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Enseignements de l'Église

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Enseignements de l'Église - Page 4 Empty Enseignements de l'Église

Message par jaimedieu Sam 16 Aoû 2014 - 20:02

Rappel du premier message :

N.B. Si une personne désire émettre un commentaire, une critique ou une suggestion, il serait préférable de la poster sous "Annonces et Suggestions" ou tout autre fil, et ce, afin d'éviter de "briser" la continuité des posts mis en ligne. Merci de votre compréhension et de votre collaboration.

Introduction aux enseignements de l'Église

Pour cette introduction, j'ai pensé qu'il serait utile présenter certaines définitions concernant la provenance de ceux-ci:

EXHORTATION APOSTOLIQUE

Une exhortation apostolique est un texte voisin de l'encyclique, par son esprit et ses destinataires. À la différence de l'encyclique, l'exhortation plaide toujours pour inciter à s'engager dans telle ou telle activité, ou pour prendre une voie particulière.

L'exhortation apostolique est qualifiée de exhortation apostolique post-synodale quand elle est publiée à la suite d'un synode épiscopal réunissant les évêques des différentes parties du monde. Dans ce cas, l'exhortation apostolique traduit la conclusion du pape sur le thème du synode et la vision commune qui s'en est dégagée.

S'ils n'ont pas la valeur juridique d'une encyclique, ces actes pontificaux sont rendus publics sur une base régulière.

ENCYCLIQUE

Une encyclique (en latin encyclia, de l'adjectif grec ἐγκύκλιος / enkuklios d'après κύκλος / kuklos, « cercle ») est une lettre adressée par le pape à tous les évêques, et parfois également à l'ensemble des fidèles. C'est une lettre « circulaire ».

Une encyclique se rattache à la mission d'enseignement du pape. Elle est destinée à exposer à ses destinataires la position officielle de l'Église catholique sur un thème précis. Le plus souvent, celui-ci se situe hors des questions d'actualité, ce qui donne à l'enseignement une portée générale et relativement permanente. Cependant, l'opportunité de traiter un thème particulier est souvent appréciée en fonction de l'état du monde ; et les encycliques comportent parfois des mises en garde plus précises, voire des condamnations spécifiques.

Tout en étant formellement destinée aux évêques, la lettre s'adresse en pratique à tous les fidèles, confiés à l'enseignement de leur évêque respectif, et présente un intérêt pour toute personne intéressée par la position de l'Église. Néanmoins, sauf mention contraire, l'encyclique n'engage pas l'infaillibilité pontificale : un fidèle reste libre de ne pas suivre cet enseignement si sa conscience le lui dicte, tout en restant dans l'Église.

LETTRE APOSTOLIQUE

Une lettre apostolique est une forme d'exhortation apostolique rédigée en s'adressant à un destinataire particulier et non à l'ensemble des évêques (comme le fait une exhortation apostolique ou une encyclique). Le pape publie ainsi une lettre ouverte d'intérêt général pour l'Église.

CONSTITUTION APOSTOLIQUE

En diplomatique vaticane, une constitution apostolique (du latin constitutio apostolica) est un acte émanant du pape. Le terme constitution correspond ici à un sens large, et désigne un texte équivalent à une loi dans le domaine civil. Le qualificatif apostolique signifie simplement qu'elle est issue du siège apostolique : une constitution apostolique est une loi que le pape promulgue au titre de son autorité de gouvernement général sur l'Église.
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Message par jaimedieu Ven 13 Fév 2015 - 4:04

QU’EST-CE QUE LA PÉNITENCE ?

La pénitence, traduction latine du mot grec metanoia qui signifie « conversion » (littéralement « changement d’esprit ») du pécheur, désigne tout un ensemble d’actes intérieurs et extérieurs en vue de la réparation du péché commis, et l’état de fait qui en résulte pour le pécheur.

Littéralement « changement de vie » se dit de l’acte du pécheur qui revient vers Dieu après s’être éloigné de lui, ou de l’incroyant qui reçoit la foi...

QUELLES SONT LES MANIFESTATIONS DE LA PÉNITENCE ?

La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. « L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière et l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyr, ils citent comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain, l’intercession des saints et la pratique de la charité « qui couvre une multitude de péchés » (1 P 4,8) (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1434)

SOMMES-NOUS OBLIGÉS A FAIRE PÉNITENCE ?

« Tous les fidèles, chacun à sa manière, sont obligés par la loi divine à faire pénitence ; cependant, afin que tous s’unissent à une pratique commune de pénitence, on a fixé certains jours pénitentiels pendant lesquels les fidèles se dédient de manière particulière à la prière, réalisent des œuvres de piété et de charité, et s’oublient soi-même en accomplissant ses propres obligation avec la plus grande fidélité et, surtout, en observant le jeûne et l’abstinence. » (Code de droit canonique, 1249)

QUELS SONT LES JOURS ET LES TEMPS PÉNITENTIELS ?

« Dans l’Église universelle, tous les vendredis de l’année et le temps de carême sont des jours et des temps de pénitence. » (Code de droit canonique, 1250)
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Message par jaimedieu Sam 14 Fév 2015 - 4:58

QUE DOIT-ON FAIRE PENDANT LES VENDREDIS DE L’ANNÉE ?

En souvenir du jour de la mort de Jésus-Christ sur la sainte Croix, « pendant tous les vendredis, à moins qu’ils ne coïncident avec une solennité, on doit observer l’abstinence de viande, ou de tout autre aliment déterminé par la Conférence épiscopale ; on gardera jeûne et abstinence le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. » (Code de droit canonique, 1251)

QUAND EST LE CARÊME ?

Le Carême commence le Mercredi des Cendres et termine immédiatement avant la Messe de la Cène du Seigneur (Jeudi Saint). Toute cette période forme une unité dans laquelle se détachent certains éléments :

1) Le Mercredi des Cendres,

2) Les Dimanches selon des groupements suivants, I-II ; III, IV, V ; et le Dimanche des Rameaux,

3) La Messe chrismale et

4) Les féries.

QU’EST-CE QUE LE MERCREDI DES CENDRES ?

C’est le début du Carême ; un jour particulièrement pénitentiel, dans lequel on manifeste notre désir personnel de CONVERSION à Dieu.

En recevant l’imposition des Cendres dans les églises, on exprime avec humilité et sincérité de cœur que nous voulons nous convertir et croire vraiment à l’Évangile.

QUAND A LIEU L’ORIGINE DE LA PRATIQUE DES CENDRES ?

L’origine de l’imposition des cendres appartient à la structure de la pénitence canonique. Elle commence à être obligatoire pour toute la communauté chrétienne à partir du Xe siècle. La liturgie actuelle conserve les éléments traditionnels : imposition des cendres et jeûne rigoureux.

QUAND SE FONT LA BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES ?

La bénédiction et imposition des cendres se fait pendant la Messe, après l’homélie ; en des circonstances particulières, on peut les faire pendant un célébration de la Parole. Les formules de l’imposition des cendres sont inspirées des Écritures : Gen 3, 19 et Mc 1,15.

D’OÙ VIENNENT LES CENDRES ?

Les cendres viennent des rameaux bénis pendant le Dimanche des rameaux de l’année précédente, suivant une tradition qui remonte au XIIe siècle. La formule de bénédiction rappelle la condition de pécheur de qui la reçoit...

QUEL EST LE SYMBOLE DES CENDRES ?

Le symbolisme des cendres est le suivant :

a) condition de faiblesse et de vanité de l’homme, qui avance vers la mort ;
b) condition pécheresse de l’homme
c) Prière et supplication ardente pour que Dieu lui vienne en aide ;
d) Résurrection, étant donné que tout hommes est appelé à participer au triomphe du Christ.

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Message par jaimedieu Dim 15 Fév 2015 - 3:08

À QUOI NOUS INVITE L’ÉGLISE PENDANT LE CARÊME ?

L’Église nous invite à faire du Carême un temps de retraite spirituelle dans lequel l’effort de méditation et de prière doit être soutenu d’un effort de mortification personnelle, laissée à la libre générosité de chacun.

QUELLES SONT LES CONSÉQUENCE D’UN BON CARÊME ?

Si on vit bien le Carême, on doit obtenir une authentique et profonde conversion personnelle, et nous préparer de cette manière à la plus grande fête de l’année : le dimanche de la Résurrection du Seigneur.

QU’EST-CE QUE LA CONVERSION ?

Se convertir veut dire se réconcilier avec Dieu, s’éloigner du mal, pour établir une relation d’amitié avec le Créateur.

Cela suppose de se laisser aller au repentir et à la Confession de tous et chacun de nos péchés.

Une fois rétablis dans la grâce (sans conscience de péché mortel), nous devons prendre la résolution de changer de l’intérieur (dans les attitudes) tout ce qui ne plaît pas à Dieu.

POURQUOI DIT-ON QUE LE CARÊME EST UN « TEMPS FORT » ET UN « TEMPS PÉNITENTIEL » ?

« Les temps et jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’église. Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et missionnaires) ». (Catéchisme de l’église catholique, n° 1438)

COMMENT CONCRÉTISER MON DÉSIR DE CONVERSION ?

De diverses manières, mais toujours en réalisant des œuvres de conversion, comme par exemple :

1. S’approcher du Sacrement de Réconciliation (Sacrement de la Pénitence ou Confession) et faire une bonne confession : claire, concise, concrète et complète.
2. Dépasser les divisions par le pardon, et grandir dans l’esprit fraternel.
3. Pratiquer les Œuvres de miséricorde.

QUELLES SONT LES ŒUVRES DE MISÉRICORDE?

Les œuvres de miséricorde spirituelles sont :

Enseigner l’ignorant.
Conseiller celui qui en a besoin.
Corriger l’égaré.
Pardonner les injures.
Consoler le triste.
Souffrir avec patience les adversités et les faiblesses du prochain.
Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Les œuvres de miséricorde corporelles sont :


Visiter le malade.
Donner à manger à celui qui a faim.
Donner à boire à celui qui a soif.
Secourir le captif.
Vêtir celui qui est sans vêtement.
Accueillir le pèlerin.
Enterrer les morts.
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Message par jaimedieu Lun 16 Fév 2015 - 5:43

QUELLES SONT LES OBLIGATIONS D’UN CATHOLIQUE PENDANT LE CARÊME ?

Il doit accomplir le précepte du jeûne le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint et celui de l’abstinence chaque vendredi, ainsi que la confession et la communion.

EN QUOI CONSISTE LE JEÛNE ?

Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée, avec une alimentation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas, sauf cas de maladie.

QUI EST OBLIGE AU JEÛNE ?

La loi du jeûne oblige tous ceux qui sont majeurs, jusqu’à l’âge de 59 ans. (cfr. CIC, n° 1252)

QU’EST-CE QUE L’ABSTINENCE ?

L’abstinence est le fait de se priver de viande (rouge, blanche ou dérivée).

QUI EST OBLIGE A L’ABSTINENCE ?

La loi de l’abstinence oblige tous ceux qui ont accompli 14 ans (CIC, n° 1252).

PEUT-ON CHANGER LA PRATIQUE DU JEÛNE ET DE L’ABSTINENCE ?

On ne doit pas vivre le jeûne ou l’abstinence comme une imposition, mais plutôt comme un moyen concret par lequel l’Église nous invite à croître dans le véritable esprit de pénitence.

QUELS SONT LES ASPECTS PASTORAUX QU’IL CONVIENT DE SOULIGNER PENDANT LE CARÊME ?

Le temps du Carême est un temps liturgique fort, dans lequel toute l’Église se prépare à la célébration des fêtes pascales. La Pâque du Seigneur, le Baptême et l’invitation à la réconciliation, moyennant le sacrement de la Pénitence, sont ses grandes coordonnées.

Il est conseillé d’utiliser comme moyen pastoral :

1) la catéchèse du Mystère pascal et des sacrements ;

2) l’exposition et la célébration abondante de la Parole de Dieu

3) la participation, si possible quotidienne, à la liturgie de carême, aux célébrations pénitentielles et, surtout, à la réception du sacrement de pénitence :

4) les exercices spirituels, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône et les œuvres caritatives et missionnaires.

QUEL EST LE SENS DU CHEMIN DE CROIX ?

Faire le chemin de croix est une cérémonie qui nous fait revivre les évènements de la passion de Jésus et nous fait réfléchir à la signification de ces évènements. On pense aux souffrances du Christ et on fait l’expérience de l’amour que révèle son attitude. Cette méditation éveille en nous un sentiment de compassion et de gratitude envers le Seigneur qui nous a aimé jusqu’au bout.

Cette cérémonie nous fait vivre avec amour notre propre croix. "Celui qui veut marcher derrière moi, qu’il se renonce lui même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive", nous a dit Jésus. Nous trouvons dans l’exemple du Christ l’attitude que nous sommes invités à vivre à notre tour. C’est ainsi que nous participons à la croix du Christ.

Certains mystiques, comme saint François d’Assise qui a reçu les stigmates, Angèle de Foligno, A.Catherine Emmerich, ont vécu d’une manière très intense la passion de Jésus. Le chemin de croix est une dévotion catholique. Il ne fait pas parti de la liturgie de l’Église, mais c’est une dévotion très recommandée par les papes.

Avez-vous des idées d’efforts de Carême ?

Quels efforts peut-on faire au XXIe siècle ? N’essayons pas de les multiplier mais soignons en quelques unes en veillant à nous mettre en présence de Dieu par la foi, l’espérance et la charité.

Prière

1. Faire un Chemin de Croix et méditer la Passion du Christ chaque vendredi de Carême.

2. Aller adorer le Christ Eucharistie pendant une heure chaque jeudi de Carême

3. Faire une Examen de Conscience détaillé chaque soir avant de se coucher, pour vérifier si vos efforts sont bien suivis, et prier Dieu de persévérer !

Jeûne


4. Arrêter le chocolat, le nutella, ou le café, c’est bon pour les enfants, mais aussi pour les grands !

5. Ne pas boire d’alcool ou arrêter de fumer ; pour donner encore plus de sens à ce sacrifice, pourquoi ne pas reverser l’argent ainsi économisé en le reversant à un projet caritatif ?

6. Désactiver Facebook ou ne plus écouter de la musique a longueur de journée, c’est une façon de faire silence, de se mettre dans l’esprit de retraite du Carême, et de trouver plus de temps pour prier !

Partage

7. S’engager avec le Secours Catholique dans ma paroisse, pour la soupe populaire ou le soutien scolaire !

8. Prendre le temps de parler chaque jour avec une personne isolée, sans-abri ou en difficultés que l’on croise sur le chemin de l’école ou du travail !
9. Participer a la préparation des célébrations de la Semaine Sainte avec votre paroisse ; votre église a besoin de votre générosité pour partager la joie de la Résurrection en beauté avec tous ceux qui participeront aux célébrations !

Enfin, la 10e résolution, et la plus belle, c’est celle que Dieu suscite au fond de votre cœur.

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Message par jaimedieu Mar 17 Fév 2015 - 4:27

Pourquoi l’Église dit qu’il faut aller à la messe ?

En quelques points

- Celui qui dit qu’il aime quelqu’un et ne veut pas aller le voir, ne peut-on pas penser qu’il ne dit pas la vérité ? Que dire d’un homme qui ne verrait jamais sa fiancée en se disant "amoureux non-praticants" ? ou un autre qui dirait "je suis nudiste mais je pratique pas" !, où est la logique ?

- C’est Jésus lui-même qui nous a invité à "faire cela en mémoire de lui" et à se "nourrir du pain de vie".

- Car la messe est le lieu de rencontre privilégié avec Dieu, le moment où par les mains du prêtres Jésus se fait présent dans l’hostie.
C’est ici que se renouvelle l’alliance entre Dieu et les hommes.

- Depuis les origines du christianisme, les chrétiens se réunissent chaque dimanche pour « faire mémoire » de la Résurrection du Seigneur, ils continuent ainsi d’observer cette première alliance donnée à Moïse, le 2ème commandement qui demande de sanctifier le jour du sabbat : en s’arrêtant de travailler un jour par semaine pour le louer et « se reposer en Dieu »

A quoi bon d’aller à la messe ?

La messe, à quoi bon ? C’est ennuyant à mourir ! Peut-être... Peut-être aussi que la vie de notre âme est ennuyante à mourir !

La messe, à quoi bon ? C’est ennuyant à mourir ! Peut-être... Peut-être aussi que la vie de notre âme est ennuyante à mourir !

Il est vrai que, trop souvent, la messe peut être une prière tiède, sinon froide, monotone, avec une homélie qui survole la vie quotidienne, des chants insipides ou absents. Pas toujours, pas partout, mais disons... parfois. C’est malheureux, surtout de nos jours, alors que tant de programmes télévisés sont présentés avec brio par des professionnels du message, des experts en communication.

La messe, sur le plan marketing, ce n’est pas ça.

Pourtant, même avec les meilleurs moyens du bord, la messe ne peut entrer en compétition avec le monde sophistiqué et professionnel du visuel et de l’auditif. Car la messe rejoint les profondeurs de l’âme, pas seulement les émotions. Le domaine de la foi n’est pas celui du sentiment.

“ Source et sommet de toute la vie chrétienne ”, la messe demeure un mystère ineffable. Elle ne peut se comprendre sans la foi. Réveillons notre foi assoupie ! C’est le Christ qui a institué la messe (Lc 22,19-20). Depuis toujours, elle est au cœur de la vie de l’Église.

Rappelons-nous que la messe est le Saint Sacrifice de Jésus s’offrant sans cesse à Dieu, son Père, pour notre salut. Elle rend présent et agissant le sacrifice de la Croix. Démesure du don ! Folie d’un Dieu qui se donne en pâture au tout venant, s’abaissant à faire de notre cœur son réceptacle. L’Eucharistie est aussi le Repas du Seigneur, un banquet de vie qui nous unit au Christ, à son Corps et à son Sang, à sa divinité.

La messe, c’est notre grande prière chrétienne. Elle est la prière de Jésus, avec Jésus, en union avec toute l’Église, Corps mystique du Christ. La messe nous nourrit du Pain de la Parole et du Pain de Vie. La messe nous donne d’espérer le Ciel.

Es-t-on obligé de s’investir dans sa paroisse de quartier ?

"Encore des chants qu’on connaît pas !", "Trop long son sermon", "C’est faux à l’orgue...", "y ’a rien qui bouge", etc. Combien de fois avons-nous ainsi maugréé, récriminé contre notre paroisse, son curé et ses paroissiens... Et pourtant, nous sommes invités à recevoir nos frères (tous nos frères), notre communauté religieuse (oui, oui, la nôtre) comme un réel don de Dieu ! Là est notre place, là est notre salut. Ce beau texte du Pape Paul VI nous le rappelle.

Recevoir sa paroisse Collabore, prie et souffre pour ta paroisse, parce que tu dois la considérer comme une mère, à laquelle la Providence t’a confié. Demande à Dieu qu’elle soit une maison de famille, fraternelle, accueillante, maison ouverte à tous et au service de tous. Offre ta collaboration d’activité pour que cela se réalise pleinement.

Une communauté de foi Collabore, prie et souffre pour que ta paroisse soit une vraie communauté de foi : respecte le curé, même s’il avait mille défauts, il est le délégué du Christ pour toi.

Regarde-le avec l’œil de la foi, ne mets pas l’accent sur ses défauts, ne juge pas trop facilement ses misères, pour que Dieu te pardonne tes misères. Prends soin de ses besoins, prie tout le jour pour lui.

Ancrée dans l’Eucharistie Collabore, prie et souffre pour que ta paroisse soit une vraie communauté eucharistique, et que l’eucharistie soit la racine vive de son édification non une racine sèche et sans vie.

Participe fidèlement à l’Eucharistie de ta paroisse avec tout ton cœur et de toutes tes forces.

Retrousse tes manches ! Réjouis-toi et souligne avec tous, toutes les belles choses de ta paroisse. N’attache pas ta langue en t’acharnant contre l’inertie de ta paroisse ; au contraire, retrousse tes manches pour faire tout ce qu’on te demande.

Souviens-toi : les ragots, les ambitions, l’envie de se mettre en vue, les rivalités sont les parasites de la vie paroissiale ; déteste-les, combats-les, ne les tolère jamais. L’humilité est la loi fondamentale de tout service.

Et accepte aussi d’être mis de côté, si le bien de tous, à un moment donné, l’exige. Seulement, ne croise pas les bras, jette-toi dans le travail le plus antipathique et délaissé de tous, et ne te mets pas en tête de fonder un parti d’opposition.

Tout commence dans la prière Si le curé est autoritaire et ne te laisse pas faire, n’en fais pas un drame : la paroisse ne s’écroulera pas pour cela. Il y a toujours des secteurs où un vieux prêtre te laisse entière liberté -la prière pour les pauvres, les malades, les personnes seules et les marginaux. Il suffirait que ces secteurs soient vivants, et la paroisse revivrait.

Surtout la prière, personne ne te la conditionne, ni ne peut te l’enlever.

Humilité et charité Souviens-toi qu’avec l’humilité et la charité, on peut dire toutes les vérités dans la paroisse. Ce sont souvent l’arrogance et la présomption qui barrent les chemins et dressent les murs. Parfois, le manque de patience provoque le rejet des meilleures initiatives.

Quand les choses ne vont pas, pointe le doigt sur toi-même au lieu de montrer du doigt ton curé et les situations.

Motivés ! Prends tes responsabilités ; tu as des devoirs précis. Si tu as le courage d’une auto-critique sévère et honnête, tu auras une plus grande lumière sur les limites des autres. Si ta paroisse fait pitié, c’est aussi de ta faute : une poignée de gens motivés suffit pour faire une révolution, un groupe de gens décidés à tout suffit pour rendre un nouveau visage à une paroisse.

Et surtout prier sans cesse pour la sainteté des prêtres : les saints prêtres sont la richesse la plus extraordinaire de nos paroisses, les prêtres saints sont le salut de nos jeunes.

Paul VI
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Message par jaimedieu Mer 18 Fév 2015 - 3:53

La sainteté ! Réservée à une élite ?

Lorsque nous regardons le décalage entre la vie des saints et la nôtre, la sainteté semble réservée à quelques élus. Les actes de ces hommes et de ces femmes semblent sont tellement au dessus de nos forces. Comment alors croire que la sainteté est possible ?

Tout d’abord, il est important de ne pas se décourager et surtout de garder à l’esprit que tout homme est appelé à la sainteté. Saint Paul nous le dit clairement : « La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté » (1 Th 4,3). Donc, qui que nous soyons, cet appel est pour nous.

Il est bon ensuite de rappeler qu’un saint n’est pas quelqu’un de parfait. La perfection est impossible pour l’homme et Dieu ne nous demande pas d’atteindre des buts qui nous sont inaccessibles. Mais alors qu’est ce qu’un saint ?

Un saint est quelqu’un qui à la fin de sa vie, tout du moins, a essayé d’un cœur sincère d’aimer Dieu et de répandre cet Amour parmi les hommes. C’est dans l’amour que ces hommes et ces femmes mettent dans les actions les plus anodines que l’on peut percevoir leur sainteté.

Les grands discours et les grandes actions ne servent à rien si elles ne sont pas faîtes avec amour. « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Co 13, 2)

Ce chemin nécessite toute une vie, mais il n’est jamais trop tard pour se mettre en route. Le bon larron, un deux hommes crucifiés avec le Christ (Il a été condamné à mort pour ses crimes. Ce n’était donc pas un modèle de sainteté) va, à la fin de sa vie, reconnaître en Jésus le fils de Dieu. On voit, à travers la compassion qu’il a pour Jésus, l’amour qu’il lui porte. Il dira même au Christ : « Jésus, souviens toi de moi lorsque tu viendras inaugurer ton Règne » (Lc 23,42). Ainsi, par sa foi et son amour sincère aux derniers instants de sa vie, il sera reconnu comme saint.

Il existe autant de chemins de sainteté que de saints. L’Église nous propose des exemples concrets de vie qui mènent à la sainteté (tous les hommes et toutes les femmes qui ont été canonisés). Ceux-ci peuvent nous permettre d’avancer dans notre propre chemin.
Cependant, le meilleur exemple de sainteté est et sera toujours celui du Christ. C’est donc en le suivant que l’on devient saint. Ceci peut effrayer surtout lorsque l’on lit des paroles comme celle là : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mt 16,24). Pourtant, c’est seulement en renonçant à notre vie, en se détachant de tout ce qui nous rend esclave, que l’on devient pleinement nous même. Alors, qu’avons-nous à craindre ?

Ainsi la véritable question est : ai-je vraiment le désir de prendre ce chemin - qui n’est pas un chemin facile - permettant de devenir pleinement moi-même et qui mène au bonheur ?

« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger. » (Mt 11,28-30)

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Message par jaimedieu Jeu 19 Fév 2015 - 4:17

Que faire pour "traverser nos déserts " ?

Que faire dans l’épreuve ? Comment réagir quand nous ne sentons plus la présence de Dieu ?

- La fidélité : suivre fermement chacun des engagements que j’ai pu prendre. Il est important de ne pas faire de grands changements et « s’en tenir avec fermeté et constance à la détermination prise quand on était dans un état de consolation » (saint Ignace), parce que, dans la consolation, c’est surtout l’Esprit Saint qui nous conduit, alors que, dans la désolation, les tentations sont nombreuses.

- Réagir : ne rien changer mais se changer. On est appelé à faire preuve de fermeté, de combativité. Être plus encore ancré et attaché aux commandements du Seigneur.

- La confiance : le Seigneur est là, je ne sens pas sa présence mais suis appelé à grandir dans la foi qu’il est mon Sauveur et, s’il m’a retiré le sentiment de sa présence, il ne m’a pas retiré sa présence. Sainte Thérèse écrit : « Je ne trouve d’autre boussole que l’abandon. » De plus, s’il peut permettre l’épreuve afin que je puisse vaincre les tentations avec le secours de sa grâce, il me donnera sa grâce en proportion :
« Dieu est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces » (1 Cor 10, 13).

- La patience : celui qui est dans la désolation doit s’armer de patience contre les difficultés qui se présentent en pensant que, tôt ou tard, la consolation va être donnée comme le jour vient après la nuit, le calme après la tempête et la lumière au bout du tunnel. Ne pas laisser libre cours à la tentation du
découragement.

- Ne pas se laisser impressionner par l’état de notre coeur, tiédeur et médiocrité ressenties, ni par les tentations du démon. En effet, celui-ci, dit toujours saint Ignace, cherche à troubler, à déstabiliser, à effrayer. Et il le fait en sollicitant en secret, comme le ferait un amant. Ouvrons-nous donc, à coeur
ouvert, des tentations, à un accompagnateur spirituel. Le tentateur sera démasqué. Comme un chien apeuré, il aboie ? Restons calmes. La victoire sur nos tentations et nos ténèbres est acquise par la Croix du Christ. Ressuscité, Jésus est avec nous, quelles que soient nos sensations de trouble. « Ayez confiance, c’est moi, n’ayez pas peur », dit-il en apparaissant
aux apôtres effrayés par la tempête.
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Message par jaimedieu Ven 20 Fév 2015 - 5:01

Six petits conseils pratiques pour lire la Parole de Dieu

L’Église « exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens, [...], à acquérir, par la lecture fréquente des divines Écritures, une science éminente de Jésus-Christ » (Phil 3, 8), car « ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ » (saint Jérôme) - Concile Vatican II

Les chrétiens sont invités à mettre la Parole de Dieu au centre de leur vie. « Car, dans les Livres saints, le Père qui est aux cieux s’avance de façon très aimante à la rencontre de ses fils, engage conversation avec eux ; une si grande force, une si grande puissance se trouve dans la Parole de Dieu qu’elle se présente comme le soutien et la vigueur de l’Église, et, pour les fils de l’Église, comme la solidité de la foi, la nourriture de l’âme, la source pure et intarissable de la vie spirituelle. » (Vatican II)

Comment la lire ?

On est souvent démuni face à la Bible. Pour commencer, il vaut mieux prendre les Évangiles. On peut en lire chaque jour un petit passage. La liturgie de l’Église, à travers les textes de la messe du jour, nous propose une lecture suivie très pédagogique. Une fois le texte choisi, lisons-le une première fois, simplement. Nous sommes face au mystère de la Parole de Dieu. Le Seigneur est présent, et il veut me parler. On peut alors prier : « Je crois Seigneur que tu veux me rencontrer et me parler. Que ton Esprit ouvre mon coeur à ta Parole. »

Puis relisons le texte, en observant tous les détails décrits : les personnages, les gestes, les paroles. Imaginons la scène. Nous pouvons aussi interroger le texte. « Pourquoi telle attitude, pourquoi telle parole ? Qu’est-ce que cela nous révèle de toi, Christ Jésus ? » N’oublions pas que Dieu est Amour. Sans cette clé de lecture, nous passons à côté de l’essentiel. Nous cherchons ainsi ce que Dieu dit de lui-même, car la Parole n’est pas d’abord une série de consignes ou de préceptes moraux. C’est bien Dieu qui se dévoile et nous parle de Lui.

Comment la comprendre ?


Certains textes nous parlent d’emblée, d’autres nous semblent étrangers, voire étranges. Si nous prenons le temps de les relire plusieurs fois et, dans une attitude ouverte et humble, de « scruter les Écritures », Dieu nous parlera, d’une façon ou d’une autre. Peut-être pas tout de suite. Sainte Thérèse faisait preuve d’une réelle obstination et d’une grande persévérance pour connaître le Seigneur. Elle finissait toujours par comprendre quelque chose. Car l’Esprit Saint éclaire les coeurs ouverts et humbles.

Faut-il avoir fait des études bibliques
pour bien comprendre la Parole de Dieu ?

Les études bibliques aident à comprendre le sens littéral des textes, par l’étude de leur contexte littéraire et historique, par l’étude du sens des mots. L’Église nous encourage à de telles études, en lisant des livres présentant la Bible ou en suivant des cours d’exégèse. Et la meilleure compréhension du sens littéral nous permettra de mieux trouver le sens spirituel de la Parole. Mais n’attendons pas d’avoir le temps d’étudier la Bible pour écouter la Parole de Dieu !

Comment prier avec ?


La Parole de Dieu nous conduit naturellement à la prière. Il nous est facile de contempler Dieu, de le louer, de l’adorer, par ce que nous avons découvert de Lui. Parfois cela peut passer par une décision intérieure. Par exemple : « Jésus, dans ta Parole, tu m’as montré aujourd’hui que tu aimes chacun avec attention, je t’en rends grâce. Merci pour ta bonté. Apprends-moi à te ressembler. »

Quand lire la Parole de Dieu ?


Le plus difficile est de prendre le temps de nous arrêter et de nous poser devant une Bible, pour la lire. Quelques idées pour y parvenir.

Si on a l’habitude de prendre un temps de prière quotidien, commencer par lire l’Évangile de la messe du jour.

Laisser son missel ou une bible près de son lit. Et le soir avant de s’endormir, lire un passage de l’Écriture. Il habitera notre coeur pendant la nuit.

Pendant le petit-déjeuner, on peut lire l’Évangile du jour. Cela ne prend pas de temps. Nous avons ainsi une double nourriture : celle du corps et celle du coeur

Pendant le bénédicité, avant le repas, lire un verset simple de l’Évangile.

5 moyens pour la garder

Le carnet à Parole.

Écrire les passages des évangiles ou de la Bible qui, dans la prière, m’ont interpellé. Les relire régulièrement pour les mémoriser. Essayer de mettre en pratique ce que Dieu nous demande. Découvrir peu à peu le lien entre ces textes. Faites l’expérience pendant un mois. Vous verrez !

Afficher la parole de Dieu.

« Tu inscriras (les commandements de Dieu) sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. » (Dt 6, 9). Écrire un verset sur un papier et mettre le texte en évidence, dans sa maison. Certains le mettent sur leur bureau, d’autres sur le réfrigérateur ou sur le miroir de leur salle de bain.

Apprendre par coeur quelques versets.

Les premiers chrétiens mémorisaient les paroles de Jésus.

Partager la Parole de Dieu avec d’autres chrétiens en petit groupe.

Dans l’Église, les occasions sont multiples : équipes liturgiques, groupes de catéchistes, équipes de couples, fraternités de groupes de prière, équipes d’action catholique, etc. Il est très bon de commencer toute rencontre par un tour de table, où chacun dit brièvement le verset de l’Écriture qui l’éclaire et le fait vivre. Si nous avons un accompagnateur spirituel, centrons nos échanges avec lui sur la Parole de Dieu que nous avons méditée et essayée de mettre en pratique.

Lire des vies de saints,
car les saints ont tous cherché à comprendre la Parole de Dieu et à la mettre en pratique.

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Message par jaimedieu Sam 21 Fév 2015 - 4:58

Le fait d’être non pratiquant est t-il un abandon de la foi ?

Comment définir ma foi de chrétien catholique ? C’est de ma réponse, juste ou fausse, que dépend ma façon de bâtir ma vie chrétienne.

Nous savons bien que la foi est un don de Dieu, mais ce don précieux nous est donné comme un talent à faire fructifier...sinon, fatalement, il se dessèche.

Certains ont accueilli pleinement Jésus Christ comme leur sauveur récemment.

D’autres ont reçu ce cadeau de la foi à leur baptême, et l’ont enrichi à des degrés divers les années passant par le témoignage de leurs parents où encore l’enseignement de leurs catéchistes, la rencontre avec une communauté, un prêtre...

Mais nous rencontrons des chrétiens et des chrétiennes dont la foi se limite à des connaissances et qui meublent leur esprit sans changer leur vie car ils n’ont pas fait une vraie rencontre avec Jésus Christ.

Nous voyons d’autres chrétiens qui, dans l’Église, dans tel Mouvement, ou même dans telle secte, ont fait une expérience religieuse profonde, ont découvert Jésus, se sont donnés à lui. Une fois l’expérience refroidie, certains sont retombés dans l’ornière de la médiocrité, faute d’enseignement.

Ma foi catholique consiste à accepter Jésus Christ dans ma vie, avec tout mon être, avec mon intelligence et avec mon coeur. Je chercherai à mieux le connaître dans cette Église qu’il a fondée ; je chercherai à mieux l’aimer et à le servir. Ma foi sera la lumière pour ma vie.

Si je ne pratique pas, ma foi ne sera pas morte pour autant. Elle sera affaiblie et s’affaiblira. J’espère que Dieu dans son amour veillera à remuer les cendres, ravivera le feu et la flamme s’élèvera.

Comme chacun je traverserai des épreuves qui ébranleront ma foi, tel deuil, telle maladie, tel échec. Et comme sous l’effet du vent la flamme vacillera.

Ce sera alors un tournant dans ma foi. Selon ma pratique, l’expérimentation que j’en aurait faite auparavant dans ma vie de chrétien ou de chrétienne, il en résultera une crise de foi ou une foi plus forte.

Chance ? malchance ? Au delà des aléas de la vie, gardons bien vivante notre foi catholique en la pratiquant et en la faisant travailler résolument.

Comment ? Par la messe dominicale, l’exercice des sacrements, la participation à la vie de sa communauté locale, sa croissance par l’évangélisation et en veillant à placer tous ses projets, toutes ses oeuvres, sous le regard de Jésus Christ.

La foi, ce grand don de Dieu, sachons la préserver de la corruption. Pour beaucoup de catholiques non pratiquants, la foi n’est pas morte ; elle est sclérosée et égarée. Souvent, elle est polluée par une doctrine falsifiée présentée par des livres douteux comme le Da Vinci Code ou des émissions de polémiques facile.

Cette foi, nous nous devons de la nourrir ! La pratique religieuse nous en fait vivre.
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Message par jaimedieu Dim 22 Fév 2015 - 5:25

Quel est le sens du signe de croix ?

Front - poitrine - épaule gauche - épaule droite. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Amen... On le fait sans y prêter attention. Pourtant le signe de croix est un acte magnifique qui recèle de nombreux messages.

Voilà bien le geste chrétien le plus systématique et le plus courant qui soit. Un enfant en parlait avec humour comme du « numéro de téléphone » de Dieu ! Il est vrai que, quand on veut l’appeler, se mettre en sa présence, hop ! on trace ce geste de la main droite (front/poitrine/épaule gauche/épaule droite), et la prière peut commencer. Le catéchisme de l’Église catholique enseigne que « le signe de la Croix nous fortifie dans les tentations et dans les difficultés » et précise que, pour ce faire, le chrétien commence sa journée, ses prières et ses actions par le signe de croix. (§ 2157).

Cependant, ce mouvement, bien rôdé chez les catholiques,
connaît quelques variantes, notamment chez les orthodoxes et les chrétiens de rite oriental (églises byzantines russes, ukrainiennes, grecques catholiques, melkites, roumaines, italo-albanaises ainsi que les coptes et chaldéens) qui tracent le signe de croix selon un mouvement de droite à gauche : front, poitrine, épaule droite, épaule gauche. La raison en est simple.

Commechez les Latins, le prêtre byzantin bénit en traçant la croix de haut en bas puis de gauche à droite. Quant au fidèle, il reçoit (on pourrait presque dire “attrape”) la bénédiction donnée, “lancée” par le prêtre et l’accompagne sur son corps comme un miroir, d’où le mouvement identique de haut en bas et inversé de droite à gauche. Ainsi, a été adopté l’usage d’inverser le « sens » du signe de la croix.

Ces mêmes orthodoxes et Églises de rite oriental ont une autre coutume. Au moment de se signer, ils resserrent le pouce, l’index et le majeur, liés pour représenter la Trinité, et replient l’annulaire et l’auriculaire dans la paume pour signifier la double nature du Christ. Une sacrée gymnastique des doigts pour qui n’y est pas familier !

Loin d’être sujet de division, le signe de la croix rassemble des milliards de personnes, croyants ou en recherche. Et ceux qui se signent, réaffirment symboliquement deux points de foi essentiels : d’une part la Sainte Trinité - Père, Fils et Saint- Esprit - et le salut de l’humanité entière par la croix du Christ.

Chacun accueille ainsi la croix dans sa vie et accepte de s’unir au sacrifice d’amour de Jésus qui vient sauver le monde.
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Message par jaimedieu Lun 23 Fév 2015 - 5:00

Qu’est-ce que le christocentrisme ?

« Christocentrisme » : voilà bien un mot compliqué ! Serait-ce une option politique de conciliation ? ou l’une des idéologies en “isme” du siècle dernier ?... Au contraire, c’est le cœur de la spiritualité chrétienne, comme la proposent les nouveaux Mouvements ecclésiaux. Connaître le Christ, se laisser conquérir par Lui, nous transformer dans son amour... c’est tout cela qu’exprime le « christocentrisme », comme l’a vécu Saint Paul : « Ma vie, c’est le Christ ».

Certes, mais plus précisément ? Si je suis une mère de famille au foyer, ou un étudiant en faculté, qu’ai-je à voir avec un rabbin juif, mort il y a deux mille ans ? Et l’amour exclusif du Christ n’est-il pas être un prétexte pour ne pas aimer mon prochain ? Ou encore : le christocentrisme, n’est-ce pas une « recette » pour être plus efficaces dans la vie spirituelle ? Et enfin : quelle nouveauté dans la spiritualité de l’Église, qui a toujours été centrée sur la personne de son divin Fondateur ?

Toutes ces interrogations nous invitent à remonter à l’essentiel. Écoutons ce que nous rappelait le Saint Père Benoît XVI : « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. » Jésus est donc le Sauveur : il est « sorti » de la Trinité à la recherche de la brebis perdue, Il est venu trouver l’homme égaré dans l’angoisse de son péché, Il l’a mis sur ses épaules et l’a ramené dans la maison du Père. Voilà tout le message de l’Évangile, et le sens de sa mort sur la Croix.

Si nous sommes chrétiens, c’est que nous accueillons ce Sauveur. Et pas seulement cela : nous voyons en Lui l’homme parfait, un exemple très proche de nous. Le Concile Vatican II s’en est émerveillé : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un coeur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché ».

Chacun d’entre nous parcourt un chemin différent : une vie parfois tortueuse au milieu du monde. Saint Augustin en est un exemple. Que d’erreurs, que de chemin parcouru à tâtons dans la philosophie manichéenne et dans son concubinage !

Mais son chemin rencontre un jour celui de Jésus : son âme se laisse fasciner par ses paroles, et l’exemple d’amour du Maître sur la Croix rejoint sa solitude. Et nous aussi lorsque nous rencontrons le Christ : l’Évangile soudain illumine notre vie, les sacrements deviennent notre aliment spirituel. Et Jésus-Christ cesse d’être un personnage historique : comme un acteur qui descendrait de scène pour serrer la main des spectateurs, il devient notre ami intime qui écoute nos confidences et nous console dans la tristesse ; il se fait Père et nous nourrit chaque jour de l’Eucharistie, son propre corps : et nous nous transformons en Lui, comme deux personnes qui s’aiment se transforment mutuellement.

Être chrétien, c’est aimer le Christ ; aimer le Christ, c’est devenir semblable à Lui ; semblable au point de partager ses amours, ses sentiments, ses tristesses...

Alors, on se sépare du monde ? Non, comme Saint Augustin qui devint évêque et juge civil à Hippone. Comment cet amour du Christ pourrait-il être exclusif? Lorsque le cœur aime en vérité, il se dilate et s’ouvre aux autres, comme celui d’une mère de famille avec ses enfants successifs.

Le chrétien, donc, aime le Christ et par Lui apprend à aimer beaucoup plus : en commençant par son prochain, qui est à son image ; mais aussi l’Église, corps vivant et agissant du Christ ; le Pape, son Vicaire sur la terre ; et bien sûr Marie, qui est sa Mère... la charité devient le grand commandement. A la fin de notre vie, nous serons interrogés sur l’amour : si nous avons aimé ou pas. Les autres réalisations, les autres œuvres seront en fonction de la grande réalisation du commandement nouveau de l’amour fraternel.

Bien sûr, cette expérience est celle de tous les chrétiens : alors, pourquoi tant de Mouvements, tant de groupes de prières si différents, tant d’écoles de spiritualité ? Tout simplement, parce que chaque baptisé trouve son propre chemin pour devenir saint. Le sommet est le même pour tous : la vie dans le Christ. Mais les saints nous invitent à les imiter selon des parcours différents.

Cependant, toute spiritualité est christocentrique, pour faire connaître le Christ par les sacrements, les retraites, l’accompagnement spirituel... L’expérience du Christ est personnelle, certes, mais « un chrétien seul est un chrétien en danger » : les Mouvements et écoles de spiritualité offrent donc les moyens de vivre cet amour à l’intérieur de l’Église, dans une communauté.

Tout bien réfléchi, l’homme n’a que deux options dans la vie : ou bien suivre la tendance naturelle de l’égoïsme, se replier sur soi, vivre comme un système planétaire fermé qui tourne toujours autour de soi et des propres intérêts.

Ou bien vaincre cette force par la force supérieure de l’amour du Christ, qui ouvre l’homme à Dieu, à son prochain, à l’Église. Égocentrisme ou Christocentrisme? Le chrétien connaît le chemin pour pouvoir s’exclamer avec Saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi »
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Message par jaimedieu Mar 24 Fév 2015 - 4:32

Quelles ont été les grandes étapes historiques de l’évangélisation ?

L’évangélisation -comme la sainteté à laquelle elle conduit- est un travail de longue haleine : ce travail commence sur soi-même avant de rayonner sur les autres et il est surtout le fruit durable de communautés ecclésiales vivantes, unies et missionnaires, avant de devenir par osmose, l’œuvre de toute l’Église au fil des siècles.

L’Église du Christ, parce qu’elle est faite d’hommes, a continuellement besoin de se réformer pour être fidèle à sa mission. C’est pourquoi, à chaque époque de renouveau, l’Esprit Saint suscite des maîtres et des témoins qui entraînent l’Église sur le chemin d’une « nouvelle évangélisation » ; celle-ci revêt alors des aspects différents selon les époques, les lieux et les cultures. Il s’agit toujours avec les force de l’Esprit Saint, de témoigner et d’annoncer le Christ. Si nous observons les nouveautés de l’Histoire, nous pouvons distinguer dans le flux et le reflux de la montée du christianisme des vagues de plus forte amplitude qui peuvent servir de repères. Pour chaque étape, nous mettrons en relief une figure particulièrement significative.
Une Bonne Nouvelle transmise de personne à personne

A partir de l’Église de Jérusalem - issue de la Pentecôte et consciente de sa nouveauté par rapport à la communauté juive où elle est née- la première évangélisation s’est développée dans les pays du Proche-Orient et du pourtour méditerranéen jusqu’en Mésopotamie et en Arménie à l’Est, et aux Iles Britanniques à l’Ouest.

Cette époque est marquée par la persécution de la part des autorités juives et du pouvoir romain. Pierre et les apôtres, Philippe et de nombreux chrétiens, Paul après sa conversion, ne ménagent pas leur peine, annonçant à tous la nouvelle extraordinaire et joyeuse de Dieu, venu sur la Terre où il est mort et ressuscité, continuant de vivre au milieu de ses disciples.

Cette « bonne nouvelle » attirait beaucoup de personnes qui vivaient l’expérience de la misère et de l’injustice, mais pressentait la grandeur et la bonté du vrai Dieu. C’était, dans le Christ, la découverte du créateur de l’univers, non pas lointain mais proche, parce que fait homme, et la découverte de son dessein sur les hommes, non pas abstrait mais concret et plein d’amour. C’était la révélation de la « folie » de la croix, qui change toute douleur en amour et fait de chaque moment de la vie une étape vers la plénitude du bonheur, en Dieu. C’était la découverte de l’amour réciproque, qui faisait dire aux païens jusque dans l’arène des martyrs : « regardez comme ils s’aiment ».

Si l’évangélisation est surtout le fait de pionniers, comme Paul, tous ont conscience de la mission : la vie exemplaire des premiers chrétiens attirait les contemporains de manière capillaire et silencieuse. La « bonne nouvelle » se transmettait de l’un à l’autre par les parents, les amis, les commerçants, les voyageurs...

Lorsqu’en 313 l’empereur Constantin libère l’empire de son carcan païen et reconnaît la liberté de conscience et de culte, il fait droit à une situation de fait : les forces vivent de l’empire sont devenues chrétiennes.

L’esprit chrétien pénètre mentalités et institutions

La période qui s’étend du Ve au Xe siècle marque l’écroulement de la « chrétienté antique », de culture gréco-romaine, et la lente formation de la « chrétienté médiévale », de style « féodal » en Europe. A l’époque brillante des Pères de l’Église (IVe siècle) succèdent de longs siècles apparemment obscurs (Ve- Xe siècle).

Mais cet « hiver », qui suit le temps des fruits mûrs, porte la sève d’un printemps nouveau. Le
« Moyen-Âge » (entre « l’Antiquité » et les « Temps modernes ») commence avec les grandes migrations vers le sud des peuples du nord de l’Europe (Ve et VIe siècle) et se prolonge jusqu’à l’éclosion de l’humanisme de la Renaissance (XIVe et XVe siècle). L’esprit chrétien survit à la chute de l’empire romain d’Occident (476) et pénètre peu à peu les mentalités et les institutions nouvelles, s’efforçant de les modeler selon l’idéal évangélique.

L’évangélisation et la civilisation des « barbares » - comme on appelait les peuples nordiques qui avaient envahi l’empire- fut surtout l’œuvre des moines et des papes. Deux grandes figurent dominent cette deuxième grande vague d’évangélisation : Benoît (vers 480 -547), fondateur des bénédictins, et Grégoire « le Grand » (540-604), pape. Vers l’âge de 20 ans, Benoît, originaire de Nurcie, en Ombrie, quitte Rome où il est étudiant, pour suivre « son désir de plaire à Dieu seul ». Après une alternance de vie solitaire et de vie commune avec des moines, Benoît émigre avec quelques disciples vers le sud.

Ils entreprennent l’évangélisation de la région et construisent le monastère du Mont Cassin que Benoît gouvernera jusqu’à sa mort. L’œuvre de Saint Benoît se poursuivra à travers les siècles grâce à la « Règle », le code de vie qu’il avait rédigé pour ses moines dont « Ora et Labora » (prie et travail) est le mot d’ordre. Les abbayes et monastères couvrent bientôt l’Europe et deviennent des oasis de charité et de paix, des modèles et des écoles de vie sociale dans le bouillonnement des peuples du haut Moyen-Âge.
Renouveau spirituel avec Bernard, François,

Dominique

Après une période assombrie par les guerres, les épidémies et la famine (fin IXe -début XIe siècle), l’Europe connaît une paix relative : le commerce se développe, des villes se fondent et s’agrandissent. A côté des chevaliers et des paysans, se développe la classe des bourgeois, marchands et artisans des villes et des bourgs. D’autre part, après la rupture malheureuse du « schisme d’Orient », entre l’Église de Rome et celle de Constantinople (1504), une troisième grande vague de renouveau spirituel se prépare avec des saints comme Bernard de Clairvaux qui, en 1112, avec 30 compagnons, entre à l’abbaye de Cîteaux.

L’exemple des cisterciens entraîne beaucoup de chrétiens dans le mouvement du renouveau : laïcs, clercs, religieux, membres de la curie romaine. Dans la foulée du VIe concile de Latran (1215), la nouvelle évangélisation voit le jour avec « deux colonnes de l’Église » : François avec la pauvreté et Dominique avec la science. Face à l’absolutisme des princes et des évêques, souvent plus seigneurs que pasteurs, face à l’âpreté du gain qui provoquait tant de luttes intestines, beaucoup aspirait à une fraternité plus réelle entre les hommes.

L’incrédulité combattue par l’amour et non la force

Fils d’un riche marchand drapier d’Assise, le jeune François (1182-1226) était épris d’idéal chevaleresque, mais Dieu lui fait comprendre qu’il avait mieux à faire que de se mettre au service d’un seigneur de la terre. L’âme en fête, il se met à parcourir le pays vivant d’aumônes et prêchant le pardon et la fraternité selon le cœur de Dieu.

À la différence des « vaudois » (pour qui seules comptaient les Écritures, sans clergé ni sacrements) et des « cathares » ( qui voyaient le Bien et le Mal absolus se faire la guerre dans le champ clos de l’humanité), novateurs hérétiques qui divisaient la chrétienté, François ne pense pas à réformer l’Église mais à ressembler au Christ dans la pauvreté parfaite.

Les disciples affluent : bourgeois, artisans, chevaliers, paysans, prêtres. Ainsi naît la famille franciscaine (1210). Le « poverello » lance ses frères sur les chemins du monde pour gagner les âmes au Christ : Italie, France, Espagne, Hongrie, Allemagne, Proche-Orient, Égypte, Maroc... Son influence est immense : il est à l’origine d’un nouveau style de vie chrétienne. Donnant la primauté à l’exemple sur la parole, il a rénové l’esprit missionnaire.

L’incrédulité doit être combattue par l’amour et non par la force, en prêchant plutôt qu’en luttant : c’est l’abandon du style des croisades et par avance la condamnation de l’Inquisition. Le renouveau se répand dans le peuple grâce au « Tiers Ordre ». formé de milliers de chrétiens, qui ne pouvant entrer au couvent, se groupent en fraternités laïques liées à l’Ordre, pour vivre sa spiritualité et seconder son apostolat.

Franciscains et dominicains ont contribué à intérioriser les convictions religieuses des fidèles. L’instruction, jusqu’ alors réservée aux clercs, a progressé dans le peuple de Dieu et permis à un plus grand nombre de laïcs de s’exprimer, y compris sur les questions de la foi.

Premiers humanistes et Réforme

Affaiblie par le » schisme d’Occident », l’Église se trouve confrontée au vaste mouvement de la Renaissance (début XVe -fin XVIe siècle), qui accompagne l’accroissement de la population, le développement du commerce et de la finance et les grandes inventions scientifiques et techniques.

Le progrès de l’imprimerie favorise la circulation des idées (1440). L’usage de la boussole renouvelle l’art de la navigation et rend possible des grands voyages d’exploration (Christophe Colomb « découvre » l’Amérique en 1422). En 1543, Nicolas Copernic élabore le système héliocentrique (le soleil et non la terre au centre du mouvement des planètes). Les mentalités changent, l’esprit critique se développe.

Le Moyen-Âge était centré sur la religion avec une tendance à l’objectivité ; l’époque nouvelle porte son attention sur l’homme dans la subjectivité. Cependant les premiers « humanistes » sont chrétiens : Érasme, Thomas More, Guillaume Budé... comme les grands artistes : Fra Angelico, Raphaël, Michel Ange, Léonard de Vinci... Dans cette fermentation des esprits qui représente la crise de puberté du monde moderne, les responsables de l’Église auraient dû se comporter en éducateurs, mettant leur contemporains devant l’idéal évangélique : transformer en rapport de liberté, la subordination de l’homme médiéval au principe d’autorité, travailler à intérioriser la foi dans le cœur des fidèles, au lieu de l’imposer...

Malheureusement, ceux qui gouvernaient l’Église à ce moment là étaient plus ou moins impliqués dans la crise qu’ils auraient dû guérir. C’est sans aucun doute les causes profondes de l’effritement de l’unité chrétienne avec Luther (en 1521), Calvin (en 1533) et Henri VIII d’Angleterre (en 1583).

Vers les autres continents

Face aux abus et aux scandales qui s’étaient répandus « de la tête aux membres », l’Église connaît enfin une vague de réforme, malheureusement tardive, avec le Concile de Trente (1545-1563) et les saints, qui ont été promoteurs de son actualisation : c’est le 4ème grand mouvement de retour au sérieux de l’Évangile. L’évangélisation fait des progrès en Afrique, en Asie du Sud-Ouest (Philippines) et en Amérique Latine avec des missionnaires issus d’ordre religieux anciens et nouveaux.

Charles Borromée (1538-1584) est l’âme de la réforme catholique en Europe : cardinal et secrétaire d’État à 21 ans, jeune archevêque de Milan, il réalise en sa personne le modèle du pasteur, proposé par le Concile travaillant à redonner aux prêtres le goût de la prière et de l’apostolat, accomplis « avec amour »: « C’est ainsi que nous aurons la force d’engendrer le Christ en nous et chez les autres ».

Il fonde plusieurs séminaires, visite régulièrement les paroisses et jette les bases du célèbre « catéchisme » du Concile de Trente. Parmi les nombreux fondateurs de l’époque, Ignace de Loyola (1491-1556), chevalier espagnol, comprend que Dieu le veut à son service. Il fait retraite au monastère de Monserrat, en Catalogne, donne son épée et son cheval aux moines, son bel habit à un mendiant et, simplement vêtu, se rend à Manrèse, une ville des environs, où il soigne les malades de l’hôpital.

C’est là qu’il rédige les « Exercices Spirituels », fruit de sa rencontre avec Dieu. En 1528, à Paris où il étudie, se forme le premier noyau de la « Compagnie de Jésus » (les jésuites), approuvée par le pape en 1540. La compagnie donnera des missionnaires magnifiques tels que François-Xavier (1506-1552), l’apôtre de Goa, du Malacca et du Japon ; beaucoup d’entre eux mourront martyrs.

De l’autodéfense au service de la société

Le temps qui sépare le Concile de Trente (XVIe siècle) et le second Concile du Vatican (XXe siècle) correspond à une période où l’Église vit en autodéfense. La contestation s’est d’abord attaquée à la structure hiérarchique et sacramentelle, au nom d’une Église spirituelle, s’appuyant presque uniquement sur la Parole de Dieu (la justification par la « foi seule ») : ce fût l’essor du protestantisme sous tous ses aspects (XVIe siècle).

La critique s’est ensuite attaquée à la Parole de Dieu, c’est-à-dire à la Révélation au nom de la raison. La foi est mise en doute par la raison : c’est le rationalisme du XVIIIe siècle qui triomphe avec la Révolution française (intronisation de la déesse « raison » dans la cathédrale de Paris en 1793).

Enfin on nie l’existence même de Dieu au nom d’une conception matérialiste de l’univers : c’est l’athéisme des XIXe et XXe siècles avec Freud, Marx, Nietzsche...

Après la « mort de Dieu », proclamée par les athées, se profile la mort de l’humanité par une apocalypse atomique ! Durant cette période, notre monde a traversé révolutions, guerres civiles et mondiales, génocides, etc... Faces aux besoins immenses de l’humanité, l’Église - grâce aux congrégations nouvelles et anciennes - a continué d’éduquer la jeunesse, de secourir les pauvres, de soigner les malades, de prêcher des missions...

Si l’Église a perdu son influence sur de larges couches sociales, traditionnellement catholiques, la conscience chrétienne s’est affinée et le christianisme a progressé dans le monde (2 milliards de chrétiens dont 1 milliard de catholiques). Les chrétiens « séparés » commencent à se rencontrer et avancent sur le chemin de la réconciliation, grâce au mouvement œcuménique.

Avec la page de l’ouverture du monde moderne et de la première encyclique sociale préparée par des Papes clairvoyants comme Léon XIII (1878-1903), l’Église catholique connaît un renouveau spirituel et missionnaire avec le Concile de Vatican II (1962-1965) et les « mouvements ecclésiaux », qui représentent un véritable don de Dieu pour la nouvelle évangélisation et pour l’activité missionnaire (Jean-Paul II Redemptoris Missio). L’Église a pris une conscience plus claire de sa nature, réalisé sa réforme (plus de collégialité à tous les niveaux) et entrepris une approche plus juste du monde contemporain.

En dialogue avec le monde

Aujourd’hui, malgré la déchristianisation, la sécularisation et le développement des sectes nous commençons par être portés par la « lame de fond » du retour à Dieu dans notre société. C’est la 5ème grande vague d’une « nouvelle évangélisation » qui ne fait que commencer et qui va s’amplifiant, en raison d’une convergence entre le message de l’Église et l’attente de l’humanité.

Après avoir vécu en autodéfense, l’Église n’a plus peur : elle est entrée en dialogue, tous azimuts avec le monde. Les XXIe siècle laisse espérer qu’il sera celui de grandes découvertes spirituelles au service de la paix et de la fraternité universelle.
La figure de Jean-Paul II est particulièrement remarquable, lui, qui à l’imitation de l’apôtre Paul, parcourt le monde pour affermir les Églises dans la foi et les entraîner à travailler avec lui à la régénération de l’humanité, invitant tous ses frères, les hommes, à ouvrir les portes au Rédempteur.

Grâce à lui, le Pape n’apparaît plus seulement comme le directeur des catholiques , mais comme le défenseur des droits de Dieu et de chaque personne humaine. Comme Grégoire le Grand -avec l’aide des moines- a sauvé l’Église et la civilisation du danger des barbares en travaillant à leur évangélisation, de même face aux idéologies modernes qui ont engendré des politiques tyranniques porteuses de tant de souffrances, Jean-Paul II, secondé par le clergé, les mouvements et les communautés nouvelles ou renouvelées dans l’esprit du Concile, reporte l’Église à sa mission, tout en mettant la base d’un nouvel humanisme.

Ce ne sont pas les idéologies mais la foi, qui transforme le monde de manière durable et bénéfique. Les nouvelles générations, stimulées par les « Journées Mondiales de la Jeunesse » se préparent suivant le voeu de Jean-Paul II à faire des diocèses, paroisses, communautés, mouvements et associations, des « lieux et des écoles de communion» pour le monde.
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Message par jaimedieu Mer 25 Fév 2015 - 5:32

Qu’est ce que la Louange ?

Bien souvent la louange n’est pas bien comprise, et certains croient ne pas l’aimer, pourtant elle est au cœur de la vie chrétienne :

« La louange est la forme de prière qui reconnaît le plus immédiatement que Dieu est Dieu ! Elle le chante pour Lui-même, elle lui rend gloire, au-delà de ce qu’il fait, parce qu’IL EST. Elle participe à la béatitude des cœurs purs qui l’aiment dans la foi avant de le voir dans la Gloire. Par elle, l’Esprit se joint à notre esprit pour témoigner que nous sommes enfants de Dieu (cf. Rm 8,16), il rend témoignage au Fils unique en qui nous sommes adoptés et par qui nous glorifions le Père. La louange intègre les autres formes de prière et les porte vers Celui qui en est la source et le terme : « le seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes faits » (1Co 8,6). »

Catéchisme de Église catholique n°2639


La louange c’est reconnaitre que Dieu est Dieu, c’est adorer Dieu en vérité. Afin de découvrir plus profondément ce qu’est la louange, découvrons ses trois principales formes, qui se nourrissent les unes aux autres et se complètent : la louange comme exaltation vécue collectivement, la louange comme sacrifice où le Christ se fait louange, et enfin la louange comme Gloire, vocation de tout chrétien.

I. La louange comme exaltation

La louange est très ancienne, et l’on peut voir très tôt dans l’histoire d’Israël ce mouvement d’élévation de l’esprit vers Dieu. Elle existe, d’après la Bible, avant même la création de l’homme : « Où étais-tu quand je posais les fondements de la terre ?… Quand les astres du matin chantaient en chœur, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris d’allégresse ? » (Livre de Job 38, 4 – 7).

L’histoire d’Israël montre la place centrale de la louange, l’adoration de Dieu, à travers les chants et les hymnes dans des exaltations de joies. Il suffit de constater la place des Psaumes dans la Bible ou encore les danses du roi David autour de l’arche :

« David dit alors aux officiers des lévites de placer leurs frères les chantres, avec tous les instruments d’accompagnement, cithares, lyres et cymbales ; on les entendait retentir d’une musique qui remplissait de liesse. » (1 Ch 15, 16) et « David, revêtu d’un manteau de byssus, dansait en tournoyant ainsi que tous les lévites porteurs de l’arche, les chantres et Kenanya l’officier chargé du transport. » (1 Ch 15, 27).

La louange est une prière à Dieu par la musique et la danse, dans une prière d’adoration au père. La louange est donc une forme de prière très ancienne qui conduit à louer Dieu par la joie, cette joie n’étant pas une excitation mais une joie profonde du cœur de l’homme envers son Dieu d’Amour.

II. La louange comme sacrifice.

L’autre forme de louange, est celle du Sacrifice. L’histoire du peuple hébraïque nous permet de découvrir de manière plus profonde en quoi consiste le sacrifice de louange : Quand le peuple d’Israël est prisonnier d’Égypte, Dieu se souvient de son alliance et intervient pour sauver son peuple (Exode 2, 24-25). La louange SacrificeIle se manifeste et libère son peuple de l’esclavage d’Égypte par Moïse. Il conduit alors le peuple de Dieu dans le mont Sinaï. Dieu convoque le peuple autour de Moïse et donne une nouvelle alliance, une nouvelle loi. Il choisit alors Israël comme son peuple. Le peuple d’Israël répond à cette nouvelle alliance en affirmant « Tout ce qu’Adonaï a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Exode 24, 7). Moïse signe cette nouvelle alliance par un « sacrifice de communion » : Le sang d’un animal est versé sur le peuple.

Ce sacrifice de louange, cette adoration de Dieu par le sacrifice, est entièrement renouvelé dans le sacrifice du Christ sur la croix. Le Christ devient l’agneau sacrifié pour nos péchés. La célébration de la Cène est le signe de ce sacrifice du Christ, signe de cette nouvelle alliance, où le Christ devient ce sacrifice de louange au Père.

« L’Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l’œuvre de la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le Christ, l’Église peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans l’humanité. »

Catéchisme de L’Église catholique n°1359

La lettre aux Hébreux (He 13,15) nous parle de « sacrifice de louange » pour parler de ce sacrifice du Christ.. La plus parfaite louange à laquelle nous participons est la louange de la Messe.

III. La louange : une gloire.

« C’est en lui encore que nous avons été mis à part, désigné d’avance, selon son plan préétabli de Celui qui mène toutes les choses au gré de sa volonté, pour être, à la louange de sa gloire, ceux qui ont par avance espéré dans le Christ ».

Saint Paul dans l’Épître aux Éphésiens, 1 – 11

La louange est la finalité même de la vie chrétienne. La Bienheureuse Élisabeth de la Trinité a vécu avec profondeur ce mystère et cette vocation de louange de gloire, une vocation qui commence sur la Terre mais ne finie jamais. La louange de gloire est notre vocation éternelle, celle à laquelle nous sommes tous appelés. Non seulement à participer à la louange, mais à devenir une louange :

Une louange de gloire, c’est une âme qui demeure en Dieu, qui l’aime d’un amour pur et désintéressé, sans se rechercher dans la douceur de cet amour ; qui l’aime par-dessus tous ses dons et quand même elle n’aurait rien reçu de Lui, et qui désire du bien à l’Objet ainsi aimé. Or comment désirer et vouloir effectivement du bien à Dieu si ce n’est en accomplissant sa volonté, puisque cette volonté ordonne toutes choses pour sa plus grande gloire ? Donc cette âme doit s’y livrer pleinement, éperdument, jusqu’à ne plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut.

Une louange de gloire, c’est une âme de silence qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit Saint afin qu’Il en fasse sortir des harmonies divines ; elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore, aussi elle aime la voir à son instrument afin de remuer plus délicieusement le Cœur de son Dieu.

Une louange de gloire, c’est une âme qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité ; c’est un réflecteur de tout ce qu’Il est ; c’est comme un abîme sans fond dans lequel Il peut s’écouler, s’épancher ; c’est aussi comme un cristal au travers duquel Il peut rayonner et contempler toutes ses perfections et sa propre splendeur. Une âme qui permet ainsi à l’être divin de rassasier en elle son besoin de communiquer » tout ce qu’Il est et tout ce qu’Il a », est en réalité la louange de gloire de tous ses dons.

Enfin une louange de gloire est un être toujours dans l’action de grâces. Chacun de ses actes, de ses mouvements, chacune de ses pensées, de ses aspirations, en même temps qu’ils l’enracinent plus profondément en l’amour, sont comme un écho du Sanctus éternel. »

Élisabeth de la Trinité dans le Ciel dans la Foi
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Message par jaimedieu Jeu 26 Fév 2015 - 6:47

Les critères de discernement d'une apparition

Auteur : François, cardinal Seper, Préfet
Date de publication originale : A Rome, du palais de la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 27 février 1978.
Remarque particulière : Les présentes normes, définies dans la Congrégation plénière de cette S. Congrégation,ont été approuvées par le Souverain Pontife, le pape Paul VI, le 24 février1978.

Sommaire

1 Note préliminaire : De l'origine et du caractère de ces normes
2 Critères de jugement, de l'ordre de la probabilité au moins, du caractère des apparitions et révélations présumées
2.1 A) Critères positifs :
2.2 B) Critères négatifs :
3 De l'intervention de l'Autorité compétente locale
4 D'autres Autorités habilitées à intervenir
5 De l'intervention de la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi

Note préliminaire : De l'origine et du caractère de ces normes

Lors de la Congrégation Plénière Annuelle tenue au mois de novembre 1974, les Pères de cette S. Congrégation ont étudié les problèmes relatifs aux apparitions et révélations présumées, avec les conséquences qui souvent en découlent, et ils sont parvenus aux conclusions suivantes :

Aujourd'hui davantage qu'autrefois, la nouvelle de ces apparitions se répand plus rapidement parmi les fidèles grâce aux moyens d'information (« mass media ») ; par ailleurs, la facilité des déplacements favorise des pèlerinages plus fréquents. Aussi l'autorité ecclésiastique est-elle amenée à reconsidérer ce sujet.

D'autre part, à cause des instruments de connaissance actuels, des apports de la science et de l'exigence d'une critique rigoureuse, il est plus difficile, sinon impossible de parvenir avec autant de rapidité qu'autrefois aux jugements qui concluaient jadis les enquêtes en la matière (« constat de supernaturalitate non constat de supernaturalitate»); et par là, il est plus délicat pour l'ordinaire d'autoriser ou de prohiber un culte publie ou toute autre forme de dévotion des fidèles.

Pour ces raisons, afin que la dévotion suscitée chez les fidèles par des faits de ce genre puisse se manifester comme un service en pleine communion avec l'Église, et porter du fruit, et pour que l'Église soit à même de discerner ultérieurement la véritable nature des faits, les Pères ont estimé qu'il faut promouvoir la pratique suivante en la matière.

Afin que l'Autorité ecclésiastique soit en mesure d'acquérir davantage de certitudes sur telle ou telle apparition ou révélation, elle procédera de la façon suivante :

a) en premier lieu, juger du fait selon les critères positifs et négatifs (cf. infra, n. 1).

b) ensuite, si cet examen s'est révélé favorable, permettre certaines manifestations publiques de culte et de dévotion, tout en poursuivant sur les faits une investigation d'une extrême prudence (ce qui équivaut à la formule : « pour l'instant, rien ne s'y oppose ») .

c) enfin, un certain temps s'étant écoulé et à la lumière de l'expérience (à partir de l'étude particulière des fruits spirituels engendrés par la nouvelle dévotion), porter un jugement sur l'authenticité du caractère surnaturel, si le cas le requiert.


Critères de jugement, de l'ordre de la probabilité au moins, du caractère des apparitions et révélations présumées

A) Critères positifs :

a) certitude morale, ou du moins grande probabilité, quant à l'existence des faits, acquise au terme d'une sérieuse enquête.

b) circonstances particulières relatives à l'existence et à la nature du fait :

qualités personnelles du ou des sujet(s) ? notamment l'équilibre psychique, l'honnêteté et la rectitude de la vie morale, la sincérité et la docilité habituelles envers l'autorité ecclésiastique, l'aptitude à mener le régime normal d'une vie de foi, etc.
en ce qui concerne les révélations, leur conformité à la doctrine théologique et leur véracité spirituelle, leur exemption de toute erreur. Une saine dévotion et des fruits spirituels en constant progrès (notamment l'esprit d'oraison, les conversions, le témoignage de la charité, etc.).

B) Critères négatifs :

a) une erreur manifeste quant aux faits.

b) des erreurs doctrinales que l'on attribuerait à Dieu lui-même, ou à la Bienheureuse Vierge Marie, ou à l'Esprit Saint dans leurs manifestations (compte tenu cependant de la possibilité que le sujet ajoute par sa propre industrie - fût-ce inconsciemment ? à une authentique révélation surnaturelle des éléments purement humains, ceux-ci devant néanmoins rester exempts de toute erreur dans l'ordre naturel. Cf. St Ignace, Exercices spirituels, ri. 336).

c) une évidente recherche du lucre en relation avec les faits.

d) des actes gravement immoraux commis par le sujet, sinon parses intimes, durant ces faits, ou à l'occasion de ces faits.

e) des troubles psychiques ou des tendances psychopathiques chez le sujet, qui exerceraient une influence certaine sur le fait prétendument surnaturel, ou bien la psychose, l'hystérie collective, ou autres facteurs du même genre.

Il importe de considérer ces critères, qu'ils soient positifs ou négatifs, comme des normes indicatives et non comme des arguments définitifs, et de les étudier dans leur pluralité et leurs relations les uns avec les autres.


De l'intervention de l'Autorité compétente locale

1. Comme, à l'occasion d'un fait présumé surnaturel, un culte ou une forme quelconque de dévotion naît de façon quasi sponta­née chez les fidèles, l'Autorité ecclésiastique compétente a le grave devoir de s'informer sans tarder et de procéder à une investigation diligente.

A la demande légitime des fidèles (dès lors qu'ils sont en communion avec leurs pasteurs et ne sont pas mus par un esprit sectaire), l'Autorité ecclésiastique compétente peut intervenir pour autoriser et promouvoir diverses formes de culte et de dévotion si, les critères énoncés ci?dessus ayant été appliqués, rien ne s'y oppose. Que l'on veille néanmoins à ce que les fidèles ne tiennent pas cette façon d'agir pour une approbation par l'Eglise du caractère surnaturel du fait (cf. supra, Note prélimi­naire, c).

3. En raison de son devoir doctrinal et pastoral, l'Autorité ecclé­siastique compétente peut intervenir immédiatement de son propre chef, et elle doit le faire dans les circonstances graves, par exemple lorsqu'il s'agit de corriger ou de prévenir des abus dans l'exercice du culte ou de la dévotion, de condamner des doctrines erronées, d'éviter les dangers d'un faux mysticisme etc.

4. Dans les cas douteux, qui le moins du monde porteraient atteinte au bien de l'Église, l'Autorité ecclésiastique compétente s'abstiendra de tout jugement et de toute action directe (d'autant plus qu'il petit arriver que, au bout d'un certain temps, le fait soi-disant surnaturel tombe dans l'oubli) ; qu'elle n'en reste pas moins vigilante, de façon à être en mesure d'intervenir avec célérité et prudence, si cela est nécessaire.


D'autres Autorités habilitées à intervenir

1. C'est à l'Ordinaire du lieu qu'il appartient au premier chef d'enquêter et d'intervenir.

2. Mais la Conférence épiscopale régionale ou nationale peut être amenée à intervenir :

a) si l'Ordinaire du lieu, après avoir rempli les obligations qui lui incombent, recourt à elle pour étudier l'ensemble du fait.

b) si le fait concerne également la région ou la nation, moyennant le consentement préalable de l'Ordinaire du lieu.

3. Le Siège Apostolique peut intervenir, soit à la demande de l'Ordinaire lui-même, soit à la demande d'un groupe qualifié de fidèles, ceci en raison du droit immédiat de juridiction univer­selle du Souverain Pontife (cf. infra, IV).


De l'intervention de la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi

1. a) L'intervention de la S. Congrégation peut être requise soit par l'Ordinaire, après qu'il a rempli les obligations lui incombant, soit par un groupe qualifié de fidèles. Dans ce deuxième cas, on veillera à ce que le recours à la S. Congré­gation ne soit pas motivé par des raisons suspectes (par exemple la volonté d'amener, d'une façon ou d'une autre, l'Ordinaire à modifier ses décisions légitimes, ou de faire rati­fier la dérive sectariste d'un groupe, etc.)

b) Il appartient à la S. Congrégation d'intervenir de son propre mouvement dans les cas graves, notamment lorsque le fait affecte une large portion de l'Église ; mais l'Ordinaire sera toujours consulté, ainsi que la Conférence épiscopale si la situation le requiert.

2. Il appartient à la S. Congrégation de discerner et d'approuver la façon d'agir de l'Ordinaire, ou, si cela s'avère nécessaire, de pro­céder à un nouvel examen des faits distinct de celui qu'aura effectué l'Ordinaire; ce nouvel examen des faits sera accompli soit par la S. Congrégation elle-même, soit par une commission, spécialement instituée à cet effet.


Fr. Jérôme Hamer, o.p., secrétaire
(Site Salve Regina)
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Message par jaimedieu Ven 27 Fév 2015 - 16:04

MARIE MADELEINE DE PAZZI
Carmélite et auteur mystique, Sainte
(1566-1607)

Douze Méditations


Introduction

« Douze méditations » petit texte publié dans le dernier volume de l’édition italienne des Oeuvres complètes. Ces petites notes trouvent leur origine dans une coutume du monastère de Sainte Marie des Anges, relative à la tradition monastique carmélitaine, qui avait pour fonction de favoriser la pratique communautaire de la pauvreté et d’éviter l’oisiveté. Les Constitutions du monastère déterminaient l’ordre à suivre qui s’inspirait largement de l’Office divin.

En 1579, le chapitre du monastère adopta un décret établissant que chaque jour, après le silence en salle, les jeunes novices devaient se charger à tour de rôle d’une méditation.

Une compagne de noviciat, Sœur Maria-Grazia Gondi, prit en note les méditations de sainte Marie Madeleine de Pazzi. C’est grâce à elle que nous possédons le premier témoignage de la doctrine spirituelle de la jeune carmélite.

Malgré la formulation impersonnelle, nous pouvons déjà reconnaître en ces méditations de la jeune novice — données probablement durant l’année 1583 (elle avait alors 17 ans) —, des thèmes et des images que nous rencontrerons dans les "Quarante jours", on peut même dire que l’essentiel y est déjà annoncé : importance de l'approche trinitaire de Dieu et du lien avec l’âme notamment par les vœux religieux, médiation du Verbe et de Marie dans l'œuvre du salut, appelant les âmes à y prendre leur part par l’imitation de leurs vertus et la participation à leurs souffrances; soif des âmes. La croix du Christ et sa Passion occupent une place centrale : l’âme est invitée à imiter son Maître dans ce chemin d’anéantissement, en insistant sur l’importance de la vertu d’humilité, par laquelle l'âme s’unit à Dieu. Cette seule vertu lui suffit pour acquérir la vie éternelle, et elle peut ainsi gagner le ciel, où, participant de la nature divine, l’âme est enivrée de Dieu.

Nous y trouvons déjà plusieurs images comme celles du lait, du sang, de la vigne, du jardin, de l’eau. Les méditations reflètent l’effort ascétique de la novice, consciente déjà que Dieu se « complaît dans une âme nue et dépouillée de tout vouloir propre, non seulement dans les choses extérieures, mais encore dans sa volonté de servir Dieu, non selon son goût, mais comme Dieu le veut ».

Commencement des 12 Méditations

1. Nous pourrions considérer que lorsque le Père éternel voulut envoyer le Verbe prendre chair, les trois divines Personnes tinrent d’abord conseil entre elles.

L’âme aussi, quand elle veut mettre en œuvre un projet, doit d’abord tenir conseil en elle-même, c’est-à-dire préméditer et bien considérer quelle intention l’y porte et ce qu’elle en attend.

Dans l’éternel conseil, la justice et la miséricorde n’étaient pas d’accord entre elles. Ainsi dans l’âme, la crainte de Dieu d’un côté, la crainte du monde et le respect humain de l’autre ne peuvent jamais s’accorder si l’âme dans son activité ne veille, avec une droite justice selon Dieu, à satisfaire à chacune de ces craintes et affections; c’est ainsi qu’a fait le Verbe en satisfaisant en lui-même à la justice et à la miséricorde.

Dans son conseil, pour mener à bien l’œuvre de l’Incarnation du Verbe, la très Sainte-Trinité a choisi la plus pure et la plus humble créature qui fut au monde.

De même l’âme en tout son agir doit toujours choisir ce qui est le plus pur, Jésus, en ne voulant que Lui et Sa très aimable volonté.

2. Nous pourrions considérer que Jésus, dans sa Nativité, nous a montré les mêmes vertus que sur la croix : pauvreté et humilité.

À la Nativité, il s’humilia tellement qu’il voulut être placé entre deux animaux, et fut si démuni qu’il naquit dans une pauvre étable, sans aucune aide humaine. Sur la croix, il n’eut pas d’endroit où reposer sa sainte tête, et s’humilia jusqu’à se faire crucifier entre deux voleurs.

Quand Jésus naquit, il se nourrit de lait ; plus tard, sur la croix il nous donna son sang, nous montrant ainsi que lorsque l'âme naît à la vie de Dieu, elle reçoit de lui le lait de la consolation, mais qu’elle doit ensuite abandonner cette douce nourriture et en échange donner du sang, c’est-à-dire l’exemple d’une vertu authentique et d’une véritable souffrance par amour de Dieu.

3. Nous considérerons qu’à sa naissance Jésus était nu et voulut être couché sur du foin dur, entre deux vils animaux, pour montrer qu’il se plaît et se repose dans l’âme qui est humble et mortifiée dans toutes ses puissances et sentiments, et qui maîtrise si bien sa convoitise et son irascibilité que par l'une elle ne désire quoi que ce soit contre la volonté de Dieu et par l’autre ne se meut ni n’éprouve de ressentiment, si ce n’est pour l'honneur de Dieu et le salut du prochain.

Il naquit nu pour montrer aussi combien il se complaît dans une âme nue et dépouillée de tout vouloir propre, non seulement dans les choses extérieures, mais encore dans sa volonté de servir Dieu, non selon son goût, mais comme Dieu le veut.

4. Nous allons considérer le grand amour que Jésus nous montra sur la croix, et surtout dans les trois paroles qu’il prononça pour nous témoigner aussi sa profonde miséricorde et son infinie sagesse.

Dans cette parole : Père, pardonne-leur (Lc 23,34), il montra sa miséricorde en priant pour ceux qui le crucifiaient.

En s’écriant : J’ai soif (Jn 19,28), il montra son amour, parce que la soif qu’il avait de nos âmes était plus ardente que l'autre soif dont il souffrait pourtant beaucoup. Si nous voulons désaltérer Jésus, nous devons avoir une grande soif de son honneur et du salut des âmes, sans être altérés des choses du monde ni les désirer, car alors nous donnerions à boire à Jésus du fiel et du vinaigre. Et puisque le fiel et le vinaigre sont amers au goût mais également nocifs, de même, nous nuisons à notre âme en nous désaltérant avec les choses du monde.

Dans ces mots : Tout est achevé (Jn 19,30), il nous montra la sagesse infinie où il puisa le moyen de rétablir ses créatures dans l’état d’innocence où il les avait créées, achevant par sa Passion l’œuvre que le Père éternel lui avait confiée.

5. Nous considérerons ces paroles de Jésus dans l’Évangile : Je suis la vraie vigne et vous êtes les sarments (Jn 15,5). Cette vigne fut plantée dans la terre fertile du sein de la Vierge Marie. Et comme la vigne fleurit et produit le fruit presque en même temps, de même Jésus enseignait par sa parole et présentait des exemples vivants de vertu.

Quand les sarments sont séparés de la vigne, ils ne peuvent donner de fruits ; ainsi en est-il de nous; si nous sommes séparés de Jésus, jamais nous ne porterons de fruits, mais si nous demeurons unies à lui par la transformation de la volonté et de l'amour, alors nous donnerons le même fruit que lui, comme les sarments unis à la vigne donnent le fruit de la vigne. Parce que l’âme unie à Dieu devient, par participation, un autre Dieu, elle tire du Verbe incarné, par imitation, la pratique des vertus qu’il exerça sur terre, et surtout une profonde humilité, qui la fait s’humilier et s’abaisser en toutes ses actions, un ardent amour de Dieu et une véritable charité pour le prochain : pour le sauver et lui être utile, elle ne tient compte ni d’elle-même ni des commodités de son corps. Il nous enseigne surtout à demeurer toujours unies à Jésus.

6. Nous considérerons que dans le jardin de la sainte Église se trouvent bien des choses qui recréent l’âme, et en particulier la mémoire de la Passion de Jésus, qui non seulement la recrée, mais lui offre aussi une douce nourriture.

Ainsi pourrons-nous considérer Jésus sur le mont Calvaire, pendu sur la croix, et nous donnant, comme une vigne, son sang précieux. Comme la vigne nous donne le vin qui nourrit et enivre, de même le sang de Jésus et la méditation de sa Passion nourrissent et enivrent l'âme d’amour divin. Mais il nous faut approcher de Jésus dans l’oraison et la méditation de sa Passion avec un cœur pur et vide de nous-mêmes et de notre amour propre, si nous voulons en tirer cette douce nourriture et cette divine ivresse, car, si nous voulons que le vin nourrisse et enivre, il faut de même qu’il soit pur et non mêlé avec beaucoup d’eau.

7. Nous allons considérer la grande humilité que nous montra Jésus en voulant être baptisé par saint Jean, qui était tellement inférieur à Lui. Combien son Père éternel se complut dans la profonde humilité de son Unique, il nous le montra par ses paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon plaisir (Mt 3,17).

Jésus aussi se complaît tellement dans l'âme qui est humble et se soumet par humilité à ses inférieurs, que cette seule vertu — au cas où elle n’en posséderait aucune autre — lui suffirait pour acquérir la vie éternelle.

8. Mes Sœurs, si nous voulons monter au ciel avec Jésus, nous devons nous alléger et délester de ce qui pèse en nous afin d’être légères et aptes à voler.

Rien ne nous rend plus lourdes et inaptes à nous élever et à suivre notre époux, que le péché. Donc, avec grand soin, nous devons garder notre cœur non seulement du péché mais de toute minime imperfection, et nous procurer les ailes de la haine de nous-même et de l’amour pour Dieu.

9. Nous devrons penser à célébrer toutes les solennités avec une grande dévotion, et en particulier celle de la très Sainte Trinité, parce que toutes les autres sont ou de Jésus, ou de l’Esprit Saint, ou de la Vierge, mais celle-ci célèbre également le Père éternel.

Et si toutes les créatures doivent honorer cette solennité, nous religieuses, nous le devons tout spécialement ; nous pouvons honorer la très Sainte Trinité notamment par l’observance des saints vœux. Nous honorerons le Père éternel par une observance véritable du vœu d’obéissance : en effet, quand ils obéissent à leur père, ses fils l’honorent infiniment. Nous honorerons le Verbe en l’imitant par la vertu de la sainte pauvreté, qu’il aima tant, car il se fit pauvre pour nous, lui qui n’eut sur la croix, nulle place où reposer sa tête si sainte. Par l'observance du vœu de pureté et de chasteté nous honorerons l’Esprit Saint, parce qu’étant pur Esprit, il agrée les âmes pures et chastes et se réjouit en elles.

10. Nous pourrions considérer que la Vierge Marie est comme ce livre, scellé de sept sceaux, que vit saint Jean l’évangéliste dans l’Apocalypse, et qui ne pouvait être ouvert que par l’Agneau (Ap. 5,5).

Les sept sceaux sont les sept dons de l’Esprit Saint que la Vierge Marie possédait en plénitude, plus que toute autre créature ; nous pouvons aussi les comprendre comme les sept privilèges dont elle jouit. Par le premier, elle fut depuis l’éternité choisie par Dieu comme première-née de toutes les créatures. Par le second, elle conçut en son sein et en sa chair le Verbe et son humanité, qu’il reçut de son sang très pur. Par le troisième, de sa parole, elle sanctifia saint Jean, en vertu du Verbe incarné dans son sein très pur. Par le quatrième, après avoir enfanté Jésus, elle demeura Vierge. Par le cinquième, le Fils de Dieu lui-même lui fut soumis, humble et obéissant. Par le sixième, son corps après la mort ne se corrompit point. Par le septième, elle fut placée à la droite de son Fils.

Si, à notre mort, nous voulons entrer dans le bienheureux Royaume du Paradis, nous devons dès à présent nous exercer à la perfection, pratiquer l’humilité, la patience, la charité et toutes les autres vertus. Efforçons-nous d’agir ainsi.

11. Nous allons considérer les paroles de Saint Paul et essayer de les dire nous aussi : Pour moi le monde a été crucifié et moi pour le monde (Ga 6,14).

Nous pourrons les prononcer en vérité quand nous serons contraires au monde. Les gens du monde aiment et poursuivent les honneurs, ils sont pleins d’avarice, d’impureté, de mille hypocrisies et simulations. Si nous voulons être contraires au monde, nous devons agir avec vérité, sincérité et pureté d’intention, nous devons aimer d’une véritable et intime dilection, et surtout aimer et pratiquer en nous-mêmes l’humilité, la simplicité et les autres vertus qui nous rendent agréables et justes aux yeux très purs de notre Époux.

12. Pour l’âme qui veut parvenir à la perfection, une des conditions à remplir est la connaissance des nombreux obstacles qui l’empêchent d’y réussir. Nous en retiendrons surtout trois :

Le premier est l’amour des créatures et d’elle-même. Jésus nous le montra dans l’évangile quand il dit : Celui qui ne renonce pas à tout ce qu’il possède n’est pas digne de moi (Mt 10, 37-38), qui aime ses biens plus que Lui n’est pas digne de Lui.

Le second est la simulation, qui consiste à garder une pensée dans son cœur tandis que la bouche en affirme une autre. Il nous montra cela quand il dit dans l’Évangile : « Je suis la Vérité » (Jn 14,6).

Le troisième, la désobéissance aux commandements de Dieu, et, pour nous religieuses, aux conseils, à la Règle, aux Constitutions, et encore à nos prélats et supérieurs. Jésus aime tellement la vertu d’obéissance, que par elle il s’unit à l’âme. Et comme un aliment s’unit à la créature et la créature à cet aliment, ainsi l'âme obéissante s’unit à Jésus, et Jésus à elle.
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Message par jaimedieu Mer 11 Mar 2015 - 2:54

VIE INTÉRIEURE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE

OUVRAGE RECUEILLI DES ÉCRITS DE M. OLIER
FONDATEUR DE LA CONGRÉGATION
DES PRÊTRES DE SAINT-SULPICE


Abbaye Saint Benoît de Port-Valais
rte de l’Eglise 38
CH-1897 le Bouveret (VS)
Suisse


Sommaire


VIE INTÉRIEURE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE

APPROBATION

AVANT-PROPOS

DÉCLARATION DE L'ÉDITEUR

VIE INTÉRIEURE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE

CHAPITRE I. PRÉDESTINATION DE MARIE A LA DIGNITÉ AUGUSTE DE MÈRE DU VERRE INCARNÉ

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE II. CONCEPTION ET NATIVITÉ DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE

PRATIQUES DE M. OLIER POUR HONORER LA CONCEPTION ET LA NATIVITÉ DE MARIE

CHAPITRE III.
PRÉSENTATION ET SÉJOUR DE MARIE AU TEMPLE

RÉFLEXIONS PRATIQUES.

CHAPITRE IV. MARIAGE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE AVEC SAINT JOSEPH ET MYSTÈRE DE L’ANNONCIATION

RÉFLEXIONS PRATIQUES. L'ANGELUS.

CHAPITRE V. ACCOMPLISSEMENT DU MYSTÈRE DE L'INCARNATION PAR LEQUEL MARIE DEVIENT MÈRE DE DIEU

CHAPITRE VI. MYSTÈRE DE LA VISITATION

EXPLICATION DU MAGNIFICAT

RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE CHANT DU MAGNIFICAT

CHAPITRE VII. NATIVITÉ DE JÉSUS-CHRIST; MARIE EST LA MÈRE SPIRITUELLE DE TOUS LES CHRÉTIENS

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE VIII. MYSTÈRE DE LA PURIFICATION DE MARIE ET DE LA PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE IX. SOCIÉTÉ DE JÉSUS ET DE MARIE

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE X. NOCES DE CANA

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE XI. INSTITUTION DE L’ADORABLE SACREMENT DE L’EUCHARISTIE.

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE XII. MARIE AU CALVAIRE

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE XIII. MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE XIV. ASCENSION ET PENTECÔTE

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE XV. MARIE CONTRIBUE A DONNER DES ENFANTS A DIEU ET A FORMER JÉSUS-CHRIST DANS LES ÂMES, PAR LES SACREMENTS ET PAR LA PRÉDICATION DES APÔTRES

RÉFLEXIONS PRATIQUES. SUR LA PRIÈRE : O JÉSUS VIVANT EN MARIE

CHAPITRE XVI. MARIE UNIE A SAINT JEAN TRAVAILLE EFFICACEMENT A L'ÉTABLISSEMENT ET A LA SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE.

RÉFLEXIONS PRATIQUES

CHAPITRE XVII. ASSOMPTION DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE SAINTS DÉSIRS DE MARIE; SA DOUCE ET SAINTE MORT. ELLE S'ÉLÈVE AU CIEL.

CHAPITRE XVIII. GLOIRE DE MARIE DANS LE CIEL.

RÉFLEXIONS PRATIQUES SUR LE PETIT OFFICE DE LA TRÈS SAINTE VIERGE

CHAPITRE XIX. MARIE EST NOTRE MÉDIATRICE AUPRÈS DE JÉSUS-CHRIST

RÉFLEXIONS PRATIQUES OCCUPATIONS SUR LES GRANDEURS DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE EN RÉCITANT LE CHAPELET (1)

CHAPITRE XX. MARIE EST L’AVOCATE DES PÉCHEURS

EXERCICE POUR FORMER EN SOI L’INTÉRIEUR DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE, AVANT DE COMMENCER LES PRINCIPALES ACTIONS DE LA JOURNÉE.

AUTRE EXERCICE PLUS COURT QU'ON PEUT FAIRE AVANT LES PRINCIPALES ACTIONS DE LA JOURNÉE

ACTE A JÉSUS POUR QU'IL FORME EN NOUS L'INTÉRIEUR DE MARIE

PRATIQUES DE M. OLIER POUR HONORER LA VIE DE JÉSUS EN MARIE, OU LA VIE INTÉRIEURE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE. SUJETS DE PEINTURES ET DE GRAVURES RELATIFS A CETTE DÉVOTION

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Message par jaimedieu Mer 11 Mar 2015 - 2:58

APPROBATION

Nous avons lu avec grande édification le livre intitulé . Vie intérieure de la très-sainte Vierge, composé avec les manuscrits laissés par M. Olier. Il est facile de reconnaître dans cet écrit la doctrine substantielle et abondante que l'on trouve, en général, dans les auteurs ascétiques du XVIIe siècle. Persuadé que ce livre est très-propre à augmenter dans les âmes la dévotion envers la très-sainte Vierge, et à les porter à l'imitation de ses vertus, Nous lui donnons notre approbation et Nous en recommandons la lecture.

Paris, le 19 octobre 1875.
+ J- J.-HIPP.,
Card. Arch. de Paris.

AVANT-PROPOS

Modèle parfait de la piété filiale, comme de toutes les vertus, Jésus-Christ a toujours pris soin de faire honorer sur la terre la très-sainte Vierge, sa bienheureuse Mère. Dans cette vue, il a suscité d'âge en âge des personnages éminents, pour renouveler dans les esprits les respects qu'inspirent les grandeurs de cette auguste reine, et dans les coeurs l'amour qu'excite la considération de ses amabilités et de ses bontés. Telle nous a paru être en particulier la vocation de M. Olier, fondateur du séminaire et de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, quand nous avons considéré toute la suite de sa vie et les oeuvres encore subsistantes qu'il a laissées après lui.

Avant la naissance de ce serviteur de Dieu, le Ciel fit pressentir à sa mère une si heureuse destinée par un signe assez semblable à celui qu'on attribue à la mère de saint Dominique. Mme Olier, qui avait consacré l'enfant à Marie quand elle le portait dans son sein, crut voir en songe un flambeau ardent qui poussait sa flamme sur un globe, et qui l'embrasait, comme si la sainte Vierge eût voulu indiquer par là qu'il allumerait un jour le feu de son saint amour dans les cœurs. La suite ne tarda pas à justifier cet heureux présage.

Dès ses plus jeunes ans, on vit éclater en lui les premiers traits de cette tendre et ardente dévotion envers Marie, dont il donna l'exemple jusqu'à son dernier soupir, et qui, avec la piété envers Jésus-Christ, prêtre et victime au très-saint Sacrement, fut le caractère distinctif de sa vie sacerdotale. Nous ne pouvons exposer ici tout ce que son zèle lui fit entreprendre pour rehausser et pour étendre le culte de Marie : il faudrait rapporter la plus grande partie de son histoire, nul de son temps n'ayant travaillé avec plus d'ardeur et de succès à propager en France cette dévotion. Bien plus, comme si les bornes de ce royaume eussent offert à son zèle un espace trop étroit, il voulut la répandre en Amérique par une oeuvre jusqu'alors sans exemple, la fondation d'une ville en Canada, dédiée à l'auguste Mère de Dieu, sous le nom de Villemarie, laquelle a donné naissance à plusieurs grands établissements catholiques, et a servi ainsi très-heureusement à propager la dévotion à Marie dans ce nouveau monde.

Mais le feu de ce zèle ardent qui brûlait dans son cœur ne devait pas s'éteindre avec sa vie. M. Olier devait le communiquer à ses disciples pour le laisser après lui dans l'institut qu'il fonda. Il donna, en effet, à sa compagnie, pour fin principale et invariable, le soin d'inspirer au clergé, avec l'amour souverain envers Jésus-Christ, la piété filiale envers Marie, et, par le clergé, de la répandre aussi dans les peuples. Lui-même nous apprend que, dans l'une des communications dont cette divine Mère le favorisait quelquefois, elle daigna lui faire connaître expressément ce dessein, en lui adressant ces paroles, qui l'inondèrent de consolation : « Vous serez animé à jamais du zèle de ma gloire. » Ce mot a jamais le fit tressaillir d'une indicible allégresse, en lui donnant à comprendre qu'il laisserait dans l'Église des successeurs de son zèle pour propager et pour étendre la dévotion envers Marie.

C'est ce qu'on a vu, par un effet de la miséricorde de Dieu, s'accomplir jusqu'à ce jour dans toutes les maisons de l'institut de Saint-Sulpice. Il est constant que, depuis M. Olier, on y a toujours inspiré aux ecclésiastiques la plus haute vénération pour Marie. Ceux qui y ont été formés, et qui sont devenus dans la suite évêques, missionnaires, pasteurs des âmes, fondateurs de communautés, y ont puisé cette dévotion; du moins on ne craint pas d'assurer que tous en sont sortis plus pénétrés de respect, de confiance et d'amour pour cette divine Mère, qu'ils lie l'étaient en y entrant. La solide piété pour le saint Sacrement et pour la sainte Vierge, doit être le véritable héritage de cette maison. C'est le témoignage que se plaisent à rendre encore aujourd'hui ceux qui ont reçu, comme le célèbre archevêque de Cambrai, leur éducation cléricale au séminaire de Saint-Sulpice. Tous avouent que ce qui les y a le plus frappés, c'est la profession toute spéciale qu'on y fait de dévouement à la Mère de Dieu.

Une autre prérogative de M. Olier, nous osons l'espérer, c'est d'avoir été destiné par la bonté de Notre-Seigneur pour donner un nouvel éclat à cette dévotion, par les écrits qu'il a laissés sur les grandeurs de la maternité divine. Ces écrits sont, en effet, une exposition de toute la suite des mystères de Marie, ou plutôt une histoire de sa vie assez complète et très-propre à nourrir la piété. Il est vrai que sur sa vie extérieure on n'y trouvera la solution d'aucune de ces questions curieuses que l'érudition des savants discute sans les éclaircir. Dieu nous les a cachées sans doute à dessein, comme moins utiles à l'édification de l'Église; et, en voulant que les évangélistes les passassent sous silence, il semble qu'il ait eu en vue de nous faire aspirer à quelque chose de plus excellent, et de nous rappeler que toute la beauté de cette fille bien-aimée du Roi des rois est au dedans d'elle-même, c'est-à-dire dans son intérieur.

Si le vêtement a moins d'importance que le corps pour lequel il est fait, et si le corps est à son tour bien moins considérable que l'âme qu'il doit servir, la vie extérieure de Marie est incomparablement au-dessous des beautés de son âme, de ses grâces surtout, de ses vertus, des opérations de Dieu en elle; en un mot, de sa vie intérieure. Dans celle-ci, M. Olier nous montre, en effet, une multitude de traits bien plus admirables, des beautés plus ravissantes, des vérités bien plus importantes pour nous et bien plus honorables pour Marie que ne le seraient tous ces faits et toutes les circonstances de sa vie extérieure et sensible. « La connaissance de l'une, dit-il, consolerait et réjouirait les yeux des hommes; mais la vue de l'autre étonne et ravit toutes les hiérarchies des anges. Vierge Marie, je vous vénère et vous aime, telle que vous êtes en vous-même, et que la foi vous fait connaître, mille fois plus parfaite que tous les récits des hommes ne pourraient le dire, et que toute compréhension humaine ne saurait vous concevoir, puisque vous êtes faite sur l'idée la plus belle que Dieu ait formée en lui-même, pour donner à son Fils une mère sortable à la grandeur de sa personne. Je dis des merveilles en disant ce seul point. » La maternité divine est, en effet, la source, l'objet ou le motif des vues sublimes que M. Olier expose dans cet ouvrage, puisque les hautes considérations qu'il offre à l'instruction et à l'édification de ses lecteurs ne sont, à proprement parler, que des éclaircissements ou des conséquences de ce mystère.

Un fruit précieux de l'étude de ce dogme et de ses conséquences, que le pieux lecteur ne pourra manquer de retirer de cet écrit, c'est de mieux connaître les raisons dernières et comme la racine des éloges que les saints Pères ont donnés à Marie, en exaltant son crédit, sa puissance et sa grandeur; raisons qu'ils n'expliquent pas toujours clairement, et qui sont d'une si grande consolation aux vrais enfants de cette divine Mère. Telles sont par exemple les magnifiques paroles que lui adressa saint Cyrille dans le saint concile d'Éphèse. Nous les rapportons ici comme pour préparer l'esprit du lecteur à ce que nous aurons à dire dès le début de cet ouvrage. « Nous vous saluons, ô Marie, Mère de Dieu, vous par qui la Trinité est glorifiée et adorée, par qui la précieuse croix du Sauveur est exaltée et révérée, par qui le ciel triomphe, les anges se réjouissent, les démons sont chassés, le tentateur est vaincu, la nature fragile est élevée jusqu'au ciel, la créature raisonnable qu'avaient infectée les idoles est venue à la connaissance de la vérité; vous par qui les fidèles obtiennent le baptême, vous par qui toutes les églises du monde ont été fondées et toutes les nations amenées à la pénitence. Que dirai-je davantage? Vous par qui la lumière du monde, le Fils unique de Dieu, éclaire ceux qui étaient dans les ténèbres assis à l'ombre de la mort; par qui les prophètes ont prédit l'avenir, les apôtres ont annoncé le salut aux nations; vous par qui les morts sont ressuscités, par qui les rois règnent. Quel homme peut donc louer dignement la très-louable Vierge Marie? » Cet ouvrage de M. Olier servira donc à monter la vérité rigoureuse et le solide fondement de tous ces éloges et d'autres semblables, et les vengera. par là même de la témérité de quelques écrivains hardis qui ont osé les affaiblir dans ces derniers temps par des explications nouvelles, aussi offensantes pour saint Cyrille, et pour le concile oecuménique d'Éphèse, qu'injurieuses à la puissance de l'auguste Mère de Dieu.

En même temps il montrera avec quelle sagesse l'Église romaine, la mère et la maîtresse de toutes lés autres églises, applique à Marie, dans l'office divin, divers endroits de l'Écriture sainte que des hommes sans mission en avaient tranchés témérairement; et nous sommes assurés que les églises de France qui ont adopté à l'envi la liturgie romaine, verront avec joie les motifs cachés et profonds de tant d'applications célèbres, qui sont une preuve aussi bien qu'un éloge public des grandeurs augustes de Marie et de sa puissance auprès de Dieu.

Nous bénirons Dieu si cet écrit peut servir à favoriser le mouvement qui attire les âmes vers la sainte Vierge. Elle est reconnue universellement comme l'inspiratrice de toutes les bonnes œuvres, la mère de toutes les sociétés, l'ouvrière de toutes les conversions; en un mot, le mobile de tout ce qui se fait de bien dans l'Église, et il paraît manifeste que la dévotion envers elle est aujourd'hui, plus qu'elle ne l'a jamais été, la dévotion commune et universelle de tous les peuples catholiques. Les pèlerinages aux tombeaux des saints martyrs, et des thaumaturges, autrefois si célèbres, sont aujourd'hui moins fréquentés; la dévotion à Marie semble en avoir pris partout la place : Jésus-Christ se plaît visiblement à imprimer dans tous les coeurs, avec la conviction du pouvoir universel de sa divine Mère, la confiance la plus étendue en sa bonté. C'est aussi la fin que M. Olier se propose dans ses écrits. Son but est de montrer Marie comme le canal universel par lequel Jésus-Christ veut répandre toutes ses grâces, et de mettre de plus en plus à découvert le fondement de cette vérité, qui est un si doux sujet de consolation pour tous les chrétiens. « Je vois, je sens, j'expérimente cette vérité en moi, comme si je la voyais de mes yeux, écrit-il; et je voudrais être capable de publier partout l'amour de Jésus-Christ envers sa Mère, afin de faire entendre le pouvoir de Marie et de lui acquérir ensuite de l'amour et de l'honneur dans le monde. »

Cette dévotion étant la grâce la plus signalée de notre siècle, la sainte Église, pour faire honorer les mystères et les grandeurs de Marie, a institué les fêtes de sa Maternité, de sa Pureté, de son saint Coeur, de son Patronage, les fêtes de Notre-Dame de Grâce, de Notre-Dame Auxiliatrice, de Reine de Paix, sans négliger pourtant les mystères du Sauveur, puisqu'elle célèbre entre autres les fêtes de son Précieux Sang, de son sacré Coeur,

de sa Passion, de sa Couronne d'épines, de sa Lance, de ses Clous, de son Suaire. Enfin elle vient de mettre le comble à toutes les marques qu'elle avait données jusqu'ici de sa piété et de sa vénération envers Marie, en définissant, comme dogme de foi catholique, son immaculée Conception : définition que tout l'univers a accueillie avec les transports d'une allégresse d'autant plus vive, qu'il l'avait attendue et désirée depuis longtemps et avec plus d'ardeur. « N'est-il pas juste, écrit M. Olier, qui semble avoir désigné notre époque, n'est-il pas juste à présent de s'appliquer aux saints mystères que la Providence prend plaisir de manifester dans le progrès des siècles : à présent que agi, l'Église reçoit sans peine ces vérités, ou plutôt qu'elle les considère avec tant de joie et d'amour, à présent qu'elle prend surtout plaisir de s'appliquer aux saints mystères de la vie de Jésus-Christ et de sa sainte Mère, afin de les faire de plus en plus honorer par ses enfants? »

DÉCLARATION DE L'ÉDITEUR


Pour me conformer aux décrets des souverains pontifes, je déclare que dans tout ce que je puis dire de la personne, des écrits et des lumières de M. Olier sur les choses de la religion, je ne veux en aucune sorte prévenir le jugement du Saint-Siège apostolique; que, bien au contraire, je me soumets d'avance à tout ce qu'il pourrait définir sur ces matières, qui serait contraire ou peu conforme à ce que j'en ai écrit, et qu'enfin je regarderai toujours comme le plus cher et le plus nécessaire de mes devoirs la soumission parfaite de mon esprit et de mon coeur aux décisions du Souverain Pontife, le vrai Père et le vrai Docteur donné de Dieu à tous les chrétiens.
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Message par jaimedieu Mer 11 Mar 2015 - 3:06

VIE INTÉRIEURE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE


CHAPITRE I. PRÉDESTINATION DE MARIE A LA DIGNITÉ AUGUSTE DE MÈRE DU VERRE INCARNÉ


Dieu le Père engendre son Fils en lui-même. Dans la contemplation de soi-même qui le ravit, il voit naître son Fils, comme un miroir, où il se trouve représenté substantiellement, comme l'enseigne l'Apôtre (Épitre aux Hébreux, I, 3). Ce miroir l'absorbe dans l'amour de lui-même; et en cet amour du Père et du Fils est produit le divin Esprit. Renfermé dans ce cercle éternel qui est sa vie et sa béatitude, il est vivant et bienheureux en lui-même, et il eût pu vivre ainsi éternellement, sans se communiquer au dehors et sans se donner à nous. Mais de toute éternité, ayant eu dessein de nous manifester son amour par l'Incarnation de son divin Fils, il s'est premièrement pourvu d'une aide, la très-sainte Vierge Marie. Sans doute, lui-même eût formé de ses mains l'humanité de son Fils, ce chef-d'oeuvre admirable, comme il devait former les anges, s'il eût voulu l'envoyer au monde dans une chair immortelle et glorieuse; et dans cette génération temporelle, le Fils n'eût pas eu besoin de mère, non plus qu'Adam dans sa création. Mais, prévoyant notre péché et voulant qu'il fût expié par la mort de son propre Fils, il résolut de l'envoyer au monde dans notre chair passible et mortelle, afin que, dans cette même chair, il endurât la mort en faveur des pécheurs. Pour l'engendrer donc de la sorte, Dieu le Père se choisit, avec beaucoup de convenance, la très-sainte Vierge comme aide ou comme épouse. Car Dieu le Père, qui seul peut envoyer la personne de son Fils, veut que dans le mystère de l'Incarnation Marie soit son Épouse, en ce sens que le Père, qui est le principe de la génération de son Verbe selon sa divinité, destine la sainte Vierge à devenir le principe de la génération du même Verbe selon l'humanité.

Le mariage est l'expression sainte du Père éternel, qui engendre et porte en soi son Verbe, et fait seul, par sa personne, ce que le mari et la femme expriment au dehors, en produisant ensemble un fils qui est le terme de leur génération. Mais parce que Dieu le Père engendre son Verbe dans une féconde virginité, il veut exprimer dans sa sainte épouse seule, et montrer au dehors cette fécondité vierge et sans corruption. De plus, comme il engendre son Verbe de toute éternité par sa connaissance, par retour,et par vue sur lui-même, il veut que Marie, l'image très-parfaite et très-sainte de sa fécondité vierge, l'engendre aussi avec connaissance; et pour cela même il décrète qu'elle donnera à la génération du Verbe dans la chair son consentement d'une manière expresse et solennelle, ce qui présuppose la connaissance et la raison. Tandis que le reste des mères ne sauront pas ce qui devra naître d'elles, il veut que Marie connaisse auparavant quel sera le fils qu'elle concevra : un ange lui apprendra que ce fils sera le propre Fils du Très-Haut, Dieu et homme tout ensemble, le Rédempteur du monde, et que son règne n'aura point de fin.

En voulant avoir ainsi l'agrément de Marie, Dieu le Père montre, par cette conduite si pleine de révérence envers sa sainte épouse, l'estime qu'il fait d'elle et l'amour qu'il lui porte comme époux. Je ne puis exprimer, et je dois dire que nulle créature ne le pourra jamais, quelle est l'affection et la tendresse de Dieu le Père envers la très-sainte Vierge, en cette qualité d'épouse. Il s'applique tout entier à la lui témoigner; et cela est infini, immense, incompréhensible à tout esprit créé.

L'épouse entre en possession de son époux, qui devient sien, et ensuite en communauté de tous les biens qu'il possède. Elle entre en unité de coeur et d'âme, en unité d'esprit, de pensées, de vouloir; d'où il suit qu'elle a part à ses desseins, à ses ordres, à ses oeuvres. Ainsi Dieu le Père, comme un saint et fidèle époux, veut mettre la très-sainte Vierge en union et en parfaite jouissance de sa personne, de ses trésors, de sa gloire et de tous ses biens.

C'est une chose inconcevable comment Dieu eut cette divine épouse présente à son, esprit avant la formation de toutes les créatures. Pour lui, il n'y a ni futur ni passé; tout. est présent à ses yeux, il voit distinctement toutes choses dans la lumière éternelle. De toute éternité, il y avait donc en Dieu un caractère, une figure qui représentait Jésus-Christ et sa mère, le Verbe incarné et tous ses membres; dès lors Marie était aussi présente aux yeux de Dieu que si déjà elle eût été formée, que si elle eût été 'effectivement au monde. Ce consentement célèbre de Marie, nécessaire à l'Incarnation, sur lequel reposait tout l'édifice de la religion qu'il préméditait, toutes les figures et les prophéties, toute l'économie du salut, il le prévoyait et le connaissait avant tous les temps. Il voyait déjà au fond de l'âme de la très-sainte Vierge, remplie de foi, de sagesse, de soumission, quels seraient sa pensée et son sentiment, sachant la force et la vertu de la grâce dont il devait la remplir. Connaissant donc sa volonté et la disposition de son coeur, et tirant déjà d'elle son consentement, qu'il voyait aussi réellement que quand elle le confirma à l'ange, il réglait là-dessus, de toute éternité, le saint mystère de l'Incarnation.

Il en usait de même dans la vocation de tous ses enfants adoptifs, qui sont les membres de Jésus-Christ, l'achèvement de ce grand mystère, et desquels Marie, mère du Verbe selon la chair, devait être véritablement la mère selon l'esprit. Si, dans le dessein de Dieu, l'épouse devait être donnée à l'époux, comme une aide semblable à lui, ce n'était pas seulement pour qu'elle contribuât à la naissance des enfants; mais encore pour qu'elle concourût par sa sollicitude maternelle, par sa tendresse et sa bonté, par la sagesse de ses conseils, à leur éducation et à leur établissement. Sans doute, en nous prédestinant à devenir les membres de son Fils, Dieu le Père nous a appelés, selon le décret de sa volonté et par un pur effet de sa grâce, qu'il nous a donnée en Jésus-Christ, avant tous les siècles: nous ayant déjà comme créés en lui, et ayant préparé les oeuvres saintes qu'il désirait que nous fissions pour sa gloire. Mais en appelant ainsi chacun de nous, en lui préparant, dès l'éternité, la mesure des moyens intérieurs et"extérieurs de sanctification qu'il lui donne dans le temps, Dieu tenait sa sainte épouse présente à son esprit. Il voyait ce qui lui eût agréé, ce qu'elle aurait désiré pour chacun, si elle eût été au monde, et il agissait selon les intentions, selon les désirs et les prières de Marie qu'il prévoyait.

C'est pourquoi dans la plénitude des temps, lorsqu'il aura donné l'être à sa sainte épouse, il lui montrera l'économie de ses desseins sur chaque âme; et elle les agréera expressément.

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Message par jaimedieu Jeu 12 Mar 2015 - 3:07

Quelque vastes que soient ces desseins de Dieu, Marie, le chef-d'oeuvre des mains du Tout-Puissant, après l'humanité de son Fils, Marie, toute remplie du Saint-Esprit, les. connaîtra clairement; car Dieu lui fera voir la conduite admirable qu'il aura tenue et celle qu'il tiendra dans la suite, et tirera d'elle son consentement et son agrément sur toutes choses. C'est ce qu'il fera paraître, une fois pour toutes, dans le moment de l'accomplissement de son oeuvre par excellence, l'Incarnation du Verbe, qui est comme la clef du bâtiment universel de l'Église et du monde; puisque alors il exigera d'elle. publiquement, à la face d'un archange et d'un témoin irréprochable de sa cour, ce consentement solennel; faisant ainsi paraître visiblement ce que de toute éternité il avait résolu invisiblement de faire avec elle (et cette conduite de Dieu explique comment il se fait que toutes les grâces ont été- et seront données à jamais par l'entremise de Marie). Ainsi le Père éternel, l'ayant choisie pour son aide dans la formation de sa famille, forme avec elle Jésus-Christ dans toute son étendue, le chef et tous ses membres, sa postérité et tous ses descendants .

Il en use de la même sorte avec elle pour le reste des circonstances du grand oeuvre de l'Incarnation, et spécialement pour la création de l'univers qui en
est la suite. En sa qualité d'homme, le Verbe incarné avait besoin d'une demeure temporelle, et sa mère aussi. Tous les membres de Jésus-Christ étaient pareillement dans cette nécessité, et Dieu avait résolu de créer ce monde pour leur aider à passer la vie, avant qu'ils allassent le glorifier dans le ciel . Car c'est pour le Verbe incarné que Dieu a fait ce monde; si bien que, qui n'est à Jésus-Christ, qui ne subsiste en lui, qui n'est uni à lui par son esprit et par sa grâce, n'est pas digne des créatures; et s'il en use, c'est avec injustice, n'étant pas partie de celui pour lequel principalement toutes choses ont été créées.

Dieu avait fait ce grand ciel si magnifique, si auguste, cette terre si admirable, à cause de la dignité de Jésus-Christ et de ses membres. A proportion de la dignité des personnes, on leur donne des meubles précieux; pour conduire un prince, un roi, on allume quantité de flambeaux autour de sa personne; au lieu qu'un artisan sera content d'une petite bougie ou d'une mèche trempée dans une goutte d'huile. Destinant donc ce monde à servir d'hôtellerie à son Fils, Dieu avait résolu de le créer dans cette grandeur si magnifique et cette beauté si rare, afin qu'il fût un lieu sortable à la dignité auguste de celui qui devait l'habiter. Ainsi il a fait le soleil si merveilleux, et dans cette beauté et cette magnificence, parce qu'il devait être le flambeau de son Fils; les cieux si vastes, si resplendissants, parce qu'ils étaient destinés à être le toit et le lambris de sa maison; il a créé la terre si belle, parce qu'elle devait servir à le porter, à être l'escabeau de ses pieds. Voulant enfin qu'elle fournît par ses productions à l'entretien de la vie de son Fils et qu'elle fût le lieu de son séjour, il l'a remplie de tant de rares beautés dans la variété de ses fleurs, dans la diversité de ses fruits, et dans le reste des créatures, qu'il a faites avec une perfection, un poids, un nombre et une mesure proportionnés à l'excellence de celui à qui elles étaient destinées; non pas pour qu'elles fussent l'objet de sa joie et de ses complaisances, car tout cela n'est pas digne du Fils de Dieu; mais seulement pour marquer sa dignité et la grandeur de sa condition et de sa naissance.

La terre était donc destinée aussi à servir de demeure passagère à la très-sainte Vierge et à tous les membres de Jésus-Christ; à l'Église, qui devait s'y répandre de toute part et y établir le règne de Dieu. Or, dans la disposition qu'il donnait à l'univers, Dieu le Père avait présente aussi l'aide qu'il s'était choisie pour la formation de sa famille; il réglait la demeure temporelle de cette même épouse, celle de son fils et de tous ses enfants d'adoption.

D'après cela, on ne peut avoir difficulté d'entendre ces paroles de l'Écriture, dites de la Sagesse éternelle, appliquées par l'Église à la très-sainte Vierge: J'ai été formée par le Très-Haut, j'ai été conçue avant toute créature. C'est moi qui ai fait naître dans le ciel une lumière qui ne s'éteindra jamais; et, semblable à une nuée, j'ai couvert toute la terre. (Eccli., cap. XXIV.) De toute éternité, présente aux yeux du Père éternel, mon époux, je portais en moi toutes les créatures, qui paraissent maintenant dans le monde, comme une nuée féconde, qui contient dans la douceur de ses eaux tous les fruits qui doivent naître par elle. J'ai habité dans les lieux les plus sublimes, dans les profondeurs de Dieu le Père.

J'ai fait seule le tour des cieux; c'est moi qui, par la puissance de mon époux, donnais le tour à ces grands cieux qui doivent être la demeure et la récompense des justes; en mon époux, je descendais au fond des abîmes, où il doit exercer sa justice. J'étais présente, en esprit, à toute l'étendue des mers, et il n'y a pas un seul recoin de la terre habitable où je n'aie posé le pied, où je n'aie été présente, dans le dessein de Dieu le Père, qui n'a rien voulu faire ni entreprendre sans communiquer à ma bassesse la grandeur de ses miséricordes, la profondeur de ses jugements, l'étendue de ses grâces et la fécondité de ses richesses.

En union avec lui, je suis devenue la reine de toutes les nations; et, par sa puissance, les coeurs des grands, comme ceux des plus petits, m'ont été également assujettis et soumis.

Recherchant en tout cela ma paix et mon repos, je n'ai rien pu trouver qui fît ma consolation et ma joie, que ceux qui ont l'honneur d'appartenir à mon auguste époux en qualité d'enfants, et qui doivent entrer en possession de son saint héritage.

Voyant donc mes inclinations, connaissant tous mes dégoûts et mon aversion pour les choses extérieures du monde, et sachant que je ne puis me complaire qu'en son aimable Fils et en ses membres, le saint Époux de mon coeur m'a dit et m'a commandé, par le droit absolu qu'il a sur mon âme, me donnant les témoignages de son amour : Ma fille et mon épouse, je veux vous rendre participante de mes plus douces et de mes plus saintes opérations dans l'incarnation de mon Verbe je veux pareillement conduire par vous mon Église et me reposer sur vous du soin de mes enfants.

Demeurez en Jacob, qui est l'image de ma famille : assistez tous les membres de mon Église; que par vous la grâce se dilate dans leur intérieur, pour que vous soyez en eux aussi l'héritière de ma gloire. Jetez dans mes élus les racines premières de leur béatitude; continuez encore tout le cours de leur vie, et ne les quittez point que vous ne les consommiez dans ma gloire.

En ce même esprit, l'Église applique encore à la très-sainte Vierge une partie du vine chapitre des Proverbes, qui sert de matière à l'épître des fêtes de sa Conception et de sa Nativité. Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies, etc.

Dieu, qui désirait sortir de soi par les voies de son divin amour, paraît ici occupé de la jouissance amoureuse et de la possession de sa sainte épouse; et de même la très-sainte Vierge, sa divine amante, nous y est montrée habitant en lui de toute éternité. C'est de quoi elle se glorifie elle-même comme du plus grand bien et du plus insigne honneur qui pussent lui arriver: Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies : comme, en effet, c'est le principe et le fondement de tous ses autres biens et de ses grâces magnifiques. Car de quelles richesses et de quels ornements Dieu, qui surabonde en lui-même de beautés, de richesses et de perfections divines, ne la revêt-il pas pour la rendre digne de devenir l'objet de ses délices, et de lui être alliée en cette auguste qualité d'épouse ! Il faut qu'il fasse hors de soi, dans une pure créature, autant qu'il est possible, une expression parfaite de sa divinité.

Le Seigneur, dit-elle, l'Époux céleste, m'a possédée en soi et m'a tenue présente à ses yeux, non-seulement dès le début de ses voies, quand il a commencé son ouvrage, et qu'il a tiré du néant toutes ses créatures, mais bien auparavant. Dans son éternité, méditant les ouvrages de son divin amour, lui qui ordonne tout en sa sagesse et sa charité, il s'est approprié son épouse; il a voulu qu'elle devînt la mère de son Fils, et qu'elle contribuât à former son Église et toutes les créatures qui en sont les dépendances.

Cette sainte épouse fait ici, comme dans le livre de l'Ecclésiastique, le dénombrement magnifique des créatures que Dieu forma dans son idée, lorsqu'il ordonna toutes choses; et dans ce détail elle montre qu'elle était déjà conçue et présente dans l'esprit de son Époux. Les abîmes n'étaient pas, et déjà j'étais conçue. Les fontaines n'étaient point encore sorties de la terre; la pesante masse des montagnes n'était pas encore formée, et j'étais enfantée avant les collines dans le sein de Dieu. Il n'avait point encore créé la terre ni les fleuves, ni affermi le monde sur ses pôles, et déjà j'étais conçue. Quand, dans l'œuvre de la création, il étendait les cieux, qu'il environnait les abîmes de leurs bornes, et leur prescrivait une loi inviolable; lorsqu'il suspendait les nuées au-dessus de la terre, et qu'il mettait dans leur équilibre les eaux des fontaines; lorsqu'il renfermait la mer dans ses limites, et qu'il imposait la loi aux eaux, afin qu'elles ne passassent point leurs bornes; lorsqu'il posait les fondements de la terre, j'étais avec lui.

Après avoir ainsi exposé, comme dans l'Ecclésiastique, la suite de la formation des créatures et avoir dit qu'elle était présente à l'esprit de son auguste Époux, la très-sainte Vierge ajoute : J'étais avec lui, et avec lui je réglais toutes choses, c'est-à-dire, j'ordonnais et je formais toutes les créatures par la puissance, la sagesse et l'amour de mon divin Époux, par lequel j'étais toute possédée.

Il faisait ainsi en moi toutes ces oeuvres grandes et admirables : mais à chacun des six jours de la création, cette oeuvre n'était que comme un jeu et un amusement pour lui, comparée à la génération de son Verbe, et à la participation qu'il doit donner de sa divinité aux membres de l'Église. Aussi mes délices sont-elles d'être avec les enfants des hommes : mon âme, qui éprouve en soi les sentiments de mon Époux et les dispositions de son coeur à l'égard de toutes choses, sentant que ses délices les plus douces et les plus agréables sont de régner dans les âmes et de vivifier les coeurs de ses enfants.

Maintenant donc, mes enfants, qui êtes enfants du, Père, écoulez attentivement sa discipline et ses conseils; et, après lui avoir prêté l'oreille, restez attachés à la sagesse, conservez ses paroles en votre âme, et les goûtez avec plaisir en votre intérieur. Prenez garde de ne vous point lasser par quelque tentation que ce puisse être, ni par la désolation qui se rencontre dans la croix. Bienheureux celui qui m'écoute, qui trouve accès auprès de moi, qui a cet attrait de rechercher avec soin et assiduité mon audience et ma conversation. Il doit beaucoup attendre; car Dieu le Père, comme époux, use de ses dons en moi et par moi, avec une libéralité excessive.

Celui qui recevra cette grâce, qui viendra chercher dans mon sein l'aliment de son âme, trouvera la vie, et avec elle le bonheur éternel. C'est dans cette source qu'on puise les secrets des plus profonds mystères et des vérités les plus sublimes. Par mon Époux, qui est le conseil même et l'équité, qui est la prudence et la force, je suis en possession de tous ces dons. Par moi, les rois règnent, et les législateurs ordonnent et règlent, la justice, Dieu voulant être en moi, pour le monde, la source de tous les biens .



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Message par jaimedieu Ven 13 Mar 2015 - 3:32

CHAPITRE II. CONCEPTION ET NATIVITÉ DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE

Par l'amour singulier qu'il portait à Marie, Dieu Pavait figurée de mille manières dans l'ancienne loi; et s'il y eut des ombres infinies pour représenter Notre-Seigneur, il y, eut aussi des figures sans nombre pour exprimer la très-sainte Vierge, cette tige bénie, qui devait le produire : Dieu se plaisant à voir sans cesse présentes ces saintes images, pour apaiser sa colère et attendre la venue de son cher Fils. Pour retirer les hommes de l'état malheureux où le péché les avait réduits, le Fils devait mourir pour eux; et Dieu voulait, comme nous l'avons déjà dit, qu'il s'unît à la chair d'Adam, devenue passible et mortelle, sans en prendre

la malignité; c'est-à-dire, qu'il portât, quoique pur et innocent, toutes les marques et les peines du péché compatibles avec la sainteté de sa personne divine, comme d'être sujet à la faim, à la soif, à la douleur, à la mort. Pour cela, il avait décrété que son Fils prendrait chair dans une fille d'Adam, la bienheureuse Marie, en apparence pécheresse et semblable aux pécheurs, et pourtant pure et sans tache; car cette Vierge admirable est à la fois, selon le langage mystérieux de l'Écriture, noire et belle : noire dans l'apparence du péché; belle dans l'innocence et la pureté de sa nature, quoique de la descendance d'Adam.

Dieu voulant donc produire la mère de son Fils dans l'état de sainteté le plus parfait où ait été élevée une créature, se répand en elle, au moment même où elle est conçue, et, par un privilège spécial, la préserve de la malignité de la chair et du crime d'origine. Ainsi, dès sa conception, Marie est pour les personnes de la très-sainte Trinité le premier objet de solide contentement qu'elles aient encore aperçu au monde, l'unique sujet de leur amoureuse complaisance depuis Adam, puisque toutes les autres créatures étaient souillées par le péché, et qu'elle seule a paru sans offense. Il n'y a, en effet, selon la foi, que la très-sainte Vierge, qui, naissant d'Adam par la voie commune, n'ait point été comprise dans sa malédiction.

Car Notre-Seigneur n'était point compris dans le nombre de ceux qui naissent d'Adam, selon la génération ordinaire, devant naître par l'opération du Saint-Esprit, et être redevable de sa conception au même Esprit qui régénère les âmes par le baptême.

La corruption d'Adam, que le corps communique à l'âme, dès qu'il est uni à elle, est un certain venin répandu dans tous nos membres,, qui nous , incline et nous sollicite au péché, en nous éloignant de Dieu et nous appliquant à l'amour de nous-mêmes. De là l'amour des créatures qu'Adam innocent avait reçu, afin de les rapporter à Dieu, mais qui, étant demeuré en nous après la perte de la grâce et ayant perdu sa rectitude, s'est changé en amour-propre détestable, abominable, sacrilège qui rapporte tout à soi, qui fait que les mouvements de l'âme appelés passions ne s'agitent d'ordinaire que pour nous-mêmes, et qui nous incline à tout péché. Au moment de la conception de Marie, Dieu la préserve de cette malignité. Il sanctifie sa chair, afin que tous ses sens et ses mouvements, ou passions, ne tendent directement qu'à Dieu seul et ne regardent que lui en toutes choses. En vertu de cette sanctification, sa haine aura pour objet tout péché; son désir, la gloire de Dieu; sa crainte, tout ce qui peut déplaire à Dieu et contredire à ses desseins; sa joie sera de posséder Dieu et de le voir honoré; son espérance, de se voir un jour pleinement consommée dans sa gloire.
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Message par jaimedieu Dim 15 Mar 2015 - 0:29

Mais, outre qu'elle est préservée du crime d'origine, Marie est toute remplie du Saint-Esprit et de ses grâces, dès le premier instant de sa conception; et quel autre que Dieu peut comprendre l'étendue des perfections dont elle fut alors douée ?

Si dans la création d'Adam, destiné à appartenir à Dieu en qualité de simple serviteur, les trois divines personnes dirent : Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, que n'ont-elles point dit et quel conseil n'ont-elles pas tenu pour produire cet. admirable ouvrage qui allait leur appartenir comme la chose la plus chère, la plus aimable, la plus tendre que Dieu pût avoir hors de lui-même? L'épouse étant donnée à l'époux comme une aide semblable à lui, quels trésors de grâces, quels dons magnifiques, Dieu le Père, qui a choisi cette âme pour son épouse, ne verse-t-il pas en elle, afin de se la rendre semblable, en ses beautés et ses excellences divines, autant qu'elle peut l'être?

Il met en elle tout ce qu'il sait, tout ce qu'il voit contribuer à rendre une âme parfaite. Il la rend tellement digne de porter son Fils unique, que ce même Fils, en sortant de son sein éternel, trouve hors de lui une demeure en rapport avec la grandeur de sa divine personne. Le Fils de Dieu lui-même, la considérant déjà comme sa mère, la prépare à cette sainte et auguste dignité, et enfin le Saint-Esprit, la regardant comme son sanctuaire le plus parfait, après la sainte humanité du Sauveur, comme le lieu de ses plus saintes et de ses plus pures opérations, se plait à l'enrichir de tous ses trésors. La puissance du Père la rend plus forte que Judith; la sagesse du Fils la rend plus belle mille fois que Rachel; l'amour du Saint-Esprit, plus aimable qu'Esther. Tout ce qui avait été épars et répandu dans les âmes justes, elle le contient elle seule; non-seulement les perfections de ces femmes fortes et saintes qui l'avaient figurée, mais encore celles de tous les saints.

Dans ce moment, Dieu réunit et renferme en elle toutes les perfections qu'il avait répandues dans les âmes justes de l'ancienne loi, ou plutôt elle a seule plus de l'esprit de Jésus-Christ que n'en avaient possédé tous les prêtres, les patriarches, les juges, les prophètes, les rois, que tous les saints de l'ancien Testament et les justes de la gentilité tous ensemble.

L'Esprit, dont le Verbe fait chair devait être rempli, et qui subsistait avant l'incarnation, puisque c'est la troisième personne de la très-sainte Trinité; cette divine personne, sachant quelles seraient les inclinations du Verbe incarné, les communiquait par avance aux patriarches. Il distribuait déjà aux membres les mêmes sentiments qu'il devait, quelques siècles après, répandre en plénitude dans le chef; et ainsi il faisait vivre, à la manière du Fils de Dieu, ceux qui lui appartenaient, et qui, de toute éternité, avaient été choisis pour être du corps de Jésus-Christ. C'était ce même esprit qui, selon le Symbole, parlait par la bouche des prophètes, se servant de leurs personnes comme d'un extérieur emprunté pour se faire voir, et de leurs paroles comme d'un organe pour se faire entendre à son peuple.

Notre-Seigneur avait paru dans ses élus dès le commencement du monde, et l'Écriture remarque même que ce divin agneau avait commencé de mourir en la personne d'Abel, dans lequel il était né et vivait par sa grâce. Ainsi vivait-il dans les autres justes de la loi ancienne, et même dans les saints de la gentilité, comme dans un Noé, un Melchisédech, un Job, un Jéthro et autres, dont l'Écriture fait mention et qui n'appartenaient pas au peuple juif. A chacun d'eux, Dieu avait donné quelqu'une des perfections de son Fils: il avait donné sa lumière à Abraham, sa force à Isaac, son amour à Jacob, sa chasteté et sa sainteté à Joseph, et toutes ces qualités étaient autant de crayons de quelque perfection de Jésus-Christ, dont ils étaient les images et les figures. Mais ce n'étaient là que de petits effets du soleil de justice répandus sur eux. La conception de Marie est une renaissance universelle de Jésus-Christ; qui renouvelle toutes les nativités précédentes dans lesquelles il s'était montré sous sa justice, sa force, sa piété, sa douceur; sa lumière, et sous toutes ses autres perfections pendant quatre mille ans.

Combien donc de nativités du Verbe incarné sont renfermées et renouvelées en celle-ci ? Aussi, le jour de la fête de la Conception, lit-on l'évangile des patriarches et des aïeux de Jésus-Christ, à la fin desquels on nomme la très-sainte Vierge comme réunissant elle seule, en qualité de mère du Sauveur, toutes leurs perfections et toutes leurs grâces.

Bien plus, ce divin Esprit, communiqué aux patriarches, devait être donné à tous les autres membres de Jésus-Christ, après comme avant l'Incarnation, et imprimer dans tous les mêmes sentiments, les mêmes mouvements intérieurs pour Dieu et pour toutes choses; ce qui fait dire à saint Paul que Jésus-Christ, vivant ainsi par son esprit dans les coeurs des saints, était hier, c'est-à-dire avant sa venue en terre; qu'il est aujourd'hui, pour exprimer le temps de l'Église présente; et qu'il sera dans les siècles, c'est-à-dire dans l'éternité. Or, dès le premier instant de la conception de Marie, ce même Esprit verse en elle seule et lui communique plus de grâces que n'en possédèrent et n'en posséderont jamais toutes les âmes les plus parfaites et les plus éminentes réunies. Et ce qui est particulier à Marie, il l'associe à Jésus-Christ, prêtre de l'auguste sacrifice qu'elle doit offrir avec lui sur le Calvaire, sans qu'elle le sache encore, et lui communique dès lors l'esprit sacerdotal en éminence, avec toutes les grâces des oeuvres qu'elle doit opérer dans la suite de sa vie.

Les lumières que Dieu lui donne ne sont pas compréhensibles aux autres pures créatures. Elle voit Dieu considéré en lui-même, plus clairement que ne le virent les anges au moment de leur formation, étant encore dans l'épreuve. Elle le voit plus parfaitement dans les oeuvres de la création que ne le vit jamais Adam dans l'état d'innocence, ni Salomon au plus haut point de ses lumières divines. Elle voit Dieu plus clairement dans là trinité de ses personnes, dans la génération de son Verbe, dans la procession de son Esprit, dans les mystères de Jésus-Christ et de son Église, que ne le virent jamais Abraham, David et les autres prophètes dans toutes leurs visions, plus parfaitement enfin que ne le verront les apôtres et les plus grands saints de l'Église chrétienne, ni tous les plus célèbres docteurs qui seront jamais.

A cette étendue prodigieuse de lumières répond un amour de Dieu, qui surpasse tout ce qu'il y aura jamais d'amour dans les saints au moment de leur mort; dans les apôtres, lorsqu'ils seront parvenus à l'achèvement et à la consommation de leur sainteté; plus qu'il n'en sera jamais donné à tous les hommes ensemble jusqu'à la fin du monde. Enfin elle renferme en elle seule tous les divers degrés d'amour de Dieu répandus dans les anges et même incomparablement plus qu'il n'y en a dans les séraphins et dans toutes les hiérarchies (1); ce qui fit dire plus tard à Gabriel, parlant à la divine Vierge, qu'elle était pleine de grâce : Ave, gratia plena. Les fleuves entrent dans la mer, et la mer ne déborde pas; ainsi toutes les grâces des saints entrent en Marie, sans qu'elle déborde, tant est vaste sa capacité.

Mais comme son esprit n'est pas capable naturellement de recevoir ces manifestations et ces vues, ni son coeur de rendre à Dieu tous les devoirs et toutes les louanges que demandent des choses si
augustes et si divines, elle est fortifiée, élevée et dilatée par le Saint-Esprit, qui, trouvant dans son coeur un fonds d'obéissance immense, l'ouvre et l'étend autant qu'il lui plait. C'est sans doute une chose admirable de voir un Dieu infiniment sage et infiniment puissant se plaire si fort dans un sujet créé et y mettre ses délices. Mais c'est le chef d'oeuvre de son amour; c'est ce que Dieu a su faire de plus parfait- dans une pure créature, ayant réuni en elle tout ce qu'il a pu mettre dans un sujet qui ne fût pas un Dieu comme son Fils; c'est l'abrégé de tout l'intérieur recevoir, par la descente du Verbe de Dieu dans son sein. Il n'y a aucune contradiction dans ces différentes manières de parler.

Car en Marie il faut distinguer deux sortes de plénitudes de grâces : l'une qu'elle reçut dans sa Conception, et l'autre au moment de l'Incarnation, comme nous le verrons dans la suite. Au reste, ce n'est pas seulement sur ces paroles de l'Ange que les saints docteurs se sont fondés pour reconnaître en Marie la plénitude universelle de toutes les grâces qu'elle possédait déjà avant l'Incarnation, mais encore sur la croyance de l'Église touchant les augustes prérogatives de la divine maternité.

Nous ajouterons ici que si Luther, Calvin et les premiers protestants ont rejeté le sens que les docteurs catholiques avaient constamment donné à ces paroles : Pleine de grâces; Luther les ayant ainsi rendues: Ave, gratiosa; Calvin : Gratiam consecuta; Bèze : Gratis dilecta; une étude plus approfondie de la langue grecque, et de la force du terme employé par S. Luc, a obligé des protestants modernes de convenir que l'Église catholique avait le vrai sens de ce passage; et, semblant même renchérir sur elle, ils le traduisent ainsi : Gratia plenissima, très-pleine de grâces, ou, comme avait déjà fait un auteur, après saint Anselme : Gratia super plena de Jésus-Christ, qui commence à opérer en son âme autant qu'il peut être communiqué. Le Saint-Esprit agit en Marie dans toute la plénitude avec laquelle il peut agir en une créature qui n'est pas unie hypostatiquement à la divinité.

Quel ravissant, quel délicieux spectacle de voir toutes les louanges, toutes les adorations que rend à Dieu cette âme divinement éclairée; de voir tous les amours de ce coeur; de voir enfin réuni dans cette âme seule, dès ses commencements, tout ce que l'Esprit de Dieu répandra un jour dans toute l'Église ! O prémices admirables ! ô ineffables amours! ô adorations, ô louanges plus parfaites que toutes celles des hommes et des anges, et qui ne sont surpassées que parcelles de Jésus-Christ ! Il y a soixante reines, dit le Cantique, exprimant ainsi la société des âmes bienheureuses; il y a quatre-vingts jeunes filles, c'est-à-dire le corps des esprits angéliques; enfin il y a de jeunes vierges sans nombre, qui sont les âmes pures et saintes; mais il n'y a qu'une seule colombe, une seule parfaite, une seule choisie pour être l'épouse du Père et la mère de Jésus-Christ.

A voir cette magnificence et cette sainteté dans l'âme de Marie, il est bien aisé de concevoir que Dieu la prépare pour faire naître d'elle son Fils unique et avec lui l’Église dans toute son étendue. Oui, s'il se complaît si fort dans cette âme, c'est qu'il voit en elle son Église tout entière. Elle comprend Jésus-Christ, comme devant être sa mère, et le reste des membres de Jésus-Christ, comme ses propres enfants. Si bien que Dieu, considérant en elle la semence de toute son Église, commence dans ce jour à goûter les délices qu'il attend de cette même Église, son épouse bien-aimée; il regarde en elle ce beau royaume, dont il veut bien être appelé le roi.
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Message par jaimedieu Mer 18 Mar 2015 - 3:06

Mais, par un conseil secret de sa sagesse, il ne lui fait pas connaître encore tous ses desseins sur elle. Si dans sa conception elle voit à découvert les mystères de Jésus-Christ, elle pense qu'elle y aura part en qualité de servante, non en qualité de mère; et comme le Verbe divin en s'incarnant doit se consacrer à son Père à titre de serviteur et d'hostie à sa gloire, la très-sainte Vierge, dans sa conception, remplie des mêmes dispositions qui doivent être un jour dans Jésus-Christ, dont elle est la parfaite image, s'offre et se consacre à Dieu en qualité d'hostie et de servante, dispositions qu'elle conservera toujours dans son coeur, et dont elle rendra témoignage à l'ange, par ces paroles: Voici la servante du Seigneur.

Voyant néanmoins déjà par avance qu'elle portera tout le monde à lui, et qu'elle le fera connaître et aimer plus que ne le feront ensemble tous les apôtres et tous les prédicateurs, cette sainte âme, qui doit être la mère de l'Église, rend à Dieu, au moment de sa formation, tous les devoirs possibles : elle s'offre à lui en tout ce qu'elle est et ce qu'elle sera jamais; de sorte qu'elle présente avec elle toute l'étendue des nations qui doivent un jour le servir.

Dans l'offrande qu'elle fait d'elle-même, et dans cette volonté de se consacrer en tout ce qu'elle est et en tout ce qu'elle sera dans la suite, nous avons donc été compris, sanctifiés et dédiés à Dieu, qui a accepté dès lors cette consécration universelle et a reçu à soi toutes ces nations, comme il l'a fait dans la suite des siècles, lorsqu'elles sont venues extérieurement à lui et ont ratifié cette même offrande.

Aussi nous ne doutons pas que les anges de tous les ordres, à qui Dieu la donna dès lors pour reine, ne soient venus auprès de cette arche de grâce pour admirer toute l'étendue des grandeurs et des perfections de Dieu qui y étaient renfermées. Le berceau de Marie est donc l'école de ces esprits célestes; en un instant, ils apprennent plus par elle de la sagesse et de la perfection de Jésus-Christ qu'ils ne feront par saint Paul pendant toute la vie de cet apôtre.

Les anges étaient là tous en admiration, de voir la sainteté de cette âme et son élévation incompréhensible dans les devoirs qu'elle offrait à Dieu : elle seule lui rendant plus d'honneur qu'ils ne lui en procurent en leurs trois hiérarchies et leur neuf ordres ensemble; ce qui les oblige de la prendre pour leur interprète et pour leur louange. Dès ce moment, tout le ciel est comme abaissé sur la terre.

Si la sainte Vierge réjouit ainsi les hiérarchies célestes, elle remplit de terreur les mauvais anges, tout l'enfer commençant de trembler à l'aspect de cette lumière divine et de cette sainte splendeur. Si une âme de pur amour fait fuir et trembler le démon, que sera-ce de Marie? Elle est terrible elle seule à ces esprits malins, autant que le furent pour eux les légions des bons anges, qui reçurent ordre de les précipiter dans les enfers.

Elle est terrible comme une armée entière, dit l'Église : terribilis ut castrorum acies ordinata; parce qu'elle contient réellement, elle seule, tout l'éclat et toute la splendeur de chacun des particuliers de la milice du ciel; ou plutôt elle inspire plus de terreur encore à l'enfer, ayant reçu de Dieu, elle seule, l'ordre et le commandement d'écraser la tête du démon : Ipsa conteret caput tuum.

Enfin, dans sa conception, elle est un sujet d'allégresse pour les hommes, parce qu'elle peut tout pour la réconciliation des pécheurs. Elle est, en effet, si aimable et si désirable aux yeux de Dieu, que quiconque la connaîtra et invoquera sa puissance, quelque pécheur et maudit qu'il. soit, doit attendre miséricorde. Quand ce serait une âme perdue, comme était Rahab, quand ce serait une idolâtre publique , comme était Babylone , son péché serait oublié.

Il est vrai que la conception de Marie était ignorée des hommes au temps où elle eut lieu. Mais Dieu se réservait de la manifester plus tard à tous les peuples; et de remplir leurs coeurs de sentiments de respect, d'honneur et de reconnaissance pour Marie, dans ce premier instant de sa vie. Il voulait que tous les fidèles, qu'elle offrit alors avec elle, comprissent un jour et conservassent gravée au fond d'eux-mêmes, jusqu'à la fin des temps, l'obligation qu'ils lui avaient pour son amoureuse et maternelle sollicitude, et que ce jour heureux fût à jamais un sujet de joie publique et universelle pour tous les chrétiens.

C'est ce que nous voyons aux anniversaires des deux entrées de la très-sainte Vierge dans le monde, sa sainte Conception et sa Nativité, que l'Église célèbre tous les ans, et qu'elle aime à considérer comme l'aurore du bonheur que l'Incarnation lui a procuré.

L'aurore commençant à paraître dans le monde délivre les hommes des horreurs de la nuit, et leur donne l'espérance certaine de la venue du soleil, dont elle porte les premiers effets. Par sa Conception et sa Nativité, Marie fut donc comme l'aurore de Jésus-Christ; elle annonça la plénitude de sa lumière et notre délivrance des ombres de la mort et du péché.

C'est pourquoi l'Église, qui s'estime heureuse d'avoir été offerte à Dieu par cette divine Vierge, ne se lasse pas, en ces saints jours, de répéter dans ses chants de jubilation ces paroles de louanges, de bénédiction et d'action de grâces : O sainte mère de Dieu, votre Conception ou votre Nativité, le principe de la vie de Jésus-Christ et de tous ses membres, est un sujet de. joie pour tout l'univers; votre Conception est la lumière de toutes les Églises, qui, contenues en vous, ont fait partie de votre offrande et' ont été agréées avec vous du Seigneur. C'est à chacun de ratifier maintenant cette offrande, surtout dans l'anniversaire de ces saints jours, et de se vouer et consacrer à Dieu aussi fidèlement et aussi inviolablement que Marie l'a fait pour elle et pour tous en entrant dans le monde.

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Message par jaimedieu Mer 18 Mar 2015 - 3:09

PRATIQUES. DE M. OLIER POUR HONORER LA CONCEPTION ET LA NATIVITÉ DE MARIE


Me conformant à la pratique de l'Église , qui vénère le saint mystère de l'enfance de Notre-Seigneur pendant six semaines, je prendrai, pour honorer celle de la très-sainte Vierge, tout 1e temps qui sépare sa nativité de sa présentation au temple.

Il est vrai que ce mystère est passé, quant à l'extérieur; mais l'intérieur subsiste toujours : tout ce que Marie a jamais eu de vertus, de grâces, de sentiments de Dieu et e dispositions saintes, étant permanent en elle; en sorte que nous l'y trouvons toujours le même, comme jésus porte toujours dans son intérieur l'esprit et les dispositions intérieures de tous les mystères de sa vie. Pendant cet espace de temps, je rendrai mes hommages à cette bénie enfant.

Je respecterai ce saint tabernacle, cet intérieur caché à la plupart des hommes, quoiqu'il soit mille fois plus cher à Dieu, que ne le furent l'arche d'alliance et le temple de Salomon, qui n'en étaient que des figures mortes et sans vie.

L'esprit de sainte enfance si nécessaire, d'après l'Évangile, pour entrer au. royaume de Dieu, est bien rare dans l'Église. Peut-être cela vient-il du défaut d'amour et de respect envers l'enfance de Jésus et de Marie. C'est une bénédiction non pareille, quand une fois la miséricorde de Dieu nous y applique, et nous y donne une spéciale dévotion. Il me semble que la vie non-seulement d'un homme, mais de tous les chrétiens, serait bien employée dans la vénération du mystère de la nativité de Marie.

Pour moi, j'y consacre la mienne : je m'estimerais heureux que tous mes jours y rendissent un continuel hommage; et je me voue à Dieu pour employer tous mes instants à le faire honorer.

1° Pour entrer dans cette dévotion, vous pourriez avoir chez vous un oratoire, où vous mettriez, non une crèche, comme on fait au temps de la nativité de Notre-Seigneur, mais un petit berceau, dans lequel serait une figure de la très-sainte Vierge, nouvellement née, ayant d'un côté sainte Anne, de l'autre saint Joachim : sa couche serait environnée d'Anges, dans l'expression du, respect, de la joie, de l'admiration: Vous iriez là tous les jours, pendant le temps de ce mystère, rendre vos devoirs à Marie enfant.

Il me semble que c'est une bien douce visite que celle que l'on peut faire en esprit à sainte Anne et à saint Joachim, pour leur demander l'entrée de leur sainte demeure, et l'accès au berceau de leur sainte enfant, dont ils sont les gardiens et les anges visibles. Après les avoir salués par l'oraison composée en leur honneur, on ira se mettre à genoux auprès du berceau; et là , en tout recueillement et piété, on s'unira aux saints anges, pour respecter et louer avec eux les grandeurs inconnues de Marie; et par la foi on se répandra dans l'intérieur de tous ces esprits célestes, afin de prendre part à tous les respects et les sentiments amoureux qu'ils offrent à ce chef - d'oeuvre de l'amour et de la sagesse divine.

2° On remerciera la très-sainte Trinité de tous les bienfaits dont elle a comblé le genre humain, en le tirant du néant, en le rachetant par Jésus-Christ, et en le sanctifiant par son divin Esprit. Surtout, on la bénira d'avoir choisi, de préférence à tant d'autres créatures possibles, la fille de sainte Anne et de saint Joachim, pour être l'épouse bien-aimée ; du Père, la digne mère du Fils, le temple le plus auguste du Saint-Esprit, enfin la mère la plus aimable et la plus miséricordieuse de tous les hommes.

3° Honorant ensuite le saint mystère de la nativité de Marie, on adorera le Saint-Esprit qui porte cette incomparable créature, dès qu'elle commence à faire usage de ses facultés, non-seulement à s'offrir elle-même, pour jamais, à la gloire de Dieu, en tout ce qu'elle est et en tout ce qu'elle pourra faire et souffrir, mais aussi à lui consacrer toute la sainte Église, comme une portion d'elle-même; enfin à ne cesser plus, depuis ce moment, de la lui offrir; cette divine Vierge sanctifiant ainsi incessamment l'Église entière, pour n'être avec elle qu'une même hostie à la gloire de Dieu. En vue de ratifier cette offrande, on s'abandonnera à l'esprit saint de Jésus-Christ, afin qu'en Marie il prenne possession de nous, comme étant quelque chose d'elle-même, et qui lui appartient par un million de titres : lui offrant tout ce que nous sommes, tout ce qui nous appartient ou peut dépendre de nous, comme nos pensées, nos désirs, nos paroles et nos oeuvres; condamnant et détestant, comme indigne d'un enfant dé Dieu, toute notre vie passée, qui n'a pas été employée à son service, et ne voulant plus avoir de vie que pour la lui consacrer entièrement. Nous le supplierons, pour cela, qu'il fasse de nous tel usage qu'il lui plaira, tous les jours de notre vie; qu'il use de telle puissance qu'il voudra sur notre intérieur et sur notre extérieur; qu'il en soit le, seul et unique directeur : nous détachant totalement de nous-mêmes, vivifiant notre esprit de sa foi, notre coeur de sa charité, et toutes nos facultés de sa sainte vertu, pour être d'autres Jésus-Christ en sa mère et par sa mère : étant ravis d'être redevables à Marie de tout ce que nous recevrons de grâces à l'avenir, comme jusqu'ici nous avons tout reçu par elle.

4° On invoquera le même Esprit pour entrer soi-même en participation de la vie et des sentiments de Jésus-Christ répandus en Marie : entre autres, de ce profond anéantissement devant Dieu, dont elle n'est jamais sortie; de sa pénitence intérieure pour tous les hommes, qu'elle n'a jamais interrompue, par l'amour qu'elle portait à Dieu et au genre humain; de son abnégation totale d'elle-même; demandant à Dieu , en la très-sainte Vierge, qu'il lui plaise nous faire la grâce de passer cette journée, et tous les jours de notre vie, dans ces mêmes dispositions et en union parfaite à l'esprit de son fils, pour marcher dans la perfection de ses voies. Nous trouvons tout, en effet, dans le saint mystère de la nativité de Marie: nous y trouvons la force et la puissance que nous pouvons souhaiter dans nos infirmités; la lumière désirable dans nos obscurités et nos erreurs; toute bonté pour nous soulager dans nos misères; toute sainteté pour nous purifier et pour nous guérir de nos mauvaises habitudes. Dans les douces larmes et les cris de Marie enfant, on voit reluire la pénitence dont son âme innocente offre à Dieu les plus purs sentiments en faveur des pécheurs; on voit en elle une modestie religieuse envers Dieu et une occupation intérieure continuelles; et, quoique toute pleine de la sagesse divine, elle garde un silence admirable. On voit en elle la douceur, la pauvreté, la patience; et dans peu on admirera son obéissance à ses parents, et son respect pour Dieu, dans leurs personnes. Enfin, on y peut imiter mille vertus, et en admirer un million d'autres que les anges honorent et admirent continuellement, et auxquels nous pouvons et nous devons nous unir par la foi, pour la glorifier en tout ce que Dieu la fait être, par participation de ses adorables perfections.


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Message par jaimedieu Ven 20 Mar 2015 - 3:54

CHAPITRE III.

PRÉSENTATION ET SÉJOUR DE MARIE AU TEMPLE


L'offrande que Marie avait faite d'elle-même à Dieu, dès le moment de sa conception immaculée, avait été secrète; mais comme la vertu de religion, outre les devoirs intérieurs et cachés, comprend les devoirs extérieurs et publics, Dieu voulut qu'elle renouvelât son offrande dans le temple de Jérusalem, le seul sanctuaire de toute la vraie religion qu'il y eût alors dans le monde. Il lui inspira donc lui-même la pensée d'aller s'offrir à lui dans ce saint lieu. Cette bénie enfant, sanctifiée en sa chair, et toute pénétrée et remplie de la divinité dans son âme, était dirigée en tout par l'Esprit-Saint : ne laissant en elle aucune entrée à la sagesse humaine, elle ne pouvait agir que selon Dieu, qu'en Dieu, pour Dieu, et par la direction même de Dieu.

A peine lui a-t-il imprimé le mouvement de se séparer de la maison de ses parents, qu'elle quitte ce monde grossier et corrompu sans regarder derrière elle. Elle n'examine point si, au service de Dieu, elle aura quelque besoin; si ce grand Dieu lui est suffisant en toutes choses ou non. Elle ne pense point à sa maison, à ses parents : elle s'abandonne toute à lui mec une confiance merveilleuse, sans retour quelconque sur elle, ni sur quoi que ce puisse être.

Possédée de l'Esprit de Dieu, tout-puissant, tout ardent, tout amour, elle est amenée au temple par ce divin Esprit, qui l'élève lui-même au-dessus de son âge et des forces de la nature. Quoique âgée seulement de trois ans, elle monte seule les degrés du temple; et Dieu veut qu'elle marche ainsi seule, sans s'appuyer sur sa mère, pour montrer que l'Esprit divin tout seul la dirigeait; et aussi pour nous apprendre qu'opérant dans nos âmes par sa puissance, il est le vrai supplément de nos infirmités.

Pourtant elle était en la compagnie de sainte Anne sa mère, parce que, si rempli qu'on soit du Saint-Esprit, on doit toujours vivre sous la conduite extérieure de ceux qu'il nous a donnés pour nous tenir sa place, et qui sont les approbateurs de ses voies : lui-même, sous l'extérieur de ces personnes, nous assurant de sa direction.

Séparée ainsi de la maison de ses parents, dans un âge si tendre, cette très-sainte enfant s'abandonne à Dieu, dans un oubli du monde et une mort d'elle-même, une ferveur et un zèle qui ne peuvent être compris. Elle renouvelle ses voeux d'hostie et de servante, avec un amour plus grand encore, plus pur, plus excellent, plus admirable qu'elle ne l'avait fait dans, le temple sacré des entrailles de sainte Anne :cet amour allant toujours croissant de moment à moment, et n'ayant en elle ni interruption ni relâche; ce qui la rendait comme immense.

Toute consumée par cet amour, elle ne veut avoir de vie, de mouvement, de liberté, d'esprit, de corps, rien absolument qu'en Dieu. La donation qu'elle fait d'elle-même est si vive, si ardente et si pressante, que son âme est dans la disposition actuelle et perpétuelle de se livrer sans cesse à Dieu, et d'être toujours de plus en plus à lui, croyant, pour ainsi dire, n'y être jamais assez et voulant y être davantage encore, s'il lui était possible.

Enfin, s'offrant comme une hostie vivante, toute consacrée à Dieu en elle-même et dans tout ce qu'elle serait un jour, elle renouvelle la consécration qu'elle lui avait déjà faite de toute l'Église, dans sa conception; spécialement celle des âmes qui; à son exemple, se consacreraient à son divin service dans tant de saintes communautés. En ce jour, la loi ancienne voit se réaliser quelque chose de ce qu'elle figurait : le temple de Jérusalem voit s'accomplir l'une de ses attentes : il reçoit dans son enceinte l'un des temples dont il était l'image, la très-sainte Vierge Marie, temple vivant de Jésus-Christ, comme Jésus-Christ devait être le temple parfait et véritable de la Divinité.
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Message par jaimedieu Lun 23 Mar 2015 - 2:47

La religion envers Dieu et envers Jésus-Christ étant toute l'occupation intérieure de son coeur en terre, Marie ne pouvait, avant la venue du Sauveur, vivre ailleurs que dans le temple que Dieu avait choisi, entre tous les autres lieux, pour se faire voir, adorer et contempler avec Jésus-Christ, son Fils. Donc, après avoir appliqué les trois premières années de sa vie aux devoirs de la religion envers la très-sainte Trinité, et à honorer tous ses desseins sur l'Église, Dieu veut l'appliquer plus particulièrement dans le temple à rendre aux mystères de Jésus-Christ, figurés dans toute la loi et les sacrifices, l'honneur qui lui était dû, et que personne ne leur avait rendu jusqu'alors.

À peine est-elle en état de marcher et d'user de la vie, il la conduit dans ce temple, non pour être sanctifiée par ce lieu, mais pour le sanctifier lui-même. Il la conduit pour qu'elle serve avec les prêtres aux sacrifices de la loi., et qu'elle supplée à l'imperfection de leur culte. Car c'est pour l'exercice parfait de la religion qu'il l'y conduit.

Pour mieux apprécier ce dessein, il est nécessaire de considérer ici les motifs qui avaient dirigé la sagesse divine dans l'institution des anciens sacrifices. Après le péché, les hommes ne pouvaient arriver au salut que par le sacrifice sanglant de Jésus- Christ sur la croix; et pour qu'ils pussent jouir, en partie par avance, des fruits de cet auguste sacrifice, ils avaient quatre devoirs de religion à remplir envers Jésus-Christ. Ils devaient :
1° l'avoir présent à l'esprit, et mettre en lui seul leur confiance;
2° présenter déjà à Dieu, pour l'expiation de leurs péchés, le sacrifice qu'il offrirait un jour de sa propre personne;
3° unir le sacrifice d'eux-mêmes à celui de Jésus-Christ, et vivre en esprit de victimes, toujours prêts à être immolés;
4° enfin désirer sa venue en terre et l'appeler par leurs voeux. C'est ainsi qu'Adam, Abel, Hénoch, Noé et les autres justes de la loi de nature et de la loi écrite, reçurent miséricorde en vue de Jésus-Christ. Mais comme les peuples sont aveugles aux mystères de Dieu, et oublieux de leurs devoirs, s'ils ne sont aidés par des signes extérieurs et sensibles, Dieu, par une invention amoureuse de sa sagesse, avait ordonné aux Hébreux de lui offrir des sacrifices matériels comme autant d'images et de figures extérieures, très-propres à leur mettre sous les yeux la victime adorable qu'ils devaient avoir sans cesse présente à leur esprit.

Ces offrandes et ces sacrifices ne purifiaient les âmes que quand on les regardait comme figures du Sauveur, et qu'on offrait à Dieu son Fils sous ces images; car, dans l'ancienne loi, tout ce qui n'était pas accompagné de la foi implicitement en Jésus-Christ était vain et inutile.

Les prêtres surtout, comme chargés de l'exercice public de la religion, devaient être remplis de foi. Dieu voulait être adouci et apaisé par ces offrandes et ces hosties, qui, devant ses yeux , tenaient la place de Jésus-Christ. Mais sur la fin de la loi mosaïque, et au temps où la très sainte Vierge fut donnée au monde, les prêtres d'Aaron, ignorants et vicieux, n'accomplissaient plus leur ministère dans cet esprit. Bien plus, le culte tout matériel qu'ils lui offraient était corrompu par l'avarice et l'intérêt sordide, tel que l'avait été celui de l'impie Caïn , figure du peuple juif. Ne craignant de déplaire qu'aux hommes, les prêtres d'Aaron n'avaient que les dehors de la justice : ils étaient souillés au dedans de toute sorte de crimes abominables, semblables à des sépulcres blanchis, tout pleins d'ossements et d'ordures.

D'ailleurs, quand ils auraient offert leurs sacrifices en esprit de foi, ils n'auraient pas su adorer le Sauveur dans toutes les figures qui le représentaient et dont la multitude était presque infinie, faute de lumières pour l'y découvrir. Personne alors n'y avait vu encore dans toute son étendue le mystère de Jésus-Christ qu'elles exprimaient, et personne aussi ne lui avait rendu par avance tous les devoirs que méritait sa grandeur La très-sainte Vierge seule était capable de rendre ces devoirs, parce que, seule, elle avait reçu en plénitude la science des mystères du Fils de Dieu.

Dans toutes ces ombres, si différentes et si multipliées, dans les cérémonies, les sacrifices, le temple, dans l'histoire même du peuple de Dieu, elle le voyait représenté nettement et universellement, tant à cause de l'éminence de sa foi qu'elle avait reçue plus grande que le reste de tous les saints de l'ancien Testament, qu'à cause des privilèges attachés à sa dignité auguste de mère de Jésus-Christ. Les figures de la loi devaient, en effet, être découvertes à Marie, qui appartenait de si près au Fils de Dieu, et qui devait être présente à tous ses mystères. D'ailleurs Dieu, qui lui avait donné toutes les grâces et tous les privilèges possibles, l'avait gratifiée de celui-là, afin qu'adorant et honorant le Verbe incarné universellement sous tous ses symboles, elle fût le digne supplément des prêtres et de toute la loi, et la parfaite adoratrice de Jésus-Christ.

Voyant donc que ses pères avaient manqué à honorer et à glorifier la majesté du Verbe incarné, objet de leur religion, Marie veut suppléer à leur devoir par charité fraternelle aussi bien que par religion envers Dieu. Plus éclairée que tous les prêtres, et ayant autant de lumières de l'esprit de Dieu que ceux-ci en avaient de celui de la chair, elle voyait, adorait et contemplait Jésus-Christ dans toutes ses figures. Après avoir vu tant de fois cette beauté adorable représentée à son esprit, par sa présence , intérieure, elle la reconnaissait dépeinte grossièrement dans ces images sensibles.

Elle était comme environnée de Jésus-Christ; elle le voyait partout, et, dans un sens, elle était la plénitude de la loi, faisant sur le déclin de cette loi ce qui ne s'était point fait encore avec perfection depuis son institution primitive.

Pour offrir utilement leurs sacrifices à Dieu, les prêtres étaient obligés de les unir en esprit à celui de Jésus-Christ, et Marie était encore en cela leur digne supplément. Sachant que le Sauveur devait venir, et que, semblable à une brebis muette ou à un agneau qu'on égorge, il souffrirait avec patience, douceur et amour son immolation et sa mort, Marie, à la vue des hosties du temple, soupirait après la venue de la victime annoncée par les prophètes, dont la mort devait sauver tout le monde, et qui devait être à la fois le prêtre, la victime et le temple de son propre sacrifice. Elle faisait déjà, sans le savoir, les fonctions saintes du sacerdoce qu'elle aurait à exercer sur le Calvaire : et offrant à Dieu par les mains des prêtres les victimes de la loi, elle lui présentait le sacrifice de son divin Fils.

Dieu exigeait, dans la loi, que celui qui offrait une victime s'offrît lui-même en esprit avec elle; ou plutôt qu'il unît le sacrifice de soi-même à celui de Jésus-Christ, et qu'il sacrifiât avec lui tout le reste dal monde. C'est ce que faisait excellemment la très-sainte Vierge.

Elle vivait comme une hostie, prête à être immolée à tout moment, ne voyant jamais de victime égorgée qu'elle ne s'unît intérieurement à Jésus-Christ et ne soupirât d'être immolée avec lui à la gloire de Dieu le Père. Elle passa ainsi son enfance dans le temple, adorant incessamment Jésus-Christ sous la figure de toutes les victimes, ayant jour et nuit devant les yeux celui qui était l'objet de ses désirs, unissant sans cesse son propre sacrifice à celui du Sauveur, sans être jamais distraite de cette application par les occupations extérieures auxquelles elle vaquait.

Enfin la loi appelait le Messie; elle criait et soupirait après lui. C'est encore ce que la très-sainte Vierge a fait dans le temple avec bien plus de force et de vertu que n'avaient pu faire tous les patriarches et tous les prophètes; et cela à cause de sa sainteté incomparable, de ses qualités augustes, de l'ardeur de sa charité pour les hommes, enfin de son amour très-ardent et très-véhément pour le Verbe incarné, dont elle contemplait déjà intérieurement les ravissantes beautés.

A ce spectacle, Marie était dans des attentes très grandes et des désirs très-violents de voir le Verbe s'incarner réellement, et s'unir à la nature humaine et à l'Église. Elle soupirait alors ces cantiques d'amour, que nul ne peut encore concevoir si la majesté de Dieu ne daigne les manifester. Ce sont les Cantiques des cantiques. Ils expriment les sentiments de l'âme de la très-sainte Vierge, s'adressant, au nom de l'Église future ou de la gentilité, au Verbe incarné, promis au monde sous l'image d'un époux, et les sentiments du Verbe incarné s'adressant à Marie ou à l'Église.

Car le Cantique des cantiques est proprement le colloque de Jésus-Christ avec l'Église dans la personne de Marie. Immédiatement après le péché, en promettant son Fils à la nature humaine dans la personne d'Adam et d'Ève, Dieu le Père le lui avait comme fiancé dans le paradis terrestre.. Il différa néanmoins les noces, c'est-à-dire l'Incarnation, afin que dans l'intervalle l'épouse conçût des sentiments d'affection pour l'époux, qu'elle n'aimait point encore. Mais au lieu de soupirer après lui, elle l'oublia bientôt, et enfin, devenant idolâtre, elle fit alliance avec le démon et s'abandonna à lui, Ce maudit singe du Verbe incarné, se faisait offrir des sacrifices et traiter de Dieu; il avait même ses oracles, comme Dieu prenait plaisir à rendre les siens, et il tenait le genre humain dans le plus affreux esclavage. Lorsque la très-sainte Vierge parut au monde, c'était le temps des plus grands dérèglements de la gentilité. Il n'y avait plus de religion que dans ce petit coin de la Judée; hors de là, plus de vraie connaissance de Dieu; tout était plein d'abominations : et si la gentilité pouvait comprendre le besoin qu'elle avait d'un Rédempteur, c'était par l’excès même de la dégradation où elle était réduite, malgré les arts et les sciences qui brillèrent alors de leur plus grand éclat.

Dans cet état, incapable d'appeler le Sauveur par ses voeux, l’Église future a trouvé son supplément auprès de lui, dans la charité de Marie, qui était la partie la plus parfaite de cette même Église, ou plutôt qui la comprenait tout entière en sa personne, la Synagogue aussi bien que la gentilité. Dans son séjour au temple, elle était sans doute bien éloignée de penser que le mystère de l'Incarnation dût s'opérer en elle, et qu'elle fût le sujet où s'accomplirait cette promesse de l'union du Verbe avec l'Église : Ils seront deux dans une seule chair. Néanmoins, voyant par avance que, comme membre de l'Église, elle devait être épouse du Verbe incarné, elle soupirait après sa venue. Elle éprouvait ces amours si violents, qui blessent l'âme et l'obligent à se plaindre; ces amours si impatients exprimés dans le Cantique des cantiques, et que la gentilité aussi bien que la Synagogue aurait dû ressentir à l'approche des noces qui lui étaient promises avec le Verbe incarné.


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Message par jaimedieu Lun 23 Mar 2015 - 2:53

Le considérant dans l'état de ses grandeurs divines, Marie s'écrie donc, au nom de toute l'Église : « Que le Verbe divin, mon époux bien-aimé, cet époux si beau, si adorable, veuille me donner un baiser de sa bouche, en s'unissant à moi. O mon unique, mon bien-aimé, que les délices du paradis et les caresses divines sont bien plus douces que les plaisirs du monde et les satisfactions de la chair ! Tout ce que les parfums ont d'agréable, tout ce que le nectar a de doux n'est pas à comparer avec les douceurs et les plaisirs que je ressens à contempler votre beauté et à goûter votre sagesse. Votre nom seul m'embaume et votre souvenir me ravit: tout le monde est transporté à la pensée de votre personne. O Verbe divin attirez-moi après vous; que je ne vous abandonne point, même en voire retraite au ciel! Oh ! qu'aisément et que doucement nous vous suivrons partout où vous irez parler de Dieu, partout où vous irez répandre les parfums de votre sagesse.

Enfin après avoir longtemps gémi et soupiré, en demandant qu'il plût à votre amour de me conduire dans la douceur de votre jouissance et de votre union, que ne vous plaît-il de me découvrir votre beauté? Enfin, ô mon amour, c'est à ce coup que j'ai vu tous vos trésors de richesses immenses; j'ai goûté l'abondance infinie de vos douceurs; j'ai savouré le bonheur de l'union de votre sainte personne.

La grâce, ô mon Sauveur, est si grande, et la faveur si abondante, que le seul souvenir m'en réjouira pour jamais; le souvenir de ces deux mamelles divines, les lumières et les suavités qui nourrissent les deux parties de l'âme; l'entendement et la volonté. Seigneur, tous ceux qui veulent aller droit à Dieu et à la vérité, tous ceux qui désirent marcher dans la justice sont forcés de vous aimer. Il n'y a que les mondains et ceux qui suivent l'injustice qui ne vous goûtent pas.

Seigneur, mon maître, quand je vous vois auprès de moi, je me trouve si noire que je n'ose penser à m'approcher de vous; mais, toutefois, je n'ai rien dans mon coeur qui s'oppose à votre beauté, qui contredise votre grâce. Je suis semblable à ces lieux où repose Salomon, qui n'ont rien de beau près de lui, et qui pourtant reçoivent leur beauté de son lustre. Filles de Jérusalem, imitez-moi, et vous aurez part à ses bonnes grâces; séparez-vous de tout péché, et vous serez aimées de lui. »

Ainsi occupée dans son séjour au temple à considérer les mystères du Fils de Dieu, Marie priait pour tous les hommes et s'acquittait de tous les devoirs de l'Église. Voyant les ravages du péché qui abîmait le monde, affligée de tant de crimes et de désordres dont la terre était remplie, elle souhaitait incessamment l'arrivée du Messie.

RÉFLEXIONS PRATIQUES.

En célébrant chaque année la fête de la Présentation, l'Église renouvelle la consécration qui fut faite d'elle-même à Dieu, à pareil jour, par Marie dans le temple de Jérusalem; elle demande par l'intercession puissante de cette divine Vierge d'avoir le bonheur d'être également présentée un jour par elle dans le temple de la gloire, qui est le ciel.

C'est ce qui arrivera lorsque, après la résurrection, tous les fidèles qui auront participé sur la terre à l'état de victime de Jésus-Christ, s'élèveront avec lui dans les cieux pour ne former qu'une seule hostie de louange à la gloire de la très-sainte Trinité. Vous mériterez ce bonheur, si vous entrez avec une bonne volonté dans les sentiments exprimés par les victimes du temple, qui étaient des figures non-seulement du sacrifice sanglant de Notre-Seigneur, mais encore du sacrifice intérieur de tous ses membres, qui sont les chrétiens.

Les victimes qu'on amenait dans ce saint lieu, étant encore profanes comme faisant partie du monde, assujetti au démon par le péché, étaient d'abord séparées du siècle par une cérémonie religieuse, appelée l'oblation, qui les appropriait à Dieu et les consacrait à son culte. Dès ce moment, elles étaient censées n'avoir plus de vie que pour Dieu; et, en attendant le jour de leur immolation, elles étaient gardées dans le temple. Si on les nourrissait encore, c'était non pas en vue de les fortifier pour le travail, mais seulement de conserver leur vie jusqu'au temps du sacrifice.

Il n'était plus permis de les faire travailler, de s'en servir pour labourer la terre ou pour quelque autre usage profane; et l'on n'aurait pu, sans sacrilège, employer la toison des agneaux aux besoins des hommes, les hosties, par leur oblation, étant rendues entièrement propres à Dieu seul. Cela figurait les dispositions de dévouement total à Dieu, que la très-sainte Vierge possédait en éminence, et qu'elle a offertes pour vous en vous consacrant avec elle à Dieu dans sa sainte Présentation: dispositions dans lesquelles vous devez vous renouveler aujourd'hui, et que demande d'ailleurs dans les vrais chrétiens leur consécration ou leur oblation à Dieu par le saint baptême.

C'est pourquoi l'Église veut que les personnes qui entrent dans quelque société religieuse, pour y remplir avec plus de facilité et de perfection cette obligation commune, portent un habit particulier, qui; les séparant extérieurement du siècle, leur rappelle sans cesse qu'elles, sont toutes consacrées à Dieu, comme autant de saintes victimes.

Depuis votre baptême, votre vie et vos sens sont consacrés à Dieu. Vous en profaneriez l'usage, si vous vous en serviez pour plaire aux créatures, pour vous attirer leur estime ou leur affection. Pour répondre à votre vocation, vous ne devez plus user de la vue, de l'ouïe, du toucher, de l'odorat, du goût que pour Dieu ou conformément aux intentions de Dieu, sans jamais chercher à satisfaire votre sensualité, ce qui serait un acheminement au péché. Pour agir dans cet esprit, renoncez à toute complaisance naturelle au commencement de vos actions : par exemple, en buvant, en mangeant, renoncez à tout le plaisir qui s'y rencontre ordinairement; en vous habillant, renoncez à tout désir de paraître; en étudiant, renoncez à toute curiosité; en conversant, renoncez à tout désir d'être aimé ou de plaire; en priant, renoncez à votre propre satisfaction et à tous vos goûts; en communiant, renoncez à toute recherche de consolations sensibles; dans l'exercice de la vertu, renoncez à toute complaisance en votre propre perfection. Enfin renoncez au soin trop empressé de votre corps, à l'amour inquiet de votre santé, à l'attache à la vie.

C'est dans cet esprit que la très-sainte Vierge a vécu; et c'est ce même esprit qu'elle a demandé pour vous à Dieu, dans sa présentation au Temple, offrant ses propres dispositions, pour qu'elles servissent de supplément aux vôtres. Donc, afin de renouveler aujourd'hui la consécration qu'elle a faite alors de vous-même, offrez à Dieu avec foi ces dispositions très-saintes, qui sont toujours vivantes dans l'âme de Marie, par l'opération du Saint-Esprit en elle.

Elle vous les abandonne avec amour, comme un bien qu'elle a acquis pour vous; proposez-vous de vivre désormais en union avec elle, comme une parfaite hostie, entièrement et universellement consacrée à Dieu seul. Voilà ce que demande de vous l'oblation, qui est, la première partie de votre sacrifice.

Après qu'on avait égorgé les victimes, et qu'on en avait répandu tout le sang, on les plaçait sur l'autel, où elles étaient consumées par le feu des sacrifices, figure de Dieu lui-même. Ce feu sacré, en s'attachant à la victime et en la consumant, semblait la transformer en lui, la faire passer dans sa propre nature et l'élever au ciel. Mais n'oubliez pas que la vie qu'elle avait perdue par l'effusion de tout son sang, était la figure de la vie du vieil homme, qui ne peut entrer au ciel, et qui doit périr en vous, par le glaive de la mortification intérieure : car vous n'arriverez jamais à la parfaite union avec Dieu par son saint amour, que vous n'ayez été ainsi immolé.

Proposez-vous donc de recevoir avec soumission d'esprit et de coeur tous les coups que l'amour divin voudra bien porter à sa victime, quels que soient les instruments dont il se serve pour l'immoler.

Il avait ordonné que, dans certains sacrifices de l'ancienne Loi, on mit la victime en pièces; qu'on en séparât la graisse, les intestins, qu'on en coupât les pieds, la tête,. l'épaule droite, sans excepter même de ce carnage les colombes qu'on lui offrait. C'était une figure grossière de l'immolation spirituelle des chrétiens, qui doivent vivre dans le monde comme des victimes destinées au sacrifice de tout elles-mêmes.

Pour entrer dans ces dispositions, unissez sans cesse votre sacrifice à celui de Jésus-Christ. Marie dans le temple ne le perdait jamais de vue, elle l'avait toujours présent; elle savait que si les hosties matérielles qu'elle voyait offrir avaient devant Dieu une si grande valeur, c'était uniquement à cause de Jésus-Christ, l'hostie par excellence: que ce soit aussi votre occupation habituelle dans l'oblation de votre sacrifice intérieur. Vous aurez chaque jour, et à chaque heure du jour, à faire à Dieu quelque offrande de vos goûts, de vos inclinations, de votre délicatesse, de votre amour-propre, de votre susceptibilité, de votre volonté, de votre jugement : unissez-vous alors, par Marie, à Jésus, et ce que l'immolation pourrait avoir pour vous d'amertume se changera en douceur; du moins l'amertume que vous ressentirez sera tempérée par la suavité de l'onction intérieure que cette union répandra dans votre coeur.

Marie dans le temple adorait sans cesse Jésus-Christ, qui devait être immolé pour vous. Le sacrifice a été offert, et cette même victime est toujours dans son état d'immolation au très-saint Sacrement pensez fréquemment à elle, adorez-la, unissez-vous à elle, et offrez-lui tout ce que vous êtes, et tout ce qui est à vous. Dans le temple, Marie l'appelait par des voeux continuels, par des désirs si ardents, si puissants, que le Verbe de Dieu, touché et attiré par de si vives instances, se communiquait à elle spirituellement, avant qu'elle le possédât corporellement par l'Incarnation. Jésus vous offre une semblable faveur, et si vous l'appelez à vous avec une foi vive et une charité ardente, vous pouvez recevoir, en proportion de l'ardeur de vos désirs, les mêmes effets que vous recevriez de sa part dans la sainte eucharistie.

Les communions spirituelles vous serviront d'ailleurs d'une très-digne préparation pour la communion sacramentelle. Que l'attente du divin Époux, qui veut se donner à vous si fréquemment dans le banquet eucharistique, ranime donc votre ferveur, et vous fasse soupirer après lui, ou plutôt qu'elle vous porte à recourir à Marie, votre supplément auprès de son fils. Offrez à Jésus les sentiments si parfaits, les désirs si purs, les voeux si ardents dont elle était embrasée dans son séjour au Temple. Vous ne pouvez vous disposer plus dignement à la sainte communion qu'en puisant dans le coeur de celle que l'Église appelle par excellence le vase insigne de la dévotion.

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Message par jaimedieu Dim 29 Mar 2015 - 4:16

CHAPITRE IV. MARIAGE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE AVEC SAINT JOSEPH ET MYSTÈRE DE L’ANNONCIATION

Le Fils de Dieu, en se faisant homme par (Incarnation, devait être saint dans sa chair, afin qu'il fût une victime digne d'être agréée de son Père. Sa chair, par conséquent, devait être formée d'un sang très-pur, très-chaste, très-saint, et conçue, non par la voie commune et ordinaire, qui à moins d'un privilège transmet le péché avec la substance; mais par l'opération de l'Esprit de Dieu, qui ne peut contribuer au péché ni le communiquer. Enfin sa très-sainte Mère devait le concevoir et l'engendrer sans souffrir de déchet dans sa pureté virginale, comme le cristal qui reçoit et renvoie hors de lui les rayons du soleil, sans rien perdre de son lustre, et qui n'en brille, au contraire, qu'avec plus d'éclat.

Toutefois il convenait de cacher le mystère de l'Incarnation aux Juifs, qui n'auraient point immolé le Fils de Dieu s'ils l'eussent connu clairement. D'ailleurs il était de la sagesse divine de mettre la fécondité et la grossesse de Marie à couvert de la témérité des hommes, qui en eussent jugé indiscrètement, dans l'ignorance où ils devaient être de ce mystère, jusqu'au moment marqué par la divine Providence pour le manifester au monde. Dieu donna donc à la très-sainte Vierge saint Joseph pour époux, afin qu'il lui servît comme d'ombre et de manteau.

Saint Joseph est pour la très- sainte Vierge une image de la pureté du Père éternel. Étant donné pour être le gardien, la sûreté et la protection de cette divine Vierge, la créature la plus sainte et la plus précieuse qui dût exister après la sainte humanité du Sauveur, on ne saurait exprimer quel était son respect pour elle. Il vit même séparé des biens de la terre et de toute créature; et l'Évangile nous le donne à contempler comme rempli d'une sainteté incomparable, en disant de lui qu'il était juste, c'est-à-dire saint. Sans doute, c'était un port extérieur grave et modeste; c'était une composition admirable, une décence non pareille, à cause de celui dont il était l'image vivante. Quelle sagesse! quelle force ! quelle prudence ! quelle simplicité! Je ne crois pas que jamais il y eut rien de pareil au monde.

Si Dieu le Père a pris ce saint pour donner l'idée de ses perfections, s'il a rendu visible en lui ce qui était caché en son essence de toute éternité, s'il l'a choisi pour en faire l'image de sa sainteté, quelle idée doit-on se former de saint Joseph? Dieu lui donne avec abondance son esprit de Père; il exprime sensiblement en lui toutes ses perfections divines, sa sagesse, sa prudence, son amour, sa miséricorde; il en fait le caractère de toutes ses beautés. Enfin , comme Dieu le Père est invisible en sa personne, et même incompréhensible dans son être et dans ses productions, il l'a rendu comme invisible et caché à nos esprits, et, à mon sens, hors d'état d’être compris par les hommes.

Saint Luc, qui a décrit soigneusement la nativité de Notre-Seigneur, et qui témoigne être plus instruit de sa génération temporelle que tout autre évangéliste, nous apprend que le Père éternel envoie un ange à la très-sainte Vierge pour avoir son consentement exprès , et pour être le médiateur de son alliance avec elle. Le nom même de cet .ange, appelé Gabriel, qui signifie homme de Dieu, exprimait l'objet de ce passage célèbre, c'est-à-dire que le Fils de Dieu venait en terre. Quelle n'est pas déjà la grandeur de Marie, qui a pour ministre et pour serviteur l'un de ces premiers anges qui, au rapport de l'Écriture, sont au nombre de sept, toujours debout devant la divine Majesté? Incomparables esprits, sublimes intelligences, qui, n'ayant pour supérieur que Dieu même, ne peuvent être envoyés que par lui: au lieu que les autres sont envoyés par les anges qui sont au-dessus d'eux.

C'est l'un de ces esprits éminents qui est envoyé comme serviteur à Marie, encore trop heureux de (aborder et de la saluer. O bienheureux ange de Dieu choisi du milieu de tous les esprits célestes pour être le dépositaire des secrets de Dieu le Père, L'ambassadeur de son amour, le médiateur de sa divine alliance, le spectateur de ses délices !

Dieu s'explique à saint Gabriel de deux secrets adorables qui ont de quoi ravir un million créatures en admiration : d'abord de son amour immense pour tout le genre humain, qu'il veut sauver et délivrer de la mort éternelle, par l'incarnation et par la mort sanglante de son propre Fils; et ensuite de l'amour qu'il a pour la très-sainte Vierge, l'ayant choisie afin de faire naître d'elle et de sa sainte substance ce même Fils en la vertu de son Saint-Esprit.

Mais, sachant quelles difficultés l'esprit de Marie trouverait à cette proposition il lui fait porter par saint Gabriel les paroles les plus puissantes et les plus efficaces pour les lever. Le premier de ces empêchements était sa profonde humilité, que Dieu voulait ménager en lui faisant une proposition si magnifique. Cette parfaite humilité découvrait à Marie, et mettait à nu devant ses yeux sa bassesse et sa vileté.

Elle la tenait en esprit aux pieds de toutes les créatures, comme un néant, indigne de tout , infiniment distante de Dieu , aussi basse et aussi vile que Dieu est grand en lui-même. Pour lever cet obstacle, sans donner à Marie aucune occasion de retour et d'estime d'elle-même , Dieu la fait saluer ainsi par l'Ange en l'abordant : Je vous salue, pleine de grâce; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes.
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Message par jaimedieu Dim 29 Mar 2015 - 4:19

En la saluant de la sorte, saint Gabriel révère en elle des prodiges de grâce qu'il ne peut concevoir; il admire cette plénitude, qui contient tout ce qui est répandu dans les ordres de tous les anges, et ce qui sera distribué un jour entre tous les saints; Marie les surpassant d'autant que sa dignité de Mère de Dieu surpasse celle des serviteurs et des ministres. Je vous salue, pleine de grâce, lui dit-il : parole inspirée par la divine sagesse.

Il ne l'appelle pas pleine de mérite: la créature y pourrait avoir quelque part; il lui dit qu'elle est pleine de grâce, c'est-à-dire des dons de Dieu, pleine de sa charité, de sa miséricorde; ce qui dans une créature innocente ne pouvait donner lieu à aucune estime de soi-même, la grâce étant un don où la créature n'a point de part, et venant de Dieu seul, qui en est le distributeur et le père.

Aussi ces paroles, loin d'exposer l'humilité de Marie, lui fournissent l'occasion de s'humilier de plat en plus. Elle ne peut les souffrir sans trouble; elle est comme honteuse de se voir honorée par un envoyé céleste : Ayant entendu l'Ange, elle fut troublée de ses paroles, et pensait en elle-même quelle pouvait être cette salutation. Le sujet de l'humiliation de Marie, conçue dans l'innocence, ne pouvait être que la vue de son néant.

Ce qui la tenait humiliée, c'était de voir qu'elle n'était rien par elle-même, qu'elle n'avait rien de soi; que tout ce qui était en elle appartenait à Dieu, qu'il en méritait seul l'honneur et la louange, et qu'il pouvait lui ôter tout en un moment, comme en un instant il lui avait tout donné.

Marie, continue l'Ange, ne craignez point, car vous avez trouvé grâce devant Dieu; voilà que vous concevrez et enfanterez un fils, à qui vous donnerez le nom de Jésus, parce qu'il sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés. Il sera grand et le Fils du Très-Haut : le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera éternellement sur la maison de Jacob; et son règne n'aura point de fin.

Cette déclaration lui suggérait les motifs les plus forts de consentir à la naissance de Jésus-Christ. Rien ne pouvait toucher son coeur comme la proposition qui lui était faite, de procurer par là l'accomplissement des desseins de Dieu, la gloire du Fils, le salut des hommes.

La seconde difficulté était tirée de la virginité de Marie. Comment cela se fera-t-il, dit-elle à l'Ange, car je ne connais point d'homme : c'est-à-dire j'ai fait voeu de virginité. Elle ne voyait pas avec le seul secours de la grâce ordinaire, ou plutôt elle ignorait pleinement qu'elle concevrait sans avoir connaissance d'un homme. Dieu voulut qu'elle fût privée de la vue nette et claire qu'elle aurait pu avoir de ce mystère, afin de l'obliger à s'abandonner parfaitement à lui, en toute foi et confiance, sans discuter, et sans prendre tous les éclaircissements qu'un esprit moins soumis et plus curieux aurait pu désirer.

Dieu répond donc ainsi par son ambassadeur à cette seconde difficulté: Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous ombragera ; c'est pourquoi le saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu.

L'Esprit-Saint était déjà venu en Marie, au moment de sa conception. Il l'avait préservée du crime d'origine, et sanctifiée de la manière la plus parfaite qu'une âme sainte le pouvait être. Étant destinée pour la maternité divine, elle était dés lors pleine de grâce, et était même remplie de la perfection nécessaire à la fécondité divine. Néanmoins il lui fallait un surcroît de dons magnifiques pour soutenir la dignité d'Épouse du Père éternel et de Mère de son Fils.

C'est pourquoi l'Ange lui dit que le Saint-Esprit surviendra en elle, c'est-à-dire qu'il viendra en elle une seconde fois pour verser dans son âme une nouvelle plénitude de dons, d'ornements précieux et de grâces divines qui la rendront digne de ces augustes titres d'Épouse et de Mère de Dieu. D'où vient que l'Ange prononce ces dernières paroles : le Saint-Esprit surviendra en vous, après l'avoir glorifiée au sujet de la première plénitude de sa grâce : Ave, gratia plena. La vertu du Très-Haut vous ombragera, ajoute-t-il, c'est-à-dire la vertu la plus sublime de Dieu vous rendra féconde, et ce qui naîtra de vous sera saint, saint de la sainteté du Père et de celle du Saint-Esprit qui surviendra en vous. Rien n'est impossible à Dieu.

La sainte Vierge prononce alors, de toute l'étendue de son coeur, ces paroles ineffables: Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum. Voici la servante du Seigneur; qu'il fasse de moi ce qu'il voudra, selon le pouvoir absolu et la pleine puissance que le souverain de l'univers doit avoir sur sa pauvre et chétive créature.

On voit par là trois vertus éminentes et profondes dans la très-sainte Vierge: son humilité, sa chasteté, et, par-dessus tout, son abandon parfait entre les mains de Dieu, pour être et devenir ce qu'il désire : se confiant en lui pour toute sa conduite, et soumettant sa raison et sa sagesse particulière à l'éminence de la sagesse et de la sainteté de Dieu.

De son côté Dieu, faisant dépendre le mystère de l'Incarnation du consentement de Marie, l'établit la médiatrice du don sacré qu'il va faire au monde; il la rend dépositaire du trésor de notre rédemption, et il apprend à toute l'Église à aller à Marie, comme au tabernacle et au sanctuaire où habite et repose l'objet de ses délices et de ses complaisances.

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Message par jaimedieu Dim 29 Mar 2015 - 4:24

RÉFLEXIONS PRATIQUES. L'ANGELUS.

Le divin mystère de l'Incarnation, ainsi qu'on vient de le voir, contient en abrégé toute la religion chrétienne. Les trois adorables personnes de la très-sainte Trinité s'y rencontrent, comme le terme et la fin dernière de toute religion; Jésus-Christ y est présent, rendant en notre nom tous les hommages dus à la Divinité; la très-sainte Vierge, sa Mère, s'y trouve aussi, comme le temple le plus saint, le plus aimable qu'il puisse avoir au monde. Pour louer Dieu dans ses grandeurs, nous avons recours à Jésus-Christ, le médiateur de nos louanges; et pour glorifier Jésus-Christ, nous avons besoin de la très-sainte Vierge, qui seule est digne de le glorifier parfaitement.

Mais en sa qualité de Mère de Dieu, elle mérite elle-même nos respects et nos hommages; et à son égard nous avons encore besoin de supplément, n'étant pas dignes de lui rendre par nous-mêmes les devoirs qui lui sont dus. C'est donc une dévotion très-juste et très-utile de s'unir à saint Gabriel, et en lui à tous les saints anges, pour l'honorer dignement. Dieu lui- même s'est servi de ce saint Archange comme d'un ministre en rapport avec la grandeur de la très-sainte Vierge et avec les devoirs qu'il lui faisait rendre.

Saint Gabriel a été témoin des prodiges que Dieu a opérés en elle; il a connu par son expérience tout ce qu'elle mérite d'honneur et de respect; nous devons donc être soigneux d'entrer dans sa dévotion et sa religion envers elle, et le considérer, ainsi que tous les autres anges, comme les ministres de cette auguste Reine, auxquels les hommes doivent s'unir pour l'honorer, pour la louer et la servir.

L'Église elle-même nous propose un moyen facile de remplir tous ces devoirs de religion, dans la dévotion connue sous le nom de l'Angelus. Le but de cette pratique est, en effet, de glorifier la très-sainte Trinité, pour le bienfait ineffable de l'Incarnation , d'honorer Jésus-Christ, et de rendre aussi nos devoirs à la bienheureuse Vierge, sa mère. D'abord l'Église sonne l'Angelus trois fois le jour, le matin , à midi et le soir; et trois coups à chaque fois, afin de nous rappeler, par ce signal mystérieux, que toute sa dévotion envers Jésus-Christ est rapportée par lui à la gloire et à l'honneur des trois personnes divines.

Elle nous fait connaître par là qu'elle n'annonce autre chose que l'amour et la gloire de cette Trinité adorable; dont Jésus-Christ est la louange, et à laquelle il nous a tous dédiés et consacrés par le baptême. L'Église n'ignore point que les fidèles ne sont pas dignes d'honorer les mystères de Jésus-Christ, que même ils ne les connaissent guère; elle sait bien que la très-sainte Vierge les a mieux connus et honorés que personne; qu'elle a le plus participé à leurs dons et à leurs grâces.

C'est pourquoi, dans la dévotion de l'Angelus, elle nous fait réciter trois fois l'Ave Maria, nous invitant ainsi à nous unir à Marie, afin que par cette parfaite adoratrice de Jésus-Christ, nous lui rendions les honneurs et les hommages qui lui sont dus dans ses mystères, et que dans cette union nous participions aux dons et aux grâces de ces mêmes mystères. Enfin, pour respecter et pour honorer la gloire et la grandeur de la très-sainte Vierge elle-même, l'Église dans la dévotion de l'Angelus nous remet devant les yeux le message de l'Ange, et nous fait même répéter les paroles de louange qu'il lui adressa, afin de nous avertir d'approcher d'elle dans les mêmes dispositions avec lesquelles en approcha saint Gabriel, député du Père éternel, et rempli de son saint amour envers elle.

Voici donc dans quels sentiments il convient de réciter l'Angelus :

1° En prononçant ces paroles : L'Ange du Seigneur annonça à Marie, etc., il est bon d'honorer l'excellence de saint Gabriel, qui avait en soi quelque chose de grand et de bien auguste, puisqu'il a été choisi, du milieu de tous ses frères, pour être l'ambassadeur de Dieu auprès de Marie. On peut respecter aussi son obéissance admirable qui le fait partir du ciel en un instant, tout rempli du feu de l'amour de Dieu le Père envers Marie, et de zèle pour l'accomplissement de ses desseins. On peut honorer encore sa fidélité parfaite, puisque, après qu'il a accompli son ambassade et satisfait aux desseins du Père Éternel, aussitôt il disparaît. Il se retire en Dieu, afin de lui rendre, dans son sein adorable, une religion parfaite et les devoirs de cet amour souverain qui lui fait préférer Dieu à toutes choses, sans égard pour la douceur qu'il goûtait dans l'entretien de la très-sainte Vierge, quelque saint, quelque pur, quelque admirable qu'il fût.

Mais surtout avant de réciter: Je vous salue, etc.... on s'unira à la religion de saint Gabriel envers Marie, pour aborder cette divine Mère avec le respect et l'honneur qui lui sont dus. Car les paroles de l'Ange : Je vous salue, pleine de grâce; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, furent accompagnées de l'hommage intérieur le plus parfait que Marie ait reçu ou qu'elle recevra jamais d'aucune créature, puisqu'elles lui furent portées de la part du Père Éternel, dont saint Gabriel était l'interprète et l'ambassadeur. Aussi l'Église, le considérant comme le plus digne supplément de nos devoirs envers la très-sainte Vierge, ne se lasse pas de s'unir à la religion de ce saint Ange, et d'adresser à Marie les propres paroles par lesquelles il la salua, afin de participer ainsi à sa vénération et à son amour pour elle. Enfin, comme elle sait bien que Marie est notre médiatrice auprès de Jésus-Christ, et le supplément de notre religion envers lui, elle ajoute toujours cette invocation aux paroles de l’Ange : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. En récitant : Je vous salue, Marie, etc.... on s'unira donc à saint Gabriel pour offrir à cette auguste Reine les hommages religieux qu'il lui rendit en l'abordant, et on lui offrira aussi les respects et les supplications de toute l'Église.

2° On s'unira encore à lui en disant : Voici la servante du Seigneur, etc.... afin d'honorer et de respecter avec lui les sentiments d'anéantissement parfait dont la très-sainte Vierge était toute pénétrée en les prononçant, et qu'elle a toujours conservés dans son coeur. L'abandon qu'elle fit alors d'elle-même à Dieu en qualité de servante, fut l’hommage le plus pur et le plus parfait qu'il eût jamais reçu; et l’Église nous fait répéter les paroles mêmes qu'elle prononça, afin que nous unissant à ses dispositions, nous entrions en participation de son esprit de servitude envers Jésus-Christ. Dans cette vue, nous nous tiendrons recueillis quelques instants, pour donner au Saint-Esprit le temps de répandre dans nos coeurs cette grâce de servitude. L'esprit de. servitude à Jésus-Christ demande de notre part une confiance et un abandon sans retour, entre les mains de ce béni et fidèle maître, qui est tout sage, tout-puissant, tout bon, et qui par ses perfections supplée à notre aveuglement et à notre amour-propre, qui sont trop souvent, hélas les directeurs que nous consultons. A proprement parler, l'esprit de servitude est une grande pureté d'intention avec un désir ardent de la gloire de notre Maître. Cela suppose une grande mortification des désirs naturels, un grand, amour pour Notre-Seigneur, enfin un amour sincère de la croix, du mépris, de la pauvreté, de la souffrance, afin qu'au service de notre Maître nous ne trouvions rien qui nous arrête en chemin. C'est ce qu'il faut conjurer la très-sainte Vierge de nous obtenir, pendant que, unis de coeur à saint Gabriel et à l'Église, nous réciterons pour la seconde fois : Je vous salue, Marie.

3° Lorsqu'on ajoute : Et le Verbe s'est fait chair, etc..., il faut s'unir à Marie, pour adorer avec elle les abaissements incompréhensibles du Verbe incarné, et les hommages parfaits qu'il rendit à la majesté de Dieu, au moment de l'Incarnation, qui furent des hommages infinis, dignes de sa grandeur. En récitant pour la troisième fois : Je vous salue, etc.... on se donnera à la très-sainte Vierge, pour demander par elle de participer à la vie du Verbe incarné, qui devrait être celle des chrétiens. Car si l'Église nous invite, trois fois le jour, à la récitation de l’Angelus, c'est pour nous rappeler Jésus-Christ, la source de notre vie, et nous attirer à lui afin de nous remplir de son Esprit. Elle le sonne le matin, pour que nous commencions la journée par Jésus-Christ. Elle le sonne à midi, afin que nous renouvelions en nous son souvenir et que nous le gardions jusqu'au soir. Elle le sonne, encore à la fin du jour, afin que nous terminions nos pensées par Jésus-Christ, comme nous les avons commencées par lui, et pour que nous nous endormions et nous reposions dans son sein. Ainsi l’Angelus a pour but de nous faire vivre jour et nuit dans la présence et l’amour de Jésus-Christ et de ses saints mystères.

Dans l’oraison qui termine cette dévotion, l’Église nous fait honorer trois mystères principaux: l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le matin, en récitant cette oraison, on peut se proposer d’honorer plus particulièrement le mystère de l’anéantissement du Verbe dans l’Incarnation, et les divines occupations de l’âme du Sauveur pour l’honneur de Dieu et la sanctification des hommes.

Car l’Église souhaite que ses enfants commencent toutes leurs journées, qui sont autant d'images de la vie, dans le même esprit que Jésus-Christ a commencé la sienne.

A midi, nous pourrons faire une attention particulière au mystère de la Résurrection, par la vertu duquel nous participons à le vie du Sauveur ressuscité, lequel doit croître et se développer, jusqu'à ce qu'il soit parfaitement formé dans nos cœurs. Cette vie inspire l'amour des choses éternelles, et le mépris de celles d'ici-bas; elle fait que nous n'usons plus de celle-ci qu'avec dégoût, bien loin de nous y attacher.

Le soir, enfin, on peut honorer le mystère de la mort et de la sépulture, afin de finir notre journée comme Notre-Seigneur a fini sa vie, et de prendre notre repos et notre sommeil en union avec lui dans son tombeau. Car de même que le jour du chrétien est une image de sa vie, ainsi la nuit lui doit être une image de sa mort.

Il est bon d'ajouter une petite élévation à Jésus-Christ mort et enseveli, pour lui demander l'esprit et la grâce du sacrement de l'extrême-onction, qui a sa source en ces divins mystères. Cette grâce nous mettra à couvert de la malice du démon, qui pourrait nous surprendre durant le sommeil; car en cet état nous sommes faibles comme dans l'agonie, perclus et privés de nos sens et de notre raison. Enfin, comme nous nous serons reposés avec Jésus-Christ, en attendant la résurrection du matin, nous devons nous lever, le lendemain, dans les sentiments où il était en sortant du tombeau; remerciant Dieu de la nouvelle vie qu'il nous donne, pour l'honorer et le servir.

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Message par jaimedieu Jeu 2 Avr 2015 - 4:44

CHAPITRE XI. INSTITUTION DE L’ADORABLE SACREMENT DE L’EUCHARISTIE.


Dans les sacrifices de l'ancienne toi on distinguait, comme nous l'avons dit, quatre parties : l'oblation, l'immolation, la conflagration ou consommation, et enfin la communion. Ces quatre parties figuraient les principales circonstances extérieures du sacrifice de Jésus-Christ. L'oblation exprimait sa Présentation au temple; l'immolation, son sacrifice sanglant sur le Calvaire; la conflagration, sa résurrection glorieuse; la communion indiquait, soit le mystère de l'Ascension, par lequel Jésus-Christ devait être reçu dans le sein de son Père, soit la sainte Eucharistie, qui nous fournirait à nous-mêmes le moyen de communier à l'hostie immolée. Voyant donc que l'heure si désirée de l'institution du sacrifice Eucharistique était enfin venue, Jésus se mit à table avec ses douze (204) apôtres, et leur dit : « J'ai désiré avec une ardeur non pareille de manger cette Pâque en votre compagnie; j'ai pris tous mes repas en esprit de préparation à ce sacrifice, par lequel je dois me mettre comme une hostie de louange entre les mains des hommes, pour être perpétuellement dans l'Église, appliqué non-seulement à louer Dieu en ma personne, mais à exciter tout le monde à le louer, en remplissant les coeurs de tous les chrétiens de mes sentiments d'adoration, de louange et d'action de grâces envers mon Père. » Jésus prenant ensuite du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples en leur disant: Prenez et mangez, car ceci est mon corps qui sera livré pour vous. Pareillement, ayant pris le calice, il dit : Prenez et buvez-en, ceci est mon sang du nouveau Testament qui sera répandu pour le salut de plusieurs.

Selon l'ordre commun du sacrifice, avant d'être donnée en communion, il fallait que l'hostie fût immolée, et que la portion mise sur l'autel eût été consumée par le feu. L'Eucharistie, qui devait reproduire Notre-Seigneur consommé dans la gloire de son Père, n'aurait donc dû être établie qu'après son immolation et sa résurrection, et même après son Ascension dans le ciel, Il voulut néanmoins anticiper ce temps pour beaucoup de raisons dignes de sa sagesse.

La très-sainte Vierge ne fut point présente à l'institution de l'Eucharistie, quoiqu'elle eût été donnée à Notre-Seigneur pour l'accompagner dans toutes les circonstances de son sacrifice et y tenir la place de l'Église. Elle en avait déjà sollicité et obtenu d'avance le bienfait pour l'Église aux noces de Cana. Possédant la grâce invisible des apôtres et des prêtres, comprise éminemment dans la plénitude de tous les dons que le Saint-Esprit avait versés en elle, Marie n'avait point à recevoir, comme les apôtres, le pouvoir d'offrir Jésus-Christ extérieurement sous les espèces du pain et du vin : pouvoir qui est réservé aux hommes seuls. L'hostie de ce divin sacrifice, c'est-à-dire le corps de Notre-Seigneur, appartenait d'ailleurs à Marie, qui l'avait produit de son propre fond; et, comme telle, elle devait l'offrir, non sous les voiles du sacrement, mais dans sa forme humaine, en consentant le lendemain à son immolation sur le Calvaire, comme déjà elle avait fait publiquement dans le temple, au jour de son oblation.

Si la sainte Vierge n'offre point extérieurement ce mystère sous les espèces sacramentelles, comme l'offrent les apôtres et les prêtres dans l'Église, elle le fait d'une autre manière, sortable à son état, à sa qualité et à sa condition de Mère de Dieu. Elle l'offre intérieurement par cet esprit universel et cette plénitude de grâces dont Jésus-Christ, toujours présent en elle, l'avait remplie. De cette sorte, elle se trouva réellement présente à l'institution de la Cène, quoique absente de corps. Dans une circonstance si solennelle où Jésus voulait donner à son Église la dernière marque de sa dilection, Marie, en qui il voyait et aimait toute l'Église, était tellement présente à son esprit et à son coeur, que ce fut pour l'amour d'elle et à sa considération personnelle qu'il institua l'Eucharistie, ainsi qu'on l'a dit déjà; et même, en faisant reposer saint Jean sur sa poitrine sacrée, à la Cène, il voulut par là témoigner encore plus d'amour à Marie, comme nous allons l'expliquer.

Si, durant sa vie, Jésus avait fait paraître plus d'affection pour saint Jean que pour aucun autre de ses apôtres, c'était, en effet, à cause de l'amour qu'il portait à sa sainte Mère. Pensant à la privation qu'elle ressentirait lorsque, par son Ascension, il aurait quitté la terre pour rentrer dans le sein de son Père éternel, il voulut s'unir plus intimement ce bienheureux disciple, et le transformer en quelque sorte en sa propre personne, afin de ne pas cesser de témoigner son amour à Marie lorsqu'il serait remonté aux cieux. Sans cela, elle eût été inconsolable, quoique résignée à la sainte volonté de Dieu, après la privation extérieure de la personne. de son divin Fils. Jésus-Christ voulut donc, pour se survivre ainsi à soi-même dans ce disciple bien-aimé, le faire participer plus abondamment à sa vie intérieure dans l'institution de la sainte Eucharistie.

Voilà pourquoi il fait approcher Jean et reposer sur sa poitrine, voulant montrer sensiblement par là les effets excellents qu'il opérait en lui.

Le moment de l'institution de la Cène était le temps où Jésus-Christ voulait montrer à ses apôtres son amour extrême, comme saint Jean nous l'apprend lui-même : In finem dilexit eos. Combien plus voulait-il le témoigner à sa Mère, qui lui était plus chère que toute l'Église ensemble, et à l'occasion de laquelle il établissait ce sacrement? Si, pour le commun des fidèles, il a changé dans cette circonstance la substance et l'intérieur du pain en son propre corps, pourquoi, à la considération de sà divine Mère, n'aurait-il pas changé l’intérieur d'un homme en lui-même : non pas, salas. doute, en changeant l'âme de saint Jean, mais est la revêtant des dispositions et des sentiments de sa propre personne ressuscitée. Dans son repos. sacré sur le sein de Jésus, saint Jean reçut la communication de cette vie divine; Jésus-Christ se répandit comme une fontaine en ce disciple bien-aimé, le remplissant d'une vie semblable à la sienne; en sorte que, portant en lui-même la vie divine de Jésus-Christ, saint Jean pût le tenir présent à la très-sainte Vierge lorsque le divin Fils luï aurait été dérobé par sa retraite dans les cieux.

En vertu de cette transformation spirituelle, saint Jean fut fait enfant de Marie et rempli de l'amour dont son Fils était possédé pour elle. Le Verbe incarné l'éclaira, selon saint Jérôme, de l'amour éternel qu'il portait à son Père; et en même temps, il l'instruisit de l'amour admirable qu'il avait pour sa Mère. Il lui fit connaître qu'en lui il voulait être toutes choses à Marie, et que la bienséance n'ayant pu lui permettre de faire paraître en sa propre personne ses sentiments pour elle, il les ferait paraître en lui.

En effet, sa qualité de Messie l'avait empêché de lui rendre publiquement les témoignages d'amour et les services que son coeur désirait, s'étant même abstenu souvent de la nommer sa mère, et de montrer pour elle tout le respect et toute la charité dont son coeur était rempli; il veut, en empruntant l'extérieur de ce bien-aimé disciple, prendre pour Marie toutes les qualités que le respect et la tendresse sont capables de former dans son coeur; il devient son serviteur, son fils, son frère, son père; en un mot, tout ce que Notre-Seigneur était intérieurement envers elle, il le montre dans l'extérieur et dans la personne de saint Jean.

Je ne m'étonne pas s'il repose sur le .coeur de Jésus son maître; car son âme est enivrée du doux sommeil de l'amour et du transport en Dieu. Ce sommeil exprime mystérieusement la mort à la vie propre, qui s'opère alors en lui, comme son repos sur la poitrine de Jésus semble dire qu'il ne vit plus en lui-même, qu'il vit en Jésus-Christ ressuscité; et que par cette divine consommation il est entré en lui pour occuper sa place auprès de la sainte Vierge.

RÉFLEXIONS PRATIQUES


La joie de Marie sur la terre, l'unique sujet de consolation qu'elle pût avoir au milieu de tant de pécheurs parmi lesquels elle vivait, c'était la présence de Jésus, dont la société était seule un paradis pour elle. Afin de lui continuer ce bonheur, même après l'Ascension, Jésus-Christ substitua saint Jean à sa place. La bonté divine voulut de plus que cette sainte Mère eût sans cesse devant les yeux le spectacle de Jésus-Christ son Fils, se survivant à lui-même dans les vrais chrétiens. C'est pourquoi, en instituant l'Eucharistie, Jésus-Christ eut dessein d'étendre à tous les fidèles la grâce qu'il faisait à saint Jean, sinon en se communiquant à eux avec la même plénitude, du moins en les animant comme lui de, ses dispositions de religion envers son Père, de sa tendre affection envers sa Mère, et de sa charité pure envers le prochain. Voilà ce que doit produire dans leurs coeurs le sacrement de la divine Eucharistie, qui, est leur véritable aliment : Celui qui mange ma chair et boit mon sang, dit Jésus-Christ, il demeure en moi et je demeure en lui.

Comme mon Père, qui est vivant par lui-même, m'a envoyé, et que je vis; par mon Père, de sa propre vie qu'il me communique, ainsi celui qui me mange vivra par moi, de ma vie que je lui communiquerai; cette vie qu'il nous communique ainsi par ce sacrement, étant la même qu'il a versée dans l'âme de saint Jean à la Cène.

Par l'Incarnation, le Fils de Dieu avait pris une vie pure et innocente, mais semblable à notre vie, issue d'Adam, laquelle pour cela le rendait sujet aux misères, aux douleurs et, à tout ce qui était compatible avec la dignité de sa personne adorable. Cette première vie, il l'a offerte à Dieu son Père sur la croix, pour nous délivrer de la mort éternelle. Il
l'a sacrifiée et l'a quittée pour ne plus la reprendre, et. en récompensa il a reçu comme homme, dans sa résurrection, une vie nouvelle, une vie glorieuse,. qui est proprement celle qu'il nous communique par la sainte Eucharistie.

Ce n'est pas à dire que l'Eucharistie doive nous exempter de la mort corporelle, à laquelle nous avons tous été condamnés en Adam au lieu de fortifier en nous la foi, elle la détruirait,: si elle produisait de tels effets dans nos corps; mais elle nous préserve de la mort spirituelle, c'est-à-dire du péché, si nous. voulons conserver cette vie divine; et, de plus, elle devient pour nous un gage certain de la gloire dont nos corps seront revêtus; au jour de la résurrection. Aussi Notre-Seigneur, parlant des effets de l'Eucharistie dans l’Évangile, répète-t-il, jusqu'à quatre fois que celui qui mange sa chair, il le ressuscitera au dernier jour.

Un chrétien qui, vit conformément à la sainteté de sa vocation,: représente Jésus-Christ vivant sur la terre, et il réjouit d'autant plus: le coeur de, Marie, qu'il retrace plus parfaitement à ses yeux la vie de son divin Fils. Quelle satisfaction ne procureriez-vous pas, à cette sainte Mère, si vous formiez vos sentiments sur ceux de Jésus-Christ ressuscité? Après sa sortie du tombeau, il soupirait sans cesse vers le moment où il pourrait remonter à son Père; il était dans un parfait dégagement de ce monde grossier, sans cesse occupé des moyens de procurer, par l'établissement de son Église sur la terre, la gloire de Dieu et le salut des hommes.

C'était précisément la vie de saint Jean; et telle devrait être aussi à proportion la vie des chrétiens, si la sainte Eucharistie produisait en eux les effets que Marie avait en vue en demandant pour nous à son divin Fils cette nourriture céleste, et que Jésus-Christ s'en promettait en l'instituant. Marie n'a pas de plus grand sujet de joie sur la terre que de voir des âmes qui retracent la vie de son divin Fils; elle prend ses complaisances dans ces âmes, à cause de la part qu'elles ont à l'esprit de Jésus. Elle les chérit, elle les protège, elle les bénit, elle les aime du même amour dont elle aime Jésus-Christ; car dans ces âmes c'est Jésus qu'elle aime, et si elle y aime quelque autre chose, c'est uniquement à cause de Jésus-Christ.

Par cette vie, qui est plus du ciel que de la terre, vous désirerez les choses du ciel, votre conversation sera dans le ciel; vous vivrez sans attache au monde, usant des choses d'ici-bas comme si vous n'en usiez point, comme vous usez de l'air et de la lumière, sans y affectionner votre coeur. Vous retracerez aux yeux de Marie la vie de saint Jean; vous ferez revivre en vous ce bien-aimé disciple, et vous contribuerez à justifier en votre propre personne ces paroles du Sauveur, que tous les justes doivent vérifier successivement dans toute la suite des siècles : Je veux qu'il demeure ainsi jusqu'à ce que je vienne dans ma gloire.

jaimedieu
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