Les saints du jour
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Les saints du jour
Rappel du premier message :
1er décembre
Bienheureux Charles de Foucauld
Ermite, prêtre, missionnaire et martyr
Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa sœur Marie, par son grand-père, dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.
Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ».
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. « Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ».
Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation : suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des clarisses de Nazareth.
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, « les plus délaissés, les plus abandonnés ».
Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, le frère universel. Il voulait « crier l'Évangile par toute sa vie » dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. « Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ? ».
Le soir du 1 décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres : après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette vie de Nazareth pouvait être vécue partout et par tous.
Charles de Foucauld a été béatifié à Rome le 13 novembre 2005.
1er décembre
Bienheureux Charles de Foucauld
Ermite, prêtre, missionnaire et martyr
Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa sœur Marie, par son grand-père, dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.
Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ».
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. « Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ».
Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation : suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des clarisses de Nazareth.
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, « les plus délaissés, les plus abandonnés ».
Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, le frère universel. Il voulait « crier l'Évangile par toute sa vie » dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. « Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ? ».
Le soir du 1 décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres : après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette vie de Nazareth pouvait être vécue partout et par tous.
Charles de Foucauld a été béatifié à Rome le 13 novembre 2005.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Vendredi le 8 août
Sainte Bonifacia Rodríguez Castro
Vierge et fondatrice de la congrégation des :
« Servantes de Saint Joseph »
Biographie
Bonifacia Rodríguez Castro est une travailleuse simple qui, dans le quotidien, s'ouvre au don de Dieu, en le lassant grandir dans son cœur avec des attitudes authentiquement évangéliques. Fidèle à l'appel de Dieu, elle s'abandonne dans ses bras de Père, en le laissant imprimer en elle les traits de Jésus, le travailleur de Nazareth, qui vit caché, en compagnie de ses parents, la plupart de sa vie.
Elle naît à Salamanque (Espagne) le 6 juin 1837 au sein d'une famille artisane. Ses parents, Juan et María Natalia, étaient profondément chrétiens, en étant leur principale occupation l'éducation dans la foi de ses six fils, dont Bonifacia était l'aînée. Le foyer de ses parents est sa première école, où Juan, tailleur, avait installé son atelier de couture; c'est pour cela que les yeux de Bonifacia, au moment de naître, contemplent en premier lieu un atelier.
Après les études premiers, elle apprend le métier de passementerie avec lequel elle commence à gagner de quoi vivre, à l'âge de quinze ans , à la mort de son père, pour aider sa mère à faire marcher la maison. Très tôt, le besoin de travailler pour vivre configure sa forte personnalité, en expérimentant dans sa propre chair les dures conditions de la femme travailleuse de l'époque: horaire épuisant et maigre salaire.
Une fois les premières difficultés économiques surmontées, elle monte son propre atelier de “passementerie, et d'autres ouvrages”, où elle travaillait avec le plus grand recueillement en imitant la vie cachée de la Famille de Nazareth. Elle avait un grand amour de Marie Immaculée et de Saint Joseph; ces dévotions étaient d'une grande actualité après la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception en 1854, et la déclaration de Saint Joseph comme Patron de l'Eglise universelle en 1870.
A partir de 1865, date du mariage d'Augustine, la seule, parmi les frères de la famille, à atteindre l'âge adulte, Bonifacia et sa mère, demeurant seules, se donnent à une vie intense de piété, en allant chaque jour à la Clerecía, Eglise dirigée par la Compagnie de Jésus.
Un groupe de filles de Salamanque, amies de Bonifacia, attirées par le témoignage de sa vie, commencent à fréquenter sa maison-atelier, dimanche et jours de fête, le soir, pour se libérer des amusements dangereux de l'époque. Elles cherchaient en Bonifacia une amie pour les aider. Elles décident ensemble former l'Association de l'Immaculée et de Saint Joseph, appelée plus tard Association Josephine. L'atelier de Bonifacia acquiert ainsi une évidente projection apostolique et sociale de prévention de la femme travailleuse.
Bonifacia se sent appelée à la vie religieuse. Sa grande dévotion à Marie fait que son cœur s'ouvre au projet de devenir dominicaine au couvent de Sainte Marie de Dueñas, à Salamanque.
Mais un événement d'une importance transcendantale va changer l'orientation de sa vie : la rencontre avec le jésuite catalan Francisco Javier Butinyà i Hospital, originaire de Bañolas-Girona (1834-1899), qui arrive à Salamanque en octobre de 1870 avec une grande passion apostolique envers le monde des travailleurs manuels. Il était en train d'écrire pour eux “La lumière de l'artisan, soit, collection de vies d'illustres fidèles qui se sont sanctifiés dans des professions humbles”. Bonifacia se met sous sa direction spirituelle, attirée par son message évangélisateur sur la sanctification du travail. Butinyà, à travers Bonifacia, entre en contact avec les filles qui fréquentaient son atelier, la plupart d'elles étaient aussi de travailleuses manuelles. Et l'Esprit Saint lui suggère la fondation d'une nouvelle congrégation féminine, orientée à la prévention de la femme travailleuse, par le moyen de ces femmes travailleuses.
Bonifacia lui confie sa décision de devenir dominicaine, mais Butinyà lui propose de fonder avec lui la Congrégation de Servantes de Saint Joseph ; Boniface accepte avec docilité cette décision. Avec d'autres six membres de l'Association Josephine, parmi lesquelles était sa mère, s'initie à Salamanque, dans son propre atelier, la vie communautaire le 10 janvier 1874, moment très conflictuel dans la vie politique du pays.
Trois jours avant, le 7 janvier, l'évêque de Salamanque, D. Joaquin Lluch i Garriga, avait signé le Décret d'Erection de l'Institut. L'Evêque, catalan comme Butinyà, originaire de Manresa-Barcelona (1816-1882), depuis le premier moment avait accueilli avec le plus grand enthousiasme la nouvelle fondation.
Il s'agissait d'un nouveau projet de vie religieuse féminine, insérée dans le monde du travail à la lumière de la contemplation de la Sainte Famille, en récréant dans les maisons de la Congrégation l'Atelier de Nazareth. Dans cet Atelier les Servantes de Saint Joseph offraient du travail aux femmes pauvres qui en manquaient, en évitant ainsi les dangers qui, dans cette époque, entraînaient pour les femmes le travail hors de leur maison.
C'était une forme de vie religieuse trop audacieuse et par conséquent elle devenait l'objet d'opposition. Tout de suite elle est combattue par le Clergé diocésain de Salamanque, qui ne saisit pas la profondeur évangélique de cette forme de vie religieuse si proche du monde du travail.
Trois mois après la fondation Francisco Butinyà est exilé de l'Espagne avec ses compagnons jésuites, et en janvier 1875 l'Evêque Lluch i Garriga est muté comme Evêque à Barcelone: Bonifacia reste seule face au nouveau Institut.
Les nouveaux directeurs de la communauté, nommés par l'Evêque parmi les Prêtres séculiers, sèment imprudemment la désunion entre les sœurs, et quelques soeurs appuyées par eux commencent à s'opposer à l'atelier comme forme de vie et à l'accueil en lui de la femme travailleuse. Bonifacia Rodríguez, fondatrice, qui incarnait avec perfection le projet donnant naissance à la Congrégation, s'oppose au changement du Charisme défini par le P. Butinyà dans les Constitutions.
Mais le directeur de la Congrégation, en profitant de l'occasion d'un voyage de Bonifacia à Girona en 1882, voyage réalisé avec le but d'établir l'union avec d'autres maisons de Servantes de Saint Joseph fondées à Catalogne par Francisco Butinyà lors de son retour de l'exil, promeut sa destitution comme supérieure et comme celle qui marque l'orientation de l'Institut.
Des humiliations, refus, mépris et calomnies tombent sur Bonifacia pour l'obliger à quitter Salamanque. Sa seule réponse est le silence, l'humilité et le pardon. Sans aucun mot de revendication ni proteste, elle laisse imprimer en elle les traits de Jésus, silencieux face aux accusateurs (Mt 26, 59-63).
Pour trouver une solution au conflit, Bonifacia propose à l'Evêque de Salamanque, Don Narciso Martínez Izquierdo, la fondation d'une nouvelle Communauté à Zamora. La proposition est acceptée juridiquement par l'Evêque de Salamanque et par celui de Zamora, Don Tomás Belestá y Cambeses. Bonifacia quitte Salamanque vers Zamora, accompagnée de sa mère, le 25 juillet 1883, portant dans son cœur, son trésor : l'Atelier de Nazareth. Et à Zamora elle vivifie l'Atelier en toute fidélité, tandis qu'à Salamanque l'on commence les rectifications d'un projet incompris.
Bonifacia, passementière, dans son atelier de Zamora, coude à coude avec d'autres femmes travailleuses, filles, jeunes filles et adultes,
— tisse la dignité de la femme pauvre sans travail, “en la préservant du danger de se perdre” (Décret d'Erection de l'Institut, 7 janvier 1874),
— tisse la sanctification du travail en l'unissant à la prière, selon le style de Nazareth: “ainsi la prière ne sera pas un obstacle pour votre travail, ni le travail vous enlèvera le recueillement de la prière” (Francisco Butinyá, lettre de Poyanne, 4 juin 1874),
— tisse des relations humaines d'égalité, fraternité et respect du travail: “nous devons être toutes pour toutes, en suivant Jésus” (Bonifacia Rodríguez, premier discours, Salamanque, 1876).
La maison mère de Salamanca se désintéresse complètement de Bonifacia et de la fondation de Zamora, en la laissant seule et marginalisée, et, sous la guide des supérieurs ecclésiastiques, mène à bout des modifications dans les Constitutions de Butinyà afin de changer les buts de l'Institut.
Le premier juillet 1901 León XIII accorde l'approbation pontificale aux Servantes de Saint Joseph; la maison de Zamora en est exclue. C'est le moment sommet de l'humiliation et du dé-pouillement de Bonifacia, c'est aussi le comble de sa grandeur de cœur. Sans réponse de l'Evêque de Salamanque, Don Tomás Cámara y Castro, poussée par sa force de communion, se met en marche vers Salamanque pour parler personnellement avec ces Sœurs. Mais en arrivant à la maison de Sainte Thérèse on lui dit: “nous avons reçu l'ordre de ne pas vous accueillir”. Bonifacia rentre à Zamora avec le cœur transpercé de douleur. Elle décharge doucement son cœur avec ces mots: “Je ne rentrerai plus à la terre qui m'a vu naître ni à cette chère maison de Sainte Thérèse”. Et de nouveau le silence scelle ses lèvres, de telle façon que la communauté de Zamora ne connaîtra cet événement qu'après sa mort.
Même ce nouveau refus ne la sépare pas de ses filles de Salamanque et, pleine de confiance en Dieu, disait à ses sœurs de Zamora: “lorsque je mourrai...”, sûre de ce que l'union se réaliserait après sa mort. Avec cet espoir, entourée de l'amour de sa communauté et des gens de Zamora qui la considéraient une sainte, elle meurt dans cette ville le 8 août 1905.
Le 23 janvier 1907 la maison de Zamora s'unit au reste de la Congrégation.
Lorsque sa vie s'éteint , cachée et féconde comme le grain de blé jeté au sillon, Bonifacia Rodríguez laisse comme héritage à toute l'Eglise:
— le témoignage de sa suite fidèle de Jésus dans le mystère de sa vie cachée à Nazareth,
— une vie de transparence évangélique,
— et un chemin de spiritualité, centré dans la sanctification du travail uni à la prière dans la simplicité de la vie quotidienne.
Sainte Bonifacia Rodríguez Castro
Vierge et fondatrice de la congrégation des :
« Servantes de Saint Joseph »
Biographie
Bonifacia Rodríguez Castro est une travailleuse simple qui, dans le quotidien, s'ouvre au don de Dieu, en le lassant grandir dans son cœur avec des attitudes authentiquement évangéliques. Fidèle à l'appel de Dieu, elle s'abandonne dans ses bras de Père, en le laissant imprimer en elle les traits de Jésus, le travailleur de Nazareth, qui vit caché, en compagnie de ses parents, la plupart de sa vie.
Elle naît à Salamanque (Espagne) le 6 juin 1837 au sein d'une famille artisane. Ses parents, Juan et María Natalia, étaient profondément chrétiens, en étant leur principale occupation l'éducation dans la foi de ses six fils, dont Bonifacia était l'aînée. Le foyer de ses parents est sa première école, où Juan, tailleur, avait installé son atelier de couture; c'est pour cela que les yeux de Bonifacia, au moment de naître, contemplent en premier lieu un atelier.
Après les études premiers, elle apprend le métier de passementerie avec lequel elle commence à gagner de quoi vivre, à l'âge de quinze ans , à la mort de son père, pour aider sa mère à faire marcher la maison. Très tôt, le besoin de travailler pour vivre configure sa forte personnalité, en expérimentant dans sa propre chair les dures conditions de la femme travailleuse de l'époque: horaire épuisant et maigre salaire.
Une fois les premières difficultés économiques surmontées, elle monte son propre atelier de “passementerie, et d'autres ouvrages”, où elle travaillait avec le plus grand recueillement en imitant la vie cachée de la Famille de Nazareth. Elle avait un grand amour de Marie Immaculée et de Saint Joseph; ces dévotions étaient d'une grande actualité après la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception en 1854, et la déclaration de Saint Joseph comme Patron de l'Eglise universelle en 1870.
A partir de 1865, date du mariage d'Augustine, la seule, parmi les frères de la famille, à atteindre l'âge adulte, Bonifacia et sa mère, demeurant seules, se donnent à une vie intense de piété, en allant chaque jour à la Clerecía, Eglise dirigée par la Compagnie de Jésus.
Un groupe de filles de Salamanque, amies de Bonifacia, attirées par le témoignage de sa vie, commencent à fréquenter sa maison-atelier, dimanche et jours de fête, le soir, pour se libérer des amusements dangereux de l'époque. Elles cherchaient en Bonifacia une amie pour les aider. Elles décident ensemble former l'Association de l'Immaculée et de Saint Joseph, appelée plus tard Association Josephine. L'atelier de Bonifacia acquiert ainsi une évidente projection apostolique et sociale de prévention de la femme travailleuse.
Bonifacia se sent appelée à la vie religieuse. Sa grande dévotion à Marie fait que son cœur s'ouvre au projet de devenir dominicaine au couvent de Sainte Marie de Dueñas, à Salamanque.
Mais un événement d'une importance transcendantale va changer l'orientation de sa vie : la rencontre avec le jésuite catalan Francisco Javier Butinyà i Hospital, originaire de Bañolas-Girona (1834-1899), qui arrive à Salamanque en octobre de 1870 avec une grande passion apostolique envers le monde des travailleurs manuels. Il était en train d'écrire pour eux “La lumière de l'artisan, soit, collection de vies d'illustres fidèles qui se sont sanctifiés dans des professions humbles”. Bonifacia se met sous sa direction spirituelle, attirée par son message évangélisateur sur la sanctification du travail. Butinyà, à travers Bonifacia, entre en contact avec les filles qui fréquentaient son atelier, la plupart d'elles étaient aussi de travailleuses manuelles. Et l'Esprit Saint lui suggère la fondation d'une nouvelle congrégation féminine, orientée à la prévention de la femme travailleuse, par le moyen de ces femmes travailleuses.
Bonifacia lui confie sa décision de devenir dominicaine, mais Butinyà lui propose de fonder avec lui la Congrégation de Servantes de Saint Joseph ; Boniface accepte avec docilité cette décision. Avec d'autres six membres de l'Association Josephine, parmi lesquelles était sa mère, s'initie à Salamanque, dans son propre atelier, la vie communautaire le 10 janvier 1874, moment très conflictuel dans la vie politique du pays.
Trois jours avant, le 7 janvier, l'évêque de Salamanque, D. Joaquin Lluch i Garriga, avait signé le Décret d'Erection de l'Institut. L'Evêque, catalan comme Butinyà, originaire de Manresa-Barcelona (1816-1882), depuis le premier moment avait accueilli avec le plus grand enthousiasme la nouvelle fondation.
Il s'agissait d'un nouveau projet de vie religieuse féminine, insérée dans le monde du travail à la lumière de la contemplation de la Sainte Famille, en récréant dans les maisons de la Congrégation l'Atelier de Nazareth. Dans cet Atelier les Servantes de Saint Joseph offraient du travail aux femmes pauvres qui en manquaient, en évitant ainsi les dangers qui, dans cette époque, entraînaient pour les femmes le travail hors de leur maison.
C'était une forme de vie religieuse trop audacieuse et par conséquent elle devenait l'objet d'opposition. Tout de suite elle est combattue par le Clergé diocésain de Salamanque, qui ne saisit pas la profondeur évangélique de cette forme de vie religieuse si proche du monde du travail.
Trois mois après la fondation Francisco Butinyà est exilé de l'Espagne avec ses compagnons jésuites, et en janvier 1875 l'Evêque Lluch i Garriga est muté comme Evêque à Barcelone: Bonifacia reste seule face au nouveau Institut.
Les nouveaux directeurs de la communauté, nommés par l'Evêque parmi les Prêtres séculiers, sèment imprudemment la désunion entre les sœurs, et quelques soeurs appuyées par eux commencent à s'opposer à l'atelier comme forme de vie et à l'accueil en lui de la femme travailleuse. Bonifacia Rodríguez, fondatrice, qui incarnait avec perfection le projet donnant naissance à la Congrégation, s'oppose au changement du Charisme défini par le P. Butinyà dans les Constitutions.
Mais le directeur de la Congrégation, en profitant de l'occasion d'un voyage de Bonifacia à Girona en 1882, voyage réalisé avec le but d'établir l'union avec d'autres maisons de Servantes de Saint Joseph fondées à Catalogne par Francisco Butinyà lors de son retour de l'exil, promeut sa destitution comme supérieure et comme celle qui marque l'orientation de l'Institut.
Des humiliations, refus, mépris et calomnies tombent sur Bonifacia pour l'obliger à quitter Salamanque. Sa seule réponse est le silence, l'humilité et le pardon. Sans aucun mot de revendication ni proteste, elle laisse imprimer en elle les traits de Jésus, silencieux face aux accusateurs (Mt 26, 59-63).
Pour trouver une solution au conflit, Bonifacia propose à l'Evêque de Salamanque, Don Narciso Martínez Izquierdo, la fondation d'une nouvelle Communauté à Zamora. La proposition est acceptée juridiquement par l'Evêque de Salamanque et par celui de Zamora, Don Tomás Belestá y Cambeses. Bonifacia quitte Salamanque vers Zamora, accompagnée de sa mère, le 25 juillet 1883, portant dans son cœur, son trésor : l'Atelier de Nazareth. Et à Zamora elle vivifie l'Atelier en toute fidélité, tandis qu'à Salamanque l'on commence les rectifications d'un projet incompris.
Bonifacia, passementière, dans son atelier de Zamora, coude à coude avec d'autres femmes travailleuses, filles, jeunes filles et adultes,
— tisse la dignité de la femme pauvre sans travail, “en la préservant du danger de se perdre” (Décret d'Erection de l'Institut, 7 janvier 1874),
— tisse la sanctification du travail en l'unissant à la prière, selon le style de Nazareth: “ainsi la prière ne sera pas un obstacle pour votre travail, ni le travail vous enlèvera le recueillement de la prière” (Francisco Butinyá, lettre de Poyanne, 4 juin 1874),
— tisse des relations humaines d'égalité, fraternité et respect du travail: “nous devons être toutes pour toutes, en suivant Jésus” (Bonifacia Rodríguez, premier discours, Salamanque, 1876).
La maison mère de Salamanca se désintéresse complètement de Bonifacia et de la fondation de Zamora, en la laissant seule et marginalisée, et, sous la guide des supérieurs ecclésiastiques, mène à bout des modifications dans les Constitutions de Butinyà afin de changer les buts de l'Institut.
Le premier juillet 1901 León XIII accorde l'approbation pontificale aux Servantes de Saint Joseph; la maison de Zamora en est exclue. C'est le moment sommet de l'humiliation et du dé-pouillement de Bonifacia, c'est aussi le comble de sa grandeur de cœur. Sans réponse de l'Evêque de Salamanque, Don Tomás Cámara y Castro, poussée par sa force de communion, se met en marche vers Salamanque pour parler personnellement avec ces Sœurs. Mais en arrivant à la maison de Sainte Thérèse on lui dit: “nous avons reçu l'ordre de ne pas vous accueillir”. Bonifacia rentre à Zamora avec le cœur transpercé de douleur. Elle décharge doucement son cœur avec ces mots: “Je ne rentrerai plus à la terre qui m'a vu naître ni à cette chère maison de Sainte Thérèse”. Et de nouveau le silence scelle ses lèvres, de telle façon que la communauté de Zamora ne connaîtra cet événement qu'après sa mort.
Même ce nouveau refus ne la sépare pas de ses filles de Salamanque et, pleine de confiance en Dieu, disait à ses sœurs de Zamora: “lorsque je mourrai...”, sûre de ce que l'union se réaliserait après sa mort. Avec cet espoir, entourée de l'amour de sa communauté et des gens de Zamora qui la considéraient une sainte, elle meurt dans cette ville le 8 août 1905.
Le 23 janvier 1907 la maison de Zamora s'unit au reste de la Congrégation.
Lorsque sa vie s'éteint , cachée et féconde comme le grain de blé jeté au sillon, Bonifacia Rodríguez laisse comme héritage à toute l'Eglise:
— le témoignage de sa suite fidèle de Jésus dans le mystère de sa vie cachée à Nazareth,
— une vie de transparence évangélique,
— et un chemin de spiritualité, centré dans la sanctification du travail uni à la prière dans la simplicité de la vie quotidienne.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Le 9 août
Thérèse-Bénédicte de la Croix
Édith Stein (1891-1942)
Carmélite déchaussée, martyr
Co-patronne de l'Europe
Édith Stein naît dans une famille juive de sept enfants vivants (sur onze naissances), le 12 octobre 1891 (jour du Yom Kippour, jour de l’expiation), à Breslau (alors en Allemagne, aujourd’hui Wroclaw en Pologne).
Son père, marchand de bois, décède alors qu’elle n’a que deux ans. Sa mère, une femme très religieuse, s’occupe de la famille tout en gérant l’entreprise, mais elle ne réussit pas à maintenir la foi de ses enfants.
Très indépendante, Edith poursuit des études universitaires (allemand et histoire) à Breslau en 1911 puis de philosophie - sa véritable passion - en 1913 à Göttingen, devenant ensuite assistante de son professeur Edmund Husserl. La période de guerre la voit travailler pendant quelque temps dans un hôpital militaire autrichien où elle soigne des maladies infectieuses et œuvre en salle opératoire. Elle passe sa thèse en 1917 mais ne peut enseigner puisqu’elle est une femme ; ce serait la première femme docteur en philosophie en Allemagne.
A cette époque, elle abandonne toute pratique religieuse et découvre le catholicisme avec plusieurs autres étudiants auprès de ses professeurs de phénoménologie. Elle est alors en total désaccord avec sa mère, mais elle n’en abandonne pas pour autant ses origines, dans un véritable partage spirituel entre judaïsme et catholicisme, surtout avec la montée du nazisme en 1933.
Influencée par sainte Thérèse d’Avila et saint Ignace de Loyola, Kierkegaard et Newman, elle se convertit en 1921, demande le baptême le 1er janvier 1922 et choisit d’entrer au Carmel. Mais les autorités religieuses lui refusent son entrée dans l’ordre et lui proposent de poursuivre son activité d’enseignante. Elle fait cependant vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance et travaille au séminaire pour enseignants du couvent dominicain de Spire, donne de nombreuses conférences, traduit de nombreux ouvrages religieux, écrit plusieurs ouvrages philosophiques.
En 1932, elle est à Münster, à l’institut catholique de pédagogie scientifique, et elle peut associer la science à sa foi. Parallèlement à cette démarche religieuse, elle a milité très tôt en faveur de la condition féminine et du droit de vote des femmes. Elle développa entre autre l’idée novatrice d’une « théologie catholique de la femme », affirmant également que toutes les professions sont ouvertes aux femmes.
Le 14 octobre 1933 elle peut, enfin, entrer au Carmel de Cologne et échapper ainsi aux premières mesures antisémites, interdisant en particulier aux juifs d’enseigner. Elle prend l’habit le 14 avril 1934 et devient sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Ses vœux temporaires sont prononcés le 21 avril 1935, au moment où sa mère décède à Breslau. Le 21 avril 1938, elle prononce ses vœux perpétuels mais à la fin de l’année commence dans toute l’Allemagne une chasse systématique des juifs et la destruction des synagogues. La mère supérieure la fait conduire dans un monastère de Carmélites au Pays-Bas, à Echt, où, véritable théologienne, elle poursuit la rédaction de ses ouvrages.
Elle est arrêtée par la Gestapo, dans la chapelle, le 2 août 1942 avec sa sœur Rose qui s’était également fait baptiser. Ces deux arrestations, et celles de nombreux autres juifs convertis, suivaient en fait la protestation des évêques néerlandais contre les pogroms et les arrestations de juifs.
Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix fait partie du convoi de 987 juifs qui part vers Auschwitz le 7 août. Tous sont morts dans les chambres à gaz dès le 9 août.
« Fille d’Israël » devenue le symbole de la tolérance et de la rencontre entre les peuples juif et chrétien, Edith Stein reste donc un précurseur de Vatican II.
Thérèse-Bénédicte de la Croix à été béatifiée le Ier mai 1987 dans la cathédrale de Cologne et canonisée le 11 octobre 1998, à Rome, par le même Pape : Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Depuis le 1er octobre 1999, par une lettre apostolique en forme de Motu Proprio, le Saint-Père a proclamé sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix co-patronne de l’Europe, avec sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne, aux côtés des trois co-patrons : saint Benoît, saint Cyrille et saint Méthode. Son rôle de femme, de théologienne, de missionnaire, de martyre, de mystique, était ainsi reconnu, de même que le lien qu’elle avait tissé entre ses racines juives et la religion catholique. Le Bx Jean-Paul II a ajoute qu’« elle est devenue ainsi l’expression d’un pèlerinage humain, culturel et religieux qui incarne le noyau insondable de la tragédie et des espoirs du continent européen ».
Parcours spirituel (source: site du Vatican)
"Inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d'Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d'une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s'engagent, aujoud'hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités; elle est en même temps la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son coeur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait, "jusqu'à ce qu'enfin il trouvât le repos dans le Seigneur" ". Ces paroles furent prononcées par le Pape Jean-Paul II à l'occasion de la béatification d'Édith Stein à Cologne, le 1 mai 1987.
Qui fut cette femme?
Quand, le 12 octobre 1891, Édith Stein naquit à Wroclaw (à l'époque Breslau), la dernière de 11 enfants, sa famille fêtait le Yom Kippour, la plus grande fête juive, le jour de l'expiation. "Plus que toute autre chose cela a contribué à rendre particulièrement chère à la mère sa plus jeune fille". Cette date de naissance fut pour la carmélite presque une prédiction.
Son père, commerçant en bois, mourut quand Édith n'avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, active et volontaire, personne vraiment admirable, restée seule, devait vaquer aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise; cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Édith perdit la foi en Dieu: "En pleine conscience et dans un choix libre je cessai de prier".
Elle obtint brillamment son diplôme de fin d'études secondaires en 1911 et commença des cours d'allemand et d'histoire à l'Université de Wroclaw, plus pour assurer sa subsistance à l'avenir que par passion. La philosophie était en réalité son véritable intérêt. Elle s'intéressait également beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle entra dans l'organisation "Association Prussienne pour le Droit des Femmes au Vote". Plus tard elle écrira: "Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives".
En 1913, l'étudiante Édith Stein se rendit à Gôttingen pour fréquenter les cours de Edmund Husserl à l'université; elle devint son disciple et son assistante et elle passa aussi avec lui sa thèse. À l'époque Edmund Husserl fascinait le public avec son nouveau concept de vérité: le monde perçu existait non seulement à la manière kantienne de la perception subjective. Ses disciples comprenaient sa philosophie comme un retour vers le concret. "Retour à l'objectivisme". La phénoménologie conduisit plusieurs de ses étudiants et étudiantes à la foi chrétienne, sans qu'il en ait eu l'intention. À Gôttingen, Édith Stein rencontra aussi le philosophe Max Scheler. Cette rencontre attira son attention sur le catholicisme. Cependant elle n'oublia pas l'étude qui devait lui procurer du pain dans l'avenir. En janvier 1915, elle réussit avec distinction son examen d'État. Elle ne commença pas cependant sa période de formation professionnelle.
Alors qu'éclatait la première guerre mondiale, elle écrivit: "Maintenant je n'ai plus de vie propre". Elle fréquenta un cours d'infirmière et travailla dans un hôpital militaire autrichien. Pour elle ce furent des temps difficiles. Elle soigna les malades du service des maladies infectieuses, travailla en salle opératoire, vit mourir des hommes dans la fleur de l'âge. À la fermeture de l'hôpital militaire en 1916, elle suivit Husserl à Fribourg-en-Brisgau, elle y obtint en 1917 sa thèse "summa cum laudae" dont le titre était: "Sur le problème de l'empathie".
Il arriva qu'un jour elle put observer comment une femme du peuple, avec son panier à provisions, entra dans la cathédrale de Francfort et s'arrêta pour une brève prière. "Ce fut pour moi quelque chose de complètement nouveau. Dans les synagogues et les églises protestantes que j'ai fréquentées, les croyants se rendent à des offices. En cette circonstance cependant, une personne entre dans une église déserte, comme si elle se rendait à un colloque intime. Je n'ai jamais pu oublier ce qui est arrivé". Dans les dernières pages de sa thèse elle écrit: "Il y a eu des individus qui, suite à un changement imprévu de leur personnalité, ont cru rencontrer la miséricorde divine". Comment est-elle arrivée à cette affirmation?
Édith Stein était liée par des liens d'amitié profonde avec l'assistant de Husserl à Gôtingen, Adolph Reinach, et avec son épouse. Adolf Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Édith se rendit à Gôttingen. Le couple Reinach s'était converti à la foi évangélique. Édith avait une certaine réticence à l'idée de rencontrer la jeune veuve. Avec beaucoup d'étonnement elle rencontra une croyante. "Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu'elle transmet à ceux qui la portent [...] Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s'écroula et le Christ resplendit". Plus tard elle écrivit: "Ce qui n'était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que -vu du côté de Dieu- le hasard n'existe pas; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie".
À l'automne 1918, Édith Stein cessa d'être l'assistante d'Edmund Husserl. Ceci parce qu'elle désirait travailler de manière indépendante. Pour la première fois depuis sa conversion, Édith Stein rendit visite à Husserl en 1930. Elle eut avec lui une discussion sur sa nouvelle foi à laquelle elle aurait volontiers voulu qu'il participe. Puis elle écrit de manière surprenante: "Après chaque rencontre qui me fait sentir l'impossibilité de l'influencer directement, s'avive en moi le caractère pressant de mon propre holocauste".
Édith Stein désirait obtenir l'habilitation à l'enseignement. À l'époque, c'était une chose impossible pour une femme. Husserl se prononça au moment de sa candidature: "Si la carrière universitaire était rendue accessible aux femmes, je pourrais alors la recommander chaleureusement plus que n'importe quelle autre personne pour l'admission à l'examen d'habilitation". Plus tard on lui interdira l'habilitation à cause de ses origines juives.
Édith Stein retourna à Wroclaw. Elle écrivit des articles sur la psychologie et sur d'autres disciplines humanistes. Elle lit cependant le Nouveau Testament, Kierkegaard et le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. Elle s'aperçoit qu'on ne peut seulement lire un tel écrit, il faut le mettre en pratique.
Pendant l'été 1921, elle se rendit pour quelques semaines à Bergzabern (Palatinat), dans la propriété de Madame Hedwig Conrad-Martius, une disciple de Husserl. Cette dame s'était convertie, en même temps que son époux, à la foi évangélique. Un soir, Édith trouva dans la bibliothèque l'autobiographie de Thérèse d'Avila. Elle la lut toute la nuit. "Quand je refermai le livre je me dis: ceci est la vérité". Considérant rétrospectivement sa propre vie, elle écrira plus tard: "Ma quête de vérité était mon unique prière".
Le ler janvier 1922, Édith Stein se fit baptiser. C'était le jour de la circoncision de Jésus, de l'accueil de Jésus dans la descendance d'Abraham. Édith Stein était debout devant les fonds baptismaux, vêtue du manteau nuptial blanc de Hedwig Conrad-Martius qui fut sa marraine. "J'avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu". Maintenant elle sera toujours consciente, non seulement intellectuellement mais aussi concrètement, d'appartenir à la lignée du Christ. À la fête de la Chandeleur, qui est également un jour dont l'origine remonte à l'Ancien Testament, elle reçut la confirmation de l'évêque de Spire dans sa chapelle privée.
Après sa conversion, elle se rendit tout d'abord à Wroclaw. "Maman, je suis catholique". Les deux se mirent à pleurer. Hedwig Conrad-Martius écrivit: "Je vis deux israélites et aucune ne manque de sincérité" (cf Jn 1, 47).
Immédiatement après sa conversion, Édith aspira au Carmel, mais ses interlocuteurs spirituels, le Vicaire général de Spire et le Père Erich Przywara, S.J., l'empêchèrent de faire ce pas. Jusqu'à pâques 1931 elle assura alors un enseignement en allemand et en histoire au lycée et séminaire pour enseignants du couvent dominicain de la Madeleine de Spire. Sur l'insistance de l'archiabbé Raphaël Walzer du couvent de Beuron, elle entreprend de longs voyages pour donner des conférences, surtout sur des thèmes concernant les femmes. "Pendant la période qui précède immédiatement et aussi pendant longtemps après ma conversion [... ] je croyais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à toutes les choses terrestres et vivre seulement dans la pensée de Dieu. Progressivement cependant, je me suis rendue compte que ce monde requiert bien autre chose de nous [...]; je crois même que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit "sortir de soi-même", dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre".
Son programme de travail est énorme. Elle traduit les lettres et le journal de la période pré-catholique de Newman et l'œuvre " Questiones disputatx de veritate " de Thomas d'Aquin et ce dans une version très libre, par amour du dialogue avec la philosophie moderne. Le Père Erich Przywara S.J. l'encouragea à écrire aussi des oeuvres philosophiques propres. Elle apprit qu'il est possible "de pratiquer la science au service de Dieu [... ] ; c'est seulement pour une telle raison que j'ai pu me décider à commencer une série d'oeuvres scientifiques". Pour sa vie et pour son travail elle trouve toujours les forces nécessaires au couvent des bénédictins de Beuron où elle se rend pour passer les grandes fêtes de l'année liturgique.
En 1931, elle termina son activité à Spire. Elle tenta de nouveau d'obtenir l'habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg. En vain. À partir de ce moment, elle écrivit une oeuvre sur les principaux concepts de Thomas d'Aquin: "Puissance et action". Plus tard, elle fera de cet essai son ceuvre majeure en l'élaborant sous le titre "Être fini et Être éternel", et ce dans le couvent des Carmélites à Cologne. L'impression de l'œuvre ne fut pas possible pendant sa vie.
En 1932, on lui donna une chaire dans une institution catholique, l'Institut de Pédagogie scientifique de Münster, où elle put développer son anthropologie. Ici elle eut la possibilité d'unir science et foi et de porter à la compréhension des autres cette union. Durant toute sa vie, elle ne veut être qu'un "instrument de Dieu". "Qui vient à moi, je désire le conduire à Lui".
En 1933, les ténèbres descendent sur l'Allemagne. "J'avais déjà entendu parler des mesures sévères contres les juifs. Mais maintenant je commençai à comprendre soudainement que Dieu avait encore une fois posé lourdement sa main sur son peuple et que le destin de ce peuple était aussi mon destin". L'article de loi sur la descendance arienne des nazis rendit impossible la continuation de son activité d'enseignante. "Si ici je ne peux continuer, en Allemagne il n'y a plus de possibilité pour moi". "J'étais devenue une étrangère dans le monde".
L'archiabbé Walzer de Beuron ne l'empêcha plus d'entrer dans un couvent des Carmélites. Déjà au temps où elle se trouvait à Spire, elle avait fait les veeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. En 1933 elle se présenta à la Mère Prieure du monastère des Carmélites de Cologne. "Ce n'est pas l'activité humaine qui peut nous aider, mais seulement la passion du Christ. J'aspire à y participer".
Encore une fois Édith Stein se rendit à Wroclaw pour prendre congé de sa mère et de sa famille. Le dernier jour qu'elle passa chez elle fut le 12 octobre, le jour de son anniversaire et en même temps celui de la fête juive des Tabernacles. Édith accompagna sa mère à la Synagogue. Pour les deux femmes ce ne fut pas une journée facile. "Pourquoi l'as-tu connu (Jésus Christ)? Je ne veux rien dire contre Lui. Il aura été un homme bon. Mais pourquoi s'est-il fait Dieu?" Sa mère pleure.
Le lendemain matin Édith prend le train pour Cologne. "Je ne pouvais entrer dans une joie profonde. Ce que je laissais derrière moi était trop terrible. Mais j'étais très calme - dans l'intime de la volonté de Dieu". Par la suite elle écrira chaque semaine une lettre à sa mère. Elle ne recevra pas de réponses. Sa soeur Rose lui enverra des nouvelles de la maison.
Le 14 octobre, Édith Stein entre au monastère des Carmélites de Cologne. En 1934, le 14 avril, ce sera la cérémonie de sa prise d'habit. L'archiabbé de Beuron célébra la messe. À partir de ce moment Édith Stein portera le nom de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
En 1938, elle écrivit: "Sous la Croix je compris le destin du peuple de Dieu qui alors (1933) commençait à s'annoncer. Je pensais qu'il comprenait qu'il s'agissait de la Croix du Christ, qu'il devait l'accepter au nom de tous les autres peuples. Il est certain qu'aujourd'hui je comprends davantage ces choses, ce que signifie être épouse du Seigneur sous le signe de la Croix. Cependant il ne sera jamais possible de comprendre tout cela, parce que c'est un mystère".
Le 21 avril 1935, elle fit des voeux temporaires. Le 14 septembre 1936, au moment du renouvellement des voeux, sa mère meurt à Wroclaw. "Jusqu'au dernier moment ma mère est restée fidèle à sa religion. Mais puisque sa foi et sa grande confiance en Dieu [...] furent l'ultime chose qui demeura vivante dans son agonie, j'ai confiance qu'elle a trouvé un juge très clément et que maintenant elle est ma plus fidèle assistante, en sorte que moi aussi je puisse arriver au but".
Sur l'image de sa profession perpétuelle du 21 avril 1938, elle fit imprimer les paroles de saint Jean de la Croix auquel elle consacrera sa dernière oeuvre: "Désormais ma seule tâche sera l'amour".
L'entrée d'Édith Stein au couvent du Carmel n'a pas été une fuite. "Qui entre au Carmel n'est pas perdu pour les siens, mais ils sont encore plus proches; il en est ainsi parce que c'est notre tâche de rendre compte à Dieu pour tous". Surtout elle rend compte à Dieu pour son peuple. "Je dois continuellement penser à la reine Esther qui a été enlevée à son peuple pour en rendre compte devant le roi. Je suis une petite et faible Esther mais le Roi qui m'a appelée est infiniment grand et miséricordieux. C'est là ma grande consolation". (31-10-1938)
Le 9 novembre 1938, la haine des nazis envers les juifs fut révélée au monde entier. Les synagogues brûlèrent. La terreur se répandit parmi les juifs. La Mère Prieure des Carmélites de Cologne fait tout son possible pour conduire soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix à l'étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites de Echt, en Hollande. C'est dans ce lieu qu'elle écrivit son testament, le 9 juin 1939: "Déjà maintenant j'accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très sainte volonté, la mort que Dieu m'a destinée. Je prie le Seigneur qu'Il accepte ma vie et ma mort [...] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l'Allemagne et la paix dans le monde".
Déjà au monastère des Carmélites de Cologne on avait permis à Édith Stein de se consacrer à ses oeuvres scientifiques. Entre autres elle écrivit dans ce lieu "De la vie d'une famille juive". "Je désire simplement raconter ce que j'ai vécu en tant que juive". Face à "la jeunesse qui aujourd'hui est éduquée depuis l'âge le plus tendre à haïr les juifs [...] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage".
En toute hâte, Édith Stein écrira à Echt son essai sur "Jean de la Croix, le Docteur mystique de l'Église, à l'occasion du quatre centième anniversaire de sa naissance, 1542-1942". En 1941, elle écrivit à une religieuse avec laquelle elle avait des liens d'amitié: "Une scientia crucis (la science de la croix) peut être apprise seulement si l'on ressent tout le poids de la croix. De cela j'étais convaincue depuis le premier instant et c'est de tout coeur que j'ai dit: Ave Crux, Spes unica (je te salue Croix, notre unique espérance)". Son essai sur Jean de la Croix porta le sous-titre: "La Science de la Croix".
Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Édith Stein se trouvait dans la chapelle, avec les autres soeurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa soeur Rose qui avait été baptisée dans l'Église catholique et qui travaillait chez les Carmélites de Echt. Les dernières paroles d'Édith Stein que l'on entendit à Echt s'adressèrent à sa soeur: "Viens, nous partons pour notre, peuple".
Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork. Il s'agissait d'une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le progrom et les déportations de juifs. "Que les êtres humains puissent en arriver à être ainsi, je ne l'ai jamais compris et que mes soeurs et mes frères dussent tant souffrir, cela aussi je ne l'ai jamais vraiment compris [...]; à chaque heure je prie pour eux. Est-ce que Dieu entend ma prière? Avec certitude cependant il entend leurs pleurs". Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard: "Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu".
À l'aube du 7 août, un convoi de 987 juifs parti en direction d'Auschwitz. Ce fut le 9 août 1942, que soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, avec sa soeur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, mourut dans les chambres à gaz d'Auschwitz.
Avec sa béatification dans la Cathédrale de Cologne, le ler mai 1987, l'Église honorait, comme l'a dit le Pape Jean-Paul II, "une fille d'Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive".
Thérèse-Bénédicte de la Croix
Édith Stein (1891-1942)
Carmélite déchaussée, martyr
Co-patronne de l'Europe
Édith Stein naît dans une famille juive de sept enfants vivants (sur onze naissances), le 12 octobre 1891 (jour du Yom Kippour, jour de l’expiation), à Breslau (alors en Allemagne, aujourd’hui Wroclaw en Pologne).
Son père, marchand de bois, décède alors qu’elle n’a que deux ans. Sa mère, une femme très religieuse, s’occupe de la famille tout en gérant l’entreprise, mais elle ne réussit pas à maintenir la foi de ses enfants.
Très indépendante, Edith poursuit des études universitaires (allemand et histoire) à Breslau en 1911 puis de philosophie - sa véritable passion - en 1913 à Göttingen, devenant ensuite assistante de son professeur Edmund Husserl. La période de guerre la voit travailler pendant quelque temps dans un hôpital militaire autrichien où elle soigne des maladies infectieuses et œuvre en salle opératoire. Elle passe sa thèse en 1917 mais ne peut enseigner puisqu’elle est une femme ; ce serait la première femme docteur en philosophie en Allemagne.
A cette époque, elle abandonne toute pratique religieuse et découvre le catholicisme avec plusieurs autres étudiants auprès de ses professeurs de phénoménologie. Elle est alors en total désaccord avec sa mère, mais elle n’en abandonne pas pour autant ses origines, dans un véritable partage spirituel entre judaïsme et catholicisme, surtout avec la montée du nazisme en 1933.
Influencée par sainte Thérèse d’Avila et saint Ignace de Loyola, Kierkegaard et Newman, elle se convertit en 1921, demande le baptême le 1er janvier 1922 et choisit d’entrer au Carmel. Mais les autorités religieuses lui refusent son entrée dans l’ordre et lui proposent de poursuivre son activité d’enseignante. Elle fait cependant vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance et travaille au séminaire pour enseignants du couvent dominicain de Spire, donne de nombreuses conférences, traduit de nombreux ouvrages religieux, écrit plusieurs ouvrages philosophiques.
En 1932, elle est à Münster, à l’institut catholique de pédagogie scientifique, et elle peut associer la science à sa foi. Parallèlement à cette démarche religieuse, elle a milité très tôt en faveur de la condition féminine et du droit de vote des femmes. Elle développa entre autre l’idée novatrice d’une « théologie catholique de la femme », affirmant également que toutes les professions sont ouvertes aux femmes.
Le 14 octobre 1933 elle peut, enfin, entrer au Carmel de Cologne et échapper ainsi aux premières mesures antisémites, interdisant en particulier aux juifs d’enseigner. Elle prend l’habit le 14 avril 1934 et devient sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Ses vœux temporaires sont prononcés le 21 avril 1935, au moment où sa mère décède à Breslau. Le 21 avril 1938, elle prononce ses vœux perpétuels mais à la fin de l’année commence dans toute l’Allemagne une chasse systématique des juifs et la destruction des synagogues. La mère supérieure la fait conduire dans un monastère de Carmélites au Pays-Bas, à Echt, où, véritable théologienne, elle poursuit la rédaction de ses ouvrages.
Elle est arrêtée par la Gestapo, dans la chapelle, le 2 août 1942 avec sa sœur Rose qui s’était également fait baptiser. Ces deux arrestations, et celles de nombreux autres juifs convertis, suivaient en fait la protestation des évêques néerlandais contre les pogroms et les arrestations de juifs.
Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix fait partie du convoi de 987 juifs qui part vers Auschwitz le 7 août. Tous sont morts dans les chambres à gaz dès le 9 août.
« Fille d’Israël » devenue le symbole de la tolérance et de la rencontre entre les peuples juif et chrétien, Edith Stein reste donc un précurseur de Vatican II.
Thérèse-Bénédicte de la Croix à été béatifiée le Ier mai 1987 dans la cathédrale de Cologne et canonisée le 11 octobre 1998, à Rome, par le même Pape : Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Depuis le 1er octobre 1999, par une lettre apostolique en forme de Motu Proprio, le Saint-Père a proclamé sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix co-patronne de l’Europe, avec sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne, aux côtés des trois co-patrons : saint Benoît, saint Cyrille et saint Méthode. Son rôle de femme, de théologienne, de missionnaire, de martyre, de mystique, était ainsi reconnu, de même que le lien qu’elle avait tissé entre ses racines juives et la religion catholique. Le Bx Jean-Paul II a ajoute qu’« elle est devenue ainsi l’expression d’un pèlerinage humain, culturel et religieux qui incarne le noyau insondable de la tragédie et des espoirs du continent européen ».
Parcours spirituel (source: site du Vatican)
"Inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d'Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d'une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s'engagent, aujoud'hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités; elle est en même temps la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son coeur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait, "jusqu'à ce qu'enfin il trouvât le repos dans le Seigneur" ". Ces paroles furent prononcées par le Pape Jean-Paul II à l'occasion de la béatification d'Édith Stein à Cologne, le 1 mai 1987.
Qui fut cette femme?
Quand, le 12 octobre 1891, Édith Stein naquit à Wroclaw (à l'époque Breslau), la dernière de 11 enfants, sa famille fêtait le Yom Kippour, la plus grande fête juive, le jour de l'expiation. "Plus que toute autre chose cela a contribué à rendre particulièrement chère à la mère sa plus jeune fille". Cette date de naissance fut pour la carmélite presque une prédiction.
Son père, commerçant en bois, mourut quand Édith n'avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, active et volontaire, personne vraiment admirable, restée seule, devait vaquer aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise; cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Édith perdit la foi en Dieu: "En pleine conscience et dans un choix libre je cessai de prier".
Elle obtint brillamment son diplôme de fin d'études secondaires en 1911 et commença des cours d'allemand et d'histoire à l'Université de Wroclaw, plus pour assurer sa subsistance à l'avenir que par passion. La philosophie était en réalité son véritable intérêt. Elle s'intéressait également beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle entra dans l'organisation "Association Prussienne pour le Droit des Femmes au Vote". Plus tard elle écrira: "Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives".
En 1913, l'étudiante Édith Stein se rendit à Gôttingen pour fréquenter les cours de Edmund Husserl à l'université; elle devint son disciple et son assistante et elle passa aussi avec lui sa thèse. À l'époque Edmund Husserl fascinait le public avec son nouveau concept de vérité: le monde perçu existait non seulement à la manière kantienne de la perception subjective. Ses disciples comprenaient sa philosophie comme un retour vers le concret. "Retour à l'objectivisme". La phénoménologie conduisit plusieurs de ses étudiants et étudiantes à la foi chrétienne, sans qu'il en ait eu l'intention. À Gôttingen, Édith Stein rencontra aussi le philosophe Max Scheler. Cette rencontre attira son attention sur le catholicisme. Cependant elle n'oublia pas l'étude qui devait lui procurer du pain dans l'avenir. En janvier 1915, elle réussit avec distinction son examen d'État. Elle ne commença pas cependant sa période de formation professionnelle.
Alors qu'éclatait la première guerre mondiale, elle écrivit: "Maintenant je n'ai plus de vie propre". Elle fréquenta un cours d'infirmière et travailla dans un hôpital militaire autrichien. Pour elle ce furent des temps difficiles. Elle soigna les malades du service des maladies infectieuses, travailla en salle opératoire, vit mourir des hommes dans la fleur de l'âge. À la fermeture de l'hôpital militaire en 1916, elle suivit Husserl à Fribourg-en-Brisgau, elle y obtint en 1917 sa thèse "summa cum laudae" dont le titre était: "Sur le problème de l'empathie".
Il arriva qu'un jour elle put observer comment une femme du peuple, avec son panier à provisions, entra dans la cathédrale de Francfort et s'arrêta pour une brève prière. "Ce fut pour moi quelque chose de complètement nouveau. Dans les synagogues et les églises protestantes que j'ai fréquentées, les croyants se rendent à des offices. En cette circonstance cependant, une personne entre dans une église déserte, comme si elle se rendait à un colloque intime. Je n'ai jamais pu oublier ce qui est arrivé". Dans les dernières pages de sa thèse elle écrit: "Il y a eu des individus qui, suite à un changement imprévu de leur personnalité, ont cru rencontrer la miséricorde divine". Comment est-elle arrivée à cette affirmation?
Édith Stein était liée par des liens d'amitié profonde avec l'assistant de Husserl à Gôtingen, Adolph Reinach, et avec son épouse. Adolf Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Édith se rendit à Gôttingen. Le couple Reinach s'était converti à la foi évangélique. Édith avait une certaine réticence à l'idée de rencontrer la jeune veuve. Avec beaucoup d'étonnement elle rencontra une croyante. "Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu'elle transmet à ceux qui la portent [...] Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s'écroula et le Christ resplendit". Plus tard elle écrivit: "Ce qui n'était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que -vu du côté de Dieu- le hasard n'existe pas; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie".
À l'automne 1918, Édith Stein cessa d'être l'assistante d'Edmund Husserl. Ceci parce qu'elle désirait travailler de manière indépendante. Pour la première fois depuis sa conversion, Édith Stein rendit visite à Husserl en 1930. Elle eut avec lui une discussion sur sa nouvelle foi à laquelle elle aurait volontiers voulu qu'il participe. Puis elle écrit de manière surprenante: "Après chaque rencontre qui me fait sentir l'impossibilité de l'influencer directement, s'avive en moi le caractère pressant de mon propre holocauste".
Édith Stein désirait obtenir l'habilitation à l'enseignement. À l'époque, c'était une chose impossible pour une femme. Husserl se prononça au moment de sa candidature: "Si la carrière universitaire était rendue accessible aux femmes, je pourrais alors la recommander chaleureusement plus que n'importe quelle autre personne pour l'admission à l'examen d'habilitation". Plus tard on lui interdira l'habilitation à cause de ses origines juives.
Édith Stein retourna à Wroclaw. Elle écrivit des articles sur la psychologie et sur d'autres disciplines humanistes. Elle lit cependant le Nouveau Testament, Kierkegaard et le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. Elle s'aperçoit qu'on ne peut seulement lire un tel écrit, il faut le mettre en pratique.
Pendant l'été 1921, elle se rendit pour quelques semaines à Bergzabern (Palatinat), dans la propriété de Madame Hedwig Conrad-Martius, une disciple de Husserl. Cette dame s'était convertie, en même temps que son époux, à la foi évangélique. Un soir, Édith trouva dans la bibliothèque l'autobiographie de Thérèse d'Avila. Elle la lut toute la nuit. "Quand je refermai le livre je me dis: ceci est la vérité". Considérant rétrospectivement sa propre vie, elle écrira plus tard: "Ma quête de vérité était mon unique prière".
Le ler janvier 1922, Édith Stein se fit baptiser. C'était le jour de la circoncision de Jésus, de l'accueil de Jésus dans la descendance d'Abraham. Édith Stein était debout devant les fonds baptismaux, vêtue du manteau nuptial blanc de Hedwig Conrad-Martius qui fut sa marraine. "J'avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu". Maintenant elle sera toujours consciente, non seulement intellectuellement mais aussi concrètement, d'appartenir à la lignée du Christ. À la fête de la Chandeleur, qui est également un jour dont l'origine remonte à l'Ancien Testament, elle reçut la confirmation de l'évêque de Spire dans sa chapelle privée.
Après sa conversion, elle se rendit tout d'abord à Wroclaw. "Maman, je suis catholique". Les deux se mirent à pleurer. Hedwig Conrad-Martius écrivit: "Je vis deux israélites et aucune ne manque de sincérité" (cf Jn 1, 47).
Immédiatement après sa conversion, Édith aspira au Carmel, mais ses interlocuteurs spirituels, le Vicaire général de Spire et le Père Erich Przywara, S.J., l'empêchèrent de faire ce pas. Jusqu'à pâques 1931 elle assura alors un enseignement en allemand et en histoire au lycée et séminaire pour enseignants du couvent dominicain de la Madeleine de Spire. Sur l'insistance de l'archiabbé Raphaël Walzer du couvent de Beuron, elle entreprend de longs voyages pour donner des conférences, surtout sur des thèmes concernant les femmes. "Pendant la période qui précède immédiatement et aussi pendant longtemps après ma conversion [... ] je croyais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à toutes les choses terrestres et vivre seulement dans la pensée de Dieu. Progressivement cependant, je me suis rendue compte que ce monde requiert bien autre chose de nous [...]; je crois même que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit "sortir de soi-même", dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre".
Son programme de travail est énorme. Elle traduit les lettres et le journal de la période pré-catholique de Newman et l'œuvre " Questiones disputatx de veritate " de Thomas d'Aquin et ce dans une version très libre, par amour du dialogue avec la philosophie moderne. Le Père Erich Przywara S.J. l'encouragea à écrire aussi des oeuvres philosophiques propres. Elle apprit qu'il est possible "de pratiquer la science au service de Dieu [... ] ; c'est seulement pour une telle raison que j'ai pu me décider à commencer une série d'oeuvres scientifiques". Pour sa vie et pour son travail elle trouve toujours les forces nécessaires au couvent des bénédictins de Beuron où elle se rend pour passer les grandes fêtes de l'année liturgique.
En 1931, elle termina son activité à Spire. Elle tenta de nouveau d'obtenir l'habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg. En vain. À partir de ce moment, elle écrivit une oeuvre sur les principaux concepts de Thomas d'Aquin: "Puissance et action". Plus tard, elle fera de cet essai son ceuvre majeure en l'élaborant sous le titre "Être fini et Être éternel", et ce dans le couvent des Carmélites à Cologne. L'impression de l'œuvre ne fut pas possible pendant sa vie.
En 1932, on lui donna une chaire dans une institution catholique, l'Institut de Pédagogie scientifique de Münster, où elle put développer son anthropologie. Ici elle eut la possibilité d'unir science et foi et de porter à la compréhension des autres cette union. Durant toute sa vie, elle ne veut être qu'un "instrument de Dieu". "Qui vient à moi, je désire le conduire à Lui".
En 1933, les ténèbres descendent sur l'Allemagne. "J'avais déjà entendu parler des mesures sévères contres les juifs. Mais maintenant je commençai à comprendre soudainement que Dieu avait encore une fois posé lourdement sa main sur son peuple et que le destin de ce peuple était aussi mon destin". L'article de loi sur la descendance arienne des nazis rendit impossible la continuation de son activité d'enseignante. "Si ici je ne peux continuer, en Allemagne il n'y a plus de possibilité pour moi". "J'étais devenue une étrangère dans le monde".
L'archiabbé Walzer de Beuron ne l'empêcha plus d'entrer dans un couvent des Carmélites. Déjà au temps où elle se trouvait à Spire, elle avait fait les veeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. En 1933 elle se présenta à la Mère Prieure du monastère des Carmélites de Cologne. "Ce n'est pas l'activité humaine qui peut nous aider, mais seulement la passion du Christ. J'aspire à y participer".
Encore une fois Édith Stein se rendit à Wroclaw pour prendre congé de sa mère et de sa famille. Le dernier jour qu'elle passa chez elle fut le 12 octobre, le jour de son anniversaire et en même temps celui de la fête juive des Tabernacles. Édith accompagna sa mère à la Synagogue. Pour les deux femmes ce ne fut pas une journée facile. "Pourquoi l'as-tu connu (Jésus Christ)? Je ne veux rien dire contre Lui. Il aura été un homme bon. Mais pourquoi s'est-il fait Dieu?" Sa mère pleure.
Le lendemain matin Édith prend le train pour Cologne. "Je ne pouvais entrer dans une joie profonde. Ce que je laissais derrière moi était trop terrible. Mais j'étais très calme - dans l'intime de la volonté de Dieu". Par la suite elle écrira chaque semaine une lettre à sa mère. Elle ne recevra pas de réponses. Sa soeur Rose lui enverra des nouvelles de la maison.
Le 14 octobre, Édith Stein entre au monastère des Carmélites de Cologne. En 1934, le 14 avril, ce sera la cérémonie de sa prise d'habit. L'archiabbé de Beuron célébra la messe. À partir de ce moment Édith Stein portera le nom de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
En 1938, elle écrivit: "Sous la Croix je compris le destin du peuple de Dieu qui alors (1933) commençait à s'annoncer. Je pensais qu'il comprenait qu'il s'agissait de la Croix du Christ, qu'il devait l'accepter au nom de tous les autres peuples. Il est certain qu'aujourd'hui je comprends davantage ces choses, ce que signifie être épouse du Seigneur sous le signe de la Croix. Cependant il ne sera jamais possible de comprendre tout cela, parce que c'est un mystère".
Le 21 avril 1935, elle fit des voeux temporaires. Le 14 septembre 1936, au moment du renouvellement des voeux, sa mère meurt à Wroclaw. "Jusqu'au dernier moment ma mère est restée fidèle à sa religion. Mais puisque sa foi et sa grande confiance en Dieu [...] furent l'ultime chose qui demeura vivante dans son agonie, j'ai confiance qu'elle a trouvé un juge très clément et que maintenant elle est ma plus fidèle assistante, en sorte que moi aussi je puisse arriver au but".
Sur l'image de sa profession perpétuelle du 21 avril 1938, elle fit imprimer les paroles de saint Jean de la Croix auquel elle consacrera sa dernière oeuvre: "Désormais ma seule tâche sera l'amour".
L'entrée d'Édith Stein au couvent du Carmel n'a pas été une fuite. "Qui entre au Carmel n'est pas perdu pour les siens, mais ils sont encore plus proches; il en est ainsi parce que c'est notre tâche de rendre compte à Dieu pour tous". Surtout elle rend compte à Dieu pour son peuple. "Je dois continuellement penser à la reine Esther qui a été enlevée à son peuple pour en rendre compte devant le roi. Je suis une petite et faible Esther mais le Roi qui m'a appelée est infiniment grand et miséricordieux. C'est là ma grande consolation". (31-10-1938)
Le 9 novembre 1938, la haine des nazis envers les juifs fut révélée au monde entier. Les synagogues brûlèrent. La terreur se répandit parmi les juifs. La Mère Prieure des Carmélites de Cologne fait tout son possible pour conduire soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix à l'étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites de Echt, en Hollande. C'est dans ce lieu qu'elle écrivit son testament, le 9 juin 1939: "Déjà maintenant j'accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très sainte volonté, la mort que Dieu m'a destinée. Je prie le Seigneur qu'Il accepte ma vie et ma mort [...] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l'Allemagne et la paix dans le monde".
Déjà au monastère des Carmélites de Cologne on avait permis à Édith Stein de se consacrer à ses oeuvres scientifiques. Entre autres elle écrivit dans ce lieu "De la vie d'une famille juive". "Je désire simplement raconter ce que j'ai vécu en tant que juive". Face à "la jeunesse qui aujourd'hui est éduquée depuis l'âge le plus tendre à haïr les juifs [...] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage".
En toute hâte, Édith Stein écrira à Echt son essai sur "Jean de la Croix, le Docteur mystique de l'Église, à l'occasion du quatre centième anniversaire de sa naissance, 1542-1942". En 1941, elle écrivit à une religieuse avec laquelle elle avait des liens d'amitié: "Une scientia crucis (la science de la croix) peut être apprise seulement si l'on ressent tout le poids de la croix. De cela j'étais convaincue depuis le premier instant et c'est de tout coeur que j'ai dit: Ave Crux, Spes unica (je te salue Croix, notre unique espérance)". Son essai sur Jean de la Croix porta le sous-titre: "La Science de la Croix".
Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Édith Stein se trouvait dans la chapelle, avec les autres soeurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa soeur Rose qui avait été baptisée dans l'Église catholique et qui travaillait chez les Carmélites de Echt. Les dernières paroles d'Édith Stein que l'on entendit à Echt s'adressèrent à sa soeur: "Viens, nous partons pour notre, peuple".
Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork. Il s'agissait d'une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le progrom et les déportations de juifs. "Que les êtres humains puissent en arriver à être ainsi, je ne l'ai jamais compris et que mes soeurs et mes frères dussent tant souffrir, cela aussi je ne l'ai jamais vraiment compris [...]; à chaque heure je prie pour eux. Est-ce que Dieu entend ma prière? Avec certitude cependant il entend leurs pleurs". Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard: "Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu".
À l'aube du 7 août, un convoi de 987 juifs parti en direction d'Auschwitz. Ce fut le 9 août 1942, que soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, avec sa soeur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, mourut dans les chambres à gaz d'Auschwitz.
Avec sa béatification dans la Cathédrale de Cologne, le ler mai 1987, l'Église honorait, comme l'a dit le Pape Jean-Paul II, "une fille d'Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive".
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 9 août
Bx Franz Jägerstätter
Objecteur de conscience autrichien
Martyr du nazisme († 1943)
Biographie et parcours spirituel
Août 1943. Dans la prison militaire de Berlin-Tegel, un condamné à mort trace d'une main maladroite les lignes suivantes : « Même si j'écris avec les mains enchaînées, cela vaut mieux que d'avoir ma volonté enchaînée. Parfois, Dieu se manifeste en donnant sa force à ceux qui l'aiment et ne placent pas les choses terrestres au-dessus des réalités éternelles. Ni le cachot, ni les chaînes, ni même la mort ne peuvent séparer quelqu'un de l'amour de Dieu, lui ravir sa foi et sa volonté libre. La puissance de Dieu est invincible ». Ce «martyr de la conscience» a été béatifié par l'Église le 26 octobre 2007, en présence de son épouse, âgée de 94 ans.
Franz (François) Jägerstätter est né le 20 mai 1907, enfant naturel de Rosalia Huber, à Sainte-Radegonde, village de Haute-Autriche, tout proche de la frontière allemande. Il est baptisé dès le lendemain et élevé dans la pauvreté chez sa grand-mère. En 1917, sa mère épouse le fermier Heinrich Jägerstätter et Franz est légitimé; il deviendra héritier de la ferme de son beau-père. C'est un garçon éveillé qui lit volontiers, apprend à jouer de la cithare et tient un rôle dans les «Jeux de la Passion du Christ» de Sainte-Radegonde, qui attirent chaque année des dizaines de milliers de spectateurs. Franz, qui n'est pas sans défaut, se montre facilement querelleur. À vingt ans, il va gagner sa vie dans une exploitation minière. Le jeune homme se trouve dans un milieu matérialiste et hostile à l'Église, ce qui provoque en lui une crise religieuse. Il cesse un moment d'aller à la Messe, mais reviendra vite à une pratique chrétienne; celle-ci, probablement insuffisante, ne l'empêchera pas de tomber dans une faute grave: en août 1933, Franz devient le père d'une fille naturelle, dont il s'occupera jusqu'à sa mort. Cependant, il décide bientôt de mener une vie sérieuse.
Un tournant
Franz est aimé et apprécié au village pour sa disponibilité à rendre service. Le 9 avril 1936, il épouse Franziska Schwaninger, une serveuse de restaurant, née en 1913. Les époux se joignent à un groupe de pèlerins et font leur voyage de noces à Rome. Franziska, fervente chrétienne qui communie fréquemment et sanctifie les premiers vendredis du mois, est une jeune femme pleine de charme et d'humour. Franz a trouvé la perle précieuse. Il écrira plus tard à sa femme: «Je n'aurais jamais imaginé que le mariage puisse être quelque chose d'aussi beau». Entraîné par l'exemple de Franziska, il commence lui aussi à communier souvent; c'est le tournant de sa vie spirituelle.
En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne et les rapports avec l'Autriche sont aussitôt tendus. L'évêque de Linz, Mgr Gföllner, dans le diocèse duquel se trouve Sainte-Radegonde, constate dès cette année l'incompatibilité entre la doctrine catholique et celle du national-socialisme. Franz s'en tiendra à cette ligne de conduite: pas de compromis avec le néo-paganisme. Le 10 avril 1938, il vote «non» au plébiscite organisé en Autriche par les Nazis après l'Anschluss (annexion forcée de l'Autriche à l'Allemagne). Il est le seul de son village à oser le faire. Le 17 juin 1940, Jägerstätter est appelé au service militaire actif à Braunau, lieu de naissance de Hitler. Il est cependant déclaré indisponible sur l'intervention des autorités de sa commune, ayant trois filles en bas âge dont la dernière vient de naître. Mais en octobre, il est rappelé à Enns chez les chasseurs alpins. Le 8 décembre, il est reçu dans le Tiers-Ordre franciscain dont son épouse est également membre. En avril 1941, Franz parvient, toujours grâce aux autorités de sa commune, à rentrer chez lui; il aura deux ans de relative tranquillité; mais pendant tout ce temps, son épouse et lui vivent dans l'attente redoutée d'un courrier de la Wehrmacht.
Franz ne refuse nullement, par principe, de porter les armes. Il reçoit l'enseignement de l'Église, formulé aujourd'hui par le Catéchisme de l'Église Catholique: « Les pouvoirs publics ont dans ce cas (si les conditions de la “guerre juste” sont remplies) le droit et le devoir d'imposer aux citoyens les obligations nécessaires à la défense nationale. Ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire sont des serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples. S'ils s'acquittent correctement de leur tâche, ils concourent vraiment au bien commun de la nation et au maintien de la paix » (n. 2310). Cependant, dès avril 1941, Franz est décidé à ne pas obtempérer à un nouvel appel au service dans les armées du troisième Reich. Il est en effet convaincu, après une longue et prudente réflexion, que s'il le fait, il péchera en collaborant directement à une guerre injuste.
À la paroisse de Sainte-Radegonde, on conseille à Franz d'être plus conciliant. Lui, cependant, refuse toute collaboration avec le régime, tout financement au profit du NSDAP (le parti unique). Par contre, il paie volontiers le denier du culte pour procurer à l'Église spoliée des moyens d'existence, et distribue en secret des vivres aux indigents, pour éviter de passer par les organismes officiels de bienfaisance. Il assiste désormais tous les jours à la Messe. Devenu sacristain dès 1940, Franz prend ses fonctions au sérieux; il conseille discrètement au prêtre de parler plus souvent des peines du purgatoire, pour engager les paroissiens à rechercher la perfection et à faire pénitence – conseil qui sera suivi. De son côté, il fait pénitence, jeûne, redouble de prières. C'est surtout dans la sainte Communion qu'il puise sa force. Face à la question « Peut-on encore faire quelque chose ? », Franz répond : « On entend souvent dire : “Il n'y a rien à faire ; dire quelque chose, ce serait s'exposer inutilement au cachot et à la mort. On ne peut guère changer tout seul le destin du monde”... Mais pour se sauver soi-même, et pour gagner peut-être aussi au Christ quelques âmes, je crois qu'il n'est jamais trop tard, tant que nous, les hommes, vivons en ce monde ».
En butte à la contradiction
La décision que prend Franz de se soustraire à un nouvel appel sous les drapeaux lui vaut de nombreuses critiques dans son entourage. Sa mère lui montre les conséquences tragiques qui sont à craindre pour lui et sa famille. L'abbé Joseph Karobath, son curé, cherche à le tranquilliser en soutenant qu'il peut, sans péché, participer à la guerre, parce qu'il n'y a pas d'autre voie possible. Mais, dira le prêtre, « Franz m'a toujours réfuté en me citant l'Écriture : Ne faisons pas le mal pour qu'il advienne un bien (Rm 3, 8) ». En mai 1942, Jägerstätter écrit : « Est-ce aujourd'hui la même chose de faire une guerre juste ou injuste? Y a-t-il quelque chose de pire que de devoir assassiner et dépouiller des hommes qui défendent leur patrie, seulement pour aider un pouvoir antichrétien à triompher pour établir un empire sans Dieu ? » Franz ne croit pas à la « croisade contre le bolchevisme » (slogan utilisé pour justifier l'agression de juin 1941 contre la Russie). Il n'ignore pas que « le communisme est intrinsèquement pervers », comme l'a enseigné Pie XI en 1937 (encyclique Divini Redemptoris), mais il sait aussi qu'une fin bonne ne justifie pas des moyens immoraux. Or, les moyens utilisés en Russie par Hitler ne sont pas conformes aux principes d'humanité et de respect des populations civiles.
Franz interroge son évêque, Mgr Joseph Fliesser, qui – selon son propre témoignage – s'efforce de le convaincre d'obéir à l'appel aux armes: la question de savoir si la guerre est juste dépasse la compétence d'un simple citoyen, et Franz se doit d'abord à sa famille. Cette réponse ne satisfait pas Jägerstätter : il soupçonne que l'évêque a dû le prendre pour un provocateur nazi. De plus, en voyant dans son entourage le grand nombre de soldats qui sont morts au front en Russie, Franz remarque qu'il n'est guère moins dangereux d'être réfractaire que de se laisser conduire comme soldat sur le front de l'Est. « Je crois que si Dieu nous demande de mourir pour notre foi, ce n'est pas une chose trop difficile, si l'on pense aux milliers de jeunes gens qui, en ces difficiles années de guerre, ont été contraints à donner leur vie pour le national-socialisme ».
Dieu premier servi
De nos jours, la question de l'objection de conscience se pose en particulier aux personnes mises en demeure d'appliquer des lois homicides autorisant l'avortement ou l'euthanasie. Dans son encyclique Evangelium vitæ du 25 mars 1995, le Pape Jean-Paul II enseignait à ce sujet : « L'avortement et l'euthanasie sont des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience. Dès les origines de l'Église, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d'obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués (Rm 13, 1-7), mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Ac 5, 29) » (n. 73).
En février 1943, le ministre Goebbels proclame la «guerre totale». Les réservistes seront désormais rappelés au service. Jägerstätter reçoit la convocation redoutée. En accusant réception, il remarque: « Je viens de signer mon arrêt de mort ». Si sa mère le supplie de ne pas s'obstiner, son épouse renonce, quant à elle, à le faire changer d'avis. Mis en demeure de se trouver à la caserne d'Enns le 25 février, Franz écrit à l'abbé Karobath, alors exilé : « Je dois vous annoncer que vous allez peut-être perdre un de vos paroissiens... Comme personne ne peut m'obtenir d'être dispensé d'accomplir une chose qui mettrait en danger mon salut éternel, je ne peux rien changer à ma résolution, que vous connaissez ». Le prêtre comprend alors la position de son ami et l'approuve.
Dans un premier temps, Franz ne se rend pas à la caserne; son idée est de se cacher dans la forêt. Puis, réfléchissant que sa fuite provoquerait des représailles à l'encontre de sa famille, il se présente à Enns le 1er mars. Dès le 2, il annonce à l'officier-recruteur qu'il refuse de porter les armes, en raison de son opposition aux principes du national-socialisme. Le même jour, il écrit à sa femme une lettre pleine d'amour où il lui explique les motifs de sa décision ; elle se termine ainsi: « Puisse Dieu t'accorder tout ce que tu désires, à condition que cela ne compromette pas ton salut éternel... Si Dieu ne permet pas que je vous revoie ici-bas, j'espère que nous serons bientôt tous réunis au Ciel ». Il demande à Franziska de lui envoyer une brochure sur les apparitions de la Vierge Marie à Fatima.
Franz est conduit à la prison militaire de Linz. Il y est visité par l'abbé Baldinger, qui l'invite à accepter l'appel sous les drapeaux. Le prêtre soutient que le port des armes n'implique pas une adhésion au régime nazi ; c'est seulement un acte d'obéissance civile qui n'engage pas la conscience. Mais Franz s'en tient à sa décision mille fois pesée devant Dieu: il ne peut pas prêter le serment inconditionnel d'obéissance à Hitler qui est exigé de tout soldat. L'abbé Baldinger témoignera après la guerre de la parfaite santé mentale de Jägerstätter et de sa douceur : rien en lui du fanatique. D'ailleurs, Franz dit souvent : « Je me confie à Dieu ; s'Il veut que j'agisse autrement, Il me le fera savoir ».
Au cœur de l'homme
C'est pour obéir à Dieu et sauver son âme que Jägerstätter suit le jugement de sa conscience. « Au fond de sa conscience, enseigne le concile Vatican II, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, résonne au moment opportun dans l'intimité de son cœur : “Fais ceci, évite cela”. Car c'est une Loi inscrite par Dieu au cœur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera » (Gaudium et spes, n. 16). « La conscience, écrit saint Bonaventure, est comme le héraut et le messager de Dieu; ce qu'elle dit, elle ne le prescrit pas d'elle-même, mais elle le prescrit comme venant de Dieu, à la manière d'un héraut lorsqu'il proclame l'édit du roi. Il en résulte que la conscience a le pouvoir d'obliger ».
Cependant, « la conscience n'est pas une source autonome et exclusive pour décider ce qui est bon et ce qui est mauvais » ; au contraire, « la dignité de cette instance rationnelle et l'autorité de sa voix et de ses jugements découlent de la vérité sur le bien et sur le mal moral qu'elle est appelée à entendre et à exprimer. Cette vérité est établie par la “Loi divine”, norme universelle et objective de la moralité » (Jean-Paul II, Encyclique Veritatis splendor, 1995, n. 60). On le voit, « la conscience morale n'enferme pas l'homme dans une solitude insurmontable et impénétrable, mais elle l'ouvre à l'appel, à la voix de Dieu » (ibid., n. 58).
Le concile Vatican II enseigne : « Les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l'Église. De par la volonté du Christ, en effet, l'Église catholique est maîtresse de vérité; sa fonction est d'exprimer et d'enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l'ordre moral découlant de la nature même de l'homme » (Dignitatis humanæ, n. 14).
Il n'est pas le seul
Au début de mai, Franz est transféré à la prison militaire de Berlin-Tegel. Il se rend compte qu'il n'est pas le seul à avoir refusé le service armé et que bien d'autres ont accompli des actes héroïques de résistance contre le national-socialisme. Il aide plusieurs d'entre eux à se convertir et à accepter leur mort prochaine. Il apprend avec joie que des S.S. se sont convertis avant de mourir. L'aumônier Heinrich Kreutzberg, qui a déjà assisté deux cents catholiques condamnés à mort, lui témoigne affection et respect. En prison, Franz, qui a toujours été un fermier consciencieux et compétent, manifeste sa tendresse pour sa famille et sa sollicitude pour son exploitation agricole. Le 12 mars 1943, il écrit à sa femme : « Il sera bientôt temps de semer l'avoine. Quand tu as des questions au sujet de la ferme, écris-moi pour que je t'aide de mes conseils. Dieu sait que j'aimerais pourtant mieux t'aider en personne ». À son beau-père, il glisse avec tact un petit conseil : « Ne faites pas travailler les miens trop dur, qu'il leur reste quand même un peu de temps pour méditer et prier ».
Jägerstätter passe cependant par des moments d'épreuve, redoutant surtout que sa famille ne soit persécutée à cause de lui. Son épouse le réjouit en acceptant chrétiennement l'épreuve qu'elle traverse. Le 7 mars, Franziska lui écrit : « Mon très cher époux... que la Volonté de Dieu soit faite, même si elle fait très mal !... Tes trois petites filles te réclament toujours et offrent des sacrifices de carême pour ton retour ». Le 9 avril, Franz écrit à sa femme, à l'occasion de leurs sept ans de mariage : « Quand je repense à toutes les grâces que j'ai reçues pendant sept ans, cela me paraît quelquefois tenir du miracle... Voilà pourquoi, même si nous redoutons l'avenir, nous pouvons être certains que Celui qui nous a ainsi soutenus et comblés ne nous abandonnera pas. Si nous savons Lui rendre grâces et continuer nos efforts vers la perfection, Dieu nous accordera une joie éternelle... Devrais-je quitter cette vie, je reposerais en paix dans ma tombe puisque tu sais que je ne suis pas un criminel ».
Les notes intimes prises par Jägerstätter pendant ses derniers jours montrent sa force et sa liberté intérieures : « On cherche toujours à fléchir ma résolution par le fait que je suis marié et ai des enfants. Mais le fait d'avoir femme et enfants change-t-il une action mauvaise en une action bonne ? Ou bien une action devient-elle bonne ou mauvaise simplement parce que des milliers de catholiques la font? À quoi sert-il de demander à Dieu les sept dons du Saint-Esprit, s'il faut de toute façon pratiquer l'obéissance aveugle ? À quoi sert-il à l'homme d'avoir reçu de Dieu intelligence et volonté libre, si, comme on le prétend, ce n'est pas à lui de discerner si cette guerre que l'Allemagne mène est juste ou injuste ? »
Avant le procès, l'avocat de Franz, Feldmann, qui veut tout faire pour sauver son client, a obtenu que le prévenu puisse rencontrer ses juges seul à seul. Ceux-ci l'exhortent à « ne pas les obliger à le condamner à mort », en acceptant de servir dans une unité sanitaire. Mais Franz décline l'offre, car il lui faudrait prêter le serment d'obéissance inconditionnelle, ce qu'il ne veut à aucun prix. L'arrêt du tribunal militaire de Berlin, en date du 6 juillet 1943, constate que ce refus du service armé est un crime punissable selon la loi du Reich, les motifs de conscience allégués n'étant pas recevables et l'accusé n'étant pas jugé malade mentalement. Franz est donc condamné à mort.
« J'aurais tant voulu »
Le 12 juillet, Franziska est autorisée à voir son mari; l'entretien de vingt minutes a lieu en présence du curé-remplaçant de Sainte-Radegonde, l'abbé Fürthauer. Ce prêtre pusillanime s'efforce en vain de convaincre le condamné de se soumettre pour sauver sa vie. Le 8 août 1943, Franz est transféré à la prison de Brandenburg. On lui annonce qu'il a été condamné à mort et que la sentence sera exécutée le lendemain. Ce même jour, Franz écrit aux siens: «J'aurais tant voulu vous épargner toute cette souffrance que vous avez à supporter à cause de moi. Mais vous savez ce que le Christ a dit : Celui qui aime son père, sa mère, son épouse et ses enfants plus que moi, n'est pas digne de moi (cf.Mt 10, 37)». Dans sa lettre d'adieu, écrite quelques heures avant l'exécution, il ajoute : « Je remercie notre Sauveur de pouvoir souffrir et même mourir pour Lui... Que Dieu daigne accepter l'offrande de ma vie en sacrifice d'expiation non seulement pour mes péchés, mais aussi pour ceux des autres ». Et il recommande de ne nourrir de pensées de colère ni de vengeance contre personne : « Aussi longtemps qu'un homme est en vie, c'est notre devoir de l'aider par notre amour à marcher sur le chemin du Ciel ».
À 16 heures, le 9 août, Franz Jägerstätter est décapité. Le soir du même jour, l'abbé Jochmann, aumônier de la prison, déclare aux religieuses autrichiennes qui ont une clinique à Brandenburg : « Je ne peux que vous féliciter d'avoir un tel compatriote, qui a vécu en Saint et est mort en héros. J'ai la certitude que cet homme simple est le seul Saint qu'il m'ait été donné de rencontrer dans ma vie ». Le corps de Jägerstätter est incinéré par ordre des autorités. L'urne funéraire, après la guerre, sera enterrée au cimetière de Sainte-Radegonde.
L'abbé Kreutzberg, qui a connu Franz pendant ses derniers jours, se demandera plus tard : « D'où vient la force de caractère de cet homme simple ? Ses lettres montrent combien il vivait des grandes vérités de sa foi catholique: Dieu, le péché, la mort, le Jugement, l'éternité, le Ciel et l'enfer ; ces vérités qu'il avait reçues au cours des homélies paroissiales du dimanche. Spécialement, la pensée de l'éternité et des joies du Ciel a été pour lui une grande aide et une précieuse consolation dans ses souffrances et le douloureux adieu à sa famille ».
Le 1er novembre 2007, le Cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, déclarait : « Ce qui est fascinant chez Jägerstätter, c'est la clairvoyance du martyr qui a, mieux que de nombreux académiciens de son temps, su discerner l'incompatibilité entre le national-socialisme et la foi chrétienne. Ce serait toutefois une profonde méprise de penser que par la béatification de Jägerstätter sont condamnés tous ceux qui ont fait le service militaire. Jägerstätter lui-même n'a jamais jugé les autres, mais il a seulement obéi à sa conscience jusqu'au bout ».
Bienheureux Franz Jägerstätter, obtenez-nous de suivre la voix de notre conscience, guidés par notre Mère la Sainte Église, sans nous laisser arrêter par aucune considération humaine.
Dom Antoine
(source: "Nouvelle évangélisation: en route pour la Vie avec Marie, Les Saints d'hier et d'aujourd'hui")
Bx Franz Jägerstätter
Objecteur de conscience autrichien
Martyr du nazisme († 1943)
Biographie et parcours spirituel
Août 1943. Dans la prison militaire de Berlin-Tegel, un condamné à mort trace d'une main maladroite les lignes suivantes : « Même si j'écris avec les mains enchaînées, cela vaut mieux que d'avoir ma volonté enchaînée. Parfois, Dieu se manifeste en donnant sa force à ceux qui l'aiment et ne placent pas les choses terrestres au-dessus des réalités éternelles. Ni le cachot, ni les chaînes, ni même la mort ne peuvent séparer quelqu'un de l'amour de Dieu, lui ravir sa foi et sa volonté libre. La puissance de Dieu est invincible ». Ce «martyr de la conscience» a été béatifié par l'Église le 26 octobre 2007, en présence de son épouse, âgée de 94 ans.
Franz (François) Jägerstätter est né le 20 mai 1907, enfant naturel de Rosalia Huber, à Sainte-Radegonde, village de Haute-Autriche, tout proche de la frontière allemande. Il est baptisé dès le lendemain et élevé dans la pauvreté chez sa grand-mère. En 1917, sa mère épouse le fermier Heinrich Jägerstätter et Franz est légitimé; il deviendra héritier de la ferme de son beau-père. C'est un garçon éveillé qui lit volontiers, apprend à jouer de la cithare et tient un rôle dans les «Jeux de la Passion du Christ» de Sainte-Radegonde, qui attirent chaque année des dizaines de milliers de spectateurs. Franz, qui n'est pas sans défaut, se montre facilement querelleur. À vingt ans, il va gagner sa vie dans une exploitation minière. Le jeune homme se trouve dans un milieu matérialiste et hostile à l'Église, ce qui provoque en lui une crise religieuse. Il cesse un moment d'aller à la Messe, mais reviendra vite à une pratique chrétienne; celle-ci, probablement insuffisante, ne l'empêchera pas de tomber dans une faute grave: en août 1933, Franz devient le père d'une fille naturelle, dont il s'occupera jusqu'à sa mort. Cependant, il décide bientôt de mener une vie sérieuse.
Un tournant
Franz est aimé et apprécié au village pour sa disponibilité à rendre service. Le 9 avril 1936, il épouse Franziska Schwaninger, une serveuse de restaurant, née en 1913. Les époux se joignent à un groupe de pèlerins et font leur voyage de noces à Rome. Franziska, fervente chrétienne qui communie fréquemment et sanctifie les premiers vendredis du mois, est une jeune femme pleine de charme et d'humour. Franz a trouvé la perle précieuse. Il écrira plus tard à sa femme: «Je n'aurais jamais imaginé que le mariage puisse être quelque chose d'aussi beau». Entraîné par l'exemple de Franziska, il commence lui aussi à communier souvent; c'est le tournant de sa vie spirituelle.
En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne et les rapports avec l'Autriche sont aussitôt tendus. L'évêque de Linz, Mgr Gföllner, dans le diocèse duquel se trouve Sainte-Radegonde, constate dès cette année l'incompatibilité entre la doctrine catholique et celle du national-socialisme. Franz s'en tiendra à cette ligne de conduite: pas de compromis avec le néo-paganisme. Le 10 avril 1938, il vote «non» au plébiscite organisé en Autriche par les Nazis après l'Anschluss (annexion forcée de l'Autriche à l'Allemagne). Il est le seul de son village à oser le faire. Le 17 juin 1940, Jägerstätter est appelé au service militaire actif à Braunau, lieu de naissance de Hitler. Il est cependant déclaré indisponible sur l'intervention des autorités de sa commune, ayant trois filles en bas âge dont la dernière vient de naître. Mais en octobre, il est rappelé à Enns chez les chasseurs alpins. Le 8 décembre, il est reçu dans le Tiers-Ordre franciscain dont son épouse est également membre. En avril 1941, Franz parvient, toujours grâce aux autorités de sa commune, à rentrer chez lui; il aura deux ans de relative tranquillité; mais pendant tout ce temps, son épouse et lui vivent dans l'attente redoutée d'un courrier de la Wehrmacht.
Franz ne refuse nullement, par principe, de porter les armes. Il reçoit l'enseignement de l'Église, formulé aujourd'hui par le Catéchisme de l'Église Catholique: « Les pouvoirs publics ont dans ce cas (si les conditions de la “guerre juste” sont remplies) le droit et le devoir d'imposer aux citoyens les obligations nécessaires à la défense nationale. Ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire sont des serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples. S'ils s'acquittent correctement de leur tâche, ils concourent vraiment au bien commun de la nation et au maintien de la paix » (n. 2310). Cependant, dès avril 1941, Franz est décidé à ne pas obtempérer à un nouvel appel au service dans les armées du troisième Reich. Il est en effet convaincu, après une longue et prudente réflexion, que s'il le fait, il péchera en collaborant directement à une guerre injuste.
À la paroisse de Sainte-Radegonde, on conseille à Franz d'être plus conciliant. Lui, cependant, refuse toute collaboration avec le régime, tout financement au profit du NSDAP (le parti unique). Par contre, il paie volontiers le denier du culte pour procurer à l'Église spoliée des moyens d'existence, et distribue en secret des vivres aux indigents, pour éviter de passer par les organismes officiels de bienfaisance. Il assiste désormais tous les jours à la Messe. Devenu sacristain dès 1940, Franz prend ses fonctions au sérieux; il conseille discrètement au prêtre de parler plus souvent des peines du purgatoire, pour engager les paroissiens à rechercher la perfection et à faire pénitence – conseil qui sera suivi. De son côté, il fait pénitence, jeûne, redouble de prières. C'est surtout dans la sainte Communion qu'il puise sa force. Face à la question « Peut-on encore faire quelque chose ? », Franz répond : « On entend souvent dire : “Il n'y a rien à faire ; dire quelque chose, ce serait s'exposer inutilement au cachot et à la mort. On ne peut guère changer tout seul le destin du monde”... Mais pour se sauver soi-même, et pour gagner peut-être aussi au Christ quelques âmes, je crois qu'il n'est jamais trop tard, tant que nous, les hommes, vivons en ce monde ».
En butte à la contradiction
La décision que prend Franz de se soustraire à un nouvel appel sous les drapeaux lui vaut de nombreuses critiques dans son entourage. Sa mère lui montre les conséquences tragiques qui sont à craindre pour lui et sa famille. L'abbé Joseph Karobath, son curé, cherche à le tranquilliser en soutenant qu'il peut, sans péché, participer à la guerre, parce qu'il n'y a pas d'autre voie possible. Mais, dira le prêtre, « Franz m'a toujours réfuté en me citant l'Écriture : Ne faisons pas le mal pour qu'il advienne un bien (Rm 3, 8) ». En mai 1942, Jägerstätter écrit : « Est-ce aujourd'hui la même chose de faire une guerre juste ou injuste? Y a-t-il quelque chose de pire que de devoir assassiner et dépouiller des hommes qui défendent leur patrie, seulement pour aider un pouvoir antichrétien à triompher pour établir un empire sans Dieu ? » Franz ne croit pas à la « croisade contre le bolchevisme » (slogan utilisé pour justifier l'agression de juin 1941 contre la Russie). Il n'ignore pas que « le communisme est intrinsèquement pervers », comme l'a enseigné Pie XI en 1937 (encyclique Divini Redemptoris), mais il sait aussi qu'une fin bonne ne justifie pas des moyens immoraux. Or, les moyens utilisés en Russie par Hitler ne sont pas conformes aux principes d'humanité et de respect des populations civiles.
Franz interroge son évêque, Mgr Joseph Fliesser, qui – selon son propre témoignage – s'efforce de le convaincre d'obéir à l'appel aux armes: la question de savoir si la guerre est juste dépasse la compétence d'un simple citoyen, et Franz se doit d'abord à sa famille. Cette réponse ne satisfait pas Jägerstätter : il soupçonne que l'évêque a dû le prendre pour un provocateur nazi. De plus, en voyant dans son entourage le grand nombre de soldats qui sont morts au front en Russie, Franz remarque qu'il n'est guère moins dangereux d'être réfractaire que de se laisser conduire comme soldat sur le front de l'Est. « Je crois que si Dieu nous demande de mourir pour notre foi, ce n'est pas une chose trop difficile, si l'on pense aux milliers de jeunes gens qui, en ces difficiles années de guerre, ont été contraints à donner leur vie pour le national-socialisme ».
Dieu premier servi
De nos jours, la question de l'objection de conscience se pose en particulier aux personnes mises en demeure d'appliquer des lois homicides autorisant l'avortement ou l'euthanasie. Dans son encyclique Evangelium vitæ du 25 mars 1995, le Pape Jean-Paul II enseignait à ce sujet : « L'avortement et l'euthanasie sont des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience. Dès les origines de l'Église, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d'obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués (Rm 13, 1-7), mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Ac 5, 29) » (n. 73).
En février 1943, le ministre Goebbels proclame la «guerre totale». Les réservistes seront désormais rappelés au service. Jägerstätter reçoit la convocation redoutée. En accusant réception, il remarque: « Je viens de signer mon arrêt de mort ». Si sa mère le supplie de ne pas s'obstiner, son épouse renonce, quant à elle, à le faire changer d'avis. Mis en demeure de se trouver à la caserne d'Enns le 25 février, Franz écrit à l'abbé Karobath, alors exilé : « Je dois vous annoncer que vous allez peut-être perdre un de vos paroissiens... Comme personne ne peut m'obtenir d'être dispensé d'accomplir une chose qui mettrait en danger mon salut éternel, je ne peux rien changer à ma résolution, que vous connaissez ». Le prêtre comprend alors la position de son ami et l'approuve.
Dans un premier temps, Franz ne se rend pas à la caserne; son idée est de se cacher dans la forêt. Puis, réfléchissant que sa fuite provoquerait des représailles à l'encontre de sa famille, il se présente à Enns le 1er mars. Dès le 2, il annonce à l'officier-recruteur qu'il refuse de porter les armes, en raison de son opposition aux principes du national-socialisme. Le même jour, il écrit à sa femme une lettre pleine d'amour où il lui explique les motifs de sa décision ; elle se termine ainsi: « Puisse Dieu t'accorder tout ce que tu désires, à condition que cela ne compromette pas ton salut éternel... Si Dieu ne permet pas que je vous revoie ici-bas, j'espère que nous serons bientôt tous réunis au Ciel ». Il demande à Franziska de lui envoyer une brochure sur les apparitions de la Vierge Marie à Fatima.
Franz est conduit à la prison militaire de Linz. Il y est visité par l'abbé Baldinger, qui l'invite à accepter l'appel sous les drapeaux. Le prêtre soutient que le port des armes n'implique pas une adhésion au régime nazi ; c'est seulement un acte d'obéissance civile qui n'engage pas la conscience. Mais Franz s'en tient à sa décision mille fois pesée devant Dieu: il ne peut pas prêter le serment inconditionnel d'obéissance à Hitler qui est exigé de tout soldat. L'abbé Baldinger témoignera après la guerre de la parfaite santé mentale de Jägerstätter et de sa douceur : rien en lui du fanatique. D'ailleurs, Franz dit souvent : « Je me confie à Dieu ; s'Il veut que j'agisse autrement, Il me le fera savoir ».
Au cœur de l'homme
C'est pour obéir à Dieu et sauver son âme que Jägerstätter suit le jugement de sa conscience. « Au fond de sa conscience, enseigne le concile Vatican II, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, résonne au moment opportun dans l'intimité de son cœur : “Fais ceci, évite cela”. Car c'est une Loi inscrite par Dieu au cœur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera » (Gaudium et spes, n. 16). « La conscience, écrit saint Bonaventure, est comme le héraut et le messager de Dieu; ce qu'elle dit, elle ne le prescrit pas d'elle-même, mais elle le prescrit comme venant de Dieu, à la manière d'un héraut lorsqu'il proclame l'édit du roi. Il en résulte que la conscience a le pouvoir d'obliger ».
Cependant, « la conscience n'est pas une source autonome et exclusive pour décider ce qui est bon et ce qui est mauvais » ; au contraire, « la dignité de cette instance rationnelle et l'autorité de sa voix et de ses jugements découlent de la vérité sur le bien et sur le mal moral qu'elle est appelée à entendre et à exprimer. Cette vérité est établie par la “Loi divine”, norme universelle et objective de la moralité » (Jean-Paul II, Encyclique Veritatis splendor, 1995, n. 60). On le voit, « la conscience morale n'enferme pas l'homme dans une solitude insurmontable et impénétrable, mais elle l'ouvre à l'appel, à la voix de Dieu » (ibid., n. 58).
Le concile Vatican II enseigne : « Les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l'Église. De par la volonté du Christ, en effet, l'Église catholique est maîtresse de vérité; sa fonction est d'exprimer et d'enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l'ordre moral découlant de la nature même de l'homme » (Dignitatis humanæ, n. 14).
Il n'est pas le seul
Au début de mai, Franz est transféré à la prison militaire de Berlin-Tegel. Il se rend compte qu'il n'est pas le seul à avoir refusé le service armé et que bien d'autres ont accompli des actes héroïques de résistance contre le national-socialisme. Il aide plusieurs d'entre eux à se convertir et à accepter leur mort prochaine. Il apprend avec joie que des S.S. se sont convertis avant de mourir. L'aumônier Heinrich Kreutzberg, qui a déjà assisté deux cents catholiques condamnés à mort, lui témoigne affection et respect. En prison, Franz, qui a toujours été un fermier consciencieux et compétent, manifeste sa tendresse pour sa famille et sa sollicitude pour son exploitation agricole. Le 12 mars 1943, il écrit à sa femme : « Il sera bientôt temps de semer l'avoine. Quand tu as des questions au sujet de la ferme, écris-moi pour que je t'aide de mes conseils. Dieu sait que j'aimerais pourtant mieux t'aider en personne ». À son beau-père, il glisse avec tact un petit conseil : « Ne faites pas travailler les miens trop dur, qu'il leur reste quand même un peu de temps pour méditer et prier ».
Jägerstätter passe cependant par des moments d'épreuve, redoutant surtout que sa famille ne soit persécutée à cause de lui. Son épouse le réjouit en acceptant chrétiennement l'épreuve qu'elle traverse. Le 7 mars, Franziska lui écrit : « Mon très cher époux... que la Volonté de Dieu soit faite, même si elle fait très mal !... Tes trois petites filles te réclament toujours et offrent des sacrifices de carême pour ton retour ». Le 9 avril, Franz écrit à sa femme, à l'occasion de leurs sept ans de mariage : « Quand je repense à toutes les grâces que j'ai reçues pendant sept ans, cela me paraît quelquefois tenir du miracle... Voilà pourquoi, même si nous redoutons l'avenir, nous pouvons être certains que Celui qui nous a ainsi soutenus et comblés ne nous abandonnera pas. Si nous savons Lui rendre grâces et continuer nos efforts vers la perfection, Dieu nous accordera une joie éternelle... Devrais-je quitter cette vie, je reposerais en paix dans ma tombe puisque tu sais que je ne suis pas un criminel ».
Les notes intimes prises par Jägerstätter pendant ses derniers jours montrent sa force et sa liberté intérieures : « On cherche toujours à fléchir ma résolution par le fait que je suis marié et ai des enfants. Mais le fait d'avoir femme et enfants change-t-il une action mauvaise en une action bonne ? Ou bien une action devient-elle bonne ou mauvaise simplement parce que des milliers de catholiques la font? À quoi sert-il de demander à Dieu les sept dons du Saint-Esprit, s'il faut de toute façon pratiquer l'obéissance aveugle ? À quoi sert-il à l'homme d'avoir reçu de Dieu intelligence et volonté libre, si, comme on le prétend, ce n'est pas à lui de discerner si cette guerre que l'Allemagne mène est juste ou injuste ? »
Avant le procès, l'avocat de Franz, Feldmann, qui veut tout faire pour sauver son client, a obtenu que le prévenu puisse rencontrer ses juges seul à seul. Ceux-ci l'exhortent à « ne pas les obliger à le condamner à mort », en acceptant de servir dans une unité sanitaire. Mais Franz décline l'offre, car il lui faudrait prêter le serment d'obéissance inconditionnelle, ce qu'il ne veut à aucun prix. L'arrêt du tribunal militaire de Berlin, en date du 6 juillet 1943, constate que ce refus du service armé est un crime punissable selon la loi du Reich, les motifs de conscience allégués n'étant pas recevables et l'accusé n'étant pas jugé malade mentalement. Franz est donc condamné à mort.
« J'aurais tant voulu »
Le 12 juillet, Franziska est autorisée à voir son mari; l'entretien de vingt minutes a lieu en présence du curé-remplaçant de Sainte-Radegonde, l'abbé Fürthauer. Ce prêtre pusillanime s'efforce en vain de convaincre le condamné de se soumettre pour sauver sa vie. Le 8 août 1943, Franz est transféré à la prison de Brandenburg. On lui annonce qu'il a été condamné à mort et que la sentence sera exécutée le lendemain. Ce même jour, Franz écrit aux siens: «J'aurais tant voulu vous épargner toute cette souffrance que vous avez à supporter à cause de moi. Mais vous savez ce que le Christ a dit : Celui qui aime son père, sa mère, son épouse et ses enfants plus que moi, n'est pas digne de moi (cf.Mt 10, 37)». Dans sa lettre d'adieu, écrite quelques heures avant l'exécution, il ajoute : « Je remercie notre Sauveur de pouvoir souffrir et même mourir pour Lui... Que Dieu daigne accepter l'offrande de ma vie en sacrifice d'expiation non seulement pour mes péchés, mais aussi pour ceux des autres ». Et il recommande de ne nourrir de pensées de colère ni de vengeance contre personne : « Aussi longtemps qu'un homme est en vie, c'est notre devoir de l'aider par notre amour à marcher sur le chemin du Ciel ».
À 16 heures, le 9 août, Franz Jägerstätter est décapité. Le soir du même jour, l'abbé Jochmann, aumônier de la prison, déclare aux religieuses autrichiennes qui ont une clinique à Brandenburg : « Je ne peux que vous féliciter d'avoir un tel compatriote, qui a vécu en Saint et est mort en héros. J'ai la certitude que cet homme simple est le seul Saint qu'il m'ait été donné de rencontrer dans ma vie ». Le corps de Jägerstätter est incinéré par ordre des autorités. L'urne funéraire, après la guerre, sera enterrée au cimetière de Sainte-Radegonde.
L'abbé Kreutzberg, qui a connu Franz pendant ses derniers jours, se demandera plus tard : « D'où vient la force de caractère de cet homme simple ? Ses lettres montrent combien il vivait des grandes vérités de sa foi catholique: Dieu, le péché, la mort, le Jugement, l'éternité, le Ciel et l'enfer ; ces vérités qu'il avait reçues au cours des homélies paroissiales du dimanche. Spécialement, la pensée de l'éternité et des joies du Ciel a été pour lui une grande aide et une précieuse consolation dans ses souffrances et le douloureux adieu à sa famille ».
Le 1er novembre 2007, le Cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, déclarait : « Ce qui est fascinant chez Jägerstätter, c'est la clairvoyance du martyr qui a, mieux que de nombreux académiciens de son temps, su discerner l'incompatibilité entre le national-socialisme et la foi chrétienne. Ce serait toutefois une profonde méprise de penser que par la béatification de Jägerstätter sont condamnés tous ceux qui ont fait le service militaire. Jägerstätter lui-même n'a jamais jugé les autres, mais il a seulement obéi à sa conscience jusqu'au bout ».
Bienheureux Franz Jägerstätter, obtenez-nous de suivre la voix de notre conscience, guidés par notre Mère la Sainte Église, sans nous laisser arrêter par aucune considération humaine.
Dom Antoine
(source: "Nouvelle évangélisation: en route pour la Vie avec Marie, Les Saints d'hier et d'aujourd'hui")
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 10 août
Saint Laurent
Diacre et Martyr
(† 258)
Laurent fut l'un des plus illustres martyrs de l'Église. Ses vertus, son mérite, lui gagnèrent l'affection du Pape Sixte II, qui le choisit comme son premier diacre.
L'an 258, le Pape fut arrêté et condamné à mort. Comme on le conduisait au supplice, Laurent, son diacre, le suivait en pleurant : « Où allez-vous, mon père, disait-il, sans votre fils ? Où allez-vous, saint Pontife, sans votre diacre ? Jamais vous n'offriez le sacrifice sans que je vous servisse à l'autel. En quoi ai-je eu le malheur de vous déplaire ? » Le saint Pape, ému, lui dit : « Je ne vous abandonne point, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées ; vous me suivrez dans trois jours. » Puis il lui ordonna de distribuer aux pauvres tous les trésors de l'Église, pour les soustraire aux persécuteurs : mission que Laurent accomplit avec joie.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient tous les trésors dont il avait la garde, car l'empereur en avait besoin pour l'entretien de ses troupes : « J'avoue, lui répondit le diacre, que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle ; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer. » Le préfet accorda trois jours de délai.
Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l'Église ; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant : « Voilà les trésors que je vous ai promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l'Église n'a point d'autres richesses. “Comment oses-tu me jouer, malheureux ? dit le préfet ; est-ce ainsi que tu outrages en moi le pouvoir impérial ?” » Puis il le fit déchirer à coups de fouets.
Laurent, après ce supplice, fut conduit en prison, où il guérit un aveugle et convertit l'officier de ses gardes, nommé Hippolyte. Rappelé au tribunal, il fut étendu sur un chevalet et torturé cruellement ; c'est alors qu'un soldat de la garde, nommé Romain, vit un Ange essuyer le sang et la sueur du martyr : « Vos tourments, dit Laurent au juge, sont pour moi une source de délices. » Laurent fut ensuite rôti à petit feu sur un gril de fer, et quand il eut un côté tout brûlé : « Je suis assez rôti de ce côté, dit-il au juge en souriant ; faites-moi rôtir de l'autre. » Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l'âme.
Bx Arcangelo Piacentini
Prêtre o.f.m. conv.
Arcangelo naît à Calatafimi Segesta (commune de la province de Trapani dans la région Sicile) en 1390, dans la noble famille des Piacentini. Assez jeune quitta la maison paternelle et alla vivre dans une grotte non loin de l’église Sainte Marie du Giubino ; là il aurait eu plusieurs apparitions de la Vierge Marie priant au dessus d’un cyprès.
La nouvelle de ces apparitions et miracles poussa beaucoup de curieux et de fideles à fréquenter ce lieu et ses parents y allèrent aussi pour le persuader de renoncer à ses intentions. Arcangelo, à la suite de ces événements et pour sa tranquillité, se déplaça à Alcamo où il commença à s'occuper des malades dans le vieil hôpital de Saint-Antoine, qu’il remit en état après une période d’abandon. Dans les moments libres il se retirait dans une grotte à proximité pour prier et faire pénitence.
Après la suppression des ermites en Sicile, par le pape Martin V (Oddone Colonna, 1417-1431), il prit l'habit des Frères Mineurs Observants à Palerme, au couvent de Sainte Marie de Jesus. Après être devenu prêtre, le Bx Matteo Guimerà d'Agrigente, son supérieur hiérarchique, lui accorda la faculté d’ouvrir de nouveaux couvents : Arcangelo retourna à hôpital de Saint-Antoine à Alcamo pour ouvrir un couvent. Il fut aussi élu vicaire provinciale de l’Ordre et se consacra à la prédication.
Il a vécu dans le couvent de Sainte Marie de Jésus jusqu'à sa mort, le 24 juillet 1460.
Le pape Grégoire XVI (Bartolomeo Mauro Alberto Cappellari, 1831-1846), le 09 septembre 1836, le proclama bienheureux en vertu des nombreux miracles dus à son intercession.
Saint Laurent
Diacre et Martyr
(† 258)
Laurent fut l'un des plus illustres martyrs de l'Église. Ses vertus, son mérite, lui gagnèrent l'affection du Pape Sixte II, qui le choisit comme son premier diacre.
L'an 258, le Pape fut arrêté et condamné à mort. Comme on le conduisait au supplice, Laurent, son diacre, le suivait en pleurant : « Où allez-vous, mon père, disait-il, sans votre fils ? Où allez-vous, saint Pontife, sans votre diacre ? Jamais vous n'offriez le sacrifice sans que je vous servisse à l'autel. En quoi ai-je eu le malheur de vous déplaire ? » Le saint Pape, ému, lui dit : « Je ne vous abandonne point, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées ; vous me suivrez dans trois jours. » Puis il lui ordonna de distribuer aux pauvres tous les trésors de l'Église, pour les soustraire aux persécuteurs : mission que Laurent accomplit avec joie.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient tous les trésors dont il avait la garde, car l'empereur en avait besoin pour l'entretien de ses troupes : « J'avoue, lui répondit le diacre, que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle ; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer. » Le préfet accorda trois jours de délai.
Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l'Église ; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant : « Voilà les trésors que je vous ai promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l'Église n'a point d'autres richesses. “Comment oses-tu me jouer, malheureux ? dit le préfet ; est-ce ainsi que tu outrages en moi le pouvoir impérial ?” » Puis il le fit déchirer à coups de fouets.
Laurent, après ce supplice, fut conduit en prison, où il guérit un aveugle et convertit l'officier de ses gardes, nommé Hippolyte. Rappelé au tribunal, il fut étendu sur un chevalet et torturé cruellement ; c'est alors qu'un soldat de la garde, nommé Romain, vit un Ange essuyer le sang et la sueur du martyr : « Vos tourments, dit Laurent au juge, sont pour moi une source de délices. » Laurent fut ensuite rôti à petit feu sur un gril de fer, et quand il eut un côté tout brûlé : « Je suis assez rôti de ce côté, dit-il au juge en souriant ; faites-moi rôtir de l'autre. » Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l'âme.
Bx Arcangelo Piacentini
Prêtre o.f.m. conv.
Arcangelo naît à Calatafimi Segesta (commune de la province de Trapani dans la région Sicile) en 1390, dans la noble famille des Piacentini. Assez jeune quitta la maison paternelle et alla vivre dans une grotte non loin de l’église Sainte Marie du Giubino ; là il aurait eu plusieurs apparitions de la Vierge Marie priant au dessus d’un cyprès.
La nouvelle de ces apparitions et miracles poussa beaucoup de curieux et de fideles à fréquenter ce lieu et ses parents y allèrent aussi pour le persuader de renoncer à ses intentions. Arcangelo, à la suite de ces événements et pour sa tranquillité, se déplaça à Alcamo où il commença à s'occuper des malades dans le vieil hôpital de Saint-Antoine, qu’il remit en état après une période d’abandon. Dans les moments libres il se retirait dans une grotte à proximité pour prier et faire pénitence.
Après la suppression des ermites en Sicile, par le pape Martin V (Oddone Colonna, 1417-1431), il prit l'habit des Frères Mineurs Observants à Palerme, au couvent de Sainte Marie de Jesus. Après être devenu prêtre, le Bx Matteo Guimerà d'Agrigente, son supérieur hiérarchique, lui accorda la faculté d’ouvrir de nouveaux couvents : Arcangelo retourna à hôpital de Saint-Antoine à Alcamo pour ouvrir un couvent. Il fut aussi élu vicaire provinciale de l’Ordre et se consacra à la prédication.
Il a vécu dans le couvent de Sainte Marie de Jésus jusqu'à sa mort, le 24 juillet 1460.
Le pape Grégoire XVI (Bartolomeo Mauro Alberto Cappellari, 1831-1846), le 09 septembre 1836, le proclama bienheureux en vertu des nombreux miracles dus à son intercession.
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Re: Les saints du jour
Lundi le 11 août
Sainte Claire d’Assise
Vierge et fondatrice des Clarisses
(1193-1253)
Claire, naît en 1193 en Assise (Italie), dans la noble famille de Favarone di Offreduccio, de Bernardino et de Ortolana. Dès son enfance, on put admirer en elle un vif attrait pour la retraite, l'oraison, le mépris du monde, l'amour des pauvres et de la souffrance ; sous ses habits précieux, elle portait un cilice.
À l'âge de seize ans, fortement émue de la vie si sainte de François d'Assise, elle va lui confier son désir de se donner toute à Dieu. Le Saint la pénètre des flammes du divin amour, accepte de diriger sa vie, mais il exige des actes : Claire devra, revêtue d'un sac, parcourir la ville en mendiant son pain de porte en porte. Elle accomplit de grand cœur cet acte humiliant, et, peu de jours après, quitte les livrées du siècle, reçoit de François une rude tunique avec une corde pour lui ceindre les reins, et un voile grossier sur sa tête dépouillée de ses beaux cheveux.
Elle triomphe de la résistance de sa famille. Quelques jours après, sa sœur Agnès la supplie de l'agréer en sa compagnie, ce que Claire accepte avec joie, en rendant grâce au Ciel. « Morte ou vive, qu'on me ramène Agnès ! » s'écria le père, furieux à cette nouvelle ; mais Dieu fut le plus fort, et Agnès meurtrie, épuisée, put demeurer avec sa sœur. Leur mère, après la mort de son mari, et une de leurs sœurs, vint les rejoindre.
La communauté fut bientôt nombreuse et florissante ; on y vit pratiquer, sous la direction de Claire, devenue, quoique jeune, une parfaite maîtresse de vie spirituelle, une pauvreté admirable, un détachement absolu, une obéissance sublime : l'amour de Dieu était l'âme de toutes ses vertus.
Claire dépassait toutes ses sœurs par sa mortification ; sa tunique était la plus rude, son cilice le plus terrible à la chair; des herbes sèches assaisonnées de cendre formaient sa nourriture ; pendant le Carême, elle ne prenait que du pain et de l'eau, trois fois la semaine seulement. Longtemps elle coucha sur la terre nue, ayant un morceau de bois pour oreiller.
Claire, supérieure, se regardait comme la dernière du couvent, éveillait ses sœurs, sonnait matines, allumait les lampes, balayait le monastère. Elle voulait qu'on vécût dans le couvent au jour le jour, sans fonds de terre, sans pensions et dans une clôture perpétuelle.
Elle est célèbre par l'expulsion des Sarrasins, qui, après avoir pillé la ville, voulaient piller le couvent. Elle pria Dieu, et une voix du Ciel cria : « Je vous ai gardées et je vous garderai toujours. » ; malade, se fit transporter à la porte du monastère, et, le ciboire en main, mit en fuite les ennemis.
Claire, le 11 août 1253, quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
Catéchèse de Benoit XVI:
Chers frères et sœurs,
L’une des saintes les plus aimées est sans aucun doute sainte Claire d’Assise, qui vécut au XIIIe siècle, et qui fut contemporaine de saint François. Son témoignage nous montre combien l’Eglise tout entière possède une dette envers des femmes courageuses et riches de foi comme elle, capables d’apporter une impulsion décisive au renouveau de l’Eglise.
Qui était donc Claire d’Assise? Pour répondre à cette question, nous possédons des sources sûres: non seulement les anciennes biographies, comme celles de Thomas de Celano, mais également les Actes du procès de canonisation promu par le Pape quelques mois seulement après la mort de Claire et qui contiennent les témoignages de ceux qui vécurent à ses côtés pendant longtemps.
Née en 1193, Claire appartenait à une riche famille aristocratique. Elle renonça à la noblesse et à la richesse pour vivre dans l’humilité et la pauvreté, adoptant la forme de vie que François d’Assise proposait. Même si ses parents, comme cela arrivait alors, projetaient pour elle un mariage avec un personnage important, à 18 ans, Claire, à travers un geste audacieux inspiré par le profond désir de suivre le Christ et par son admiration pour François, quitta la maison paternelle et, en compagnie de son amie, Bona de Guelfuccio, rejoignit en secret les frères mineurs dans la petite église de la Portioncule. C’était le soir du dimanche des Rameaux de l’an 1211. Dans l’émotion générale, fut accompli un geste hautement symbolique: tandis que ses compagnons tenaient entre les mains des flambeaux allumés, François lui coupa les cheveux et Claire se vêtit d’un habit de pénitence en toile rêche. A partir de ce moment, elle devint l’épouse vierge du Christ, humble et pauvre, et se consacra entièrement à Lui. Comme Claire et ses compagnes, d’innombrables femmes au cours de l’histoire ont été fascinées par l’amour pour le Christ qui, dans la beauté de sa Personne divine, remplit leur cœur. Et l’Eglise tout entière, au moyen de la mystique vocation nuptiale des vierges consacrées, apparaît ce qu’elle sera pour toujours: l’Epouse belle et pure du Christ.
L’une des quatre lettres que Claire envoya à sainte Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui voulut suivre ses traces, parle du Christ, son bien-aimé Epoux, avec des expressions nuptiales qui peuvent étonner, mais qui sont émouvantes: «Alors que vous le touchez, vous devenez plus pure, alors que vous le recevez, vous êtes vierge. Son pouvoir est plus fort, sa générosité plus grande, son apparence plus belle, son amour plus suave et son charme plus exquis. Il vous serre déjà dans ses bras, lui qui a orné votre poitrine de pierres précieuses... lui qui a mis sur votre tête une couronne d'or arborant le signe de la sainteté» (Première Lettre: FF, 2862).
En particulier au début de son expérience religieuse, Claire trouva en François d’Assise non seulement un maître dont elle pouvait suivre les enseignements, mais également un ami fraternel. L’amitié entre ces deux saints constitue un très bel et important aspect. En effet, lorsque deux âmes pures et enflammées par le même amour pour le Christ se rencontrent, celles-ci tirent de leur amitié réciproque un encouragement très profond pour parcourir la voie de la perfection. L’amitié est l’un des sentiments humains les plus nobles et élevés que la Grâce divine purifie et transfigure. Comme saint François et sainte Claire, d’autres saints également ont vécu une profonde amitié sur leur chemin vers la perfection chrétienne, comme saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal. Et précisément saint François de Sales écrit: «Il est beau de pouvoir aimer sur terre comme on aime au ciel, et d’apprendre à s’aimer en ce monde comme nous le ferons éternellement dans l’autre. Je ne parle pas ici du simple amour de charité, car nous devons avoir celui-ci pour tous les hommes; je parle de l’amitié spirituelle, dans le cadre de laquelle, deux, trois ou plusieurs personnes s’échangent les dévotions, les affections spirituelles et deviennent réellement un seul esprit» (Introduction à la vie de dévotion, III, 19).
Après avoir passé une période de quelques mois auprès d’autres communautés monastiques, résistant aux pressions de sa famille qui au début, n’approuvait pas son choix, Claire s’établit avec ses premières compagnes dans l’église Saint-Damien où les frères mineurs avaient préparé un petit couvent pour elles. Elle vécut dans ce monastère pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort, survenue en 1253. Une description directe nous est parvenue de la façon dont vivaient ces femmes au cours de ces années, au début du mouvement franciscain. Il s’agit du compte-rendu admiratif d’un évêque flamand en visite en Italie, Jacques de Vitry, qui affirme avoir trouvé un grand nombre d’hommes et de femmes, de toute origine sociale, qui «ayant quitté toute chose pour le Christ, fuyaient le monde. Ils s’appelaient frères mineurs et sœurs mineures et sont tenus en grande estime par Monsieur le Pape et par les cardinaux... Les femmes... demeurent ensemble dans divers hospices non loin des villes. Elle ne reçoivent rien, mais vivent du travail de leurs mains. Et elles sont profondément attristées et troublées, car elles sont honorées plus qu’elles ne le voudraient, par les prêtres et les laïcs» (Lettre d’octobre 1216: FF, 2205.2207).
Jacques de Vitry avait saisi avec une grande perspicacité un trait caractéristique de la spiritualité franciscaine à laquelle Claire fut très sensible: la radicalité de la pauvreté associée à la confiance totale dans la Providence divine. C'est pour cette raison qu'elle agit avec une grande détermination, en obtenant du Pape Grégoire IX ou, probablement déjà du Pape Innocent III, celui que l’on appela le Privilegium Paupertatis (cf. FF, 3279). Sur la base de celui-ci, Claire et ses compagnes de Saint-Damien ne pouvaient posséder aucune propriété matérielle. Il s'agissait d'une exception véritablement extraordinaire par rapport au droit canonique en vigueur et les autorités ecclésiastiques de cette époque le concédèrent en appréciant les fruits de sainteté évangélique qu’elles reconnaissaient dans le mode de vie de Claire et de ses consœurs. Cela montre que même au cours des siècles du Moyen âge, le rôle des femmes n'était pas secondaire, mais considérable. A cet égard, il est bon de rappeler que Claire a été la première femme dans l'histoire de l'Eglise à avoir rédigé une Règle écrite, soumise à l'approbation du Pape, pour que le charisme de François d'Assise fût conservé dans toutes les communautés féminines qui étaient fondées de plus en plus nombreuses déjà de son temps et qui désiraient s'inspirer de l'exemple de François et de Claire.
Dans le couvent de Saint-Damien, Claire pratiqua de manière héroïque les vertus qui devraient distinguer chaque chrétien: l'humilité, l'esprit de piété et de pénitence, la charité. Bien qu'étant la supérieure, elle voulait servir personnellement les sœurs malades, en s'imposant aussi des tâches très humbles: la charité en effet, surmonte toute résistance et celui qui aime accomplit tous les sacrifices avec joie. Sa foi dans la présence réelle de l'Eucharistie était si grande que, par deux fois, un fait prodigieux se réalisa. Par la seule ostension du Très Saint Sacrement, elle éloigna les soldats mercenaires sarrasins, qui étaient sur le point d'agresser le couvent de Saint-Damien et de dévaster la ville d'Assise.
Ces épisodes aussi, comme d'autres miracles, dont est conservée la mémoire, poussèrent le Pape Alexandre IV à la canoniser deux années seulement après sa mort, en 1255, traçant un éloge dans la Bulle de canonisation, où nous lisons: «Comme est vive la puissance de cette lumière et comme est forte la clarté de cette source lumineuse. Vraiment, cette lumière se tenait cachée dans la retraite de la vie de clôture et dehors rayonnaient des éclats lumineux; elle se recueillait dans un étroit monastère, et dehors elle se diffusait dans la grandeur du monde. Elle se protégeait à l'intérieur et elle se répandait à l'extérieur. Claire en effet, se cachait: mais sa vie était révélée à tous. Claire se taisait mais sa renommée criait» (FF, 3284). Et il en est véritablement ainsi, chers amis: ce sont les saints qui changent le monde en mieux, le transforment de manière durable, en insufflant les énergies que seul l'amour inspiré par l'Evangile peut susciter. Les saints sont les grands bienfaiteurs de l'humanité!
La spiritualité de sainte Claire, la synthèse de sa proposition de sainteté est recueillie dans la quatrième lettre à sainte Agnès de Prague. Sainte Claire a recours à une image très répandue au Moyen âge, d'ascendance patristique, le miroir. Et elle invite son amie de Prague à se refléter dans ce miroir de perfection de toute vertu qu'est le Seigneur lui-même. Elle écrit: «Heureuse certes celle à qui il est donné de prendre part au festin sacré pour s'attacher jusqu'au fond de son cœur [au Christ], à celui dont toutes les troupes célestes ne cessent d'admirer la beauté, dont l'amitié émeut, dont la contemplation nourrit, dont la bienveillance comble, dont la douceur rassasie, dont le souvenir pointe en douceur, dont le parfum fera revivre les morts, dont la vue en gloire fera le bonheur des citoyens de la Jérusalem d'en haut. Tout cela puisqu'il est la splendeur de la gloire éternelle, l'éclat de la lumière éternelle et le miroir sans tache. Ce miroir, contemple-le chaque jour, ô Reine, épouse de Jésus Christ, et n'arrête d'y contempler ton apparence afin que... tu puisses, intérieurement et extérieurement, te parer comme il convient... En ce miroir brillent la bienheureuse pauvreté, la sainte humilité et l'ineffable charité» (Quatrième lettre: FF, 2901-2903).
Reconnaissants à Dieu qui nous donne les saints qui parlent à notre cœur et nous offrent un exemple de vie chrétienne à imiter, je voudrais conclure avec les mêmes paroles de bénédiction que sainte Claire composa pour ses consœurs et qu'aujourd'hui encore les Clarisses, qui jouent un précieux rôle dans l'Eglise par leur prière et leur œuvre, conservent avec une grande dévotion. Ce sont des expressions où émerge toute la tendresse de sa maternité spirituelle: «Je vous bénis dans ma vie et après ma mort, comme je peux et plus que je le peux, avec toutes les bénédictions par lesquelles le Père des miséricordes pourrait bénir et bénira au ciel et sur la terre les fils et les filles, et avec lesquelles un père et une mère spirituelle pourraient bénir et béniront leurs fils et leurs filles spirituels. Amen» (FF, 2856).
Sainte Claire d’Assise
Vierge et fondatrice des Clarisses
(1193-1253)
Claire, naît en 1193 en Assise (Italie), dans la noble famille de Favarone di Offreduccio, de Bernardino et de Ortolana. Dès son enfance, on put admirer en elle un vif attrait pour la retraite, l'oraison, le mépris du monde, l'amour des pauvres et de la souffrance ; sous ses habits précieux, elle portait un cilice.
À l'âge de seize ans, fortement émue de la vie si sainte de François d'Assise, elle va lui confier son désir de se donner toute à Dieu. Le Saint la pénètre des flammes du divin amour, accepte de diriger sa vie, mais il exige des actes : Claire devra, revêtue d'un sac, parcourir la ville en mendiant son pain de porte en porte. Elle accomplit de grand cœur cet acte humiliant, et, peu de jours après, quitte les livrées du siècle, reçoit de François une rude tunique avec une corde pour lui ceindre les reins, et un voile grossier sur sa tête dépouillée de ses beaux cheveux.
Elle triomphe de la résistance de sa famille. Quelques jours après, sa sœur Agnès la supplie de l'agréer en sa compagnie, ce que Claire accepte avec joie, en rendant grâce au Ciel. « Morte ou vive, qu'on me ramène Agnès ! » s'écria le père, furieux à cette nouvelle ; mais Dieu fut le plus fort, et Agnès meurtrie, épuisée, put demeurer avec sa sœur. Leur mère, après la mort de son mari, et une de leurs sœurs, vint les rejoindre.
La communauté fut bientôt nombreuse et florissante ; on y vit pratiquer, sous la direction de Claire, devenue, quoique jeune, une parfaite maîtresse de vie spirituelle, une pauvreté admirable, un détachement absolu, une obéissance sublime : l'amour de Dieu était l'âme de toutes ses vertus.
Claire dépassait toutes ses sœurs par sa mortification ; sa tunique était la plus rude, son cilice le plus terrible à la chair; des herbes sèches assaisonnées de cendre formaient sa nourriture ; pendant le Carême, elle ne prenait que du pain et de l'eau, trois fois la semaine seulement. Longtemps elle coucha sur la terre nue, ayant un morceau de bois pour oreiller.
Claire, supérieure, se regardait comme la dernière du couvent, éveillait ses sœurs, sonnait matines, allumait les lampes, balayait le monastère. Elle voulait qu'on vécût dans le couvent au jour le jour, sans fonds de terre, sans pensions et dans une clôture perpétuelle.
Elle est célèbre par l'expulsion des Sarrasins, qui, après avoir pillé la ville, voulaient piller le couvent. Elle pria Dieu, et une voix du Ciel cria : « Je vous ai gardées et je vous garderai toujours. » ; malade, se fit transporter à la porte du monastère, et, le ciboire en main, mit en fuite les ennemis.
Claire, le 11 août 1253, quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
Catéchèse de Benoit XVI:
Chers frères et sœurs,
L’une des saintes les plus aimées est sans aucun doute sainte Claire d’Assise, qui vécut au XIIIe siècle, et qui fut contemporaine de saint François. Son témoignage nous montre combien l’Eglise tout entière possède une dette envers des femmes courageuses et riches de foi comme elle, capables d’apporter une impulsion décisive au renouveau de l’Eglise.
Qui était donc Claire d’Assise? Pour répondre à cette question, nous possédons des sources sûres: non seulement les anciennes biographies, comme celles de Thomas de Celano, mais également les Actes du procès de canonisation promu par le Pape quelques mois seulement après la mort de Claire et qui contiennent les témoignages de ceux qui vécurent à ses côtés pendant longtemps.
Née en 1193, Claire appartenait à une riche famille aristocratique. Elle renonça à la noblesse et à la richesse pour vivre dans l’humilité et la pauvreté, adoptant la forme de vie que François d’Assise proposait. Même si ses parents, comme cela arrivait alors, projetaient pour elle un mariage avec un personnage important, à 18 ans, Claire, à travers un geste audacieux inspiré par le profond désir de suivre le Christ et par son admiration pour François, quitta la maison paternelle et, en compagnie de son amie, Bona de Guelfuccio, rejoignit en secret les frères mineurs dans la petite église de la Portioncule. C’était le soir du dimanche des Rameaux de l’an 1211. Dans l’émotion générale, fut accompli un geste hautement symbolique: tandis que ses compagnons tenaient entre les mains des flambeaux allumés, François lui coupa les cheveux et Claire se vêtit d’un habit de pénitence en toile rêche. A partir de ce moment, elle devint l’épouse vierge du Christ, humble et pauvre, et se consacra entièrement à Lui. Comme Claire et ses compagnes, d’innombrables femmes au cours de l’histoire ont été fascinées par l’amour pour le Christ qui, dans la beauté de sa Personne divine, remplit leur cœur. Et l’Eglise tout entière, au moyen de la mystique vocation nuptiale des vierges consacrées, apparaît ce qu’elle sera pour toujours: l’Epouse belle et pure du Christ.
L’une des quatre lettres que Claire envoya à sainte Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui voulut suivre ses traces, parle du Christ, son bien-aimé Epoux, avec des expressions nuptiales qui peuvent étonner, mais qui sont émouvantes: «Alors que vous le touchez, vous devenez plus pure, alors que vous le recevez, vous êtes vierge. Son pouvoir est plus fort, sa générosité plus grande, son apparence plus belle, son amour plus suave et son charme plus exquis. Il vous serre déjà dans ses bras, lui qui a orné votre poitrine de pierres précieuses... lui qui a mis sur votre tête une couronne d'or arborant le signe de la sainteté» (Première Lettre: FF, 2862).
En particulier au début de son expérience religieuse, Claire trouva en François d’Assise non seulement un maître dont elle pouvait suivre les enseignements, mais également un ami fraternel. L’amitié entre ces deux saints constitue un très bel et important aspect. En effet, lorsque deux âmes pures et enflammées par le même amour pour le Christ se rencontrent, celles-ci tirent de leur amitié réciproque un encouragement très profond pour parcourir la voie de la perfection. L’amitié est l’un des sentiments humains les plus nobles et élevés que la Grâce divine purifie et transfigure. Comme saint François et sainte Claire, d’autres saints également ont vécu une profonde amitié sur leur chemin vers la perfection chrétienne, comme saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal. Et précisément saint François de Sales écrit: «Il est beau de pouvoir aimer sur terre comme on aime au ciel, et d’apprendre à s’aimer en ce monde comme nous le ferons éternellement dans l’autre. Je ne parle pas ici du simple amour de charité, car nous devons avoir celui-ci pour tous les hommes; je parle de l’amitié spirituelle, dans le cadre de laquelle, deux, trois ou plusieurs personnes s’échangent les dévotions, les affections spirituelles et deviennent réellement un seul esprit» (Introduction à la vie de dévotion, III, 19).
Après avoir passé une période de quelques mois auprès d’autres communautés monastiques, résistant aux pressions de sa famille qui au début, n’approuvait pas son choix, Claire s’établit avec ses premières compagnes dans l’église Saint-Damien où les frères mineurs avaient préparé un petit couvent pour elles. Elle vécut dans ce monastère pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort, survenue en 1253. Une description directe nous est parvenue de la façon dont vivaient ces femmes au cours de ces années, au début du mouvement franciscain. Il s’agit du compte-rendu admiratif d’un évêque flamand en visite en Italie, Jacques de Vitry, qui affirme avoir trouvé un grand nombre d’hommes et de femmes, de toute origine sociale, qui «ayant quitté toute chose pour le Christ, fuyaient le monde. Ils s’appelaient frères mineurs et sœurs mineures et sont tenus en grande estime par Monsieur le Pape et par les cardinaux... Les femmes... demeurent ensemble dans divers hospices non loin des villes. Elle ne reçoivent rien, mais vivent du travail de leurs mains. Et elles sont profondément attristées et troublées, car elles sont honorées plus qu’elles ne le voudraient, par les prêtres et les laïcs» (Lettre d’octobre 1216: FF, 2205.2207).
Jacques de Vitry avait saisi avec une grande perspicacité un trait caractéristique de la spiritualité franciscaine à laquelle Claire fut très sensible: la radicalité de la pauvreté associée à la confiance totale dans la Providence divine. C'est pour cette raison qu'elle agit avec une grande détermination, en obtenant du Pape Grégoire IX ou, probablement déjà du Pape Innocent III, celui que l’on appela le Privilegium Paupertatis (cf. FF, 3279). Sur la base de celui-ci, Claire et ses compagnes de Saint-Damien ne pouvaient posséder aucune propriété matérielle. Il s'agissait d'une exception véritablement extraordinaire par rapport au droit canonique en vigueur et les autorités ecclésiastiques de cette époque le concédèrent en appréciant les fruits de sainteté évangélique qu’elles reconnaissaient dans le mode de vie de Claire et de ses consœurs. Cela montre que même au cours des siècles du Moyen âge, le rôle des femmes n'était pas secondaire, mais considérable. A cet égard, il est bon de rappeler que Claire a été la première femme dans l'histoire de l'Eglise à avoir rédigé une Règle écrite, soumise à l'approbation du Pape, pour que le charisme de François d'Assise fût conservé dans toutes les communautés féminines qui étaient fondées de plus en plus nombreuses déjà de son temps et qui désiraient s'inspirer de l'exemple de François et de Claire.
Dans le couvent de Saint-Damien, Claire pratiqua de manière héroïque les vertus qui devraient distinguer chaque chrétien: l'humilité, l'esprit de piété et de pénitence, la charité. Bien qu'étant la supérieure, elle voulait servir personnellement les sœurs malades, en s'imposant aussi des tâches très humbles: la charité en effet, surmonte toute résistance et celui qui aime accomplit tous les sacrifices avec joie. Sa foi dans la présence réelle de l'Eucharistie était si grande que, par deux fois, un fait prodigieux se réalisa. Par la seule ostension du Très Saint Sacrement, elle éloigna les soldats mercenaires sarrasins, qui étaient sur le point d'agresser le couvent de Saint-Damien et de dévaster la ville d'Assise.
Ces épisodes aussi, comme d'autres miracles, dont est conservée la mémoire, poussèrent le Pape Alexandre IV à la canoniser deux années seulement après sa mort, en 1255, traçant un éloge dans la Bulle de canonisation, où nous lisons: «Comme est vive la puissance de cette lumière et comme est forte la clarté de cette source lumineuse. Vraiment, cette lumière se tenait cachée dans la retraite de la vie de clôture et dehors rayonnaient des éclats lumineux; elle se recueillait dans un étroit monastère, et dehors elle se diffusait dans la grandeur du monde. Elle se protégeait à l'intérieur et elle se répandait à l'extérieur. Claire en effet, se cachait: mais sa vie était révélée à tous. Claire se taisait mais sa renommée criait» (FF, 3284). Et il en est véritablement ainsi, chers amis: ce sont les saints qui changent le monde en mieux, le transforment de manière durable, en insufflant les énergies que seul l'amour inspiré par l'Evangile peut susciter. Les saints sont les grands bienfaiteurs de l'humanité!
La spiritualité de sainte Claire, la synthèse de sa proposition de sainteté est recueillie dans la quatrième lettre à sainte Agnès de Prague. Sainte Claire a recours à une image très répandue au Moyen âge, d'ascendance patristique, le miroir. Et elle invite son amie de Prague à se refléter dans ce miroir de perfection de toute vertu qu'est le Seigneur lui-même. Elle écrit: «Heureuse certes celle à qui il est donné de prendre part au festin sacré pour s'attacher jusqu'au fond de son cœur [au Christ], à celui dont toutes les troupes célestes ne cessent d'admirer la beauté, dont l'amitié émeut, dont la contemplation nourrit, dont la bienveillance comble, dont la douceur rassasie, dont le souvenir pointe en douceur, dont le parfum fera revivre les morts, dont la vue en gloire fera le bonheur des citoyens de la Jérusalem d'en haut. Tout cela puisqu'il est la splendeur de la gloire éternelle, l'éclat de la lumière éternelle et le miroir sans tache. Ce miroir, contemple-le chaque jour, ô Reine, épouse de Jésus Christ, et n'arrête d'y contempler ton apparence afin que... tu puisses, intérieurement et extérieurement, te parer comme il convient... En ce miroir brillent la bienheureuse pauvreté, la sainte humilité et l'ineffable charité» (Quatrième lettre: FF, 2901-2903).
Reconnaissants à Dieu qui nous donne les saints qui parlent à notre cœur et nous offrent un exemple de vie chrétienne à imiter, je voudrais conclure avec les mêmes paroles de bénédiction que sainte Claire composa pour ses consœurs et qu'aujourd'hui encore les Clarisses, qui jouent un précieux rôle dans l'Eglise par leur prière et leur œuvre, conservent avec une grande dévotion. Ce sont des expressions où émerge toute la tendresse de sa maternité spirituelle: «Je vous bénis dans ma vie et après ma mort, comme je peux et plus que je le peux, avec toutes les bénédictions par lesquelles le Père des miséricordes pourrait bénir et bénira au ciel et sur la terre les fils et les filles, et avec lesquelles un père et une mère spirituelle pourraient bénir et béniront leurs fils et leurs filles spirituels. Amen» (FF, 2856).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Lundi le 11 août
Bienheureux Maurice Tornay
Prêtre et martyr († 1949)
Maurice Tornay, fils de Jean-Joseph et de Faustine Rossier, paysans, naît le 31 août 1910 à La Rosière (commune d’Orsières, Suisse).
Maurice étudie au collège de St-Maurice (1925-31), puis entre au noviciat du Grand-Saint-Bernard en 1931; chanoine régulier en 1935. Il rejoint ses confrères partis pour fonder au Tibet un hospice et arrive en 1936 dans la mission des marches tibétaines du Yunnan.
Ordonné prêtre à Hanoï (Vietnam) en 1938, il dirige le petit séminaire destiné à former le clergé indigène de 1938 à 1945. Nommé curé de Yerkalo, seul poste implanté dans le Tibet indépendant, en juin 1945, il est en butte à l’hostilité des lamas et expulsé en janvier 1946. Il cherche en vain des appuis auprès des représentants diplomatiques des nations occidentales à Nankin, et du nonce apostolique.
Il conçoit finalement le projet d’aller plaider sa cause auprès du dalaï-lama. Avec l’assentiment de ses supérieurs, il se joint en juillet 1949 à une caravane en partance pour Lhassa. A mi-chemin, on l’oblige à revenir sur ses pas. Il est abattu le 11 août avec son serviteur tibétain, au col du Choula, à la frontière sino-tibétaine. Son corps repose dans le jardin de la mission de Yerkalo.
Dans une lettre à sa sœur Anne, Maurice avait écrit : « C’est vrai, tu verras, je serai martyr... »
La cause de béatification est ouverte à l’instigation de son compagnon de mission, le prévôt Angelin Lovey, avec un procès informatif diocésain à Sion (1953-1963), inauguré par Mgr Nestor Adam.
Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005) reconnaît à Maurice Tornay le titre de martyr de la foi en juillet 1992 et procède à sa béatification le 16 mai 1993.
Bienheureux Maurice Tornay
Prêtre et martyr († 1949)
Maurice Tornay, fils de Jean-Joseph et de Faustine Rossier, paysans, naît le 31 août 1910 à La Rosière (commune d’Orsières, Suisse).
Maurice étudie au collège de St-Maurice (1925-31), puis entre au noviciat du Grand-Saint-Bernard en 1931; chanoine régulier en 1935. Il rejoint ses confrères partis pour fonder au Tibet un hospice et arrive en 1936 dans la mission des marches tibétaines du Yunnan.
Ordonné prêtre à Hanoï (Vietnam) en 1938, il dirige le petit séminaire destiné à former le clergé indigène de 1938 à 1945. Nommé curé de Yerkalo, seul poste implanté dans le Tibet indépendant, en juin 1945, il est en butte à l’hostilité des lamas et expulsé en janvier 1946. Il cherche en vain des appuis auprès des représentants diplomatiques des nations occidentales à Nankin, et du nonce apostolique.
Il conçoit finalement le projet d’aller plaider sa cause auprès du dalaï-lama. Avec l’assentiment de ses supérieurs, il se joint en juillet 1949 à une caravane en partance pour Lhassa. A mi-chemin, on l’oblige à revenir sur ses pas. Il est abattu le 11 août avec son serviteur tibétain, au col du Choula, à la frontière sino-tibétaine. Son corps repose dans le jardin de la mission de Yerkalo.
Dans une lettre à sa sœur Anne, Maurice avait écrit : « C’est vrai, tu verras, je serai martyr... »
La cause de béatification est ouverte à l’instigation de son compagnon de mission, le prévôt Angelin Lovey, avec un procès informatif diocésain à Sion (1953-1963), inauguré par Mgr Nestor Adam.
Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005) reconnaît à Maurice Tornay le titre de martyr de la foi en juillet 1992 et procède à sa béatification le 16 mai 1993.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mardi le 12 août
Sainte Jeanne-Françoise de Chantal
Veuve et fondatrice de :
“Ordo Visitationis Beatissimae Mariae Virginis”
(Ordre de la Visitation...)
(1572-1641)
Françoise-Madeleine de Chaugy, nièce de la mère de Chantal, évoque « l'humeur vive et gaie » de sa tante, « son esprit clair, prompt et net, son jugement solide ». Ces qualités humaines devaient rendre sainte Jeanne-Françoise de Chantal très efficace dans toute sa vie d'épouse et de mère, puis de femme consacrée.
Fille de magistrat, Jeanne-Françoise Frémyot, âgée de vingt ans, fut donnée en mariage au baron de Chantal. Leur foyer, où naquirent quatre enfants, connut huit années de bonheur profond, que vint interrompre brutalement un accident de chasse (1600). Le baron, blessé, mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans ; dans sa douleur, elle se confia toute à Dieu.
C'est alors que le Seigneur mit François de Sales sur sa route. Dès lors, elle se mit sous sa direction. Avec patience et fermeté, l'évêque de Genève conduisit Jeanne-Françoise à une perfection supérieure : « J'ai trouvé à Dijon, pouvait dire le Saint, la femme forte, en Mme de Chantal. » Le saint évêque donna à la future sainte cette parole qui devrait conduire toute sa vie : « Il faut tout faire par amour, et rien par force ; il faut plus aimer l'obéissance que craindre la désobéissance. »
En 1610, vint l'heure des adieux héroïques de Madame de Chantal à son père et à ses enfants. Elle devint fondatrice de l'Ordre de la Visitation, ordre qui allie contemplation et service des malades. Alors commencèrent à travers la France les voyages incessants pour fonder des maisons à l'image de celle d'Annecy.
La sainte fondatrice mourut à Moulins le 13 décembre 1641.
L'amour de Dieu possédait son âme au point qu'elle n'en pouvait supporter l'ardeur. « Ah ! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d'aimer Dieu, il mourrait d'amour ! ».
Bx Innocent XI
Pape (240e) de 1676 à 1689
I
nnocent XI, soit Benedetto Odescalchi, nait à Côme le 19 mai 1611, issu d'une lignée de riches marchands.
Il initia ses études avec les jésuites à Côme. Après des études de droit à Rome et à Naples, reçu docteur en 1639, il entra au service du Saint Siège sous Urbain VIII (Maffeo Barberini, 1623-1644).
Innocent X (Giovanni Battista Pamphili, 1644-1655) le fit cardinal en 1645; légat à Ferrare, puis évêque de Novare en 1650.
Il fut élu à l'unanimité pour succéder à Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676). Surpris et confus, il n'accepta l'élection que lorsque les cardinaux eurent souscrit à un programme de reforme en quatorze points qu'il avait proposé pendant le conclave. Étranger lui-même à tout népotisme, il essaya de convaincre les cardinaux de suivre la même voie. Étant donné son sérieux dans le domaine moral, il avait des penchants jansénistes et se montra critique à l'égard des jésuites.
Le 2 mars 1679, sans nommer le « probabilisme » courant dans leurs milieux, il condamna 65 propositions laxistes qui sentaient cette doctrine. En 1680, le pape avalisa la thèse proposée par Tirso Gonzalez de Santalla, jésuite professeur à Salamanque, qui corrigeait la doctrine du « probabilisme » enseignée par Miguel de Molinos (1640-1697) par celle du « probabiliorisme » (lorsque la licéité d’un acte est douteuse, il faut suivre l’opinion la plus probable). Le pape le fit général de son Ordre en 1687.
Se laissant manœuvrer par le Saint-Office, Innocent permit l'emprisonnement de Miguel de Molinos (1640-1697), quiétiste espagnol, auteur d'un Guide spirituel. Il entra en conflit avec les prétentions absolutistes de Louis XIV. Sous l'instigation du roi, le clergé français adopta, le 19 mars 1682, les « Quatre articles » qui déniaient au pape toute autorité sur les affaires temporelles, proclamaient que l'autorité des conciles généraux l'emportaient sur la sienne, et réaffirmaient les anciennes libertés de l'Église gallicane.
En attendant, Louis XIV espérait que la révocation de l'édit de Nantes inciterait le pape à se montrer conciliant. En janvier 1688, le pape notifia secrètement à Louis XIV que lui et ses ministres étaient excommuniés. Un schisme ouvert ne fut évité que grâce à l'intervention de Fénelon (1651-1715), plus tard archevêque de Cambrai.
Innocent fut à l'origine de l'alliance conclue (31 mars 1683) entre l'empereur Léopold 1er (1688-1705) et Jean III Sobietzki de Pologne (1674-1696) qui permit à Vienne de ne pas tomber sous les Turcs (12 septembre 1683) qui encerclaient la ville. Le pape forma ensuite la Sainte Ligue qui libéra l'Hongrie (1686) et reconquit Belgrade (1688). Pendant ce temps, Jacques II, catholique, accéda au trône d'Angleterre (1685) ; mais ne tarda à le perdre ; il demanda l'aide du pape, lequel ne pouvait rien faire dans cette affaire.
Innocent XI mourut le 12 août 1689, à l'âge de 78 ans. Les historiens reconnaissent en lui le plus grand pape du XVII siècle. Pie XI le béatifia le 7 octobre 1956. Fête, le 12 août.
Sainte Jeanne-Françoise de Chantal
Veuve et fondatrice de :
“Ordo Visitationis Beatissimae Mariae Virginis”
(Ordre de la Visitation...)
(1572-1641)
Françoise-Madeleine de Chaugy, nièce de la mère de Chantal, évoque « l'humeur vive et gaie » de sa tante, « son esprit clair, prompt et net, son jugement solide ». Ces qualités humaines devaient rendre sainte Jeanne-Françoise de Chantal très efficace dans toute sa vie d'épouse et de mère, puis de femme consacrée.
Fille de magistrat, Jeanne-Françoise Frémyot, âgée de vingt ans, fut donnée en mariage au baron de Chantal. Leur foyer, où naquirent quatre enfants, connut huit années de bonheur profond, que vint interrompre brutalement un accident de chasse (1600). Le baron, blessé, mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans ; dans sa douleur, elle se confia toute à Dieu.
C'est alors que le Seigneur mit François de Sales sur sa route. Dès lors, elle se mit sous sa direction. Avec patience et fermeté, l'évêque de Genève conduisit Jeanne-Françoise à une perfection supérieure : « J'ai trouvé à Dijon, pouvait dire le Saint, la femme forte, en Mme de Chantal. » Le saint évêque donna à la future sainte cette parole qui devrait conduire toute sa vie : « Il faut tout faire par amour, et rien par force ; il faut plus aimer l'obéissance que craindre la désobéissance. »
En 1610, vint l'heure des adieux héroïques de Madame de Chantal à son père et à ses enfants. Elle devint fondatrice de l'Ordre de la Visitation, ordre qui allie contemplation et service des malades. Alors commencèrent à travers la France les voyages incessants pour fonder des maisons à l'image de celle d'Annecy.
La sainte fondatrice mourut à Moulins le 13 décembre 1641.
L'amour de Dieu possédait son âme au point qu'elle n'en pouvait supporter l'ardeur. « Ah ! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d'aimer Dieu, il mourrait d'amour ! ».
Bx Innocent XI
Pape (240e) de 1676 à 1689
I
nnocent XI, soit Benedetto Odescalchi, nait à Côme le 19 mai 1611, issu d'une lignée de riches marchands.
Il initia ses études avec les jésuites à Côme. Après des études de droit à Rome et à Naples, reçu docteur en 1639, il entra au service du Saint Siège sous Urbain VIII (Maffeo Barberini, 1623-1644).
Innocent X (Giovanni Battista Pamphili, 1644-1655) le fit cardinal en 1645; légat à Ferrare, puis évêque de Novare en 1650.
Il fut élu à l'unanimité pour succéder à Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676). Surpris et confus, il n'accepta l'élection que lorsque les cardinaux eurent souscrit à un programme de reforme en quatorze points qu'il avait proposé pendant le conclave. Étranger lui-même à tout népotisme, il essaya de convaincre les cardinaux de suivre la même voie. Étant donné son sérieux dans le domaine moral, il avait des penchants jansénistes et se montra critique à l'égard des jésuites.
Le 2 mars 1679, sans nommer le « probabilisme » courant dans leurs milieux, il condamna 65 propositions laxistes qui sentaient cette doctrine. En 1680, le pape avalisa la thèse proposée par Tirso Gonzalez de Santalla, jésuite professeur à Salamanque, qui corrigeait la doctrine du « probabilisme » enseignée par Miguel de Molinos (1640-1697) par celle du « probabiliorisme » (lorsque la licéité d’un acte est douteuse, il faut suivre l’opinion la plus probable). Le pape le fit général de son Ordre en 1687.
Se laissant manœuvrer par le Saint-Office, Innocent permit l'emprisonnement de Miguel de Molinos (1640-1697), quiétiste espagnol, auteur d'un Guide spirituel. Il entra en conflit avec les prétentions absolutistes de Louis XIV. Sous l'instigation du roi, le clergé français adopta, le 19 mars 1682, les « Quatre articles » qui déniaient au pape toute autorité sur les affaires temporelles, proclamaient que l'autorité des conciles généraux l'emportaient sur la sienne, et réaffirmaient les anciennes libertés de l'Église gallicane.
En attendant, Louis XIV espérait que la révocation de l'édit de Nantes inciterait le pape à se montrer conciliant. En janvier 1688, le pape notifia secrètement à Louis XIV que lui et ses ministres étaient excommuniés. Un schisme ouvert ne fut évité que grâce à l'intervention de Fénelon (1651-1715), plus tard archevêque de Cambrai.
Innocent fut à l'origine de l'alliance conclue (31 mars 1683) entre l'empereur Léopold 1er (1688-1705) et Jean III Sobietzki de Pologne (1674-1696) qui permit à Vienne de ne pas tomber sous les Turcs (12 septembre 1683) qui encerclaient la ville. Le pape forma ensuite la Sainte Ligue qui libéra l'Hongrie (1686) et reconquit Belgrade (1688). Pendant ce temps, Jacques II, catholique, accéda au trône d'Angleterre (1685) ; mais ne tarda à le perdre ; il demanda l'aide du pape, lequel ne pouvait rien faire dans cette affaire.
Innocent XI mourut le 12 août 1689, à l'âge de 78 ans. Les historiens reconnaissent en lui le plus grand pape du XVII siècle. Pie XI le béatifia le 7 octobre 1956. Fête, le 12 août.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Le 13 août
Maxime le Confesseur
Père de l'Église d’Orient
(580-662)
Maxime, auquel la Tradition chrétienne attribua le titre de Confesseur en raison du courage intrépide avec lequel il sut témoigner - « confesser » -, également à travers la souffrance, l'intégrité de sa foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde, naquit en Palestine, la terre du Seigneur, autour de 580.
Dès l'enfance, il fut destiné à la vie monastique et à l'étude des Écritures, également à travers les œuvres d'Origène, le grand maître qui au troisième siècle était déjà parvenu à « fixer » la tradition exégétique alexandrine.
Vers 613-614, il laissa volontairement son poste de haut dirigeant dans l’administration royale, pour embrasser la vie monastique, en entrant dans le monastère de Chrysopolis, situé sur le détroit du Bosphore, devant Constantinople, puis il passa en Egypte.
En 649, il prit activement part au Concile du Latran, convoqué par le Pape Martin I pour défendre les deux volontés du Christ, contre l'édit de l'empereur, qui - pro bono pacis - interdisait de débattre de cette question. Le Pape Martin paya cher son courage : bien que de santé précaire, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Jugé et condamné à mort, il obtint la commutation de sa peine en un exil définitif en Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années d'humiliations et de tourments.
Quelques temps plus tard, en 662, ce fut le tour de Maxime, qui, s'opposant lui aussi à l'empereur, continuait à répéter : « Il est impossible d'affirmer dans le Christ une seule volonté! » (cf. PG 91, cc. 268-269). Ainsi, avec deux de ses disciples, tous deux appelés Anastase, Maxime fut soumis à un procès exténuant, alors qu'il avait désormais dépassé l'âge de 80 ans.
Le tribunal de l'empereur le condamna, avec l'accusation d'hérésie, à la mutilation cruelle de la langue et de la main droite - les deux organes avec lesquels, à travers la parole et les écrits, Maxime avait combattu la doctrine erronée de l'unique volonté du Christ. Pour finir, le saint moine fut exilé en Colchide, sur la Mer Noire, où il mourut, épuisé par les souffrances endurées, le 13 août de cette même année 662.
Saint Maxime le Confesseur: catéchèse de Benoit XVI
Chers frères et sœurs,
Je voudrais présenter aujourd'hui la figure de l'un des grands Pères de l'Eglise d'Orient de l'époque tardive. Il s'agit d'un moine, saint Maxime, auquel la Tradition chrétienne attribua le titre de Confesseur en raison du courage intrépide avec lequel il sut témoigner - "confesser" -, également à travers la souffrance, l'intégrité de sa foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde. Maxime naquit en Palestine, la terre du Seigneur, autour de 580. Dès l'enfance, il fut destiné à la vie monastique et à l'étude des Ecritures, également à travers les œuvres d'Origène, le grand maître qui au troisième siècle était déjà parvenu à "fixer" la tradition exégétique alexandrine.
De Jérusalem, Maxime s'installa à Constantinople, et de là, à cause des invasions barbares, il se réfugia en Afrique. Il s'y distingua par un courage extrême dans la défense de l'orthodoxie. Maxime n'acceptait aucune réduction de l'humanité du Christ. La théorie était née selon laquelle il n'y aurait eu dans le Christ qu'une seule volonté, la volonté divine. Pour défendre l'unicité de sa personne, on niait en Lui une véritable volonté humaine. Et, à première vue, cela pourrait aussi apparaître une bonne chose que dans le Christ il n'y ait qu'une volonté. Mais saint Maxime comprit immédiatement que cela aurait détruit le mystère du salut, car une humanité sans volonté, un homme sans volonté n'est pas un homme véritable, c'est un homme amputé. L'homme Jésus Christ n'aurait donc pas été un homme véritable, il n'aurait pas vécu le drame de l'être humain, qui consiste précisément dans la difficulté de conformer notre volonté avec la vérité de l'être. Et ainsi, saint Maxime affirme avec une grande décision: l'Ecriture Sainte ne nous montre pas un homme amputé, sans volonté, mais un véritable homme complet: Dieu, en Jésus Christ, a réellement assumé la totalité de l'être humain - excepté le péché, bien évidemment - et donc également une volonté humaine. Et la chose, ainsi formulée, apparaît claire: le Christ est ou n'est pas un homme. S'il est un homme, il a également une volonté. Mais un problème apparaît: ne finit-on pas ainsi dans une sorte de dualisme? N'arrive-t-on pas à affirmer deux personnalités complètes: raison, volonté, sentiment? Comment surmonter le dualisme, conserver la totalité de l'être humain et toutefois préserver l'unité de la personne du Christ, qui n'était pas schizophrène. Et saint Maxime démontre que l'homme trouve son unité, l'intégration de lui-même, sa totalité non pas en lui-même, mais en se dépassant lui-même, en sortant de lui-même. Ainsi, également dans le Christ, en sortant de lui-même, l'homme se trouve lui-même en Dieu, dans le Fils de Dieu. On ne doit pas amputer l'homme pour expliquer l'Incarnation; il faut seulement comprendre le dynamisme de l'être humain qui ne se réalise qu'en sortant de lui-même; ce n'est qu'en Dieu que nous trouvons nous-mêmes, notre totalité et notre plénitude. On voit ainsi que ce n'est pas l'homme qui se referme sur lui-même qui est un homme complet; mais c'est l'homme qui s'ouvre, qui sort de lui-même, qui devient complet et se trouve lui-même précisément dans le Fils de Dieu, qui trouve sa véritable humanité. Pour saint Maxime cette vision ne reste pas une spéculation philosophique; il la voit réalisée dans la vie concrète de Jésus, surtout dans le drame du Gethsémani. Dans ce drame de l'agonie de Jésus, de l'angoisse de la mort, de l'opposition entre la volonté humaine de ne pas mourir et la volonté divine qui s'offre à la mort, dans ce drame du Gethsémani se réalise tout le drame humain, le drame de notre rédemption. Saint Maxime nous dit, et nous savons que cela est vrai: Adam (et Adam c'est nous) pensait que le "non" était le sommet de la liberté. Seul celui qui peut dire "non" serait réellement libre; pour réaliser réellement sa liberté, l'homme devait dire "non" à Dieu; ce n'est qu'ainsi qu'il pense être finalement lui-même, être arrivé au sommet de la liberté. Cette tendance était aussi contenue dans la nature humaine du Christ, mais il l'a surmontée, car Jésus a vu que le "non" n'est pas le sommet de la liberté. Le sommet de la liberté est le "oui", la conformité avec la volonté de Dieu. Ce n'est que dans le "oui" que l'homme devient réellement lui-même; ce n'est que dans la grande ouverture du "oui", dans l'unification de sa volonté avec la volonté divine, que l'homme devient immensément ouvert, devient "divin". Etre comme Dieu était le désir d'Adam, c'est-à-dire être complètement libre. Mais l'homme qui se referme sur lui-même n'est pas divin, n'est pas complètement libre; il l'est en sortant de lui-même, c'est dans le "oui" qu'il devient libre; et tel est le drame du Gethsémani: non pas ma volonté, mais la tienne. C'est en transférant la volonté humaine dans la volonté divine que naît l'homme véritable et que nous sommes rachetés. C'est, en quelques mots, le point fondamental de ce que voulait dire saint Maxime, et nous voyons qu'ici tout l'être humain est véritablement en question; c'est là que se trouve toute la question de notre vie. Saint Maxime avait déjà eu des problèmes en Afrique en défendant cette vision de l'homme et de Dieu; il fut ensuite appelé à Rome. En 649, il prit activement part au Concile du Latran, convoqué par le Pape Martin I pour défendre les deux volontés du Christ, contre l'édit de l'empereur, qui - pro bono pacis - interdisait de débattre de cette question. Le Pape Martin paya cher son courage: bien que de santé précaire, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Jugé et condamné à mort, il obtint la commutation de sa peine en un exil définitif en Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années d'humiliations et de tourments.
Quelques temps plus tard, en 662, ce fut le tour de Maxime, qui - s'opposant lui aussi à l'empereur - continuait à répéter: "Il est impossible d'affirmer dans le Christ une seule volonté!" (cf. PG 91, cc. 268-269). Ainsi, avec deux de ses disciples, tous deux appelés Anastase, Maxime fut soumis à un procès exténuant, alors qu'il avait désormais dépassé l'âge de 80 ans. Le tribunal de l'empereur le condamna, avec l'accusation d'hérésie, à la mutilation cruelle de la langue et de la main droite - les deux organes avec lesquels, à travers la parole et les écrits, Maxime avait combattu la doctrine erronée de l'unique volonté du Christ. Pour finir, le saint moine fut exilé en Colchide, sur la Mer Noire, où il mourut, épuisé par les souffrances endurées, le 13 août de cette même année 662.
En parlant de la vie de Maxime, nous avons mentionné son œuvre littéraire en défense de l'orthodoxie. Nous avons en particulier fait référence à la Dispute avec Pyrrhus, ancien Patriarche de Constantinople: dans celle-ci, il réussissait à persuader son adversaire de ses erreurs. En effet, avec une grande honnêteté, Pyrrhus concluait ainsi la Dispute: "Je demande pardon pour moi et pour ceux qui m'ont précédé: par ignorance nous sommes parvenus à ces absurdes pensées et argumentations; et je prie pour que l'on trouve la façon d'effacer ces absurdités, en sauvant la mémoire de ceux qui se sont trompés" (PG 91, c. 352). Quelques dizaines d'œuvres importantes sont également parvenues jusqu'à nous, parmi lesquelles se détache la Mistagoghía, l'un des écrits les plus significatifs de saint Maxime, qui rassemble dans une synthèse bien structurée sa pensée théologique.
La pensée de saint Maxime n'est jamais seulement une pensée théologique, spéculative, refermée sur elle-même, car elle a toujours comme aboutissement la réalité concrète du monde et de son salut. Dans ce contexte, dans lequel il a dû souffrir, il ne pouvait pas se réfugier dans des affirmations philosophiques uniquement théoriques; il devait chercher le sens de la vie, en se demandant: qui suis-je, qu'est-ce que le monde? A l'homme, créé à son image et à sa ressemblance, Dieu a confié la mission d'unifier le cosmos. Et comme le Christ a unifié en lui-même l'être humain, en l'homme le Créateur a unifié le cosmos. Il nous a montré comment unifier dans la communion du Christ le cosmos et arriver ainsi réellement à un monde racheté. A cette puissante vision salvifique fait référence l'un des plus grands théologiens du vingtième siècle, Hans Urs von Balthasar, qui - "relançant" la figure de Maxime - définit sa pensée par l'expression emblématique de Kosmische Liturgie, "liturgie cosmique". Au centre de cette solennelle "liturgie" se trouve toujours Jésus Christ, unique Sauveur du monde. L'efficacité de son action salvifique, qui a définitivement unifié le cosmos, est garantie par le fait que, bien qu'étant Dieu en tout, il est aussi intégralement homme - étant également comprise l'"énergie" et la volonté de l'homme.
La vie et la pensée de Maxime restent puissamment illuminées par un immense courage dans le témoignage de la réalité intégrale du Christ, sans aucune réduction ou compromis. Et ainsi nous apparaît qui est vraiment l'homme, comment nous devons vivre pour répondre à notre vocation. Nous devons vivre unis à Dieu, pour être ainsi unis à nous-mêmes et au cosmos, en donnant au cosmos lui-même et à l'humanité la juste forme. Le "oui" universel du Christ, nous montre également avec clarté comment donner leur juste place à toutes les autres valeurs. Nous pensons à des valeurs qui sont aujourd'hui à juste titre défendues, comme la tolérance, la liberté, le dialogue. Mais une tolérance qui ne saurait plus distinguer entre le bien et le mal deviendrait chaotique et autodestructrice. De même: une liberté qui ne respecterait pas la liberté des autres et ne trouverait pas la commune mesure de nos libertés respectives, deviendrait anarchie et détruirait l'autorité. Le dialogue qui ne sait plus sur quoi dialoguer devient un vain bavardage. Toutes ces valeurs sont grandes et fondamentales, mais elles ne peuvent demeurer de vraies valeurs que si elles ont un point de référence qui les unit et leur donne leur véritable authenticité. Ce point de référence est la synthèse entre Dieu et le cosmos, c'est la figure du Christ dans laquelle nous apprenons la vérité sur nous-mêmes et nous apprenons ainsi où placer toutes les autres valeurs. Tel est le point d'arrivée du témoignage de ce grand Confesseur. Et ainsi, en fin de compte, le Christ nous indique que le cosmos doit devenir liturgie, gloire de Dieu et que l'adoration est le commencement de la vraie transformation, du vrai renouveau du monde.
C'est pourquoi je voudrais conclure par un passage fondamental des œuvres de saint Maxime: "Nous adorons un seul Fils, avec le Père et avec l'Esprit Saint, comme avant les temps, à présent aussi, et pour tous les temps, et pour les temps après les temps. Amen!" (PG 91, c. 269).
Maxime le Confesseur
Père de l'Église d’Orient
(580-662)
Maxime, auquel la Tradition chrétienne attribua le titre de Confesseur en raison du courage intrépide avec lequel il sut témoigner - « confesser » -, également à travers la souffrance, l'intégrité de sa foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde, naquit en Palestine, la terre du Seigneur, autour de 580.
Dès l'enfance, il fut destiné à la vie monastique et à l'étude des Écritures, également à travers les œuvres d'Origène, le grand maître qui au troisième siècle était déjà parvenu à « fixer » la tradition exégétique alexandrine.
Vers 613-614, il laissa volontairement son poste de haut dirigeant dans l’administration royale, pour embrasser la vie monastique, en entrant dans le monastère de Chrysopolis, situé sur le détroit du Bosphore, devant Constantinople, puis il passa en Egypte.
En 649, il prit activement part au Concile du Latran, convoqué par le Pape Martin I pour défendre les deux volontés du Christ, contre l'édit de l'empereur, qui - pro bono pacis - interdisait de débattre de cette question. Le Pape Martin paya cher son courage : bien que de santé précaire, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Jugé et condamné à mort, il obtint la commutation de sa peine en un exil définitif en Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années d'humiliations et de tourments.
Quelques temps plus tard, en 662, ce fut le tour de Maxime, qui, s'opposant lui aussi à l'empereur, continuait à répéter : « Il est impossible d'affirmer dans le Christ une seule volonté! » (cf. PG 91, cc. 268-269). Ainsi, avec deux de ses disciples, tous deux appelés Anastase, Maxime fut soumis à un procès exténuant, alors qu'il avait désormais dépassé l'âge de 80 ans.
Le tribunal de l'empereur le condamna, avec l'accusation d'hérésie, à la mutilation cruelle de la langue et de la main droite - les deux organes avec lesquels, à travers la parole et les écrits, Maxime avait combattu la doctrine erronée de l'unique volonté du Christ. Pour finir, le saint moine fut exilé en Colchide, sur la Mer Noire, où il mourut, épuisé par les souffrances endurées, le 13 août de cette même année 662.
Saint Maxime le Confesseur: catéchèse de Benoit XVI
Chers frères et sœurs,
Je voudrais présenter aujourd'hui la figure de l'un des grands Pères de l'Eglise d'Orient de l'époque tardive. Il s'agit d'un moine, saint Maxime, auquel la Tradition chrétienne attribua le titre de Confesseur en raison du courage intrépide avec lequel il sut témoigner - "confesser" -, également à travers la souffrance, l'intégrité de sa foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde. Maxime naquit en Palestine, la terre du Seigneur, autour de 580. Dès l'enfance, il fut destiné à la vie monastique et à l'étude des Ecritures, également à travers les œuvres d'Origène, le grand maître qui au troisième siècle était déjà parvenu à "fixer" la tradition exégétique alexandrine.
De Jérusalem, Maxime s'installa à Constantinople, et de là, à cause des invasions barbares, il se réfugia en Afrique. Il s'y distingua par un courage extrême dans la défense de l'orthodoxie. Maxime n'acceptait aucune réduction de l'humanité du Christ. La théorie était née selon laquelle il n'y aurait eu dans le Christ qu'une seule volonté, la volonté divine. Pour défendre l'unicité de sa personne, on niait en Lui une véritable volonté humaine. Et, à première vue, cela pourrait aussi apparaître une bonne chose que dans le Christ il n'y ait qu'une volonté. Mais saint Maxime comprit immédiatement que cela aurait détruit le mystère du salut, car une humanité sans volonté, un homme sans volonté n'est pas un homme véritable, c'est un homme amputé. L'homme Jésus Christ n'aurait donc pas été un homme véritable, il n'aurait pas vécu le drame de l'être humain, qui consiste précisément dans la difficulté de conformer notre volonté avec la vérité de l'être. Et ainsi, saint Maxime affirme avec une grande décision: l'Ecriture Sainte ne nous montre pas un homme amputé, sans volonté, mais un véritable homme complet: Dieu, en Jésus Christ, a réellement assumé la totalité de l'être humain - excepté le péché, bien évidemment - et donc également une volonté humaine. Et la chose, ainsi formulée, apparaît claire: le Christ est ou n'est pas un homme. S'il est un homme, il a également une volonté. Mais un problème apparaît: ne finit-on pas ainsi dans une sorte de dualisme? N'arrive-t-on pas à affirmer deux personnalités complètes: raison, volonté, sentiment? Comment surmonter le dualisme, conserver la totalité de l'être humain et toutefois préserver l'unité de la personne du Christ, qui n'était pas schizophrène. Et saint Maxime démontre que l'homme trouve son unité, l'intégration de lui-même, sa totalité non pas en lui-même, mais en se dépassant lui-même, en sortant de lui-même. Ainsi, également dans le Christ, en sortant de lui-même, l'homme se trouve lui-même en Dieu, dans le Fils de Dieu. On ne doit pas amputer l'homme pour expliquer l'Incarnation; il faut seulement comprendre le dynamisme de l'être humain qui ne se réalise qu'en sortant de lui-même; ce n'est qu'en Dieu que nous trouvons nous-mêmes, notre totalité et notre plénitude. On voit ainsi que ce n'est pas l'homme qui se referme sur lui-même qui est un homme complet; mais c'est l'homme qui s'ouvre, qui sort de lui-même, qui devient complet et se trouve lui-même précisément dans le Fils de Dieu, qui trouve sa véritable humanité. Pour saint Maxime cette vision ne reste pas une spéculation philosophique; il la voit réalisée dans la vie concrète de Jésus, surtout dans le drame du Gethsémani. Dans ce drame de l'agonie de Jésus, de l'angoisse de la mort, de l'opposition entre la volonté humaine de ne pas mourir et la volonté divine qui s'offre à la mort, dans ce drame du Gethsémani se réalise tout le drame humain, le drame de notre rédemption. Saint Maxime nous dit, et nous savons que cela est vrai: Adam (et Adam c'est nous) pensait que le "non" était le sommet de la liberté. Seul celui qui peut dire "non" serait réellement libre; pour réaliser réellement sa liberté, l'homme devait dire "non" à Dieu; ce n'est qu'ainsi qu'il pense être finalement lui-même, être arrivé au sommet de la liberté. Cette tendance était aussi contenue dans la nature humaine du Christ, mais il l'a surmontée, car Jésus a vu que le "non" n'est pas le sommet de la liberté. Le sommet de la liberté est le "oui", la conformité avec la volonté de Dieu. Ce n'est que dans le "oui" que l'homme devient réellement lui-même; ce n'est que dans la grande ouverture du "oui", dans l'unification de sa volonté avec la volonté divine, que l'homme devient immensément ouvert, devient "divin". Etre comme Dieu était le désir d'Adam, c'est-à-dire être complètement libre. Mais l'homme qui se referme sur lui-même n'est pas divin, n'est pas complètement libre; il l'est en sortant de lui-même, c'est dans le "oui" qu'il devient libre; et tel est le drame du Gethsémani: non pas ma volonté, mais la tienne. C'est en transférant la volonté humaine dans la volonté divine que naît l'homme véritable et que nous sommes rachetés. C'est, en quelques mots, le point fondamental de ce que voulait dire saint Maxime, et nous voyons qu'ici tout l'être humain est véritablement en question; c'est là que se trouve toute la question de notre vie. Saint Maxime avait déjà eu des problèmes en Afrique en défendant cette vision de l'homme et de Dieu; il fut ensuite appelé à Rome. En 649, il prit activement part au Concile du Latran, convoqué par le Pape Martin I pour défendre les deux volontés du Christ, contre l'édit de l'empereur, qui - pro bono pacis - interdisait de débattre de cette question. Le Pape Martin paya cher son courage: bien que de santé précaire, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Jugé et condamné à mort, il obtint la commutation de sa peine en un exil définitif en Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années d'humiliations et de tourments.
Quelques temps plus tard, en 662, ce fut le tour de Maxime, qui - s'opposant lui aussi à l'empereur - continuait à répéter: "Il est impossible d'affirmer dans le Christ une seule volonté!" (cf. PG 91, cc. 268-269). Ainsi, avec deux de ses disciples, tous deux appelés Anastase, Maxime fut soumis à un procès exténuant, alors qu'il avait désormais dépassé l'âge de 80 ans. Le tribunal de l'empereur le condamna, avec l'accusation d'hérésie, à la mutilation cruelle de la langue et de la main droite - les deux organes avec lesquels, à travers la parole et les écrits, Maxime avait combattu la doctrine erronée de l'unique volonté du Christ. Pour finir, le saint moine fut exilé en Colchide, sur la Mer Noire, où il mourut, épuisé par les souffrances endurées, le 13 août de cette même année 662.
En parlant de la vie de Maxime, nous avons mentionné son œuvre littéraire en défense de l'orthodoxie. Nous avons en particulier fait référence à la Dispute avec Pyrrhus, ancien Patriarche de Constantinople: dans celle-ci, il réussissait à persuader son adversaire de ses erreurs. En effet, avec une grande honnêteté, Pyrrhus concluait ainsi la Dispute: "Je demande pardon pour moi et pour ceux qui m'ont précédé: par ignorance nous sommes parvenus à ces absurdes pensées et argumentations; et je prie pour que l'on trouve la façon d'effacer ces absurdités, en sauvant la mémoire de ceux qui se sont trompés" (PG 91, c. 352). Quelques dizaines d'œuvres importantes sont également parvenues jusqu'à nous, parmi lesquelles se détache la Mistagoghía, l'un des écrits les plus significatifs de saint Maxime, qui rassemble dans une synthèse bien structurée sa pensée théologique.
La pensée de saint Maxime n'est jamais seulement une pensée théologique, spéculative, refermée sur elle-même, car elle a toujours comme aboutissement la réalité concrète du monde et de son salut. Dans ce contexte, dans lequel il a dû souffrir, il ne pouvait pas se réfugier dans des affirmations philosophiques uniquement théoriques; il devait chercher le sens de la vie, en se demandant: qui suis-je, qu'est-ce que le monde? A l'homme, créé à son image et à sa ressemblance, Dieu a confié la mission d'unifier le cosmos. Et comme le Christ a unifié en lui-même l'être humain, en l'homme le Créateur a unifié le cosmos. Il nous a montré comment unifier dans la communion du Christ le cosmos et arriver ainsi réellement à un monde racheté. A cette puissante vision salvifique fait référence l'un des plus grands théologiens du vingtième siècle, Hans Urs von Balthasar, qui - "relançant" la figure de Maxime - définit sa pensée par l'expression emblématique de Kosmische Liturgie, "liturgie cosmique". Au centre de cette solennelle "liturgie" se trouve toujours Jésus Christ, unique Sauveur du monde. L'efficacité de son action salvifique, qui a définitivement unifié le cosmos, est garantie par le fait que, bien qu'étant Dieu en tout, il est aussi intégralement homme - étant également comprise l'"énergie" et la volonté de l'homme.
La vie et la pensée de Maxime restent puissamment illuminées par un immense courage dans le témoignage de la réalité intégrale du Christ, sans aucune réduction ou compromis. Et ainsi nous apparaît qui est vraiment l'homme, comment nous devons vivre pour répondre à notre vocation. Nous devons vivre unis à Dieu, pour être ainsi unis à nous-mêmes et au cosmos, en donnant au cosmos lui-même et à l'humanité la juste forme. Le "oui" universel du Christ, nous montre également avec clarté comment donner leur juste place à toutes les autres valeurs. Nous pensons à des valeurs qui sont aujourd'hui à juste titre défendues, comme la tolérance, la liberté, le dialogue. Mais une tolérance qui ne saurait plus distinguer entre le bien et le mal deviendrait chaotique et autodestructrice. De même: une liberté qui ne respecterait pas la liberté des autres et ne trouverait pas la commune mesure de nos libertés respectives, deviendrait anarchie et détruirait l'autorité. Le dialogue qui ne sait plus sur quoi dialoguer devient un vain bavardage. Toutes ces valeurs sont grandes et fondamentales, mais elles ne peuvent demeurer de vraies valeurs que si elles ont un point de référence qui les unit et leur donne leur véritable authenticité. Ce point de référence est la synthèse entre Dieu et le cosmos, c'est la figure du Christ dans laquelle nous apprenons la vérité sur nous-mêmes et nous apprenons ainsi où placer toutes les autres valeurs. Tel est le point d'arrivée du témoignage de ce grand Confesseur. Et ainsi, en fin de compte, le Christ nous indique que le cosmos doit devenir liturgie, gloire de Dieu et que l'adoration est le commencement de la vraie transformation, du vrai renouveau du monde.
C'est pourquoi je voudrais conclure par un passage fondamental des œuvres de saint Maxime: "Nous adorons un seul Fils, avec le Père et avec l'Esprit Saint, comme avant les temps, à présent aussi, et pour tous les temps, et pour les temps après les temps. Amen!" (PG 91, c. 269).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 13 août
Saint Jean Berchmans
Religieux s.j.
(1599-1621)
Dans le Martyrologe Romain la date de la commémoration est celle de la naissance au ciel (dies natalis) : 13 août. Dans la Congrégation, et en Belgique, sa mémoire est célébrée le 26 novembre.
Biographie
Né à Diest en Brabant, près de Bruxelles et de Louvain, le 13 mars 1599, Jean Berchmans était l’aîné des cinq enfants d’un maître corroyeur, marguiller de l’église Saint-Sulpice, qui fut deux fois échevin de Diest. Tout enfant, aimable, gracieux et patient, il récitait volontiers son chapelet et se réfugiait souvent à l’église où, dès l’âge de sept ans, chaque matin, avant d’aller à l’école, il servait deux ou trois messes.
Lorsque son père connut quelques revers de fortune, il fut question de faire apprendre un métier au fils aîné mais celui-ci convainquit ses parents de le laisser étudier parce qu’il voulait être prêtre. En octobre 1612, la condition qu’il lui servît de serviteur, un chanoine de Malines l’accueillit dans une petite pension qu’il tenait pour des enfants et l’envoya suivre les cours du petit séminaire puis, à partir d’octobre 1615, au collège des Jésuites où il se montra un excellent élève.
Le 24 septembre 1616, il entra au noviciat des Jésuites de Malines. Il fut novice de prière, aimant l’oraison, yeux clos, immobile pendant toute l’heure qu’elle durait. La fatigue, la maladie ne le dispensaient pas du lever à quatre heures pour le méditation, à moins qu’il n’eût obtenu permission expresse la veille au soir. En cas d’ordre formel, il retournait se coucher. Il se persuadait que son oraison, fondue à cette heure avec celle de tous les membres de la Compagnie de Jésus, prenait plus d’efficace de cette union. Il avait une dévotion spéciale au Saint-Sacrement qu’il visitait sept fois par jour, et à Notre-Dame pour qui il récitait chaque jour le psautier de saint Bonaventure.
En hiver, il se chauffait à peine, aussi lui voyait-on les mains et les oreilles enluminées d’ engelures. Au travail manuel on lui commanda un jour d’aller chercher avec une cuillère l’eau pour arroser le quartier des hôtes, à vingt-cinq mètres de là. L’ordre pouvait sembler une brimade : il l’exécuta comme la chose du monde la plus normale. Il déclarait qu’il faut lutter contre la mélancolie, l’orgueil, la gourmandise. A table, il mangeait lentement, par obéissance, ce qu’on servait. Il attendait le temps d’un Pater avant d’ entamer sa portion. Dès qu’on ofïrait un second mets, il laissait le premier. C’est en récréation qu’il fallait voir Jean ; on eût pu le croire guindé, lui qui ne remuait pas sans une raison, mais il était alors la gaieté même. Ses frères - il aimait penser à leurs anges gardiens, invisibles et présents - l’appelaient Hilaire ou Hilare, ou le saint joyeux. Volontiers il contait alors quelque trait des saints du lendemain. Volontiers il exaltait les mérites des frères coadjuteurs et des missionnaires aux Indes. Sur la fin de son premier an de noviciat, il fut promu portier, ce qui faisait de lui l’aide du Père maître. Les supérieurs désiraient que les Flamands apprissent le français et Jean s’y mit de tout son cœur, au point que lui qui ne savait pas un mot au début du noviciat, prêcha en français au réfectoire avant la fin de septembre 1618. On l’employait parfois à catéchiser les villageois du voisinage. Si les enfants se dérobaient, il allait les chercher dans les maisons. Il laissait à son confrère le beau rôle, les explications, et se contentait de faire réciter les prières. En avril 1618, le père de Jean, devenu veuf, reçut la prêtrise. Le 25 septembre suivant, Jean qui prononçait ses vœux de scolastique, écrivait à son père : Je mourrai sur la croix de Jésus, attaché par les trois clous de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance. Il est doux de mourir dans la compagnie de Jésus, dans les bras de Jésus. Réjouissez-vous, mon excellent père, votre fils vivra dans cette mort et vivra heureux. Dès le 27 septembre 1617, il avait prononcé des vœux de dévotion, craignant de perdre sa vocation s’il se relâchait de sa ferveur initiale.
Son noviciat terminé, il était prévu que Jean irait faire sa philosophie à Anvers mais, à peine arrivé, il reçut l’ordre d’aller à Rome (18 octobre 1618) et apprit la mort de son père. Jean Berchmans arriva, le 31 décembre 1618, à Rome où il fut présenté au général de la Compagnie de Jésus qui, le 2 janvier 1619, le faisait entrer au Collège romain dont il devint un des meilleurs éléments. Il rédigea à son usage personnel un plan de vie sage et judicieux : ne pas lire ou écrire plus de deux heures de suite ; s’interrompre alors quelques instants. Dans les disputes scolastiques, il brillait par sa courtoisie pour l’adversaire, exposant ses thèses avec une impartialité absolue. Il étudiait avec sérieux et constance, selon le précepte ignacien, et se disait : Je suis entré en religion pour étudier et non fainéanter. Les hérétiques se donnent du mal pour s’informer contre le Christ ; et toi, tu ne travaillerais pas pour sa défense ? Les gens du siècle font des recherches pour la vaine gloire ; et toi, tu n’en ferais pas pour la gloire de Dieu ? Donc, applique-loi sérieusement et ne perds pas un instant. Les langues n’était pas dans les programmes, mais tout en soignant son latin pour les relations officielles, il se mit à l’italien avec succès, reprit l’usage du français et souhaitait passer un an au collège anglais, puis au germanique, pour s’ouvrir l’esprit toujours davantage. Le 8 juillet 1621, Jean eut les honneurs de la soutenance publique de philosophie.
Jean, religieux extrêmement obéissant, plein d’amour pour sa Compagnie, avait pris cette résolution : me laisser mettre en pièces plutôt que de violer la moindre règle ; plutôt mourir que de manquer à une règle sous prétexte de santé. Par esprit de pauvreté, il avait banni le superflu de son existence. Bien qu’il n’eût jamais connu ce qui est contraire à la chasteté, il veillait étroitement sur ses sens, tenant les yeux habituellement baissés, au point, qu’après sa mort, on s’aperçut qu’on ignorait la couleur de ses yeux. Comme on lui avait proposé une place à l’intronisation du pape Grégoire XV, il répondit en souriant : J’ai déjà vu une procession depuis que je suis ici. Cela me suffit largement. Le P. Cepari, recteur du Collège romain, lui avait conseillé les Confessions de saint Augustin qu’il lui rendit bientôt en disant : Mon Père, cette lecture ne me plaît pas. Il préférait les Lettres de saint Jérôme, la Vie de Louis de Gonzague, ou bien Gerson.
Quelle que fût la température, il ne changeait pas de position dans son lit dont il confiait les quatre angles à son bon ange, au saint patron qu’il avait reçu pour le mois, au bienheureux Ignace de Loyola, à Notre-Dame et aux autres saints. Au pied du lit, il mettait son crucifix, pour bondir vers lui au reveil. Avant de s’endormir, il récitait trois rosaires pour les défunts. Il aimait la compagnie des frères coadjuteurs qu’il édifiait par les exemples des saints ou des religieux de la Compagnie, et visitait deux fois par jour les malades. Il aimait s’écrier : Laus Deo ! (Dieu soit loué !).
Le 31 juillet 1621, Jean reçut, selon l’usage, un billet portant le nom d’un patron pour le mois suivant : c’était saint Zéphyrin, pape et martyr, et on y avait adjoint ce texte : Veillez et priez, vous ne savez pas quand ce sera le moment. Jean vit là un avertissement céleste. Le 5 août il eut un peu de dysenterie. Le 6, il fut délégué à une soutenance de thèses au collège grec où il dut parler une heure et d’où il revint, le soir avec une telle fièvre qu’on l’envoya à l’infirmerie. Pour la Saint-Laurent (mardi), il exprima le désir de communier ; on lui objecta qu’on ne communiait les malades que le dimanche seulement, mais qu’il pouvait demander une exception qui serait sûrement accordée, il répliqua : Non, faisons comme tout le monde. Pensant à ses visiteurs, il tenait à ce que la propreté régnât autour de lui, à ce qu’on aérât, dût-il en être gêné. Au soir de la Saint-Laurent, le pouls faiblit. Jean dicta à I’infirmier un billet pour Ie Père recteur, contenant des remerciements à tous et quelques désirs. Le P. Cornelius a Lapide, un Belge, vint voir son jeune compatriote et lui demanda s’il n’ avait pas quelque inquiétude. Absolument rien, lui répliqua Jean, radieux, en ouvrant les mains. A l’aube du mercredi 11, sur les quatre heures et demie, le viatique arriva, escorté de Pères et de tous les jeunes scolastiques. Puis Jean demanda l’extrême-onction. Tous pleuraient, lui seul souriait. Après la cérémonie, il confia tout bas au Père recteur que sa grande consolation était de n’avoir jamais commis un péché délibéré, jamais enfreint une règle ou un ordre d’un supérieur. Jean craignait que sa maladie ne causât des dépenses excessives à la Compagnie. Un Père lui baignait le pouls et les tempes avec du vin vieux. Jean s’inquiétait de ce gaspillage. Le Père le rassura. Alors Jean : S’il en est ainsi, versez un peu plus généreusement. On lui demanda quelle lecture il souhaitait : il réclama le récit de la mort de Louis de Gonzague. Jean prit son crucifix, son chapelet, un livre des règles, et déclara : Ces trois sont ce que j’ai de plus cher. Avec eux, je mourrai avec plaisir. Son lit était continuellement entouré d’ une foule admiratrice. Mais Jean restait simple et humble, ce qui ne l’empêchait pas de répondre avec une autorité qui frappait tout le monde. Sa dernière nuit fut très agitée : le démon cherchait à l’affliger. Mais la fin fut paisible. Il mourut le vendredi 13 août à huit heures et sept minutes.
Le corps, exposé à l’église, fut littéralement dépouillé par la foule avide de reliques. Sa Vie, par le P. Cepari, son directeur, fut publiée en 1627. Les reliques furent reconnues en 1729. Pie IX béatifia Jean le 9 mai 1865, Léon XIII le canonisa le 15 janvier 1888. Le corps du saint repose à Saint-Ignace de Rome et son cœur a été placé à l’église des Jésuites de Louvain.
Saint Jean Berchmans
Religieux s.j.
(1599-1621)
Dans le Martyrologe Romain la date de la commémoration est celle de la naissance au ciel (dies natalis) : 13 août. Dans la Congrégation, et en Belgique, sa mémoire est célébrée le 26 novembre.
Biographie
Né à Diest en Brabant, près de Bruxelles et de Louvain, le 13 mars 1599, Jean Berchmans était l’aîné des cinq enfants d’un maître corroyeur, marguiller de l’église Saint-Sulpice, qui fut deux fois échevin de Diest. Tout enfant, aimable, gracieux et patient, il récitait volontiers son chapelet et se réfugiait souvent à l’église où, dès l’âge de sept ans, chaque matin, avant d’aller à l’école, il servait deux ou trois messes.
Lorsque son père connut quelques revers de fortune, il fut question de faire apprendre un métier au fils aîné mais celui-ci convainquit ses parents de le laisser étudier parce qu’il voulait être prêtre. En octobre 1612, la condition qu’il lui servît de serviteur, un chanoine de Malines l’accueillit dans une petite pension qu’il tenait pour des enfants et l’envoya suivre les cours du petit séminaire puis, à partir d’octobre 1615, au collège des Jésuites où il se montra un excellent élève.
Le 24 septembre 1616, il entra au noviciat des Jésuites de Malines. Il fut novice de prière, aimant l’oraison, yeux clos, immobile pendant toute l’heure qu’elle durait. La fatigue, la maladie ne le dispensaient pas du lever à quatre heures pour le méditation, à moins qu’il n’eût obtenu permission expresse la veille au soir. En cas d’ordre formel, il retournait se coucher. Il se persuadait que son oraison, fondue à cette heure avec celle de tous les membres de la Compagnie de Jésus, prenait plus d’efficace de cette union. Il avait une dévotion spéciale au Saint-Sacrement qu’il visitait sept fois par jour, et à Notre-Dame pour qui il récitait chaque jour le psautier de saint Bonaventure.
En hiver, il se chauffait à peine, aussi lui voyait-on les mains et les oreilles enluminées d’ engelures. Au travail manuel on lui commanda un jour d’aller chercher avec une cuillère l’eau pour arroser le quartier des hôtes, à vingt-cinq mètres de là. L’ordre pouvait sembler une brimade : il l’exécuta comme la chose du monde la plus normale. Il déclarait qu’il faut lutter contre la mélancolie, l’orgueil, la gourmandise. A table, il mangeait lentement, par obéissance, ce qu’on servait. Il attendait le temps d’un Pater avant d’ entamer sa portion. Dès qu’on ofïrait un second mets, il laissait le premier. C’est en récréation qu’il fallait voir Jean ; on eût pu le croire guindé, lui qui ne remuait pas sans une raison, mais il était alors la gaieté même. Ses frères - il aimait penser à leurs anges gardiens, invisibles et présents - l’appelaient Hilaire ou Hilare, ou le saint joyeux. Volontiers il contait alors quelque trait des saints du lendemain. Volontiers il exaltait les mérites des frères coadjuteurs et des missionnaires aux Indes. Sur la fin de son premier an de noviciat, il fut promu portier, ce qui faisait de lui l’aide du Père maître. Les supérieurs désiraient que les Flamands apprissent le français et Jean s’y mit de tout son cœur, au point que lui qui ne savait pas un mot au début du noviciat, prêcha en français au réfectoire avant la fin de septembre 1618. On l’employait parfois à catéchiser les villageois du voisinage. Si les enfants se dérobaient, il allait les chercher dans les maisons. Il laissait à son confrère le beau rôle, les explications, et se contentait de faire réciter les prières. En avril 1618, le père de Jean, devenu veuf, reçut la prêtrise. Le 25 septembre suivant, Jean qui prononçait ses vœux de scolastique, écrivait à son père : Je mourrai sur la croix de Jésus, attaché par les trois clous de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance. Il est doux de mourir dans la compagnie de Jésus, dans les bras de Jésus. Réjouissez-vous, mon excellent père, votre fils vivra dans cette mort et vivra heureux. Dès le 27 septembre 1617, il avait prononcé des vœux de dévotion, craignant de perdre sa vocation s’il se relâchait de sa ferveur initiale.
Son noviciat terminé, il était prévu que Jean irait faire sa philosophie à Anvers mais, à peine arrivé, il reçut l’ordre d’aller à Rome (18 octobre 1618) et apprit la mort de son père. Jean Berchmans arriva, le 31 décembre 1618, à Rome où il fut présenté au général de la Compagnie de Jésus qui, le 2 janvier 1619, le faisait entrer au Collège romain dont il devint un des meilleurs éléments. Il rédigea à son usage personnel un plan de vie sage et judicieux : ne pas lire ou écrire plus de deux heures de suite ; s’interrompre alors quelques instants. Dans les disputes scolastiques, il brillait par sa courtoisie pour l’adversaire, exposant ses thèses avec une impartialité absolue. Il étudiait avec sérieux et constance, selon le précepte ignacien, et se disait : Je suis entré en religion pour étudier et non fainéanter. Les hérétiques se donnent du mal pour s’informer contre le Christ ; et toi, tu ne travaillerais pas pour sa défense ? Les gens du siècle font des recherches pour la vaine gloire ; et toi, tu n’en ferais pas pour la gloire de Dieu ? Donc, applique-loi sérieusement et ne perds pas un instant. Les langues n’était pas dans les programmes, mais tout en soignant son latin pour les relations officielles, il se mit à l’italien avec succès, reprit l’usage du français et souhaitait passer un an au collège anglais, puis au germanique, pour s’ouvrir l’esprit toujours davantage. Le 8 juillet 1621, Jean eut les honneurs de la soutenance publique de philosophie.
Jean, religieux extrêmement obéissant, plein d’amour pour sa Compagnie, avait pris cette résolution : me laisser mettre en pièces plutôt que de violer la moindre règle ; plutôt mourir que de manquer à une règle sous prétexte de santé. Par esprit de pauvreté, il avait banni le superflu de son existence. Bien qu’il n’eût jamais connu ce qui est contraire à la chasteté, il veillait étroitement sur ses sens, tenant les yeux habituellement baissés, au point, qu’après sa mort, on s’aperçut qu’on ignorait la couleur de ses yeux. Comme on lui avait proposé une place à l’intronisation du pape Grégoire XV, il répondit en souriant : J’ai déjà vu une procession depuis que je suis ici. Cela me suffit largement. Le P. Cepari, recteur du Collège romain, lui avait conseillé les Confessions de saint Augustin qu’il lui rendit bientôt en disant : Mon Père, cette lecture ne me plaît pas. Il préférait les Lettres de saint Jérôme, la Vie de Louis de Gonzague, ou bien Gerson.
Quelle que fût la température, il ne changeait pas de position dans son lit dont il confiait les quatre angles à son bon ange, au saint patron qu’il avait reçu pour le mois, au bienheureux Ignace de Loyola, à Notre-Dame et aux autres saints. Au pied du lit, il mettait son crucifix, pour bondir vers lui au reveil. Avant de s’endormir, il récitait trois rosaires pour les défunts. Il aimait la compagnie des frères coadjuteurs qu’il édifiait par les exemples des saints ou des religieux de la Compagnie, et visitait deux fois par jour les malades. Il aimait s’écrier : Laus Deo ! (Dieu soit loué !).
Le 31 juillet 1621, Jean reçut, selon l’usage, un billet portant le nom d’un patron pour le mois suivant : c’était saint Zéphyrin, pape et martyr, et on y avait adjoint ce texte : Veillez et priez, vous ne savez pas quand ce sera le moment. Jean vit là un avertissement céleste. Le 5 août il eut un peu de dysenterie. Le 6, il fut délégué à une soutenance de thèses au collège grec où il dut parler une heure et d’où il revint, le soir avec une telle fièvre qu’on l’envoya à l’infirmerie. Pour la Saint-Laurent (mardi), il exprima le désir de communier ; on lui objecta qu’on ne communiait les malades que le dimanche seulement, mais qu’il pouvait demander une exception qui serait sûrement accordée, il répliqua : Non, faisons comme tout le monde. Pensant à ses visiteurs, il tenait à ce que la propreté régnât autour de lui, à ce qu’on aérât, dût-il en être gêné. Au soir de la Saint-Laurent, le pouls faiblit. Jean dicta à I’infirmier un billet pour Ie Père recteur, contenant des remerciements à tous et quelques désirs. Le P. Cornelius a Lapide, un Belge, vint voir son jeune compatriote et lui demanda s’il n’ avait pas quelque inquiétude. Absolument rien, lui répliqua Jean, radieux, en ouvrant les mains. A l’aube du mercredi 11, sur les quatre heures et demie, le viatique arriva, escorté de Pères et de tous les jeunes scolastiques. Puis Jean demanda l’extrême-onction. Tous pleuraient, lui seul souriait. Après la cérémonie, il confia tout bas au Père recteur que sa grande consolation était de n’avoir jamais commis un péché délibéré, jamais enfreint une règle ou un ordre d’un supérieur. Jean craignait que sa maladie ne causât des dépenses excessives à la Compagnie. Un Père lui baignait le pouls et les tempes avec du vin vieux. Jean s’inquiétait de ce gaspillage. Le Père le rassura. Alors Jean : S’il en est ainsi, versez un peu plus généreusement. On lui demanda quelle lecture il souhaitait : il réclama le récit de la mort de Louis de Gonzague. Jean prit son crucifix, son chapelet, un livre des règles, et déclara : Ces trois sont ce que j’ai de plus cher. Avec eux, je mourrai avec plaisir. Son lit était continuellement entouré d’ une foule admiratrice. Mais Jean restait simple et humble, ce qui ne l’empêchait pas de répondre avec une autorité qui frappait tout le monde. Sa dernière nuit fut très agitée : le démon cherchait à l’affliger. Mais la fin fut paisible. Il mourut le vendredi 13 août à huit heures et sept minutes.
Le corps, exposé à l’église, fut littéralement dépouillé par la foule avide de reliques. Sa Vie, par le P. Cepari, son directeur, fut publiée en 1627. Les reliques furent reconnues en 1729. Pie IX béatifia Jean le 9 mai 1865, Léon XIII le canonisa le 15 janvier 1888. Le corps du saint repose à Saint-Ignace de Rome et son cœur a été placé à l’église des Jésuites de Louvain.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 14 août
Saint Maksymilian Maria Kolbe
Prêtre o.f.m. conv. et martyr
Fondateur de la : « Mission de l'Immaculée »
Biographie:
Un jour de 1915, à Rome, un homme d'âge mûr vocifère devant frère Maximilien Kolbe contre le Pape et l'Église. Le jeune franciscain engage la discussion. «Je m'y entends, jouvenceau! Je suis docteur en philosophie», s'exclame l'inconnu. «Et moi aussi», riposte le petit frère de vingt et un ans qui en paraît seize. Stupéfait, l'homme change de ton. Alors patiemment, avec une inexorable logique, le frère reprend un à un les arguments de son interlocuteur et les retourne contre lui. «Vers la fin de la discussion, raconte un témoin, le mécréant se tut. Il semblait profondément réfléchir». Qui est donc cet apôtre ardent, décrit par le Pape Paul VI comme un «type d'homme auquel nous pouvons conformer notre art de vivre, lui reconnaissant le privilège de l'apôtre Paul de pouvoir dire au peuple chrétien: Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1 Co 11, 1)»?
Les deux couronnes
Raymond Kolbe, le futur saint Maximilien (canonisé par le Pape Jean-Paul II, le 10 octobre 1982), est né le 7 janvier 1894 de modestes tisserands polonais. Son père est très doux, un peu taciturne. Sa mère, Marie, est énergique et travailleuse. Outre deux enfants morts en bas âge, le foyer compte trois garçons, François, Raymond et Joseph. Raymond est violent, indépendant, entreprenant et têtu. D'un naturel vif et primesautier, il éprouve souvent la patience de sa mère qui s'écrie un jour: «Mon pauvre enfant, que deviendras-tu?»
La réprimande provoque chez le petit une véritable conversion. Il devient sage et obéissant. La maman s'aperçoit qu'il disparaît souvent derrière l'armoire où se trouve un petit autel de Notre-Dame de Czestochowa. Là, il prie et pleure. «Voyons, Raymond, lui demande sa mère, pourquoi pleures-tu comme une fille? - Lorsque vous m'avez dit: "Raymond, que deviendras-tu?" j'ai eu beaucoup de peine et je suis allé demander à la Sainte Vierge ce que je deviendrai... La Sainte Vierge m'est apparue, en tenant deux couronnes, l'une blanche et l'autre rouge. Elle m'a regardé avec amour et m'a demandé laquelle je choisissais; la blanche signifie que je serai toujours pur et la rouge que je mourrai martyr. J'ai répondu: "Je choisis les deux!"»
L'âme de l'enfant conserve depuis cette rencontre un amour indéfectible pour la Sainte Vierge. La lecture des écrits de saint Louis-Marie Grignion de Montfort lui apprend que «Dieu veut révéler et découvrir Marie, le chef-d'oeuvre de ses mains, dans ces derniers temps Marie doit briller, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce» (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge). Il donne sa vie à la Sainte Vierge. La consécration mariale est un don d'amour qui offre toute la personne et qui la lie à l'Immaculée. «De même que l'Immaculée est à Jésus, à Dieu, de même chaque âme va être par Elle et en Elle à Jésus, à Dieu, et cela beaucoup mieux que sans Elle», écrira saint Maximilien. «L'Église catholique a toujours affirmé que l'imitation de la Vierge Marie, non seulement ne détourne pas de l'effort pour suivre fidèlement le Christ, mais qu'elle le rend plus aimable et plus aisé» (Paul VI, Exhortation apostolique Signum Magnum, 13 mai 1967, n. 8).
Attiré par Marie, Raymond Kolbe embrasse la vie religieuse. Le 4 septembre 1910, il revêt l'habit franciscain, et prend pour nom "frère Maximilien Marie". À l'automne 1912, ses supérieurs l'envoient à l'université grégorienne de Rome. Ses études ne le détournent pas de son idéal de sainteté: il veut procurer à Dieu la plus grande gloire possible. «la gloire de Dieu consiste dans le salut des âmes. Le salut des âmes et la parfaite sanctification de celles-ci, déjà rachetées à grand prix par la mort de Jésus en croix, en commençant naturellement par notre âme, est donc notre noble idéal». Mais la voie du salut se trouve dans l'accomplissement de la volonté de Dieu. Aussi le jeune frère écrit-il à sa mère: «Je ne vous souhaiterai ni la santé, ni la prospérité. Pourquoi? Parce que je voudrais vous souhaiter mieux que cela, quelque chose de tellement bon que Dieu lui-même ne saurait vous souhaiter mieux: qu'en toutes choses la volonté de ce très bon Père se fasse en vous, maman, que vous sachiez en toutes choses accomplir la volonté de Dieu! C'est tout ce que je puis vous souhaiter de mieux».
Sauver toutes les âmes
Puissante contre le mal, Notre-Dame est victorieuse du démon. Aussi, frère Maximilien fonde-t-il la "Mission de l'Immaculée" sur cette parole de Dieu au serpent (le diable): Elle (la Sainte Vierge) t'écrasera la tête (Gn 3, 15 - Vulgate). Le saint relie cette prophétie divine à l'affirmation de la liturgie: «Par vous seule, ô Marie, ont été vaincues toutes les hérésies». Le but de son oeuvre est d'obtenir «la conversion des pécheurs, hérétiques, schismatiques, etc., et particulièrement des francs-maçons; et la sanctification de tous les hommes sous la direction et par l'intermédiaire de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée». Dans son ardeur, il désire la conversion de tous les pécheurs, car le saint ne dira jamais «sauver des âmes», mais «toutes les âmes». Ce désir correspond au dessein de Dieu. Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16). C'est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés (1 Jn 4, 10). Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier (1 Jn 2, 2).
Les membres de la "Mission" feront l'offrande totale d'eux-mêmes à la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, comme instruments dans ses mains, et porteront la Médaille Miraculeuse. Ils réciteront, une fois par jour, la prière suivante: «Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous et pour tous ceux qui n'ont pas recours à Vous, plus particulièrement pour les francs-maçons et pour tous ceux qui vous sont recommandés».
Christianiser la culture
La santé de frère Maximilien n'est pas robuste. Malgré cela, il s'adonne avec courage aux études, passe brillamment ses examens et devient, en 1915, docteur en philosophie. Quatre ans plus tard, il obtient, avec le même succès, un doctorat en théologie. Entre temps, il a reçu l'ordination sacerdotale le 28 avril 1918. Il envisage sa formation intellectuelle dans le but d'instruire le prochain et de contribuer ainsi au salut des âmes.
Son désir est de «faire servir tout progrès à la gloire de Dieu», c'est-à-dire de christianiser la culture moderne. «Les problèmes nouveaux et les recherches suscitées par le progrès du monde moderne, déclare, de nos jours, le Concile Vatican II, seront étudiés très soigneusement. On saisira plus profondément comment la foi et la raison s'unissent pour atteindre l'unique vérité... De la sorte, se réalisera comme une présence publique, durable et universelle, de la pensée chrétienne dans tout l'effort intellectuel vers la plus haute culture; et les étudiants de ces instituts (écoles supérieures, universités et facultés) seront formés à devenir des hommes éminents par leur science, prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, en même temps que témoins de la foi dans le monde» (Gravissimum educationis, 10).
Mais le saint doit expérimenter que le bien ne se fait pas sans la croix. En effet, comme le rappelle sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, «seule la souffrance enfante les âmes». Vers la fin de 1919, on l'envoie à Zakopane, dans un sanatorium où les secours religieux font défaut. Bien que malade, il entreprend un difficile apostolat auprès de ses compagnons, à l'aide de médailles miraculeuses. Il gagne les coeurs et les esprits un à un et fait si bien qu'on l'invite à donner des conférences. L'apôtre de Marie n'attendait que cela. Beaucoup d'incrédules se convertissent.
Le poison de l'indifférence
Puis, le Père inaugure une série de "causeries apologétiques", sur l'existence de Dieu et la divinité du Christ. L'amour qu'il manifeste pour la vérité transparaît dans une lettre écrite à son frère Joseph: «De nos jours, le plus grand poison est l'indifférence, qui trouve ses victimes non seulement parmi les bourgeois mais aussi parmi les religieux, à des degrés divers, bien entendu». «Tous les chrétiens, dit le Pape Pie XII, devraient avoir, autant que possible, une instruction religieuse profonde et organique. Il serait, en effet, dangereux de développer toutes les autres connaissances et de laisser le patrimoine religieux sans changement, tel qu'il était dans la première enfance. Nécessairement incomplet et superficiel, il serait étouffé, et peut-être détruit, par la culture areligieuse et par les expériences de la vie adulte, comme en témoignent tous ceux dont la foi fit naufrage pour des doutes demeurés dans l'ombre, des problèmes restés sans solution. Comme il est nécessaire que le fondement de la foi soit rationnel, une étude suffisante de l'apologétique devient indispensable» (24 mars 1957).
En 1927, le Père Maximilien fonde la cité mariale franciscaine de Niepokalanow (littéralement: la cité de l'Immaculée). Tout y est consacré à Marie. Nombreux sont ceux qui demandent leur admission au noviciat, au point que le couvent comptera jusqu'à mille religieux. «À Niepokalanow, dit le Père, nous vivons d'une idée fixe, si l'on peut s'exprimer ainsi, volontairement choisie et aimée: l'Immaculée!» La presse, dont l'influence ne cesse de grandir, lui apparaît comme un terrain privilégié d'apostolat. Il lance, en vue de l'évangélisation, la revue "Le Chevalier de l'Immaculée", qui devient bientôt la plus importante publication de Pologne. En 1939, son tirage atteindra un million d'exemplaires.
«Savez-vous le japonais?»
Loin d'être l'unique objectif du Père Maximilien, la Pologne n'est qu'un tremplin. Trois ans à peine après la fondation de Niepokalanow, il rencontre, dans un train, des étudiants japonais. La conversation s'engage et le Père offre des médailles miraculeuses. En échange, les étudiants lui donnent de petits éléphants en bois qui leur servent de fétiches. Depuis ce temps, le saint ne cesse de penser à la grande pitié de ces âmes sans Dieu. Aussi se présente-t-il, un beau jour, chez son provincial et lui demande-t-il la permission d'aller au Japon pour y fonder un Niepokalanow japonais. «Avez-vous de l'argent? demande le Père provincial - Non. - Savez-vous le japonais? - Non. - Avez-vous, du moins, des amis là-bas, quelque appui? - Pas encore, mais j'en trouverai, avec la grâce de Dieu»..
Toutes les autorisations obtenues, le Père part en 1930 avec quatre frères pour le Japon. À force de travail, d'audace, de prières et de confiance en l'Immaculée, ils parviennent à créer la "Mugenzai no Sono", textuellement: le jardin de l'Immaculée. Deux ans après la fondation au Japon, le Père Maximilien s'embarque pour fonder aux Indes. Aux prises avec de grosses difficultés, il prie sainte Thérèse de Lisieux: n'avait-il pas convenu avec elle, jadis à Rome, qu'il prierait chaque jour pour sa canonisation, mais qu'en retour elle serait patronne de ses oeuvres? Sainte Thérèse honore le contrat. Tous les obstacles tombent comme par enchantement. Mais, exténué et miné par la fièvre, l'apôtre de Marie Immaculée doit rentrer en Pologne, en 1936.
L'amour ou le péché
Septembre 1939: la guerre s'abat sur le pays. Saint Maximilien s'adonne, avec plus d'ardeur que jamais à l'apostolat. «Si le bien consiste en l'amour de Dieu et en tout ce qui jaillit de l'amour, le mal, dans son essence, est une négation de l'amour», lit-on dans la publication de son dernier article. Voilà le vrai conflit. Au fond de chaque âme, il y a ces deux adversaires: le bien et le mal, l'amour et le péché. Saint Augustin a exprimé ce conflit en ces termes: « Deux amours ont fait deux cités: l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu a fait la cité terrestre; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi a fait la cité céleste» (Cité de Dieu, XIV, 28).
Le 17 février 1941, des policiers de la Gestapo se saisissent du Père et de quatre autres frères qu'ils emmènent d'abord à la prison de Pawiak à Varsovie. Le Père y est violemment frappé en tant que religieux et prêtre. Il écrit à ses enfants restés à Niepokalanow: «L'Immaculée, Mère très aimante, nous a toujours entourés de tendresse et veillera toujours Laissons-nous conduire par Elle, de plus en plus parfaitement où qu'elle veuille et quel que soit son bon plaisir, afin que, remplissant nos devoirs jusqu'au bout, nous puissions, par amour, sauver toutes les âmes». Quelques jours plus tard, le Père Kolbe est transféré au camp d'Auschwitz.
Bientôt hospitalisé, à la suite des sévices endurés, il confesse à longueur de nuits, malgré l'interdiction et la menace de représailles. Il sait convertir en bien le mal lui-même, et explique un jour à un malade: «La haine n'est pas une force créatrice. Seul l'amour est créateur. Ces douleurs ne nous feront pas plier, mais elles doivent nous aider, toujours davantage, à être forts. Elles sont nécessaires, avec d'autres sacrifices, pour que ceux qui resteront après nous soient heureux». Il fait partager à ses compagnons l'expérience du mystère pascal, où la souffrance vécue dans la foi se transforme en joie. «Le paradoxe de la condition chrétienne éclaire singulièrement celui de la condition humaine: ni l'épreuve ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la Rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire» (Paul VI, Exhortation Apostolique sur la joie chrétienne, 9 mai 1975).
Travailler des deux mains
À la fin de juillet 1941, un prisonnier du bloc 14, celui du Père Maximilien, s'est évadé. Le chef de camp avait prévenu que, pour chaque évadé, dix hommes seraient condamnés à mourir de faim et de soif. Un des malheureux désignés pour la mort s'écrie: «Oh! ma pauvre femme et mes enfants que je ne reverrai plus!» Alors, au milieu de ses camarades interdits, le Père Maximilien se fraie un chemin et sort des rangs. «Je voudrais mourir à la place d'un de ces condamnés», et il désigne celui qui vient de se lamenter. «Qui es-tu?» demande le chef. «Prêtre catholique», répond le Père. Car c'est comme prêtre catholique qu'il veut donner sa vie. L'officier, stupéfait, garde un moment le silence puis accepte l'héroïque proposition.
Dans le bloc de la mort, les geôliers se rendent compte qu'il se passe quelque chose de nouveau. Au lieu des cris de détresse habituels, ce sont des chants qu'ils entendent. La présence du Père Maximilien a changé l'atmosphère de l'affreuse cellule. Le désespoir a fait place à une aspiration pleine d'espérance, d'acceptation et d'amour, vers le ciel, vers la Mère de Miséricorde. À la veille de l'Assomption, seul le Père Maximilien est pleinement conscient. Au moment où les gardes entrent pour l'achever, il est en prière. Voyant la seringue, il tend lui-même son bras décharné à la piqûre mortelle.
De son vivant, saint Maximilien Kolbe aimait à répéter: «Sur cette terre, nous ne pouvons travailler que d'une seule main, car de l'autre nous devons bien nous cramponner pour ne point tomber nous-mêmes. Mais au Ciel, ce sera différent! Point de danger de glisser, de tomber! Alors nous travaillerons bien plus encore, de nos deux mains!» Nous lui demandons d'intercéder pour vous et pour tous ceux qui vous sont chers, vivants et défunts, auprès de la Vierge Immaculée et de saint Joseph.
Saint Maksymilian Maria Kolbe
Prêtre o.f.m. conv. et martyr
Fondateur de la : « Mission de l'Immaculée »
Biographie:
Un jour de 1915, à Rome, un homme d'âge mûr vocifère devant frère Maximilien Kolbe contre le Pape et l'Église. Le jeune franciscain engage la discussion. «Je m'y entends, jouvenceau! Je suis docteur en philosophie», s'exclame l'inconnu. «Et moi aussi», riposte le petit frère de vingt et un ans qui en paraît seize. Stupéfait, l'homme change de ton. Alors patiemment, avec une inexorable logique, le frère reprend un à un les arguments de son interlocuteur et les retourne contre lui. «Vers la fin de la discussion, raconte un témoin, le mécréant se tut. Il semblait profondément réfléchir». Qui est donc cet apôtre ardent, décrit par le Pape Paul VI comme un «type d'homme auquel nous pouvons conformer notre art de vivre, lui reconnaissant le privilège de l'apôtre Paul de pouvoir dire au peuple chrétien: Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1 Co 11, 1)»?
Les deux couronnes
Raymond Kolbe, le futur saint Maximilien (canonisé par le Pape Jean-Paul II, le 10 octobre 1982), est né le 7 janvier 1894 de modestes tisserands polonais. Son père est très doux, un peu taciturne. Sa mère, Marie, est énergique et travailleuse. Outre deux enfants morts en bas âge, le foyer compte trois garçons, François, Raymond et Joseph. Raymond est violent, indépendant, entreprenant et têtu. D'un naturel vif et primesautier, il éprouve souvent la patience de sa mère qui s'écrie un jour: «Mon pauvre enfant, que deviendras-tu?»
La réprimande provoque chez le petit une véritable conversion. Il devient sage et obéissant. La maman s'aperçoit qu'il disparaît souvent derrière l'armoire où se trouve un petit autel de Notre-Dame de Czestochowa. Là, il prie et pleure. «Voyons, Raymond, lui demande sa mère, pourquoi pleures-tu comme une fille? - Lorsque vous m'avez dit: "Raymond, que deviendras-tu?" j'ai eu beaucoup de peine et je suis allé demander à la Sainte Vierge ce que je deviendrai... La Sainte Vierge m'est apparue, en tenant deux couronnes, l'une blanche et l'autre rouge. Elle m'a regardé avec amour et m'a demandé laquelle je choisissais; la blanche signifie que je serai toujours pur et la rouge que je mourrai martyr. J'ai répondu: "Je choisis les deux!"»
L'âme de l'enfant conserve depuis cette rencontre un amour indéfectible pour la Sainte Vierge. La lecture des écrits de saint Louis-Marie Grignion de Montfort lui apprend que «Dieu veut révéler et découvrir Marie, le chef-d'oeuvre de ses mains, dans ces derniers temps Marie doit briller, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce» (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge). Il donne sa vie à la Sainte Vierge. La consécration mariale est un don d'amour qui offre toute la personne et qui la lie à l'Immaculée. «De même que l'Immaculée est à Jésus, à Dieu, de même chaque âme va être par Elle et en Elle à Jésus, à Dieu, et cela beaucoup mieux que sans Elle», écrira saint Maximilien. «L'Église catholique a toujours affirmé que l'imitation de la Vierge Marie, non seulement ne détourne pas de l'effort pour suivre fidèlement le Christ, mais qu'elle le rend plus aimable et plus aisé» (Paul VI, Exhortation apostolique Signum Magnum, 13 mai 1967, n. 8).
Attiré par Marie, Raymond Kolbe embrasse la vie religieuse. Le 4 septembre 1910, il revêt l'habit franciscain, et prend pour nom "frère Maximilien Marie". À l'automne 1912, ses supérieurs l'envoient à l'université grégorienne de Rome. Ses études ne le détournent pas de son idéal de sainteté: il veut procurer à Dieu la plus grande gloire possible. «la gloire de Dieu consiste dans le salut des âmes. Le salut des âmes et la parfaite sanctification de celles-ci, déjà rachetées à grand prix par la mort de Jésus en croix, en commençant naturellement par notre âme, est donc notre noble idéal». Mais la voie du salut se trouve dans l'accomplissement de la volonté de Dieu. Aussi le jeune frère écrit-il à sa mère: «Je ne vous souhaiterai ni la santé, ni la prospérité. Pourquoi? Parce que je voudrais vous souhaiter mieux que cela, quelque chose de tellement bon que Dieu lui-même ne saurait vous souhaiter mieux: qu'en toutes choses la volonté de ce très bon Père se fasse en vous, maman, que vous sachiez en toutes choses accomplir la volonté de Dieu! C'est tout ce que je puis vous souhaiter de mieux».
Sauver toutes les âmes
Puissante contre le mal, Notre-Dame est victorieuse du démon. Aussi, frère Maximilien fonde-t-il la "Mission de l'Immaculée" sur cette parole de Dieu au serpent (le diable): Elle (la Sainte Vierge) t'écrasera la tête (Gn 3, 15 - Vulgate). Le saint relie cette prophétie divine à l'affirmation de la liturgie: «Par vous seule, ô Marie, ont été vaincues toutes les hérésies». Le but de son oeuvre est d'obtenir «la conversion des pécheurs, hérétiques, schismatiques, etc., et particulièrement des francs-maçons; et la sanctification de tous les hommes sous la direction et par l'intermédiaire de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée». Dans son ardeur, il désire la conversion de tous les pécheurs, car le saint ne dira jamais «sauver des âmes», mais «toutes les âmes». Ce désir correspond au dessein de Dieu. Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16). C'est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés (1 Jn 4, 10). Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier (1 Jn 2, 2).
Les membres de la "Mission" feront l'offrande totale d'eux-mêmes à la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, comme instruments dans ses mains, et porteront la Médaille Miraculeuse. Ils réciteront, une fois par jour, la prière suivante: «Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous et pour tous ceux qui n'ont pas recours à Vous, plus particulièrement pour les francs-maçons et pour tous ceux qui vous sont recommandés».
Christianiser la culture
La santé de frère Maximilien n'est pas robuste. Malgré cela, il s'adonne avec courage aux études, passe brillamment ses examens et devient, en 1915, docteur en philosophie. Quatre ans plus tard, il obtient, avec le même succès, un doctorat en théologie. Entre temps, il a reçu l'ordination sacerdotale le 28 avril 1918. Il envisage sa formation intellectuelle dans le but d'instruire le prochain et de contribuer ainsi au salut des âmes.
Son désir est de «faire servir tout progrès à la gloire de Dieu», c'est-à-dire de christianiser la culture moderne. «Les problèmes nouveaux et les recherches suscitées par le progrès du monde moderne, déclare, de nos jours, le Concile Vatican II, seront étudiés très soigneusement. On saisira plus profondément comment la foi et la raison s'unissent pour atteindre l'unique vérité... De la sorte, se réalisera comme une présence publique, durable et universelle, de la pensée chrétienne dans tout l'effort intellectuel vers la plus haute culture; et les étudiants de ces instituts (écoles supérieures, universités et facultés) seront formés à devenir des hommes éminents par leur science, prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, en même temps que témoins de la foi dans le monde» (Gravissimum educationis, 10).
Mais le saint doit expérimenter que le bien ne se fait pas sans la croix. En effet, comme le rappelle sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, «seule la souffrance enfante les âmes». Vers la fin de 1919, on l'envoie à Zakopane, dans un sanatorium où les secours religieux font défaut. Bien que malade, il entreprend un difficile apostolat auprès de ses compagnons, à l'aide de médailles miraculeuses. Il gagne les coeurs et les esprits un à un et fait si bien qu'on l'invite à donner des conférences. L'apôtre de Marie n'attendait que cela. Beaucoup d'incrédules se convertissent.
Le poison de l'indifférence
Puis, le Père inaugure une série de "causeries apologétiques", sur l'existence de Dieu et la divinité du Christ. L'amour qu'il manifeste pour la vérité transparaît dans une lettre écrite à son frère Joseph: «De nos jours, le plus grand poison est l'indifférence, qui trouve ses victimes non seulement parmi les bourgeois mais aussi parmi les religieux, à des degrés divers, bien entendu». «Tous les chrétiens, dit le Pape Pie XII, devraient avoir, autant que possible, une instruction religieuse profonde et organique. Il serait, en effet, dangereux de développer toutes les autres connaissances et de laisser le patrimoine religieux sans changement, tel qu'il était dans la première enfance. Nécessairement incomplet et superficiel, il serait étouffé, et peut-être détruit, par la culture areligieuse et par les expériences de la vie adulte, comme en témoignent tous ceux dont la foi fit naufrage pour des doutes demeurés dans l'ombre, des problèmes restés sans solution. Comme il est nécessaire que le fondement de la foi soit rationnel, une étude suffisante de l'apologétique devient indispensable» (24 mars 1957).
En 1927, le Père Maximilien fonde la cité mariale franciscaine de Niepokalanow (littéralement: la cité de l'Immaculée). Tout y est consacré à Marie. Nombreux sont ceux qui demandent leur admission au noviciat, au point que le couvent comptera jusqu'à mille religieux. «À Niepokalanow, dit le Père, nous vivons d'une idée fixe, si l'on peut s'exprimer ainsi, volontairement choisie et aimée: l'Immaculée!» La presse, dont l'influence ne cesse de grandir, lui apparaît comme un terrain privilégié d'apostolat. Il lance, en vue de l'évangélisation, la revue "Le Chevalier de l'Immaculée", qui devient bientôt la plus importante publication de Pologne. En 1939, son tirage atteindra un million d'exemplaires.
«Savez-vous le japonais?»
Loin d'être l'unique objectif du Père Maximilien, la Pologne n'est qu'un tremplin. Trois ans à peine après la fondation de Niepokalanow, il rencontre, dans un train, des étudiants japonais. La conversation s'engage et le Père offre des médailles miraculeuses. En échange, les étudiants lui donnent de petits éléphants en bois qui leur servent de fétiches. Depuis ce temps, le saint ne cesse de penser à la grande pitié de ces âmes sans Dieu. Aussi se présente-t-il, un beau jour, chez son provincial et lui demande-t-il la permission d'aller au Japon pour y fonder un Niepokalanow japonais. «Avez-vous de l'argent? demande le Père provincial - Non. - Savez-vous le japonais? - Non. - Avez-vous, du moins, des amis là-bas, quelque appui? - Pas encore, mais j'en trouverai, avec la grâce de Dieu»..
Toutes les autorisations obtenues, le Père part en 1930 avec quatre frères pour le Japon. À force de travail, d'audace, de prières et de confiance en l'Immaculée, ils parviennent à créer la "Mugenzai no Sono", textuellement: le jardin de l'Immaculée. Deux ans après la fondation au Japon, le Père Maximilien s'embarque pour fonder aux Indes. Aux prises avec de grosses difficultés, il prie sainte Thérèse de Lisieux: n'avait-il pas convenu avec elle, jadis à Rome, qu'il prierait chaque jour pour sa canonisation, mais qu'en retour elle serait patronne de ses oeuvres? Sainte Thérèse honore le contrat. Tous les obstacles tombent comme par enchantement. Mais, exténué et miné par la fièvre, l'apôtre de Marie Immaculée doit rentrer en Pologne, en 1936.
L'amour ou le péché
Septembre 1939: la guerre s'abat sur le pays. Saint Maximilien s'adonne, avec plus d'ardeur que jamais à l'apostolat. «Si le bien consiste en l'amour de Dieu et en tout ce qui jaillit de l'amour, le mal, dans son essence, est une négation de l'amour», lit-on dans la publication de son dernier article. Voilà le vrai conflit. Au fond de chaque âme, il y a ces deux adversaires: le bien et le mal, l'amour et le péché. Saint Augustin a exprimé ce conflit en ces termes: « Deux amours ont fait deux cités: l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu a fait la cité terrestre; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi a fait la cité céleste» (Cité de Dieu, XIV, 28).
Le 17 février 1941, des policiers de la Gestapo se saisissent du Père et de quatre autres frères qu'ils emmènent d'abord à la prison de Pawiak à Varsovie. Le Père y est violemment frappé en tant que religieux et prêtre. Il écrit à ses enfants restés à Niepokalanow: «L'Immaculée, Mère très aimante, nous a toujours entourés de tendresse et veillera toujours Laissons-nous conduire par Elle, de plus en plus parfaitement où qu'elle veuille et quel que soit son bon plaisir, afin que, remplissant nos devoirs jusqu'au bout, nous puissions, par amour, sauver toutes les âmes». Quelques jours plus tard, le Père Kolbe est transféré au camp d'Auschwitz.
Bientôt hospitalisé, à la suite des sévices endurés, il confesse à longueur de nuits, malgré l'interdiction et la menace de représailles. Il sait convertir en bien le mal lui-même, et explique un jour à un malade: «La haine n'est pas une force créatrice. Seul l'amour est créateur. Ces douleurs ne nous feront pas plier, mais elles doivent nous aider, toujours davantage, à être forts. Elles sont nécessaires, avec d'autres sacrifices, pour que ceux qui resteront après nous soient heureux». Il fait partager à ses compagnons l'expérience du mystère pascal, où la souffrance vécue dans la foi se transforme en joie. «Le paradoxe de la condition chrétienne éclaire singulièrement celui de la condition humaine: ni l'épreuve ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la Rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire» (Paul VI, Exhortation Apostolique sur la joie chrétienne, 9 mai 1975).
Travailler des deux mains
À la fin de juillet 1941, un prisonnier du bloc 14, celui du Père Maximilien, s'est évadé. Le chef de camp avait prévenu que, pour chaque évadé, dix hommes seraient condamnés à mourir de faim et de soif. Un des malheureux désignés pour la mort s'écrie: «Oh! ma pauvre femme et mes enfants que je ne reverrai plus!» Alors, au milieu de ses camarades interdits, le Père Maximilien se fraie un chemin et sort des rangs. «Je voudrais mourir à la place d'un de ces condamnés», et il désigne celui qui vient de se lamenter. «Qui es-tu?» demande le chef. «Prêtre catholique», répond le Père. Car c'est comme prêtre catholique qu'il veut donner sa vie. L'officier, stupéfait, garde un moment le silence puis accepte l'héroïque proposition.
Dans le bloc de la mort, les geôliers se rendent compte qu'il se passe quelque chose de nouveau. Au lieu des cris de détresse habituels, ce sont des chants qu'ils entendent. La présence du Père Maximilien a changé l'atmosphère de l'affreuse cellule. Le désespoir a fait place à une aspiration pleine d'espérance, d'acceptation et d'amour, vers le ciel, vers la Mère de Miséricorde. À la veille de l'Assomption, seul le Père Maximilien est pleinement conscient. Au moment où les gardes entrent pour l'achever, il est en prière. Voyant la seringue, il tend lui-même son bras décharné à la piqûre mortelle.
De son vivant, saint Maximilien Kolbe aimait à répéter: «Sur cette terre, nous ne pouvons travailler que d'une seule main, car de l'autre nous devons bien nous cramponner pour ne point tomber nous-mêmes. Mais au Ciel, ce sera différent! Point de danger de glisser, de tomber! Alors nous travaillerons bien plus encore, de nos deux mains!» Nous lui demandons d'intercéder pour vous et pour tous ceux qui vous sont chers, vivants et défunts, auprès de la Vierge Immaculée et de saint Joseph.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Le 14 août
Saints martyrs (800) d'Otrante (†14 août 1480)
Comment les huit cents d'Otrante ont sauvé Rome
Ils ont été martyrisés il y a cinq siècles dans la région la plus orientale d’Italie, la plus exposée aux attaques des musulmans. Le calife Mehmet II, qui avait déjà pris Constantinople, avait pour objectif de s'emparer de Rome. Mais il a été arrêté par des chrétiens prêts à défendre la foi en versant leur sang
par Sandro Magister (tiré du récit Il Foglio)
Il est indiqué dans le Martyrologe Romain, c’est-à-dire dans le calendrier liturgique des saints et bienheureux mis à jour conformément aux décrets du Concile Vatican II et promulgué par Jean-Paul II, que l’Église évoque et vénère aujourd’hui...
"... les quelque huit cents bienheureux martyrs d’Otrante, dans les Pouilles, qui, incités par les assauts des soldats ottomans à renier leur foi, furent exhortés par le bienheureux Antonio Primaldo, un vieux tisserand, à persévérer dans le Christ, et, ayant été décapités, ont obtenu la couronne du martyre".
Le martyre de ces huit cents personnes a eu lieu en 1480, un 14 août, le jour où la liturgie rappelle leur souvenir.
Cinq siècles plus tard, en 1980, Jean-Paul II s’est rendu à cause d’eux à Otrante, la ville d’Italie où ils furent martyrisés.
Le 6 juillet 2007, Benoît XVI a authentifié de manière définitive leur martyre par un décret promulgué par la congrégation pour la cause des saints.
Qui étaient les huit cents d’Otrante? Pourquoi ont-ils été tués? Leur histoire est extraordinairement actuelle, comme l’est le conflit entre islam et christianisme au cours duquel ils ont sacrifié leur vie.
C’est ce que démontre dans le texte qui suit, publié le 14 juillet dernier dans "il Foglio", Alfredo Mantovano, juriste catholique et sénateur, né au sud des Pouilles, dans la région d’Otrante, sur la même terre que les huit cents:
"Prêts à mourir mille fois pour Lui..."
Le 6 juillet 2007, Benoît XVI a reçu le préfet de la congrégation pour la cause des saints, le cardinal José Saraiva Martins. Il a autorisé la publication du décret d’authentification du martyre du bienheureux Antonio Primaldo et de ses compagnons laïcs, "tués en haine de la foi" le 14 août 1480 à Otrante.
Seul le nom d’Antonio Primaldo est resté. Ses compagnons de martyre sont 800 inconnus: pêcheurs, artisans, bergers et agriculteurs d’une petite ville. Il y a cinq siècles, leur sang a été versé uniquement parce qu’ils étaient chrétiens.
Ces 800 hommes ont subi il y a cinq siècles le sort réservé à l’Américain Nick Berg en 2004. Capturé par des terroristes islamistes en Irak alors qu’il exerçait son activité d’antenniste, il a été tué au cri de "Allah est grand !" Son bourreau, après lui avoir tranché la veine jugulaire, a passé la lame autour du cou jusqu’à ce que la tête se détache et il l’a montrée comme un trophée. Exactement ce que le bourreau ottoman avait fait à chacun des 800 habitants d’Otrante en 1480.
Le prologue à cette exécution de masse a lieu le 29 juillet 1480, aux premières heures du jour : depuis les murs d’Otrante, on voit pointer à l’horizon une flotte composée de 90 galées, 15 mahonnes et 48 galiotes, avec à leur bord 18 000 soldats, qui devient de plus en plus visible. L’armée est dirigée par le pacha Agometh, lui-même sous les ordres de Mehmet II, dit Fatih, le Conquérant. En 1451, ce sultan, alors âgé de 21 ans à peine, avait pris la tête de la tribu ottomane, qui s’était imposée sur l’échiquier des émirats islamiques un siècle et demi auparavant.
En 1453, à la tête d’une armée de 260 000 Turcs, Mehmet II avait conquis Byzance, la "seconde Rome". Dès lors, il projetait de s’emparer de la "première Rome", la vraie Rome, et de transformer la basilique Saint-Pierre en écurie pour ses chevaux.
En juin 1480, il juge le moment opportun pour accomplir son œuvre: il lève le siège de Rhodes – que ses chevaliers défendaient avec courage – et dirige sa flotte vers la mer Adriatique. Il a l’intention de s’emparer de Brindisi, dont le port est vaste et commode. De Brindisi, il envisage de remonter l’Italie jusqu'au siège de la papauté. Un fort vent contraire contraint cependant les navires à toucher terre à 50 milles plus au sud. Le débarquement a lieu à Roca, à quelques kilomètres d’Otrante.
Otrante était – et est encore – la ville située le plus à l’est de l’Italie. C’est une ville riche d’histoire: ses environs immédiats étaient probablement déjà habités au Paléolithique, en tout cas au Néolithique. Otrante a par la suite été occupée par les Messapiens, peuplade qui a précédé les Grecs. Conquise par ces derniers, la ville est intégrée dans la Grande Grèce, avant que les Romains ne s’en emparent pour en faire rapidement un municipe.
L’importance de son port fait d’Otrante un pont entre l’Orient et l’Occident, rôle consolidé sur le plan culturel et politique par la présence d’un important monastère de moines basiliens à San Nicola in Casole, dont il reste aujourd’hui quelques colonnes sur la route qui mène à Leuca.
Otrante possède une très belle cathédrale, construite entre 1080 et 1088. En 1095, 12 000 croisés y reçurent la bénédiction, avant de partir, sous le commandement du prince Bohémond Ier de Hauteville, libérer et protéger le Saint-Sépulcre de Jérusalem. C’est justement à Otrante que saint François d’Assise, revenant de Terre Sainte, avait débarqué en 1219 et avait été accueilli avec tous les honneurs.
Au moment du débarquement des Ottomans, la ville ne peut compter que sur une garnison de 400 hommes armés, dont les chefs s’empressent de demander de l’aide au roi de Naples, Ferrante d’Aragon, en lui envoyant un courrier.
Après avoir cerné le château, où tous les habitants du bourg s’étaient réfugiés, le pacha Agometh envoie un messager pour proposer une reddition à des conditions avantageuses. S’ils n’opposent aucune résistance, hommes et femmes resteront libres et ne subiront aucun tort. C’est un des notables de la ville, Ladislao De Marco, qui répond: si les assiégeants veulent Otrante – prévient-il – ils devront la prendre par les armes.
L’envoyé est sommé de ne plus revenir. Lorsqu’un second messager se présente avec la même offre de reddition, il reçoit une volée de flèches. Pour supprimer toute équivoque, les capitaines se saisissent des clés de la ville et les jettent ostensiblement à la mer du haut d’une tour, en présence de la population. Pendant la nuit, une bonne partie des soldats de la garnison franchissent les murs de la ville au moyen de cordes et s’enfuient. Les habitants seuls restent pour défendre Otrante.
S’en suit un siège éprouvant: les bombardes turques lancent des centaines de boulets de pierre sur la ville (beaucoup d’entre eux sont encore visibles aujourd’hui dans les rues du centre historique). Quinze jours plus tard, à l’aube du 12 août, les Ottomans concentrent leurs tirs sur un des points les plus fragiles des murailles. Ils ouvrent une brèche, envahissent les rues, massacrant tout ce qui est à la portée de leurs tirs. Ils gagnent la cathédrale où de nombreux habitants se sont réfugiés. Après avoir renversé les portes et pénétré dans l’édifice, les Ottomans trouvent l’archevêque Stefano vêtu de ses habits pontificaux, le crucifix à la main. A l’injonction des assaillants de ne plus prononcer le nom du Christ – puisque c’est Mahomet qui commande désormais – l’archevêque leur répond en les exhortant à la conversion. Il est alors décapité d’un coup de cimeterre.
Le 13 août, Agometh demande et obtient la liste des habitants capturés, à l’exception des femmes et des enfants âgés de moins de 15 ans.
Voici ce que Saverio de Marco raconte dans sa "Compendiosa istoria degli ottocento martiri otrantini" publiée en 1905:
“Environ huit cent hommes furent présentés devant le pacha. A ses côtés se tenait un prêtre calabrais nommé Jean. Ce misérable apostat fit usage de son éloquence satanique pour persuader les chrétiens d’abandonner le Christ pour se convertir à l’islam. S’assurant ainsi de la bonne grâce d’Algometh, ils auraient la vie sauve et conserveraient tous les biens dont ils disposaient chez eux. Dans le cas contraire, tous seraient massacrés. Parmi ces héros, Antonio Primaldo, un tailleur déjà vieux mais plein de piété et de ferveur. Au nom de tous les autres, il répondit: ‘Vous tous, croyez en Jésus Christ, fils de Dieu et soyez prêts à mourir mille fois pour lui’“.
Dans son "Historia della guerra di Otranto del 1480", transcrite sur un vieux manuscrit et publiée en 1924, le premier chroniqueur, Giovanni Michele Laggetto, ajoute:
"En se tournant vers les chrétiens, Primaldo leur adressa ces mots: ‘Mes frères, nous avons combattu jusqu’à aujourd’hui pour notre patrie, notre vie et nos maîtres terrestres. Le temps est venu désormais de conserver nos âmes pour notre Seigneur. Puisqu’il est mort sur la croix pour nous, il convient que nous aussi mourrions pour lui, fermes et constants dans la foi. Par cette mort terrestre, nous aurons la vie éternelle et la gloire du martyre’. A ces mots, ils crièrent d’une seule voix et avec ferveur qu’ils préféraient mille fois mourir de n’importe quelle mort plutôt que de renier le Christ”.
Agometh ordonne la condamnation à mort des huit cents prisonniers. Le matin suivant, ils sont conduits, la corde au cou et les mains liées derrière le dos, à la colline de la Minerve, à quelques centaines de mètres de la ville. De Marco poursuit:
“Tous répétèrent la profession de foi et la réponse généreuse donnée précédemment. Alors le tyran ordonna la décapitation, en commençant par le vieux Primaldo, qu’il détestait. Ce dernier en effet continuait à encourager les siens. Plus encore, avant de poser sa tête sur la pierre, il expliquait à ses compagnons qu’il voyait le ciel ouvert et les anges consolateurs. Il leur demanda d’être forts dans la foi et de regarder le ciel déjà ouvert pour les recevoir. Il inclina son front et on lui coupa la tête. Mais son corps se remit debout et en dépit des efforts des bourreaux, il resta ainsi dressé immobile, jusqu’à ce que tous les autres fussent décapités. Ce prodige éclatant et retentissant aurait pu être une leçon de salut pour ces infidèles, s’ils n’avaient pas été rebelles à cette lumière qui éclaire chaque homme qui vit dans ce monde. Un seul bourreau, nommé Berlabei, crut à ce miracle avec courage. Se déclarant chrétien à haute voix, il fut condamné au supplice du pal”.
Lors du procès pour la béatification des huit cents, en 1539, quatre témoins oculaires ont rapporté le prodige d’Antonio Primaldo, resté debout après avoir été décapité ainsi que la conversion et le martyre du bourreau. L’un d’entre eux, Francesco Cerra, âgé de 72 ans en 1539, raconte:
“Antonio Primaldo fut le premier à être mis à mort. Décapité, il resta fermement debout et tous les efforts de ses ennemis ne parvinrent pas à le faire tomber, jusqu’à ce que tous les autres eussent été tués. Le bourreau, sidéré par le miracle, proclama que la foi catholique était la vraie. Il insista pour devenir chrétien et pour cette raison fut condamné à la mort par le pal, sur ordre du pacha“.
Cinq siècles plus tard, le 5 octobre 1980, Jean-Paul II se rend à Otrante en souvenir du sacrifice des huit cents.
C’est une matinée magnifique et ensoleillée qui se lève sur la plaine dominée par la colline de la Minerve, appelée depuis 1480 colline des Martyrs. Le pape polonais saisit l’occasion pour lancer un appel, d’actualité aujourd’hui comme jadis:
“N’oublions pas les martyrs de notre temps. Ne nous comportons pas comme s’ils n’existaient pas“.
Le pape invite alors à porter son regard au-delà de la mer et rappelle expressément les souffrances du peuple albanais, alors assujetti à l’un des modèles les plus féroces du communisme mais auquel personne ne prêtait attention. Jean-Paul II souligne que “les bienheureux martyrs d’Otrante nous ont laissé deux consignes fondamentales : l’amour de la patrie terrestre et l’authenticité de la foi chrétienne. Le chrétien aime sa patrie terrestre. L’amour de la patrie est une vertu chrétienne“.
Le sacrifice des huit cents d’Otrante n’est pas important uniquement du point de vue de la foi. Les deux semaines de résistance de la ville permettent à l’armée du roi de Naples de s’organiser et de se rapprocher de ces lieux, empêchant ainsi les 18 000 Ottomans d’envahir toute la région des Pouilles.
Les chroniqueurs de l’époque n’exagèrent pas en affirmant qu’Otrante a permis le salut de l’Italie du Sud. Et plus encore, si l’on en croit l’information selon laquelle la prise de la ville avait initialement incité le pape de l’époque, Sixte IV, à prévoir son déplacement vers Avignon, par crainte que les Ottomans ne s’approchent de Rome.
Le pape abandonne cette idée lorsque le roi de Naples, Ferrante, charge son fils Alphonse, duc de Calabre, de se rendre dans les Pouilles et de reconquérir Otrante. C’est ce qui se produit le 13 septembre 1481, après le retour d’Agometh en Turquie et la mort de Mehmet II.
Ce qui donne tout son sens à cet événement extraordinaire, notamment pour l’homme européen d’aujourd’hui, c’est que les témoignages de foi et de valeurs civiles sont légion dans l’histoire du christianisme. Les groupes d’hommes qui ont affronté avec courage des épreuves extrêmes sont tout aussi nombreux. Pourtant, jamais un événement n’a impliqué autant de personnes: une ville entière combat d’abord comme elle peut, puis résiste à plusieurs jours de siège. Ensuite, elle rejette fermement la proposition d’abjurer sa foi. Sur la colline de la Minerve, hormis le vieil Antonio Primaldo, aucune individualité ne se distingue, puisque l’on ne connaît le nom d’aucun des 800 autres martyrs. Cela prouve qu’il ne s’agit pas d’un petit nombre de héros, mais bien d’une population toute entière qui affronte cette l’épreuve.
Tout cela se produit aussi à cause de l’indifférence des responsables politiques européens de l’époque face à la menace ottomane.
En 1459, le pape Pie II avait convoqué à Mantoue un congrès réunissant les chefs d’état chrétiens. Dans son discours d’ouverture, il expose leurs fautes face à la progression turque. L’assemblée décide d’une guerre pour contenir cette progression, mais cette résolution reste sans suite, en raison de l’opposition de Venise et de la négligence du Saint Empire et de la France.
En réaction à la conquête, par les musulmans, de l’île de Nègrepont, qui appartenait à Venise, le pape Paul II propose une nouvelle alliance contre les Ottomans. Mais les seigneurs de Milan et Florence, voulant profiter de la situation critique de Venise, font échouer l’initiative.
La décennie suivante, avec Sixte IV sur le trône de Pierre depuis 1471, est marquée par quatre événements: L’assassinat, en 1476, du duc de Milan, Galéas Sforza, la coalition montée contre Rome par Milan, Venise et Florence en 1474, la conjuration des Pazzi à Florence en 1478 et la guerre qui s’ensuit entre le pape et le roi de Naples d’une part, Florence, aidée par Milan, Venise et la France, de l’autre. Le tout à l’avantage des Ottomans, comme l’écrit Ludwig von Pastor dans son "Histoire des papes".
“Laurent le Magnifique, qui avait pourtant conseillé à Ferrante de ne pas se prêter au jeu et aux aspirations des étrangers, encourage Venise à se mettre d’accord avec les Turcs et à les pousser à attaquer les côtes adriatiques du royaume de Naples, afin de perturber les plans de Ferrante et de son fils. [...] Après avoir signé la paix avec les Turcs en 1479, Venise s’est jointe au projet de Laurent le Magnifique dans l’espoir de rejeter vers les Pouilles les troupes musulmanes qui pouvaient s’abattre d’un moment à l’autre sur la Dalmatie, à l’époque sous drapeau vénitien. [...] Les hommes de Laurent le Magnifique n’ont pas non plus hésité [...] à inciter Mehmet II à envahir les terres du roi de Naples, en leur rappelant les nombreux torts qu’il leur avait fait subir. Mais le sultan n’avait pas besoin de ces conseils: il attendait depuis 21 ans le bon moment pour débarquer en Italie et, jusqu’à présent, c’était justement Venise, son adversaire direct sur mer, qui l’en avait empêché”.
Si l’histoire ne se répète jamais, on est cependant en droit de relever les analogies et les similitudes qu’elle présente. Mille ans exactement après 480, année de naissance de saint Benoît de Nursie – un humble moine à qui l’Europe doit beaucoup de son identité – d’autres humbles personnes représentent l’Europe mieux et davantage que leurs chefs, plus prêts à se combattre qu’à affronter l’ennemi commun.
Lorsque les habitants d’Otrante se retrouvent face aux cimeterres ottomans, ils ne tirent pas argument du désintérêt des rois une raison pour baisser les bras. Forts de la culture dans laquelle ils ont grandi, bien que la plupart ne connaisse pas l’alphabet, ils sont convaincus qu’il est naturel de résister et de ne pas abjurer leur foi. Lorsque l’on s’adresse aujourd’hui à un soldat occidental revenant de mission en Irak ou en Afghanistan, ce qu’il exprime le plus fréquemment, c’est son étonnement devant les discussions et conflits interminables sur notre présence dans ces régions. Pour ces soldats, il est naturel de venir en aide à ceux qui ont besoin d’un soutien et de garantir la sécurité contre les attaques terroristes lors de la reconstruction.
A Otrante, en 1480, personne n’a hissé de drapeau pacifistes arc-en-ciel, personne n’a fait appel à des résolutions internationales, personne n’a demandé la convocation d’un conseil municipal pour que la zone soit déclarée comme démilitarisée. Personne ne s’est enchaîné au pied des murs pour “construire la paix“.
Pendant deux semaines, les 15 000 habitants de la ville ont versé depuis les murs sur les assiégeants toute l’eau et l’huile bouillantes dont ils pouvaient disposer. De même, lorsque seuls 800 hommes ont survécu et ont été capturés, ils ont marché volontairement vers la fin que connaissent aujourd’hui, en Irak et en Afghanistan, les Irakiens, les Afghans, les Américains, les Anglais, les Italiens et d’autres encore, quand ils sont enlevés par les terroristes. Huit cents têtes sont tombées l’une après l’autre sans que, à l’époque, aucun chroniqueur politiquement correct n’en ait censuré le récit. Si aujourd’hui nous connaissons bien de cette histoire extraordinaire, c’est parce que celui qui l’a racontée a fait preuve d’objectivité et de rigueur.
Aujourd’hui, l’Europe est attaquée, non pas – comme c’était le cas à Otrante – par une armée islamique organisée par des institutions, mais par plusieurs organisations non gouvernementales regroupant des fondamentalistes islamistes. En tenant compte de cette différence structurelle, il n’est pas déplacé de s’interroger de ce qu’il reste aujourd’hui en Occident, en Europe, en Italie, de ce “naturel“ qui a amené une communauté toute entière à “défendre la paix de sa terre“ jusqu’au dernier sacrifice.
La question n’est pas hors de propos si l’on pense que dans la lutte contre le terrorisme, la solidité du corps social – ou au moins de sa majeure partie – est réellement décisive dans la lutte contre le terrorisme, face à la menace et aux manières les plus barbares de la concrétiser. Le souvenir d’Otrante sert à souligner qu’il existe des moments où la résistance est un devoir, mais il permet avant tout de se rappeler qui nous sommes et de quelles communautés nous descendons.
Rappelons-nous: en 1571, 90 ans après le martyre d’Otrante, une flotte de plusieurs pays chrétiens a arrêté au large de Lépante la progression turco-islamique en Méditerranée.
La situation politique de l’Europe ne s’était pas améliorée: la France était alliée aux princes protestants allemands pour s’opposer aux Habsbourg. La pression exercée par les Turcs contre le Saint Empire en Méditerranée n’était pas sans lui plaire. Paris et Venise n’avaient pas levé le petit doigt pour soutenir les Chevaliers de Malte contre le blocus maritime dirigé par Soliman le Magnifique. En clair, la victoire de Lépante n’a pas été le fruit d’une convergence d’intérêts politiques, elle a eu lieu en dépit des divergences. La bataille de Lépante est exceptionnelle dans le sens que malgré tout, pour une fois, les princes, les politiques et les chefs militaires ont su mettre de côté leurs différends et s’unir pour défendre l’Europe.
Si cette union a pu se réaliser, c’est d’abord parce que, dans l’Europe du XVIe siècle, la politique avait encore une vision du monde commune, fondée sur le christianisme et le droit naturel. Si aujourd’hui tant d’esprits agnostiques habitent l’Europe en toute liberté, c’est aussi parce qu’autrefois, des gens ont donné du temps, de l’énergie et même leur vie pour la bonne cause. En effet, en cas de victoire de l’ennemi, l’Italie et peut-être même l’Espagne seraient tombées aux mains des musulmans.
Otrante nous montre qu’une civilisation culturellement homogène – ou même principalement animée par des principes de réalité – est capable de réagir de manière très unie pour défendre sa propre paix. Elle le fait sans piétiner sa propre identité et sa propre dignité.
Aujourd’hui, le christianisme romano-germanique n’existe plus en tant que civilisation homogène. Et la thèse selon laquelle ce christianisme, tant qu’il a existé, aurait été une réalité symétrique à l’islam, n’est pas valide. Trois différences structurelles empêchent toute superposition ou analogie avec la "umma" islamique. Dans le christianisme, on distingue la sphère politique de la sphère religieuse. Le droit naturel en est une des bases. Enfin, il existe un respect de la conscience de la personne humaine. La réflexion sur l’épisode d’Otrante en 1480 permet cependant d’identifier trois pierres angulaires pour reconstruire l’unité: la référence au droit naturel, la redécouverte des racines chrétiennes de l’Europe et l’amour de la patrie, ce dernier point ayant été clairement évoqué par Jean-Paul II comme un héritage des martyrs d’Otrante.
Dans les Écritures Saintes, lorsque Dieu informe Abraham de son intention de détruire Sodome et Gomorrhe (Genèse 18, 16 sqq.), ce dernier tente d’intercéder pour eux en lui disant: “Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein?“. Dieu lui ayant promis que, eu égard à ces 50 justes, il pardonnerait la ville entière, Abraham poursuit, dans une sorte de négociation risquée: et s’il y en avait 45, 40, 30, 20, ou seulement 10? La réponse de Dieu est la même: “Je ne détruirai pas la ville, à cause des dix“. Mais il n’y en eut ni 50, ni 45, ni 40, ni 30, ni 20 ni même 10 et les deux villes furent détruites.
Cette page des Écritures est terrifiante: les civilisations qui renient les valeurs inscrites dans la nature de l’homme risquent d’être anéanties. C’est une page qui a été lue et relue avec douleur, particulièrement au XXe siècle, face aux ruines du national-socialisme et du socialo-communisme. Mais elle est tout autant réconfortante pour celui qui estime que la centralité de l’homme et l’accord avec les principes constituent non seulement le point de départ, mais aussi la stratégie pour quiconque veut faire de la politique.
En 1480, ce texte de la Genèse trouve une application particulière: l’Europe, et en particulier sa ville la plus importante, Rome, échappent à la destruction non “eu égard à” mais plutôt “en raison du sacrifice” de 800 inconnus, pêcheurs, artisans, bergers et agriculteurs d’une ville secondaire.
Il est frappant que le drame d’Otrante n’ait pas eu – et n’ait toujours pas – la large reconnaissance qu’il mérite. L’Église elle-même a attendu cinq siècles et un pape extraordinaire comme Karol Wojtyla pour béatifier les 800. Le décret du 6 juillet par lequel Benoît XVI autorise à considérer leur “martyre” comme étant historiquement et théologiquement arrivé.
C’est la condition nécessaire pour leur canonisation qui aura lieu quand le miracle aura été vérifié. L’Église, y compris à Otrante, garde une prudente réserve à ce sujet, mais tout le monde sait que l’intercession des 800 a déjà donné lieu à de très nombreux miracles; il ne manque plus que la reconnaissance officielle
Les martyrs d’Otrante ne sont pas pressés: les gens qui visitent la cathédrale peuvent contempler leurs ossements rangés dans plusieurs reliquaires, dans la chapelle qui se trouve à droite du maître-autel.
Ils rappellent que non seulement la foi mais aussi la civilisation ont un prix, un prix qui ne s’exprime pas en monnaie, un prix paradoxalement compatible avec le fait d’avoir reçu la foi et la civilisation comme des dons inestimables.
Ce prix est demandé à chacun de nous d’une manière différente, mais il n’admet ni soldes ni liquidations.
Saints martyrs (800) d'Otrante (†14 août 1480)
Comment les huit cents d'Otrante ont sauvé Rome
Ils ont été martyrisés il y a cinq siècles dans la région la plus orientale d’Italie, la plus exposée aux attaques des musulmans. Le calife Mehmet II, qui avait déjà pris Constantinople, avait pour objectif de s'emparer de Rome. Mais il a été arrêté par des chrétiens prêts à défendre la foi en versant leur sang
par Sandro Magister (tiré du récit Il Foglio)
Il est indiqué dans le Martyrologe Romain, c’est-à-dire dans le calendrier liturgique des saints et bienheureux mis à jour conformément aux décrets du Concile Vatican II et promulgué par Jean-Paul II, que l’Église évoque et vénère aujourd’hui...
"... les quelque huit cents bienheureux martyrs d’Otrante, dans les Pouilles, qui, incités par les assauts des soldats ottomans à renier leur foi, furent exhortés par le bienheureux Antonio Primaldo, un vieux tisserand, à persévérer dans le Christ, et, ayant été décapités, ont obtenu la couronne du martyre".
Le martyre de ces huit cents personnes a eu lieu en 1480, un 14 août, le jour où la liturgie rappelle leur souvenir.
Cinq siècles plus tard, en 1980, Jean-Paul II s’est rendu à cause d’eux à Otrante, la ville d’Italie où ils furent martyrisés.
Le 6 juillet 2007, Benoît XVI a authentifié de manière définitive leur martyre par un décret promulgué par la congrégation pour la cause des saints.
Qui étaient les huit cents d’Otrante? Pourquoi ont-ils été tués? Leur histoire est extraordinairement actuelle, comme l’est le conflit entre islam et christianisme au cours duquel ils ont sacrifié leur vie.
C’est ce que démontre dans le texte qui suit, publié le 14 juillet dernier dans "il Foglio", Alfredo Mantovano, juriste catholique et sénateur, né au sud des Pouilles, dans la région d’Otrante, sur la même terre que les huit cents:
"Prêts à mourir mille fois pour Lui..."
Le 6 juillet 2007, Benoît XVI a reçu le préfet de la congrégation pour la cause des saints, le cardinal José Saraiva Martins. Il a autorisé la publication du décret d’authentification du martyre du bienheureux Antonio Primaldo et de ses compagnons laïcs, "tués en haine de la foi" le 14 août 1480 à Otrante.
Seul le nom d’Antonio Primaldo est resté. Ses compagnons de martyre sont 800 inconnus: pêcheurs, artisans, bergers et agriculteurs d’une petite ville. Il y a cinq siècles, leur sang a été versé uniquement parce qu’ils étaient chrétiens.
Ces 800 hommes ont subi il y a cinq siècles le sort réservé à l’Américain Nick Berg en 2004. Capturé par des terroristes islamistes en Irak alors qu’il exerçait son activité d’antenniste, il a été tué au cri de "Allah est grand !" Son bourreau, après lui avoir tranché la veine jugulaire, a passé la lame autour du cou jusqu’à ce que la tête se détache et il l’a montrée comme un trophée. Exactement ce que le bourreau ottoman avait fait à chacun des 800 habitants d’Otrante en 1480.
Le prologue à cette exécution de masse a lieu le 29 juillet 1480, aux premières heures du jour : depuis les murs d’Otrante, on voit pointer à l’horizon une flotte composée de 90 galées, 15 mahonnes et 48 galiotes, avec à leur bord 18 000 soldats, qui devient de plus en plus visible. L’armée est dirigée par le pacha Agometh, lui-même sous les ordres de Mehmet II, dit Fatih, le Conquérant. En 1451, ce sultan, alors âgé de 21 ans à peine, avait pris la tête de la tribu ottomane, qui s’était imposée sur l’échiquier des émirats islamiques un siècle et demi auparavant.
En 1453, à la tête d’une armée de 260 000 Turcs, Mehmet II avait conquis Byzance, la "seconde Rome". Dès lors, il projetait de s’emparer de la "première Rome", la vraie Rome, et de transformer la basilique Saint-Pierre en écurie pour ses chevaux.
En juin 1480, il juge le moment opportun pour accomplir son œuvre: il lève le siège de Rhodes – que ses chevaliers défendaient avec courage – et dirige sa flotte vers la mer Adriatique. Il a l’intention de s’emparer de Brindisi, dont le port est vaste et commode. De Brindisi, il envisage de remonter l’Italie jusqu'au siège de la papauté. Un fort vent contraire contraint cependant les navires à toucher terre à 50 milles plus au sud. Le débarquement a lieu à Roca, à quelques kilomètres d’Otrante.
Otrante était – et est encore – la ville située le plus à l’est de l’Italie. C’est une ville riche d’histoire: ses environs immédiats étaient probablement déjà habités au Paléolithique, en tout cas au Néolithique. Otrante a par la suite été occupée par les Messapiens, peuplade qui a précédé les Grecs. Conquise par ces derniers, la ville est intégrée dans la Grande Grèce, avant que les Romains ne s’en emparent pour en faire rapidement un municipe.
L’importance de son port fait d’Otrante un pont entre l’Orient et l’Occident, rôle consolidé sur le plan culturel et politique par la présence d’un important monastère de moines basiliens à San Nicola in Casole, dont il reste aujourd’hui quelques colonnes sur la route qui mène à Leuca.
Otrante possède une très belle cathédrale, construite entre 1080 et 1088. En 1095, 12 000 croisés y reçurent la bénédiction, avant de partir, sous le commandement du prince Bohémond Ier de Hauteville, libérer et protéger le Saint-Sépulcre de Jérusalem. C’est justement à Otrante que saint François d’Assise, revenant de Terre Sainte, avait débarqué en 1219 et avait été accueilli avec tous les honneurs.
Au moment du débarquement des Ottomans, la ville ne peut compter que sur une garnison de 400 hommes armés, dont les chefs s’empressent de demander de l’aide au roi de Naples, Ferrante d’Aragon, en lui envoyant un courrier.
Après avoir cerné le château, où tous les habitants du bourg s’étaient réfugiés, le pacha Agometh envoie un messager pour proposer une reddition à des conditions avantageuses. S’ils n’opposent aucune résistance, hommes et femmes resteront libres et ne subiront aucun tort. C’est un des notables de la ville, Ladislao De Marco, qui répond: si les assiégeants veulent Otrante – prévient-il – ils devront la prendre par les armes.
L’envoyé est sommé de ne plus revenir. Lorsqu’un second messager se présente avec la même offre de reddition, il reçoit une volée de flèches. Pour supprimer toute équivoque, les capitaines se saisissent des clés de la ville et les jettent ostensiblement à la mer du haut d’une tour, en présence de la population. Pendant la nuit, une bonne partie des soldats de la garnison franchissent les murs de la ville au moyen de cordes et s’enfuient. Les habitants seuls restent pour défendre Otrante.
S’en suit un siège éprouvant: les bombardes turques lancent des centaines de boulets de pierre sur la ville (beaucoup d’entre eux sont encore visibles aujourd’hui dans les rues du centre historique). Quinze jours plus tard, à l’aube du 12 août, les Ottomans concentrent leurs tirs sur un des points les plus fragiles des murailles. Ils ouvrent une brèche, envahissent les rues, massacrant tout ce qui est à la portée de leurs tirs. Ils gagnent la cathédrale où de nombreux habitants se sont réfugiés. Après avoir renversé les portes et pénétré dans l’édifice, les Ottomans trouvent l’archevêque Stefano vêtu de ses habits pontificaux, le crucifix à la main. A l’injonction des assaillants de ne plus prononcer le nom du Christ – puisque c’est Mahomet qui commande désormais – l’archevêque leur répond en les exhortant à la conversion. Il est alors décapité d’un coup de cimeterre.
Le 13 août, Agometh demande et obtient la liste des habitants capturés, à l’exception des femmes et des enfants âgés de moins de 15 ans.
Voici ce que Saverio de Marco raconte dans sa "Compendiosa istoria degli ottocento martiri otrantini" publiée en 1905:
“Environ huit cent hommes furent présentés devant le pacha. A ses côtés se tenait un prêtre calabrais nommé Jean. Ce misérable apostat fit usage de son éloquence satanique pour persuader les chrétiens d’abandonner le Christ pour se convertir à l’islam. S’assurant ainsi de la bonne grâce d’Algometh, ils auraient la vie sauve et conserveraient tous les biens dont ils disposaient chez eux. Dans le cas contraire, tous seraient massacrés. Parmi ces héros, Antonio Primaldo, un tailleur déjà vieux mais plein de piété et de ferveur. Au nom de tous les autres, il répondit: ‘Vous tous, croyez en Jésus Christ, fils de Dieu et soyez prêts à mourir mille fois pour lui’“.
Dans son "Historia della guerra di Otranto del 1480", transcrite sur un vieux manuscrit et publiée en 1924, le premier chroniqueur, Giovanni Michele Laggetto, ajoute:
"En se tournant vers les chrétiens, Primaldo leur adressa ces mots: ‘Mes frères, nous avons combattu jusqu’à aujourd’hui pour notre patrie, notre vie et nos maîtres terrestres. Le temps est venu désormais de conserver nos âmes pour notre Seigneur. Puisqu’il est mort sur la croix pour nous, il convient que nous aussi mourrions pour lui, fermes et constants dans la foi. Par cette mort terrestre, nous aurons la vie éternelle et la gloire du martyre’. A ces mots, ils crièrent d’une seule voix et avec ferveur qu’ils préféraient mille fois mourir de n’importe quelle mort plutôt que de renier le Christ”.
Agometh ordonne la condamnation à mort des huit cents prisonniers. Le matin suivant, ils sont conduits, la corde au cou et les mains liées derrière le dos, à la colline de la Minerve, à quelques centaines de mètres de la ville. De Marco poursuit:
“Tous répétèrent la profession de foi et la réponse généreuse donnée précédemment. Alors le tyran ordonna la décapitation, en commençant par le vieux Primaldo, qu’il détestait. Ce dernier en effet continuait à encourager les siens. Plus encore, avant de poser sa tête sur la pierre, il expliquait à ses compagnons qu’il voyait le ciel ouvert et les anges consolateurs. Il leur demanda d’être forts dans la foi et de regarder le ciel déjà ouvert pour les recevoir. Il inclina son front et on lui coupa la tête. Mais son corps se remit debout et en dépit des efforts des bourreaux, il resta ainsi dressé immobile, jusqu’à ce que tous les autres fussent décapités. Ce prodige éclatant et retentissant aurait pu être une leçon de salut pour ces infidèles, s’ils n’avaient pas été rebelles à cette lumière qui éclaire chaque homme qui vit dans ce monde. Un seul bourreau, nommé Berlabei, crut à ce miracle avec courage. Se déclarant chrétien à haute voix, il fut condamné au supplice du pal”.
Lors du procès pour la béatification des huit cents, en 1539, quatre témoins oculaires ont rapporté le prodige d’Antonio Primaldo, resté debout après avoir été décapité ainsi que la conversion et le martyre du bourreau. L’un d’entre eux, Francesco Cerra, âgé de 72 ans en 1539, raconte:
“Antonio Primaldo fut le premier à être mis à mort. Décapité, il resta fermement debout et tous les efforts de ses ennemis ne parvinrent pas à le faire tomber, jusqu’à ce que tous les autres eussent été tués. Le bourreau, sidéré par le miracle, proclama que la foi catholique était la vraie. Il insista pour devenir chrétien et pour cette raison fut condamné à la mort par le pal, sur ordre du pacha“.
Cinq siècles plus tard, le 5 octobre 1980, Jean-Paul II se rend à Otrante en souvenir du sacrifice des huit cents.
C’est une matinée magnifique et ensoleillée qui se lève sur la plaine dominée par la colline de la Minerve, appelée depuis 1480 colline des Martyrs. Le pape polonais saisit l’occasion pour lancer un appel, d’actualité aujourd’hui comme jadis:
“N’oublions pas les martyrs de notre temps. Ne nous comportons pas comme s’ils n’existaient pas“.
Le pape invite alors à porter son regard au-delà de la mer et rappelle expressément les souffrances du peuple albanais, alors assujetti à l’un des modèles les plus féroces du communisme mais auquel personne ne prêtait attention. Jean-Paul II souligne que “les bienheureux martyrs d’Otrante nous ont laissé deux consignes fondamentales : l’amour de la patrie terrestre et l’authenticité de la foi chrétienne. Le chrétien aime sa patrie terrestre. L’amour de la patrie est une vertu chrétienne“.
Le sacrifice des huit cents d’Otrante n’est pas important uniquement du point de vue de la foi. Les deux semaines de résistance de la ville permettent à l’armée du roi de Naples de s’organiser et de se rapprocher de ces lieux, empêchant ainsi les 18 000 Ottomans d’envahir toute la région des Pouilles.
Les chroniqueurs de l’époque n’exagèrent pas en affirmant qu’Otrante a permis le salut de l’Italie du Sud. Et plus encore, si l’on en croit l’information selon laquelle la prise de la ville avait initialement incité le pape de l’époque, Sixte IV, à prévoir son déplacement vers Avignon, par crainte que les Ottomans ne s’approchent de Rome.
Le pape abandonne cette idée lorsque le roi de Naples, Ferrante, charge son fils Alphonse, duc de Calabre, de se rendre dans les Pouilles et de reconquérir Otrante. C’est ce qui se produit le 13 septembre 1481, après le retour d’Agometh en Turquie et la mort de Mehmet II.
Ce qui donne tout son sens à cet événement extraordinaire, notamment pour l’homme européen d’aujourd’hui, c’est que les témoignages de foi et de valeurs civiles sont légion dans l’histoire du christianisme. Les groupes d’hommes qui ont affronté avec courage des épreuves extrêmes sont tout aussi nombreux. Pourtant, jamais un événement n’a impliqué autant de personnes: une ville entière combat d’abord comme elle peut, puis résiste à plusieurs jours de siège. Ensuite, elle rejette fermement la proposition d’abjurer sa foi. Sur la colline de la Minerve, hormis le vieil Antonio Primaldo, aucune individualité ne se distingue, puisque l’on ne connaît le nom d’aucun des 800 autres martyrs. Cela prouve qu’il ne s’agit pas d’un petit nombre de héros, mais bien d’une population toute entière qui affronte cette l’épreuve.
Tout cela se produit aussi à cause de l’indifférence des responsables politiques européens de l’époque face à la menace ottomane.
En 1459, le pape Pie II avait convoqué à Mantoue un congrès réunissant les chefs d’état chrétiens. Dans son discours d’ouverture, il expose leurs fautes face à la progression turque. L’assemblée décide d’une guerre pour contenir cette progression, mais cette résolution reste sans suite, en raison de l’opposition de Venise et de la négligence du Saint Empire et de la France.
En réaction à la conquête, par les musulmans, de l’île de Nègrepont, qui appartenait à Venise, le pape Paul II propose une nouvelle alliance contre les Ottomans. Mais les seigneurs de Milan et Florence, voulant profiter de la situation critique de Venise, font échouer l’initiative.
La décennie suivante, avec Sixte IV sur le trône de Pierre depuis 1471, est marquée par quatre événements: L’assassinat, en 1476, du duc de Milan, Galéas Sforza, la coalition montée contre Rome par Milan, Venise et Florence en 1474, la conjuration des Pazzi à Florence en 1478 et la guerre qui s’ensuit entre le pape et le roi de Naples d’une part, Florence, aidée par Milan, Venise et la France, de l’autre. Le tout à l’avantage des Ottomans, comme l’écrit Ludwig von Pastor dans son "Histoire des papes".
“Laurent le Magnifique, qui avait pourtant conseillé à Ferrante de ne pas se prêter au jeu et aux aspirations des étrangers, encourage Venise à se mettre d’accord avec les Turcs et à les pousser à attaquer les côtes adriatiques du royaume de Naples, afin de perturber les plans de Ferrante et de son fils. [...] Après avoir signé la paix avec les Turcs en 1479, Venise s’est jointe au projet de Laurent le Magnifique dans l’espoir de rejeter vers les Pouilles les troupes musulmanes qui pouvaient s’abattre d’un moment à l’autre sur la Dalmatie, à l’époque sous drapeau vénitien. [...] Les hommes de Laurent le Magnifique n’ont pas non plus hésité [...] à inciter Mehmet II à envahir les terres du roi de Naples, en leur rappelant les nombreux torts qu’il leur avait fait subir. Mais le sultan n’avait pas besoin de ces conseils: il attendait depuis 21 ans le bon moment pour débarquer en Italie et, jusqu’à présent, c’était justement Venise, son adversaire direct sur mer, qui l’en avait empêché”.
Si l’histoire ne se répète jamais, on est cependant en droit de relever les analogies et les similitudes qu’elle présente. Mille ans exactement après 480, année de naissance de saint Benoît de Nursie – un humble moine à qui l’Europe doit beaucoup de son identité – d’autres humbles personnes représentent l’Europe mieux et davantage que leurs chefs, plus prêts à se combattre qu’à affronter l’ennemi commun.
Lorsque les habitants d’Otrante se retrouvent face aux cimeterres ottomans, ils ne tirent pas argument du désintérêt des rois une raison pour baisser les bras. Forts de la culture dans laquelle ils ont grandi, bien que la plupart ne connaisse pas l’alphabet, ils sont convaincus qu’il est naturel de résister et de ne pas abjurer leur foi. Lorsque l’on s’adresse aujourd’hui à un soldat occidental revenant de mission en Irak ou en Afghanistan, ce qu’il exprime le plus fréquemment, c’est son étonnement devant les discussions et conflits interminables sur notre présence dans ces régions. Pour ces soldats, il est naturel de venir en aide à ceux qui ont besoin d’un soutien et de garantir la sécurité contre les attaques terroristes lors de la reconstruction.
A Otrante, en 1480, personne n’a hissé de drapeau pacifistes arc-en-ciel, personne n’a fait appel à des résolutions internationales, personne n’a demandé la convocation d’un conseil municipal pour que la zone soit déclarée comme démilitarisée. Personne ne s’est enchaîné au pied des murs pour “construire la paix“.
Pendant deux semaines, les 15 000 habitants de la ville ont versé depuis les murs sur les assiégeants toute l’eau et l’huile bouillantes dont ils pouvaient disposer. De même, lorsque seuls 800 hommes ont survécu et ont été capturés, ils ont marché volontairement vers la fin que connaissent aujourd’hui, en Irak et en Afghanistan, les Irakiens, les Afghans, les Américains, les Anglais, les Italiens et d’autres encore, quand ils sont enlevés par les terroristes. Huit cents têtes sont tombées l’une après l’autre sans que, à l’époque, aucun chroniqueur politiquement correct n’en ait censuré le récit. Si aujourd’hui nous connaissons bien de cette histoire extraordinaire, c’est parce que celui qui l’a racontée a fait preuve d’objectivité et de rigueur.
Aujourd’hui, l’Europe est attaquée, non pas – comme c’était le cas à Otrante – par une armée islamique organisée par des institutions, mais par plusieurs organisations non gouvernementales regroupant des fondamentalistes islamistes. En tenant compte de cette différence structurelle, il n’est pas déplacé de s’interroger de ce qu’il reste aujourd’hui en Occident, en Europe, en Italie, de ce “naturel“ qui a amené une communauté toute entière à “défendre la paix de sa terre“ jusqu’au dernier sacrifice.
La question n’est pas hors de propos si l’on pense que dans la lutte contre le terrorisme, la solidité du corps social – ou au moins de sa majeure partie – est réellement décisive dans la lutte contre le terrorisme, face à la menace et aux manières les plus barbares de la concrétiser. Le souvenir d’Otrante sert à souligner qu’il existe des moments où la résistance est un devoir, mais il permet avant tout de se rappeler qui nous sommes et de quelles communautés nous descendons.
Rappelons-nous: en 1571, 90 ans après le martyre d’Otrante, une flotte de plusieurs pays chrétiens a arrêté au large de Lépante la progression turco-islamique en Méditerranée.
La situation politique de l’Europe ne s’était pas améliorée: la France était alliée aux princes protestants allemands pour s’opposer aux Habsbourg. La pression exercée par les Turcs contre le Saint Empire en Méditerranée n’était pas sans lui plaire. Paris et Venise n’avaient pas levé le petit doigt pour soutenir les Chevaliers de Malte contre le blocus maritime dirigé par Soliman le Magnifique. En clair, la victoire de Lépante n’a pas été le fruit d’une convergence d’intérêts politiques, elle a eu lieu en dépit des divergences. La bataille de Lépante est exceptionnelle dans le sens que malgré tout, pour une fois, les princes, les politiques et les chefs militaires ont su mettre de côté leurs différends et s’unir pour défendre l’Europe.
Si cette union a pu se réaliser, c’est d’abord parce que, dans l’Europe du XVIe siècle, la politique avait encore une vision du monde commune, fondée sur le christianisme et le droit naturel. Si aujourd’hui tant d’esprits agnostiques habitent l’Europe en toute liberté, c’est aussi parce qu’autrefois, des gens ont donné du temps, de l’énergie et même leur vie pour la bonne cause. En effet, en cas de victoire de l’ennemi, l’Italie et peut-être même l’Espagne seraient tombées aux mains des musulmans.
Otrante nous montre qu’une civilisation culturellement homogène – ou même principalement animée par des principes de réalité – est capable de réagir de manière très unie pour défendre sa propre paix. Elle le fait sans piétiner sa propre identité et sa propre dignité.
Aujourd’hui, le christianisme romano-germanique n’existe plus en tant que civilisation homogène. Et la thèse selon laquelle ce christianisme, tant qu’il a existé, aurait été une réalité symétrique à l’islam, n’est pas valide. Trois différences structurelles empêchent toute superposition ou analogie avec la "umma" islamique. Dans le christianisme, on distingue la sphère politique de la sphère religieuse. Le droit naturel en est une des bases. Enfin, il existe un respect de la conscience de la personne humaine. La réflexion sur l’épisode d’Otrante en 1480 permet cependant d’identifier trois pierres angulaires pour reconstruire l’unité: la référence au droit naturel, la redécouverte des racines chrétiennes de l’Europe et l’amour de la patrie, ce dernier point ayant été clairement évoqué par Jean-Paul II comme un héritage des martyrs d’Otrante.
Dans les Écritures Saintes, lorsque Dieu informe Abraham de son intention de détruire Sodome et Gomorrhe (Genèse 18, 16 sqq.), ce dernier tente d’intercéder pour eux en lui disant: “Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein?“. Dieu lui ayant promis que, eu égard à ces 50 justes, il pardonnerait la ville entière, Abraham poursuit, dans une sorte de négociation risquée: et s’il y en avait 45, 40, 30, 20, ou seulement 10? La réponse de Dieu est la même: “Je ne détruirai pas la ville, à cause des dix“. Mais il n’y en eut ni 50, ni 45, ni 40, ni 30, ni 20 ni même 10 et les deux villes furent détruites.
Cette page des Écritures est terrifiante: les civilisations qui renient les valeurs inscrites dans la nature de l’homme risquent d’être anéanties. C’est une page qui a été lue et relue avec douleur, particulièrement au XXe siècle, face aux ruines du national-socialisme et du socialo-communisme. Mais elle est tout autant réconfortante pour celui qui estime que la centralité de l’homme et l’accord avec les principes constituent non seulement le point de départ, mais aussi la stratégie pour quiconque veut faire de la politique.
En 1480, ce texte de la Genèse trouve une application particulière: l’Europe, et en particulier sa ville la plus importante, Rome, échappent à la destruction non “eu égard à” mais plutôt “en raison du sacrifice” de 800 inconnus, pêcheurs, artisans, bergers et agriculteurs d’une ville secondaire.
Il est frappant que le drame d’Otrante n’ait pas eu – et n’ait toujours pas – la large reconnaissance qu’il mérite. L’Église elle-même a attendu cinq siècles et un pape extraordinaire comme Karol Wojtyla pour béatifier les 800. Le décret du 6 juillet par lequel Benoît XVI autorise à considérer leur “martyre” comme étant historiquement et théologiquement arrivé.
C’est la condition nécessaire pour leur canonisation qui aura lieu quand le miracle aura été vérifié. L’Église, y compris à Otrante, garde une prudente réserve à ce sujet, mais tout le monde sait que l’intercession des 800 a déjà donné lieu à de très nombreux miracles; il ne manque plus que la reconnaissance officielle
Les martyrs d’Otrante ne sont pas pressés: les gens qui visitent la cathédrale peuvent contempler leurs ossements rangés dans plusieurs reliquaires, dans la chapelle qui se trouve à droite du maître-autel.
Ils rappellent que non seulement la foi mais aussi la civilisation ont un prix, un prix qui ne s’exprime pas en monnaie, un prix paradoxalement compatible avec le fait d’avoir reçu la foi et la civilisation comme des dons inestimables.
Ce prix est demandé à chacun de nous d’une manière différente, mais il n’admet ni soldes ni liquidations.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Vendredi le 15 août
Saint Tarcisius
Acolyte et martyr de l’Eucharistie
Tarcisius, nous le connaissons grâce à saint Damase, élu pape en 366, qui organisa le culte des martyrs, composa et fit graver dans la catacombe de Saint-Calixte des épigrammes en leur honneur.
Sur sa tombe est écrit : « Tarcisius portait les sacrements du Christ. C'est alors qu'une troupe d'excités le pressa de les montrer aux impies. Il préféra donner sa vie plutôt que de montrer à ces chiens enragés les célestes membres. »
C'était vers l'an 254, le cruel Valérien régnait sur l'empire de Rome. Dans la ville où les saints apôtres Pierre et Paul avaient donné leur vie pour Jésus-Christ, les chrétiens se multipliaient. Les païens qui les rencontraient dans les rues disaient d'eux : « Ceux-là, voyez comme ils s'aiment ». Mais ils n'avaient pas le droit de se réunir pour prier ensemble. Pour célébrer la messe, ils se cachaient dans les catacombes.
Or, à cette époque, Etienne était pape et parmi les enfants qu'il instruisait pour devenir prêtres, se trouvait un garçon d'une quinzaine d'années : Tarcisius.
Le saint pontife leur dit un jour : « Vous ne devez pas seulement sauver votre âme, mais aussi celle des autres ; si vous avez un ami ou un parent païen, vous devez le convertir. Soyez des apôtres ! ». Et Tarcisius lorsqu'il servait la messe priait et communiait pour ceux qui ne connaissaient pas Jésus-Christ.
Quelques mois après, le 15 août, le prêtre Dyonisus disait la messe dans les catacombes. Au moment de la communion, il se tourna vers l'assistance : « Mes frères, lequel d'entre vous se sent assez courageux pour porter l'hostie sainte aux prisonniers qui seront livrés aux bêtes demain ? “Moi, père, fais-moi cet honneur”, répondit le premier, Tarcisius, devenu acolyte, et qui servait la messe. Enfant, tu passeras peut-être inaperçu, que Dieu te protège ! » et Dyonisus déposa l'hostie dans les mains de l'acolyte. Tarcisius enveloppa ce précieux dépôt dans sa tunique, serra ses bras sur sa poitrine et sortit des catacombes.
Sur la via Appia, tout en priant Dieu qu'il portait sur son cœur, il marcha ainsi jusqu'à la place publique. Il y avait là une bande de garçons païens qui jouaient sous la direction de Quintilus le plus âgé d'entre eux. « Tarcisius, qu'est-ce que tu portes comme ça ?, dit Quintilus en le saisissant par le bras. “Ça ne te regarde pas”. On sait que tu es chrétien, si tu ne dis pas ce que tu portes, on te dénoncera à la police ».
A ce moment-là, les soldats qui passaient entendirent les paroles des enfants et s'approchèrent : « Est-ce vrai que tu es chrétien ? “Oui, je le suis” ».
Ils voulurent l'obliger à desserrer les mains, mais une force extraordinaire les avaient comme soudées l'une à l'autre. Pour lui faire lâcher prise, ils frappèrent l'héroïque enfant à coup de pierre et de bâton. Il fut atteint gravement à la tête et il tomba sur les dalles de la route, les mains toujours pressées sur sa poitrine. Alors ils s'acharnèrent sur lui avec une
telle violence qu'il s'évanouit en murmurant : « Seigneur Jésus, ne permettez pas que votre corps soit profané ».
Ils essayèrent encore de le fouiller, mais ils ne réussirent pas à dégager ses bras. A ce moment-là, passa un envoyé de Dyonisus, inquiet de ne pas le voir revenir. En voyant cet homme, les soldats et les enfants eurent peur et se dispersèrent, mais il était trop tard !
L'envoyé du prêtre s'agenouilla près de l'enfant et le souleva dans ses bras. Le petit martyr ouvrit les yeux une dernière fois et murmura : « Ne vous occupez pas de moi, mais prenez soin des hosties que je porte ».
Catéchèse du pape François aux servants et servantes d'autels
Qui était saint Tarcisius? Nous ne disposons pas de beaucoup d'informations. Nous sommes dans les premiers siècles de l’histoire de l'Eglise, plus précisément au troisième siècle; on raconte qu'il était un jeune homme qui fréquentait les catacombes de Saint-Calixte ici à Rome et qu'il était très fidèle à ses engagements chrétiens. Il aimait beaucoup l'Eucharistie et, de divers éléments, nous concluons que, probablement, il était un acolyte, c'est-à-dire un servant d'autel. Dans ces années-là, l'empereur Valérien persécutait durement les chrétiens, qui étaient contraints de se réunir clandestinement dans les maisons privées ou, parfois, également dans les catacombes, pour écouter la Parole de Dieu, prier et célébrer la Messe. Même la tradition d'apporter l’Eucharistie aux prisonniers et aux malades devenait de plus en plus dangereuse. Un jour, alors que le prêtre demanda comme d’habitude, qui était disposé à apporter l'Eucharistie aux autres frères et sœurs qui l'attendaient, le jeune Tarcisius se leva et dit: «Veux-tu que je m'en charge?». Ce garçon semblait trop jeune pour un service aussi exigeant! «Ma jeunesse — dit Tarcisius — sera le meilleur abri pour l'Eucharistie». Le prêtre, convaincu, lui confia le précieux Pain en lui disant: «Tarcisius, rappelle-toi qu'un trésor céleste est remis entre tes faibles mains. Evite les chemins fréquentés et n'oublie pas que les choses saintes ne doivent pas être jetées aux chiens ni les perles aux cochons. Protégeras-tu avec fidélité et assurance les Saints Mystères?». «Je mourrai — répondit Tarcisius avec fermeté — plutôt que de les céder». En route, il rencontra des amis qui, s'approchant de lui, lui demandèrent de se joindre à eux. A sa réponse négative — ils étaient païens — ils devinrent soupçonneux et insistants et ils se rendirent compte qu'il serrait quelque chose sur sa poitrine qu'il semblait défendre. Ils tentèrent de la lui arracher mais en vain; la lutte se fit de plus en plus acharnée, surtout lorsqu'ils apprirent que Tarcisius était chrétien: ils lui donnèrent des coups de pied, lui lancèrent des pierres, mais il ne céda pas. Mourant, il fut apporté au prêtre par un officier prétorien du nom de Quadratus, devenu lui aussi, clandestinement, chrétien. Il y arriva sans vie, mais il serrait encore contre sa poitrine un petit morceau de lin contenant l'Eucharistie. Il fut enterré immédiatement dans les catacombes de Saint-Calixte. Le Pape Damase fit apposer une inscription sur la tombe de saint Tarcisius, selon laquelle le jeune homme mourut en 257. Le Martyrologe romain fixe la date au 15 août et dans le même Martyrologe est rapportée une belle tradition orale selon laquelle, sur le corps de saint Tarcisius, on ne retrouva pas le Très Saint Sacrement, ni dans ses mains, ni dans ses vêtements. On raconta que le pain consacré, défendu par sa vie par le petit martyr, était devenu chair de sa chair, formant ainsi avec son propre corps, une unique hostie immaculée offerte à Dieu.
Le témoignage de saint Tarcisius et cette belle tradition nous enseignent l’amour profond et la grande vénération que nous devons avoir pour l'Eucharistie: c'est un bien précieux, un trésor dont la valeur ne peux pas être mesurée, c'est le Pain de la vie, c'est Jésus lui-même qui se fait nourriture, soutien et force pour notre chemin de chaque jour et route ouverte vers la vie éternelle, c'est le don le plus grand que Jésus nous a laissé.
Je m'adresse à vous ici présents et, à travers vous, à tous les servants d'autel du monde! Servez avec générosité Jésus présent dans l'Eucharistie. C'est une tâche importante, qui vous permet d'être particulièrement proches du Seigneur et de croître dans une amitié vraie et profonde avec Lui. Conservez jalousement cette amitié dans votre cœur comme saint Tarcisius, prêts à vous engager, à lutter et à donner la vie pour que Jésus parvienne à tous les hommes. Vous aussi, transmettez aux jeunes de votre âge le don de cette amitié, avec joie, avec enthousiasme, sans peur, afin qu'ils puissent sentir que vous connaissez ce Mystère, qu'il est vrai et que vous l'aimez! Chaque fois que vous vous approchez de l'autel, vous avez la chance d’assister au grand geste d'amour de Dieu, qui continue à vouloir se donner à chacun de nous, à être proche de nous, à nous aider, à nous donner la force pour vivre bien. Avec la consécration — vous le savez — ce petit morceau de pain devient Corps du Christ, ce vin devient Sang du Christ. Vous avez la chance de pouvoir vivre de près cet indicible mystère! Vous accomplissez avec amour, avec dévotion et avec fidélité votre tâche de servants d'autel; n'entrez pas dans l'église pour la célébration avec superficialité, mais préparez-vous intérieurement à la Messe! En aidant vos prêtres dans le service de l’autel, vous contribuez à rendre Jésus plus proche, de manière telle que les fidèles puissent le sentir et s’en rendre compte avec plus de force: Il est ici; vous collaborez afin qu'il puisse être plus présent dans le monde, dans la vie de chaque jour, dans l'Eglise et en tout lieu. Chers amis! Vous prêtez à Jésus vos mains, vos pensées, votre temps. Il ne manquera pas de vous récompenser, en vous donnant la vraie joie et en vous faisant sentir où est le bonheur le plus complet. Saint Tarcisius nous a montré que l'amour peut nous conduire jusqu'au don de la vie pour un bien authentique, pour le bien véritable, pour le Seigneur.
A nous probablement, le martyre n'est pas demandé, mais Jésus nous demande la fidélité dans les petites choses, le recueillement intérieur, la participation intérieure, notre foi et l'effort de conserver présent ce trésor dans notre vie de chaque jour. Il nous demande la fidélité dans les tâches quotidiennes, le témoignage de Son amour, en fréquentant l'Eglise par conviction intérieure et pour la joie de sa présence. Ainsi pouvons-nous aussi faire savoir à nos amis que Jésus est vivant. Dans cet engagement, puisse nous aider l’intercession de saint Jean-Marie Vianney, dont c'est aujourd'hui la fête liturgique, de cet humble curé de France, qui a changé une petite communauté et a ainsi donné au monde une lumière nouvelle. Que l'exemple des saints Tarcisius et Jean-Marie Vianney nous pousse chaque jour à aimer Jésus et à accomplir sa volonté, comme l'a fait la Vierge Marie, fidèle à son Fils jusqu'au bout.
Saint Tarcisius
Acolyte et martyr de l’Eucharistie
Tarcisius, nous le connaissons grâce à saint Damase, élu pape en 366, qui organisa le culte des martyrs, composa et fit graver dans la catacombe de Saint-Calixte des épigrammes en leur honneur.
Sur sa tombe est écrit : « Tarcisius portait les sacrements du Christ. C'est alors qu'une troupe d'excités le pressa de les montrer aux impies. Il préféra donner sa vie plutôt que de montrer à ces chiens enragés les célestes membres. »
C'était vers l'an 254, le cruel Valérien régnait sur l'empire de Rome. Dans la ville où les saints apôtres Pierre et Paul avaient donné leur vie pour Jésus-Christ, les chrétiens se multipliaient. Les païens qui les rencontraient dans les rues disaient d'eux : « Ceux-là, voyez comme ils s'aiment ». Mais ils n'avaient pas le droit de se réunir pour prier ensemble. Pour célébrer la messe, ils se cachaient dans les catacombes.
Or, à cette époque, Etienne était pape et parmi les enfants qu'il instruisait pour devenir prêtres, se trouvait un garçon d'une quinzaine d'années : Tarcisius.
Le saint pontife leur dit un jour : « Vous ne devez pas seulement sauver votre âme, mais aussi celle des autres ; si vous avez un ami ou un parent païen, vous devez le convertir. Soyez des apôtres ! ». Et Tarcisius lorsqu'il servait la messe priait et communiait pour ceux qui ne connaissaient pas Jésus-Christ.
Quelques mois après, le 15 août, le prêtre Dyonisus disait la messe dans les catacombes. Au moment de la communion, il se tourna vers l'assistance : « Mes frères, lequel d'entre vous se sent assez courageux pour porter l'hostie sainte aux prisonniers qui seront livrés aux bêtes demain ? “Moi, père, fais-moi cet honneur”, répondit le premier, Tarcisius, devenu acolyte, et qui servait la messe. Enfant, tu passeras peut-être inaperçu, que Dieu te protège ! » et Dyonisus déposa l'hostie dans les mains de l'acolyte. Tarcisius enveloppa ce précieux dépôt dans sa tunique, serra ses bras sur sa poitrine et sortit des catacombes.
Sur la via Appia, tout en priant Dieu qu'il portait sur son cœur, il marcha ainsi jusqu'à la place publique. Il y avait là une bande de garçons païens qui jouaient sous la direction de Quintilus le plus âgé d'entre eux. « Tarcisius, qu'est-ce que tu portes comme ça ?, dit Quintilus en le saisissant par le bras. “Ça ne te regarde pas”. On sait que tu es chrétien, si tu ne dis pas ce que tu portes, on te dénoncera à la police ».
A ce moment-là, les soldats qui passaient entendirent les paroles des enfants et s'approchèrent : « Est-ce vrai que tu es chrétien ? “Oui, je le suis” ».
Ils voulurent l'obliger à desserrer les mains, mais une force extraordinaire les avaient comme soudées l'une à l'autre. Pour lui faire lâcher prise, ils frappèrent l'héroïque enfant à coup de pierre et de bâton. Il fut atteint gravement à la tête et il tomba sur les dalles de la route, les mains toujours pressées sur sa poitrine. Alors ils s'acharnèrent sur lui avec une
telle violence qu'il s'évanouit en murmurant : « Seigneur Jésus, ne permettez pas que votre corps soit profané ».
Ils essayèrent encore de le fouiller, mais ils ne réussirent pas à dégager ses bras. A ce moment-là, passa un envoyé de Dyonisus, inquiet de ne pas le voir revenir. En voyant cet homme, les soldats et les enfants eurent peur et se dispersèrent, mais il était trop tard !
L'envoyé du prêtre s'agenouilla près de l'enfant et le souleva dans ses bras. Le petit martyr ouvrit les yeux une dernière fois et murmura : « Ne vous occupez pas de moi, mais prenez soin des hosties que je porte ».
Catéchèse du pape François aux servants et servantes d'autels
Qui était saint Tarcisius? Nous ne disposons pas de beaucoup d'informations. Nous sommes dans les premiers siècles de l’histoire de l'Eglise, plus précisément au troisième siècle; on raconte qu'il était un jeune homme qui fréquentait les catacombes de Saint-Calixte ici à Rome et qu'il était très fidèle à ses engagements chrétiens. Il aimait beaucoup l'Eucharistie et, de divers éléments, nous concluons que, probablement, il était un acolyte, c'est-à-dire un servant d'autel. Dans ces années-là, l'empereur Valérien persécutait durement les chrétiens, qui étaient contraints de se réunir clandestinement dans les maisons privées ou, parfois, également dans les catacombes, pour écouter la Parole de Dieu, prier et célébrer la Messe. Même la tradition d'apporter l’Eucharistie aux prisonniers et aux malades devenait de plus en plus dangereuse. Un jour, alors que le prêtre demanda comme d’habitude, qui était disposé à apporter l'Eucharistie aux autres frères et sœurs qui l'attendaient, le jeune Tarcisius se leva et dit: «Veux-tu que je m'en charge?». Ce garçon semblait trop jeune pour un service aussi exigeant! «Ma jeunesse — dit Tarcisius — sera le meilleur abri pour l'Eucharistie». Le prêtre, convaincu, lui confia le précieux Pain en lui disant: «Tarcisius, rappelle-toi qu'un trésor céleste est remis entre tes faibles mains. Evite les chemins fréquentés et n'oublie pas que les choses saintes ne doivent pas être jetées aux chiens ni les perles aux cochons. Protégeras-tu avec fidélité et assurance les Saints Mystères?». «Je mourrai — répondit Tarcisius avec fermeté — plutôt que de les céder». En route, il rencontra des amis qui, s'approchant de lui, lui demandèrent de se joindre à eux. A sa réponse négative — ils étaient païens — ils devinrent soupçonneux et insistants et ils se rendirent compte qu'il serrait quelque chose sur sa poitrine qu'il semblait défendre. Ils tentèrent de la lui arracher mais en vain; la lutte se fit de plus en plus acharnée, surtout lorsqu'ils apprirent que Tarcisius était chrétien: ils lui donnèrent des coups de pied, lui lancèrent des pierres, mais il ne céda pas. Mourant, il fut apporté au prêtre par un officier prétorien du nom de Quadratus, devenu lui aussi, clandestinement, chrétien. Il y arriva sans vie, mais il serrait encore contre sa poitrine un petit morceau de lin contenant l'Eucharistie. Il fut enterré immédiatement dans les catacombes de Saint-Calixte. Le Pape Damase fit apposer une inscription sur la tombe de saint Tarcisius, selon laquelle le jeune homme mourut en 257. Le Martyrologe romain fixe la date au 15 août et dans le même Martyrologe est rapportée une belle tradition orale selon laquelle, sur le corps de saint Tarcisius, on ne retrouva pas le Très Saint Sacrement, ni dans ses mains, ni dans ses vêtements. On raconta que le pain consacré, défendu par sa vie par le petit martyr, était devenu chair de sa chair, formant ainsi avec son propre corps, une unique hostie immaculée offerte à Dieu.
Le témoignage de saint Tarcisius et cette belle tradition nous enseignent l’amour profond et la grande vénération que nous devons avoir pour l'Eucharistie: c'est un bien précieux, un trésor dont la valeur ne peux pas être mesurée, c'est le Pain de la vie, c'est Jésus lui-même qui se fait nourriture, soutien et force pour notre chemin de chaque jour et route ouverte vers la vie éternelle, c'est le don le plus grand que Jésus nous a laissé.
Je m'adresse à vous ici présents et, à travers vous, à tous les servants d'autel du monde! Servez avec générosité Jésus présent dans l'Eucharistie. C'est une tâche importante, qui vous permet d'être particulièrement proches du Seigneur et de croître dans une amitié vraie et profonde avec Lui. Conservez jalousement cette amitié dans votre cœur comme saint Tarcisius, prêts à vous engager, à lutter et à donner la vie pour que Jésus parvienne à tous les hommes. Vous aussi, transmettez aux jeunes de votre âge le don de cette amitié, avec joie, avec enthousiasme, sans peur, afin qu'ils puissent sentir que vous connaissez ce Mystère, qu'il est vrai et que vous l'aimez! Chaque fois que vous vous approchez de l'autel, vous avez la chance d’assister au grand geste d'amour de Dieu, qui continue à vouloir se donner à chacun de nous, à être proche de nous, à nous aider, à nous donner la force pour vivre bien. Avec la consécration — vous le savez — ce petit morceau de pain devient Corps du Christ, ce vin devient Sang du Christ. Vous avez la chance de pouvoir vivre de près cet indicible mystère! Vous accomplissez avec amour, avec dévotion et avec fidélité votre tâche de servants d'autel; n'entrez pas dans l'église pour la célébration avec superficialité, mais préparez-vous intérieurement à la Messe! En aidant vos prêtres dans le service de l’autel, vous contribuez à rendre Jésus plus proche, de manière telle que les fidèles puissent le sentir et s’en rendre compte avec plus de force: Il est ici; vous collaborez afin qu'il puisse être plus présent dans le monde, dans la vie de chaque jour, dans l'Eglise et en tout lieu. Chers amis! Vous prêtez à Jésus vos mains, vos pensées, votre temps. Il ne manquera pas de vous récompenser, en vous donnant la vraie joie et en vous faisant sentir où est le bonheur le plus complet. Saint Tarcisius nous a montré que l'amour peut nous conduire jusqu'au don de la vie pour un bien authentique, pour le bien véritable, pour le Seigneur.
A nous probablement, le martyre n'est pas demandé, mais Jésus nous demande la fidélité dans les petites choses, le recueillement intérieur, la participation intérieure, notre foi et l'effort de conserver présent ce trésor dans notre vie de chaque jour. Il nous demande la fidélité dans les tâches quotidiennes, le témoignage de Son amour, en fréquentant l'Eglise par conviction intérieure et pour la joie de sa présence. Ainsi pouvons-nous aussi faire savoir à nos amis que Jésus est vivant. Dans cet engagement, puisse nous aider l’intercession de saint Jean-Marie Vianney, dont c'est aujourd'hui la fête liturgique, de cet humble curé de France, qui a changé une petite communauté et a ainsi donné au monde une lumière nouvelle. Que l'exemple des saints Tarcisius et Jean-Marie Vianney nous pousse chaque jour à aimer Jésus et à accomplir sa volonté, comme l'a fait la Vierge Marie, fidèle à son Fils jusqu'au bout.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 15 août
Saint Hyacinthe
Prêtre o.p. missionnaire en Pologne
(1185 - 1257)
Hyacinthe, apôtre du Nord et thaumaturge, était de famille illustre. Ce fut saint Dominique lui-même qui reçut ses vœux et l'envoya évangéliser la Pologne, qu'il remua tout entière et où il opéra des conversions sans nombre.
Sa vie n'était qu'un perpétuel exercice de charité envers toutes les misères, et de sainte cruauté contre lui-même. À l'imitation de saint Dominique, il n'avait point d'autre chambre que l'église et d'autre lit que la terre ; il se déchirait toutes les nuits les épaules avec des chaînes de fer et jeûnait fréquemment au pain et à l'eau. Parmi les prodiges qu'il opéra, on cite des résurrections de morts, la délivrance de possédés du démon, la guérison de nombreux malades. On le vit traverser le fleuve rapide de la Vistule avec plusieurs de ses frères, sur son manteau étendu.
Obligé de fuir devant les Tartares, il emporte du moins avec lui le Saint-Sacrement, pour en empêcher la profanation. Comme il va quitter l'église, une voix sort de la statue de Marie, qui lui demande de l'emporter aussi. Elle pèse huit ou neuf cents livres ; Hyacinthe, plein de foi, la prend d'une main et la trouve légère comme un roseau. À défaut de bateau, il traverse avec son fardeau le grand fleuve du Borysthène comme une terre ferme, pendant que son manteau sert de barque à ses frères, qui le suivent.
Consolé par plusieurs visites de la Sainte Vierge, il eut révélation de sa mort, qui arriva le 15 août 1257.
Saint Hyacinthe
Prêtre o.p. missionnaire en Pologne
(1185 - 1257)
Hyacinthe, apôtre du Nord et thaumaturge, était de famille illustre. Ce fut saint Dominique lui-même qui reçut ses vœux et l'envoya évangéliser la Pologne, qu'il remua tout entière et où il opéra des conversions sans nombre.
Sa vie n'était qu'un perpétuel exercice de charité envers toutes les misères, et de sainte cruauté contre lui-même. À l'imitation de saint Dominique, il n'avait point d'autre chambre que l'église et d'autre lit que la terre ; il se déchirait toutes les nuits les épaules avec des chaînes de fer et jeûnait fréquemment au pain et à l'eau. Parmi les prodiges qu'il opéra, on cite des résurrections de morts, la délivrance de possédés du démon, la guérison de nombreux malades. On le vit traverser le fleuve rapide de la Vistule avec plusieurs de ses frères, sur son manteau étendu.
Obligé de fuir devant les Tartares, il emporte du moins avec lui le Saint-Sacrement, pour en empêcher la profanation. Comme il va quitter l'église, une voix sort de la statue de Marie, qui lui demande de l'emporter aussi. Elle pèse huit ou neuf cents livres ; Hyacinthe, plein de foi, la prend d'une main et la trouve légère comme un roseau. À défaut de bateau, il traverse avec son fardeau le grand fleuve du Borysthène comme une terre ferme, pendant que son manteau sert de barque à ses frères, qui le suivent.
Consolé par plusieurs visites de la Sainte Vierge, il eut révélation de sa mort, qui arriva le 15 août 1257.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Samedi le 16 août
Saint Roch
Pèlerin
(1295-1327)
Roch était fils d'un gouverneur de Montpellier ; ses pieux parents, déjà avancés en âge, obtinrent sa naissance par leurs persévérantes prières, se promettant de donner à Dieu l'enfant qu'il leur accorderait. Cet enfant du miracle naquit avec une croix rouge sur la poitrine, gage d'une toute particulière prédestination. Dès l'âge de cinq ans, il commençait à châtier son petit corps par des privations ; il se signala, en grandissant, par une grâce spéciale d'hospitalité envers les pauvres et les voyageurs.
Il n'avait pas vingt ans, quand il eut la douleur de perdre successivement son père et sa mère. Aussitôt, il vendit ses biens, se fit pauvre du Christ, à l'exemple de saint François d'Assise, entra dans le Tiers Ordre, et vêtu en pèlerin, il prit le chemin de Rome, en demandant l'aumône. La peste sévissait en Italie sur son passage ; il se dévoua au soin des pauvres pestiférés ; passant devant leurs lits, il prenait leurs mains, leur faisait faire le signe de la Croix, et tous se levaient guéris. À Rome, les miracles se multiplièrent sous ses pas ; il y vécut trois ans sans faire connaître son nom et son origine, même au Pape.
En retournant dans son pays, il fut saisi par la peste et se retira mourant dans une cabane, au bord d'une forêt, où un chien lui apportait chaque jour un petit pain. Guéri par l'intervention du Ciel, il reparut à Montpellier comme un étranger, méconnu par le gouverneur, son oncle, et jeté en prison comme espion ; là, au bout de cinq ans, il mourut étendu à terre, muni des sacrements. On le reconnut à la croix rouge marquée sur sa poitrine. Ses obsèques furent un triomphe. Son culte est devenu et demeure populaire dans toute l'Église. Cette courte notice fait deviner l'origine de l'expression si connue : Saint Roch et son chien.
Saint Étienne
Roi de Hongrie
(977-1038)
Les Hongrois étaient les descendants de ces fiers et terribles envahisseurs connus sous le nom de Huns. Étienne eut le bonheur d'être l'apôtre en même temps que le roi des Hongrois, et de les civiliser.
Avant sa naissance, sa mère eut une vision de saint Étienne, martyr, lui prédisant que son enfant achèverait l'œuvre de la conversion de la Hongrie, commencée par ses parents. Aussi le prédestiné reçut-il au baptême le nom d'Étienne. Ses premières inclinations le portèrent à Dieu ; sa première parole fut le nom de Jésus ; ses études furent aussi remarquables par ses succès que par sa piété.
Étienne avait vingt ans quand il succéda à son père. Pour donner tous ses soins à la christianisation de son royaume, il commença par établir une paix solide avec tous ses voisins. Ce ne fut pas sans peine que le pieux roi put mener à bonne fin son entreprise ; son peuple était tout barbare et endurci dans les superstitions du paganisme ; il lui fallut soutenir une guerre contre ses propres sujets; mais le jeûne, l'aumône et la prière lui assurèrent la victoire. Étienne fit alors venir des apôtres pour évangéliser cette nation ignorante et grossière ; il publia des lois très sévères contre le meurtre, le vol, l'adultère, le blasphème et d'autres crimes ; il pourvut à la protection des veuves et des orphelins et à la subsistance des pauvres ; il fonda et enrichit les églises: aussi vit-on bientôt ce pays offrir une magnifique végétation chrétienne.
Dans toutes ses œuvres, le saint roi était secondé par sa pieuse épouse, Gisèle, sœur de l'empereur saint Henri. L'humilité accompagnait tous les bienfaits du prince ; souvent il choisissait la nuit pour accomplir ses œuvres de charité ; il lavait en secret les pieds des pèlerins, et cachait discrètement ses aumônes. Un jour qu'il était sorti incognito pour distribuer de l'argent aux malheureux, comme il n'avait point réussi à contenter tout le monde, il fut dévalisé et foulé aux pieds ; loin de s'en fâcher et de se faire connaître, il offrit à la Sainte Vierge cette humiliation et résolut de ne jamais rien refuser à aucun pauvre. Il était impossible que ses revenus pussent suffire à tant de charités, sans quelque merveille d'en haut. Un jour qu’Étienne priait, absorbé en Dieu, il fut enlevé en l'air par les Anges jusqu'à ce que son oraison fût achevée. Dieu opéra en sa faveur beaucoup d'autres prodiges.
Ses dernières années furent éprouvées par des maladies, qu'il supporta avec patience et courage.
Curiosité sur la couronne de saint Étienne surmontée d'une croix inclinée
La couronne de Hongrie est actuellement composée d'une croix inclinée, d'une calotte sphérique et d'un cercle précieux, ayant pour poids 2 056 grammes.
L'inclinaison de la croix est due à une circonstance fortuite. Lors d'un bouleversement politique, la reine Isabelle voulut emporter la sainte couronne. Elle la mit dans un coffret trop étroit et en s'appuyant sur le couvercle pour le fermer, elle fit céder la croix qui s'inclina sur un côté. Depuis lors, la couronne est restée en cet état, les Hongrois ayant poussé le scrupule jusqu'à vouloir lui conserver ce défaut accidentel.
Saint Roch
Pèlerin
(1295-1327)
Roch était fils d'un gouverneur de Montpellier ; ses pieux parents, déjà avancés en âge, obtinrent sa naissance par leurs persévérantes prières, se promettant de donner à Dieu l'enfant qu'il leur accorderait. Cet enfant du miracle naquit avec une croix rouge sur la poitrine, gage d'une toute particulière prédestination. Dès l'âge de cinq ans, il commençait à châtier son petit corps par des privations ; il se signala, en grandissant, par une grâce spéciale d'hospitalité envers les pauvres et les voyageurs.
Il n'avait pas vingt ans, quand il eut la douleur de perdre successivement son père et sa mère. Aussitôt, il vendit ses biens, se fit pauvre du Christ, à l'exemple de saint François d'Assise, entra dans le Tiers Ordre, et vêtu en pèlerin, il prit le chemin de Rome, en demandant l'aumône. La peste sévissait en Italie sur son passage ; il se dévoua au soin des pauvres pestiférés ; passant devant leurs lits, il prenait leurs mains, leur faisait faire le signe de la Croix, et tous se levaient guéris. À Rome, les miracles se multiplièrent sous ses pas ; il y vécut trois ans sans faire connaître son nom et son origine, même au Pape.
En retournant dans son pays, il fut saisi par la peste et se retira mourant dans une cabane, au bord d'une forêt, où un chien lui apportait chaque jour un petit pain. Guéri par l'intervention du Ciel, il reparut à Montpellier comme un étranger, méconnu par le gouverneur, son oncle, et jeté en prison comme espion ; là, au bout de cinq ans, il mourut étendu à terre, muni des sacrements. On le reconnut à la croix rouge marquée sur sa poitrine. Ses obsèques furent un triomphe. Son culte est devenu et demeure populaire dans toute l'Église. Cette courte notice fait deviner l'origine de l'expression si connue : Saint Roch et son chien.
Saint Étienne
Roi de Hongrie
(977-1038)
Les Hongrois étaient les descendants de ces fiers et terribles envahisseurs connus sous le nom de Huns. Étienne eut le bonheur d'être l'apôtre en même temps que le roi des Hongrois, et de les civiliser.
Avant sa naissance, sa mère eut une vision de saint Étienne, martyr, lui prédisant que son enfant achèverait l'œuvre de la conversion de la Hongrie, commencée par ses parents. Aussi le prédestiné reçut-il au baptême le nom d'Étienne. Ses premières inclinations le portèrent à Dieu ; sa première parole fut le nom de Jésus ; ses études furent aussi remarquables par ses succès que par sa piété.
Étienne avait vingt ans quand il succéda à son père. Pour donner tous ses soins à la christianisation de son royaume, il commença par établir une paix solide avec tous ses voisins. Ce ne fut pas sans peine que le pieux roi put mener à bonne fin son entreprise ; son peuple était tout barbare et endurci dans les superstitions du paganisme ; il lui fallut soutenir une guerre contre ses propres sujets; mais le jeûne, l'aumône et la prière lui assurèrent la victoire. Étienne fit alors venir des apôtres pour évangéliser cette nation ignorante et grossière ; il publia des lois très sévères contre le meurtre, le vol, l'adultère, le blasphème et d'autres crimes ; il pourvut à la protection des veuves et des orphelins et à la subsistance des pauvres ; il fonda et enrichit les églises: aussi vit-on bientôt ce pays offrir une magnifique végétation chrétienne.
Dans toutes ses œuvres, le saint roi était secondé par sa pieuse épouse, Gisèle, sœur de l'empereur saint Henri. L'humilité accompagnait tous les bienfaits du prince ; souvent il choisissait la nuit pour accomplir ses œuvres de charité ; il lavait en secret les pieds des pèlerins, et cachait discrètement ses aumônes. Un jour qu'il était sorti incognito pour distribuer de l'argent aux malheureux, comme il n'avait point réussi à contenter tout le monde, il fut dévalisé et foulé aux pieds ; loin de s'en fâcher et de se faire connaître, il offrit à la Sainte Vierge cette humiliation et résolut de ne jamais rien refuser à aucun pauvre. Il était impossible que ses revenus pussent suffire à tant de charités, sans quelque merveille d'en haut. Un jour qu’Étienne priait, absorbé en Dieu, il fut enlevé en l'air par les Anges jusqu'à ce que son oraison fût achevée. Dieu opéra en sa faveur beaucoup d'autres prodiges.
Ses dernières années furent éprouvées par des maladies, qu'il supporta avec patience et courage.
Curiosité sur la couronne de saint Étienne surmontée d'une croix inclinée
La couronne de Hongrie est actuellement composée d'une croix inclinée, d'une calotte sphérique et d'un cercle précieux, ayant pour poids 2 056 grammes.
L'inclinaison de la croix est due à une circonstance fortuite. Lors d'un bouleversement politique, la reine Isabelle voulut emporter la sainte couronne. Elle la mit dans un coffret trop étroit et en s'appuyant sur le couvercle pour le fermer, elle fit céder la croix qui s'inclina sur un côté. Depuis lors, la couronne est restée en cet état, les Hongrois ayant poussé le scrupule jusqu'à vouloir lui conserver ce défaut accidentel.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 17 août
Sainte Jeanne Delanoue
Vierge et fondatrice de la Congrégation
« Sainte Anne de la Providence »
Jeanne Delanoue nait à Saumur, sur les bords de la Loire, le 18 juin 1666, dernière d'une famille de douze enfants. Ses parents tiennent un modeste magasin de mercerie, près du sanctuaire de Notre-Dame-des-Ardilliers. Elle perd son père, bien jeune à l'âge de six ans et, malgré son jeune âge, elle aide sa mère à tenir le magasin pour faire vivre toute la famille. Ses qualités sont remarquables : habile, active, infatigable, au point de garder le magasin ouvert dimanches et jours de fêtes.
Quel avenir ne pouvait-elle pas espérer? Certainement, agrandir son « affaire » et prospérer. Mais voici que, à l'âge de 27 ans, elle reçoit, de la part d'une vieille et fidèle pèlerine de Notre-Dame-des-Ardilliers, une invitation à se consacrer aux pauvres, si nombreux. Sa mère est morte depuis peu.
Malgré ses responsabilités accrues, elle va s'occuper un peu des pauvres, pour répondre à cet appel qu'elle sent bien venir de Dieu. Elle s'occupe d'eux chaque jour, plus que de ses clients. Jusqu'à ce qu'elle soit toute à eux « à plein temps ». Bientôt, du reste, les pauvres ne l'attendent plus chez eux, mais ils se rendent chez elle. En 1700, une enfant est accueillie à la maison, bientôt suivie de malades, de vieillards et d'indigents.
Pour tant de monde à loger, il n'y a que des grottes de tufeau. On les aménage au mieux. Mais il faut chercher de l'aide. Au bout de quatre années, en 1704, quelques jeunes filles se sont trouvées disposées à aider Jeanne et même à revêtir l'habit religieux si elle le leur demande. Ainsi naît la Congrégation de « Sainte Anne de la Providence ». C'est sous ce nom que sont approuvées les Constitutions en 1709.
La ténacité de Jeanne Delanoue, secondée par de si beaux dévouements, fonde le premier hospice de Saumur en 1715; il avait été demandé par le roi Louis XIV en ... 1672!
Sa charité déborde bien vite hors des limites de sa ville de Saumur et de son diocèse. Du reste, elle compte déjà quarante auxiliaires, toutes à ses ordres, et décidées à suivre son exemple de dévouement, de prière et de mortification.
A sa mort, le 17 août 1736, Jeanne Delanoue laisse une douzaine de communautés, hospices et petites écoles aussi. « La Sainte est morte », dit-on à Saumur.
Tout le monde a pu admirer son zèle, son action dans les nombreuses visites reçues ou faites, mais seuls ses intimes connaissent sa mortification, sa vie de prière et d'union à Dieu. C'est de là que procède cette charité inlassable, attirée vers tous ceux qui souffrent, mais surtout s'ils sont pauvres. Et Dieu sait qu'ils ne manquent pas, en ces tristes années de famine, de disette et de froid ; années de guerre aussi. Les Sœurs de Jeanne Delanoue, comme on les nomme tout simplement aujourd'hui, comptent environ 400 religieuses, en France, à Madagascar et à Sumatra, où elles ont fondé en 1979.
Jeanne Delanoue a été béatifiée le 05 novembre 1947, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et canonisée le 31 octobre 1982 par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Sainte Claire de Montefalco
Abbesse de l'ordre de Saint Augustin
Chiara de Montefalco, seconde fille de Damiano et Iacopa, naît en 1268 à Montefalco dans la Province de Pérouse, centre Italie. Très jeune, elle manifesta un grand goût pour la prière et la vie pieuse. Elle s'infligeait des mortifications corporelles peu en rapport avec son âge.
Sa sœur aînée, Jeanne, était entrée dans une maison de recluses volontaires, Claire voulut la rejoindre, elle avait alors 7 ans.
Les recluses furent de plus en plus nombreuses, à tel point qu'il fallut agrandir les bâtiments. C'est alors que Claire partit mendier dans les rues afin d'assurer la subsistance de ses sœurs.
Une fois la maison agrandie, les recluses souhaitèrent qu'elle devienne un véritable couvent.
L'évêque, Gerardo Artesino, sur la sollicitation de Jeanne, par décret du 10 juin 1290, accepta et leur donna la règle de Saint Augustin. Jeanne en devint l'abbesse et le monastère prit de nom de Monastère de la Croix.
Le 22 novembre 1291, Jeanne mourut. Claire fut élue abbesse à sa place et le monastère devint florissant. Claire y mourut à son tour le 17 août 1308.
Claire de Montefalco bénéficia d'extases mystiques profondes, et de nombreuses visions. Sa renommée, ainsi que son don d'exégèse dépassaient les portes du monastère, de son vivant, elle était déjà considérée comme sainte.
Moins d'un an après la mort de Claire, l'évêque de Spolète ordonna l'ouverture du procès informatif sur la vie et les vertus de la religieuse, devant les nombreux témoignages de miracles obtenus par son intercession.
Le père Béranger de Saint-Affrique se déplaça à Avignon en 1316 pour y rencontrer le Pape Jean XXII. Le procès, bien que terminé le 6 septembre 1318 n'aboutit pas.
Le 14 août 1624, le Pape Urbain VIII (Maffeo Barberini, 1623-1644) accorda l'autorisation du culte en l'honneur de Claire, dont le nom fut inscrit, ultérieurement, par Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676), le 19 avril 1673, au martyrologe romain.
Un nouveau procès canonique fut entamé en 1738, et ratifié par la Congrégation des Rites le 17 septembre 1743, puis un autre, terminé en 1851, toutefois, il fallut attendre le 8 décembre 1881 pour que le Pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) déclare sainte Claire de Montefalco, et fixe sa fête au 17 août.
Sainte Jeanne Delanoue
Vierge et fondatrice de la Congrégation
« Sainte Anne de la Providence »
Jeanne Delanoue nait à Saumur, sur les bords de la Loire, le 18 juin 1666, dernière d'une famille de douze enfants. Ses parents tiennent un modeste magasin de mercerie, près du sanctuaire de Notre-Dame-des-Ardilliers. Elle perd son père, bien jeune à l'âge de six ans et, malgré son jeune âge, elle aide sa mère à tenir le magasin pour faire vivre toute la famille. Ses qualités sont remarquables : habile, active, infatigable, au point de garder le magasin ouvert dimanches et jours de fêtes.
Quel avenir ne pouvait-elle pas espérer? Certainement, agrandir son « affaire » et prospérer. Mais voici que, à l'âge de 27 ans, elle reçoit, de la part d'une vieille et fidèle pèlerine de Notre-Dame-des-Ardilliers, une invitation à se consacrer aux pauvres, si nombreux. Sa mère est morte depuis peu.
Malgré ses responsabilités accrues, elle va s'occuper un peu des pauvres, pour répondre à cet appel qu'elle sent bien venir de Dieu. Elle s'occupe d'eux chaque jour, plus que de ses clients. Jusqu'à ce qu'elle soit toute à eux « à plein temps ». Bientôt, du reste, les pauvres ne l'attendent plus chez eux, mais ils se rendent chez elle. En 1700, une enfant est accueillie à la maison, bientôt suivie de malades, de vieillards et d'indigents.
Pour tant de monde à loger, il n'y a que des grottes de tufeau. On les aménage au mieux. Mais il faut chercher de l'aide. Au bout de quatre années, en 1704, quelques jeunes filles se sont trouvées disposées à aider Jeanne et même à revêtir l'habit religieux si elle le leur demande. Ainsi naît la Congrégation de « Sainte Anne de la Providence ». C'est sous ce nom que sont approuvées les Constitutions en 1709.
La ténacité de Jeanne Delanoue, secondée par de si beaux dévouements, fonde le premier hospice de Saumur en 1715; il avait été demandé par le roi Louis XIV en ... 1672!
Sa charité déborde bien vite hors des limites de sa ville de Saumur et de son diocèse. Du reste, elle compte déjà quarante auxiliaires, toutes à ses ordres, et décidées à suivre son exemple de dévouement, de prière et de mortification.
A sa mort, le 17 août 1736, Jeanne Delanoue laisse une douzaine de communautés, hospices et petites écoles aussi. « La Sainte est morte », dit-on à Saumur.
Tout le monde a pu admirer son zèle, son action dans les nombreuses visites reçues ou faites, mais seuls ses intimes connaissent sa mortification, sa vie de prière et d'union à Dieu. C'est de là que procède cette charité inlassable, attirée vers tous ceux qui souffrent, mais surtout s'ils sont pauvres. Et Dieu sait qu'ils ne manquent pas, en ces tristes années de famine, de disette et de froid ; années de guerre aussi. Les Sœurs de Jeanne Delanoue, comme on les nomme tout simplement aujourd'hui, comptent environ 400 religieuses, en France, à Madagascar et à Sumatra, où elles ont fondé en 1979.
Jeanne Delanoue a été béatifiée le 05 novembre 1947, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et canonisée le 31 octobre 1982 par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Sainte Claire de Montefalco
Abbesse de l'ordre de Saint Augustin
Chiara de Montefalco, seconde fille de Damiano et Iacopa, naît en 1268 à Montefalco dans la Province de Pérouse, centre Italie. Très jeune, elle manifesta un grand goût pour la prière et la vie pieuse. Elle s'infligeait des mortifications corporelles peu en rapport avec son âge.
Sa sœur aînée, Jeanne, était entrée dans une maison de recluses volontaires, Claire voulut la rejoindre, elle avait alors 7 ans.
Les recluses furent de plus en plus nombreuses, à tel point qu'il fallut agrandir les bâtiments. C'est alors que Claire partit mendier dans les rues afin d'assurer la subsistance de ses sœurs.
Une fois la maison agrandie, les recluses souhaitèrent qu'elle devienne un véritable couvent.
L'évêque, Gerardo Artesino, sur la sollicitation de Jeanne, par décret du 10 juin 1290, accepta et leur donna la règle de Saint Augustin. Jeanne en devint l'abbesse et le monastère prit de nom de Monastère de la Croix.
Le 22 novembre 1291, Jeanne mourut. Claire fut élue abbesse à sa place et le monastère devint florissant. Claire y mourut à son tour le 17 août 1308.
Claire de Montefalco bénéficia d'extases mystiques profondes, et de nombreuses visions. Sa renommée, ainsi que son don d'exégèse dépassaient les portes du monastère, de son vivant, elle était déjà considérée comme sainte.
Moins d'un an après la mort de Claire, l'évêque de Spolète ordonna l'ouverture du procès informatif sur la vie et les vertus de la religieuse, devant les nombreux témoignages de miracles obtenus par son intercession.
Le père Béranger de Saint-Affrique se déplaça à Avignon en 1316 pour y rencontrer le Pape Jean XXII. Le procès, bien que terminé le 6 septembre 1318 n'aboutit pas.
Le 14 août 1624, le Pape Urbain VIII (Maffeo Barberini, 1623-1644) accorda l'autorisation du culte en l'honneur de Claire, dont le nom fut inscrit, ultérieurement, par Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676), le 19 avril 1673, au martyrologe romain.
Un nouveau procès canonique fut entamé en 1738, et ratifié par la Congrégation des Rites le 17 septembre 1743, puis un autre, terminé en 1851, toutefois, il fallut attendre le 8 décembre 1881 pour que le Pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) déclare sainte Claire de Montefalco, et fixe sa fête au 17 août.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Lundi le 18 août
Sainte Hélène
Impératrice
(† 328)
Hélène naît vers le milieu du IIIe siècle. Voici ce que dit saint Ambroise : « Hélène, première femme de Constance Chlore, qui ceignit depuis la couronne impériale, était, paraît-il, une humble fille d'étable. Noble fille d'étable, qui sut mettre tant de sollicitude dans la recherche de la Crèche sacrée ! Noble fille d'étable, à qui fut réservé de connaître l'Étable de Celui qui guérit les blessures de l'humanité déchue ! Noble fille d'étable, qui préféra les abaissements du Christ aux dignités trompeuses du monde ! Aussi le Christ l'a-t-il élevée de l'humilité de l'étable au sommet des grandeurs humaines. »
La gloire de sainte Hélène c'est d'avoir été la mère du grand Constantin. « Constantin, dit saint Paulin de Nole, doit plus à la piété de sa mère qu'à la sienne d'avoir été le premier empereur chrétien. » Contrairement aux autres empereurs, Constance Chlore reconnaissait le vrai Dieu. Les prêtres chrétiens étaient admis à sa cour et y vivaient en paix. Une telle bienveillance ne peut être attribuée qu'à l'influence de l'impératrice sur le cœur de son époux. Sainte Hélène a donc joué un grand rôle dans la fin des persécutions, puisqu'elle fut l'épouse et la mère des deux hommes qui, sous son influence, protégèrent le christianisme. Qui sait même si les prières d'Hélène ne méritèrent point à Constantin l'apparition miraculeuse de la Croix, par laquelle il remporta la victoire et devint seul maître de l'empire?
Un autre événement remarquable dans la vie de sainte Hélène, c'est la découverte de la vraie Croix du Sauveur.
Hélène vivait sans étalage de grandeurs. Nourrir les pauvres, donner aux uns de l'argent, aux autres des vêtements, à d'autres une maison ou un coin de terre, c'était son bonheur. Sa bonté s'étendait aux prisonniers, aux exilés, à tous les malheureux. Le peuple ne pouvait voir sans une joie mêlée de larmes son impératrice venir en habits simples et communs prendre sa place à l'église dans les rangs des fidèles : une telle conduite n'a sa source que dans l'Évangile. Hélène eut, avant sa mort, la consolation de voir Constantin, non seulement protecteur de la religion de Jésus-Christ, mais chrétien lui-même.
Saint Alberto Hurtado Cruchaga
Prêtre s.j. et fondateur du : « El Hogar de Cristo »
Alberto Hurtado Cruchaga naît le 22 janvier 1901 à Viña del Mar au Chili et devint orphelin de père à l’âge de 4 ans. Sa mère fut contrainte de vendre à des conditions défavorables leur modeste propriété pour payer les dettes de la famille. En conséquence, Alberto et son frère durent aller vivre auprès de parents et furent souvent déplacés de chez l’un vers chez l’autre. Dès son jeune âge, il apprit la condition des pauvres sans domicile et à la merci d’autrui.
Une bourse d’étude lui donna la possibilité de fréquenter le Collège des Jésuites à Santiago. Là, il devint membre de la Congrégation Mariale et, comme tel, s’intéressa vivement aux pauvres, prenant du temps avec eux dans les quartiers les plus misérables chaque dimanche après-midi.
A la fin de ses études secondaires en 1917, il aurait voulu devenir jésuite, mais on lui conseilla de retarder la réalisation d’un tel projet afin de s’occuper de sa mère et de son frère plus jeune. En travaillant l’après-midi et le soir, il réussit à subvenir à leurs besoins, tout en fréquentant la Faculté de Droit de l’Université Catholique. Pendant cette période aussi, sa sollicitude pour les pauvres qu’il visitait chaque dimanche, ne se démentait pas. L’obligation du service militaire interrompit ses études mais, une fois son devoir accompli, il obtint son diplôme au début d’août 1923. Le 15 du même mois, il entra au Noviciat de la Compagnie à Chillán.
En 1925, il alla à Cordoba, en Argentine, où il étudia les humanités.
En 1927, il fut envoyé en Espagne pour étudier la philosophie et la théologie. Cependant, en raison de la suppression de la Compagnie dans ce pays en 1931, il dut partir en Belgique et continuer la théologie à Louvain. C’est là qu’il fut ordonné prêtre le 24 août 1933 et qu’il obtint le doctorat en Pédagogie et Psychologie en 1935. Après avoir accompli le troisième an de Probation à Drongen, toujours en Belgique, il retourna au Chili en janvier 1936.
De retour dans son pays, son zèle s’étendit progressivement à tous les domaines : il commença à déployer son activité comme professeur de religion au Collège Saint Ignace, de pédagogie à l’Université Catholique de Santiago et au Séminaire Pontifical. Il écrivit divers essais sur l’éducation, comme aussi sur l’ordre social chrétien. Il construisit une maison d’Exercices Spirituels dans un village qui porte aujourd’hui son nom. Il fut directeur de la Congrégation Mariale des étudiants, les impliquant dans la catéchèse des pauvres. Il anima des retraites innombrables selon les Exercices Spirituels, et offrit sa direction spirituelle à de nombreux jeunes, accompagnant plusieurs d’entre eux dans leur réponse à une vocation sacerdotale et contribuant de façon notable à la formation de nombreux laïcs chrétiens.
En 1941, le Père Hurtado publia son livre le plus fameux: « ¿Es Chile un pais Católico? ». La même année lui fut confiée la responsabilité d’Assistant de la section des jeunes de l’Action Catholique pour l’Archidiocèse de Santiago, puis, l’année suivante, au niveau national. Il s’y engagea avec un esprit remarquable d’initiative, de dévouement et de sacrifice.
En octobre de l’année 1944, alors qu’il donnait les Exercices, il ressentit le besoin impérieux de faire appel aux auditeurs en leur demandant de penser aux nombreux pauvres de la ville, et en particulier aux enfants innombrables qui vagabondaient dans les rues de Santiago. Cet appel suscita promptement un élan de générosité et fut le début de l’initiative qui a fait connaître de plus le Père Hurtado. Il s’agit d’une forme d’action caritative qui fournissait aux personnes sans domicile non seulement un endroit où vivre, mais un vrai foyer domestique: « El Hogar de Cristo ».
Au moyen des contributions des bienfaiteurs et avec la collaboration active de laïcs engagés, le Père Hurtado ouvrit une première maison d’accueil pour les enfants, puis pour les femmes, puis encore une autre pour les hommes: les pauvres commencèrent ainsi finalement à avoir au « Hogar de Cristo » une ambiance familiale où vivre. Ces maisons se multiplièrent, tout en adoptant des formes et des caractéristiques nouvelles : certaines devinrent des centres de réhabilitation; d’autres des centres de formation artisanale, et ainsi de suite, le tout toujours inspiré par des valeurs chrétiennes et imprégné de celles-ci.
En 1945, Le Père Hurtado visita les États-Unis pour étudier le mouvement « Boys Town » de façon à l’adapter à son pays. Les six dernières années de sa vie furent dédiées au développement des diverses formes selon lesquelles « El Hogar de Cristo » existait et opérait.
En 1947 le Père Hurtado fonda l’Association Syndicale Chilienne (ASICH), pour promouvoir un syndicalisme s’inspirant de la Doctrine Sociale de l’Eglise.
Entre 1947 et 1950, il écrivit trois livres importants sur les syndicats, sur l’humanisme social et sur l’ordre social chrétien.
En 1951, il fonda le revue « Mensaje » la célèbre revue des Jésuites chiliens destinée à faire connaître et à expliquer la Doctrine de l’Église.
Un cancer du pancréas le conduisit en quelques mois à la fin de sa vie. Au milieu de douleurs atroces on l’entendit répéter souvent: « Content, Seigneur, Content ».
Après avoir passé son existence à manifester l’amour de Dieu aux pauvres, il fut rappelé à Lui le 18 août 1952.
Depuis son retour au Chili jusqu’à sa mort, le Père Hurtado a vécu seulement quinze années. Ce furent des années d’apostolat intense, expression d’un profond amour personnel pour le Christ et, pour cette raison même, caractérisé par un grand dévouement aux enfants pauvres et abandonnés, par un zèle ardent pour la formation des laïcs, et par un sens vif de la justice sociale chrétienne.
Alberto Hurtado Cruchaga a été béatifié, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 16 octobre 1994, et canonisé le 23 octobre 2005, par le Pape Benoît XVI.
Sainte Hélène
Impératrice
(† 328)
Hélène naît vers le milieu du IIIe siècle. Voici ce que dit saint Ambroise : « Hélène, première femme de Constance Chlore, qui ceignit depuis la couronne impériale, était, paraît-il, une humble fille d'étable. Noble fille d'étable, qui sut mettre tant de sollicitude dans la recherche de la Crèche sacrée ! Noble fille d'étable, à qui fut réservé de connaître l'Étable de Celui qui guérit les blessures de l'humanité déchue ! Noble fille d'étable, qui préféra les abaissements du Christ aux dignités trompeuses du monde ! Aussi le Christ l'a-t-il élevée de l'humilité de l'étable au sommet des grandeurs humaines. »
La gloire de sainte Hélène c'est d'avoir été la mère du grand Constantin. « Constantin, dit saint Paulin de Nole, doit plus à la piété de sa mère qu'à la sienne d'avoir été le premier empereur chrétien. » Contrairement aux autres empereurs, Constance Chlore reconnaissait le vrai Dieu. Les prêtres chrétiens étaient admis à sa cour et y vivaient en paix. Une telle bienveillance ne peut être attribuée qu'à l'influence de l'impératrice sur le cœur de son époux. Sainte Hélène a donc joué un grand rôle dans la fin des persécutions, puisqu'elle fut l'épouse et la mère des deux hommes qui, sous son influence, protégèrent le christianisme. Qui sait même si les prières d'Hélène ne méritèrent point à Constantin l'apparition miraculeuse de la Croix, par laquelle il remporta la victoire et devint seul maître de l'empire?
Un autre événement remarquable dans la vie de sainte Hélène, c'est la découverte de la vraie Croix du Sauveur.
Hélène vivait sans étalage de grandeurs. Nourrir les pauvres, donner aux uns de l'argent, aux autres des vêtements, à d'autres une maison ou un coin de terre, c'était son bonheur. Sa bonté s'étendait aux prisonniers, aux exilés, à tous les malheureux. Le peuple ne pouvait voir sans une joie mêlée de larmes son impératrice venir en habits simples et communs prendre sa place à l'église dans les rangs des fidèles : une telle conduite n'a sa source que dans l'Évangile. Hélène eut, avant sa mort, la consolation de voir Constantin, non seulement protecteur de la religion de Jésus-Christ, mais chrétien lui-même.
Saint Alberto Hurtado Cruchaga
Prêtre s.j. et fondateur du : « El Hogar de Cristo »
Alberto Hurtado Cruchaga naît le 22 janvier 1901 à Viña del Mar au Chili et devint orphelin de père à l’âge de 4 ans. Sa mère fut contrainte de vendre à des conditions défavorables leur modeste propriété pour payer les dettes de la famille. En conséquence, Alberto et son frère durent aller vivre auprès de parents et furent souvent déplacés de chez l’un vers chez l’autre. Dès son jeune âge, il apprit la condition des pauvres sans domicile et à la merci d’autrui.
Une bourse d’étude lui donna la possibilité de fréquenter le Collège des Jésuites à Santiago. Là, il devint membre de la Congrégation Mariale et, comme tel, s’intéressa vivement aux pauvres, prenant du temps avec eux dans les quartiers les plus misérables chaque dimanche après-midi.
A la fin de ses études secondaires en 1917, il aurait voulu devenir jésuite, mais on lui conseilla de retarder la réalisation d’un tel projet afin de s’occuper de sa mère et de son frère plus jeune. En travaillant l’après-midi et le soir, il réussit à subvenir à leurs besoins, tout en fréquentant la Faculté de Droit de l’Université Catholique. Pendant cette période aussi, sa sollicitude pour les pauvres qu’il visitait chaque dimanche, ne se démentait pas. L’obligation du service militaire interrompit ses études mais, une fois son devoir accompli, il obtint son diplôme au début d’août 1923. Le 15 du même mois, il entra au Noviciat de la Compagnie à Chillán.
En 1925, il alla à Cordoba, en Argentine, où il étudia les humanités.
En 1927, il fut envoyé en Espagne pour étudier la philosophie et la théologie. Cependant, en raison de la suppression de la Compagnie dans ce pays en 1931, il dut partir en Belgique et continuer la théologie à Louvain. C’est là qu’il fut ordonné prêtre le 24 août 1933 et qu’il obtint le doctorat en Pédagogie et Psychologie en 1935. Après avoir accompli le troisième an de Probation à Drongen, toujours en Belgique, il retourna au Chili en janvier 1936.
De retour dans son pays, son zèle s’étendit progressivement à tous les domaines : il commença à déployer son activité comme professeur de religion au Collège Saint Ignace, de pédagogie à l’Université Catholique de Santiago et au Séminaire Pontifical. Il écrivit divers essais sur l’éducation, comme aussi sur l’ordre social chrétien. Il construisit une maison d’Exercices Spirituels dans un village qui porte aujourd’hui son nom. Il fut directeur de la Congrégation Mariale des étudiants, les impliquant dans la catéchèse des pauvres. Il anima des retraites innombrables selon les Exercices Spirituels, et offrit sa direction spirituelle à de nombreux jeunes, accompagnant plusieurs d’entre eux dans leur réponse à une vocation sacerdotale et contribuant de façon notable à la formation de nombreux laïcs chrétiens.
En 1941, le Père Hurtado publia son livre le plus fameux: « ¿Es Chile un pais Católico? ». La même année lui fut confiée la responsabilité d’Assistant de la section des jeunes de l’Action Catholique pour l’Archidiocèse de Santiago, puis, l’année suivante, au niveau national. Il s’y engagea avec un esprit remarquable d’initiative, de dévouement et de sacrifice.
En octobre de l’année 1944, alors qu’il donnait les Exercices, il ressentit le besoin impérieux de faire appel aux auditeurs en leur demandant de penser aux nombreux pauvres de la ville, et en particulier aux enfants innombrables qui vagabondaient dans les rues de Santiago. Cet appel suscita promptement un élan de générosité et fut le début de l’initiative qui a fait connaître de plus le Père Hurtado. Il s’agit d’une forme d’action caritative qui fournissait aux personnes sans domicile non seulement un endroit où vivre, mais un vrai foyer domestique: « El Hogar de Cristo ».
Au moyen des contributions des bienfaiteurs et avec la collaboration active de laïcs engagés, le Père Hurtado ouvrit une première maison d’accueil pour les enfants, puis pour les femmes, puis encore une autre pour les hommes: les pauvres commencèrent ainsi finalement à avoir au « Hogar de Cristo » une ambiance familiale où vivre. Ces maisons se multiplièrent, tout en adoptant des formes et des caractéristiques nouvelles : certaines devinrent des centres de réhabilitation; d’autres des centres de formation artisanale, et ainsi de suite, le tout toujours inspiré par des valeurs chrétiennes et imprégné de celles-ci.
En 1945, Le Père Hurtado visita les États-Unis pour étudier le mouvement « Boys Town » de façon à l’adapter à son pays. Les six dernières années de sa vie furent dédiées au développement des diverses formes selon lesquelles « El Hogar de Cristo » existait et opérait.
En 1947 le Père Hurtado fonda l’Association Syndicale Chilienne (ASICH), pour promouvoir un syndicalisme s’inspirant de la Doctrine Sociale de l’Eglise.
Entre 1947 et 1950, il écrivit trois livres importants sur les syndicats, sur l’humanisme social et sur l’ordre social chrétien.
En 1951, il fonda le revue « Mensaje » la célèbre revue des Jésuites chiliens destinée à faire connaître et à expliquer la Doctrine de l’Église.
Un cancer du pancréas le conduisit en quelques mois à la fin de sa vie. Au milieu de douleurs atroces on l’entendit répéter souvent: « Content, Seigneur, Content ».
Après avoir passé son existence à manifester l’amour de Dieu aux pauvres, il fut rappelé à Lui le 18 août 1952.
Depuis son retour au Chili jusqu’à sa mort, le Père Hurtado a vécu seulement quinze années. Ce furent des années d’apostolat intense, expression d’un profond amour personnel pour le Christ et, pour cette raison même, caractérisé par un grand dévouement aux enfants pauvres et abandonnés, par un zèle ardent pour la formation des laïcs, et par un sens vif de la justice sociale chrétienne.
Alberto Hurtado Cruchaga a été béatifié, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), le 16 octobre 1994, et canonisé le 23 octobre 2005, par le Pape Benoît XVI.
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Re: Les saints du jour
Mardi le 19 août
Saint Jean-Eudes
Prêtre et fondateur des : « Congrégation de Jésus et de Marie » (Eudistes). « Institut Notre-Dame de Charité »
Jean Eudes, né le 14 novembre 1601, dans le petit village normand de Ri, était l´aîné de six enfants ; l´historien Eudes de Mézerai était son frère. Son père, Isaac, qui avait été arrêté au seuil du sacerdoce par des devoirs impérieux, possédait une science religieuse au-dessus de la moyenne ; aussi en fit-il largement bénéficier ses enfants.
Aucun ne profita mieux de cette éducation que Jean. Il n´était encore qu´un enfant quand, un jour, ayant reçu un soufflet d´un de ses camarades, il se mit à genoux, et tendit l´autre joue, selon le conseil évangélique. À quatorze ans, il faisait le vœu de chasteté et montrait déjà cette ténacité de volonté qui sera sa note caractéristique. Au collège de Caen, sa dévotion envers Marie le poussa à se passer naïvement un anneau de fiançailles au doigt.
Ses études terminées, il se décida à entrer dans l´état ecclésiastique. Pour le faire avec plus de perfection, il se mit sous la direction du Père de Bérulle, entra à l´Oratoire et fut ordonné prêtre à Paris, le 24 décembre 1625.
Le nouveau prêtre inaugura son ministère en se dévouant au soulagement des populations de Normandie alors décimées par la peste. Il poussa si loin le dévouement envers les pestiférés qu´il ne se trouva personne à Caen pour oser lui prêter asile, et que pendant plusieurs semaines il en fut réduit à se loger hors de la ville, dans un grand tonneau.
Mais l´œuvre principale du Père Eudes fut l´œuvre des missions. Au sortir des guerres religieuses, en France, l´ignorance de la religion et le relâchement des mœurs étaient extrêmes. Pour y porter remède, le Père Eudes parcourut la Normandie, la Bourgogne, l´Île de France et maints autres lieux ; son éloquence populaire, servie par un bel organe, et accompagnée d´une sainteté authentique, exerça un ascendant considérable sur toutes les classes de la société. Depuis saint Vincent Ferrier on n´avait point vu de missionnaire qui exerçât une telle action sur les foules.
Dans le but de travailler au relèvement du Clergé, « le plus grand ennemi de l´Église », selon lui, le Père Eudes ouvrit à Caen un séminaire qui fut l´embryon d´une nouvelle famille religieuse, consacrée aux Cœurs de Jésus et de Marie, et appelée « Congrégation de Jésus et de Marie » (Eudistes). Le succès vint aussitôt : les diocèses de Normandie furent bientôt pourvus de prêtres instruits et vertueux. Le Père Eudes ajouta à la formation du clergé les missions dans les campagnes.
En même temps, il fondait à Caen un Institut pour assurer la persévérance des « Repenties ». Selon l´usage du temps, chaque maison était indépendante ; à la mort du Père Eudes, il y en avait quatre ; à la veille de la Révolution, il y en avait huit. En 1835, la supérieure du Refuge d´Angers, sainte Marie-Euphrasie Pelletier, femme « de taille à gouverner un royaume », obtint que les nouvelles maisons fondées par son monastère restassent sous la dépendance de la Maison-Mère et donna à sa Congrégation le nom de « Bon-Pasteur ». Cette branche a eu un grand succès, et possède des ramifications dans les cinq parties du monde.
Arrivé à un âge avancé, le saint fondateur déposa sa charge de Supérieur et mourut saintement le 19 août 1680.
Une des gloires du Père Eudes est d´avoir été le précurseur de la dévotion aux Cœurs de Jésus et de Marie. Quarante ans avant les apparitions de Paray-le-Monial, il faisait célébrer par ses prêtres l´Office solennel de ces très saints Cœurs et s´en faisait l´Apôtre dans ses missions. Aussi le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) appela le Père Eudes « Auteur du culte liturgique des SS. Cœurs de Jésus et de Marie ».
Saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), en le béatifiant, le 25 avril 1909, a dit qu´il devait être regardé comme « Père, docteur et apôtre » de cette dévotion.
Jean-Eudes a été canonisé le 31 mai 1925 par Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939).
Saint Louis
Évêque de Toulouse
(1274-1297)
Louis, évêque de Toulouse, petit-neveu de saint Louis, roi de France, fils de Charles le Boiteux, roi de Naples et de Jérusalem, naît à Brignoles, en Provence.
Il parut, dès son enfance, n'avoir d'inclination que pour la vertu. Ses récréations même se rapportaient à Dieu ; il n'en choisissait que de sérieuses et ne s'y livrait que pour donner à son corps l'exercice nécessaire et conserver la vigueur de son esprit. Sa promenade ordinaire consistait à visiter les églises et les monastères. À l'âge de sept ans, il pratiquait déjà la pénitence, et souvent il couchait sur une natte étendue auprès de son lit. Il fut tout particulièrement remarquable par sa pureté angélique, qui ne se ressentit en rien de la mollesse des cours ni des séductions du monde.
Sa charité pour les pauvres était extraordinaire. Un jour qu'il sortait des cuisines du palais, son père, prévenu par des valets malveillants, lui demanda ce qu'il portait sous son manteau. Louis, tremblant, ouvre le manteau qui ne contenait qu'un bouquet de fleurs magnifiques, bien qu'on fût en hiver. À l'âge de quatorze ans, il fut envoyé comme otage, avec deux de ses frères, au roi d'Aragon, qui retenait son père prisonnier. Pendant ses sept ans de captivité, il répandit autour de lui le parfum de la patience, de la résignation, de la modestie la plus parfaite et fut l'ange consolateur de ses compagnons d'infortune. Une fois libre, Louis s'abandonna aux pieux excès de la charité qu'il avait tant aimée dès son enfance. Il chérissait surtout les lépreux, les recherchait, les embrassait tendrement, et baisait leurs horribles plaies.
Dans une maladie mortelle, il fit vœu d'embrasser la vie religieuse, s'il guérissait. Il guérit en effet, refusa les offres séduisantes d'un mariage royal, renonça même au trône de son père et s'enrôla sous la bannière du séraphique François d'Assise. À peine avait-il consommé son sacrifice, que Dieu l'appela à de plus hautes destinées ; à vingt-deux ans il fut nommé, par le Pape, évêque de Toulouse. Son amour pour les pauvres devint plus héroïque que jamais. Un jour qu'il sortait de consoler une pauvre malade fort misérable, ses serviteurs lui firent remarquer que son vêtement était couvert de vermine : « Ce sont là, dit-il en souriant, les perles des pauvres. »
Dieu voulut seulement montrer à la terre ce saint pontife. À son dernier soupir, une belle rose sortit de sa bouche, et un saint religieux vit les anges emporter son âme vers les Cieux.
Saint Jean-Eudes
Prêtre et fondateur des : « Congrégation de Jésus et de Marie » (Eudistes). « Institut Notre-Dame de Charité »
Jean Eudes, né le 14 novembre 1601, dans le petit village normand de Ri, était l´aîné de six enfants ; l´historien Eudes de Mézerai était son frère. Son père, Isaac, qui avait été arrêté au seuil du sacerdoce par des devoirs impérieux, possédait une science religieuse au-dessus de la moyenne ; aussi en fit-il largement bénéficier ses enfants.
Aucun ne profita mieux de cette éducation que Jean. Il n´était encore qu´un enfant quand, un jour, ayant reçu un soufflet d´un de ses camarades, il se mit à genoux, et tendit l´autre joue, selon le conseil évangélique. À quatorze ans, il faisait le vœu de chasteté et montrait déjà cette ténacité de volonté qui sera sa note caractéristique. Au collège de Caen, sa dévotion envers Marie le poussa à se passer naïvement un anneau de fiançailles au doigt.
Ses études terminées, il se décida à entrer dans l´état ecclésiastique. Pour le faire avec plus de perfection, il se mit sous la direction du Père de Bérulle, entra à l´Oratoire et fut ordonné prêtre à Paris, le 24 décembre 1625.
Le nouveau prêtre inaugura son ministère en se dévouant au soulagement des populations de Normandie alors décimées par la peste. Il poussa si loin le dévouement envers les pestiférés qu´il ne se trouva personne à Caen pour oser lui prêter asile, et que pendant plusieurs semaines il en fut réduit à se loger hors de la ville, dans un grand tonneau.
Mais l´œuvre principale du Père Eudes fut l´œuvre des missions. Au sortir des guerres religieuses, en France, l´ignorance de la religion et le relâchement des mœurs étaient extrêmes. Pour y porter remède, le Père Eudes parcourut la Normandie, la Bourgogne, l´Île de France et maints autres lieux ; son éloquence populaire, servie par un bel organe, et accompagnée d´une sainteté authentique, exerça un ascendant considérable sur toutes les classes de la société. Depuis saint Vincent Ferrier on n´avait point vu de missionnaire qui exerçât une telle action sur les foules.
Dans le but de travailler au relèvement du Clergé, « le plus grand ennemi de l´Église », selon lui, le Père Eudes ouvrit à Caen un séminaire qui fut l´embryon d´une nouvelle famille religieuse, consacrée aux Cœurs de Jésus et de Marie, et appelée « Congrégation de Jésus et de Marie » (Eudistes). Le succès vint aussitôt : les diocèses de Normandie furent bientôt pourvus de prêtres instruits et vertueux. Le Père Eudes ajouta à la formation du clergé les missions dans les campagnes.
En même temps, il fondait à Caen un Institut pour assurer la persévérance des « Repenties ». Selon l´usage du temps, chaque maison était indépendante ; à la mort du Père Eudes, il y en avait quatre ; à la veille de la Révolution, il y en avait huit. En 1835, la supérieure du Refuge d´Angers, sainte Marie-Euphrasie Pelletier, femme « de taille à gouverner un royaume », obtint que les nouvelles maisons fondées par son monastère restassent sous la dépendance de la Maison-Mère et donna à sa Congrégation le nom de « Bon-Pasteur ». Cette branche a eu un grand succès, et possède des ramifications dans les cinq parties du monde.
Arrivé à un âge avancé, le saint fondateur déposa sa charge de Supérieur et mourut saintement le 19 août 1680.
Une des gloires du Père Eudes est d´avoir été le précurseur de la dévotion aux Cœurs de Jésus et de Marie. Quarante ans avant les apparitions de Paray-le-Monial, il faisait célébrer par ses prêtres l´Office solennel de ces très saints Cœurs et s´en faisait l´Apôtre dans ses missions. Aussi le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) appela le Père Eudes « Auteur du culte liturgique des SS. Cœurs de Jésus et de Marie ».
Saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), en le béatifiant, le 25 avril 1909, a dit qu´il devait être regardé comme « Père, docteur et apôtre » de cette dévotion.
Jean-Eudes a été canonisé le 31 mai 1925 par Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939).
Saint Louis
Évêque de Toulouse
(1274-1297)
Louis, évêque de Toulouse, petit-neveu de saint Louis, roi de France, fils de Charles le Boiteux, roi de Naples et de Jérusalem, naît à Brignoles, en Provence.
Il parut, dès son enfance, n'avoir d'inclination que pour la vertu. Ses récréations même se rapportaient à Dieu ; il n'en choisissait que de sérieuses et ne s'y livrait que pour donner à son corps l'exercice nécessaire et conserver la vigueur de son esprit. Sa promenade ordinaire consistait à visiter les églises et les monastères. À l'âge de sept ans, il pratiquait déjà la pénitence, et souvent il couchait sur une natte étendue auprès de son lit. Il fut tout particulièrement remarquable par sa pureté angélique, qui ne se ressentit en rien de la mollesse des cours ni des séductions du monde.
Sa charité pour les pauvres était extraordinaire. Un jour qu'il sortait des cuisines du palais, son père, prévenu par des valets malveillants, lui demanda ce qu'il portait sous son manteau. Louis, tremblant, ouvre le manteau qui ne contenait qu'un bouquet de fleurs magnifiques, bien qu'on fût en hiver. À l'âge de quatorze ans, il fut envoyé comme otage, avec deux de ses frères, au roi d'Aragon, qui retenait son père prisonnier. Pendant ses sept ans de captivité, il répandit autour de lui le parfum de la patience, de la résignation, de la modestie la plus parfaite et fut l'ange consolateur de ses compagnons d'infortune. Une fois libre, Louis s'abandonna aux pieux excès de la charité qu'il avait tant aimée dès son enfance. Il chérissait surtout les lépreux, les recherchait, les embrassait tendrement, et baisait leurs horribles plaies.
Dans une maladie mortelle, il fit vœu d'embrasser la vie religieuse, s'il guérissait. Il guérit en effet, refusa les offres séduisantes d'un mariage royal, renonça même au trône de son père et s'enrôla sous la bannière du séraphique François d'Assise. À peine avait-il consommé son sacrifice, que Dieu l'appela à de plus hautes destinées ; à vingt-deux ans il fut nommé, par le Pape, évêque de Toulouse. Son amour pour les pauvres devint plus héroïque que jamais. Un jour qu'il sortait de consoler une pauvre malade fort misérable, ses serviteurs lui firent remarquer que son vêtement était couvert de vermine : « Ce sont là, dit-il en souriant, les perles des pauvres. »
Dieu voulut seulement montrer à la terre ce saint pontife. À son dernier soupir, une belle rose sortit de sa bouche, et un saint religieux vit les anges emporter son âme vers les Cieux.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Le 19 août
Saint Bernard
Abbé et docteur de l'Église
(1090-1153)
Bernard, le prodige de son siècle, naît au château de Fontaines, près de Dijon, d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, et fut, dès sa naissance, consacré au Seigneur par sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la Messe de Noël ; il s'endormit, et, pendant son sommeil, il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléem, et contempla Jésus entre les bras de Marie.
À dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux ; mais il n'y entra pas seul ; il décida six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes à le suivre. L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Bernard fut le chef de la colonie qu'on envoya fonder à Clairvaux un monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même du Saint.
Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici ? » Il y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre ; voyant, il ne regardait point, entendant, il n'écoutait point ; goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non ; côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas ; un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.
Bernard avait laissé, au château de sa famille, Nivard, le plus jeune de ses frères : « Adieu, cher petit frère, lui avait-il dit; nous t'abandonnons tout notre héritage. “Oui, je comprends, avait répondu l'enfant, vous prenez le Ciel et vous me laissez la terre ; le partage n'est pas juste.” » Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux.
Le Saint n'avait point étudié dans le monde ; mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand docteur, admirable par son éloquence, par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des Papes, l'oracle de son temps. Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévotion incomparable envers la très Sainte Vierge.
Catéchèse du pape Benoît XVI : Saint Bernard
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui je voudrais parler de saint Bernard de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l'Eglise, car au XII siècle, il a encore une fois souligné et rendue présente la grande théologie des pères. Nous ne connaissons pas en détail les années de son enfance; nous savons cependant qu'il naquit en 1090 à Fontaines en France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l'étude de ce que l'on appelle les arts libéraux - en particulier de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique - à l'école des chanoines de l'église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d'entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de l'époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Bernard fut envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le monastère de Clairvaux. C'est là que le jeune abbé (il n'avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et s'engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d'une vie sobre et mesurée, à table comme dans l'habillement et dans les édifices monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Bernard commença une longue correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes que de conditions sociales modestes. Aux multiples Lettres de cette période, il faut ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C'est toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes du xii siècle. A partir de 1130, il commença à s'occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de l'Eglise. C'est pour cette raison qu'il dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France. Il fonda également quelques monastères féminins, et engagea une vive correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j'ai parlé mercredi dernier. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en particulier la méthode dialectique-philosophique dans la construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a lutté était l'hérésie des Cathares, qui méprisaient la matière et le corps humain, méprisant en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d'antisémitisme toujours plus diffuses. C'est pour ce dernier aspect de son action apostolique que, quelques dizaines d'années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période, le saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres Sermons sur le Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa vie - sa mort survint en 1153 - Bernard dut limiter les voyages, sans pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l'ensemble des Lettres, des Sermons, et des Traités. Un ouvrage assez singulier, qu'il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d'Eugène III, mérite d'être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel, écrivit à son fils spirituel le texte De Consideratione, qui contient un enseignement en vue d'être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture intéressante pour les Papes de tous les temps, Bernard n'indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des mystères de l'Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu un et trine: "On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n'est pas encore assez recherché", écrit le saint abbé: "mais on peut peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière qu'avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à la recherche" (xiv, 32: PL 182, 808), à être en chemin vers Dieu.
Je voudrais à présent m'arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Bernard: elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l'égard de la participation intime et vitale du chrétien à l'amour de Dieu en Jésus Christ n'apporte pas d'orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais, l'abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus - insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de son temps - seul Jésus est "miel à la bouche, cantique à l'oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum)". C'est précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de Doctor mellifluus: sa louange de Jésus Christ, en effet, "coule comme le miel". Dans les batailles exténuantes entre nominalistes et réalistes - deux courants philosophiques de l'époque - dans ces batailles, l'Abbé de Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu'il n'y a qu'un nom qui compte, celui de Jésus le Nazaréen. "Aride est toute nourriture de l'âme", confesse-t-il, "si elle n'est pas baignée de cette huile; insipide, si elle n'est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris n'a aucun goût pour moi, si je n'y ai pas lu Jésus". Et il conclut: "Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n'a de saveur pour moi, si je n'ai pas entendu résonner le nom de Jésus" (Sermones in Cantica Canticorum xv, 6: PL 183, 847). En effet, pour Bernard, la véritable connaissance de Dieu consiste dans l'expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien: la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit faire l'expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n'est qu'ainsi que l'on apprend à le connaître toujours plus, à l'aimer et le suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous!
Dans un autre célèbre Sermon le dimanche entre l'octave de l'Assomption, le saint Abbé décrit en termes passionnés l'intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils. "O sainte Mère, - s'exclame-t-il - vraiment, une épée a transpercé ton âme!... La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous pouvons t'appeler à juste titre plus que martyr, car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans l'intensité les souffrances physiques du martyre" (14: PL 183-437-438). Bernard n'a aucun doute: "per Mariam ad Iesum", à travers Marie, nous sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l'obéissance de Marie à Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps du Sermon documente également la place privilégiée de la Vierge dans l'économie de salut, à la suite de la participation très particulière de la Mère (compassio) au sacrifice du Fils. Ce n'est pas par hasard qu'un siècle et demi après la mort de Bernard, Dante Alighieri, dans le dernier cantique de la Divine Comédie, placera sur les lèvres du "Doctor mellifluus" la sublime prière à Marie: "Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et élevée plus qu'aucune autre créature / terme fixe d'un éternel conseil,..." (Paradis 33, vv. 1ss).
Ces réflexions, caractéristiques d'un amoureux de Jésus et de Marie comme saint Bernard, interpellent aujourd'hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l'homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l'Eglise, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la "science des saints", à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de l'Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître que l'homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu "avec la prière qu'avec la discussion". A la fin, la figure la plus authentique du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l'apôtre Jean, qui a appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur saint Bernard par les invocations à Marie, que nous lisons dans une belle homélie. "Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes - dit-il - pense à Marie, invoque Marie. Qu'elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu'elle ne se détache jamais de ton cœur; et afin que tu puisses obtenir l'aide de sa prière, n'oublie jamais l'exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin; si tu la pries, tu ne désespéreras pas; si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas; si elle te protège, tu n'as rien à craindre; si elle te guide, tu ne te fatigues pas; si elle t'est propice, tu arriveras à destination..." (Hom. II super "Missus est", 17: PL 183, 70-71).
Saint Bernard
Abbé et docteur de l'Église
(1090-1153)
Bernard, le prodige de son siècle, naît au château de Fontaines, près de Dijon, d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, et fut, dès sa naissance, consacré au Seigneur par sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la Messe de Noël ; il s'endormit, et, pendant son sommeil, il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléem, et contempla Jésus entre les bras de Marie.
À dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux ; mais il n'y entra pas seul ; il décida six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes à le suivre. L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Bernard fut le chef de la colonie qu'on envoya fonder à Clairvaux un monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même du Saint.
Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici ? » Il y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre ; voyant, il ne regardait point, entendant, il n'écoutait point ; goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non ; côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas ; un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.
Bernard avait laissé, au château de sa famille, Nivard, le plus jeune de ses frères : « Adieu, cher petit frère, lui avait-il dit; nous t'abandonnons tout notre héritage. “Oui, je comprends, avait répondu l'enfant, vous prenez le Ciel et vous me laissez la terre ; le partage n'est pas juste.” » Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux.
Le Saint n'avait point étudié dans le monde ; mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand docteur, admirable par son éloquence, par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des Papes, l'oracle de son temps. Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévotion incomparable envers la très Sainte Vierge.
Catéchèse du pape Benoît XVI : Saint Bernard
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui je voudrais parler de saint Bernard de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l'Eglise, car au XII siècle, il a encore une fois souligné et rendue présente la grande théologie des pères. Nous ne connaissons pas en détail les années de son enfance; nous savons cependant qu'il naquit en 1090 à Fontaines en France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l'étude de ce que l'on appelle les arts libéraux - en particulier de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique - à l'école des chanoines de l'église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d'entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de l'époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Bernard fut envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le monastère de Clairvaux. C'est là que le jeune abbé (il n'avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et s'engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d'une vie sobre et mesurée, à table comme dans l'habillement et dans les édifices monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Bernard commença une longue correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes que de conditions sociales modestes. Aux multiples Lettres de cette période, il faut ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C'est toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes du xii siècle. A partir de 1130, il commença à s'occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de l'Eglise. C'est pour cette raison qu'il dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France. Il fonda également quelques monastères féminins, et engagea une vive correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j'ai parlé mercredi dernier. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en particulier la méthode dialectique-philosophique dans la construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a lutté était l'hérésie des Cathares, qui méprisaient la matière et le corps humain, méprisant en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d'antisémitisme toujours plus diffuses. C'est pour ce dernier aspect de son action apostolique que, quelques dizaines d'années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période, le saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres Sermons sur le Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa vie - sa mort survint en 1153 - Bernard dut limiter les voyages, sans pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l'ensemble des Lettres, des Sermons, et des Traités. Un ouvrage assez singulier, qu'il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d'Eugène III, mérite d'être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel, écrivit à son fils spirituel le texte De Consideratione, qui contient un enseignement en vue d'être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture intéressante pour les Papes de tous les temps, Bernard n'indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des mystères de l'Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu un et trine: "On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n'est pas encore assez recherché", écrit le saint abbé: "mais on peut peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière qu'avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à la recherche" (xiv, 32: PL 182, 808), à être en chemin vers Dieu.
Je voudrais à présent m'arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Bernard: elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l'égard de la participation intime et vitale du chrétien à l'amour de Dieu en Jésus Christ n'apporte pas d'orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais, l'abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus - insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de son temps - seul Jésus est "miel à la bouche, cantique à l'oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum)". C'est précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de Doctor mellifluus: sa louange de Jésus Christ, en effet, "coule comme le miel". Dans les batailles exténuantes entre nominalistes et réalistes - deux courants philosophiques de l'époque - dans ces batailles, l'Abbé de Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu'il n'y a qu'un nom qui compte, celui de Jésus le Nazaréen. "Aride est toute nourriture de l'âme", confesse-t-il, "si elle n'est pas baignée de cette huile; insipide, si elle n'est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris n'a aucun goût pour moi, si je n'y ai pas lu Jésus". Et il conclut: "Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n'a de saveur pour moi, si je n'ai pas entendu résonner le nom de Jésus" (Sermones in Cantica Canticorum xv, 6: PL 183, 847). En effet, pour Bernard, la véritable connaissance de Dieu consiste dans l'expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien: la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit faire l'expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n'est qu'ainsi que l'on apprend à le connaître toujours plus, à l'aimer et le suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous!
Dans un autre célèbre Sermon le dimanche entre l'octave de l'Assomption, le saint Abbé décrit en termes passionnés l'intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils. "O sainte Mère, - s'exclame-t-il - vraiment, une épée a transpercé ton âme!... La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous pouvons t'appeler à juste titre plus que martyr, car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans l'intensité les souffrances physiques du martyre" (14: PL 183-437-438). Bernard n'a aucun doute: "per Mariam ad Iesum", à travers Marie, nous sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l'obéissance de Marie à Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps du Sermon documente également la place privilégiée de la Vierge dans l'économie de salut, à la suite de la participation très particulière de la Mère (compassio) au sacrifice du Fils. Ce n'est pas par hasard qu'un siècle et demi après la mort de Bernard, Dante Alighieri, dans le dernier cantique de la Divine Comédie, placera sur les lèvres du "Doctor mellifluus" la sublime prière à Marie: "Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et élevée plus qu'aucune autre créature / terme fixe d'un éternel conseil,..." (Paradis 33, vv. 1ss).
Ces réflexions, caractéristiques d'un amoureux de Jésus et de Marie comme saint Bernard, interpellent aujourd'hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l'homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l'Eglise, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la "science des saints", à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de l'Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître que l'homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu "avec la prière qu'avec la discussion". A la fin, la figure la plus authentique du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l'apôtre Jean, qui a appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur saint Bernard par les invocations à Marie, que nous lisons dans une belle homélie. "Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes - dit-il - pense à Marie, invoque Marie. Qu'elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu'elle ne se détache jamais de ton cœur; et afin que tu puisses obtenir l'aide de sa prière, n'oublie jamais l'exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin; si tu la pries, tu ne désespéreras pas; si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas; si elle te protège, tu n'as rien à craindre; si elle te guide, tu ne te fatigues pas; si elle t'est propice, tu arriveras à destination..." (Hom. II super "Missus est", 17: PL 183, 70-71).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Le 19 août
Sainte Maria De Mattias
Vierge et fondatrice de la Congrégation des
« Sœurs adoratrices du Sang du Christ »
Maria De Mattias naît le 4 février 1805 à Vallecorsa (Frosinone, Italie), dans une famille profondément chrétienne, qui était également aisée et cultivée. Mais elle ne put pas suivre d'études car, à l'époque, les femmes n'avaient pas accès à l'éducation. Sans éducation et sans contact avec l'extérieur, en raison de son rang social, elle vécut son enfance et le début de son adolescence repliée sur elle-même.
Mais, parvenue à l'âge de 16 ans, elle alla à la recherche du sens de sa propre vie, ressentant le besoin d'un amour sans limites. Ce fut à travers le dialogue avec son père, que Dieu lui permit de comprendre, de façon mystique, la beauté de Son amour qui s'est manifesté en plénitude dans le Christ crucifié, qui a donné son sang pour nous. Cette expérience fut précisément la source, la force et la motivation qui la conduisirent sur les routes d'Italie pour faire connaître à tous l'amour du Christ. Elle était en effet convaincue que la réforme de la société naît du cœur des personnes, et que celui-ci se transforme lorsqu'il parvient à comprendre à quel point Dieu l'aime.
En 1822, à 17 ans, elle avait déjà constaté la possibilité de cette transformation du cœur en chacun, lorsque Gaspare del Bufalo (canonisé en 1954) alla prêcher à Vallecorsa une mission populaire et qu'elle vit la population transformée par la Parole de Dieu. Ce fut à cette occasion que naquit dans son cœur le désir de l'imiter.
Sous la direction d'un compagnon de saint Gaspare, don Giovanni Merlini, elle fonda, le 4 mars 1834, la Congrégation des « Sœurs adoratrices du Sang du Christ ». Elle avait été appelée à faire l'école aux petites filles par l'Administrateur d'Anagni, Mgr Giuseppe Maria Lais. Elle ne se limita cependant pas à l'école, mais rassembla les mères et les jeunes pour les catéchiser et les éduquer à vivre de façon chrétienne. Les hommes allaient spontanément l'écouter et les bergers de la région, abandonnés à eux-mêmes, lui demandèrent de les instruire. Les gens accouraient pour l'entendre parler.
Elle devint une grande prédicatrice qui fascinait des personnes de tous les milieux. Cette ardeur apostolique attira de nombreux jeunes et, avec eux, elle put ouvrir environ 70 communautés, dont 3 en Allemagne et en Angleterre.
Elle fut appelée à Rome par le Bx Pie IX lui-même (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) pour diriger l'Hospice de Saint-Louis et l'École de Civitavecchia.
À Rome, le 20 août 1866, elle quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
MariaDe Mattias a été béatifiée le Ier octobre 1950 par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et canonisée à Rome, Place Saint Pierre, le 18 mai 2003 par le Bx Jean-Paul II.
Sainte Maria De Mattias
Vierge et fondatrice de la Congrégation des
« Sœurs adoratrices du Sang du Christ »
Maria De Mattias naît le 4 février 1805 à Vallecorsa (Frosinone, Italie), dans une famille profondément chrétienne, qui était également aisée et cultivée. Mais elle ne put pas suivre d'études car, à l'époque, les femmes n'avaient pas accès à l'éducation. Sans éducation et sans contact avec l'extérieur, en raison de son rang social, elle vécut son enfance et le début de son adolescence repliée sur elle-même.
Mais, parvenue à l'âge de 16 ans, elle alla à la recherche du sens de sa propre vie, ressentant le besoin d'un amour sans limites. Ce fut à travers le dialogue avec son père, que Dieu lui permit de comprendre, de façon mystique, la beauté de Son amour qui s'est manifesté en plénitude dans le Christ crucifié, qui a donné son sang pour nous. Cette expérience fut précisément la source, la force et la motivation qui la conduisirent sur les routes d'Italie pour faire connaître à tous l'amour du Christ. Elle était en effet convaincue que la réforme de la société naît du cœur des personnes, et que celui-ci se transforme lorsqu'il parvient à comprendre à quel point Dieu l'aime.
En 1822, à 17 ans, elle avait déjà constaté la possibilité de cette transformation du cœur en chacun, lorsque Gaspare del Bufalo (canonisé en 1954) alla prêcher à Vallecorsa une mission populaire et qu'elle vit la population transformée par la Parole de Dieu. Ce fut à cette occasion que naquit dans son cœur le désir de l'imiter.
Sous la direction d'un compagnon de saint Gaspare, don Giovanni Merlini, elle fonda, le 4 mars 1834, la Congrégation des « Sœurs adoratrices du Sang du Christ ». Elle avait été appelée à faire l'école aux petites filles par l'Administrateur d'Anagni, Mgr Giuseppe Maria Lais. Elle ne se limita cependant pas à l'école, mais rassembla les mères et les jeunes pour les catéchiser et les éduquer à vivre de façon chrétienne. Les hommes allaient spontanément l'écouter et les bergers de la région, abandonnés à eux-mêmes, lui demandèrent de les instruire. Les gens accouraient pour l'entendre parler.
Elle devint une grande prédicatrice qui fascinait des personnes de tous les milieux. Cette ardeur apostolique attira de nombreux jeunes et, avec eux, elle put ouvrir environ 70 communautés, dont 3 en Allemagne et en Angleterre.
Elle fut appelée à Rome par le Bx Pie IX lui-même (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) pour diriger l'Hospice de Saint-Louis et l'École de Civitavecchia.
À Rome, le 20 août 1866, elle quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
MariaDe Mattias a été béatifiée le Ier octobre 1950 par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et canonisée à Rome, Place Saint Pierre, le 18 mai 2003 par le Bx Jean-Paul II.
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Re: Les saints du jour
Le 21 août
Saint Pie X
Joseph Sarto
Pape (257e)
Giuseppe Sarto, tel était son nom, naît à Riese (Trévise, Italie) le 2 juin 1835 et baptisé à la paroisse Saint-Matthieu le lendemain. Après deux ans dans la petite école de Riese, il poursuit ses études primaires à Castelfranco de Vénitie. Il reçoit sa première communion à Riese, aux Pâques 1847 (6 avril).
Il entre au séminaire de Padoue, le 13 novembre 1850, où il reste neuf ans. Tonsuré à la cathédrale d'Asolo, le 20 septembre 1851, il reçoit les deux premiers ordres mineurs en novembre 1856 et les deux autres le 6 juin 1857.
Il est ordonné sous-diacre le 19 septembre 1857 et diacre le 27 février 1858.
Il reçoit l'ordination sacerdotale dans la cathédrale de Castelfranco le 18 septembre 1858 ; célèbre sa première messe, le lendemain, à Riese et, le 29 novembre 1858, prend son poste de vicaire à Tombolo.
Nommé curé de Salzano, le 21 mai 1867, don Giuseppe Sarto quitte sa paroisse le 16 septembre 1875 pour devenir chanoine de Trévise.
Directeur du séminaire et chancelier épiscopal (28 novembre 1875). Primicier de la cathédrale le 12 juin 1879, il est, à la mort de l'évêque, élu par le chapitre vicaire capitulaire (27 novembre 1879).
Nommé à l'évêché de Mantoue en septembre 1884, il est sacré à Rome, dans l'église Saint-Apollinaire, le 23 novembre 1884, et entre à Mantoue le 18 avril 1885.
Créé cardinal du titre de Saint-Bernard des Thermes au Consistoire secret du 12 juin 1893, il est trois jours après promu patriarche de Venise où il ne peut entrer que le 24 novembre 1894 puisque le gouvernent italien n'a donné son exequatur que le 5 septembre 1894.
Elu pape le 4 août 1903, il prend le nom de Pie X, il est couronné le 9 août 1903.
Pie X passa de la terre au ciel durant la nuit entre le 20 et 21 août 1914 ; sa dépouille est déposée dans les Grottes Vaticanes le 23 août 1914.
Pie X a été béatifié le 03 juin 1951 par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et proclamé saint, le 29 mai 1954, par le même Pape.
Catéchèse du pape Benoît XVI
Chers frères et sœurs!
Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la figure de mon prédécesseur, saint Pie X, dont on célébrera samedi prochain la mémoire liturgique, en soulignant certains de ses traits qui peuvent être utiles également pour les pasteurs et les fidèles de notre époque.
Giuseppe Sarto, tel était son nom, né à Riese (Trévise, Italie) en 1835 dans une famille d’agriculteurs, fut ordonné prêtre à l’âge de 23 ans, après des études au séminaire de Padoue. Il fut d’abord vicaire de Tombolo, ensuite curé à Salzano, puis chanoine de la cathédrale de Trévise avec charge de chancelier épiscopal et de directeur spirituel du séminaire diocésain. Au cours de ces années de riche et généreuse expérience pastorale, le futur Souverain Pontife manifesta un profond amour pour le Christ et son Eglise, ainsi que l’humilité, la simplicité et la grande charité envers les personnes les plus indigentes, qui caractérisèrent toute sa vie. En 1884, il fut nommé évêque de Mantoue et en 1893 patriarche de Venise. Le 4 août 1903, il fut élu Pape, ministère qu’il accepta après quelques hésitations, car il ne se considérait pas à la hauteur d’une charge si élevée.
Le pontificat de saint Pie X a laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’Eglise et fut caractérisé par un effort important de réforme, résumé dans la devise Instaurare omnia in Christo, «Renouveler toute chose dans le Christ». En effet, ses interventions bouleversèrent les divers milieux ecclésiaux. Dès le début, il se consacra à la réorganisation de la Curie Romaine; puis il lança les travaux de rédaction du Code de Droit canonique, promulgué par son successeur Benoît XV. Il promut ensuite la révision des études et de l’«iter» de formation des futurs prêtres, en fondant également divers séminaires régionaux, équipés de bibliothèques de qualité, et de professeurs bien préparés. Un autre domaine important fut celui de la formation doctrinale du Peuple de Dieu. Depuis les années où il était curé, il avait rédigé lui-même un catéchisme et au cours de son épiscopat à Mantoue, il avait travaillé afin que l’on parvienne à un catéchisme unique, sinon universel, tout au moins italien. En authentique pasteur, il avait compris que la situation de l’époque, notamment en raison du phénomène de l’émigration, rendait nécessaire un catéchisme auquel chaque fidèle puisse se référer indépendamment du lieu et des circonstances de vie. En tant que Souverain Pontife, il prépara un texte de doctrine chrétienne pour le diocèse de Rome, qui fut diffusé par la suite dans toute l’Italie et le monde. Ce catéchisme appelée «de Pie X» a été pour de nombreuses personnes un guide sûr pour apprendre les vérités de la foi en raison de son langage simple, clair et précis et de sa présentation concrète.
Il consacra une grande attention à la réforme de la Liturgie, en particulier de la musique sacrée, pour conduire les fidèles à une vie de prière plus profonde et à une participation plus pleine aux sacrements. Dans le Motu proprio Parmi les sollicitudes (1903), première année de son pontificat, il affirma que le véritable esprit chrétien a sa source première et indispensable dans la participation active aux sacro-saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Eglise (cf. AAS 36 [1903], 531). C’est pourquoi, il recommanda de s’approcher souvent des sacrements, encourageant la pratique quotidienne de la communion, bien préparés, et anticipant de manière opportune la première communion des enfants vers l’âge de sept ans, «lorsque l’enfant commence à raisonner» (cf. S. Congr. de Sacramentis, Decretum Quam singulari: AAS 2 [1910], 582).
Fidèle à la tâche de confirmer ses frères dans la foi, ssaint Pie X, face à certaines tendances qui se manifestèrent dans le domaine théologique à la fin du XIXe siècle et aux débuts du XXe siècle, intervint avec décision, condamnant le «Modernisme», pour défendre les fidèles de conceptions erronées et promouvoir un approfondissement scientifique de la Révélation, en harmonie avec la Tradition de l’Eglise. Le 7 mai 1909, avec la Lettre apostolique Vinea electa, il fonda l’Institut pontifical biblique. Les derniers mois de sa vie furent assombris par les grondements de la guerre. L’appel aux catholiques du monde, lancé le 2 août 1914 pour exprimer «la douleur aiguë» de l’heure présente, était le cri de souffrance d’un père qui voit ses fils se dresser l’un contre l’autre. Il mourut peu après, le 20 août, et sa réputation de sainteté commença à se diffuser immédiatement au sein du peuple chrétien.
Chers frères et sœurs, saint Pie X nous enseigne à tous qu’à la base de notre action apostolique, dans les différents domaines dans lesquels nous œuvrons, doit toujours se trouver une intime union personnelle avec le Christ, à cultiver et à accroître jour après jour. Ceci est le noyau de tout son enseignement, de tout son engagement pastoral. Ce n’est que si nous aimons le Seigneur, que nous serons capables de conduire les hommes à Dieu et de les ouvrir à son amour miséricordieux et ouvrir ainsi le monde à la miséricorde de Dieu.
Saint Pie X
Joseph Sarto
Pape (257e)
Giuseppe Sarto, tel était son nom, naît à Riese (Trévise, Italie) le 2 juin 1835 et baptisé à la paroisse Saint-Matthieu le lendemain. Après deux ans dans la petite école de Riese, il poursuit ses études primaires à Castelfranco de Vénitie. Il reçoit sa première communion à Riese, aux Pâques 1847 (6 avril).
Il entre au séminaire de Padoue, le 13 novembre 1850, où il reste neuf ans. Tonsuré à la cathédrale d'Asolo, le 20 septembre 1851, il reçoit les deux premiers ordres mineurs en novembre 1856 et les deux autres le 6 juin 1857.
Il est ordonné sous-diacre le 19 septembre 1857 et diacre le 27 février 1858.
Il reçoit l'ordination sacerdotale dans la cathédrale de Castelfranco le 18 septembre 1858 ; célèbre sa première messe, le lendemain, à Riese et, le 29 novembre 1858, prend son poste de vicaire à Tombolo.
Nommé curé de Salzano, le 21 mai 1867, don Giuseppe Sarto quitte sa paroisse le 16 septembre 1875 pour devenir chanoine de Trévise.
Directeur du séminaire et chancelier épiscopal (28 novembre 1875). Primicier de la cathédrale le 12 juin 1879, il est, à la mort de l'évêque, élu par le chapitre vicaire capitulaire (27 novembre 1879).
Nommé à l'évêché de Mantoue en septembre 1884, il est sacré à Rome, dans l'église Saint-Apollinaire, le 23 novembre 1884, et entre à Mantoue le 18 avril 1885.
Créé cardinal du titre de Saint-Bernard des Thermes au Consistoire secret du 12 juin 1893, il est trois jours après promu patriarche de Venise où il ne peut entrer que le 24 novembre 1894 puisque le gouvernent italien n'a donné son exequatur que le 5 septembre 1894.
Elu pape le 4 août 1903, il prend le nom de Pie X, il est couronné le 9 août 1903.
Pie X passa de la terre au ciel durant la nuit entre le 20 et 21 août 1914 ; sa dépouille est déposée dans les Grottes Vaticanes le 23 août 1914.
Pie X a été béatifié le 03 juin 1951 par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) et proclamé saint, le 29 mai 1954, par le même Pape.
Catéchèse du pape Benoît XVI
Chers frères et sœurs!
Je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la figure de mon prédécesseur, saint Pie X, dont on célébrera samedi prochain la mémoire liturgique, en soulignant certains de ses traits qui peuvent être utiles également pour les pasteurs et les fidèles de notre époque.
Giuseppe Sarto, tel était son nom, né à Riese (Trévise, Italie) en 1835 dans une famille d’agriculteurs, fut ordonné prêtre à l’âge de 23 ans, après des études au séminaire de Padoue. Il fut d’abord vicaire de Tombolo, ensuite curé à Salzano, puis chanoine de la cathédrale de Trévise avec charge de chancelier épiscopal et de directeur spirituel du séminaire diocésain. Au cours de ces années de riche et généreuse expérience pastorale, le futur Souverain Pontife manifesta un profond amour pour le Christ et son Eglise, ainsi que l’humilité, la simplicité et la grande charité envers les personnes les plus indigentes, qui caractérisèrent toute sa vie. En 1884, il fut nommé évêque de Mantoue et en 1893 patriarche de Venise. Le 4 août 1903, il fut élu Pape, ministère qu’il accepta après quelques hésitations, car il ne se considérait pas à la hauteur d’une charge si élevée.
Le pontificat de saint Pie X a laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’Eglise et fut caractérisé par un effort important de réforme, résumé dans la devise Instaurare omnia in Christo, «Renouveler toute chose dans le Christ». En effet, ses interventions bouleversèrent les divers milieux ecclésiaux. Dès le début, il se consacra à la réorganisation de la Curie Romaine; puis il lança les travaux de rédaction du Code de Droit canonique, promulgué par son successeur Benoît XV. Il promut ensuite la révision des études et de l’«iter» de formation des futurs prêtres, en fondant également divers séminaires régionaux, équipés de bibliothèques de qualité, et de professeurs bien préparés. Un autre domaine important fut celui de la formation doctrinale du Peuple de Dieu. Depuis les années où il était curé, il avait rédigé lui-même un catéchisme et au cours de son épiscopat à Mantoue, il avait travaillé afin que l’on parvienne à un catéchisme unique, sinon universel, tout au moins italien. En authentique pasteur, il avait compris que la situation de l’époque, notamment en raison du phénomène de l’émigration, rendait nécessaire un catéchisme auquel chaque fidèle puisse se référer indépendamment du lieu et des circonstances de vie. En tant que Souverain Pontife, il prépara un texte de doctrine chrétienne pour le diocèse de Rome, qui fut diffusé par la suite dans toute l’Italie et le monde. Ce catéchisme appelée «de Pie X» a été pour de nombreuses personnes un guide sûr pour apprendre les vérités de la foi en raison de son langage simple, clair et précis et de sa présentation concrète.
Il consacra une grande attention à la réforme de la Liturgie, en particulier de la musique sacrée, pour conduire les fidèles à une vie de prière plus profonde et à une participation plus pleine aux sacrements. Dans le Motu proprio Parmi les sollicitudes (1903), première année de son pontificat, il affirma que le véritable esprit chrétien a sa source première et indispensable dans la participation active aux sacro-saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Eglise (cf. AAS 36 [1903], 531). C’est pourquoi, il recommanda de s’approcher souvent des sacrements, encourageant la pratique quotidienne de la communion, bien préparés, et anticipant de manière opportune la première communion des enfants vers l’âge de sept ans, «lorsque l’enfant commence à raisonner» (cf. S. Congr. de Sacramentis, Decretum Quam singulari: AAS 2 [1910], 582).
Fidèle à la tâche de confirmer ses frères dans la foi, ssaint Pie X, face à certaines tendances qui se manifestèrent dans le domaine théologique à la fin du XIXe siècle et aux débuts du XXe siècle, intervint avec décision, condamnant le «Modernisme», pour défendre les fidèles de conceptions erronées et promouvoir un approfondissement scientifique de la Révélation, en harmonie avec la Tradition de l’Eglise. Le 7 mai 1909, avec la Lettre apostolique Vinea electa, il fonda l’Institut pontifical biblique. Les derniers mois de sa vie furent assombris par les grondements de la guerre. L’appel aux catholiques du monde, lancé le 2 août 1914 pour exprimer «la douleur aiguë» de l’heure présente, était le cri de souffrance d’un père qui voit ses fils se dresser l’un contre l’autre. Il mourut peu après, le 20 août, et sa réputation de sainteté commença à se diffuser immédiatement au sein du peuple chrétien.
Chers frères et sœurs, saint Pie X nous enseigne à tous qu’à la base de notre action apostolique, dans les différents domaines dans lesquels nous œuvrons, doit toujours se trouver une intime union personnelle avec le Christ, à cultiver et à accroître jour après jour. Ceci est le noyau de tout son enseignement, de tout son engagement pastoral. Ce n’est que si nous aimons le Seigneur, que nous serons capables de conduire les hommes à Dieu et de les ouvrir à son amour miséricordieux et ouvrir ainsi le monde à la miséricorde de Dieu.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Le 21 août
Bx Władysław Findysz
Prêtre et martyr
Biographie
Władysław Findysz a été béatifié le 19 juin 2005, à Varsovie, par le card. Jozef Glemp, primat de Pologne, qui représentait le Pape Benoît XVI.
Ladislas Findysz, fils de Stanislas Findysz et de Apolline Rachwał, paysans de vieille tradition catholique, naît à Krościenko Niżne près de Krosno en Pologne le 13 décembre 1907.
En 1919 il termine l’école élémentaire tenue par les Sœurs féliciennes (CSSF) à Krościenko Niżne puis entre au lycée d’État. Jeune lycéen, il devient membre de la Congrégation mariale. En mai 1927, il subit avec succès les examens du baccalauréat et prend part à la retraite spirituelle organisée pour les bacheliers. En automne 1927, il entre au Grand Séminaire à Przemyśl et commence les études de philosophie et de théologie. Sa formation au sacerdoce s’effectue sous la direction du Recteur, le bienheureux abbé Jean Balicki. Son ordination sacerdotale, reçue le 19 juin 1932 en la cathédrale de Przemyśl des mains de l’évêque du diocèse Monseigneur Anatole Nowak, est comme le couronnement de cette période de formation. Après un mois de vacances, le 1er août 1932, l’abbé Findysz assume la fonction de second vicaire dans la paroisse de Borysław (aujourd’hui en Ukraine). Nommé vicaire de la paroisse de Drohobycz (aujourd’hui en Ukraine) le 17 septembre 1935, il est transféré à la paroisse de Strzyżów dont il est nommé administrateur le 22 septembre 1939. Par la suite, il reçoit sa nomination de vicaire à Jasło le 10 octobre 1940 et, le 8 juillet 1941, celle d’administrateur de la paroisse de Nowy Żmigród. Au bout d’un an, le 13 août 1942, il est nommé curé de cette même paroisse.
Partagé entre un travail pastoral assidu et les douloureuses expériences de ce temps de guerre, l’abbé Ladislas connaît alors trois années d’intense vie pastorale à Nowy Żmigród. Le 3 octobre 1944, tout comme l’ensemble des habitants, il est expulsé par les Allemands. A son retour, le 23 janvier 1945, il se consacre à la réorganisation de sa paroisse.
Dans l’après-guerre, sous le régime communiste, son activité pastorale est rendue difficile. L’abbé Findysz poursuit l’œuvre de régénérescence spirituelle et morale de sa paroisse et s’emploie à protéger les fidèles, en particuliers les jeunes, de l’athéisme communiste massivement et systématiquement professé; il vient aussi en aide, au besoin matériellement, à tous les habitants de la paroisse, indépendamment de leur nationalité ou de leur confession; il secourt de nombreuses familles d’origine Łemki (des gréco catholiques) sévèrement persécutées par les autorités communistes et menacées d’être expulsées sans ménagement de leurs lieux de résidence. Le travail pastoral de l’abbé Findysz s’avère des plus gênants pour les autorités communistes. Jusqu’en 1946, il est surveillé par les services secrets. En 1952, les autorités académiques lui interdisent d’enseigner le catéchisme au lycée. Il ne peut non plus se consacrer à l’ensemble du territoire de sa paroisse puisque les Autorités du secteur repoussent par deux fois au moins (en 1952 et 1954) sa demande de permis de séjour dans la zone frontalière où est située une fraction de sa paroisse.
Quant à elles, les Autorités ecclésiastiques le considèrent comme un curé plein de zèle: il est honoré de l’Expositorio Canonicali en 1946, du Rochet et de la Mantelleta en 1957, année où il est nommé vice doyen et enfin, en 1962, doyen du Doyenné de Nowy Żmigród .
En 1963 débute pour lui l’activité pastorale liée aux «œuvres conciliaires de bonté» (pour la promotion spirituelle du Concile Vatican II). Par l’envoi de lettres pressantes à ceux de ses paroissiens menant une vie religieuse et morale désordonnée, il les exhorte et les encourage à revenir à la vie chrétienne. Les Autorités communistes répondent à cette démarche par une grande sévérité et l’accusent de contraindre les fidèles à pratiquer et à assister aux rites religieux. Interrogé par la Procure de la Voïvodie à Rzeszów le 25 novembre 1963, il est arrêté et conduit à la prison du Château de Rzeszów. Son procès se déroule les 16 et 17 décembre 1963 devant le tribunal de la Voïvodie à Rzeszów au terme duquel est prononcé le verdict le condamnant à deux ans et six mois de réclusion. La motivation de l’enquête, de l’inculpation et de la condamnation était fondée sur le Décret relatif à la protection de la liberté de conscience et de religion du 5 août 1949, en réalité un simple instrument dans les mains des autorités communistes pour limiter et éliminer la foi et l’Eglise catholique de la vie publique et privée en Pologne. L’abbé Findysz fut aussi publiquement discrédité, calomnié et condamné au travers de campagnes de presse. Il est incarcéré dans la même prison du Château de Rzeszów où il est soumis à des mauvais traitements et des humiliations physiques, psychiques et spirituelles. Puis il est transféré à la Prison Centrale, rue Montelupich à Cracovie, le 25 janvier 1964.
Peu avant d’être arrêté (en septembre 1963), l’abbé Findysz, subit une lourde intervention chirurgicale pour l’ablation de la glande tyroïde à l’hôpital de Gorlice. Son état de santé demeure incertain en raison de possibles complications. Il passe sa convalescence sous traitement et sous surveillance médicale dans l’attente d’une seconde intervention, prévue pour le mois de décembre de la même année, dans le but, cette fois, de résorber une tumeur de l’œsophage. Sans aucun doute, l’enquête, le procès et les épreuves de l’incarcération influent sur le développement de la maladie de l’abbé Findysz qui doit être admis à l’hôpital de la prison. Sa santé ne présente pourtant aucun signe substantiel d’amélioration par manque de traitements et de médecins spécialistes mais surtout en raison de l’impossibilité de pratiquer l’intervention chirurgicale à l’œsophage et à l’estomac. Concrètement, il est condamné à une mort à petit feu. La maladie progresse de manière continue comme l’attestent les examens pratiqués dans les différents hôpitaux des prisons de Rzeszów et de Cracovie. Au vu du compte rendu des premiers examens (du 9 décembre 1963), le médecin de la prison avait déjà constaté la progression dans la gorge et la suspicion d’une possible tumeur à l’œsophage.
Dès l’annonce de sa condamnation à la détention carcérale, tant son avocat que la Curie épiscopale de Przemysl présentent des recours devant la procure et le tribunal de Rzeszów afin de suspendre l’application de la sentence en raison de la santé précaire du l’abbé Findysz dont la vie est directement menacée. Les requêtes, plusieurs fois rejetées, ne sont finalement accueillies par le Tribunal Suprême de Varsovie qu’à la fin du mois de février 1964.
Etant donné la gravité de son état, l’abbé Ladislas est conduit de la prison jusqu’à Nowy Żmigród le 29 février 1964. Il vit au presbytère avec grande patience et soumission à la volonté de Dieu, supportant les affres de la maladie et de l’épuisement. Il est admis en avril à l’hôpital spécialisé de Wrocław. Malgré les traitements, les examens cliniques confirment le diagnostique de tumeur située entre l’œsophage et l’estomac. Les investigations, les observations faites à l’hôpital et les examens complémentaires confirment qu’en raison de son stade avancé, cette tumeur ne saurait faire l’objet d’aucune intervention chirurgicale. Affaibli par de l’emphysème pulmonaire qui entraîne une rechute caractérisée par une forte anémie qui devait le conduire vers la mort, l’abbé Findysz rentre chez lui.
Durant les mois d’été, il participe à la retraite spirituelle pour les prêtres donnée au Grand Séminaire de Przemyśl: c’est là sa dernière retraite pour se préparer à la mort.
Au matin du 21 août 1964, après avoir reçu les derniers Sacrements, il décède au presbytère de Nowy Żmigród et est enterré le 24 août dans le cimetière paroissial de cette même localité. Ses obsèques sont présidées par Monseigneur Stanislas Jakiel, Evêque auxiliaire du diocèse de Przemyśl, avec le concours de 130 prêtres et de nombreux fidèles.
Le 27 juin 2000, l’Évêque de Rzeszów, Monseigneur Kazimierz Górny, suite aux nombreuses pétitions des fidèles, ouvre l’enquête canonique en vue de la béatification du Ladislas Findysz.
Les actes du procès diocésain ont été envoyés à Rome à la Congrégation pour la Cause des Saints le 18 octobre 2002. Durant l’étape romaine de la cause de béatification, les Théologiens Consulteurs puis les Cardinaux, Archevêques et Évêques, Membres de la Congrégation, ont reconnu que l’abbé Ladislas Findysz, a été arrêté et condamné par les autorités communistes en raison de l’annonce de l’Évangile et que son incarcération comme les souffrances physiques et spirituelles qui lui furent infligées ont causé sa mort. Pour toutes ces raisons, il convenait de reconnaître l’abbé Findysz martyre de la foi. Cette motion fut présentée au Saint Père qui a bien voulu l’approuver. Le 20 décembre 2004, en présence de Sa Sainteté Jean Paul II, le décret de la Congrégation pour la Cause des Saints reconnaissant l’abbé Ladislas Findysz martyre de la foi a été promulgué.
Cette cause de béatification, désormais conclue, est la première relative au martyre d’un Serviteur de Dieu, victime du régime communiste en Pologne. En outre, il s’agit de la première cause de béatification instruite par le diocèse de Rzeszów.
Bx Władysław Findysz
Prêtre et martyr
Biographie
Władysław Findysz a été béatifié le 19 juin 2005, à Varsovie, par le card. Jozef Glemp, primat de Pologne, qui représentait le Pape Benoît XVI.
Ladislas Findysz, fils de Stanislas Findysz et de Apolline Rachwał, paysans de vieille tradition catholique, naît à Krościenko Niżne près de Krosno en Pologne le 13 décembre 1907.
En 1919 il termine l’école élémentaire tenue par les Sœurs féliciennes (CSSF) à Krościenko Niżne puis entre au lycée d’État. Jeune lycéen, il devient membre de la Congrégation mariale. En mai 1927, il subit avec succès les examens du baccalauréat et prend part à la retraite spirituelle organisée pour les bacheliers. En automne 1927, il entre au Grand Séminaire à Przemyśl et commence les études de philosophie et de théologie. Sa formation au sacerdoce s’effectue sous la direction du Recteur, le bienheureux abbé Jean Balicki. Son ordination sacerdotale, reçue le 19 juin 1932 en la cathédrale de Przemyśl des mains de l’évêque du diocèse Monseigneur Anatole Nowak, est comme le couronnement de cette période de formation. Après un mois de vacances, le 1er août 1932, l’abbé Findysz assume la fonction de second vicaire dans la paroisse de Borysław (aujourd’hui en Ukraine). Nommé vicaire de la paroisse de Drohobycz (aujourd’hui en Ukraine) le 17 septembre 1935, il est transféré à la paroisse de Strzyżów dont il est nommé administrateur le 22 septembre 1939. Par la suite, il reçoit sa nomination de vicaire à Jasło le 10 octobre 1940 et, le 8 juillet 1941, celle d’administrateur de la paroisse de Nowy Żmigród. Au bout d’un an, le 13 août 1942, il est nommé curé de cette même paroisse.
Partagé entre un travail pastoral assidu et les douloureuses expériences de ce temps de guerre, l’abbé Ladislas connaît alors trois années d’intense vie pastorale à Nowy Żmigród. Le 3 octobre 1944, tout comme l’ensemble des habitants, il est expulsé par les Allemands. A son retour, le 23 janvier 1945, il se consacre à la réorganisation de sa paroisse.
Dans l’après-guerre, sous le régime communiste, son activité pastorale est rendue difficile. L’abbé Findysz poursuit l’œuvre de régénérescence spirituelle et morale de sa paroisse et s’emploie à protéger les fidèles, en particuliers les jeunes, de l’athéisme communiste massivement et systématiquement professé; il vient aussi en aide, au besoin matériellement, à tous les habitants de la paroisse, indépendamment de leur nationalité ou de leur confession; il secourt de nombreuses familles d’origine Łemki (des gréco catholiques) sévèrement persécutées par les autorités communistes et menacées d’être expulsées sans ménagement de leurs lieux de résidence. Le travail pastoral de l’abbé Findysz s’avère des plus gênants pour les autorités communistes. Jusqu’en 1946, il est surveillé par les services secrets. En 1952, les autorités académiques lui interdisent d’enseigner le catéchisme au lycée. Il ne peut non plus se consacrer à l’ensemble du territoire de sa paroisse puisque les Autorités du secteur repoussent par deux fois au moins (en 1952 et 1954) sa demande de permis de séjour dans la zone frontalière où est située une fraction de sa paroisse.
Quant à elles, les Autorités ecclésiastiques le considèrent comme un curé plein de zèle: il est honoré de l’Expositorio Canonicali en 1946, du Rochet et de la Mantelleta en 1957, année où il est nommé vice doyen et enfin, en 1962, doyen du Doyenné de Nowy Żmigród .
En 1963 débute pour lui l’activité pastorale liée aux «œuvres conciliaires de bonté» (pour la promotion spirituelle du Concile Vatican II). Par l’envoi de lettres pressantes à ceux de ses paroissiens menant une vie religieuse et morale désordonnée, il les exhorte et les encourage à revenir à la vie chrétienne. Les Autorités communistes répondent à cette démarche par une grande sévérité et l’accusent de contraindre les fidèles à pratiquer et à assister aux rites religieux. Interrogé par la Procure de la Voïvodie à Rzeszów le 25 novembre 1963, il est arrêté et conduit à la prison du Château de Rzeszów. Son procès se déroule les 16 et 17 décembre 1963 devant le tribunal de la Voïvodie à Rzeszów au terme duquel est prononcé le verdict le condamnant à deux ans et six mois de réclusion. La motivation de l’enquête, de l’inculpation et de la condamnation était fondée sur le Décret relatif à la protection de la liberté de conscience et de religion du 5 août 1949, en réalité un simple instrument dans les mains des autorités communistes pour limiter et éliminer la foi et l’Eglise catholique de la vie publique et privée en Pologne. L’abbé Findysz fut aussi publiquement discrédité, calomnié et condamné au travers de campagnes de presse. Il est incarcéré dans la même prison du Château de Rzeszów où il est soumis à des mauvais traitements et des humiliations physiques, psychiques et spirituelles. Puis il est transféré à la Prison Centrale, rue Montelupich à Cracovie, le 25 janvier 1964.
Peu avant d’être arrêté (en septembre 1963), l’abbé Findysz, subit une lourde intervention chirurgicale pour l’ablation de la glande tyroïde à l’hôpital de Gorlice. Son état de santé demeure incertain en raison de possibles complications. Il passe sa convalescence sous traitement et sous surveillance médicale dans l’attente d’une seconde intervention, prévue pour le mois de décembre de la même année, dans le but, cette fois, de résorber une tumeur de l’œsophage. Sans aucun doute, l’enquête, le procès et les épreuves de l’incarcération influent sur le développement de la maladie de l’abbé Findysz qui doit être admis à l’hôpital de la prison. Sa santé ne présente pourtant aucun signe substantiel d’amélioration par manque de traitements et de médecins spécialistes mais surtout en raison de l’impossibilité de pratiquer l’intervention chirurgicale à l’œsophage et à l’estomac. Concrètement, il est condamné à une mort à petit feu. La maladie progresse de manière continue comme l’attestent les examens pratiqués dans les différents hôpitaux des prisons de Rzeszów et de Cracovie. Au vu du compte rendu des premiers examens (du 9 décembre 1963), le médecin de la prison avait déjà constaté la progression dans la gorge et la suspicion d’une possible tumeur à l’œsophage.
Dès l’annonce de sa condamnation à la détention carcérale, tant son avocat que la Curie épiscopale de Przemysl présentent des recours devant la procure et le tribunal de Rzeszów afin de suspendre l’application de la sentence en raison de la santé précaire du l’abbé Findysz dont la vie est directement menacée. Les requêtes, plusieurs fois rejetées, ne sont finalement accueillies par le Tribunal Suprême de Varsovie qu’à la fin du mois de février 1964.
Etant donné la gravité de son état, l’abbé Ladislas est conduit de la prison jusqu’à Nowy Żmigród le 29 février 1964. Il vit au presbytère avec grande patience et soumission à la volonté de Dieu, supportant les affres de la maladie et de l’épuisement. Il est admis en avril à l’hôpital spécialisé de Wrocław. Malgré les traitements, les examens cliniques confirment le diagnostique de tumeur située entre l’œsophage et l’estomac. Les investigations, les observations faites à l’hôpital et les examens complémentaires confirment qu’en raison de son stade avancé, cette tumeur ne saurait faire l’objet d’aucune intervention chirurgicale. Affaibli par de l’emphysème pulmonaire qui entraîne une rechute caractérisée par une forte anémie qui devait le conduire vers la mort, l’abbé Findysz rentre chez lui.
Durant les mois d’été, il participe à la retraite spirituelle pour les prêtres donnée au Grand Séminaire de Przemyśl: c’est là sa dernière retraite pour se préparer à la mort.
Au matin du 21 août 1964, après avoir reçu les derniers Sacrements, il décède au presbytère de Nowy Żmigród et est enterré le 24 août dans le cimetière paroissial de cette même localité. Ses obsèques sont présidées par Monseigneur Stanislas Jakiel, Evêque auxiliaire du diocèse de Przemyśl, avec le concours de 130 prêtres et de nombreux fidèles.
Le 27 juin 2000, l’Évêque de Rzeszów, Monseigneur Kazimierz Górny, suite aux nombreuses pétitions des fidèles, ouvre l’enquête canonique en vue de la béatification du Ladislas Findysz.
Les actes du procès diocésain ont été envoyés à Rome à la Congrégation pour la Cause des Saints le 18 octobre 2002. Durant l’étape romaine de la cause de béatification, les Théologiens Consulteurs puis les Cardinaux, Archevêques et Évêques, Membres de la Congrégation, ont reconnu que l’abbé Ladislas Findysz, a été arrêté et condamné par les autorités communistes en raison de l’annonce de l’Évangile et que son incarcération comme les souffrances physiques et spirituelles qui lui furent infligées ont causé sa mort. Pour toutes ces raisons, il convenait de reconnaître l’abbé Findysz martyre de la foi. Cette motion fut présentée au Saint Père qui a bien voulu l’approuver. Le 20 décembre 2004, en présence de Sa Sainteté Jean Paul II, le décret de la Congrégation pour la Cause des Saints reconnaissant l’abbé Ladislas Findysz martyre de la foi a été promulgué.
Cette cause de béatification, désormais conclue, est la première relative au martyre d’un Serviteur de Dieu, victime du régime communiste en Pologne. En outre, il s’agit de la première cause de béatification instruite par le diocèse de Rzeszów.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
"...fut aussi publiquement discrédité, calomnié et condamné au travers de campagnes de presse (...) il est soumis à des mauvais traitements et des humiliations physiques, psychiques et spirituelles".
Toujours les même procédés.
Le démon ne change pas de disque.
Toujours les même procédés.
Le démon ne change pas de disque.
Christusvincit- Date d'inscription : 13/08/2014
Re: Les saints du jour
Vendredi le 22 août
Saint Symphorien
Martyr
(† IIIe ou IV siècle)
Symphorien, né à Autun, appartenait à l'une des familles de cette ville les plus illustres par ses ancêtres, par ses richesses et par ses fonctions. Il resta pur au milieu des dangers de la jeunesse ; avec le rayonnement de la vertu, son beau front reflétait la noblesse et l'intelligence ; il était déjà l'ornement de la cité.
Un jour que le peuple, en grande partie païen, célébrait la fête de la déesse Cybèle, Symphorien témoigna hautement son mépris pour ces démonstrations ridicules et refusa de joindre ses hommages à ceux de la foule. Il n'en fallait pas davantage pour être saisi et traîné devant les tribunaux :
« Déclare ton nom et ta condition, lui dit le juge.
- Je m'appelle Symphorien, et je suis chrétien.
- Pourquoi n'as-tu pas voulu adorer la déesse ?
- Je n'adore que le Dieu vivant; quant à votre déesse, donnez-moi un marteau, et je la briserai en mille pièces.
- Si tu ne veux pas obéir à l'édit des empereurs, tu paieras ta révolte de ton sang.
- Dieu punit les méchants, mais Il récompense les justes en proportion de leurs mérites ; je n'ai donc point lieu de craindre tes supplices ; plus je souffrirai, plus ma couronne sera belle. »
Après une sanglante flagellation, le jeune martyr fut jeté dans un noir cachot ; quelques jours après, non seulement on ne le trouva pas amolli, mais il se montra plus ferme encore. Comme le juge l'exhortait à sacrifier aux idoles :
« Ne perdez pas votre temps en discours vains et frivoles » lui dit Symphorien.
Le juge insistant, pour le flatter, sur les honneurs qui l'attendaient : « Les biens des chrétiens, dit-il, leurs honneurs, ne sont pas de ce monde; le monde passe comme une ombre ; Dieu seul donne le vrai bonheur.
- Obéis, dit le juge furieux, ou je te condamne à mort !
- Je crains Dieu seul ; vous avez pouvoir sur mon corps, mais vous ne pouvez rien sur mon âme.
- Symphorien, vous êtes condamné à périr par le glaive ! »
C'est alors qu'eut lieu une scène sublime. La mère du jeune martyr avait assisté à sa glorieuse confession de foi; elle voulait assister à son couronnement et suivit le cortège jusqu'aux murailles de la cité, près du lieu où devait s'accomplir le sacrifice. Là, du haut des remparts, cette femme, digne émule de la mère des Macchabées, fit entendre à son fils cette exhortation touchante :
« Courage, mon fils, courage, la mort nous conduit à la vie. Regardez en haut, mon enfant, regardez Celui qui règne au Ciel ! »
Fortifié par ces paroles, le jeune chrétien livra sans hésiter sa tête au fer du bourreau.
Saint Philippe Benizi
Prêtre o.s.m.
(1233-1285)
Filippo Benizi est originaire d'une des plus nobles familles de Florence. À peine âgé d'un an, il s'écria, à la vue de quelques frères Servites : « Ce sont là les serviteurs de la Vierge Marie ! »
Tout lui souriait : après ses brillantes études de médecine, un bel avenir s'ouvrait devant lui ; mais la grâce l'appelait à de plus grandes choses, et il entra dans l'Ordre des Servites. Il y fut reçu comme frère convers, grâce à son humilité, qui lui fit déguiser ses talents ; mais son mérite, bientôt découvert, ne tarda pas à changer les sentiments de ses supérieurs.
Au jour de sa première Messe, toute l'assemblée entendit distinctement des voix célestes chanter : Sanctus, Sanctus, Sanctus... Après avoir passé par toutes les dignités secondaires, il fut élu à l'unanimité supérieur général de son Ordre.
Sous sa direction, l'Ordre des Servites, encore peu répandu, prit bien vite un développement extraordinaire. À la mort du pape Clément IV (Guy Foulques, 1265-1268), les suffrages des cardinaux se portèrent sur l'humble religieux, et il n'échappa à cet honneur suprême qu'en prenant la fuite dans les montagnes. Là il attendit l'élection du Pape en se livrant à tous les exercices de la vie la plus austère. Le jeûne était sa nourriture, les veilles son soulagement et son repos, l'entretien avec Dieu sa récréation et son divertissement. Il ne mangeait point de pain, mais seulement des herbes sauvages, et ne buvait que de l'eau ; encore lui manqua-t-elle bientôt. La Providence vint alors à son secours, car il frappa trois fois la terre de son bâton, et il en sortit une fontaine abondante, devenue depuis doublement miraculeuse par les guérisons qui s'y sont opérées.
Au sortir de sa retraite profonde, Philippe, sous l'inspiration de Dieu, parcourut les pays d'Europe, y fondant des établissements de Servites et laissant sous ses pas la trace d'innombrables merveilles. Parmi ses miracles, on signale le suivant : Un jour un pauvre lépreux vint lui demander l'aumône. « Je n'ai ni or ni argent, lui dit-il, mais ce que j'ai je vous le donne. » Et à l'instant, quittant son manteau, il en vêtit le pauvre lépreux, qui fut aussitôt guéri.
Les travaux et les pénitences avaient usé avant l'âge le corps de Philippe. C'est à son monastère de Todi qu'il alla mourir. En y arrivant : « C'est ici le lieu de mon repos à jamais » dit-il. Le lendemain, fête de l'Assomption, la fièvre le prit ; huit jours après, il mourut en demandant son Crucifix.
Saint Symphorien
Martyr
(† IIIe ou IV siècle)
Symphorien, né à Autun, appartenait à l'une des familles de cette ville les plus illustres par ses ancêtres, par ses richesses et par ses fonctions. Il resta pur au milieu des dangers de la jeunesse ; avec le rayonnement de la vertu, son beau front reflétait la noblesse et l'intelligence ; il était déjà l'ornement de la cité.
Un jour que le peuple, en grande partie païen, célébrait la fête de la déesse Cybèle, Symphorien témoigna hautement son mépris pour ces démonstrations ridicules et refusa de joindre ses hommages à ceux de la foule. Il n'en fallait pas davantage pour être saisi et traîné devant les tribunaux :
« Déclare ton nom et ta condition, lui dit le juge.
- Je m'appelle Symphorien, et je suis chrétien.
- Pourquoi n'as-tu pas voulu adorer la déesse ?
- Je n'adore que le Dieu vivant; quant à votre déesse, donnez-moi un marteau, et je la briserai en mille pièces.
- Si tu ne veux pas obéir à l'édit des empereurs, tu paieras ta révolte de ton sang.
- Dieu punit les méchants, mais Il récompense les justes en proportion de leurs mérites ; je n'ai donc point lieu de craindre tes supplices ; plus je souffrirai, plus ma couronne sera belle. »
Après une sanglante flagellation, le jeune martyr fut jeté dans un noir cachot ; quelques jours après, non seulement on ne le trouva pas amolli, mais il se montra plus ferme encore. Comme le juge l'exhortait à sacrifier aux idoles :
« Ne perdez pas votre temps en discours vains et frivoles » lui dit Symphorien.
Le juge insistant, pour le flatter, sur les honneurs qui l'attendaient : « Les biens des chrétiens, dit-il, leurs honneurs, ne sont pas de ce monde; le monde passe comme une ombre ; Dieu seul donne le vrai bonheur.
- Obéis, dit le juge furieux, ou je te condamne à mort !
- Je crains Dieu seul ; vous avez pouvoir sur mon corps, mais vous ne pouvez rien sur mon âme.
- Symphorien, vous êtes condamné à périr par le glaive ! »
C'est alors qu'eut lieu une scène sublime. La mère du jeune martyr avait assisté à sa glorieuse confession de foi; elle voulait assister à son couronnement et suivit le cortège jusqu'aux murailles de la cité, près du lieu où devait s'accomplir le sacrifice. Là, du haut des remparts, cette femme, digne émule de la mère des Macchabées, fit entendre à son fils cette exhortation touchante :
« Courage, mon fils, courage, la mort nous conduit à la vie. Regardez en haut, mon enfant, regardez Celui qui règne au Ciel ! »
Fortifié par ces paroles, le jeune chrétien livra sans hésiter sa tête au fer du bourreau.
Saint Philippe Benizi
Prêtre o.s.m.
(1233-1285)
Filippo Benizi est originaire d'une des plus nobles familles de Florence. À peine âgé d'un an, il s'écria, à la vue de quelques frères Servites : « Ce sont là les serviteurs de la Vierge Marie ! »
Tout lui souriait : après ses brillantes études de médecine, un bel avenir s'ouvrait devant lui ; mais la grâce l'appelait à de plus grandes choses, et il entra dans l'Ordre des Servites. Il y fut reçu comme frère convers, grâce à son humilité, qui lui fit déguiser ses talents ; mais son mérite, bientôt découvert, ne tarda pas à changer les sentiments de ses supérieurs.
Au jour de sa première Messe, toute l'assemblée entendit distinctement des voix célestes chanter : Sanctus, Sanctus, Sanctus... Après avoir passé par toutes les dignités secondaires, il fut élu à l'unanimité supérieur général de son Ordre.
Sous sa direction, l'Ordre des Servites, encore peu répandu, prit bien vite un développement extraordinaire. À la mort du pape Clément IV (Guy Foulques, 1265-1268), les suffrages des cardinaux se portèrent sur l'humble religieux, et il n'échappa à cet honneur suprême qu'en prenant la fuite dans les montagnes. Là il attendit l'élection du Pape en se livrant à tous les exercices de la vie la plus austère. Le jeûne était sa nourriture, les veilles son soulagement et son repos, l'entretien avec Dieu sa récréation et son divertissement. Il ne mangeait point de pain, mais seulement des herbes sauvages, et ne buvait que de l'eau ; encore lui manqua-t-elle bientôt. La Providence vint alors à son secours, car il frappa trois fois la terre de son bâton, et il en sortit une fontaine abondante, devenue depuis doublement miraculeuse par les guérisons qui s'y sont opérées.
Au sortir de sa retraite profonde, Philippe, sous l'inspiration de Dieu, parcourut les pays d'Europe, y fondant des établissements de Servites et laissant sous ses pas la trace d'innombrables merveilles. Parmi ses miracles, on signale le suivant : Un jour un pauvre lépreux vint lui demander l'aumône. « Je n'ai ni or ni argent, lui dit-il, mais ce que j'ai je vous le donne. » Et à l'instant, quittant son manteau, il en vêtit le pauvre lépreux, qui fut aussitôt guéri.
Les travaux et les pénitences avaient usé avant l'âge le corps de Philippe. C'est à son monastère de Todi qu'il alla mourir. En y arrivant : « C'est ici le lieu de mon repos à jamais » dit-il. Le lendemain, fête de l'Assomption, la fièvre le prit ; huit jours après, il mourut en demandant son Crucifix.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Le 23 août
Saints Claude, Astèrius et Néon
Martyrs à Égée, en Cilicie († v. 303)
Claude, Astérius et Néon perdirent leur mère et furent sous la tutelle de la seconde femme de leur père lorsque celui-ci mourut à son tour. Pour s'emparer des biens qui leur étaient dévolus, elle les dénonça comme chrétiens.
Les gouverneurs suivaient impunément leurs humeurs, ou leurs haines particulières, et faisaient valoir au besoin les anciens édits.
Lysias se signala en ce genre dans son gouvernement de Cilicie. Son zèle impie le poussa jusqu'à interroger lui-même Claude, Astérius et Néon.
Claude fut présenté le premier, et demeura inébranlable. Le proconsul le fit pendre au chevalet, ordonna qu'on lui appliquât le feu sous les pieds, qu'on lui coupât des morceaux de chair aux talons, et qu'on les lui mît sous les yeux. « Il n'est point de perte affligeante, dit-il en les voyant, pour ceux qui aiment Dieu. Ces maux apparents sont les arrhes des biens éternels. » Lysias commanda de le déchirer avec les ongles de fer, de frotter ses plaies avec des morceaux raboteux de pots cassés, de leur appliquer des torches ardentes. Tout fut inutile, et l'on reconduisit Claude en prison.
Astérius fut traité de la même manière, et marqua la même constance. Comme Néon était fort jeune, le proconsul en espéra davantage, mais la force de la grâce n'en parut qu'avec plus d'éclat. Toutes les tortures ne servant enfin qu'à couvrir le tyran de confusion, on conduisit les trois frères hors de la ville pour y être crucifiés.
Sainte Rose de Lima
Vierge
(1586-1617)
Rose naît à Lima, au Pérou, le 20 avril 1586, et reçut au Baptême le nom d´Isabelle. Sa mère, penchée sur son berceau, ayant cru apercevoir une rose épanouie sur son visage, s´écria : « Désormais, tu seras ma ‘Rose’ », changement de nom qui fut confirmé par la Sainte Vierge dans une vision qu´eut plus tard la jeune fille.
La vie de cette petite Sainte a été une suite ininterrompue de souffrances volontairement acceptées et héroïquement supportées. Dès son bas âge, Rose comprit que la vraie sainteté consiste avant tout à accomplir ses devoirs d´état. Une source de difficultés lui vint de concilier l´obéissance à ses parents avec la fidélité aux appels intérieurs dont le Ciel la favorisait. Elle s'ingénia à trouver le moyen d'obéir à la fois à Dieu et à sa mère. Décidée à ne chercher à plaire à personne qu'à Dieu, elle portait néanmoins une couronne de fleurs imposée par sa mère ; mais elle sut y cacher à l'intérieure une aiguille qui faisait de cet ornement un instrument de supplice.
À l´exemple de sainte Catherine de Sienne, Rose se voua à une vie de pénitence. Dès son enfance, elle s´exerça au jeûne et put le pratiquer à un degré héroïque. Elle ne mangeait jamais de fruits. À six ans, elle jeûnait le vendredi et le samedi. À quinze ans, elle fit vœu de ne jamais manger de viande. À 20 ans, elle prend l'habit des tertiaires dominicaines. Plus tard, elle ne mangea qu´une soupe faite de pain et d´eau, sans sel ni autre assaisonnement. Toutes les nuits, elle se frappait cruellement avec des chaînettes de fer, s´offrant à Dieu comme une victime sanglante pour l'Église, l'État, les âmes du purgatoire et les pécheurs. Non contente du lit de planches sur lequel elle reposa longtemps, elle se fit un lit avec des morceaux de bois liés avec des cordes ; elle remplit les intervalles avec des fragments de tuiles et de vaisselle, les acuités tournées vers le haut. Rose coucha sur ce lit pendant les seize dernières années de sa vie.
La vraie sainteté ne réside pas dans la pénitence du corps, mais dans celle du coeur, qui est impossible sans l´humilité et l´obéissance. Toutes les austérités de Rose étaient soumises à l´obéissance ; et elle était toujours prête à tout abandonner. On s´étonnera que ses directeurs aient pu approuver dans une si frêle enfant d´aussi cruelles macérations ; mais il faut savoir que chaque fois que des confesseurs voulurent s´y opposer, ils en furent empêchés par une lumière intérieure.
Toute la personne de Rose, défigurée par la pénitence, attirait l'attention du public et la faisait vénérer comme une Sainte. Désolée, elle eut recours à Dieu, afin que ses jeûnes n'altérassent pas les traits de son visage. Chose admirable ! Elle reprit son embonpoint et ses vives couleurs ; ses yeux se ranimèrent. Aussi arriva-t-il qu'après avoir jeûné tout un Carême au pain et à l´eau, elle rencontra des jeunes gens qui se moquèrent d´elle en disant : « Voyez cette religieuse si célèbre par sa pénitence ! Elle revient sans doute d'un festin. C'est édifiant, vraiment, en ce saint temps ! » Rose en remercia Dieu.
La charité de Rose pour le salut des âmes était en proportion de son amour pour Jésus-Christ. Elle ressentait une poignante douleur en pensant aux âmes qui se perdent après avoir été si chèrement achetées. Elle pleurait sur le sort des Chinois, des Turcs, et des nombreuses sectes hérétiques qui désolaient l´Europe.
Elle passe de la terre au ciel le 24 août 1617, à l'âge de trente et un ans.
Rose de Lima a été béatifiée en 1668 par Clément IX (Giulio Rospigliosi, 1667-1669) et canonisée, le 12 avril 1671, par Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676).
Saints Claude, Astèrius et Néon
Martyrs à Égée, en Cilicie († v. 303)
Claude, Astérius et Néon perdirent leur mère et furent sous la tutelle de la seconde femme de leur père lorsque celui-ci mourut à son tour. Pour s'emparer des biens qui leur étaient dévolus, elle les dénonça comme chrétiens.
Les gouverneurs suivaient impunément leurs humeurs, ou leurs haines particulières, et faisaient valoir au besoin les anciens édits.
Lysias se signala en ce genre dans son gouvernement de Cilicie. Son zèle impie le poussa jusqu'à interroger lui-même Claude, Astérius et Néon.
Claude fut présenté le premier, et demeura inébranlable. Le proconsul le fit pendre au chevalet, ordonna qu'on lui appliquât le feu sous les pieds, qu'on lui coupât des morceaux de chair aux talons, et qu'on les lui mît sous les yeux. « Il n'est point de perte affligeante, dit-il en les voyant, pour ceux qui aiment Dieu. Ces maux apparents sont les arrhes des biens éternels. » Lysias commanda de le déchirer avec les ongles de fer, de frotter ses plaies avec des morceaux raboteux de pots cassés, de leur appliquer des torches ardentes. Tout fut inutile, et l'on reconduisit Claude en prison.
Astérius fut traité de la même manière, et marqua la même constance. Comme Néon était fort jeune, le proconsul en espéra davantage, mais la force de la grâce n'en parut qu'avec plus d'éclat. Toutes les tortures ne servant enfin qu'à couvrir le tyran de confusion, on conduisit les trois frères hors de la ville pour y être crucifiés.
Sainte Rose de Lima
Vierge
(1586-1617)
Rose naît à Lima, au Pérou, le 20 avril 1586, et reçut au Baptême le nom d´Isabelle. Sa mère, penchée sur son berceau, ayant cru apercevoir une rose épanouie sur son visage, s´écria : « Désormais, tu seras ma ‘Rose’ », changement de nom qui fut confirmé par la Sainte Vierge dans une vision qu´eut plus tard la jeune fille.
La vie de cette petite Sainte a été une suite ininterrompue de souffrances volontairement acceptées et héroïquement supportées. Dès son bas âge, Rose comprit que la vraie sainteté consiste avant tout à accomplir ses devoirs d´état. Une source de difficultés lui vint de concilier l´obéissance à ses parents avec la fidélité aux appels intérieurs dont le Ciel la favorisait. Elle s'ingénia à trouver le moyen d'obéir à la fois à Dieu et à sa mère. Décidée à ne chercher à plaire à personne qu'à Dieu, elle portait néanmoins une couronne de fleurs imposée par sa mère ; mais elle sut y cacher à l'intérieure une aiguille qui faisait de cet ornement un instrument de supplice.
À l´exemple de sainte Catherine de Sienne, Rose se voua à une vie de pénitence. Dès son enfance, elle s´exerça au jeûne et put le pratiquer à un degré héroïque. Elle ne mangeait jamais de fruits. À six ans, elle jeûnait le vendredi et le samedi. À quinze ans, elle fit vœu de ne jamais manger de viande. À 20 ans, elle prend l'habit des tertiaires dominicaines. Plus tard, elle ne mangea qu´une soupe faite de pain et d´eau, sans sel ni autre assaisonnement. Toutes les nuits, elle se frappait cruellement avec des chaînettes de fer, s´offrant à Dieu comme une victime sanglante pour l'Église, l'État, les âmes du purgatoire et les pécheurs. Non contente du lit de planches sur lequel elle reposa longtemps, elle se fit un lit avec des morceaux de bois liés avec des cordes ; elle remplit les intervalles avec des fragments de tuiles et de vaisselle, les acuités tournées vers le haut. Rose coucha sur ce lit pendant les seize dernières années de sa vie.
La vraie sainteté ne réside pas dans la pénitence du corps, mais dans celle du coeur, qui est impossible sans l´humilité et l´obéissance. Toutes les austérités de Rose étaient soumises à l´obéissance ; et elle était toujours prête à tout abandonner. On s´étonnera que ses directeurs aient pu approuver dans une si frêle enfant d´aussi cruelles macérations ; mais il faut savoir que chaque fois que des confesseurs voulurent s´y opposer, ils en furent empêchés par une lumière intérieure.
Toute la personne de Rose, défigurée par la pénitence, attirait l'attention du public et la faisait vénérer comme une Sainte. Désolée, elle eut recours à Dieu, afin que ses jeûnes n'altérassent pas les traits de son visage. Chose admirable ! Elle reprit son embonpoint et ses vives couleurs ; ses yeux se ranimèrent. Aussi arriva-t-il qu'après avoir jeûné tout un Carême au pain et à l´eau, elle rencontra des jeunes gens qui se moquèrent d´elle en disant : « Voyez cette religieuse si célèbre par sa pénitence ! Elle revient sans doute d'un festin. C'est édifiant, vraiment, en ce saint temps ! » Rose en remercia Dieu.
La charité de Rose pour le salut des âmes était en proportion de son amour pour Jésus-Christ. Elle ressentait une poignante douleur en pensant aux âmes qui se perdent après avoir été si chèrement achetées. Elle pleurait sur le sort des Chinois, des Turcs, et des nombreuses sectes hérétiques qui désolaient l´Europe.
Elle passe de la terre au ciel le 24 août 1617, à l'âge de trente et un ans.
Rose de Lima a été béatifiée en 1668 par Clément IX (Giulio Rospigliosi, 1667-1669) et canonisée, le 12 avril 1671, par Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
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Re: Les saints du jour
Dimanche le 23 août
Saint Barthélemy
Apôtre et martyr
(† vers l'an 71)
Barthélemy, appelé par le Sauveur, vécut avec lui, assista à ses prédications, entendit ses paraboles, fut le témoin de ses vertus divines.
Après la Pentecôte, il fut envoyé prêcher l'Évangile dans l'Inde, au-delà du Gange. Dans tous les pays qu'il dut traverser, il annonça Jésus-Christ, Rédempteur du monde. Son zèle et ses prodiges eurent bientôt changé la face de ces contrées ; non seulement il convertit les foules, mais il ordonna des prêtres pour le seconder et consacra des évêques. Quand, plus tard, saint Pantène évangélisa ce pays, il y trouva l'Évangile de saint Matthieu, apporté là par Barthélemy.
En quittant les Indes, l'Apôtre vint dans la grande Arménie. Dans la capitale de ce pays, il y avait un temple où l'on rendait les honneurs divins à l'idole Astaroth, et où l'on allait lui demander la délivrance des sortilèges et lui faire prononcer des oracles ; le prédicateur de la foi s'y rendit, et aussitôt l'idole devint muette et ne fit plus de guérisons. Les démons avouèrent aux prêtres de ce faux dieu que la faute en était à Barthélemy, et leur donnèrent son signalement ; mais l'Apôtre se fit assez connaître par ses miracles ; il délivra du démon la fille du roi, et fit faire à l'idole, en présence d'une foule immense, l'aveu public de ses fourberies ; après quoi le démon s'éloigna en grinçant des dents. Une merveille si éclatante convertit le roi et une multitude de personnes ; la famille royale et douze villes du royaume reçurent bientôt le baptême.
Le démon résolut de se venger ; l'Apôtre fut saisi par le frère du roi et condamné à être écorché vif. Les bourreaux inhumains s'armèrent de couteaux et de pierres tranchantes et écorchèrent la victime de la tête aux pieds ; de telle sorte que, n'ayant plus de peau, son corps montrait une chair sanglante percée de ses os. Il eut ensuite la tête tranchée. Le corps écorché et la peau sanglante de l'Apôtre furent enterrés à Albane, en la haute Arménie ; il s'y opéra tant de miracles, que les païens furieux, enfermèrent le corps du bienheureux dans un cercueil de plomb et le jetèrent à la mer. Mais le cercueil, flottant sur l'onde, vint heureusement à l'île de Lipari, près de la Sicile.
Plus tard, les Sarrasins s'emparèrent de cette île et dispersèrent les saintes reliques ; mais un moine reçut, dans une vision, l'ordre de recueillir les ossements de l'Apôtre. Le corps de saint Barthélemy est aujourd'hui à Rome, son chef à Toulouse.
Catéchèse du pape Benoît XVI
Chers frères et soeurs,
Dans la série des Apôtres appelés par Jésus au cours de sa vie terrestre, c'est aujourd'hui l'Apôtre Barthélemy qui retient notre attention. Dans les antiques listes des Douze, il est toujours placé avant Matthieu, alors que le nom de celui qui le précède varie et peut être Philippe (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 14) ou bien Thomas (cf. Ac 1, 13). Son nom est clairement un patronyme, car il est formulé avec une référence explicite au nom de son père. En effet, il s'agit probablement d'un nom d'origine araméenne, bar Talmay, qui signifie précisément "fils de Talmay".
Nous ne possédons pas d'informations importantes sur Barthélemy; en effet, son nom revient toujours et seulement au sein des listes des Douze susmentionnées et ne se trouve donc au centre d'aucun récit. Cependant, il est traditionnellement identifié avec Nathanaël: un nom qui signifie "Dieu a donné". Ce Nathanaël provenait de Cana (cf. Jn 21, 2) et il est donc possible qu'il ait été témoin du grand "signe" accompli par Jésus en ce lieu (cf. Jn 2, 1-11). L'identification des deux personnages est probablement motivée par le fait que ce Nathanaël, dans la scène de vocation rapportée par l'Evangile de Jean, est placé à côté de Philippe, c'est-à-dire à la place qu'occupe Barthélemy dans les listes des Apôtres rapportées par les autres Evangiles. Philippe avait dit à ce Nathanaël qu'il avait trouvé "Celui dont parle la loi de Moïse et les Prophètes [...] c'est Jésus fils de Joseph, de Nazareth" (Jn 1, 45). Comme nous le savons, Nathanaël lui opposa un préjugé plutôt grave: "De Nazareth! Peut-il sortir de là quelque chose de bon?" (Jn 1, 46a). Cette sorte de contestation est, à sa façon, importante pour nous. En effet, elle nous fait voir que, selon les attentes des juifs, le Messie ne pouvait pas provenir d'un village aussi obscur, comme l'était précisément Nazareth (voir également Jn 7, 42). Cependant, dans le même temps, elle met en évidence la liberté de Dieu, qui surprend nos attentes en se faisant trouver précisément là où nous ne l'attendrions pas. D'autre part, nous savons qu'en réalité, Jésus n'était pas exclusivement "de Nazareth", mais qu'il était né à Bethléem (cf. Mt 2, 1; Lc 2, 4), et qu'en définitive, il venait du ciel, du Père qui est aux cieux.
L'épisode de Nathanaël nous inspire une autre réflexion: dans notre relation avec Jésus, nous ne devons pas seulement nous contenter de paroles. Philippe, dans sa réponse, adresse une invitation significative à Nathanaël: "Viens et tu verras!" (Jn 1, 46b). Notre connaissance de Jésus a surtout besoin d'une expérience vivante: le témoignage d'autrui est bien sûr important, car généralement, toute notre vie chrétienne commence par une annonce qui parvient jusqu'à nous à travers un ou plusieurs témoins. Mais nous devons ensuite personnellement participer à une relation intime et profonde avec Jésus; de manière analogue, les Samaritains, après avoir entendu le témoignage de leur concitoyenne que Jésus avait rencontrée près du puits de Jacob, voulurent parler directement avec Lui et, après cet entretien, dirent à la femme: "Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde!" (Jn 4, 42).
En revenant à la scène de vocation, l'évangéliste nous rapporte que, lorsque Jésus voit Nathanaël s'approcher, il s'exclame: "Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir" (Jn 1, 47). Il s'agit d'un éloge qui rappelle le texte d'un Psaume: "Heureux l'homme... dont l'esprit est sans fraude" (Ps 32, 2), mais qui suscite la curiosité de Nathanaël, qui réplique avec étonnement: "Comment me connais-tu?" (Jn 1, 48a). La réponse de Jésus n'est pas immédiatement compréhensible. Il dit: "Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu" (Jn 1, 48b). Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé sous ce figuier. Il est évident qu'il s'agit d'un moment décisif dans la vie de Nathanaël. Il se sent touché au plus profond du coeur par ces paroles de Jésus, il se sent compris et comprend: cet homme sait tout sur moi, Il sait et connaît le chemin de la vie, je peux réellement m'abandonner à cet homme. Et ainsi, il répond par une confession de foi claire et belle, en disant: "Rabbi, c'est toi le Fils de Dieu! C'est toi le roi d'Israël!" (Jn 1, 49). Dans cette confession apparaît un premier pas important dans l'itinéraire d'adhésion à Jésus. Les paroles de Nathanaël mettent en lumière un double aspect complémentaire de l'identité de Jésus: Il est reconnu aussi bien dans sa relation spéciale avec Dieu le Père, dont il est le Fils unique, que dans celle avec le peuple d'Israël, dont il est déclaré le roi, une qualification propre au Messie attendu. Nous ne devons jamais perdre de vue ni l'une ni l'autre de ces deux composantes, car si nous ne proclamons que la dimension céleste de Jésus, nous risquons d'en faire un être éthéré et évanescent, et si au contraire nous ne reconnaissons que sa situation concrète dans l'histoire, nous finissons par négliger la dimension divine qui le qualifie précisément.
Nous ne possédons pas d'informations précises sur l'activité apostolique successive de Barthélemy-Nathanaël. Selon une information rapportée par l'historien Eusèbe au IV siècle, un certain Pantenus aurait trouvé jusqu'en Inde les signes d'une présence de Barthélemy (cf. Hist. eccl. V, 10, 3). Dans la tradition postérieure, à partir du Moyen Age, s'imposa le récit de sa mort par écorchement, qui devint ensuite très populaire. Il suffit de penser à la très célèbre scène du Jugement dernier dans la Chapelle Sixtine, dans laquelle Michel-Ange peignit saint Barthélemy qui tient sa propre peau dans la main gauche, sur laquelle l'artiste laissa son autoportrait. Ses reliques sont vénérées ici à Rome, dans l'église qui lui est consacrée sur l'Ile Tibérine, où elles furent apportées par l'empereur allemand Otton III en l'an 983. En conclusion, nous pouvons dire que la figure de saint Barthélemy, malgré le manque d'information le concernant, demeure cependant face à nous pour nous dire que l'on peut également vivre l'adhésion à Jésus et en témoigner sans accomplir d'oeuvres sensationnelles. C'est Jésus qui est et reste extraordinaire, Lui à qui chacun de nous est appelé à consacrer sa propre vie et sa propre mort.
Saint Barthélemy
Apôtre et martyr
(† vers l'an 71)
Barthélemy, appelé par le Sauveur, vécut avec lui, assista à ses prédications, entendit ses paraboles, fut le témoin de ses vertus divines.
Après la Pentecôte, il fut envoyé prêcher l'Évangile dans l'Inde, au-delà du Gange. Dans tous les pays qu'il dut traverser, il annonça Jésus-Christ, Rédempteur du monde. Son zèle et ses prodiges eurent bientôt changé la face de ces contrées ; non seulement il convertit les foules, mais il ordonna des prêtres pour le seconder et consacra des évêques. Quand, plus tard, saint Pantène évangélisa ce pays, il y trouva l'Évangile de saint Matthieu, apporté là par Barthélemy.
En quittant les Indes, l'Apôtre vint dans la grande Arménie. Dans la capitale de ce pays, il y avait un temple où l'on rendait les honneurs divins à l'idole Astaroth, et où l'on allait lui demander la délivrance des sortilèges et lui faire prononcer des oracles ; le prédicateur de la foi s'y rendit, et aussitôt l'idole devint muette et ne fit plus de guérisons. Les démons avouèrent aux prêtres de ce faux dieu que la faute en était à Barthélemy, et leur donnèrent son signalement ; mais l'Apôtre se fit assez connaître par ses miracles ; il délivra du démon la fille du roi, et fit faire à l'idole, en présence d'une foule immense, l'aveu public de ses fourberies ; après quoi le démon s'éloigna en grinçant des dents. Une merveille si éclatante convertit le roi et une multitude de personnes ; la famille royale et douze villes du royaume reçurent bientôt le baptême.
Le démon résolut de se venger ; l'Apôtre fut saisi par le frère du roi et condamné à être écorché vif. Les bourreaux inhumains s'armèrent de couteaux et de pierres tranchantes et écorchèrent la victime de la tête aux pieds ; de telle sorte que, n'ayant plus de peau, son corps montrait une chair sanglante percée de ses os. Il eut ensuite la tête tranchée. Le corps écorché et la peau sanglante de l'Apôtre furent enterrés à Albane, en la haute Arménie ; il s'y opéra tant de miracles, que les païens furieux, enfermèrent le corps du bienheureux dans un cercueil de plomb et le jetèrent à la mer. Mais le cercueil, flottant sur l'onde, vint heureusement à l'île de Lipari, près de la Sicile.
Plus tard, les Sarrasins s'emparèrent de cette île et dispersèrent les saintes reliques ; mais un moine reçut, dans une vision, l'ordre de recueillir les ossements de l'Apôtre. Le corps de saint Barthélemy est aujourd'hui à Rome, son chef à Toulouse.
Catéchèse du pape Benoît XVI
Chers frères et soeurs,
Dans la série des Apôtres appelés par Jésus au cours de sa vie terrestre, c'est aujourd'hui l'Apôtre Barthélemy qui retient notre attention. Dans les antiques listes des Douze, il est toujours placé avant Matthieu, alors que le nom de celui qui le précède varie et peut être Philippe (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 14) ou bien Thomas (cf. Ac 1, 13). Son nom est clairement un patronyme, car il est formulé avec une référence explicite au nom de son père. En effet, il s'agit probablement d'un nom d'origine araméenne, bar Talmay, qui signifie précisément "fils de Talmay".
Nous ne possédons pas d'informations importantes sur Barthélemy; en effet, son nom revient toujours et seulement au sein des listes des Douze susmentionnées et ne se trouve donc au centre d'aucun récit. Cependant, il est traditionnellement identifié avec Nathanaël: un nom qui signifie "Dieu a donné". Ce Nathanaël provenait de Cana (cf. Jn 21, 2) et il est donc possible qu'il ait été témoin du grand "signe" accompli par Jésus en ce lieu (cf. Jn 2, 1-11). L'identification des deux personnages est probablement motivée par le fait que ce Nathanaël, dans la scène de vocation rapportée par l'Evangile de Jean, est placé à côté de Philippe, c'est-à-dire à la place qu'occupe Barthélemy dans les listes des Apôtres rapportées par les autres Evangiles. Philippe avait dit à ce Nathanaël qu'il avait trouvé "Celui dont parle la loi de Moïse et les Prophètes [...] c'est Jésus fils de Joseph, de Nazareth" (Jn 1, 45). Comme nous le savons, Nathanaël lui opposa un préjugé plutôt grave: "De Nazareth! Peut-il sortir de là quelque chose de bon?" (Jn 1, 46a). Cette sorte de contestation est, à sa façon, importante pour nous. En effet, elle nous fait voir que, selon les attentes des juifs, le Messie ne pouvait pas provenir d'un village aussi obscur, comme l'était précisément Nazareth (voir également Jn 7, 42). Cependant, dans le même temps, elle met en évidence la liberté de Dieu, qui surprend nos attentes en se faisant trouver précisément là où nous ne l'attendrions pas. D'autre part, nous savons qu'en réalité, Jésus n'était pas exclusivement "de Nazareth", mais qu'il était né à Bethléem (cf. Mt 2, 1; Lc 2, 4), et qu'en définitive, il venait du ciel, du Père qui est aux cieux.
L'épisode de Nathanaël nous inspire une autre réflexion: dans notre relation avec Jésus, nous ne devons pas seulement nous contenter de paroles. Philippe, dans sa réponse, adresse une invitation significative à Nathanaël: "Viens et tu verras!" (Jn 1, 46b). Notre connaissance de Jésus a surtout besoin d'une expérience vivante: le témoignage d'autrui est bien sûr important, car généralement, toute notre vie chrétienne commence par une annonce qui parvient jusqu'à nous à travers un ou plusieurs témoins. Mais nous devons ensuite personnellement participer à une relation intime et profonde avec Jésus; de manière analogue, les Samaritains, après avoir entendu le témoignage de leur concitoyenne que Jésus avait rencontrée près du puits de Jacob, voulurent parler directement avec Lui et, après cet entretien, dirent à la femme: "Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde!" (Jn 4, 42).
En revenant à la scène de vocation, l'évangéliste nous rapporte que, lorsque Jésus voit Nathanaël s'approcher, il s'exclame: "Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir" (Jn 1, 47). Il s'agit d'un éloge qui rappelle le texte d'un Psaume: "Heureux l'homme... dont l'esprit est sans fraude" (Ps 32, 2), mais qui suscite la curiosité de Nathanaël, qui réplique avec étonnement: "Comment me connais-tu?" (Jn 1, 48a). La réponse de Jésus n'est pas immédiatement compréhensible. Il dit: "Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu" (Jn 1, 48b). Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé sous ce figuier. Il est évident qu'il s'agit d'un moment décisif dans la vie de Nathanaël. Il se sent touché au plus profond du coeur par ces paroles de Jésus, il se sent compris et comprend: cet homme sait tout sur moi, Il sait et connaît le chemin de la vie, je peux réellement m'abandonner à cet homme. Et ainsi, il répond par une confession de foi claire et belle, en disant: "Rabbi, c'est toi le Fils de Dieu! C'est toi le roi d'Israël!" (Jn 1, 49). Dans cette confession apparaît un premier pas important dans l'itinéraire d'adhésion à Jésus. Les paroles de Nathanaël mettent en lumière un double aspect complémentaire de l'identité de Jésus: Il est reconnu aussi bien dans sa relation spéciale avec Dieu le Père, dont il est le Fils unique, que dans celle avec le peuple d'Israël, dont il est déclaré le roi, une qualification propre au Messie attendu. Nous ne devons jamais perdre de vue ni l'une ni l'autre de ces deux composantes, car si nous ne proclamons que la dimension céleste de Jésus, nous risquons d'en faire un être éthéré et évanescent, et si au contraire nous ne reconnaissons que sa situation concrète dans l'histoire, nous finissons par négliger la dimension divine qui le qualifie précisément.
Nous ne possédons pas d'informations précises sur l'activité apostolique successive de Barthélemy-Nathanaël. Selon une information rapportée par l'historien Eusèbe au IV siècle, un certain Pantenus aurait trouvé jusqu'en Inde les signes d'une présence de Barthélemy (cf. Hist. eccl. V, 10, 3). Dans la tradition postérieure, à partir du Moyen Age, s'imposa le récit de sa mort par écorchement, qui devint ensuite très populaire. Il suffit de penser à la très célèbre scène du Jugement dernier dans la Chapelle Sixtine, dans laquelle Michel-Ange peignit saint Barthélemy qui tient sa propre peau dans la main gauche, sur laquelle l'artiste laissa son autoportrait. Ses reliques sont vénérées ici à Rome, dans l'église qui lui est consacrée sur l'Ile Tibérine, où elles furent apportées par l'empereur allemand Otton III en l'an 983. En conclusion, nous pouvons dire que la figure de saint Barthélemy, malgré le manque d'information le concernant, demeure cependant face à nous pour nous dire que l'on peut également vivre l'adhésion à Jésus et en témoigner sans accomplir d'oeuvres sensationnelles. C'est Jésus qui est et reste extraordinaire, Lui à qui chacun de nous est appelé à consacrer sa propre vie et sa propre mort.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: Les saints du jour
Dimanche le 23 août
Sainte Jeanne-Antide Thouret
Vierge et fondatrice des :
« Sœurs de la Charité de Besançon »
Jeanne-Antide Thouret naît le 27 novembre 1765, à Sancey-le-Long, en Franche-Comté, au sein d'une famille très chrétienne composée de neuf enfants ; ses parents exerçaient le métier d'agriculteurs. Quand Jeanne a quinze ans, sa mère meurt et, par conséquent, elle sera désormais l'éducatrice de ses frères et sœurs et la ménagère dévouée qui entretiendra la maison. Bien que la famille vive dans une réelle pauvreté, la charitable jeune fille trouve le moyen de ne jamais refuser l'aumône. Elle a environ dix-sept ans lorsque son père lui annonce qu'un riche jeune homme l'a demandée en mariage. Sans hésiter, Jeanne répond à son père qu'elle refuserait la main d'un roi.
Après cinq longues années d'attente, elle réussit enfin à vaincre les obstacles qui s'opposent à sa vocation religieuse. Accueillie à la maison mère des Filles de la Charité le jour de la Toussaint 1787, elle est reçue le lendemain par la supérieure générale, la vénérable Mère Dubois. Le onzième mois de son séminaire, elle revêt l'habit des Filles de la Charité et on l'envoie travailler successivement à l'hôpital de Langres, puis à Paris où elle prodigue ses soins maternels aux incurables de l'hospice. La Révolution était déjà amorcée. Comme la plupart de ses compagnes, tout en restant au service des malades, Sœur Thouret refuse de reconnaître le clergé schismatique.
En novembre 1793, elle doit quitter Paris pour regagner son pays natal à pied, en mendiant. Sa charité qui se fait la providence des malades et des pauvres, la sauve plus d'une fois de la fureur des révolutionnaires. Durant les jours de la Terreur, Jeanne-Antide se réfugie en Suisse. Aussitôt qu'elle peut rentrer en France, elle ouvre une école à Besançon. Son établissement connait le succès dès le premier jour. Au cours de la même année elle organise trois autres écoles dans la même ville. Ouvrière infatigable, elle dirige un dispensaire et distribue une soupe populaire. Le préfet lui confie bientôt une maison de détention.
Jeanne-Antide Thouret donna à ses collaboratrices les Règles et le nom de : « Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul ». Ce titre devait engendrer tôt ou tard des confusions et des conflits, aussi les filles de Monsieur Vincent en réclamèrent-elles un autre. Le cardinal Fesch décida que les nouvelles religieuses s'appelleraient : « Sœurs de la Charité de Besançon ». Cette communauté connut tout de suite une rapide expansion.
En 1810, la mère de Napoléon Bonaparte leur ouvrit le royaume de Naples et Murat leur abandonnait l'énorme couvent hôpital de Regina Cœli. Mère Thouret alla y installer ses compagnes et ouvrit cent trente maisons en l'espace de dix ans.
Sans le sceau divin de la souffrance, il aurait manqué quelque chose à la sainteté de la fondatrice. Profitant de son long séjour en Italie, elle fit approuver son institut par le Saint-Siège, sous le nom de : « Filles de la Charité sous la protection de Saint Vincent de Paul ». Ce changement de nom et les modifications introduites dans les constitutions en dehors de toute entente avec le nouvel archevêque de Besançon qui lui était hostile, furent cause d'une scission entre les communautés de France et celles d'Italie. En effet, celles de France entendirent rester fidèles aux premières constitutions et se déclarèrent autonomes sous la supériorité de l'Ordinaire du lieu. Jeanne-Antide Thouret passa deux années dans sa patrie pour tâcher de réunir les deux obédiences de Besançon et de Naples. Non seulement elle n'y parvint aucunement, mais elle eut la douleur de rentrer à Naples, après s'être vue refuser l'entrée de la maison mère de Besançon.
Dieu rappela à Lui sa digne servante le 24 août 1826. Cent ans après sa mort, on ramenait ses restes d'Italie dans le couvent de Besançon. Ses filles firent acte de solennelle réparation en chantant le Miserere de toute leur âme.
Jeanne-Antide Thouret a été beatifié le 23 mai 1926 et canonisé le 14 janvier 1934 par le pape Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939).
Sainte Jeanne-Antide Thouret
Vierge et fondatrice des :
« Sœurs de la Charité de Besançon »
Jeanne-Antide Thouret naît le 27 novembre 1765, à Sancey-le-Long, en Franche-Comté, au sein d'une famille très chrétienne composée de neuf enfants ; ses parents exerçaient le métier d'agriculteurs. Quand Jeanne a quinze ans, sa mère meurt et, par conséquent, elle sera désormais l'éducatrice de ses frères et sœurs et la ménagère dévouée qui entretiendra la maison. Bien que la famille vive dans une réelle pauvreté, la charitable jeune fille trouve le moyen de ne jamais refuser l'aumône. Elle a environ dix-sept ans lorsque son père lui annonce qu'un riche jeune homme l'a demandée en mariage. Sans hésiter, Jeanne répond à son père qu'elle refuserait la main d'un roi.
Après cinq longues années d'attente, elle réussit enfin à vaincre les obstacles qui s'opposent à sa vocation religieuse. Accueillie à la maison mère des Filles de la Charité le jour de la Toussaint 1787, elle est reçue le lendemain par la supérieure générale, la vénérable Mère Dubois. Le onzième mois de son séminaire, elle revêt l'habit des Filles de la Charité et on l'envoie travailler successivement à l'hôpital de Langres, puis à Paris où elle prodigue ses soins maternels aux incurables de l'hospice. La Révolution était déjà amorcée. Comme la plupart de ses compagnes, tout en restant au service des malades, Sœur Thouret refuse de reconnaître le clergé schismatique.
En novembre 1793, elle doit quitter Paris pour regagner son pays natal à pied, en mendiant. Sa charité qui se fait la providence des malades et des pauvres, la sauve plus d'une fois de la fureur des révolutionnaires. Durant les jours de la Terreur, Jeanne-Antide se réfugie en Suisse. Aussitôt qu'elle peut rentrer en France, elle ouvre une école à Besançon. Son établissement connait le succès dès le premier jour. Au cours de la même année elle organise trois autres écoles dans la même ville. Ouvrière infatigable, elle dirige un dispensaire et distribue une soupe populaire. Le préfet lui confie bientôt une maison de détention.
Jeanne-Antide Thouret donna à ses collaboratrices les Règles et le nom de : « Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul ». Ce titre devait engendrer tôt ou tard des confusions et des conflits, aussi les filles de Monsieur Vincent en réclamèrent-elles un autre. Le cardinal Fesch décida que les nouvelles religieuses s'appelleraient : « Sœurs de la Charité de Besançon ». Cette communauté connut tout de suite une rapide expansion.
En 1810, la mère de Napoléon Bonaparte leur ouvrit le royaume de Naples et Murat leur abandonnait l'énorme couvent hôpital de Regina Cœli. Mère Thouret alla y installer ses compagnes et ouvrit cent trente maisons en l'espace de dix ans.
Sans le sceau divin de la souffrance, il aurait manqué quelque chose à la sainteté de la fondatrice. Profitant de son long séjour en Italie, elle fit approuver son institut par le Saint-Siège, sous le nom de : « Filles de la Charité sous la protection de Saint Vincent de Paul ». Ce changement de nom et les modifications introduites dans les constitutions en dehors de toute entente avec le nouvel archevêque de Besançon qui lui était hostile, furent cause d'une scission entre les communautés de France et celles d'Italie. En effet, celles de France entendirent rester fidèles aux premières constitutions et se déclarèrent autonomes sous la supériorité de l'Ordinaire du lieu. Jeanne-Antide Thouret passa deux années dans sa patrie pour tâcher de réunir les deux obédiences de Besançon et de Naples. Non seulement elle n'y parvint aucunement, mais elle eut la douleur de rentrer à Naples, après s'être vue refuser l'entrée de la maison mère de Besançon.
Dieu rappela à Lui sa digne servante le 24 août 1826. Cent ans après sa mort, on ramenait ses restes d'Italie dans le couvent de Besançon. Ses filles firent acte de solennelle réparation en chantant le Miserere de toute leur âme.
Jeanne-Antide Thouret a été beatifié le 23 mai 1926 et canonisé le 14 janvier 1934 par le pape Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Lundi le 25 août
Saint Louis (Louis IX)
Roi de France
(1215-1270)
Louis a frappé ses contemporains par son sens de la justice, sa profonde piété et sa grande charité envers les pauvres ; sa vertu le faisait regarder comme l'arbitre des princes d'Europe.
Il fut baptisé à Poissy, et en conserva toujours religieusement le souvenir, car plus tard il signait ordinairement Louis de Poissy, marquant par là qu'il estimait la grâce du baptême comme son plus glorieux titre de noblesse. Sa mère, Blanche de Castille, voulut le nourrir elle-même. Tout le monde connaît la belle parole de cette grande reine : « Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses ; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel. »
Élevé à une telle école, le jeune Louis montra dès son enfance les grandes vertus qu'il devait faire éclater sur le trône, l'égalité d'âme, l'amour de la justice et une tendre piété. Comme on lui reprochait quelques fois de donner trop de temps aux pieux exercices : « Les hommes sont étranges, disait-il ; on me fait un crime de mon assiduité à la prière, et on ne dirait rien si j'employais des heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes fauves, à chasser aux oiseaux. »
Devenu roi, il voulut établir avant tout le règne de Dieu, auquel sont indéfectiblement liés le Roi et la France. Il s'appliqua plus que jamais à faire de la France un royaume puissant et chrétien. On connaît sa loi condamnant les blasphémateurs à subir aux lèvres la marque d'un fer rougi au feu.
Un des plus beaux jours de sa vie fut celui où il alla au-devant des religieux qui apportaient d'Orient la sainte Couronne d'épines, et la porta, pieds nus, dans sa capitale. Il fonde des hôpitaux et des monastères. Il réalise son grand projet : construire la Sainte-Chapelle comme une châsse de lumière et de vitraux destinée à recueillir les saintes reliques, surtout la Couronne d'épines. Il donne à sa sœur, la bienheureuse Isabelle de France, le terrain de Longchamp pour y fonder une abbaye de religieuses de Sainte-Claire. « Si je dépense beaucoup d'argent quelquefois, j'aime mieux le faire en aumônes faites pour l'amour de Dieu que pour frivolités et choses mondaines. Dieu m'a tout donné ce que j'ai. Ce que je dépense ainsi est bien dépensé. » (Saint Louis au sire de Joinville)
À vingt ans, il épouse Marguerite de Provence et leur amour sera tendre et fidèle. Saint Louis fut aussi un modèle du pur amour conjugal ; il avait fait graver sur son anneau cette devise : « Dieu, France et Marguerite. »
À la suite d'une maladie mortelle, guéri miraculeusement, il obéit à une inspiration du Ciel qui l'appelait aux Croisades. Il part pour délivrer la Terre Sainte en 1248. On le vit, dans ces luttes gigantesques, qui avaient pour but la libération des Lieux Saints, faire des actes de bravoure qui le mettaient au rang des plus illustres guerriers. On se tromperait en croyant que le bon et pieux roi n'eût pas toute la noble fierté qui convenait à son rang. Les Sarrasins, qui le retinrent longtemps captif, après une désastreuse campagne, eurent lieu d'admirer sa grandeur d'âme, sa foi et son courage.
Une fois libéré et rentré dans son royaume, il y entreprend de grandes réformes en particulier l'interdiction du duel judiciaire.
Son royaume connaît une période de plein développement culturel, intellectuel et théologique.
Saint Louis aime recevoir à sa table saint Bonaventure et saint Thomas d'Aquin. Avec Robert de Sorbon, il fonde la Sorbonne (1257). Il suit avec attention l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame et surtout les grandes rosaces (1255) et les porches.
Son plus grand souci est de pacifier, de réconcilier les ennemis et d'éteindre les conflits, en particulier entre la France et l'Angleterre (1258). Mais il rêve de retourner en Terre Sainte et de convertir le sultan d'Égypte. Il n'ira pas plus loin que Carthage, l'actuelle Tunis. La maladie a raison de lui le 25 août 1270.
Prière de St Louis
Dieu Tout-Puissant et éternel,
Qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde
L'instrument de vos divines volontés,
Le glaive et le bouclier de votre sainte Église,
Nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière,
Les fils suppliants des Francs,
Afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde,
Et que pour accomplir ce qu'ils ont vu,
Ils soient remplis de charité, de force et de persévérance,
Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Amen
--------
Oraison tirée d'un missel Carolingien,
Prière favorite du Père de Foucauld,
Prière officielle des scouts de France.
Saint Joseph Calasanz
Fondateur des :
« Scholae Piae » (Écoles Pies)
(1557-1648)
Joseph Calazanz (José de Calasanz) était Espagnol et de race royale. Dès l'âge de cinq ans, il s'armait d'une petite épée, se mettait à la tête de ses compagnons et s'élançait pour faire, comme il le disait naïvement « la guerre au diable ». Dès son jeune âge il récitait le Rosaire, prêchait ses petits camarades et présidait des exercices de piété. Avec avidité il écoutait la lecture de la vie des saints en famille ; il s'essayait déjà à suivre leurs exemples, prenait son repos sur la dure et trouvait mille moyens de faire pénitence. Au collège, on l'appelait le petit Saint ; ses succès y furent, du reste, à la hauteur de sa vertu. Il avait vingt-cinq ans, quand ses parents lui proposèrent un riche mariage ; mais le saint jeune homme avait fait vœu de chasteté et n'aspirait qu'à l'apostolat.
Dieu favorisa sa vocation en lui envoyant une maladie fort grave, dont il guérit miraculeusement. Ordonné prêtre, il occupa pendant huit ans de hautes charges dans son diocèse, où un bien immense s'opéra par son zèle ; mais il entendit plusieurs fois une voix lui dire : « Va à Rome, Joseph, va à Rome ! »
Il quitta tout pour suivre l'appel de Dieu, et partit pour Rome en pèlerin pauvre et inconnu. Il eut occasion de s'y dépenser généreusement, en attendant la manifestation définitive de la volonté de Dieu : visiter et soigner les malades dans les hôpitaux, exhorter les prisonniers, consoler les pauvres, tel était, avec ses exercices de piété, le programme de ses journées. Levé à minuit, il se livrait à une longue méditation en présence du Saint-Sacrement, récitait Matines et Laudes à genoux, faisait ensuite la visite des sept basiliques à jeun, course de douze à quinze kilomètres et passait une partie de son temps à l'étude. Les ceintures de fer, les cilices, les flagellations, les jeûnes, complétaient son règlement de vie.
Que d'âmes lui ont dû leur salut! Il suffisait de tomber entre ses mains pour être assuré d'une conversion sincère. Après cinq ans de cette rude vie, Joseph éclairé sur les besoins du peuple, sentit la nécessité de fonder des Écoles gratuites: c'était l'œuvre voulue de Dieu; elle prit le nom de « Scholae Piae » (Écoles Pies). Quelques années après, il pouvait dire : « Si j'avais dix mille religieux, je pourrais les employer dans un mois, tant on m'en demande. »
Il mourut à Rome, à quatre vingt onze ans, le 25 août 1648, après s'être dévoué cinquante-deux ans à l'éducation de la jeunesse : « Gagner une âme, disait-il souvent, oh ! Combien cela vaut ! Combien cela plaît à Dieu ! »
Joseph Calasanz a été béatifié le 18 août 1748, par Benoît XIV (Prospero Lorenzo Lambertini, 1740-1758) et canonisé le 16 juillet 1767, par Clément XIII (Carlo Rezzonico, 1758-1769).
Saint Louis (Louis IX)
Roi de France
(1215-1270)
Louis a frappé ses contemporains par son sens de la justice, sa profonde piété et sa grande charité envers les pauvres ; sa vertu le faisait regarder comme l'arbitre des princes d'Europe.
Il fut baptisé à Poissy, et en conserva toujours religieusement le souvenir, car plus tard il signait ordinairement Louis de Poissy, marquant par là qu'il estimait la grâce du baptême comme son plus glorieux titre de noblesse. Sa mère, Blanche de Castille, voulut le nourrir elle-même. Tout le monde connaît la belle parole de cette grande reine : « Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses ; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel. »
Élevé à une telle école, le jeune Louis montra dès son enfance les grandes vertus qu'il devait faire éclater sur le trône, l'égalité d'âme, l'amour de la justice et une tendre piété. Comme on lui reprochait quelques fois de donner trop de temps aux pieux exercices : « Les hommes sont étranges, disait-il ; on me fait un crime de mon assiduité à la prière, et on ne dirait rien si j'employais des heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes fauves, à chasser aux oiseaux. »
Devenu roi, il voulut établir avant tout le règne de Dieu, auquel sont indéfectiblement liés le Roi et la France. Il s'appliqua plus que jamais à faire de la France un royaume puissant et chrétien. On connaît sa loi condamnant les blasphémateurs à subir aux lèvres la marque d'un fer rougi au feu.
Un des plus beaux jours de sa vie fut celui où il alla au-devant des religieux qui apportaient d'Orient la sainte Couronne d'épines, et la porta, pieds nus, dans sa capitale. Il fonde des hôpitaux et des monastères. Il réalise son grand projet : construire la Sainte-Chapelle comme une châsse de lumière et de vitraux destinée à recueillir les saintes reliques, surtout la Couronne d'épines. Il donne à sa sœur, la bienheureuse Isabelle de France, le terrain de Longchamp pour y fonder une abbaye de religieuses de Sainte-Claire. « Si je dépense beaucoup d'argent quelquefois, j'aime mieux le faire en aumônes faites pour l'amour de Dieu que pour frivolités et choses mondaines. Dieu m'a tout donné ce que j'ai. Ce que je dépense ainsi est bien dépensé. » (Saint Louis au sire de Joinville)
À vingt ans, il épouse Marguerite de Provence et leur amour sera tendre et fidèle. Saint Louis fut aussi un modèle du pur amour conjugal ; il avait fait graver sur son anneau cette devise : « Dieu, France et Marguerite. »
À la suite d'une maladie mortelle, guéri miraculeusement, il obéit à une inspiration du Ciel qui l'appelait aux Croisades. Il part pour délivrer la Terre Sainte en 1248. On le vit, dans ces luttes gigantesques, qui avaient pour but la libération des Lieux Saints, faire des actes de bravoure qui le mettaient au rang des plus illustres guerriers. On se tromperait en croyant que le bon et pieux roi n'eût pas toute la noble fierté qui convenait à son rang. Les Sarrasins, qui le retinrent longtemps captif, après une désastreuse campagne, eurent lieu d'admirer sa grandeur d'âme, sa foi et son courage.
Une fois libéré et rentré dans son royaume, il y entreprend de grandes réformes en particulier l'interdiction du duel judiciaire.
Son royaume connaît une période de plein développement culturel, intellectuel et théologique.
Saint Louis aime recevoir à sa table saint Bonaventure et saint Thomas d'Aquin. Avec Robert de Sorbon, il fonde la Sorbonne (1257). Il suit avec attention l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame et surtout les grandes rosaces (1255) et les porches.
Son plus grand souci est de pacifier, de réconcilier les ennemis et d'éteindre les conflits, en particulier entre la France et l'Angleterre (1258). Mais il rêve de retourner en Terre Sainte et de convertir le sultan d'Égypte. Il n'ira pas plus loin que Carthage, l'actuelle Tunis. La maladie a raison de lui le 25 août 1270.
Prière de St Louis
Dieu Tout-Puissant et éternel,
Qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde
L'instrument de vos divines volontés,
Le glaive et le bouclier de votre sainte Église,
Nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière,
Les fils suppliants des Francs,
Afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde,
Et que pour accomplir ce qu'ils ont vu,
Ils soient remplis de charité, de force et de persévérance,
Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Amen
--------
Oraison tirée d'un missel Carolingien,
Prière favorite du Père de Foucauld,
Prière officielle des scouts de France.
Saint Joseph Calasanz
Fondateur des :
« Scholae Piae » (Écoles Pies)
(1557-1648)
Joseph Calazanz (José de Calasanz) était Espagnol et de race royale. Dès l'âge de cinq ans, il s'armait d'une petite épée, se mettait à la tête de ses compagnons et s'élançait pour faire, comme il le disait naïvement « la guerre au diable ». Dès son jeune âge il récitait le Rosaire, prêchait ses petits camarades et présidait des exercices de piété. Avec avidité il écoutait la lecture de la vie des saints en famille ; il s'essayait déjà à suivre leurs exemples, prenait son repos sur la dure et trouvait mille moyens de faire pénitence. Au collège, on l'appelait le petit Saint ; ses succès y furent, du reste, à la hauteur de sa vertu. Il avait vingt-cinq ans, quand ses parents lui proposèrent un riche mariage ; mais le saint jeune homme avait fait vœu de chasteté et n'aspirait qu'à l'apostolat.
Dieu favorisa sa vocation en lui envoyant une maladie fort grave, dont il guérit miraculeusement. Ordonné prêtre, il occupa pendant huit ans de hautes charges dans son diocèse, où un bien immense s'opéra par son zèle ; mais il entendit plusieurs fois une voix lui dire : « Va à Rome, Joseph, va à Rome ! »
Il quitta tout pour suivre l'appel de Dieu, et partit pour Rome en pèlerin pauvre et inconnu. Il eut occasion de s'y dépenser généreusement, en attendant la manifestation définitive de la volonté de Dieu : visiter et soigner les malades dans les hôpitaux, exhorter les prisonniers, consoler les pauvres, tel était, avec ses exercices de piété, le programme de ses journées. Levé à minuit, il se livrait à une longue méditation en présence du Saint-Sacrement, récitait Matines et Laudes à genoux, faisait ensuite la visite des sept basiliques à jeun, course de douze à quinze kilomètres et passait une partie de son temps à l'étude. Les ceintures de fer, les cilices, les flagellations, les jeûnes, complétaient son règlement de vie.
Que d'âmes lui ont dû leur salut! Il suffisait de tomber entre ses mains pour être assuré d'une conversion sincère. Après cinq ans de cette rude vie, Joseph éclairé sur les besoins du peuple, sentit la nécessité de fonder des Écoles gratuites: c'était l'œuvre voulue de Dieu; elle prit le nom de « Scholae Piae » (Écoles Pies). Quelques années après, il pouvait dire : « Si j'avais dix mille religieux, je pourrais les employer dans un mois, tant on m'en demande. »
Il mourut à Rome, à quatre vingt onze ans, le 25 août 1648, après s'être dévoué cinquante-deux ans à l'éducation de la jeunesse : « Gagner une âme, disait-il souvent, oh ! Combien cela vaut ! Combien cela plaît à Dieu ! »
Joseph Calasanz a été béatifié le 18 août 1748, par Benoît XIV (Prospero Lorenzo Lambertini, 1740-1758) et canonisé le 16 juillet 1767, par Clément XIII (Carlo Rezzonico, 1758-1769).
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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Re: Les saints du jour
Mardi 26 août
Saint Césaire d'Arles
(470-543)
Il est fêté le 26 août en France et le 27 août dans l'Église universelle.
Né à Chalon-sur-Saône, il fut admis à dix-huit ans dans le clergé de Chalon puis se retira dans le monastère de Lérins, deux ans plus tard. Il fit preuve de tant d'austérité qu'il fut envoyé se soigner à Arles. Là, l'évêque, son parent, lui conféra la prêtrise.
En 503, Césaire lui succéda sur le siège d'Arles. Durant son épiscopat, il eut à faire avec les Wisigoths, les Ostrogoths et enfin avec les Francs.
Son éloquence, son courage, et sa connaissance approfondie de saint Augustin firent qu'il acquit un grand prestige auprès des évêques de Gaule et d'Espagne. Il présida de nombreux conciles.
Il fut le premier à fonder un monastère de femmes en Gaule : la règle qu'il leur donna fut celle que suivirent toutes les fondations semblables jusqu'au VIIe siècle.
Sainte Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges
Vierge et co-fondatrice de la Congrégation des :
« Filles de la Croix »
(1773-1838)
Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges naît le 5 juillet 1773, au Blanc (Indre). Dans son milieu familial, elle développe une relation intime au Seigneur et un amour profond des pauvres.
Pendant la révolution, son désir de participer à la messe et de communier lui fait prendre de nuit le chemin périlleux vers la grange des Marsyllis. C'est en ce lieu que se situe la rencontre avec le Père André Fournet.
André Hubert Fournet est né le 6 décembre 1752, à St Pierre de Maillé (Vienne) et ordonné prêtre en 1776. Vigoureusement converti par l'intempestive réplique d'un mendiant, il s'ouvre totalement à Dieu et aux pauvres. Exilé cinq ans en Espagne pendant la Révolution, contraint à son retour de célébrer l'Eucharistie clandestinement, c'est dans la grange des Marsyllis qu'il rencontre Élisabeth Bichier des Ages.
De cette rencontre, naît la Congrégation des « Filles de la Croix ».
Élisabeth et ses quatre premières compagnes prononcent leurs premiers vœux en 1806, devant le Père André Fournet. La Congrégation s'étend rapidement en Poitou, Région parisienne, Sud-ouest. C'est en 1820 que les sœurs s'établissent à la Puye, dans l'ancien monastère fontevriste qui devient la Maison-Mère.
« Glorifier Dieu et le faire Glorifier par les petits et les pauvres » était l’esprit de la congrégation.
Sœur Élisabeth, malgré un tempérament robuste, est affaiblie par la maladie et la souffrance ; le 26 août 1838, elle quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
Jeanne-Élisabeth a été béatifiée le 13 mai 1934, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939) et canonisée le 06 juillet 1947, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
Saint Césaire d'Arles
(470-543)
Il est fêté le 26 août en France et le 27 août dans l'Église universelle.
Né à Chalon-sur-Saône, il fut admis à dix-huit ans dans le clergé de Chalon puis se retira dans le monastère de Lérins, deux ans plus tard. Il fit preuve de tant d'austérité qu'il fut envoyé se soigner à Arles. Là, l'évêque, son parent, lui conféra la prêtrise.
En 503, Césaire lui succéda sur le siège d'Arles. Durant son épiscopat, il eut à faire avec les Wisigoths, les Ostrogoths et enfin avec les Francs.
Son éloquence, son courage, et sa connaissance approfondie de saint Augustin firent qu'il acquit un grand prestige auprès des évêques de Gaule et d'Espagne. Il présida de nombreux conciles.
Il fut le premier à fonder un monastère de femmes en Gaule : la règle qu'il leur donna fut celle que suivirent toutes les fondations semblables jusqu'au VIIe siècle.
Sainte Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges
Vierge et co-fondatrice de la Congrégation des :
« Filles de la Croix »
(1773-1838)
Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges naît le 5 juillet 1773, au Blanc (Indre). Dans son milieu familial, elle développe une relation intime au Seigneur et un amour profond des pauvres.
Pendant la révolution, son désir de participer à la messe et de communier lui fait prendre de nuit le chemin périlleux vers la grange des Marsyllis. C'est en ce lieu que se situe la rencontre avec le Père André Fournet.
André Hubert Fournet est né le 6 décembre 1752, à St Pierre de Maillé (Vienne) et ordonné prêtre en 1776. Vigoureusement converti par l'intempestive réplique d'un mendiant, il s'ouvre totalement à Dieu et aux pauvres. Exilé cinq ans en Espagne pendant la Révolution, contraint à son retour de célébrer l'Eucharistie clandestinement, c'est dans la grange des Marsyllis qu'il rencontre Élisabeth Bichier des Ages.
De cette rencontre, naît la Congrégation des « Filles de la Croix ».
Élisabeth et ses quatre premières compagnes prononcent leurs premiers vœux en 1806, devant le Père André Fournet. La Congrégation s'étend rapidement en Poitou, Région parisienne, Sud-ouest. C'est en 1820 que les sœurs s'établissent à la Puye, dans l'ancien monastère fontevriste qui devient la Maison-Mère.
« Glorifier Dieu et le faire Glorifier par les petits et les pauvres » était l’esprit de la congrégation.
Sœur Élisabeth, malgré un tempérament robuste, est affaiblie par la maladie et la souffrance ; le 26 août 1838, elle quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
Jeanne-Élisabeth a été béatifiée le 13 mai 1934, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939) et canonisée le 06 juillet 1947, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
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Re: Les saints du jour
Mercredi le 26 août
Sainte Monique
Mère de saint Augustin
(332-388)
À l'heure où sont trop oubliés les devoirs de la jeune fille, de l'épouse et de la mère chrétienne, il est utile de rappeler les vertus de cette admirable femme. Ce que nous en savons nous vient de la meilleure des sources, son fils Augustin.
Monique naît à Tagaste, en Afrique, l'an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d'une vieille et dévouée servante. Encore toute petite, elle aimait aller à l'église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son cœur s'ouvrait à l'amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille ; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. À toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.
Dieu, qui a ses vues mystérieuses, permit cependant qu'elle fût donnée en mariage, à l'âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu'elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère. Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C'est par ces beaux exemples qu'elle conquit le cœur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c'est ainsi qu'elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin.
Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d'Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d'Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit : « Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse ! » Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, en faisant d'Augustin, par un miracle de grâce, l'une des plus grandes lumières de l'Église et l'un de ses plus grands Saints.
Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tombe malade à Ostie, au moment de s'embarquer pour l'Afrique, et meurt à l'âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme.
Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l'église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des mères chrétiennes.
mercredi 27 août 2014
Bse María Pilar Izquiardo Albero, vierge, fond. (1906-1945)
image Les autres saints du jour... Rechercher un saint image
Bse María Pilar Izquierdo Albero
Vierge et fondatrice de : l’ « Œuvre Missionnaire de Jésus et Marie »
María Pilar Izquierdo Albero naît le 27 juillet 1906, dans le quartier populaire de la Magdalena de Saragosse (Espagne), au sein d'une famille humble et chrétienne. Son père, Mariano, était garçon boulanger et sa mère, Pabla, aidait au soutien du foyer en travaillant comme employée domestique. Pendant que sa mère allait travailler, María gardait ses deux frères plus petits : c’est pourquoi elle n'a pas pu aller à l'école et n'a pas appris à écrire ; c’est à peine si elle savait lire.
Depuis sa tendre enfance, brille en elle la charité la plus admirable et l'amour à la souffrance, fruit de son union intense et affectueuse avec Dieu. Elle visitait de façon assidue la Basilique de Nuestra Señora del Pilar de Saragosse et sa paroisse.
Pendant son adolescence, elle savoure le dur travail d'ouvrière dans une usine de chaussures, représentant pour tous, l'exemple admirable d'application au travail, de simplicité, de bonté et un aimable sourire.
Une chute du tramway, lui causant une fracture du pelvis et, trois ans plus tard, une grave maladie, provoquée par une multitude de kystes hydatiques à la tête, poumon et abdomen, accompagnés de paralysie totale et de cécité absolue, lui feront entreprendre une voie douloureuse, qui durera plus de douze ans entre les hôpitaux de Saragosse et sa maison, une pauvre mansarde sise au nº 24 de la rue Cerdan.
María Pilar, victime d'holocauste et possédant des dons surnaturels dans la connaissance de Dieu et des âmes, est admiration, attraction, puits de science, guide et phare lumineux de milliers de personnes qui trouvent en elle la paix et la consolation. Ces personnes, unies à María Pilar par le lien de l’oraison et de la souffrance, arriveraient à former « le petit troupeau de Jésus ».
Déjà toute petite, elle parlait d'une Œuvre qui devait apparaître dans l'Église, afin de reproduire la vie active de Jésus sur la terre, par le biais des Œuvres de la Miséricorde. C’était le charisme pour lequel Dieu la destinait. Comme María de los Sagrarios, elle avait le privilège de recevoir la Messe chez elle, et le 8 décembre 1939, fête de l'Immaculée Conception, en recevant la Communion, ses yeux fulgurants s’ouvrent, elle retrouve la mobilité, les kystes disparaissent de la tête, et sa chair nouvelle refleurit, tout cela d'une façon merveilleuse et inexplicable. Elle se lève, et alors se mettent en marche, elle et l'Œuvre de Jésus.
Le 15 décembre, flanquée d’un nombreux groupe de jeunes gens, elle part pour Madrid, où à l'Évêché, on lui avait déjà donné l’autorisation pour la fondation. Ils s'installent dans les faubourgs de Vallecas, Tetuan et Puente Toledo. Elle attire l'attention par son exquise charité envers les enfants, les pauvres et les malades, dont elle s'occupait dans leur propre domicile, jour et sa nuit.
Mais bientôt, surgissent l'opposition, la calomnie, les obstacles, l'abandon, les incompréhensions et les plans tortueux des hommes, qui conduisirent María Pilar à une intense souffrance et à voir son Œuvre détruite. Avec le pardon sur les lèvres et au cœur, pleine de joie, elle embrasse la croix, et prédit que l’Œuvre resurgira deux ans après sa mort.
Dieu la rappela auprès de lui à San Sébastien, le 27 août 1945, à l’âge de 39 ans : « Je regrette de vous quitter, disait-elle, parce que je vous aime beaucoup, mais depuis le ciel, je vous serai plus utile. Je reviendrai sur terre pour être parmi ceux qui souffrent, avec les pauvres et les malades ».
Les paroles de la Mère se sont accomplies fidèlement, et l’ « Œuvre Missionnaire de Jésus et Marie » a resurgi à Logroño en 1947, avec les relatives approbations ecclésiastiques. Actuellement elle s'étend dans divers points d’Espagne, de Colombie, Venezuela, Équateur, Mozambique, ainsi qu’à Rome.
María Pilar Izquierdo Albero a été béatifiée à Rome le 04 novembre 2001, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Son corps se trouve dans la crypte de la Maison mère et généralice de Logroño où accourent de nombreux fidèles, en quête de consolation à leurs peines ou en remerciement aux grâces concédées parce que la Mère continue à tenir sa promesse : « Je reviendrai sur la terre… »
Sainte Monique
Mère de saint Augustin
(332-388)
À l'heure où sont trop oubliés les devoirs de la jeune fille, de l'épouse et de la mère chrétienne, il est utile de rappeler les vertus de cette admirable femme. Ce que nous en savons nous vient de la meilleure des sources, son fils Augustin.
Monique naît à Tagaste, en Afrique, l'an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d'une vieille et dévouée servante. Encore toute petite, elle aimait aller à l'église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son cœur s'ouvrait à l'amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille ; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. À toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.
Dieu, qui a ses vues mystérieuses, permit cependant qu'elle fût donnée en mariage, à l'âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu'elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère. Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C'est par ces beaux exemples qu'elle conquit le cœur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c'est ainsi qu'elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin.
Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d'Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d'Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit : « Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse ! » Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, en faisant d'Augustin, par un miracle de grâce, l'une des plus grandes lumières de l'Église et l'un de ses plus grands Saints.
Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tombe malade à Ostie, au moment de s'embarquer pour l'Afrique, et meurt à l'âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme.
Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l'église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des mères chrétiennes.
mercredi 27 août 2014
Bse María Pilar Izquiardo Albero, vierge, fond. (1906-1945)
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Bse María Pilar Izquierdo Albero
Vierge et fondatrice de : l’ « Œuvre Missionnaire de Jésus et Marie »
María Pilar Izquierdo Albero naît le 27 juillet 1906, dans le quartier populaire de la Magdalena de Saragosse (Espagne), au sein d'une famille humble et chrétienne. Son père, Mariano, était garçon boulanger et sa mère, Pabla, aidait au soutien du foyer en travaillant comme employée domestique. Pendant que sa mère allait travailler, María gardait ses deux frères plus petits : c’est pourquoi elle n'a pas pu aller à l'école et n'a pas appris à écrire ; c’est à peine si elle savait lire.
Depuis sa tendre enfance, brille en elle la charité la plus admirable et l'amour à la souffrance, fruit de son union intense et affectueuse avec Dieu. Elle visitait de façon assidue la Basilique de Nuestra Señora del Pilar de Saragosse et sa paroisse.
Pendant son adolescence, elle savoure le dur travail d'ouvrière dans une usine de chaussures, représentant pour tous, l'exemple admirable d'application au travail, de simplicité, de bonté et un aimable sourire.
Une chute du tramway, lui causant une fracture du pelvis et, trois ans plus tard, une grave maladie, provoquée par une multitude de kystes hydatiques à la tête, poumon et abdomen, accompagnés de paralysie totale et de cécité absolue, lui feront entreprendre une voie douloureuse, qui durera plus de douze ans entre les hôpitaux de Saragosse et sa maison, une pauvre mansarde sise au nº 24 de la rue Cerdan.
María Pilar, victime d'holocauste et possédant des dons surnaturels dans la connaissance de Dieu et des âmes, est admiration, attraction, puits de science, guide et phare lumineux de milliers de personnes qui trouvent en elle la paix et la consolation. Ces personnes, unies à María Pilar par le lien de l’oraison et de la souffrance, arriveraient à former « le petit troupeau de Jésus ».
Déjà toute petite, elle parlait d'une Œuvre qui devait apparaître dans l'Église, afin de reproduire la vie active de Jésus sur la terre, par le biais des Œuvres de la Miséricorde. C’était le charisme pour lequel Dieu la destinait. Comme María de los Sagrarios, elle avait le privilège de recevoir la Messe chez elle, et le 8 décembre 1939, fête de l'Immaculée Conception, en recevant la Communion, ses yeux fulgurants s’ouvrent, elle retrouve la mobilité, les kystes disparaissent de la tête, et sa chair nouvelle refleurit, tout cela d'une façon merveilleuse et inexplicable. Elle se lève, et alors se mettent en marche, elle et l'Œuvre de Jésus.
Le 15 décembre, flanquée d’un nombreux groupe de jeunes gens, elle part pour Madrid, où à l'Évêché, on lui avait déjà donné l’autorisation pour la fondation. Ils s'installent dans les faubourgs de Vallecas, Tetuan et Puente Toledo. Elle attire l'attention par son exquise charité envers les enfants, les pauvres et les malades, dont elle s'occupait dans leur propre domicile, jour et sa nuit.
Mais bientôt, surgissent l'opposition, la calomnie, les obstacles, l'abandon, les incompréhensions et les plans tortueux des hommes, qui conduisirent María Pilar à une intense souffrance et à voir son Œuvre détruite. Avec le pardon sur les lèvres et au cœur, pleine de joie, elle embrasse la croix, et prédit que l’Œuvre resurgira deux ans après sa mort.
Dieu la rappela auprès de lui à San Sébastien, le 27 août 1945, à l’âge de 39 ans : « Je regrette de vous quitter, disait-elle, parce que je vous aime beaucoup, mais depuis le ciel, je vous serai plus utile. Je reviendrai sur terre pour être parmi ceux qui souffrent, avec les pauvres et les malades ».
Les paroles de la Mère se sont accomplies fidèlement, et l’ « Œuvre Missionnaire de Jésus et Marie » a resurgi à Logroño en 1947, avec les relatives approbations ecclésiastiques. Actuellement elle s'étend dans divers points d’Espagne, de Colombie, Venezuela, Équateur, Mozambique, ainsi qu’à Rome.
María Pilar Izquierdo Albero a été béatifiée à Rome le 04 novembre 2001, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Son corps se trouve dans la crypte de la Maison mère et généralice de Logroño où accourent de nombreux fidèles, en quête de consolation à leurs peines ou en remerciement aux grâces concédées parce que la Mère continue à tenir sa promesse : « Je reviendrai sur la terre… »
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Re: Les saints du jour
Jeudi le 28 août
Saint Augustin
Évêque d'Hippone, Docteur de l'Église
(354-430)
Augustin est l'un des plus grands génies qui aient paru sur la terre et l'un des plus grands saints dont Dieu ait orné son Église. Moine, pontife, orateur, écrivain, philosophe, théologien, interprète de la Sainte Écriture, homme de prière et homme de zèle, il est une des figures les plus complètes que l'on puisse imaginer. Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que Dieu tira cet homme extraordinaire de la boue profonde du vice pour l'élever presque aussi haut qu'un homme puisse atteindre ; c'est bien à son sujet qu'on peut dire : « Dieu est admirable dans ses saints ! »
Augustin naît à Tagaste, en Afrique, l'an 354, et, s'il reçut de la part de sa sainte mère, Monique, les leçons et les exemples de la vertu, il reçut les exemples les plus déplorables de la part d'un malheureux père, qui ne se convertit qu'au moment de la mort. À l'histoire des égarements de cœur du jeune et brillant étudiant se joint l'histoire des égarements étranges de son esprit ; mais enfin, grâce à trente années de larmes versées par sa mère, Dieu fit éclater invinciblement aux yeux d'Augustin les splendeurs de la vérité et les beautés seules vraies de la vertu, et le prodigue se donna tout à Dieu : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr ! » avait dit un prêtre vénérable à la mère désolée. Parole prophétique, qui renferme de grands enseignements pour les nombreuses Moniques des Augustins modernes.
C'est à Milan, sous l'influence d'Ambroise, qu'Augustin était rentré en lui-même. La voix du Ciel le rappela en Afrique où, dans une retraite laborieuse et paisible, avec quelques amis revenus à Dieu avec lui, il se prépara aux grandes destinées qui l'attendaient. Augustin n'accepta qu'avec larmes l'évêché d'Hippone, car son péché était toujours sous ses yeux, et l'humilité fut la grande vertu de sa vie nouvelle. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps ; ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l'intelligence humaine éclairée par la foi, et ils demeurent comme la source obligée de toutes les études théologiques et philosophiques.
Si les écrits d'Augustin sont admirables par leur science, ils ne le sont pas moins par le souffle de la charité qui les anime ; nul cœur ne fut plus tendre que le sien, nul plus compatissant au malheur des autres, nul plus sensible aux désastres de la patrie, nul plus touché des intérêts de Dieu, de l'Église et des âmes. Il passa les dix derniers jours de sa vie seul avec Dieu, dans le silence le plus absolu, goûtant à l'avance les délices de l'éternité bienheureuse.
Bienheureux Charles-Arnaud Hanus
Martyrologe Romain : Au large du port de Rochefort, en 1794, le bienheureux Charles-Arnaud Hanus, prêtre de Verdun et martyr. Sous la Révolution française, à cause de son sacerdoce, il fut déporté sur un bateau négrier, et, débarqué, après deux semaines sur l’ïle Madame, il mourut d’une fièvre putride.
Saint Augustin
Évêque d'Hippone, Docteur de l'Église
(354-430)
Augustin est l'un des plus grands génies qui aient paru sur la terre et l'un des plus grands saints dont Dieu ait orné son Église. Moine, pontife, orateur, écrivain, philosophe, théologien, interprète de la Sainte Écriture, homme de prière et homme de zèle, il est une des figures les plus complètes que l'on puisse imaginer. Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que Dieu tira cet homme extraordinaire de la boue profonde du vice pour l'élever presque aussi haut qu'un homme puisse atteindre ; c'est bien à son sujet qu'on peut dire : « Dieu est admirable dans ses saints ! »
Augustin naît à Tagaste, en Afrique, l'an 354, et, s'il reçut de la part de sa sainte mère, Monique, les leçons et les exemples de la vertu, il reçut les exemples les plus déplorables de la part d'un malheureux père, qui ne se convertit qu'au moment de la mort. À l'histoire des égarements de cœur du jeune et brillant étudiant se joint l'histoire des égarements étranges de son esprit ; mais enfin, grâce à trente années de larmes versées par sa mère, Dieu fit éclater invinciblement aux yeux d'Augustin les splendeurs de la vérité et les beautés seules vraies de la vertu, et le prodigue se donna tout à Dieu : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr ! » avait dit un prêtre vénérable à la mère désolée. Parole prophétique, qui renferme de grands enseignements pour les nombreuses Moniques des Augustins modernes.
C'est à Milan, sous l'influence d'Ambroise, qu'Augustin était rentré en lui-même. La voix du Ciel le rappela en Afrique où, dans une retraite laborieuse et paisible, avec quelques amis revenus à Dieu avec lui, il se prépara aux grandes destinées qui l'attendaient. Augustin n'accepta qu'avec larmes l'évêché d'Hippone, car son péché était toujours sous ses yeux, et l'humilité fut la grande vertu de sa vie nouvelle. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps ; ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l'intelligence humaine éclairée par la foi, et ils demeurent comme la source obligée de toutes les études théologiques et philosophiques.
Si les écrits d'Augustin sont admirables par leur science, ils ne le sont pas moins par le souffle de la charité qui les anime ; nul cœur ne fut plus tendre que le sien, nul plus compatissant au malheur des autres, nul plus sensible aux désastres de la patrie, nul plus touché des intérêts de Dieu, de l'Église et des âmes. Il passa les dix derniers jours de sa vie seul avec Dieu, dans le silence le plus absolu, goûtant à l'avance les délices de l'éternité bienheureuse.
Bienheureux Charles-Arnaud Hanus
Martyrologe Romain : Au large du port de Rochefort, en 1794, le bienheureux Charles-Arnaud Hanus, prêtre de Verdun et martyr. Sous la Révolution française, à cause de son sacerdoce, il fut déporté sur un bateau négrier, et, débarqué, après deux semaines sur l’ïle Madame, il mourut d’une fièvre putride.
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
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