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« Consubstantiel au Père » : la nouvelle traduction du Missel met fin à une « hérésie »

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Message par Lumen Jeu 25 Nov 2021 - 18:31

« Consubstantiel au Père » : la nouvelle traduction du Missel
met fin à une « hérésie »


Un des changements les plus importants de la nouvelle traduction du Missel romain concerne le Credo : « De même nature que le Père » devient « consubstantiel au Père ». Que signifie cette formule ?

« Consubstantiel au Père » : la nouvelle traduction du Missel met fin à une « hérésie » Doxologie
Prononcée à la fin de la prière eucharistique, la doxologie est une prière de louange s’adressant
à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. - Corinne SIMON/CIRIC

Publié le 23/11/2021 à 17:45


Vous ne direz plus de « même nature que le Père » dans le Credo. Enfin ! A partir du premier dimanche de l'Avent et l'entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel romain, l'expression « de même nature que le Père » sera remplacée par « consubstantiel au Père », traduction exacte du « consubstantialem Patri » du texte latin, dans le Credo de Nicée-Constantinople.


Un concile de 325 à l'origine

Un petit détour par l’histoire s’impose ici. Il faut remonter au IVe siècle, à Alexandrie, où le théologien Arius se met à nier la divinité du Christ, provoquant des débats extrêmement houleux. À tel point que l’empereur Constantin, pour préserver la paix civile, convoque un concile à Nicée, en 325, intimant à tous de se mettre d’accord. Pour exprimer l’unité de Dieu en trois personnes, les Pères conciliaires empruntent alors à Aristote la notion de substance, qui signifie « être », ou « réalité permanente » (on retrouve cette notion dans le terme « substantif »). Le Fils consubstantiel au Père, cela veut dire que Père et Fils sont un seul et même Dieu. Mais ne sont-Ils pas de même nature ?

« On avait fait le choix lors du concile Vatican II de traduire par « de même nature », qui est une formule moins précise ; la nature n’impliquant pas une identité d’être. Deux personnes qui sont de même nature peuvent être différentes. Il avait été proposé de traduire par « de même nature et être que le père », ce qui est un peu long, ou « de même être », énumère Bernadette Mélois, directrice du service national de la pastorale liturgique et sacramentelle à la Conférence des évêques de France.



Une pédagogie nécessaire

Cette traduction discutable avait provoqué après Vatican II de vives réactions chez plusieurs personnalités comme le philosophe Jacques Maritain, qui parlait même d’hérésie à son propos. « Disons que la traduction hétérodoxe : ‘‘de même nature’’ au lieu de ‘‘consubstantiel’’ favorisait l’hérésie, acquiesce l’abbé Thierry Blot, ancien membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements de 2001 à 2021. La Très Sainte Trinité est protégée de l’erreur par le mot « consubstantiel », qui définit que toutes les Personnes divines sont égales. En effet, si Elles sont consubstantielles, Elles ont la même substance, et donc Elles sont parfaitement égales. Aucune d’entre Elles n’est diminuée par rapport aux autres, et moindre que les autres. C’est pourquoi il est essentiel de garder ce terme de ‘‘consubstantiel’’ ».

Il poursuit son explication : « Substance : ‘‘ce qui existe en soi’’; nature : ‘‘ensemble des propriétés qui font la spécificité d’un être vivant’’. Dire que le Fils est ‘‘de même nature que le Père’’ est très insuffisant, car cela ne caractérise en rien l’unité des trois Personnes divines. » On pourrait répondre que si le terme est plus précis, il est un peu technique et donc guère compréhensible pour les fidèles. « On peut se le permettre, car le Credo est un texte de doctrine, qui résume notre foi, répond l’abbé Denis Richard qui enseigne la liturgie au séminaire de Nantes et à la Catho d’Angers. « Le terme « consubstantiel » existe dans le vocabulaire courant ; la difficulté est de faire comprendre ce qu’il recouvre dans un langage liturgique, admet Bernadette Mélois. Il doit y avoir un travail de pédagogie pour permettre aux fidèles d’entrer dans ce que recouvre spirituellement ce terme. On peut compter pour cela sur les prêtres des paroisses ».




Charles-Henri d'Andigné
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