ce pas précisément ce qui constitue les vierges folles ?
Cependant l’Époux tarde à venir. Ah ! ces délais de Dieu, qui ne sont rien au regard de l’éternité, comme ils pèsent souvent à l’impatience humaine !
Il est nuit. La nuit désigne la vie présente, où nous sommes éclairés par le flambeau de la foi, en attendant le grand jour de l’éternité. Elle désigne aussi, selon saint Augustin, la profonde ignorance où nous sommes relativement à l’heure du jugement.
Et les vierges, toutes, s’assoupissent et s’endorment toutes, bonnes et mauvaises, sages et folles. Ici nous citerons saint Augustin :
« Pensez-vous, dit-il, qu’il s’agisse là d’un bon sommeil ? quel est ce sommeil ? Peut-être bien que, l’Époux tardant à venir, et l’iniquité se multipliant, la charité de beaucoup se refroidit ? Faut-il donc entendre ce sommeil du refroidissement de la charité ?
Je ne le crois pas, et je dirai pourquoi ; c’est que les sages subissent ce sommeil comme les folles. Il est vrai, le Seigneur a prédit que la charité de beaucoup se refroidirait par l’abondance de l’iniquité dans le monde. Mais il a tout aussitôt ajouté : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Or les vierges sages ne sont-elles pas précisément de ceux qui persévèrent jusqu’à la fin ? Sans doute, mes frères : et si elles sont admises aux noces, c’est en raison de leur persévérance. Le froid de l’iniquité ne s’est pas glissé dans leur âme, leur charité ne s’est pas refroidie, mais jusqu’à la fin elle est demeurée ardente. Parce qu’elle est demeurée ardente, les portes de l’Époux s’ouvrent pour elles : et comme au bon serviteur, il leur est dit : « Entrez dans la joie de votre Seigneur. » Que signifie donc cette parole, « toutes s’endormirent ? ». Il est un sommeil auquel personne n’échappe. Ne vous rappelez-vous pas l’Apôtre qui dit : « Je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment », c’est-à-dire au sujet de ceux qui sont morts. Pourquoi les morts sont-ils appelés des dormants, sinon parce que, à leur heure, ils ressusciteront ? Donc « toutes s’endormirent ». Une vierge a beau être sage, elle ne peut éviter la nécessité de la mort. Qu’elles soient folles, qu’elles soient sages, toutes s’endorment du sommeil de la mort.
« Souvent on entend les hommes dire : voici que vient le jour du jugement, il se fait tant de mal, les fléaux se multiplient de telle sorte, que c’est bien la réalisation de ce qu’ont dit les prophètes, et il ne saurait tarder désormais. Ceux qui parlent ainsi, le font en esprit de foi ; et par de telles pensées, ils vont au-devant de l’Époux. Mais voici guerre sur guerre, tribulation sur tribulation, tremblement de terre sur tremblement de terre, famine sur famine, nation soulevée sur nation soulevée, et l’Époux ne vient pas encore. Tandis qu’ils attendent sa venue, tandis qu’ils disent : « le voici il ne saurait tarder davantage », tous ceux qui parlent ainsi s’endorment les uns après les autres. Le tout est de s’endormir de la bonne manière en persévérant dans la charité jusqu’à la fin ; en un mot, que le sommeil de la mort nous trouve attendant fidèlement l’Époux ! Ce n’est qu’un sommeil, bientôt suivi de la résurrection. Mais ce sommeil, tous le subissent vierges sages et vierges folles ! »
Quelle peinture que celle de ces générations disparaissant de la surface de la terre les unes après les autres, tandis que l’Époux tarde à venir ! Du temps de saint Augustin, les barbares faisaient irruption de toutes parts dans l’empire romain, et portaient le ravage et la désolation en ses provinces florissantes ; en présence de ce déluge de calamités, plusieurs croyaient à la fin prochaine du monde, et saint Grégoire le Grand lui-même se fait l’écho de ces appréhensions. Saint Augustin, lui, ne céda pas à cette impression d’ailleurs bien explicable. Dans une lettre à un certain Hésychius, évêque de Salone, qui est un véritable traité, il explique très doctement les raisons qui l’empêchent d’ajouter foi à un avènement prochain du Juge des vivants et des morts. Son sentiment s’est trouvé juste : quinze siècles se sont écoulés depuis l’invasion des barbares, et le monde attend encore les redoutables assises du dernier jugement. C’est la vérification du mot de l’Évangile : « l’Époux tardant à venir ».
Revenons à nos vierges. Les vierges folles, ayant un extérieur compassé de vie chrétienne par lequel elles cherchent à s’attirer la faveur et l’applaudissement du monde, sont, en somme, des hypocrites. Or saint Grégoire le Grand distingue deux époques dans la vie terrestre de l’Église : l’une pendant laquelle la religion est honorée des grands et des princes, et protégée par les pouvoirs publics ; l’autre pendant laquelle la vraie foi est rejetée par le grand nombre et les bons chrétiens sont honnis et persécutés. Pendant la première période les hypocrites se dissimulent soigneusement sous le masque des pratiques religieuses, leurs lampes brillant d’un éclat factice. Durant la seconde, ils jettent le masque et se joignent aux ennemis de l’Église qui ont pris temporairement le dessus ; leurs lampes sont éteintes. N’est-ce pas ce que nous voyons de nos jours ? Ceux qui croyaient de bon ton de conserver quelques pratiques religieuses, les abandonnent, parce qu’ils voient que l’esprit public est hostile à la religion et à ses ministres.
Est-ce à dire qu’aujourd’hui l’hypocrisie ne soit plus à craindre, et que tous les chrétiens pratiquants soient de francs et vrais chrétiens. Hélas ! il faudrait connaître bien peu la nature humaine pour croire qu’elle n’ait pas toujours à se défier de la vanité, laquelle empoisonne les meilleures actions ! Il est, de nos jours, un certain christianisme tolérant et accommodant, que le monde même le plus irréligieux couvre de louanges.
C’est contre ce christianisme, qui n’ose pas affirmer les droits de Dieu, qu’il faut se mettre en garde. S’il insinue son poison jusqu’au fond de nos cœurs, nous sommes perdus. Ayant si peur de déplaire au monde, de heurter le monde, comment, selon ce que dit saint Paul, serions-nous encore des serviteurs de Jésus-Christ ? Ce désir de plaire au monde, n’est-ce pas précisément ce qui constitue les vierges folles ?
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
V. Toutes nos vierges sont mortes, bien mortes ; et tous les bruits du monde ne les réveilleront pas.
Mais « voici qu’au milieu de la nuit s’élève une grande clameur ». « Qu’est-ce à dire, « au milieu de la nuit », se demande saint Augustin ? Cela signifie : quand on en est venu à ne plus espérer, à ne plus croire. La nuit désigne une profonde ignorance. Il s’en trouve qui calculent comme il suit : Tant d’années se sont écoulées depuis Adam, voici bientôt la somme de six mille ans qui se complète, aussitôt ce chiffre atteint, d’après certains interprètes, éclatera le jour du jugement ; et les années s’accumulent, et les supputations sont reconnues fautives, la venue de l’Époux tarde toujours, et les vierges allant à sa rencontre s’endorment. Et tandis qu’on en est venu à ne plus rien espérer, puisque la date des six mille ans est passée, tandis qu’on se demande anxieusement et sans point de repère « quand viendra-t-il ? », voilà qu’il vient au milieu de la nuit. Il vient, quand on est en pleine incertitude de sa venue. N’est-ce pas là ce que déclare le Sauveur, quand il dit : « Il ne vous appartient pas de savoir les temps que le Père garde en sa puissance. » L’Apôtre tient le même langage : « Le jour du Seigneur viendra comme le voleur dans la nuit. » Veillez donc durant la nuit, pour que le voleur ne vous surprenne pas, quant à éviter le sommeil de la mort, bon gré mal gré, vous ne l’éviterez pas. »
Ainsi, d’après le saint Docteur, il est inutile d’établir des supputations concernant la fin du monde, de chercher à deviner la date du jugement. Il éclatera précisément au moment où, tous les calculs étant reconnus fautifs, l’humanité déroutée en sera venue à ne plus attendre la venue du Souverain Juge, et presque à n’y plus penser. Jamais les ténèbres n’auront été plus épaisses. Les impies se riront de la vaine attente des justes ; et ceux-ci mêmes seront déconcertés. « Quand viendra le Fils de l’homme, demande le Sauveur, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ? » Il en trouvera sans doute, puisque son Église subsistera jusqu’à la fin des siècles, et que l’Église n’existe que par la foi.
Mais cette foi sera devenue si rare, elle se trouvera si obscurcie et si défaillante, que son flambeau n’aura plus la pénétrante et victorieuse clarté des premiers âges.
A ce moment de torpeur générale, une clameur s’élève soit le choc des éléments du globe, qui entre en de suprêmes convulsions avant que de se dissoudre ; soit la voix des anges qui se rend sensible, qui éclate comme un son de trompette, et qui, par la vertu de Dieu, s’en va réveiller les morts dans leur tombe.
Et que dit cette clameur terrible ? Oh ! une chose très douce, une chose enchanteresse : « Voici l’Époux qui vient, sortez à sa rencontre. » C’est en cet appel d’amour que se résoud le bouleversement du monde.
Heureux les morts que cette clameur, que cet appel d’amour fera tressaillir dans leurs tombes !
Pour ne pas être surpris, méditons sur cet instant redoutable qui clôturera les annales de l’humanité sur la terre.
Nous vivons de la patience de Dieu qui nous attend à conversion. Plus cette patience est étendue, plus l’apparition soudaine du Souverain Juge sera formidable.
Mais « voici qu’au milieu de la nuit s’élève une grande clameur ». « Qu’est-ce à dire, « au milieu de la nuit », se demande saint Augustin ? Cela signifie : quand on en est venu à ne plus espérer, à ne plus croire. La nuit désigne une profonde ignorance. Il s’en trouve qui calculent comme il suit : Tant d’années se sont écoulées depuis Adam, voici bientôt la somme de six mille ans qui se complète, aussitôt ce chiffre atteint, d’après certains interprètes, éclatera le jour du jugement ; et les années s’accumulent, et les supputations sont reconnues fautives, la venue de l’Époux tarde toujours, et les vierges allant à sa rencontre s’endorment. Et tandis qu’on en est venu à ne plus rien espérer, puisque la date des six mille ans est passée, tandis qu’on se demande anxieusement et sans point de repère « quand viendra-t-il ? », voilà qu’il vient au milieu de la nuit. Il vient, quand on est en pleine incertitude de sa venue. N’est-ce pas là ce que déclare le Sauveur, quand il dit : « Il ne vous appartient pas de savoir les temps que le Père garde en sa puissance. » L’Apôtre tient le même langage : « Le jour du Seigneur viendra comme le voleur dans la nuit. » Veillez donc durant la nuit, pour que le voleur ne vous surprenne pas, quant à éviter le sommeil de la mort, bon gré mal gré, vous ne l’éviterez pas. »
Ainsi, d’après le saint Docteur, il est inutile d’établir des supputations concernant la fin du monde, de chercher à deviner la date du jugement. Il éclatera précisément au moment où, tous les calculs étant reconnus fautifs, l’humanité déroutée en sera venue à ne plus attendre la venue du Souverain Juge, et presque à n’y plus penser. Jamais les ténèbres n’auront été plus épaisses. Les impies se riront de la vaine attente des justes ; et ceux-ci mêmes seront déconcertés. « Quand viendra le Fils de l’homme, demande le Sauveur, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ? » Il en trouvera sans doute, puisque son Église subsistera jusqu’à la fin des siècles, et que l’Église n’existe que par la foi.
Mais cette foi sera devenue si rare, elle se trouvera si obscurcie et si défaillante, que son flambeau n’aura plus la pénétrante et victorieuse clarté des premiers âges.
A ce moment de torpeur générale, une clameur s’élève soit le choc des éléments du globe, qui entre en de suprêmes convulsions avant que de se dissoudre ; soit la voix des anges qui se rend sensible, qui éclate comme un son de trompette, et qui, par la vertu de Dieu, s’en va réveiller les morts dans leur tombe.
Et que dit cette clameur terrible ? Oh ! une chose très douce, une chose enchanteresse : « Voici l’Époux qui vient, sortez à sa rencontre. » C’est en cet appel d’amour que se résoud le bouleversement du monde.
Heureux les morts que cette clameur, que cet appel d’amour fera tressaillir dans leurs tombes !
Pour ne pas être surpris, méditons sur cet instant redoutable qui clôturera les annales de l’humanité sur la terre.
Nous vivons de la patience de Dieu qui nous attend à conversion. Plus cette patience est étendue, plus l’apparition soudaine du Souverain Juge sera formidable.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
VI. « Tous, dit saint Paul, nous ressusciterons ; mais tous nous ne serons pas transformés. »
Mort commune aux bons et aux méchants ; résurrection commune.
Puis le jugement général, résumant et complétant le jugement particulier. A la clameur qui retentit, « toutes les vierges se levèrent », « et elles préparèrent leurs lampes », elles sortirent de leurs tombes et elles se préparèrent, puisque les lampes désignent les bonnes œuvres, à rendre compte au Souverain Juge des œuvres de toute leur vie.
Mais alors qu’arriva-t-il ? Les vierges sages, qui avaient avec elles leur vase d’huile, rallumèrent leurs lampes ; les vierges folles qui n’avaient pas d’huile, ne purent rallumer les leurs. Ici écoutons saint Augustin :
« Ces vierges folles, par leur abstention des plaisirs coupables, par leurs bonnes œuvres, cherchaient une réputation tout humaine. Voulant plaire au monde, et faisant pour lui toutes ces choses louables, elles ne portent pas d’huile avec elles. Ne les imite pas, ô chrétien : porte avec toi ton huile, porte-la intérieurement, là où pénètre le regard de Dieu ; porte le témoignage de ta propre conscience.
Celui qui se règle sur le témoignage d’autrui, ne porte pas avec soi son huile. Si donc tu t’abstiens des choses illicites, si tu fais des bonnes œuvres pour être loué par les hommes, tu n’as pas ton huile au-dedans de toi-même. Quand les hommes cesseront de te louer, ta lampe s’éteindra. Prêtez-moi ici votre attention, mes chers frères. Avant que les vierges s’endormissent, il n’est pas dit que les lampes d’aucune d’entre elles se soient éteintes. Les lampes des sages brûlaient d’une huile intérieure, de la paix de leur conscience, d’une gloire secrète, d’une intime charité. Les lampes des folles brûlaient également pourquoi ? Parce que les louanges humaines ne leur manquaient pas. Mais après qu’elles furent toutes ressuscitées, elles cherchèrent à disposer leurs lampes et à les rallumer, autrement dit à préparer leur reddition de compte. Mais comme alors il n’y aura plus de louanges trompeuses, comme chacun sera tout entier occupé de soi-même et du compte qu’il a personnellement à rendre, les lampes des vierges folles s’éteignirent, elles furent impuissantes à les rallumer, et se tournant vers les sages, elles leur dirent :
« Donnez-nous de votre huile, parce que nos lampes s’éteignent. » Elles voulurent alors continuer ce qu’elles avaient coutume de faire, c’est-à-dire faire briller leurs lampes avec une huile d’emprunt, quêter les approbations d’autrui. Mais tout cela n’était plus de saison. »
Les sages leur répondirent : « De crainte que l’huile ne suffise pas pour nous et pour vous, allez plutôt aux vendeurs, et achetez-en pour votre usage. » Saint Augustin voit en cette réponse comme une dérision de l’éternelle sagesse, à l’adresse de ceux qui méconnaissent les droits imprescriptibles de l’amour divin. En tout cas, elle exprime, de la part des vierges sages, non pas un désespoir de trouver grâce devant le Souverain Juge, mais une sage défiance touchant leurs propres mérites, et une salutaire humilité.
Telle doit être notre attitude pour nous présenter au tribunal de Dieu, qui juge les justices mêmes. « En ce jugement, dit saint Augustin, la bonne conscience elle-même ne peut que trembler. » Loin de s’enfler de ce qu’elle a fait de louable, elle craint que le regard scrutateur du Juge ne découvre en elle des taches qu’elle ne soupçonne pas. Elle s’humilie donc et s’écrie : « N’entrez pas en jugement, Seigneur, avec votre serviteur. » Elle se réclame à sa miséricorde, et fait appel à sa clémence : « Pardonnez-nous nos offenses. » La vraie justice ne connaît pas la présomption, mais d’ailleurs elle espère dans les mérites de Jésus-Christ : « En vous j’ai espéré, Seigneur, je ne serai pas éternellement confondu. »
Dès lors que les justes eux-mêmes ne se fient pas sur leurs justices et mettent l’espoir de leur salut à implorer la miséricorde de leur Juge, ils ne peuvent se porter garants de la vie de leur prochain et en prendre la responsabilité. A chacun selon ses œuvres, au tribunal de Dieu ; chacun pour soi-même : c’est une loi qui n’admet pas d’exception. Aussi les vierges sages repoussent-elles le recours des vierges folles :
« Allez aux marchands d’huile et achetez-en. »
Les marchands d’huile, dit saint Augustin, ce sont les flatteurs. Ils vendent de l’huile, en se faisant payer d’une manière ou d’une autre les louanges qu’ils donnent. Ô le triste commerce ! La louange accuse un fond répréhensible de vanité et chez celui qui la donne et chez celui qui la reçoit. Ah ! s’écrie saint Augustin, au lieu de prêter l’oreille à des flatteurs, que ne portez-vous votre huile en vous-même, que ne faites-vous vos bonnes œuvres par un motif de conscience et pour plaire à Dieu, que ne dites-vous : « Le juste me corrigera et me reprendra miséricordieusement, mais l’huile du pécheur ne sera pas versée sur ma tête. »
Mieux vaut mille fois que le juste me réprimande, que le juste me reprenne, que le juste me soufflette, que le juste me châtie, que de recevoir sur ma tête l’huile du pécheur ! qu’est-ce que l’huile du pécheur, sinon les caresses du flatteur ?
Au jugement de Dieu, les flatteurs ont disparu. L’âme qu’ils ont trompée les cherche désespérément. Et durant ce temps l’Époux vient, la porte se ferme. C’est la dernière partie du drame qui va se développer devant nos yeux, comme un enseignement vécu.
Mort commune aux bons et aux méchants ; résurrection commune.
Puis le jugement général, résumant et complétant le jugement particulier. A la clameur qui retentit, « toutes les vierges se levèrent », « et elles préparèrent leurs lampes », elles sortirent de leurs tombes et elles se préparèrent, puisque les lampes désignent les bonnes œuvres, à rendre compte au Souverain Juge des œuvres de toute leur vie.
Mais alors qu’arriva-t-il ? Les vierges sages, qui avaient avec elles leur vase d’huile, rallumèrent leurs lampes ; les vierges folles qui n’avaient pas d’huile, ne purent rallumer les leurs. Ici écoutons saint Augustin :
« Ces vierges folles, par leur abstention des plaisirs coupables, par leurs bonnes œuvres, cherchaient une réputation tout humaine. Voulant plaire au monde, et faisant pour lui toutes ces choses louables, elles ne portent pas d’huile avec elles. Ne les imite pas, ô chrétien : porte avec toi ton huile, porte-la intérieurement, là où pénètre le regard de Dieu ; porte le témoignage de ta propre conscience.
Celui qui se règle sur le témoignage d’autrui, ne porte pas avec soi son huile. Si donc tu t’abstiens des choses illicites, si tu fais des bonnes œuvres pour être loué par les hommes, tu n’as pas ton huile au-dedans de toi-même. Quand les hommes cesseront de te louer, ta lampe s’éteindra. Prêtez-moi ici votre attention, mes chers frères. Avant que les vierges s’endormissent, il n’est pas dit que les lampes d’aucune d’entre elles se soient éteintes. Les lampes des sages brûlaient d’une huile intérieure, de la paix de leur conscience, d’une gloire secrète, d’une intime charité. Les lampes des folles brûlaient également pourquoi ? Parce que les louanges humaines ne leur manquaient pas. Mais après qu’elles furent toutes ressuscitées, elles cherchèrent à disposer leurs lampes et à les rallumer, autrement dit à préparer leur reddition de compte. Mais comme alors il n’y aura plus de louanges trompeuses, comme chacun sera tout entier occupé de soi-même et du compte qu’il a personnellement à rendre, les lampes des vierges folles s’éteignirent, elles furent impuissantes à les rallumer, et se tournant vers les sages, elles leur dirent :
« Donnez-nous de votre huile, parce que nos lampes s’éteignent. » Elles voulurent alors continuer ce qu’elles avaient coutume de faire, c’est-à-dire faire briller leurs lampes avec une huile d’emprunt, quêter les approbations d’autrui. Mais tout cela n’était plus de saison. »
Les sages leur répondirent : « De crainte que l’huile ne suffise pas pour nous et pour vous, allez plutôt aux vendeurs, et achetez-en pour votre usage. » Saint Augustin voit en cette réponse comme une dérision de l’éternelle sagesse, à l’adresse de ceux qui méconnaissent les droits imprescriptibles de l’amour divin. En tout cas, elle exprime, de la part des vierges sages, non pas un désespoir de trouver grâce devant le Souverain Juge, mais une sage défiance touchant leurs propres mérites, et une salutaire humilité.
Telle doit être notre attitude pour nous présenter au tribunal de Dieu, qui juge les justices mêmes. « En ce jugement, dit saint Augustin, la bonne conscience elle-même ne peut que trembler. » Loin de s’enfler de ce qu’elle a fait de louable, elle craint que le regard scrutateur du Juge ne découvre en elle des taches qu’elle ne soupçonne pas. Elle s’humilie donc et s’écrie : « N’entrez pas en jugement, Seigneur, avec votre serviteur. » Elle se réclame à sa miséricorde, et fait appel à sa clémence : « Pardonnez-nous nos offenses. » La vraie justice ne connaît pas la présomption, mais d’ailleurs elle espère dans les mérites de Jésus-Christ : « En vous j’ai espéré, Seigneur, je ne serai pas éternellement confondu. »
Dès lors que les justes eux-mêmes ne se fient pas sur leurs justices et mettent l’espoir de leur salut à implorer la miséricorde de leur Juge, ils ne peuvent se porter garants de la vie de leur prochain et en prendre la responsabilité. A chacun selon ses œuvres, au tribunal de Dieu ; chacun pour soi-même : c’est une loi qui n’admet pas d’exception. Aussi les vierges sages repoussent-elles le recours des vierges folles :
« Allez aux marchands d’huile et achetez-en. »
Les marchands d’huile, dit saint Augustin, ce sont les flatteurs. Ils vendent de l’huile, en se faisant payer d’une manière ou d’une autre les louanges qu’ils donnent. Ô le triste commerce ! La louange accuse un fond répréhensible de vanité et chez celui qui la donne et chez celui qui la reçoit. Ah ! s’écrie saint Augustin, au lieu de prêter l’oreille à des flatteurs, que ne portez-vous votre huile en vous-même, que ne faites-vous vos bonnes œuvres par un motif de conscience et pour plaire à Dieu, que ne dites-vous : « Le juste me corrigera et me reprendra miséricordieusement, mais l’huile du pécheur ne sera pas versée sur ma tête. »
Mieux vaut mille fois que le juste me réprimande, que le juste me reprenne, que le juste me soufflette, que le juste me châtie, que de recevoir sur ma tête l’huile du pécheur ! qu’est-ce que l’huile du pécheur, sinon les caresses du flatteur ?
Au jugement de Dieu, les flatteurs ont disparu. L’âme qu’ils ont trompée les cherche désespérément. Et durant ce temps l’Époux vient, la porte se ferme. C’est la dernière partie du drame qui va se développer devant nos yeux, comme un enseignement vécu.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
VII. Voilà donc les malheureuses vierges qui ont leurs lampes éteintes.
Elles croyaient avoir fait des bonnes œuvres, et ces œuvres, sont mortes. Elles croyaient tenir quelque chose, et ce quelque chose s’est évanoui comme une fumée ; tel celui qui aurait des billets de banque, lesquels se trouveraient faux et sans valeur.
Leur agitation pour trouver des vendeurs d’huile dépeint leur désarroi et le désespoir de leur âme habituée à des flatteries, et qui ne rencontre autour d’elle qu’un morne silence.
Cependant, « l’Époux vient et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée ».
Ah ! dit saint Grégoire le Grand sur ce passage, s’il nous était donné de sentir, par un goût intérieur, tout ce qu’il y a d’admiration en cette parole : « l’Époux vient ! » Et de douceur en cette autre : « Elles entrèrent avec lui aux noces ! » Et d’amertume en cette autre : « Et la porte fut fermée. »
Venit sponsus, quid admirationis ! Il est venu autrefois sur la terre, si humble et si pauvre ! Il y a vécu si méprisé ! Il y est mort si ignominieusement supplicié ! Il reste au Saint-Sacrement si caché et si délaissé ! Il est si nié, si discuté, si combattu ! Et maintenant le voilà sur les nuées du ciel, entouré d’un appareil de gloire, divinement beau, suavement terrible, offert avec ses plaies glorifiées en spectacle à tous les hommes, ravissement des bons, effroi des méchants, prenant possession lui et les siens d’un royaume qui n’aura pas de fin.
Intraverunt cum eo ad nuptias, quid dulceedinis ! Elles étaient prêtes, les vierges sages ; leurs lampes rayonnaient de l’huile d’une bonne conscience, même au soleil de l’éternelle justice. Elles entrent, quelle sécurité ! Avec lui, quelle société ! Aux noces, quelles délices !
Et clausa est janua, quid amaritudinis ! Et derrière Lui, derrière elles, la porte est fermée, irrévocablement. Ceux qui ont laissé passer le moment d’y entrer resteront dehors, à tout jamais ! Quelle amertume ! Quelle confusion ! Quel désespoir ! Pas de place pour eux, pour les malheureuses vierges.
Elles ont beau frapper à la porte, et s’écrier avec des lamentations : « Seigneur, Seigneur ouvrez-nous ! » Le Seigneur leur répond : « En vérité, en vérité je vous le dis, je ne vous connais pas. » Vous êtes pour moi des étrangères. Que faut-il donc pour être connu de Jésus ? Il faut avoir le cœur tout à lui plaire ; fuir les regards du monde ; aimer la vie humble et cachée, comme il s’y est lui-même complu.
Par cette mise en scène parabolique, par cette allée et venue des vierges folles, par ce stationnement à la porte des noces, Notre Seigneur a voulu nous faire comprendre qu’il n’y a plus de pénitence après cette vie. Écoutons saint Augustin :
« Il a été dit, et c’est là une promesse qui ne trompe pas : « Frappez et l’on vous ouvrira. » Mais frappez, maintenant que c’est le temps de la miséricorde, et non pas quand ce sera le temps du jugement. Ne confondons pas ces deux temps, alors que l’Église chante distinctement à son Seigneur miséricorde et jugement (Ps. C).
Voici le temps de la miséricorde ; fais pénitence. Mais si tu prétends la faire au temps du jugement, tu prendras place parmi les vierges qui trouvèrent porte close. »
Saint Grégoire cite à ce propos les paroles du Seigneur dans les Proverbes de Salomon : « Je vous ai appelés, vous avez refusé ; j’ai tendu la main, vous n’avez pas jeté les yeux sur moi ; vous avez méprisé tous mes conseils, et négligé toutes mes réprimandes.
Et moi je rirai à votre perte, et je vous tournerai en dérision quand arrivera ce que vous redoutiez. Lorsque fondra sur vous la calamité subite, lorsque votre fin s’abattra sur vous comme la tempête, quand vous saisiront la tribulation et l’angoisse, vous m’invoquerez et je ne vous écouterai pas, vous vous mettrez le matin en quête de moi, et vous ne me trouverez pas » (Prov. 124, sq.). C’est ainsi que toute l’Écriture restreint le temps de la miséricorde à la vie présente.
Saint Grégoire va plus loin, et de la malheureuse fin des vierges folles, il conclut qu’il ne faut pas renvoyer la pénitence à l’heure de la mort. Il raconte à ce sujet, en terminant son homélie, une histoire terrifiante. Il conclut : Pensons sérieusement à toutes ces choses, mes frères, ne laissons pas se perdre inutilement le temps, ne remettons pas à commencer une bonne vie au moment même où notre âme devra quitter son corps. La Vérité qui est Jésus-Christ nous donne cet avertissement : « Priez pour que votre fuite n’ait pas lieu le sabbat ni en hiver. »
Le sabbat, la loi mosaïque interdisait les longues courses ; l’hiver, les chemins sont mauvais, le froid glace le voyageur. Ne remettez pas à fuir vos péchés, quand Dieu ne vous mesurera qu’un court espace de vie, quand vos sens seront engourdis par le froid précurseur de la mort. »
Elles croyaient avoir fait des bonnes œuvres, et ces œuvres, sont mortes. Elles croyaient tenir quelque chose, et ce quelque chose s’est évanoui comme une fumée ; tel celui qui aurait des billets de banque, lesquels se trouveraient faux et sans valeur.
Leur agitation pour trouver des vendeurs d’huile dépeint leur désarroi et le désespoir de leur âme habituée à des flatteries, et qui ne rencontre autour d’elle qu’un morne silence.
Cependant, « l’Époux vient et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée ».
Ah ! dit saint Grégoire le Grand sur ce passage, s’il nous était donné de sentir, par un goût intérieur, tout ce qu’il y a d’admiration en cette parole : « l’Époux vient ! » Et de douceur en cette autre : « Elles entrèrent avec lui aux noces ! » Et d’amertume en cette autre : « Et la porte fut fermée. »
Venit sponsus, quid admirationis ! Il est venu autrefois sur la terre, si humble et si pauvre ! Il y a vécu si méprisé ! Il y est mort si ignominieusement supplicié ! Il reste au Saint-Sacrement si caché et si délaissé ! Il est si nié, si discuté, si combattu ! Et maintenant le voilà sur les nuées du ciel, entouré d’un appareil de gloire, divinement beau, suavement terrible, offert avec ses plaies glorifiées en spectacle à tous les hommes, ravissement des bons, effroi des méchants, prenant possession lui et les siens d’un royaume qui n’aura pas de fin.
Intraverunt cum eo ad nuptias, quid dulceedinis ! Elles étaient prêtes, les vierges sages ; leurs lampes rayonnaient de l’huile d’une bonne conscience, même au soleil de l’éternelle justice. Elles entrent, quelle sécurité ! Avec lui, quelle société ! Aux noces, quelles délices !
Et clausa est janua, quid amaritudinis ! Et derrière Lui, derrière elles, la porte est fermée, irrévocablement. Ceux qui ont laissé passer le moment d’y entrer resteront dehors, à tout jamais ! Quelle amertume ! Quelle confusion ! Quel désespoir ! Pas de place pour eux, pour les malheureuses vierges.
Elles ont beau frapper à la porte, et s’écrier avec des lamentations : « Seigneur, Seigneur ouvrez-nous ! » Le Seigneur leur répond : « En vérité, en vérité je vous le dis, je ne vous connais pas. » Vous êtes pour moi des étrangères. Que faut-il donc pour être connu de Jésus ? Il faut avoir le cœur tout à lui plaire ; fuir les regards du monde ; aimer la vie humble et cachée, comme il s’y est lui-même complu.
Par cette mise en scène parabolique, par cette allée et venue des vierges folles, par ce stationnement à la porte des noces, Notre Seigneur a voulu nous faire comprendre qu’il n’y a plus de pénitence après cette vie. Écoutons saint Augustin :
« Il a été dit, et c’est là une promesse qui ne trompe pas : « Frappez et l’on vous ouvrira. » Mais frappez, maintenant que c’est le temps de la miséricorde, et non pas quand ce sera le temps du jugement. Ne confondons pas ces deux temps, alors que l’Église chante distinctement à son Seigneur miséricorde et jugement (Ps. C).
Voici le temps de la miséricorde ; fais pénitence. Mais si tu prétends la faire au temps du jugement, tu prendras place parmi les vierges qui trouvèrent porte close. »
Saint Grégoire cite à ce propos les paroles du Seigneur dans les Proverbes de Salomon : « Je vous ai appelés, vous avez refusé ; j’ai tendu la main, vous n’avez pas jeté les yeux sur moi ; vous avez méprisé tous mes conseils, et négligé toutes mes réprimandes.
Et moi je rirai à votre perte, et je vous tournerai en dérision quand arrivera ce que vous redoutiez. Lorsque fondra sur vous la calamité subite, lorsque votre fin s’abattra sur vous comme la tempête, quand vous saisiront la tribulation et l’angoisse, vous m’invoquerez et je ne vous écouterai pas, vous vous mettrez le matin en quête de moi, et vous ne me trouverez pas » (Prov. 124, sq.). C’est ainsi que toute l’Écriture restreint le temps de la miséricorde à la vie présente.
Saint Grégoire va plus loin, et de la malheureuse fin des vierges folles, il conclut qu’il ne faut pas renvoyer la pénitence à l’heure de la mort. Il raconte à ce sujet, en terminant son homélie, une histoire terrifiante. Il conclut : Pensons sérieusement à toutes ces choses, mes frères, ne laissons pas se perdre inutilement le temps, ne remettons pas à commencer une bonne vie au moment même où notre âme devra quitter son corps. La Vérité qui est Jésus-Christ nous donne cet avertissement : « Priez pour que votre fuite n’ait pas lieu le sabbat ni en hiver. »
Le sabbat, la loi mosaïque interdisait les longues courses ; l’hiver, les chemins sont mauvais, le froid glace le voyageur. Ne remettez pas à fuir vos péchés, quand Dieu ne vous mesurera qu’un court espace de vie, quand vos sens seront engourdis par le froid précurseur de la mort. »
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
VIII. Notre-Seigneur conclut la parabole des dix vierges par ces mots : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Les vierges sages avaient pris leurs précautions ; les vierges folles ont été surprises.
Les premières, ayant toujours devant leurs yeux l’heure inconnue du jugement, s’ingéniaient à plaire à Dieu, s’efforçaient de purifier de plus en plus leur conscience. Les secondes, légères, imprévoyantes, se laissaient aller à l’amour des louanges, à la vanité, et perdaient leur temps. L’heure du jugement sonne à l’improviste, et les voilà éternellement confondues.
Ne nous laissons pas aller à cette mortelle imprévoyance. Il y va de notre salut. Remplissons sans tarder les conditions requises pour être sauvés : sans tarder, disons-nous, car nous ne savons ni le jour ni l’heure à laquelle nous serons appelés au redoutable tribunal de Dieu.
Que faut-il pour être vraiment prêts ? S’abstenir des plaisirs coupables du monde ? C’est déjà un point, mais cela ne suffit pas. Mener une vie extérieurement chrétienne ? Cela ne suffit pas encore. Il faut de plus avoir une intention droite et pure de plaire à Dieu en toutes ses œuvres ; intention qui est une huile sainte et indéfectible, intention qui rend les œuvres lumineuses aux yeux de Dieu, intention qui provient d’une vraie Charité.
Écoutons l’Apôtre exaltant la nécessité de la Charité : « Que j’aie une foi à transporter les montagnes, que je distribue tout mon bien aux pauvres, que je livre mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien. »
S’il faut toutes ces conditions réunies pour aller au ciel, et il n’est pas douteux qu’elles aient été posées par le Sauveur, comment déplorer assez l’illusion de ceux qui prétendent y entrer sans avoir gardé la chasteté convenable à leur état, et sans avoir observé dans leur intégrité tous les commandements de Dieu et de son Église ?
S’il faut cacher, autant que possible, aux yeux des hommes le bien que l’on fait pour ne pas en perdre le mérite : que penser de ces femmes et de ces filles légères, qui cherchent à attirer sur elles tous les regards par une tenue coquette et mondaine ?
La méditation sérieuse de notre Évangile est de nature à dissiper bien des illusions préjudiciables, à retirer bien des âmes d’un chemin dangereux qui les conduirait à leur perte éternelle : puisse-t-elle obtenir un si enviable résultat !
Nous n’avons rien avancé que d’après les Commentaires de saint Augustin et de saint Grégoire. Terminons par l’entraînante conclusion de saint Augustin.
« L’heure viendra : quand viendra-t-elle ? Nous l’ignorons. Ce sera au milieu de la nuit : Veillons, « veillez », conclut l’Évangile, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
« Puisqu’il nous faut nous endormir, comment veiller ? Veille par le cœur, veille par la foi, veille par l’espérance, veille par la charité, veille par les bonnes œuvres ; si corporellement tu t’endors, comme le veut la nature, bientôt sonnera le réveil. A ce réveil prépare ta lampe : qu’alors elle soit brillante, entretenue par l’huile d’une bonne conscience : alors l’Époux céleste te prendra dans un embrassement immortel, il t’introduira dans sa demeure où tu ne dormiras plus, où jamais ta lampe ne pourra s’éteindre. Et maintenant, mes frères, nous sommes dans les labeurs, nos lampes vacillent sous les vents du siècle et parmi les tentations : que leur flamme brûle avec tant de force, que le vent de la tentation, bien loin de les éteindre, ajoute encore à leur ardente clarté. »
Les vierges sages avaient pris leurs précautions ; les vierges folles ont été surprises.
Les premières, ayant toujours devant leurs yeux l’heure inconnue du jugement, s’ingéniaient à plaire à Dieu, s’efforçaient de purifier de plus en plus leur conscience. Les secondes, légères, imprévoyantes, se laissaient aller à l’amour des louanges, à la vanité, et perdaient leur temps. L’heure du jugement sonne à l’improviste, et les voilà éternellement confondues.
Ne nous laissons pas aller à cette mortelle imprévoyance. Il y va de notre salut. Remplissons sans tarder les conditions requises pour être sauvés : sans tarder, disons-nous, car nous ne savons ni le jour ni l’heure à laquelle nous serons appelés au redoutable tribunal de Dieu.
Que faut-il pour être vraiment prêts ? S’abstenir des plaisirs coupables du monde ? C’est déjà un point, mais cela ne suffit pas. Mener une vie extérieurement chrétienne ? Cela ne suffit pas encore. Il faut de plus avoir une intention droite et pure de plaire à Dieu en toutes ses œuvres ; intention qui est une huile sainte et indéfectible, intention qui rend les œuvres lumineuses aux yeux de Dieu, intention qui provient d’une vraie Charité.
Écoutons l’Apôtre exaltant la nécessité de la Charité : « Que j’aie une foi à transporter les montagnes, que je distribue tout mon bien aux pauvres, que je livre mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien. »
S’il faut toutes ces conditions réunies pour aller au ciel, et il n’est pas douteux qu’elles aient été posées par le Sauveur, comment déplorer assez l’illusion de ceux qui prétendent y entrer sans avoir gardé la chasteté convenable à leur état, et sans avoir observé dans leur intégrité tous les commandements de Dieu et de son Église ?
S’il faut cacher, autant que possible, aux yeux des hommes le bien que l’on fait pour ne pas en perdre le mérite : que penser de ces femmes et de ces filles légères, qui cherchent à attirer sur elles tous les regards par une tenue coquette et mondaine ?
La méditation sérieuse de notre Évangile est de nature à dissiper bien des illusions préjudiciables, à retirer bien des âmes d’un chemin dangereux qui les conduirait à leur perte éternelle : puisse-t-elle obtenir un si enviable résultat !
Nous n’avons rien avancé que d’après les Commentaires de saint Augustin et de saint Grégoire. Terminons par l’entraînante conclusion de saint Augustin.
« L’heure viendra : quand viendra-t-elle ? Nous l’ignorons. Ce sera au milieu de la nuit : Veillons, « veillez », conclut l’Évangile, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
« Puisqu’il nous faut nous endormir, comment veiller ? Veille par le cœur, veille par la foi, veille par l’espérance, veille par la charité, veille par les bonnes œuvres ; si corporellement tu t’endors, comme le veut la nature, bientôt sonnera le réveil. A ce réveil prépare ta lampe : qu’alors elle soit brillante, entretenue par l’huile d’une bonne conscience : alors l’Époux céleste te prendra dans un embrassement immortel, il t’introduira dans sa demeure où tu ne dormiras plus, où jamais ta lampe ne pourra s’éteindre. Et maintenant, mes frères, nous sommes dans les labeurs, nos lampes vacillent sous les vents du siècle et parmi les tentations : que leur flamme brûle avec tant de force, que le vent de la tentation, bien loin de les éteindre, ajoute encore à leur ardente clarté. »
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
LES BÉATITUDES
(source: site Salve Regina, Fraternité Saint-Pierre)
Introduction
La perfection chrétienne, selon le témoignage de l’Évangile et des Épîtres, consiste spécialement dans la charité qui nous unit à Dieu. Cette vertu correspond au précepte suprême, celui de l’amour de Dieu ; il est dit aussi : « Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. » « Surtout revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. »
Des théologiens se sont demandé si pour la perfection proprement dite, non pas celle des commençants ou des progressants, mais celle qui caractérise la voie unitive, il faut une grande charité, ou si elle peut être obtenue sans un degré élevé de cette vertu.
Quelques auteurs ont prétendu qu’un haut degré de charité n’est pas nécessaire à la perfection proprement dite, parce que, selon le témoignage de saint Thomas, « la charité même à un degré inférieur peut vaincre toutes lés tentations ».
La majorité des théologiens répond au contraire que la perfection proprement dite ne s’obtient qu’après un long exercice des vertus acquises et infuses, exercice par lequel leur intensité s’accroît. Le parfait, avant d’arriver à l’état où il se trouve, a dû être un commençant, puis un progressant. Et chez lui, non seulement la charité peut vaincre bien des tentations, mais elle a triomphé de fait de beaucoup, et par là elle a notablement augmenté. On ne conçoit donc pas la perfection chrétienne proprement dite, celle de la voie unitive, sans une haute charité.
Si on lisait le contraire dans les œuvres d’un saint Jean de la Croix, par exemple, on croirait rêver, et l’on penserait qu’il y a eu là une erreur d’impression. Il parait tout à fait certain que de même que pour l’âge adulte il faut une force physique supérieure à celle de l’enfance (bien que, accidentellement, certains adolescents particulièrement vigoureux soient plus forts que certains adultes), il faut aussi pour l’état des parfaits une charité plus haute que pour celui des commençants (bien que, accidentellement, certains saints à leurs débuts aient une charité plus grande que certains parfaits déjà avancés en âge).
L’enseignement commun des théologiens sur ce point paraît nettement fondé sur la prédication même du Sauveur, là surtout où il a parlé des béatitudes, en saint Matthieu (ch. V). Cette page de l’évangile exprime admirablement toute l’élévation de la perfection chrétienne, à laquelle Jésus nous appelle tous. Le Sermon sur la Montagne est l’abrégé de la doctrine chrétienne, la promulgation solennelle de la Loi nouvelle, donnée pour parfaire la loi mosaïque et en corriger les interprétations abusives ; et les huit béatitudes énoncées au début sont l’abrégé de ce sermon. Elles condensent ainsi d’une façon admirable tout ce qui constitue l’idéal de la vie chrétienne et en montrent toute l’élévation.
La première parole de Jésus dans sa prédication est pour promettre le bonheur, et nous indiquer les moyens pour y parvenir. Pourquoi parler tout d’abord du bonheur ? Parce que tous les hommes désirent naturellement être heureux ; c’est le but qu’ils poursuivent sans cesse, quoi qu’ils veuillent ; mais bien souvent ils cherchent le bonheur où il n’est pas, là où ils ne trouveront que misère. Écoutons le Seigneur, qui nous dit où est le bonheur véritable et durable, où est la fin de notre vie, et qui nous donne les moyens pour y parvenir.
La fin est indiquée en chacune des huit béatitudes. ; c’est, sous divers noms, la béatitude éternelle, dont les justes dès ici-bas peuvent goûter le prélude ; c’est le royaume des cieux, la terre promise, la parfaite consolation, le rassasiement de tous nos désirs légitimes et saints, la suprême miséricorde, la vue de Dieu, notre Pare.
Les moyens sont à l’encontre de ce que nous disent les maximes de la sagesse du monde, qui propose un tout autre but.
L’ordre de ces huit béatitudes est admirablement expliqué par saint Augustin et saint Thomas, c’est un ordre ascendant, inverse de celui du Pater qui descend de la considération de la gloire de Dieu à celle de nos besoins personnels et de notre pain quotidien. – Les trois premières béatitudes disent le bonheur qui se trouve dans la fuite et la délivrance du péché, dans la pauvreté acceptée par amour de Dieu, dans la douceur et dans les larmes de la contrition. – Les deux béatitudes suivantes sont celles de la vie active du chrétien : elles répondent à la soif de la justice et à la miséricorde exercée à l’égard du prochain. – Viennent ensuite celles de la contemplation des mystères de Dieu : la pureté du cœur qui dispose à voir Dieu, et la paix qui dérive de la vraie sagesse. – Enfin la dernière et la plus parfaite des béatitudes est celle qui réunit les précédentes au milieu même de la persécution subie pour la justice, ce sont les dernières épreuves, condition de la sainteté.
Suivons cet ordre ascendant, pour nous faire une juste idée de la perfection chrétienne, en évitant de l’amoindrir. Nous allons voir qu’elle dépasse les limites de l’ascèse, ou de l’exercice des vertus selon notre propre activité ou industrie, et qu’elle comporte l’exercice éminent des dons du Saint-Esprit, dont le mode supra-humain, lorsqu’il devient fréquent et manifeste, caractérise la vie mystique, ou de docilité à l’Esprit-Saint.
Saint Thomas, après saint Augustin, enseigne que les béatitudes sont des actes qui procèdent des dons du Saint-Esprit ou des vertus perfectionnées par les dons.
(source: site Salve Regina, Fraternité Saint-Pierre)
Introduction
La perfection chrétienne, selon le témoignage de l’Évangile et des Épîtres, consiste spécialement dans la charité qui nous unit à Dieu. Cette vertu correspond au précepte suprême, celui de l’amour de Dieu ; il est dit aussi : « Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. » « Surtout revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. »
Des théologiens se sont demandé si pour la perfection proprement dite, non pas celle des commençants ou des progressants, mais celle qui caractérise la voie unitive, il faut une grande charité, ou si elle peut être obtenue sans un degré élevé de cette vertu.
Quelques auteurs ont prétendu qu’un haut degré de charité n’est pas nécessaire à la perfection proprement dite, parce que, selon le témoignage de saint Thomas, « la charité même à un degré inférieur peut vaincre toutes lés tentations ».
La majorité des théologiens répond au contraire que la perfection proprement dite ne s’obtient qu’après un long exercice des vertus acquises et infuses, exercice par lequel leur intensité s’accroît. Le parfait, avant d’arriver à l’état où il se trouve, a dû être un commençant, puis un progressant. Et chez lui, non seulement la charité peut vaincre bien des tentations, mais elle a triomphé de fait de beaucoup, et par là elle a notablement augmenté. On ne conçoit donc pas la perfection chrétienne proprement dite, celle de la voie unitive, sans une haute charité.
Si on lisait le contraire dans les œuvres d’un saint Jean de la Croix, par exemple, on croirait rêver, et l’on penserait qu’il y a eu là une erreur d’impression. Il parait tout à fait certain que de même que pour l’âge adulte il faut une force physique supérieure à celle de l’enfance (bien que, accidentellement, certains adolescents particulièrement vigoureux soient plus forts que certains adultes), il faut aussi pour l’état des parfaits une charité plus haute que pour celui des commençants (bien que, accidentellement, certains saints à leurs débuts aient une charité plus grande que certains parfaits déjà avancés en âge).
L’enseignement commun des théologiens sur ce point paraît nettement fondé sur la prédication même du Sauveur, là surtout où il a parlé des béatitudes, en saint Matthieu (ch. V). Cette page de l’évangile exprime admirablement toute l’élévation de la perfection chrétienne, à laquelle Jésus nous appelle tous. Le Sermon sur la Montagne est l’abrégé de la doctrine chrétienne, la promulgation solennelle de la Loi nouvelle, donnée pour parfaire la loi mosaïque et en corriger les interprétations abusives ; et les huit béatitudes énoncées au début sont l’abrégé de ce sermon. Elles condensent ainsi d’une façon admirable tout ce qui constitue l’idéal de la vie chrétienne et en montrent toute l’élévation.
La première parole de Jésus dans sa prédication est pour promettre le bonheur, et nous indiquer les moyens pour y parvenir. Pourquoi parler tout d’abord du bonheur ? Parce que tous les hommes désirent naturellement être heureux ; c’est le but qu’ils poursuivent sans cesse, quoi qu’ils veuillent ; mais bien souvent ils cherchent le bonheur où il n’est pas, là où ils ne trouveront que misère. Écoutons le Seigneur, qui nous dit où est le bonheur véritable et durable, où est la fin de notre vie, et qui nous donne les moyens pour y parvenir.
La fin est indiquée en chacune des huit béatitudes. ; c’est, sous divers noms, la béatitude éternelle, dont les justes dès ici-bas peuvent goûter le prélude ; c’est le royaume des cieux, la terre promise, la parfaite consolation, le rassasiement de tous nos désirs légitimes et saints, la suprême miséricorde, la vue de Dieu, notre Pare.
Les moyens sont à l’encontre de ce que nous disent les maximes de la sagesse du monde, qui propose un tout autre but.
L’ordre de ces huit béatitudes est admirablement expliqué par saint Augustin et saint Thomas, c’est un ordre ascendant, inverse de celui du Pater qui descend de la considération de la gloire de Dieu à celle de nos besoins personnels et de notre pain quotidien. – Les trois premières béatitudes disent le bonheur qui se trouve dans la fuite et la délivrance du péché, dans la pauvreté acceptée par amour de Dieu, dans la douceur et dans les larmes de la contrition. – Les deux béatitudes suivantes sont celles de la vie active du chrétien : elles répondent à la soif de la justice et à la miséricorde exercée à l’égard du prochain. – Viennent ensuite celles de la contemplation des mystères de Dieu : la pureté du cœur qui dispose à voir Dieu, et la paix qui dérive de la vraie sagesse. – Enfin la dernière et la plus parfaite des béatitudes est celle qui réunit les précédentes au milieu même de la persécution subie pour la justice, ce sont les dernières épreuves, condition de la sainteté.
Suivons cet ordre ascendant, pour nous faire une juste idée de la perfection chrétienne, en évitant de l’amoindrir. Nous allons voir qu’elle dépasse les limites de l’ascèse, ou de l’exercice des vertus selon notre propre activité ou industrie, et qu’elle comporte l’exercice éminent des dons du Saint-Esprit, dont le mode supra-humain, lorsqu’il devient fréquent et manifeste, caractérise la vie mystique, ou de docilité à l’Esprit-Saint.
Saint Thomas, après saint Augustin, enseigne que les béatitudes sont des actes qui procèdent des dons du Saint-Esprit ou des vertus perfectionnées par les dons.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Les béatitudes de la délivrance du péché
Elles correspondent à la voie purgative, qui est propre aux commençants, et dont ne doivent pas s’écarter les progressants et les parfaits.
Tandis que le monde dit. : le bonheur est dans l’abondance des biens extérieurs, de la richesse, dans les honneurs, Notre-Seigneur dit, sans autre précaution, avec l’assurance calme de la vérité absolue : bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.
Chaque béatitude a bien des degrés : heureux ceux qui sont dans la pauvreté sans murmure, sans impatience, sans jalousie, même si le pain vient à manquer, et qui travaillent en mettant leur confiance en Dieu. Bienheureux ceux qui, plus fortunés, n’ont pourtant pas l’esprit des richesses, le faste, l’orgueil; mais sont détachés des biens de la terre. Plus heureux encore ceux qui quitteront tout pour suivre Jésus, se feront pauvres volontaires, et vivront vraiment selon l’esprit de cette vocation ; ils recevront le centuple sur la terre et la vie éternelle.
Ces pauvres sont ceux qui, sous l’inspiration du don de crainte, suivent la voie d’abord étroite, qui devient la voie royale du ciel, où l’âme se dilate de plus en plus, tandis que la voie large du monde conduit à la géhenne et à la perdition. Notre-Seigneur dit ailleurs : « Malheur à vous qui êtes rassasiés des biens de la terre, car vous aurez faim!» Par contre, bienheureuse pauvreté, qui, comme le montre la vie de saint François d’Assise, ouvre le royaume de Dieu, infiniment supérieur à toutes les richesses, aux misérables richesses où le monde cherche le bonheur.
Bienheureux les pauvres, ou humbles de cœur, qui ne retiennent à eux ni les biens du corps, ni ceux de l’esprit, ni réputation, ni honneur, et qui ne cherchent que le royaume de Dieu.
Tandis que le désir des richesses divise les hommes, engendre querelles, procès, violences, guerre même entre les nations, Jésus dit : Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre. Bienheureux ceux qui ne s’irritent pas contre leurs frères, qui ne cherchent pas à se venger de leurs ennemis, à dominer les autres. « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui encore l’autre » (Matth., V, 38).
Bienheureux les doux, qui ne jugent pas témérairement, qui ne voient pas dans le prochain un rival à supplanter, mais un frère à aider, un enfant du même Père céleste. C’est le don de piété qui nous inspire cette douceur avec l’affection toute filiale à l’égard de Dieu, notre Père commun.
Les doux ne s’attachent, pas avec opiniâtreté à leur propre jugement ; ils disent simplement : « cela est, cela n’est pas », sans éprouver le besoin de jurer par le ciel pour la moindre chose (Matth., V, 27).
Pour être ainsi surnaturellement doux, même avec ceux qui sont aigres, il faut avoir une grande union avec Celui qui a dit : « Recevez ma doctrine, car je suis doux et humble de cœur », avec Celui qui n’a pas brisé le roseau à demi rompu, et qui n’a pas éteint la mèche qui fume encore. Le roseau à demi rompu, c’est parfois, dit Bossuet, le prochain en colère, brisé par sa propre colère ; il ne faut pas achever de le rompre en se vengeant. Jésus a été comparé à l’agneau qui se laisse mener à la boucherie sans se plaindre.
La mansuétude dont il est ici question n’est pas la douceur qui ne heurte personne parce qu’elle a peur de tout, c’est une vertu qui suppose un grand amour de Dieu et du prochain, c’est, comme le dit saint François de Sales, la fleur de la charité. Elle double le prix du service rendu, et parvient à tout dire, à faire passer les conseils, même les reproches, car celui qui les reçoit sent qu’ils sont inspirés par un grand amour. Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre, la vraie terre promise, et déjà ils possèdent saintement les cœurs qui se confient à eux.
Tandis que le monde dit : le bonheur est dans les plaisirs, Jésus dit encore : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés. » Il est dit de même au mauvais riche : « Tu as reçu tes biens en ce monde, et Lazare le mendiant a reçu ses maux ; c’est pourquoi il est consolé, et tu es dans les tourments. » (Luc, XVI, 25).
Bienheureux ceux quia comme le mendiant Lazare, souffrent avec patience, sans consolation du côté des hommes ; leurs larmes sont vues de Dieu. Plus heureux encore ceux qui pleurent leurs péchés, qui, par une inspiration du don de science, connaissent expérimentalement que le péché est le plus grand des maux, et qui, par leurs larmes, en obtiennent le pardon. Plus heureux enfin, dit sainte Catherine de Sienne, ceux qui pleurent d’amour à la vue de l’infinie miséricorde, de la bonté du Sauveur, de la tendresse du bon Pasteur, qui se sacrifie pour ses brebis. Ceux-là reçoivent dès ici-bas une consolation infiniment supérieure à celle que le monde peut donner.
Telles sont les béatitudes qui se trouvent dans la fuite et la délivrance du péché.
Elles correspondent à la voie purgative, qui est propre aux commençants, et dont ne doivent pas s’écarter les progressants et les parfaits.
Tandis que le monde dit. : le bonheur est dans l’abondance des biens extérieurs, de la richesse, dans les honneurs, Notre-Seigneur dit, sans autre précaution, avec l’assurance calme de la vérité absolue : bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.
Chaque béatitude a bien des degrés : heureux ceux qui sont dans la pauvreté sans murmure, sans impatience, sans jalousie, même si le pain vient à manquer, et qui travaillent en mettant leur confiance en Dieu. Bienheureux ceux qui, plus fortunés, n’ont pourtant pas l’esprit des richesses, le faste, l’orgueil; mais sont détachés des biens de la terre. Plus heureux encore ceux qui quitteront tout pour suivre Jésus, se feront pauvres volontaires, et vivront vraiment selon l’esprit de cette vocation ; ils recevront le centuple sur la terre et la vie éternelle.
Ces pauvres sont ceux qui, sous l’inspiration du don de crainte, suivent la voie d’abord étroite, qui devient la voie royale du ciel, où l’âme se dilate de plus en plus, tandis que la voie large du monde conduit à la géhenne et à la perdition. Notre-Seigneur dit ailleurs : « Malheur à vous qui êtes rassasiés des biens de la terre, car vous aurez faim!» Par contre, bienheureuse pauvreté, qui, comme le montre la vie de saint François d’Assise, ouvre le royaume de Dieu, infiniment supérieur à toutes les richesses, aux misérables richesses où le monde cherche le bonheur.
Bienheureux les pauvres, ou humbles de cœur, qui ne retiennent à eux ni les biens du corps, ni ceux de l’esprit, ni réputation, ni honneur, et qui ne cherchent que le royaume de Dieu.
Tandis que le désir des richesses divise les hommes, engendre querelles, procès, violences, guerre même entre les nations, Jésus dit : Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre. Bienheureux ceux qui ne s’irritent pas contre leurs frères, qui ne cherchent pas à se venger de leurs ennemis, à dominer les autres. « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui encore l’autre » (Matth., V, 38).
Bienheureux les doux, qui ne jugent pas témérairement, qui ne voient pas dans le prochain un rival à supplanter, mais un frère à aider, un enfant du même Père céleste. C’est le don de piété qui nous inspire cette douceur avec l’affection toute filiale à l’égard de Dieu, notre Père commun.
Les doux ne s’attachent, pas avec opiniâtreté à leur propre jugement ; ils disent simplement : « cela est, cela n’est pas », sans éprouver le besoin de jurer par le ciel pour la moindre chose (Matth., V, 27).
Pour être ainsi surnaturellement doux, même avec ceux qui sont aigres, il faut avoir une grande union avec Celui qui a dit : « Recevez ma doctrine, car je suis doux et humble de cœur », avec Celui qui n’a pas brisé le roseau à demi rompu, et qui n’a pas éteint la mèche qui fume encore. Le roseau à demi rompu, c’est parfois, dit Bossuet, le prochain en colère, brisé par sa propre colère ; il ne faut pas achever de le rompre en se vengeant. Jésus a été comparé à l’agneau qui se laisse mener à la boucherie sans se plaindre.
La mansuétude dont il est ici question n’est pas la douceur qui ne heurte personne parce qu’elle a peur de tout, c’est une vertu qui suppose un grand amour de Dieu et du prochain, c’est, comme le dit saint François de Sales, la fleur de la charité. Elle double le prix du service rendu, et parvient à tout dire, à faire passer les conseils, même les reproches, car celui qui les reçoit sent qu’ils sont inspirés par un grand amour. Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre, la vraie terre promise, et déjà ils possèdent saintement les cœurs qui se confient à eux.
Tandis que le monde dit : le bonheur est dans les plaisirs, Jésus dit encore : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés. » Il est dit de même au mauvais riche : « Tu as reçu tes biens en ce monde, et Lazare le mendiant a reçu ses maux ; c’est pourquoi il est consolé, et tu es dans les tourments. » (Luc, XVI, 25).
Bienheureux ceux quia comme le mendiant Lazare, souffrent avec patience, sans consolation du côté des hommes ; leurs larmes sont vues de Dieu. Plus heureux encore ceux qui pleurent leurs péchés, qui, par une inspiration du don de science, connaissent expérimentalement que le péché est le plus grand des maux, et qui, par leurs larmes, en obtiennent le pardon. Plus heureux enfin, dit sainte Catherine de Sienne, ceux qui pleurent d’amour à la vue de l’infinie miséricorde, de la bonté du Sauveur, de la tendresse du bon Pasteur, qui se sacrifie pour ses brebis. Ceux-là reçoivent dès ici-bas une consolation infiniment supérieure à celle que le monde peut donner.
Telles sont les béatitudes qui se trouvent dans la fuite et la délivrance du péché.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Les béatitudes de la vie active du chrétien
Il est d’autres saintes joies que trouve le juste, lorsque, dégagé du mal, il se porte au bien de tout l’élan de son cœur.
L’homme d’action, qui se laisse emporter par l’orgueil, dit : bienheureux celui qui vit et agit comme il veut, n’est soumis à personne, et s’impose aux autres.
Jésus dit : Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. La justice, au grand sens du mot, consiste à rendre à Dieu ce qui lui est dû, et alors, pour l’amour de Dieu, on rend aussi à la créature ce qu’on lui doit, et le Seigneur, en récompense, se donne lui-même à nous. C’est l’ordre parfait, dans la parfaite obéissance, inspirée par l’amour qui dilate le cœur.
Bienheureux ceux qui désirent cette justice, jusqu’à en avoir faim et soif. Ils seront rassasiés en un sens, dès cette vie, en devenant plus justes et plus saints.
Bienheureuse soif que celle-là : « Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive, et des fleuves d’eau vive couleront de sa poitrine. » Mais pour garder cette soif, lorsque l’enthousiasme sensible est tombé, pour garder cette faim de la justice, au milieu des contradictions, des entraves, des désillusions, il faut recevoir docilement les inspirations du don de force qui empêche de faiblir, de se laisser abattre, et qui relève notre courage au milieu des difficultés.
« Le Seigneur, dit saint Thomas, veut nous voir affamés de cette justice à n’en pouvoir être jamais rassasiés dans cette vie, comme l’avare n’est jamais rassasié d’or… » Ces âmes affamées « ne seront rassasiées que dans l’éternelle vision, dit-il encore, et sur cette terre dans les biens spirituels ». Il ajoute : « Quand les hommes sont en état de péché, ils n’éprouvent point cette faim spirituelle ; quand ils sont purs de tout péché, alors ils la sentent. »
Cette faim et cette soif de la justice ne doivent pas s’accompagner, dans l’action du chrétien, d’un zèle amer à l’égard des coupables. Aussi Jésus ajoute : Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. En notre vie, comme en celle de Dieu, doivent s’unir la justice et la miséricorde. On ne saurait être parfait sans aller comme le bon Samaritain au secours de l’affligé, du malade. Le Seigneur rendra le centuple à ceux qui donnent un verre d’eau par amour pour lui, à ceux qui appellent à leur table les pauvres, les estropiés, les aveugles, dont il est parlé dans la parabole des invités. Le chrétien doit être heureux de donner, plus que de recevoir. Il doit pardonner, c’est-à-dire donner au-delà à ceux qui l’ont offensé ; il doit oublier les injures, et avant d’offrir son présent sur l’autel, il doit aller se réconcilier avec son frère. Le don de conseil nous incline à la miséricorde, nous rend attentif aux souffrances d’autrui, nous fait trouver le vrai remède, le mot qui console et qui relève.
Il est d’autres saintes joies que trouve le juste, lorsque, dégagé du mal, il se porte au bien de tout l’élan de son cœur.
L’homme d’action, qui se laisse emporter par l’orgueil, dit : bienheureux celui qui vit et agit comme il veut, n’est soumis à personne, et s’impose aux autres.
Jésus dit : Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. La justice, au grand sens du mot, consiste à rendre à Dieu ce qui lui est dû, et alors, pour l’amour de Dieu, on rend aussi à la créature ce qu’on lui doit, et le Seigneur, en récompense, se donne lui-même à nous. C’est l’ordre parfait, dans la parfaite obéissance, inspirée par l’amour qui dilate le cœur.
Bienheureux ceux qui désirent cette justice, jusqu’à en avoir faim et soif. Ils seront rassasiés en un sens, dès cette vie, en devenant plus justes et plus saints.
Bienheureuse soif que celle-là : « Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive, et des fleuves d’eau vive couleront de sa poitrine. » Mais pour garder cette soif, lorsque l’enthousiasme sensible est tombé, pour garder cette faim de la justice, au milieu des contradictions, des entraves, des désillusions, il faut recevoir docilement les inspirations du don de force qui empêche de faiblir, de se laisser abattre, et qui relève notre courage au milieu des difficultés.
« Le Seigneur, dit saint Thomas, veut nous voir affamés de cette justice à n’en pouvoir être jamais rassasiés dans cette vie, comme l’avare n’est jamais rassasié d’or… » Ces âmes affamées « ne seront rassasiées que dans l’éternelle vision, dit-il encore, et sur cette terre dans les biens spirituels ». Il ajoute : « Quand les hommes sont en état de péché, ils n’éprouvent point cette faim spirituelle ; quand ils sont purs de tout péché, alors ils la sentent. »
Cette faim et cette soif de la justice ne doivent pas s’accompagner, dans l’action du chrétien, d’un zèle amer à l’égard des coupables. Aussi Jésus ajoute : Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. En notre vie, comme en celle de Dieu, doivent s’unir la justice et la miséricorde. On ne saurait être parfait sans aller comme le bon Samaritain au secours de l’affligé, du malade. Le Seigneur rendra le centuple à ceux qui donnent un verre d’eau par amour pour lui, à ceux qui appellent à leur table les pauvres, les estropiés, les aveugles, dont il est parlé dans la parabole des invités. Le chrétien doit être heureux de donner, plus que de recevoir. Il doit pardonner, c’est-à-dire donner au-delà à ceux qui l’ont offensé ; il doit oublier les injures, et avant d’offrir son présent sur l’autel, il doit aller se réconcilier avec son frère. Le don de conseil nous incline à la miséricorde, nous rend attentif aux souffrances d’autrui, nous fait trouver le vrai remède, le mot qui console et qui relève.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
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Re: Enseignements de l'Église
Les béatitudes de la contemplation et de l’union à Dieu
Des philosophes ont pensé que le bonheur est dans la connaissance de la vérité, surtout de la vérité suprême. C’est ce qu’enseignèrent Platon et Aristote. Mais ils se préoccupaient assez peu de la pureté du cœur, et leur vie était sur plus d’un point en contradiction avec leur doctrine. Jésus nous dit : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Il ne dit pas : bienheureux ceux qui ont reçu une puissante intelligence, qui ont le loisir et les moyens de la cultiver, non, mais : bienheureux ceux qui ont le cœur pur, fussent-ils naturellement moins doués que beaucoup d’autres. S’ils ont le cœur pur, ils verront Dieu. Un cœur vraiment pur est comme l’eau limpide d’un lac où l’azur du ciel se reflète, ou comme un miroir spirituel où se reproduit l’image de Dieu.
Mais pour que le cœur soit vraiment pur, une généreuse mortification s’impose : « Si ton œil te scandalise, arrache-le ; si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la » (Matth., V, 29). Il faut particulièrement veiller à la pureté d’intention, ne pas faire l’aumône par ostentation, ne pas prier pour s’attirer l’estime des hommes ; mais ne chercher que l’approbation du « Père qui est dans le secret ». Alors se réalise la parole du Maître : « Si ton oeil est pur, tout ton corps sera dans la lumière » (Matth., VI, 22).
Dès ici-bas le chrétien en quelque sorte verra Dieu dans le prochain, même en des âmes qui d’abord semblent lui être opposées ; il le verra en un sens dans la sainte Écriture, dans la vie de l’Église, dans les circonstances dé sa propre vie, et jusque dans les épreuves, où il trouvera les leçons de choses de la Providence comme une application pratique de l’Évangile. Or c’est là, sous l’inspiration du don d’intelligence, la véritable contemplation qui nous dispose à celle par laquelle, à proprement parler, nous verrons Dieu face à face, sa bonté et sa beauté infinie ; alors tous nos désirs seront assouvis et nous serons comme enivrés d’un torrent de délices spirituelles.
Dès ici-bas cette contemplation de Dieu doit être féconde ; elle donne la paix, et une paix rayonnante, comme le dit la septième béatitude : Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés les enfants de Dieu. Cette béatitude, disent saint Augustin et saint Thomas, correspond au don de sagesse qui nous fait goûter les mystères du salut, et voir en quelque sorte toutes les choses en Dieu. Les inspirations du Saint-Esprit, auxquelles ce don nous rend dociles, nous manifestent peu à peu l’ordre admirable du plan providentiel, là même et parfois là surtout où nous avons été d’abord déconcertés, dans les choses pénibles et imprévues permises par Dieu pour un bien supérieur. Or on ne saurait entrevoir ainsi les desseins de la Providence, qui dirige notre vie, sans éprouver la paix, qui est la tranquillité de l’ordre.
Pour ne pas se laisser troubler par les événements pénibles et inattendus, pour tout recevoir de la main de Dieu, comme un moyen ou une occasion. d’aller à lui, il faut une grande docilité au Saint-Esprit, qui veut nous donner progressivement la contemplation des choses divines, condition de l’union à Dieu. C’est pour cela que nous avons reçu au baptême le don de sagesse, qui a grandi en nous par la confirmation et par la fréquente communion. Les inspirations du don de sagesse nous donnent une paix rayonnante, non seulement pour nous, mais pour le prochain ; elles font de nous des pacifiques ; elles nous aident à pacifier les âmes troublées, à aimer nos ennemis, à trouver les paroles de réconciliation qui font cesser les querelles. Cette paix, que le monde ne peut donner, est la marque des vrais enfants de Dieu, qui ne perdent pour ainsi dire jamais la pensée de leur Père du ciel. Saint Thomas dit même de ces béatitudes : « sunt quaedam inchoatio imperfecta futurae beatitudinis, elles sont comme le prélude de la béatitude future ».
Enfin, dans la huitième béatitude, la plus parfaite de toutes, Notre-Seigneur montre que tout ce qu’il vient de dire est grandement confirmé par l’épreuve supportée avec amour : Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. Il s’agit surtout des dernières épreuves, conditions de la sainteté.
Cette parole surprenante n’avait jamais été entendue. Non seulement elle promet le bonheur futur, mais elle dit qu’on doit s’estimer heureux au milieu même des afflictions et persécutions souffertes pour la justice. Béatitude toute surnaturelle qui n’est pratiquement comprise que par les âmes éclairées de Dieu. Il y a du reste bien des degrés dans cette béatitude, depuis le bon chrétien qui commence à souffrir pour avoir bien fait, obéi, donné le bon exemple, jusqu’au martyr qui meurt pour la foi. Cette béatitude s’applique à ceux qui, convertis à une vie meilleure, ne trouvent qu’opposition dans leur milieu ; elle s’applique aussi à l’apôtre dont l’action est entravée par ceux-là mêmes qu’il veut sauver, lorsqu’on ne lui pardonne pas d’avoir dit trop nettement la vérité évangélique. Des pays entiers endurent parfois cette persécution, telle la Vendée sous la Révolution française, à d’autres époques l’Arménie, la Pologne, le Mexique.
Cette béatitude est la plus parfaite parce qu’elle est celle de ceux qui sont le plus marqués à l’effigie de Jésus crucifié pour nous. Rester humble, doux, miséricordieux : au milieu de la persécution, à l’égard même des persécuteurs, et, dans cette tourmente, non seulement conserver la paix, mais la donner aux autres, c’est vraiment la pleine perfection de la vie chrétienne. Elle se réalise surtout dans les dernières épreuves que subissent les âmes parfaites que Dieu purifie en les faisant travailler au salut du prochain. Tous les saints n’ont pas été des martyrs, mais ils ont, à des degrés divers, souffert persécution pour la justice, et ils ont connu quelque chose de ce martyre du cœur qui a fait de Marie la Mère des douleurs.
Jésus insiste sur la récompense promise à ceux qui souffrent ainsi pour la justice : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. »
De cette parole est née dans l’âme des apôtres le désir du martyre, qui inspirait les sublimes paroles d’un saint André, d’un saint Ignace d’Antioche. C’est elle qui revit en un saint François d’Assise, en un saint Dominique, en un saint Benoît-Joseph Labre. C’est pourquoi ils ont été « le sel de la terre », « la lumière du monde », et leur maison bâtie, non pas sur le sable, mais sur le roc, a pu supporter toutes les tourmentes et n’a pas été renversée.
Et ces béatitudes, qui sont, comme le dit saint Thomas, les actes supérieurs des dons ou des vertus perfectionnées par les dons, dépassent la simple ascèse et sont d’ordre mystique. Ce qui conduit à dire que la pleine perfection de la vie chrétienne est normalement d’ordre mystique, c’est le prélude de la vie du ciel, où le chrétien sera « parfait comme le Père céleste est parfait », en le voyant comme Il se voit et en l’aimant comme Il s’aime.
Sainte Thérèse écrit : « Il faut, disent certains livres, être indifférent au mal qu’on dit de nous, se réjouir même plus que si l’on en disait du bien, on doit faire peu de cas de l’honneur, être très détaché de ses proches… et quantité d’autres choses du même genre. A mon avis ce sont là de purs dons de Dieu, ces biens sont surnaturels », c’est-à-dire ils dépassent la simple ascèse ou l’exercice des vertus selon notre propre activité ou industrie, ce sont des fruits d’une grande docilité aux inspirations du Saint-Esprit. Elle dit encore : « Si l’on a de l’amour des honneurs et des biens temporels, on aura beau avoir pratiqué pendant bien des années l’oraison, ou, pour mieux dire, la méditation, on n’avancera jamais beaucoup ; la parfaite oraison, au contraire, délivre de ces défauts. »
C’est dire que sans la parfaite oraison on n’arrivera pas à la pleine perfection de la vie chrétienne.
C’est ce que dit aussi l’auteur de l’Imitation, 1. III, ch. XXV, sur la véritable paix : « Si vous parvenez à un parfait mépris de vous-même, vous jouirez d’une paix aussi profonde qu’il est possible en cette vie d’exil. » Et c’est pourquoi, dans le même livre de l’Imitation, 1. III, ch. XXXI, le disciple demande la grâce supérieure de la contemplation : « J’ai besoin, Seigneur, d’une grâce plus grande, s’il me faut parvenir à cet état où nulle créature ne sera un lien pour moi… Il aspirait à cette liberté, celui qui disait : Qui me donnera des ailes comme à la colombe ? et je volerai et me reposerai (Ps. LIV, 7). Si l’on n’est entièrement dégagé de toute créature, on ne pourra librement appliquer son esprit aux choses divines. Et c’est pourquoi l’on trouve peu de contemplatifs, parce que peu savent se séparer entièrement des créatures périssables. Pour cela il faut une grâce puissante, qui soulève l’âme et la ravisse au-dessus d’elle-même. Tant que l’homme n’est pas ainsi élevé en esprit, dégagé des créatures et tout uni à Dieu, tout ce qu’il sait et tout ce qu’il a n’est pas d’un grand prix. » Ce chapitre de l’Imitation est à proprement parler d’ordre mystique, et il montre, que c’est là seulement que se trouve la vraie perfection de l’amour de Dieu.
Sainte Catherine de Sienne parle de même dans son "Dialogue". Et c’est, nous l’avons vu, l’enseignement même de Notre-Seigneur lorsqu’il nous prêche les béatitudes, telles surtout que les ont comprises saint Augustin et saint Thomas, comme les actes élevés des dons du Saint-Esprit ou des vertus perfectionnés par les dons. C’est là vraiment le plein développement normal de l’organisme spirituel ou de « la grâce des vertus et des dons".
Des philosophes ont pensé que le bonheur est dans la connaissance de la vérité, surtout de la vérité suprême. C’est ce qu’enseignèrent Platon et Aristote. Mais ils se préoccupaient assez peu de la pureté du cœur, et leur vie était sur plus d’un point en contradiction avec leur doctrine. Jésus nous dit : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Il ne dit pas : bienheureux ceux qui ont reçu une puissante intelligence, qui ont le loisir et les moyens de la cultiver, non, mais : bienheureux ceux qui ont le cœur pur, fussent-ils naturellement moins doués que beaucoup d’autres. S’ils ont le cœur pur, ils verront Dieu. Un cœur vraiment pur est comme l’eau limpide d’un lac où l’azur du ciel se reflète, ou comme un miroir spirituel où se reproduit l’image de Dieu.
Mais pour que le cœur soit vraiment pur, une généreuse mortification s’impose : « Si ton œil te scandalise, arrache-le ; si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la » (Matth., V, 29). Il faut particulièrement veiller à la pureté d’intention, ne pas faire l’aumône par ostentation, ne pas prier pour s’attirer l’estime des hommes ; mais ne chercher que l’approbation du « Père qui est dans le secret ». Alors se réalise la parole du Maître : « Si ton oeil est pur, tout ton corps sera dans la lumière » (Matth., VI, 22).
Dès ici-bas le chrétien en quelque sorte verra Dieu dans le prochain, même en des âmes qui d’abord semblent lui être opposées ; il le verra en un sens dans la sainte Écriture, dans la vie de l’Église, dans les circonstances dé sa propre vie, et jusque dans les épreuves, où il trouvera les leçons de choses de la Providence comme une application pratique de l’Évangile. Or c’est là, sous l’inspiration du don d’intelligence, la véritable contemplation qui nous dispose à celle par laquelle, à proprement parler, nous verrons Dieu face à face, sa bonté et sa beauté infinie ; alors tous nos désirs seront assouvis et nous serons comme enivrés d’un torrent de délices spirituelles.
Dès ici-bas cette contemplation de Dieu doit être féconde ; elle donne la paix, et une paix rayonnante, comme le dit la septième béatitude : Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés les enfants de Dieu. Cette béatitude, disent saint Augustin et saint Thomas, correspond au don de sagesse qui nous fait goûter les mystères du salut, et voir en quelque sorte toutes les choses en Dieu. Les inspirations du Saint-Esprit, auxquelles ce don nous rend dociles, nous manifestent peu à peu l’ordre admirable du plan providentiel, là même et parfois là surtout où nous avons été d’abord déconcertés, dans les choses pénibles et imprévues permises par Dieu pour un bien supérieur. Or on ne saurait entrevoir ainsi les desseins de la Providence, qui dirige notre vie, sans éprouver la paix, qui est la tranquillité de l’ordre.
Pour ne pas se laisser troubler par les événements pénibles et inattendus, pour tout recevoir de la main de Dieu, comme un moyen ou une occasion. d’aller à lui, il faut une grande docilité au Saint-Esprit, qui veut nous donner progressivement la contemplation des choses divines, condition de l’union à Dieu. C’est pour cela que nous avons reçu au baptême le don de sagesse, qui a grandi en nous par la confirmation et par la fréquente communion. Les inspirations du don de sagesse nous donnent une paix rayonnante, non seulement pour nous, mais pour le prochain ; elles font de nous des pacifiques ; elles nous aident à pacifier les âmes troublées, à aimer nos ennemis, à trouver les paroles de réconciliation qui font cesser les querelles. Cette paix, que le monde ne peut donner, est la marque des vrais enfants de Dieu, qui ne perdent pour ainsi dire jamais la pensée de leur Père du ciel. Saint Thomas dit même de ces béatitudes : « sunt quaedam inchoatio imperfecta futurae beatitudinis, elles sont comme le prélude de la béatitude future ».
Enfin, dans la huitième béatitude, la plus parfaite de toutes, Notre-Seigneur montre que tout ce qu’il vient de dire est grandement confirmé par l’épreuve supportée avec amour : Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. Il s’agit surtout des dernières épreuves, conditions de la sainteté.
Cette parole surprenante n’avait jamais été entendue. Non seulement elle promet le bonheur futur, mais elle dit qu’on doit s’estimer heureux au milieu même des afflictions et persécutions souffertes pour la justice. Béatitude toute surnaturelle qui n’est pratiquement comprise que par les âmes éclairées de Dieu. Il y a du reste bien des degrés dans cette béatitude, depuis le bon chrétien qui commence à souffrir pour avoir bien fait, obéi, donné le bon exemple, jusqu’au martyr qui meurt pour la foi. Cette béatitude s’applique à ceux qui, convertis à une vie meilleure, ne trouvent qu’opposition dans leur milieu ; elle s’applique aussi à l’apôtre dont l’action est entravée par ceux-là mêmes qu’il veut sauver, lorsqu’on ne lui pardonne pas d’avoir dit trop nettement la vérité évangélique. Des pays entiers endurent parfois cette persécution, telle la Vendée sous la Révolution française, à d’autres époques l’Arménie, la Pologne, le Mexique.
Cette béatitude est la plus parfaite parce qu’elle est celle de ceux qui sont le plus marqués à l’effigie de Jésus crucifié pour nous. Rester humble, doux, miséricordieux : au milieu de la persécution, à l’égard même des persécuteurs, et, dans cette tourmente, non seulement conserver la paix, mais la donner aux autres, c’est vraiment la pleine perfection de la vie chrétienne. Elle se réalise surtout dans les dernières épreuves que subissent les âmes parfaites que Dieu purifie en les faisant travailler au salut du prochain. Tous les saints n’ont pas été des martyrs, mais ils ont, à des degrés divers, souffert persécution pour la justice, et ils ont connu quelque chose de ce martyre du cœur qui a fait de Marie la Mère des douleurs.
Jésus insiste sur la récompense promise à ceux qui souffrent ainsi pour la justice : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. »
De cette parole est née dans l’âme des apôtres le désir du martyre, qui inspirait les sublimes paroles d’un saint André, d’un saint Ignace d’Antioche. C’est elle qui revit en un saint François d’Assise, en un saint Dominique, en un saint Benoît-Joseph Labre. C’est pourquoi ils ont été « le sel de la terre », « la lumière du monde », et leur maison bâtie, non pas sur le sable, mais sur le roc, a pu supporter toutes les tourmentes et n’a pas été renversée.
Et ces béatitudes, qui sont, comme le dit saint Thomas, les actes supérieurs des dons ou des vertus perfectionnées par les dons, dépassent la simple ascèse et sont d’ordre mystique. Ce qui conduit à dire que la pleine perfection de la vie chrétienne est normalement d’ordre mystique, c’est le prélude de la vie du ciel, où le chrétien sera « parfait comme le Père céleste est parfait », en le voyant comme Il se voit et en l’aimant comme Il s’aime.
Sainte Thérèse écrit : « Il faut, disent certains livres, être indifférent au mal qu’on dit de nous, se réjouir même plus que si l’on en disait du bien, on doit faire peu de cas de l’honneur, être très détaché de ses proches… et quantité d’autres choses du même genre. A mon avis ce sont là de purs dons de Dieu, ces biens sont surnaturels », c’est-à-dire ils dépassent la simple ascèse ou l’exercice des vertus selon notre propre activité ou industrie, ce sont des fruits d’une grande docilité aux inspirations du Saint-Esprit. Elle dit encore : « Si l’on a de l’amour des honneurs et des biens temporels, on aura beau avoir pratiqué pendant bien des années l’oraison, ou, pour mieux dire, la méditation, on n’avancera jamais beaucoup ; la parfaite oraison, au contraire, délivre de ces défauts. »
C’est dire que sans la parfaite oraison on n’arrivera pas à la pleine perfection de la vie chrétienne.
C’est ce que dit aussi l’auteur de l’Imitation, 1. III, ch. XXV, sur la véritable paix : « Si vous parvenez à un parfait mépris de vous-même, vous jouirez d’une paix aussi profonde qu’il est possible en cette vie d’exil. » Et c’est pourquoi, dans le même livre de l’Imitation, 1. III, ch. XXXI, le disciple demande la grâce supérieure de la contemplation : « J’ai besoin, Seigneur, d’une grâce plus grande, s’il me faut parvenir à cet état où nulle créature ne sera un lien pour moi… Il aspirait à cette liberté, celui qui disait : Qui me donnera des ailes comme à la colombe ? et je volerai et me reposerai (Ps. LIV, 7). Si l’on n’est entièrement dégagé de toute créature, on ne pourra librement appliquer son esprit aux choses divines. Et c’est pourquoi l’on trouve peu de contemplatifs, parce que peu savent se séparer entièrement des créatures périssables. Pour cela il faut une grâce puissante, qui soulève l’âme et la ravisse au-dessus d’elle-même. Tant que l’homme n’est pas ainsi élevé en esprit, dégagé des créatures et tout uni à Dieu, tout ce qu’il sait et tout ce qu’il a n’est pas d’un grand prix. » Ce chapitre de l’Imitation est à proprement parler d’ordre mystique, et il montre, que c’est là seulement que se trouve la vraie perfection de l’amour de Dieu.
Sainte Catherine de Sienne parle de même dans son "Dialogue". Et c’est, nous l’avons vu, l’enseignement même de Notre-Seigneur lorsqu’il nous prêche les béatitudes, telles surtout que les ont comprises saint Augustin et saint Thomas, comme les actes élevés des dons du Saint-Esprit ou des vertus perfectionnés par les dons. C’est là vraiment le plein développement normal de l’organisme spirituel ou de « la grâce des vertus et des dons".
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Centre de mystique chrétienne et spiritualité chrétienne de Renne - France. )Fondateur Serge Lanoë, Catholique, licencié en théologie, à l'école des saints du Carmel depuis 1994.)
Introduction au Cantique des Cantiques
Les lectures du Cantique des cantiques
Une partie de la tradition juive voit dans le Cantique la célébration de l’Alliance entre Dieu et Son peuple, Israël. D’autres y voient un écrit pascal.
La tradition chrétienne y voit le mystère de l’union du Christ et de l’Église, Son Épouse. Elle y voit aussi la mise en scène de la relation de l’âme du croyant et de Dieu dans une dimension mystique.
L’heure n’est plus à la lecture allégorique qui souvent reste en surface du texte et est même parfois spécieuse.
L’allégorie utilise des figures en remplaçant, de façon parfois un peu lâche, une figure par une autre figure ou une expression d’idée, une abstraction par une histoire ou une image.
L’heure est plutôt à la lecture symbolique : le symbole étant vu comme une métaphore qui unit deux niveaux de réalité (le sens littéral et un sens profond et éventuellement mystique).
La métaphore est, en effet, une analogie entre deux réalités, mais qui conduit à un rapport non conventionnel de celles-ci.
Dans le Cantique, il est question de l’amour d’un homme et d’une femme qui renvoie symboliquement (et non allégoriquement) à l’histoire de la Bien-Aimée et du Bien-Aimé : Dieu étant le Bien-Aimé et la Bien-Aimée, suivant le cas où l’on se place, Israël, l’Église ou l’âme du croyant.
Mouvement du Cantique
Le début du Cantique déclare sans équivoque que la Bien-Aimée est devenue l’Épouse, qu’elle a accédé au mariage spirituel.
Alors, comment lire la suite du Cantique ?
une anamnèse du chemin parcouru jusqu’au mariage spirituel ?
la description de ce qui se vit dans et après le mariage spirituel ?
Beaucoup d’auteurs dont St Jean de La Croix, dans son Cantique Spirituel en particulier, ont choisi la première piste : une montée graduelle qui culmine dans le mariage spirituel.
Quant à nous, nous ferons nôtre la seconde piste. Là, le Cantique apparaît irremplaçable : en effet, il y a très peu d’écrits qui traitent de ce sujet, c’est-à-dire qui parlent aussi clairement du mariage spirituel et comment la vie continue après dans ce monde pour l’Épouse.
Non, il ne faut pas se décourager si nous n’en sommes pas là. L’Épouse vit simplement le Royaume de Dieu : elle nous invite à se mettre à sa suite - et donc à la suite de Jésus - et à vivre aussi le Royaume et du Royaume, car c’est la vocation de tout chrétien. Là, l’Épouse est mère et éducatrice, car elle nous donne les clés du Royaume et comment le vivre en plénitude !
Texte retenu
On a retenu le texte de la Bible de Jérusalem - adapté çà et là - et le découpage du texte qu’elle propose : un titre, un prologue, cinq poèmes, un épilogue et des appendices.
Un sens du Cantique des Cantiques
Le Cantique des Cantiques comprend donc sept parties si on ne compte pas les appendices : le prologue, les cinq poèmes et l’épilogue.
On peut voir dans ce découpage et cette composition une analogie avec les sept jours de la Création dans la Genèse. Ici, cependant, il ne s’agit pas de Création, mais de Re-Création : celle de la Bien-Aimée, de l’Épouse du Cantique des Cantiques par et au contact du Bien-Aimé lui-même. L’ancienne Création s’en est allée et l’on est en présence de la Création nouvelle qu’est devenue la Bien-Aimée.
Il est question de l’union entre la Bien-Aimée et le Bien-Aimé
Le Cantique des Cantique apparaît être un hologramme. Chacune des ses parties est à elle seule un résumé de tout le Cantique des Cantiques ; chacun des « jours » du Cantique est une modalité de l’union tandis que l’union est une et toujours nouvelle :
* Prologue : mariage spirituel ;
* Premier poème : initiation majeure au vin céleste et son prolongement dans le Sacrement ;
* Deuxième poème : naissance en Dieu ;
* Troisième poème : le lien entre l’Époux et l’Épouse est proclamé aux yeux de tous et est ensuite fêté dans un banquet à vocation universelle ;
* Quatrième poème : légère hésitation de la Bien-Aimée à ouvrir au Bien-Aimé qui l’amènera à savoir où paît son Bien-Aimé : dans son jardin ;
* Cinquième poème : la Bien-Aimée a vécu quelque chose d’important pour elle qui est resté obscur pour nous : c’est le Secret du Roi. Elle célèbre le temps de la Récolte ;
* Épilogue : la Bien-Aimée demande au Bien-Aimé de la poser comme un sceau sur Lui : ce geste symbolise l’union absolue.
Enfin, dans les appendices, la Bien-Aimée pose l’affirmation d’elle-même par trois fois face à ses frères, à Salomon et aussi au Bien-Aimé (inspiré de Jacques Gazeaux) : l’amour n’est pas fusion et ne conduit pas à la fusion.
Naturellement, on peut aussi faire cette lecture plus classique du Cantique des Cantiques si on le considère comme un chemin qui mène au mariage spirituel :
* Prologue : entrée dans le Château de l’âme (le Château du Roi) ;
* Premier poème : rencontre eucharistique de Jésus et son prolongement dans le Sacrement ;
* Deuxième poème : nouvelle naissance ;
* Troisième poème : le lien d’amour entre Dieu et l’âme est proclamé aux yeux de tous et Dieu invite à Son Festin de fête ;
* Quatrième poème : heureuse hésitation de l’âme qui tarde à ouvrir à Dieu et qui sait ensuite que Dieu réside en elle-même ;
* Cinquième poème : l’âme accède au mariage spirituel : c’est le temps de la récolte ;
* Épilogue : l’âme demande à Dieu de la poser comme un sceau sur Lui : ce geste symbolise l’union absolue.
Méthode
Le commentaire du Cantique présenté ici est effectué verset par verset (ou par groupe de versets) et se déploie suivant deux axes :
* un premier commentaire près du texte ou assez proche du texte du Cantique ;
* un second commentaire de nature mystique ou spirituelle dans un cadre chrétien. Ce commentaire est situé après le premier commentaire et est en italique.
Introduction au Cantique des Cantiques
Les lectures du Cantique des cantiques
Une partie de la tradition juive voit dans le Cantique la célébration de l’Alliance entre Dieu et Son peuple, Israël. D’autres y voient un écrit pascal.
La tradition chrétienne y voit le mystère de l’union du Christ et de l’Église, Son Épouse. Elle y voit aussi la mise en scène de la relation de l’âme du croyant et de Dieu dans une dimension mystique.
L’heure n’est plus à la lecture allégorique qui souvent reste en surface du texte et est même parfois spécieuse.
L’allégorie utilise des figures en remplaçant, de façon parfois un peu lâche, une figure par une autre figure ou une expression d’idée, une abstraction par une histoire ou une image.
L’heure est plutôt à la lecture symbolique : le symbole étant vu comme une métaphore qui unit deux niveaux de réalité (le sens littéral et un sens profond et éventuellement mystique).
La métaphore est, en effet, une analogie entre deux réalités, mais qui conduit à un rapport non conventionnel de celles-ci.
Dans le Cantique, il est question de l’amour d’un homme et d’une femme qui renvoie symboliquement (et non allégoriquement) à l’histoire de la Bien-Aimée et du Bien-Aimé : Dieu étant le Bien-Aimé et la Bien-Aimée, suivant le cas où l’on se place, Israël, l’Église ou l’âme du croyant.
Mouvement du Cantique
Le début du Cantique déclare sans équivoque que la Bien-Aimée est devenue l’Épouse, qu’elle a accédé au mariage spirituel.
Alors, comment lire la suite du Cantique ?
une anamnèse du chemin parcouru jusqu’au mariage spirituel ?
la description de ce qui se vit dans et après le mariage spirituel ?
Beaucoup d’auteurs dont St Jean de La Croix, dans son Cantique Spirituel en particulier, ont choisi la première piste : une montée graduelle qui culmine dans le mariage spirituel.
Quant à nous, nous ferons nôtre la seconde piste. Là, le Cantique apparaît irremplaçable : en effet, il y a très peu d’écrits qui traitent de ce sujet, c’est-à-dire qui parlent aussi clairement du mariage spirituel et comment la vie continue après dans ce monde pour l’Épouse.
Non, il ne faut pas se décourager si nous n’en sommes pas là. L’Épouse vit simplement le Royaume de Dieu : elle nous invite à se mettre à sa suite - et donc à la suite de Jésus - et à vivre aussi le Royaume et du Royaume, car c’est la vocation de tout chrétien. Là, l’Épouse est mère et éducatrice, car elle nous donne les clés du Royaume et comment le vivre en plénitude !
Texte retenu
On a retenu le texte de la Bible de Jérusalem - adapté çà et là - et le découpage du texte qu’elle propose : un titre, un prologue, cinq poèmes, un épilogue et des appendices.
Un sens du Cantique des Cantiques
Le Cantique des Cantiques comprend donc sept parties si on ne compte pas les appendices : le prologue, les cinq poèmes et l’épilogue.
On peut voir dans ce découpage et cette composition une analogie avec les sept jours de la Création dans la Genèse. Ici, cependant, il ne s’agit pas de Création, mais de Re-Création : celle de la Bien-Aimée, de l’Épouse du Cantique des Cantiques par et au contact du Bien-Aimé lui-même. L’ancienne Création s’en est allée et l’on est en présence de la Création nouvelle qu’est devenue la Bien-Aimée.
Il est question de l’union entre la Bien-Aimée et le Bien-Aimé
Le Cantique des Cantique apparaît être un hologramme. Chacune des ses parties est à elle seule un résumé de tout le Cantique des Cantiques ; chacun des « jours » du Cantique est une modalité de l’union tandis que l’union est une et toujours nouvelle :
* Prologue : mariage spirituel ;
* Premier poème : initiation majeure au vin céleste et son prolongement dans le Sacrement ;
* Deuxième poème : naissance en Dieu ;
* Troisième poème : le lien entre l’Époux et l’Épouse est proclamé aux yeux de tous et est ensuite fêté dans un banquet à vocation universelle ;
* Quatrième poème : légère hésitation de la Bien-Aimée à ouvrir au Bien-Aimé qui l’amènera à savoir où paît son Bien-Aimé : dans son jardin ;
* Cinquième poème : la Bien-Aimée a vécu quelque chose d’important pour elle qui est resté obscur pour nous : c’est le Secret du Roi. Elle célèbre le temps de la Récolte ;
* Épilogue : la Bien-Aimée demande au Bien-Aimé de la poser comme un sceau sur Lui : ce geste symbolise l’union absolue.
Enfin, dans les appendices, la Bien-Aimée pose l’affirmation d’elle-même par trois fois face à ses frères, à Salomon et aussi au Bien-Aimé (inspiré de Jacques Gazeaux) : l’amour n’est pas fusion et ne conduit pas à la fusion.
Naturellement, on peut aussi faire cette lecture plus classique du Cantique des Cantiques si on le considère comme un chemin qui mène au mariage spirituel :
* Prologue : entrée dans le Château de l’âme (le Château du Roi) ;
* Premier poème : rencontre eucharistique de Jésus et son prolongement dans le Sacrement ;
* Deuxième poème : nouvelle naissance ;
* Troisième poème : le lien d’amour entre Dieu et l’âme est proclamé aux yeux de tous et Dieu invite à Son Festin de fête ;
* Quatrième poème : heureuse hésitation de l’âme qui tarde à ouvrir à Dieu et qui sait ensuite que Dieu réside en elle-même ;
* Cinquième poème : l’âme accède au mariage spirituel : c’est le temps de la récolte ;
* Épilogue : l’âme demande à Dieu de la poser comme un sceau sur Lui : ce geste symbolise l’union absolue.
Méthode
Le commentaire du Cantique présenté ici est effectué verset par verset (ou par groupe de versets) et se déploie suivant deux axes :
* un premier commentaire près du texte ou assez proche du texte du Cantique ;
* un second commentaire de nature mystique ou spirituelle dans un cadre chrétien. Ce commentaire est situé après le premier commentaire et est en italique.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Titre et prologue
Alliances
Ct 1, 1 : Le Cantique des cantiques, lequel est de Salomon.
Cantique des Cantiques est un superlatif pour Chant des Chants ou Poème des Poèmes.
N’est-ce pas le Chant le plus beau que celui qui chante l’aspect suprême de l’amour, l’amour par excellence ! A l’image de Salomon, ce Chant est plein de Sagesse même s’il chante un amour fou.
L’âme dit que ce Cantique est attribué à Salomon, roi d’Israël. Elle y voit une figure de la royauté de son Dieu. Comme les psaumes, ce chant lui a été donné par son Dieu : c’est son chant à elle, le chant de son amour, le chant nouveau dont parle l’Apocalypse. Ici, la folie de l’amour s’exprime dans la Sagesse du dit.
Ct 1, 2a : Qu’il me baise des baisers de sa bouche.
Elle Le connaît déjà : c’est ce qui surgit dès le début du Poème.
Nous avons ici une indication : pour tirer un meilleur profit de la lecture du Cantiques des Cantiques, il faut avoir déjà une certaine connaissance de Dieu et de Sa Parole. Sinon on risque de passer à côté ou à tout le moins de ne pas en goûter véritablement le suc.
Ainsi donc, elle ne prend même pas la peine de Le présenter. Mais, ici, le contexte apparaît immédiatement : elle et Lui, la Bien-Aimée et le Bien-Aimé.
Le baiser est un moment d’intimité. Mais, la Bien-Aimée proclame sa requête et son désir : elle montre ainsi à tous qu’elle a été choisie, qu’elle a été élue par le Bien-Aimé. Le baiser est une façon de sceller l’amour et la Bien-Aimée le sait. Elle demande la proximité physique du Bien-Aimé et le contact des corps.
Cette demande de scellement de l’amour qui inaugure le Cantique des Cantiques est aussi celle de l’âme : se savoir élue par le Bien-Aimé et être digne de ses baisers.
Oui, l’âme qui cherche Dieu est toute énamourée. Elle est hors d’elle-même et cherche un moyen d’apaiser son désir : les baisers de son Bien-Aimé que sont ses touches et ses venues dans l’âme. Elle lui demande donc de venir en elle en un contact substantiel. Elle célèbre aussi le moment éternel de l’amour trinitaire qu’est le baiser du Père et du Fils dans l’Esprit et auquel elle pourra participer en tant que fils dans le Fils.
Ct 1, 2b : Tes amours sont plus délicieuses que le vin.
La Bien-Aimée a pu connaître la joie, la réjouissance que donne le vin et peut-être même une légère ivresse qui l’a transportée. Mais cela n’est rien à côté de l’amour que lui procure le Bien-Aimé. De tout ce qu’elle a pu connaître, la Bien-Aimée reconnaît que cela est surpassé par cet amour.
Pour l’âme, certes, il y a eu la Rédemption avec le sang versé qui est une oeuvre admirable. Mais la divinisation qui en est le fruit a encore un goût meilleur pour l’âme : tes amours sont la donation des donations que Tu as scellée par ton sang. L’âme dit encore que le créé (et même le vin des faveurs spirituelles) n’est rien à côté de l’amour de son Dieu.
Ct 1, 3 : L’arôme de tes parfums est exquis ;
ton nom est une huile qui s’épanche,
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
La Bien-Aimée a parlé du vin surpassé par l’amour. Mais elle indique ici que l’huile parfumée est comparable à cet amour. Pourquoi ? Parce que le nom du Bien-Aimé est semblable à une huile qui est pleine de douceur et d’arôme. Et son parfum se diffuse et il fait la renommée du Bien-Aimé.
Au sens fort, le nom représente la personne elle-même : il n’est pas qu’un son, une dénomination. La Bien-Aimée compare ce nom à une huile parfumée qui jaillit : le Bien-Aimé est comme un huile qui oint, parfume et pénètre la peau de la Bien-Aimée.
Avec un parfum aussi exquis, il n’est pas étonnant dès lors que tous viennent attirés par le parfum du Bien-Aimé.
L’âme voit ici l’action de l’Esprit dans l’huile et Sa présence qui pointe vers le Nom de Dieu. L’Esprit est ainsi une huile qui jaillit de Dieu et qui a une bonne odeur celle de la Sainteté, bonne odeur qui se communique à la Bien-Aimée. Ainsi, dans son amour du Bien-Aimé, la Bien-Aimée rencontre aussi l’Esprit. L’âme dit aussi que le Bien qu’est Dieu se diffuse et s‘épanche et qu’Il se révèle et se fait connaître.
C’est inévitable, les parfums de Dieu attirent l’âme et toutes ses compagnes : Dieu a su se faire irrésistible. La Bien-Aimée est certes choisie, mais elle a une multitude de soeurs : l’amour de Dieu est offert à tous.
Ct 1, 4 : Entraîne-moi sur tes pas, courons !
Le roi m’a introduite en ses appartements ;
tu seras notre joie et notre allégresse.
Nous célébrerons tes amours plus que le vin ;
comme on a raison de t’aimer !
Ce verset comme nous allons le voir résume à lui seul tout le Cantique.
« Entraîne-moi sur tes pas ! » : le désir de la Bien-Aimée est de se mettre en marche vers Le Bien-Aimé. Mais elle ne le peut pas par ses propres forces si elle n’était précédée par le Bien-Aimé, lui-même, qui l’entraîne. Alors la Bien-Aimée va pouvoir mettre ses pas dans les pas du Bien-Aimé qui lui fraye la route.
« Courons ! » : La Bien-Aimée se hâte et déclare son désir de rejoindre le Bien-Aimé, elle interpelle peut-être même ses compagnes. Elle court enfin avec le Bien-Aimé, lui-même, vers le but qu’Il lui propose : le couronnement de son amour. La course, la quête sont commencées et se déploieront dans la suite du Cantique.
« Le roi m’a introduite en ses appartements » : ici, la Bien-Aimée est arrivée au but : elle est introduite dans les appartements du Roi, Il fait accéder à son domaine privé. L’amour de la Bien-Aimée est couronné : elle est arrivée au mariage, elle vit le mariage !
« tu seras notre joie et notre allégresse » : c’est le Bien-Aimé qui parle : Il partage Sa joie avec Ses amis et Ses compagnons, la joie d’avoir maintenant une Épouse qui Le comble et en laquelle Il trouve tous Ses délices.
« Nous célébrerons tes amours plus que le vin ; comme on a raison de t’aimer ! » : ce verset reprend les versets Ct 1,2b et Ct 1,3c. La Bien-Aimée à son tour parle : c’est le temps de la consommation de l’amour, de la célébration de l’amour et du mariage. Ici, tous sont appelés à vivre cet amour.
L’âme sent ses limites pour aller vers l’Infini de l’amour. Elle demande à Dieu de l’introduire dans la passivité afin qu’elle puisse marcher à la suite de Jésus, son Bien-Aimé, et L’atteindre. L’âme est empressée, elle court, elle veut voler vers le Bien-Aimé. Elle sait que ne lui sera pas refusée l’entrée dans le cœur de Dieu. Alors, Dieu l’introduit dans ses appartements.
Comment ne pas penser ici aux Demeures de Thérèse d’Avila où Dieu aide l’âme à progresser dans le Château de l’âme de demeure en demeure jusqu’à la chambre secrète où se réalise l’union par amour. Là, au cœur du Château de l’âme, dans la dernière demeure, l’âme fait la joie et les délices de son Dieu. Et, là, Dieu lui-même, comme le proclame l’âme, fait la joie et les délices de l’âme en toute réciprocité. La joie de l’âme, c’est aussi, comme elle le souligne, qu’elle n’est pas la seule à faire cette expérience de l’amour (il y a d’autres « je » pour un même « Tu divin ») : l’amour est communion, l’âme y participe et tous le peuvent aussi.
Alliances
Ct 1, 1 : Le Cantique des cantiques, lequel est de Salomon.
Cantique des Cantiques est un superlatif pour Chant des Chants ou Poème des Poèmes.
N’est-ce pas le Chant le plus beau que celui qui chante l’aspect suprême de l’amour, l’amour par excellence ! A l’image de Salomon, ce Chant est plein de Sagesse même s’il chante un amour fou.
L’âme dit que ce Cantique est attribué à Salomon, roi d’Israël. Elle y voit une figure de la royauté de son Dieu. Comme les psaumes, ce chant lui a été donné par son Dieu : c’est son chant à elle, le chant de son amour, le chant nouveau dont parle l’Apocalypse. Ici, la folie de l’amour s’exprime dans la Sagesse du dit.
Ct 1, 2a : Qu’il me baise des baisers de sa bouche.
Elle Le connaît déjà : c’est ce qui surgit dès le début du Poème.
Nous avons ici une indication : pour tirer un meilleur profit de la lecture du Cantiques des Cantiques, il faut avoir déjà une certaine connaissance de Dieu et de Sa Parole. Sinon on risque de passer à côté ou à tout le moins de ne pas en goûter véritablement le suc.
Ainsi donc, elle ne prend même pas la peine de Le présenter. Mais, ici, le contexte apparaît immédiatement : elle et Lui, la Bien-Aimée et le Bien-Aimé.
Le baiser est un moment d’intimité. Mais, la Bien-Aimée proclame sa requête et son désir : elle montre ainsi à tous qu’elle a été choisie, qu’elle a été élue par le Bien-Aimé. Le baiser est une façon de sceller l’amour et la Bien-Aimée le sait. Elle demande la proximité physique du Bien-Aimé et le contact des corps.
Cette demande de scellement de l’amour qui inaugure le Cantique des Cantiques est aussi celle de l’âme : se savoir élue par le Bien-Aimé et être digne de ses baisers.
Oui, l’âme qui cherche Dieu est toute énamourée. Elle est hors d’elle-même et cherche un moyen d’apaiser son désir : les baisers de son Bien-Aimé que sont ses touches et ses venues dans l’âme. Elle lui demande donc de venir en elle en un contact substantiel. Elle célèbre aussi le moment éternel de l’amour trinitaire qu’est le baiser du Père et du Fils dans l’Esprit et auquel elle pourra participer en tant que fils dans le Fils.
Ct 1, 2b : Tes amours sont plus délicieuses que le vin.
La Bien-Aimée a pu connaître la joie, la réjouissance que donne le vin et peut-être même une légère ivresse qui l’a transportée. Mais cela n’est rien à côté de l’amour que lui procure le Bien-Aimé. De tout ce qu’elle a pu connaître, la Bien-Aimée reconnaît que cela est surpassé par cet amour.
Pour l’âme, certes, il y a eu la Rédemption avec le sang versé qui est une oeuvre admirable. Mais la divinisation qui en est le fruit a encore un goût meilleur pour l’âme : tes amours sont la donation des donations que Tu as scellée par ton sang. L’âme dit encore que le créé (et même le vin des faveurs spirituelles) n’est rien à côté de l’amour de son Dieu.
Ct 1, 3 : L’arôme de tes parfums est exquis ;
ton nom est une huile qui s’épanche,
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
La Bien-Aimée a parlé du vin surpassé par l’amour. Mais elle indique ici que l’huile parfumée est comparable à cet amour. Pourquoi ? Parce que le nom du Bien-Aimé est semblable à une huile qui est pleine de douceur et d’arôme. Et son parfum se diffuse et il fait la renommée du Bien-Aimé.
Au sens fort, le nom représente la personne elle-même : il n’est pas qu’un son, une dénomination. La Bien-Aimée compare ce nom à une huile parfumée qui jaillit : le Bien-Aimé est comme un huile qui oint, parfume et pénètre la peau de la Bien-Aimée.
Avec un parfum aussi exquis, il n’est pas étonnant dès lors que tous viennent attirés par le parfum du Bien-Aimé.
L’âme voit ici l’action de l’Esprit dans l’huile et Sa présence qui pointe vers le Nom de Dieu. L’Esprit est ainsi une huile qui jaillit de Dieu et qui a une bonne odeur celle de la Sainteté, bonne odeur qui se communique à la Bien-Aimée. Ainsi, dans son amour du Bien-Aimé, la Bien-Aimée rencontre aussi l’Esprit. L’âme dit aussi que le Bien qu’est Dieu se diffuse et s‘épanche et qu’Il se révèle et se fait connaître.
C’est inévitable, les parfums de Dieu attirent l’âme et toutes ses compagnes : Dieu a su se faire irrésistible. La Bien-Aimée est certes choisie, mais elle a une multitude de soeurs : l’amour de Dieu est offert à tous.
Ct 1, 4 : Entraîne-moi sur tes pas, courons !
Le roi m’a introduite en ses appartements ;
tu seras notre joie et notre allégresse.
Nous célébrerons tes amours plus que le vin ;
comme on a raison de t’aimer !
Ce verset comme nous allons le voir résume à lui seul tout le Cantique.
« Entraîne-moi sur tes pas ! » : le désir de la Bien-Aimée est de se mettre en marche vers Le Bien-Aimé. Mais elle ne le peut pas par ses propres forces si elle n’était précédée par le Bien-Aimé, lui-même, qui l’entraîne. Alors la Bien-Aimée va pouvoir mettre ses pas dans les pas du Bien-Aimé qui lui fraye la route.
« Courons ! » : La Bien-Aimée se hâte et déclare son désir de rejoindre le Bien-Aimé, elle interpelle peut-être même ses compagnes. Elle court enfin avec le Bien-Aimé, lui-même, vers le but qu’Il lui propose : le couronnement de son amour. La course, la quête sont commencées et se déploieront dans la suite du Cantique.
« Le roi m’a introduite en ses appartements » : ici, la Bien-Aimée est arrivée au but : elle est introduite dans les appartements du Roi, Il fait accéder à son domaine privé. L’amour de la Bien-Aimée est couronné : elle est arrivée au mariage, elle vit le mariage !
« tu seras notre joie et notre allégresse » : c’est le Bien-Aimé qui parle : Il partage Sa joie avec Ses amis et Ses compagnons, la joie d’avoir maintenant une Épouse qui Le comble et en laquelle Il trouve tous Ses délices.
« Nous célébrerons tes amours plus que le vin ; comme on a raison de t’aimer ! » : ce verset reprend les versets Ct 1,2b et Ct 1,3c. La Bien-Aimée à son tour parle : c’est le temps de la consommation de l’amour, de la célébration de l’amour et du mariage. Ici, tous sont appelés à vivre cet amour.
L’âme sent ses limites pour aller vers l’Infini de l’amour. Elle demande à Dieu de l’introduire dans la passivité afin qu’elle puisse marcher à la suite de Jésus, son Bien-Aimé, et L’atteindre. L’âme est empressée, elle court, elle veut voler vers le Bien-Aimé. Elle sait que ne lui sera pas refusée l’entrée dans le cœur de Dieu. Alors, Dieu l’introduit dans ses appartements.
Comment ne pas penser ici aux Demeures de Thérèse d’Avila où Dieu aide l’âme à progresser dans le Château de l’âme de demeure en demeure jusqu’à la chambre secrète où se réalise l’union par amour. Là, au cœur du Château de l’âme, dans la dernière demeure, l’âme fait la joie et les délices de son Dieu. Et, là, Dieu lui-même, comme le proclame l’âme, fait la joie et les délices de l’âme en toute réciprocité. La joie de l’âme, c’est aussi, comme elle le souligne, qu’elle n’est pas la seule à faire cette expérience de l’amour (il y a d’autres « je » pour un même « Tu divin ») : l’amour est communion, l’âme y participe et tous le peuvent aussi.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
PREMIER POÈME
Ct 1, 5 : Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, comme les tentures de Salomon.
La Bien-Aimée se présente à tous en vérité : elle est « noire et pourtant belle ». De sa fréquentation du Bien-Aimé, elle a appris l’humilité. Elle est noire parce qu’elle a été exposée au soleil de la vie mais aussi au Soleil de son Bien-Aimé qui l’a brunie. Elle se sait belle parce qu’elle est la Bien-Aimée et parce que le regard du Bien-Aimé l’a revêtue de Beauté et la voit dans sa Beauté.
Noire, donc, comme les tentes de Qédar, qui sont faites de peaux de chèvres noires.
Belle, donc, comme les tentures de Salomon, somptueuses, qui sont du palais du roi et aussi présentes dans le Temple. La Bien-Aimée se trouve revêtue de ce qui concourt à la Beauté du Bien-Aimé, de la Beauté même du Bien-Aimé.
La Bien-Aimée porte en elle-même un contraste : c’est peut-être ce qui la rend mystérieuse et attirante ce qui a pu motiver le choix du Bien-Aimé.
L’âme a baroudé : elle a vécu mais elle a expérimenté l’amour miséricordieux de Dieu à de maintes reprises. Elle se sait revêtue de Beauté, car elle sait qu’elle est aimée de Dieu et qu’elle a aussi du prix à Ses yeux. Elle est belle de la Beauté de l’Ancien Testament (les tentes de Qédar : la Tente de la rencontre) et de la Beauté du Nouveau Testament (les tentures de Salomon : le Rideau du Temple qui se déchire lors de la mort de Jésus).
Ct 1, 6a : Ne prenez pas garde à mon teint basané : c’est le soleil qui m’a brûlée.
Ce qui a brûlé la Bien-Aimée, c’est d’abord le Soleil de son Bien-Aimé mais aussi le soleil de la vie. Certes cela peut interroger et avoir diminué sa Beauté, on pourrait le croire. Mais, la Bien-Aimée en est fière : elle porte les marques de son exposition à l’amour, au Bien-Aimé.
L’âme a été brûlée au Soleil de Dieu et au soleil de la vie : elle ne compte plus ses tribulations, les miséricordes dont elle a bénéficié, son ascèse, ses purifications actives et passives. Son teint, c’est le résultat du travail de Dieu en elle et sur elle : c’est sa fierté, ce sont ses stigmates qui la font ressembler à son Bien-Aimé, Jésus.
Ct 1, 6b : Les fils de ma mère se sont emportés contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes.
Les frères, gardiens de la Bien-Aimée, sont peut-être inquiets de son histoire d’Amour avec le Bien-Aimé. Alors, ils l’occupent : ils la mettent à garder les vignes.
L’âme toute énamourée de Dieu inquiète souvent ses proches et ses amis par la radicalité de son amour. Alors, on s’étonne : on lui propose autre chose, des dérivatifs.
Ct 1, 6c : Ma vigne à moi, je ne l’avais pas gardée !
La vigne de la Bien-Aimée, c’est son jardin qui a été planté par Dieu . La Bien-Aimée se rappelle : autrefois, elle n’en a pas pris soin, elle l’a laissée à l’abandon. Elle en porte la responsabilité.
L’âme voit son incurie : non, elle n’a pas toujours entretenu, sarclé et arrosé son âme, le jardin du Bien-Aimé afin que ce dernier puisse en cueillir les fruits et les fleurs, le temps venu. Elle n’a pas non plus pris soin de sa clôture.
L’âme regrette son attitude, mais elle sait aussi qu’elle parle au passé. Mais peut-être aussi ne lui avait-on pas appris à prendre soin de sa vigne : car aimer est un chemin ! Maintenant qu’elle aime, elle peut étendre son jardin aux dimensions du monde et en prendre soin dans ses actes et dans l’oraison.
Ct 1, 7ab : Dis-moi donc, toi que mon cœur aime : Où mèneras-tu paître le troupeau, où le mettras-tu au repos, à l’heure de midi ?
La Bien-Aimée s’adresse à celui qu’elle aime, au Bien-Aimé. Elle est la Bien-Aimée, mais elle avoue qu’elle ne connaît pas tout de son Bien-Aimé, de ses habitudes et de ses activités. Son désir est de Le rejoindre quand Il sort de son palais et la quitte. Car le Bien-Aimé est un Roi, le Berger de Son Peuple : il fait paître Son peuple dans la Paix. La Bien-Aimée ne sait pas où est le pâturage et elle aimerait le savoir pour partager le Repos auprès de Lui. Alors, à midi, culmination du jour, la Bien-Aimée pourra à nouveau vivre dans la pleine clarté de l’amour du Bien-Aimé.
L’âme est certes la Bien-Aimée. Mais elle est dépassée par la grandeur de Dieu : ce qu’elle connaît de Lui est limité. Son désir est ainsi de connaître de mieux en mieux son Bien-Aimé pour enfin arriver à la claire vision de midi. Car, là, le Bien-Aimé mène les siens, les élus et la Bien-Aimée veut être aussi là, avec eux.
Ct 1, 7c : Pour que je n’erre plus en vagabonde, près des troupeaux de tes compagnons.
Ainsi, quoique Bien-Aimée, la Bien-Aimée apparait toujours en quête, car le Bien-Aimé l’a quittée pour faire paître Son troupeau. Elle se perd près des différents troupeaux des compagnons et des amis du Bien-Aimé. Mais elle ne Le trouve pas. Alors, elle erre en vagabonde et espère que cela va enfin cesser, qu’elle va trouver le Repos auprès du Bien-Aimé.
L’âme est toujours en quête après le Bien-Aimé, parti paître Son troupeau. Elle vit une forme d’exil loin du troupeau de Son Bien-Aimé dont elle-même fait partie. Elle n’a pas encore rejoint le troupeau : dans sa course, elle rencontre d’autres troupeaux (d’autres religions, d‘autres spiritualités, d’autres philosophies) : ils sont pas le bon troupeau. Elle est vraiment éperdue d’amour et elle cherche le Repos près du Bien-Aimé alors même qu’Ils ne sont plus dans la chambre nuptiale.
Ct 1, 8 : Si tu l’ignores, ô la plus belle des femmes, suis les traces du troupeau, et mène paître tes chevreaux près de la demeure des bergers.
La Bien-Aimée trouve des alliés dans sa quête. On la reconnaît (elle est la plus belle des femmes) et on la renseigne. Pourquoi ne suivrait-elle pas les traces du troupeau du Bien-Aimé et n’irait-elle pas vers Sa cabane de berger, le lieu de Son autre demeure, plus humble que Son palais ? La Bien-Aimée elle-même a son petit troupeau (ses compagnes) et elle peut le mener ainsi jusqu’au troupeau du Bien-Aimé.
Jésus est sorti du sein du Père, Jésus s’est incarné dans l’humilité du Berger qui vient paître l’humanité. De Roi, il s’est abaissé jusqu’à devenir homme. Sa demeure, sa cabane, c’est aussi la terre, plus seulement le ciel. Les alliés de l’âme pour retrouver le Bien-Aimé, ce sont les traces du passage de Jésus : l’Église, ses bergers, ses divers membres qui aident, guident et supportent la Bien-Aimée, la Tradition, l’Écriture… L’âme expérimente ainsi la foi et les médiations dans sa recherche du Bien-Aimé. Et dans sa course, l’âme entraîne d’autres âmes, son petit troupeau à elle, son œuvre d’évangélisation liée au rayonnement de son amour, pour l’agréger au troupeau du Maître.
Ct 1, 9 : A ma cavale, attelée au char de Pharaon, je te compare, ma bien-aimée.
De Berger qu’il était, le Bien-Aimé redevient Roi. Il se compare à Pharaon. Le Bien-Aimé règne : il combat pour la Justice et la Paix de Son peuple. Là, un char de guerre est indispensable : il lui est dévolu pour affronter ses ennemis.
C’est la première fois dans le poème que le Bien-Aimée appelle la Bien-Aimée sous ce nom et elle est Sa Bien-Aimée. Il la compare à une cavale. Le succès des opérations est assuré, non par le Bien-Aimé seul. Mais, par un tandem : le Roi et Son cheval. Le Bien-Aimé a besoin de la Bien-Aimée pour réussir ses combats et lorsqu’il parade sur son char après la victoire, la Bien-Aimée y est associée et aussi là.
Et, avec douceur, le Bien-Aimé fait allusion aussi l’ancienne servitude de la
Bien-Aimée en Égypte quand elle était esclave de Pharaon.
L’âme voit , dans ce verset, une mention de la Vierge Marie. Comme Marie, elle est associée à Jésus dans son œuvre de Rédemption et comme elle, elle partage la Gloire de Jésus. Elle se sent déjà d’une certaine manière ressuscitée avec Jésus et Marie. L’âme se sait servante, elle tire le char du Bien-Aimé : mais c’est sa joie, car elle participe en même temps à Sa gloire.
Son ancienne servitude, son péché, la Croix qu‘elle a vécus en exil sont devenue maintenant Gloire et Croix Glorieuse.
Ct 1, 10 : Tes joues restent belles, entre les pendeloques, et ton cou dans les colliers.
Comme gage et signe de son amour, le Bien-Aimé donne des bijoux à la Bien-Aimée. Ces bijoux rehaussent sa Beauté. Mais le Bien-Aimé ne s’y trompe pas : ce qui est beau d’abord, c’est le corps, ce sont les joues de la Bien-Aimée.
L’âme est ornée par les parures que lui donne Dieu en gage de Son amour. Mais aux yeux de Dieu, l’âme reste bien plus belle que ses parures.
Ct 1, 11 : Nous te ferons des pendants d’or et des globules d’argent.
L’or, métal noble, c’est le métal du Roi. L’argent, métal plus humble, est le métal de la Bien-Aimée. Lui est Soleil ; elle, Lune. La Bien-Aimée va donc porter sur elle des bijoux qui symbolisent l’union, qui sont la marque de l’amour.
L’âme va porter sur elle de l’or et de l’argent qui symbolisent la divinité et l’humanité. Elle en sera parée. Dans cette union des métaux, l’âme ressemble à Jésus qui possède à la fois la nature divine et la nature divine dans Sa Personne. La divinisation est en marche. Les bijoux de la Bien-Aimée symbolisent ce qu’elle est, ce qu’elle vit et le dénotent.
Ct 1, 12 : Tandis que le roi est en son enclos, mon nard donne son parfum.
La Bien-Aimée voit le roi-berger dans son enclos, dans l’enclos du troupeau, et le rejoint. En présence du Bien-Aimé, il est donné à la Bien-Aimée d’exhaler son nard. A nouveau, la Bien-Aimée vit l’intimité avec le Bien-Aimé et le corps de la Bien-Aimée rayonne et exhale ses parfums.
Le Bien-Aimée avait-elle dit répand une odeur d’huile parfumée. A son tour, elle lui ressemble en rependant ses propres parfums.
L’âme sent en elle monter l’Esprit qui exhale son parfum quand elle est en présence de son Dieu. Son nard est pour le Bien-Aimé seul : c’est pour l’oindre, le parfumer comme le fit Marie-Madeleine dans l’Évangile qui, là, avait montré beaucoup d’amour.
Ct 1, 13-14 : Mon bien-aimé est un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins. Mon bien-aimé est une grappe de cypre, dans les vignes d’En-Gaddi.
C’est la première fois dans le poème que la Bien-Aimée appelle le Bien-Aimé sous ce nom. Et Il est son Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé repose sur le sein de la Bien-Aimé et la parfume.
Le Bien-Aimé est une grappe de cypre, de henné, issu du jardin d’En-Gaddi qui est un jardin royal entretenu soigneusement. Ne pourrait-on pas y voir une figuration du jardin même de la Bien-Aimée, de sa vigne ?
L’âme voit Jésus reposer sur son sein. L’âme voit même Dieu comme un fruit de son jardin : n’est-elle pas devenue comme Marie ? Elle emprunte ainsi la voie de Marie : c’est comme la Vierge donner naissance à Jésus en nous, dans l’âme, devenir porteur du Christ en nous.
Ct 1, 15 : Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes.
Le Bien-Aimé a été touché par le regard de la Bien-Aimée. Le regard est le lieu d’une intimité dans laquelle les Bien-Aimés se trouvent maintenant immergés. Le Bien-Aimé voit dans les yeux de la Bien-Aimée des colombes, messagères de Paix et de l’amour.
Dieu est confondu par la Beauté de l’âme qu’il a créée et dont il a fait son Épouse. Dieu voit même dans le regard de l’âme Son Esprit sous la forme de colombes. L’âme spire l’Esprit par son regard.
Ct 1, 16 : Que tu es beau, mon bien-aimé, combien délicieux ! Notre lit n’est que verdure.
La Bien-Aimée n’est pas de reste, elle rend le compliment. Elle clame et vante la Beauté du Bien-Aimé. Elle ne s’attache pas à un point particulier de Son charme, mais elle dit que ton Son Être est délicieux. La Bien-Aimée est allongée auprès du Bien-Aimé : elle se repose sur les prés que broute le troupeau dans l’ambiance champêtre que lui offre le roi-berger.
L’âme voit et loue la Beauté de son Dieu. Elle expérimente le psaume où elle repose sur des prés d’herbe fraîche, là où son Berger l’a emmenée pour y reposer avec Lui et elle repose avec Lui sur l’herbe verte comme si c’était sur la Création toute entière.
Ct 1, 17 : Les poutres de notre maison sont de cèdre, nos lambris de cyprès.
Le cèdre et le cyprès avaient servi pour la construction du Temple : la Bien-Aimée ne peut évoquer la maison qu’elle a en commun avec le Bien-Aimé sans parler du Temple. La chambre secrète elle-même, n’est-elle, pas le Saint des Saints dans le Temple de Dieu où se réalise l’union du Bien-Aimé et de la Bien-Aimée ?
L’âme est introduite dans le Temple de Dieu. Il est devenu sa Maison : là où Dieu réside, elle réside désormais et là, elle se donne à Lui.
Ct 2, 1 : Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées.
La Bien-Aimée s’était déjà qualifier comme elle se voyait par elle-même « noire et pourtant belle ». Maintenant, elle se qualifie telle qu’elle se voit pour le Bien-Aimé : « narcisse de Saron, lis des vallées ». Elle utilise pour cela des fleurs qui ne sont pas modestes, mais magnifiques : le blanc narcisse et le lys rouge..
L’âme utilise « Je suis » pour se qualifier, une expression qu’utilise Jésus pour se qualifier et qui se réfère à Dieu lui-même : elle a la couleur blanche du narcisse, celle de la divinité et la couleur rouge du lys, celle de l’humanité. Elle est blanche et vermeille : elle ressemble au Bien-Aimé(blanc et vermeil) ainsi qu’elle Le décrira dans un autre poème du Cantique.
Ct 2, 2 : Comme le lis entre les chardons, telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes.
Le Bien-Aimé reprend ce qu’a dit la Bien-Aimée : elle est bien comme un lis. Elle est la plus belle des femmes. A côté d’elle, les autres ont une Beauté moindre et ressemblent à des chardons.
L’âme est toute humble et confuse de son élection, d’avoir pu séduire son Dieu.
Ct 2, 3 : Comme le pommier parmi les arbres d’un verger, ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. A son ombre désirée je me suis assise, et son fruit est doux à mon palais,
La Bien-Aimée à son tour compare le Bien-Aimé à un arbre, à un pommier. La fragilité de la femme est dénotée par la fleur, le lis. Le Bien-Aimé lui est puissant et robuste, c’est un arbre, un pommier.
Le Bien-Aimé donne de l’ombre qui attire la Bien-Aimée : il rafraîchit du soleil, il donne des fruits délicieux à la Bien-Aimée.
L’âme voit le Bien-Aimé dans sa puissance comme un arbre. Elle désire profiter de Son ombre pour s’y reposer. Elle se repose avec l’Esprit, avec l’ombre de l’Esprit qui vient sur elle et elle goûte le fruit du Bien-Aimé pour être transformée en Lui. Plus loin dans le poème, l’haleine de la Bien-Aimée aura une odeur de pomme. Ce pommier trône dans un verger, certainement au centre du jardin de l’âme qu’elle a pris soin de cultiver.
Ct 2, 4 : Il m’a menée au cellier, et la bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour.
Le Bien-Aimé a fait faire à l’épouse l’expérience de ses appartements, de son enclos et de sa maison de berger qui est telle que le Temple. Maintenant, il l’amène au cellier. Telles sont les expériences que le Bien-Aimé fait faire à la Bien-Aimée : il la met à chaque fois dans une situation nouvelle pour S’unir à elle et lui prouver Son amour.
Le cellier le lieu du vin est aussi accompagné par une bannière, un étendard dressé qui est celui de l’amour. Cette expérience du cellier est peut-être encore plus forte que ce qui est déjà advenu : elle est marquée explicitement et publiquement d’un signe éclatant. Le Bien-Aimé proclame Son amour pour la Bien-Aimée à la face des nations et la place sous Sa Protection.
L’âme avait un peu dédaigné le vin quand elle le comparait à l’amour dans le prologue du Cantique, mais c’était un vin terrestre. Là, Dieu l’initie au vin divin, à l’eucharistie. Et l’amour de Dieu pour son Épouse est proclamé publiquement par un étendard. Se pourrait-il que l’on soit ici à un point culminant du Cantique. Qui sait ! Mais, le Cantique va se continue par un second poème.
Ct 2, 5 : Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, ranimez-moi avec des pommes, car je suis malade d’amour
Et oui, il y a culmination dans l’amour. La Bien-Aimée n’en peut plus : c’en est trop pour elle. Elle demande des gâteaux de raisin et des pommes pour la ranimer. Des gâteaux de raisin qui sont moins forts que le vin, mais où il y a le fruit de la vigne et les pommes qui sont le fruit du Bien-Aimé : ses symboles du Bien-Aimé.
L’âme est brûlée d’amour, elle « meurt » d’amour. « Que la toile se rompe » comme dit Jean de la Croix. Peut-elle supporter un tel feu, un tel brasier d’amour ? Alors, elle se nourrit à nouveau du Bien-Aimé pour reprendre des forces. L’eucharistie est, en effet, un viatique merveilleux et indispensable sur le chemin qui reste à parcourir en cette vie.
Ct 2, 6 : Son bras gauche est sous ma tête et sa droite m’étreint.
Maintenant, c’est le repos, c’est la paix. Le tumulte est passé. La Bien-Aimée culmine dans la Paix et dans un acte de Tendresse de la part du Bien-Aimé qui l’enserre. A la parole a succédé le Silence.
L’âme repose doucement dans les bras de Dieu. Elle est heureuse car Dieu lui prodigue toute sa Tendresse: celle d’un Époux aimant.
Ct 2, 7 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l’heure de son bon plaisir.
Le Bien-Aimé est toujours en éveil, c’est Sa Nature. Il demande que l’on laisse la Bien-Aimée se reposer maintenant et qu’elle s’éveille naturellement. Et le Bien-Aimé le sait, la course d’amour repartira ensuite pour la Bien-Aimée. Ce sera l’objet du second poème…
Dieu prend toujours soin de l’âme qui se repose et jouit d’un Repos en Lui : c’est la fruition d’amour. L’âme est alors entrée dans la passivité qui est un don de son Dieu. Alors Dieu fait de grandes choses en elle et continue de la former et de la sculpter selon Son Bon Plaisir.
Comme le prologue qui résume à lui seul tout le Cantique en culminant dans le mariage spirituel, le premier poème se termine sur une culmination : la rencontre eucharistique du Bien-Aimé et son prolongement dans le Sacrement. Ainsi on peut dire que le premier poème comme le prologue résume à lui seul tout le Cantique et la vie de l’âme qui est avec Dieu.
Ct 1, 5 : Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, comme les tentures de Salomon.
La Bien-Aimée se présente à tous en vérité : elle est « noire et pourtant belle ». De sa fréquentation du Bien-Aimé, elle a appris l’humilité. Elle est noire parce qu’elle a été exposée au soleil de la vie mais aussi au Soleil de son Bien-Aimé qui l’a brunie. Elle se sait belle parce qu’elle est la Bien-Aimée et parce que le regard du Bien-Aimé l’a revêtue de Beauté et la voit dans sa Beauté.
Noire, donc, comme les tentes de Qédar, qui sont faites de peaux de chèvres noires.
Belle, donc, comme les tentures de Salomon, somptueuses, qui sont du palais du roi et aussi présentes dans le Temple. La Bien-Aimée se trouve revêtue de ce qui concourt à la Beauté du Bien-Aimé, de la Beauté même du Bien-Aimé.
La Bien-Aimée porte en elle-même un contraste : c’est peut-être ce qui la rend mystérieuse et attirante ce qui a pu motiver le choix du Bien-Aimé.
L’âme a baroudé : elle a vécu mais elle a expérimenté l’amour miséricordieux de Dieu à de maintes reprises. Elle se sait revêtue de Beauté, car elle sait qu’elle est aimée de Dieu et qu’elle a aussi du prix à Ses yeux. Elle est belle de la Beauté de l’Ancien Testament (les tentes de Qédar : la Tente de la rencontre) et de la Beauté du Nouveau Testament (les tentures de Salomon : le Rideau du Temple qui se déchire lors de la mort de Jésus).
Ct 1, 6a : Ne prenez pas garde à mon teint basané : c’est le soleil qui m’a brûlée.
Ce qui a brûlé la Bien-Aimée, c’est d’abord le Soleil de son Bien-Aimé mais aussi le soleil de la vie. Certes cela peut interroger et avoir diminué sa Beauté, on pourrait le croire. Mais, la Bien-Aimée en est fière : elle porte les marques de son exposition à l’amour, au Bien-Aimé.
L’âme a été brûlée au Soleil de Dieu et au soleil de la vie : elle ne compte plus ses tribulations, les miséricordes dont elle a bénéficié, son ascèse, ses purifications actives et passives. Son teint, c’est le résultat du travail de Dieu en elle et sur elle : c’est sa fierté, ce sont ses stigmates qui la font ressembler à son Bien-Aimé, Jésus.
Ct 1, 6b : Les fils de ma mère se sont emportés contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes.
Les frères, gardiens de la Bien-Aimée, sont peut-être inquiets de son histoire d’Amour avec le Bien-Aimé. Alors, ils l’occupent : ils la mettent à garder les vignes.
L’âme toute énamourée de Dieu inquiète souvent ses proches et ses amis par la radicalité de son amour. Alors, on s’étonne : on lui propose autre chose, des dérivatifs.
Ct 1, 6c : Ma vigne à moi, je ne l’avais pas gardée !
La vigne de la Bien-Aimée, c’est son jardin qui a été planté par Dieu . La Bien-Aimée se rappelle : autrefois, elle n’en a pas pris soin, elle l’a laissée à l’abandon. Elle en porte la responsabilité.
L’âme voit son incurie : non, elle n’a pas toujours entretenu, sarclé et arrosé son âme, le jardin du Bien-Aimé afin que ce dernier puisse en cueillir les fruits et les fleurs, le temps venu. Elle n’a pas non plus pris soin de sa clôture.
L’âme regrette son attitude, mais elle sait aussi qu’elle parle au passé. Mais peut-être aussi ne lui avait-on pas appris à prendre soin de sa vigne : car aimer est un chemin ! Maintenant qu’elle aime, elle peut étendre son jardin aux dimensions du monde et en prendre soin dans ses actes et dans l’oraison.
Ct 1, 7ab : Dis-moi donc, toi que mon cœur aime : Où mèneras-tu paître le troupeau, où le mettras-tu au repos, à l’heure de midi ?
La Bien-Aimée s’adresse à celui qu’elle aime, au Bien-Aimé. Elle est la Bien-Aimée, mais elle avoue qu’elle ne connaît pas tout de son Bien-Aimé, de ses habitudes et de ses activités. Son désir est de Le rejoindre quand Il sort de son palais et la quitte. Car le Bien-Aimé est un Roi, le Berger de Son Peuple : il fait paître Son peuple dans la Paix. La Bien-Aimée ne sait pas où est le pâturage et elle aimerait le savoir pour partager le Repos auprès de Lui. Alors, à midi, culmination du jour, la Bien-Aimée pourra à nouveau vivre dans la pleine clarté de l’amour du Bien-Aimé.
L’âme est certes la Bien-Aimée. Mais elle est dépassée par la grandeur de Dieu : ce qu’elle connaît de Lui est limité. Son désir est ainsi de connaître de mieux en mieux son Bien-Aimé pour enfin arriver à la claire vision de midi. Car, là, le Bien-Aimé mène les siens, les élus et la Bien-Aimée veut être aussi là, avec eux.
Ct 1, 7c : Pour que je n’erre plus en vagabonde, près des troupeaux de tes compagnons.
Ainsi, quoique Bien-Aimée, la Bien-Aimée apparait toujours en quête, car le Bien-Aimé l’a quittée pour faire paître Son troupeau. Elle se perd près des différents troupeaux des compagnons et des amis du Bien-Aimé. Mais elle ne Le trouve pas. Alors, elle erre en vagabonde et espère que cela va enfin cesser, qu’elle va trouver le Repos auprès du Bien-Aimé.
L’âme est toujours en quête après le Bien-Aimé, parti paître Son troupeau. Elle vit une forme d’exil loin du troupeau de Son Bien-Aimé dont elle-même fait partie. Elle n’a pas encore rejoint le troupeau : dans sa course, elle rencontre d’autres troupeaux (d’autres religions, d‘autres spiritualités, d’autres philosophies) : ils sont pas le bon troupeau. Elle est vraiment éperdue d’amour et elle cherche le Repos près du Bien-Aimé alors même qu’Ils ne sont plus dans la chambre nuptiale.
Ct 1, 8 : Si tu l’ignores, ô la plus belle des femmes, suis les traces du troupeau, et mène paître tes chevreaux près de la demeure des bergers.
La Bien-Aimée trouve des alliés dans sa quête. On la reconnaît (elle est la plus belle des femmes) et on la renseigne. Pourquoi ne suivrait-elle pas les traces du troupeau du Bien-Aimé et n’irait-elle pas vers Sa cabane de berger, le lieu de Son autre demeure, plus humble que Son palais ? La Bien-Aimée elle-même a son petit troupeau (ses compagnes) et elle peut le mener ainsi jusqu’au troupeau du Bien-Aimé.
Jésus est sorti du sein du Père, Jésus s’est incarné dans l’humilité du Berger qui vient paître l’humanité. De Roi, il s’est abaissé jusqu’à devenir homme. Sa demeure, sa cabane, c’est aussi la terre, plus seulement le ciel. Les alliés de l’âme pour retrouver le Bien-Aimé, ce sont les traces du passage de Jésus : l’Église, ses bergers, ses divers membres qui aident, guident et supportent la Bien-Aimée, la Tradition, l’Écriture… L’âme expérimente ainsi la foi et les médiations dans sa recherche du Bien-Aimé. Et dans sa course, l’âme entraîne d’autres âmes, son petit troupeau à elle, son œuvre d’évangélisation liée au rayonnement de son amour, pour l’agréger au troupeau du Maître.
Ct 1, 9 : A ma cavale, attelée au char de Pharaon, je te compare, ma bien-aimée.
De Berger qu’il était, le Bien-Aimé redevient Roi. Il se compare à Pharaon. Le Bien-Aimé règne : il combat pour la Justice et la Paix de Son peuple. Là, un char de guerre est indispensable : il lui est dévolu pour affronter ses ennemis.
C’est la première fois dans le poème que le Bien-Aimée appelle la Bien-Aimée sous ce nom et elle est Sa Bien-Aimée. Il la compare à une cavale. Le succès des opérations est assuré, non par le Bien-Aimé seul. Mais, par un tandem : le Roi et Son cheval. Le Bien-Aimé a besoin de la Bien-Aimée pour réussir ses combats et lorsqu’il parade sur son char après la victoire, la Bien-Aimée y est associée et aussi là.
Et, avec douceur, le Bien-Aimé fait allusion aussi l’ancienne servitude de la
Bien-Aimée en Égypte quand elle était esclave de Pharaon.
L’âme voit , dans ce verset, une mention de la Vierge Marie. Comme Marie, elle est associée à Jésus dans son œuvre de Rédemption et comme elle, elle partage la Gloire de Jésus. Elle se sent déjà d’une certaine manière ressuscitée avec Jésus et Marie. L’âme se sait servante, elle tire le char du Bien-Aimé : mais c’est sa joie, car elle participe en même temps à Sa gloire.
Son ancienne servitude, son péché, la Croix qu‘elle a vécus en exil sont devenue maintenant Gloire et Croix Glorieuse.
Ct 1, 10 : Tes joues restent belles, entre les pendeloques, et ton cou dans les colliers.
Comme gage et signe de son amour, le Bien-Aimé donne des bijoux à la Bien-Aimée. Ces bijoux rehaussent sa Beauté. Mais le Bien-Aimé ne s’y trompe pas : ce qui est beau d’abord, c’est le corps, ce sont les joues de la Bien-Aimée.
L’âme est ornée par les parures que lui donne Dieu en gage de Son amour. Mais aux yeux de Dieu, l’âme reste bien plus belle que ses parures.
Ct 1, 11 : Nous te ferons des pendants d’or et des globules d’argent.
L’or, métal noble, c’est le métal du Roi. L’argent, métal plus humble, est le métal de la Bien-Aimée. Lui est Soleil ; elle, Lune. La Bien-Aimée va donc porter sur elle des bijoux qui symbolisent l’union, qui sont la marque de l’amour.
L’âme va porter sur elle de l’or et de l’argent qui symbolisent la divinité et l’humanité. Elle en sera parée. Dans cette union des métaux, l’âme ressemble à Jésus qui possède à la fois la nature divine et la nature divine dans Sa Personne. La divinisation est en marche. Les bijoux de la Bien-Aimée symbolisent ce qu’elle est, ce qu’elle vit et le dénotent.
Ct 1, 12 : Tandis que le roi est en son enclos, mon nard donne son parfum.
La Bien-Aimée voit le roi-berger dans son enclos, dans l’enclos du troupeau, et le rejoint. En présence du Bien-Aimé, il est donné à la Bien-Aimée d’exhaler son nard. A nouveau, la Bien-Aimée vit l’intimité avec le Bien-Aimé et le corps de la Bien-Aimée rayonne et exhale ses parfums.
Le Bien-Aimée avait-elle dit répand une odeur d’huile parfumée. A son tour, elle lui ressemble en rependant ses propres parfums.
L’âme sent en elle monter l’Esprit qui exhale son parfum quand elle est en présence de son Dieu. Son nard est pour le Bien-Aimé seul : c’est pour l’oindre, le parfumer comme le fit Marie-Madeleine dans l’Évangile qui, là, avait montré beaucoup d’amour.
Ct 1, 13-14 : Mon bien-aimé est un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins. Mon bien-aimé est une grappe de cypre, dans les vignes d’En-Gaddi.
C’est la première fois dans le poème que la Bien-Aimée appelle le Bien-Aimé sous ce nom. Et Il est son Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé repose sur le sein de la Bien-Aimé et la parfume.
Le Bien-Aimé est une grappe de cypre, de henné, issu du jardin d’En-Gaddi qui est un jardin royal entretenu soigneusement. Ne pourrait-on pas y voir une figuration du jardin même de la Bien-Aimée, de sa vigne ?
L’âme voit Jésus reposer sur son sein. L’âme voit même Dieu comme un fruit de son jardin : n’est-elle pas devenue comme Marie ? Elle emprunte ainsi la voie de Marie : c’est comme la Vierge donner naissance à Jésus en nous, dans l’âme, devenir porteur du Christ en nous.
Ct 1, 15 : Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes.
Le Bien-Aimé a été touché par le regard de la Bien-Aimée. Le regard est le lieu d’une intimité dans laquelle les Bien-Aimés se trouvent maintenant immergés. Le Bien-Aimé voit dans les yeux de la Bien-Aimée des colombes, messagères de Paix et de l’amour.
Dieu est confondu par la Beauté de l’âme qu’il a créée et dont il a fait son Épouse. Dieu voit même dans le regard de l’âme Son Esprit sous la forme de colombes. L’âme spire l’Esprit par son regard.
Ct 1, 16 : Que tu es beau, mon bien-aimé, combien délicieux ! Notre lit n’est que verdure.
La Bien-Aimée n’est pas de reste, elle rend le compliment. Elle clame et vante la Beauté du Bien-Aimé. Elle ne s’attache pas à un point particulier de Son charme, mais elle dit que ton Son Être est délicieux. La Bien-Aimée est allongée auprès du Bien-Aimé : elle se repose sur les prés que broute le troupeau dans l’ambiance champêtre que lui offre le roi-berger.
L’âme voit et loue la Beauté de son Dieu. Elle expérimente le psaume où elle repose sur des prés d’herbe fraîche, là où son Berger l’a emmenée pour y reposer avec Lui et elle repose avec Lui sur l’herbe verte comme si c’était sur la Création toute entière.
Ct 1, 17 : Les poutres de notre maison sont de cèdre, nos lambris de cyprès.
Le cèdre et le cyprès avaient servi pour la construction du Temple : la Bien-Aimée ne peut évoquer la maison qu’elle a en commun avec le Bien-Aimé sans parler du Temple. La chambre secrète elle-même, n’est-elle, pas le Saint des Saints dans le Temple de Dieu où se réalise l’union du Bien-Aimé et de la Bien-Aimée ?
L’âme est introduite dans le Temple de Dieu. Il est devenu sa Maison : là où Dieu réside, elle réside désormais et là, elle se donne à Lui.
Ct 2, 1 : Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées.
La Bien-Aimée s’était déjà qualifier comme elle se voyait par elle-même « noire et pourtant belle ». Maintenant, elle se qualifie telle qu’elle se voit pour le Bien-Aimé : « narcisse de Saron, lis des vallées ». Elle utilise pour cela des fleurs qui ne sont pas modestes, mais magnifiques : le blanc narcisse et le lys rouge..
L’âme utilise « Je suis » pour se qualifier, une expression qu’utilise Jésus pour se qualifier et qui se réfère à Dieu lui-même : elle a la couleur blanche du narcisse, celle de la divinité et la couleur rouge du lys, celle de l’humanité. Elle est blanche et vermeille : elle ressemble au Bien-Aimé(blanc et vermeil) ainsi qu’elle Le décrira dans un autre poème du Cantique.
Ct 2, 2 : Comme le lis entre les chardons, telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes.
Le Bien-Aimé reprend ce qu’a dit la Bien-Aimée : elle est bien comme un lis. Elle est la plus belle des femmes. A côté d’elle, les autres ont une Beauté moindre et ressemblent à des chardons.
L’âme est toute humble et confuse de son élection, d’avoir pu séduire son Dieu.
Ct 2, 3 : Comme le pommier parmi les arbres d’un verger, ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. A son ombre désirée je me suis assise, et son fruit est doux à mon palais,
La Bien-Aimée à son tour compare le Bien-Aimé à un arbre, à un pommier. La fragilité de la femme est dénotée par la fleur, le lis. Le Bien-Aimé lui est puissant et robuste, c’est un arbre, un pommier.
Le Bien-Aimé donne de l’ombre qui attire la Bien-Aimée : il rafraîchit du soleil, il donne des fruits délicieux à la Bien-Aimée.
L’âme voit le Bien-Aimé dans sa puissance comme un arbre. Elle désire profiter de Son ombre pour s’y reposer. Elle se repose avec l’Esprit, avec l’ombre de l’Esprit qui vient sur elle et elle goûte le fruit du Bien-Aimé pour être transformée en Lui. Plus loin dans le poème, l’haleine de la Bien-Aimée aura une odeur de pomme. Ce pommier trône dans un verger, certainement au centre du jardin de l’âme qu’elle a pris soin de cultiver.
Ct 2, 4 : Il m’a menée au cellier, et la bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour.
Le Bien-Aimé a fait faire à l’épouse l’expérience de ses appartements, de son enclos et de sa maison de berger qui est telle que le Temple. Maintenant, il l’amène au cellier. Telles sont les expériences que le Bien-Aimé fait faire à la Bien-Aimée : il la met à chaque fois dans une situation nouvelle pour S’unir à elle et lui prouver Son amour.
Le cellier le lieu du vin est aussi accompagné par une bannière, un étendard dressé qui est celui de l’amour. Cette expérience du cellier est peut-être encore plus forte que ce qui est déjà advenu : elle est marquée explicitement et publiquement d’un signe éclatant. Le Bien-Aimé proclame Son amour pour la Bien-Aimée à la face des nations et la place sous Sa Protection.
L’âme avait un peu dédaigné le vin quand elle le comparait à l’amour dans le prologue du Cantique, mais c’était un vin terrestre. Là, Dieu l’initie au vin divin, à l’eucharistie. Et l’amour de Dieu pour son Épouse est proclamé publiquement par un étendard. Se pourrait-il que l’on soit ici à un point culminant du Cantique. Qui sait ! Mais, le Cantique va se continue par un second poème.
Ct 2, 5 : Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, ranimez-moi avec des pommes, car je suis malade d’amour
Et oui, il y a culmination dans l’amour. La Bien-Aimée n’en peut plus : c’en est trop pour elle. Elle demande des gâteaux de raisin et des pommes pour la ranimer. Des gâteaux de raisin qui sont moins forts que le vin, mais où il y a le fruit de la vigne et les pommes qui sont le fruit du Bien-Aimé : ses symboles du Bien-Aimé.
L’âme est brûlée d’amour, elle « meurt » d’amour. « Que la toile se rompe » comme dit Jean de la Croix. Peut-elle supporter un tel feu, un tel brasier d’amour ? Alors, elle se nourrit à nouveau du Bien-Aimé pour reprendre des forces. L’eucharistie est, en effet, un viatique merveilleux et indispensable sur le chemin qui reste à parcourir en cette vie.
Ct 2, 6 : Son bras gauche est sous ma tête et sa droite m’étreint.
Maintenant, c’est le repos, c’est la paix. Le tumulte est passé. La Bien-Aimée culmine dans la Paix et dans un acte de Tendresse de la part du Bien-Aimé qui l’enserre. A la parole a succédé le Silence.
L’âme repose doucement dans les bras de Dieu. Elle est heureuse car Dieu lui prodigue toute sa Tendresse: celle d’un Époux aimant.
Ct 2, 7 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l’heure de son bon plaisir.
Le Bien-Aimé est toujours en éveil, c’est Sa Nature. Il demande que l’on laisse la Bien-Aimée se reposer maintenant et qu’elle s’éveille naturellement. Et le Bien-Aimé le sait, la course d’amour repartira ensuite pour la Bien-Aimée. Ce sera l’objet du second poème…
Dieu prend toujours soin de l’âme qui se repose et jouit d’un Repos en Lui : c’est la fruition d’amour. L’âme est alors entrée dans la passivité qui est un don de son Dieu. Alors Dieu fait de grandes choses en elle et continue de la former et de la sculpter selon Son Bon Plaisir.
Comme le prologue qui résume à lui seul tout le Cantique en culminant dans le mariage spirituel, le premier poème se termine sur une culmination : la rencontre eucharistique du Bien-Aimé et son prolongement dans le Sacrement. Ainsi on peut dire que le premier poème comme le prologue résume à lui seul tout le Cantique et la vie de l’âme qui est avec Dieu.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
Deuxième Poème (Ct 2, 8 - 3, 5)
Ct 2, 8 : La voix de mon bien-aimé ! Voici qu'il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines.
La Bien-Aimée dormait. Le Bien-Aimé s’est éclipsé… Un temps, un autre temps… Le Bien-Aimé revient maintenant vers la Bien-Aimée.
La Bien-Aimée est certes arrivée au mariage spirituel : mais elle ne jouit pas continûment de la présence sensible du Bien-Aimé. Elle l’expérimente parfois par intermittences ou alors vit une absence plus ou moins prolongée.
Le Bien-Aimé est Roi, il règne : il vient ici des confins de Son Royaume vers la Bien-Aimée. Pour cela, il se joue des obstacles. La Bien-Aimée est prévenue de Sa venue par Sa voix qu’elle connaît bien.
L’âme veillait. Maintenant, elle va vivre une nouvelle expérience de proximité avec le Bien-Aimé : car le Bien-Aimé vient vers elle. Il est le berger que les brebis reconnaissent à sa voix et suivent. Dieu vient ! La Bien-Aimée va vivre un Avent : celui de Dieu qui vient, qui vient à elle.
Ct 2, 9a : Mon bien-aimé est semblable à une gazelle, à un jeune faon.
La Bien Aimée voit le Bien-Aimé qui vient avec rapidité et avec grâce.
Dieu lorsqu’il vient est toute grâce pour l’âme.
Ct 2, 9b : Voilà qu'il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis.
Le Bien-Aimé est tout proche ! Il guette la Bien-Aimée ; Il essaie de la voir ; Il épie sa présence. Le Bien-Aimé est toute délicatesse : Il ne s’impose pas, Il n’entre pas. Pourtant, Il est arrivé à sa demeure, à la demeure qu’Il partage avec la Bien-Aimée (« notre mur ») : Il respecte le voile qu’il y a encore entre Lui et la Bien-Aimée, leur voile. Il regarde à travers ses ouvertures.
L’âme voit que son Dieu est à la porte de son âme où Il attend son invitation et sa réponse. La Bien-Aimée expérimente toutefois toujours un voile dont elle sait qu’il sera levé définitivement avec la mort.
Ct 2, 10 : Mon bien-aimé élève la voix, il me dit : " Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens.
A nouveau, le Bien-Aimé qui est tout proche de la Bien-Aimée appelle la Bien-Aimée pour une aventure avec Lui. Il se fait pressant. Un nouveau jour commence pour la Bien-Aimée…
Le Bien-Aimé appelle à nouveau la Bien-Aimée et l’invite à sortir et à Le suivre…
Le Bien-Aimé élève la voix : il dit à l’âme de sortir à sa suite et de Le suivre…
Ct 2, 11-13 : Car voilà l'hiver passé, c'en est fini des pluies, elles ont disparu. Sur notre terre les fleurs se montrent. La saison vient des gais refrains, le roucoulement de la tourterelle se fait entendre sur notre terre. Le figuier forme ses premiers fruits et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens !
L’hiver est fini pour la Bien-Aimée : l’absence du Bien-Aimé est terminée. Sa venue annonce le printemps qui fait sortir les fleurs et fait entendre les chants des oiseaux, la tourterelle roucoule sur le Royaume qui est aussi celui de la Bien-Aimée (« notre terre »). Les premiers fruits apparaissent et il y a espérance d’une récolte dans les vignes, elles sont en fleur.
L’âme était dans la solitude et dans la froideur : Dieu se manifeste et fait chanter l’âme. Le jardin de l’âme se prépare à donner ses fruits nouveaux du fait de la Présence retrouvée du Bien-Aimé. L’âme entend la voix de Dieu qui l’appelle et l’invite à Le suivre…
Ct 2, 14 : Ma colombe, cachée au creux des rochers, en des retraites escarpées, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix; car ta voix est douce et charmant ton visage. "
La Bien-Aimée est une colombe aux yeux du Bien-Aimé. L’absence a duré, l’hiver s’était installé. Alors la Bien-Aimée sans son Bien-Aimé s’était réfugiée dans la solitude, en des lieux inaccessibles. Maintenant, le Bien-Aimé est là. Il est temps pour la Bien-Aimée de quitter sa retraite solitaire pour se montrer et se présenter au Bien-Aimé. Le Bien-Aimé fait une requête : que la Bien-Aimée se montre à Lui. Il se réjouit d’entendre sa voix et son visage.
L’âme quand Dieu est absent se réfugie en solitude et l’attend. Elle s’en va nicher sur la montagne de son Dieu, elle se blottit dans les fentes des plaies de Jésus. L’absence de Dieu s’est prolongée. Alors l’âme s’est rendue inaccessible au mondain, elle est entrée en clôture : là, elle veille, elle espère son Dieu. Or, Dieu daigne maintenant se manifester ; Il appelle doucement l’âme (en l’appelant colombe, il la compare à l’Esprit) et loue sa conduite et sa Beauté, car elle se garde pour Lui seul.
Ct 2, 15 : Attrapez-nous les renards, les petits renards ravageurs de vignes, car nos vignes sont en fleur.
La Bien-Aimée craint pour sa vigne qui est en fleur. Il faut que la récolte soit bonne et qu’elle ne soit pas ravagée par les renards. Oui, l’amour est fragile et il peut toujours être menacé… La capture des renards le protège.
L’âme sait qu’elle est en fleur et qu’elle est prête à donner des fruits : alors, elle prie que l’on détourne d’elle tout ce qui pourrait l’éloigner de son Dieu et gâter la récolte qui Lui est destinée. Elle veut que rien ne l’entrave dans sa marche vers Dieu alors qu’elle est encore en chemin et que la récolte est pour demain.
Ct 2, 16 : Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui. Il paît son troupeau parmi les lis.
Alors, pacifiée, la Bien-Aimée se sait appartenir au Bien-Aimé et le Bien-Aimé à la Bien-Aimé en une union indissoluble et un amour réciproque. Ici, c’est le Bien-Aimé est nommé en premier, sa donation est première.
La Bien-Aimée sait aussi maintenant où est le pâturage : le Bien-Aimé « paît parmi les lys », parmi les jeunes filles que les lys symbolisent. Il veut aussi en faire l’Épouse.
L’âme est couronnée : c’est la donation indissoluble et réciproque de l’amour. Mais Dieu a aimé le premier ! Et Dieu est son Berger et paît ses compagnes, ses amies, ses sœurs pour en faire aussi l’Épouse et les faire accéder au « Tu divin ».
Ct 2, 17 : Avant que souffle la brise du jour et que s'enfuient les ombres, retourne... ! Sois semblable, mon bien-aimé, à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes de la Béter.
Alors qu’Il est avec elle, la Bien-Aimée demande au Bien-Aimé de retourner avant la tombée du jour (retourner est ambigu : cela veut dire « pars », mais aussi « reviens plus tard » ce qui traduit bien le sens du verbe hébreu). Elle lui demande de retourner comme il est déjà venu en franchissant les montagnes Bétér (en hébreu, Séparation), avec grâce, tel une gazelle ou un faon. Mais la Bien-Aimée ne le sait-elle pas : les venues du Bien-Aimé sont toujours différentes et la surprendront à nouveau !
Pour que le Bien-Aimé vienne à nouveau, il faut aussi qu’il reparte : la Bien-Aimée ne capte pas son Bien-Aimé, ne se l’approprie pas : elle le laisse aller à son gré et repartir à nouveau dans l’attente de sa venue.
L’âme sait que l’union reste temporaire : chaque union est un gage de plus de l’amour indéfectible de Dieu pour elle. Oui, elle est vraiment l’Épouse. Mais, sur terre, l’union et la Présence sensible de Dieu n‘ont qu’un temps : alors, l’âme libère Dieu et le laisse Dieu retourner (« partir » pour « revenir » vers elle).
Ct 3, 1 : Sur ma couche, la nuit, j'ai cherché celui que mon cœur aime. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé !
La Bien-Aimée avait donné congé au Bien-Aimé à la fin du deuxième poème : donc il n’est pas là. Elle le cherche cependant et bien sûr ne le trouve pas, là, à côté d’elle, sur sa couche.
Dieu est insaisissable, imprévisible. L’âme avait laissé Dieu partir : Il n’est plus là avec elle. Elle Le cherche cependant, mais ne Le trouve pas. C’est vrai : l’âme peut chercher Dieu en elle alors qu’elle est en solitude ou dans l’oraison sans le trouver.
Ct 3, 2 : Je me lèverai donc, et parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé !
Alors, la Bien-Aimée quitte sa maison : comme elle n’a pas trouvé la Bien-Aimé dans le vis-à-vis, elle va sortir à l’extérieur. Là, dans la ville où elle réside, dans le palais du Roi, elle va chercher activement celui que son coeur aime. Mais à nouveau, elle fait un constat : elle a cherché le Bien-Aimé, mais elle ne L’a pas trouvé.
L’âme quitte sa couche (le repos, l’oraison) pour entrer dans l’action et aller activement à la recherche de Dieu dans le monde et parmi les hommes. Elle s’active, mais, à nouveau elle ne le trouve pas. Dieu n’est pas aux bout de nos efforts : mais la Bien-Aimée ne se décourage pas. Jésus a dit : « cherchez et vous trouverez ».
Ct 3, 3 : Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville : " Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? "
La ville est accoisée : les gardes font la ronde. Dans sa quête, la Bien-Aimée les rencontrent, eux qui assurent la sécurité des habitants. Elle leur demande s’ils ont vu celui que son cœur aime.
L’âme s’adresse à des tiers : elle fait appel à des médiateurs, à ceux qui scrutent la Parole. Elle espère qu’ils pourront l’aider dans sa quête du Bien-Aimé.
Ct 3, 4 : A peine les avais-je dépassés, j'ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l'ai saisi et ne le lâcherai point que je ne l'aie fait entrer dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue.
Et la Bien-Aimée continue toujours sa recherche, peut-être avec les indications données par les gardes. Elle va encore plus loin. Mais le Bien-Aimé est bon : il se laisse trouver et découvrir assez vite.
La Bien-Aimée a enfin trouvé le Bien-Aimé. Les autres fois, c’était le Bien-Aimé qui venait à elle ; là, c’est elle qui est allée à Lui. Alors, elle se saisit de Lui et veut l’amener dans la chambre de sa mère là. Elle accède ici au statut d’adulte : sa mère lui passe le relais.
L’âme ne s’est pas découragée : plus rapidement qu’elle ne croyait, elle a trouvé le Bien-Aimé. Dieu est bon, il se laisse trouver souvent aisément dès que l’âme le recherche activement. Là, elle le saisit pour l’introduire dans la chambre de sa mère là où elle a reçu la vie, pour recevoir de Dieu, une vie encore plus abondante : c’est la seconde naissance, la naissance en Dieu, le don de la vie éternelle, l’accès à la résurrection… La maison de sa mère, c’est celle de Marie, la maison de Jésus.
Ct 3, 5 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir.
La finale du second poème est identique à celle du premier poème. La Bien-Aimée est près de son Bien-Aimé : maintenant, elle repose.
Le Bien-Aimé, quant à Lui, est toujours en éveil, c’est Sa Nature. Il demande solennellement que l’on laisse la Bien-Aimée se reposer maintenant et qu’elle s’éveille naturellement. Il prie ses compagnes au nom de la Beauté de la Bien-Aimée et de l’amour symbolisés par les gazelles et les biches. Et le Bien-Aimé le sait, la course d’amour repartira ensuite pour la Bien-Aimée. Ce sera l’objet du troisième poème…
Dieu prend toujours soin de l’âme qui se repose et jouit d’un Repos en Lui : c’est la fruition d’amour. L’âme est alors entrée dans la passivité qui est un don de son Dieu. Alors Dieu fait de grandes choses en elle et continue de la former et de la sculpter selon Son Bon Plaisir.
Le Cantique est comme un hologramme. Chacune de ses parties contient à elle seule tout le Cantique.
Ct 2, 8 : La voix de mon bien-aimé ! Voici qu'il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines.
La Bien-Aimée dormait. Le Bien-Aimé s’est éclipsé… Un temps, un autre temps… Le Bien-Aimé revient maintenant vers la Bien-Aimée.
La Bien-Aimée est certes arrivée au mariage spirituel : mais elle ne jouit pas continûment de la présence sensible du Bien-Aimé. Elle l’expérimente parfois par intermittences ou alors vit une absence plus ou moins prolongée.
Le Bien-Aimé est Roi, il règne : il vient ici des confins de Son Royaume vers la Bien-Aimée. Pour cela, il se joue des obstacles. La Bien-Aimée est prévenue de Sa venue par Sa voix qu’elle connaît bien.
L’âme veillait. Maintenant, elle va vivre une nouvelle expérience de proximité avec le Bien-Aimé : car le Bien-Aimé vient vers elle. Il est le berger que les brebis reconnaissent à sa voix et suivent. Dieu vient ! La Bien-Aimée va vivre un Avent : celui de Dieu qui vient, qui vient à elle.
Ct 2, 9a : Mon bien-aimé est semblable à une gazelle, à un jeune faon.
La Bien Aimée voit le Bien-Aimé qui vient avec rapidité et avec grâce.
Dieu lorsqu’il vient est toute grâce pour l’âme.
Ct 2, 9b : Voilà qu'il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis.
Le Bien-Aimé est tout proche ! Il guette la Bien-Aimée ; Il essaie de la voir ; Il épie sa présence. Le Bien-Aimé est toute délicatesse : Il ne s’impose pas, Il n’entre pas. Pourtant, Il est arrivé à sa demeure, à la demeure qu’Il partage avec la Bien-Aimée (« notre mur ») : Il respecte le voile qu’il y a encore entre Lui et la Bien-Aimée, leur voile. Il regarde à travers ses ouvertures.
L’âme voit que son Dieu est à la porte de son âme où Il attend son invitation et sa réponse. La Bien-Aimée expérimente toutefois toujours un voile dont elle sait qu’il sera levé définitivement avec la mort.
Ct 2, 10 : Mon bien-aimé élève la voix, il me dit : " Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens.
A nouveau, le Bien-Aimé qui est tout proche de la Bien-Aimée appelle la Bien-Aimée pour une aventure avec Lui. Il se fait pressant. Un nouveau jour commence pour la Bien-Aimée…
Le Bien-Aimé appelle à nouveau la Bien-Aimée et l’invite à sortir et à Le suivre…
Le Bien-Aimé élève la voix : il dit à l’âme de sortir à sa suite et de Le suivre…
Ct 2, 11-13 : Car voilà l'hiver passé, c'en est fini des pluies, elles ont disparu. Sur notre terre les fleurs se montrent. La saison vient des gais refrains, le roucoulement de la tourterelle se fait entendre sur notre terre. Le figuier forme ses premiers fruits et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens !
L’hiver est fini pour la Bien-Aimée : l’absence du Bien-Aimé est terminée. Sa venue annonce le printemps qui fait sortir les fleurs et fait entendre les chants des oiseaux, la tourterelle roucoule sur le Royaume qui est aussi celui de la Bien-Aimée (« notre terre »). Les premiers fruits apparaissent et il y a espérance d’une récolte dans les vignes, elles sont en fleur.
L’âme était dans la solitude et dans la froideur : Dieu se manifeste et fait chanter l’âme. Le jardin de l’âme se prépare à donner ses fruits nouveaux du fait de la Présence retrouvée du Bien-Aimé. L’âme entend la voix de Dieu qui l’appelle et l’invite à Le suivre…
Ct 2, 14 : Ma colombe, cachée au creux des rochers, en des retraites escarpées, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix; car ta voix est douce et charmant ton visage. "
La Bien-Aimée est une colombe aux yeux du Bien-Aimé. L’absence a duré, l’hiver s’était installé. Alors la Bien-Aimée sans son Bien-Aimé s’était réfugiée dans la solitude, en des lieux inaccessibles. Maintenant, le Bien-Aimé est là. Il est temps pour la Bien-Aimée de quitter sa retraite solitaire pour se montrer et se présenter au Bien-Aimé. Le Bien-Aimé fait une requête : que la Bien-Aimée se montre à Lui. Il se réjouit d’entendre sa voix et son visage.
L’âme quand Dieu est absent se réfugie en solitude et l’attend. Elle s’en va nicher sur la montagne de son Dieu, elle se blottit dans les fentes des plaies de Jésus. L’absence de Dieu s’est prolongée. Alors l’âme s’est rendue inaccessible au mondain, elle est entrée en clôture : là, elle veille, elle espère son Dieu. Or, Dieu daigne maintenant se manifester ; Il appelle doucement l’âme (en l’appelant colombe, il la compare à l’Esprit) et loue sa conduite et sa Beauté, car elle se garde pour Lui seul.
Ct 2, 15 : Attrapez-nous les renards, les petits renards ravageurs de vignes, car nos vignes sont en fleur.
La Bien-Aimée craint pour sa vigne qui est en fleur. Il faut que la récolte soit bonne et qu’elle ne soit pas ravagée par les renards. Oui, l’amour est fragile et il peut toujours être menacé… La capture des renards le protège.
L’âme sait qu’elle est en fleur et qu’elle est prête à donner des fruits : alors, elle prie que l’on détourne d’elle tout ce qui pourrait l’éloigner de son Dieu et gâter la récolte qui Lui est destinée. Elle veut que rien ne l’entrave dans sa marche vers Dieu alors qu’elle est encore en chemin et que la récolte est pour demain.
Ct 2, 16 : Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui. Il paît son troupeau parmi les lis.
Alors, pacifiée, la Bien-Aimée se sait appartenir au Bien-Aimé et le Bien-Aimé à la Bien-Aimé en une union indissoluble et un amour réciproque. Ici, c’est le Bien-Aimé est nommé en premier, sa donation est première.
La Bien-Aimée sait aussi maintenant où est le pâturage : le Bien-Aimé « paît parmi les lys », parmi les jeunes filles que les lys symbolisent. Il veut aussi en faire l’Épouse.
L’âme est couronnée : c’est la donation indissoluble et réciproque de l’amour. Mais Dieu a aimé le premier ! Et Dieu est son Berger et paît ses compagnes, ses amies, ses sœurs pour en faire aussi l’Épouse et les faire accéder au « Tu divin ».
Ct 2, 17 : Avant que souffle la brise du jour et que s'enfuient les ombres, retourne... ! Sois semblable, mon bien-aimé, à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes de la Béter.
Alors qu’Il est avec elle, la Bien-Aimée demande au Bien-Aimé de retourner avant la tombée du jour (retourner est ambigu : cela veut dire « pars », mais aussi « reviens plus tard » ce qui traduit bien le sens du verbe hébreu). Elle lui demande de retourner comme il est déjà venu en franchissant les montagnes Bétér (en hébreu, Séparation), avec grâce, tel une gazelle ou un faon. Mais la Bien-Aimée ne le sait-elle pas : les venues du Bien-Aimé sont toujours différentes et la surprendront à nouveau !
Pour que le Bien-Aimé vienne à nouveau, il faut aussi qu’il reparte : la Bien-Aimée ne capte pas son Bien-Aimé, ne se l’approprie pas : elle le laisse aller à son gré et repartir à nouveau dans l’attente de sa venue.
L’âme sait que l’union reste temporaire : chaque union est un gage de plus de l’amour indéfectible de Dieu pour elle. Oui, elle est vraiment l’Épouse. Mais, sur terre, l’union et la Présence sensible de Dieu n‘ont qu’un temps : alors, l’âme libère Dieu et le laisse Dieu retourner (« partir » pour « revenir » vers elle).
Ct 3, 1 : Sur ma couche, la nuit, j'ai cherché celui que mon cœur aime. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé !
La Bien-Aimée avait donné congé au Bien-Aimé à la fin du deuxième poème : donc il n’est pas là. Elle le cherche cependant et bien sûr ne le trouve pas, là, à côté d’elle, sur sa couche.
Dieu est insaisissable, imprévisible. L’âme avait laissé Dieu partir : Il n’est plus là avec elle. Elle Le cherche cependant, mais ne Le trouve pas. C’est vrai : l’âme peut chercher Dieu en elle alors qu’elle est en solitude ou dans l’oraison sans le trouver.
Ct 3, 2 : Je me lèverai donc, et parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé !
Alors, la Bien-Aimée quitte sa maison : comme elle n’a pas trouvé la Bien-Aimé dans le vis-à-vis, elle va sortir à l’extérieur. Là, dans la ville où elle réside, dans le palais du Roi, elle va chercher activement celui que son coeur aime. Mais à nouveau, elle fait un constat : elle a cherché le Bien-Aimé, mais elle ne L’a pas trouvé.
L’âme quitte sa couche (le repos, l’oraison) pour entrer dans l’action et aller activement à la recherche de Dieu dans le monde et parmi les hommes. Elle s’active, mais, à nouveau elle ne le trouve pas. Dieu n’est pas aux bout de nos efforts : mais la Bien-Aimée ne se décourage pas. Jésus a dit : « cherchez et vous trouverez ».
Ct 3, 3 : Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville : " Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? "
La ville est accoisée : les gardes font la ronde. Dans sa quête, la Bien-Aimée les rencontrent, eux qui assurent la sécurité des habitants. Elle leur demande s’ils ont vu celui que son cœur aime.
L’âme s’adresse à des tiers : elle fait appel à des médiateurs, à ceux qui scrutent la Parole. Elle espère qu’ils pourront l’aider dans sa quête du Bien-Aimé.
Ct 3, 4 : A peine les avais-je dépassés, j'ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l'ai saisi et ne le lâcherai point que je ne l'aie fait entrer dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue.
Et la Bien-Aimée continue toujours sa recherche, peut-être avec les indications données par les gardes. Elle va encore plus loin. Mais le Bien-Aimé est bon : il se laisse trouver et découvrir assez vite.
La Bien-Aimée a enfin trouvé le Bien-Aimé. Les autres fois, c’était le Bien-Aimé qui venait à elle ; là, c’est elle qui est allée à Lui. Alors, elle se saisit de Lui et veut l’amener dans la chambre de sa mère là. Elle accède ici au statut d’adulte : sa mère lui passe le relais.
L’âme ne s’est pas découragée : plus rapidement qu’elle ne croyait, elle a trouvé le Bien-Aimé. Dieu est bon, il se laisse trouver souvent aisément dès que l’âme le recherche activement. Là, elle le saisit pour l’introduire dans la chambre de sa mère là où elle a reçu la vie, pour recevoir de Dieu, une vie encore plus abondante : c’est la seconde naissance, la naissance en Dieu, le don de la vie éternelle, l’accès à la résurrection… La maison de sa mère, c’est celle de Marie, la maison de Jésus.
Ct 3, 5 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir.
La finale du second poème est identique à celle du premier poème. La Bien-Aimée est près de son Bien-Aimé : maintenant, elle repose.
Le Bien-Aimé, quant à Lui, est toujours en éveil, c’est Sa Nature. Il demande solennellement que l’on laisse la Bien-Aimée se reposer maintenant et qu’elle s’éveille naturellement. Il prie ses compagnes au nom de la Beauté de la Bien-Aimée et de l’amour symbolisés par les gazelles et les biches. Et le Bien-Aimé le sait, la course d’amour repartira ensuite pour la Bien-Aimée. Ce sera l’objet du troisième poème…
Dieu prend toujours soin de l’âme qui se repose et jouit d’un Repos en Lui : c’est la fruition d’amour. L’âme est alors entrée dans la passivité qui est un don de son Dieu. Alors Dieu fait de grandes choses en elle et continue de la former et de la sculpter selon Son Bon Plaisir.
Le Cantique est comme un hologramme. Chacune de ses parties contient à elle seule tout le Cantique.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Troisième Poème (Ct 3, 6 - 5, 1)
Ct 3, 6 : Qu'est-ce là qui monte du désert, comme une colonne de fumée, vapeur de myrrhe et d'encens et de tous parfums exotiques ?
Au premier abord, la phrase apparaît un peu énigmatique : de qui ou de quoi s’agit-il ?
En fait, il s’agit d’une litière, de la litière du roi comme nous le verrons dans le verset suivant. Maintenant, le Bien-Aimé s’avance avec faste, éclat et majesté vers la Bien-Aimée. Il monte du désert, une des terres de Son Royaume. On en voit les traces, de la poussière est soulevée. Peut-être revient-il d’une expédition victorieuse pour parader dans Sa Ville ?
Est-ce-le roi qui vient ? Envoie-t-il une litière pour aller chercher Sa Bien-Aimée ? En tout cas, on est là en face de la dimension royale de l’amour.
On peut voir, dans cette scène, une allusion à la colonne de fumée de l’Exode qui signale la Présence de Dieu et aux encens et aromates qui ne sont destinés qu’à Dieu seul et qui accompagnent Son Culte. La litière renvoie aussi à l’Arche de Dieu portée par les israélites dans le désert.
L’âme veille. Elle guette constamment la venue de Dieu. Cette fois, Dieu vient vers elle dans Sa Gloire. La myrrhe et l’encens rappellent la liturgie où Dieu se donne en Gloire et particulièrement dans Son Eucharistie.
Ct 3, 7a : Voici la litière de Salomon.
Oui, c’est bien la litière du roi. Nous apprenons le nom du roi : c’est Salomon, « Le Pacifique ». La litière est préparée pour une parade.
L’âme est heureuse : elle voit venir Dieu avec Gloire et elle le nomme par Son nom qui lui est doux : Jésus.
Ct 3, 7b-8 : Soixante preux l'entourent, élite des preux d'Israël : tous experts à manier l'épée, vétérans des combats. Chacun a le glaive au côté, craignant les surprises de la nuit.
Salomon est roi : c’est un chef de guerre, il a une armée et livre des combats. Il s’avance sous bonne escorte. L’élite de ses hommes, issue de son Peuple, l’entoure et est aguerrie au maniement des armes : elle garde le roi et protège le royaume des attaques des ennemis.
Dieu est le Seigneur des Armées : Il dispose d’une armée qui combat le mal et Il la met à la disposition de l’âme surtout lorsque cette dernière est dans la nuit et les tribulations ou au temps du danger.
Ct 3, 9-10 : Le roi Salomon s'est fait un palanquin en bois du Liban. Il en a fait les colonnes d'argent, le baldaquin d'or, le siège de pourpre. Le fond est une marqueterie d'ébène.
La litière est un Temple portatif qui contient la Présence : il est fait de bois du Liban, de cèdre comme le Temple. Cette litière est somptueuse comme le Temple, c’est un Temple en miniature (ou même l’Arche). Dans certaines traductions, la marqueterie est dite contenir des scènes qui décrivent l’amour du Bien-Aimé et de la Bien-Aimée.
L’âme est ici devant le Tabernacle et y adore Dieu. La litière, c’est aussi le Château de l’âme dans lequel Dieu prend Ses Délices. La marqueterie offre des scènes qui illustrent l’amour de Dieu, l’Amour de Dieu et de l’âme et l’histoire du Salut.
Ct 3, 11 : Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon, avec le diadème dont sa mère l'a couronné au jour de ses épousailles, au jour de la joie de son cœur.
Pourquoi l’arrivée de la litière ? Parce que le roi Salomon vient rejoindre officiellement avec faste et éclat la Bien-Aimée, ceint de la couronne qu’il a reçue de sa mère, le jour des noces, le jour de son bonheur où il a épousé officiellement la Bien-Aimée. La mère en couronnant son fils transfère le lien d’amour de maternel qu’il était sur la Bien-Aimée.
L’âme jubile. Elle veut donner à voir et montrer à tous sa Joie, son Dieu, Son Époux. Dieu est Roi. Ici la Couronne que porte Dieu n’est pas celle de la Royauté, mais celle de la proclamation aux yeux de tous de l’amour et du Lien qui l’unit à l’âme.
Ct 4, 1a : Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle !
Malgré la fête, on entre ici dans un vis-à-vis entre la Bien-Aimée et le Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé s’extasie devant la Beauté de la Bien-Aimée. Il va d’ailleurs continuer par une description de sa Beauté.
L’âme charme Dieu par sa Beauté. Dieu est subjugué par l’âme qu’il a créée à Son Image et à Sa Ressemblance.
Ct 4, 1b : Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile ; tes cheveux comme un troupeau de chèvres, ondulant sur les pentes du mont Galaad.
La Bien-Aimée est cachée derrière un voile qui ne masque pas sa Beauté aux yeux du Bien-Aimé, car elle réserve sa Beauté au seul Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé voit dans les yeux de la Bien-Aimée des colombes, messagères de Paix et de l’amour. Il voit dans ses cheveux noirs une masse ondoyante comme un troupeau de chèvres.
Dieu voit dans le regard de l’âme Son Esprit sous la forme de colombes. L’âme spire l’Esprit par son regard. L’âme reste séparée de Dieu par un voile : mais, cela n’empêche pas Dieu de la voir en plénitude.
Ct 4, 2 : Tes dents, un troupeau de brebis à tondre qui remontent du bain. Chacune a sa jumelle et nulle n'en est privée.
Le Bien-Aimé voit dans les dents de la Bien-Aimée un troupeau de brebis à la blancheur éclatante. Elles se correspondent deux par deux et montrent une belle symétrie, complète.
Dieu dit à l’âme que ses vertus vont par deux et qu’elles se renforcent et se complètent l’une l’autre.
Ct 4, 3 : Tes lèvres, un fil d'écarlate, et tes discours sont ravissants. Tes joues, des moitiés de grenades, derrière ton voile.
Après le noir et le blanc, voici venir le rouge : les lèvres de la Bien-Aimée sont d’un rouge magnifique et elle charme le Bien-Aimé par sa Parole. Ses joues sont douces comme la grenade et le voile ne masque pas sa carnation.
Dieu est séduit par la bouche de la Bien-Aimée et par ses discours. Dieu vante la beauté et la douceur des joues de la Bien-Aimée.
Ct 4, 4 : Ton cou, la tour de David, bâtie par assises. Mille rondaches y sont suspendues, tous les boucliers des preux.
La Bien-Aimée a un port altier : celui d’une Reine. Elle s’associe à la dimension guerrière de son Roi : elle est un fort imprenable du Royaume qui est décoré des boucliers des vaillants de son peuple et muni d’une nombreuse garnison.
La Bien-Aimée est un fort, une forteresse imprenable : son invincibilité vient de Dieu. Elle abrite ses compagnes et ses compagnons qui combattent pour Dieu et qui sont des guerriers de l’armée de Dieu. L’Épouse renvoie ici à force de Marie qui est Mère de l’Église.
Ct 4, 5 : Tes deux seins, deux faons, jumeaux d'une gazelle, qui paissent parmi les lis.
Le Bien-Aimé voit dans les seins de la Bien-Aimée deux faons, jumeaux d’une gazelle. Ici, la Bien-Aimée est semblable au Bien-Aimé qu’elle a comparé à un faon et à une gazelle, déclarés ici comme appartenant au troupeau du Bien-Aimé « ils paissent parmi les lys ».
L’âme dit Dieu, Lui est semblable : elle est à Son Image et à Sa ressemblance. L’âme est jumelle de Dieu.
Ct 4, 6 : Avant que souffle la brise du jour et que s'enfuient les ombres, j'irai à la montagne de la myrrhe, à la colline de l'encens.
Le Bien-Aimé se rappelle ici du congé que lui avait donné la Bien-Aimée au second poème. Il lui dit où il va, avant la tombée du jour, en un lieu qu’il connaît bien. La Bien-Aimée sait donc où Il va : la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens et là, Il se retrouveront.
Mais, que sont ces énigmatiques montagne de la myrrhe et colline de l’encens ?
• ce peut être la Bien-Aimée, elle-même, ainsi symbolisée par ses seins ;
• ce peut être la montagne où se trouve le Temple ;
• C’est l’annonce pour la Bien-Aimée d’une expérience encore ignorée de divine béatitude.
Dieu va se retirer dans son domaine privé. Il promet là à l’âme de nouvelles expériences, de nouvelles venues, encore plus belles et incommensurables avec ce qu’elle a déjà vécu.
Jésus nous rappelle à cette occasion qu’il a été dressé sur la Croix sur la colline du Calvaire pour nous sauver et nous introduire dans la vie éternelle.
Ct 4, 7 : Tu es toute belle, ma bien-aimée, et sans tache aucune !
Le Bien-Aimé est toujours extasié et ébloui par la Beauté de la Bien-Aimée. Il la trouve irréprochable, sans défaut.
Dieu compare ici l’âme à Marie et son Immaculée Conception.
Ct 4, 8a : Viens du Liban, ô fiancée, viens du Liban, fais ton entrée.
Lui vient du désert, elle du Liban, des montagnes les plus hautes de Palestine. Le Bien-Aimé invite la Bien-Aimée à venir auprès de Lui.
Le Bien-Aimé appelle sa Bien-Aimée « fiancée » pour souligner sa chasteté et sa pureté en tant Épouse et encore le fait qu’elle soit parée pour le Bien-Aimé et que ce dernier la regarde avec un regard toujours neuf.
Dieu invite maintenant l’âme à entrer, à accéder auprès de Lui.
Le terme fiancée dénote ici la virginité perpétuelle de l’âme-Épouse.
Ct 4, 8b : Abaisse tes regards, des cimes de l'Amana, des cimes du Sanir et de l'Hermon, repaire des lions, montagne des léopards.
Le Bien-Aimé a élevé la Bien-Aimée, elle est presque inaccessible, elle possède la maîtrise de l’amour : les fauves, lions et léopards lui sont soumis. Le Bien-Aimé s’est abaissé devant elle, il lui demande d’abaisser ses regards vers Lui.
Dieu se fait humble devant l’âme : c’est presque comme s’il mendiait son amour.
Ct 4, 9 : Tu me fais perdre le sens, ma sœur, ô fiancée, tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards, par un anneau de ton collier !
Le Bien-Aimé est captivé et rendu fou par le regard de la Bien-Aimée et même par un seul de ses regards et aussi par ses parures : il suffit même d’un seul anneau de son collier.
L’âme, par ses regards et même par un seul de ses regards, met Dieu hors de Lui. Il en est de même de ses parures, don de Dieu : il suffit d’un seul anneau de son collier.
Ct 4, 10 : Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô fiancée. Que ton amour est délicieux, plus que le vin ! Et l'arôme de tes parfums, plus que tous les baumes !
Le Bien-Aimé vante l’amour de la Bien-Aimée, chaste et pur. Il reprend les images de la Bien-Aimée sur l‘amour et le vin. L’amour de la Bien-Aimé rivalise avec celui du Bien-Aimé. La Bien-Aimée l’enivre de ses parfums. En l’appelant « sœur » le Bien-Aimé souligne la parenté forte de la Bien-Aimée avec Lui : ils sont du même sang.
L‘âme rivalise avec Dieu en matière d’amour : elle aime Dieu de l’amour dont lui-même l’aime. Elle exhale l’odeur de la Sainteté qui n’appartient qu’à Dieu et que Dieu lui communique
Ct 4, 11 : Tes lèvres, ô fiancée, distillent le miel vierge. Le miel et le lait sont sous ta langue ; et le parfum de tes vêtements est comme le parfum du Liban.
Le Bien-Aimé embrasse la Bien-Aimée. Il goûte la douceur de sa bouche et de ses baisers qui sont pour Lui une nourriture paradisiaque. Il est à nouveau troublé par le parfum de la Bien-Aimée.
L’âme participe au baiser d’amour du Père et du Fils. Elle est dans sa robe de sainteté qui exhale une odeur enivrante.
Ct 4, 12 : Elle est un jardin bien clos, ma sœur, ô fiancée ; un jardin bien clos, une source scellée.
La Bien-Aimée est un jardin et aussi une source scellée où les impuretés ne pénètrent pas.
La Bien-Aimée est toute donnée au Bien-Aimée. Elle se réserve pour Lui. Nul ne peut pénétrer dans le jardin que le Bien-Aimé.
L’âme se réserve pour Dieu seul : elle est un jardin où Dieu se promène et un puits auquel Jésus se désaltère.
Ct 4, 13 : Tes jets font un verger de grenadiers, avec les fruits les plus exquis :
Le Bien-Aimé va décrire le jardin qu’est la Bien-Aimée : il en parle comme un véritable Paradis.
Le jardin est arrosé par des jets : il produit des fruits exquis pour le Bien-Aimé, des grenades.
L’âme a un jardin irrigué par un dispositif : cela lui donne moins de peine pour entretenir le jardin. Elle a déjà gravi quelques niveaux d’oraison ce dont parle Thérèse d’Avila.
La beauté du jardin témoigne de tout le travail que Dieu a accompli dans l’âme.
Ct 4, 14 : le nard et le safran, le roseau odorant et le cinnamome, avec tous les arbres à encens ; la myrrhe et l'aloès, avec les plus fins arômes.
Le jardin de la Bien-Aimée est luxuriant et odoriférant ce qui plaît au Bien-Aimé dont nous avons vu qu’il était sensible aux odeurs et aux parfums.
Les parfums de l’âme sont maintenant nombreux et variés.
Ct 4, 15 : Source des jardins, puits d'eaux vives, ruissellement du Liban !
Dans le jardin coule de l’eau en abondance qui assure sa fécondité. Le Bien-Aimé peut aussi s’y désaltérer.
L’âme est rempli de l’Esprit-Saint : de son sein, coulent des fleuves d’eau vive.
Ct 4, 16 : Lève-toi, aquilon, accours, autan ! Soufflez sur mon jardin, qu'il distille ses aromates ! Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu'il en goûte les fruits délicieux !
Il ne reste plus qu’au vent à se lever pour qu’il distille et répande les aromates. Tel est le désir de la Bien-Aimée pour préparer la venue du Bien-Aimé. Tout est prêt : le Bien-Aimé peut entrer dans son bien propre et en goûter les fruits délicieux.
L’âme implore l’Esprit, qu’il vienne : qu’il fasse lever ses parfums, qu’il les répande pour préparer la venue de Dieu dans l’âme. Tout est prêt, Dieu peut venir dans l’âme et en goûter les fruits savoureux.
Ct 5, 1a : J'entre dans mon jardin, ma sœur, ô fiancée, je récolte ma myrrhe et mon baume, je mange mon miel et mon rayon, je bois mon vin et mon lait.
Tel était le désir de la Bien-Aimée auquel accède maintenant le Bien-Aimé : il entre dans le jardin. L’Époux se promène dans le jardin et en récolte les produits qui sont siens, dont il a la propriété. Mais, le jardin est plus qu’un jardin : il offre même du miel, du lait et du vin. Le jardin est ainsi aussi la Terre Promise où coulent le lait et le miel.
A l’invitation de l’âme qui s’est préparée, Dieu vient en personne et goûte les fruits de l’âme comme son bien propre.
Ct 5, 1b : Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés !
Le Bien-Aimé invite tous ses compagnons à participer à la fête et à sa joie ainsi qu’à celle de la Bien-Aimée, jusqu’à l’extrême, en les autorisant à se réjouir et aussi à s’enivrer.
La communion de Dieu et de l’âme est ouverte à tous et, dans le Banquet, chacun est invité à vivre l’ivresse spirituelle, l’extase du partage de la vie trinitaire. Dieu invite tout le monde à participer à Sa Joie et à la partager. Il invite chacun et tous à participer à Son Repas où Lui-même se donne en boisson et en nourriture.
Dans ce troisième poème, comme dans les deux précédents et le prologue, nous sommes encore en présence d’une culmination de l’amour qui s’achève cette fois dans une dimension universelle.
Ct 3, 6 : Qu'est-ce là qui monte du désert, comme une colonne de fumée, vapeur de myrrhe et d'encens et de tous parfums exotiques ?
Au premier abord, la phrase apparaît un peu énigmatique : de qui ou de quoi s’agit-il ?
En fait, il s’agit d’une litière, de la litière du roi comme nous le verrons dans le verset suivant. Maintenant, le Bien-Aimé s’avance avec faste, éclat et majesté vers la Bien-Aimée. Il monte du désert, une des terres de Son Royaume. On en voit les traces, de la poussière est soulevée. Peut-être revient-il d’une expédition victorieuse pour parader dans Sa Ville ?
Est-ce-le roi qui vient ? Envoie-t-il une litière pour aller chercher Sa Bien-Aimée ? En tout cas, on est là en face de la dimension royale de l’amour.
On peut voir, dans cette scène, une allusion à la colonne de fumée de l’Exode qui signale la Présence de Dieu et aux encens et aromates qui ne sont destinés qu’à Dieu seul et qui accompagnent Son Culte. La litière renvoie aussi à l’Arche de Dieu portée par les israélites dans le désert.
L’âme veille. Elle guette constamment la venue de Dieu. Cette fois, Dieu vient vers elle dans Sa Gloire. La myrrhe et l’encens rappellent la liturgie où Dieu se donne en Gloire et particulièrement dans Son Eucharistie.
Ct 3, 7a : Voici la litière de Salomon.
Oui, c’est bien la litière du roi. Nous apprenons le nom du roi : c’est Salomon, « Le Pacifique ». La litière est préparée pour une parade.
L’âme est heureuse : elle voit venir Dieu avec Gloire et elle le nomme par Son nom qui lui est doux : Jésus.
Ct 3, 7b-8 : Soixante preux l'entourent, élite des preux d'Israël : tous experts à manier l'épée, vétérans des combats. Chacun a le glaive au côté, craignant les surprises de la nuit.
Salomon est roi : c’est un chef de guerre, il a une armée et livre des combats. Il s’avance sous bonne escorte. L’élite de ses hommes, issue de son Peuple, l’entoure et est aguerrie au maniement des armes : elle garde le roi et protège le royaume des attaques des ennemis.
Dieu est le Seigneur des Armées : Il dispose d’une armée qui combat le mal et Il la met à la disposition de l’âme surtout lorsque cette dernière est dans la nuit et les tribulations ou au temps du danger.
Ct 3, 9-10 : Le roi Salomon s'est fait un palanquin en bois du Liban. Il en a fait les colonnes d'argent, le baldaquin d'or, le siège de pourpre. Le fond est une marqueterie d'ébène.
La litière est un Temple portatif qui contient la Présence : il est fait de bois du Liban, de cèdre comme le Temple. Cette litière est somptueuse comme le Temple, c’est un Temple en miniature (ou même l’Arche). Dans certaines traductions, la marqueterie est dite contenir des scènes qui décrivent l’amour du Bien-Aimé et de la Bien-Aimée.
L’âme est ici devant le Tabernacle et y adore Dieu. La litière, c’est aussi le Château de l’âme dans lequel Dieu prend Ses Délices. La marqueterie offre des scènes qui illustrent l’amour de Dieu, l’Amour de Dieu et de l’âme et l’histoire du Salut.
Ct 3, 11 : Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon, avec le diadème dont sa mère l'a couronné au jour de ses épousailles, au jour de la joie de son cœur.
Pourquoi l’arrivée de la litière ? Parce que le roi Salomon vient rejoindre officiellement avec faste et éclat la Bien-Aimée, ceint de la couronne qu’il a reçue de sa mère, le jour des noces, le jour de son bonheur où il a épousé officiellement la Bien-Aimée. La mère en couronnant son fils transfère le lien d’amour de maternel qu’il était sur la Bien-Aimée.
L’âme jubile. Elle veut donner à voir et montrer à tous sa Joie, son Dieu, Son Époux. Dieu est Roi. Ici la Couronne que porte Dieu n’est pas celle de la Royauté, mais celle de la proclamation aux yeux de tous de l’amour et du Lien qui l’unit à l’âme.
Ct 4, 1a : Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle !
Malgré la fête, on entre ici dans un vis-à-vis entre la Bien-Aimée et le Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé s’extasie devant la Beauté de la Bien-Aimée. Il va d’ailleurs continuer par une description de sa Beauté.
L’âme charme Dieu par sa Beauté. Dieu est subjugué par l’âme qu’il a créée à Son Image et à Sa Ressemblance.
Ct 4, 1b : Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile ; tes cheveux comme un troupeau de chèvres, ondulant sur les pentes du mont Galaad.
La Bien-Aimée est cachée derrière un voile qui ne masque pas sa Beauté aux yeux du Bien-Aimé, car elle réserve sa Beauté au seul Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé voit dans les yeux de la Bien-Aimée des colombes, messagères de Paix et de l’amour. Il voit dans ses cheveux noirs une masse ondoyante comme un troupeau de chèvres.
Dieu voit dans le regard de l’âme Son Esprit sous la forme de colombes. L’âme spire l’Esprit par son regard. L’âme reste séparée de Dieu par un voile : mais, cela n’empêche pas Dieu de la voir en plénitude.
Ct 4, 2 : Tes dents, un troupeau de brebis à tondre qui remontent du bain. Chacune a sa jumelle et nulle n'en est privée.
Le Bien-Aimé voit dans les dents de la Bien-Aimée un troupeau de brebis à la blancheur éclatante. Elles se correspondent deux par deux et montrent une belle symétrie, complète.
Dieu dit à l’âme que ses vertus vont par deux et qu’elles se renforcent et se complètent l’une l’autre.
Ct 4, 3 : Tes lèvres, un fil d'écarlate, et tes discours sont ravissants. Tes joues, des moitiés de grenades, derrière ton voile.
Après le noir et le blanc, voici venir le rouge : les lèvres de la Bien-Aimée sont d’un rouge magnifique et elle charme le Bien-Aimé par sa Parole. Ses joues sont douces comme la grenade et le voile ne masque pas sa carnation.
Dieu est séduit par la bouche de la Bien-Aimée et par ses discours. Dieu vante la beauté et la douceur des joues de la Bien-Aimée.
Ct 4, 4 : Ton cou, la tour de David, bâtie par assises. Mille rondaches y sont suspendues, tous les boucliers des preux.
La Bien-Aimée a un port altier : celui d’une Reine. Elle s’associe à la dimension guerrière de son Roi : elle est un fort imprenable du Royaume qui est décoré des boucliers des vaillants de son peuple et muni d’une nombreuse garnison.
La Bien-Aimée est un fort, une forteresse imprenable : son invincibilité vient de Dieu. Elle abrite ses compagnes et ses compagnons qui combattent pour Dieu et qui sont des guerriers de l’armée de Dieu. L’Épouse renvoie ici à force de Marie qui est Mère de l’Église.
Ct 4, 5 : Tes deux seins, deux faons, jumeaux d'une gazelle, qui paissent parmi les lis.
Le Bien-Aimé voit dans les seins de la Bien-Aimée deux faons, jumeaux d’une gazelle. Ici, la Bien-Aimée est semblable au Bien-Aimé qu’elle a comparé à un faon et à une gazelle, déclarés ici comme appartenant au troupeau du Bien-Aimé « ils paissent parmi les lys ».
L’âme dit Dieu, Lui est semblable : elle est à Son Image et à Sa ressemblance. L’âme est jumelle de Dieu.
Ct 4, 6 : Avant que souffle la brise du jour et que s'enfuient les ombres, j'irai à la montagne de la myrrhe, à la colline de l'encens.
Le Bien-Aimé se rappelle ici du congé que lui avait donné la Bien-Aimée au second poème. Il lui dit où il va, avant la tombée du jour, en un lieu qu’il connaît bien. La Bien-Aimée sait donc où Il va : la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens et là, Il se retrouveront.
Mais, que sont ces énigmatiques montagne de la myrrhe et colline de l’encens ?
• ce peut être la Bien-Aimée, elle-même, ainsi symbolisée par ses seins ;
• ce peut être la montagne où se trouve le Temple ;
• C’est l’annonce pour la Bien-Aimée d’une expérience encore ignorée de divine béatitude.
Dieu va se retirer dans son domaine privé. Il promet là à l’âme de nouvelles expériences, de nouvelles venues, encore plus belles et incommensurables avec ce qu’elle a déjà vécu.
Jésus nous rappelle à cette occasion qu’il a été dressé sur la Croix sur la colline du Calvaire pour nous sauver et nous introduire dans la vie éternelle.
Ct 4, 7 : Tu es toute belle, ma bien-aimée, et sans tache aucune !
Le Bien-Aimé est toujours extasié et ébloui par la Beauté de la Bien-Aimée. Il la trouve irréprochable, sans défaut.
Dieu compare ici l’âme à Marie et son Immaculée Conception.
Ct 4, 8a : Viens du Liban, ô fiancée, viens du Liban, fais ton entrée.
Lui vient du désert, elle du Liban, des montagnes les plus hautes de Palestine. Le Bien-Aimé invite la Bien-Aimée à venir auprès de Lui.
Le Bien-Aimé appelle sa Bien-Aimée « fiancée » pour souligner sa chasteté et sa pureté en tant Épouse et encore le fait qu’elle soit parée pour le Bien-Aimé et que ce dernier la regarde avec un regard toujours neuf.
Dieu invite maintenant l’âme à entrer, à accéder auprès de Lui.
Le terme fiancée dénote ici la virginité perpétuelle de l’âme-Épouse.
Ct 4, 8b : Abaisse tes regards, des cimes de l'Amana, des cimes du Sanir et de l'Hermon, repaire des lions, montagne des léopards.
Le Bien-Aimé a élevé la Bien-Aimée, elle est presque inaccessible, elle possède la maîtrise de l’amour : les fauves, lions et léopards lui sont soumis. Le Bien-Aimé s’est abaissé devant elle, il lui demande d’abaisser ses regards vers Lui.
Dieu se fait humble devant l’âme : c’est presque comme s’il mendiait son amour.
Ct 4, 9 : Tu me fais perdre le sens, ma sœur, ô fiancée, tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards, par un anneau de ton collier !
Le Bien-Aimé est captivé et rendu fou par le regard de la Bien-Aimée et même par un seul de ses regards et aussi par ses parures : il suffit même d’un seul anneau de son collier.
L’âme, par ses regards et même par un seul de ses regards, met Dieu hors de Lui. Il en est de même de ses parures, don de Dieu : il suffit d’un seul anneau de son collier.
Ct 4, 10 : Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô fiancée. Que ton amour est délicieux, plus que le vin ! Et l'arôme de tes parfums, plus que tous les baumes !
Le Bien-Aimé vante l’amour de la Bien-Aimée, chaste et pur. Il reprend les images de la Bien-Aimée sur l‘amour et le vin. L’amour de la Bien-Aimé rivalise avec celui du Bien-Aimé. La Bien-Aimée l’enivre de ses parfums. En l’appelant « sœur » le Bien-Aimé souligne la parenté forte de la Bien-Aimée avec Lui : ils sont du même sang.
L‘âme rivalise avec Dieu en matière d’amour : elle aime Dieu de l’amour dont lui-même l’aime. Elle exhale l’odeur de la Sainteté qui n’appartient qu’à Dieu et que Dieu lui communique
Ct 4, 11 : Tes lèvres, ô fiancée, distillent le miel vierge. Le miel et le lait sont sous ta langue ; et le parfum de tes vêtements est comme le parfum du Liban.
Le Bien-Aimé embrasse la Bien-Aimée. Il goûte la douceur de sa bouche et de ses baisers qui sont pour Lui une nourriture paradisiaque. Il est à nouveau troublé par le parfum de la Bien-Aimée.
L’âme participe au baiser d’amour du Père et du Fils. Elle est dans sa robe de sainteté qui exhale une odeur enivrante.
Ct 4, 12 : Elle est un jardin bien clos, ma sœur, ô fiancée ; un jardin bien clos, une source scellée.
La Bien-Aimée est un jardin et aussi une source scellée où les impuretés ne pénètrent pas.
La Bien-Aimée est toute donnée au Bien-Aimée. Elle se réserve pour Lui. Nul ne peut pénétrer dans le jardin que le Bien-Aimé.
L’âme se réserve pour Dieu seul : elle est un jardin où Dieu se promène et un puits auquel Jésus se désaltère.
Ct 4, 13 : Tes jets font un verger de grenadiers, avec les fruits les plus exquis :
Le Bien-Aimé va décrire le jardin qu’est la Bien-Aimée : il en parle comme un véritable Paradis.
Le jardin est arrosé par des jets : il produit des fruits exquis pour le Bien-Aimé, des grenades.
L’âme a un jardin irrigué par un dispositif : cela lui donne moins de peine pour entretenir le jardin. Elle a déjà gravi quelques niveaux d’oraison ce dont parle Thérèse d’Avila.
La beauté du jardin témoigne de tout le travail que Dieu a accompli dans l’âme.
Ct 4, 14 : le nard et le safran, le roseau odorant et le cinnamome, avec tous les arbres à encens ; la myrrhe et l'aloès, avec les plus fins arômes.
Le jardin de la Bien-Aimée est luxuriant et odoriférant ce qui plaît au Bien-Aimé dont nous avons vu qu’il était sensible aux odeurs et aux parfums.
Les parfums de l’âme sont maintenant nombreux et variés.
Ct 4, 15 : Source des jardins, puits d'eaux vives, ruissellement du Liban !
Dans le jardin coule de l’eau en abondance qui assure sa fécondité. Le Bien-Aimé peut aussi s’y désaltérer.
L’âme est rempli de l’Esprit-Saint : de son sein, coulent des fleuves d’eau vive.
Ct 4, 16 : Lève-toi, aquilon, accours, autan ! Soufflez sur mon jardin, qu'il distille ses aromates ! Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu'il en goûte les fruits délicieux !
Il ne reste plus qu’au vent à se lever pour qu’il distille et répande les aromates. Tel est le désir de la Bien-Aimée pour préparer la venue du Bien-Aimé. Tout est prêt : le Bien-Aimé peut entrer dans son bien propre et en goûter les fruits délicieux.
L’âme implore l’Esprit, qu’il vienne : qu’il fasse lever ses parfums, qu’il les répande pour préparer la venue de Dieu dans l’âme. Tout est prêt, Dieu peut venir dans l’âme et en goûter les fruits savoureux.
Ct 5, 1a : J'entre dans mon jardin, ma sœur, ô fiancée, je récolte ma myrrhe et mon baume, je mange mon miel et mon rayon, je bois mon vin et mon lait.
Tel était le désir de la Bien-Aimée auquel accède maintenant le Bien-Aimé : il entre dans le jardin. L’Époux se promène dans le jardin et en récolte les produits qui sont siens, dont il a la propriété. Mais, le jardin est plus qu’un jardin : il offre même du miel, du lait et du vin. Le jardin est ainsi aussi la Terre Promise où coulent le lait et le miel.
A l’invitation de l’âme qui s’est préparée, Dieu vient en personne et goûte les fruits de l’âme comme son bien propre.
Ct 5, 1b : Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés !
Le Bien-Aimé invite tous ses compagnons à participer à la fête et à sa joie ainsi qu’à celle de la Bien-Aimée, jusqu’à l’extrême, en les autorisant à se réjouir et aussi à s’enivrer.
La communion de Dieu et de l’âme est ouverte à tous et, dans le Banquet, chacun est invité à vivre l’ivresse spirituelle, l’extase du partage de la vie trinitaire. Dieu invite tout le monde à participer à Sa Joie et à la partager. Il invite chacun et tous à participer à Son Repas où Lui-même se donne en boisson et en nourriture.
Dans ce troisième poème, comme dans les deux précédents et le prologue, nous sommes encore en présence d’une culmination de l’amour qui s’achève cette fois dans une dimension universelle.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Quatrième Poème (Ct 5, 2 - 6, 3)
Ct 5, 2ab : Je dors, mais mon cœur veille. J'entends mon bien-aimé qui frappe.
La Bien-Aimée sommeille, le Bien-Aimé n’est pas là. Mais son cœur reste aux aguets. C’est pourquoi elle entend son Bien-Aimé qui frappe à sa porte dans la nuit.
L’âme peut dormir, mais son cœur veille : elle se tient toujours prête à accueillir Dieu quand il frappe à sa porte.
Ct 5, 2c : " Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit. "
Le Bien-Aimé appelle la Bien-Aimée avec les noms les plus doux. Il la supplie de Lui ouvrir. Cette fois, le Bien-Aimé ne demande plus à la Bien-Aimée de sortir et de venir avec Lui, mais Il la rejoint chez elle. C’est un voyageur dans la nuit : Il est trempé, Il demande à la Bien-Aimée un refuge. La rosée peut indiquer la Bénédiction, l’onction sur le Bien-Aimé.
Dieu a frappé à la porte de l’âme. Il prie l’âme de lui ouvrir avec les noms les plus doux. Le Fils l’appelle ma parfaite : car, l’âme est un témoignage de la Perfection du Père, de la Perfection de l’amour. Là, Dieu se présente comme un voyageur et Il demande un refuge à l’âme.
Ct 5, 3 : "J'ai ôté ma tunique, comment la remettrais-je ? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? "
La Bien-Aimée fait part de son inconfort à répondre à la demande du Bien-Aimé, car le Bien-Aimé vient un peu la déranger dans son sommeil. Elle hésite à se lever. Elle pensait que le Bien-Aimé ne viendrait pas ce soir, elle s’était préparée pour le sommeil : elle s’était couchée.
Dieu vient parfois déranger l’âme dans ses occupations et même dans ses oraisons : l’âme peut alors hésiter à acquiescer à cette venue impromptue de Dieu. Alors, elle tarde à répondre à la demande de Dieu : elle est, en effet, dans sa routine et il est difficile pour elle d’en sortir et de s’en détacher à ce moment-là.
Ct 5, 4 : Mon bien-aimé a passé la main par la fente, et pour lui mes entrailles ont frémi.
La voix du Bien-Aimé n’a pas suffit. Alors, le Bien-Aimé fait une deuxième tentative. Il essaie d’ouvrir la porte lui-même et la Bien-Aimée s’en rend compte : là, son hésitation disparaît et l’action du Bien-Aimé fait monter de l’émotion en elle, l’émotion de l’amour.
Dieu n’a jamais l’intention de violenter l’âme : mais, parfois, il insiste. L’âme s’en rend compte et, sous la touche divine, elle frémit d’amour. Ce sont les contacts substantiels dont parle saint Jean de la Croix.
Ct 5, 5 : Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe vierge, sur la poignée du verrou.
Alors la Bien-Aimée laisse son hésitation de côté, elle se lève pour ouvrir au Bien-Aimé. Elle saisit la poignée de la porte et sent sur ses mains et ses doigts les traces du contact du Bien-Aimé quand Il a touché la poignée du verrou : c’est un cadeau du Bien-Aimé à la Bien-Aimée, ce sont les traces qu’il a laissées de Son passage.
L’âme sous la touche divine se décide à ouvrir. Elle éprouve une trace du contact divin sur elle. Dieu après avoir touché l’âme et l’avoir mise hors d’elle a laissé sur elle des indices de Son passage.
Ct 5, 6 : J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais tournant le dos, il avait disparu ! Sa fuite m'a fait rendre l'âme. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé, je l'ai appelé, mais il n'a pas répondu !
La Bien-Aimée ouvre, mais il est trop tard : le Bien-Aimé a tourné le dos, il a disparu. C’est une douleur, une blessure d’amour pour la Bien-Aimée. Alors, elle sort à Sa suite, elle se met à nouveau à Sa recherche ; elle L’appelle même, mais en vain.
Dieu s’est présenté : l’âme était occupée, elle a hésité. Dieu a insisté. L’âme, bouleversée d’amour, a alors acquiescé : mais, il était trop tard. C’est alors une douleur pour l’âme qui immédiatement se met à nouveau à chercher Dieu.
Ct 5, 7 : Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville. Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée, ils m'ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent les remparts.
La Bien-Aimée est folle d’amour. Elle sort à nouveau dans la ville : hagarde, elle est considérée par les gardes comme une errante, une vagabonde – que fait une femme seule dans la ville et de nuit… Les gardes la frappent et lui volent même son manteau
La Bien-Aimée s’est lancée à la poursuite de Dieu : on ne la comprend pas toujours, elle qui est blessée d’amour. Alors, on peut la blesser davantage ou même vouloir réprimer ses désirs, car elle dérange l’ordre établi… Le monde reste menaçant ; dans cette tribulation, elle communie à la Passion et à la Croix du Christ : comme Lui, elle est frappée et on la dépouille de son manteau.
Ct 5, 8 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui déclarerez-vous ? Que je suis malade d'amour.
La Bien-Aimée ne sait plus quoi faire : elle demande de l’aide aux filles de Jérusalem, de la Ville du Bien-Aimé, qu’elles Lui transmettent un message comme quoi elle est malade d’amour. Cette maladie ne peut être que guérie par l’amour.
L’âme est éperdue : elle demande de l’aide, que l’on prie pour elle, que l’on transmette de sa part un message à Dieu : elle est malade d’amour et seul l’amour retrouvé peut guérir sa blessure d’amour.
Ct 5, 9 : Qu'a donc ton bien aimé de plus que les autres, ô la plus belle des femmes ? Qu'a donc ton bien-aimé de plus que les autres, pour que tu nous conjures de la sorte ?
Les filles de Jérusalem ne comprennent pas la passion de la Bien-Aimée. Qui est donc le Bien-Aimé pour qu’elle l’aime de la sorte ? Mais à voir la Beauté de la Bien-Aimée, elles montrent de l’intérêt. La Bien-Aimée est si belle, quel peut donc être le Bien-Aimé ? Elles, elles ont une expérience limitée de l’amour, de leurs bien-aimés.
Alors, la Bien-Aimée accède à leur requête : elle décrit le Bien-Aimé. C’est la première et l’unique fois qu’elle le fait dans la Cantique. Elle va décrire le Bien-Aimé dans Sa Beauté de la tête aux pieds.
L’âme rayonne de la Beauté de Dieu. Les personnes qui l’entourent le voient. Elles sont intriguées et se demandent qui est Dieu qui rend la Bien-Aimée aussi belle. Qui est-Il donc ? Qu’a-t-il de plus que ceux que l’on aime habituellement ? Alors l’âme va parler : elle est dans sa joie de décrire la Beauté de son Dieu.
Ct 5, 10 : Mon bien-aimé est frais et vermeil, il se reconnaît entre dix mille.
Le Bien-Aimé se distingue par Son aspect et Sa Présence, pareils à nul autre. Il est lumineux (« frais » peut aussi être traduit par « brillant »). Il est l’Unique.
Pour l’âme, Dieu n’a pas son pareil. Il est Beau, Il resplendit et on le reconnaît immédiatement. Il est l’Unique.
Ct 5, 11-15a : Sa tête est d'or, et d'un or pur ; ses boucles sont des palmes, noires comme le corbeau. Ses yeux sont des colombes, au bord des cours d'eau se baignant dans le lait, posées au bord d'une vasque. Ses joues sont comme des parterres d'aromates, des massifs parfumés. Ses lèvres sont des lis ; elles distillent la myrrhe vierge. Ses mains sont des globes d'or, garnis de pierres de Tarsis. Son ventre est une masse d'ivoire, couverte de saphirs. Ses jambes sont des colonnes d'albâtre, posées sur des bases d'or pur.
La tête du Bien-Aimé est éclatante et tout ce qu’il y a de plus noble. Ses cheveux sont noirs : ils ajoutent à Sa Beauté et tranchent sur son visage.
Les yeux du Bien-Aimé ressemblent à ceux de la Bien-Aimée : des colombes. Ils sont messagers d’amour et de Paix. Et, ces colombes s’ébattent dans un environnement heureux.
La Bien-Aimée vante le visage du Bien-Aimé, sa carnation, son odeur. Ses lèvres sont rouges comme des lys : elles sont douces à embrasser.
Les mains et le ventre du Bien-Aimé sont faits de matières de prix – de l’or et de l’ivoire - et incrustés de pierres précieuses.
Les jambes et les pieds du Bien-Aimé participent aussi de Sa Beauté.
L’âme y voit ici une description de la Beauté du Christ, « le plus beau des enfants des hommes ».
Ct 5, 15b : Son aspect est celui du Liban, sans rival comme les cèdres.
Tout cela donne au Bien-Aimé un aspect royal, altier et imposant. Il n’a pas Son pareil.
Ct 5, 16a : Ses discours sont la suavité même, et tout en lui n'est que charme.
Oui, le Bien-Aimé est suave dans Ses Paroles et plein de charme.
Ct 5, 16b : Tel est mon bien-aimé, tel est mon époux, filles de Jérusalem.
La Bien-Aimée a décrit celui qu’elle aime, son Époux aux filles de Jérusalem. Maintenant, peut-être pourront-elles l’aider dans sa recherche.
La description qu’a faite l’âme de l’Époux ressemble à la Jérusalem céleste, étincelante qu’elle, de matériaux et matières nobles et de pierres précieuses.
Ct 6, 1 : Où est parti ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Où s'est tourné ton bien-aimé, que nous le cherchions avec toi ?
Les filles de Jérusalem sont conquises par le portrait du Bien-Aimé. Elles se joignent avec enthousiasme à la Bien-Aimée à la recherche du Bien-Aimé.
L’âme qui parle et qui témoigne de Dieu en entraîne pleins d’autres à sa suite.
Ct 6, 2 : Mon bien-aimé est descendu à son jardin, aux parterres embaumés, pour paître son troupeau dans les jardins, et pour cueillir des lis.
La Bien-Aimée se rappelle maintenant. Elle sait où s’en est allé le Bien-Aimé : dans son jardin. Comment avait-elle pu l’oublier ? Ce qui est nouveau, c’est que le Bien-Aimé utilise le jardin comme un pâturage pour paître son troupeau. La Bien-Aimée devient aussi nourriture pour le troupeau et, en cueillant les lys, le Bien-Aimé fait accéder d’autres « lys » à l’état d’Épouse.
L’âme se rappelle. Il n’y a pas jamais à aller loin pour trouver Dieu. Il réside dans l’âme où il fait paître son troupeau et cueille les lys.
Grâce à l’action de Dieu en elle, l’âme a ouvert son cœur aux dimensions de l’humanité pour qu’elle y paisse et profite de ses biens. Là, l’âme-Épouse devient Mère.
Ct 6, 3 : Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ! Il paît son troupeau parmi les lis.
Oui, la donation de l’amour entre les Bien-Aimés est indissoluble et irrévocable. La Bien-Aimée le sait. Elle sait aussi désormais où trouver le Bien-Aimé lorsqu’elle Le cherche : Il paît son troupeau parmi les lys.
Ici, l’âme évoque en premier la donation d’elle-même : mais elle sait que cette donation est seconde, car Dieu l’a aimée le premier. La Bien-Aimée est pacifiée : elle sait maintenant où trouver le Bien-Aimé. Il est au centre du Château de son âme.
Dans ce quatrième poème, la Bien-Aimée est pacifiée : elle a certes un peu hésité à ouvrir au Bien-Aimé alors qu‘elle sommeillait, mais elle sait désormais où trouver le Bien-Aimé lorsqu’elle le cherche, dans l’âme.
Ct 5, 2ab : Je dors, mais mon cœur veille. J'entends mon bien-aimé qui frappe.
La Bien-Aimée sommeille, le Bien-Aimé n’est pas là. Mais son cœur reste aux aguets. C’est pourquoi elle entend son Bien-Aimé qui frappe à sa porte dans la nuit.
L’âme peut dormir, mais son cœur veille : elle se tient toujours prête à accueillir Dieu quand il frappe à sa porte.
Ct 5, 2c : " Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit. "
Le Bien-Aimé appelle la Bien-Aimée avec les noms les plus doux. Il la supplie de Lui ouvrir. Cette fois, le Bien-Aimé ne demande plus à la Bien-Aimée de sortir et de venir avec Lui, mais Il la rejoint chez elle. C’est un voyageur dans la nuit : Il est trempé, Il demande à la Bien-Aimée un refuge. La rosée peut indiquer la Bénédiction, l’onction sur le Bien-Aimé.
Dieu a frappé à la porte de l’âme. Il prie l’âme de lui ouvrir avec les noms les plus doux. Le Fils l’appelle ma parfaite : car, l’âme est un témoignage de la Perfection du Père, de la Perfection de l’amour. Là, Dieu se présente comme un voyageur et Il demande un refuge à l’âme.
Ct 5, 3 : "J'ai ôté ma tunique, comment la remettrais-je ? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? "
La Bien-Aimée fait part de son inconfort à répondre à la demande du Bien-Aimé, car le Bien-Aimé vient un peu la déranger dans son sommeil. Elle hésite à se lever. Elle pensait que le Bien-Aimé ne viendrait pas ce soir, elle s’était préparée pour le sommeil : elle s’était couchée.
Dieu vient parfois déranger l’âme dans ses occupations et même dans ses oraisons : l’âme peut alors hésiter à acquiescer à cette venue impromptue de Dieu. Alors, elle tarde à répondre à la demande de Dieu : elle est, en effet, dans sa routine et il est difficile pour elle d’en sortir et de s’en détacher à ce moment-là.
Ct 5, 4 : Mon bien-aimé a passé la main par la fente, et pour lui mes entrailles ont frémi.
La voix du Bien-Aimé n’a pas suffit. Alors, le Bien-Aimé fait une deuxième tentative. Il essaie d’ouvrir la porte lui-même et la Bien-Aimée s’en rend compte : là, son hésitation disparaît et l’action du Bien-Aimé fait monter de l’émotion en elle, l’émotion de l’amour.
Dieu n’a jamais l’intention de violenter l’âme : mais, parfois, il insiste. L’âme s’en rend compte et, sous la touche divine, elle frémit d’amour. Ce sont les contacts substantiels dont parle saint Jean de la Croix.
Ct 5, 5 : Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe vierge, sur la poignée du verrou.
Alors la Bien-Aimée laisse son hésitation de côté, elle se lève pour ouvrir au Bien-Aimé. Elle saisit la poignée de la porte et sent sur ses mains et ses doigts les traces du contact du Bien-Aimé quand Il a touché la poignée du verrou : c’est un cadeau du Bien-Aimé à la Bien-Aimée, ce sont les traces qu’il a laissées de Son passage.
L’âme sous la touche divine se décide à ouvrir. Elle éprouve une trace du contact divin sur elle. Dieu après avoir touché l’âme et l’avoir mise hors d’elle a laissé sur elle des indices de Son passage.
Ct 5, 6 : J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais tournant le dos, il avait disparu ! Sa fuite m'a fait rendre l'âme. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé, je l'ai appelé, mais il n'a pas répondu !
La Bien-Aimée ouvre, mais il est trop tard : le Bien-Aimé a tourné le dos, il a disparu. C’est une douleur, une blessure d’amour pour la Bien-Aimée. Alors, elle sort à Sa suite, elle se met à nouveau à Sa recherche ; elle L’appelle même, mais en vain.
Dieu s’est présenté : l’âme était occupée, elle a hésité. Dieu a insisté. L’âme, bouleversée d’amour, a alors acquiescé : mais, il était trop tard. C’est alors une douleur pour l’âme qui immédiatement se met à nouveau à chercher Dieu.
Ct 5, 7 : Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville. Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée, ils m'ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent les remparts.
La Bien-Aimée est folle d’amour. Elle sort à nouveau dans la ville : hagarde, elle est considérée par les gardes comme une errante, une vagabonde – que fait une femme seule dans la ville et de nuit… Les gardes la frappent et lui volent même son manteau
La Bien-Aimée s’est lancée à la poursuite de Dieu : on ne la comprend pas toujours, elle qui est blessée d’amour. Alors, on peut la blesser davantage ou même vouloir réprimer ses désirs, car elle dérange l’ordre établi… Le monde reste menaçant ; dans cette tribulation, elle communie à la Passion et à la Croix du Christ : comme Lui, elle est frappée et on la dépouille de son manteau.
Ct 5, 8 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui déclarerez-vous ? Que je suis malade d'amour.
La Bien-Aimée ne sait plus quoi faire : elle demande de l’aide aux filles de Jérusalem, de la Ville du Bien-Aimé, qu’elles Lui transmettent un message comme quoi elle est malade d’amour. Cette maladie ne peut être que guérie par l’amour.
L’âme est éperdue : elle demande de l’aide, que l’on prie pour elle, que l’on transmette de sa part un message à Dieu : elle est malade d’amour et seul l’amour retrouvé peut guérir sa blessure d’amour.
Ct 5, 9 : Qu'a donc ton bien aimé de plus que les autres, ô la plus belle des femmes ? Qu'a donc ton bien-aimé de plus que les autres, pour que tu nous conjures de la sorte ?
Les filles de Jérusalem ne comprennent pas la passion de la Bien-Aimée. Qui est donc le Bien-Aimé pour qu’elle l’aime de la sorte ? Mais à voir la Beauté de la Bien-Aimée, elles montrent de l’intérêt. La Bien-Aimée est si belle, quel peut donc être le Bien-Aimé ? Elles, elles ont une expérience limitée de l’amour, de leurs bien-aimés.
Alors, la Bien-Aimée accède à leur requête : elle décrit le Bien-Aimé. C’est la première et l’unique fois qu’elle le fait dans la Cantique. Elle va décrire le Bien-Aimé dans Sa Beauté de la tête aux pieds.
L’âme rayonne de la Beauté de Dieu. Les personnes qui l’entourent le voient. Elles sont intriguées et se demandent qui est Dieu qui rend la Bien-Aimée aussi belle. Qui est-Il donc ? Qu’a-t-il de plus que ceux que l’on aime habituellement ? Alors l’âme va parler : elle est dans sa joie de décrire la Beauté de son Dieu.
Ct 5, 10 : Mon bien-aimé est frais et vermeil, il se reconnaît entre dix mille.
Le Bien-Aimé se distingue par Son aspect et Sa Présence, pareils à nul autre. Il est lumineux (« frais » peut aussi être traduit par « brillant »). Il est l’Unique.
Pour l’âme, Dieu n’a pas son pareil. Il est Beau, Il resplendit et on le reconnaît immédiatement. Il est l’Unique.
Ct 5, 11-15a : Sa tête est d'or, et d'un or pur ; ses boucles sont des palmes, noires comme le corbeau. Ses yeux sont des colombes, au bord des cours d'eau se baignant dans le lait, posées au bord d'une vasque. Ses joues sont comme des parterres d'aromates, des massifs parfumés. Ses lèvres sont des lis ; elles distillent la myrrhe vierge. Ses mains sont des globes d'or, garnis de pierres de Tarsis. Son ventre est une masse d'ivoire, couverte de saphirs. Ses jambes sont des colonnes d'albâtre, posées sur des bases d'or pur.
La tête du Bien-Aimé est éclatante et tout ce qu’il y a de plus noble. Ses cheveux sont noirs : ils ajoutent à Sa Beauté et tranchent sur son visage.
Les yeux du Bien-Aimé ressemblent à ceux de la Bien-Aimée : des colombes. Ils sont messagers d’amour et de Paix. Et, ces colombes s’ébattent dans un environnement heureux.
La Bien-Aimée vante le visage du Bien-Aimé, sa carnation, son odeur. Ses lèvres sont rouges comme des lys : elles sont douces à embrasser.
Les mains et le ventre du Bien-Aimé sont faits de matières de prix – de l’or et de l’ivoire - et incrustés de pierres précieuses.
Les jambes et les pieds du Bien-Aimé participent aussi de Sa Beauté.
L’âme y voit ici une description de la Beauté du Christ, « le plus beau des enfants des hommes ».
Ct 5, 15b : Son aspect est celui du Liban, sans rival comme les cèdres.
Tout cela donne au Bien-Aimé un aspect royal, altier et imposant. Il n’a pas Son pareil.
Ct 5, 16a : Ses discours sont la suavité même, et tout en lui n'est que charme.
Oui, le Bien-Aimé est suave dans Ses Paroles et plein de charme.
Ct 5, 16b : Tel est mon bien-aimé, tel est mon époux, filles de Jérusalem.
La Bien-Aimée a décrit celui qu’elle aime, son Époux aux filles de Jérusalem. Maintenant, peut-être pourront-elles l’aider dans sa recherche.
La description qu’a faite l’âme de l’Époux ressemble à la Jérusalem céleste, étincelante qu’elle, de matériaux et matières nobles et de pierres précieuses.
Ct 6, 1 : Où est parti ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Où s'est tourné ton bien-aimé, que nous le cherchions avec toi ?
Les filles de Jérusalem sont conquises par le portrait du Bien-Aimé. Elles se joignent avec enthousiasme à la Bien-Aimée à la recherche du Bien-Aimé.
L’âme qui parle et qui témoigne de Dieu en entraîne pleins d’autres à sa suite.
Ct 6, 2 : Mon bien-aimé est descendu à son jardin, aux parterres embaumés, pour paître son troupeau dans les jardins, et pour cueillir des lis.
La Bien-Aimée se rappelle maintenant. Elle sait où s’en est allé le Bien-Aimé : dans son jardin. Comment avait-elle pu l’oublier ? Ce qui est nouveau, c’est que le Bien-Aimé utilise le jardin comme un pâturage pour paître son troupeau. La Bien-Aimée devient aussi nourriture pour le troupeau et, en cueillant les lys, le Bien-Aimé fait accéder d’autres « lys » à l’état d’Épouse.
L’âme se rappelle. Il n’y a pas jamais à aller loin pour trouver Dieu. Il réside dans l’âme où il fait paître son troupeau et cueille les lys.
Grâce à l’action de Dieu en elle, l’âme a ouvert son cœur aux dimensions de l’humanité pour qu’elle y paisse et profite de ses biens. Là, l’âme-Épouse devient Mère.
Ct 6, 3 : Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ! Il paît son troupeau parmi les lis.
Oui, la donation de l’amour entre les Bien-Aimés est indissoluble et irrévocable. La Bien-Aimée le sait. Elle sait aussi désormais où trouver le Bien-Aimé lorsqu’elle Le cherche : Il paît son troupeau parmi les lys.
Ici, l’âme évoque en premier la donation d’elle-même : mais elle sait que cette donation est seconde, car Dieu l’a aimée le premier. La Bien-Aimée est pacifiée : elle sait maintenant où trouver le Bien-Aimé. Il est au centre du Château de son âme.
Dans ce quatrième poème, la Bien-Aimée est pacifiée : elle a certes un peu hésité à ouvrir au Bien-Aimé alors qu‘elle sommeillait, mais elle sait désormais où trouver le Bien-Aimé lorsqu’elle le cherche, dans l’âme.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
Cinquième Poème (Ct 6, 4 - 8, 4)
Ct 6, 4 : Tu es belle, mon amie, comme Tirça, charmante comme Jérusalem, redoutable comme des bataillons.
La Bien-Aimée est comparée aux deux capitales du Royaume pour sa Beauté et sa Grâce. Elle est dite puissante comme des bataillons, d’un amour qui a conquis le Bien-Aimé.
L’âme est belle aux yeux de Dieu. Elle a conquis le Cœur de Dieu par la force de son amour. Elle possède la force de Marie.
Ct 6, 5 : Détourne de moi tes regards, car ils m'assaillent !
Le Bien-Aimé ne peut supporter les regards de la Bien-Aimée : ils sont des armes avec lesquelles la Bien-Aimée fait la conquête du Bien-Aimé. La Bien-Aimée a un pouvoir sur le Bien-Aimé dont Il ne peut pas se défendre.
Dieu est subjugué par l’âme : c’est comme si elle avait tout pouvoir sur Lui.
Ct 6, 5b-7 : Tes cheveux sont un troupeau de chèvres, ondulant sur les pentes du Galaad. Tes dents sont un troupeau de brebis, qui remontent du bain. Chacune a sa jumelle et nulle n'en est privée. Tes joues sont des moitiés de grenade derrière ton voile.
Mais le Bien-Aimé se reprend. Il fait à nouveau l’éloge de la Bien-Aimée en reprenant des éléments de son premier éloge (cf. Ct 4, 1-3b).
Ct 6, 8-9 : Il y a soixante reines et quatre-vingts concubines ! et des jeunes filles sans nombre. Unique est ma colombe, ma parfaite. Elle est l'unique de sa mère, la préférée de celle qui l'enfanta. Les jeunes femmes l'ont vue et glorifiée, reines et concubines l'ont célébrée :
Le Bien-Aimé a des reines, des concubines et des jeunes filles. Mais la Bien-Aimée est unique : l’unique et la préférée de sa mère, l’unique du Bien-Aimé au sein de sa Cour. Toutes la célèbrent.
Tel le Fils Unique, ainsi l’âme est unique aux yeux de Dieu. Mais, l’amour de l’âme pour Dieu ne fait pas de l’ombre aux autres. Tous se réjouissent de son élection par Dieu : l’amour n’est pas jaloux.
Ct 6, 10 : " Qui est celle-ci qui surgit comme l'aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, redoutable comme des bataillons ? "
La Bien-Aimée est mystérieuse ; elle apparaît ici dans Sa Gloire (aurore, Lune et Soleil). Elle resplendit. Elle est puissante de la puissance de l’amour.
La Bien-Aimée est resplendissante de Gloire, de la Gloire que lui communique Dieu. Elle a toute puissance sur le Cœur de Dieu, elle est configurée à Marie..
Ct 6, 11 : Au jardin des noyers je suis descendue, pour voir les jeunes pousses de la vallée, pour voir si la vigne bourgeonne, si les grenadiers fleurissent.
La Bien-Aimée entre elle-même dans son jardin pour savoir où en est la floraison. C’est le « jardin des noyers » : les noyers symbolisent peut-être le Bien-Aimé comme le fait déjà le pommier.
La Bien-Aimée descend en elle-même dans sa clôture intérieure : elle approfondit son intériorité, elle entre en oraison. Elle y trouve « les noyers » : le Dieu trinitaire.
Ct 6, 12 : Je ne sais, mais mon désir m'a jetée sur les chars d'Amminadîb !
Ce verset est obscur. Nous en donnerons quatre interprétations.
En tout cas, ici, quelque chose d’important s'est produit pour la Bien-Aimée.
1ère interprétation : Amminadib désigne Salomon.
Dans cette interprétation, « Amminadib » est une autre dénomination du Bien-Aimé comme l’est Salomon.
Mais alors pourquoi ce changement de nom pour désigner Salomon lui-même. Serait-ce que le Bien-Aimé cache un mystère ? Cela n’est pas pour nous étonner, car le Bien-Aimé est le Dieu d’Israël.
« Amminadib » mis pour « Salomon » suggère ici le mystère trinitaire de Dieu : Père, Fils et Esprit. L’Ancien Testament annonce ici le Nouveau Testament dans sa compréhension nouvelle de Dieu : il préfigure le Christ.
Ici, Dieu dévoile Son Mystère à l’âme. Il la fait entrer plus profondément dans Son Intimité en Se livrant à elle dans Son Mystère trinitaire : un Dieu unique en trois Personnes. L’âme accède alors par pur don de Dieu « je ne sais pas » à une aperception de la Trinité : elle est introduite dans le partage de la vie trinitaire (cf. le Nescivi d’Élisabeth de la Trinité).
Plus prosaïquement, on est ici en présence d’un palier dans le cheminement de l’âme vers Dieu. Palier qui change sa compréhension de Dieu et qu’elle franchit maintenant.
2ème interprétation : Amminadib ne désigne pas Salomon.
Alors, ce que nous comprenons du verset permet d’identifier ce personnage à Satan.
Cela semble évident : la Bien-Aimée n’est pas à l’abri des tentations et des séductions de Satan. Elle peut être tentée et ne pas garder, sans « trop de faute de sa part » « je ne sais pas », un complet alignement de son désir vers Dieu.
Cette interprétation est celle de la Vulgate et aussi de certains mystiques (cf. saint Jean de la Croix dans la Nuit Obscure). L’âme alors voit combien elle vient d’être misérable envers Dieu : mais dans le repentir, elle en sort grandie en humilité. Tout n’est pas perdu pour elle et Dieu – là, elle ne se centre pas sur elle-même : elle s’ouvre de nouveau à Dieu – (il y a, en effet, le sacrement de réconciliation) : alors, l’âme va pouvoir danser les miséricordes de Dieu et le pardon reçu de Dieu.
Selon Saint-François de Sales : « …tout instinct qu’on ne nourrit pas finit par s’éteindre. ». Il est fort probable que cette affirmation ne soit pas fausse. Du moins jusqu’à un certain point…
3ème interprétation : Amminadib est mis pour « mon noble peuple »
Ici, la Bien-Aimée est montée sur les chars de son « noble peuple » : elle ne sait comment. Elle est montée à côté du Roi, elle partage sa Gloire ce à quoi elle aspirait.
Ici, Dieu a fait entrer l’âme dans la divinisation en la faisant participer à Sa Gloire : on rejoint ici la première interprétation puisque divinisation est synonyme de partage de la vie trinitaire. C’est un pur don de Dieu. L’âme ne sait pas comment cela est arrivé, mais son désir profond a été comblé.
4ème interprétation
Nous retenons ici la traduction de Jacques Gazeaux (cf. aussi traduction de Chouraqui) : « Je ne sais pas moi-même : elle m’a mise en charrerie, avec moi un Prince ».
Ici, la Bien-Aimée est montée sur les chars avec un Prince : elle ne sait comment. Elle est à côté d’un Prince : ce n’est pas le Bien-Aimé et pourtant elle est à sa place (s’agit-il de son père ? cf. Ct 7, 2).
Dans cette interprétation, il y a la fréquentation avec un être configuré à Christ : l’âme est dans la présence d’un « saint » auprès d’elle.
Ct 7, 1a : Reviens, reviens, Sulamite ; reviens, reviens, que nous te regardions !
Au verset précédent, nous avons vu que quelque chose d’important (quoiqu’obscur) s'est produit pour la Bien-Aimée. Alors là, on lui demande de revenir de son expérience. Cette expérience a opéré un changement en elle qui l’a fait maintenant qualifier de Sulamite (c’est-à-dire Salomon au féminin) : elle est devenue semblable au Bien-Aimé. Quelle joie de la regarder !
L’âme est en extase, en contemplation. On l’interpelle, on lui demande de revenir. L’âme est appelée d’un nom nouveau : celui de l’Apocalypse. Elle est devenue semblable à Dieu. Regarder l’âme, c’est maintenant voir Dieu lui-même, Jésus lui-même.
Ct 7, 1b : Pourquoi regardez-vous la Sulamite, dansant comme en un double chœur ?
La Sulamite danse, elle est joyeuse. Des « deux camps », le Bien-Aimé et elle, elle célèbre l’abolition de la séparation. Oserait-on la regarder danser ? Car elle danse pour le Bien-Aimé et c’est comme si elle dansait avec le Bien-Aimé.
L’âme a uni en elle le divin et l’humain. Elle est configurée au Verbe incarné qui unit la nature humaine et la nature divine « sans confusion, sans séparation ». Elle danse pour son Dieu, pour Lui seul : faisons preuve de pudeur, laissons-la seule à sa joie.
ou alors
L’âme est tombée : elle célèbre le pardon de son péché, donné par son Dieu dans le sacrement de réconciliation.
En matière de danse, la danse de David est le paradigme de la danse pour Dieu. David danse - quasi-nu : il avait ceint un pagne de lin - autour de l’Arche, lui qui est joyeux du retour de l'Arche un moment perdue chez les Philistins. L'exultation de David se fait par l'expression corporelle et tous ses membres célèbrent le Seigneur. La danse de David était tellement révélatrice qu’il se vidait de toute son identité, qu’il exposait son entière « neshama », son âme, dans les rues de Jérusalem. Sa danse a dû être l’expression d’un embrasement spirituel extrême. David quand il dansa se dépouilla assez pour qu’il parût comme nu et que cela fut jugé indigne de la gravité et de la majesté d’un roi : d’autant plus que la chose se passait publiquement et devant un grand monde. La réplique de David concernant cet état de fait est inoubliable : je pourrais aller encore plus loin pour Dieu !
Ct 7, 2-6a : Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince ! La courbe de tes flancs est comme un collier, œuvre des mains d'un artiste. Ton nombril forme une coupe, que les vins n'y manquent pas ! Ton ventre, un monceau de froment, de lis environné. Tes deux seins ressemblent à deux faons, jumeaux d'une gazelle. Ton cou, une tour d'ivoire. Tes yeux, les piscines de Heshbôn, près de la porte de Bat-Rabbim. Ton nez, la tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas. Ton chef se dresse, semblable au Carmel, et ses nattes sont comme la pourpre ;
La Bien-Aimée est une fille de prince.
Que la Bien-Aimée est belle quand elle danse ! La Bien-Aimée est l’œuvre d’un artiste de la tête aux pieds. On ne la compare plus au jardin, mais à la Terre Promise elle-même : le jardin est devenu la Terre Promise avec sa fécondité.
La Bien-Aimée est une sentinelle : elle protège la Terre Promise de ses ennemis.
Dans sa danse, l’âme incarne le Royaume dont il est dit qui est « à l’intérieur de nous ». Dieu s’extasie devant l’œuvre de ses mains.
Ct 6, 7b : un roi est pris à tes boucles.
La Bien-Aimée enchaîne et captive son Bien-Aimé par les boucles de ses cheveux.
L’âme a rendu Dieu captive par sa Beauté.
Ct 7, 7 : Que tu es belle, que tu es charmante, ô amour, ô délices !
Oui, le Bien-Aimé est captivé et réjoui par le Beauté de la Bien-Aimée qui danse.
L’âme fait les délices de Dieu.
Ct 7, 8 : Dans ton élan tu ressembles au palmier, tes seins en sont les grappes. J'ai dit : Je monterai au palmier, j'en saisirai les régimes. Tes seins, qu'ils soient des grappes de raisin, le parfum de ton souffle, celui des pommes ;
La Bien-Aimée est comparable à un palmier avec des fruits. Le Bien-Aimé veut faire l’ascension de l’arbre et en cueillir les fruits que sont les seins de la Bien-Aimée. L’haleine de la Bien-Aimée a l’odeur des pommes, le fruit du Bien-Aimé.
Dieu part à l’assaut de l’âme qui spire le Saint-Esprit, l’odeur du Bien-Aimé.
Ct 7, 10 : ton palais, un vin exquis ! Il va droit à mon bien-aimé et coule sur les lèvres de ceux qui sommeillent.
La Bien-Aimée enchante le Bien-Aimé par ses baisers. Le vin est le symbole de l’amour : il emmène les Bien-Aimés vers l’ivresse et le sommeil.
Dieu goûte l’âme. Ici, l’âme exhale ses vertus pour le Bien-Aimé et, destine ses vertus, à réveiller les endormis (ceux pour lesquels Dieu n’est pas au centre de leur vie).
Ct 7, 11 : Je suis à mon bien-aimé, et vers moi se porte son désir.
Oui, la Bien-Aimée est au Bien-Aimé et le Bien-Aimé la désire.
L’âme s’est donnée à Dieu et Dieu la désire comme son Épouse bien-aimée.
Ct 7, 12 : Viens, mon bien-aimé, allons aux champs ! Nous passerons la nuit dans les villages,
La Bien-Aimée invite le Bien-Aimé à sa suite dans la campagne et les villages. C’est l’itinérance de l’amour.
L’âme désire aller avec Dieu à ses côtés dans le monde pour témoigner.
Ct 7, 13 : dès le matin nous irons aux vignobles. Nous verrons si la vigne bourgeonne, si ses pampres fleurissent, si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours.
La Bien-Aimée parle au futur, elle parle d’un avenir, d’un nouveau vécu de l’union.
Alors, au petit matin, ils iront dans le jardin pour voir où en est la floraison et la Bien-Aimée l’invitera à vérifier avec elle. Là, la Bien-Aimée fera l’offrande de son amour au Bien-Aimé.
L’âme convie Dieu à voir son jardin intérieur, à le « vérifier » ensemble pour, là, Lui faire l’offrande d’elle-même. Son jardin toujours refleurit, l’union est toujours nouvelle et va « de commencements en commencements ».
Ct 7, 14 : Les mandragores exhalent leur parfum, à nos portes sont tous les meilleurs fruits. Les nouveaux comme les anciens, je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé.
Les mandragores donnent des « pommes d’amour ». Maintenant, c’est l’heure de la récolte : les fruits du jardin sont là, nouveaux et anciens ; ils ont été récoltés, ils ont été amenés à la porte des Bien-Aimés. Ils sont réservés au Bien-Aimé.
L’âme présente à Dieu les fruits qu‘elle a donnés, Dieu lui-même. Sa vie entière est reprise dans cette offrande qui est pour Dieu seul.
Ct 8, 1 : Ah que ne m'es-tu un frère, allaité au sein de ma mère ! Te rencontrant dehors, je pourrais t'embrasser, sans que les gens me méprisent.
La Bien-Aimée souhaite ici que le Bien-Aimé eût été son frère. Alors, elle pourrait lui montrer son affection en public, l’embrasser en public sans encourir le mépris.
L’âme voit son vœu réalisé : Jésus est véritablement son frère en humanité, elle peut L’appeler ainsi.
Ct 8, 2 : Je te conduirais, je t'introduirais dans la maison de ma mère, tu m'enseignerais ! Je te ferais boire un vin parfumé, ma liqueur de grenades.
Alors, elle reprend l’image du Ct 3,4 (« que je ne l'aie fait entrer dans la maison de ma mère ») et là, Lui l’enseignerait et, en échange, elle Lui ferait boire, son vin. Le goût du vin est ici intensifié, Il est parfumé : c’est sa liqueur de grenade
L’âme veut amener Jésus chez elle et se faire enseigner par le Divin Maître (cf. Élisabeth de la Trinité avec son « je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de vous »). Là, en échange, elle le désaltèrera de son vin parfumé.
Ct 8, 3 : Son bras gauche est sous ma tête, et sa droite m'étreint.
On retrouve ici la finale du premier poème. Maintenant, c’est le repos, c’est la paix. La Bien-Aimée culmine dans la Paix et dans un acte de Tendresse de la part du Bien-Aimé qui l’enserre. A la parole a succédé le Silence.
L’âme repose doucement dans les bras de Dieu. Elle est heureuse car Dieu lui prodigue toute sa Tendresse : celle d’un Époux aimant.
Ct 8, 4 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir.
La finale du cinquième poème est presqu’identique à celle du premier et du second poèmes. La Bien-Aimée est près de son Bien-Aimé : maintenant, elle repose.
Le Bien-Aimé, quant à Lui, est toujours en éveil, c’est Sa Nature. Il demande solennellement que l’on laisse la Bien-Aimée se reposer maintenant et qu’elle s’éveille naturellement. Et le Bien-Aimé le sait, la course d’amour repartira ensuite pour la Bien-Aimée. Ce sera l’objet de l’épilogue…
Dieu prend toujours soin de l’âme qui se repose et jouit d’un Repos en Lui : c’est la fruition d’amour. L’âme est alors entrée dans la passivité qui est un don de son Dieu. Alors Dieu fait de grandes choses en elle et continue de la former et de la sculpter selon Son Bon Plaisir.
Dans ce cinquième et dernier poème, la Bien-Aimée a fait une expérience qui pour nous est obscure et qui l’a transformée. Son jardin a aussi donné sa récolte, laquelle est pour le Bien-Aimé. Elle termine en Lui parlant au futur pour évoquer les délices à venir de l’union.
Ct 6, 4 : Tu es belle, mon amie, comme Tirça, charmante comme Jérusalem, redoutable comme des bataillons.
La Bien-Aimée est comparée aux deux capitales du Royaume pour sa Beauté et sa Grâce. Elle est dite puissante comme des bataillons, d’un amour qui a conquis le Bien-Aimé.
L’âme est belle aux yeux de Dieu. Elle a conquis le Cœur de Dieu par la force de son amour. Elle possède la force de Marie.
Ct 6, 5 : Détourne de moi tes regards, car ils m'assaillent !
Le Bien-Aimé ne peut supporter les regards de la Bien-Aimée : ils sont des armes avec lesquelles la Bien-Aimée fait la conquête du Bien-Aimé. La Bien-Aimée a un pouvoir sur le Bien-Aimé dont Il ne peut pas se défendre.
Dieu est subjugué par l’âme : c’est comme si elle avait tout pouvoir sur Lui.
Ct 6, 5b-7 : Tes cheveux sont un troupeau de chèvres, ondulant sur les pentes du Galaad. Tes dents sont un troupeau de brebis, qui remontent du bain. Chacune a sa jumelle et nulle n'en est privée. Tes joues sont des moitiés de grenade derrière ton voile.
Mais le Bien-Aimé se reprend. Il fait à nouveau l’éloge de la Bien-Aimée en reprenant des éléments de son premier éloge (cf. Ct 4, 1-3b).
Ct 6, 8-9 : Il y a soixante reines et quatre-vingts concubines ! et des jeunes filles sans nombre. Unique est ma colombe, ma parfaite. Elle est l'unique de sa mère, la préférée de celle qui l'enfanta. Les jeunes femmes l'ont vue et glorifiée, reines et concubines l'ont célébrée :
Le Bien-Aimé a des reines, des concubines et des jeunes filles. Mais la Bien-Aimée est unique : l’unique et la préférée de sa mère, l’unique du Bien-Aimé au sein de sa Cour. Toutes la célèbrent.
Tel le Fils Unique, ainsi l’âme est unique aux yeux de Dieu. Mais, l’amour de l’âme pour Dieu ne fait pas de l’ombre aux autres. Tous se réjouissent de son élection par Dieu : l’amour n’est pas jaloux.
Ct 6, 10 : " Qui est celle-ci qui surgit comme l'aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, redoutable comme des bataillons ? "
La Bien-Aimée est mystérieuse ; elle apparaît ici dans Sa Gloire (aurore, Lune et Soleil). Elle resplendit. Elle est puissante de la puissance de l’amour.
La Bien-Aimée est resplendissante de Gloire, de la Gloire que lui communique Dieu. Elle a toute puissance sur le Cœur de Dieu, elle est configurée à Marie..
Ct 6, 11 : Au jardin des noyers je suis descendue, pour voir les jeunes pousses de la vallée, pour voir si la vigne bourgeonne, si les grenadiers fleurissent.
La Bien-Aimée entre elle-même dans son jardin pour savoir où en est la floraison. C’est le « jardin des noyers » : les noyers symbolisent peut-être le Bien-Aimé comme le fait déjà le pommier.
La Bien-Aimée descend en elle-même dans sa clôture intérieure : elle approfondit son intériorité, elle entre en oraison. Elle y trouve « les noyers » : le Dieu trinitaire.
Ct 6, 12 : Je ne sais, mais mon désir m'a jetée sur les chars d'Amminadîb !
Ce verset est obscur. Nous en donnerons quatre interprétations.
En tout cas, ici, quelque chose d’important s'est produit pour la Bien-Aimée.
1ère interprétation : Amminadib désigne Salomon.
Dans cette interprétation, « Amminadib » est une autre dénomination du Bien-Aimé comme l’est Salomon.
Mais alors pourquoi ce changement de nom pour désigner Salomon lui-même. Serait-ce que le Bien-Aimé cache un mystère ? Cela n’est pas pour nous étonner, car le Bien-Aimé est le Dieu d’Israël.
« Amminadib » mis pour « Salomon » suggère ici le mystère trinitaire de Dieu : Père, Fils et Esprit. L’Ancien Testament annonce ici le Nouveau Testament dans sa compréhension nouvelle de Dieu : il préfigure le Christ.
Ici, Dieu dévoile Son Mystère à l’âme. Il la fait entrer plus profondément dans Son Intimité en Se livrant à elle dans Son Mystère trinitaire : un Dieu unique en trois Personnes. L’âme accède alors par pur don de Dieu « je ne sais pas » à une aperception de la Trinité : elle est introduite dans le partage de la vie trinitaire (cf. le Nescivi d’Élisabeth de la Trinité).
Plus prosaïquement, on est ici en présence d’un palier dans le cheminement de l’âme vers Dieu. Palier qui change sa compréhension de Dieu et qu’elle franchit maintenant.
2ème interprétation : Amminadib ne désigne pas Salomon.
Alors, ce que nous comprenons du verset permet d’identifier ce personnage à Satan.
Cela semble évident : la Bien-Aimée n’est pas à l’abri des tentations et des séductions de Satan. Elle peut être tentée et ne pas garder, sans « trop de faute de sa part » « je ne sais pas », un complet alignement de son désir vers Dieu.
Cette interprétation est celle de la Vulgate et aussi de certains mystiques (cf. saint Jean de la Croix dans la Nuit Obscure). L’âme alors voit combien elle vient d’être misérable envers Dieu : mais dans le repentir, elle en sort grandie en humilité. Tout n’est pas perdu pour elle et Dieu – là, elle ne se centre pas sur elle-même : elle s’ouvre de nouveau à Dieu – (il y a, en effet, le sacrement de réconciliation) : alors, l’âme va pouvoir danser les miséricordes de Dieu et le pardon reçu de Dieu.
Selon Saint-François de Sales : « …tout instinct qu’on ne nourrit pas finit par s’éteindre. ». Il est fort probable que cette affirmation ne soit pas fausse. Du moins jusqu’à un certain point…
3ème interprétation : Amminadib est mis pour « mon noble peuple »
Ici, la Bien-Aimée est montée sur les chars de son « noble peuple » : elle ne sait comment. Elle est montée à côté du Roi, elle partage sa Gloire ce à quoi elle aspirait.
Ici, Dieu a fait entrer l’âme dans la divinisation en la faisant participer à Sa Gloire : on rejoint ici la première interprétation puisque divinisation est synonyme de partage de la vie trinitaire. C’est un pur don de Dieu. L’âme ne sait pas comment cela est arrivé, mais son désir profond a été comblé.
4ème interprétation
Nous retenons ici la traduction de Jacques Gazeaux (cf. aussi traduction de Chouraqui) : « Je ne sais pas moi-même : elle m’a mise en charrerie, avec moi un Prince ».
Ici, la Bien-Aimée est montée sur les chars avec un Prince : elle ne sait comment. Elle est à côté d’un Prince : ce n’est pas le Bien-Aimé et pourtant elle est à sa place (s’agit-il de son père ? cf. Ct 7, 2).
Dans cette interprétation, il y a la fréquentation avec un être configuré à Christ : l’âme est dans la présence d’un « saint » auprès d’elle.
Ct 7, 1a : Reviens, reviens, Sulamite ; reviens, reviens, que nous te regardions !
Au verset précédent, nous avons vu que quelque chose d’important (quoiqu’obscur) s'est produit pour la Bien-Aimée. Alors là, on lui demande de revenir de son expérience. Cette expérience a opéré un changement en elle qui l’a fait maintenant qualifier de Sulamite (c’est-à-dire Salomon au féminin) : elle est devenue semblable au Bien-Aimé. Quelle joie de la regarder !
L’âme est en extase, en contemplation. On l’interpelle, on lui demande de revenir. L’âme est appelée d’un nom nouveau : celui de l’Apocalypse. Elle est devenue semblable à Dieu. Regarder l’âme, c’est maintenant voir Dieu lui-même, Jésus lui-même.
Ct 7, 1b : Pourquoi regardez-vous la Sulamite, dansant comme en un double chœur ?
La Sulamite danse, elle est joyeuse. Des « deux camps », le Bien-Aimé et elle, elle célèbre l’abolition de la séparation. Oserait-on la regarder danser ? Car elle danse pour le Bien-Aimé et c’est comme si elle dansait avec le Bien-Aimé.
L’âme a uni en elle le divin et l’humain. Elle est configurée au Verbe incarné qui unit la nature humaine et la nature divine « sans confusion, sans séparation ». Elle danse pour son Dieu, pour Lui seul : faisons preuve de pudeur, laissons-la seule à sa joie.
ou alors
L’âme est tombée : elle célèbre le pardon de son péché, donné par son Dieu dans le sacrement de réconciliation.
En matière de danse, la danse de David est le paradigme de la danse pour Dieu. David danse - quasi-nu : il avait ceint un pagne de lin - autour de l’Arche, lui qui est joyeux du retour de l'Arche un moment perdue chez les Philistins. L'exultation de David se fait par l'expression corporelle et tous ses membres célèbrent le Seigneur. La danse de David était tellement révélatrice qu’il se vidait de toute son identité, qu’il exposait son entière « neshama », son âme, dans les rues de Jérusalem. Sa danse a dû être l’expression d’un embrasement spirituel extrême. David quand il dansa se dépouilla assez pour qu’il parût comme nu et que cela fut jugé indigne de la gravité et de la majesté d’un roi : d’autant plus que la chose se passait publiquement et devant un grand monde. La réplique de David concernant cet état de fait est inoubliable : je pourrais aller encore plus loin pour Dieu !
Ct 7, 2-6a : Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince ! La courbe de tes flancs est comme un collier, œuvre des mains d'un artiste. Ton nombril forme une coupe, que les vins n'y manquent pas ! Ton ventre, un monceau de froment, de lis environné. Tes deux seins ressemblent à deux faons, jumeaux d'une gazelle. Ton cou, une tour d'ivoire. Tes yeux, les piscines de Heshbôn, près de la porte de Bat-Rabbim. Ton nez, la tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas. Ton chef se dresse, semblable au Carmel, et ses nattes sont comme la pourpre ;
La Bien-Aimée est une fille de prince.
Que la Bien-Aimée est belle quand elle danse ! La Bien-Aimée est l’œuvre d’un artiste de la tête aux pieds. On ne la compare plus au jardin, mais à la Terre Promise elle-même : le jardin est devenu la Terre Promise avec sa fécondité.
La Bien-Aimée est une sentinelle : elle protège la Terre Promise de ses ennemis.
Dans sa danse, l’âme incarne le Royaume dont il est dit qui est « à l’intérieur de nous ». Dieu s’extasie devant l’œuvre de ses mains.
Ct 6, 7b : un roi est pris à tes boucles.
La Bien-Aimée enchaîne et captive son Bien-Aimé par les boucles de ses cheveux.
L’âme a rendu Dieu captive par sa Beauté.
Ct 7, 7 : Que tu es belle, que tu es charmante, ô amour, ô délices !
Oui, le Bien-Aimé est captivé et réjoui par le Beauté de la Bien-Aimée qui danse.
L’âme fait les délices de Dieu.
Ct 7, 8 : Dans ton élan tu ressembles au palmier, tes seins en sont les grappes. J'ai dit : Je monterai au palmier, j'en saisirai les régimes. Tes seins, qu'ils soient des grappes de raisin, le parfum de ton souffle, celui des pommes ;
La Bien-Aimée est comparable à un palmier avec des fruits. Le Bien-Aimé veut faire l’ascension de l’arbre et en cueillir les fruits que sont les seins de la Bien-Aimée. L’haleine de la Bien-Aimée a l’odeur des pommes, le fruit du Bien-Aimé.
Dieu part à l’assaut de l’âme qui spire le Saint-Esprit, l’odeur du Bien-Aimé.
Ct 7, 10 : ton palais, un vin exquis ! Il va droit à mon bien-aimé et coule sur les lèvres de ceux qui sommeillent.
La Bien-Aimée enchante le Bien-Aimé par ses baisers. Le vin est le symbole de l’amour : il emmène les Bien-Aimés vers l’ivresse et le sommeil.
Dieu goûte l’âme. Ici, l’âme exhale ses vertus pour le Bien-Aimé et, destine ses vertus, à réveiller les endormis (ceux pour lesquels Dieu n’est pas au centre de leur vie).
Ct 7, 11 : Je suis à mon bien-aimé, et vers moi se porte son désir.
Oui, la Bien-Aimée est au Bien-Aimé et le Bien-Aimé la désire.
L’âme s’est donnée à Dieu et Dieu la désire comme son Épouse bien-aimée.
Ct 7, 12 : Viens, mon bien-aimé, allons aux champs ! Nous passerons la nuit dans les villages,
La Bien-Aimée invite le Bien-Aimé à sa suite dans la campagne et les villages. C’est l’itinérance de l’amour.
L’âme désire aller avec Dieu à ses côtés dans le monde pour témoigner.
Ct 7, 13 : dès le matin nous irons aux vignobles. Nous verrons si la vigne bourgeonne, si ses pampres fleurissent, si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours.
La Bien-Aimée parle au futur, elle parle d’un avenir, d’un nouveau vécu de l’union.
Alors, au petit matin, ils iront dans le jardin pour voir où en est la floraison et la Bien-Aimée l’invitera à vérifier avec elle. Là, la Bien-Aimée fera l’offrande de son amour au Bien-Aimé.
L’âme convie Dieu à voir son jardin intérieur, à le « vérifier » ensemble pour, là, Lui faire l’offrande d’elle-même. Son jardin toujours refleurit, l’union est toujours nouvelle et va « de commencements en commencements ».
Ct 7, 14 : Les mandragores exhalent leur parfum, à nos portes sont tous les meilleurs fruits. Les nouveaux comme les anciens, je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé.
Les mandragores donnent des « pommes d’amour ». Maintenant, c’est l’heure de la récolte : les fruits du jardin sont là, nouveaux et anciens ; ils ont été récoltés, ils ont été amenés à la porte des Bien-Aimés. Ils sont réservés au Bien-Aimé.
L’âme présente à Dieu les fruits qu‘elle a donnés, Dieu lui-même. Sa vie entière est reprise dans cette offrande qui est pour Dieu seul.
Ct 8, 1 : Ah que ne m'es-tu un frère, allaité au sein de ma mère ! Te rencontrant dehors, je pourrais t'embrasser, sans que les gens me méprisent.
La Bien-Aimée souhaite ici que le Bien-Aimé eût été son frère. Alors, elle pourrait lui montrer son affection en public, l’embrasser en public sans encourir le mépris.
L’âme voit son vœu réalisé : Jésus est véritablement son frère en humanité, elle peut L’appeler ainsi.
Ct 8, 2 : Je te conduirais, je t'introduirais dans la maison de ma mère, tu m'enseignerais ! Je te ferais boire un vin parfumé, ma liqueur de grenades.
Alors, elle reprend l’image du Ct 3,4 (« que je ne l'aie fait entrer dans la maison de ma mère ») et là, Lui l’enseignerait et, en échange, elle Lui ferait boire, son vin. Le goût du vin est ici intensifié, Il est parfumé : c’est sa liqueur de grenade
L’âme veut amener Jésus chez elle et se faire enseigner par le Divin Maître (cf. Élisabeth de la Trinité avec son « je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de vous »). Là, en échange, elle le désaltèrera de son vin parfumé.
Ct 8, 3 : Son bras gauche est sous ma tête, et sa droite m'étreint.
On retrouve ici la finale du premier poème. Maintenant, c’est le repos, c’est la paix. La Bien-Aimée culmine dans la Paix et dans un acte de Tendresse de la part du Bien-Aimé qui l’enserre. A la parole a succédé le Silence.
L’âme repose doucement dans les bras de Dieu. Elle est heureuse car Dieu lui prodigue toute sa Tendresse : celle d’un Époux aimant.
Ct 8, 4 : Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir.
La finale du cinquième poème est presqu’identique à celle du premier et du second poèmes. La Bien-Aimée est près de son Bien-Aimé : maintenant, elle repose.
Le Bien-Aimé, quant à Lui, est toujours en éveil, c’est Sa Nature. Il demande solennellement que l’on laisse la Bien-Aimée se reposer maintenant et qu’elle s’éveille naturellement. Et le Bien-Aimé le sait, la course d’amour repartira ensuite pour la Bien-Aimée. Ce sera l’objet de l’épilogue…
Dieu prend toujours soin de l’âme qui se repose et jouit d’un Repos en Lui : c’est la fruition d’amour. L’âme est alors entrée dans la passivité qui est un don de son Dieu. Alors Dieu fait de grandes choses en elle et continue de la former et de la sculpter selon Son Bon Plaisir.
Dans ce cinquième et dernier poème, la Bien-Aimée a fait une expérience qui pour nous est obscure et qui l’a transformée. Son jardin a aussi donné sa récolte, laquelle est pour le Bien-Aimé. Elle termine en Lui parlant au futur pour évoquer les délices à venir de l’union.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
Épilogue (Ct 8, 5-6)
Ct 8, 5a : Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé ?
Le Bien-Aimé ne monte plus seul du désert comme dans le troisième poème. Il est accompagné de la Bien-Aimée qui s’appuie sur Lui. Avec Lui, la Bien-Aimé s’avance belle et mystérieuse.
L’âme s’appuie sur Dieu pour avancer dans le monde : on ne la reconnaît plus, elle est transfigurée par l’amour de Dieu.
Ct 8, 5b : Sous le pommier je t'ai réveillé, là même où ta mère te conçut, là où conçut celle qui t'a enfanté.
Là, la Bien-Aimée prend l’initiative. Le Bien-Aimé dort (c’est la première fois dans le Cantique) et la Bien-Aimée le réveille. Et, là-même où Il a commencé d’être, elle Le rejoint dans son Origine « au commencement ».
L’âme est devenue accomplie en amour : maintenant, elle sait réveiller Jésus lorsqu’il dort en son âme afin de profiter de Sa Présence. Alors, Dieu s’éveille et naît en elle : l’âme est ainsi configurée à la Vierge Marie, la Mère de Jésus. Elle rejoint le Verbe « Au commencement ». Elle est installée au centre de la Trinité (cf. Angèle de Foligno).
Ct 8, 6 : Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol. Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé.
La Bien-Aimée veut être un sceau sur le bras et sur le cœur du Bien-Aimé. Le sceau est tout ce qui il y a de privé et d’officiel. Ce sceau, c’est l’amour de la Bien-Aimée : ce geste symbolise l’union absolue. Comme la mort, l’amour ne relâche plus ceux qu’il rend captifs. L’amour embrase les Bien-Aimés : il est un feu, un feu divin.
Dieu avait posé un signe sur l’âme, manifestant ainsi qu’elle lui appartient. L’âme, de même, veut être un signe sur Dieu, un sceau qu’Il porte. Comme le disciple qui reposait sur la poitrine de Jésus, l’âme veut reposer sur le cœur de Dieu.
L’âme vit de l’amour, elle brûle, elle est enflammée de l’amour divin. Elle ose demander l’absolu. Quelle merveille qu’une âme qui spire l’Esprit d’amour !
Ct 8, 7 : Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour, ni les fleuves le submerger. Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l'amour, ne recueillerait que mépris.
L’amour est un feu indestructible : les grandes eaux, ni les fleuves ne peuvent l’éteindre. L’amour est vainqueur de tout, même de la mort. Rien ne peut l’acheter. Salomon tout riche qu’il était ne pouvait acheter la Bien-Aimée : c’est elle qui a fait don d’elle-même.
L’âme le sait : qui est confronté à l’amour est confronté à l’Infini de Dieu que rien ne saurait vaincre ou épuiser. On ne peut acquérir l’amour, même avec toutes les richesses du monde : l’amour n’est pas à vendre, l‘amour est sans prix. L’amour est pur don de Dieu, il ne saurait être acheté. Celui qui le croirait ne peut recueillir que du mépris, car il méprise lui-même Dieu.
Christ est ressuscité : l’amour a vaincu la mort !
L’épilogue pointe vers le désir de la Bien-Aimée : celui d’une union absolue avec le Bien-Aimé.
Appendices (Ct 8, 7-14)
Ct 8, 8-10 : Notre sœur est petite : elle n'a pas encore les seins formés. Que ferons-nous à notre sœur, le jour où il sera question d'elle ? Si elle est un rempart, nous élèverons au faîte un couronnement d'argent; si elle est une porte, nous dresserons contre elle des dais de cèdre. Je suis un mur, et mes seins en figurent les tours. Aussi ai-je à leurs yeux trouvé la paix.
La Bien-Aimée s’affirme par rapport à ses frères qui la trouvent trop petite et se proposent de l’embellir lorsqu’elle sera en âge de se marier, certainement pour lui trouver un bon parti.
La Bien-Aimée s’affirme, elle coupe court : elle ne veut pas être sous la tutelle de ses frères, elle sait qui elle est (la Bien-Aimée) et clôt la discussion.
Ct 8, 11-12 : Salomon avait une vigne à Baal-Hamôn. Il la confia à des gardiens, et chacun devait lui remettre le prix de son fruit : mille sicles d'argent. Ma vigne à moi, je l'ai sous mes yeux : à toi Salomon les mille sicles, et deux cents aux gardiens de son fruit.
Salomon veut qu’on prenne soin de sa vigne et pour cela il engage des gardiens pour s’en occuper et lui en donner salaire.
La Bien-Aimée s’affirme en disant qu’elle s’occupe bien de sa vigne comme cela. La Bien-Aimée préfère le rapport direct avec sa vigne. Mais elle consent au désir de Salomon : elle lui donne le prix du rendement de la vigne et rétribue les gardiens. Elle semble amusée, mais contente pour eux : peut-on mélanger l’amour et l’argent !
Ct 8, 13-14 : Toi qui habites les jardins, mes compagnons prêtent l'oreille à ta voix : daigne me la faire entendre ! Fuis, mon bien-aimé. Sois semblable à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes de baume !
La Bien-Aimée discourt avec les compagnons du Bien-Aimé. Le Bien-Aimé lui fait une requête (celle d’entendre sa voix). Mais, la Bien-Aimée ne va pas dans le sens du Bien-Aimé. Elle l’invite plutôt à fuir !!!
Ce « fuir » cache, en fait, une invitation à la retrouver sur les montagnes de baume : c’est une invitation au bonheur suprême, car les montagnes de baume sont bien supérieures – le baume est la plus précieuse des matières odoriférantes - à la montagne de la myrrhe et à colline de l’encens (cf. Ct 4, 6).
La touche ultime du Cantique est de fuite ! Fuite du Bien-Aimé à la demande de la Bien-Aimée pour qu’ils se retrouvent encore mieux.
Ici, la Bien-Aimée s’affirme face au désir du Bien-Aimé : elle lui répond par son désir à elle ; elle le manifeste pour emmener le Bien-Aimé encore plus loin - vers l’absolu de l’amour ; elle affirme son désir à elle dans l’union.
Ici, le Cantique des cantiques rend compte poétiquement d’un amour qui n’atteint son Bien-Aimé que dans la conscience que l’union n’aura pas de fin, l’ascension pas de terme…
Ct 8, 5a : Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé ?
Le Bien-Aimé ne monte plus seul du désert comme dans le troisième poème. Il est accompagné de la Bien-Aimée qui s’appuie sur Lui. Avec Lui, la Bien-Aimé s’avance belle et mystérieuse.
L’âme s’appuie sur Dieu pour avancer dans le monde : on ne la reconnaît plus, elle est transfigurée par l’amour de Dieu.
Ct 8, 5b : Sous le pommier je t'ai réveillé, là même où ta mère te conçut, là où conçut celle qui t'a enfanté.
Là, la Bien-Aimée prend l’initiative. Le Bien-Aimé dort (c’est la première fois dans le Cantique) et la Bien-Aimée le réveille. Et, là-même où Il a commencé d’être, elle Le rejoint dans son Origine « au commencement ».
L’âme est devenue accomplie en amour : maintenant, elle sait réveiller Jésus lorsqu’il dort en son âme afin de profiter de Sa Présence. Alors, Dieu s’éveille et naît en elle : l’âme est ainsi configurée à la Vierge Marie, la Mère de Jésus. Elle rejoint le Verbe « Au commencement ». Elle est installée au centre de la Trinité (cf. Angèle de Foligno).
Ct 8, 6 : Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol. Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé.
La Bien-Aimée veut être un sceau sur le bras et sur le cœur du Bien-Aimé. Le sceau est tout ce qui il y a de privé et d’officiel. Ce sceau, c’est l’amour de la Bien-Aimée : ce geste symbolise l’union absolue. Comme la mort, l’amour ne relâche plus ceux qu’il rend captifs. L’amour embrase les Bien-Aimés : il est un feu, un feu divin.
Dieu avait posé un signe sur l’âme, manifestant ainsi qu’elle lui appartient. L’âme, de même, veut être un signe sur Dieu, un sceau qu’Il porte. Comme le disciple qui reposait sur la poitrine de Jésus, l’âme veut reposer sur le cœur de Dieu.
L’âme vit de l’amour, elle brûle, elle est enflammée de l’amour divin. Elle ose demander l’absolu. Quelle merveille qu’une âme qui spire l’Esprit d’amour !
Ct 8, 7 : Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour, ni les fleuves le submerger. Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l'amour, ne recueillerait que mépris.
L’amour est un feu indestructible : les grandes eaux, ni les fleuves ne peuvent l’éteindre. L’amour est vainqueur de tout, même de la mort. Rien ne peut l’acheter. Salomon tout riche qu’il était ne pouvait acheter la Bien-Aimée : c’est elle qui a fait don d’elle-même.
L’âme le sait : qui est confronté à l’amour est confronté à l’Infini de Dieu que rien ne saurait vaincre ou épuiser. On ne peut acquérir l’amour, même avec toutes les richesses du monde : l’amour n’est pas à vendre, l‘amour est sans prix. L’amour est pur don de Dieu, il ne saurait être acheté. Celui qui le croirait ne peut recueillir que du mépris, car il méprise lui-même Dieu.
Christ est ressuscité : l’amour a vaincu la mort !
L’épilogue pointe vers le désir de la Bien-Aimée : celui d’une union absolue avec le Bien-Aimé.
Appendices (Ct 8, 7-14)
Ct 8, 8-10 : Notre sœur est petite : elle n'a pas encore les seins formés. Que ferons-nous à notre sœur, le jour où il sera question d'elle ? Si elle est un rempart, nous élèverons au faîte un couronnement d'argent; si elle est une porte, nous dresserons contre elle des dais de cèdre. Je suis un mur, et mes seins en figurent les tours. Aussi ai-je à leurs yeux trouvé la paix.
La Bien-Aimée s’affirme par rapport à ses frères qui la trouvent trop petite et se proposent de l’embellir lorsqu’elle sera en âge de se marier, certainement pour lui trouver un bon parti.
La Bien-Aimée s’affirme, elle coupe court : elle ne veut pas être sous la tutelle de ses frères, elle sait qui elle est (la Bien-Aimée) et clôt la discussion.
Ct 8, 11-12 : Salomon avait une vigne à Baal-Hamôn. Il la confia à des gardiens, et chacun devait lui remettre le prix de son fruit : mille sicles d'argent. Ma vigne à moi, je l'ai sous mes yeux : à toi Salomon les mille sicles, et deux cents aux gardiens de son fruit.
Salomon veut qu’on prenne soin de sa vigne et pour cela il engage des gardiens pour s’en occuper et lui en donner salaire.
La Bien-Aimée s’affirme en disant qu’elle s’occupe bien de sa vigne comme cela. La Bien-Aimée préfère le rapport direct avec sa vigne. Mais elle consent au désir de Salomon : elle lui donne le prix du rendement de la vigne et rétribue les gardiens. Elle semble amusée, mais contente pour eux : peut-on mélanger l’amour et l’argent !
Ct 8, 13-14 : Toi qui habites les jardins, mes compagnons prêtent l'oreille à ta voix : daigne me la faire entendre ! Fuis, mon bien-aimé. Sois semblable à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes de baume !
La Bien-Aimée discourt avec les compagnons du Bien-Aimé. Le Bien-Aimé lui fait une requête (celle d’entendre sa voix). Mais, la Bien-Aimée ne va pas dans le sens du Bien-Aimé. Elle l’invite plutôt à fuir !!!
Ce « fuir » cache, en fait, une invitation à la retrouver sur les montagnes de baume : c’est une invitation au bonheur suprême, car les montagnes de baume sont bien supérieures – le baume est la plus précieuse des matières odoriférantes - à la montagne de la myrrhe et à colline de l’encens (cf. Ct 4, 6).
La touche ultime du Cantique est de fuite ! Fuite du Bien-Aimé à la demande de la Bien-Aimée pour qu’ils se retrouvent encore mieux.
Ici, la Bien-Aimée s’affirme face au désir du Bien-Aimé : elle lui répond par son désir à elle ; elle le manifeste pour emmener le Bien-Aimé encore plus loin - vers l’absolu de l’amour ; elle affirme son désir à elle dans l’union.
Ici, le Cantique des cantiques rend compte poétiquement d’un amour qui n’atteint son Bien-Aimé que dans la conscience que l’union n’aura pas de fin, l’ascension pas de terme…
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
LE FILS DE DIEU S'EST FAIT HOMME
(source: Catholique.org)
I. Pourquoi le Verbe s’est-il fait chair
Avec le Credo de Nicée-Constantinople, nous répondons en confessant : " Pour nous les hommes et pour notre salut Il descendit du ciel ; par l’Esprit Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ".
Le Verbe s’est fait chair pour nous sauver en nous réconciliant avec Dieu : " C’est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés " (1 Jn 4,10). " Le Père a envoyé son Fils, le sauveur du monde " (1 Jn 4,14). " Celui-là a paru pour ôter les péchés " (1 Jn 3,5) :
Malade, notre nature demandait à être guérie ; déchue, à être relevée ; morte, à être ressuscitée. Nous avions perdu la possession du bien, il fallait nous la rendre. Enfermés dans les ténèbres, il fallait nous porter la lumière ; captifs, nous attendions un sauveur ; prisonniers, un secours ; esclaves, un libérateur. Ces raisons-là étaient-elles sans importance ? Ne méritaient-elles pas d'émouvoir Dieu au point de le faire descendre jusqu'à notre nature humaine pour la visiter, puisque l'humanité se trouvait dans un état si misérable et si malheureux ? (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 15 : PG 45, 48B).
Le Verbe s’est fait chair pour que nous connaissions ainsi l’amour de Dieu : " En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui " (1 Jn 4,9). " Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle " (Jn 3,16).
Le Verbe s’est fait chair pour être notre modèle de sainteté : " Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi... " (Mt 11,29). " Je suis la voie, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père sans passer par moi " (Jn 14,6). Et le Père, sur la montagne de la Transfiguration, ordonne : " Écoutez-le " (Mc 9,7 ; cf. Dt 6, 4-5). Il est en effet le modèle des Béatitudes et la norme de la Loi nouvelle : " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés " (Jn 15,12). Cet amour implique l’offrande effective de soi-même à sa suite (cf. Mc 8,34).
Le Verbe s’est fait chair pour nous rendre " participants de la nature divine " (2 P 1,4) : " Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu " (S. Irénée, hær. 3, 19, 1). " Car le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire Dieu " (S. Athanase, inc. 54, 3 : PG 25, 192B). " Le Fils unique de Dieu, voulant que nous participions à sa divinité, assuma notre nature, afin que Lui, fait homme, fit les hommes Dieu " (S. Thomas d’A., opusc. 57 in festo Corp. Chr. 1).
(source: Catholique.org)
I. Pourquoi le Verbe s’est-il fait chair
Avec le Credo de Nicée-Constantinople, nous répondons en confessant : " Pour nous les hommes et pour notre salut Il descendit du ciel ; par l’Esprit Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ".
Le Verbe s’est fait chair pour nous sauver en nous réconciliant avec Dieu : " C’est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés " (1 Jn 4,10). " Le Père a envoyé son Fils, le sauveur du monde " (1 Jn 4,14). " Celui-là a paru pour ôter les péchés " (1 Jn 3,5) :
Malade, notre nature demandait à être guérie ; déchue, à être relevée ; morte, à être ressuscitée. Nous avions perdu la possession du bien, il fallait nous la rendre. Enfermés dans les ténèbres, il fallait nous porter la lumière ; captifs, nous attendions un sauveur ; prisonniers, un secours ; esclaves, un libérateur. Ces raisons-là étaient-elles sans importance ? Ne méritaient-elles pas d'émouvoir Dieu au point de le faire descendre jusqu'à notre nature humaine pour la visiter, puisque l'humanité se trouvait dans un état si misérable et si malheureux ? (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 15 : PG 45, 48B).
Le Verbe s’est fait chair pour que nous connaissions ainsi l’amour de Dieu : " En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui " (1 Jn 4,9). " Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle " (Jn 3,16).
Le Verbe s’est fait chair pour être notre modèle de sainteté : " Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi... " (Mt 11,29). " Je suis la voie, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père sans passer par moi " (Jn 14,6). Et le Père, sur la montagne de la Transfiguration, ordonne : " Écoutez-le " (Mc 9,7 ; cf. Dt 6, 4-5). Il est en effet le modèle des Béatitudes et la norme de la Loi nouvelle : " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés " (Jn 15,12). Cet amour implique l’offrande effective de soi-même à sa suite (cf. Mc 8,34).
Le Verbe s’est fait chair pour nous rendre " participants de la nature divine " (2 P 1,4) : " Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu " (S. Irénée, hær. 3, 19, 1). " Car le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire Dieu " (S. Athanase, inc. 54, 3 : PG 25, 192B). " Le Fils unique de Dieu, voulant que nous participions à sa divinité, assuma notre nature, afin que Lui, fait homme, fit les hommes Dieu " (S. Thomas d’A., opusc. 57 in festo Corp. Chr. 1).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
II. L’Incarnation
Reprenant l’expression de S. Jean (" Le Verbe s’est fait chair " : Jn 1,14), l’Église appelle " Incarnation " le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut. Dans une hymne attestée par S. Paul, l’Église chante le mystère de l’Incarnation :
" Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix ! " (Ph 2,5-8 ; cf. LH, cantique des Vêpres du samedi).
L’épître aux Hébreux parle du même mystère :
C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m'as façonné un corps. Tu n'as agréé ni holocauste ni sacrifices pour les péchés. Alors j'ai dit : Voici, je viens (...) pour faire ta volonté (He 10,5-7, citant Ps 40, 7-9 LXX).
463 La foi en l’Incarnation véritable du Fils de Dieu est le signe distinctif de la foi chrétienne : " A ceci reconnaissez l’esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu " (1 Jn 4,2). C’est là la joyeuse conviction de l’Église dès son commencement, lorsqu’elle chante " le grand mystère de la piété " : " Il a été manifesté dans la chair " (1 Tm 3, 16).
Reprenant l’expression de S. Jean (" Le Verbe s’est fait chair " : Jn 1,14), l’Église appelle " Incarnation " le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut. Dans une hymne attestée par S. Paul, l’Église chante le mystère de l’Incarnation :
" Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix ! " (Ph 2,5-8 ; cf. LH, cantique des Vêpres du samedi).
L’épître aux Hébreux parle du même mystère :
C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m'as façonné un corps. Tu n'as agréé ni holocauste ni sacrifices pour les péchés. Alors j'ai dit : Voici, je viens (...) pour faire ta volonté (He 10,5-7, citant Ps 40, 7-9 LXX).
463 La foi en l’Incarnation véritable du Fils de Dieu est le signe distinctif de la foi chrétienne : " A ceci reconnaissez l’esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu " (1 Jn 4,2). C’est là la joyeuse conviction de l’Église dès son commencement, lorsqu’elle chante " le grand mystère de la piété " : " Il a été manifesté dans la chair " (1 Tm 3, 16).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
III. Vrai Dieu et vrai homme
L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu’il soit le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l’Église a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient.
Les premières hérésies ont moins nié la divinité du Christ que son humanité vraie (docétisme gnostique). Dès les temps apostolique la foi chrétienne a insisté sur la vraie incarnation du Fils de Dieu, " venu dans la chair " (cf. 1 Jn 4,2-3 ; 2 Jn 7). Mais dès le troisième siècle, l’Église a dû affirmer contre Paul de Samosate, dans un Concile réuni à Antioche, que Jésus-Christ est Fils de Dieu par nature et non par adoption. Le premier Concile œcuménique de Nicée, en 325, confessa dans son Credo que le Fils de Dieu est " engendré, non pas créé, de la même substance (homousios - DS 125) que le Père " et condamna Arius qui affirmait que " le Fils de Dieu est sorti du néant " (DS 130) et qu’il serait " d’une autre substance que le Père " (DS 126).
L’hérésie nestorienne voyait dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du Fils de Dieu. Face à elle S. Cyrille d’Alexandrie et le troisième Concile œcuménique réuni à Ephèse en 431 ont confessé que " le Verbe, en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est devenu homme " (DS 250). L’humanité du Christ n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. Pour cela le Concile d’Ephèse a proclamé en 431 que Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein : " Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, mais parce que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair " (DS 251).
Les monophysites affirmaient que la nature humaine avait cessé d’exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu. Confronté à cette hérésie, le quatrième Concile œcuménique, à Chalcédoine, a confessé en 451 :
A la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme rationnelle et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité, " semblable à nous en tout, à l’exception du péché " (He 4,15) ; engendré du Père avant tout les siècles selon la divinité, et en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l’humanité.
Un seul et même Christ, Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n'est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase (DS 301-302).
Après le Concile de Chalcédoine, certains firent de la nature humaine du Christ une sorte de sujet personnel. Contre eux, le cinquième Concile œcuménique, à Constantinople en 553, a confessé à propos du Christ : " Il n’y a qu’une seule hypostase [ou personne], qui est notre Seigneur Jésus-Christ, un de la Trinité " (DS 424). Tout dans l’humanité du Christ doit donc être attribué à sa personne divine comme à son sujet propre (cf. déjà Cc. Ephèse : DS 255), non seulement les miracles mais aussi les souffrances (cf. DS 424) et même la mort : " Celui qui a été crucifié dans la chair, notre Seigneur Jésus-Christ, est vrai Dieu, Seigneur de la gloire et Un de la sainte Trinité " (DS 432).
L’Église confesse ainsi que Jésus est inséparablement vrai Dieu et vrai homme. Il est vraiment le Fils de Dieu qui s’est fait homme, notre frère, et cela sans cesser d’être Dieu, notre Seigneur :
" Il resta ce qu’Il était, Il assuma ce qu’il n’était pas ", chante la liturgie romaine (LH, In Solemnitate Sanctae Dei Genetricis Mariae, antiphona ad " Benedictus " ; cf. S. Léon le Grand, serm. 21, 2 : PL 54, 192A). Et la liturgie de S. Jean Chrysostome proclame et chante : " O Fils unique et Verbe de Dieu, étant immortel, tu as daigné pour notre salut t’incarner de la sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, qui sans changement es devenu homme, et qui as été crucifié, O Christ Dieu, qui, par ta mort as écrasé la mort, qui es Un de la Sainte Trinité, glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, sauve-nous ! " (Tropaire " O monoghenis ").
L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu’il soit le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l’Église a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient.
Les premières hérésies ont moins nié la divinité du Christ que son humanité vraie (docétisme gnostique). Dès les temps apostolique la foi chrétienne a insisté sur la vraie incarnation du Fils de Dieu, " venu dans la chair " (cf. 1 Jn 4,2-3 ; 2 Jn 7). Mais dès le troisième siècle, l’Église a dû affirmer contre Paul de Samosate, dans un Concile réuni à Antioche, que Jésus-Christ est Fils de Dieu par nature et non par adoption. Le premier Concile œcuménique de Nicée, en 325, confessa dans son Credo que le Fils de Dieu est " engendré, non pas créé, de la même substance (homousios - DS 125) que le Père " et condamna Arius qui affirmait que " le Fils de Dieu est sorti du néant " (DS 130) et qu’il serait " d’une autre substance que le Père " (DS 126).
L’hérésie nestorienne voyait dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du Fils de Dieu. Face à elle S. Cyrille d’Alexandrie et le troisième Concile œcuménique réuni à Ephèse en 431 ont confessé que " le Verbe, en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est devenu homme " (DS 250). L’humanité du Christ n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. Pour cela le Concile d’Ephèse a proclamé en 431 que Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein : " Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, mais parce que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair " (DS 251).
Les monophysites affirmaient que la nature humaine avait cessé d’exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu. Confronté à cette hérésie, le quatrième Concile œcuménique, à Chalcédoine, a confessé en 451 :
A la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme rationnelle et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité, " semblable à nous en tout, à l’exception du péché " (He 4,15) ; engendré du Père avant tout les siècles selon la divinité, et en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l’humanité.
Un seul et même Christ, Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n'est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase (DS 301-302).
Après le Concile de Chalcédoine, certains firent de la nature humaine du Christ une sorte de sujet personnel. Contre eux, le cinquième Concile œcuménique, à Constantinople en 553, a confessé à propos du Christ : " Il n’y a qu’une seule hypostase [ou personne], qui est notre Seigneur Jésus-Christ, un de la Trinité " (DS 424). Tout dans l’humanité du Christ doit donc être attribué à sa personne divine comme à son sujet propre (cf. déjà Cc. Ephèse : DS 255), non seulement les miracles mais aussi les souffrances (cf. DS 424) et même la mort : " Celui qui a été crucifié dans la chair, notre Seigneur Jésus-Christ, est vrai Dieu, Seigneur de la gloire et Un de la sainte Trinité " (DS 432).
L’Église confesse ainsi que Jésus est inséparablement vrai Dieu et vrai homme. Il est vraiment le Fils de Dieu qui s’est fait homme, notre frère, et cela sans cesser d’être Dieu, notre Seigneur :
" Il resta ce qu’Il était, Il assuma ce qu’il n’était pas ", chante la liturgie romaine (LH, In Solemnitate Sanctae Dei Genetricis Mariae, antiphona ad " Benedictus " ; cf. S. Léon le Grand, serm. 21, 2 : PL 54, 192A). Et la liturgie de S. Jean Chrysostome proclame et chante : " O Fils unique et Verbe de Dieu, étant immortel, tu as daigné pour notre salut t’incarner de la sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, qui sans changement es devenu homme, et qui as été crucifié, O Christ Dieu, qui, par ta mort as écrasé la mort, qui es Un de la Sainte Trinité, glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, sauve-nous ! " (Tropaire " O monoghenis ").
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Enseignements de l'Église
IV. Comment le Fils de Dieu est-il homme ?
Parce que dans l’union mystérieuse de l’Incarnation " la nature humaine a été assumée, non absorbée " (GS 22, § 2), l’Église a été amenée au cours des siècles à confesser la pleine réalité de l’âme humaine, avec ses opérations d’intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ. Mais parallèlement, elle a eu à rappeler à chaque fois que la nature humaine du Christ appartient en propre à la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée. Tout ce qu’il est et ce qu’il fait en elle relève " d’Un de la Trinité ". Le Fils de Dieu communique donc à son humanité son propre mode d’exister personnel dans la Trinité. Ainsi, dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité (cf. Jn 14,9-10) :
Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un cœur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché (GS 22, § 2).
L’âme et la connaissance humaine du Christ
Apollinaire de Laodicée affirmait que dans le Christ le Verbe avait remplacé l’âme ou l’esprit. Contre cette erreur l’Église a confessé que le Fils éternel a assumé aussi une âme raisonnable humaine (cf. DS 149).
Cette âme humaine que le Fils de Dieu a assumée est douée d’une vraie connaissance humaine. En tant que telle celle-ci ne pouvait pas être de soi illimitée : elle était exercée dans les conditions historiques de son existence dans l’espace et le temps. C’est pourquoi le Fils de Dieu a pu vouloir en se faisant homme " croître en sagesse, en taille et en grâce " (Lc 2,52) et de même avoir à s’enquérir sur ce que dans la condition humaine on doit apprendre de manière expérimentale (cf. Mc 6,38 ; Mc 8,27 ; Jn 11,34 ; etc.). Cela correspondait à la réalité de son abaissement volontaire dans " la condition d’esclave " (Ph 2,7).
Mais en même temps, cette connaissance vraiment humaine du Fils de Dieu exprimait la vie divine de sa personne (cf. S. Grégoire le Grand, ep. 10, 39 : DS 475 : PL 77, 1097B). " La nature humaine du Fils de Dieu, non par elle-même mais par son union au Verbe, connaissait et manifestait en elle tout ce qui convient à Dieu " (S. Maxime le Confesseur, qu. dub. 66 : PG 90, 840A). C’est en premier le cas de la connaissance intime et immédiate que le Fils de Dieu fait homme a de son Père (cf. Mc 14,36 ; Mt 11,27 ; Jn 1,18 ; 8, 55 ; etc.). Le Fils montrait aussi dans sa connaissance humaine la pénétration divine qu’il avait des pensées secrètes du cœur des hommes (cf. Mc 2,8 ; Jn 2,25 ; 6, 61 ; etc.).
De par son union à la Sagesse divine en la personne du Verbe incarné, la connaissance humaine du Christ jouissait en plénitude de la science des desseins éternels qu’il était venu révéler (cf. Mc 8,31 ; 9, 31 ; 10, 33-34 ; 14, 18-20. 26-30). Ce qu’il reconnaît ignorer dans ce domaine (cf. Mc 13,32), il déclare ailleurs n’avoir pas mission de le révéler (cf. Ac 1,7).
La volonté humaine du Christ
De manière parallèle, l’Église a confessé au sixième Concile œcuménique (Cc. Constantinople III en 681) que le Christ possède deux volontés et deux opérations naturelles, divines et humaines, non pas opposées, mais coopérantes, de sorte que le Verbe fait chair a voulu humainement dans l’obéissance à son Père tout ce qu’il a décidé divinement avec le Père et le Saint-Esprit pour notre salut (cf. DS 556-559). La volonté humaine du Christ " suit sa volonté divine, sans être en résistance ni en opposition vis-à-vis d’elle, mais bien plutôt en étant subordonnée à cette volonté toute-puissante " (DS 556).
Le vrai corps du Christ
Puisque le Verbe s’est fait chair en assumant une vraie humanité, le corps du Christ était délimité (cf. Cc. Latran en 649 : DS 504). A cause de cela, le visage humain de Jésus peut être " dépeint " (Ga 3,2). Au sixième Concile œcuménique (Cc. Nicée II en 787 : DS 600-603) l’Église a reconnu comme légitime qu’il soit représenté sur des images saintes.
En même temps l’Église a toujours reconnu que, dans le corps de Jésus, " Dieu qui est par nature invisible est devenu visible à nos yeux " (MR, Préface de Noël). En effet, les particularités individuelles du corps du Christ expriment la personne divine du Fils de Dieu. Celui-ci a fait siens les traits de son corps humain au point que, dépeints sur une image sainte, ils peuvent être vénérés car le croyant qui vénère son image, " vénère en elle la personne qui y est dépeinte " (Cc. Nicée II : DS 601).
Le Cœur du Verbe incarné
Jésus nous a tous et chacun connus et aimés durant sa vie, son agonie et sa passion et il s’est livré pour chacun de nous : " Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi " (Ga 2,20). Il nous a tous aimés d’un cœur humain. Pour cette raison, le Cœur sacré de Jésus, transpercé par nos péchés et pour notre salut (cf. Jn 19,34), " est considéré comme le signe et le symbole éminents... de cet amour que le divin Rédempteur porte sans cesse au père éternel et à tous les hommes sans exception " (Pie XII, Enc. " Haurietis aquas " : DS 3924 ; cf. DS 3812).
EN BREF
Au temps établi par Dieu, le Fils unique du Père, la Parole éternelle, c’est-à-dire le Verbe et l’Image substantielle du Père, s’est incarné : sans perdre la nature divine il a assumé la nature humaine.
Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, dans l’unité de sa Personne divine ; pour cette raison il est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes.
Jésus-Christ possède deux natures, la divine et l’humaine, non confondues, mais unies dans l’unique Personne du Fils de Dieu.
Le Christ, étant vrai Dieu et vrai homme, a une intelligence et une volonté humaines, parfaitement accordées et soumises à son intelligence et sa volonté divines, qu’il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit.
L’Incarnation est donc le mystère de l’admirable union de la nature divine et de la nature humaine dans l’unique Personne du Verbe.
Parce que dans l’union mystérieuse de l’Incarnation " la nature humaine a été assumée, non absorbée " (GS 22, § 2), l’Église a été amenée au cours des siècles à confesser la pleine réalité de l’âme humaine, avec ses opérations d’intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ. Mais parallèlement, elle a eu à rappeler à chaque fois que la nature humaine du Christ appartient en propre à la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée. Tout ce qu’il est et ce qu’il fait en elle relève " d’Un de la Trinité ". Le Fils de Dieu communique donc à son humanité son propre mode d’exister personnel dans la Trinité. Ainsi, dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité (cf. Jn 14,9-10) :
Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un cœur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché (GS 22, § 2).
L’âme et la connaissance humaine du Christ
Apollinaire de Laodicée affirmait que dans le Christ le Verbe avait remplacé l’âme ou l’esprit. Contre cette erreur l’Église a confessé que le Fils éternel a assumé aussi une âme raisonnable humaine (cf. DS 149).
Cette âme humaine que le Fils de Dieu a assumée est douée d’une vraie connaissance humaine. En tant que telle celle-ci ne pouvait pas être de soi illimitée : elle était exercée dans les conditions historiques de son existence dans l’espace et le temps. C’est pourquoi le Fils de Dieu a pu vouloir en se faisant homme " croître en sagesse, en taille et en grâce " (Lc 2,52) et de même avoir à s’enquérir sur ce que dans la condition humaine on doit apprendre de manière expérimentale (cf. Mc 6,38 ; Mc 8,27 ; Jn 11,34 ; etc.). Cela correspondait à la réalité de son abaissement volontaire dans " la condition d’esclave " (Ph 2,7).
Mais en même temps, cette connaissance vraiment humaine du Fils de Dieu exprimait la vie divine de sa personne (cf. S. Grégoire le Grand, ep. 10, 39 : DS 475 : PL 77, 1097B). " La nature humaine du Fils de Dieu, non par elle-même mais par son union au Verbe, connaissait et manifestait en elle tout ce qui convient à Dieu " (S. Maxime le Confesseur, qu. dub. 66 : PG 90, 840A). C’est en premier le cas de la connaissance intime et immédiate que le Fils de Dieu fait homme a de son Père (cf. Mc 14,36 ; Mt 11,27 ; Jn 1,18 ; 8, 55 ; etc.). Le Fils montrait aussi dans sa connaissance humaine la pénétration divine qu’il avait des pensées secrètes du cœur des hommes (cf. Mc 2,8 ; Jn 2,25 ; 6, 61 ; etc.).
De par son union à la Sagesse divine en la personne du Verbe incarné, la connaissance humaine du Christ jouissait en plénitude de la science des desseins éternels qu’il était venu révéler (cf. Mc 8,31 ; 9, 31 ; 10, 33-34 ; 14, 18-20. 26-30). Ce qu’il reconnaît ignorer dans ce domaine (cf. Mc 13,32), il déclare ailleurs n’avoir pas mission de le révéler (cf. Ac 1,7).
La volonté humaine du Christ
De manière parallèle, l’Église a confessé au sixième Concile œcuménique (Cc. Constantinople III en 681) que le Christ possède deux volontés et deux opérations naturelles, divines et humaines, non pas opposées, mais coopérantes, de sorte que le Verbe fait chair a voulu humainement dans l’obéissance à son Père tout ce qu’il a décidé divinement avec le Père et le Saint-Esprit pour notre salut (cf. DS 556-559). La volonté humaine du Christ " suit sa volonté divine, sans être en résistance ni en opposition vis-à-vis d’elle, mais bien plutôt en étant subordonnée à cette volonté toute-puissante " (DS 556).
Le vrai corps du Christ
Puisque le Verbe s’est fait chair en assumant une vraie humanité, le corps du Christ était délimité (cf. Cc. Latran en 649 : DS 504). A cause de cela, le visage humain de Jésus peut être " dépeint " (Ga 3,2). Au sixième Concile œcuménique (Cc. Nicée II en 787 : DS 600-603) l’Église a reconnu comme légitime qu’il soit représenté sur des images saintes.
En même temps l’Église a toujours reconnu que, dans le corps de Jésus, " Dieu qui est par nature invisible est devenu visible à nos yeux " (MR, Préface de Noël). En effet, les particularités individuelles du corps du Christ expriment la personne divine du Fils de Dieu. Celui-ci a fait siens les traits de son corps humain au point que, dépeints sur une image sainte, ils peuvent être vénérés car le croyant qui vénère son image, " vénère en elle la personne qui y est dépeinte " (Cc. Nicée II : DS 601).
Le Cœur du Verbe incarné
Jésus nous a tous et chacun connus et aimés durant sa vie, son agonie et sa passion et il s’est livré pour chacun de nous : " Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi " (Ga 2,20). Il nous a tous aimés d’un cœur humain. Pour cette raison, le Cœur sacré de Jésus, transpercé par nos péchés et pour notre salut (cf. Jn 19,34), " est considéré comme le signe et le symbole éminents... de cet amour que le divin Rédempteur porte sans cesse au père éternel et à tous les hommes sans exception " (Pie XII, Enc. " Haurietis aquas " : DS 3924 ; cf. DS 3812).
EN BREF
Au temps établi par Dieu, le Fils unique du Père, la Parole éternelle, c’est-à-dire le Verbe et l’Image substantielle du Père, s’est incarné : sans perdre la nature divine il a assumé la nature humaine.
Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, dans l’unité de sa Personne divine ; pour cette raison il est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes.
Jésus-Christ possède deux natures, la divine et l’humaine, non confondues, mais unies dans l’unique Personne du Fils de Dieu.
Le Christ, étant vrai Dieu et vrai homme, a une intelligence et une volonté humaines, parfaitement accordées et soumises à son intelligence et sa volonté divines, qu’il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit.
L’Incarnation est donc le mystère de l’admirable union de la nature divine et de la nature humaine dans l’unique Personne du Verbe.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Enseignements de l'Église
SERMON SUR LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE. (Source: Abbaye de Saint-François de Port-Valais, France)
Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous (Luc. I. 28).
1. Ce fut un miracle que la Vierge enfantât : le cri de son âme, l'amour de son coeur, son zèle pour les vertus furent la fin des vices. Cette très-sainte Vierge qui engendra, enfanta et nourrit le Sauveur, qui resta constamment attachée à ses côtés, qui, sa compagne inséparable, ne le quitta en aucun sentier; qui, plus attentive que les autres, remarqua ses paroles et ses actions, seule, plus longtemps elle s'y trouva présente, plus elle vit attentivement, plus elle entendit sûrement, plus elle reconnut promptement, plus elle retint facilement, mieux elle rapporta, plus fidèlement et plus soigneusement elle redit aux apôtres et aux autres disciples les oeuvres éclatantes du Seigneur, la façon inaccoutumée de sa prédication douce comme le miel, les invectives puissantes de sa sévérité divine contre le monde et le péché, et contre le prince de l'enfer.
De là vient que l'Évangile dit, en parlant d'elle : « Or, Marie conservait toutes ces choses, les repassant en son coeur (Luc, II. 51).» Aussi lisons-nous dans les louanges qu'on lui adresse : beaucoup de filles ont rassemblé des richesses, seule, vous les avez dépassées. (Prov. XXXI. 29). » Bien que Jésus parlât à la foule en paraboles, qu'il découvrît tout aux apôtres comme à ses amis, il est à croire néanmoins, que comme il aimait sa mère plus que toute autre personne, aussi il l'instruisit avec plus de complaisance, lui découvrit plus intimement quelques secrets, l'appela souvent sur la montagne de la myrrhe et sur la colline de l'encens, la fit cacher dans le grenier de ses vins, et lui révéla, comme il lui plut, sa gloire divine et sa connaissance céleste.
Aussi saint Jean dit dans son Apocalypse : du « trône, c'est-à-dire de Marie, sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres » (Ap. IV. 5) : parce que Marie but avec plus d'avidité, crut avec plus de fidélité et proclama avec plus de sincérité et de soins que les autres, les paraboles, les énigmes, les paroles, les actions légales et miraculeuses de son Fils Jésus-Christ.
2. Respectueusement conservée par la nature, vénérée avec soin par la loi, Marie fut choisie avec prédilection par la grâce : parce qu'elle donna à la nature et à la loi ce qui leur revenait selon leurs droits, qu'elle leur rendait l'honneur qu'elles méritaient et y ajoutait même. La nature lui réservait la fleur d'une virginité souveraine, la loi tenait en attente pour elle seule l'honneur d'une fécondité virginale; la grâce, l'éclat incomparable de la maternité divine et le parfum très-divin d'un mariage spirituel.
La nature parlait d'elle par des effets et non par des paroles, en conservant son intégrité, et le Dieu de la nature disait au serpent à son sujet: « J'établirai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta race et la sienne (Gen. III, 15). » La loi en la distinguant des autres, disait d'elle : « La femme qui aura enfanté sera immonde sept jours (Levit. XII. 2). » La grâce, en parlait aussi en ce qui a été dit : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous (Luc. I. 28), vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de votre ventre est béni (Ibid. I. 48).»
La nature lui accorda, comme à la terre, de produire sans semence dès le principe ; la loi, de brûler comme le buisson sans se consumer, la grâce, d'enfanter vierge. Le Père et le Fils habitèrent en elle comme le créateur dans le monde, comme un monarque dans son empire, comme un père de famille dans sa maison, comme un pontife dans le temple, comme un époux dans son lit nuptial.
Le Très-Haut, en effet, se la forma d'abord comme un monde spécialement réservé, avant de la confirmer en sa présence dans la justice et la sainteté, de l'inonder des fleurs de sa sagesse et de l'élever par de saints désirs comme à l'instar du ciel, et de l'enflammer du feu de son amour.
Ainsi il plaça dans son intelligence, comme une sorte de firmament, le soleil de la raison, la science comme la lune et les vertus comme des étoiles de toute sorte : le soleil, pour produire la lumière de la connaissance divine, la lune, pour rendre avec les étoiles, la nuit de l'action entièrement brillante. Et cette vierge est vraiment la terre du Seigneur, parce qu'il l'a établie de la sorte au dessus des mers. Le monde étant créé, Dieu voulant visiter son empire, donna ses ordres à l'ange.
3. L'ange Gabriel fut donc envoyé:« l'Esprit-Saint, dit-il, surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre (Luc. I. 35).» Et ainsi le Père de famille entra dans la maison en laquelle il fut l'habit de la chair qu'il offrit à Dieu le Père pour le salut du genre humain.
Sur l'autel de la croix, il offrit son sacrifice, comme le prêtre accomplit dans le temple ses fonctions sacerdotales mais parce qu'il fallait que ce Christ souffrît et résistât et pénétrât ainsi dans la gloire, il fallait qu'il rapportât au bercail la centième brebis sur ses épaules, que le peuple, marchant dans ses ténèbres vît une grande lumière, que le monde fût éclairé de l'éclat tout nouveau de sa prédication et de ses miracles; c'est pourquoi, descendant du sein du Père des lumières, le plus beau des enfants des hommes, revêtu d'un habit blanc et doré, il vint comme un époux qui sort de sa couche et parait en public.
Le soleil était alors dans un astre, l'orient dans le soir, l'ouvrier caché dans son ouvrage : ouvrage, quand il se préparait pour servir le roi, soir, quand il s'humiliait si profondément; astre lorsque, semblable à une étoile, il répandait ses lueurs jusqu'aux extrémités du monde.
Il se trouvait donc ouvrier quand il ornait sa mère, orient quand il naissait d'elle, soleil lorsqu'il faisait sortir le monde de l'erreur, et proposait aux hommes Marie pour modèle.
4. Bien qu'on fasse toutes sortes d'éloges de la mère de Dieu, tout ce qu'on en dit nous paraît peu de chose à côté de la réalité. Elle est l'échelle, le buisson, l'arche, l'astre, la verge, la toison, le lit nuptial, la porte, le jardin, l'aurore.
Elle est « l'échelle de Jacob,» de ce saint patriarche qui, dormant la tête sur une pierre, mérita de voir les anges montants et descendants. Cette échelle a douze degrés compris entre ses deux côtés.
Le côté droit est le mépris de soi jusqu'à l'amour de Dieu : le gauche est le mépris du monde jusqu'à l'amour du royaume des cieux. Les douze degrés par lesquels on monte sont les douze degrés de l'humilité.
Le «premier» est la haine du péché; le « second, » la fuite du mal; le « troisième, » la crainte de la haine; le « quatrième, » la soumission au créateur en toutes ces choses; le « cinquième, » l'obéissance à meilleur que soi; le « sixième » d'être condescendant à la volonté de son égal; le «septième, » de faire celle de son inférieur; le « huitième, » d'être obéissant à soi-même ; le «neuvième, » de méditer constamment sa fin; le « dixième, » de craindre toujours ses actions; le « onzième, » de confesser humblement ses pensées; le « douzième, » de se mouvoir en tout au signe, au mouvement, au bon plaisir de Dieu.
Par ces degrés montent les anges et s'élèvent les hommes : ainsi disposent-ils des ascensions dans leurs coeurs, en progressant peu-à-peu et en s'éloignant pas à pas de la terre : ainsi gagnent-ils les demeures lumineuses qui sont dans la maison du Père céleste. Ce sont les douze apôtres qui suivent dans le désert les vestiges des pieds du Christ.
5. Le buisson qui parut brûler sans se consumer, signifia la Vierge qui devait concevoir du Saint-Esprit sans perdre sa virginité. Le buisson vers lequel Moïse n'osa pas marcher les pieds chaussés, apprenait que la Vierge enfanterait sans le concours de l'homme. (Exod. III. 5).
La tradition des Hébreux assure que cette vision éclata dans une plante très-vulgaire, pour éviter au peuple l'occasion de tomber en quelque idolâtrie. Dans une humble Vierge, nous a été montré un spectacle merveilleux, spectacle en lequel ne se trouve aucune trace de la moindre souillure ou de fornication. Il y a trois fornications : l'une humaine, l'autre mondaine, l'autre relative au Seigneur.
Celle qui est humaine se commet par un acte illicite ; celle qui est mondaine, par une affection perverse: celle qui est divine, par un culte coupable rendu à Dieu. Par la première, on pèche contre le prochain; par la seconde, contre soi-même; par la troisième, contre Dieu.
La première produit l'impureté de la chair ; la seconde, la concupiscence du monde; la troisième, l'idolâtrie.
A ces trois maux, Marie opposa trois remèdes. La virginité à l'impureté de la chair; l'humilité parfaite à la concupiscence du monde ; la charité parfaite à l'idolâtrie. En effet, elle fut très-pure dans la chair, très-humble de pensée et très-aimante de cœur.
Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous (Luc. I. 28).
1. Ce fut un miracle que la Vierge enfantât : le cri de son âme, l'amour de son coeur, son zèle pour les vertus furent la fin des vices. Cette très-sainte Vierge qui engendra, enfanta et nourrit le Sauveur, qui resta constamment attachée à ses côtés, qui, sa compagne inséparable, ne le quitta en aucun sentier; qui, plus attentive que les autres, remarqua ses paroles et ses actions, seule, plus longtemps elle s'y trouva présente, plus elle vit attentivement, plus elle entendit sûrement, plus elle reconnut promptement, plus elle retint facilement, mieux elle rapporta, plus fidèlement et plus soigneusement elle redit aux apôtres et aux autres disciples les oeuvres éclatantes du Seigneur, la façon inaccoutumée de sa prédication douce comme le miel, les invectives puissantes de sa sévérité divine contre le monde et le péché, et contre le prince de l'enfer.
De là vient que l'Évangile dit, en parlant d'elle : « Or, Marie conservait toutes ces choses, les repassant en son coeur (Luc, II. 51).» Aussi lisons-nous dans les louanges qu'on lui adresse : beaucoup de filles ont rassemblé des richesses, seule, vous les avez dépassées. (Prov. XXXI. 29). » Bien que Jésus parlât à la foule en paraboles, qu'il découvrît tout aux apôtres comme à ses amis, il est à croire néanmoins, que comme il aimait sa mère plus que toute autre personne, aussi il l'instruisit avec plus de complaisance, lui découvrit plus intimement quelques secrets, l'appela souvent sur la montagne de la myrrhe et sur la colline de l'encens, la fit cacher dans le grenier de ses vins, et lui révéla, comme il lui plut, sa gloire divine et sa connaissance céleste.
Aussi saint Jean dit dans son Apocalypse : du « trône, c'est-à-dire de Marie, sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres » (Ap. IV. 5) : parce que Marie but avec plus d'avidité, crut avec plus de fidélité et proclama avec plus de sincérité et de soins que les autres, les paraboles, les énigmes, les paroles, les actions légales et miraculeuses de son Fils Jésus-Christ.
2. Respectueusement conservée par la nature, vénérée avec soin par la loi, Marie fut choisie avec prédilection par la grâce : parce qu'elle donna à la nature et à la loi ce qui leur revenait selon leurs droits, qu'elle leur rendait l'honneur qu'elles méritaient et y ajoutait même. La nature lui réservait la fleur d'une virginité souveraine, la loi tenait en attente pour elle seule l'honneur d'une fécondité virginale; la grâce, l'éclat incomparable de la maternité divine et le parfum très-divin d'un mariage spirituel.
La nature parlait d'elle par des effets et non par des paroles, en conservant son intégrité, et le Dieu de la nature disait au serpent à son sujet: « J'établirai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta race et la sienne (Gen. III, 15). » La loi en la distinguant des autres, disait d'elle : « La femme qui aura enfanté sera immonde sept jours (Levit. XII. 2). » La grâce, en parlait aussi en ce qui a été dit : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous (Luc. I. 28), vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de votre ventre est béni (Ibid. I. 48).»
La nature lui accorda, comme à la terre, de produire sans semence dès le principe ; la loi, de brûler comme le buisson sans se consumer, la grâce, d'enfanter vierge. Le Père et le Fils habitèrent en elle comme le créateur dans le monde, comme un monarque dans son empire, comme un père de famille dans sa maison, comme un pontife dans le temple, comme un époux dans son lit nuptial.
Le Très-Haut, en effet, se la forma d'abord comme un monde spécialement réservé, avant de la confirmer en sa présence dans la justice et la sainteté, de l'inonder des fleurs de sa sagesse et de l'élever par de saints désirs comme à l'instar du ciel, et de l'enflammer du feu de son amour.
Ainsi il plaça dans son intelligence, comme une sorte de firmament, le soleil de la raison, la science comme la lune et les vertus comme des étoiles de toute sorte : le soleil, pour produire la lumière de la connaissance divine, la lune, pour rendre avec les étoiles, la nuit de l'action entièrement brillante. Et cette vierge est vraiment la terre du Seigneur, parce qu'il l'a établie de la sorte au dessus des mers. Le monde étant créé, Dieu voulant visiter son empire, donna ses ordres à l'ange.
3. L'ange Gabriel fut donc envoyé:« l'Esprit-Saint, dit-il, surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre (Luc. I. 35).» Et ainsi le Père de famille entra dans la maison en laquelle il fut l'habit de la chair qu'il offrit à Dieu le Père pour le salut du genre humain.
Sur l'autel de la croix, il offrit son sacrifice, comme le prêtre accomplit dans le temple ses fonctions sacerdotales mais parce qu'il fallait que ce Christ souffrît et résistât et pénétrât ainsi dans la gloire, il fallait qu'il rapportât au bercail la centième brebis sur ses épaules, que le peuple, marchant dans ses ténèbres vît une grande lumière, que le monde fût éclairé de l'éclat tout nouveau de sa prédication et de ses miracles; c'est pourquoi, descendant du sein du Père des lumières, le plus beau des enfants des hommes, revêtu d'un habit blanc et doré, il vint comme un époux qui sort de sa couche et parait en public.
Le soleil était alors dans un astre, l'orient dans le soir, l'ouvrier caché dans son ouvrage : ouvrage, quand il se préparait pour servir le roi, soir, quand il s'humiliait si profondément; astre lorsque, semblable à une étoile, il répandait ses lueurs jusqu'aux extrémités du monde.
Il se trouvait donc ouvrier quand il ornait sa mère, orient quand il naissait d'elle, soleil lorsqu'il faisait sortir le monde de l'erreur, et proposait aux hommes Marie pour modèle.
4. Bien qu'on fasse toutes sortes d'éloges de la mère de Dieu, tout ce qu'on en dit nous paraît peu de chose à côté de la réalité. Elle est l'échelle, le buisson, l'arche, l'astre, la verge, la toison, le lit nuptial, la porte, le jardin, l'aurore.
Elle est « l'échelle de Jacob,» de ce saint patriarche qui, dormant la tête sur une pierre, mérita de voir les anges montants et descendants. Cette échelle a douze degrés compris entre ses deux côtés.
Le côté droit est le mépris de soi jusqu'à l'amour de Dieu : le gauche est le mépris du monde jusqu'à l'amour du royaume des cieux. Les douze degrés par lesquels on monte sont les douze degrés de l'humilité.
Le «premier» est la haine du péché; le « second, » la fuite du mal; le « troisième, » la crainte de la haine; le « quatrième, » la soumission au créateur en toutes ces choses; le « cinquième, » l'obéissance à meilleur que soi; le « sixième » d'être condescendant à la volonté de son égal; le «septième, » de faire celle de son inférieur; le « huitième, » d'être obéissant à soi-même ; le «neuvième, » de méditer constamment sa fin; le « dixième, » de craindre toujours ses actions; le « onzième, » de confesser humblement ses pensées; le « douzième, » de se mouvoir en tout au signe, au mouvement, au bon plaisir de Dieu.
Par ces degrés montent les anges et s'élèvent les hommes : ainsi disposent-ils des ascensions dans leurs coeurs, en progressant peu-à-peu et en s'éloignant pas à pas de la terre : ainsi gagnent-ils les demeures lumineuses qui sont dans la maison du Père céleste. Ce sont les douze apôtres qui suivent dans le désert les vestiges des pieds du Christ.
5. Le buisson qui parut brûler sans se consumer, signifia la Vierge qui devait concevoir du Saint-Esprit sans perdre sa virginité. Le buisson vers lequel Moïse n'osa pas marcher les pieds chaussés, apprenait que la Vierge enfanterait sans le concours de l'homme. (Exod. III. 5).
La tradition des Hébreux assure que cette vision éclata dans une plante très-vulgaire, pour éviter au peuple l'occasion de tomber en quelque idolâtrie. Dans une humble Vierge, nous a été montré un spectacle merveilleux, spectacle en lequel ne se trouve aucune trace de la moindre souillure ou de fornication. Il y a trois fornications : l'une humaine, l'autre mondaine, l'autre relative au Seigneur.
Celle qui est humaine se commet par un acte illicite ; celle qui est mondaine, par une affection perverse: celle qui est divine, par un culte coupable rendu à Dieu. Par la première, on pèche contre le prochain; par la seconde, contre soi-même; par la troisième, contre Dieu.
La première produit l'impureté de la chair ; la seconde, la concupiscence du monde; la troisième, l'idolâtrie.
A ces trois maux, Marie opposa trois remèdes. La virginité à l'impureté de la chair; l'humilité parfaite à la concupiscence du monde ; la charité parfaite à l'idolâtrie. En effet, elle fut très-pure dans la chair, très-humble de pensée et très-aimante de cœur.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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